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Rapport de mission - une fiction

UNE RÉSURRECTION ET UNE DISPARITION ONT DÉFRAYÉ LA CHRONIQUE AU 1ER SIÈCLE. RÉCIT DE DEUX ÉVÉNEMENTS QUI ALLAIENT CHANGER LE MONDE.

Rapport de mission

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Pierre-Yves Zwahlen,

romancier, auteur notamment de Lucius, la défaite des vainqueurs (éd. Prétexte)

Le préfet de la dixième légion, Maximus Rachiticus, était affalé dans ses coussins, en proie à une crise de goutte, qui avait la fâcheuse tendance à devenir chronique. Il était d’une humeur épouvantable et le garde de faction faisait tout son possible pour se faire oublier quand soudain, un remue-ménage les fit sursauter tous les deux. - Que se passe-t-il? Qui ose me déranger dans ma sieste? hurla le préfet. En guise de réponse, il vit entrer dans l’immense salle de réception où il se reposait les deux êtres les plus étranges que la Légion ait pu enfanter: un petit gros et un grand échalas, tous les deux ayant l’air de tomber d’Uranus plutôt que de Mars. - Oh non, pas eux! soupira Maximus Rachiticus. Mais déjà les deux hommes se figeaient devant lui dans un salut approximatif. - Décurion Circonflex et légionnaire Simplex au rapport, chef! - Au rapport de quoi? Je ne vous ai pas envoyés en mission à ce qu’il me semble! - Il est parti, chef! répondit le décurion. - Qui est parti? - Le mort, chef! - Quel mort? De quoi parlez-vous, et où est-il parti votre mort? Vous pouvez essayer de répondre à une question simple? - Ça fait, quatre questions, chef! remarqua Simplex. - Le mort qu’on devait surveiller pour pas qu’il sorte de son tombeau, même que ce n’était pas possible qu’il sorte vu qu’il n’y avait pas de poignée à l’intérieur du tombeau! Vous vous rappelez, chef? - Ah, celui-là! maugréa le préfet. - Parce qu’il y en a eu des autres, chef? Il faudrait s’inquiéter alors, ce n’est pas très catholique tous ces morts qui se promènent partout! - Bon! coupa sèchement Maximus Rachiticus, que s’est-il passé avec ce mort? - Ben en fait, on ne sait pas trop si c’est juste de l’appeler le mort, vu qu’il est plus trop mort... Avec Simplex on s’est dit qu’on pourrait l’appeler le mort qu’est plus mort, mais c’est un peu long, vous ne trouvez pas, chef? - Il s’appelle Iéshoua votre mort! Mais comment savez-vous qu’il n’est plus mort? - Parce qu’on le voit partout! chuchota Simplex à l’oreille du préfet. Celui-ci, dégoûté, essuya son oreille inondée des postillons du légionnaire. - Qu’est ce qui te prend à venir léchouiller mon oreille! beugla-t-il. Et comment ça, on le voit partout? - Chut! reprit Simplex, il est peutêtre là, il peut nous entendre. - Bon, on se calme et on reprend tout depuis le début! Décurion, faites-moi un rapport précis et circonstancié des événements. - Ben, commença Circonflex, vous vous souvenez du mort qu’on devait surveiller. Quand on a vu qu’il était plus dans son tombeau, mais qu’il se promenait dans le jardin on a décidé de le suivre... - Oui, je sais tout ça, vous me l’avez déjà dit! s’énerva le préfet. - Ce qu’on ne vous a pas dit c’est que comme on est curieux, on a décidé de se remettre sous la couverture et d’aller voir ses amis.

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