Atelier 2020 - Learning From La Roseraie

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Comment l’architecture peut-elle améliorer l’accueil et le séjour des personnes en hébergement d’urgence ?

photographie Jaufret Barrot

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Les étudiants en architecture de l’atelier de master Learning From (ENSA Toulouse) travaillent sur les situations d’habitat critique.

sommaire

site, photographies, vidéos, relevés et dessin des lieux collectifs).

Depuis 2010, cet atelier réalise des études sur des situations très diverses aussi bien en France qu’à l’international. Certaines archives sont visible sur le blog de l’atelier (http://learning-from.over-blog.fr/) En 2020 l’atelier a décidé d’amorcer un travail sur l’habitat d’urgence dans l’immeuble situé au 161 Rue Louis Plana à La Roseraie à Toulouse. Cette ancienne résidence étudiante de l’ENSICA regroupe 115 chambres sur 5 étages, plusieurs pièces communes en rez de chaussée et une salle de restauration-foyer assez vaste. L’agence Hors-Piste Architectures, en lien avec différentes associations et acteurs du secteur de l’hébergement d’urgence, a mis en place une occupation temporaire de ce bâtiment qui abrite environ 220 personnes dont de nombreuses familles.

Des fenêtres intérieures

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Danser dans la rue

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Un lieu où attendre

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Courts passages

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La magie de la ville

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Des balcons profonds

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Une myriade de lieux de rencontre

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Petits groupes de travail

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Les étudiants architectes de l’atelier Learning From étudient les situations d’occupation de l’espace, d’organisation matérielle de l’habitat et de la vie quotidienne sur ce terrain. Il s’agit de comprendre le fonctionnement de cet habitat temporaire, d’envisager les améliorations possibles et de soutenir le travail social qui est fait sur place. Le travail des étudiants s’oriente dans deux directions:

A partir de ce matériel, le groupe d’étudiant a dessiné un ensemble de projets prospectifs sur le bâtiment. Ces projets répondent aux différents thèmes d’amélioration que nos observations permettent de dégager. Les recherches sur les thèmes d’amélioration de la vie quotidienne peuvent être consultées sur le wiki de l’atelier à cette adresse : https://ferme.yeswiki.net/ pattern/?PagePrincipale 2. Organiser un événement collectif dans la salle du foyer de la résidence (premier semestre 2021) Le groupe d’étudiant architecte projette de créer un événement convivial dans la salle de l’ancien foyer actuellement laissée à l’abandon à l’arrière de l’immeuble. Cet événement (peut-être un workshop ou des ateliers collectifs de formation ou un festival…) aurait pour but de renforcer les liens et l’entraide entre les personnes dans la communauté de la résidence. Ce projet veut s’inscrire en cohérence avec le travail social qui est mené par l’équipe actuelle sur place. Le programme de cet événement est en cours d’élaboration. Il pourrait réunir durant plusieurs jours des ateliers de fabrication de mobilier par le réemploi, des ateliers de décoration de l’espace, des projections vidéo, etc. Il pourrait être l’occasion d’échanger autour des projets proposés par les étudiants.

1. Comprendre et améliorer la vie quotidienne dans la résidence d’hébergement Dans ce but, les étudiants ont mené des observations sur place au niveau des personnes et des familles (faire des entretiens, avoir des échanges, produire relevés et dessin des lieux habités). Ils ont fait des analyses du collectif (textes d’observation sur

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Des fenêtres intérieures Interior windows

Les fenêtres sont le plus souvent utilisées pour créer des liens entre l’intérieur et l’extérieur. Mais il existe de nombreuses situations où un espace intérieur peut communiquer avec un autre espace intérieur grâce à une fenêtre de liaison. C’est le plus souvent le cas pour les couloirs et les passages collectifs. Ces endroits peuvent facilement sembler déserts. Les gens se sentent davantage connectés entre eux lorsqu’il existe des fenêtres intérieures, et les passages dans le bâtiment deviennent moins déserts. Il peut en être de même pour certaines pièces, en particulier les petites pièces. Trois murs nus et une fenêtre peuvent ressembler à une prison. Des fenêtres placées entre les pièces, ou entre un passage et une pièce, aideront à résoudre ces problèmes et rendront les passages et les pièces plus vivants. En outre, lorsque les pièces et les passages sont reliés entre eux de façon visible, il est possible de saisir l’agencement global d’un bâtiment beaucoup plus clairement que dans un bâtiment dont les murs intérieurs sont aveugles. Il suffit que ces fenêtres ofrrent des vis à vis et permettent aux gens de voir à travers ; il n’est pas nécessaire qu’elles soient ouvertes ou qu’elles puissent l’être. Un vitrage fixe ordinaire et bon marché suffit.

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Des fenêtres intérieures Interior windows

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Des fenêtres intérieures Interior windows

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«L’ouverture des différents lieux et leurs relations sont au moins aussi importantes que leur cloture et leurs séparations. Les deux choses sont bien sûr complémentaires, ouverture et cloture n’existent jamais que l’une par rapport à l’autre.» Herman Hertzberger.

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Des fenêtres intérieures Interior windows

Les projets doivent prendre pour point de départ la connaissance des situations particulières des habitants. Nos entretiens avec eux sont importants pour essayer de comprendre ces situations personnelles et familiales. Georgeda est une résidente du centre d’hébergement. Elle occupe une chambre depuis plusieurs mois et ses deux enfants adolescents sont installés dans la chambre voisine. Ici, ils ont enfin trouvé un refuge devant la menace d’un père violent qui menaçait et frappait sa femme. La présence du gardien à l’entrée de l’immeuble rassure la famille et le fait que n’importe qui ne peut pas entrer ici est un gage de tranquillité. Mais comment ne pas rester isolés dans l’immeuble protégé ? Les cuisines d’étage pourraient jouer ce rôle social ici. En les rendant plus confortables, lumineuses et grandes on peut en faire un lieu social interne à l’immeuble et en libre accès. Ce projet imagine des cuisines en vis à vis ouvertes sur le couloir par des fenêtres intérieures utilisant des menuiseries de ré-emploi. On peut imaginer aussi leur ouverture en façade et l’intégration des balcons dans l’espace intérieur.

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Danser dans la rue Dancing in the street

Pourquoi les gens ne dansentils pas dans la rue aujourd’hui? Partout sur la terre et depuis toujours les gens ont dansé dans les rues à travers la fête, le théâtre, la chanson et même le discours public. L’idée de «danser dans la rue» renvoie à une image de la joie de vivre en société. De nombreuses cultures ont pu préserver une certaine réalité à cette activité dans leur quotidien. Que l’on songe aux danseurs Balinais qui entrent dans une transe et tourbillonnant dans la rue; aux fanfares mariachi au Mexique chaque ville a plusieurs lieux où les groupes peuvent jouer et où les habitants du quartier peuvent sortir pour danser. Dans la tradition européenne et américaine il y a des kiosques à musique et des anniverssaires dans les parcs. Il y a le festival du Bon Odori au Japon où tout le monde applaudit et danse dans les rues.

Il est certainement difficile d’imaginer qu’un modeste changement dans notre environnement aussi simple que celui que nous proposons, puisse remédier à cet état de fait. Mais nous détectons un changement. La gêne et l’aliénation sont des développements récents qui bloquent un besoin plus fondamental. Le seul fait de créer des occasions concrètes et des possibilités dans le domaine de la danse en public permet d’amorcer des changements d’attitude. Les gens se souviennent de certaines danses; on peut faire des séances d’initiation, tout le monde peut prendre un instrument; des gens peuvent former des fanfares, de petits groupes de musique...

Mais dans les parties du monde qui sont devenues «modernes» et techniquement sophistiquées, cette expérience s’est peu à peu éteinte. Les communautés sont fragmentées; les gens sont mal à l’aise dans les rues, ils ont peur les uns des autres; peu de gens jouent la bonne musique; les gens sont gênés de danser.

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Danser dans la rue Dancing in the street

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Un lieu où attendre A place to wait

Un carrefour où personne ne s’arrête. Observation flottante du hall d’entrée. Installé à l’entrée du bâtiment assis sur la chaise a 13h35 le jeudi 7 janvier Je remarque que le hall d’entrée a été décoré pour les fêtes avec des guirlandes en papier 13h37 un homme qui vient du couloir de gauche passe voir le gardien pour lui proposer des chocolats puis un habitant arrive par l’entrée. Cigarette aux lèvres, Francis, c’est son nom, se pose sur la chaise à côté de moi et me demande l’heure, il voulait aller dans la salle restauration mais elle est fermée. L’homme aux chocolats s’en va par le couloir de droite après m’avoir proposé un chocolat. 13h 39 une dame entre en disant un bonjour général et prends l’escalier 13h40 Un homme, veste rouge, vient du couloir traverse le hall et sort du bâtiment 13h 41 une dame entre par l’entrée et monte directement dans les étages par l’escalier 14h 42 un autre homme tenant une tasse descend de learning from La Roseraie -

l’escalier et sort pour boire sa tasse à l’entrée 13h 43 monsieur Estevez arrive et juste derrière un homme entre et monte dans les étages en portant des bouteilles d’eau puis une assistante sociale traverse le hall et monte dans les étages en courant, elle redescend moins d’une minute après et retourne dans sa pièce du rez de chaussée 13h45 deux enfants se tenant la main descendent les escaliers et prennent le couloir de droite puis l’homme a la veste rouge revient et traverse la pièce en regardant son téléphone. 13h 48 Le va et vient s’accélère dans le hall. Une dame entre et monte les escaliers. Tandis que j’entends dans le couloir de gauche des voix de femmes qui discutent, un jeune homme passe il est étudiant et doit obtenir sa carte d’étudiant, il demande des renseignements. Des hommes passent, traversent certains passent aux toilettes qui se trouvent dans ce hall. Entre temps plusieurs personnes sont entrées dans la salle de restauration. 13h 54 une dame âgée qui a

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l’air d’avoir mal au dos passe du couloir de gauche à celui de droite, elle traverse le hall. 13h 55 Un homme qui était dans la salle de restauration sort pour discuter avec le gardien puis la dame âgée repasse dans l’autre sens. 13h 57 un homme descend les escaliers et sort avec des papiers à la main puis une dame entre prend le couloir de droite en croisant un homme descend de l’escalier 13h 59 une dame descend des escaliers et ouvre la salle de restaurant qu’il y a dans le hall quand 2 dames viennent du couloir de droit et prennent le couloir de gauche puis un homme et une femme avec une poussette viennent de gauche et sortent dehors 14h Beaucoup de monde arrive depuis l’escalier et traverse le hall. Ils entrent dans la salle de restauration et ferment la porte peut-être pour faire une réunion 14h 02 un homme avec un café à la main vient du couloir de gauche et sort suivi d’une femme avec une poussette. L’homme propose de l’aider à descendre la poussette des escaliers. 2020

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Un lieu où attendre A place to wait

La situation d’attente renvoie contradictions particulières.

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En premier lieu, tout ce que les gens attendent en général - le médecin, un avion, un rendez-vous d’affaires - s’est construit dans l’incertitude ce qui rend inévitable que ceux qui attendent doivent passer un long moment à traîner, à ne rien faire. D’un autre côté, les gens n’ont généralement pas les moyens de profiter de ce temps. Comme la fin de l’attente est imprévisible, et qu’ils ne savent jamais exactement quand leur tour viendra, ils ne peuvent même pas se promener ou s’asseoir dehors. Ils doivent rester dans l’étroitesse de la salle d’attente, attendant leur tour en fixant la porte. Il s’agit bien sûr d’une situation extrêmement démoralisante : personne n’aime dépendre des décisions imprévisibles de quelqu’un d’autre. Les plus grandes œuvres de Kafka traitent presque entièrement de la façon dont ce genre d’atmosphère détruit une personne. La «salle d’attente» classique ne fait rien pour résoudre ce problème. Une petite pièce exiguë et lugubre, avec des gens qui se regardent les uns les autres, qui s’agitent, un magazine ou deux à feuilleter - c’est la situation même qui crée le conflit. Des preuves des effets mortifères de cette situation ont été apportées par le chercheur Scott Briar. Chacun sait que le temps semble s’écouler plus lentement lorsqu’on s’ennuie, qu’on est anxieux ou agité. Briar a constaté que les gens qui attendaient dans les agences d’aide solearning from La Roseraie -

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ciale avait toujours le sentiment d’attendre depuis plus longtemps qu’ils ne l’avaient réellement fait. Certains pensaient qu’ils avaient attendu quatre fois plus longtemps. Le problème fondamental est donc le suivant. Comment les gens qui attendent pourraient-ils vivre les heures ou les minutes pendant qu’ils attendent aussi pleinement que les autres heures de leur journée ? Il est plus facile de patienter lorsque l’attente est fusionnée avec une autre activité : une activité qui attire d’autres personnes qui ne sont pas là essentiellement pour attendre - un café, des tables de billard, des tables, une salle de lecture, où les activités et les sièges autour d’eux sont à portée de voix du signal que l’interlocuteur (ou l’avion, ou autre) est prêt. Par exemple, la clinique de pédiatrie de l’hôpital général de San Francisco a construit un petit terrain de jeux à côté de l’entrée, pour servir de salle d’attente aux enfants et d’aire de jeux pour le quartier... Mais l’attente peut au contraire être une situation où la personne qui attend se retrouve avec du temps libre et dans ce contexte, parvient à entrer en elle-même, à rester immobile, méditer... En résumé, les gens qui attendent doivent être libres de faire ce qu’ils veulent. Pouvoir s’asseoir devant la porte, pouvoir se lever et se promener, jouer au billard, prendre une tasse de café ou regarder d’autres personnes. Pouvoir s’asseoir à l’écart et tomber dans un rêve éveillé.

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Un lieu où attendre A place to wait

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Un lieu où attendre A place to wait

Un fauteuil réalisé en bois de récupération, une table basse retrouvée dans les rebuts du foyer, un vidéo projecteur diffusant en continu des films. Cette modeste installation a été réalisée lors d’un goûter public au pied de l’immeuble. Il s’agissait de créer un moment de diversion dans le hall. Les films parlent de la beauté de lointaines vies quotidiennes, ils racontent des histoires simples et belles : «Un chien jaune de Mongolie», «Où est la maison de mon ami», «Orfeo negro»... Des passants s’arrêtent, un homme fatigué s’asseoit, plus tard deux enfants et leur mère attendent en regardant les images...

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Courts passages Short passages «... de longs couloirs stériles qui mettent en scène tout ce qu’il y a de mauvais dans l’architecture moderne.» (Ch Alexander) En fait, les longs couloirs stériles et répétitifs de l’ère des machines ont jusqu’à présent entaché négativement le mot «couloir». Il est difficile d’imaginer qu’un couloir puisse jamais être un lieu de beauté. Les moments de passage de pièce en pièce devraient être aussi significatifs que tous les moments que l’on passe dans les pièces elles-mêmes. Il faut tenter de comprendre la différence entre les couloirs qui vivent, qui donnent du plaisir et qui font que les gens se sentent vivants et puis ceux qui ne le font pas. Il y a quatre questions essentielles. La question la plus profonde, à nos yeux, est celle de la lumière naturelle. Un couloir où un passage généreusement éclairé par le soleil est presque toujours agréable. L’archétype est le hall unilatéral, bordé de fenêtres et de portes sur son côté ouvert.

Et enfin, il y a la question critique de la longueur. Nous savons intuitivement que les couloirs des immeubles de bureaux, des hôpitaux, des hôtels, des immeubles d’habitation - même parfois dans les maisons - sont beaucoup trop longs. Les gens ne les aiment pas : ils représentent la bureaucratie et la monotonie. Bien sûr, il est possible de faire des couloirs même très longs d’une manière humaine ; mais s’ils doivent mesurer plus de 15 mètres, il est essentiel d’en décomposer l’échelle d’une manière ou d’une autre. Par exemple, un long couloir éclairé par endroits d’un côté à intervalles rapprochés peut être très agréable : la séquence de lumière et d’obscurité et la possibilité de faire une pause et de jeter un coup d’œil à l’extérieur, font disparaître la sensation de couloir mort sans fin ; ou un couloir qui s’ouvre sur des pièces plus larges, de temps en temps, a le même effet.

La deuxième question est celle de la relation entre le passage et les pièces qui s’y ouvrent. Les fenêtres intérieures qui s’ouvrent depuis ces pièces sur le hall contribuent à animer le hall. Elles établissent un flux entre les pièces et le passage et favorisent un style de communication plus informel ; elles donnent aussi à la personne qui se déplace dans le hall un goût de la vie à l’intérieur des pièces. Le troisième point qui fait la différence entre un passage vivant et un passage mort est la présence de mobilier. Si le passage est aménagé de manière à inviter les gens à le décorer, l’aménager avec des bibliothèques, de petites tables, des plateaux pour s’appuyer, voire des sièges, il devient alors une partie intégrante de l’espace de vie du bâtiment, et non quelque chose d’entièrement séparé. learning from La Roseraie -

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Courts passages Short passages

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Courts passages Short passages Comment aménager les couloirs du foyer afin de créer des lieux de vie à part entière ? Il s’agit de transformer ce lieu de passage en y installant des structures modifiables qui offrent différents usages aux résidents. A différents endroits du couloir, on dispose des structures en forme de L dont l’assemblage permet plusieurs configurations possibles : un élément seul, deux éléments assemblés etc. Pour introduire la vie dans ce passage, le mobilier mis en place offre ainsi aux résidents des assises ainsi qu’une bibliothèque partagée. Cet endroit de passage peut devenir un lieu de vie et de sociabilité où se joueront des scènes de vie quotidienne dans les différentes stations du couloir. L’installation de mobilier appropriable permet de modifier la perception et surtout l’usage de ces longs couloirs déserts. Des aplats de couleurs vives sur les murs souligne l’emplacement des structures. Les couleurs provoquent des stimulations visuelles qui influent sur nos sensations physiques et notre imaginaire. Ainsi, les mobiliers structurel, les décorations, les plantes vertes et les couleurs contribuent à améliorer la transition entre l’espace public du couloir et l’espace privé de chaque chambre de logement. Pour un apport de lumière naturelle et pour améliorer le confort visuel des résidents, le projet propose d’ôter les portes des cuisines collectives afin de permettre un apport lumineux naturel qui ponctue le couloir.

photographie Dan Banko

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Courts passages Short passages

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La magie de la ville Magic of the city Beaucoup de gens apprécient la magie d’une grande ville. Mais l’étalement urbain contemporain supprime cette magie, sauf pour les rares personnes qui ont assez de chance, ou qui sont assez riches, pour vivre à proximité des plus grands centres urbains. Cela est courant dans toute zone urbaine structurée autour d’un noyau unique à forte densité. Les terrains proches du centre coûtent cher et peu de gens peuvent vivre assez près pour avoir un véritable accès à la vie sociale et culturelle de la ville. La plupart des gens vivent loin du centre. Ils sont pratiquement en banlieue et ont un accès occasionnel à la vie du centre de la ville. Ce problème peut être résolu en décentralisant le noyau pour former une multitude de noyaux plus petits, des quartiers denses et vivants, chacun possédant un mode de vie particulier. De sorte que, même s’il on se trouve loin du centre le quartier reste intense et attirant l’ensemble de ses alentours. Le mécanisme qui permet de créer un seul noyau isolé est simple. Les services urbains, les institutions, les centre d’événements ont tendance à attirer des habitants. Ainsi les restaurants, les théâtres, les magasins, les carnavals, les cafés, les hôtels, les boîtes de nuit, les divertissements, les services spéciaux, ont tendance créer de l’intensité urbaine. Et chacun de ces services veut s’installer là où se trouve le plus grand nombre de personnes. Dès qu’un noyau s’est formé dans une ville, chacun des services intéressants va tendre à se situer dans ce seul noyau. Le noyau unique continue à se développer. Le centre-ville devient énorme. Si nous voulons résoudre le problème il faut décentraliser les centres et soutenir les mosaïques de quartiers.

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La magie de la ville Magic of the city

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Un spectacle (un concert, une théâtre…) sur le toit du foyer.

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Un spectacle pour les habitants de la façade Sud de l’immeuble de logements. Dans la situation critique où se trouvent les personnes hébergée dans l’immeuble de La Roseraie et dans la période actuelle de crise sanitaire, nous n’avons plus accès à ces événements où les gens se rassemblent pour profiter d’une parenthèse, d’une échappatoire, d’un moment de joie collective. Alors, si les gens ne peuvent plus se déplacer et se rassembler dans des salles de concert, le spectacle peut venir à eux. Depuis leurs balcons, la communauté des habitants peut écouter, regarder les artistes danser, chanter, jouer. En ville, chanter au pied des immeubles relève d’une certaine histoire populaire, cela renvoie à un imaginaire et rappellent des moments festifs de la ville d’autrefois. Les chants de Noël dans la rue, les boeufs improvisés dans l’espace public, les spectacles de rue qui animent la ville. Voici que la vie sort des espaces privés et déborde dans l’espace public, sans que l’intimité de quiconque soit altérée.

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Des balcons profonds Six foot balcony

Les balcons et les porches de moins de 1.80m de profondeur sont rarement utilisés. Les balcons et porches sont souvent conçus avec de très petites dimensions pour économiser de l’argent ; mais à les faire trop petits, autant ne pas les faire du tout. Un balcon est utilisé correctement lorsqu’il y a assez d’espace pour que 2 ou 3 personnes puissent s’asseoir en petit groupe, avec de la place pour s’étirer les jambes, et de la place pour une petite table où ils peuvent poser des verres, des tasses et le journal. Aucun balcon ne fonctionne s’il est si étroit que les gens doivent s’assoir en rangée, face à la vue. La taille idéale est compliquée à déterminer, mais c’est au moins 1.80m. Nos observations montrent clairement que la différence entre les balcons profonds et ceux qui ne le sont pas assez est tout simplement étonnante. Selon nous, presque aucun des balcons de 90cm ou 1.20m de profondeur ne sont habités. Et presque tous les balcons de plus d’1.80m sont utilisés.

leur degré d’utilisation : son enceinte et son retrait dans le bâtiment. En ce qui concerne l’enceinte, nous avons remarqué que parmi les balcons les plus profonds, ce sont ceux avec des enceintes semi-ouvertes - colonnes, bardage bois, treillis couverts de fleurs - qui sont le plus utilisés. Apparemment, l’intimité partielle qu’offre un écran semi-ouvert met les gens à l’aise - voir Mur semiouvert (193). Et l’emprise du balcon semble avoir le même effet. Sur un balcon en porte-à-faux, les gens doivent s’assoir à l’extérieur de la masse du bâtiment ; le balcon manque d’intimité et on tend à ne pas s’y sentir en sécurité. Dans une étude anglaise («Private Balconies in Flats and Maisonettes,» Architect’s Journal, March 1957, pp. 372-76), les deux-tiers des gens qui n’ont jamais utilisé leur balcon justifient celà par un manque d’intimité, et disaient qu’ils préfèrent les balcons en retrait parce-qu’ils semblent plus sûrs que les balcons en porte-à-faux.

Deux autres caractéristiques du balcon font la différence dans learning from La Roseraie -

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Des balcons profonds Six foot balcony

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Une myriade de lieux de rencontre Sequence of sitting spaces Une myriade de lieux de rencontre Dans tout bâtiment, chaque coin peut offrir un lieu où l’on peut se retrouver. Et tous ces espaces potentiels peuvent être différents en matière de confort et d’intimité. Nous savons, grâce au gradient d’intimité (pattern 127), qu’un bâtiment comporte une séquence naturelle d’espaces, allant des zones les plus publiques, en dehors de l’entrée, aux plus privées, dans les pièces individuelles. Voici une séquence d’espaces de rencontre qui correspondrait à peu de chose près au gradient d’intimité (127) : 1. En dehors de l’entrée - Salle d’entrée (130), Banc de la porte d’entrée (242) 2. A l’intérieur de l’entrée Salle d’entrée (130), la réception vous accueille (149) 3. Salles communes - Espaces communs au cœur (129), Passages courts (132), Cuisine (139), Petites salles de réunion (151) 4. Chambres semi-privées - Chambres d’enfants (137), Terrasse privée donnant sur la rue(140), Bureaux ouverts (152), Alcôves (179) 5. Chambres privées - Chambres d’adultes (136), Une pièce secrète (141), Les sièges et bancs du jardin (176). Bon mais alors quel est le problème ? C’est tout simplement le suivant. Les gens ont tendance à considérer qu’un espace dédié à la rencontre et à la vie sociale doit être un lieu précis et bien spécifique. Comme si un bâtiment, et surtout une maison, de devrait possélearning from La Roseraie

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der qu’une seule pièce faite pour se retrouver. A cause de cette manière de voir, seule cette unique pièce sociale (salon ou living etc..) fera l’objet de beaucoup de soins et d’attentions. Mais on oublie que l’activité humaine se déroule naturellement dans toute la maison avec divers degrés d’intensité et d’intimité. Si les espaces communs sont isolés et programmés, ils ne parviendront pas à soutenir la richesse des différents rythmes de la vie sociale. Pour résoudre le problème, le bâtiment doit contenir une séquence d’espaces sociaux à plusieurs degrés d’intimité, et chaque espace de cette séquence a besoin du degré d’enfermement et de confort approprié en fonction de sa position, de sa localisation relative. Demandez-vous si le bâtiment que vous construisez ou réparez possède une gradation d’espaces sociaux dans toute sa richesse et sa variété. Bien sûr, vous pouvez vouloir construire un salon spécial, une bibliothèque ou une salle de séjour comme l’un des espaces majeur de votre maison mais il ne faut pas oublier que chaque bureau et chaque salle de travail a également besoin de son propre espace social interne, tout comme une cuisine, tout comme une chambre, tout comme un jardin, tout comme une entrée, tout comme un couloir, et même un toit et même une simple fenêtre. Définissez délibérément des espaces sociaux bien marqués mais accordez la même attention aux suites d’espaces imbriqués au fur et à mesure du déroulement de la conception.

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Une myriade de lieux de rencontre Sequence of sitting spaces

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Une myriade de lieux de rencontre Sequence of sitting spaces

« J’emprunte les escaliers de la résidence à la recherche de petits groupes de personnes pour illustrer le Pattern 151 Petites salles de réunion lorsque je m’arrête au premier étage pour voir ce qu’il s’y passe. Face à moi, une porte est ouverte et laisse apercevoir quelques personnes; elle laisse aussi entendre un son enregistré d’une émission télévisée. Je m’approche et pénètre dans la pièce. C’est en fait une salle commune pour les résidents. La pièce a sans doute été décloisonnée pour offrir un espace d’environ 18m2, soit, la surface au sol de 2 chambres de 9m2 chacune. Dès que je franchis le seuil de la porte, les résidents présents dans la pièce me regardent sans détour. J’ai l’impression de les déranger un peu. Je me présente en précisant d’où je viens et ce que je fais et leur demande si je peux prendre des photos. Un des éducateurs présents à ce moment-là me suggère de demander individuellement à chacun d’eux leur permission pour la photo ce qui facilitera nos échanges. J’ai à peine le temps de démarrer cette étape lorsque Robert, un résident que nous avions précédemment rencontré, intervient et me donne ostensiblement l’accord au nom de tous les résidents. L’éducateur lui objecte gentiment que tout le monde ne veut pas forcément apparaître sur mes clichés. Robert demande à un de ses voisins s’il est d’accord. Puis il précise aux autres résidents qu’il s’agit d’un travail universitaire et je confirme ses paroles. Je me sens encouragé par Robert et j’ose démarrer mes photographies. Je me place dis-

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«Espace vital, espace socia l» une observation flottante pièce commune du foyer La Roseraie- jeudi 14/01/2021 à 17h30 crètement devant la kitchenette de cette pièce commune.

mienne, c’est à dire au bout de la pièce, en retrait de ce qui se passe.

Dans la salle, une ambiance paisible règne. Les habitants ne discutent quasiment pas entre eux et sont captivés par le jeu télévisé face à eux. Les comportements de chacun sont différents et reflètent des personnalités marquées. Sur la droite, assis dans un fauteuil de couleur noir, un homme tient un bière. Il la boit lentement. Plus en retrait, habillé en rouge, l’homme regarde la tv et se retourne avec inquiétude lorsqu’il entend des bruits suspects. Il ne dit pas un mot mais écoute attentivement ce qui se passe. C’est tout l’inverse pour celui qui est installé face à la table. Depuis mon entrée dans la pièce, l’homme a toujours fixé le poste télévisé sans même bouger la tête ni dit un mot. Il semble hypnotisé par le téléviseur. Sans un mot, l’homme qui vient de terminer sa bière se lève et va jeter la canette dans une poubelle, à côté de la table basse, contre le mur de gauche. Il va ensuite s’asseoir sur le canapé et tire la langue plusieurs fois de suite.

Deux minutes après notre discussion et pendant un moment de silence, une femme entre dans la salle et me demande où sont des personnes qu’elle recherche. Je lui réponds que je ne connais pas ces personnes et elle les voit d’elle même à travers la fenêtre du balcon de droite. Avant d’aller les voir, elle murmure qu’elle doit aller chercher son manteau dans sa chambre « avant de sortir sur le balcon pour ne pas attraper froid ». Elle revient dans la minute qui suit et sort sur le balcon.

A côté de moi, deux étudiantes qui étaient présentes depuis le début m’adressent la parole et me questionnent sur ce que je fais. Je leur réponds qu’on est un groupe d’étudiants en architecture et qu’on est sur le site depuis 3 mois… En discutant, j’apprends qu’elles sont en formation pour devenir éducatrices spécialisées et que pour leur projetde formation, elles doivent tisser des liens avec les habitants, d’où leur présence un peu comme la

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A mon tour je vais sur le balcon, à gauche, pour rejoindre Louise. Elle s’était éclipsée tandis que je photographiais pour fumer une cigarette en compagnie de Robert. Le sujet de discussion tourne autour des bâtiments en terre et des toits terrasses dans les maisons du Mali, le pays d’origine de Robert. Tandis que nous l’écoutons, une chose me frappe à ce moment, ce sont les inombrables déchets que l’on découvre sur le toit depuis cet endroit. Cigarettes, canettes et autres déchets ont sans doute été lancé depuis les balcons sur le toit.»

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Une myriade de lieux de rencontre Sequence of sitting spaces

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Dans le jardin, au sud du foyer, des endroits pour s’asseoir au soleil, soit une suite de lieux de détente. Construits à partir d’échafaudages, la structure est démontable et peut être réutilisée ailleurs. Le feuillage de l’érable pénètre dans les structures, on séjourne dans l’arbre.

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Une myriade de lieux de rencontre Sequence of sitting spaces

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Les 3 travées d’un échafaudage peuvent contenir 4 chaises en bois posées au sol mais aussi 2 grands fauteuils individuels suspendus ou un hamac. Ces dispositifs peuvent être réalisés par les habitants dans le cadre d’un atelier de bricolage par exemple. L’écran de projection récupéré dans le foyer peut être installé pour projeter un film.

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Une myriade de lieux de rencontre Photo prise sur la toiture du foyer, La Roseraie, Toulouse

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Petits groupes de travail Small work groups Lorsque plus d’une demi-douzaine de personnes travaillent au même endroit, il est essentiel qu’elles ne soient pas contraintes de travailler dans un immense espace indifférencié, mais qu’elles puissent au contraire diviser leur espace de travail et former ainsi des groupes plus petits. Lorsque des employés travaillent parmi beaucoup d’autres travailleurs ou lorsqu’ils sont au contraire contraints de travailler de manière isolée, ils se sentent opprimés. Le travail en petit groupe offre un bon équilibre entre une extrême où beaucoup de personnes sont réunies sans aucune possibilité de développer une structure sociale intime, et l’autre extrême où on est tellement isolé qu’aucune possibilité de formation de groupes sociaux n’existe. Cette attitude à l’égard de la taille des groupes de travail est soutenue par les conclusions de l’unité de recherche Pilkington, dans ses enquêtes sur la vie au bureau (Office Design : A Study of Environment, éd. Peter Manning, Département des sciences du bâtiment, Université de Liverpool, 1965, pp. 104-28). Dans le cadre d’une très vaste étude, les employés de bureau ont en effet été invités à donner leur avis sur les grands bureaux et les plus petits. Les déclarations qu’ils ont choisies le plus souvent pour décrire leur opinion étaient les suivantes: «Les grands bureaux nous donnent l’impression d’être relativement peu importants entant que personne» et « On a le sentiment inconfortable d’être surveillé en permanence dans un grand espace commun de travail». Lorsqu’on leur a demandé de comparer cinq différents agencements possibles de bureaux, les travailleurs ont systématiquement choisi ceux dans lesquels les groupes de learning from La Roseraie

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travail étaient les plus petits. L’analyse des résultats a également montré que «les personnes qui travaillent dans des petits bureaux sont plus opposées aux grands bureaux que celles qui y travaillent réellement». Apparemment, une fois que les gens ont fait l’expérience du travail en petits groupes, ils trouvent très inconfortable d’imaginer revenir à des bureaux plus grands. Dans notre propre enquête sur les attitudes à l’égard de l’espace de travail menée auprès des travailleurs de la mairie de Berkeley, nous avons constaté que les gens préfèrent faire partie d’un groupe allant de deux à huit personnes. Lorsqu’ils sont plus de huit, les gens perdent le contact avec le groupe. L’architecte japonais T. Takano a fait une constatation similaire dans son étude sur les groupes de travail au Japon. Dans les bureaux qu’il a étudié, il a constaté que cinq personnes formaient le groupe fonctionnel le plus utile. (Section du bâtiment, Bureau de la construction et des réparations, ministère de la construction : La conception du bureau du gouvernement de la préfecture d’Akita, Bâtiments publics, 1961).

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Petits groupes de travail Entretien non directif avec Daniel, 57 ans, le bricoleur de la cité Jeudi 17/12/2020 à 16h45

Daniel est un résident hébergé depuis plusieurs mois à La Roseraie. Par le passé, il a acquis de nombreuses compétences en travaillant comme agent multi-services dans un collège. Mais c’est aussi un bricoleur autodidacte qui touche à tous les domaines.

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nateur portable les a réparés et il s’en sert aujourd’hui.

Il nous explique d’ailleurs avoir participé à trois chantiers de construction de maison pour sa famille qu’il a aidé pendant plusieurs années.

Pour pouvoir utiliser ses appareils il fréquente les pieds des hôtels dont les wifi sont protégées par des codes faciles à déceler : « En général le code wifi dans les hôtels c’est le numéro des chambres donc c’est facile ! Je peux y rester longtemps parfois quand il ne fait pas trop froid. »

Pour passer ses journées qu’il trouve longues dans cette cité d’hébergement, Daniel fait les poubelles du quartier et des alentours, il récolte des objets et répare dans sa chambre de la cité tout ce qu’il récupère. Il a ainsi trouvé un téléphone, une tablette numérique ainsi qu’un ordi-

« J’ai aussi récupéré une machine à café, des rideaux que j’ai accroché avec une ficelle dans ma chambre… Hé si un jour j’ai une maison alors j’aurai rien à acheter! Je répare les appareils et puis je les donne ici aux voisins, aux résidents et à ceux qui ont en besoin.»

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Petits groupes de travail Photo prise dans le foyer, La Roseraie, Toulouse

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Le foyer est actuellement encombré de nombreux rebuts provenant des occupations précédentes du bâtiment. L’examen de ces déchets montre qu’il contiennent de nombreux matériaux réutilisables, c’est un gisement de ressources pour créer un atelier de fabrication et de formation au bricolage

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Petits groupes de travail Photos prises dans le foyer, La Roseraie, Toulouse

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Petits groupes de travail Small work groups

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Le foyer pourrait être occupé par une structure en échafaudage qui servirait de plan de travail et d’établi pour les constructions manuelles. C’est dans ce lieu que pourraient être fabriquées les chaises et fauteuils «d’une myriade de lieux de rencontre», ce projet offrirait alors le cadre d’une formation professionnelle.à destination des résidents

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L’atelier remercie pour leur aide et leur participation : Jaufret Barrot architecte Hors Piste Architecture, Lea Van de Casteele architecte, l’équipe des éducateurs du foyer Guillemery, les membres de l’association UCRM, merci aux résidents qui ont accepté de réaliser les entretiens avec les étudiants, merci à Hélène Mathon de la compagnie La Langue Ecarlate pour son soutien

Atelier Learning From 2020 Thomas AUDAR Maxime HAEHN Reda LEULMI Daniel ESTEVEZ (Pr) Adam HAMRI Mathilde HACHER Louise CUNY-BRET

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Bibliographie Un chantier bibliographique : traduction critique collective du livre A Pattern Language (https://ferme.yeswiki.net/pattern/?PagePrincipale) A pattern language est un livre trouvent), l’exemplarité (un collectif dirigé par l’archi- motif provient d’un jugement tecte Christopher Alexander et sur l’intérêt de la situation publié en 1977. Ouvrage phare vécue). Ce terme oscille égadans les milieux académiques et lement entre deux pôles : une professionnels anglophones de la visée fonctionnelle (des mofin du XXème siècle, il n’a ja- tifs-recettes), une visée thémais été traduit en français. Le matique (des motifs-principes texte est marqué par les théo- généraux). Enfin, les patterns ries du langage (linguistique). sont considérés comme les mots L’architecture et la ville y d’un langage et à ce titre sont considérées comme des as- ils sont complets (signifiants semblages signifiants de motifs, et « totipotents » ), c’est à à la manière d’un texte composé dire qu’ils désignent des side mots formant des phrases. tuations qui contiennent tous les aspects de l’architecture Dans ce livre la conception ar- à l’échelle du pattern lui-même chitecturale n’est donc pas ap- (usage, espace, réalisation mapréhendée comme un exercice de térielle, réalité perceptive). résolution de problème mais Ce sont des petits mondes (Nelcomme une tâche d’expression. son Goodman « manières de faire L’architecte agit comme un des mondes ») Paradoxalement, écrivain, et ce livre propose un du fait de son organisation dictionnaire des situations qui éditoriale, le livre obéit à un font la ville. Il est destiné à découpage scalaire de l’architous les publics. tecture et de la ville, partant du phénomène de grande taille Les motifs décrits dans le (le pays, la région etc.) pour livre sont des sortes de frag- aboutir graduellement au détail ments d’architecture vécue, ce (objets de décoration sur une sont des unités indépendantes table). Ce qui conduit à pensans lien déterminé entre elles ser que la « totipotence » des et sont décrites sous la forme patterns n’est pas entièrement d’une liste non hiérarchisée, assumée par les auteurs. Comme elle-même inachevée car le lec- dans tout dictionnaire, chaque teur est invité à poursuivre mot doit être considéré indécet inventaire. Aucun modèle pendamment des autres afin de ne préside à l’utilisation de laisser libre cours à tout asces 243 motifs indépendants qui semblage. constituent le livre. Aujourd’hui, par ce wiki ouLe mot pattern dans le livre ar- vert, l’atelier Learning From ticule deux principes : la ré- propose un chantier de traduccurrence (un motif provient de tion critique en français du l’observation de la vie sociale livre de Alexander. Le qualiet des invariants qui s’y re- ficatif « critique » est ajouté learning from La Roseraie

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pour trois raisons : 1. Nous voudrions une traduction qui assume complètement le caractère indifférencié, horizontal, multiple et fragmentaire que nous percevons dans le livre original. Cette idée nous conduit à ne pas retenir les principes de grammaire générative qui sont présents dans l’ouvrage initial. Nous ne suggérons donc aucune règle d’assemblage, aucune grammaire, ni aucune bonne manière de réunir les situations élémentaires. 2. La dimension critique de la traduction doit apparaître dans chaque //contre-description// qui est associée à chaque traduction. Cette description critique peut réunir des discussions sous forme de textes et citations, des photographies pour une illustration contemporaine du motif, des documents vidéographiques et même des dessins de projet de l’atelier. 3. La participation de tout lecteur à l’amélioration des traductions et aux recherches d’exemples de motifs, nous semble être une façon intéressante de poursuivre le chantier ouvert par Alexander. Il s’agit de mettre en place un processus continu de partage de connaissances et de réflexion publique sur l’architecture mais une réflexion précise, située et contextuelle.

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