Sophie Cordier
PP ensées II llustrées
Poésie Poésie
P Pensées II llustrées
Sophie Cordier
P Pensées II llustrées Poésie Poésie
« Ce qui est abstrait pour vous, est réel pour moi » Zao Wou-Ki
Encore et toujours
D es mots toujours des mots Des lettres toujours des lettres
Des phrases faites de mots Des mots pleins de lettres Lettres qui ne veulent rien dire Phrases qui demeurent incompréhensibles Qui forment ces paroles rouges saphir Ces paroles qui deviennent illisibles Le temps encore le temps La pluie toujours la pluie La pluie qui couvre le temps Le temps qui gâche la vie La vie s'éclaircie quand le soleil brille Le temps se cache quand tombe la pluie Vent qui souffle poussière qui fourmille Temps qui s'arrête pour savourer la vie L'eau rien que l'eau Mers encore des mers Des fleuves regorgeant d'eau L'eau qui peuple les mers Ces mers qui recouvrent la terre Fleuves qui ruissellent près des chaumières Qui mènent aux forêts de conifères vers L'eau qui s'écoule par delà les rivières. 9
Comptine
PS'enetitallaourstoutuncontent beau matin de printemps par delà les champs Au milieu des fleurs colorées par milliers Il voyagea ému par tant d'odeur, bercé Mais lorsque le soleil brûlant fut couché Quand la lune blafarde fut levée Auprès de sa famille il n'était pas Non, il était perdu dans le bois Après avoir marché sur un arbre il s'endormait Et exténué dans un doux rêve il sombrait Là parmi les cris des animaux de la nuit Petit ours assoupi n'a pas peur du bruit Il fait si doux dans la forêt des grands hommes Que petit à petit arrive bien vite l'automne Voilà que les flocons blancs de neige Envahissent ce matin le pays de L'Arrière Mais petit ours aux nez bleu gelé A retrouvé sa grotte, ses parents adorés La truffe collée à la fenêtre, il regarde Le blanc de l'hiver tomber sur les arbres 11
Je pense, je marche, seule
Dans la ville noire sans vie. Enfilée dans ce voile, linceul Je marche et je survis. Pas d’eau mais il pleut. L’antre s’est vidée de son liquide Et la peau est devenue aride Le ciel fait ce qu’il peut. Et il pleut, il pleut Je voudrai fermer les yeux. Demain, un jour me réveiller Voir que mon rêve s’est réalisé. Et je marche dans ce désert d’envie, Seule, guidée par mes pas maudits La route est longue, mais pas d’arrière Je marche sans apercevoir la lumière.
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Craqué
FLailletêtetudans as failli dans cette faille l’eau tu as coulé
Dans ce trou noir tu es tombé Ta peau si lisse est pleine d’entailles Pauvre tu as plongé dans ce puits Boulet à ton pied tu as sombré Tu t’es trompé, tu t’es gâché Ton corps est froid, plat, sans vie
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L’hirondelle est morte
SVersé es plumes si blanches lavées par le sang, par son cœur poignardé,
Dispersent une odeur putride et sanglante Autour de son corps émietté. Rongée, elle ne volera pas aujourd'hui. Placide, étendue, le regard méchant, Elle halète bouche béante tout en suffoquant. Plaies ouvertes, cœur battant, sa vie s'enfuit. Elle hurle au secours, comme le loup à la mort. Ses ailes à moitié broyées n'ont plus force à bouger. Les passants aveuglés écrasent son corps Sur tous ses espoirs elle peut tirer un trait. Ses membres si frêles, ses muscles si tremblants, Son mal si intense, son regard si troublant. Noirâtre, son corps rongé par les vers, Reste inerte il n'y a plus rien à faire.
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Une image
PPlusluslaledouleur temps s'écoule et passe laissée s'efface
Je pense malgré moi toujours à toi Et j'ai beau tenter de m'en empêcher Jour et nuit vouloir te condamner C'est impossible, plus fort que moi L'habitude a encore interférée En faisant un roman de mes idées Mais la faute finira par s'effacer Le monde redeviendra normal Les larmes s'assèchent mais En moi j'ai encore et toujours mal A force, j'en finis par me dire Que ma bouche restera close Pour que n'arrive pas le pire Mais l'amour n'est pas rose Et effacer ta pensée reste difficile Marcher sur un fil serait plus habile J'enflammerai ta photo si je le pouvais Mais le mal rendu au mal est mauvais Continue ta vie que j'achève la mienne Mais je t'en supplie ne m'oublie pas Je ne veux pas te culpabiliser Mais simplement me faire réaliser Qu'au fond, il n'y a pas que toi Même si mon rêve était d'être tienne 19
Douceur fatale
SMesi layeux roue tourne tout autour de ma tête s'emballent jusqu'à ne plus rien voir
Ma figure devient pâle et tombe muette Je ne peux pas renaître, ne peux plus rien savoir Petit à petit dans un sommeil profond J'entends au loin une voix douce mais forte Les mots qui sortent de sa bouche en tournant Arrivent en moi défaits en lettres mortes Même si je ne contrôle plus mes membres Je sens le vent frais frôler mon visage Et doucement je me glace tel l'ambre Plus froide qu'aurait pu l'annoncer l'orage Mais voilà un trou noir au dessus de ma tête Ces douces armes blanches tentent de m'atteindre Et même aussi inerte que je puisse paraître Je les évite mais viendrai à les craindre
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Néant d’amour
SDesur vielles le papier froissé qui tapisse le sol lettres et des vieux carnets
Mots que j'ai écrits d'après tes paroles Qui maintenant ne peuvent plus exister Vêtue de noir au centre je ferme les yeux Par contraste au blanc des mots lumineux Une tornade souffle au dessus de ma tête Emporte ces phrases que tu trouvais bêtes Je suis à nouveau seule face au néant vaste Qui dévaste le monde les âmes et les cœurs Ebouriffée, les yeux qui pleurent, le désastre Envahit tout, restent que souffrance et peur Le froid n'est plus douleur, triste et gelée L'eau qui s'écoule de mes yeux se glace Et la fin du monde, la mort de l'espace Est annoncée, fermons les yeux à jamais
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Rupture
SPlusur ununesouffle paroi laquée de rouge rien ne bouge
Trois gouttes glissent vers le bas Et s’étendent au sol sans fracas Un oiseau noir détend ses ailes Quitte le paroi en direction du ciel Chaque battement glace l’atmosphère Esprit malsain qui envahit la terre Dans cette coulée de rouge, prisonnié Le blanc paralysé, vire au noir. Coeur qui s’achève larmes de désespoir Souffrance indolore; disparition de l’immaculé Rire de douleur, pleurer de joie. Fin du monde, sentiments dépassés La vie n’est jamais ce que l’on voit Encore pleurer pour une force inachevée
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EQuand xterne, interne tu es là sans exister l’image de toi se trouble en moi
Brouillard opaque qui parasite mon corps T’exterminer ? Je ne sais pas si j’ai tord Pourquoi tu me pousses vers le grand froid ? Tu t’effaces, tu t’endors sans crier Je ne sais pas, quoi ou qui utiliser Les cachets m’embrouillent j’oublie, je pleure Le noir domine souvent dans mon coeur Mais sans toi je n’aurais pas pu avancer Le temps passe, trop vite à mon goût Et tu t’effaces, tu disparais dans ton trou Nouvelle vie, nouveau paradis, sourire Pleurer d’hier, regretter mais demain jouir Et après ? Chaque jour suffise à peine Tu es sûrement toujours là, en profondeur Juste là pour me retrouver quand de tout j’ai peur Dans la terre de mon corps où s’emmêlent mes veines Tel l’oiseau caché, tu déploies tes ailes Et redevenu noir mon corps se gèle Puis viens l’heure ou par miracle tu t’éteins La sève, mes arbres peuvent renaître enfin 27
Vouloir croire en la mémoire
FUnaceregard à l'escalier qui mène au bout du couloir ivoire pèse le pouvoir. Son long manteau tâché de noir Glisse au sol dans la lumière du soir. Ses pas qui résonnent dans le vieux manoir Demandent au vacarme le droit de savoir. Dans cette poussiéreuse armoire Aux arachnides dans les tiroirs, S'envolent les papiers et laisse choir Le passé comme sur un égouttoir. Accablés, perçant ses yeux miroir Laissent planer un lourd brouillard. Dans l'air se dissipent ces mouchoirs Qui se déchirent en passant au hachoir Epuisée elle ne veut pas s'asseoir Sa fatigue aurait laissé entrevoir Ce que le monde voulait savoir Mais il n'y a plus une lueur d'espoir Au loin dans le froid s'endort un loir Il monte l'escalier et traverse le couloir.
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Résurrection
Je renaîtrai un jour de ces terres brûlées
De ces douleurs torrides que mon corps a hurlé De ces moments d’effroi, de ces moments innombrables Où ma vie est passée lentement misérable Je renaîtrai bientôt pour revenir vers toi Celui qui reste encore inconnu sans voix Je lèverai mes mains vers ta bouche muette Pour qu’y coulent enfin mes paroles secrètes Et puis tu pencheras ton visage vers moi Tes bras m’enlaceront m’arrachant au grand froid Alors j’ouvrirai mes yeux fermés par tant de pleurs Mais ma bouche ne dira qu’un seul mot, meurt
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Achevé d’imprimer à Agen, au 3e trimestre 2005, par les presses des Éditions Art Média. Conception graphique : Sophie Cordier Éditions Art Média St-Julien - 47360 Laugnac
Un grand merci à Mme Samblancat, Joël et Martine, Catherine, Moune, sans qui tout cela aurait été impossible. Sophie
Sophie Cordier - www.csoph.fr.tc
Art Média Éditions