Jean-Jacques Rousseau (1712-1778). Un tricentenaire en Bourgogne

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Biographie + Bibliographie

Le 28 juin 1712 naissait Jean-Jacques Rousseau : la commémoration nationale de ce 300e anniversaire revêt un intérêt tout particulier en Bourgogne. En effet, c’est l’Académie des sciences, arts et belles-lettres de Dijon qui inspira à Rousseau deux textes fondamentaux et résolument contemporains : en 1750, le Discours sur les sciences et les arts, auquel l’Académie décerna son prix, puis, en 1754, le Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes. Ces deux fameux Discours ne sont pas, néanmoins, les seuls liens de Rousseau avec la Bourgogne puisqu’il y a également séjourné et rencontré quelques illustres Bourguignons. C’est donc tout naturellement que le Centre régional du livre de Bourgogne (CRL) participe à la célébration de ce tricentenaire en vous proposant ce document biobibliographique dans le but de vous faire découvrir ou redécouvrir la vie et l’œuvre de cet écrivain, penseur, philosophe et musicien. Aujourd’hui encore, haï ou adulé, Rousseau se trouve souvent au cœur de bien des débats, preuve de sa remarquable modernité. George Bassan Présidente du Centre régional du livre de Bourgogne

À noter : le 14 avril 2012, l’Académie des sciences, arts et belles-lettres de Dijon organise un colloque consacré au Discours et aux ouvrages méconnus de Rousseau. Plus d’informations auprès de l’Académie : www.acascia-dijon.fr

Le Centre régional du livre de Bourgogne (CRL) est une association au service des professionnels du livre bourguignons : auteurs, éditeurs, bibliothécaires, libraires, médiateurs, etc. Ses missions s’orientent, à l’échelle régionale, en faveur de trois secteurs : la vie littéraire, le patrimoine écrit et l’économie du livre. Le CRL est membre de la FILL – Fédération interrégionale du livre et de la lecture. Le CRL est accompagné par le Conseil régional de Bourgogne et la Direction régionale des affaires culturelles de Bourgogne dans le cadre de leurs politiques en faveur du livre et de la lecture.

Direction régionale des affaires culturelles Bourgogne

Jean-Jacques

Rousseau (1712-1778) Un tricentenaire en Bourgogne


Jean-Jacques

Rousseau

(1712-1778) Un tricentenaire

Sommaire

en Bourgogne

Biographie 3.

Le Devin misanthrope, un portrait de Jean-Jacques Rousseau, par Jean Libis

15.

Jean-Jacques Rousseau : la vie et les œuvres, par Jean Ferrari

34.

L’Illumination de Vincennes, par Jean Ferrari

38.

Sur les pas de Jean-Jacques Rousseau en Bourgogne, par Éliane Lochot

Bibliographie 50.

Sélection d’ouvrages de Jean-Jacques Rousseau disponibles en librairie

54.

Sélection d’ouvrages critiques, par Jean Ferrari

57.

Œuvres remarquables de Jean-Jacques Rousseau conservées dans les bibliothèques de Bourgogne

Avis aux lecteurs : l’ancien français employé par Jean-Jacques Rousseau n’a été que partiellement repris pour faciliter la lecture des citations. 1


Portrait de Jean-Jacques Rousseau (1712-1778) par Maurice Quentin de La Tour. Vers 1753  Musée d’Art et d’histoire, Ville de Genève, Inv. n° 1876-0009, photo : Jean-Marc Yersin


Biographie

LE DEVIN MISANTHROPE Un portrait de Jean-Jacques Rousseau Par Jean Libis*

Cette approche n’est sans doute pas dénuée de partialité. Par souci de méthode, elle n’aborde ni la pensée politique ni la pensée philosophique de Rousseau, sauf en quelques points de tangence inévitables. Elle vise seulement à esquisser le portrait d’un écrivain célébrissime, devin involontaire de la Révolution française, grand esprit tourmenté, commentateur de lui-même et acteur d’une existence assurément hors du commun.

D

ans la liste des penseurs que l’institution philosophique en France reconnaît comme philosophes, Jean-Jacques Rousseau représente le cas, sans doute unique, d’un penseur dont l’œuvre s’entrecroise irrémédiablement avec l’expression d’une subjectivité prolifique, dont les écrits autobiographiques, et notamment Les Confessions, incarnent le déploiement. Est-il d’ailleurs bien nécessaire d’entreprendre un portrait quand l’écrivain nous a prévenus, et ô combien péremptoirement, qu’il avait déjà fait le travail ?

« Voici le seul portrait d’homme, peint exactement d’après nature et dans toute sa vérité, qui existe et qui existera jamais. » 1 * Professeur de philosophie, membre résidant de l’Académie des sciences, arts et belles-lettres de Dijon. 1. Toutes les citations sont données dans l’édition des Œuvres complètes publiées à la bibliothèque de la Pléiade, Paris, éditions Gallimard, en cinq volumes, 1959-1995, en abrégé : O.C. suivi de l’indication du tome et de la page. Ici : Les Confessions, O.C., t. 1, p. 3

La plupart des commentateurs patentés de JeanJacques Rousseau ne mettent pas fondamentalement en doute la véracité, sinon l’exactitude de ce portrait. C’est dire qu’en lui-même et par lui-même il nous fournit une surabondance d’anecdotes, de notations, de tendances, d’obsessions dont nous avons loisir de faire pâture. Tenter de faire le portrait de Rousseau, c’est d’abord ni plus ni moins étudier crayon en main les grands écrits autobiographiques et la correspondance. Peu importe que Rousseau, qui est et reste toujours le juge de Jean-Jacques, se soit trompé sur une date, ait oublié ou feint d’oublier une rencontre, ou ait forcé le trait sur un de ces personnages qui vinrent au cours du temps grossir la troupe de ses ennemis. L’essentiel est que le matériau dont nous disposons nous fournisse suffisamment de traits récurrents pour qu’on puisse effectivement s’approprier une idée de l’homme qui s’efforce à la cohérence. À cet égard, les grands commentateurs, qui ont selon les cas 3


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adulé et détesté Jean-Jacques, s’accordent à peu de choses près sur une structure psychologique de l’homme, dont il resterait à savoir, mais ce n’est pas le lieu ici, jusqu’à quel point elle a déteint sur les œuvres objectives, c’est-à-dire les essais politiques et philosophiques.

Une plaidoirie perpétuelle Passionnément saisi par le souci de sa propre liberté, Jean-Jacques est ivre de lui-même, d’un bout à l’autre de son œuvre. De soi-même il est l’auteur, l’orchestrateur, le juge et le metteur en scène. Les formules abondent dans lesquelles il insiste sur le caractère absolument unique de cet homme-là : Jean-Jacques Rousseau. Cette attitude ne relève pas d’un simple postulat « personnaliste » tel qu’il abonde chez nos contemporains. Elle vise à poser et à penser Jean-Jacques Rousseau comme une sorte d’entité ontologique qui échapperait par principe à tout jugement porté par une quelconque extériorité. Lui et lui seul est habilité à dire le vrai sur sa personne. Dans Les Confessions, le récit pittoresque et graveleux de son aventure avec une courtisane de Venise est précédé par cette solennelle mise en garde :

cation de soi. De même que Leibniz écrit une Théodicée pour innocenter Dieu de la question du mal, de même Rousseau écrit ses livres autobiographiques pour témoigner de la pureté fondamentale de son cœur. Ce n’est pas qu’il n’ait trébuché plus souvent qu’à son tour, mais ses diverses incartades, qu’il juge toujours mineures, vont se trouver dissoutes dès lors qu’elles sont mises en perspective et qu’elles s’inscrivent dans les avatars passionnels de celui qui a dévoilé l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes. Ce qu’il écrit de Madame de Warens, il pourrait l’écrire aussi de lui-même :

« Eh ! combien votre aimable et doux caractère, votre inépuisable bonté de cœur, votre franchise et toutes vos excellentes vertus ne rachètent-elles pas de faiblesses, si l’on peut appeler ainsi les torts de votre seule raison. Vous eutes des erreurs et non pas des vices ; votre conduite fut répréhensible, mais votre cœur fut toujours pur. » 3

Ce perpétuel souci de mise à nu de soi – c’est ici le cas de le dire – est inséparable d’une singulière justifi-

Cette alchimie perpétuelle qui transforme le larcin en peccadille, l’exhibition en dévoilement, et le sarcasme en thérapeutique est au fond le trait de génie fondamental de Jean-Jacques, car elle est servie par une rhétorique extraordinaire qui entraîne le lecteur dans une jubilation à plusieurs entrées. D’une part le style s’y fait volontiers feu d’artifice, usant de détours et de circonlocutions qui communiquent au lecteur une sorte de berlue ; d’autre part l’incessante mise en scène de soi devient un procédé involontairement comique tant elle est façonnée d’excès et de boursouflures. Un exemple extrêmement révélateur de cette manière de procéder apparaît lorsque Jean-

2. O.C., t. 1, p. 320

3. O.C., t. 1, p. 262

« Qui que vous soyez qui voulez connaître un homme, osez lire les deux ou trois pages qui suivent vous allez connaître à plein J. J. Rousseau. » 2

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Biographie

Jacques dénonce, apparemment avec force, son propre orgueil :

« Jusques là j’avais été bon ; dès lors je devins vertueux, ou du moins enivré de la vertu. Cette ivresse avait commencé dans ma tête, mais elle avait passé dans mon cœur. Le plus noble orgueil y germa sur les débris de la vanité déracinée. Je ne jouai rien ; je devins en effet tel que je parus, et pendant quatre ans au moins que dura cette effervescence dans toute sa force, rien de grand et de beau ne peut entrer dans un cœur d’homme, dont je ne fusse capable entre le Ciel et moi. » 4 Dans cette incessante justification circulaire, JeanJacques se montre un virtuose. Il faudrait collecter les innombrables formules par lesquelles et à travers lesquelles il orchestre sa propre plaidoirie, quitte à distiller des sophismes parfois savoureux, parfois irritants. Il y a un mélange de sincérité et de poudre aux yeux dans ce brillant aphorisme :

« Je m’aime trop moi-même pour pouvoir haïr qui que ce soit. » 5

hais davantage encore, depuis que vous me faites si bien sentir combien il leur serait aisé de se faire adorer. » 6 Il faut avouer que c’est là du grand art ! Dans d’autres cas, notre philosophe se livre à un détour théologique, qui relève plus d’une conversation avec saint Augustin que d’un penseur de la modernité politique :

« Dieu est juste ; il veut que je souffre ; et il sait que je suis innocent. » 7 On est en droit de se délecter d’une telle rhétorique. On est aussi en droit de froncer le sourcil. De son vivant, Rousseau, on le sait, n’a pas toujours été ménagé par ses semblables. Un d’Alembert par exemple, peu suspect de partialité ni de vilenie, écrit à Voltaire :

« Jean-Jacques est un malade de beaucoup d’esprit et qui n’a de l’esprit que quand il a de la fièvre. Il ne faut ni le guérir ni l’outrager. » 8

« Monsieur le Maréchal, je haïssais les Grands avant de vous connaître, et je les

On ne s’étonnera pas que certains biographes de Rousseau, tels que Seillière ou Fusil, l’aient proprement exécuté ; mais il est plus troublant que ces auteurs aient été peu ou prou écartés des bibliographies officielles. Entre les hagiographies d’un Bernard Groethuysen ou d’un Jean Guéhenno d’une part, et les fustigations débridées d’un Casimir-Alexandre Fusil (ça ne s’invente pas), il y a certes place pour une approche plus tempérée. Sur cette ligne

4. O.C., t. 1, p. 416 5. O.C., t. 1, p. 1056

6. O.C., t. 1, p. 527 7. O.C., t. 1, p. 1010 8. D’Alembert, lettre à Voltaire du 9 avril 1761

Non moins diplomatique est la déclaration adressée au Maréchal de Montmorency, grand seigneur du royaume, et authentique protecteur de JeanJacques :

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médiane, l’ouvrage de Jean Starobinski, crédité d’une appréciation généralement très favorable, a posé efficacement certaines questions :

« … l’on se demandera si toute la théorie historique de Rousseau n’est pas une construction destinée à justifier un choix personnel ? S’agit-il pour lui de vivre selon ses principes ? Tout au contraire, n’a-t-il pas forgé des principes et des explications historiques à seule fin d’excuser et de légitimer son étrange vie, sa timidité, sa maladresse, son humeur inégale, cette Thérèse si fruste qu’il a mise en ménage ? » 9 La formidable complaisance de soi à soi est corrélative d’une autre attitude. Si le philosophe est à lui-même et de façon récurrente son propre avocat, c’est, du moins le pense-t-il, qu’il a des ennemis partout, et des défenseurs nulle part. L’autre – la personne d’autrui – est frappé a priori de suspicion, et il est de notoriété publique que cette méfiance prendra au fil des années une dimension mythomaniaque et complètement envahissante. Dès le second Discours, lorsque le philosophe décrit le passage de l’état de nature à un état social embryonnaire, l’échange des regards est frappé de suspicion :

d’une solitude inévitable. On sait qu’il a été hanté par une phrase de Diderot : « Seul le méchant est toujours seul ». Elle représente pour lui, et on saisit fort aisément pourquoi, un attentat contre sa personne. Tout au contraire Jean-Jacques Rousseau est persuadé que seul l’homme bon et vertueux est voué à la solitude. À cet égard son évolution est complètement cohérente et les prises de position qu’il adopte explicitement, pour hyperboliques qu’elles soient souvent, n’en désignent pas moins un cheminement intelligible. Le seul point qui nous paraît obscur c’est que la thèse de la méchanceté de l’autre n’est jamais justifiée par une argumentation a priori. Tout se passe dans une sorte de désaffection croissante, purement empirique en somme, qui fait que même les protecteurs de Jean-Jacques sont regardés par lui d’un œil circonspect. Or il le dit assez clairement : les raisons de cette animosité lui échappent. Il ne les comprend pas. Ainsi peut-il écrire cette phrase extraordinaire :

« En cherchant vainement la cause de cette unanime animosité, je fus prêt à croire que tout le monde était devenu fou. » 11

Ce moment théorique consacre la faille rédhibitoire qui instruit le commencement de la fin : à savoir le processus de socialisation. Se dessine ici la perspective

Dans ces conditions, on ne s’étonne plus tellement que Rousseau se soit engagé à se défaire de toutes les opinions venues d’autrui, et qu’il se soit jugé impropre à toute fréquentation de la société civile12. Néanmoins le lecteur peut à bon droit s’interroger sur le fait que cette prise de position est affirmée par un homme qui a écrit le Contrat social. Bien entendu les glossateurs ne cesseront de nous répéter que

9. Jean Starobinski, Jean-Jacques Rousseau. La transparence et l’obstacle, Gallimard, 1971, p. 50 10. O.C., t. 3, p. 169

11. O.C., t. 1, p. 591 12. Cette double thématique apparaît clairement dans les sixième et huitième promenades des Rêveries du promeneur solitaire

« Chacun commença à regarder les autres et à vouloir être regardé soi-même. » 10

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Biographie

le Contrat est un superbe appareil normatif et que Rousseau lui-même n’a jamais songé à lui donner véritablement un corps. En tous cas, toute cette misanthropie croissante – il faut bien l’appeler par son nom – éclaire aussi un passage singulier d’une lettre à Malesherbes, sur lequel Todorov attire l’attention :

« Je suis né avec un amour naturel pour la solitude qui n’a fait qu’augmenter à mesure que j’ai mieux connu les hommes. Je trouve mieux mon compte, avec les êtres chimériques que je rassemble autour de moi qu’avec ceux que je vois dans le monde. » 13

la compagne onirique sur laquelle Rousseau instruit et construit une passion amoureuse archétypale. Aussi peut-il constituer un trait d’union entre l’univers mental de Jean-Jacques et sa relation pour le moins complexe avec ce qu’on pourrait appeler l’épreuve de la féminité.

L’introuvable Héloïse Amoureux, Rousseau ne l’est pas seulement dans les livres qu’il écrit : sa vie est une longue passion dont il est l’objet souffreteux, et les femmes la raison première tout aussi bien que la cause occasionnelle.

Il ne s’agit pas ici de concéder à quelque rubrique alléchante mais Illustration de Julie ou la Nouvelle Héloïse. Moreau, dess. ; de prendre en compte une diSaint-Aubin, Le Mire, De Launay, Duclos, mension existentielle de première Il ne s’agit pas ici d’une simple forgrav. ; de Latour, peintre. importance dans la vie du philosomule : Rousseau a fini par reconstiwww.Gallica.bnf.fr phe. Sur ce terrain d’ailleurs, il nous tuer au cours de ses promenades et Bibliothèque nationale de France fournit une abondante matière, de ses rêveries une sorte de société formée de personnages imaginaires avec lesquels il non sans la délectation de celui qui se complaît à entretenait des relations teintées d’euphorie et par- s’exposer totalement, ce qui est d’ailleurs, reconnaisfois de jouissance. Cela n’est peut-être après tout sons-le, un trait résolument moderne. L’épisode justeque le lot habituel de l’homme de lettres qui écrit des ment célèbre de la fessée distribuée par Mademoifictions, et notamment des romans. De ce point de selle Lambercier est à la fois un moment d’euphorie vue la rédaction de La Nouvelle Héloïse s’inscrit par- pour le lecteur et une clé – parmi d’autres – de la faitement dans la trajectoire créatrice d’un penseur psychologie rousseauiste. Une clé aussi pour les psyque la philosophie des philosophes irrite à plus d’un chanalystes de toutes obédiences. Faut-il rappeler titre. Le personnage de Julie est ainsi très exactement que le châtiment orchestré par la main vigoureuse de la sœur du pasteur Lambercier aboutit à un 13. O.C., t. 1, p. 1131 résultat qui semble déconcerter, sinon émoustiller,

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la fustigatrice ? Rousseau a prétendu que cet épisode avait décidé de ses désirs et de ses passions pour le reste de sa vie 14. Un autre passage des Confessions, rédigé cette fois sur un mode théorique, nous fournit de nouvelles clés tout à fait essentielles. Rousseau nous explique pourquoi il n’était pas destiné au bonheur amoureux :

« j’aimais trop sincèrement, trop parfaitement, j’ose dire, pour pouvoir aisément être heureux […]. Mon peu de succès près des femmes est toujours venu de les trop aimer. » 15 Quand bien même il se donne le beau rôle comme à l’accoutumée, Jean-Jacques Rousseau n’en est pas moins sincère. Il aime éperdument et, ce faisant, s’engage bon gré mal gré dans des situations de dépendance. Du reste, on peut sans grand risque interprétatif avancer qu’il les recherche inconsciemment et qu’il a besoin d’être simultanément choyé, materné, dominé : toute la relation à Madame de Warens s’inscrit dans cette trajectoire, même si sa complexité ne peut ici être restituée en quelques formules. Ce qui est fascinant dans le cas de Jean-Jacques, c’est qu’il est attiré par les femmes sans savoir exactement ce qu’il attend d’elles. Pendant des années il avoue que cette attirance demeure comme flottante, inquiète, obsédante, sans objet précisément désiré. Pourtant il ne s’agit pas là d’une impulsion seconde ou inessentielle. Quand il écrit qu’il a 14. O.C., t. 1, p. 15 15. O.C., t. 1, p. 77

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« toujours trouvé dans le sexe une grande vertu consolatrice… » 16, il vise les personnes du beau sexe, et donne au mot vertu le sens fort d’une capacité, voire d’une thérapeutique. Plus précisément encore il s’explique à de multiples reprises sur son état d’esprit. Dans la gamme de ses passions, les femmes occupent la place royale, mais sur un mode profondément ambigu et presque délétère. Rousseau, à l’inverse de Don Juan, ne sait pas ce qu’il veut : et tour à tour il est pris dans la dialectique du charme et de la répulsion, du sentiment et du désir, de la jouissance et de l’inquiétude 17. Malheureux en amour Jean-Jacques ? Très certainement oui. Toutefois sa situation semble lui offrir aussi l’envers de la médaille, ce qu’il ne semble pas apercevoir clairement. En effet son instabilité fondamentale, sa timidité affichée, son inquiétude névrotique le placent bon gré mal gré dans une situation de singulière disponibilité. De ce point de vue on ne peut pas ne pas remarquer que les différentes liaisons qui ont marqué la vie amoureuse de Jean-Jacques dessinent comme l’éventail d’une relation complète à la féminité. Madame de Warens est à la fois sa « maman » et son initiatrice. Madame de Larnage est la seule qui lui ait donné du plaisir. Madame d’Houdetot est la seule qui ait suscité en lui une violente passion amoureuse. À Madame Basile il doit les deux minutes les plus extraordinaires de sa vie sans même qu’il ait touché à sa robe. Avec la délurée Zulietta, il entre un instant dans l’univers de la courtisanerie tarifée. Enfin 16. O.C., t. 1, p. 150 17. La page 219 des Confessions est à cet égard très riche.


Biographie

Thérèse Levasseur circonscrit sa vie dans la courbe rassurante de la conjugalité, quoiqu’il prétende n’avoir à son égard ni amour ni désir, et seulement une sorte de tendresse certainement sincère. Sur toutes ces relations, de la plus brève à la plus durable, Jean-Jacques s’est exprimé explicitement dans ses écrits autobiographiques. Ainsi a-t-il parcouru la carte du tendre, maladroitement sans doute, dans le malheur le plus souvent, dans la félicité parfois, mais sur le mode global d’une surprenante exhaustivité. De l’amour il a connu les multiples facettes – ce qui le définit a posteriori comme un homme de désir, soucieux sans doute de domestiquer ses effervescences en écrivant le Contrat social ou en élaborant un Projet de Constitution pour la Corse. Cela toutefois est une autre affaire. On comprend que certains auteurs aient consacré des livres entiers à cette question : Rousseau et les femmes, ou qu’un Ernest Seillière ait pu écrire de nombreuses pages sur le surprenant trio formé par Sophie d’Houdetot, son amant Saint-Lambert et Jean-Jacques lui-même. Cette question n’est nullement futile. L’affectivité de Jean-Jacques est tellement débordante qu’elle déborde effectivement et vient déposer ses marques sur l’œuvre théorique, que celle-ci soit philosophique, politique, ou religieuse. Il dit lui-même qu’il n’a

« jamais su écrire que par passion. » 18 Jean-Jacques Rousseau n’a pas la complexion d’un Kant et de nombreuses pages de l’Émile, notamment, baignent dans un lyrisme qui tout à la fois amollit sa pensée et la rend cependant intensément 18. O.C., t. 1, p. 513

présente au lecteur. C’est là peut-être une des clés de l’enthousiasme qu’il a suscité. Du reste on ne s’ennuie pas en lisant Rousseau ; on y est parfois seulement saisi d’agacement.

La musique et les plantes Foncièrement travaillé par une affectivité bouillonnante, le citoyen de Genève a entretenu avec la musique un rapport original. Ce n’est certainement pas de façon fortuite qu’il considère la destinée de l’homme de lettres comme un glissement pervers vers le monde de la fatuité mondaine, vers cette exaltation de l’amour-propre, qu’il juge, on le sait, pernicieuse au plus haut point. De ce point de vue l’illumination de Vincennes a été aussi un point de départ vers le purgatoire de l’esprit. Du reste il a jugé avec sévérité le contenu de son premier Discours. Dès son séjour au Séminaire d’Annecy, il découvre en lui-même un penchant certainement plus radical que son intérêt pour les Lettres : celui pour la musique. Du reste, le seul livre qu’il ait apporté avec lui dans ce lieu d’étude, c’est nous dit-il, un livre de… musique. Une page des Confessions est tout à fait édifiante sur ce chapitre :

« Il faut assurément que je sois né pour cet art, puisque j’ai commencé de l’aimer dès mon enfance, et qu’il est le seul que j’aye aimé constamment dans tous les tems. » 19

19. O.C., t. 1, p. 181

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Il ajoute aussitôt avec une lucidité appréciable qu’il n’était pas doué pour cet art. Pas doué sans doute, mais audacieux : à Lausanne il se met en tête de diriger un petit concert, et le résultat est tellement lamentable qu’il en est réduit à essuyer les quolibets et les rires. Plus tard il reconnaîtra qu’il lui eût fallu prendre le temps d’apprendre, mais tel n’était pas son tempérament. On sait que néanmoins, il a donné quelques leçons tarifées, qu’il a inventé un système de notation musicale, qu’il s’est rendu à Besançon pour apprendre la composition auprès de l’abbé Blanchard, que la représentation du Devin du village devant le Roi en personne lui causera une joie extraordinaire. Enfin qu’il a réussi à maintenir durant certaines périodes une modeste indépendance financière précisément en assumant le métier de copiste. Ses propos parfois venimeux à l’adresse de la musique française, sa querelle avec Rameau, l’ont assurément desservi : la musicologie savante a accordé davantage de crédit à l’auteur des Indes galantes qu’à celui du Devin du village, et il semblerait difficile d’affirmer qu’elle ait été injuste à cet égard. Cependant le verdict des historiens de la musique ne doit pas occulter le fait que Rousseau se soit pensé lui-même, et passionnément, comme un authentique chantre de l’art musical. Jean Ferrari prend soin, à juste titre, de nous le rappeler avec vigueur :

« On ne peut mettre en doute la passion de Rousseau pour la musique. Il en vécut, au sens propre du mot, comme maître de musique, comme compositeur, comme copiste enfin, noircissant de notes, lui qui avait voulu les remplacer par des chiffres, des dizaines de milliers de pages qui assurèrent sa subsistance quotidienne de 1751 jusqu’à sa mort. » 20 10

Tout de suite après, l’auteur note l’orientation pour ainsi dire thérapeutique de la fonction musicale chez Jean-Jacques :

« La musique fut aussi pour lui la source d’un permanent réconfort ainsi que l’indique le titre d’un recueil d’airs, de romances et de chansons : Consolations des misères de ma vie. » Au-delà de cette dimension pharmacologique, il serait assez malaisé de cerner en quelques lignes ce que fut véritablement la musique pour Jean-Jacques Rousseau, à l’intérieur de son espace philosophique. Eût-il déclaré à l’instar d’un Nietzsche (qui sera un de ses plus féroces pères fouettards) que foncièrement il eût désiré le destin d’un compositeur et non celui d’un homme de lettres ? C’est assez vraisemblable. Jean Starobinski dit avec pertinence qu’il est foncièrement hanté par un état antérieur à celui de la parole. Peutêtre a-t-il fondamentalement saisi que la discussion ne mène pas nécessairement à la lumière, mais souvent à la polémique, et que la volonté de s’expliquer ne fait souvent qu’opacifier les rapports humains. De ce point de vue la dialectique philosophique peut constituer une dangereuse illusion ; et Rousseau, on le sait, se montre aussi sévère avec les philosophes qu’avec la raison raisonnante lorsqu’elle est coupée de ses racines affectives. C’est aussi, implicitement, de ce même point de vue qu’il récuse la musique savante et qu’il polémique avec Rameau 21. Pour Jean-Jacques, la mélodie est l’essence de la musique parce qu’elle est d’abord une pure déclamation 20. Jean Ferrari, « La querelle Rousseau-Rameau », dans Musique et philosophie, Actes du colloque de Dijon, Société bourguignonne de philosophie, 1983 21. Sur cette question, je ne peux que renvoyer à l’article de Jean Ferrari cité plus haut.


Biographie

sentimentale. On pourrait presque dire, et c’est une hypothèse que nous risquons : un contrepoint de la vie amoureuse. Il a peut-être l’intuition, développée plus tard par un Schopenhauer, qu’elle constitue le vouloir-vivre lui-même dans son essence profonde, dans son insondabilité. Mais c’est peut-être là lui prêter beaucoup.

métaphysique, et elle s’avère du meilleur aloi sur le terrain de l’écriture. Expérience pourrait-on dire, oui, métaphysique, car Jean-Jacques s’y engage totalement, et, en même temps avoue se trouver devant une fascination qu’il ne comprend pas lui-même et qui échappe complètement au principe de raison. Jubilation singulière que le commerce avec

Quoi qu’il en soit, lorsque se radicalise la misanthropie de Jean-Jacques, lorsque s’accroît la distance qui le sépare de ses contemporains, lorsqu’il touche au bonheur dans la solitude la plus accusée, ses relations à la musique se distendent peut-être mais ne cessent pas complètement, au point qu’il esquisse la composition d’un Daphnis et Chloé. Toutefois, ce qui ressort des Rêveries d’un promeneur solitaire, c’est plutôt, en ce tournant de sa vie, l’adhésion passionnée à une autre passion, plus secrète, plus intime, plus éloignée des salons parisiens : le goût d’herboriser.

« le mouron, le cerfeuil, la bourache, le seneçon » 22

Rousseau musicien n’est jamais complètement éloigné de sa propre dimension théâtrale. En revanche Rousseau herborisant ne se réduit pas à une image d’Épinal : il s’y révèle plutôt, tardivement, dans l’authenticité d’un misanthrope qui, loin de s’abandonner à cette passion négative, la détourne par l’exploration d’un autre chemin. Si, comme le soutient notamment Bernard Groethuysen, Rousseau n’a cessé de placer la nature au cœur de ses spéculations et au fondement de ses préoccupations sociopolitiques, alors on pourrait dire que le Rousseau des années tardives balaye les abstractions qui encombrent son appareillage naturaliste pour aller enfin vers la chose même, vers cet univers végétal qu’il va explorer dans la plus radicale solitude. La Septième promenade nous relate cette expérience presque

– et l’on pourrait ajouter ad libitum : avec la sauge, le sainfoin, la grande ombellifère, l’orchis velu. Il y a là un plaisir de la nomination que l’auteur n’aperçoit peut-être pas entièrement. La confection de l’herbier est aussi une activité constitutive, plus habitée, dit-il, par le plaisir d’imaginer que par le désir de connaître. Il prend d’ailleurs soin de brocarder ces utilitaristes qui ne cherchent dans les plantes que des pharmacopées adaptées à leurs maux. Au passage, et dans un esprit moliéresque, les médecins sont étrillés à l’envi. De toute façon, les vertus cachées des plantes sauvages ne sont pas son fait et il se garde bien d’alimenter le sottisier qui foisonne à ce sujet depuis la nuit des temps. Nous sommes là devant le meilleur Rousseau, celui qui s’enfonce au cœur de la matière végétale et qui affirme y trouver du bonheur en dépit de tous ses persécuteurs qui l’ont en quelque sorte acculé à cette thébaïde. Évidemment l’exégète fronce parfois le sourcil 23, car il y a loin du théoricien qui veut faire le bonheur des hommes malgré eux au 22. O.C., t. 1, p. 1061 23. À cet égard, la réaction d’un Tzvetan Todorov est presque un tantinet comique : « On éprouve quelque soulagement de voir Rousseau préférer les hommes aux herbes », Frêle bonheur, Hachette, 1985, p. 52. Est-ce donc si sûr ?

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vieux solitaire qui avoue que la société civile n’est pas son fait, soulignant aussi que les bonnes intentions, hélas, peuvent porter leurs lots de fruits vénéneux. On se prend à regretter au passage que des Robespierre et des Marat n’aient pas davantage médité sur cette sagesse élémentaire. On peut s’autoriser à répéter ici que l’idée de nature est bien centrale dans l’œuvre de Jean-Jacques Rousseau comme elle l’est d’ailleurs dans toute la pensée dix-huitiémiste. À force d’être suremployée, elle ne veut plus rien dire et se dissout d’elle-même dans un laxisme sémantique particulièrement irritant. Rousseau a le mérite de retrouver la nature au-delà des déformations abstruses qu’il lui a fait subir, et il nous délivre, tout à la fin, une leçon de sagesse pratique et de stoïcisme inattendu. Le théoricien de la volonté générale est aussi le thuriféraire des herbiers. Sur la trajectoire qui semble inéluctablement le conduire à une misanthropie débridée, dont l’amour des plantes serait tout à la fois le contrepoint et le contrepoison, il nous semble intéressant de citer le point de vue de son contemporain Jacques Cazotte :

« Né sans fortune, sans extérieur et d’une santé délicate, il a dû souffrir des privations de bien des genres, il est sensible, elles lui ont été toutes douloureuses ; il s’est cru plus malheureux qu’un autre ; son humeur s’est aigrie, et voilà la source de cette bile âcre qui fait la base de sa philosophie. » 24 Jugement que, par souci d’équilibre, on pourrait aussitôt tempérer par une affirmation de notre contemporain Jean Guéhenno, dont la volumineuse étude s’avère globalement favorable à l’auteur de La Nouvelle Héloïse.

« La mauvaise fortune, les avanies, les obstacles, les échecs servirent, somme toute, assez bien son génie […]. Il devint Rousseau à tout prix, Rousseau devant tout l’univers, et bientôt même ne douta plus d’être, lui seul, Rousseau, la vérité, dans un monde où tout mentait. Dès lors, son aventure fut hors de l’ordre commun. » 25

Conclusion

Pl. XIII extraite du Recueil de plantes coloriées, pour servir à l’intelligence des lettres élémentaires sur la botanique de J. J. Rousseau. Paris : Poinçot, 1789. Bibliothèque municipale de Dijon

Trois siècles exactement après sa naissance, il reste assez troublant de constater à quel point la personnalité de Rousseau divise encore les esprits. Et nous ne parlons pas ici de sa pensée – quoique nous aurions toute raison d’affirmer que l’une et l’autre interfèrent de façon complexe. Jean Starobinski le dit de façon lumineuse : 24. Cazotte, cité par Benoît Mély, Jean-Jacques Rousseau, un intellectuel en rupture, Minerve, 1985, p. 64 25. Jean Guéhenno, Jean-Jacques, Gallimard, 1962, t. 2, p. 293

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Rousseau

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« Pour penser patiemment les conditions historiques d’un retour à l’unité, il eût fallu que Rousseau fût capable de s’oublier lui-même. Et un Rousseau capable de se déprendre de lui-même n’est plus JeanJacques Rousseau. » 26 Non certes, Rousseau n’est pas l’homme à se déprendre de lui-même ! Et faut-il même chercher une unité ?, comme se le demande Jan Marejko dans un livre décapant 27. Sans oublier le bon mot de Jacques Julliard :

« Rousseau est à l’origine des deux grands cataclysmes du monde moderne, l’adolescence et la démocratie » 28 (on n’oubliera pas que c’est un homme de gauche qui parle). Sa personnalité, avouons-le, peut légitimement susciter de vives réticences : ses écrits biographiques regorgent de traits exhibitionnistes, paranoïaques, complaisants à soi-même. Ses échanges avec Voltaire ne font honneur ni à l’un ni à l’autre. Son ingratitude à l’égard de ceux et celles qui l’ont aidé est parfois gênante, même si ses créanciers ne cumulent pas toujours une vertu sans faille. Avocat perpétuel de sa propre cause, il risque de lasser les membres du jury. Il y a toutefois un point, fondamental, sur lequel on ne saurait lui chercher querelle. C’est son amour presque inné, farouche, forcené, de l’indépendance, et ce goût de la liberté qui le conduit sur les routes, 26. Jean Starobinski, op. cit., p. 49 27. Jan Marejko, Jean-Jacques Rousseau et la dérive totalitaire, L’Âge d’homme, 1984 28. Jacques Julliard, C’est la faute à Rousseau, Seuil, 1985, p. 12

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dans les villes, chez les paysans, chez l’ambassadeur de France à Venise, chez les Grands de ce monde qu’il cajole et exècre. Il épouse une lingère et lui assure une subsistance. Ses Confessions constituent parfois un délicieux roman érotique, à peine concurrencé par sa Nouvelle Héloïse. Les plus belles pages des Rêveries anticipent certaines intuitions bachelardiennes de L’eau et les rêves. Et si l’on peut trouver un peu rigide le style de son Contrat social, certaines lettres de lui sont des chefs d’œuvre : ainsi la réponse à l’archevêque Christophe de Beaumont, ainsi la Lettre à d’Alembert sur les spectacles, qui constitue, avec 250 ans d’avance, une sorte de réponse à notre théâtromanie contemporaine. On ne prête qu’aux riches.


Biographie

JEAN-JACQUES ROUSSEAU : LA VIE ET LES ŒUVRES Par Jean Ferrari *

Les premières années 1712

1722

Jean-Jacques Rousseau naît à Genève le 28 juin 1712, fils d’Isaac Rousseau, maître horloger et citoyen de la ville, et de Suzanne Bernard, également citoyenne, qui meurt quelques jours après son accouchement. C’est la sœur d’Isaac et une nourrice, « Mie Jacqueline », qui prennent soin de l’enfant. Son père le chérit et très tôt lui fait lire dans son atelier les livres de la riche bibliothèque de sa femme. Rousseau se passionne pour les romans, les ouvrages d’histoire et de morale.

Au départ de son père, obligé de quitter Genève à la suite d’une querelle, Rousseau est placé avec l’un de ses cousins, à Bossey chez son oncle, le pasteur Lambercier, qui est chargé de leur éducation. Il y jouit des bonheurs paisibles que lui procurent la campagne et l’amitié de son cousin, jusqu’à l’épisode du peigne cassé dont il est faussement accusé et sévèrement puni.

« Plutarque, surtout, devint ma lecture favorite […]. De ces intéressantes lectures, des entretiens qu’elles occasionnaient entre mon père et moi, se forma cet esprit libre et républicain, ce caractère indomptable et fier, impatient de joug et de servitude qui m’a tourmenté tout le temps de ma vie… » 1 * Professeur émérite de l’université de Bourgogne, membre résidant de l’Académie des sciences, arts et belles-lettres de Dijon. 1. Toutes les citations sont données dans l’édition des Œuvres complètes publiées à la bibliothèque de la Pléiade, Paris, éditions Gallimard, en cinq volumes, 1959-1995, en abrégé : O.C. suivi de l’indication du tome et de la page. Ici : O.C., t. 1, p. 9

« Ce premier sentiment de la violence de l’injustice est resté si profondément gravé dans mon âme que toutes les idées qui s’y rapportent me rendent ma première émotion […]. Là fut le terme de la sérénité de ma vie enfantine. » 2 1725 Rousseau est bientôt mis en apprentissage, d’abord chez un greffier où il reste peu, puis chez un graveur dont, faute d’assiduité, il n’apprit pas le métier.

2. O.C., t. 1, p. 20

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1728 Au retour d’une promenade dans la campagne, le 14 mars 1728, Rousseau trouve fermées les portes de Genève et décide de partir à l’aventure.

Madame De Warens (1728-1742)

Il est accueilli par le curé de Confignon qui l’envoie à Annecy chez Madame de Warens, Vaudoise convertie qui sert volontiers de relais à ceux qui veulent quitter le protestantisme. Rousseau la rencontre pour la première fois le dimanche des Rameaux.

« Que devins-je à cette vue ! Je m’étais figuré une vieille dévote bien rechignée […]. Je vois un visage pétri de grâces, de beaux yeux bleus pleins de douceur, un teint éblouissant, le contour d’une gorge enchanteresse. Rien n’échappa au jeune coup d’œil du jeune prosélyte ; car je devins à l’instant le sien ; sûr qu’une religion prêchée par de tels missionnaires ne pouvait manquer de mener en paradis. » 3 Il part presqu’aussitôt à pied pour Turin où il est reçu à l’Hospice du Saint-Esprit. Après un mois de catéchuménat, il abjure le protestantisme et se convertit au catholicisme. Il va rester une année à Turin, d’abord comme laquais chez Madame de Vercellis. À la mort de celle-ci, un ruban doré a disparu qu’on retrouve dans la chambre de Rousseau, qui accuse Marion, cuisinière de Madame de Vercellis, de le lui avoir donné. Malgré les dénégations de la jeune fille, Rousseau persiste dans ses accusations. L’un et l’autre sont congédiés. Le remords de ce mensonge qui jeta une honnête fille dans la rue ne quitta jamais Rousseau.

Portrait de Madame de Warens par Eugène Gervais. Estampe. Vers 1860. Inv. n° 2960. Musée d’Art et d’histoire de Chambéry

« Eh ! si le remords d’avoir pu la rendre malheureuse est insupportable, qu’on juge de celui d’avoir pu la rendre pire que moi […]. Ce poids est donc resté jusqu’à ce 3. O.C., t. 1, p. 49

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jour sans allègement sur ma conscience, et je puis dire que le désir de m’en délivrer en quelque sorte a beaucoup contribué à la résolution que j’ai prise d’écrire mes confessions. » 4 1729 Jean-Jacques, pris d’abord comme domestique chez le Comte de Gouvron, devient bientôt secrétaire de son fils qui lui apprend le latin et l’italien. Très apprécié dans la maison du Comte, il pourrait y demeurer dans d’excellentes conditions, lorsque, cédant à l’attrait d’un voyage à pied avec un garçon de rencontre, il retourne à Annecy chez Madame de Warens, en septembre de cette même année 1729. Celle-ci l’envoie au séminaire où il ne reste que quelques semaines, puis il entre à la maîtrise de la cathédrale que dirige un ami de Madame de Warens, Monsieur Le Maître, avec lequel il se rend à Lyon et qu’il abandonne alors que ce dernier est en proie à une crise d’épilepsie. À son retour, Madame de Warens est partie pour Paris avec son régisseur Claude Anet.

1731 Il le suit à Fribourg, puis à Berne, mais à Soleure, à l’Ambassade de France, l’imposture est découverte. Muni d’une recommandation de l’Ambassadeur, Rousseau part à pied pour Paris où il reste quelques mois, peu séduit par la ville. Il est de retour en septembre 1731 près de Madame de Warens qui a quitté Annecy pour un plus modeste logement à Chambéry. Il travaille au Cadastre de la ville, mais il ne pense qu’à la musique : il s’essaie à la composition en même temps qu’il versifie à l’occasion. « Maman » devient la maîtresse de Rousseau.

1733 Il compose une première version de Narcisse ou l’amant de lui-même. Souffrant de diverses maladies assez inexplicables, Rousseau s’imagine qu’il va mourir alors même que s’accroît son désir de s’instruire tant en musique qu’en littérature, et même en chimie où une expérience le prive de la vue pendant quelques semaines.

1737 1730 Commence alors une vie vagabonde, riche en rencontres insolites. Rousseau va d’abord à Lausanne où, sans savoir lire la musique, il dirige un concert et donne des leçons de chant, puis à Neuchâtel où il se lie avec un faux archimandrite, prétendant quêter pour les Lieux Saints de Jérusalem.

4. O.C., t. 1, p. 85-86

Madame de Warens partage son temps entre Chambéry et les Charmettes où elle a loué une petite maison. Les Charmettes sont pour Rousseau un paradis auquel il revient par la pensée dans les épreuves de son existence.

« Ici commence le court bonheur de ma vie ; ici viennent les paisibles mais rapides moments qui m’ont donné le droit de dire que j’ai vécu. » 5 5. O.C., t. 1, p. 225

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Vue des Charmettes. Estampe. 1830-1850. Inv. n° 60-4-1 Musée d’Art et d’histoire de Chambéry

Sa santé, toujours déficiente s’y améliore :

« Revoir le printemps était pour moi ressusciter en paradis. » 6 et

« … le plaisir d’apprendre entrait pour beaucoup dans mon bonheur. » 7 Se croyant atteint d’une maladie cardiaque grave, il décide de se rendre à Montpellier. En chemin, il fait la connaissance de Madame de Larnage aux avances desquelles il cède bientôt. 6. O.C., t. 1, p. 233 7. O.C., t. 1, p. 236

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« Cette vie délicieuse dura quatre ou cinq jours pendant lesquels je me gorgeai, je m’enivrai des plus douces voluptés. Je les goûtai pures, vives, sans aucun mélange de peines, ce sont les premières et les seules que j’aie ainsi goûtées, et je puis dire que je dois à Mme de Larnage de ne pas mourir sans avoir connu le plaisir. » 8 Il s’arrête au pont du Gard :

« Je sentais tout en me faisant petit, je ne sais 8. O.C., t. 1, p. 253


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quoi qui m’élevait l’âme, et je me disais en soupirant : que ne suis-je né romain ! » 9 À Montpellier, il consulte divers médecins sans succès et, au retour, il évite de passer par BourgSaint-Andéol, où l’attend Madame de Larnage, pour regagner Chambéry. Mais Madame de Warens a pris un nouvel amant. Malgré sa déception, Rousseau compose Le verger de Madame la Baronne de Warens en hommage à celle-ci.

« Verger cher à mon cœur, séjour de l’innocence […] Solitude charmante, asile de la paix ; Puissai-je, heureux verger, ne vous quitter jamais. »10

Il décrit en ce poème ses bonheurs aux Charmettes, son insatiable curiosité intellectuelle et les nombreuses lectures qu’il fait alors.

1739 Il y passe dans la solitude l’année 1739, avant d’aller à Lyon où il se voit confier le préceptorat des fils de Monsieur de Mably, frère de l’abbé de Mably et de Condillac. Il y compose le Mémoire présenté à Monsieur de Mably pour l’éducation de son fils et son Projet pour l’éducation de Monsieur de Saint-Marie. Son insuccès lui fait quitter sa charge au bout d’un an.

9. O.C., t. 1, p. 256 10. O.C., t. 2, p. 1124

1741 De retour aux Charmettes, il compose un opéra, une tragédie. Il travaille à un projet de nouveaux signes pour la musique, destiné à remplacer le traité de Rameau dont la difficulté l’a souvent rebuté. S’accommodant mal de sa situation de « surnuméraire » auprès de Madame de Warens, il passe quelques mois à Lyon où il fréquente des académiciens et écrit l’Épître à Monsieur Bordes,

1742 puis de retour aux Charmettes, l’Épître à Parisot, l’une et l’autre tout à la gloire de Lyon, de son luxe, de sa noblesse et même de l’inégalité !

« Il ne serait pas bon dans la société Qu’il fût entre les rangs moins d’inégalité. » 11 Avide de reconnaissance, il décide de partir pour Paris.

Rousseau dans le monde Il y arrive fin juillet avec quelques recommandations lyonnaises, son Narcisse, et son mémoire sur la nouvelle notation musicale par chiffres qu’il parvient à présenter devant une commission de l’Académie des Sciences. Il n’obtient pas le succès escompté mais le fera publier en janvier 1743 sous le titre de Dissertation sur la musique moderne. Très vite, à Paris, il est en rapport avec l’intelligentsia de l’époque. Il rencontre Fontenelle, Marivaux, Réaumur, Diderot qui devient 11. O.C., t. 2, p. 1140

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son ami. Il fréquente le salon de Madame Dupin, épouse d’un riche fermier général. À la recherche d’un emploi, il accepte celui de secrétaire du nouvel ambassadeur de France à Venise, le Comte de Montaigu. Après diverses péripéties de voyage, dont la mise en quarantaine à Gênes du bateau qui le transportait, il arrive à Venise le 4 septembre 1743 où l’ambassadeur l’attendait impatiemment. De secrétaire de l’ambassadeur, il devient vite le secrétaire de l’Ambassade. Il prend goût au métier et y réussit si bien qu’il pense sérieusement à y faire carrière. Outre ses activités diplomatiques souvent couronnées de succès et consignées dans les quelque deux cents pages de dépêches qui figurent dans les Œuvres complètes, l’expérience vénitienne de Jean-Jacques est riche en découvertes : celle de la musique italienne et de la beauté des femmes vénitiennes qui donnent l’occasion dans les Confessions à de piquantes anecdotes ; surtout il prend conscience de l’importance de la politique.

« De mes Institutions politiques, il y avait treize ou quatorze ans que j’en avais conçu la première idée lorsqu’étant à Venise j’avais eu quelqu’occasion de remarquer les défauts de ce gouvernement si vanté. […] J’avais vu que tout tenait radicalement à la politique, et que, de quelque façon qu’on s’y prit, aucun peuple ne serait jamais que ce que la nature de son gouvernement le ferait être ; ainsi cette grande question du meilleur gouvernement possible me paraissait se réduire à celle-ci. Quelle est la nature de gouvernement propre à former un peuple le plus vertueux, le plus éclairé, 20

le plus sage, le meilleur enfin à prendre ce mot dans son plus grand sens ? » 12 Après une violente dispute avec l’ambassadeur, Rousseau quitte son poste et Venise pour regagner Paris où, malgré ses réclamations, il n’obtient aucun dédommagement pour les torts qui lui ont été faits par l’ambassadeur. Il est reçu chez Monsieur de la Popinière, fermier général, grand amateur de musique et mécène de Rameau. Il y fait jouer une partie de ses Muses galantes en présence de Rameau dont la critique est impitoyable.

1745 Au début de l’année, Rousseau se lie avec une jeune lingère, Thérèse Levasseur, dont il aura cinq enfants (1747-1752), tous déposés « Aux enfants trouvés ».

1746-1747 Rousseau se consacre à diverses compositions musicales, séjourne au château de Chenonceau chez les Dupin dont il devient secrétaire. Diderot lui fait rencontrer d’Alembert et Rousseau se voit chargé de rédiger les articles sur la musique de l’Encyclopédie.

1748 Il rencontre pour la première fois Madame d’Épinay, qui le présente à sa cousine, la future Madame d’Houdetot. À l’automne, l’Engagement téméraire est joué au château de la Chevrette chez Madame d’Épinay. Rousseau y tient le rôle du valet. 12. O.C., t. 1, p. 404


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1749

Annonce du sujet proposé par l’Académie publié au Mercure de France, octobre 1749. Bibliothèque municipale de Dijon

Au mois d’octobre, rendant visite à Diderot enfermé dans le donjon de Vincennes, Rousseau lit dans le Mercure de France le sujet proposé par l’Académie de Dijon pour son prix de l’année 1750 : « Si le rétablissement des sciences et des arts a contribué à épurer les mœurs ». C’est l’illumination de Vincennes. Il n’écrit sur place que la Prosopopée de Fabricius. Sur les conseils de Diderot, il décide de concourir.

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Lettre de remerciement de Jean-Jacques Rousseau adressée à l’Académie des sciences, arts et belles-lettres de Dijon. Archives de l’Académie des sciences, arts et belles-lettres de Dijon

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Biographie

1750 Le 9 juillet, l’Académie de Dijon décerne son prix à Jean-Jacques Rousseau.

« Cette nouvelle réveilla toutes les idées qui me l’avaient dicté, les anima d’une nouvelle force et acheva de mettre en fermentation dans mon cœur ce premier levain d’héroïsme et de vertu que mon père et ma patrie et Plutarque, y avaient mis dans mon enfance. Je ne trouvai plus rien de grand et de beau que d’être libre et vertueux, au-dessus de la fortune et de l’opinion, et de se suffire à soi-même. » 13 Rousseau prépare l’édition de son Discours sur les sciences et les arts.

1751 Il paraît en janvier 1751 avec l’autorisation préalable du directeur de la Librairie, Monsieur de Malesherbes. Le succès est immédiat et les idées de Rousseau suscitent diverses critiques auxquelles il répondra, point par point, par exemple au Roi de Pologne, à l’abbé Raynal, et, par deux lettres, à Bordes. Pour mettre son mode de vie à la hauteur de ses principes, Rousseau entreprend sa grande « réforme », quitte ses beaux habits et se fait copiste de musique pour assurer sa subsistance.

1752

Discours qui a remporté le Prix à l’Académie de Dijon en l’année 1750. Genève : Chez Barillot et fils, 1751. Bibliothèque municipale de Dijon

Fontainebleau la première représentation du Devin du village, devant Louis XV.

« J’étais ce jour-là dans le même équipage négligé qui m’était ordinaire ; grande barbe et perruque assez mal peignée. » 14

Toutefois, il accepte de devenir caissier du financier Francueil, son ami, et, au mois d’octobre, a lieu à

Le lendemain, Rousseau refusa de retourner à Fontainebleau où il devait être présenté au Roi pour y

13. O.C., t. 1, p. 356

14. O.C., t. 1, p. 377

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recevoir une pension. Diderot lui en fit de vifs reproches et ce fut le début de leur mésentente. À la fin de cette même année, Narcisse ou l’amant de lui-même est donné au Théâtre-Français. Rousseau est désormais célèbre comme écrivain et comme musicien.

1753 Le texte de Narcisse est publié en janvier, accompagné d’une importante Préface où Rousseau reprend la question du Discours sur les sciences et les arts et tente de justifier une nouvelle fois sa condamnation des unes et des autres. Cette même année 1753 est aussi celle de la querelle des Bouffons qui oppose les tenants de la musique française et ceux de la musique italienne. Rousseau y participe avec Grimm, en publiant sa Lettre sur la musique française qui lui vaut les foudres de l’Opéra de Paris. Ses billets d’entrée lui en sont supprimés. En novembre, le Mercure publie le sujet du prix mis au concours par l’Académie de Dijon pour l’année 1754 : « Quelle est l’origine de l’inégalité parmi les hommes, et si elle est autorisée par la loi naturelle ? »

« Frappé de cette grande question, je fus surpris que cette Académie eût osé la proposer ; mais puisqu’elle avait eu ce courage, je pouvais bien avoir celui de la traiter, et je l’entrepris. »15

Discours sur l’origine et les fondemens de l’inégalité parmi les hommes par Jean-Jacques Rousseau. Amsterdam : Chez Marc Michel Rey, 1755. Bibliothèque municipale de Dijon.

faite pour lui, rédige pendant quelques mois sa réponse et l’envoie sans illusion sur son succès. En effet, les académiciens de Dijon la trouvent trop longue et n’en achèvent pas la lecture, couronnant le rival malheureux de Rousseau en 1750, le chanoine Talbert, manquant par là de cette clairvoyance dont ils avaient fait preuve une première fois, en donnant le prix à un discours dont pourtant Rousseau lui-même reconnut la faiblesse.

1754 Rousseau part méditer pendant huit jours dans la forêt de Saint-Germain cette question qui semble

« Cet ouvrage, plein de chaleur et de force, manque absolument de logique et d’ordre. »16

15. O.C., t. 1, p. 388

16. O.C., t. 1, p. 352

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Il en va tout autrement du second Discours dont on ne saurait exagérer l’importance

« mais qui ne trouva dans toute l’Europe que peu de lecteurs qui l’entendissent. » 17 Sans doute a-t-il fallu le génie de Kant au xviiie siècle et celui de Lévi-Strauss à notre époque pour y saluer la naissance de l’anthropologie.

« La plus utile et la moins avancée de toutes les connaissances humaines me paraît être celle de l’homme… » (Préface) 18 Début juin, Rousseau part pour Genève et s’arrête à Chambéry pour une dernière visite à Madame de Warens. Il date de Chambéry la dédicace à la République de Genève de son Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes, imprimé chez Marc-Michel Rey à Amsterdam, qui sera mis en vente par le libraire Pissot au mois d’août de l’année suivante à Paris. Rousseau, avec Thérèse, reste quelques mois à Genève. Il abjure la religion catholique et retrouve sa citoyenneté genevoise.

1755

les rendre libres ? d’employer au service de l’état les biens, les bras, et la vie de tous ses membres, sans les contraindre et sans les consulter ? d’enchaîner leur volonté de leur propre aveu ? de faire valoir leur consentement contre leur refus, et de les forcer à se punir eux-mêmes, quand ils font ce qu’ils n’ont pas voulu ? Comment se peut-il faire qu’ils obéissent et que personne ne commande, qu’ils servent et n’ayent point de maître ; d’autant plus libres en effet que sous une apparente sujétion, nul ne perd de sa liberté que ce qui peut nuire à celle d’un autre ? Ces prodiges sont l’ouvrage de la loi. C’est à la loi seule que les hommes doivent la justice et la liberté. » 19 C’est sans doute à cette époque qu’il compose son Essai sur l’origine des langues.

1756 Après un séjour à la Chevrette chez Madame d’Épinay, Rousseau, avec Thérèse, s’installe à l’Ermitage dans une petite maison que Madame d’Épinay a préparée pour son « ours ».

« Par quel art inconcevable a-t-on pu trouver le moyen d’assujettir les hommes pour

« Plus j’examinais cette charmante retraite, plus je la sentais faite pour moi ; […] je comptais bien que la forêt de Montmorency qui était presque à ma porte, serait désormais mon cabinet de travail. J’avais plusieurs écrits commencés ; j’en fis la revue. J’étais assez magnifique en projets… » 20

17. O.C., t. 1, p. 389 18. O.C., t. 3, p. 122

19. O.C., t. 3, p. 248 20. O.C., t. 1, p. 403-404

L’important Discours sur l’économie politique paraît dans le tome V de l’Encyclopédie. L’on peut y lire cet éloge de la loi :

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Au mois d’août, à la suite de la publication des deux poèmes de Voltaire Sur la loi naturelle et Sur le désastre de Lisbonne, Rousseau lui envoie sa Lettre sur la Providence. Il y défend Leibniz et Pope contre les railleries de Voltaire et proclame sa foi en une providence bienveillante.

1757 Alors qu’il pensait déjà aux personnages de son futur roman Julie ou la Nouvelle Héloïse, Madame d’Houdetot fait à Rousseau une première visite imprévue qu’elle renouvelle en mai…

« … et pour cette fois, ce fut l’amour […] il fut le premier et l’unique de toute ma vie […] je vis ma Julie en Madame d’Houdetot, et bientôt je ne vis plus que Madame d’Houdetot, mais revêtue de toutes les perfections dont je venais d’orner l’idole de mon cœur. » 21 Cet amour passionné mais non partagé par Madame d’Houdetot, maîtresse de Saint-Lambert, ami de Rousseau, fait jaser, le fâche avec d’Holbach et Grimm et lui aliène l’amitié de Madame d’Épinay qui lui signifie son congé. En plein hiver, Rousseau quitte l’Ermitage et s’installe à Mont-Louis à Montmorency. Entre novembre 1757 et février 1758, Rousseau envoie à Madame d’Houdetot six lettres, dites Lettres morales ou Lettres à Sophie, éloge du sentiment intérieur et de la vertu, qui ne paraîtront que dans la seconde moitié du xixe siècle.

1758 Rousseau écrit sa Lettre à d’Alembert sur les spectacles en réponse à l’article Genève de l’Encyclopédie. Il y justifie la décision genevoise de ne pas autoriser les théâtres dans ses murs. En mai, Madame d’Houdetot décide de ne plus voir Rousseau. Presqu’en même temps, il rompt avec Diderot qui avait écrit dans Le fils naturel : « il n’y a que le méchant qui soit seul », que Rousseau avait pris pour lui. Rousseau se lie, après quelques hésitations, avec le Duc et la Duchesse de Luxembourg, ses voisins à Montmorency. Il termine à l’automne Julie ou la Nouvelle Héloïse.

1759-1760 Rousseau travaille à la rédaction de l’Émile et du Contrat social.

1761 À la fin du mois de janvier, Julie ou la Nouvelle Héloïse ou, selon son titre originel, Lettres de deux amans habitans d’une petite ville au pied des Alpes, recueillies et publiées par J. J. Rousseau, imprimé chez Marc-Michel Rey, est mis en vente à Paris et connaît un immense succès. Les éditions et les contrefaçons en seront nombreuses. Début mars paraît l’Extrait du projet de paix perpétuelle de l’Abbé de Saint-Pierre qui avait été demandé à Rousseau par l’Abbé de Mably.

« Comme jamais projet plus grand, plus beau ni plus utile n’occupa l’esprit 21. O.C., t. 1, p. 439-440

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Biographie

humain, que celui d’une paix perpétuelle et universelle entre tous les peuples de l’Europe, jamais auteur ne mérita mieux l’attention du public que celui qui propose des moyens pour mettre ce projet à exécution. » 22 En octobre commence à Paris, chez Duchesne, l’impression de l’Émile, tandis qu’une autre se prépare à La Haye chez Jean Neaulme. Ne recevant plus d’épreuves, Rousseau imagine un complot des jésuites pour en retarder l’impression dans l’attente de sa mort qu’il croit imminente.

La vie errante (1762-1770) 1762 Ayant repris ses esprits, Rousseau adresse en janvier et en février quatre lettres autobiographiques à Monsieur de Malesherbes pour se justifier. Elles lui serviront ensuite pour ses Confessions. En avril, Le Contrat social ou principes du droit politique est imprimé chez Marc-Michel Rey à Amsterdam et envoyé à Paris. Rousseau en définit clairement la finalité :

le problème fondamental dont le Contrat social donne la solution ». Mais Monsieur de Malesherbes en interdit la diffusion et les exemplaires sont retournés en Hollande. En mai, avec l’autorisation de Monsieur de Malesherbes, paraît Émile ou De l’éducation, imprimé chez Duchesne à Paris mais avec l’indication de Jean Neaulme à Amsterdam ou à La Haye selon les éditions. Jean Neaulme publie en même temps sa propre édition à Amsterdam. Presque immédiatement dénoncé en Sorbonne, Émile est condamné par le Parlement de Paris à être brûlé et son auteur est décrété de prise de corps. Le Duc et la Duchesse de Luxembourg conseillent vivement à Rousseau de partir. Rousseau s’enfuit vers la Suisse en traversant Paris. En chemin, il écrit Le lévite d’Ephraïm.

« En entrant sur le territoire de Berne je fis arrêter ; je descendis, je me prosternai, j’embrassai, je baisai la terre, et m’écriai dans mon transport. Ciel protecteur de la vertu, je te loue, je touche une terre de liberté. » 23

« Trouver une forme d’association qui défende et protège de toute la force commune la personne et les biens de chaque associé, et par laquelle chacun s’unissant à tous n’obéisse pourtant qu’à lui-même et reste aussi libre qu’auparavant, tel est

Le 14 juin, il est à Yverdon et apprend bientôt qu’à Genève aussi, l’Émile et le Contrat social ont été brûlés et leur auteur décrété de prise de corps. Le 10 juillet, il est chassé du territoire de Berne et cherche refuge à Môtiers dans la principauté de Neuchâtel qui dépend du roi de Prusse. Son représentant, « Milord Maréchal », lui accorde sa protection et Rousseau demande à Thérèse de le rejoindre.

22. O.C., t. 3, p. 563

23. O.C., t. 1, p. 587

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Jean-Jacques

Rousseau

(1712-1778) Un tricentenaire en Bourgogne

Principes du droit politique par Jean-Jacques Rousseau, citoyen de Genève. Amsterdam : chez Marc-Michel Rey, 1762. Bibliothèque municipale de Dijon Lettres de deux amans habitans d’une petite ville au pied des Alpes recueillies et publiées par J. J. Rousseau. Amsterdam : chez Marc-Michel Rey, 1761. Bibliothèque municipale de Dijon

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Biographie

Au mois d’août est publié un mandement de l’Archevêque de Paris qui condamne l’Émile en des termes très violents. La réponse de Rousseau est prête début novembre. Elle est précédée d’une brève évocation de sa destinée :

« j’ai passé ma jeunesse dans une heureuse obscurité, dont je ne cherchais point à sortir […]. Une misérable question d’Académie m’agitant l’esprit malgré moi me jeta dans un métier pour lequel je n’étais point fait ; un succès inattendu m’y montra des attraits qui me séduisirent […]. J’ai écrit sur divers sujets, mais toujours dans les mêmes principes : toujours la même morale, la même croyance, les mêmes maximes, et, si l’on veut, les mêmes opinions. » 24 1763

Émile ou De l’éducation par Jean-Jacques Rousseau, citoyen de Genève. Amsterdam : chez Jean Néaulme, libraire, 1762. Bibliothèque municipale de Dijon

En mars, paraît à Amsterdam, chez Marc-Michel Rey, la lettre datée du 18 novembre 1762 à Môtiers, Jean-Jacques Rousseau, citoyen de Genève à Christophe de Beaumont, Archevêque de Paris, l’un des textes les plus importants avec la Profession de foi du vicaire savoyard (livre IV de l’Émile) pour comprendre le rapport de Rousseau à la religion.

1764 Après avoir reçu la nationalité neuchâteloise, Rousseau renonce officiellement à sa qualité de citoyen de Genève et rencontre à Thonon des Genevois mécontents des mesures prises à son encontre par le Petit Conseil de la ville. 24. O.C., t. 4, p. 927- 928

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Jean-Jacques

Rousseau

(1712-1778) Un tricentenaire en Bourgogne

Il répond au procureur Tronchin qui l’a vivement critiqué ainsi que ses partisans dans ses Lettres écrites de la campagne, par les Lettres écrites de la montagne, imprimées à Amsterdam par Marc-Michel Rey. Elles arrivent à Genève fin décembre.

1765 Rousseau commence à écrire ses Confessions.

« Je forme une entreprise qui n’eut jamais d’exemple, et dont l’exécution n’aura pas d’imitateur. Je veux montrer à mes semblables un homme dans toute la vérité de la nature ; et cet homme, ce sera moi. » 25

force d’inscrire tous mes désirs dans cette île je formai celui de n’en point sortir. » 26 Mais l’île étant située dans les États de Berne, Rousseau en est expulsé le 27 octobre. Toutefois Rousseau continue à travailler à ses Confessions, et à un projet de constitution pour la Corse qui lui a été demandé par Buttafoco. Il songe à aller à Berlin, mais à Strasbourg, à l’invitation de David Hume, il décide de chercher refuge en Angleterre. Fin décembre, il est accueilli à Paris par le Prince de Conti.

1766

Il s’embarque pour Londres le 4 janvier. Très vite, il soupçonne la sincérité du philosophe anglais, très lié aux Encyclopédistes En mars, le Parlement de Paris dont Rousseau connaît l’hostilité condamne les Lettres écrites de à son égard. Il quitte Londres la montagne. pour la campagne, mais imaEn difficulté avec le pasteur et gine qu’un complot se trame le consistoire de Môtiers, RousJean Jacques Rousseau Vitam impendere contre lui, qu’on lit son courseau renonce à se justifier. À vero From an original Picture by Mr Ramsay, rier… il écrit une longue lettre à l’occasion de la foire de Môtiers, in the Possession of David Hume Esq Hume le 10 juillet en laquelle des habitants excités contre [estampe]. www.Gallica.bnf.fr Bibliothèque nationale de France il lui fait part de ses griefs. Elle Rousseau lapident sa maison est publiée en octobre à Paris. dans la nuit du 6 septembre. Rousseau s’installe alors à l’Île de Saint-Pierre sur le Hume, qui s’était entremis pour que Rousseau lac de Bienne, dont il a pu déjà apprécier la situation obtienne une pension du roi, est furieux et prépare et où il rêve d’achever ses jours en herborisant, dans une réponse qui paraît à Londres sous le titre d’Exposé succinct de la contestation qui s’est élevée entre une oisiveté délicieuse. M. David Hume et M. Jean-Jacques Rousseau, « Je pris tant de goût à l’Île de Saint-Pierre avec pièces justificatives. et son séjour me convenait si fort, qu’à Le Devin du village est joué à Londres le 20 novembre. 25. O.C., t. 1, p. 5

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26. O.C., t. 1, p. 645


Biographie

1767 Après beaucoup d’hésitations, Rousseau accepte la pension que lui octroie le roi Georges III. Mais, se croyant menacé, il quitte l’Angleterre le 21 mai, et, début juin, est accueilli par le Marquis de Mirabeau à Meudon, puis par le Prince de Conti à Tryele-Château près de Gisors où il passe près d’une année sous le nom de Jean-Jacques Renou. Paraît à l’automne son Dictionnaire de musique.

1768 En juin, il quitte Trye, arrive à Lyon, herborise à la Grande Chartreuse, passe à Grenoble avant d’aller se recueillir à Chambéry, sur la tombe de Madame de Warens, morte en 1762 ; il s’arrête finalement à Bourgoin où, le 30 août, il préside luimême, en présence de deux témoins, son mariage avec Thérèse.

1769 Fin janvier, Rousseau s’installe à Monquin, près de Bourgoin. Il rédige la deuxième partie de ses Confessions.

1770 Rousseau reprend son nom ; en avril il se rend à Lyon. Son Pygmalion, dont il vient d’achever la musique, est représenté le 19. En juin, en route pour Paris, il rencontre à Dijon le Président de Brosses, puis à Montbard, Buffon et Daubenton. À Paris, il loge d’abord à l’hôtel du SaintEsprit, rue Platrière, aujourd’hui rue Jean-Jacques Rousseau, puis dans un modeste appartement de la même rue, où il restera jusqu’en 1778.

Il commence la lecture de ses Confessions dans divers salons.

1771 Craignant d’être mise en cause dans les récits de Rousseau, Madame d’Épinay obtient du lieutenant de police que Rousseau cesse la lecture de ses Confessions. En juin, Rousseau a achevé ses Considérations sur le gouvernement de Pologne et sur la réformation projetée. Il fait la connaissance de Bernardin de Saint-Pierre.

1772 Rousseau a repris son travail de copiste, se livre à sa passion d’herboriser et commence ses Dialogues, Rousseau juge de Jean-Jacques, qui lui demandent de grands efforts et ne seront achevés que quatre ans plus tard. En ce texte, il essaie une fois encore de se justifier en faisant reprendre par l’un des personnages de ses Dialogues (le Français) les critiques qui lui sont adressées :

« Le seul vrai lecteur de Jean-Jacques s’appelle Rousseau ». 1776 Il a terminé la rédaction de ses Dialogues et tente, le 24 avril, d’en déposer le manuscrit sur le grand autel de Notre-Dame dont il trouve les grilles fermées. Il en fait une copie qu’il confie à Condillac sans savoir ce que celui-ci pourra en faire et se décide à distribuer dans la rue un libelle :

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(1712-1778) Un tricentenaire en Bourgogne

Tombeau de Jean-Jacques Rousseau. Vue de l’île des Peupliers, à Ermenonville. www.gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France

« À tous les Français aimant encore la justice et la vérité ».

« Je n’imaginais pas que sur cette adresse aucun l’osât refuser ; presqu’aucun ne l’accepta. Tous après avoir lu l’adresse me déclarèrent avec une ingénuité qui me fit rire au milieu de ma douleur qu’il ne s’adressait pas à eux. » 27 27. O.C., t. 1, p. 984

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Rousseau en tire enfin la conclusion que ce n’est pas dans l’opinion d’autrui, qu’il ne parviendra pas à renverser, mais seulement en lui-même qu’il peut trouver la sérénité de son cœur et il commence à rédiger ses Rêveries du promeneur solitaire.

« Seul pour le reste de ma vie, puisque je ne trouve qu’en moi la consolation, l’espérance et la paix je ne dois ni ne veux plus m’occuper que de moi. C’est dans cet état que je reprends la suite de l’examen sévère et sincère que j’appelais jadis mes


Biographie

Confessions. […] je n’écris mes rêveries que pour moi. […] et le désir d’être mieux connu des hommes s’étant éteint dans mon cœur n’y laisse qu’une indifférence profonde… » 28 En octobre, lors d’une promenade, il est renversé par un chien danois, et l’annonce de sa mort circule dans Paris. Il en fait le récit dans la Seconde promenade.

Au xxe siècle, l’édition de référence est celle de la bibliothèque de la Pléiade en cinq volumes, sous la direction de Bernard Gagnebin et Marcel Reymond, Paris. Une nouvelle édition, à l’occasion du tricentenaire de la naissance de Rousseau, est en préparation aux éditions Slatkine à Genève en collaboration avec les éditions Honoré Champion à Paris, sous la direction de Raymond Trousson et de Frédéric S. Eigeldinger.

1777 En janvier, le Devin du village, repris à l’Opéra, connaît un vif succès. Rousseau compose la suite de ses Promenades, la quatrième, consacrée au mensonge, la cinquième à la botanique.

1794 Sur ordre de la Convention nationale, le 11 octobre la dépouille de Jean-Jacques Rousseau est transférée au Panthéon.

1778 Le jour de Pâques, il commence la Neuvième promenade qui restera inachevée. Il accepte l’invitation du marquis de Girardin, se rend à Ermenonville et s’installe avec Thérèse dans une maison mise à sa disposition. Le 2 juillet, il fait très tôt une promenade et meurt dans la matinée. Il a 66 ans et quelques jours. Houdon en fait le lendemain le masque mortuaire et il est enterré le 4 à onze heures du soir dans l’île des Peupliers. Le 2 mai 1778, Rousseau avait remis divers manuscrits, une copie des Confessions et des Dialogues à Paul Moultou qui, avec De Peyrou, publiera à Genève la Collection complète des Œuvres de Jean-Jacques Rousseau, citoyen de Genève, de 1781 à 1789.

28. O.C., t. 1, p. 999 -1001

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(1712-1778) Un tricentenaire en Bourgogne

L’ILLUMINATION DE VINCENNES Par Jean Ferrari

R

ousseau a presque quarante ans lorsque, une nouvelle fois, en cet été 1749, il fait visite à son ami Diderot, enfermé dans le donjon de Vincennes après la publication de La lettre sur les aveugles. L’épisode communément désigné par l’illumination de Vincennes concerne particulièrement l’Académie de Dijon, puisque, par le sujet de son prix pour l’année 1750, elle est à l’origine du Discours sur les sciences et les arts dont le couronnement a constitué la première reconnaissance officielle, sinon du génie, du moins du talent d’écrivain de Rousseau et l’a fait entrer glorieusement dans la carrière des lettres. L’illumination de Vincennes fait l’objet, dans l’œuvre de Rousseau, de deux récits circonstanciés et de plusieurs allusions qui traduisent l’importance majeure de cet épisode qui « fait époque » dans la vie de Rousseau :

« Il me sera toujours présent quand je vivrais éternellement. » 1 Le premier récit figure dans la Seconde lettre à Monsieur de Malesherbes qui était alors directeur de la Librairie 2 et auquel Rousseau adresse, alors qu’il se 1. Toutes les citations sont données dans l’édition des Œuvres complètes publiées à la bibliothèque de la Pléiade, Paris, éditions Gallimard, en cinq volumes, 1959 -1995, en abrégé : O.C. suivi de l’indication du tome et de la page. Ici : O.C., t. 1, p. 1135 2. Administration du pouvoir royal qui autorise ou refuse la parution d’un ouvrage.

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croit condamné à une mort prochaine, la première esquisse d’une biographie qui lui servira ensuite dans la rédaction de ses Confessions. La finalité en est déjà la même :

« … montrer le vrai tableau de mon caractère et les vrais motifs de toute ma conduite. » 3 En janvier 1762, tout paraît justifier l’expression d’illumination. La cause occasionnelle en est la lecture, dans le Mercure de France, du sujet du prix de l’Académie : « Si le rétablissement des sciences et des arts a contribué à épurer les mœurs », qui suscite en son esprit une sorte de séisme intellectuel, opérant une rupture entre ce qu’il a été jusque là,

« mécontent de moi-même et des autres » 4 et ce qu’il va devenir, éclairé par les grandes vérités qui se révèlent à lui. Rousseau parle d’une inspiration subite dont il décrit les effets sur son esprit :

« … ébloui de mille lumières ; des foules d’idées vives s’y présentèrent à la fois avec une force et une confusion qui me jeta dans un trouble inexprimable » 5 3. O.C., t. 1, p. 1130 4. O.C., t. 1, p. 1135 5. Ibid. ​


Biographie

et ce trouble intérieur se manifeste par des phénomènes physiques : étourdissements, oppression, palpitation, au point que Rousseau est contraint de s’arrêter, de s’asseoir et qu’il pleure sans même s’en rendre compte.

« … en me relevant j’aperçus tout le devant de ma veste mouillé de mes larmes sans avoir senti que j’en répandais. » 6 Ces pleurs pourraient rappeler ceux de Pascal, consignés dans le Mémorial du 23 novembre 1654 : « Certitude, certitude… joie, joie, joie, pleurs de joie ». Mais rien n’indique chez Rousseau, même si les effets en sont quelque peu comparables, une révélation de nature religieuse. Elle concerne chez lui l’homme, son histoire, l’organisation de la société. Il s’agit d’idées dont, quoiqu’on ait parfois dit, Rousseau n’est pas le contempteur :

« La vérité générale et abstraite est le plus précieux de tous les biens. » 7

social », « les abus des institutions », surtout l’évidence de la bonté originelle de l’homme et sa corruption par la société. Sans qu’on puisse la comparer à la joie pascalienne, la tonalité de ce premier récit est somme toute positive. À l’inverse, celle des Confessions, écrites sans doute vers la fin de l’année 1769, au terme d’une période d’errances et de persécutions, résonne tragiquement. Déjà le trajet de Paris à Vincennes est décrit dans sa pénibilité :

« Cette année 1749 l’été fut d’une chaleur excessive. » 8 Rousseau se dit « exténué de chaleur et de fatigue », obligé de s’arrêter et de s’étendre sur le côté de la route. L’illumination apparaît comme un moment d’égarement et la décision, source de tous ses malheurs. Toutefois, en une phrase admirable de concision, il dit le bouleversement opéré en son esprit :

« À l’instant de cette lecture, je vis un autre univers et je devins un autre homme. » 9

Et ces idées s’imposent à lui avec une telle force que, tel un prophète, il va devoir les diffuser et devenir « auteur comme malgré lui », consacrant, selon les termes de sa devise, son existence à la vérité : « Vitam impendere vero ». L’enthousiasme ressenti alors explique à la fois l’éloquence du propos et le sentiment d’inadéquation entre ce qu’il a perçu à cet instant et ce qu’il en a pu dire ensuite, d’abord dans la Prosopopée de Fabricius, écrite sur le bord du chemin, et ce qu’il en a développé dans l’ensemble de son œuvre. Mais déjà les principes de son système lui sont donnés : « les contradictions du système

C’est que l’illumination de Vincennes concerne Rousseau lui-même. Si, sa vie durant, il n’avait fait que composer de la musique ou constituer des herbiers, il n’aurait subi que peu d’épreuves et connu que peu d’ennemis. Avant Vincennes, tout demeurait indécis. Il n’avait su choisir entre les dons qu’il se reconnaissait. En outre, il était divisé entre ses goûts profonds de liberté et de solitude et l’existence qu’il menait dans le monde. Or, le voilà embarqué dans un combat pour la vérité, à lui seul révélée. L’unité si difficilement recherchée entre ses sentiments et ses idées se trouve

6. Ibid. 7. O.C., t. 1, p. 1026

8. O.C., t. 1, p. 350 9. O.C., t. 1, p. 351

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réalisée à un point tel et avec une telle rapidité que tout le reste est balayé :

« Toutes mes petites passions furent étouffées par l’enthousiasme de la vérité, de la liberté, de la vertu… » 10 Vérité, liberté, vertu, seront désormais les idées cardinales qui inspireront ses écrits et leur défense, dans un monde qui leur est opposé, la cause de toutes ses infortunes. Pour entraîner un tel bouleversement dans ses sentiments et ses idées, il fallait que l’illumination de Vincennes n’apportât pas seulement une compréhension nouvelle de la société et de son histoire, mais qu’elle concernât Rousseau lui-même, humain parmi les humains et que l’idée selon laquelle l’homme naît bon et que la société le déprave s’appliquât d’abord à lui-même. Il s’invente par-là une innocence. S’il est habité par le remords du mensonge qui a condamné la jeune Marion à une vie misérable, n’avait-il pas lui-même été victime d’une première injustice à Bossey dans l’épisode du peigne cassé ? Il faut savoir retrouver l’innocence initiale, avant l’injustice, avant le mensonge. Ainsi l’exercice de l’autobiographie chez Rousseau est disculpante. Né bon, il a cherché à montrer par le récit de sa vie qu’il l’était demeuré malgré les fautes dont il se sent coupable. Il faut donc toujours remonter aux origines,

« Tout est bien, sortant des mains de l’auteur des choses : tout dégénère entre les mains des hommes » 11,

C’est ce que montrent les deux Discours dont les sujets ont été proposés par l’Académie de Dijon : le premier par une comparaison qui veut montrer la supériorité de l’état premier des peuples de l’Europe sur leur situation actuelle, corrompue par le progrès des sciences et des arts, ce qui lui permet de répondre négativement à la question posée, le second en inventant l’hypothèse d’un état de nature qui

« n’existe plus, qui n’a peut-être jamais existé […] et dont il est pourtant nécessaire d’avoir des notions justes pour bien juger de notre état présent. » 12 En couronnant le premier Discours et en proposant en 1753 un sujet que Rousseau considéra comme fait pour lui, les académiciens de Dijon ont joué un rôle décisif dans l’éveil d’un écrivain de génie dont l’influence fut immense sur la sensibilité littéraire au xviiie siècle et les idées politiques jusqu’à nos jours comme le montrent en cette année 2012, les célébrations organisées à l’occasion du 300e anniversaire de sa naissance. Devant les deux récits de l’illumination de Vincennes, une question peut encore se poser. Les choses se sont-elles réellement passées comme Rousseau les raconte ? D’autres versions existent de l’événement qui accordent à Diderot l’idée même du premier Discours, telles celle de Marmontel et de la fille de Diderot. Mais Diderot lui-même, tout à la fin de sa vie, tempère les accusations d’affabulation.

pour comprendre les mécanismes de la corruption.

« Rousseau fit ce qu’il devait faire parce qu’il était lui. Je n’aurais rien fait ou j’aurais fait tout autre chose parce que j’aurais été

10. Ibid. 11. O.C., t. 4, p. 245

12. O.C., t. 3, p. 123

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Biographie

moi… c’était un baril de poudre à canon ou d’or fulminant, qui serait resté sans explosion, sans l’étincelle qui partit de Dijon et qui l’enflamma. »13 Il paraît peu probable en effet, pour expliquer la véhémence du premier Discours et les réponses publiées que fit ensuite Rousseau à ses détracteurs, qu’on puisse faire l’économie de quelque chose comme d’une brusque lumière dont les effets perdurèrent pendant plusieurs années et conduisirent Rousseau à réformer sa manière de vivre. L’on peut penser ici à ce que disait Pascal à propose du cogito cartésien dans L’esprit géométrique :

« il y a différence entre écrire un mot à l’aventure sans y faire une réflexion plus longue et plus étendue et apercevoir dans ce mot une suite admirable de conséquences… »14 Il y a loin entre un simple jeu d’esprit que serait pour les adversaires de Rousseau le premier Discours et cet ensemble de vérités qu’il croit avoir découvertes et qui fondent l’entier de son système.

13. Œuvres de Diderot, Bouquins-Laffont, 1994, t. 1, p. 784-785 14. Pascal, Œuvres complètes, Seuil, 1963, p. 358

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(1712-1778) Un tricentenaire en Bourgogne

SUR LES PAS DE JEAN-JACQUES ROUSSEAU EN BOURGOGNE par Éliane Lochot *

Les relations de Jean-Jacques Rousseau avec la Bourgogne ont bien souvent été examinées du seul point de vue des conséquences des deux retentissants discours qu’il adressa à l’Académie des sciences, arts et belleslettres de Dijon en 1750 et 1754. Cependant, la lecture de ses œuvres et de sa correspondance révèle d’autres contacts bourguignons et illustre la diversité de ses centres d’intérêt : musique, botanique, chimie. La Bourgogne, une terre de passage

« Tu croyais, vieux pénard, qu’une folle manie d’élever ton neveu m’inspirerait l’envie. » 1

La Bourgogne n’est tout d’abord qu’un territoire traversé rapidement car situé entre la Suisse, l’actuelle région Rhône-Alpes et Paris. Le jeune Jean-Jacques découvre la Bourgogne en juin 1731 lorsqu’il quitte Soleure pour se rendre à Paris. Les déconvenues de ce bref séjour sont narrées bien des années plus tard dans les Confessions : au lieu d’un poste de précepteur, le colonel Godard ne propose qu’une place de valet. Le jeune homme, dépité, décide alors de revenir, toujours à pied, auprès de Madame de Warens qui réside à Chambéry en passant par Auxerre et Lyon. À Auxerre, il poste une épître vengeresse à l’intention de Godard qui débute ainsi :

L’ironie du récit cache mal les blessures de ce premier douloureux contact parisien. Curieusement, ces traversées rapides de la Bourgogne se reproduisent selon un rythme décennal (1742/1744 ; 1754 ; 1762). Elles ponctuent des périodes importantes de la vie du philosophe. En juillet 1742, il tente de nouveau une implantation parisienne. Parti de Lyon, nous ne savons pas comment il se rend à Paris (coche d’eau jusqu’à Chalon-surSaône ?). Rousseau, lui-même, regrette ces lacunes documentaires :

* Conservateur en Chef des Archives municipales de Dijon, membre résidant de l’Académie des sciences, arts et belles-lettres de Dijon.

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1. Toutes les citations sont données dans l’édition des Œuvres complètes publiées à la bibliothèque de la Pléiade, Paris, éditions Gallimard, en cinq volumes, 1959-1995, en abrégé : O.C. suivi de l’indication du tome et de la page. Ici : O.C., t. 1, p. 161


Biographie

Il faut attendre la décennie suivante pour qu’enfin le passage de Jean-Jacques Rousseau en Bourgogne laisse quelques traces. En juin 1754, devenu un compositeur reconnu, il entreprend un voyage de Paris à Genève en compagnie de Thérèse (qu’il présente comme sa gouvernante) et de Jean-Vincent de Gauffecourt. Grâce à la fortune de ce dernier, les conditions de voyage sont particulièrement agréables :

« Nous avions un carrosse bourgeois qui nous menait avec les mêmes chevaux à très petites journées. » 3 Coches et carrosses en Bourgogne Almanach royal, 1753. Archives de la Ville de Dijon, série C

« La chose que je regrette le plus dans les détails de ma vie dont j’ai perdu la mémoire est de n’avoir pas fait des journaux de mes voyages. Jamais je n’ai tant pensé, tant existé, tant vécu, tant été moi, si j’ose ainsi dire, que dans ceux que j’ai fait seul à pied. » 2 Une année plus tard, Rousseau traverse de nouveau la Bourgogne pour rejoindre un poste dont il est fier : Secrétaire d’ambassade à Venise. Malheureusement, les relations avec l’ambassadeur se dégradent rapidement et, en octobre 1744, Rousseau est de retour à Paris.

2. O.C., t. 1, p. 162

Dans une lettre datée de Dijon, le 9 juin 1754, Rousseau adresse d’impérieuses recommandations à François Mussard, 4 un cousin éloigné. Il le charge de faire imprimer le Discours sur l’origine de l’inégalité parmi les hommes. Le manuscrit avait été adressé à l’Académie des sciences, arts et belles-lettres de Dijon pour le concours de 1754. Il semble bien que Rousseau ne se faisait aucune illusion quant à un nouveau succès. Cette intuition est confirmée par Charles de Brosses qui conseille dès avril 1754 à son frère de ne rien dire au directeur de l’Académie :

3. O.C., t. 1, p. 390 4. Les citations données dans la Correspondance complète de Jean-Jacques Rousseau, édition critique établie et annotée par R. A. Leigh, Genève, Institut et Musée Voltaire, Oxford, the Voltaire foundation, 1965-1998, apparaissent en abrégé C.C. suivi de l’indication du tome et de la page. Ici : C.C., t. 2, p. 227

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« ne lui dis pas le nom, car ils n’oseraient plus donner un prix à Rousseau. » 5 Durant le trajet, Rousseau rédige la dédicace à la ville de Genève de ce Discours. Pour satisfaire son goût de la marche à pied, il descend souvent de carrosse, Gauffecourt en profite alors pour importuner Thérèse. Aussi, le trio se sépare à Lyon. 6 De nouveau, en juin 1762, le philosophe traverse rapidement la Bourgogne, d’autant plus que cette fois il fuit pour échapper à l’arrestation. Les interventions de ses protecteurs ont été insuffisantes pour calmer le courroux engendré par la publication de l’Émile. Après des hésitations sur le meilleur itinéraire à emprunter, il passe finalement par Joigny, Dijon, Dôle, pour rejoindre la Suisse. 7 Par une anecdote sur son entrée dans la cité dijonnaise, relatée à la Maréchale de Luxembourg, il se dépeint comme une victime se défendant maladroitement :

« en passant à Dijon, il fallut donner son nom, et ayant pris la plume dans l’intention de substituer celui de ma mère à celui de mon père, il me fut impossible d’en venir à bout la main me tremblant tellement que je fus contraint deux fois de poser la plume ; enfin le nom de Rousseau fut le seul que je pus écrire et toute ma falsification consista à supprimer le J d’un de mes deux prénoms. » 8 Le subterfuge est bien modeste ; la rigueur de 5. C.C., t. 2, p. 219 6. O.C., t. 1, p. 390 7. O.C., t. 1, p. 587 8. C.C., t. 11, p. 1882. Ce contrôle à l’entrée de la ville est réglementaire. Malheureusement, les registres des portiers ne sont pas conservés aux archives pour cette année 1762.

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l’administration reste à prouver. Le fuyard en convient implicitement. Il est rejoint un mois plus tard par Thérèse qui garde une nouvelle fois un bien mauvais souvenir de son passage en Bourgogne. Elle est importunée

« par deux jeunes débauchés et insolents » 9 mais est fort heureusement protégée par l’abbé Grumet, curé d’Ambérieu. La dernière mention d’une traversée rapide de la Bourgogne date de juin 1768. Jean-Jacques Rousseau quitte le château de Trye (près de Gisors), où il vit dans une semi-clandestinité sous la protection du prince de Conti, pour rejoindre Lyon. Le trajet bourguignon n’est une fois de plus pas précisé.

Séjours et rencontres en Bourgogne Après ces nombreuses allées et venues, JeanJacques Rousseau effectue deux véritables séjours en Bourgogne. Il s’y livre avec plaisir aux joies de la promenade botanique. Ayant développé cette passion lors de son exil, il s’y consacre dès lors avec le plus grand sérieux : lectures scientifiques, contacts avec des amateurs éclairés, constitution d’herbiers. Jean-Jacques Rousseau quitte la ferme de Montquin en Dauphiné et arrive le 14 juillet 1769 à Nevers où il séjourne à l’hôtel du Grand Monarque. Depuis quelque temps, il presse le prince de Conti de favoriser son retour dans la capitale. Son patient protecteur le reçoit le 15 juillet à Pougues où il prend les eaux : 9. C.C., t. 14, p. 2354


Biographie

d’un philosophe misanthrope qui a fait florès. Plus prosaïquement, Jean-Jacques Rousseau sait convaincre le prince et obtenir l’autorisation de rentrer à Paris. 12 Il met par ailleurs à profit son séjour en Nivernais pour rencontrer l’abbé Gilbert Troufflaut, éminent botaniste. Celui-ci, admiratif, a consigné ces entrevues quelques années plus tard sur un exemplaire des Fragments pour un dictionnaire des termes d’usage en botanique publié par Rousseau. Dans les lettres à son ami Pierre-Alexandre du Peyrou, Renou (pseudonyme de Jean-Jacques alors proscrit) exprime sa satisfaction :

« Ce beau pays, peu connu des botanistes, est abondant en belles plantes dont j’aurais enrichi mon herbier si j’avais eu l’esprit de porter avec moi un portefeuille. » 13 Notes de l’abbé Troufflaut. Bibliothèque municipale de Nevers, Ms 92

« N’y arrivez que sur les quatre heures et demie parce que je suis jusqu’à cette heurelà aux eaux avec tout le monde. Si on peut trouver un gîte ici vous en aurez un. » 10 La fascination suscitée par le philosophe a favorisé là encore des récits apocryphes analysés par Alfred Massé.11 Les coups de canne envers des enfants, la colère de ne pouvoir accéder à la source, la rédaction de vers vengeurs alimentent la représentation 10. C.C., t. 37, p. 6591 11. MASSÉ (Alfred), « Notes sur un séjour de Rousseau à Nevers et à Pougues », Mémoires de la Société académique du Nivernais, t. 22, 1920, p. 171-187

En scientifique, il observe, compare et signale qu’il a trouvé la même plante curieuse sur les bords de Loire que sur le Mont Pilat. L’Onagra (Œnotheria biennis) souligne-t-il, en adepte de la nomenclature binomiale établie par Linné. Autorisé à regagner Paris, Rousseau s’y rend par petites étapes. Il arrive à Dijon le 10 juin 1770 « par le carrosse » précise Jacques Robinet à qui nous devons un récit détaillé. 14 Ce secrétaire de l’Intendance de Bourgogne a reçu les recommandations de Marc Antoine Louis Claret de la Tourette, qui fait partie du cercle des relations lyonnaises de Rousseau. Aussi,

12. C.C., t. 37, p. 6609 13. C.C., t. 37, p. 6593, p. 6613 14. C.C., t. 38, p. 6733

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Rousseau

(1712-1778) Un tricentenaire en Bourgogne

Vue du quartier de l’Intendance – extrait du plan Beaurain, 1767. Archives de la Ville de Dijon, 4 Fi 29

il invite le philosophe à déjeuner le 13 juin à son domicile, rue de l’Oratoire (aujourd’hui Bossuet). Ils se promènent ensuite dans le jardin de l’Intendance en bavardant :

« Je ne lui ai trouvé que cette simplicité respectable que vous m’aviez annoncée. » Rousseau se plaint de la foule des Dijonnais qui se pressent pour l’apercevoir. Cet enthousiasme trouve un écho dans le journal, les Annonces et affiches de Dijon. 15 Un anonyme a rédigé une longue épître affectueuse et grandiloquente 15. Epitre d’un citoyen de Dijon à Jean-Jacques Rousseau, Annonces et affiches de Dijon, 30 juin 1770

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« Digne objet de respect, de vœux et de tendresse, cher Rousseau… » Parmi les personnes rencontrées à Dijon, Jacques Robinet cite Charles de Brosses, président au Parlement de Bourgogne, mais ne dit mot de l’abbé Edmé Béguillet. 16 Quelques années plus tard, celui-ci rapporte avoir découvert des chardons rares lors d’une promenade botanique avec Jean-Jacques :

16. Edmé Béguillet (Dijon, 1729 – Paris, 1786) est l’auteur de nombreux ouvrages d’agronomie et a collaboré avec l’abbé Courtépée.


Biographie

Vue de la tour de Montbard et du cabinet de Buffon. Archives de la Ville de Dijon, 14Fi429

« ces deux espèces assez rares sont citées comme étrangères par Linné ; mais nous les avons trouvées dans le cours [du Parc] et ailleurs lors de nos herborisations dans les environs de Dijon. » 17 Malheureusement, les deux amateurs se sont révélés trop enthousiastes et ont mal identifié les plantes. Des 17. Description générale et particulière de la France, département du Rhône, gouvernement de Bourgogne, 1781, p. 359

promenades, des échanges courtois … Y-aurait-il un autre motif pour cet arrêt de cinq jours à Dijon ? Estce un hommage tardif à la cité qui l’a distingué en 1750 ? En revanche, il est certain que Rousseau fit halte à Montbard dans l’intention délibérée de rencontrer Buffon, intendant du Jardin royal des plantes. Il ne détaille pas le déroulement de cette rencontre, indiquant seulement

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Jean-Jacques

Rousseau

(1712-1778) Un tricentenaire en Bourgogne

« avoir eu le plaisir de voir en passant M. de Buffon, qui me fit l’accueil le plus obligeant. » 18 Les deux hommes se connaissent ; ils se sont rencontrés en 1743 dans le salon parisien de Madame Dupin. Buffon s’est montré compatissant lors de l’exil de Jean-Jacques en Suisse :

« Je vous aime, monsieur, je vous admire et je vous plains de tout mon cœur. » 19 Il lance cependant cette petite pique au citoyen de Genève :

« J’ai vu avec douleur que vos prêtres sont encore plus intolérants, plus féroces que les nôtres. » L’entretien de Montbard esquisse-t-il une éventuelle collaboration de Rousseau à l’Histoire naturelle des plantes ? Cela reste à prouver. Cette rencontre de Montbard a été popularisée par Hérault de Séchelles. Il précise que devant le cabinet de travail de son hôte,

« Rousseau se mit à genoux et baisa le seuil de la porte. J’en parlais à M. de Buffon. Oui, me dit-il, Rousseau y fit un hommage. » 20 La scène a par la suite été dépeinte avec exagération, Rousseau aurait alors été vêtu en arménien ; il 18. C.C., t. 38, p. 6742 19. Lettre de Buffon à Jean-Jacques Rousseau, 13 octobre 1765, Correspondance de Buffon, édition électronique, www.buffoncnrs.fr, L94 20. HÉRAULT DE SÉCHELLES (Marie-Jean), Visite à Buffon, Paris, 1785

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ne portait plus ce costume excentrique depuis son retour d’Angleterre. Sur le chemin du retour à Paris, Jean-Jacques Rousseau se préoccupe plus que jamais de botanique car il prépare la publication d’un Traité. À Montbard, il se fait rabrouer par Pierre Daubenton, subdélégué de l’intendant, collaborateur de l’Encyclopédie :

« lequel, après une ou deux heures de promenade ensemble dans le jardin, me dit que j’avais déjà des commencements et qu’en continuant de travailler je pourrais devenir un peu botaniste. Mais, le lendemain l’étant aller voir avant mon


Biographie

Pépinières de Montbard. Archives départementales de Côte-d’Or, C 3715 CCG21, photo : Frédéric Petot

départ, je parcourus avec lui sa pépinière, malgré la pluie qui nous incommodait fort ; et n’y connaissant presque rien, je démentis si bien la bonne opinion qu’il avait eue de moi la veille, qu’il rétracta son éloge et ne me dit plus rien du tout. » 21 Après l’intermède montbardois, Rousseau passe à Joigny et séjourne à Auxerre. Il observe là encore la flore :

« Dans presque toute la Bourgogne j’ai vu la terre couverte, à droite et à gauche, de cette même grande gentiane jaune que je n’avais pu trouver à Pila. Les champs, entre Montbard et Chably, sont pleins de bulbocastanum, mais la bulbe en est beaucoup plus âcre qu’en Angleterre, et presque immangeable ; l’œnanthe fitulosa et la coquelourde (pulsatilla) y sont aussi en quantité. » 22

21. C.C., t. 38, p. 6742

22. Ibid.

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Jean-Jacques

Rousseau

(1712-1778) Un tricentenaire en Bourgogne

Jean-Jacques Rousseau herborisant Archives de la Ville de Dijon, 14 Fi 210

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Biographie

Durant les deux journées passées à Auxerre, JeanJacques Rousseau aurait joué aux échecs dans un tout nouvel établissement agencé selon la mode parisienne, le café-billard du sieur Milon. 23 Il ne semble pas qu’il ait noué de nouveaux liens avec l’organiste de la cathédrale Jean-Joseph Palais. Il l’avait rencontré chez Madame de Warens :

« bon musicien, bon homme et qui accompagnait très bien du clavecin. » 24 Le motif et la date de la brouille avec cet ami de jeunesse ne sont pas explicités dans les Rêveries du promeneur solitaire. Ce voyage constitue la dernière trace attestée d’un passage de Rousseau en Bourgogne. L’attrait pour Jean-Jacques est tel que des auteurs lui ont attribué des séjours ultérieurs à Pougues-les-Eaux.

Salons et relations épistolaires Tout au long de sa vie, Rousseau entretient une correspondance active. En 1743, la fréquentation du salon de Madame Dupin lui permet de rencontrer des personnalités bourguignonnes25 avec lesquelles il échangera durablement. Parmi celles-ci, l’Abbé Claude Sallier se distingue.26 Natif de Saulieu, il est le garde des manuscrits de la bibliothèque du roi : garde bienveillant auquel Rousseau rend un bel hommage dans la préface du Dictionnaire de musique, paru en 1767 : 23. QUANTIN (Maximilien), Histoire anecdotique des rues d’Auxerre, Perriquet, 1870 24. O.C., t. 1, p. 184 25. O.C., t. 1, p. 292 26. PIA LACHAPELLE (Léone), « Claude Sallier, 1685-1761 », Mémoires de l’Académie des sciences, arts et belles-lettres de Dijon, t. 75, 1981-1982, p. 221-233

« M. l’Abbé Sallier me fournissait, de la bibliothèque du roi, les livres et manuscrits dont j’avais besoin et souvent je tirais, de ses entretiens, des lumières plus sûres que de mes recherches. Je crois devoir à la mémoire de cet honnête et savant homme un tribut de reconnaissance que tous les gens de lettres qu’il a pu servir partageront sûrement avec moi. » 27 Il en va bien entendu différemment des relations rugueuses instaurées avec le dijonnais Jean-Philippe Rameau. Rousseau raconte dès le 14 septembre 1745, les débuts de cette inimitié :

« savez-vous que mon ballet [Les Muses galantes] est achevé, qu’il a fallu le faire exécuter chez Madame de la Popelinière, que Rameau s’y est trouvé ? que ma musique l’a mis de mauvaise humeur, qu’il soutint qu’elle est trop bonne pour pouvoir être de moi. » 28 Ainsi débute une vive inimitié qui atteint son paroxysme lors de la querelle des Bouffons. Les appréciations de Charles de Brosses sont plus mesurées quoique sévères ; lors d’un séjour à Paris en 1754, il note :

« J’ai encore vu le Devin du village, qui ne m’a fait aucun plaisir… c’est une petite misère villageoise, qui est jolie et agréable la première fois, quand on ne la sçait pas. » 29 27. O.C., t. 5, p. 606. Un exemplaire de ce dictionnaire est conservé à la bibliothèque municipale de Saulieu. L’Abbé Sallier fit en effet don de sa propre bibliothèque au collège de Saulieu 28. C.C., t. 2, p. 137 29. C.C., t. 2, p. 208

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(1712-1778) Un tricentenaire en Bourgogne

En 1757, dans une correspondance au genevois Jean-François Pictet, il rejette catégoriquement les théories du philosophe :

« Vous serez le législateur du monde quand vous voudrez rendre la vertu moins austère. » 33

« Les hommes étant tous méchants, les sauvages me paraissent la pire espèce de tous. » 30

L’abbé Béguillet affirme que ce dernier, fondateur d’un cours de botanique à Dijon en 1773, pensa à Jean-Jacques pour le diriger :

Aussi la teneur de la lettre qu’adresse de Brosses à Rousseau en janvier 1762 peut-elle surprendre. Il lui propose d’être la plume des parlementaires bourguignons qui se rebellent contre des décisions royales :

« On lui remettra tous matériaux et instructions prestes et détaillées ; en telle sorte qu’il ne faille plus que le style et la mouture nécessaires pour les assembler. » 31 Cela suscite une vigoureuse mise au point dans les Confessions. Rousseau est choqué par la forme de la demande :

« Je refusai avec dureté » mais partage l’analyse de la situation :

« Je pensais, comme lui et comme beaucoup d’autres, que la constitution déclinante menaçait la France d’un prochain délabrement. » 32 De Brosses s’était réclamé de l’Académie des sciences, arts et belles-lettres de Dijon pour adresser sa requête à Rousseau. Un autre académicien, Bénigne Legouz de Gerland, a fait part de son admiration au philosophe en 1762 : 30. C.C., t. 4, p. 519 31. C.C., t. 10, p. 1621 32. O.C., t. 1, p. 565

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« Il m’engagea à faire des offres au célèbre Jean-Jacques avec lequel j’étais intimement lié pendant le séjour qu’il fit à Dijon, pour le mettre à la tête de l’établissement, […] mais je ne fus point assez heureux pour réussir dans cette négociation. » 34 Nous n’avons pu trouver confirmation de cette demande. Elle témoigne, à tout le moins, de la popularité de Rousseau. Il faut enfin ajouter au nombre des académiciens dijonnais, correspondants de Rousseau, Claude Varenne de Béost. Celui-ci fit appel à Rousseau en février 1746 pour répondre à la question posée par cette Académie : déterminer le moyen de connaître la nature et le caractère des différents sels. Les lacunes des archives de l’Académie ne permettent pas d’indiquer si le jeune homme concourut et mit à profit les conseils prodigués par son éphémère professeur de chimie :

« Je me trouve actuellement plus sédentaire et à portée de profiter de vos bonnes leçons. »35

33. C.C., t. 12, p. 2057 34. Description générale et particulière, op.cit., p. 303 35. C.C., t. 2, p 141. Cette correspondance prouve que JeanJacques Rousseau a eu dès cette époque connaissance du prix de l’Académie de Dijon


Biographie

Nous achèverons cette présentation des correspondants bourguignons par l’évocation de Rose Berthier, comtesse de Bizy. 36 La jeune comtesse a pris l’initiative de ces échanges épistolaires qui perdurent d’octobre 1769 à juillet 1770. Ils illustrent la complexité des relations de Rousseau avec les femmes. Rose, comme bien d’autres femmes, est subjuguée par le philosophe, si ce n’est par l’homme. Celui-ci avoue le 17 janvier 1770 :

« J’eus toujours le cœur un peu romanesque. » 37

« Ma raison me dit que j’ai fait dans ma situation ce que j’ai dû faire » et le justifie comme il l’a déjà fait :

« Les voir, dans mes malheurs, bassement nourris par la traitresse générosité de mes ennemis. » Le ton de la correspondance change lorsque Rose, ravie du retour de Jean-Jacques à Paris, souhaite le rencontrer. Rousseau se montre alors fuyant :

Rose livre sa mélancolie à l’examen de Rousseau ; celui-ci ne se fait guère prier pour prendre un « ton de pédagogue ». Que conseille-t-il ? « Une vie simple et saine » car

« Les engagements pris d’avance m’ôtent tout le plaisir de les remplir » 38

« tout le bonheur que nous voulons tirer de ce qui nous est étranger est un bonheur faux. »

« Je suis déterminé à n’avoir aucune relation avec quiconque en a avec la comtesse de Boufflers. » 39

Rose attend un enfant ; Rousseau reprend les principes édictés dans l’Émile :

Ainsi sont clos sèchement des échanges épistolaires qui s’étaient épanouis dans une quête du bonheur. Ces contacts fugaces de Jean-Jacques Rousseau avec la Bourgogne offrent cependant quelques éléments intéressants pour comprendre l’homme et l’œuvre. Du jeune homme à la sensibilité exacerbée à l’homme d’âge mur convaincu d’être persécuté, toutes les étapes de la vie du philosophe trouvent un écho singulier en Bourgogne. Les échanges avec des personnalités diverses témoignent également de la multiplicité des centres d’intérêt de Jean-Jacques Rousseau.

« Nourrissez votre enfant » ; « Ne mettez pas votre fille dans un couvent, élevez-la vous-même. » Dans cette longue lettre, Rousseau avoue l’abandon de ses propres enfants :

36. Rose Berthier de Bizy (1747-1817) est la fille d’un important maître de forges, Pierre Babaud de la Chaussade et l’épouse du comte Jean-Baptiste Berthier de Bizy 37. C.C., t. 37, p. 6652. Cette expression est utilisée avec d’autres correspondantes

ou volontiers querelleur :

38. C.C., t. 38, p. 6747 39. C.C., t. 38, p. 6744

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Jean-Jacques

Rousseau

(1712-1778) Un tricentenaire en Bourgogne

SÉLECTION D’OUVRAGES DE JEAN-JACQUES ROUSSEAU DISPONIBLES EN LIBRAIRIE ŒUVRES COMPLÈTES

•Œuvres complètes, Gallimard, 1959–1995 Éd. publiée sous la dir. de Bernard Gagnebin et Marcel Raymond. - Tome I : Confessions - Dialogues - Rêveries du Promeneur solitaire - Fragments autobiographiques et documents biographiques. Avec la collab. de Robert Osmont. Gallimard, (Bibliothèque de la Pléiade, n° 11), 1959, 57 € - Tome II : La Nouvelle Héloïse - Théâtre - Essais littéraires. Avec la collab. d’Henri Coulet, Charles Guyot, Jacques Scherer. Gallimard, (Bibliothèque de la Pléiade, n° 153), 1961, 57,93 € - Tome III : Du Contrat social - Écrits politiques. Avec la collab. de François Bouchardy, Jean-Daniel Candaux, Robert Derathé, Jean Fabre, Jean Starobinski, Sven Stelling-Michaud. Gallimard, (Bibliothèque de la Pléiade, n° 169), 1964, 59,50 € - Tome IV : Émile - Éducation - Morale - Botanique. Avec la collab. de Pierre Burgelin, Henri Gouhier, John S. Spink, Roger de Vilmorin, Charles Wirz. Gallimard, (Bibliothèque de la Pléiade, n° 208), 1969, 65 € 50

- Tome V : Écrits sur la musique, la langue et le théâtre : À M. d’Alembert - Projet concernant de nouveaux signes pour la musique - Dissertation sur la musique moderne - Lettre sur l’opéra italien et français - Lettre à M. Grimm, au sujet des remarques ajoutées à sa lettre sur Omphale - Lettre d’un symphoniste de l’académie royale de musique à ses camarades de l’orchestre - Lettre sur la musique française - L’Origine de la mélodie - Examen de deux principes avancés par M. Rameau - Essai sur l’origine des langues Lettre à M. Burney et fragments d’observations sur l’Alceste de Gluck - Extrait d’une réponse du petit faiseur sur l’Orphée de Gluck - Sur les richesses, sur le goût - Textes historiques - Textes scientifiques Dictionnaire de musique. Avec la collab. de Samuel Baud-Bovy, Brenno Boccadoro, Xavier Bouvier, Marie-Élisabeth Duchez, Jean-Jacques Eigeldinger, Sidney Kleinman, Olivier Pot, Jean Rousset, Pierre Speziali, Jean Starobinski, Charles Wirz, André Wyss. Gallimard, (Bibliothèque de la Pléiade, n° 416), 1995, 75,46 €


Bibliographie

•Œuvres complètes, Seuil, 1967–1971 - Tome I : Œuvres autobiographiques, éd. Michel Launay, préf. Jean Fabre. Seuil, 1967, 20,60 € - Tome II : Œuvres philosophiques et politiques : des premiers écrits au Contrat social (1735-1765), préf. Michel Launay. Seuil, 1971, 20,60 € - Tome III : Œuvres philosophiques et politiques : de l’Émile aux derniers écrits politiques (1762-1772), éd. Michel Launay. Seuil, 1971, 20,60 €

• Les Confessions éd. établie et présentée par Alain Grosrichard. Flammarion, vol. 1 : livres 1 à 6, 2003, 6,80 €. Vol. 2 : livres 7 à 12, 2004, 12,30 €.

• De la Suisse, éd. critique Frédéric S. Eigeldinger [suivi de] Journal (septembre 1764), J.C. von Zinzendorf. Honoré Champion (L’âge des Lumières, n° 20), 2002, 36 € • Dialogues de Rousseau juge de Jean-Jacques

• Œuvres complètes, sous la dir. de Raymond Trousson et de Frédéric S. Eigeldinger ; Lettres, éd. par Jean-Daniel Candaux, Frédéric S. Eigeldinger et Raymond Trousson. Coéd. Slatkine – Honoré Champion, 2012, 24 vol. Disponible en version reliée, brochée et électronique. Mise en vente : juin 2012

[suivi de] Le Lévite d’Ephraïm, éd. Éric Leborgne. Flammarion (GF, n° 1021), 1999, 9,80 €

•Discours sur l’économie politique ; Projet de constitution pour la Corse ; Considérations sur le gouvernement de Pologne, éd. Barbara de Négroni. Flammarion (GF, n° 574), 1990, 6,80 €

• Discours sur l’économie politique, éd. Bruno Bernardi. Vrin, 2002, 20 € ŒUVRES SÉPARÉES

• Les Confessions éd. de Bernard Gagnebin et Marcel Raymond, préf. de J.-B. Pontalis. Gallimard, (Folio classique, 2776), 2009, 7,30 € - Les Confessions, livres I à IV, Ellipses, (Retour au texte), 1996, 3 € - Les Confessions, Flammarion, (Étonnants classiques, n° 238), 2007, 3,70 € - Les Confessions, Honoré Champion (Champion classiques. Littératures, n° 13), 2010, 19,90 € - Correspondance Jean-Jacques Rousseau, ChrétienGuillaume de Lamoignon de Maleshberbes, Flammarion, 1991, 19,82 €

• Discours sur les sciences et les arts ; Discours sur l’origine de l’inégalité, Flammarion (GF, n° 243), [1955], 3,80 €

• Discours sur les sciences et les arts, éd. de François Bouchardy. Gallimard (Folio essais, n° 304), 1996, 5,70 € •Discours sur l’origine de l’inégalité, Flammarion, 2008, 9,90 €

• Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes, éd. de Jean Starobinski, prés. par Bertrand de Jouvenel. Gallimard (Folio essais, n° 18), 1989, 7,80 €

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Rousseau

(1712-1778) Un tricentenaire en Bourgogne

• Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes, dossier et notes par Heidi Barré-Mérand, lecture d’image par Bertrand Leclair. Gallimard (Folioplus philosophie, n° 82), [2006], 5,70 €

• Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes, Géraldine Lepran. Ellipse (Philo-textes), 9,50 €

• Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes, prés. et notes par Blaise Bachofen et Bruno Bernardi. Flammarion (GF, n° 1379), [2008], 2,80 €

• Du contrat social, éd. Bruno Bernardi. Flammarion (GF, n° 1058), 2001, 3,80 €

• Du contrat social : version définitive précédée de la première version, éd. critique par Simone Goyard-Fabre. Honoré Champion (Champion classiques. Littératures, n° 16), 2010, 9,50 €

• Du contrat social [précédé de] Discours sur l’économie politique et de Du contrat social (première version) [suivi de] Fragments politiques, éd. de Robert Derathé. Gallimard (Folio

• Émile ou De l’éducation, préf., notes et bibliogr. par André Charrak. Flammarion (GF, n° 1428), [2009], 10 €

• Émile ou De l’éducation, éd. de Charles Wirz, introd. et notes de Pierre Burgelin. Gallimard (Folio essais, n° 281), [1995], 12,50 €

• Émile ou De l’éducation, livre IV, Frédéric Worms. Ellipses (Philo-textes), 2001, 7,50 € • Émile, Rousseau, Dany Raymon. Ellipses (Philo-textes), 1998, 5 €

• « En méditant sur les dispositions de mon âme... » et autres rêveries [suivi de] Mon portrait, éd. de Samuel Sylvestre de Sacy. Gallimard (Folio, n° 5065), [2010], 2 € Textes extraits des Rêveries du promeneur solitaire

• Essai sur l’origine des langues où il est parlé de la mélodie et de l’imitation musicale [suivi de] Lettre sur la musique française [et] Examen de deux principes avancés par M. Rameau, éd. Catherine Kintzler. Flammarion (GF, n° 682), [1993], 6,80 €

essais, n° 233), [1993], 9,90 €

• Essai sur l’origine des langues où il est parlé de la mélodie et de l’imitation musicale, éd.

• Émile et Sophie ou Les Solitaires, éd. critique par Frédéric S. Eigeldinger. Honoré Champion (L’âge des Lumières, n° 39), 2007, 44 €

de Jean Starobinski. Gallimard (Folio essais, n° 135), [1990], 7,80 €

• Émile ou De l’éducation, éd. Michel Launay. Flammarion (GF, n° 117), [1966], 8,30 €

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• Essai sur l’origine des langues : fac-similé du manuscrit de Neuchâtel, préf. Jean Starobinski. Honoré Champion (L’âge des Lumières, n° 2), 1997, 30 €


Bibliographie

• Jugement sur le projet de paix perpétuelle de l’abbé de Saint-Pierre, Jean-Jacques Rousseau, Hervé Guineret. Ellipses (Philo-textes),

• Profession de foi du vicaire savoyard, Flammarion (Édition avec dossier n° 1448), 2010, 5,30 €

2004, 5,50 €

• Lettre à d’Alembert, chronologie, présentation, notes, dossier, bibliogr. Marc Buffat. Flammarion (Édition avec dossier, n° 1165), 2003, 6,80 €

• Lettres philosophiques, Vrin (Bibliothèque des textes philosophiques), 1974, 28 €

• Profession de foi du vicaire savoyard : texte intégral, Ellipse, 2010, 2 € • Profession de foi du vicaire Savoyard, éd. de Charles Wirz, introd. et notes de Pierre Burgelin. Gallimard (Folio essais, n° 537), [2010], 4,60 € • Les Rêveries du promeneur solitaire, éd. de

• Le Lévite d’Ephraïm, Honoré Champion (L’âge des Lumières, n° 9), 1999, 34 €

Samuel Sylvestre de Sacy, préf. de Jean Grenier. Gallimard (Folio classique, n° 186), [1972], 4,10 €

• Institutions chimiques, éd. critique Christophe

• Les Rêveries du promeneur solitaire, éd.

Van Staen. Honoré Champion (L’âge des Lumières, n° 62), 2010, 75 €

critique Frédéric S. Eigeldinger. Honoré Champion (Champion classiques. Littératures, n° 12), 2010, 8,50 €

• Julie ou La Nouvelle Héloïse, éd. Henri Coulet. Gallimard, [1993] Tome I (Folio classique, n° 2419), 9,90 € Tome II (Folio classique, n° 2420), 7,80 €

• Rousseau juge de Jean-Jacques : dialogues,

• Julie ou La Nouvelle Héloïse, éd. Michel Launay. Flammarion (GF, n° 148), [1967], 8,30 € • Profession de foi du vicaire savoyard, Vrin (Philosophie et informatique, n° 5), 1978, 20 €

éd. critique Philip Stewart. Honoré Champion (Littératures, n° 19), 2011, 14 €

NOUVELLES ÉDITIONS EN COURS

• Correspondance complète de Jean-Jacques Rousseau, Voltaire Foundation, édition critique établie et annotée par R. A. Leigh, 52 volumes

• Principes du droit de la guerre [suivi de] Écrits sur la paix perpétuelle, sous la dir. de Blaise Bachofen et Céline Spector, nouv. éd. et prés. de l’établissement des textes par Bruno Bernardi et Gabriella Silvestrini, textes commentés par B. Bachofen, B. Bernardi, F. Guénard et al. Vrin, 2008, 34 €

• Œuvres complètes. Les éditions Classiques Garnier vont publier l’édition du Tricentenaire sous la direction de Jacques Berchtold, François Jacob et Yannick Seité (mise en vente début 2012)

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(1712-1778) Un tricentenaire en Bourgogne

SÉLECTION D’OUVRAGES CRITIQUES par Jean Ferrari

OUVRAGES GÉNÉRAUX SUR L A VIE ET L’ŒUVRE DE JEAN-JACQUES ROUSSEAU

• BACZKO Bronislaw, Rousseau. Solitude et communauté (1964), trad. fr. Paris, La Haye, Mouton, 1974

•MELLY Benoît, Jean-Jacques Rousseau, un intellectuel en rupture, Minerve, 1985

• EIGELDINGER Marc, Jean-Jacques Rousseau. Univers mythique et cohérence, Neuchâtel, à la Baconnière, 1977

•MILLET Louis, La Pensée de Jean-Jacques Rousseau, Paris, Bordas, 1966

• FAGUET Émile, Rousseau penseur, Paris, Société française d’imprimerie et de librairie, 1918 •GAGNEBIN Bernard, À la rencontre de JeanJacques. Textes et documents, fig, Genève, 1962 •GRŒTHUYSEN Bernard, Jean-Jacques Rousseau, Paris, Gallimard, 1949

•MUNTEANO Basil, Solitude et contradictions de Jean-Jacques Rousseau, Nizet, 1975 •RAYMOND Marcel, Jean-Jacques Rousseau. La Quête de soi et la rêverie, Paris, J. Corti, 1962 •SELLIÈRE Ernest, Jean-Jacques Rousseau, Paris, Librairie Garnier Frères, 1921

•GUEHENNO Jean, Jean-Jacques, miroir d’une conscience, Paris, Gallimard, 1962. 2 vol.

•STAROBINSKI Jean, Jean-Jacques Rousseau. La Transparence et l’obstacle, Gallimard, 1971, rééd. Tel, 1985

•LAUNAY Michel, Rousseau et son temps, Paris, Nizet, 1969

•SCHINZ Albert, La Pensée de Jean-Jacques Rousseau, Paris, Félix Alcan, 1929

•LECERCLE Jean-Louis, Jean-Jacques Rousseau : modernité d’un classique, Larousse, 1973

• Les Annales de la Société Jean-Jacques Rousseau, Genève, Droz, depuis 1905, 49 vol.

•MAY Georges, Rousseau par lui-même, Paris, Gallimard, 1961

• Présence de Jean-Jacques Rousseau.

54

Entretiens de Genève, Paris, A. Colin. 1962


Bibliographie

LA PENSÉE POLITIQUE

LE ROMANCIER

• BACHOFEN Blaise, La Condition de la liberté. Rousseau, critique des raisons politiques, Paris, Payot, 2002

• LECERCLE Jean-Louis, Rousseau et l’art du roman, Paris, Université de Paris, Faculté des Lettres et des Sciences humaines, 1969

• DERATHÉ Robert, Rousseau et la science politique de son temps, Paris, Vrin, 1950

• MORNET Daniel, La Nouvelle Héloïse de JeanJacques Rousseau, Paris, Mellotée, 1925

• GOYARD-FABRE Simone, Politique et philosophie dans l’œuvre de Jean-Jacques Rousseau, Paris, PUF, 2001 • GOLDSCHMIDT Victor, Anthropologie et politique. Les Principes du système de Rousseau, Paris, Vrin, 1974 • JULLIARD Jacques, C’est la faute à Rousseau, Paris, Le Seuil, 1985 • LAUNAY Michel, Jean-Jacques Rousseau écrivain politique, Cannes et Grenoble, C.E.L.-A.C.E.R., 1971 • MAREJKO Jan, Jean-Jacques Rousseau et la dérive totalitaire, L’Âge d’Homme, 1984 • MASTERS Roger D., La Philosophie politique de Rousseau (1968), Lyon, ENS éditions, 2002 • POLIN Raymond, La Politique de la solitude. Essai sur la philosophie politique de Jean-Jacques Rousseau. Paris, PUF, 1971 • ROBISCO Nathalie-Barbara Jean-Jacques Rousseau et la Révolution française, Honoré Champion, 1998

• Études sur le « Contrat social » de JeanJacques Rousseau. Actes des journées d’étude organisées à Dijon pour la commémoration du 200e anniversaire du « Contrat social », Paris, Les Belles Lettres, 1964

• Jean-Jacques Rousseau. Politique et nation, actes du IIe colloque international de Montmorency, 1995, Paris, Champion, 2001

PHILOSOPHIE, ANTHROPOLOGIE, ÉTHIQUE ET RELIGION

• AUDI Paul, De la véritable philosophie, Rousseau au commencement, Paris, Le Nouveau Commerce, 1994 • AUDI Paul, Rousseau, éthique et passion, Paris, PUF, 1997 • BENSOUSSAN David, L’Unité chez Jean-Jacques Rousseau, Paris, Nizet, 1977 • BERNARDI Bruno, La Fabrique des concepts. Recherche sur l’invention conceptuelle chez Rousseau, Paris, Champion, 2006 • BURGELIN Pierre, La Philosophie de l’existence de Jean-Jacques Rousseau, Paris, PUF, 1952 • CASSIRER Ernst, Le Problème Jean-Jacques Rousseau, Paris, Hachette, 1966 • DERATHÉ Robert, Jean-Jacques Rousseau et la science politique de son temps [1950], rééd., Paris, Vrin, 1988 • GOUHIER Henri, Les Méditations métaphysiques de Jean-Jacques Rousseau, Paris, Vrin, 1970 • HÖFFDING Harald, Jean-Jacques Rousseau et sa philosophie, Paris, Félix Alcan, 1912 • MASSON Pierre-Maurice, La Religion de JeanJacques Rousseau, Paris, Hachette, 1916. 3 vol. 55


Jean-Jacques

Rousseau

(1712-1778) Un tricentenaire en Bourgogne

• MOREAU Joseph, Rousseau, Paris, PUF, 1973 • PHILONENKO Alexis, Jean-Jacques Rousseau et la pensée du malheur, Paris, Vrin, 1984. 3 vol. • RADICA Gabrielle, Histoire de la raison. Anthropologie, morale et politique chez Rousseau, Paris, Champion, 2008 • SALOMON-BAYET Claire, Jean-Jacques Rousseau ou l’impossible unité, Paris, Seghers, 1968

L A FORTUNE DE L’ŒUVRE DE JEAN-JACQUES ROUSSEAU

• DEDEYAN Charles, Jean-Jacques Rousseau et la sensibilité littéraire à la fin du XVIIIe siècle, Sedes, 1966 • DERRIDA Jacques, De la grammatologie, Paris, Minuit, 1976 • FERRARI Jean, Les Sources françaises de la philosophie de Kant, 3e partie, Kant lecteur de Rousseau, Paris, Klincksieck, 1979 • LEVI-STRAUSS Claude, Jean-Jacques Rousseau fondateur des sciences de l’homme, in Anthropologie structurale II, Paris, Plon, 1973 • MORNET Daniel, Le Sentiment de la nature en France, de Jean-Jacques Rousseau à Bernardin de Saint-Pierre, Paris, Hachette, 1907 • TROUSSON Raymond, Rousseau et sa fortune littéraire, Nizet, 1977 • VOISINE Jacques, Jean-Jacques Rousseau en Angleterre à l’époque romantique : les écrits autobiographiques et la légende, Paris, Didier, 1956

56

R O U S S E AU E T L’AC A D É M I E DE DIJON

• BOUCHARD Marcel, L’Académie de Dijon et le premier Discours de Rousseau, Paris, les Belles Lettres, 1950 • TISSERAND Roger, Les concurrents de Rousseau à l’Académie de Dijon pour le prix de 1754, Paris, Boivin, 1936 • TROUSSON Raymond, Jean-Jacques Rousseau jugé par ses contemporains. Du Discours sur les sciences et les arts aux Confessions, Paris, Champion, 2000

DIVERS

• DAUPHIN Claude, Rousseau musicien, Montréal, 1992 • CHATEAU Jean, Jean-Jacques Rousseau, sa philosophie de l’éducation, Paris, Vrin, 1962


Bibliographie

ŒUVRES REMARQUABLES DE ROUSSEAU CONSERVÉES DANS LES BIBLIOTHÈQUES DE BOURGOGNE BIBLIOTHÈQUE MUNICIPALE DE DIJON (Côte-d’Or)

Éditions remarquables et curieuses • Œuvres complètes de J. J. Rousseau. Nouv. éd. classée par ordre de matières et ornée de quatre-vingt-dix gravures. À Paris, chez Poinçot, 1788-1793. 38 vol., ill. ; In-8°. 85 pl. gravées dont 15 par Clément-Pierre Marillier (Dijon, 1740 - Melun, 1808). L’adresse du libraire est mentionnée seulement sur le Recueil de plantes coloriées pour servir à l’intelligence des Lettres élémentaires sur la botanique de J. J. Rousseau, 1789. Cote : Marillier 151. Provenance : colonel G. Martenet (18..-1941).

• Œuvres posthumes de Jean-Jaques [sic] Rousseau ou Recueil de pièces manuscrites pour servir de supplément aux éditions publiées pendant sa vie [par Du Peyrou]. À Genève, 1781-1782. 11 vol. Cotes : Breuil I-156 (tomes huitième et neuvième) ; Legras 1068 (tomes premier- troisième). Provenance : Henri Breuil (Dijon,

1888-1971), Jules Legras (Passy, Yonne, 1866 - Dijon, 1939).

• Lettres de deux amans habitans d’une petite ville au pied des Alpes recueillies par J. J. Rousseau. À Amsterdam, chez Marc Michel Rey, [à Paris, chez Robin], 1761. 3 vol., ill. ; In-12°. Avanttitre : La Nouvelle Héloïse. Pl. dessinées par François Gravelot (Paris, 1699-1773). Cote : 8111.

• Principes du droit politique, par J. J. Rousseau, citoyen de Genève. À Amsterdam, chez Marc Michel Rey, 1762. VIII-323 p. ; In-8°. Avant-titre : Du contract social. Cote : D 15091.

• Du contrat social, ou Principes du droit politique, par J. J. Rousseau, citoyen de Genève. Suivant la copie imprimée à Amsterdam, chez Marc Michel Rey, 1762. XII-212 p. ; In-12°. Contrefaçon dans laquelle les pages 211 et 212 apparaissent deux fois avec et sans la note sur le mariage. Cotes : Rés. 141 (ex-libris imprimé Iosephi Van der Ven et amicorum) ; Breuil I-139 (ex-libris manuscrit Henrys Lejeune). 57


Jean-Jacques

Rousseau

(1712-1778) Un tricentenaire en Bourgogne

• Du contrat social, ou Principes du droit politique, par J. J. Rousseau, citoyen de Genève. À Amsterdam, chez Marc Michel Rey, 1763. [8]-200 p. ; In-12°. Cote : FA I-479. Provenance : bibliothèque du château de Chassagne (famille Muteau) à Fauverney.

• Jean Jaques [sic] Rousseau, citoyen de Genève, à Christophe de Beaumont, archevêque de Paris. [À Amsterdam, M. M. Rey, 1763]. 134-[2] p. ; In-12°. Cote : FA I-802.

• Émile ou De l’éducation, par J. J. Rousseau, citoyen de Genève. À Amsterdam, chez Jean Néaulme, 1772. 4 vol., ill. ; In-12°. 5 pl. de Charles Dominique Joseph Eisen (Valenciennes, 1720 - Bruxelles, 1778). Cote : 15673.

• Émile ou De l’éducation, par J. J. Rousseau, citoyen de Genève. À Londres [i. e. Paris, Cazin], 1780. 4 vol., ill. ; In-8°. Pl. par Jean-Michel Moreau dit Moreau le Jeune (Paris, 1741-1814). Cote : Breuil I-73.

• La Reine fantasque, conte dans Le Cabinet des fées ou collection choisie des contes des fées et autres contes merveilleux, tome 26. À Genève, chez Barde, Manget et Cie et se trouve à Paris, chez Cuchet, 1786. 32 p. ; In-8°. Cote : Virely I-514. Provenance : Louis-André Virely (Dijon, 1867Écutigny, Côte-d’Or, 1943).

• Les Confessions, illustré de trente-sept compositions en couleurs par A. Calbet. Paris, Le Vasseur et Cie, 1934. 3 vol. et 1 portefeuille de pl. Exempl. n° 233. Antoine Calbet (Engayrac, 1860 Paris, 1944). Cote : Breuil II-218.

• Les Confessions. Reprod. du manuscrit de Neuchâtel, postf. Pierre-Paul Clément. Neuchâtel, Bibliothèque romande, 1973. 182-[10] p. ; 25 cm. Cote : II-12529.

Les Discours de Dijon • Discours qui a remporté le prix à l’Académie de Dijon en l’année 1750 sur cette question proposée par la même Académie : si le rétablissement des sciences et des arts a contribué à épurer les mœurs, par un citoyen de Genève. À Genève, chez Barillot et fils, [1750]. [6]-66 p. ; In-8°. Cote : Breuil I-262 (1).

• Discours qui a remporté le prix à l’Académie de Dijon en l’année 1750 sur cette question proposée par la même Académie : si le rétablissement des sciences et des arts a contribué à épurer les mœurs, par un citoyen de Genève. Nouv. éd. accompagnée de la Réfutation de ce Discours, par les apostilles critiques de l’un des Académiciens examinateurs, qui a refusé de donner son suffrage à cette pièce. À Londres, chez Edouard Kelmarneck, 1751. XII132 p., frontispice ; In-8°. Avant-titre : Réfutation du discours du citoyen de Genève qui a remporté le prix à l’Académie de Dijon en l’année 1750, par un académicien de la même ville. Cote : Milsand 8540. Provenance : Philibert Milsand (Dijon, 1818-1892).

• Observations sur le désaveu de l’Académie de Dijon publié dans le Mercure du mois d’août, page 90, par l’auteur de la Réfutation du Discours... À Rouen, de l’impr. de Laurent Dumesnil, 1752. 16 p. ; In-8°. Cote : Milsand 8541.

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Bibliographie

• Recueil de toutes les pièces qui ont été publiées à l’occasion du discours de M. J. J. Rousseau sur cette question proposée par l’Académie de Dijon pour le prix de l’année 1750. Si le rétablissement des sciences & des arts a contribué à épurer les mœurs. À Gotha, chez Jean-Paul Mevius, 1753. 2 tomes en 1 vol. ; In-���������������������������������������������������� 8°. Ex-libris ������������������������������������������������ manuscrit du frère Genabert (?), capucin, 1755. Collections de l’Académie des sciences, arts et belles-lettres de Dijon.

• Discours sur l’origine et les fondemens de l’inégalité parmi les hommes, par Jean Jaques [sic] Rousseau, citoyen de Genève. À Amsterdam, chez Marc Michel Rey, 1755. LXX-262 p., ill ; In-8°. Frontispice de Charles Eisen (Valenciennes, 1720 - Bruxelles, 1778). Ex-libris manuscrit et imprimé de Bénigne-Charles Févret de Saint-Me(s)min (Dijon, 1739 – Saint-Domingue, 1802). Cote : D 15086.

• Discours sur l’origine et les fondemens de l’inégalité parmi les hommes, par J. J. Rousseau, citoyen de Genève. À Londres, [i. e. Paris, Cazin], 1782. 257 p. ; In-18°. Frontispice gravé par Rémy Henri Joseph Delvaux (1748-1823) d’ap. Moreau le Jeune. Cote : Breuil I-74.

• Discours qui a remporté le prix à l’Académie de Dijon en l’année 1750 sur cette question proposée par la même Académie : si le rétablissement des sciences et des arts a contribué à épurer les mœurs [suivi de] Discours sur l’origine et les fondemens de l’inégalité parmi les hommes, dans Œuvres choisies de J. J. Rousseau de Genève, tome second. À Londres, 1783 (?). 229 p., ill. ; In-8°. Pl. de P.-Cl. Marillier. Ex-libris imprimé F. A. Delacroix. Cote : Marillier 73.

• Discours sur les origines et les fondemens de l’inégalité, dans Œuvres complètes, éd. citée supra, tome 7, Politique, tome 1er. 1790. 479 p. Cote : Marillier 151.

• Discours qui a remporté le prix à l’Académie de Dijon en l’année 1750 sur cette question proposée par la même Académie : si le rétablissement des sciences et des arts a contribué à épurer les mœurs, dans Œuvres complètes, éd. citée supra, tome 15, Sciences, arts et belles-lettres, tome 1er. 1791. 485 p. Cote : Marillier 151.

• Discours sur les sciences et les arts. Éd. critique avec une introd. et un commentaire par George R. Havens. New York, the Modern Language association of America ; London, Oxford university press, 1946. XII-178 p., portrait par G. La Tour en frontispice coul. 25 cm. Cote : L II-6312. • Ob die Wiederherstellung der Wissenschaft und Künste etwas zur Läuterung der Sitten beigetragen hat ? In der ersten deutschen Übersetzung von Johann Daniel Tietz, mit einem Nachwort hrg. von Ralf Konersmann und Gesine Märtens. St-Ingbert, W. J. Röhrig Universitätsverlag, 1997. 73 p., fac-sim. 21 cm (« Kleines Archiv des achtzehnten Jahrhunderts », 28). Cote : L I-52179.

Botanique et musique •Lettres élémentaires sur la botanique,dans Œuvres complètes, éd. citée supra, tomes 5-6, 1789. 3 vol. dont 1 de pl. Cote : Marillier 151.

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Jean-Jacques

Rousseau

(1712-1778) Un tricentenaire en Bourgogne

• Dictionnaire de musique. À Paris, chez la veuve Duchesne, 1768/ XIV-547 p., 13 pl. ; In-8°. Contrefaçon parue l’année qui a suivi l’éd. originale. Cote : 2257.

BIBLIOTHÈQUE UNIVERSITAIRE DROIT-LETTRES (Dijon, Côte-d’Or)

• Discours qui a remporté le prix à l’Académie de Dijon, en l’année 1750. Sur cette question proposée par la même Académie : Si le rétablissement des sciences et des arts a contribué à épurer les mœurs. Copie manuscrite d’époque du discours de Jean-Jacques Rousseau.

BIBLIOTHÈQUE MUNICIPALE DE MONTBARD (Côte-d’Or)

• Œuvres de Jean-Jacques Rousseau ; avec figures en taille-douce. Nouvelle édition soigneusement revue et corrigée. Neuchâtel : Imprimerie de Samuel Fauche, Librairie du Roi, 1775. Tomes 1 à 18 ; 20x12,6 cm. Le nom de « Bernard » est inscrit à l’intérieur de chaque tome. Il s’agit du nom d’un avocat et maire de Montbard du XIXe siècle qui est, en grande partie, à l’origine de la collection du fonds ancien de la bibliothèque municipale de Montbard.

BIBLIOTHÈQUE MUNICIPALE DE NEVERS (Nièvre)

Fonds Anciens • Extrait du projet de paix perpétuelle de M. l’abbé de Saint-Pierre, par J.-J. Rousseau,... [suivi de] Débats en parlement d’Angleterre, au sujet des affaires générales de l’Europe. Où l’on voit les différentes opinions des lords, dont les uns prétendent prouver la nécessité de continuer la guerre, & les autres l’obligation indispensable de faire la paix. Traduit de l’anglois. À Londres. M.DCC.LVIII [suivi de] Discours sur l’économie politique par M. Jean-Jacq. Rousseau, citoyen de Genève. Nouvelle édition. Genève, 1760 / Jean-Jacques Rousseau, Charles-Irénée Castel de Saint-Pierre. [S. l.], 1761. 1 vol. (114 p., 108 p., 82 p.), frontisp. de Cochin gravé d’après Pigalle ; In-12°. Cote : RES 12-219. Ex-libris manuscrit sur la page de titre : « Ex Bibliotheca <...> Sebastiani Bernard de Clery, <...> anno 1765 ». Au dos de la reliure, armes de la famille Dublé ou Du Bled, seigneurs de Loiselot, du Boulois. Originaire de Bourgogne (cf. Armorial historique et archéologique du Nivernais, Tome 1, par le Comte de Soultrait, p.260).

Fonds François Mitterrand • Jean-Jacques Rousseau dans la principauté de Neuchâtel : catalogue de la Salle Rousseau à la Bibliothèque publique de Neuchâtel établi par Frédéric S. Eigeldinger ; avec le concours de Maryse Surdez et François Matthey. Neuchâtel (Suisse) : Association des Amis de J.J. Rousseau1982.

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Bibliographie

76 p. : ill. en noir ; couv. ill. en coul. ; 24 cm. Carte de visite : « Offert par le Collège Latin ». Cote : BIBMIT 016.8 EIG.

• Jean-Jacques Rousseau : sa vie, son œuvre : racontées en un siècle de cartes postales Jean-Jacques Monney. Genève : Slatkine, 1994. 130 p. : ill., couv. ill. en coul. ; 15 x 22 cm. Exemplaire du fonds Mitterrand dédicacé : « Avec les respectueux hommages de l’auteur. Mars 1994 » ; exemplaire numéro 7/30. Cote : BIBMIT MAG 6970.

• Deux lettres à M. le mareschal duc de Luxembourg : 20 et 28 janvier 1763 : contenant une description de la Suisse, de la principauté de Neuchâtel et du Val-de-Travers... Jean-Jacques Rousseau ; introduction, notes et commentaires de Frédéric S. Eigeldinger ; illustrations commentées par François Matthey. Neuchâtel : Éditions Ides et calendes ; Paris : 1977 (impr. en Suisse). 122 p. : ill. en noir et en coul. ; couv. ill. ; 24 cm. Exemplaire n° 74 contenu dans un boitier ; offert par le collège latin à Neuchâtel lors d’un voyage en Suisse du 14 au 16 avril 1983. Reprod. en fac-sim. de la copie autographe conservée à la Bibliothèque de Neuchâtel. Bibliogr. p. 111-112. Cote : BIBMIT MAG 5536.

BIBLIOTHÈQUE MUNICIPALE D E S E N S ( Yo n n e )

• Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes, par Jean-Jacques Rousseau, citoyen de Genève [suivi d’une citation latine d’Aristote]. À Amsterdam : chez Marc Michel Rey, 1755. LXX-262 p. ; 20 cm.

Gravure en frontispice intitulée « Il retourne chés fes Egaux ». Gravure sur la page de titre figurant une femme assise près d’un chat, alors que derrière elle un oiseau quitte sa cage. Précédé d’une dédicace « À la République de Genève » illustré d’une gravure aux armes de Genève, et d’une préface. Ex-libris de Paul Blanche. Cote : FB 3027.

• Lettres écrites de la montagne : première partie, par J. J. Rousseau. À Amsterdam, chez Marc Michel Rey, 1765. VI-153 p. ; 17 cm. Annotation à l’encre « À brûler ». 2 estampilles superposées « Bibliothèque Saint-Edme » et « Bibliothèque publique Ville de Sens » ; 2 autres estampilles (dont une en latin) superposées.

BIBLIOTHÈQUE MUNICIPALE DE TOURNUS (Saône-et-Loire)

• La Nouvelle Héloïse ou Lettres de deux amants. Londres : [P. Cazin], 1781. 7 vol. ; In-16°. Frontispice et 11 figures de Moreau, gravées par Delvaux. Reliure en veau doré, filets tressés en encadrement sur les plats, ornements à la roulette sur les dos lisses et les chasses. Pièces de titre et de tomaison de couleur rouge. Tranches et gardes marbrées. Cote : FA 9695.

• Émile, ou De l’éducation. Londres : [P. Cazin], 1781. 4 vol. ; In-16°. 8 figures de Moreau, gravées par Delvaux. Reliure en veau doré, filets tressés en encadrement sur les plats, ornements à la roulette sur les dos, les chasses, pièces de titre et de tomaison de couleur rouge. Tranches et gardes marbrées. Cote : FA 9696.

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Jean-Jacques

Rousseau

(1712-1778) Un tricentenaire en Bourgogne

• Émile, ou De l’éducation. Amsterdam : Jean Néaulme, 1764. 4 vol. ; In-12°, titre en rouge et noir, portant privilège des Étas de Hollande. 5 figures par Eisen, gravées par Le Grand, Longueil et Pasquier Reliure en veau marbré, dos à faux nerfs et fleurons, pièces de titre et de tomaison de couleur verte. Tranches et gardes marbrées Ex-libris : Chapuiset, 1810. Cote : FA 9507.

• Esprit, Maximes et Principes. À Neuchâtel et en Europe, Chez Les Libraires Associés, 1764. 444 p. ; In-12° (10 x 16,5 cm). Reliure en veau marbré, dos lisse orné de motifs dorés et fleurons. Tranches et gardes marbrées. Cote : FA 9155.

• Œuvres de Jean-Jacques Rousseau, citoyen de Genève. À Paris, Chez Deterville, 1817. Nouvelle édition ornée de 20 gravures. 18 vol. ; In-12°. 20 figures de Monsiau gravées par Ponce. Reliure en demi-basane marbrée, tranches et gardes marbrées à l’identique, dos lisse orné de faux nerfs dorés, pièces de titre et de tomaison de couleur verte. Cote : FA 12641.

• Le Devin du village est suivi de 14 pages de musique gravée, le Dictionnaire de musique est accompagné de 13 planches dépliantes de musique, la Dissertation sur la musique moderne, d’une planche et l’essai Sur la musique militaire d’une planche également. • Du contrat social ou Principes du droit politique. Lyon : J. B. Delamollière , 1790. 268 p. ; In-12° (21 x 13 cm). Reliure en veau, teinte de zébrures noires, dos à nerfs orné de motifs dorés et fleurons. Ex-libris : Aimé Bonne, 1793. Cote : FA 12008. 62

Bibliographie



Remerciements Aux membres du comité de rédaction pour leur travail et leur enthousiasme : Martine Chauney-Bouillot, Jean Ferrari, Jean Libis, Éliane Lochot. Aux bibliothèques de Dijon (BM et BU), Montbard, Nevers, Sens et Tournus. À la librairie Chapitre-Lib de l’U de Dijon. Aux partenaires financiers : la Direction régionale des affaires culturelles de Bourgogne, qui a apporté son soutien financier exceptionnel à ce projet, l’Académie des sciences, arts et belles-lettres de Dijon, l’Association des amis de la bibliothèque municipale de Dijon. Illustration de couverture et conception graphique : Anne Gautherot Impression : ICO


Biographie + Bibliographie

Le 28 juin 1712 naissait Jean-Jacques Rousseau : la commémoration nationale de ce 300e anniversaire revêt un intérêt tout particulier en Bourgogne. En effet, c’est l’Académie des sciences, arts et belles-lettres de Dijon qui inspira à Rousseau deux textes fondamentaux et résolument contemporains : en 1750, le Discours sur les sciences et les arts, auquel l’Académie décerna son prix, puis, en 1754, le Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes. Ces deux fameux Discours ne sont pas, néanmoins, les seuls liens de Rousseau avec la Bourgogne puisqu’il y a également séjourné et rencontré quelques illustres Bourguignons. C’est donc tout naturellement que le Centre régional du livre de Bourgogne (CRL) participe à la célébration de ce tricentenaire en vous proposant ce document biobibliographique dans le but de vous faire découvrir ou redécouvrir la vie et l’œuvre de cet écrivain, penseur, philosophe et musicien. Aujourd’hui encore, haï ou adulé, Rousseau se trouve souvent au cœur de bien des débats, preuve de sa remarquable modernité. George Bassan Présidente du Centre régional du livre de Bourgogne

À noter : le 14 avril 2012, l’Académie des sciences, arts et belles-lettres de Dijon organise un colloque consacré au Discours et aux ouvrages méconnus de Rousseau. Plus d’informations auprès de l’Académie : www.acascia-dijon.fr

Le Centre régional du livre de Bourgogne (CRL) est une association au service des professionnels du livre bourguignons : auteurs, éditeurs, bibliothécaires, libraires, médiateurs, etc. Ses missions s’orientent, à l’échelle régionale, en faveur de trois secteurs : la vie littéraire, le patrimoine écrit et l’économie du livre. Le CRL est membre de la FILL – Fédération interrégionale du livre et de la lecture. Le CRL est accompagné par le Conseil régional de Bourgogne et la Direction régionale des affaires culturelles de Bourgogne dans le cadre de leurs politiques en faveur du livre et de la lecture.

Direction régionale des affaires culturelles Bourgogne

Jean-Jacques

Rousseau (1712-1778) Un tricentenaire en Bourgogne


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