7 minute read
POURQUOI EST-CE QUE JE DÉTESTE LES HOMMES CIS HÉTÉROSEXUELS ?
by Laurier CPS
Par Jean To
TW : Mentions de viol, agressions sexuelles et physiques
Advertisement
« J’écris de chez les moches, pour les moches, les vieilles, les camionneuses, les frigides, les mal baisées, les imbaisables, les hystériques, les tarées, (...). Et je commence par là pour que les choses soient claires : je ne m ’ excuse de rien, je ne viens pas me plaindre Je n’échangerais ma place contre aucune autre ( ) » (Despentes, 2006)
Je pourrais vous parler pendant des heures des raisons pour lesquelles je déteste les hommes cis hétérosexuels, des raisons pour lesquelles je déteste qu’ils soient mes patrons, mes professeurs, mes codélégués ou mes collègues alors qu’ils sont aussi les agresseurs, les harceleurs, les potes macho ou les faux alliés. Je pourrais vous parler des nombreuses fois où ils m’ont demandé qui faisait l’homme dans mon couple, de toutes ces fois où ils m’ont appelé “p’tite cocotte”, “louloute”, “ma chérie” d’un air condescendant, ou encore de la fois où un homme se masturbait à 5 mètres de nous alors que j’embrassais ma copine le soir de mon anniversaire de 16 ans. Je pourrais vous parler de tout ça, mais je préfère vous parler de l’invisible et de ce que l’on n’entend pas Mon coeur qui bat à toute vitesse lorsque je rentre seule chez moi le soir, mes clefs entre les doigts pour imiter un semblant de coup de poing américain, mes écouteurs sans musique que je laisse dans mes oreilles lorsque je n’ai plus de batterie pour pas qu’un énième relou ne vienne me parler, le malaise que je ressens dans un transport bondé en essayant tant bien que mal de m’isoler des corps massifs collés à moi, ...
Je déteste les hommes cis hétérosexuels car c’est de leur faute C’est à cause d’eux que je ne me sens pas en sécurité où que je sois, c’est à cause d’eux que 3 fois par semaine j’ai mon estomac qui se noue et mes yeux qui se remplissent de larmes en entendant à nouveau qu’une femme s’est faite agresser, violer ou assassiner, c’est à cause d’eux que j’ai du mal à trouver un job étudiant dans lequel je me sente bien et respectée en tant que femme. Les hommes cis hétérosexuels sont nés privilégiés, protégés par le patriarcat et c’est contre cela que je souhaite me battre.
J’aimerais pouvoir sortir de chez moi habillée comme je le veux sans que mon corps ne soit vu comme un morceau de viande, continuer ma route en prenant le bus sans qu’on ne vienne me parler de “mes yeux qui sont si bleus et que j’aimerais voir de plus près”, arriver au travail sans me tracasser des remarques désobligeantes qu’on pourrait m’y faire et puis rentrer chez moi pour me faire belle avant de sortir avec des potes sans me demander si je fais trop “gouine” ou trop “pute”. J’irais alors en soirée où je pourrais me bourrer la gueule sans me soucier de ce qu’il y a dans mon verre ni dans celui de mes copines, je pourrais les laisser parler, draguer, twerker sans m'inquiéter pour elles et je rentrerais chez moi quand j’en ai envie, seule et sans crainte pour finalement m’endormir sereinement. J’aimerais pouvoir faire tout ça mais ce n’est pas possible car il y aura toujours un connard qui croisera ma route pour me faire chier. Voilà, en quelques mots, pourquoi je déteste les hommes cis hétérosexuels
Vio
SÉISMES EN TURQUIE ET EN SYRIE :
POURQUOI NOUS NOUS DEVONS D’AGIR !
Par Dégolas
Dans la nuit du 4 au 5 février 2023, un séisme de magnitude 7,8 a frappé le district de Pazarcik, dans le sud-est de la Turquie, à une soixantaine de kilomètre de la Syrie. Le bilan est catastrophique : dans une région dévastée par la guerre et en plein hiver, il est actuellement (matin du 9 février) de plus de 15000 morts et de près de 55000 blessés. La situation humanitaire est critique : les secours sont débordés, les petites villes et les zones reculées sont presque livrées à elles-même tant la situation dépasse complètement les autorités, syriennes comme turques
Pour comprendre la situation, il est important de rappeler le contexte de cette crise. La Syrie est en situation de guerre civile depuis 2011. Partie d’un vent de révolution populaire, dans la lancée du Printemps arabe, la guerre civile s’est vue amplifiée par la montée du Djihadisme, couplée à une crise migratoire et une instabilité politique globale de la région. Le régime syrien de Bachar Al Assad, en place depuis 2000, a réagi aux mouvements de contestation par la force. L’état syrien bombarde, affame et plonge les zones séparatistes dans une très grave crise sanitaire. Entre les populations kurdes, Daesh, l’état turc, russe, israélien, iranien, les pays du Golfe, les forces occidentales, il y une telle diversité d’intérêts et de moyens que la Syrie est devenue paradoxalement l’affaire de tous.tes alors que la situation des populations civiles s’aggrave dans le désintérêt le plus total La situation semble désespérée, pour une région où le sort s’acharne et où les enjeux géopolitiques des grandes puissances mondiales s’affrontent, au détriment de la population civile.
Pour aller (un tout pti peu) plus en profondeur, le territoire du nord de la Syrie est partagé par le régime syrien, les Kurdes, des forces turques et russes et la poche d’Idleb tenue par Daesh. Les Kurdes, alliés principaux des pays occidentaux dans la lutte contre Daesh, se retrouvent en étau entre l’armée syrienne et l’armée turque qui les voient comme une menace pour l’état turc et pour l’état syrien, dû aux revendications kurdes de créer un état kurde indépendant entre la Syrie, la Turquie et l’Iran La poche d’Idleb est rattachée au reste du monde (donc à l’aide humanitaire) par le seul point de passage de Bab Al-Hawa donnant sur la Turquie, qui est régulièrement menacé de fermeture par la Russie au nom de la lutte anti-terroriste, elle qui dispose d’un droit de véto crucial au conseil de sécurité de l’ONU. En effet, la Russie est la plus fidèle alliée du régime d’Assad, et couper ces régions de l’aide humanitaire est un moyen pour le régime syrien de maintenir la pression sur ces zones séparatistes. Si on y rajoute les intérêts des autres puissances locales et internationales (les ressources naturelles, la crise migratoire sans précédent dont la Turquie et la Syrie font office de « barrages anti migrant.e.s » pour les états européens,..), la demande humanitaire dûe aux séismes semble prendre une dimension géopolitique très tendue.
Pour chiffrer l’ampleur du désastre humanitaire de la Syrie : La guerre civile, couplée aux graves crises sanitaires et alimentaires, a fait, selon une estimation de l’observatoire syrien des droits de l’Homme, environ 594 000 morts. C’est l’exil de millions de personnes majoritairement au Liban, en Jordanie et en Turquie. C’est aussi le retour de la poliomyélite et du choléra, dû à la dégradation critique de la situation sanitaire.
Et maintenant ?
La zone touchée par les séismes est parmi les zones les plus pauvres du monde, et sa situation géopolitique rend l’aide internationale très compliquée, surtout parce que la Syrie oblige que toute l’aide transite par Damas et qu’elle ait donc le pouvoir de continuer à plonger les zones séparatistes dans la crise. L’aide arrive, surtout en Turquie, on peut déjà voir des vidéos de secouristes grec que s dans les décombres de grandes villes touchées et la communauté internationale a très majoritairement répondu à l’appel d’Ankara. Mais l’aide est trop lente, pour une situation où chaque minute compte pour encore espérer sortir des survivant.e.s des ruines (on parle de personnes bloquées sous des décombres depuis 5 jours maintenant). Les secours se concentrent dans les grandes villes, là où le nombre de disparu.e.s est le plus élevé, laissant les habitant.e.s des zones rurales s’organiser elles.eux-mêmes pour tenter de secourir leurs proches Les envoyé e s spéciaux en Turquie parlent surtout du désespoir de la population rurale, incapable de sauver leurs familles, leurs voisin.e.s...
Que faire ?
Premièrement, il faut rappeler que nos états occidentaux sont complices de la situation infernale syrienne. En effet, le manque de considération pour les populations civiles dans les enjeux géopolitiques rend la communauté internationale complice des horreurs de la guerre que le régime d’Assad et ses alliés perpétuent sur le territoire syrien. L’Europe laisse délibérément, pour garder des relations cordiales avec la Turquie notamment, des états alimenter la crise humanitaire. C’est notre racisme, notre égoïsme et notre indifférence qui donne le droit à nos dirigeant.e.s d’accepter l’inacceptable de la part de régimes violant toutes les belles valeurs que notre monde occidental se gargarise de défendre. Il est impératif de comprendre que c’est notre politique migratoire abjecte qui donne autant de pouvoir et d’impunité à un régime turc qui menace l’Europe « d’ouvrir les vannes de la migration » . Nos états se doivent, s’ils souhaitent s’inscrire dans une dynamique de solidarité et d’aide humanitaire, d’apporter l’aide nécessaire à tous.tes, peu importe leur identité, leurs idées ou leur place dans un jeu géopolitique au service des puissants écrasant le reste pour maintenir des dynamiques de domination qui ruinent notre monde. Nous nous devons de mettre la pression sur nos gouvernements pour montrer notre hostilité à une politique étrangère hypocrite et égoïste au service d’une minorité économique et sociale contraire aux valeurs de solidarité que nous nous vantons de porter (notamment dans nos cercles étudiants).
Parallèlement, le travail des ONG humanitaires est crucial et nous pouvons nous mobiliser pour les soutenir. La présence du Croissant rouge (équivalent de la croix rouge dans les pays à majorité musulmane), de Médecins Sans Frontière ou de l’Unicef nombreux trous de la coopération étatique et internationale. Des récoltes de dons se multiplient ces derniers jours et c’est un bon moyen de pouvoir apporter notre soutient à l’aide humanitaire qui se veut (malheureusement pas toujours) apolitique et qui cherche à apporter une aide indépendante aux dynamiques géopolitiques.
Je suis étudiant en Sciences-Politiques à l’Ulb, je suis évidemment biaisé par mes idéaux politiques même si j’ai voulu rester descriptif dans la grande majorité de mon texte. Je ne suis pas chercheur ni même diplômé, ni rédacteur en chef de Reporter Sans Frontière et je n’ai (malheureusement) pas la science infuse. Utilisez votre fier librex pour critiquer ce que j’ai écrit.