Loup-Garou Le Roux-Garou des Ardennes Christian Lesourd - Eric Pelosato
Collection chasseurs de Monstres
ĂŠditions
Le Rou
Garou
des Ardennes
Christian Lesourd - eric Pelosato "Merci à Chandre pour son aide précieuse" oris le Bossu n’avait jamais été aussi heureux, et bien que les deux dernières aventures fussent fort éprouvantes physiquement, la récompense en valut très largement la peine : quoi de plus merveilleux qu’une famille réunie ? Composée certes d’un oncle vampire sanguinaire et d’une tante zombie assoiffée de sang. Qu’importait, il goûtait à la sérénité et touchait le bonheur absolu. Les habitudes s’étaient confortablement installées au sein du cocon familial, la félicité régnait enfin dans sa vie de souffre-douleur. Mais lorsque le Professeur Ludwig Von Horribilis fit son apparition dans la cave qui servait désormais de dortoir à cette fine équipe, l’équilibre fut rompu. Horribilis tombait comme un cheveu propre et fin dans la soupe chaude des trois phénomènes entassés sur un vieux canapé en peau de porc. Boris ne se doutait pas encore qu’une nouvelle mission l’entraînerait loin du "home sweet home", dans les landes profondes de Belgique.
Chap i tre 1
Mutinerie ar cette belle soirée d’automne, le Professeur se tenait en haut de l’escalier de la cave et vociférait comme à son habitude sans se soucier de l’heure tardive. - Boris, larve molle, rat décadent : debout ! Le disciple qui dormait à poings fermés fit un bon et s’écrasa face contre terre. Apeuré, il saisit une chandelle et la tendit vers le haut. Boris connaissait le regard pensif qu’affichait son maître. - Quoi se passer, mon maître ? - Fais ton baluchon, vilain bossu de bas étage. La pleine lune nous appelle, il faut en profiter. - Pleine lune revenir toutes les trois lunes, mon maître. Moi savoir ça car nuit claire être parfaite pour moi chasser grenouilles grassouillettes. - Écoute-moi, bouseux de bossu, répondit le Professeur. Tes amphibiens potelés attendront le mois prochain car la fête de la bière annuelle du canton de Mousselle aura lieu demain. C’est l’unique moment dont nous disposerons pour capturer ton cousin 2G 2B ! - Ah ? Vous vouloir dire : Godefroid Grand Buveur de Bière ? - Oui, oui. - Moi pas vouloir partir encore car moi être heureux ici avec tata Boogie et tonton Hollow B, répliqua le serviteur déterminé à ne plus quitter sa famille chérie pour des aventures picaresques. - Mutinerie ? S’indigna Horribilis, au bord de la crise de nerfs. Rébellion ? Révolte ? - A bove ante, ab asino retro, a stulto undique caveto1, bossu de la tête ! Je ne saurais tolérer l’affront d’un esclave à son maître. Il lui asséna aussitôt une dizaine de coups de cravache au rythme d’un tir de mitraillette. Boris, le corps endolori, supplia alors son terrifiant bourreau de laisser sa bosse tranquille afin de s’habiller et de préparer son sac.
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Prend garde au boeuf par devant, à l’âne par derrière, à l’imbécile par tous les côtés.
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Cette fois-ci, l’insatiable Professeur Von Horribilis avait jeté son dévolu sur un village médiéval situé au cœur des Ardennes belges : Poupehan la Mousse. Ce chef-lieu, dont le simple nom chantait dans la bouche et résonnait dans les cœurs des touristes, était devenu le centre de méfaits sanguinaires. Chaque nuit de pleine lune, la province entière faisait l’objet de massacres et de disparitions étranges. Quelle bête pouvait être capable de commettre autant de crimes et d’horreurs ? Les rapports de gendarmerie signalaient sept victimes atrocement mutilées ou partiellement dévorées, le tout dans un périmètre de sept kilomètres autour de Poupehan. On retrouvait aussi au petit matin sur le passage de "ce monstre des Ardennes", ainsi nommé par la population, divers animaux égorgés, des moutons dépecés, des vaches éviscérées, des chevaux émasculés et parfois même des chiens édentés ; ces menus larcins ressemblaient davantage à des actes de mise en bouche annonciateurs des terribles massacres humains à venir. Exaspéré par les plaintes de ses concitoyens, Monsieur Van Debrouck, le bourgmestre, avait dépêché le célébrissime détective belge Hercule Poirot. Ce dernier, avec son assurance légendaire, eut la brillante idée de se déguiser en mouton ; il fut à deux doigts d’attraper la bête. Hélas ! Trahi par sa célébrissime moustache noire – un mouton à moustache, ça n’existe pas –, il fut démasqué par le monstre et fut retrouvé démembré en sept morceaux sans connaître le salut de son âme. L’échec cuisant et le scandale occasionné par le massacre du défunt héros national poussèrent les autorités à enterrer, le bonhomme et l’affaire. Van Debrouck et la police montée quelque peu démontée décidèrent de recourir à la "politique de la cruche2".
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Politique belge dite de l’autruche mise en place d’après l’adage "tant va la cruche à l’eau qu’à la fin elle se casse, alors buvons de la bière".
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Chap i tre 2
La H.o.u.b.l.o.n oin de ces événements révélés d’abord par le journal belge La Voix des Morts et relayés par la presse internationale, Horribilis attribua sans hésiter ces délits à un personnage emblématique de la région poupehannaise : l’étrange Prince Godefroid de Roux Waffle. Godefroid souffrait depuis son enfance d’une maladie incurable : "la Rouquette", provoquant moult spasmes, ou encore des crises épileptiques, enfin des poussées incontrôlables de poils roux. Les années passèrent sans l’issue d’un quelconque traitement digne de ce nom, la maladie progressa et son état se dégrada. Godefroid se retira dans le monastère de Poupehan dirigé par la H.O.U.B.L.O.N. : la Haute Organisation Universelle pour la Bière Légère à l’Orge Nouveau, confrérie de moines trappistes amateurs de cervoise. Ainsi vivait-il cloîtré et mettait-il à profit ses connaissances en marketing médiéval ; il se découvrit même un talent certain pour affiner et sublimer le goût de la bière. Vingt années de labeur acharné lui furent nécessaires pour mettre au point le savant dosage entre le houblon et la levure mêlés aux essences de fruits, le tout dépendant du temps de fermentation. Le Prince Godefroid de Roux Waffle propulsa la gueuze de Poupehan la Mousse au premier rang des ventes mondiales. Combien de lèvres blanchies par l’écume légère de cette bière reprirent en chœur : "Garçon, une Poup’" ? Combien de filles se rafraîchirent-elles leur fin gosier en été sur une grille de métro, la jupette relevée par un vent frais, en chantonnant : "Poup’ Poup’ Pidou !" ? Des millions, car la Poup’ avait le vent… en poupe ! Le succès de sa poupeuse bière s’affichait malheureusement autant que sa laideur qui grandissait. L’inventeur de la gueuze parfaite consommée par des millions d’amateurs ne supportait guère le regard des quelques villageois et quittait l’enceinte du monastère une fois par an, pour assister à la fête annuelle de la bière dont il détenait le titre de champion du mètre bu en moins d’une minute depuis 1964.
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Mais revenons à notre belle contrée française où nos deux compères préparent leur nouvelle croisade. - Tu connais le rituel maintenant, vieille poche de dos, dit Horribilis en se dirigeant vers l’atelier. Nous n’en sommes plus à notre coup d’essai. Prend un sac et écoute bien la liste des préparatifs. - Moi encore avoir mal aux pieds, grommela le disciple bossu d’une voix à peine perceptible, car mocassins de Pocahontas trop petits. - Debilus a capite ad calcem3, dit le Professeur d’une voix douce pour ne pas vexer son commis. Il prit un air faussement souriant dans l’unique but de l’attendrir davantage et lui caressa la bosse. - Cette fois, mon bon Boris, poursuivit-il, nous jouerons la discrétion. Tu auras de grosses chaussures bien confortables. À présent, au travail. Cette note d’attention, aussi superficielle fût-elle, l’avait rempli de bonheur. "S’il avait été un chien, il remuerait la queue", pensa le Professeur. Boris empoigna joyeusement son sac et courut dans l’atelier, tandis que Von Horribilis lui dictait sa liste de voyage. - Une paire de bretelles à fleur - Une chemise rose - Un short en velours bleu - Des chaussettes en laine - Un sac de crin de cheval - Du ruban rouge - Une bouée et des brassards gonflables - Une douzaine d’œufs - Un saut de colle à prise rapide - Une paire de chaussures de sécurité taille 58 ! Le sac fermé à grand renfort de coups de pied, Boris fit ses adieux à sa famille aimée, qui n’avait cure de son départ, puis nos deux acolytes quittèrent la demeure en direction de la gare.
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Débile de la tête au talon.
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Id e nti té s
Professeur Ludwig Von Horribilis
Identi
té voy
ag
etit être insignifiant doté d’une intelligence supérieure. Dans sa grande bonté, le créateur a doté le petit Ludwig à sa naissance d’un cerveau surdimensionné et d’une intelligence hors du commun. Il s’est tellement concentré sur la beauté de son cerveau, qu’il en a oublié tout le reste. Notre brillant génie s’est ainsi retrouvé dans une enveloppe charnelle absolument frêle et hideuse. A tel point que ses parents l’ont immédiatement abandonné. Il passa une enfance très douloureuse dans un orphelinat. Il était fréquemment roué de coups par les autres pensionnaires qui lui donnèrent le surnom de "Ludwig Von Horribilis". Ce corps ingrat ne l’empêchat pas d’obtenir dès 13 ans un doctorat en physique nucléaire et en médecine mais un vide affectif le rongeait de l’intérieur. Il devait absolument se trouver une famille. Il se prit de passion pour les être les plus hideux, effrayants, démoniaques, horribles de l’humanité. Sa décision était prise, il serait adopteur de monstres (chasseur de monstres) il allait se constituer au fil des ans une famille unique grâce à de nombreuses recherches et aussi grâce son goût prononcé pour "l’Artémisia Absinthium*", qui lui permit de développer une imagination délirante. Il n’alla pas bien loin pour trouver le disciple et compagnon idéal pour sa quête. Il lui suffit de se rendre dans la cave de l’orphelinat pour trouver Boris.
eur Von Ho rribili Préno m : Lu s d w ig Destin ation : poupe Adres han se voy ageur : Orp helinat Nom :
bsinthe
sinthium : A
Ab * Artémisia
Boris
remier membre de la famille du Professeur Ludvig Von Horribilis et assistant personnel dans sa quête de la famille idéale. Le créateur ne sait même pas qu’il existe. C’est un monstre trapu, mi-homme, mi-bête possédant un corps gigantesque, un tronc épais sur des jambes courtes, une tête large, posée sur un gros cou et de grandes épaules. Boris est insensible à toute forme de douleur même mentale. Il existe très peu d’informations sur ses origines mais d’après les notes de l’orphelinat, il semblerait que ce soit un descendant direct des Huns. Il fut trouvé un matin devant l’orphelinat dans un sac poubelle rempli de cadavres de bouteilles de vodka et emballé dans un sac en toile de jute. On lui donna donc tout naturellement le prénom de Boris. Avec le temps, le choix de ce prénom s’avère judicieux car Boris a de gros problèmes d’élocution dus à la disposition très anarchique de ses dents. Lorsqu’il parle, il possède un accent russe très prononcé. Il vit en ermite dans la cave de l’orphelinat et nourrit une admiration sans limite au jeune Ludwig qui deviendra au fil des ans son mentor.
Boris
Id e nti tĂŠ
Le Rou
Garou
des Ardennes
Les Roux Waffle : cette grande lignée régna sur la majeure partie de la Belgique durant plusieurs décennies. Elle cachait cependant un épouvantable secret. Le Prince Godfroid de Roux Waffle naquit en Belgique et plus précisément dans la petite province de Poupehan la Mousse, en 1869. Il était le dernier des héritiers de la richissime famille Roux Waffle. On les reconnaissait à leur physique ingrat et leur visage bestial qui contrastait avec une chevelure rousse flamboyante. Dès sa naissance, Le Prince Godfroid de Roux Waffle ne dérogea pas à la règle et hérita bien sûr de cette fâcheuse signature génétique ancestrale. S’ajouta une mystérieuse maladie incurable que la population surnomma : "la Rouquette". Elle provoquait moult spasmes, des crises épileptiques et enfin des poussées incontrôlables de poils roux. La maladie progressa et son état se dégrada. Le premier Roux Waffle du nom fut mordu lors de la sombre nuit du Vendredi 13, en l’an de grâce 1664, alors qu’il participait à une chasse à courre dans son vaste domaine des Ardennes Belges. Le renard qu’il croyait traquer s’avéra être un loup particulier : l’unique descendant de la prestigieuse lignée des Princes Rodafox, premier lycanthrope connu sur le territoire belge. Sa mutation s’opéra immédiatement et il devint un loup-garou sanguinaire. On lui donna même au fil du temps, le surnom de : ROUX-GAROU des Ardennes. La famille Roux Waffle, solidaire et unie, sut cacher aux yeux de la population cette malédiction qui se transmit de génération en génération sur tous les mâles de la famille. A l’âge de 30 ans, Le Prince Godfroid de Roux Waffle, désespéré, se retira dans le monastère de Poupehan la Mousse, dirigé par la confrérie secrète des moines trappistes adorateurs du Dieu Houblon. Il sombra de désespoir dans l’alcoolisme. Malgré son état, la confrérie l’accepta : il possédait un palais hors du commun et son talent était sans pareil pour affiner la bière. C’est d’ailleurs grâce à lui que la Gueuze de Poupehan la Mousse fut connue mondialement. Aujourd’hui, il partage désormais la vie communautaire des moines et ne s’octroie que de rares sorties au-delà de l’enceinte du monastère durant les nuits de pleine lune, pour assouvir ses pulsions bestiales. Les moines firent voeu de silence afin de ne pas être dévorés.
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un ’ u lq e u q a ’ y pour toi ! t e n r o c dans le
pour l Maurice Vo a voie libre d ndemol e belg ique
A suivre ...
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www.cosmik-editions.com
Pour élargir le cercle familial, le Professeur Ludwig Von Horribilis et son fidèle disciple Boris, décident d’adopter le seul et unique Roux-Garou des Ardennes. Deux personnages singuliers pour une aventure pittoresque. Frissons et monstres garantis !