LA REVUE DES SOCIÉTAIRES DU CRÉDIT COOPÉRATIF #04 JANVIER 2015
TOUS BANQUIERS ! L’empathie
POUR AGIR
SPÉCIAL
e 4 3 Rencontre nationale
EFFET DE LEVIER
Coopération territoriale ou numérique, mutualisation de services, consommation collaborative… l’empathie fait bouger l’économie.
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Les territoires réinventent la coopération
EN ACTIONS
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Les entreprises jouent en réseau
UTOPISTES ASSOCIÉS
Les biens communs numériques
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LE CHIFFRE DE L’ACTU
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des personnes ayant testé leur empathie le jour de la Rencontre nationale possèdent le sens de l’obs ervation nécessaire à une bonne compréhension de l’autre.
Certains participants à la Rencontre nationale ont en effet pu tester leur sensibilité aux signaux non verbaux grâce à un outil d’évaluation développé à l’Université de Cambridge en Angleterre par le professeur Simon Baron-Cohen, spécialiste de l’autisme.
Rien d’étonnant dans ces résultats pour les acteurs d’un secteur économique où l’empathie est un moteur fondamental ! Pour tester vous aussi votre niveau d’empathie, rendez-vous sur www.cygnification.com/test-d-empathie/
Dans ce numéro 04
#04 JANVIER 2015
LA BANQUE EN SCOOP
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Retour sur l’événement
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Les entreprises jouent en réseau
DOSSIER
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Tout le monde dit « empathie »
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EN ACTIONS UTOPISTES ASSOCIÉS
Biens communs numériques : tous bénéficiaires !
EFFET DE LEVIER
Les territoires réinventent la coopération
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ET AILLEURS ?
L’ESS se développe en Europe
CRÉDIT COOPÉRATIF TOUS BANQUIERS !
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Pour nous, au Crédit Coopératif, les utopies ne sont pas des chimères et nous savons que certaines valeurs peuvent conduire des individus à se dépasser et à les faire bouger ensemble. Lors de la dernière Rencontre nationale qui s’est tenue en novembre dernier, nous avons décidé de mettre en évidence le rôle crucial joué par l’empathie, y compris dans le champ économique. Pour partager avec tous nos sociétaires la richesse des échanges qui ont eu lieu lors de cette matinée de débats, votre revue Tous banquiers ! est également consacrée à ce thème de réflexion.
L’EMPATHIE JOUE UN RÔLE CRUCIAL
DANS LE CHAMP ÉCONOMIQUE En guise d’introduction, j’aimerais rappeler que l’économie sociale et solidaire est animée par la conviction que l’Homme est un animal social qui ne peut pas progresser dans un égoïsme récessif. Et je suis convaincu que l’ESS, c’est-à-dire chacun de ceux qui s’y engagent, quel que soit son statut : adhérent, militant, collaborateur, a le devoir de traduire en actes le dernier terme du triptyque républicain : liberté, égalité, fraternité. Ce doit être le fil conducteur de notre relation à l’autre. Le militant de l’ESS que je suis reste convaincu que nous pouvons démontrer à nos concitoyens, à nos responsables politiques que nous sommes une partie de la solution. Tous les jours, j’ai la preuve que, mises en œuvre, nos valeurs sont d’une insolente efficacité pour bâtir un monde meilleur.
JEAN-LOUIS BANCEL Président du Crédit Coopératif
Faites-nous part de vos réactions à l’adresse societaires@credit-cooperatif.coop
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34e Rencontre nationale :
RETOUR SUR L’ÉVÉNEMENT
700 participants
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(ateliers interactifs et participatifs), des animations et une table ronde pour mettre en lumière les évolutions structurante des secteurs de l’ESS et partager l’expérience d’acteurs qui ont su intégrer le changement dans leurs modes de pensée et d’intervention.
Plus de 700 partenaires, clients du Crédit Coopératif et acteurs de l’ESS se sont mobilisés pour ce grand rendez-vous organisé chaque année afin de prendre le temps de réfléchir aux évolutions du monde dans lequel chacun d’entre nous est amené à agir. Le thème de cette année : « l’empathie pour agir ».
LA RENCONTRE NATIONALE EN IMAGES
Pôles territoriaux de coopération économique, RSE, nouveaux enjeux du numérique, entrepreneuriat social, partenariats… Les acteurs de l’ESS ont échangé pour mieux comprendre les opportunités qui se développent sur les territoires.
Retrouvez le bilan de la Rencontre nationale en images, vidéos, interviews sur le site : http://rencontre-nationale.blogspot.fr CRÉDIT COOPÉRATIF TOUS BANQUIERS !
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Trophées de la Fondation
LA RENCONTRE NATIONALE SUR TWITTER Un fil de conversation autour du hashtag#RNCreditCoop a rassemblé :
LE PALMARÈS Sept projets ont été récompensés par la Fondation du Crédit Coopératif cette année, dans le cadre du concours des Prix et Trophées de l’initiative en économie sociale. Quand l’empathie est en marche.
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tweets, soit le quatrième fil de discussions le plus suivi ce jour-là !
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tweetos participants et actifs ont été recensés.
• Le Trophée 2014 : ESP’errance (PACA) L’association ESP‘errance a créé « Pose ton sac d’abord », une bagagerie qui propose aux sans-abri des casiers gratuits et sécurisés.
• Trophée 30 ans : Association L.I.E.N (Basse-Normandie) L’association L.I.E.N propose des cohabitations intergénérationnelles en milieu rural entre personnes âgées et jeunes travailleurs ou apprentis.
• 2e Prix : Coopérer pour entreprendre (Bretagne) @habsinn : « Nous avons décidé de faire partie d’un réseau d’entreprises responsables qui veut créer de la valeur via la RSE. » @openizer : RT @credit_coop_: « Soyons tous résistants individuellement et nous changerons le monde collectivement. »
L’idée des CJS (coopératives jeunesse de services) est de proposer à une quinzaine de jeunes de réaliser leur job d’été autrement en montant ensemble une coopérative éphémère.
• 3e Prix : Théâtre inutile (Picardie) Compagnie au pied du lit est un spectacle créé pour des enfants hospitalisés, intégrant différentes techniques de marionnettes.
• 4e Prix : Agri Court (Rhône-Alpes)
@JulieHazebroucq : « Le futur c’est notre présent. Faire de l’empathie le moteur de l’action collective. » @yxblan#RNcreditcoop
L’association Agri Court organise une filière locale d’alimentation dans la Vallée de la Drôme et le bassin de Montélimar. Le but est de faciliter l’accès des produits locaux à la restauration collective et aux habitants du territoire.
@MeguellatiSoso : @christelprado : « Cette crise est une chance, pour cocréer la société de demain. » @credit_coop_#RNcreditcoop
Favoriser l’insertion sociale, citoyenne et professionnelle d’une dizaine de familles roms : tel est l’objectif poursuivi par l’association Soleil Rom créée par les habitants de la commune de Sainte-Luce.
@uniscite : L’#empathie selon F. Chérèque : « Écouter pour comprendre, comprendre pour reconnaître, reconnaître pour agir. » #RNcreditcoop@ServiceCivique
• Prix Spécial du jury : Soleil Rom (Pays de la Loire)
• Mention spéciale du jury : la CIAP (Pays de la Loire) La Coopérative d’installation en agriculture paysanne (CIAP), située dans la région des Pays de la Loire, a développé des actions pour aider des jeunes agriculteurs à s’installer.
Pour en savoir plus sur les actions des structures récompensées : www.credit-cooperatif.coop/fondation O
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Le Parlons DOSSIER Une question ? Un commentaire ? Écrivez-nous ! À chaque numéro, nos experts vous répondent. Réagissez à l’adresse : societaires@credit-cooperatif.coop
TOUT LE MONDE DIT
«empathie»
L’empathie, cette capacité à se mettre à la place de l’autre n’est-elle pas plus présente qu’on ne croit dans notre société et peut-elle créer de la valeur économique ? C’est à ces questions que les acteurs de l’économie sociale et solidaire, lors de la 34e Rencontre nationale du Crédit Coopératif, ont répondu. Sans hésitation, ils ont dit oui.
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« L’empathie n’a rien de naturel !»
Omar Zanna, sociologue, Maître de conférence à l’Université du Maine*
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Dans votre parcours de sociologue, comment avez-vous commencé à travailler sur l’empathie ?
ertains ont prédit que le XXI e siècle serait religieux. Peut-être, mais ils n’ont pas senti arriver la vague : l’empathie, cette façon si particulière d’être à l’autre et au monde. Soyons indulgents, le mot n’existait pas en français il y a 60 ans. Alors, de quoi parle-t-on ? De son étymologie, on retient que « en- », signifie « dedans », et pathos, « ce que l’on ressent ». C’est la faculté intuitive de percevoir et de comprendre les sentiments d’autrui, de se mettre à la place de l’autre tout en conservant une certaine objectivité. « Plus exactement, précise le sociologue Omar Zanna, c’est avoir une représentation des émotions d’autrui, car on ne peut pas se mettre à sa place. C’est accepter l’autre comme une version possible de soi-même. C’est le préalable pour pouvoir l’aider. »
Mes premiers travaux ont porté sur la délinquance juvénile. Je tentais alors de comprendre comment on devenait délinquant. Les mineurs délinquants que j’interrogeais acceptaient leur sanction, mais étaient dans le déni du dommage causé à autrui. Par la suite, j’ai développé des programmes de restauration de l’empathie**. Puis, il m’est apparu plus intéressant de prévenir et d’éduquer à l’empathie.
Vous militez pour que l’empathie soit enseignée à l’école. L’empathie ça s’apprend ? L’empathie n’a rien de naturel ! Selon certaines théories, nous serions tous porteurs d’un capital d’empathie qu’il faut développer. Il y a un siècle, cela s’apprenait au sein des familles qui comptaient des fratries plus larges et où les relations quotidiennes de face à face étaient plus fréquentes. Aujourd’hui, les vis-à-vis sont moins nombreux, les enfants sont souvent seuls face à un écran. Parce qu’elle s’adresse à tous, l’école représente un espace privilégié d’éducation à l’empathie.
Un « avatar » de notre société mobile D’abord utilisée en psychologie, puis en sociologie, la notion l’est aujourd’hui dans tous les domaines des sciences humaines. Pourquoi un tel succès ? Selon Yannick Blanc, préfet du Vaucluse et président de la Fonda, un laboratoire d’idées au service des associations, la notion d’empathie est bien le marqueur d’une société en mouvement, qui a perdu ses repères traditionnels où chacun avait une place et un statut clairs. « Nous vivons dans une société où la place des individus n’est plus définie par l’ordre symbolique. En face d’une personne, il est difficile de savoir si elle est amie ou ennemie. Pour surmonter “l’étrangeté de l’étranger”, pour établir une relation avec autrui, il faut avoir la capacité de se mettre à sa place, ce qui déterminera de facto la nôtre. De même, l’individu, pour se construire luimême dans cette société de l’incertitude et de la mobilité, se doit d’être attentif à l’autre pour définir sa place par rapport à l’ensemble. C’est bien la transformation de la société qui génère ce besoin. » O
Vous avez mené deux expériences, l’une en primaire, l’autre au collège. Quels enseignements en tirez-vous ? Les programmes menés à l’école et dans les collèges ont été évalués. Les résultats montrent une évolution positive des comportements des élèves. Par exemple, sur 450 élèves du primaire, les garçons ont rattrapé les filles sur leur capacité d’empathie. La proportion d’élèves victimes de harcèlement a diminué de plus de la moitié (de 15 % à 6 %), et leurs enseignants ont tous enregistré un enrichissement net de leur vocabulaire dans l’expression des émotions notamment. * À paraître : Le corps dans la relation aux autres, Presses universitaires de Rennes. ** Restaurer l’empathie chez les mineurs délinquants, Paris, Dunod, 2010.
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Le Parlons DOSSIER
ment. C’est le cas de l’essayiste américain Jérémy Rifkin qui parle d’une « civilisation de l’empathie** ». Selon lui, cette empathie, apparue avec le « village planétaire » et le développement des réseaux sociaux, marque l’avènement d’une « civilisation interdépendante, où chaque pays apprend à s’écouter et développe des actions d’entraide, se déploie à tous les niveaux de l’activité humaine ». Une tendance moteur d’action. « L’écoute est le premier ressort pour agir aujourd’hui avec autorité, note Yannick Blanc. Et le geste de mettre en commun devient le modèle de toute action collective. » Une façon d’agir bien réelle qui se déploie au niveau mondial, selon Antonella Noya, analyste en politique publique à l’OCDE. « L’économie sociale et solidaire repose sur cette capacité d’empathie et d’écoute qui cherche à repérer les besoins de transformation collective de la société. C’est une réalité concrète dans toute l’Europe. » Les initiatives de coopération qui se développent dans les territoires, les nouveaux services qui apparaissent à partir de structures horizontales et de communautés sont là pour rappeler que cette utopie est déjà en marche. Consommation collaborative, finance participative, une économie se construit grâce à l’empathie qui existe au sein des communautés. « Cette nouvelle économie collaborative peut fournir des outils à l’économie sociale et solidaire pour construire son avenir », note Flore Berlingen, cofondatrice de OuiShare, un think tank qui promeut et aide les porteurs de projet de cette nouvelle économie. De nouvelles façons d’entreprendre qui doivent conserver une part d’utopie pour être facteur de changements sociaux (voir l’interview de François Chérèque).
L’empathie, nouvelle compétence du XXIe siècle ? D’après les études en neurobiologie, nous aurions tous un gène de l’empathie. L’éthologue Franz de Waal a démontré l’existence de « neurones-miroirs » chez les primates, qui expliquent la spontanéité de comportements d’imitation. Et pourtant rien de moins naturel que cette compétence qui suppose d’instaurer un climat de confiance. Christel Prado, présidente de l’Unapei* et membre du Comité économique, social et environnemental, parle même de « nouvelles compétences sociales » nécessaires aujourd’hui à la vie en société, « où nous sommes conscients de notre interdépendance ». Comme toute compétence, l’empathie devrait donc s’apprendre. Or l’école en est seulement aux prémices de cet apprentissage (voir l’entretien avec Omar Zanna).
Une utopie bien réelle
* Union nationale des associations de parents et amis de personnes handicapées mentales.
Aujourd’hui, les penseurs s’appuient sur cette valeur pour en faire un modèle de développe-
** Une nouvelle conscience pour un monde en crise. Civilisation de l’empathie, Les liens qui libèrent, 2011.
CRÉDIT COOPÉRATIF TOUS BANQUIERS !
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3 questions à
FRANÇOIS CHÉRÈQUE
François Chérèque, ex-secrétaire général de la CFDT, inspecteur général des Affaires sociales, rapporteur du « Rapport sur l’évaluation du plan de lutte contre la pauvreté » et président de l’Agence de service civique.
COMMENT METTRE EN ŒUVRE L’EMPATHIE DANS NOTRE SOCIÉTÉ ? L’empathie commence par l’écoute, pour comprendre l’autre et dialoguer. Or dans notre société du court terme, nous n’avons plus le temps de l’écoute, considéré comme un luxe. On refuse le dialogue jugé comme du temps perdu. L’empathie est un levier pour comprendre mais aussi pour agir.
COMMENT DÉFINISSEZ-VOUS L’EMPATHIE QUI AGIT ? Il y a trois façons de décider d’agir : par la force ou la peur,
ce qui n’est pas recommandé ; à la place de… ou par empathie. C’est parfois, en effet, la limite de nos actions de faire les choses à la place des autres plutôt que pour les autres. Je le vois dans le cadre de ma mission d’évaluation du plan de lutte contre la pauvreté : il est nécessaire de faire participer les personnes en situation de pauvreté. Ce qui se heurte souvent à notre réflexe de nier aux autres la capacité de savoir pour eux-mêmes. L’empathie doit nous aider à agir pour mais surtout avec.
EN QUOI L’EMPATHIE PEUT-ELLE ÊTRE FORCE DE CHANGEMENT ? C’est une façon d’être qui sert à réformer la société à partir du réel. La crise que nous traversons doit être envisagée comme une chance pour engager des réformes en profondeur. Nous ne pouvons pas revenir à notre fonctionnement d’avant. L’économie sociale et solidaire utilise l’empathie pour écouter, comprendre et agir. C’est déjà une réalité, mais l’ESS ne doit pas renoncer à l’utopie qui est force de mobilisation et de changement.
Sympathie, compassion, empathie : quelle différence ? J’arrive !
La sympathie
Courage ! Je suis avec toi mon pauvre…
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Attrape !
L’empathie
EFFET DE LEVIER
LES TERRITOIRES RÉINVENTENT
LA COOPÉRATION Les formes de coopération s’inventent et se multiplient pour accompagner l’entrepreneuriat à l’échelle locale. Définitions et exemples gagnants.
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CAE : une coopérative d’activités et d’emploi rassemble des professionnels qui souhaitent développer un projet entrepreneurial tout en évoluant dans un cadre collectif et en bénéficiant d’un statut de salarié. La CAE peut être multimétier ou spécialisée dans un même secteur d’activité.
Agroalimentaire : un partenariat gagnant Terrena, groupe coopératif, acteur majeur de l’agriculture et de l’agroalimentaire a noué un partenariat avec la coopérative Système U pour la production de produits sous la Marque U. Habituellement basées sur des rapports de force entre les différents maillons de la chaîne, les relations commerciales entre les agriculteurs, l’industriel et le distributeur reposeront désormais sur de vraies relations partenariales. Les agriculteurs s’engagent sur un cahier des charges précis, gage de qualité de leur filière porc, Terrena s’occupe de la découpe et du conditionnement et Système U commercialise les produits. Le distributeur s’engage à contractualiser, sur trois ans, les conditions financières négociées. Cette relation entre le monde agricole et la grande distribution ouvre la voie d’une évolution des modèles au bénéfice de l’ensemble des acteurs de cette filière.
Circuit court : se dit d’un circuit de distribution dans lequel intervient au maximum un intermédiaire entre le producteur et le consommateur. Coopération : fait de travailler, de fonctionner ensemble. La coopération a des applications très larges, mais repose sur quatre notions : elle valorise le collectif sur l’individuel, s’oppose par définition à la concurrence, suppose un rapport d’équité et vise à donner à chacun les ressources pour améliorer son autonomie. Co-working : désigne à l’origine un espace de travail partagé par des indépendants qui veulent rompre l’isolement. Par extension, c’est une organisation de travail en réseau de travailleurs encourageant l’échange et l’ouverture. À ce titre, le co-working est l’une des pratiques de l’économie collaborative. CRÉDIT COOPÉRATIF TOUS BANQUIERS !
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PTCE : la Maison de l’économie solidaire du Pays de Bray
Incubateur d’entreprises : structure qui aide à lancer les jeunes projets de création d’entreprises avec une aide en matière d’hébergement, de conseil et de financement.
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« La Maison de l’économie solidaire du Pays de Bray, qui regroupe plus de 50 sociétaires, expérimente depuis trois ans le travail d’un PTCE », raconte Rachid Cherfaoui, son responsable. « Aujourd’hui, nous avons défini trois axes de projets prioritaires pour le territoire : le développement des services à la personne pour répondre au vieillissement de la population, la valorisation des éco-métiers et la formation des professionnels, et l’accompagnement de la mise en place de la réforme des rythmes scolaires. » À chaque fois, la méthode, inspirée de la recherche et développement, a consisté à identifier les besoins du territoire, vérifier la validité de la question avec un Centre de recherche associé, faire une étude de marché, suivie d’une étude de faisabilité pour finir par lancer une expérimentation d’un projet. « Pour développer ces pratiques d’innovation sociale sur un territoire donné, il faut accepter de changer sa façon de penser et décloisonner l’activité économique. »
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Mutualisation : pionnières, les mutuelles d’assurances se sont créées sur le principe de partager le risque pour en optimiser le coût. Aujourd’hui, les initiatives de mutualisation permettent de mettre en commun des compétences et des ressources. En facilitant cette transition de la propriété individuelle à l’usage ou à la propriété collective, elle est à la base de nombreux projets de consommation collaborative (exemple : le covoiturage).
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PTCE : un pôle territorial de coopération économique (PTCE) est un regroupement sur un territoire donné d’entreprises de l’économie sociale et solidaire associées à des collectivités locales, des centres de recherche et organismes de formation, qui met en œuvre une stratégie commune au service de projets économiques
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innovants pour un développement local durable. Le Labo de l’ESS a été le promoteur en 2008 de ce mode de regroupement qui repose sur l’adhésion et la coopération. En 2014, après la loi-cadre sur l’ESS, les PTCE bénéficient d’une reconnaissance législative.
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En actions O P É R AT I F
LES ENTREPRISES JOUENT EN RÉSEAU La mise en réseau des entreprises n’est pas une pratique nouvelle, mais les innovations numériques, la nécessité de peser sur les politiques publiques leur donnent une importance renouvelée. Et quand les entreprises mutualisent leurs ressources, échangent et partagent leurs expériences, elles grandissent ensemble. Exemples avec quatre réseaux d’entreprises qui innovent.
LUCIE
S’engager pour le développement durable Comment engager son organisation dans une démarche de progrès en RSE et faire face à la complexité des normes, des parties prenantes, des actions à mettre en marche ? Au-delà de sa mission de labellisation des entreprises engagées en RSE, le Label LUCIE propose d’accompagner celles-ci dans leur démarche de progrès au travers de sa communauté. Fédérant fin 2014 près de 130 entreprises et associations, c’est le premier réseau français d’organisations engagées dans une démarche pérenne et vérifiée de progrès en RSE. Les outils et activités de la communauté permettent notamment aux labellisés et aux « labellisables » de profiter d’échanges d’expériences, de bénéficier d’une dynamique de groupe et de jouir de la visibilité d’un réseau structuré et reconnu. Trois facteurs de réussite !
FRANCE BARTER,
Le troc entre entreprises L’échange interentreprises ou Barter est un mode de commerce qui prend la forme d’échanges de marchandises ou de services, de façon multilatérale, au sein d’une communauté sans échange de trésorerie. Ainsi une entreprise peut trouver des clients, les facturer, obtenir des Barters, une unité de compte interne au réseau, et avec ses Barters acheter des prestations ou services auprès des autres entreprises membres de cette plateforme coopérative.
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LE PEXE
PARTAGEZ AVEC NOUS VOS PROJETS À L’ADRESSE : SOCIETAIRES@CREDITCOOPERATIF.COOP
Développer la filière des éco-entreprises
RÉSEAU ALLIANCES
Selon le principe que l’union fait la force naît le Plan d’export des éco-entreprises (PEXE) en 2012, en partenariat avec l’Ademe et Ubifrance. Il s’agit de mutualiser les ressources pour créer des initiatives collectives à l’export. Devenu l’Association pour la promotion et le développement des éco-entreprises de France, le réseau regroupe aujourd’hui près de 5 000 éco-entreprises (soit la moitié des entreprises de la filière), des associations professionnelles, des clusters, des pôles de compétitivité pour développer cette filière en France et à l’étranger. Un hyper réseau où chacun profi te de l’expertise de l’autre pour augmenter ses performances.
Un réseau expert en Nord-Pas-deCalais
Le réseau Alliance a 20 ans d’expérience et rassemble aujourd’hui plus de 300 entreprises de la région Nord-Pas-deCalais qui s’engagent dans une démarche de responsabilité sociétale. Les entreprises adhérentes bénéficient de l’expertise du réseau, de programmes de formation et de diagnostics pour faire progresser leur démarche de responsabilité. Une base de données des bonnes pratiques « Bipiz » est également mise à leur disposition. En utilisant ces ressources et en participant aux événements organisés par le Réseau, en particulier les Trophées de l’économie responsable et le World Forum à Lille, elles se créent des opportunités de développement.
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Biens communs numériques
TOUS BÉNÉFICIAIRES !
Les biens communs de la connaissance sont nés… avec le numérique. Ni privés, ni publics, à quoi correspondent ces nouvelles ressources mises à la disposition de chacun ? CRÉDIT COOPÉRATIF TOUS BANQUIERS !
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n peut parler de révolution Ouverture, partage numérique : l’ancien pouvoir et coconstruction capturait la valeur, le nouOn distingue deux types de biens communs numéveau la distribue. » Au-delà riques. D’une part des informations numériques de la provocation, Matthieu Lerondeau, directeur et des connaissances transmises en mode associé de La Netscouade, une agence de ouvert et réutilisables par le plus grand communication digitale, résume les nombre. Wikipedia par exemple, site le nouveaux enjeux soulevés par la plus consulté au monde, présente révolution numérique : comment des données encyclopédiques très pérenniser et partager les « biens bien référencées, enrichies par des communs » de la connaissance ? La millions de contributeurs. Autre Données publiques théorie des communs, mise à jour exemple, l’open data (données et réutilisables par l’économiste, prix Nobel, Elinor libres, publiques) qui désigne ces par tous. Ostrom*, a une origine médiévale masses de données récoltées et réuanglaise : « les communs »**. À l’ère tilisables par tous, pour tous, et qui font numérique, le concept s’est étendu. Ni bien désormais partie intégrante des politiques privé ni bien public, ces ressources numériques publiques ; ou encore les œuvres créatives sont accessibles à tous, partageables par tous, mises à disposition de chacun sous licence et non concurrentielles dans leur pratique, c’estouverte (« Creative common »). D’autre part, à-dire qu’elles sont réemployables et réexploides logiciels libres mettent à disposition leur tables à volonté. code source (« open source »), comme le navigateur Firefox, ou les logiciels Open office. Un modèle d’intelligence collective fondé sur le principe d’ouverture, de partage et de coconstruction, selon Matthieu Lerondeau. Mais où, pour Charles Népote de la FING***, l’enjeu est de lutter contre la tentation de priLes MOOCs*, ces formations en ligne ouverte à tous, sont une nouvelle façon de partager le savoir jusqu’ici vatisation, qu’elle soit marchande ou due à la dispensé à un nombre limité, dans des lieux physiques complexifi cation des règles techniques. « En fermés. Mais, s’ils offrent des cours sur le web, en réel effet, si l’homme ordinaire ne peut plus se saisir en groupe ou au travers d’une mise en réseaux de ce bien par manque de culture numérique, d’indépendants sur une plateforme spécialisée, pour les chercheurs universitaires, Stéphane Amiard, le modèle du partage et de la coconstruction vice-président de l’Université d’Angers, et Dominique trouvera ses limites. »
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MOOC : un levier pour changer le monde
Boullier, professeur de sociologie à Sciences Po : « On assiste bien à un changement de paradigme. Le numérique est devenu un acteur majeur de la transmission des savoirs. » Reste à déterminer sa valeur : suivre un cursus de MOOC équivaut-il à un diplôme obtenu par la voix classique ? Loin de relever tous les défis (voire les mythes) qui leur ont été conférés, les MOOCs bousculent néanmoins les préceptes passés et participent à une nouvelle dynamique de la formation. Découvrez les formations disponibles sur la plateforme www.france-universite-numerique-mooc.fr
* Prix Nobel des sciences économiques, 2009. Auteur de La gouvernance des biens communs : pour une nouvelle approche des ressources naturelles, De Boeck, 2010, et avec Charlotte Hess (dir.), Understanding Knowledge As a Commons : From Theory to Practice, MIT Press, janvier 2007, 381 pages. ** Le premier débat apparaît au XIII e siècle quand les pauvres des campagnes anglaises se révoltent contre les enclosures, une nouvelle loi qui permet aux propriétaires de clôturer leurs terrains. Les communs (« commons »), ces droits coutumiers qui leur permettaient d’avoir accès à la récolte du miel, au bois de chauffe et aux produits de la cueillette, disparaissent.
* De l’anglais « Massive Online Open Course », en français « cours en ligne ouverts à tous ».
*** Fondation Internet nouvelle génération.
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L’économie sociale et solidaire, ça se passe comment à l’international ?
Et ailleurs ?
L’ÉCONOMIE SOCIALE ET SOLIDAIRE SE DÉVELOPPE EN EUROPE Rencontre avec Antonella Noya*, analyste des politiques publiques à l’OCDE**, à propos du développement de l’économie sociale et solidaire en Europe.
Avec 6,5 % de l’emploi en Europe en 2010 et 15 millions de travailleurs, l’ESS est bien une réalité en Europe. On retrouve cette dynamique en France où elle a créé 440 000 emplois nouveaux en dix ans, soit une croissance de 23 %. Une performance quand l’ensemble de l’emploi privé n’augmentait que de 7 %.
nombreuses sources d’inspiration. Les différences résident dans l’articulation avec les systèmes d’aides sociales. En Italie, en France et en Angleterre, l’ESS y est pleinement reconnue et intégrée. À cela plusieurs raisons : un secteur coopératif et associatif bien développé, des réseaux de solidarité, des capacités entrepreneuriales et, plus largement, une reconnaissance publique de sa contribution à l’économie.
Quels sont les pays où l’économie sociale et solidaire est la plus dynamique ?
Comment développer cette économie par des politiques publiques d’envergure ?
On assiste à un foisonnement d’initiatives dans presque tous les pays européens avec de
Si l’écosystème « parfait » transposable d’un pays à l’autre n’existe pas, certains pays
Que représente l’économie sociale et solidaire (ESS) en Europe ?
accompagnent mieux que d’autres la capacité de la société civile à s’organiser : l’Italie, l’Espagne, la France, le Portugal et la Grèce. En Italie, les coopératives sociales existaient bien avant leur loi-cadre tandis qu’en Angleterre l’essor des entreprises sociales est le résultat de la volonté politique. Il faudrait que se multiplient les politiques publiques « empathiques » envers l’ESS, qui reconnaissent sa contribution à nos économies et à nos sociétés. * Antonella Noya a publié un rapport de l’OCDE en 2013 sur la « Création d’emplois dans l’économie sociale et l’entrepreneuriat social ». ** Organisation de coopération et de développement économiques.
Réf. : Tous Banquiers#4 - Tous Banquiers ! Groupe Crédit Coopératif – www.credit-cooperatif.coop – Société coopérative anonyme de Banque Populaire à capital variable – RCS Nanterre 349 974 931 – APE 6419 Z – N°ORIAS 07 005 463 – Direction de la communication – 12 boulevard Pesaro, CS 10002, 92024 Nanterre cedex – 01 47 24 85 00 – Directeur de la publication : Frédéric Toussaint. Édité par . Crédits photos : S. Assous ; A. Bujak ; A. Poyac ; DR. Les articles et les images publiés dans cette revue ne peuvent être reproduits sans autorisation préalable – Dépôt légal février 2015. Imprimé sur papier cyclus 100 % recyclé sans chlore.