GRAPHIK WORLD #25

WORLD

#25 Juillet/ Août 2020

DOSSIER SPÉCIAL MASTERS OF DESIGN TINKER HATFIELD L’HOMME QUI A DONNÉ DES AILES À NIKE

PTITECAO

JEAN NOUVEL

SUCCÈS SANS FRONTIÈRE

LA P’TITE NANTAISE QUI MONTE...

MATHIEU LEHANNEUR LE COUTEAU SUISSE BIEN FRANCAIS

LE VO SUP US PL FA ÉME IR E V NT OY QU AG I VA ER

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LA BAFOUILLE DU CHEF

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ne fois n’est pas coutume mais on avait cette envie de vous faire plaisir... oui un peu comme chez le boucher « y’en a un peu plus je vous le laisse quand même?». C’est pour nous, c’est cadeau. Bon ok... en même temps avec ce que l’on a vécu ces derniers mois....on avait le temps de vous mettre un peu de rab. Mais rassurez-vous, on ne vous oublie pas!

Au moment où vous lirez ces lignes, nous serons en train de bronzer en plein travail pour préparer le numéro de la rentrée qui, suite, au sondage que nous avons effectué auprès de VOUS - nos chers lecteurs - se verra revêtu d’une nouvelle formule avec un peu plus d’épaisseur pour bien se préparer à vous tenir compagnie durant ces longues soirées d’hiver au coin du feu avec un chocolat chaud et des braises qui crépitent en projetant ainsi de petites flamèches incadescentes venant foutre le feu à la magnifique peau de bête! Bref...en résumé il va déchirer ce nouveau bébé. Et comme pour toutes les naissances, on fêtera ça «avec vous» comme il se doit! ( on vous en dira un peu plus ultérieurement).

Bonne lecture et bon voyage!

Graphicalement .

Votre serviteur Manu

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ADRESSE

105 RUE DE L’IMEP, 72000 LE MANS

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GPS DU MAGAZINE

10 Mathieu Lehanneur

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6 Tinker Hatfield

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INTERVIEW

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INTERVIEW

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TINKER HATFIELD T

‘‘THE LORD OF SWOOSH ’’

inker Hatfield est quelque chose comme le Thomas Edison de l’histoire de la sneaker. Et même s’il y avait des baskets bien avant la naissance du Swoosh, il y a du vrai dans cette phrase. Non seulement il nous a donné plusieurs classiques immortels comme l’Air Trainer, de nombreux Jordans ou l’Air Safari, mais il a enseigné à toute une industrie comment raconter des histoires avec des chaussures. L’un d’eux a commencé à Paris, où l’ancien architecte a pris le Centre Gourges Pompidou comme source d’inspiration pour l’Air Max. Et parce que la chaussure est plus légendaire que jamais, nous avons interviewé Tinker juste là dans la capitale française. Et c’est parti.

Tinker, à quand remonte la dernière fois que vous étiez ici à Paris?

La dernière fois que j’étais ici, c’était pour l’Open de France il y a environ trois ans. Ma jeune fille venait de sortir de l’école Cordon Bleu à Paris et nous sommes venus pour sa remise des diplômes.

Qu’est-ce que ça fait de venir ici? Qu’est-ce que Paris pour toi?

Paris est l’une de mes villes préférées dans le monde entier.

J’apprécie l’énergie mais aussi bien sûr la belle architecture et de nos jours j’aime aussi les gens… (rires) c’est une blague!

Lorsque nous parlons de l’Air Max 1, combien de temps a duré le processus de conception initial?

Le premier était un processus assez long. Et je dois souligner que Mark Parker, notre illustre PDG, était le développeur de la chaussure. Donc, j’ai fait les croquis originaux et j’ai eu l’idée de la fenêtre, si vous voulez l’appeler ainsi, du côté de la chaussure, basée sur un voyage à Paris il y a de nombreuses années, quand je suis venu voir le Centre Georges Pompidou.

C’était intéressant pour moi car c’était une architecture radicalement différente - détestée par beaucoup, aimée par certains.

C’était provocateur… c’était différent. Et cela avait changé la façon dont les gens regardaient l’architecture et je pensais que puisque nous développions de nouvelles technologies de l’air à l’époque, c’était une excellente occasion de, comme le Pompidou, de retourner cette chaussure à l’envers pour que vous puissiez voir la technologie. Et donc ce processus a pris du temps car non seulement je devais le rédiger, ce qui signifie aller esquisser après esquisse, mais parfois je me disputais avec Mark Parker à ce sujet. Mais étant donné Qu’est-ce qui a

que j’étais designer, je gagnais généralement ces arguments.

Mais néanmoins, il a fallu environ trois mois d’esquisse et de prototypage approximatif pour développer une sorte de vision de la chaussure. particulièrement inspiré le Pompidou?

Le Pompidou a été construit quelques années avant mon arrivée à Paris. C’était encore relativement nouveau mais pas tout neuf. Je le savais et l’avais vu sur des photos et je suis venu à Paris spécifiquement pour voir ce bâtiment en personne. Parfois, je m’inspire des choses que je vois dans les magazines ou dans d’autres médias, mais le plus souvent, l’inspiration vient simplement dans la rue.

Comment gardez-vous une trace de vos idées? Gardez-vous quelque chose comme un album?

J’ai plusieurs cahiers qui sont pleins de croquis et de dessins et Nike archive tous ces croquis et ils apparaissent ici et là pour les ouvertures de magasins et les présentations. Oui, j’ai beaucoup de croquis et je dessine beaucoup, principalement en couleur, ce qui est génial car je suis récemment passé à l’iPad. Je ne veux pas ressembler à un annonceur pour Apple, mais l’iPad m’a permis de renoncer à tous les carnets de croquis et à tout l’attirail pour dessiner et donc je m’y suis toujours appuyé.

Travailliez-vous sur un type d’athlète en particulier lorsque vous avez conçu la chaussure?

Non, pas vraiment sur cette chaussure. Je travaille avec des athlètes tout le temps, que ce soit des coureurs, des basketteurs ou d’autres athlètes. Mais pour cette chaussure, j’ai vraiment senti qu’il était bon de se concentrer sur un large échantillon de coureurs. J’avais un prototype de coureur dans ma tête, mais ce coureur était assez polyvalent. Je n’avais GRAPHIK WORLD # 25 Juillet/ Août 2020

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TINKER HATFIELD

aucune personne en tête, aucun médaillé d’or olympique. Il s’agissait vraiment de personnes qui courent et veulent être protégées par un grand coussin d’air.

Comment ce type d’innovation a-t-il été reçu chez Nike à l’époque?

Il y avait beaucoup de gens à l’intérieur de Nike qui ne voulaient pas que cette chaussure vive. Imagine ça. Les hommes d’affaires ne pensaient pas pouvoir vendre une chaussure percée. Il y avait des gens du marketing qui ne pensaient pas pouvoir le commercialiser parce qu’il était rouge et blanc.

La plupart des chaussures de l’époque étaient bleues, noires, blanches ou grises. Il n’y avait pas de couleurs vives, surtout s’il ne s’agissait pas de chaussures de course.

Alors oui, toutes sortes de gens étaient contre cette chaussure et cela incluait notre propre groupe de marketing.

Mais Mark Parker et moi-même avons eu un peu de latitude pour poursuivre le projet, essentiellement par Phil Knight au sommet qui a dit «laissez ces gars tranquilles» - ce qui signifie essentiellement «ne tirez pas sur ces gars-là».

Que vouliez-vous réaliser avec le design de la chaussure?

Cette chaussure n’était pas censée être un nouveau type de chaussure de course performante. Jusqu’à ce jour, mon rôle chez Nike est d’être provocateur, de pousser au changement et de faire chier les gens. Et si vous ne faites pas chier les gens, cela signifie que vous n’avez vraiment pas fait trop. Vous n’avez pas poussé l’enveloppe dans la conception ou dans la communication. Cette chaussure a donc certainement fait son travail à cet égard. Il y avait beaucoup de gens bouleversés et beaucoup de médias qui doutaient. Je me souviens qu’il y avait quelques critiques de chaussures en Angleterre qui pensaient que c’était une idée absurde pour une chaussure de course. Ils étaient principalement préoccupés par son esthétique. Il y a eu beaucoup de commentaires négatifs sur la chaussure.

Je suis toujours très intéressé par le moment réel où les gens ont une inspiration tueur. Pouvez-vous entrer un peu plus dans les détails sur la manière dont l’idée est née?

C’est une excellente question car il faut souvent plusieurs raisons pour faire quelque chose, pas une seule. L’une des raisons était que j’ai vu le Pompidou. L’autre raison était que nous fabriquions de plus en plus d’airbags et personne ne savait ce qu’était un airbag - un système d’amorti. Nous les faisions de plus en plus gros et je pensais que si nous le rendions un peu plus grand, il avait presque la même largeur que la semelle intercalaire entière et cela nous permettrait de couper la semelle intermédiaire et il n’y aurait pas un grand renfoncement et une partie non supportée de la chaussure .

Donc, ces deux choses ensemble avaient du sens pour aller de l’avant et le faire. Et non seulement j’avais les dessins du Pompidou et quelques photographies pour tenter d’expliquer l’inspiration de l’époque, mais j’avais la science pour me soutenir. Parce que nous construisions des coussins gonflables plus grands et meilleurs et que les coupes transversales à travers la semelle intermédiaire montraient que le sac n’était pas GRAPHIK WORLD # 25 Juillet/ Août 2020

assez large et que nous pouvions en fait éliminer une partie de la semelle intermédiaire. Il y avait donc un peu de science pour sauvegarder la partie provocante de l’histoire.

Donc, l’aspect innovation était vraiment important pour vous, non?

Pour moi ça l’est, oui. Je veux dire, il y a beaucoup de gens qui sont de grands stylistes et qui font des créations basées sur toutes sortes d’inspirations, motivées par l’esthétique.

J’aime le faire aussi, mais ce qui différencie ma façon de travailler, c’est d’essayer de résoudre de vrais problèmes pour de vrais athlètes. À l’époque, pensiez-vous que cette chaussure serait si populaire?

Non, pas du tout, absolument pas. Je me souviens avoir voyagé avec Mark Parker lorsque nous avions le tout premier prototype fini, soigneusement caché dans nos sacs lorsque nous étions assis dans l’avion et que personne ne voulait le voir. C’était drôle parce que nous nous regardions tous les deux et nous disions «pensez-vous que nous allons nous faire virer pour celui-ci?» ou «fera-t-il ce que nous pensons?». PeutPublicité NIKE 1990 être pour placer cette chaussure dans son contexte, vous devez considérer que presque toutes les chaussures de sport jusqu’à ce point - et je voudrais ajouter que l’Air Max, l’Air Trainer, l’Air Revolution et l’Air Jordan III ont tous été achevés à peu près dans le même laps de temps -, fondamentalement, toutes les chaussures de sport à l’époque étaient de conception utilitaire simple. Il n’y avait pas de narration. Parfois, les athlètes approuvaient leurs produits, des athlètes américains comme Julius Erving ou Larry Bird en basket-ball, mais ils écrivaient simplement leurs noms sur des chaussures. Il n’y avait tout simplement pas de scénario ou de développement de ce que j’aime appeler «la narration romantique» derrière la conception de chaussures de sport jusqu’à cette chaussure. Ce fut le premier, l’histoire de l’air visible avec le Pompidou. Ensuite, Nike a superposé une autre histoire en plus de cela, en disant: «Vous voulez une révolution?» et en utilisant la chanson des Beatles. Et cette histoire dirait simplement que c’est révolutionnaire et que beaucoup de grandes choses se produisent parce que les gens choisissent d’aller à contre-courant. Donc, toutes ces choses ont concouru à en faire un produit important et c’était amusant d’en faire partie.

N’était-ce pas très étrange à l’époque d’intégrer la narration dans les chaussures à l’époque?

Je travaillais pour Nike depuis près de cinq ans avant cette chaussure. J’étais l’architecte d’entreprise, donc connaissant le Pompidou. Et très souvent, lorsque vous concevez un bâtiment, une église par exemple, il y a un scénario derrière eux, qui est dans ce cas «Dieu est plus grand que vous». Vous entrez et vous êtes censé vous sentir plus petit. Le bâtiment est haut et c’est une façon de raconter une histoire sur un pouvoir qui est plus grand que vous. Ainsi, lorsque vous passez devant une église, cette histoire est renforcée par la conception même de l’église. On pourrait dire que cela vaut également pour d’autres choses, comme les locomotives ou les automobiles, essentiellement pour tous les grands designs. L’idée n’était tout simplement pas venue aux chaussures. Il s’agissait simplement de fabriquer des chaussures et de les donner aux athlètes. Il n’y avait aucune pensée esthétique. Vous savez, parfois, le

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NIKE AIR MAX 1

succès dans ce monde, c’est être un génie, mais cela peut aussi être d’être au bon endroit au bon moment. Alors voilà.

Lorsque vous voyagez à travers le monde et que vous voyez des gens porter la chaussure. Quel genre de sentiment est-ce?

Au début, je ne le savais même pas. J’avais conçu chaussure après chaussure et nous avons tendance à travailler un an et demi à deux ans à l’avance. Donc, au moment où cette chaussure est arrivée sur le marché, j’avais déjà conçu la prochaine Air Max. Je n’ai donc jamais vraiment réfléchi à la façon dont ces produits étaient portés ou reçus sur le marché. Je savais qu’ils se vendaient bien parce que les vendeurs me l’avaient dit. Environ quatre ou cinq ans plus tard, je travaillais sur tant de chaussures pour Nike et j’étais à l’époque directeur créatif des vêtements. C’est arrivé à un point où je suis tombé malade. J’avais trop travaillé et je n’ai pas assez dormi. Un jour, Mark Parker vient de dire «vous êtes un bordel, pourquoi ne prenez-vous pas de congé». J’ai donc emmené ma femme et nous avons voyagé à travers le monde. Nous sommes venus à Paris, nous sommes allés dans les îles des Caraïbes, en Amérique du Sud, à New York - dans de minuscules endroits éloignés et de grandes villes. Et ce qui m’a frappé, c’est que je ne pouvais aller nulle part sans voir quelque chose que j’avais conçu - pas un seul endroit dans le monde entier. C’est probablement vrai à ce jour.

«BEAUCOUP DE GENS À L’INTÉRIEUR DE NIKE NE VOULAIENT PAS QUE CETTE CHAUSSURE VIVE» Qu’est-ce qui a rendu la conception de la chaussure spéciale?

Je pense qu’un bon design peut être intemporel s’il y avait un but en premier lieu. Non seulement un but, mais la réflexion et la science derrière. Et il doit être conçu avec une certaine retenue. Même si la chaussure était folle pour son époque, si vous la regardez maintenant, elle a l’air bien parce qu’elle n’est toujours pas surdimensionnée. . Il y avait tellement de pièces en plastique moulé, tellement de couleurs… Je pense que c’est difficile pour ce genre de produits ou d’idées. Peutêtre essaient-ils trop ou sont-ils trop conçus. Je pense que l’air max a été conçu avec de bonnes lignes.

N’est-ce pas une sensation géniale?

C’était plutôt bien, oui, je me sentais plutôt cool à ce sujet et pensais que j’avais fait quelque chose d’important. Mais là encore, ma femme m’a rappelé que ce n’était pas terrible.

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lève de l’ENSCI, Mathieu Lehanneur a longtemps été frappé du complexe de l’éternel étudiant. Pourquoi, en effet, voudrait-il quitter ce vivier de la création qu’est l’école où tout est mis à la disposition des étudiants, où il peut confronter ses idées à celles de ses condisciples et où les plus grands designers viennent enseigner ? Mathieu Lehaneur s’y sent chez lui, devenant une légende dans les couloirs de ce milieu où les études sont généralement courtes. De cet enseignement prolongé, il retient deux idées qui marqueront profondément son travail : «La première, c’est que lors du passage d’une idée à la création de l’objet, l’intention de départ ne doit pas se perdre. La seconde, c’est une prise de conscience du champ du design. Il n’a pas de frontière, ni de définition. Il interagit avec les autres champs.» La démarche de Mathieu Lehanneur ne se veut donc pas recherche pure, mais plutôt confluence et intersection.

Des débuts prometteurs C’est d’ailleurs de sa vie quotidienne, lorsqu’il se fait cobaye pour l’industrie pharmaceutique afin de payer ses études, que lui vient l’idée de son mémoire de fin d’étude : le design de médicament. Ce projet, qu’il appelle «Deux comprimés matin et soir», cherche à encourager le patient à bien suivre la prescrition en démystifiant l’acte de la prise du médicament.

Dix propositions de nouvelles formes et de nouveaux procédés

d’administration des substances médecinales en résulteront, allant du stylo contenant un analgésique destiné aux plus petits à un médicament qui se découpe au mètre en fonction de la durée de la prescription. S’il n’arrive pas à convaincre les laboratoires qui ont trop peur de voir la crédibilité de leur traitement remise en cause, il obtient néammoins son diplôme en 2001 à 27 ans grâce à ce projet original.

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ehanneur ne ferme aucune porte : il accumule les projets professionnels les plus divers, mais il fait attention à mener à bien de nombreux projets plus personnels d’auto-production. Cette organisation lui offre la liberté à laquelle il aspire et dans lequel il puisse l’inspiration pour ses créations. Ainsi, après avoir obtenu le bourse ANVAR (Agence Nationale de Valorisation de la Recherche) en 2001 pour son projet de fin d’étude, il arrive à obtenir la très convoitée Carte Blanche du VIA (Valorisation de l’Innovation dans L’ameublement) en 2006 qui permet à l’heureux élu de travailler pendant un an sur un sujet de son choix. En naîtra le projet utopique Éléments, composé de cinq objets : K, O, dB, C°, et Q, qui ont pour fonction d’assurer le Dossier

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on esprit curieux et ses études prolongées marquent profondément son travail, qui est souvent envisagé comme un ensemble cohérent, à la manière d’un rendu d’étudiant qui serait guidé par un thème imposé. Dès ses premieres création, il cherche à créer une identité évidente entre forme, fonction et effet. «Je voudrais en effet ‘déshabiller’ suffisement les dispositifs et les systèmes mis en place pour qu’on les comprennent immédiatement.» Mathieu Lehanneur est également un designer fasciné par les découvertes scientifiques. Alchimiste du design, il oscille entre sciences et humanités dans la tradition des inventeurs du XVIe siècle. Travaillant avec des technologies de pointes, il les hybride avec des éléments naturels telles que des plantes, des algues ou des poissons. Il revendique cette fascination qui le rend unique dans son domaine. Il parvient à embras-

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ser la complexité de mécanismes scientifique en les rendant simples et transparents pour l’utilisateur.Touche-à-tout, Lehanneur développe ainsi des projets de design exploratoire dans les mondes pharmaceutique, biologique ou astrophysique. Pour avancer sur ses projets, il n’hésite pas à s’associer, le temps d’une réflexion ou pour une série de projet, avec des ingénieurs, des psychiatres, des chercheurs ou des médecins. Il cherche à tester et valider des scenarii auxquels nul avant lui n’avait osé songé, la technologie n’existant pas encore. Plutôt que d’attendre une éventuelle mise au point d’une innovation technique, Mathieu Lehanneur renverse la problématique et, une fois le scénario imaginé, demande la mise au point des outils dont il a besoin pour réaliser sa vision.

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Des méthodes peu banales Sa méthode de travail, qui se concentre presque entièrement sur le principe de scénario, découle de son incapacité, de son propre aveu, à maîtriser les outils de conception classiques (plans, modélisation, mise en production). Ce talent singulier sera d’ailleurs très vite reconnu, Mathieu Lehanneur étant nommé, tout juste trois ans après l’obtention de son diplôme, directeur du Post-Diplôme «Design et Recherche» de l’École supérieure art et design de Saint-Étienne (ESAD) St Etienne, fonction qu’il occupera de 2004 à 2008.

«CHAQUE PROJET EST LE FRUIT D’UNE HISTOIRE» Une évolution fulgurante Après 2006, sa carrière prend une nouvelle tournure.

En assurant pendant trois ans la direction artisique et design de l’ensemble des lignes de Paco-Rabanne Parfums, Mathieu Lehanneur assoit son succès. Après une longue période à accumuler les scénograhies, il lève le pied, et n’accepte désormais ce genre de projet que «s’il y a une vrai liberté de prise de parole, qui va au delà de la mise au service d’un artiste ou d’objets dans une exposition.» Au contraire, le designer se tourne désormais vers un terrain qu’il n’avait pas encore expérimenté : l’architecture d’intérieur. Il réalise en 2007 le mobilier du Flood, restaurant parisien, et signe en 2008 deux espaces pour la fondation Le Laboratoire : une boutique, le Laboshop, et des bureaux, le Labobrain.

2009 marque une période charnière dans la jeune carrière du designer et le révèle au grand public. Il signe l’ensemble de vitrines des boutiques Cartier aux États Unis, avec un changement complet de la Facade du flagship New Yorkais de la marque. Il réfléchi également au projet d’une chaîne de restaurants sur Paris axée sur le concept saugrenu de «Fast Quality Food».

Tenace, il co-fonde aux États-Unis Everything But The Molecules, une société spécialisée en solutions de design pharmaceutique dans la droite lignée de son projet de fin d’étude. Il commercialise également, après deux années de mise au point, Andréa, un purificateur d’air par les plantes dont la technologie est issues d’observations de la NASA et qu’il avait imaginé lorsqu’il avait sa «Carte Blanche».

Avec Mathieu Lehanneur, la prospection finit par se transformer en réalité. Dans le cadre de sa dernière collaboration en date, avec le CEA, il travaille sur les micro-énergies comme celles générées par la marche, vaste sujet d’avenir. Invité en tant qu’intervenant à la conférence TEDGlobal 2009, forum des innovateurs de la planète entière, Mathieu Lehanneur fait partie de ces trop rares designers à qui on ne demande pas uniquement de faire de jolis dessins, mais également de donner leur opinion sur le futur de la planète. Et qu’on écoute.

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toile montante du graphisme déjà bien connue des fans de basket et de sport en général, Caroline Blanchet est une artiste qui consacre la majorité de son temps à représenter les sportifs et qui, rappelons-le, en vit. Graphic designer est un métier difficile, d’abord du fait de la créativité et l’imagination qu’exigent chaque graphisme mais aussi à cause d’un mouvement général qui tend à discréditer l’illustration en tant qu’activité professionnelle.

Dans ce dossier, nous essaieront de présenter au mieux le travail de Ptitecao, qui a généreusement accepté de répondre à nos questions, mais aussi de parler des problèmes inhérents au milieu du graphisme.

L’artiste Tout d’abord, laissons l’intéressée se présenter :

“Caroline Blanchet aka Ptitecao, graphiste-illustratrice indépendante basée près de Nantes. Je suis graphic designer depuis plus de 10 ans. J’ai d’abord commencé à bosser en agence de communication pendant plusieurs années. A côté je réalisais beaucoup de créas personnelles sur le thème du sport et du basket notamment. J’ai commencé à recevoir quelques demandes pour des projets pros, la question de se lancer en indépendante s’est naturellement posée. En 2012 j’ai travaillé sur mes premiers projets pro et en septembre 2013, j’ai décidé de me lancer à temps plein dans l’aventure. J’ai toujours souhaité faire un métier créatif, d’abord attirée par le dessin, je me suis ensuite orientée vers le graphisme et l’illustration.

Après le Bac, j’ai suivi une formation dans une école de graphisme pendant 3 ans.”

Sa spécialité : le sport, et plus particulièrement le football et le basket. Bien évidemment, c’est sur ce deuxième sport et notamment sur ses travaux relatifs à la NBA que nous nous concentrerons.

Dans ses graphismes, Caroline représente principalement des athlètes dans des portraits, dans le feu de l’action, à partir de photos, dans des créations originales… Son contenu est très varié.

Au-delà de sa variété, le travail de Ptitecao se distingue bien évidemment de par sa qualité et son originalité. Si le milieu du sport laisse peu de place à l’imagination, l’artiste réussit toujours à se démarquer des autres illustrateurs. Son travail est aisément reconnaissable grâce à cette “patte” que l’on retrouve dans chacune de ses créations. La qualité des designs témoignent du professionnalisme et de l’expérience de celle qui les réalise ainsi que du soin qu’elle y apporte et du temps qu’elle y consacre.

Nous l’avons également interrogé sur son rapport à la NBA en particulier :

“J’ai découvert le basket très jeune, c’est le seul sport que j’ai pratiqué en club pendant plus de 10 ans. J’ai découvert la NBA dans les années 90, marquées par les titres des Bulls et Jordan. Je ne peux pas dire que je suis fan inconditionnelle d’une équipe ou un joueur en particulier. J’essaie d’avoir une vision globale, assez neutre. Je ne veux pas que cela se ressente dans mon travail. Mais si je dois vraiment choisir une équipe je dirais les Celtics.”

Le travail de Ptitecao est largement reconnu en France mais aussi sur la scène internationale. Il est d’ailleurs souvent relayé par les athlètes, les équipes et parfois même par la NBA. Son rapport au sport et à la NBA

Naturellement, Ptitecao est proche des disciplines sportives, des sportifs eux-mêmes mais également des fans de ces différents sports. Sur Twitter notamment, elle interagit avec de nombreux acteurs de la communauté francophone des fans de NBA. Ses méthodes de travail

Plus qu’une illustratrice, Caroline est également une passionnée de sport. C’est d’ailleurs ce qu’il l’a poussé à se spécialiser dans ce domaine :

Pour aller un peu plus loin, nous nous sommes intéressés aux méthodes de travail de Caroline, notamment à sa source d’inspiration :

“Avant tout le sport est une passion depuis très longtemps, notamment le basketball. C’est un thème que j’ai toujours aimé représenter visuellement, j’y trouve de nombreuses inspirations que ce soit à travers des athlètes ou des moments historiques. On ne s’ennuie jamais, il y a toujours une actualité à traiter visuellement.”

“La première inspiration c’est de me nourrir de l’actualité sportive, au quotidien. J’essaye d’être curieuse et de m’intéresser à ce qui se fait, aux dernières tendances graphiques.

Mais j’essaie aussi de m’imprégner d’autres domaines créatifs comme la musique, la photographie, le street art qui peuvent alimenter mon travail.”

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Pour les amateurs de graphisme, nous lui avons demandé de parler des outils qu’elle utilise pour son travail :

“Je travaille principalement avec un Mac Pro, une tablette Cintiq 22HD et un écran 27 pouces. J’ai également investi dans une Wacom mobile studio Pro 16 “ pour les projets que je réalise en déplacement ou en espace de coworking. Et je possède un iPad Pro 12“9 / Apple Pencil. En termes de logiciels, Photoshop, Illustrator sont les principaux outils que j’utilise.”

La jungle du graphisme Aujourd’hui, exercer dans le domaine de l’illustration est extrêmement difficile. C’est d’autant plus vrai pour les artistes freelances qui doivent trouver leurs propres clients.

D’après une étude menée par le site Creads, 69% des créateurs freelances admettent qu’il est difficile de trouver des clients. Ce serait d’ailleurs le principal frein de ceux qui n’osent pas se lancer. 49% disent manquer d’un réseau professionnel solide pour pérenniser leur activité. Pour Caroline, travailler dans ce milieu est un vrai challenge :

“J’ai la chance aujourd’hui de pouvoir vivre de mon métier à temps plein. Je n’ai pas d’autres boulot à côté. Mais cela reste un équilibre fragile, avec peu de visibilité sur le long terme, c’est un peu au jour le jour. Il est difficile de dire si dans 5 ans je ferais toujours ce métier.

La concurrence est très présente car c’est un métier “à la mode“ qui ne demande pas beaucoup d’investissement financier (possibilité de travailler chez soi, avec un ordinateur et une connexion internet…)”

Un problème majeur pour les créateurs en freelances réside dans la considération qu’ont certain clients pour cette activité.

De trop nombreuses personnes pensent pouvoir rémunérer un graphiste à la “visibilité” ou en faisant sa “promotion”. Pour un créateur professionnel qui cherche à vivre de ce travail, de telles demandes deviennent vite exaspérantes. ien évidemment, Caroline n’échappe pas à ce genre de requêtes :

“Au début c’est tentant d’accepter de bosser gratuitement pour espérer gagner de la visibilité… Mais avec l’expérience, je me

suis rendu compte que la fameuse “visibilité“ n’était pas synonyme de succès, au contraire. Il vaut mieux prendre du temps pour des projets personnels, que tu peux mettre en avant selon ton envie et sans contrainte, en clair te faire ta pub toi-même.

D’ailleurs j’ai constaté que de nombreux projets personnels m’ont permis de décrocher un projet pro. C’est pour ça que je me “bats“ contre “cette fameuse rémunération en visibilité“, ce n’est pas viable sur le long terme (surtout quand on souhaite développer son activité et la pérenniser). C’est toujours frustrant et énervant de recevoir ce genre de demandes, mais à force de répéter que non je ne peux pas me permettre de réaliser tel ou tel projet gratuitement, j’avoue en recevoir un peu moins ces derniers temps.”

Même les entreprises essaient parfois de profiter des graphic designer, en organisant des concours de graphisme par exemple. Rappelons-le une bonne fois pour toute : illustrateur, graphiste ou graphic designer, peu importe le nom que l’on peut donner à cette activité, est un véritable métier. Il ne s’agit pas seulement d’une passion ou d’un loisir mais bien d’une activité professionnelle pour laquelle le travail doit être rémunéré. C’est d’ailleurs un combat de tous les jours pour Ptitecao Caroline est une artiste extrêmement talentueuse, nous ne pouvons que vous encourager à suivre son travail sur les réseaux sociaux et sur son site web. Bien sûr, le design est pour elle une passion. Mais il s’agit également de sa profession. Les créateurs méritent plus de considération et plus de respect, tout travail mérite salaire. Montrez aux illustrateurs votre soutien et combattez vous aussi les demandes excentriques de certains “clients” ! Vous trouverez ci-dessous les liens qui vous permettrons de jeter un œil au travail de Ptitecao.

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près des études à l’Ecole des Beaux-Arts de Bordeaux, Jean Nouvel est admis premier au concours d’entrée de l’Ecole nationale supérieure des Beaux-Arts de Paris en 1966 et obtient son diplôme en 1972. D’abord assistant de l’architecte Claude Parent, inspiré par l’urbaniste et essayiste Paul Virilio, il ouvre sa première agence en 1970. Peu après, il est cofondateur du mouvement « Mars 1976 » qui a pour objet de lutter contre le corporatisme des architectes, puis du Syndicat de l’architecture. Ses prises de position engagées sur l’insertion de l’architecture dans le contexte urbain et l’originalité sans cesse renouvelée de ses projets dans le monde entier ont contribué à forger son image internationale.

« JE NE SUIS PAS UN DESIGNER MAIS UN ARCHITECTE QUI FAIT DU DESIGN» L’oeuvre de Jean Nouvel s’inscrit dans la tradition des architectes penseurs et concepteurs d’univers à toutes les échelles : Urbaniste, architecte, Jean Nouvel est aussi designer parce qu’il refuse les catégories.

UNE COLLECTION RICHE DE PRÈS DE 30 ANS DE CRÉATION L’activité de design a commencé en 1987 dans le cadre des « Cartes Blanches » du VIA avant de faire l’objet d’une entité à part entière avec la création de Jean Nouvel Design en1995.

Les premières éditions datent de 1991 avecle canapé Profils édité par Ligne Roset. Depuis, Jean Nouvel Design a développé plus d’une centaine de meubles et objets de toutes typologies pour une cinquantaine d’éditeurs français et internationaux, et qui ont fait l’objet d’une grande exposition au Musée des Arts décoratifs à Paris.

nées 1990 et plusieurs collections ont été développées en liaison avec ses réalisations architecturales.

DE NOMBREUX PROJETS RÉALISÉS On citera notamment la ligne Saint James pour l’hôtel Saint James à Bouliac (Ligne Roset), le fauteuil Elémentaires pour le Centre des Congrès de Tours (Arflex), le fauteuil de spectacle Lyon pour l’Opéra de Lyon (Figueras), la gamme Less Less pour la Fondation Cartier à Paris (Unifor), les canapés Vienna pour l’hôtel Sofitel de Vienne (Wittmann) et enfin le fauteuil de la Philharmonie de Paris (Figueras).

DES LIENS HISTORIQUES AVEC L’AGENCE D’ARCHITECTURE L’activité de design de Jean Nouvel s’est amplifiée dans les anGRAPHIK WORLD # 25 Juillet/ Août 2020

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a reconnaissance de son travail s’est traduite par de nombreux prix en France comme à l’étranger. L’Institut du monde arabe lui vaut en 1989 le Prix Aga-Khan. Il obtient en 2000 le Lion d’Or de la Biennale de Venise. En 2001, il reçoit trois des plus hautes distinctions internationales : la Royal Gold Medal du Royal Institute of British Architects (RIBA), le Praemium Imperiale de l’Association japonaise des Beaux-Arts et le prix Borromini pour le Centre de culture et des congrès de Lucerne. Il est nommé Docteur Honoris Causa du Royal College of Art de Londres en 2002. Trois ans plus tard, il reçoit en Israël le prix annuel de la Fondation Wolf pour « sa conception d’un nouveau modèle de contextualité et la redéfinition de la dialectique entre deux caractéristiques de l’architecture contemporaine : le concret et l’éphémère ». L’année suivante, pour la Tour Agbar de Barcelone, il reçoit à Francfort l’International Highrise Award en raison de « sa contribution exceptionnelle dans le débat sur la grande hauteur ». En 2008, il reçoit le prestigieux Pritzker Prize. En France, il a été distingué par de nombreuses récompenses dont la médaille d’or de l’Académie française d’architecture, deux Équerres d’argent et le Grand prix national de France pour l’architecture.

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Une équipe de choc Le schéma est d’une efficacité redoutable. Dans l’article «Being Jean Nouvel», publié dans la revue Abitare, une double page est consacrée à l’emploi du temps de l’architecte. Sur la page de droite, grâce à des cercles concentriques colorés (un jour, une semaine, un an) et à l’aide de petits avions indiquant le sens des déplacements, on comprend que le monde est un terrain de jeux pour Jean Nouvel. Sur la page de gauche, l’agenda de la semaine du 9 au 15 octobre 2011 est reproduit «fidèlement». Au premier coup d’œil, il semble que Nouvel n’ait pas une minute à lui: une journée à Paris, une à Bordeaux, deux à Washington, deux à Perpignan… Même les heures de taxi, de repas, de sommeil et de pétanque (!) sont indiquées. Certes, l’architecte passe le week-end à Saint-Paul de Vence, dans la maison familiale où il se ressource. Mais, là encore, tout est calculé: ce lieu a notamment été choisi parce qu’il se trouve près de l’aéroport de Nice, celui qui dessert le plus de destinations étrangères après Paris.

Visiblement, Jean Nouvel a besoin de cette organisation au cordeau. Cet architecte réclamé par les grands de ce monde est en train de faire sortir de terre le Louvre Abu Dhabi (livraison en 2015), le Musée national du Qatar, à Doha ou, encore, un projet d’extension pour le Musée d’art moderne de New York (MoMA). Il travaille sur la réhabilitation de l’île Seguin, à Bou-

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LE LOUVRE ABU DHABI

logne-Billancourt, est en compétition avec l’Américain Frank Ghery et l’Irakienne Zaha Hadid pour un musée contemporain à Pékin (National Art Museum of China), travaille encore sur un projet de gigantesque tour sur la place des Martyrs à Beyrouth. On lui doit, ou on lui devra, des musées, des salles de concerts, des tours, des hôtels, des bureaux, des projets d’État ou, comme à Lima ou au Brésil, des projets privés. Et l’on retiendra le grand et le spectaculaire.

Reconnaissable entre mille Or, à 67 ans, après quarante ans de carrière, il continue de revendiquer une implication personnelle dans chacun de ses dossiers, même les plus lointains. «Je délègue beaucoup de choses, mais ce que je fais, je ne le fais pas faire, résume-t-il.

Je ne travaille pas comme une agence américaine.» L’agence américaine? Bête noire, repoussoir, antimodèle de Nouvel, elle est censée produire à la chaîne le même bâtiment, inlassablement, grâce à des ordinateurs formatés. «Elles ont créé un style global, sans originalité, poursuit-il. Du coup, beaucoup de villes se ressemblent.»

Autour de lui, dans ses ateliers du XIe arrondissement de Paris, 130 personnes - dont un studio de création - dessinent, enquêtent, calculent pour lui. Il dit entretenir des relations de proximité, voire d’amitié, avec la plupart, sait se faire obéir, peut compter sur la disponibilité sans faille de la plupart -

Nouvel est une star -, et personne ne semble lui contester ce statut aux Ateliers.

Mais aux moments clés de chaque projet au long court, il se déplace, saute dans un avion si nécessaire. «Pendant cinq ans qu’ont duré les travaux du Musée du quai Branly, je l’ai vu au moins une fois par semaine, si ce n’est plus. Il n’a jamais lâché», témoigne Stéphane Martin, actuel président du musée, qui dit avoir développé une relation personnelle et amicale avec l’architecte.

Musée national du Qatar

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CAP MAIL

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Table « Mutante»

Table «Mutante Miroir»

«NOUVEL NE FAIT PAS UN OBJET EN 3D QU’IL POSE QUELQUE PART, IL S’ADAPTE JUSQU’AU CLIMAT»

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e temps étant un bien précieux, Nouvel a la réputation d’être cher, plus exactement, de se mettre en dehors des contingences matérielles. Avec lui, les factures ont tendance à s’envoler. «C’est l’apanage de tous ces grands projets», avance Laurent Bayle. Qu’importe, semblent dire ses clients, du moment que le résultat soit là. Mais, depuis quelques années, l’Europe est en crise et les États ne peuvent plus payer. Cela devrait durer dans les années qui viennent.

Pour l’instant, Nouvel est contraint de revoir le projet de réhabilitation de l’île Seguin, dont les espaces ont de la peine à être commercialisés. L’âge d’or des villes et des tours se fera en dehors de l’Europe, et l’architecte, dont l’agence a déjà fait faillite en 1993, sait qu’il doit chercher les grands contrats toujours plus loin, notamment au Moyen-Orient, en Chine ou au Brésil. «On ne choisit pas les endroits où l’on travaille, on va dans les pays qui bougent», constate-t-il, un peu fataliste.

Mais peut-on, ou même doit-on, œuvrer pour tout le monde?

«Un architecte construit pour un siècle, au moins. Je ne travaille pas pour des gens, mais pour des civilisations», arguet-il. La terre tourne et il faut bien s’adapter.

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