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LA MONTAGNE DIMANCHE 11 DECEMBRE 2011

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PROJETS. Puzzle et lentille blonde.

COLLECTION. Lucien et Malou invitent leurs jeunes lecteurs à partir à la découverte des deux ouvrages prestigieux que sont le viaduc de Garabit et celui de Millau, mais aussi de suivre les traces de l’aventure des frères Michelin.

Cantal

« J’avais envie d’un autre support pour parler de Garabit. » Patricia Ro­ chès a donc choisi de quitter un mo­ ment le format livre pour proposer deux puzzles dans une même boîte. L’un, de 60 pièces, représente le via­ duc, l’autre, de 30 pièces, un train. Au printemps, La Vache qui lit éditera un quatrième album, consacré à la len­ tille blonde de Saint­Flour. ■

Littérature jeunesse

ÉDITION ■ Patricia Rochès sensibilise les enfants aux richesses du territoire par le biais de La Vache qui lit

Le patrimoine, c’est aussi pour les petits

On n’est jamais aussi bien éditée que par soi-même. Voilà ce que s’est dit Patricia Rochès, en 2008, au moment de sortir son premier livre jeunesse, consacré au viaduc de Garabit.

d’impression sur certains ouvra­ ges. Depuis, A la découverte de Ga­ rabit a été rejoint par deux pe­ tits frères. L’un touchant au pa­ trimoine industriel de la région, avec l’entrepr ise Michelin, l’autre consacré au plus grand v i a d u c d u m o n d e, ce l u i d e Millau. Les bénéfices tirés du p re m i e r l i v re ­ d i s t r i b u é à 2.300 exemplaires ­ ont été réin­ vestis pour financer l’impres­ sion du livre suivant. Une fois le travail de l’illustrateur rémuné­ ré, l’éditrice ne dégage pas de salaire.

Olivier Rezel

P

olivier.rezel@centrefrance.com

o u r Pa t r i c i a Ro c h è s , l’aventure de la littératu­ re jeunesse a débuté voi­ là quatre ans et demi… par un livre destiné aux adultes. Un ouvrage consacré au viaduc de Garabit et paru aux Éditions La Vie du rail. « Tout juste élue au Conseil municipal de Saint­ Flour et déléguée à la jeunesse, on m’avait demandé d’accom­ pagner une équipe de télévision allemande venue tourner un re­ portage sur le viaduc. J’ai donc effectué quelques recherches », se souvient Patricia Rochès, qui reconnaît avoir découvert, à cet­ te occasion, l’histoire de l’ouvrage ferroviaire. Ce travail a donc été à l’origine d’un livre. Et d’une prise de conscience. « Je me suis dit qu’il fallait faire quelque chose pour la promotion de mon départe­ ment. J’ai eu envie de m’adres­ ser à ceux qui allaient être les citoyens de demain, leur mon­ trer qu’ils peuvent être fiers d’être Auvergnats. Qu’ils ne soient pas ignorants des riches­ ses de notre territoire. »

« Arrêter de penser comme un grand » Le projet d’écrire pour le jeune public vient de naître. Le pre­ mier livre aura pour sujet… le viaduc de Garabit. Mais com­ ment parler d’aménagement du territoire, d’architecture à des enfants ? « Il faut arrêter de penser com­ me un grand », confie Patricia Rochès. Mais ne pas placer le curseur trop bas. Cette délicate alchimie, la mère de famille la trouve grâce à ses deux enfants. « Je leur lis ce que j’écr is et j’étudie leur réaction. » Au moindre bâillement, au premier

Devant la maison Bouygues !

ALBUMS. Patricia Rochès a écrit trois ouvrages, tous consacrés aux richesses du territoire. signe de lassitude, c’est une phrase, un mot qu’il faut chan­ ger. Petit à petit, l’histoire du « viaduc rouge » prend vie grâce à Lucien le Parisien, dit Lulu, et son amie Malou, la petite Can­ talou. Puis les deux héros récurrents de l’auteure prennent apparen­ ce humaine sous le crayon de Tony Rochon, un illustrateur dont Patricia Rochès vient de

faire la connaissance. L’ouvrage réalisé, reste à le fai­ re éditer. « Tony m’avait parlé des difficultés qu’il avait ren­ contrées pour ses deux livres jeunesse. Alors je me suis dit q u e j’ a l l a i s d e v o i r m e d é ­ brouiller toute seule. Le viaduc d e Ga ra b i t n e m é r i t a i t p a s qu’on le refuse ! » Dès lors, cette Sanfloraine de naissance crée les éditions La Vache qui lit, un nom qui donne

immédiatement « l’identité du territoire ».

Le viaduc au pied du sapin

Sur Internet, elle démarche un imprimeur de l’Ain. Trois mille exemplaires sont prévus. En 2008, Patricia Rochès déballe avec fierté sa première création jeunesse. « J’étais comme un enfant au pied du sapin »… en dépit de quelques malfaçons

« Je ne perçois pas de droits d’auteure », sourit la jeune fem­ me. La diffusion des livres est artisanale, dans un rayon pro­ che de Saint­Flour. « Je suis al­ lée récemment à Châtel­Guyon. J’en ai profité pour prendre mes livres sous le bras et je les ai proposés à une libraire. Je ne choisis que des indépendants », observe Patricia Rochès, qui n’a pas encore édité d’ouvrages écrits par des tiers. Pas assez de trésorerie. « Et puis les textes que j’ai reçus ne correspon­ daient pas au concept de La Va­ che qui lit, qui est d’intéresser les plus jeunes au patrimoine. » Un concept qui s’est fait re­ marquer. La maison d’édition vient d’obtenir le prix du Festi­ val Fimbacte 2011, aux côtés du groupe Vinci ­ qui a remporté le Trophée d’or ­, de Bouygues ou encore de Rennes aggloméra­ tion. La Vache qui lit n’a peut­ être pas fini de faire « beugler d’elle ». ■

Garabit aux portes des capitales anglaise, américaine et japonaise Pour assurer la promotion de son territoire au travers de ses livres, Patricia Rochès fait fi des frontières, qu’elles soient régionales ou hexagonales. L’ouvrage consacré au viaduc de Garabit est déjà présent à Pa­ ris, dans les boutiques de sa pe­ tite sœur, la Tour Eiffel, ainsi qu’à la cité de l’Architecture et du Patrimoine. Le livre a été tra­

duit en anglais ? De là à pousser les portes du musée du Tower Bridge, à Londres, il y a un pont que la Sanfloraine compte bien franchir. « J’ai écrit à la reine Élisabeth. C’est le conservateur du Tower bridge qui m’a répon­ du », raconte Patricia Rochès, qui verrait bien le viaduc de Ga­ rabit côtoyer d’autres ouvrages prestigieux au sein de l’exposi­

tion permanente londonienne consacrée aux ponts et viaducs du monde. De l’autre côté de l’Atlantique, cette fois, l’auteure cantalienne avoue être en contact avec l’am­ bassade de France à New York, pour proposer à la vente des exemplaires dans le musée de la statue de la Liberté.

Mais pourquoi se contenter de deux continents, lorsque l’Asie n’est pas si loin, après tout. Un professeur de français exerçant dans une université de Tokyo, a traduit A la découverte de Gara­ bit en japonais. La démarche est à finaliser. Mais le projet est de mettre une centaine d’albums à la disposition des différentes écoles de la capitale nippone. ■

Cantal


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