2014: ouverture de la Help-line

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Traite des ĂŞtres humains Ouverture de la Help-line


Campagne de notoriété dans Genève


Help-line gratuite au CSP : Une aide aux victimes de la traite des êtres humains La traite des êtres humains est une réalité qui existe depuis longtemps dans notre pays. Elle concerne tant l’exploitation sexuelle que l’exploitation de la force de travail. Si elle a longtemps été passée sous silence, ces dernières années, une attention nouvelle lui est portée. La Suisse s’est ainsi engagée au niveau international en ratifiant la convention du Conseil de l’Europe sur la lutte contre la traite des êtres humains. Sur le plan national, elle a adapté sa législation pour assurer une meilleure protection aux victimes. Les cantons se sont également organisés afin de mieux coordonner la protection des victimes et la poursuite des auteurs. Le CSP s’est pleinement engagé dans cette nouvelle dynamique ; depuis le mois d’août 2014, deux juristes répondent, tous les après-midi, à une help line gratuite et confidentielle réservée aux victimes et aux témoins de la traite des êtres humains (T 0800 20 80 20). Notre nouvelle activité a poussé le CSP à devenir un acteur important du « Mécanisme de coopération administrative genevois de lutte contre la traite » mis en place par les autorités. Au-delà d’une première écoute attentive et de conseils juridiques généraux, nous offrons aux victimes un suivi gratuit dans les procédures touchant au droit des étrangers et au droit du travail. Le type d’exploitation que nous rencontrons le plus fréquemment à Genève est en effet celui de la force de travail. Les personnes qui viennent nous consulter sont fragilisées par leur vécu et vivent souvent dans la peur et l’incertitude quant à leur avenir. Elles se trouvent pour la plupart d’entre elles sans autorisation de séjour et craignent d’être renvoyées dans leur pays si elles agissent contre les auteurs de leur exploitation. Le processus de résilience exige une certaine stabilité. Il est donc nécessaire que les victimes puissent sortir de l’incertitude. Cela passe en premier lieu par l’explicitation de leurs droits. Aussi, nous prenons le temps d’instaurer un lien de confiance qui nous permettra de les aider au plus près de leur volonté. Ce pourra être en déposant en leur faveur une demande d’autorisation de séjour – le temps d’une éventuelle procédure pénale ou à plus long terme – en les accompagnant dans la préparation d’un retour dans de bonnes conditions, en déposant pour elles une demande auprès du tribunal des Prud’hommes contre leur employeur/exploiteur, par exemple. Pour ce faire, nous avons à cœur de travailler en étroite collaboration avec les autres associations ou institutions présentes sur le terrain afin de coordonner au mieux nos actions et d’assurer ainsi leur cohérence (centre LAVI, foyer Au Cœur des Grottes, Service d’aide au retour de la Croix-Rouge, etc.). La traite humaine est une réalité qui doit être combattue ! _________

Les Nouvelles / CSP Genève / Mars 2015


Un numéro pour lutter contre la traite des êtres humains Genève Les victimes de travail forcé et les témoins peuvent trouver une aide et des conseils auprès de juristes.

Gare Cornavin, le 16 octobre 2014. Des panneaux sensibilisant la population à la traite des êtres humains ont été installés dans la hall principal.Image: Laurent Guiraud Par Sophie Roselli16.10.2014 C’est une première en Suisse. Une ligne téléphonique* entre en service à Genève pour mieux lutter contre la traite des êtres humains. Un phénomène bel et bien présent dans la ville des droits de l’Homme, mais difficile à détecter, à cerner et donc à évaluer. Une campagne de communication a été lancée hier par les autorités. «Le défi consiste à toucher les victimes et les témoins de la traite des êtres humains. Au bout de la ligne, ils pourront s’adresser gratuitement à une juriste qui prodiguera une écoute confidentielle et proposera, au besoin, un premier entretien pour évaluer la situation. Si une victime souhaite déposer une plainte pénale, nous la soutiendrons. Tout cela en coopération avec d’autres partenaires», explique Alain Bolle, directeur du Centre social protestant chargé du projet. Le CSP a repris en main cette ligne ouverte par une association en 2008 avant d’être abandonnée en 2010. Le projet actuel, au budget de 150 000 francs par an, bénéficie d’un soutien financier d’une fondation. Plusieurs cas mis en évidence La traite des êtres humains prend différentes formes a rappelé le conseiller d’Etat chargé de la sécurité Pierre Maudet. «Il faut surtout agir sur l’exploitation des forces de travail. L’Office cantonal de l’inspection et des relations du travail est en train de renforcer les contrôles dans l’économie domestique, dans la restauration. A la police, un groupe de répression de la criminalité itinérante a été créé en 2013 et a mis en évidence plusieurs cas. Des procédures pénales sont ouvertes.» L’exploitation sexuelle semble plus limitée. Quant au prélèvement d’organe forcé, il est quasi inexistant. Un cas à risque a toutefois déjà été détecté, grâce à l’Hôpital. Difficile d’estimer le nombre de personnes touchées à Genève par cette forme d’esclavage moderne. Le foyer pour femmes Au cœur des Grottes en accueille une dizaine par an, 149 exactement depuis sa création il y a dix-sept ans. Qui sont les victimes? «Des femmes qui ne savent même pas qu’elles sont à Genève! On les fait venir en leur faisant de fausses promesses. Elles sont séquestrées, leur passeport est confisqué. Elles sont menacées si elles parlent», relève Anne Marie von Arx-Vernon, directrice adjointe de la structure. Voilà pourquoi les témoins sont indispensables. Comme ces parents d’élèves qui ont tiré la sonnette d’alarme après avoir remarqué les souffrances d’une jeune femme accompagnant un enfant à l’école. Pas de renvoi pendant la procédure «Les victimes acceptent de témoigner quand elles se sentent protégées», relève encore la directrice adjointe. Souvent sans statut légal, elles craignent un renvoi. Pendant la procédure, elles ne peuvent pas être inquiétées. Par la suite, c’est l’incertitude. Mais Anne Marie von Arx-Vernon rassure: «Aucune personne passée par les Grottes n’a été expulsée». La problématique de la traite des êtres humains préoccupe depuis des années Genève, «reconnu comme un modèle par des experts du Conseil de l’Europe».


Le Temps SUISSE & RÉGIONS

A l’écoute des victimes invisibles GENÈVE Vendredi 17 octobre 2014 Julie Eigenmann

Le CSP lance une hotline pour les victimes de la traite d’êtres humains. Une première 0800 20 80 20. Au bout de la ligne, deux juristes spécialement formés pour répondre en plusieurs langues à des victimes ou témoins de traite d’êtres humains. Celle-ci existe sous trois formes: l’exploitation de la force de travail, l’exploitation sexuelle ou encore le prélèvement forcé d’organes. La hotline, lancée par le Centre social protestant (CSP), fait l’objet d’une vaste campagne: affiches, exposition et flyers en neuf langues disséminés à travers la ville de Genève. De quoi mettre l’accent sur «cette forme d’esclavage moderne, l’une des plus lucratives qui soit avec le trafic d’armes et de drogues», explique le conseiller d’Etat Pierre Maudet. Un phénomène mondial: environ 21 millions de personnes ont été victimes de la traite des êtres humains en 2012 dans le monde, selon l’Organisation internationale du travail. «Genève, avec son statut de canton frontière, est un lieu de destination et de transit pour ce type d’exploitation», précise le magistrat. Une réalité que constate au quotidien Anne-Marie von Arx-Vernon, directrice du foyer de la Fondation Au cœur des Grottes. 149 femmes sont venues frapper à la porte du foyer entre 1997 et 2013. Toutes avaient été victimes de traite d’êtres humains: travail forcé en grande majorité et prostitution. Des victimes qui ne sont que la pointe de l’iceberg. «Elles sont par nature invisibles», explique Anne-Marie von Arx-Vernon. La hotline a pour but final d’amener les victimes à porter plainte, en assurant un suivi avec l’aide d’avocats. Le processus est complexe: les victimes ont de nombreuses raisons de croire qu’il vaut mieux garder le silence. Leur exploitation devient possible parce qu’elles sont sous pression, menacées de représailles si elles parlent ou encore sans papiers. La campagne de promotion de la hotline le martèle: ce sont avant tout des victimes.


«Rendre le problème public» Devant cette difficulté d’agir, les témoins ont un rôle clé: appeler lorsqu’ils sont les spectateurs d’une situation anormale. Pour les victimes, franchir ce pas demande beaucoup. Trop? «On ne s’attend pas forcément à une foule d’appels au début, mais il faut rendre le problème public», confie Pierre Maudet. Une volonté qui est aussi celle d’Anne-Marie von Arx-Vernon: «La traite d’êtres humains a longtemps été considérée comme appartenant à la sphère privée, de la même manière que l’ont été les violences domestiques, mais elle relève bien de la santé publique.» © 2015 LE TEMPS SA


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