Résumé du projet "Les communautés à l'oeuvre"

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17e biennale internationale d’architecture Venise 2020

Les communautés à l’œuvre Communities at work

Les communautés à l’œuvre Communities at work

Proposition de Christophe Hutin Architecture en partenariat avec la société de production « Écrans du Monde », pour la présence française dans le pavillon national de la 17e biennale internationale d’architecture de Venise en 2020. Le thème choisi par Hashim Sarkis pour la 17e exposition internationale d’architecture de Venise est : « COMMENT VIVRONS-NOUS ENSEMBLE ? » Pour répondre à cette problématique nous souhaitons traiter de la façon dont les communautés habitantes agissent sur leur cadre de vie, sur leur quotidien. Si habiter est une action, les communautés habitantes semblent être les ressources les plus pertinentes pour transformer nos environnements construits, ainsi que pour établir un contrat spatial issu de démarches de « Bottom Up ». L’aspect performatif des usagers ouvre de nouvelles voies en terme d’architecture et d’urbanisme. Par la transformation des situations construites des XXe et XXIe siècles, des ensembles habités, un redémarrage heureux de ces derniers est envisageable. Nous souhaitons à travers cela, ancrer les contenus abordés dans la stratégie nationale pour l’architecture, en particulier l’axe stratégique B sur le plan théorique, et l’ensemble des axes définis dans le projet scénographique. Notre proposition est une mise en scène d’un regard optimiste et joyeux sur le monde. Elle exprime une envie de faire un pas de côté comme pour mieux observer une étoile. Ici, l’architecture pense et agit selon une philosophie joyeuse qui libère la vie. Face au gaspillage humain et matériel, nous proposons un changement de regard sur la vie qui existe déjà partout, et les moyens d’une stratégie fine, précise et délicate pour la sublimer. Nous allons proposer un certain nombre de documentaires sur les communautés habitantes à l’œuvre dans la transformation de leurs environnements quotidien, en France mais aussi à travers le monde. Des situations analogues, par effet miroir, nous renseignent sur les phénomènes à l’œuvre, par leurs écarts aux normes et à la standardisation du monde. Comment vivent-ils ensemble et quel contrat spatial engagent-ils ? L’enseignement tiré de ces différentes études de cas devrait nous éclairer d’un point de vue critique sur la façon dont nous vivrons ensemble.

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Christophe Hutin a construit sa démarche en architecture à travers une expérience à Soweto où les personnes construisent leurs habitats avec peu de moyens, mais avec une grande intelligence, une grande liberté et beaucoup de dignité. Cette expérience en prise avec le réel a permis de construire une approche théorique sur l’architecture du point de vue des habitants. La société « Écrans du monde » s’associe à ce projet, elle produit des films documentaires mais aussi des contenus muséographiques. Leur capacité par exemple à produire des séries documentaires ambitieuses ou des captations culturelles internationales pour Arte et France Télévisions, nous montre qu’ils seront en mesure de raconter la vie des communautés à travers le monde qui façonnent leurs habitats et leurs quartiers. Ce projet d’exposition est une proposition d’un voyage de l’esprit en architecture : à Johannesburg, à Bordeaux, à Détroit, à Hanoï, à Buenos Aires… et d’autres cas encore qu’il faut repérer, trouver comme autant de pépites nous éclairant sur la capacité du monde à se réinventer. Au plus près de ces situations habitées nous porterons un regard optimiste, il sera diffusé dans le pavillon à l’aide de moyens technologiques simples et immersifs. La production sera ainsi réalisée de la prise de vue jusqu’à sa diffusion dans une ligne claire, portée sur le plan théorique par l’équipe de Christophe Hutin architecture associée à deux chercheurs : Daniel Estevez et Tiphaine Abenia. La société civile ainsi que d’autres disciplines de façon transversale seront invités dans le cadre d’un programme culturel, avec des conférences et des évènements dans la salle centrale du pavillon mais aussi hors les murs avec des institutions culturelles partenaires avec qui la société Febus travaille déjà (opéras, compagnies artistiques…).

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— APPROCHE THÉORIQUE L’architecture du point de vue des gens qui y vivent L’architecture construit l’environnement quotidien des gens. Elle agit au-delà de ce qui est bâti car son but réel consiste à améliorer la qualité de vie des personnes, à créer les conditions d’expression des diversités, des désirs, des projets mais aussi à agencer des contradictions et des frictions. Une telle architecture des situations habitées travaille au plus près de l’environnement quotidien, elle l’améliore, l’augmente, le stimule, elle lui donne de l’ampleur et le sublime. Sublimer, c’est conférer une valeur nouvelle aux choses qui existent autour de nous. Déplacer la frontière qui sépare l’ordinaire de l’extraordinaire. En architecture une ligne infranchissable sépare souvent celui qui conçoit et celui qui habite. Ces deux points de vue ne convergent plus et c’est à l’architecte de décentrer son regard. Quand on adopte le point de vue de la personne qui habite, l’environnement quotidien est saturé de signifiant et de puissance. Toutes ces choses personnelles, autour de soi, sont engagées dans cette transformation permanente de soi-même. Les architectes du quotidien agissent sur ce milieu sensible et mouvant. Ils se décentrent, reconstituent des situations vécues, écoutent les personnes, partagent des événements, s’informent de la vie. Ils créent des outils de connaissance afin de proposer l’exception à tout le monde, à chaque situation.

Mots d’ordre visibles et récits invisibles Les systèmes de production de la ville contemporaine séparent les imaginaires, ils opposent les fictions préconçues de l’espace publicitaire, ses caractères formatés et ses récits marchandisés, aux fictions mythiques populaires construites par les gens, puisées dans leurs passés, leurs histoires de vie. Plus que jamais l’architecture peut aider à raconter la vie. Elle peut donner corps aux récits en les concrétisant par des actions situées. Interroger, écouter, relater, traduire, cartographier, sont des actes d’architecture qui restaurent les données invisibles de la ville.

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La richesse des architectures tient dans l’imaginaire qu’elles véhiculent. Dans les bars, dans les bureaux, sur les chantiers, dans les quartiers, les histoires de la vie quotidienne, les légendes des sites, les images projetées fabriquent les lieux plus sûrement que les dessins qui cherchent à en fixer les formes. Ce sont les matériaux invisibles d’une mythogénèse de l’architecture, elle fait naître les lieux à partir de l’imaginaire des gens. Pour raconter la vie, il faut des écritures et des approches multiples. Celles du témoignage, qui restitue le langage immédiat du vécu ; celles de l’analyse sociologique, qui rend le monde lisible en resituant les existences singulières dans une conceptualisation des formes sociales ; celles de l’enquête journalistique, fondée sur la curiosité d’un regard libre qui révèle des situations méconnues ; celles de l’enquête ethnographique, avec son attention au grain des choses et l’engagement de l’auteur ; celles de la littérature, qui apporte un supplément d’intelligibilité grâce aux ressorts de la mise en scène du récit et à la force de révélation de l’écriture ; celles de la poésie et de la chanson encore, qui rendent différemment présentes les choses de la vie par les effets d’un arrangement des sons et des mots. Multiples sont en effet les voies pour s’approprier le monde et dire la vérité des existences. Le verbe « raconter » rassemble commodément sous un même vocable toutes ces manières de connaître le monde. P. Rosanvallon, Le parlement des invisibles

La complexité et l’improvisation

1. Christopher Dell, La ville comme partition ouverte, Lars Müller Publishers, 2016

Affronter la complexité du monde actuel suppose peut-être d’abord d’en accepter les multiplicités. La diversité des contextes, des groupes, des personnes, montre une voie hétérodoxe en architecture. Il s’agit de se familiariser avec une pensée des systèmes ouverts et des dissensus productifs. Dans l’archipel des situations vécues, des lieux habités et des contrées à venir, les architectes doivent circuler d’île en île : «La pensée de l’errance conçoit la totalité, mais renonce volontiers à la prétention de la sommer ou de la posséder» écrivait Edouard Glissant. Ainsi les architectes de l’errance récusent la généralisation, la synthèse et la moyenne statistique mais travaillent au contraire, cas après cas, dans la spécificité de chaque situation d’action. L’architecture est un phénomène riche et puissant qui dépasse les interventions des seuls architectes, de multiples acteurs sont à l’oeuvre qu’il s’agit de reconnaître et d’engager dans les projets. « Vivre ensemble » ne veut pas dire vivre dans l’uniformité, nous souhaitons donc aborder ce thème en proposant une dimension critique, pour cela les évènements abordés dans le cadre du projet du pavillon nourriront un débat nécessaire à l’éclaircissement de ce postulat. Afin de lier la théorie et la pratique, notre projet utilise l’improvisation comme forme d’art. L’improvisation n’est pas le palliatif à l’échec, mais la reconnaissance de la mobilité dans la production d’espace relationnel. Dans la situation se trouve aussi la solution. Ce que l’on pensait être un sous-produit, l’improvisation, devient le produit principal du présent social. Ce faisant, l’improvisation doit être relue: comme une manière constructive de traiter le désordre en communauté. Un lien entre musique et architecture peut-être établie. Au cours du XXe siècle de nouvelles façons d’écrire la musique sont apparues avec le jazz et la musique contemporaine, selon le principe de la « partition ouverte »1. Comment écrire la musique avec l’émergence de bruits, d’éléments issus de la performance? La partition ouverte permet au compositeur de définir des éléments rythmiques ou mélodiques mais laisse la liberté à l’interprète qui devient musicien, artiste, d’en produire le résultat qui n’est pas préétabli dans l’écriture mais bien sujet à une performance. On peut parler ici de co-création entre une proposition préalable et une exécution performative ouverte, l’improvisation étant l’aboutissement de la liberté créatrice du musicien. On peut envisager ce principe de partition ouverte entre architectes et habitants dont la co-création serait les conditions d’un nouveau « contrat spatial ». Aujourd’hui, la frontière entre conception et réalisation doit être redéfinie. Le concepteur unique éclairant d’en haut l’exécution aveugle de l’ouvrage par des ouvriers déqualifiés sur le chantier, cette image n’est pas représentative des compétences réelles propres au métier d’architecte-concepteur contemporain. Au lieu de prescrire, s’accorder, au lieu d’ordonner, établir des conventions. Il s’agira de transformer la figure de l’architecte chef d’orchestre en musicien de jazz dans une « jam session ». —4—


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C’est le rôle du chantier collectif de contribuer à constituer de nouvelles situations conventionnelles en prenant pour appui des situations d’apprentissage, de formation professionnelle, d’éducation non formelle, mais aussi d’événements festifs! Le chantier collectif que nous proposons dans nos expériences didactiques intègre des outils de convention non prescriptifs, car il repose sur la négociation et la confiance dans les compétences externes, et permet d’intégrer les intervenants par le faire dans une visée de conception non formelle. Il s’agit selon nous d’un facteur d’invention et de mise au point de procédures conventionnelles contemporaines. En occident, face à la formalisation croissante des bonnes pratiques imposées qui semble conduire à l’appauvrissement des productions architecturales et à la désimplication des habitants, s’impose à nous la nécessité de repenser ces séparations fonctionnelles entre concevoir et réaliser. Un chantier intellectuel doit s’ouvrir, il l’est déjà. Les « démarches participatives » ne viennent-elles pas comme un palliatif au manque de démocratie dans les procédures d’aménagement et de production de nos espaces ?

L’énergie des gens est une ressource en architecture, aspect performatif

2. Gilles Deleuze, Felix Guattari, Qu’est ce que la philosophie, Les éditions de minuit, 1991 3. Herman Hertzberger, Leçons d’architecture, In Folio, 1991 4. Bruno Latour, Albena Yaneva, (2008), Give me a gun and I will make all buildings move in Explorations in architecture, Teaching, design, research [Geiser, Reto, 2008] 5. Herman Hertzberger, (2011), Making space and leaving space préface à University building in France, Nantes School of Architecture by Lacaton et Vassal, Ed. Holcim Foundation for Sustainable Construction, Switzerland

Les travaux envisagés ici relèvent d’une démarche de conception critique qui tente d’aborder l’architecture par les contenus, par l’intérieur, l’objet construit est au service de ce qu’il abrite : le vivant sous toutes ses formes. L’attitude renvoie à celle définie par Gilles Deleuze comme étant « précise et indéterminée »2. Il s’agit également d’explorer les notions « de compétences des structures, et de performances des habitants »3. La question éthique sous-jacente à ce travail est de savoir à qui sert l’architecture ? À ceux qui la produisent ou bien à ceux qui l’habitent ? L’approche que nous voulons mettre en place porte sur le besoin d’actualisation de la production aux aspirations contemporaines, sur les plans qualitatif et quantitatif. La nécessaire mise à jour des standards de production et donc de conception architecturale repose sur une hypothèse selon laquelle les objets de l’architecture sont vivants, ils se transforment, se modifient sans cesse dans leur constitution, leurs formes, leurs fonctions, et les usages qu’ils abritent varient selon les circonstances. Dans le domaine de l’architecture comme dans celui de l’urbain en général, de nombreux travaux s’attachent aujourd’hui à étudier les édifices non pas comme des objets achevés et inertes mais comme des processus évolutifs ininterrompus. Certains auteurs, à l’instar de Bruno Latour, insistent sur le fait que l’architecture est même par définition un véritable work in progress, une dynamique dont témoigne tous les actes de l’édification : diagnostics préalables, conception des projets, tâches de construction, mais aussi maintenance, usage d’habitation, transformation, réutilisation4. Par son travail théorique autant que par ses projets, l’architecte Herman Hertzberger proposait d’appréhender prioritairement l’architecture comme un ensemble instable de situations vécues. Il s’interroge : « ne serait-il pas mieux de regarder nos buildings moins comme des produits finis et davantage comme des processus en cours dans lesquels chaque situation finale peut représenter le début d’une nouvelle étape à l’intérieur d’une situation de devenir permanent ? »5. Cette approche engage un rapport au temps différent, dans lequel la conception n’aurait pas de début ni de fin, l’arrêt des processus mis en place aurait une dimension mortifère sur les lieux de vie sociale et individuelle qui est bannie. Nous allons nous attacher à prendre en compte l’aspect performatif de l’architecture. Le projet architectural serait ici l’irruption de mondes possibles par l’action sur notre cadre de vie, sur notre environnement qui met en mouvement les organisations humaines, et en propose une dynamique, puis une action qui tente d’élaborer un monde possible partagé avec tous, dans les lieux d’interventions. Enfin une fois les processus élaborés, ils peuvent alors perdurer par la pratique des habitants qui les prolongent, en devenant, par émancipation, acteurs de leur propre quotidien.

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Transformer son environnement en un milieu stimulant « Nous appelons quotidianisation ce processus d’aménagement matériel du monde incertain en milieu fréquentable »6 écrit le philosophe Bruce Bégout en décrivant le travail d’ajustement technique permanent des hommes à leur environnement. Sans doute peut-on considérer la quotidianisation comme un phénomène humain enraciné de longue date dans l’usage. Mais dans nos sociétés contemporaines cette construction matérielle et technique perpétuelle d’un environnement familier par les individus et les groupements humains que décrit Bruce Bégout (et qui relève en partie du concept d’autonomie issu de la pensée d’un John C. Turner ou d’un Yona Friedman) semble contrariée par certains modes d’équipement technique de notre cadre bâti occidental. De nombreux auteurs depuis Hassan Fathy7, ont tenté de montrer que l’écologie de la conception en occident a peu à espérer d’un suréquipement technologique des milieux humains et beaucoup à apprendre de la rationalité pratique et de la conception technique sous contrainte de moyens telle qu’on peut l’observer dans les zones urbaines critiques denses. En occident si l’environnement urbain se massifie, ce n’est pas par l’augmentation des intensités sociales mais par la multiplication des équipements automatisés. Or le dispositif automatique, qui constitue la principale évolution de nos milieux quotidiens contemporains, relève en réalité d’un assez bas degré de perfection technique comme l’a montré Gilbert Simondon. À partir de là, la quotidianisation, ce processus d’appropriation humaine des milieux de vie, ne concerne pas seulement l’environnement social mais aussi l’environnement technique, digital, propre aux contextes urbains contemporains. Autrement dit c’est aussi une certaine technicité ouverte propre à notre environnement immédiat, qui peut favoriser l’agir humain. La question paradoxale que nous pouvons poser à partir des analyses de Simondon est de savoir si ce n’est donc pas en définitive d’un manque de technicité dont souffrent l’architecture et la ville aujourd’hui : « La machine qui est douée d’une haute technicité est une machine ouverte, et l’ensemble des machines ouvertes suppose l’homme comme acteur permanent, comme interprète actif [...] »8. La technique est une connaissance humaine et un savoir culturel, l’architecte la nomme « tekne » : s’y connaître dans le fait de faire. A partir de cette définition, la notion de quotidianisation de nos environnements peut être étendue dans sa compréhension. Elle s’insère dans un processus technique-culturel, et elle est d’autant plus efficiente que le milieu auquel elle s’applique possède un haut degré de technicité active. Pour étudier ces processus de quotidianisation technico-culturelle et leurs conséquences urbaines il faut alors explorer les savoir-faire, les savoirs de métier, les savoirs pratiques, les savoirs tactiques et tout ce que l’on peut appeler les « savoirs non formels habitants ». 6. BÉGOUT Bruce, (2010), La découverte du quotidien, Éditions Allia, Paris, p.225 7. FATHY Hassan, (1970), Construire avec le peuple, Éd. érôme Martineau, Paris. 8. Gilbert SIMONDON, Mode d’existence des objets techniques, p.12 9. Frédéric DRUOT , Anne LACATON , Jean-Philippe VASSAL, (2007) Plus - Les grands ensemble de logements - Territoire d’exception, Gustavo Gili (GG) 10. Françoise CHOAY, (2006), Le De re aedificatoria et l’institutionnalisation de la société. Patrimoine : quel enjeu de société ?, Publications de l’Université de Saint-Étienne

Le plus simplement du monde Sur le plan urbain et environnemental, la question de la relation au milieu est présente au départ de chacune de nos expériences. Comment peut-on par exemple surseoir aux opérations démolitions systématiques de logements partout dans le monde ? Les expériences déjà menées localement sur ce thème9, peuvent-elles être étendues à d’autres contextes ? Quelles appropriations novatrices peut-on projeter pour les immeubles collectifs en crise ? Ces questions entraînent chaque architecte vers la nécessité de s’informer précisément des contextes locaux à partir de sources diverses et contradictoires, de questionner les évidences réglementaires, de connaître et d’organiser les usages contemporains du territoire ici et maintenant. La possibilité d’apprendre de ce qui existe déjà suppose l’acquisition d’une conscience précise de la notion d’économie de moyens en architecture.10 Projet par transformation, actions de transfiguration de l’environnement ordianire, architecture hautement économique et située, nous devons redécouvrir le fait que la construction vernaculaire, depuis des temps immémoriaux, consiste d’abord en une efficience des moyens. Elle est simple mais puissante.

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Comment la simplicité de l’architecture permet-elle de faire naître une poétique des usages ? Et dans cette idée, le principe vitruvien de robustesse ne doit-il pas être re-questionné ? Construire signifie alors instituer. Il s’agit de créer et soutenir des processus sociaux, humains, vivants. Pour cela, nous devons imaginer les conditions architecturales d’une généralisation de la logique de ré-emploi, la logique de transfiguration. Cette logique concerne la production des situations, des édifices, de la ville. Elle s’appuie aussi sur une simplification des techniques, un nouveau lien entre habiter et construire. Des édifices plus simples, plus clairs, plus lisibles, plus familiers, plus réparables, plus présents. Voici donc que l’on replace au centre de l’architecture une question complexe, celle des rapports entre solidité et temps11.

L’observation est une action Dans les contextes informels de haute densité urbaine, comme dans toutes les villes, chaque terrain d’étude des processus urbains spontanés se présente comme un environnement en mouvement dont on doit épouser les mobilités. Ces mouvements ont une mécanique particulière. Ils répondent à toute une structure d’intensités institutionnelles qui prennent des formes instables et pourtant bien réelles. Institutions spontanées, dynamiques d’usage, structure des processus de construction locale, ressources d’entre aide quotidienne, savoirs cachés, ressources invisibles, toutes ces données semblent constituer les vraies forces génératrice de la ville informelle. Comme le soulignent nos expériences interculturelles dans les quartiers informels d’Afrique du Sud ou dans les zones rurales françaises, les institutions contextuelles constituent l’un des moteurs invisibles de la croissance de la ville : orphelinats, crèches, lieux de cultes, maisons pour la jeunesse mais aussi manifestations culturelles, groupes d’entraide, jardins ouverts, etc. Elles en forment un patrimoine socio-spatial fondamental. Pour nous, c’est le degré de précision de nos observations qui, à lui seul, permet de dégager ces éléments du terrain d’étude et de les soutenir. Ces institutions sont actives et productives, il suffit bien souvent de les indexer et de les rendre visible pour atteindre par ce seul fait une véritable action de transformation urbaine conséquente sans planification. 11. Françoise CHOAY, (2006), Le De re aedificatoria et l’institutionnalisation de la société. Patrimoine : quel enjeu de société ?, Publications de l’Université de Saint-Étienne 12. Daniel ESTEVEZ (2012) Aéroports. Représentations et expérimentations en architecture, L’Harmattan, Paris 13. MORIN André, (1992) L’évolution de la recherche en technologie éducative, in La technologie éducative, d’hier à demain, CIPTE, Télé-université, Sainte-Foy 14. KARLSEN J.I., (1991) Action research as method: reflections from a program for developmennt methods and competence in Participatory Action Research, WHYTE, W.F., Sage Publications, Newbury Park 15. DIONNE Caroline, (2013), L’architecture incrémentaliste au service du savoir-vivre, in Tracés, revue septembre 2013

Mille chantiers pour un archipel d’architectures Dans la compréhension et l’analyse des processus de quotidianisation productive, nous pensons que l’agir collectif peut être mobilisé en tant qu’outil de la recherche. L’événement social du chantier12 notamment, comme moment d’intensité et de partage, fournit souvent l’occasion de faire émerger aussi bien des données sociales tacites que des principes techniques opérationnels provenant du contexte. En ce sens on peut considérer que nos chantiers relèvent d’une approche de type recherche-action. Le terme de recherche-action désigne une méthodologie d’étude visant une action stratégique et requérant une participation des acteurs de la recherche13. Jan Irgens Karlsen14 l’a identifié à une forme de création de savoirs dans laquelle les relations entre théorie et pratique et entre recherche et action sont significativement étroites. Les démarches de recherche impliquantes de type recherche-action, semblent pouvoir trouver une pertinence particulière dans le domaine de l’architecture non formelle (projet, conception, création), où les approches plus analytiques de modélisation systémique n’apportent pas toujours les résultats escomptés. Nos chantiers de recherche renouent avec une réalité sociale vernaculaire qui est celle de l’implication de l’usager dans la fabrique de la ville. Cette réalité n’est pas un phénomène nouveau, mais plutôt, comme l’a écrit la chercheuse Caroline Dionne : « une tradition de l’urbanité même, ancrée dans notre histoire collective et qui, depuis plus de 50 ans, cherche à refaire surface.15 » Parallèlement, la place de la délibération collective et donc des pratiques de démocraties actives ne sont pas étrangères non plus à nos démarches de travail sur l’intensité urbaine. C’est l’une des motivations de l’usage du chantier collectif dans un travail de recherche. Cette attitude répond à une volonté de problématisation, dans ces contextes de ville dense spontanée, de la notion d’auteur individuel et de conception savante en architecture. Elle peut également être rapprochée de certaines intentions exprimées dans leurs travaux par un nombre croissant d’architectes contemporains. —7—


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Explicitement ou non, ces concepteurs hétérodoxes adoptent une orientation défendue en son temps par Lucien et Simone Kroll : « Nos pratiques expriment une politique de démocratie et d’écologie : on s’arrête de juxtaposer des objets sans liens, on mêle des auteurs, compatibles ou non, sans jamais les réduire à un seul auteur collectif dans un groupe pyramidal ! Les différentes interventions personnelles restent perceptibles et même contradictoires, mais s’harmonisent dans une mosaïque coordonnée16 ».

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— PROJET SCÉNOGRAPHIQUE Il nous semble important de rechercher dans notre proposition une grande efficacité sur les dispositifs et les contenus, compte tenu des délais de production de l’exposition. La présentation des travaux repose sur des multiprojections vidéo et proposera des situations d’immersion spatiale aux spectateurs à l’intérieur des trois salles latérales du pavillon. Nous allons présenter de façon documentaire les différents cas listés ci-dessous, pour cela la société « Écrans du monde » apportera tout son savoir faire dans ce domaine. Elle assurera tant la production audiovisuelle que l’installation technique de la scénographique du pavillon. Les cas étudiés illustrent à travers le monde la capacité des communautés habitantes à transformer leurs environnements quotidiens, dans chaque lieu, chaque ensemble, les habitants s’organisent, s’émancipent et se mettent au travail. Les films produits raconteront ces processus à travers la vie de personnes qui en assurent le leadership. Cette exposition est une proposition d’un voyage de l’esprit en architecture : à Johannesburg, à Bordeaux, à Détroit, à Hanoï, à Buenos Aires… Il ne s’agit pas de porter un regard autocentré sur le monde mais plutôt de convoquer le monde à soi, d’accueillir les informations et les connaissances qu’il porte en lui. L’objectif est de supprimer les filtres, ou tout point de vue d’expert afin de positionner le public de l’exposition en relation directe avec des situations singulières d’habitat dans le monde, avec ses habitants. « La minorité c’est tout le monde » Gilles Deleuze. Ces multi projections vidéo présentent des documents non coordonnés dont les interactions ne sont pas programmées, il s’agit d’un principe de représentations simultanées qui renvoie à la singularité de l’expérience perceptive de chaque spectateur au moment de sa visite. Chaque visite est unique et la multiplicité des documents projetés dans chaque salle doit stimuler l’interprétation active de chaque spectateur. Cette fragmentation critique des représentations vise à produire un « dissensus perceptif » selon les termes de Jacques Rancière. Ici ce sont les conflits, les collisions et les dissociations qui opèrent. Nous proposons de circuler de projections en projections, comme de mondes en mondes, sans chemin préétabli, sans ressemblance prévue. Le spectateur construit les liens, produit le sens, fabrique les connaissances. L’exposition ne vise pas à transmettre mais à construire. Les significations doivent être établies par celui qui regarde. Il s’agit de mettre en œuvre dans la scénographie même de l’exposition le principe d’émancipation dont se revendiquent les expériences relatées dans les documents vidéographiques et photographiques. L’intervention sur le pavillon sera minimale, les verrières des salles de projection seront occultées, les projections seront mises en œuvre selon une technique de mapping vidéo qui utilise les particularités surfacique du lieu. L’intervention sur le pavillon sera minimale, les verrières des salles de projection seront occultées, les projections de grande envergure utiliseront les particularités surfacique du lieu. Ainsi l’intervention sur le pavillon sera réduite à son minimum. L’espace central sera renommé « le Tout-Monde », il permettra d’accueillir la partie événementielle, il restera éclairé naturellement, on y trouvera les contenus textes, interviews, productions théoriques sur les études de cas. On y trouvera des accrochages ainsi que des écrans. Les projections dans les salles latérales seront perceptible depuis l’espace central, les portes de ces salles apparaitront comme des fenêtres ouvertes sur le monde. On pourra s’approcher et rentrer dans les salles pour visiter ces mondes multiples.

16. KROLL Lucien, (2011), De L’architecture action comme processus vivant in Revue inter : arts actuels. p. 13

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Config. 1 et 2 1/ Mobilier seul avec l'ensemble des projections / affiches / écrans 2/ Personnes déambulation expositions / projections

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Config. 3 Table ronde , personnes dans la partie centrale ,

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LES ÉTUDES DE CAS — Transformation des bâtiments G, H et I du Grand Parc à Bordeaux — Ce projet réalisé par l’équipe : Anne Lacaton et Jean Philippe Vassal (architectes mandataires), Frédéric Druot et Christophe Hutin (architectes associés), a reçu récemment le prix de l’UE, le prix MIES VAN DER ROHE. Le projet G H I concerne la transformation de 3 immeubles de logements sociaux en site occupé dans la Cité du Grand Parc à Bordeaux. Les trois immeubles G, H et I de 10 et 15 niveaux regroupent 530 logements, ils possèdent des capacités de transformation. L’ajout de jardins d’hiver et de balcons en extension offre à chaque logement le bénéfice de plus de lumière plus de fluidité de confort et de vue. Depuis l’intérieur la vue sur Bordeaux est panoramique et unique. C’est une situation d’habiter exceptionnelle. L’économie générale du projet s’appuie sur le choix de conserver au maximum le bâtiment existant. Cette démarche économique permet de concentrer l’effort sur des extensions généreuses permettant de revaloriser significativement et durablement la qualité et la dimension des logements. Ces extensions agrandissent l’espace d’usage et d’évolution du logement et offrent la possibilité, comme dans une maison, de vivre à l’extérieur tout en étant chez soi. Les appartements ainsi prolongés par des larges jardins d’hiver et des balcons offrent des espaces extérieurs agréables et suffisamment généreux pour être réellement utilisables. Philippe Ruault documente depuis le démarrage du projet le quotidien des habitants des trois immeubles. Son travail fondé sur une permanence, documente chaque logement, depuis son état initial, en passant par le process de transformation et enfin l’appropriation par les habitants. Ce travail photographique sera montré non pas comme une illustration d’un propos d’un architecte mais bien pour sa valeur documentaire sur la transformation du quotidien des habitants.

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— Johannesburg, Soweto, Kliptown, les interventions de l’atelier Learning From — Les ateliers Learning from interviennent à l’international et proposent de fonder les échanges interculturels sur la réciprocité et la capacité de chaque contexte à nous apprendre la singularité de toute architecture. L’atelier Learning From (Christophe Hutin et Daniel Estevez) enseigne la conception par l’action en architecture. Il aborde le projet d’architecture dans des contextes populaires internationaux. Il soutient la collaboration interculturelle et l’hétérogénéité dans la production de la ville contemporaine. Ici, apprendre et faire sont deux versants d’une même attitude de concepteur où l’architecte, voyageur de l’esprit, est un praticien réflexif. Nos découvertes et nos expériences nous construisent. Dans la logique de l’enseignement d’émancipation, l’atelier Learning From affirme que ce qui est fait se discute, se partage, se pense. Le fait est la chose commune qui place toutes les intelligences à égalité. L’architecture, comme la ville, est faite par constellation, non par planification, et dans cette production sociale tout le monde est bienvenu. Les maîtres sont ignorants et les situations réelles de la société deviennent des institutions éduquantes. L’attention au « déjà-là » est présente au départ de chaque projet. Elle entraîne les étudiants vers la nécessité de s’informer du monde par l’observation, la relation et l’expérience. L’ensemble des ateliers, workshops « Learning from » ont été documentés par des films qui seront présentés dans le dispositif multi écran. Ce travail permet d’engager une réflexion, un débat sur le rôle et l’implication de l’architecture face à des questions sociétales. L’expérimentation engagée sur ce thème se fait au travers de l’enseignement. Notre proposition a pour but de créer un débat sur la question de l’enseignement de l’architecture en France dans le cadre du programme du pavillon. Il s’agira de solliciter les enseignants proposant des formes d’éducation nouvelles, non académiques, appliquées à l’architecture. Pour cela les écoles d’architectures françaises seront sollicitées dans le cadre d’un partenariat.

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— La cité de transit de Beutre, Mérignac — Deux cités d’urgence ont été construites à Beutre en 1968 et 1970, pour loger des rapatriés, des « travailleurs migrants» et accueillir des habitants que la rénovation urbaine excluait du centre de Bordeaux. De provisoires et rudimentaires, les cités sont devenues pérennes. Pour y vivre, pour y survivre aussi, les locataires ont passé outre leur statut d’occupants précaires et pris en charge l’amélioration de leurs conditions de vie. Du revêtement des sols livrés nus à leur arrivée, à divers travaux d’amélioration et d’extension, ils ont entretenu, embelli et construit leur habitat. Ils ont créé des jardins potagers et les ont étendus, au-delà des espaces qui leur étaient destinés. En près de cinquante ans d’installation, ils ont transformé la précarité et la relégation dont ils étaient l’objet, en capacité à agir sur leur lieu de vie qui force le respect (100 % des logements sont occupés, 76 % le sont depuis plus de vingt ans, aucune rotation depuis dix ans et très peu d’impayés). Le bailleur social Aquitanis, a bien conscience de la situation. Et plutôt que de répondre à l’apparente vétusté du patrimoine par une classique opération de démolition reconstruction, il a proposé qu’une solution soit recherchée dans l’écoute des habitants et leur participation à la définition d’un projet qui les concernerait en premier lieu, mais pourrait aussi impulser la transformation de l’ensemble du quartier. Le bailleur s’inscrit en cela dans une démarche innovante initiée il y plusieurs années, pour laquelle « faire projet urbain et social doit très concrètement intégrer la compétence habitante, porter le souci de cultiver ensemble la nature urbaine et concrétiser la capacité à co-concevoir un habitat essentiel ». Le projet social et urbain de Beutre, qui mêle rénovation de l’habitat, participation des habitants, capacités naturelles du site et objectifs de densification, est l’occasion d’expérimenter un concept de Cité-Jardin Permaculturelle pouvant essaimer sur la Métropole et au-delà. Par le prisme du développement d’une économie agricole locale et du paysage comestible, l’urbanisme s’appuie sur les capacités naturelles existantes et la valorisation de la terre pour rechercher une économie de moyens. En ajoutant de la valeur à ce que les habitants ont déjà réalisé, en réfléchissant au potentiel agroécologique du site, il est possible de penser rénovation de chaque logement et contribution au vivre ensemble.

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— Extensions vernaculaires des immeubles de logements KTT à Hanoi — Après l’indépendance du Vietnam, l’état collectiviste s’engage à partir de 1954 à résoudre la crise du logement avec la planification urbaine de quartier d’habitation collective, les KTT, « Khu Tập Thể ». Au fil du temps, des travaux d’extensions provenant d’initiatives individuelles ou familiales, ont été réalisés au cas par cas pour répondre aux évolutions des besoins quotidiens. Principalement, il s’agit d’extensions prenant des dimensions différentes, réalisées avec des matériaux divers et légers, traitées comme un mobilier intérieur. Avec les premières réformes économiques libérales «Doi Moi » des années 1980, qui opèrent un transfert de compétence initialement détenue par l’État vers le privé, certains immeubles sont devenus des copropriétés. Le protocole de coopération intitulé « Etat-Peuple» a engagé une légalisation de l’habitat informel et de l’autoproduction, finalement abandonné en 2000. L’analyse de l’augmentation des bâtiments KTT par les habitants à Hanoï permet, sous un angle transversal (technique, thermique, architectural, urbain) de comprendre que la prise en compte du pouvoir d’agir des habitants peut-être opérationnel dans un projet de transformation.

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— South West Detroit, la résilience à l’œuvre — Un projet d’échange culturel franco-américain avec l’architecte Christophe Hutin a eu lieu du 21 au 26 Octobre 2013 à Détroit. Un projet a été réalisé à l’angle des rues Avis et Elsmere dans le quartier de South West (dit Springwell) en collaboration avec l’équipe du Design Collaborative Center, les étudiants et les habitants du quartier. Ce projet a été soutenu par le service culturel du consulat de France à Chicago ainsi que l’Institut Français. Le terrain présente quelques particularités, notamment la présence d’un bâtiment aujourd’hui démoli, le club des vétérans de la guerre du Vietnam, dont reste la trace des mûrs en bas relief. Une partie du terrain est composé de dallage en ciment. Sous ces dallages un tuyau d’eau de la ville est endommagé, une résurgence génère une rétention d’eau importante. De nombreuses plantes s’y sont développées, plantes de milieu humide, mais aussi une végétation spontanée dans les fissures du sol, les trous et les parties en terre. Une réunion avec les habitants a permis de définir sur la base de leurs désirs, de leurs besoins et de leurs récits, des objectifs : un jardin, de l’ombrage, des enfants qui jouent, un lieu de réunion publique… Les plantes sur le site sont appelées « mauvaises herbes », elles sont pourtant le témoin d’une biodiversité remarquable. Un inventaire précis des plantes permet de les identifier, de les nommer, d’en reconnaître la valeur. Il s’agit d’un jardin botanique « ready made ». Des étiquettes vont être posés afin de nommer les plantes, les utilisateurs, les passants pourront apprendre alors quelque chose en lien avec la nature. Il s’agit de reconnaître la valeur des choses qui nous entourent, de transformer notre regard. Sacramento Knoxx qui documente le projet en vidéo est d’origine indienne de la tribu des « ojibwés », cette intervention l’interpelle. Les indiens depuis toujours ont su vivre en relation avec la nature, ils auraient beaucoup à nous apprendre sur nos modes de vie et la façon dont nous planifions nos villes. J’ai fait le rêve que les indiens venaient sauver Détroit…

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— El Elephante Blanco, Buenos Aires — Jusqu’au xxe siècle, l’hôpital revêt une fonction sociale et idéologique : il est le refuge du pauvre, du marginal, du vieux et du fou. Cette mission première s’étiolera à mesure que l’institution hospitalière ouvrira ses portes à une population plus large (moins marginalisée, plus fortunée) et où la médicalisation du patient prendra le pas sur l’hébergement de ce dernier. La dimension humaine de l’institution est alors rattrapée par des impératifs rationnels conduisant à une technicisation de la relation hôpital-patient. La valeur d’hospitalité fait place à l’exigence de soigner et – potentiellement – de guérir. Ce rapport entre institution hospitalière et société doit être triangulé par l’introduction des caractères architecturaux propres à ce nouvel hôpital. L’architecture hospitalière n’est, en effet, pas le réceptacle passif d’avancées médicales et technologiques (Adams, 2008), elle en est aussi un moteur de développement. Que devient cette architecture singulière, monofonctionnelle, lorsque le projet hospitalier qui l’a portée vacille ? L’étude propose d’étudier la compétence interprétative (Hertzberger, 2010 ; 2015) de l’hôpital moderne, à partir d’une étude de cas réalisée au sein d’un hôpital inachevé de Buenos Aires (Argentine), partiellement réinvesti, depuis plus de vingt ans, par près de cent familles. Surnommé El Elefante Blanco, l’édifice est un vestige de l’architecture hospitalière monobloc. Par quelles opérations habitantes l’habiter au sein de ce paradigme fonctionnaliste de la modernité a-t-il été rendu possible ? À quelles formes nouvelles d’hospitalité cette appropriation spatiale ouvre-t-elle ?

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— PRODUCTION AUDIOVISUELLE ET PROGRAMMATION L’invitation au voyage est au cœur de la proposition. Les 3 salles du Pavillon s’envisagent comme autant d’ouvertures vers d’autres possibles. L’installation audiovisuelle de diffusion immerge le visiteur dans un rapport à échelle 1. Ce rapport à l’autre dicte la réalisation des vidéos diffusées et nous engage à pénétrer dans chaque espace comme à travers une fenêtre ouverte. Le regard n’utilise aucun artifice perceptible de mise en scène. Par le choix des cadrages et des angles de prises de vues, il témoigne à égale distance des six expériences architecturales développées en études de cas. Le traitement et la mise en image est simple, épuré, homogène (plans fixes et travelling lents avançant dans l’image). L’économie des mouvements et des plans est au service de l’immersion du visiteur. La scénographie propose de générer ainsi plusieurs configurations distinctes, notamment en terme d’évènementiel et en terme de production audiovisuelle. Les spectateurs et acteurs pourront trouver des assises modulables qui leur offriront la possibilité d’assister à un événement du programme en direct, où visionner les captations passées. Le projet proposera un festival de 6 semaines avec une programmation structurée autour des grands thèmes abordés. Des personnalités hommes et femmes issues de la société civile (habitants à l’œuvre), du monde scientifique, intellectuel, artistique et politique constitueront des plateaux pour un grand débat. Les jours qui précèdent et qui suivent le débat les intervenants donneront des conférences et se produiront au sein du pavillon contribuant ainsi à la production des contenus de l’exposition pensée comme un véritable « work in progress ». Un chef cuisinier sera associé au pavillon afin de proposer également une expérience gustative en lien avec la démarche du pavillon. Tout comme l’improvisation musicale, la conception architecturale est davantage un mouvement en cours qu’un état statique définitif. Elle se rapproche du dialogue « avec ce que je fais au moment où je le fais » comme l’écrivait l’artiste Richard Serra ou bien encore de cette « conversation permanente avec la situation » que décrivait le chercheur Donald Schön. Anticiper, interpréter, bondir, rechercher l’attention extrême et l’action pertinente, travail attentif et fulgurance du jeu, voilà l’architecture. Notre proposition consiste à montrer cette architecture à l’oeuvre, dans sa réalité temporelle, appliquée à la situation du pavillon sur la durée de la biennale. Cette proposition concerne la salle centrale du pavillon. Nous souhaitons que le pavillon soit un lieu d’étude, d’expérience et d’accueil. L’architecture ouverte doit être accueillante, et l’accueil est une action qui se déploie entre intérieur et extérieur, un processus qui déplace cette ligne de séparation. Dans cette action d’accueil chacun doit ressentir de la bienveillance et du confort, du plaisir et du jeu, des occasions, du bien-être. S’installer, s’asseoir, prendre possession du pavillon, prendre part aux événements qui s’y dérouleront en accord avec le degré d’implication désiré par chacun, voilà le point de départ de l’accueil. Le pavillon doit être porteur d’aménité et de délicatesse, les qualités indispensables du quotidien. Ce que nous visons c’est créer des conditions matérielles et humaines favorables à la rencontre des autres, élever les capacités de ce lieu à produire des échanges de connaissance, il s’agira de construire un climat de vie actif pendant toute la durée d’activité du pavillon. Nous souhaitons au travers d’un programme d’évènements éclairer des situations ou des projets de la société civile.

Une démarche originale, créative, moderne L’accès aux films et aux médias emprunte actuellement un chemin de liberté dans ses modes de consommation, notamment auprès des jeunes qui composent leur « vidéothèque » au gré de leurs centres d’intérêts et partages de connaissances. La création de contenus audiovisuels doit désormais se penser de façon décloisonnée, libre et accessible. Le projet porté par Christophe Hutin Architecture a ainsi retenu toute l’attention d’Écrans du Monde car nous y avons perçu un vecteur de création audiovisuelle puissant en capacité d’intéresser à la fois les visiteurs de la Biennale mais plus largement un public distant sensible aux questions qu’elle soulève. — 23 —


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La thématique des « communautés à l’œuvre » s’incarnant très concrètement dans le projet du pavillon français, nous souhaitons lui apporter une ouverture à la fois dans le temps et dans l’espace grâce à la création audiovisuelle.

Un projet de médiation « multicanal » Les lieux : 1 — Le Pavillon français à travers une scénographie immersive 2 — Internet avec la création d’un site dédié et de comptes Facebook & Twitter associés 3 — Les médias avec la production documentaire/magazine TV & radio

Les temps : 1 — L’avant biennale avec des contenus courts, ciblés, annonçant les études de cas. Ces vidéos viennent nourrir à la fois le dispositif scénographique mais également la plateforme digitale Web et les réseaux sociaux. 2 — Le cœur de l’évènement, avec tout au long de la biennale, la captation des rencontres, débats, échanges et performances artistiques. Ces contenus sont accessibles via le web et les réseaux sociaux. Ils incrémentent également le dispositif scénographique du Pavillon français. 3 — L’après évènement, avec une restitution scénographique audiovisuelle des évènements au sein du Pavillon sur les mois de septembre à novembre. L’ensemble des contenus sera également accessible sur la plateforme web-digitale

Un projet de production documentaire Parallèlement aux contenus digitaux et scénographiques de la biennale, nous souhaitons produire une série documentaire TV de 6 x 26 minutes en lien avec les « études de cas » développé dans le projet d’exposition. Cette série documentaire sera proposée aux chaines de télévision françaises et internationales. Notre expérience en production & distribution audiovisuelle nous invite naturellement à soumettre cette série à Arte dans le cadre d’une diffusion thématique. D’autres diffuseurs comme France Télévisions seront également approchés au niveau national. Notre filiale de distribution de films, GAD Distribution sera quant à elle chargée des recherches de diffusions internationales.

Une programmation de diffusion documentaire lors du festival Nous souhaitons associer aux débats et rencontres thématiques du festival une programmation de diffusion documentaire. Pour ce faire nous solliciterons la Cité de l’Architecture afin d’étudier les ressources disponibles pour une programmation thématique éclectique et de qualité. Aussi, le centre d’architecture bordelais Arc en Rêve, qui s’associe à notre réponse via la figure de son directeur artistique Michel Jacques pourra apporter sa pierre à l’édifice. Crée en 1981 le centre mène des actions de sensibilisation culturelle dans les domaines de l’architecture, de la ville, du paysage et du design, avec un rôle de médiation pour la promotion de la qualité du cadre de vie. Le centre d’architecture Arc en Rêve sera donc prêt à nous accompagner sur la programmation des études de cas avec l’ambition qui est la leur depuis le départ : faire émerger le désir d’architecture, inviter à la création et ouvrir le regard sur le monde en mutation.

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Une programmation artistique en résonnance Dans le cadre de ce dispositif, nous organiserons des spectacles vivants pour illustrer le contenu théorique. Nous envisageons de produire des évènements culturels au travers des partenariats entre des institutions culturelles françaises et vénitiennes qui pourront donner lieu à des captations réalisées par notre société de production qui a acquis depuis 25 ans une solide expérience à travers des partenariats avec le London Symphony Orchestra, l’Orchestre National du Capitole de Toulouse, les festivals Sonar de Barcelone et Jazz à Vienne ou encore avec le Bolchoï à Moscou, l’Opéra Comique de Paris et le Gran Teatre del Liceu à Barcelone. En journée, pendant les débats, des happenings culturels permettront de faire de courtes pauses ou d’enrichir le contenu. En parallèle de ces débats nous pourrons réaliser de courtes pastilles vidéos d’entretien entre deux philosophes ou écrivains ou artistes ayant participé à une conférence thématique qui seront ensuite diffusées sur Youtube ou Facebook pour faire vivre l’évènement au-delà de la Biennale. En soirée, il s’agira de concerts classiques, de sets electro, de jazz session ou de performances chorégraphiques.

La plateforme digitale – focus À la fois ressource et objet de médiation par elle-même, la plateforme digitale est conçue de façon à suivre la programmation de la biennale. Sa conception formelle prendra l’aspect d’un plan de masse avec différents niveaux d’échelle et de lecture. Si la totalité du site est visible depuis le 1er jour de la mise en ligne, l’internaute est invité à accéder aux contenus disponibles grâce à la mise en surbrillance de certaines parties du plan. Ainsi des « espaces » seront accessibles au fur et à mesure de l’avancement de la biennale et de la programmation. Les débats filmés, les performances artistiques, les contenus audiovisuels et digitaux sont ainsi mis en scène et distillés dans le temps plutôt qu’organisés de façon linéaire ou simplement implémentaire. L’idée est d’être en phase avec l’aspect « work in progress » du projet et permettre à l’internaute de vivre une expérience temporelle fidèle à ce que serait sa visite sur site. A terme et après évènement, la plateforme digitale reste ouverte aux ajouts et création de nouveaux espaces. Ainsi nous imaginons poursuivre la création du plan au gré des possibles expositions itinérantes qui feront suite à la Biennale de Venise.

Cohérence budgétaire En tant que producteurs nous sommes souvent à l’initiative des films. La recherche de diffuseurs et de financement est un prérequis pour chaque projet. Dans le cadre de la réponse portée par Christophe Hutin, nous associons une démarche de production et de diffusion indispensable à la concrétisation du concept et de ses ambitions. Nous sommes convaincus de l’intérêt d’une ou plusieurs chaines auprès de la série documentaire ainsi que des captations de concerts et performances artistiques. Ces dernières trouveront sans doute une diffusion média via Arte Creative ou Arte live web. Les ventes de la série documentaire et des captations nous permettront de mutualiser la création des contenus audiovisuels scénographiques et digitaux. Nous accéderons ainsi à une production riche et transmédia de façon totalement financée. À ce titre, nous indiquons dans le budget détaillé les apports de production lié à ces ventes et qui ne rentrent donc pas dans la dotation initiale de l’Institut Français.

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Christophe Hutin Christophe Hutin est architecte et enseignant-chercheur titulaire à l’École Nationale Supérieure d’Architecture de Bordeaux. Diplômé en 2003, il a étudié pendant plusieurs mois et documenté les townships et les squatters camps à Soweto près de Johannesburg. Cette expérience a donné lieu à la publication de l’ouvrage « L’enseignement de Soweto, Construire librement « aux Éditions Acte Sud, co-écrit avec Patrice Goulet. À partir de là il a développé une expertise reconnue sur les questions de logements en Afrique du Sud qui l’a amené notamment à concevoir et organiser depuis 2008 les événements annuels EUNIC international architecture studio soutenus par les instituts culturels européens d’Afique du Sud à Johannesburg. Il s’agit d’ateliers de travail et d’échange entre architectes, habitants, enseignants et étudiants sur les questions de développement urbain contemporain en site critique (habitat informel, squat, etc.) Spécialisé en architecture durable fondée sur l’économie de la construction, il a réalisé de nombreux projets dans le domaine du logement mais aussi des équipements publics culturels. Plusieurs réalisations témoignent de cette recherche menée notamment en collaboration avec les architectes Lacaton et Vassal (étude urbaine des 50 000 logements, projet de transformation des immeubles G,H,I au grand parc à Bordeaux). Christophe Hutin est aussi réalisateur de documentaires, scénographe et commissaire d’exposition. Son travail photographique sur l’inventaire des shack du Township de Soweto a donné lieu à de nombreuses expositions et diffusions, notamment au festival 2010 « Les rencontres d’Arles, Photographie ». Il a récemment proposé une installation dans le cadre de l’exposition « Constellation s » au centre d’architecture arc en rêve, proposant au travers des témoignages d’habitants de documenter le quotidien des quartiers populaires de Soweto, Détroit et Bordeaux. www.christophehutin.com

Daniel Estevez Daniel Estevez est professeur des ENSA, HDR (Université paris 8, rattachement à l’ED TESC UTJJ Toulouse), architecte DPLG, ingénieur en informatique fondamentale CNAM et enseignant titulaire à l’Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Toulouse. Il est également chercheur au LRA ENSA Toulouse et coordinateur du groupe Art, Architecture et Conception [AAC] Laboratoire de Recherche en Architecture ENSA Toulouse http://lra.toulouse.archi.fr/lra/ groupes/art-architecture-conception. Il est membre de l’association Atelier de Conception Non Extractive qui a pour objet l’exploration et la promotion de principes non-extractivistes en conception architecturale. Depuis 1995, son domaine de travail scientifique concerne les domaines suivants : étude des pratiques de conception en architecture ; analyse des transformations des fonctions traditionnelles de la figuration architecturale pour le projet à l’ère des outils informatiques ; étude des stratégies de conception contemporaine du projet d’architecture et praxéologie du projet. En 2001, il publie aux éditions du CNRS un travail de recherche sur l’impact des outils graphiques informatisés dans les pratiques de figuration en architecture («Dessin d’architecture et infographie : les nouvelles pratiques graphiques en architecture»), cette publication donnera lieu à de nombreuses interventions dans les écoles d’architecture françaises et à des collaborations pédagogiques avec le Québec. Ses travaux récents mettent en relation la conception architecturale et les pratiques populaires touchant la représentation et l’espace. Il a aussi dirigé avec la chercheuse Andrea Urlberger la recherche Aéroports_ Airspace du programme Architecture de la Grande Echelle (2008-2010 - BRAUP). Sur le plan expérimental, ses activités de recherche sont directement reliées à son travail didactique, c’est pourquoi il a été conduit également à étudier spécifiquement les conditions d’enseignabilité et d’intégration didactique des procédures de représentation dans le projet d’architecture. — 28 —


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Les résultats pédagogiques récents de ces expériences sont notamment visibles dans le séminaire de master AMC (http://w3.toulouse.archi.fr/li2a/amc*/), l’Atelier de Création Sonore (https://soundcloud.com/daniel-estevez-architectu ) et en particulier depuis 2010 l’Atelier Learning From (en collaboration avec Christophe Hutin http://learning-from.overblog.fr/). À partir des travaux de conception architecturale en milieu critique menés entre 2010 et 2015 par l’atelier Learning From, il publie un ouvrage bilan intitulé « Conception non formelle en architecture. Expériences d’apprentissage et pratiques de conception. », (2015) L’Harmattan, coll. Questions Contemporaines préface de Christophe Hutin.

Tiphaine Abenia Tiphaine Abenia est ingénieur en génie civil (2011, Institut National des Sciences Appliquées de Toulouse, INSA) et architecte (2013, ENSA de Toulouse). Elle est également docteur en architecture de l’Université Jean Jaurès Toulouse 2 et Phd de l’Université de Montréal depuis juin 2019. La direction conjointe en cotutelle France-Québec a été assurée par Les professeurs Daniel Estevez (LRA ENSA Toulouse) et Jean-Pierre Chupin (UdM LEAP Montréal). Son projet de fin d’études en architecture portait sur une étude de faisabilité pour la réhabilitation d’un hôpital abandonné emblématique de Buenos Aires : “El Elefante Blanco”. Ce projet a été lauréat du concours européen « Talent de Demain » lancé dans le cadre de la Biennale d’Architecture de Bordeaux par Arc-en-Rêve (2014) et a amorcé un travail de recherche doctorale financé par un contrat doctoral du Ministère de la Culture et de la Communication, une bourse d’excellence de l’Université de Montréal et une bourse de la fondation Palladio. Sa thèse, intitulée « Architecture potentielle de la Grande Structure Abandonnée (GSA). Catégorisation et projection », entendait tout d’abord intégrer la notion de suspens (dimension temporelle instable et liminale) dans les modes de classification en architecture. Dans un second temps, Tiphaine Abenia explore l’épaisseur théorique de la notion de structure au regard des potentiels qu’elle renferme pour la conception architecturale (structure d’agencement, structure tectonique, structure interprétative). Cette recherche l’a amenée à documenter in situ des structures situées en France (Paris), Argentine (Buenos Aires), Canada (Montréal) et Etats-Unis (Détroit). En 2016, Tiphaine a co-organisé un séminaire international sur la thématique des grandes structures urbaines abandonnées. Cette rencontre a fait l’objet d’une publication qu’elle a coordonnée (ABENIA Tiphaine, CHUPIN Jean-Pierre, (2017), Du potentiel des grandes structures abandonnées, Cahier de recherche du LEAP #1, Ed. Potential Architecture Books, Montréal). Parallèlement à ses travaux de recherche, Tiphaine a enseigné la théorie du projet architectural en Licence (Université de Montréal) et l’atelier de Projet en Master (Université de Montréal et ENSA Toulouse). Elle est aujourd’hui responsable d’atelier à l’Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne (Suisse) dans le laboratoire ALICE à Lausanne https://www.epfl.ch/labs/alice/. Elle occupe parallèlement un poste de maître de conférence associée en Théorie et Pratique de la Conception Architecturale et Urbaine à l’ENSA Toulouse (http://lra.toulouse.archi.fr/lra/presentation/composition-du-laboratoire/Tiphaine_Abenia)

Laurent Lesperon Groupe Écrans du Monde

Laurent Lesperon est producteur de programmes audiovisuels culturels et spécialisé dans la captation de spectacles vivant. Il rejoint le groupe Écrans du Monde en 2009 avec sa société les films Jack Febus riche d’une longue expérience en termes de fiction et captation de spectacle vivant.

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Il produit désormais des magazines, des documentaires, ainsi que des captations prestigieuses : Jeff Mills au Pont du Gard, Gonzales, Brad Melhdau, Manu Chao à Tempo Latino, Dianne Reeves au Châtelet, le Quatuor Kandinsky à l’Alhambra, Goran Bregovic aux Nuits de Fourvière, Jean Louis Aubert pour la création des Concerts Uniques sur France 2, Jamie Cullum à Jazz à Vienne, le Bolshoï de Moscou... Il est aujourd’hui le producteur partenaire du London Symphony Orchestra, L’Orchestre National du Capitole de Toulouse dirigé par Tugan Sokhiev, le Gran Teatro del Liceu. Toujours en phase avec ses passions, il développe actuellement des projets de fiction et une série d’animation avec France Télévisions.

Nicolas Bonnet

Contenus digitaux – Groupe Écrans du Monde Nicolas Bonnet est producteur de contenus audiovisuels auprès des institutions et des grandes entreprises, il est un associé historique du groupe écrans du monde depuis sa création. Il écoute, analyse et propose des concepts adaptés en fonction des enjeux de diffusion et des besoins de communication. Cette expérience est complétée par une expertise dans le domaine muséographique (dispositifs multimédias, interactifs, immersifs) et digital (Web, réseaux sociaux). En collaboration étroite avec Laurent Lesperon, il assure la mise en œuvre effective des productions sur le terrain avec ses équipes de production.

Guillaume Peres Groupe Écrans du Monde

Guillaume Peres a développé et produit plus de 90 documentaires depuis 2003 (pour Arte, France Télévisions, RAI, SVT, NHK, CCTB, Radio Canada, Al Jazeera, etc.). Guillaume produit des films ambitieux et de grande envergure. Titulaire d’un doctorat en pharmacie, il a naturellement produit de nombreux documentaires scientifiques, tout en développant des projets très variés sur les thématiques découverte, histoire et société. Il a ainsi notamment créé la série « Des vignes et des Hommes » diffusée du Arte.

Groupe Écrans du Monde Grand Angle productions - le Groupe Ecrans du Monde (EDM) est une des plus importantes sociétés de production audiovisuelle française. EDM produit environ 200 heures de programmes par an pour les chaînes de télévision françaises et étrangères (France Télévisions, Arte, Groupe Canal, NHK, RTBF, SBS, RST, etc.), avec des équipes expérimentées, un savoir-faire technique et une compétence transversale à de nombreux formats et supports : unitaires, collections, captations, émissions de flux, films Corporate et institutionnels, audiovisuels et interactifs muséographiques, etc. Partout où ses choix le conduisent, le Groupe EDM s’efforce de développer des projets intenses et variés. Eclectisme des domaines explorés, écritures particulières et force des personnages choisis, les films soutenus et produits attestent d’un point de vue singulier et de la recherche d’une forme originale. http://www.ecransdumonde.com/ http://www.grandangle.com/ http://www.jackfebus.com/ Bande démo https://vimeo.com/316518298 Monuments en mouvement / Grands Fantômes https://vimeo.com/359049222 — 30 —


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