Africa54

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JUILLET-AOÛT 2012

AFRICA 54 LE

MAGAZINE

DE

L AFRIQUE

ET

SES

FRANCE N° 4

africa54. fr

INSTITUTIONS

MACKY SALL SES PREMIERS PAS

TUNISIE

LE PÉRIL SALAFISTE

FMI

PRÉVISONS DE CROISSANCE EN HAUSSE POUR L AFRIQUE

CHRISTIANE TAUBIRA

FEMME, NOIRE, GARDE DES SCEAUX... ET ALORS ?

L AFFAIRE MEDIAPART

KADHAFI HANTE-T-IL TOUJOURS LES ESPRITS ?

SAHEL QUI SONT-ILS ?



Prochain Numéro Septembre 2012

É

Africa 54 Mail : contact@africa54. fr Site : www. africa54. fr N°Commission paritaire : en cours OJD : en cours N°ISSN : 2258-0131 Tirage : 20 000 exemplaires

D I T O

SOCIÉTÉ ÉDITRICE Wolmer Communication Les Lilas-France SIREN : 751 081 159 R. C. S Bobigny APE : 58147

DIRECTION Directrice de la publication et de la rédaction Priscilla WOLMER

RÉDACTION

Afrique, soyons unis pour le développement et la paix De l Afrique du Nord à l Afrique de l Ouest, ça brûle ! En Tunisie, un an après le printemps arabe , le péril salafiste donne du fil à retordre au nouveau gouvernement et à la population. En Algérie, acteur majeur de la sous-région, le manque de dynamisme dans la résolution de la crise malienne inquiète les pays de la région et la communauté internationale. Il devient nécessaire de mobiliser l ensemble des acteurs internationaux et régionaux pour intensifier la lutte contre le terrorisme et renforcer la sécurité dans la région Sahélo-saharienne. Heureusement, qu il y a Blaise Compaoré ! En médiateur expérimenté, le président burkinabé esquisse un plan de sortie de crise malienne avec l aide de la CÉDÉAO et de l Union africaine. Rebondissons sur l Union africaine. Nous allons enfin connaître, à la fin des élections -qui se tiendront finalement à Addis-Abeba, en Éthiopie et non à Lilongwé, au Malawi- , le nom du président de la commission. Élections. Cela nous renvoie à deux présidents : L un sortant, l américain Barack Obama qui n hypnotise plus les foules avec son slogan Yes we CAN mais qui les assènes à coup de Forward ; comprendre : En avant . L autre fraîchement en place, François Hollande qui arbore avec beaucoup de simplicité, la casquette de président de la république française. Va t-il répudier les miasmes de la Françafrique et porter une nouvelle politique à l égard du continent alors même qu une sale polémique entre Mediapart et Nicolas Sarkozy, et concernant le supposé financement de la campagne de 2007 par feu Kadhafi noircie encore le tableau ? Nous, jeunes, discrets et présents dans toutes les sphères, sommes les témoins irremplaçables de l évolution du monde culturel, politique, économique et social. Nous nous retrouvons à Rio+20, au Brésil afin de connaître l état des ressources de la planète que nous léguerons aux générations futures. Nous nous retrouvons, à Solidays, aux côtés de Tiken Jah Fakoly et à la XIXe conférence internationale annuelle sur le Sida pour sensibiliser et connaître l avancée des traitements antirétroviraux qui permettent de lutter contre cette maladie de l amour. Bon sang ! Sortez couverts ! Si vous souhaitez faire partie des 9 milliards d habitants qui en 2050 composeront le gigantesque puzzle du monde. En attendant, où que vous soyez, gardez la péché !

Priscilla WOLMER

Rédacteur en chef Claude ALLAIN Secrétaire de rédaction Claude WOLMER Directeur Artistique Maquettiste Daniel BAUD

ONT PARTICIPÉ À CE NUMÉRO Txt : Ahmedou Ould Abdallah / J.J / P.W Melissa Chemam / Ichem ben Yaiche Rodrigue Fenelon Massala / Barka Ba Salifou Sawadogo / Moustapha Ba Mohamed ben Brahim / Farid Mnebhi Jessica Justine / Amidou Ouedraogo Stéphane Pocidalo / Belinda Lor Pelagie Ganto Photos : Rene & Radka / Ryan McVay Iyadh Labbene / Hemera / Damien HR Philippe Bordas / Laurent Attias Max Vigato / Rabah Seghir / John Fox World Economic Forum / Audrey AK Philippe Moreau Chevrolet / Getty Philippe Wojazer / Franck Cahmi

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ÉDITION INTERNATIONALE ET AFRIQUE SUBSAHARIENNE France 3, 50 € / Algérie 170 DA Allemagne 4, 50 € / Autriche 4, 50 € Belgique 3, 50 € / Canada 5, 9 5 $ CAN Danemark 35 DKK / DOM 4 € Espagne 4 € / Éthiopie 65 Birr Finlande 4, 50 € / Grèce 4, 50 € Italie 4 € / Maroc 23 DH / Israël 20 NIS Mauritanie 1 100 M.O / Norvège 41 NK Pays-Bas 4 € / Portugal cont. 4 € RD Congo 5, 50 $ US / USA 4, 50 $ Royaume-Uni 3, 50 £ / Suisse 5, 90 FS Tunisie 3, 30 DT / USA 6, 50 $ US Zone CFA 1 700 F CFA


SOMMAIRE

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COVER 06-19 Sahel : Qui sont-ils ?

POUVOIR 20-35 Blaise Compaoré Mali : Le mystère Sanogo Macky Sall : Ses premiers pas Croissance en hausse pour l Afrique

Donald Kaberuka Crise alimentaire en Afrique de l Est Guinée Bissau : En transition Tunisie : Le péril Salafiste

MONDE 36-43 Amérique Europe

Christiane Taubira : Femme, noire et garde des sceaux... et alors ?

SOCIETÉ 44-52 Santé Hylda Gbenou Le style Kaberuka

Filippe Savadogo : L OIF à l ONU Une tablette tactile au burkinabé Il y a le ciel, la mer, la nature... Et nous

TENDANCE 53–71 Ayo : Au nom de la joie Tiken Jah Fakoly Rencontre avec Leeroy La pirogue Guinée équatoriale

¿Hablas español? Beauté : 10 Trucs pour mincir Les Must Have de l été 2012 Abonnement

07/2012 AFRICA54.FR

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SAHEL QUI SONT-ILS ?

La dégradation de la situation dans la bande sahélosaharienne constitue un enjeu de sécurité croissant. La menace représentée par AQMI vise explicitement l Afrique du Nord, l Afrique de l Ouest, l Europe et ses ressortissants. En moins de 18 mois, plus d une dizaine de personnes a été prise en otage. Il devient nécessaire de mobiliser l ensemble des acteurs internationaux et régionaux pour intensifier la lutte contre le terrorisme et renforcer la sécurité dans la région sahélo-saharienne. La CÉDÉAO, l Union africaine en coopération avec l Union européenne, les Nations Unies et autres partenaires internationaux cherchent ensembles des solutions militaires, entre autres pour éviter la propagation du terrorisme. Retour sur les faits, rendez-vous clefs, analyses et stratégies de nos experts. AFRICA54.FR

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ne zone de non-droit s’y est instaurée dans laquelle se croisent des narcotrafiquants, des déçus de la rébellion touarègue, des bandits de grand chemin, d’anciens soldats de Kadhafi surarmés et des combattants d’AQMI... Devenue un véritable Far-West, en rébellion contre tous les pouvoirs centraux, la région du Sahel Sahara est une zone de tous les dangers. Puissamment déstabilisatrice pour les pays limitrophes et, au-delà pour le reste du monde, ces contrées inquiètent aussi la communauté internationale. Celle-ci a d’ailleurs senti le danger, mais peine à le saisir dans toute son ampleur. Et, du coup, elle n’a pas encore trouvé l’antidote pour soigner la maladie.

Un scénario à la somalienne pour le Mali ?

SAHEL IL Y A LE CIEL, LE SOLEIL, LE SABLE, LE TERRORISME ET... Vaste espace, aride et désertique, la région sahélo-saharienne traverse le nord du continent africain d est en ouest. C est une bande peu peuplée, peu habitée, difficile d accès et qui s étend du Sénégal jusqu aux confins du Soudan. Ce no man s land échappe, aujourd hui, à tout contrôle des États. par Ahmedou ould Abdallah

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L’instabilité et l’absence de systèmes politiques achevés, le trafic de drogue, la menace terroriste, la concurrence sauvage dans l’exploitation minière sont quelques uns des problèmes qui menacent la paix dans cette zone, rendant impossible son développement. Bien sûr, la plupart des dysfonctionnements sont accentués par l’absence d’États forts pouvant pleinement remplir leurs missions régaliennes. Ce sont généralement des pays pauvres, mal gérés à cause de systèmes politiques corrompus. Le coup d’État qui vient de se produire au Mali est un exemple éloquent de la précarité des entités étatiques. Après vingt ans de démocratie “exemplaire”, ce pays est en train de plonger dans l’anarchie. Qui aurait pu penser que des militaires de second rang puissent un jour renverser le président Amadou Toumani Touré (ATT) et cela, deux mois avant la fin de son second et dernier mandat ? Si on y ajoute la rébellion touareg qui progresse à grands pas au nord du Mali, le risque est grand de voir le pays sombrer


dans le chaos. Exactement comme cela s’était passé en Somalie il y a deux décennies. Ainsi, en dépit des apparences et des avantages que procure le système démocratique, celuici peine de plus en plus à se consolider sous nos latitudes. L’absence de liberté, l’absence d’opinion publique pouvant garantir la pérennité et l’absence d’exemplarité des dirigeants par rapport à la corruption, sont autant d’obstacles. L’ampleur dévastatrice des trafics en tous genres, et particulièrement celui de la drogue, est une source permanente d’instabilité et d’anarchie dans la bande sahélo-saharienne. À cause des contrôles de plus en plus efficaces des circuits traditionnels de passage de la drogue vers l’Europe et l’Amérique du Nord, les trafiquants sud américains ont décidé de créer une nouvelle route pour leur marchandise à travers l’Afrique de l’ouest. Déjà, la Guinée-Bissau est tombée entre les mains des trafiquants. Certains “services” dans d’autres pays ouest africains tels que les douanes et/ou l’émigration affichent une bonne santé financière qui ne peut pas s’expliquer par les maigres salaires de leurs préposés. Dans presque toutes les capitales des pays de la région saharienne, on a vu pousser des quartiers pour ces nouveaux riches qui tirent leurs revenus de la coopération avec les trafiquants. Autre exemple de cette “coopération” présumée : le fameux Boeing chargé de cocaïne qui avait atterri dans le désert malien, en novembre 2009, sur un aéroport construit spécialement pour la circonstance, avant de brûler. Aucune trace de cette cargaison n’a jamais été retrouvée. Personne n’a été interpellé. Pourtant, la construction d’une piste dans le désert requiert beaucoup de temps. Elle ne pouvait pas, logiquement, se faire sans que les autorités n’en soient informées.

Drogue, terrorisme et exploitation minière Le trafic de drogue génère des profits faramineux. Du coup, dans les pays pauvres, il intéresse beaucoup de monde et parvient à créer des complicités au sein des populations. Or, c’est exactement ce qui est en train de se passer dans les États sahélo-sahariens. D’autant que l’on ventile l’idée que la drogue est seulement de passage dans cette zone et n’est pas destinée à “nos pays”. Le plus grave est la capacité des trafiquants à corrompre les dirigeants et agents étatiques de la région pour s’assurer leur soutien. En d’autres termes, les trafiquants de drogue ont les capacités financières pour “acheter” ces États ainsi que les populations. En son temps, Mouammar Kadhafi distribuait généreusement ses “pétrodollars” aux présidents et personnalités africaines en échange de leur soutien diplomatique. Les trafiquants de drogue, eux, ne demandent pas d’efforts particuliers aux puissants, seulement de fermer les yeux. Un marché porteur et sans risque... De quoi attirer beaucoup de monde, de toutes les couches sociales. Et c’est là le danger de ce phénomène qui se développe de plus en plus dans la zone, avec son immuable corolaire : la corruption. Un autre mal qui ronge les pays africains et qui compromet toutes les chances de développement et de raffermissements de ces entités. À ces menaces se rajoutent les groupes salafistes installés depuis quelques années dans le nord du Mali, sur la frontière avec l’Algérie. Ces groupuscules ont réussi à établir des bons rapports avec les populations autochtones. Ils leur assurent certains services et sont généreux avec elles. Leur effectif varie entre trois et cinq cent personnes. Ils recrutent essentiellement dans les rangs des Mauritaniens. Ils ont fait du rapt et de l’enlèvement des occidentaux leur principale source de financement. Au cours des der-

nières années, ils ont pu récolter plus de cent millions de dollars grâce à leur activité criminelle. Maniant avec dextérité les moyens de communication, les extrémistes islamistes donnent l’impression au monde extérieur qu’ils sont seuls présents dans ces pays et qu’ils contrôlent la situation. L’insécurité qu’ils font régner sur la vie des ressortissants occidentaux amplifie leurs activités. Mais avec la mort d’Oussama Ben Laden et le déclenchement des révolutions arabes, ce mouvement a de plus en plus de difficultés pour recruter de nouveaux soldats du Jihad. Ce qui fait que le problème du terrorisme dans ces contrées, bien qu’encore présent et actif, n’a plus de perspectives réelles pour se développer. C’est un problème qui demeure posé à la région, mais qui cache la réalité sur le terrain. La lutte contre ce phénomène planétaire lui a donné plus de presse qu’aux autres problèmes sérieux posés à la région. À tel point qu’on ne pense plus qu’aux programmes d’aide et de formation aux armées de la région sahélosaharienne. Un effort nécessaire, mais qui n’est pas suffisant pour résorber, une fois pour toute, les différents dans cette région. Enfin, il y a la recherche minière. Celle-ci est en train de se développer de manière spectaculaire dans cette région dont le soussol renfermerait de nombreux gisements. Dans nos contrées, il arrive que des petites sociétés non cotées en bourse et certaines grandes multinationales violent les règles de transparence et de rigueur morale. Bien souvent, elles acceptent de traiter “sous la table” avec des dirigeants corrompus. La rude concurrence à laquelle se livrent ces compagnies les pousse à consentir de plus en plus de fonds pour décrocher des contrats d’exploitation. Une pratique qui contribue à créer de nouveaux potentats et à raviver la compétition pour la conquête du pouvoir. Ce qui constitue un autre motif de préoccupation à cause

de l’instabilité qu’elle génère. Ces facteurs de déstabilisation constante dépassent les États, dans la mesure où les trafiquants de drogue, les terroristes ou les prospecteurs miniers ne se laissent pas arrêter par de simples frontières. Ce qui leur donne une longueur d’avance à chaque fois, et leur permet d’échapper aux contrôles. C’est la raison pour laquelle les problèmes sus cités ne peuvent pas être dissociés ; ils réclament une réponse globale des États de la région et de leurs partenaires. Aussi ce serait une grave erreur de croire qu’un seul pays puisse leur faire face ; ou bien qu’il faille se focaliser sur un seul aspect de ces problèmes, tel que le terrorisme par exemple. Les problèmes de cette région doivent être traités de manière globale, sans exclusion d’un quelconque État et loin des petits calculs de circonstances.

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Après vingt ans d exercice démocratique et une alternance pacif ique au pouvoir, la crise qui touche le Mali compor te tous l e s i n g r é d i e nt s p o u r s a g g r a v e r, d u r e r e t contaminer ses voisins. Grave au Nord, elle est explosive à Bamako. Elle risque de devenir une crise africaine classique avec une économie criminelle à travers les exportations irrégulières des produits nationaux -coton et or- et les trafics -armes et drogues . par Ahmedou ould Abdallah

L

’armée nationale est divisée à tous les niveaux : officiers supérieurs, officiers, sous-officiers et entre corps d’armée. La classe politique est également divisée. Enfin, comme naguère au Libéria, au Sierra Léone et en Côte d’Ivoire, des seigneurs de la guerre risquent d’entrer en action pour promouvoir les trafics illicites. La Junte fait face aux difficultés de tout nouveau pouvoir : inexpérience, arrogance, querelles intestines, étroitesse de la base de soutien. Les radicaux -Aqmi, Ansar Dine, Mujao, Boko Haram- qui occupent le Nord et les autres groupes MNLA en particulier et le FLNA jouent la compétition au plus extrémiste. Plus le pouvoir est fragile à Bamako et plus ces deux derniers groupes seront à 10 • AFRICA54.FR

l’étroit et leurs éléments modérés marginalisés par les plus durs. Les islamistes vont renforcer globalement leur présence qui cependant comporte des risques de division. Pour le moment, le vide et l’incertitude politiques à Bamako les aident à renforcer leurs rangs, leur unité, leur expansion et l’exécution de leur agenda. L’appel à l’envoi des troupes étrangères au Mali constitue une excellente publicité pour les jihadistes. Il facilite les recrutements, donne du prestige aux radicaux et attire les combattants étrangers. Si les troupes de la CÉDÉAO ne viennent pas, il y’aura un discrédit pour cette organisation. Si elles viennent il y aura encore plus de difficultés pour tous. Au Nord, les rebelles disposent déjà de trois aéroports -Gao, Tessalit et Tombouctou- qui peuvent accueillir de gros porteurs et recevoir tous les commerces y compris ceux de la drogue, des armes et aussi des militants étrangers. La crise malienne est également une tragédie humanitaire avec 320 000 personnes concernées dont plus de 180 000 réfugiés dans les pays voisins. Le mouvement doit s’amplifier à cause de la précarité ambiante. Pour le moment, ces réfugiés ne posent pas de problèmes sécuritaires dans les pays d’accueil mais il ne faudrait pas exclure des infiltrations. La crise est également sécuritaire et existentielle au Mali bien sûr mais aussi dans les États voisins. Les pays resteront-ils tels qu’ils sont dans leurs frontières héritées de la colonisation? L’effet du Soudan s’y exerce sûrement.

miques nationales ; la diversification des ressources vers le sécuritaire au détriment de l’économie : achat d’armes, gonflement des effectifs des forces de sécurité... etc. ; le découragement et attentisme des investisseurs nationaux et surtout étrangers ; le ralentissement ou cessation de l’aide internationale avec la priorité passant à l’humanitaire ; la radicalisation des groupes et mouvements religieux par effet de contagion ou d’imitation et pour conserver leur espace d’action. Des pays tel le Sénégal où les confréries sont puissantes, peuvent être atteints ; l’émergence de tensions et de suspicions entre États au Nord et au Sud du Sahara.

et de l Union européenne ; • Limiter l influence des réseaux de la drogue sur la crise actuelle.

▶ Les suites de l’affaire libyenne : • Afin de stabiliser la Libye et donc le Sahel Sahara, le Gouvernement de Tripoli doit être encouragé à s ouvrir aux Kadafistes non poursuivis par la justice internationale ; • Faciliter le retour en Libye des ressortissants du Sahel qui le désirent pour y travailler et récupérer leurs biens abandonnés ou spoliés; • Organiser une conférence internationale pour traiter des questions relatives aux relations entre la Libye et ses voisins en particulier du Sud.

In fine... ▶ Plus la crise malienne dure :

Réponses à la crise

• Plus les divisions entre les différents

Chaque crise est spécifique donc il n’existe pas de solution unique pour toutes les crises. En l’espèce deux propositions peuvent aider à sortir de la situation présente. Au niveau national, faire de la prévention à travers l’inclusion politique et la transparence dans la gestion des affaires publiques. Deuxièmement, par des mesures pratiques comme contenir le conflit pour éviter qu’il s’enracine ou qu’il contamine les pays voisins. ▶ Mesures pratiques: Bamako doit :

centres du pouvoir à Bamako se multiplient et s approfondissent. • Plus les radicaux islamistes renforcent leurs positions locales et attirent des combattants étrangers. • Plus elle fera partie du paysage international et plus la crise se banalisera comme le sont les conflits de l Afghanistan ou de Somalie.

• Confirmer la durée de la transition

-40 jours ou bien 12 mois- et qui la dirigera. • Réunifier et motiver l armée nationale et les forces de sécurité ; • Rejeter la création des milices ethniques ; • Élargir le gouvernement pour inclure des représentations du Nord ; • Éviter les règlements de comptes

Impact sur la sous-région Le Sahel Sahara est un ensemble géopolitique plutôt cohérent. Plus la crise dure et plus elle affectera toute la région. Les principaux effets sont le détournement de l’attention et des efforts des gouvernements, loin des priorités politiques et écono-

entre pro et anti révolution démocratique de Mars 1991. • Négocier pendant qu il est encore temps avec les forces présentes au Nord avec l appui de l Algérie, du Burkina, de la Mauritanie et du Niger • S assurer le soutien de la CÉDÉAO, de l Union africaine, des NationsUnies, de la France, des États-Unis

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MALI PREMIER SUR LA LISTE


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l n’est plus possible,

LE PARADOXE MALIEN À ce jour, le danger le plus grave et aux conséquences les plus difficiles à mesurer, d après les observateurs du Centre4S, ne se situe pas au nord du Mali comme on pourrait légitimement le penser mais bien, paradoxalement, au sud et précisément à Bamako. par Ahmedou ould Abdallah

aujourd’hui, de minimiser et encore moins d’ignorer la gravité de la crise malienne pour l’avenir du pays. Au Sahel, la menace de déstabilisation est visible, sérieuse et crédible. Le Mali s’enfonce inexorablement dans une crise sans précédent. Pourtant, une partie de ses élites politiques continue de se comporter comme si de rien n’était. Jouant avec le patriotisme ambiant, celles- ci préfèrent cacher la triste vérité à leurs concitoyens, à savoir la douloureuse descente aux enfers de ce vieux pays. Blâmer le passé récent ou des États proches et lointains ne réglera pas les difficultés actuelles. Pour les civils, autant que pour les militaires, la priorité doit être de faire face à la catastrophe qui s’est abattue sur leur pays et de chercher à y mettre fin grâce au meilleur atout dont ils disposent encore : la négociation. La forte présence dans le nord du pays de plusieurs mouvements islamistes d’Aqmi ou autres, qui sont armés et organisés, et de narco-trafiquants aux réseaux tentaculaires, est une source permanente d’inquiétude.

Bamako, capitale divisée et contestée Par ailleurs, il y a ce que l’on peut appeler le “paradoxe” malien. Contrairement à d’autres observateurs, d’après le Centre4s la situation à Bamako est plus inextricable et donc, plus périlleuse pour l’intégrité du pays que celle qui prévaut au nord. À ce jour, le danger le plus grave et aux conséquences les plus difficiles à mesurer, ne se situe pas au nord comme on peut légitimement le penser mais, bien paradoxalement, au sud et précisément à Bamako. À cela il y a plusieurs raisons. D’abord, le contexte où les autorités officielles opèrent leur est très défavorable : une légalité contestée, des forces de sécurité fragilisées voire éclatées, une Junte qui se bat pour survivre, une opinion publique abusée et enfin la perte des provinces

du nord au profit de rebelles. En second lieu, Bamako souffre d’un handicap lié à une image négative due à la mauvaise gestion du coup d’État et de ses suites y compris la violence physique contre le président intérimaire Dioncounda Traoré, toujours en convalescence à Paris. De plus, les forces en présence ne sont pas encore très identifiées et leurs soutiens restent dans l’ombre. En troisième lieu, en dépit de la présence de personnalités expérimentées ou représentatives tel le Premier Ministre Cheick Modibo Diarra, le gouvernement de transition peine à être visible. Comme la Junte, il fait face à d’énormes difficultés. Dans cet environnement caractérisé par de nombreuses tensions, voire des conflits larvés, le principal défi réside dans un déficit de légitimité des dirigeants, une institution militaire traumatisée et divisée et enfin une économie en berne. Sans parler du grand nombre de déplacés internes et de réfugiés que la crise malienne a engendré.

Sauvegarder l intégrité territoriale La stabilisation du nord, comme de l’ensemble du pays, exige que soit instauré un état plus fonctionnel et plus crédible à Bamako. Il faut, notamment y établir, dans les meilleurs délais un gouvernement suffisamment représentatif et acceptable pour la majorité des maliens, mais aussi pour leurs voisins et les partenaires extérieurs. Idem pour l’armée nationale qui doit être restructurée et réconciliée avec elle même et avec la population. Le moral des troupes est actuellement au plus bas. Tout cela demande du temps et des moyens, autant de denrées rares en ces temps de crise. Mais, si leur économie nationale et leurs finances publiques continuent d’être malmenées, et c’est le cas actuellement, il faudra beaucoup plus pour rassurer les maliens et sauvegarder l’intégrité de leur pays enclavé. Fier de son histoire glorieuse, le AFRICA54.FR

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peuple malien doit cesser d’être leurré par ceux qui chatouillent son amour propre et continuent de rejeter la faute sur les autres pour la catastrophe qu’il est en train de vivre injustement. Un grand peuple est toujours capable de se ressaisir pour parvenir à surmonter une mauvaise passe. Avec la perte des régions du nord, une bataille pour la survie du pays et du régime lui-même, s’est engagée, mais dans les pires conditions politiques et économiques possibles. Une jeunesse dépourvue d’espoir de trouver un travail décent se radicalise, les trafics se poursuivent à l’abri des batailles pour le pouvoir et les tensions ethniques et sociales sont explosives. Enfin, les seigneurs de la guerre, orphelins depuis la fin des crises du Sierra Leone, du Liberia et de la Côte d’Ivoire, se préparent à de nouvelles aventures lucratives au Mali. Il est à craindre qu’ils ne lâcheront pas prise de sitôt.

Faut-il intervenir au Mali ?

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C’est dans cet environnement plutôt chahuté qu’est évoqué l’envoi sur le terrain de troupes internationales pour le maintien de la Paix dans le cadre de la CÉDÉAO ou même des Nations-Unies. L’objectif de ces troupes serait de protéger les institutions démocratiques et d’assurer la restauration de l’intégrité territoriale du pays. Pour des raisons légales et pratiques, cette nouvelle perspective risque de compliquer un problème malien déjà très complexe. Il faut rappeler ici, qu’il existe un préalable à l’autorisation par le Conseil de Sécurité de l’envoi de forces de maintien de la paix dans un pays. En effet, un accord de paix entre les parties en conflit doit d’abord être conclu. Or, pour le moment, celui-ci n’existe pas. Par ailleurs, si une demande d’intervention pour accompagner la phase de transition et protéger les autorités intérimaires peut recevoir un accueil favorable du Conseil, la sauvegarde de l’inté12 • AFRICA54.FR

grité territoriale et donc l’appel au Chapitre VII de la Charte peut difficilement obtenir son feu vert dans le contexte actuel de guerre civile qui prévaut au Mali. D’autre part, le mandat d’une mission de maintien de la paix doit être clairement défini dans ses objectifs et dans sa durée. Dans le cas du Mali, le but de ce mandat reste à déterminer : servira-t-il à la restauration de la démocratie ou bien à la reprise de force des régions du nord au profit de Bamako, voire les deux à la fois ? Fatalement, la durée et le coût de la mission dépendront des termes de ce mandat. Enfin, la décision de mobiliser des troupes pose un certains nombre de défis politiques, juridiques et surtout financiers. Si au niveau de la CÉDÉAO les difficultés politiques et juridiques peuvent être facilement dépassées, il n’en va pas de même des aspects financiers en particulier ceux nécessaires à la logistique : transport, équipement, armement et autres dépenses, essentielles à l’efficacité des opérations et au bon moral des troupes. Au niveau des Nations Unies, l’expertise du système et l’engagement du Secrétaire Général Ban Ki Moon pour la paix en Afrique, permettront de trouver la formule la plus appropriée au contexte malien. En fonction de la nature du mandat, si celui-ci vient à être adopté par le Conseil de Sécurité, le mode de financement de la mission sera alors déterminé. Deux possibilités : il peut soit être obligatoire, donc à travers le budget de l’Organisation, soit volontaire, c’est-à-dire à travers des contributions individuelles d’États membres qui le veulent et le peuvent financièrement. Au stade actuel, la budgétisation d’une opération au Mali par les Nations Unies semble, toutefois, exclue. La mission elle-même peut être hybride -Nations Unies et Union africaine- comme au Darfour ou spécifique comme l’AMISOM en Somalie avec des arrangements financiers adaptés. Dans le cas du Mali, l’innovation consisterait à remplacer l’UA par

la CÉDÉAO. Dans tous les cas, les contraintes juridiques et financières actuelles, de même que les intérêts de tel ou tel pays, l’Algérie par exemple, ne poussent pas, en la matière, à une décision rapide au niveau du Conseil de Sécurité.

Le rôle de la diplomatie régionale La restauration de la paix au Mali serait mieux servie par une action, en particulier diplomatique, au niveau de la région -CÉDÉAO et pays voisins du Mali ou concernés et intéressés par la situation dans ce pays. Mais le président Yayi Boni encourage la saisine du Conseil de Sécurité et donc l’internationalisation de la crise malienne. Le corollaire

de cette internationalisation, risque, en effet, de se traduire par une seconde internationalisation mais, celle là, au niveau du terrorisme mondial. Sans oublier, naturellement, l’internationale des narcotrafiquants opérant sur plusieurs continents.

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n définitive, pour résoudre le paradoxe du Mali, il faut, au-delà des territoires acquis ou perdus, commencer à s’intéresser aux populations et gérer leur cohabitation en pansant leurs plaies même les plus anciennes. La nation est un projet sans cesse en construction. Ceci est valable au Mali comme pour les États voisins s’ils veulent s’immuniser contre une contagion qui sinon pourrait devenir, très vite, inéluctable.


ALGÉRIE INSTRUMENTALISATION DE LA QUESTION TOUAREG À DES FINS HÉGÉMONIQUES Les douloureux évènements qui secouent le Mali interpellent la communauté internationale et notamment les pays de la région sahélo-saharienne sur le rôle de l Algérie dans son implication directe ou indirecte dans cette crise malienne et dans sa gestion de la lutte anti-terroriste sur son territoire, particulièrement aux confins sahariens frontaliers avec le Mali et le Niger. Analyses. par Farid Mnebhi

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’Algérie, puissance régionale incontournable pour régler par le dialogue la crise dans laquelle a sombré le Mali, avec un Sud sans institution stable et un Nord fragmenté par des groupes terroristes et mafieux, n’a toujours pas esquissé de plan de sortie de crise au Mali ni tenter de combattre efficacement le terrorisme, la criminalité transnationale et l’immigration clandestine dans sa zone sahélo-saharienne. Une indifférence des autorités militaro-politiques et sécuritaires algériennes qui inquiète les pays de la région et la communauté internationale. Explication. Une multitude de groupuscules du Nord Mali ont tissé des liens d’une grande proximité avec les algériens à travers des réseaux criminels, terroristes et économiques. Al-Qaida au Maghreb islamique ou AQMI est un monstre islamiste armé créé par l’Algérie. Ce groupe est constitué d’anciens membres du Groupe islamiste armée -GIA, créé après la confiscation de la victoire du Front Islamique du Salut aux élections législatives en

1992-, d’anciens membres des forces armées et d’éléments des services algériens. En effet, il est de notoriété publique que les sécuritaires algériens ont infiltré AQMI et donc opèrent aujourd’hui un certain contrôle sur ce mouvement afin de répondre aux intérêts de certains cercles algériens qui sont multiples. Parmi ses intérêts, il y a lieu de souligner celui de diriger les terroristes djihadistes hors de son territoire et de les orienter vers le Mali afin créer une zone grise au nord du Mali car c’est une région où il existe un trafic de drogue très important, dans lequel certains cercles très élevés maliens et algériens sont impliqués. Autres intérêts de la mafia militaro-politico-économique algérienne, et non des moindres, celui des enjeux pétroliers. Un contrôle total par l’Algérie sur les terroristes d’AQMI évoluant en toute liberté et quiétude sur son territoire et dans le Nord du Mali permettrait aux foreurs de l’entreprise algérienne SONATRACH, en créant un vide de contrôle du pouvoir malien, de faciliter leur déplacement

en toute liberté dans cette zone sous souveraineté malienne. En effet, l’annonce de la découverte du pétrole dans le septentrion malien, a attisé des appétits certains au sein de la hiérarchie algérienne mais aussi suscité une hantise de voir ses voisins malien et nigérien s’affranchir de sa sphère d’influence en raison de leur richesses minières et de leur riche potentiel en ressources pétrolières et gazières. Une richesse qui poserait la question du leadership, déjà fortement émoussé, de l’Algérie sur le continent africain mais aussi dans le monde arabo-islamique ainsi qu’auprès des organisations internationales. La stratégie algérienne est toute simple : premièrement, rester très passive, comme si Alger attendait de voir la suite des événements avant de se prononcer. En cas d’obtention de l’indépendance de l’AZAWAD, l’Algérie pourra dire qu’elle n’a pas contré le MNLA. Pour l’Algérie, ce ne serait pas totalement négatif puisqu’elle pourrait éventuellement imposer son influence sur un État nouvellement indépendant, sous sa coupe et renfermant l’essentiel des richesses maliennes, que sur le Mali, pays avec qui les relations ne sont pas très bonnes. Deuxièmement, en cas d’échec, Alger pourra toujours prétendre qu’elle n’a jamais été non solidaire du mouvement, et offrir sa médiation, rôle qu’elle a déjà joué dans la rébellion de 1990. Au final l’Algérie laisse la situation pourrir pour savoir sur qui elle pourra avoir le plus d’influence, afin de tirer le maximum d’opportunités le moment venu. Il ressort donc de ce qui précède que l’Algérie tente par tous les moyens de “somatiser” la région sahélo-saharienne. Cette affirmation est confirmée par le fait que les autorités algériennes refusent de s’impliquer sérieusement dans l’éradication du terrorisme ou du sécessionnisme dans toute la zone. Cette attitude irresponsable a été fermement soulignée dernièrement par le Ministre nigérien AFRICA54.FR

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des Affaires étrangères, monsieur Mohamed Bazoum. Ce dernier a rappelé qu’il devient urgent que les Algériens sortent de leur attitude de retrait et d’expectative, qu’ils doivent se réveiller face à la grave situation qui prévaut au Nord Mali. Il a également souligné le CEMOC -Comité d’État-Major Opérationnel Unifié- était conçu pour faire face

NC

à de telles situations. Or, depuis que cela est arrivé au Mali, cette entité a été mise en hibernation par l’Algérie et qu’elle doit aujourd’hui justifier sa position de retrait et d’expectative qui porte gravement à la souveraineté des États et à la sécurité des populations de la région. Pour le Ministre nigérien, il est également primordial que l’Algérie intègre le fait que seule l’option militaire est à même d’éradiquer définitivement la menace terroriste d’AQMI. À ce sujet, le Maroc a été invité à s’impliquer dans la lutte anti-AQMI par le Niger et le Mali. Contrairement à l’Algérie, le Maroc demeure convaincu de la nécessité d’une démarche basée sur la coordination des actions pour faire face aux défis sécuritaires dans la région du Sahel. La participation du Maroc à la lutte antiterroriste dans la région du Sahel se fait de plus en plus nécessaire. Les États de cette région de l’Afrique, marquée par une forte présence d’AQMI, un ex-Groupe salafiste de prédication et de combat algérien, sont conscients de cette urgence. Ils affichent désormais publiquement leur adhésion à cette thèse malgré l’opposition manifeste de l’Algérie à la participation de son voisin de l’ouest dans ce combat. D’ailleurs, la position du Royaume à propos de cette question est claire. Le Maroc demeure convaincu de la nécessité d’une démarche basée sur la conjugaison des efforts et la coordination des actions pour faire face aux défis sécuritaires régionaux. J’ajouterai que le

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Maroc a accueilli, le 09 juin dernier, le conseil exécutif des ministres des Affaires étrangères de la Communauté des États sahélo-sahariens -Cen-Sad- qui regroupe 28 pays d’Afrique. Cette réunion a eu pour objectif d’insuffler une nouvelle dynamique à cette organisation et dont une de ses principales missions est la promotion de la paix et de la sécurité. Une paix mise à mal dans la région en ébullition et dont certaines parties comme le Mali sont déstabilisées avec le risque d’une contagion régionale et d’une “kurdistanisation” qui toucherait l’arc sahélo-saharien.

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n conclusion, il est plus

que jamais clair que le régime algérien s’obstine à vouloir cacher ce qui ce passe dans cette région du monde pour servir ses propres intérêts, alors que la lutte contre la nébuleuse terroriste au Sahel exige une coopération étroite entre l’ensemble des États de la région. L’Algérie tient toujours, pour des raisons inavouables, à sa position intransigeante malgré les mutations profondes que connaît la région, notamment la vague de protestation qui secoue le monde arabe et la mort d’Oussama Ben Laden, leader emblématique d’Al Qaida, avec tout ce que cela pourrait impliquer comme risque de radicalisation des filiales régionales de cette organisation terroriste, notamment AQMI, dirigée par l’Algérien Abdelmalek Droukdel. L’Algérie instrumentalise donc la question touareg, comme elle le fait pour celle du Sahara marocain, à des fins hégémoniques et de leadership sur le continent africain et arabo-musulman. Mais elle a oublié que la patience du Maroc, du Mali, de la Mauritanie, du Niger, de la Tunisie, de la Libye, du Tchad, du Burkina Faso, du Sénégal, du Nigéria et d’autres pays a atteint ses limites.


AFRIQUE DE L OUEST SÉCHERESSE, FAMINE ET COUP D ÉTATS Une crise multiforme, liant sécheresse, famine et coups politiques, semble engluer l Afrique de l ouest dans une période délicate depuis le début de l année 2012. Le coup d État contre le président Amadou Toumani Touré au Mali en mars dernier et la mutinerie en Guinée Bissau ont accéléré un mal-être qui ne dit pas son nom. Retour sur les différentes facettes de cette ère de troubles. par Melissa Chemam

C

hômage, sécheresse,

famine, coup d’État, les substantifs s’accumulent dans une région plus que jamais emprise avec les difficultés. L’Afrique de l’ouest fait face à plusieurs crises, multiformes, qui se posent notamment en défi à la CÉDÉAO et aux chefs d’États des pays concernées, du Niger au Mali, en passant par le Burkina Faso et la Guinée Bissau. Des crises qui ont des conséquences désastreuses sur les économies de la région, minées par la baisse du tourisme et de l’activité et par conséquent une hausse du chômage. Selon le rapport Perspectives économiques en Afrique 2012, dans de nombreux pays à faibles revenus, plus de 50% des jeunes Africains sont sans emploi. Le rapport montre même que lorsque l’emploi souffre de problèmes de qualité

-des emplois existent, mais ils ne sont pas de qualité-, nombre de ceux

qui peuvent se le permettre choisiront d’être au chômage : “en

Afrique, le taux de pauvreté des travailleurs et le taux de chômage entretiennent une corrélation négative forte, ce qui montre que nombre de jeunes préfèrent être des chômeurs plutôt que des travailleurs pauvres et choisiront le chômage dans l’espoir de trouver un meilleur travail quand ils pourront se le permettre”.

Une crise d abord alimentaire et humanitaire Selon les autorités nigériennes, plus de 30 000 Maliens de la région de Ménaka ainsi que environ 8 000 Nigériens vivant au Mali ont ainsi trouvé refuge au Niger depuis le début de l’année, fuyant les combats entre forces gouvernementales et groupes armés. Selon le Comite international de la Croix Rouge, le CICR, au Niger, des régions comme le nord Tillabéry sont “déjà

durement touchées par une saison agricole 2011-2012 médiocre caractérisée par une pluviométrie mal répartie dans l’espace et dans le temps”, mais “la population doit désormais partager ses maigres ressources avec les nombreux réfugiés en provenance du Mali”. Le Niger est touché par une crise alimentaire, comme d’autres pays de la bande sahélienne, et doit faire face à cet afflux de réfugiés maliens et ainsi qu’à l’arrivée de ressortissants nigériens fuyant eux-mêmes le conflit dans le nord du Mali. Selon Juerg Eglin, chef de la délégation régionale du CICR pour le Mali et le Niger, “dans

la région de Tillabéry, où nous concentrons nos efforts, les populations ne s’étaient pas encore remises de la

crise de 2009-2010 quand elles ont dû accueillir, en l’espace de quelques semaines, plusieurs dizaines de milliers de réfugiés maliens et de nigériens de retour au pays, en début d’année”. La sécheresse et la crise alimentaire que connait actuellement la région du Sahel est une conséquence des mauvaises récoltes lors de la campagne agricole 2010-2011. Depuis fin janvier, près de 320 000 maliens ont fuit le conflit au Mali, selon Médecins sans Frontières, dont 160 000 ont rejoint des camps au Burkina Faso, en Mauritanie et au Niger. Alors que l’instabilité perdure au Mali et que l’espoir d’un retour prochain au pays s’éloigne, une autre menace guette les réfugiés : la saison des pluies, qui compliquera encore plus le déploiement de l’aide. Le problème de fonds est que le Niger a connu trois sérieuses sécheresses durant ces 10 dernières années -2005, 2010 et 2011-, et l’influence du changement climatique dans la région du Sahel empire le problème, alors que les déplacements de population rendent la crise alimentaire encore plus aigue. Les saisons des pluies dans toutes l’Afrique de l’ouest sont devenues erratiques, et les politiques agricoles nationales sont insuffisantes ou inefficaces. Dans cette partie du monde, la plupart des personnes dépendent entièrement des produits agricoles qu’ils cultivent, et d’une seule saison des pluies par an. L’an dernier, les pluies ont été tardives, les récoltes mauvaises, en conséquence, le bétail meurt et les populations ont faim. De plus, les mauvaises récoltes ont fait grimper les prix alimentaires à un moment où ils sont d’habitude moins élevés. La hausse des prix du carburant et les infestations des insectes ont encore aggravé la situation. Selon Malik Allaouna, directeur des opérations de MSF, “l’insécurité alimentaire est

une menace tant pour les réfugiés maliens que pour

les populations hôtes déjà appauvries par les mauvaises récoltes” et “seules des distributions de nourriture en quantité et qualité suffisantes permettront d’éviter que l’état nutritionnel des enfants ne se dégrade encore”. L’ONG a appelé a l’aide le Haut Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés (HCR) et le Programme Alimentaire Mondial (PAM) pour qu’ils revoient leurs objectifs à la hausse et accélèrent la distribution de l’aide en Mauritanie, au Burkina Faso et au Niger, et ce “avant que la saison des pluies

ne rendent l’acheminement de l’aide encore plus difficile”. En réponse, le PAM et ses partenaires ont lancé une action régionale pour apporter une assistance alimentaire à plus de 9 millions de personnes dans les huit pays affectés : Burkina Faso, Cameroun, Gambie, Mali, Mauritanie, Sénégal, et Tchad. Selon le PAM, pour éviter les futures crises alimentaires dans le Sahel, il faudra “for-

mer les populations à capter l’eau de pluie et développer des cultures résistantes à la sécheresse pour qu’elles puissent survivre lors de ces sécheresses”. Un autre moyen de lutter contre la faim est de “constituer des greniers com-

munautaires où les familles peuvent emprunter des céréales pendant les périodes de soudure et les ‘repayer’ lors de la prochaine récolte”. Dans la région d’Agadez, au Niger, le CICR a entrepris diverses actions en vue de sauver le bétail en complétant l’alimentation des animaux par l’intermédiaire de 61 banques d’aliments pour le bétail. Une opération a également débuté le 15 mai dernier pour permettre à environ 5 000 ménages de vendre à bon prix une dizaine de milliers d’animaux affaiblis sur des marchés de bétail communaux, où ils seront abattus. La viande sera distribuée aux communautés, ou séchée et distribuée ultérieurement aux AFRICA54.FR

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les régions de Tillabéry et d’Agadez, les communautés ne demandent qu’à retrouver leur autosuffisance ; des programmes sur le plus long terme doivent donc être mis en place et servir de modèles, comme des projets “argent contre travail”.”

Une crise également politique et sécuritaire Politiquement, l’Afrique de l’ouest est encore largement affectée par les crises qui ont frappé le Mali et la Guinée Bissau au premier trimestre 2012. Au Mali, alors que le Nord du pays est encore occupé par les rebelles, depuis le coup d’État du 22 mars, le refus persistant du Capitaine Amadou Sanogo et de la junte de concentrer leurs efforts sur le rétablissement de l’intégrité territoriale de la nation ouest africaine et leur interférence continue dans la transition restent nuisibles. La Commission de la CÉDÉAO a fermement condamné “ces

actes qui vont à l’encontre des dispositions de la Constitution du Mali, ainsi que de “l’Engagement Solennel” pris par le CNRDRE le 1er avril 2012, et de “l’AccordCadre” du 6 avril 2012”. À la suite du coup d’État qui a renversé le président Amadou Toumani Touré et placé à la tête du pays le capitaine Amadou Sanogo, la CÉDÉAO a utilisé la carotte et le bâton pour aider le Mali à rétablir l’ordre constitutionnel. L’organisme régional a élaboré un accord permettant à un civil de prendre la tête du pays et de le gouverner jusqu’aux élections qui doivent se tenir l’an prochain. La CÉDÉAO s’est également rangée derrière le gouvernement central en ce qui concerne la nécessité de juguler la rébellion touarègue qui sévit 16 • AFRICA54.FR

d’un dialogue entre acteurs politiques, civils et militaires”,

dans le Nord, où le MNLA, le Mouvement national pour la libération de l’Azawad, profite de la confusion, et a proclamé unilatéralement la création d’un État indépendant début avril. Mais malgré ces interventions, la confusion politique demeure à Bamako, qui subit l’emprise croissante des islamistes au Nord du pays. Selon le quotidien malien Le Républicain “l’action

notamment au Mali, dans l’objectif de mettre en place une autorité de transition qui ne devra plus accorder un rôle central, ni même prépondérant, aux auteurs du coup d’État. L’organisation recommande en conséquence la fermeté la plus totale sur la question de l’intégrité territoriale du Mali. Quant à la situation économique de la région, le rapport Perspectives économiques en Afrique 2012 montre que seules des politiques nationales fortes et coordonnées pourront relancer l’emploi et protéger le secteur du tourisme, un secteur clé pour l’Afrique occidentale.

tarde alors que chaque minute étend les tentacules de la pieuvre djihadiste et ses menaces inquiétantes pour l’islam multiséculaire de notre pays”. Le quotidien appelle le Premier ministre à “prendre tout son pouvoir” et à agir. En Guinée Bissau, “la CÉDÉAO sert actuellement de médiateur pour trouver une solution à la crise provoquée par le coup d’État du 12 avril, qui a interrompu le processus électoral”, selon IRIN, l’agence d’information du Bureau de la Coordination des Affaires Humanitaires des Nations Unies. Une première vague de 70 policiers paramilitaires du Burkina Faso est arrivée le 17 mai à Bissau, le pays prévoyant l’envoi d’un total de 140 hommes. Le Nigeria s’est quant à lui engagé à déployer 300 agents de sécurité -140 policiers et 160 soldats-, et les soldats sénégalais compléteront le reste du corps. Le 22 mai, les putschistes ont remis le pouvoir au président par intérim Manuel Serifo Nhamadjo et à son premier ministre, Rui Duarte Barros, mais la situation reste incertaine, alors que des dissensions persistent au sein de l’armée...

Besoin d actions concertées et renouvelées La résolution de ces crises ne se fera donc pas sans l’implication et l’action conjointe d’acteurs nationaux et internationaux. L’ICG, International Crisis Group, appelle la CÉDÉAO, l’Ua et l’ONU à “créer le plus rapi-

dement possible les conditions

Rabah Seghir

structures sociales locales telles que des cantines scolaires. Selon Jules Amoti, coordonnateur des programmes de sécurité économique du CICR pour le Niger et le Mali, “dans


Boni Yayi

BONI YAYI PLAIDE POUR LA CRÉATION D UNE FORCE SOUS DRAPEAU ONUSIEN Lors d un passage éclair à Paris, le 30 mai dernier et sur invitation de son homologue, François Hollande, le chef de l État béninois et président en exercice de l Union africaine, Thomas Boni Yayi a donné une conférence de presse. À l ordre du jour, les questions relatives à l actualité africaine et à la coopération bilatérale. par la rédaction

AFRICA 24. Vous êtes-venu rencontrer votre homologue François Hollande, ce dernier s est engagé à rénover la relation entre la France et l Afrique, certains disent que ce ne sont que des mots, qu est-ce que vous attendez concrètement ?

Le président François Hollande a reçu les félicitations du continent. C’était déjà un ami du continent et je lui ai dit ceci : je suis venu au nom de ce continent qui est reconnu par son importance. D’ailleurs, en terme de superficie, nous représentons plus de 22% de la surface des terres émergées, soit un peu plus de 30 000 000 km2. D’ici 2050, il faudra compter avec l’Afrique et ses 1 milliards d’habitants ou 16% de la population mondiale. Personne ne peut nier que l’Afrique est un continent d’avenir. L’Afrique et sa diaspora sont unies comme un seul homme. En tenant compte de cela, vous constaterez que l’Afrique ces 5 dernières années a affiché une reprise économique moyenne de 5%. Sur cette base là, je suis venu dire au président ce que nous voulons faire sur l’esprit d’une responsabilisation. Je lui ai proposé d’accepter la mise en place d’un pacte stratégique, politique et économique. En clair, une croissance économique forte et partagée au service du développement, que cela soit basé sur un partenariat gagnant-gagnant, que nous discutions d’égal à égal, d’agir sur la solidarité internationale et d’en finir avec l’esprit d’assistanat. Le président a reçu 5/5 ce message et je crois que l’on s’est bien compris.

FRANCE 24. François Hollande a dit qu il n y aurait pas d intervention française sans feu vert des Nations Unis et conseille aux africains de saisir l ONU. Est-ce que vous allez le faire vous qui êtes aujourd hui président

de l Union africaine ? L’Union africaine a estimé qu’il fallait réunir l’unité du continent sur un certains nombres de valeurs précises. Ces valeurs ont pour noms, la paix, la stabilité, la sécurité, la meilleure gouvernance. Pour cela, nous avons pris un certains nombres de décisions. Par exemple, la charte africaine de démocratie, de gouvernance et d’intérêts appuyés par un certain nombre de documents et de déclarations fortes. Basé sur cela, la question de la stabilité n’est pas négociable. La corne de l’Afrique, les crises somaliennes et libyennes avec pour cette dernière des conséquences dramatiques sur la bande sahélo-saharienne. Les répercussions entraînent le nord du Nigéria avec la secte BokoHaram. La crise de la bande sahélo-saharienne a donné lieu à 3 chantiers essentiels : le renforcement du retour à l’ordre constitutionnel avec pour médiateur le président du Faso. Cela n’est pas négociable ! Le président de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (CÉDÉAO) s’investit avec l’appui de l’Union africaine. Nous voulons tout faire pour en finir avec un monstre à trois têtes au Mali : la junte, le président intérimaire et le premier ministre. La junte doit immédiatement retourner dans les casernes. Pour nous, le président intérimaire, c’est le président qui a été installé du fait de la vacance du pouvoir mais la constitution du Mali de 1992 est très claire. Ainsi, c’est le président de l’assemblée nationale qui doit assurer l’intérim. En situation normale, c’est le président qui nomme le 1er ministre mais le 1er ministre est un homme de qualité qui a compris sa mission. Le deuxième chantier est l’instauration d’une intégrité territoriale du Mali. Cela n’est pas négociable non plus ! Enfin, le troisième chantier consiste à débarrasser la sous-région du péril terroriste. Les trois groupes que sont le MNLA, Ansar Dine, AQMI avec pour AFRICA54.FR

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chef de fil Ansar Dine et AQMI. Il faut de la tolérance en matière religieuse, la liberté de croire et de croyance. On ne peut pas décider de dire qu’on va transformer le Mali, pays démocratique et laïc par sa tradition, en une république islamique basée sur la Charia. C’est inacceptable pour nous. Avec les dernières informations que nous recevons, j’ai du mal à faire la distinction entre MNLA, Ansar Dine et AQMI. Sur cette base, lorsque je constate que le groupe AQMI est en relation avec le groupe BokoHaram, qui frappent pour tenter de déstabiliser politiquement le Nigéria, et bien je dois vous dire que nous sommes formels. Le péril terroriste relève de la communauté internationale. Ce qui se passe au Mali n’est pas un problème uniquement malien, sous-régional ou sous-continental. Ce n’est pas non plus qu’un problème français. C’est un problème mondial. J’ai eu l’occasion d’attirer l’attention de mon ami François Hollande sur cette question, dans une région où il y a six otages Français. Une région où il y a des crimes abominables et une circulation massive d’armes de toutes sortes. La drogue et les stupéfiants y sont aussi monnaies courantes. “Nous ne voulons pas d’un

libérer le monde. Nous avons besoin d’un monde d’amitié entre les peuples. Nous voulons enrayer la pauvreté, terreau du terrorisme. C’est pourquoi, j’ai proposé à mon ami François Hollande de convaincre les quatre autres membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU en vue de la création d’une telle force. L’Afrique a décidé de prendre en main sa responsabilité et son destin.

RFI. Vous dites que vous ne croyez pas au dialogue sur la question du Nord Mali ?

Avec des discutions trop longues, j’ai peur que l’on s’enlise et que le développement économique de nos pays soit altéré. Nous proposons que l’UA renforce sa position pour que les Conseils de paix et sécurité de l’Union africaine puissent saisir le Conseil de sécurité de l’ONU. Nous pouvons prendre l’exemple de la Somalie, où une force africaine opère avec le soutien des Nations Unies. Nous pouvons aller dans cette direction. On ne dessaisit pas la CÉDÉAO -Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest, qui mène une médiation au Mali-, mais aucun de

nos pays ne sera épargné si les islamistes gagnent du terrain.

Afghanistan Ouest-africain.” C’est pourquoi, tout en félicitant le médiateur Blaise Compaoré et mon cher ami Alassane Ouattara, nous souhaitons impliquer les pays du champ, même si ils ne sont pas membres de la CÉDÉAO. Il y a l’Algérie, la Mauritanie, la Libye, le Tchad qui doivent être associés aux décisions. Cela relève de la compétence de l’Union africaine qui doit renforcer son implication devant le conseil de paix et de sécurité de l’ONU. Nous avons besoin d’un important appui financier et logistique onusien au Niger. Cette solution militaire doit venir après le dialogue mais il ne doit pas trop durer. D’ailleurs, dialoguer avec les terroristes, je n’y crois pas ! Et notre solution permettra de 18 • AFRICA54.FR

France Ô. L ancien président de la République du Libéria, Charles Taylor est condamné à 50 ans de prison. Quelle est votre réaction ?

Je ne crois pas en l’impunité et quand les vérités sont établies, il faut que justice soit faite. Est-ce

que les pays de l Union africaine vont finir par livrer Omar El Béchir à la CPI ? La CPI ne doit pas uniquement juger les chefs d’États africains. Cela est fondamentale et pour le reste, laissons faire la justice. Nous avons parfois une justice à deux vitesses dans un monde que nous voulons équitable. Un monde d’amitié.

Le Monde. Avez-vous parlez avec le président Hollande d une possible participation française si on envisage un déploiement armé au Mali ?

La France dit : “je vous comprends”. Je comprends vos cris du cœur et vos SOS. Saisissez le conseil de sécurité et la France jouera sa partition.

Le Figaro. Le président Youcoumba Traoré est à Paris, pensez-vous envisageable pour lui de rentrer au Mali alors même qu il a été agressé au Mali. Peut-il le faire sans une protection internationale ou du moins, est-ce que l Union africaine pourrait lui apporter une protection afin de lui éviter les mésaventures qui lui sont arrivées ?

Les décisions vont dans cette direction. C’est lui qui assure la présidence et la transition d’une année. Ce qui s’est passé est déploré par nos États. La CÉDÉAO et l’Union africaine sont d’accords pour créer des conditions sécuritaires favorables afin que le président Youcouba Traoré puisse accomplir son devoir durant cette année de transition.

Africa 54. Actuellement, entre Juba et Khartoum, règne un climat très hostile, estce que l Union africaine arrivera à rétablir la paix ou laissera t-elle la Chine trouver une solution ?

Nous sommes en pleine discussion. Nous avons toujours laissé un message fort. L’Afrique doit avoir le contrôle de ces mécanismes de paix et de sécurité. Il doit y avoir un contrôle, une maitrise mais aussi une ouverture à tous les partenariats stratégiques qui nous permettent de régler les questions qui doivent aller à la consolidation de la paix et de la stabilité sur le continent. Nous devons en avoir la maîtrise. Si la

Chine veut aider, elle doit passer par les structures appropriées du continent, c’est à dire l’Union africaine et le Conseil de paix et de sécurité. Aujourd’hui l’Union africaine est à pied d’œuvre avec les structures appropriées. J’ai reçu le président du Sud Soudan il y a à peine 2 jours. Il m’a fait part de ces préoccupations et l’appréciation que je fais de cela, c’est que nous allons arriver à la résolution de ce dossier tant il est vrai qu’il m’a exprimé sa disponibilité et nous a demandé de rassurer le président Béchir pour peu que ce dernier puisse sécuriser le convoi des transactions pétrolières à travers le Nord. Lui, il n’est pas pour la guerre mais pour la paix. L’esprit que je viens d’évoquer, la maitrise par le continent des conflits en son seing sont d’autant plus vrais que nous avons demandé aux 5 membres permanents du conseil de sécurité que les résolutions soient compatibles avec les décisions du conseil de paix de l’Union africaine. Nous avons vécu une situation amère que vous connaissez bien. La situation de la Libye, nous ne voulons plus d’une telle situation. Nous voulons en avoir la maîtrise et le message fort que j’ai lancé au président Ban Ki-moon est de tout faire pour que les résolutions puissent être en harmonie par les résolutions prises par le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine. Lorsque le conseil permanent de sécurité se réunit, c’est pour traiter dans la majorité des cas de dossier qui concernent à 90% l’Afrique. Ainsi, pour permettre un meilleur débat, il serait bon que le président en exercice de l’Union africaine siège, au même titre que l’Union européenne au conseil permanent de sécurité comme je l’ai suggéré à mon ami François Hollande. Cela faciliterait la compatibilité des décisions prisent par les 5 membres permanents du Conseil et l’Union africaine. Il serait bon que nous disposions d’un droit de véto. Tout le monde doit être acteur dans la bonne gouvernance mondiale car nous ne croyons pas à un monde à deux vitesses.


LE MNLA CHEZ BLAISE COMPAORÉ

tions, via des émissaires dépêchés dans le Nord malien, avaient démarré avec les groupes armés, dont le MNLA, qui contrôlent depuis fin mars cette région. Selon des sources sûres et proches du président Compaoré, c’est son conseiller spécial Moustapha Chafi présenté comme le Jacques Foccart sans valise du sahel qui mènerait ses consultations car ce dernier est très écouté par les leaders Touaregs et les chefs des différentes nébuleuses islamiques qui occupent le nord du Mali. Ce dernier aurait également une marge de manœuvre auprès des combattants touaregs issues de la légion islamique qui ont combattu auprès de Kadhafi en Libye. Après avoir lancé l’offensive contre l’armée malienne mi-janvier, le MNLA s’est retrouvé ces dernières semaines supplanté sur le terrain par le groupe islamiste Ansar Dine

Depuis l annonce de la saisine du conseil de sécurité par l Union africaine de concert avec la CÉDÉAO et avec l appui de la France, la main de fer dans un gant de velours de la CÉDÉAO tendu au MNLA emmène cette formation séparatiste du nord Mali à la saisir pour certainement donner une chance à la négociation face à la menace grandissante du déploiement des troupes armées Africaines au Mali en vue de rétablir l intégrité territoriale du Mali qui n est pas négociable selon les dirigeants de la CÉDÉAO et de l Union africaine avec en tête Yayi Boni qui le déclare sur tous les cieux. par Rodrigue

U

ne délégation de la rébellion touareg malienne du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) a été reçue ce samedi pour la première fois par le président burkinabè Blaise Compaoré, médiateur ouest-africain pour la crise au Mali ; Trois responsables du MNLA, dont l’identité n’a été immédiatement divulguée, ont été reçus au palais présidentiel à Ouagadougou pour un entretien avec le président Burkinabè Blaise Compaoré, médiateur de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (CÉDÉAO), accompagné de son ministre des Affaires étrangères Djibrill Bassolé. Le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) est venu pour la première fois remettre officiellement une lettre de son Secrétaire général au président Blaise Compaoré, Médiateur de la CÉDÉAO dans la crise malienne. Dans la lettre, il est signifié que “le MNLA est disposé et accepte la médiation de la CÉDÉAO et de la communauté internationale pour une sortie de crise au Mali. Le MNLA se met à la disposition de la CÉDÉAO et de la communauté internationale pour trouver une sortie honorable à cette crise”. Cette déclaration est de Monsieur Ibrahim Ag Mohamed Assaleth,

membre du Conseil de transition de l’Azawad (CTA), l’autorité installé par le MNLA dans la zone du nord Mali sous son contrôle. Monsieur Assaleth avait à ses côtés, deux autres membres du MNLA dont le colonel Hassan Ag Medhy Selon Yipénè Djibril Bassolé ministre des Affaires étrangères du Burkina, l’audience accordée par le président du Faso à la délégation du MNLA fait suite à une décision du Secrétaire général de ce Mouvement d’envoyer des membres du MNLA auprès du Médiateur de la CÉDÉAO Blaise Compaoré pour préparer les conditions et les modalités du dialogue. Le MNLA marque ainsi sa disponibilité à trouver une solution négociée avec la CÉDÉAO et la communauté internationale. Le MNLA veut également trouver une cohésion interne en son sein et va procéder très prochainement à une concertation plus élargie avec les autres mouvements armés et toutes les communautés vivant dans le Nord du Mali pour trouver une plate-forme qui sera soutenue par tous et sera portée à la connaissance du Médiateur de la CÉDÉAO. Le Ministre Bassolé indique d’une part l’implication de la Mauritanie et de l’Algérie dans les prochaines discussions. En effet dès la mi-mai, le Burkina avait fait savoir que des consulta-

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fenelon Massala

et son allié jihadiste Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi). Un projet de fusion entre le MNLA, au départ sécessionniste et laïc, et Ansar Dine, qui prône la charia -loi islamique- dans tout le Mali, a été suspendu récemment en raison de fortes divergences sur la question de l’application de la charia. Le mouvement rebelle touareg apparaît depuis lors divisé entre partisans d’une fusion et ceux, en particulier ses responsables basés en Mauritanie et en France, qui y sont farouchement hostiles. Un accrochage entre éléments du MNLA et d’Ansar Dine dans la nuit de jeudi à vendredi près de Kidal, l’une des grandes villes du Nord malien, a rappelé la précarité de la situation. L’Union africaine (UA) s’apprête à saisir l’ONU pour obtenir aide militaire dans le nord du Mali.

Blaise Compaoré

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BLAISE COMPAORÉ UN MÉDIATEUR D EXCELLENCE POUR LA RÉSOLUTION DES CRISES AFRICAINES Le président Blaise Compaoré participe activement à travers des opérations de maintien de la paix et médiations, à la résolution des crises mondiales en général et dans la sous-région ouest africaine en particulier. Quel est son fondement en matière de droit international dans la gestion des conflits ? Quelle est la place des médiations du Burkina Faso dans le système international de maintien de la paix et de la sécurité ? Sur quels terrains de conflits a-t-il administré sa science de la gestion des crises ? Séquence décryptage. par Salifou Sawadogo – Ancien ministre burkinabé

En Afrique et en Afrique de l’ouest en particulier, la médiation semble être le système le plus apprécié dans le règlement des conflits. De par sa méthodologie, elle emprunte sa démarche à celle de la technique ancienne mais efficace de l’arbre à palabre. Elle consiste pour une personnalité, une organisation internationale ou non gouvernementale à intervenir auprès de belligérants consentants afin de les accompagner dans la recherche de solutions consensuelles et consenties à leur conflit. La médiation a fait ses preuves et enregistre des succès. Une telle consécration est due surtout à la particularité du mécanisme, à sa souplesse et à sa démarche moins contraignante.

Le Faso agit pour la paix et la sécurité mondiales La charte des Nations Unies en son article 2, paragraphe 3 énonce que “les membres de l’organisation

règlent leurs différends internatio20 • AFRICA54.FR

naux par les moyens pacifiques, de telle manière que la paix et la sécurité internationales ainsi que la justice ne soient pas mises en danger.” Plus loin, la charte consacre expressément en son article 33 paragraphe 1 les mécanismes de règlements pacifiques que sont “la

négociation, l’enquête, la médiation, la conciliation, l’arbitrage” Ces méthodes recommandées sinon obligatoires pour les États membres de l’ONU en conflit peuvent être appliquées directement par les États en conflit ou par les personnalités ou organisations internationales sollicitées par les belligérants. Dans ce sens, le Burkina Faso, à travers son président a officié en qualité de médiateur dans divers conflits. Cette démarche de recherche ou de restauration de la paix troublée dans les pays en crise témoigne de l’engagement du Burkina Faso à assumer pleinement ses obligations découlant de la charte à savoir préserver la paix et la sécurité mondiales. Ainsi, Blaise Compaoré en réussissant à ramener la paix au Mali, Niger, Togo, Côte d’Ivoire, Guinée et

Damien HR

Un médiateur expérimenté

à rapprocher les parties au Darfour/ Soudan a largement contribué à l’accomplissement des objectifs de l’ONU et des organisations régionales et sous régionales -UA, CÉDÉAO. C’est la raison pour laquelle ces efforts sont soutenus par la communauté internationale, qui bénéficie de ces succès en médiation. Sous la présidence du Conseil de Sécurité par le Burkina Faso, le président du Faso, a initié une rencontre de haut niveau des États membres de l’ONU au siège de l’organisation à New York sur le thème “médiation et règlement des conflits”. À cette rencontre, le président du Faso a partagé son expérience des médiations et a exhorté le secrétaire général des Nations Unies à “renfor-

cer les capacités des Nations Unies dans le domaine de la médiation”. Cet invité du président du Faso traduit sa conviction que la médiation est un moyen efficace de restauration de la paix et de la sécurité internationales.


FLASH-BACK SUR LA MÉDIATION DU BURKINA-FASO AU TOGO, MALI, GUINÉE ET CÔTE D IVOIRE Au Togo... Elle est consécutive à la grave crise politique que ce pays a traversé dans les années 1990. Crise née du processus de démocratisation, elle a entrainé des violences inouïes, des morts, l’exil de nombreux togolais et surtout la rupture du dialogue

Quand la case du voisin brûle, il faut l aider à éteindre les braises au risque de se voir aussi engloutit par les dites braises.

politique entre l’opposition et le parti au pouvoir. L’intervention du président du Faso sollicitée par le président du Togo, Gnassingbé Eyadema a permis de déboucher sur l’accord de Ouagadougou le 11 juillet 1993 qui a permis l’organisation d’élections par une commission électorale indépendante. En 2005, la mort de Gnassingbé Eyadema donnera lieu à la seconde crise du Togo, crise relative à la succession au pouvoir. Avec les contestations nées suite aux élections organisées en avril 2005 et remportées par Faure Eyadema, la répression policière et militaire et l’exil se sont abattus sur de nombreux togolais. Le 25 juillet 2006, les protagonistes togolais sollicitaient la médiation du président du Faso pour faciliter une sortie de crise. L’implication du président Compaoré a permis de signer le 20 août 2006 à Lomé un accord politique global avec la mise en place d’une CENI indépendante, l’organisation des élections et la formation d’un gouvernement d’union nationale.

En Côte d Ivoire...

Blaise Compaoré

La médiation du Burkina Faso faisait suite aux échecs des accords de Lomé, Marcoussis, Accra et Pretoria dans un contexte d’enlisement et de suspicion entre le pouvoir du président Gbagbo Laurent et

la rébellion des forces nouvelles de Soro Guillaume. Le président Gbagbo propose alors un dialogue direct avec les rebelles sous la facilitation du président du Faso. La rébellion accepte, la CÉDÉAO aussi. Après de longues discussions, Laurent Gbagbo et SORO Guillaume signait le 04 mars 2007, l’accord politique de Ouagadougou qui prévoit : les modalités de l’identification des populations, le désarmement, les modalités du processus électoral et la mise en place d’un gouvernement de transition. Cet accord sera renforcé par quatre accords complémentaires. La médiation a permis d’organiser les élections en Côte d’Ivoire sur la base d’un fichier électoral transparent et d’une administration électorale professionnelle. Lors de la contestation des résultats des élections d’octobre et novembre 2010, l’avis du facilitateur a été requis pour renseigner la communauté internationale.

En Guinée... L’intervention du président du Faso a été demandé par le président en exercice de la CÉDÉAO, le nigérian Oumarou Yar’Adua. Elle a été rendue nécessaire suite aux massacres des manifestants le 28 septembre 2009. Après avoir initié des contacts avec l’ensemble des acteurs guinéens, le président du Faso proposait une feuille de route le 19 novembre 2009.

Salifou Savwadogo

LA DIPLOMATIE DU DÉVELOPPEMENT Les succès de la médiation du président Compaoré mettent en orbite le Burkina. En reconnaissance des efforts consentis par le président du Faso pour le retour de la paix dans la région Afrique et pour l’enracinement de la démocratie, des soutiens s’expriment de diverses manières notamment à travers l’aide publique au développement et le soutien à la gestion des crises alimentaires et des catastrophes. Mieux, sur le fondement de cette diplomatie agissante, le Burkina Faso a pu renforcer sa coopération avec les partenaires au développement.

Quelques exemples illustratifs ▶ Trois jours seulement après la libération d’un otage italien par les touaregs du nord Mali avec l’appui du président du Faso, l’Italie a dépêché son ministre en charge de la coopération internationale pour annoncer au président du Faso, la reprise de la coopération entre l’Italie et le Burkina Faso. ▶ Les autorités du Qatar se sont engagés à apporter leurs concours fi nanciers au Burkina Faso dans l’exécution de ses projets ; quelque part, elles n’ont pas été indifférentes à la contribution diplomatique du Burkina Faso au Darfour/ Soudan. ▶ La coopération technique et militaire s’est fortement renforcée particulièrement avec la France et les États-Unis d’Amérique.

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LES SECRETS D UNE MÉDIATION RÉUSSIE

PAR LE MINISTRE BURKINABÉ DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES DJIBRIL BASSOLÉ lors du discours à

Washington le 23 mars 2012.

▶ le médiateur doit être “accepté par les protagonistes” et œuvrer à “tisser des relations de confiance” avec eux. Exercice difficile dans la mesure où le médiateur doit être à la fois proche de toutes les parties sans pour autant se faire soupçonner de favoriser l’une d’entre elles. ▶ “être discret.” Cette discrétion est nécessaire pour faire avancer les discussions ou consultations entre les protagonistes. Il est important de noter que la médiation fait du médiateur le confident des parties. ▶ le médiateur doit avoir “une grande capacité d’écoute.” Cette capacité d’écoute lui permet d’entendre toutes les parties, leurs prétentions et de pouvoir connaitre pleinement les préoccupations essentielles, fondamentales et d’en tenir compte dans la recherche des solutions. ▶ “être humble, intègre et patient.” Dans tous les cas, “la proximité de la médiation” qui consiste à choisir un médiateur proche de la zone du conflit est un atout en ce sens que ce dernier a une meilleure connaissance des causes et des enjeux de la crise. Cela peut permettre de trouver des solutions adaptées et acceptées de tous. Il faut en outre privilégier “une démarche inclusive” notamment en ce qui concerne les modalités de conduite du processus de médiation. Tous les acteurs doivent participer à son élaboration. Une fois, l’accord obtenu entre les parties, il s’avère indispensable que l’accompagnement du médiateur soit constant à l’endroit des parties afin de les aider à surmonter les difficultés inhérentes à la mise en œuvre de l’accord. C’est pourquoi, il est indispensable de “mettre en place un mécanisme de suivi”. Le président du Faso a toujours désigné des personnalités pour assurer le suivi des accords conclus sous sa médiation en collaboration avec la communauté internationale. Pour que la médiation soit un succès, il est nécessaire que “la communauté internationale apporte son soutien” à la médiation et à l’application de ses résolutions.

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Après maintes difficultés, l’intervention du président Compaoré a permis d’organiser des élections présidentielles et de donner à la Guinée, son premier président démocratiquement élu.

La médiation en cours au Mali Le 22 mars 2012, la junte militaire conduite par le capitaine Moussa Aya Sanogo mettait fin au pouvoir du président démocratiquement élu Ahmadou Toumani Touré et cela, à quelques encablures des élections présidentielles pour lesquelles il n’était pas candidat. Cette entorse grave à la démocratie s’est opérée consécutivement avec la perte de la partie nord du Mali, occupée par des sécessionnistes se réclamant du Mouvement de Libération Nationale de l’Azawad (MLNA) et avec à leur côtés des islamistes de AQMI et de Ansar Dine. Le président Blaise Compaoré désigné à nouveau médiateur de la CÉDÉAO et en rapport avec ses paires a enregistré en moins d’un mois des progrès significatifs comme : ▶ l’accord-cadre signé entre le représentant du médiateur et la junte ; ▶ la levée des sanctions économiques contre le Mali ; ▶ l’amnistie accordée aux membres de la junte ; ▶ l’investiture du président intérimaire conformément aux dispositions de la constitution suite à la démission du président ATT ; ▶ la nomination d’un premier ministre suivie de la formation de son gouvernement. Cette médiation est en cours et des espoirs sont permis pour le rétablissement effectif de l’intégralité territoriale et l’organisation des élections ; le président Compaoré aura besoin d’un appui franc des maliens, de la CÉDÉAO et des Nations-Unies. À ces diverses médiations, il faudra ajouter les médiations dans les conflits touaregs au

Niger et au Mali, celles entre l’Erythrée et l’Ethiopie et la médiation au Darfour.

Question. Comment le président du Faso procède-t-il pour atteindre des résultats aussi positifs ?

Les conditions de succès dans les médiations D’après ces proches, l’une des particularités des médiations du président Compaoré reste avant tout sa capacité à réussir là où les organisations internationales ou régionales se sont saisis dès le départ d’un dossier et ont échoué à ramener la paix. Au Togo, malgré les sanctions de l’Union européenne, le régime en place n’a fait aucune concession significative ; en Guinée,

en dépit des menaces de la Cour Pénale Internationale (CPI), de l’ONU, de l’Ue et de l’Union africaine, le régime des capitaines n’a accepté de signer un accord de transfert du pouvoir que sous l’intervention du médiateur Blaise Compaoré ; cet accord a permis une transition qui a abouti aux élections présidentielles. En Côte d’Ivoire, l’Union africaine, la France et l’ONU ont échoué à faire adopter un accord viable, respecté de tous. Seul l’accord de Ouagadougou a permis de tracer une feuille de route qui a abouti à la tenue des élections présidentielles et législatives.

T

ous ces exemples ne prouvent-ils pas les talents de médiateur du président du Faso ?

Salifou Savwadogo


MALI LA CÉDÉAO A-T-ELLE LES MOYENS DE SA POLITIQUE? Après avoir fait alliance avec lui, la CÉDÉAO refuse au capitaine Sanogo le statut d ancien chef d État. Mais il n acceptera certainement pas docilement cette décision. par Slate Afrique

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e gouvernement de transition malien cherche à encadrer le pouvoir du CNRDRE. Ainsi, il a annoncé le 9 juin la création d’une nouvelle structure, dont le nom n’a pas encore été donné, et qui comprend des membres de l’exjunte militaire malienne, rapporte le site d’information français RFI. Le gouvernement de transition voudrait arrondir les angles, en intégrant les militaires putschistes à la reconstruction du pays. Trois jours plus tôt, la médiation internationale au Mali -ONU, UA et CÉDÉAOs’était montrée plus tranchante, en refusant au capitaine Sanogo le statut d’ancien chef d’État. Le mini-sommet tenu en marge du sommet de l’Union économique et monétaire ouest-africaine -Uemoa-, à Lomé, le 6 juin 2012, a été l’occasion pour les chefs d’État et de gouvernement de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CÉDÉAO) de réaffirmer, entre autres, “la non-reconnaissance du CNRDRE -Comité national

désormais, la CÉDÉAO ne reconnait pas la junte comme partenaire et que pour elle, Sanogo n’est pas et n’a pas été un chef d’État dûment reconnu. On imagine bien que cette décision de l’organisation sous-régionale ne fera pas que des heureux à Bamako. Dans le camp des anti-putschistes qui trouvaient que la CÉDÉAO n’était pas assez ferme contre la junte, ce sera un motif de satisfaction.

Mais dans le camp de Sanogo, cette prise de position ne manquera pas de faire des vagues. Pour ces gens, que la junte soit dissoute, cela passe.

Simulacre de retour à l ordre constitutionnel Mais que le Capitaine Haya Amadou Sanogo qui avait pris le pouvoir à Bamako n’ait pas le statut d’ancien chef d’État, cela n’est pas aisé à accepter. Ce d’autant plus qu’il a été annoncé, il n’y a pas très longtemps de cela, que ce turbulent capitaine devait bénéficier de ce statut et de tous les avantages qui y sont attachés. C’est tout comme si la CÉDÉAO remettait en cause, de façon indirecte, l’accord conclu avec les putschistes. Ceci dit, il y a un grand risque que privé de ses avantages, Sanogo se révolte. Mais, s’il est vrai que la position de la CÉDÉAO fait un peu désordre au regard de l’accord qu’elle avait elle-même conclu avec la junte alors au pouvoir et de son attitude aujourd’hui vis-à-vis de cette même junte, force est de reconnaitre qu’elle revient à une posture plus juste. Ce durcissement de ton semble d’ailleurs donner raison à tous ceux qui avaient trouvé boîteux l’accord conclu avec la bande à Sanogo. En tout cas, la suite de cet accord, on la connaît. Une sorte de simulacre de retour à l’ordre constitution-

que “de tout statut de chef d’État ou d’ancien chef d’État au capitaine Amadou Sanogo” par l’Organisation. Cela veut dire clairement que,

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pour la restauration de la démocratie et le redressement de l’État, Ndlr-” ainsi

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nel, alors que le capitaine est resté maître du jeu et donc du pays. En effet, il est notoire que le pouvoir réel, malgré la transition constitutionnelle affichée, se trouve à Kati, dans l’antre du capitaine. En témoignent des arrestations de personnalités politiques et militaires dans le plus grand désordre et la plus grande opacité qui s’opèrent sans que les autorités constitutionnelles soient en mesure de donner les tenants et les aboutissants du dossier.

Un exil qui ne dit pas son nom Les partisans des putschistes n’ont pas manqué d’occasion pour humilier les délégations de la CÉDÉAO qui se sont rendues au chevet du pays. Comme des fauves, le capitaine Sanogo et ses partisans guettaient la fin du délai légal de transition pour bondir et récupérer “leur chose”. Mal leur en a pris puisque la communauté internationale, notamment la CÉDÉAO et les États-Unis, sentant leur manège, les ont fermement mis en garde contre toute tentative de remise en cause de la transition confiée à l’ex-président de l’Assemblée nationale, Dioncounda Traoré, conformément aux dispositions de la loi fondamentale de la République malienne. Leurs plans étant tombés à l’eau, des manifestants pro-Sanogo ont eu l’outrecuidance de prendre d’assaut le palais de Koulouba et comble de lâcheté, ils y ont molesté le président intérimaire, Dioncounda Traoré, tout en promettant d’investir leur chef Sanogo à sa place. Suite à cette attaque, le président de la transition, comme on le sait, s’est envolé pour des examens médicaux en France et s’est retrouvé contraint à un exil qui ne dit pas son nom. Au regard de ce tableau, on peut conclure aisément que le capitaine Sanogo est plus un problème qu’une solution pour son pays. Les honneurs et avantages qui lui ont été octroyés n’ont pas suffi à calmer ses ardeurs. Pendant que les viols et autres atteintes aux droits fondamentaux de l’Homme sont perpétrés au Nord, le capitaine et ses partisans ne sont préoccupés que par le pouvoir.

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Président, Sanogo ne l aura été que de nom Inutile de dire que ce climat délétère empêche la prise de toute mesure conséquente pour la restauration de l’intégrité territoriale du pays et le soulagement des populations qui étouffent entre les “serres” des “fous de Dieu” du désert. L’attitude peu républicaine de la junte concourt, avec l’action du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) et des mouvements terroristes, à maintenir le Mali dans l’impasse. Probablement et à juste titre excédée par les turpitudes de Sanogo, la CÉDÉAO est donc décidée à lui refuser le statut d’ancien chef d’État. Lui reconnaître ce statut allait, du reste, donner des idées à d’autres personnes, susciter des envies pas forcément saines sur le continent. La décision semble juste et justifiée.

De toute façon, président Sanogo ne l’aura été que de nom. Le fait que la transition n’a pu s’ouvrir qu’avec la démission formelle de l’ex-président Amadou Toumani Touré, prouve cela à souhait. Reste à savoir si la CÉDÉAO aura les moyens de sa politique. Il n’est pas évident que Sanogo accepte docilement de se laisser “déshabiller” de la sorte. Il faut craindre qu’il se rebiffe officiellement en ce qui concerne son retrait du fauteuil présidentiel. À la CÉDÉAO de s’assumer et de conférer à ses décisions toute la force, toute l’autorité requise. Il faut espérer que ce faisant, elle réussisse à calmer au plus vite les ardeurs déplacées de la junte pour donner place aux efforts de réunification du pays qui pourraient être placés bientôt sous mandat des Nations unies.


MACKY SALL SES DÉBUTS Dans les rues animées et exceptionnellement sous tension de Dakar, on entendait Wade dégage , tandis qu en France, les foules socialistes, les jeunes, les immigrés et antisarko scandaient en boucle le changement, c est maintenant . Macky Sall, ancien poulain politique du président sortant a ainsi été élu. L ambiance n est pas à l enorgueillement mais bien à la restriction budgétaire et réduction de la pauvreté au Sénégal. Les premiers pas de Macky Sall attestent de sa sobriété et son envie de changer les choses. Bientôt 4 mois après son investiture, qu en est-il ? par Barka Ba et Moustapha Ba

s’offusquer du fait qu’ils aient été convoqués. Ils considèrent qu’ils ne sont pas justiciables ou ne sont pas des citoyens comme les autres. Ceux qui n’ont rien à se reprocher, a t-il ajouté, doivent être calmes parce que rien ne pourra leur arriver. Nous ne sommes pas une république bananière.” Dixit Abdoulaye Wade. Dans le même cadre, l’ancien président Abdoulaye Wade menace d’empêcher l’organisation des élections législatives, au cas où le nouveau régime ne lui rendrait pas des véhicules qui lui appartiendraient. Macky Sall a rétorqué lors du lancement de la campagne électorale de “Bennoo bokk yakkar” : “On ne

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acky Sall, le maire de Fatick, c’est l’homme que l’on jugeait sans relief et trop normal pour être président. Mais la bête politique qui était enfouie au fond de l’ancien Premier ministre (2004-2007) s’est réveillée. Vilipendé, insulté puis chassé du perchoir par ses anciens “frères” -il a

peut pas empêcher les élections. Personne, dans ce pays, ne peut

été président de l’Assemblée en 2007-2008-, Macky a fait campagne, sillonnant de toutes parts le Sénégal jusqu’à son couronnement le 25 mars 2012. La gouvernance du Sénégal sera sans nul doute, à son image : douce et tempérée. Finit le faste et les grandes messes luxueuses et inutiles. Pour son investiture, le 2 avril, Macky Sall et ses convives enfilent le costume de la simplicité. Macky Sall pense à la santé des finances publiques. D’ailleurs, le premier ministre, M. Abdoul Mbaye n’est autre qu’un banquier inconnu du sérail politique, dont une des missions premières est de redresser le budget de l’État.

empêcher la bonne tenue des élections législatives, le 1er juillet 2012”. Le président en a profité pour expliquer les raisons pour lesquelles il doit y avoir une majorité à l’Assemblée nationale. “Ayons une bonne

compréhension de ce qu’est la séparation des pouvoirs. Il s’agit d’une séparation dynamique, d’une séparation souple. Mais, un Président, sans majorité, ne peut pas gouverner. Donc, la liste de ‘Benno bokk yakaar’ doit être une liste de la majorité présidentielle qui l’accompagne dans les choix que nous avons en partage, à travers nos programmes communs, à travers nos réflexions communes, à travers la synthèse des conclusions des Assises nationales”. Toutefois, Macky Sall a tenu à préciser : “Nous sommes des démocrates,

et je me garderai bien de faire de l’ingérence pour avoir subi, personnellement, dans ma chair, l’ingérence de l’Exécutif”. Et d’enchaîner : “Donc, c’est un faux-débat qu’on pose en disant : ‘Leur donner une majorité, serait passer vers une dictature’. Nous sommes une pluralité riche de sa diversité et forte de son unité. Nous sommes là pour servir les Sénégalais, et nous avons besoin d’une majorité homogène, mais plurielle. Nous n’avons pas les mêmes parcours, mais nous nous entendons sur l’essentiel : servir le Sénégal”. Pour le chef de l’État, “donner une majorité à ‘Bennoo bokk yakaar’, c’est parachever le combat qui a été entamé le 25 mars pour un Sénégal de ruptures, pour des changements véritables, exclusivement destinés au bien-être de nos populations”. À la question de savoir sur qui ils ont porté leur dévolu pour diriger l’Assemblée nationale, Macky Sall a indiqué : “On ne peut pas

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Ses premiers pas, ses premiers actes Au premier jour de son investiture, Macky Sall organise une session extraordinaire de la CÉDÉAO, à Dakar. La semaine suivante, il s’envole pour Abidjan pour participer à un

autre sommet et prend des initiatives sur la crise en Guinée Bissau. Enfin, le président Obama l’invite à participer au G8. Dans la foulée, il met sur pied une équipe d’experts chargés de créer les conditions du procès Habré que son prédécesseur avait fini par relégué aux calendres grecques. Actuellement, des audits sont en cours dans le cadre d’enquêtes sur des affaires d’enrichissement illicite sous la présidence d’Abdoulaye Wade ; cela affole plus d’un ministre et autres anciens responsables du régime. “J’ai entendu des gens

vouloir une chose et son contraire. Moi, je peux avoir ma volonté, je peux avoir mon désir. Je vous avais dit, Assemblée de rupture. Donc, les futurs députés, même s’ils viennent d’horizons divers, ils auront leur mot à dire. Et c’est à eux d’élire le futur président de l’Assemblée nationale”. En fait, le leader de la coalition est d’avis que “ce débat est prématuré. C’est un débat qu’on soulève pour nous divertir. Ce n’est pas encore le moment”. AFRICA54.FR

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algré l’affaiblissement,

de la conjoncture économique mondiale, la croissance économique devrait rester vigoureuse en 2012 en Afrique subsaharienne. Selon la dernière évaluation de l’économie régionale par le FMI, la croissance du PIB devrait s’accentuer légèrement par rapport à 2011 pour atteindre en moyenne 5%. L’Afrique subsaharienne a continué de jouir d’une croissance robuste car elle est relativement à l’abri des facteurs négatifs qui freinent la croissance dans la plupart des pays avancés. La région bénéficie aussi de facteurs ponctuels tels que la mise en service de nouvelles installations d’exploitation des ressources naturelles et le redressement de l’activité après la sécheresse et les conflits civils qui ont sévi en Afrique de l’Ouest.

FMI DES PRÉVISONS DE CROISSANCE EN HAUSSE POUR L AFRIQUE Selon un rapport publié par le Fond monétaire international (FMI), l Afrique subsaharienne a très bien résisté à la crise européenne. La croissance annoncée à 5, 4 % pour l année 2012 devrait se maintenir l an prochain à 5, 3 %.

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De bonnes perspectives de croissance DOCTEUR JUAN NOEL NSUE ONDO

UN ATOUT DE TAILLE POUR L’ÉTAT ÉQUATO-GUINÉEN Anciennement conseiller en politique internationale du président de la République de Guinée équatoriale et nommé depuis le 28 mai -décret nº 81/2012Secrétaire d’État auprès du ministère de l’Information, de la Presse et de la Radio, Juan Noel Nsue Ondo jeune intellectuel et polyglotte équato-guinéen a fait ses classes en France. Thésard à la Sorbonne sous la direction de M. Serge Salaun, il rédige par passion en 2008 une thèse intitulée “La présence espagnole en Afrique noire : succès et échecs de la colonisation et de la décolonisation de la Guinée équatoriale” puis devient militaire à St Cyr. L’homme a la droiture et la diplomatie dans le sang. Il n’est pas rare, sur ces jours de repos, qu’il arpente le pays de long en large pour veiller au bien-être de la population. Sa plus grande passion : l’avenir et le développement de la Guinée équatoriale. Source : Bureau d’information et de presse de Guinée équatoriale

La croissance alimentée par la demande intérieure s’est plus ou moins maintenue grâce à l’amélioration des politiques économiques, à l’augmentation des réserves de change et à la baisse de l’endettement public. L’accroissement de l’investissement et de la consommation -en particulier dans le secteur des services- a joué un rôle déterminant à cet égard. Cependant, les perspectives économiques varient d’un pays à l’autre. Certains pays à revenu intermédiaire -tout particulièrement l’Afrique du Sud- enregistrent de moins bons résultats en raison de leur grande vulnérabilité à l’évolution de la conjoncture mondiale, surtout à ce qui se passe en Europe. En revanche, les pays producteurs de pétrole devraient connaître une croissance record grâce à la mise en service de nouvelles unités de production en Angola et à l’augmentation des niveaux de production au Nigéria et au Tchad. Enfin, les pays à faible revenu devraient continuer à bénéficier d’une croissance forte, de l’ordre de 5 et demi %. Dans une étude de référence contenue dans le rapport, le FMI souligne la résilience des systèmes financiers subsahariens. Alors que, en Europe, la confiance a été ébranlée par


l’endettement excessif des États et la vulnérabilité des systèmes bancaires, les systèmes financiers d’Afrique subsaharienne sont, jusqu’à présent, restés généralement à l’abri des turbulences financières mondiales. Une deuxième étude passe en revue l’évolution qu’ont connue ces dix dernières années les pays pour lesquels les ressources naturelles non renouvelables contribuent de façon importante aux exportations et aux recettes publiques. Elle examine le rôle qu’ont joué les ressources naturelles dans l’accroissement des revenus ainsi que les problèmes complexes que cela pose pour la gestion macroéconomique.

Risques baissiers Les perspectives économiques sont toutefois exposées à des risques baissiers considérables. Une recrudescence des turbulences sur les marchés financiers de la zone euro pèserait sur les flux d’exportations et d’investissement dans toute la région. Cela ralentirait la croissance dans la plupart des pays, sans toutefois la faire dérailler. Une flambée des cours du pétrole, résultant de chocs sur l’offre, poserait de graves difficultés aux pays importateurs en comprimant les revenus réels et en accentuant les besoins de financements extérieurs.

Action des pouvoirs publics face aux tensions inflationnistes Dans plusieurs pays d’Afrique de l’Est, l’inflation est montée en flèche et s’est maintenue au niveau élevé pendant une bonne partie de l’année écoulée. Sur douze mois, l’inflation a augmenté de près de 16 points de pourcentage -pour dépasser 20%- en 2011 dans la Communauté de l’Afrique de l’Est (CAE), tandis qu’au cours de la même période elle faisait un bond de 15% à 36% en Ethiopie. La hausse des prix alimentaires a largement contribué à cette poussée inflationniste, même i l’abondance des récoltes locales a aidé à maintenir bas les prix des aliments de base dans les autres pays d’Afrique subsaharienne. Face à la montée de l’inflation, la

plupart des pays ont resserré leur politique monétaire, en relevant sensiblement leur taux d’intérêt ou en durcissant le contrôle de la masse monétaire, ce qui a aidé à réduire les anticipations inflationnistes. Bien qu’elle reflue dans certains e ces pays, l’inflation demeure élevée en Ethiopie, en Ouganda et en Tanzanie. Pendant la période à venir, la politique monétaire devrait rester centrée sur le rétablissement de la stabilité des prix dans les pays où l’inflation reste élevée. Dans les pays où les perspectives d’inflation sont plus modérées. Il pourrait être préférable de donner une orientation plus accommodante à la politique économique en fonction de la vigueur de la reprise.

Reconstitution des marges en manœuvre budgétaires Dans un grand nombre de pays, la politique a contribué à l’orientation généralement accommodante de la politique économique en 2011. Cependant, depuis 2008, les marges de manœuvre budgétaires se sont érodées dans beaucoup de pays et devront être reconstituées progressivement. Les déficits budgétaires hors pétrole ont diminué en 2011 dans tous les pays exportateurs, à l’exception du Cameroun et du Gabon. Cette amélioration devrait se poursuivre cette année. En revanche, le déficit budgétaire global s’est creusé de 1 point de pourcentage en 2011 dans les pays à faible revenu, mais un rééquilibrage des finances publiques devrait avoir lieu dans environ deux tiers de ces pays en 2012. En outre, dans beaucoup de pays où le déficit devrait s’accentuer, cette évolution devrait être imputable pour une bonne part au montant élevé des nouveaux investissements en capital -par exemple en Ethiopie, au Rwanda et en Tanzanie. Les pays où la croissance restera vigoureuse en 2012 pourront sans doute procéder à un certain rééquilibrage des finances publiques de manière à reconstituer progressivement leurs marges de manœuvres budgétaires. Un resserrement

budgétaire serait prématuré dans les économies où la croissance reste faible et où les contraintes de financement ne sont pas pressantes. Dans ce pays, des actions anticycliques sont envisageables, de façon limitée en cas d’évolution défavorable de la conjoncture extérieure. Ils pourraient notamment maintenir leurs programmes de dépenses en cas de baisse des recettes et prévoir des aides ciblées supplémentaires pour les populations les plus vulnérables. PRÉSIDENCE DE LA COMMISSION DE L UNION AFRICAINE

ENTRE JEAN PING ET NKOSAZANADLAMINI ZUMA LE BRAS DE FER S’INTENSIFIE C EST À ADDIS-ABEBAS, EN ÉTHIOPIE, DU 9 AU 16 JUILLET, LORS DU PROCHAIN SOMMET DE L UNION AFRICAINE QUE L ON APPRENDRA LE NOM DU NOUVEAU PRÉSIDENT DE LA COMMISSION. LA COMMUNAUTÉ INTERNATIONALE, FIN JANVIER, ÉTAIT RESTÉE DES HEURES DURANT, À ERRER DANS LES COULOIRS DU NOUVEAU SIÈGE DE L UNION AFRICAINE, À ADDIS-ABEBA, À L AFFÛT DE LA MOINDRE INFORMATION POUR QU ENFIN LE VERDICT TOMBE : BLOCAGE INSTITUTIONNEL SANS GAGNANTS, NI PERDANTS. UNE SITUATION INÉDITE QUI A TENU EN HALEINE LE MONDE MÉDIATIQUE ET DIPLOMATIQUE PENDANT 6 MOIS. par la rédaction

Entre Jean Ping et Nkosazana Dlamini-Zuma, le combat s’intensifie. La sud-africaine et candidate de la sous-région, pire qu’un pit-bull, ne lâche rien. Elle veut la place. Le sommet extraordinaire de la Communauté de Développement de l’Afrique Australe (SADC), la soutient. Du côté de Jean Ping, le président sortant, malgré les humiliations et les critiques en cascades, l’énergie est là. Le Gabon, silencieux lors des élections soutient aujourd’hui, à voix haute son fils afin qu’il remporte la bataille pour sa propre succession. Emmanuel Issoze Ngondet, ministre des Affaires étrangères du Gabon, a adressé une lettre à toutes les présidences africaines pour évoquer “l’intransigeance” sud-africaine. Un compromis favorisant un deuxième mandat pour Jean Ping aurait été proposé lors d’une réunion du comité des chefs d’État, le 14 mai à Cotonou mais pour Jacob Zuma, c’est exclu.

Programme de développement à moyen terme Toute amélioration durable des conditions de vie de la population suppose l’existence d’un appareil d’État efficace, capable d’assurer les services essentiels -tels que la sécurité- et un niveau élevé d’investissements publics bien exécutés dans les domaines des infrastructures et du capital humain. L’État doit aussi assurer un climat favorable aux affaires ainsi qu’un système financier efficace et stable sur lequel puisse s’appuyer l’activité du secteur privé. Au cours de la décennie écoulée, des progrès considérables ont été accomplis en Afrique subsaharienne en ce qui concerne les capacités de l’État -notamment son financement grâce à une meilleure mobilisation des recettes- et l’établissement d’un climat

favorable à l’activité du secteur privé. De nouveaux progrès seront nécessaires dans ces deux domaines pour que la croissance vigoureuse de ces dix à quinze années, qui a été stimulée par la forte demande mondiale de ressources naturelles africaines, puisse se poursuivre durablement en se diversifiant au cours des années à venir.

Suite au retrait de l’offre de la République du Malawi d’abriter les réunions du 19e Sommet de l’Union africaine initialement prévues à Lilongwe, au Malawi du 9 au 16 juillet 2012 et après consultations entre les États membres, il a été décidé que le 19e Sommet se tiendra au Siège de l’Union africaine à Addis-Abeba (Ethiopie) aux mêmes dates. AFRICA54.FR

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POUVOIR

ENTRETIEN AVEC DONALD KABERUKA La BAD est axé sur les défis d une croissance partagée. par Hichem Ben Yaiche

À trois ans de votre fin de mandat, quel héritage souhaitez-vous léguer en termes d action et de réalisations ? Il ne faut pas parler en termes d’héritage. Il y a un travail à achever, aujourd’hui, qui est très important. Je pense qu’il faut plutôt se concentrer sur deux éléments : le premier, c’est veiller à ce que la dynamique actuelle du continent africain en termes de croissance soit pérennisée. C’est très important. Ce processus date d’une décennie. Par conséquent, il faut qu’elle soit soutenue. Deuxième chose : il ne faut pas se contenter seulement de chiffres impressionnants. La croissance doit être partagée. Pour résumer, la nouvelle stratégie de la banque est donc axée sur les défis de la croissance, mais une croissance partagée. La banque a une stratégie et des instruments pour y parvenir.

Depuis votre arrivée, vous avez mis en œuvre une politique de décentralisation. La BAD est passée de 23 à 25 bureaux. Y a t-il aujourd hui plus d efficacité, plus de pouvoir de décision sur le terrain pour concrétiser les projets ?

World Economic Forum

C’est trop tôt pour le dire, parce qu’il faut quand même avoir un peu plus de temps avant de procéder à l’évaluation de 35 bureaux, y compris des deux centres régionaux pilotes qui viennent d’ouvrir, à Nairobi et à Pretoria. Cependant, le modèle lui-même est condamné à réussir. Car on ne peut pas gérer des projets au Malawi à partir de Tunis ou d’Abidjan. Il faut être proche des clients. Et si vraiment on croit que ce sont les pays qui conduisent l’action de développement, il faut donc être sur place, proche de nos opérations. C’est cela le modèle qu’il faut maintenant, les structures hypercentralisées et bureaucratiques ne peuvent plus fonctionner dans le monde d’aujourd’hui. 28 • AFRICA54.FR

GUINÉE ÉQUATORIALE DU CHANGEMENT AU GOUVERNEMENT

LE PRÉSIDENT DE LA GUINÉE ÉQUATORIALE, TEODORO OBIANG NGUEMA MBASOGO, A ACHEVÉ SON NOUVEAU CABINET, COMPOSÉ DE 55 NOUVEAUX MEMBRES : 6 MINISTRES D ÉTAT, 18 MINISTRES, 15 MINISTRES DÉLÉGUÉS ET 16 VICE-MINISTRES.

Le Chef de l’État a nommé deux vice-présidents -l’ancien premier ministre, Ignacio Milam Tang, chargé des affaires présidentielles, et son propre fils Teodoro Nguema Obiang Mangue, chargé de la Défense et de la Sécurité de l’État-, un Premier

ministre, Vincent Eate Tomi, et deux Vice-Premier ministre, Clemente Engonga Nguema Onguene et Alfonso Nsue Mokuy. Dans ce nouveau gouvernement, on retrouve aux postes-clés les mêmes : Gabriel Mbegha Obiang Lima, devient ministre des Mines, de l’Industrie et de l’Energie ; Baltasar Engonga Edjo, est ministre d’État chargé de l’intégration régionale ; Antonio Mba Nguema, reste à la tête du ministère de la Défense nationale. On retrouve dans ce gouvernement Miguel Abia Biteo Boriko, un ancien Premier ministre -2004-2006-, qui est chargé du Ministère du Travail et de la Sécurité sociale, mais aussi Agustín Nze Nfumu, longtemps ambassadeur à Londres, récemment rappelé au pays, et rédacteur en chef de la “Gaceta de Guinea ecuatorial”, à qui on confie le ministère de l’Information, de la Presse et de la Radio. L’ex-diplomate ne sera pas dépaysé, car il a déjà été ministre d’État, chargé de l’Information en 2003-2004 Un conseiller présidentiel, Miguel Oyono Ndong Mifumu, remplace le fils du Chef de l’État au ministère de l’Agriculture et des Forêts, alors que Marcelino Owono Edu -ministre des Mines, de l’Industrie et de l’Energie depuis 2008- devient ministre des

Finances et du Budget. Le Secrétaire général du Parti Socialiste (PSGE), Tomás Mecheba Fernández Galilea est reconduit comme ministre de la Santé et du Bien-être social. Présenté comme un “opposant”, il est en fait un ancien compagnon de route du PDGE et n’a jamais présenté de candidat contre le président Obiang. Depuis 2001, il a déjà été ministre délégué, chargé de la Santé, dans trois gouvernements successifs. Source : EFE


Non, c’est trop tôt. Il faut plutôt évaluer de façon continue et faire des ajustements nécessaires afin que le modèle soit un succès. Je ne pense pas que la BAD puisse se permettre de revenir à un modèle d’hypercentralisme où tout se décide à Tunis. Ce n’est pas possible !

La BAD va s engager dans l élaboration de sa stratégie à long terme 2012-2022. Quelle orientation souhaitez-vous donner à ce travail qui conditionnera l avenir de votre institution ? C’est une stratégie telle que voulue par les actionnaires au moment de l’augmentation du capital. Car, comme vous le savez, aujourd’hui, on travaille sur la base d’une stratégie dite “à moyen terme”, mise en place en 2008 et qui se termine en 2012. Avec l’augmentation de capital, les actionnaires ont souhaité qu’on élabore une stratégie à long terme sur 10 ans. Par expérience, nous savons maintenant que l’augmentation du capital, se fait pratiquement tous les 10 ou 15 ans. Tout cela doit être accompagné par une stratégie claire. C’est un plan à long terme, il est vrai, mais c’est un plan dynamique…

C est-à-dire ? Qu’à mi-chemin, il est permis de revoir quelques-uns de ses éléments. Par conséquent, le nouveau président qui va être en fonctions en 2015, s’il ou elle souhaite pourra apporter des retouches ou des ajustements suivant les conditions internes et externes !

Vous êtes l homme qui a fait de la BAD la Banque mondiale de l Afrique . Même si les actionnaires jouent un rôle clé dans les grandes orientations, il

n en reste pas moins que votre touche personnelle a son importance. Avezvous un souhait particulier pour imprimer votre marque durant les trois ans de présidence qu il vous reste à effectuer ? Je ne me concentre pas sur les trois ans qui me restent. Parce que la banque est pérenne. Au-delà de tel ou tel président, les africains souhaitent une banque forte. C’est cela qui compte. À mon arrivée, j’avais estimé qu’il fallait changer la direction de la banque pour partir des conditions actuelles de l’Afrique. Et je me réjouis du fait que les choix qui ont été faits aujourd’hui par la banque sont ceux des Africains : infrastructures, intégration, initiative privée, etc. Je pense donc que l’institution a été inspirée d’être dans cette voie. Comme je vous l’ai dit, l’Afrique connaît aujourd’hui une dynamique vraiment forte. Dans le contexte actuel de crise mondiale, c’est le deuxième continent en termes de croissance, après l’Asie. Cela demande qu’on regarde de près ce qu’il y a à retoucher dans notre stratégie. Car même si nous sommes le deuxième continent en termes de croissance, nous sommes le deuxième continent en matière d’inégalités.

Qu est-ce qui explique ce grand décalage : l Afrique est un continent en forte croissance, mais les inégalités y restent très marquées ? Il y a deux raisons essentielles. La première raison, c’est que dans une grande partie des pays africains, la croissance est tirée par des ressources naturelles, surtout les hydrocarbures et les produits miniers. Ce sont des secteurs où l’élasticité d’emploi est très faible. Cela veut dire qu’ils ne créent pas beaucoup d’emplois. Mais ce sont aussi des secteurs qui constituent un danger potentiel, celui qu’on appelle

John Fox

Même si c est récent, vous avez les moyens d évaluer les projets en cours…

la “maladie hollandaise” : l’agriculture qui se meurt ainsi que d’autres secteurs qui s’abiment. Quand on considère un pays dont la croissance est tirée par le pétrole, et où l’agriculture commence à s’affaiblir, on constate des difficultés et des problèmes d’emploi, notamment. Quand on sait que le secteur agricole emploie la majorité de la maind’œuvre dans beaucoup de pays africains, on comprendra aisément l’ampleur des problèmes. L’autre raison : si vous regardez bien les pays où la croissance n’est pas tirée par les hydrocarbures ou les produits miniers, les inégalités sont moins importantes. Mais il y a d’autres causes, qui sont, elles, historiques. Je vous donne le cas de l’Afrique du Sud, c’est le legacy, comme on dit en anglais, du temps de l’apartheid. Il y a donc à la fois des éléments objectifs et des éléments qu’il faut bien analyser de près. À la BAD, nous pensons qu’avec le soutien à

l’enseignement technique à tous les niveaux, ainsi qu’aux PME, une dynamique se crée. Après le Printemps arabe, aujourd’hui, on sait plus que jamais que l’ouverture démocratique fait partie du développement.

C est à dire qu avec le Printemps arabe vous avez introduit un nouveau paramètre. Celui de la qualité du développement d un pays... Il a incontestablement créé une nouvelle dynamique. Mais cela nous a rappelé, à nous tous -agences de développement, gouvernements, etc. - qu’un développement qui n’est pas inclusif n’est pas durable. C’est ce qui s’est passé en Tunisie. Elle connaissait des chiffres impressionnants ; le pays était cité parmi les plus performants de l’Afrique. Mais la misère et les inégalités… ont fini par déboucher sur le Printemps arabe ! AFRICA54.FR

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POUVOIR

Vous avez annoncé le retour imminent de la BAD à son siège d Abidjan. Est-ce un signal politique ? La banque est-elle vraiment prête à partir en Côte d Ivoire ? Mais cela a été toujours notre objectif, ce retour ! C’était une question de temps. Pour autant, les conditions sécuritaires sont-elles réunies ? Aujourd’hui, rien ne s’oppose sur le plan de la sécurité. Nous attendons tout simplement la fin des travaux d’infrastructures qui sont nécessaires -logements, écoles, etc. - pour rentrer à Abidjan. C’est tout.

Le personnel de la banque a été recruté à 70 % pendant la période de relocalisation en Tunisie. Est-il prêt à quitter le pays après y avoir vécu, en plus de la proximité de l Europe ? Ce départ risque-t-il de poser un problème au sein de l établissement ?

Hemera

Je ne le crois pas. D’ailleurs, quand on recrute un agent, on lui pose la question. Et il signe l’engagement de travailler là où la banque a ses activités, à Tunis ou dans les bureaux extérieurs. Les employés le savent. Mais

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au-delà de cette dimension, je crois qu’il est vrai que, depuis cinq ans, beaucoup de gens sont partis à la retraite. On a donc beaucoup recruté depuis 2007. Car la BAD est devenue plus grande, plus complexe… Nous avons intérêt aujourd’hui à la stabiliser. Car, vous savez, nous sommes dans des conditions de précarité depuis 10 ans. Grâce à l’appui de la Tunisie -le gouvernement notamment-, on nous a permis de travailler dans des conditions convenables, mais il nous faut retrouver notre siège le plus tôt possible.

Vous avez rencontré le président de la nouvelle banque de développement des Bric. Avez-vous évoqué des actions de partenariats entre vos deux institutions ? Quelle est votre appréciation à ce sujet ? Nous souhaitons renforcer notre coopération avec toutes les banque de développement des Bric : China Développement Bank, la Bendes que vous venez de citer, ainsi que d’autres. Aujourd’hui, entre l’Afrique et les pays émergents, les relations sont très fortes. Quoi de plus normal pour les banques de développement que de se mettre entre elles pour travailler ensemble ? J’ai effectivement reçu à Tunis mon ami le président de la Bendes. Nous avons discuté ensemble des actions de coopération à mener dans les domaines qui nous intéressent, qui sont ceux de l’agroalimentaire et des infrastructures notamment. J’étais au Brésil au mois de juin pour le Sommet de Rio. Nous avons continué cette discussion, qui est la suite d’ailleurs d’une rencontre que j’avais eue avec le président Lula da Silva, à New York, il y a deux ans. Il avait souhaité le renforcement de la coopération avec l’Afrique.

La BAD fêtera bientôt ses 50 ans. Comment allezvous marquer cette date symbolique ? Et quel défi vous reste-t-il à relever ? Je ne me préoccupe pas de marquer mon passage. Je préfère veiller à ce que la banque réponde aux besoins de l’Afrique tels qu’ils se manifestent aujourd’hui. Par définition, ces besoins ne sont pas les mêmes qu’il y a 50 ans, quand la BAD a été créée. Je pense qu’il est important, pour cet anniversaire, de faire l’état des lieux de l’Afrique aujourd’hui, de définir quels types de financement sont nécessaires pour répondre aux exigences de notre époque. C’est cela qui est important ! Dans toute gouvernance, le style, la touche personnelle, comptent aussi… La touche personnelle, je la laisse aux actionnaires. J’ai été élu en 2005. Les actionnaires ont renouvelé mon mandat en 2010, de façon unanime. Pour moi, c’est cela qui compte. Car ils ont estimé que j’avais correctement fait le travail pour lequel j’avais été élu. Certes, en 2014, la banque aura 50 ans, mais ce n’est pas ma seule réflexion qui compte. Les africains doivent réfléchir ensemble sur la nature des instruments de financement dont le continent a besoin aujourd’hui. Cette célébration, je la vois plutôt comme un moment pour penser toutes ces problématiques afin d’alimenter notre stratégie.


est essentiel d’aider la population à accroître sa productivité agricole et à s’assurer des sources de revenus plus fiables -des mesures clés qui favoriseront

CRISE ALIMENTAIRE EN AFRIQUE DE L EST OBAMA FAVORABLE À UNE AIDE IMMÉDIATE

des conditions économiques plus solides.

Tels sont les objectifs majeurs de l’Initiative alimentaire pour l’avenir que le gouvernement Obama avait énoncé avant que la crise alimentaire ne s’accentue dans la Corne de l’Afrique. Les conséquences des difficultés actuelles dans la Corne de l’Afrique diffèrent selon les pays et mettent en évidence le fait que la nouvelle stratégie d’aide donne des résultats, a noté madame Jandhyala. En Somalie où les résidents sont pris entre la violence et l’absence d’un gouvernement responsable, 40 % de la population, soit 4 millions de personnes, sont victimes de la crise alimentaire. En revanche, l’Éthiopie et le Kenya voisins ont mis au point une politique qui réduit la susceptibilité de leurs citoyens à la crise, a-t-elle ajouté. “Seuls 6 % des 121 millions de

personnes qui constituent leurs populations combinées sont menacées par la crise, et bien que la situation soit grave, nous ne nous attendons pas à ce qu’elle dégénère en famine”, dixit madame Jandhyala. Elle a indiqué en substance aussi, que l’Initiative alimentaire pour l’avenir était mise en pratique à deux niveaux : d’une part, aider la population locale à mieux comprendre les marchés et l’encourager à y participer tout en établissant des liens entre les régions productrices et celles où sévissent les pénuries afin qu’elles puissent se soutenir mutuellement. D’autre part, enseigner aux foyers ruraux une meilleure gestion de leurs ressources. Par exemple, a-t-elle dit, les travailleurs humanitaires en Éthiopie ont suggéré aux éleveurs, il y a quelques mois, alors que les pénuries alimentaires semblaient de plus en plus probables, de vendre quelques têtes de bétail pour se procurer des revenus avant que les animaux ne meurent en raison de la perte de pâturages due à la sécheresse.

NC

La corne de l Afrique est confrontée à une crise alimentaire accentuée par les conditions climatiques et la crise armée qui secoue la Somalie. Selon un rapport du département d État Américain et de l USAID, environ 12, 7 millions de personnes en Afrique de l Est doivent faire face à cette pénurie. Tout en aidant les populations à surmonter leurs difficultés immédiates, les États-Unis cherchent des solutions. par Rodrigue Fenelon Massala

L

es États-Unis ont annoncé des

contributions totalisant plus de 600 millions de dollars au titre de l’aide humanitaire à la région, et plusieurs centaines de millions de dollars proviendront d’autres sources. Mais au regard de l’aide qu’elle accorde à la région, l’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID) a adopté une stratégie visant à alléger la crise et à atténuer les conséquences de futures crises humanitaires. C’est dans cette optique que la vice

administratrice adjointe de l’USAID pour l’Afrique, Rajakumari Jandhyala, a partagé les détails de cette stratégie le 8 septembre dernier, avec les membres de la sous-commission africaine au sein de la commission des affaires étrangères de la Chambre des représentants, déclarant : “nous

ne pouvons pas prévenir d’autres sécheresses [... ], mais nous pouvons en atténuer [... ] les conséquences.” 80 % des habitants de la Corne de l’Afrique comptent sur l’agriculture pour survivre. Dans ce contexte, il

QUESTION Le continent africain a les moyens d’atteindre l’autosuffisance alimentaire. À quand un sommet extraordinaire des chefs d’États autour de la question de la politique agricole commune ?

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POUVOIR

GUINÉE BISSAU NOUVEAU GOUVERNEMENT DE TRANSITION La Guinée Bissau dispose d une année pour faire ses preuves. Un gouvernement a été formé fin mai, après le coup d État du 12 avril par des militaires qui ont annoncé leur retrait prochain de la scène politique pour les casernes, sans préciser de calendrier. Un décret du président de transition Manuel Serifo Nhamadjo révèle un gouvernement de 27 membres au total -14 ministres et 13 secrétaires d’État-, dont deux femmes, sous la direction de Rui Duarte Barros nommé le 16 mai Premier ministre de ce pays à l instabilité chronique. par la rédaction

C

es dirigeants devront organiser des élections générales d’ici à un an, et ils seront sécurisés par une force ouest-africaine en cours de déploiement. Aucun membre de l’équipe renversée en avril par les putschistes n’a été reconduit. “Maintenant, le gouvernement de transition est formé, le Commandement militaire -ex-junte- et l’armée vont se retirer dans les casernes”, a déclaré à

l’AFP le lieutenant-colonel Daba Na Walna, porte-parole de l’exjunte militaire, joint peu après l’annonce de la formation du gouvernement de transition. Il n’a pas fourni de précisions sur les dates et modalités de ce retrait. Il n’a pas non plus indiqué si le commandement militaire serait dissous et a refusé de s’exprimer davantage. “Nous n’avons plus le

droit de nous exprimer publiquement à la presse”, a-t-il justifié. Dans le nouveau gouvernement, figurent deux militaires : le colonel Celestino Carvalho, membre de 32 • AFRICA54.FR

l’ex-junte militaire nommé ministre de la Défense et le colonel Musa Diata, nommé secrétaire d’État aux Anciens combattants, qui ne fait pas officiellement partie des putschistes. L’ex-Premier ministre Faustino Fudut Imbali a été désigné ministre des Affaires étrangères, au regret du Colonel Embalo, qui était jusqu’à présent ministre d’État en charge des affaires africaines, de la coopération internationale et de l’intégration. Le nouveau ministre de l’Intérieur est Antonio Suca Intchama, membre du Parti de la rénovation sociale (PRS), de l’ex-principal opposant Kumba Yala dont il est un proche. Abubacar Demba Dahaba, un ancien conseiller économique présidentiel, a été nommé ministre des Finances, et De Gaulle Mendes, ex-représentant de la Guinée-Bissau auprès de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CÉDÉAO), devient ministre de l’Économie et de l’Intégration régionale. Le maroquin de la Justice est confié à Mamadu Saico Baldé, précédemment vice-président de la Cour suprême,

et celui des Ressources naturelles et de l’Énergie à Daniel Gomes, un ex-ministre de la Défense. M. Baldé et Gomes sont tous deux des partisans du président de transition Manuel Serifo Nhamadjo, qui s’opposait à l’ex-Premier ministre Carlos Gomes Junior dit Cadogo au sein de leur formation commune, le Parti africain pour l’indépendance de la Guinée-Bissau et du Cap-Vert -PAIGC, ex-pouvoir. Autre membre de la nouvelle équipe : Fernando Vaz, ex-responsable d’une coalition de partis pro-putsch, nommé ministre de la présidence du Conseil des ministres et porte-parole du gouvernement. Les deux femmes de l’équipe sont Helena Paula Barbosa, qui est secrétaire d’État à la Jeunesse, à la Culture et aux Sports, et Tomacia Lopes Moreira Manjuba, secrétaire d’État au Budget. La priorité du gouvernement sera de résoudre la crise née du putsch dans cette ex-colonie portugaise, où un processus de transition politique est en cours après les nominations de Manuel Serifo Nhamadjo comme président intérimaire -le 11 mai- et de Rui Duarte Barros comme Premier ministre. En vertu d’un accord de sortie de crise signé le 18 mai à Bissau par le Parlement, les putschistes et plusieurs partis politiques, les autorités de transition devront remettre en marche les services publics, relancer les réformes dans les secteurs de Défense et de Sécurité mais aussi dans l’Administration. Cet accord n’a pas été signé par le PAIGC qui ne reconnaît pas les nouveaux dirigeants à Bissau.

ÉLECTIONS PRÉSIDENTIELLES

EN EGYPTE Après avoir voté en novembre 2011 pour élire une Assemblée nationale, quelque 51 millions d’électeurs Égyptiens se sont rendus dans les 13 100 bureaux de vote, les 16 et 17 juin pour élire démocratiquement leur nouveau président. Une première dans un pays où le président au pouvoir pendant 29 ans, Hosni Moubarak, était pendant longtemps choisi par voie référendaire, sur proposition du Parlement. En 2005, l’Egypte coupait avec la tradition en laissant le peuple choisir au suffrage universel direct entre plusieurs candidats. Mais la tentative fut un échec tant le taux de participation était faible (78%) et les fraudes importantes. Moubarak avait recueilli environ 88% des voix. Qui de Mohamed Morsi, candidat des frères musulmans ou Ahmad Chafiq, le dernier Premier ministre de Moubarak sera président ?


TUNISIE LE PÉRIL SALAFISTE Les salafistes se font de plus en plus bruyants en Tunisie commettant notamment des actes de violences qui inquiètent la majorité des Tunisiens. Le gouvernement, sorti des urnes du 23 octobre 2011, dominé par les islamistes d Ennahdah, dit vouloir les combattre. Mais fait-il vraiment assez ? par Mohamed Ben Brahim

E

ssahbi n’est pas un homme

les murs d’enceinte de la mosquée et sur son minaret, une grande banderole appelant au “Jihad” et les drapeaux noirs de l’Islam. Un événement qui a fait, pour ainsi dire, sortir de ses gonds un des pères de l’indépendance du pays, survenue en 1956, et un des rédacteurs de la constitution de 1959, aujourd’hui abrogée, Mustapha Fillali, qui fut, de surcroît, un compagnon fidèle du premier président de la République Habib Bourguiba. Dans une tribune publiée, le 31 mai 2012, dans les colonnes du quotidien arabophone “Assabah” Le matin, Mutapha Fillali se demande “S’il y a encore un État en Tunisie”. Il écrit, à ce propos, “que pour la première fois, depuis

heureux. Employé à la commission dans un grand magasin de produits d’artisanat à Kairouan -ville située à 153 kilomètres au sud ouest de Tunis-, qui fait l’essentiel de son chiffre d’affaires avec les touristes européens, il s’inquiéte pour son avenir. Car ce qu’il a vu le 20 mai 2012, lorsque les militants et sympathisants de “Ansar Al Charria” -les partisans de la Charria- sont venus organiser leur deuxième congrès national, l’a convaincu que si le gouvernement ne fait pas preuve de fermeté à l’égard des mouvements salafistes, ces derniers finiront par gâcher toute la saison touristique. “La situation

n’est pas déjà très bonne du fait que l’insécurité, qui vu le jour depuis le 14 janvier 2011, date de l’avènement de la Révolution tunisienne, a fait fuir nombre de touristes étrangers”, regrette-t-il.

1837, le croissant et l’étoile, symboles de la religion musulmane sont remplacés par des drapeaux noirs qui sont étrangers à notre vécu tunisien.” Revenant sur ce qui s’est passé le 20 mai, à Kairouan, il ajoute que l’État tunisien n’a plus, aujourd’hui, de légitimité, que ses symboles livrés à la merci de n’importe qui et que ses gouvernants n’ont plus le pouvoir de réagir face aux menaces qui guettent le pays.

Ce qu’il a vu ce 20 mai 2012, Essahbi dit le porter comme un “stigmate” tant le spectacle est “ahurissant”. “J’ai été transporté, le temps

d’un après-midi, en Afghanistan chez les Talibans ou encore en Somalie chez les Shebab”, racontet-il. En précisant : “L’esplanade de la Grande mosquée était faite de qamis afghans -longues robes-, de tenues militaires, de barbes hirsutes, de sabres et même de chevaux au galop.” Quelque

Iyadh Labbene

6 000 militants et sympathisants du mouvement “Ansar Al Charria” se sont rassemblés, selon des sources concordantes, à Kairouan, ville souvent présentée comme la quatrième de l’Islam -après La Mecque, Médine et Jérusalem. Ils ont notamment déployé, à cette occasion, sur

50, 9% des Tunisiens sont inquiets de la montée de l extrémisme Une réaction qui rejoint une grande inquiétude perceptible chez la majorité des Tunisiens. Un sondage réalisé, le 2 mars 2012, par le cabinet tunisien Sigma Conseil, révèle que 50, 9% des Tunisiens sont inquiets de la montée de l’extrémisme. Il faut dire que le phénomène du salafisme notamment dit “jihadiste” fait des vagues et est à l’origine de nomAFRICA54.FR

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POUVOIR

breux actes de violence. Le salafisme recouvre des réalités différentes, même si tous les salafistes veulent instaurer la loi islamique -la Charriaet le califat. Il y a en effet le salafisme “piétiste”, qui propage la foi, le salafisme “politique”, qui accepte de jouer le jeu de la démocratie, et le salafisme jihadiste, qui, outre la violence, ne recule pas devant le “takfir”, accusant les musulmans qui ne partagent pas sa vision de mécréants. L’apparition des salafistes s’est faite en Tunisie crescendo. Un mois seulement après le 14 janvier 2012 -le 14 février 2011-, des salafistes ont manifesté devant la Grande synagogue de Tunis criant le fameux slogan : “Juifs, juifs, l’armée de Mohamed est de retour.” Ils ont, dans la foulée, occupée la principale artère de Tunis, l’Avenue Habib Bourguiba, pour organiser de grandes prières. Mais la goutte qui a fait déborder le vase est, sans doute, l’attaque opérée par un commando de salafistes, composé de vingt et un membres, liés à la nébuleuse terroriste d’Al Qaida, en février 2012, dans la région de Bir Ali Ben Khalifa -située à 355 kilomètres au sud de Tunis- contre les forces de sécurité tunisiennes. Dans la conférence de presse, organisée pour apporter un éclairage sur l’évènement, le ministre de l’intérieur, Ali Laârayedh, issu des rangs du parti islamiste Ennahdah, venu au pouvoir après les élections de l’Assemblée Constituante -chargée d’écrire une nouvelle constitution-, du 23 octobre 2011, a affirmé que ce groupe milite pour l’instauration d’un “émirat islamique” en Tunisie. Ce n’était pas la première fois que l’on faisait état de la participation de salafistes tunisiens à des actions d’Al Qaida. Déjà en 2004, au plus fort de la guerre terroriste en Irak, le jihadiste jordanien Abou Moussab Al Zarkaoui, a “rendu hommage” au courage de jihadistes tunisiens. Courant mai 2012, l’ambassadeur de Syrie à l’ONU -Organisation des Nations Unies-, Bachar Jaâfari, a fait état de la présence de 20 combattants tunisiens parmi les personnes arrêtées par l’armée du régime du président Al Assad. Certaines de ces personnes sont apparues à la télévision d’État syrienne pour dire -des aveux obtenus peut-être sous la menace ?- qu’ils ont été 34 • AFRICA54.FR

embrigadés en Tunisie et emmenés dans des camps d’entraînement en Libye avant de venir en Syrie à travers la Turquie voisine. On estime à 500 le nombre de mosquées contrôlées par les salafistes. Le chef du mouvement “Ansar Al Charria”, qui a défrayé la chronique, le 20 mai 2012, à Kairouan, Abou Yadh, est un ancien du Groupe combattant tunisien, considéré comme appartenant à Al Qaida. Abou Yadh a fait ses armes en Afghanistan et a été extradé en Tunisie où il a été condamné par le régime Ben Ali à 43 ans de prison ; il a été libéré après la révolution du 14 janvier 2011.

Un jeune salafiste a arraché le drapeau national pour hisser à sa place l étendard noir des salafistes Quoi qu’il en soit, ces aveux ont d’autant plus attiré l’attention des Tunisiens que des rumeurs ont fait état, début juin 2012, de l’existence de camps d’entraînement dans la région de Tataouine -ville située 596 à kilomètres de Tunis. Une information largement démentie par le ministère de l’intérieur qui pense qu’il s’agit là de rumeur qui vise à entraver le travail du gouvernement. Ce qui n’a pas empêché le journal Kapitalis. com de titrer, le 30 mai 2012 : “Des bases

salafistes en Tunisie bientôt bombardées par l’OTAN ?” En ajoutant ce commentaire : “Vous trouvez que l’on exagère un peu ? Peut-être, mais alors juste un peu, car au rythme où vont les choses, promis, d’ici un ou deux ans, et on y sera.” Il faut dire que les Tunisiens sont assaillis, de temps à autre, d’informations au sujet de la présence d’armes de guerre sur le sol national. La saisie d’armes rentrées pour l’essentiel en provenance de la Libye voisine, dominée par des bandes rivales qui menacent l’existence même de l’État, fait la manchette des journaux notamment populaires arabophones. Le 15 mai 2012, par exemple, deux individus, un libyen et un algérien, ont été interceptés à Nekrif, dans la région de Tataouine, en possession d’une ceinture explosive, d’une bombe et de munitions. Ils ont avoué faire partie d’AQMI -Al Qaida pour le

JUSTICE IVOIRIENNE

LES CHEFS D’ACCUSATION CONTRE LES PROGBAGBO TOMBENT UNE ANNÉE APRÈS LA DÉTENTION QUALIFIÉE D ARBITRAIRE DANS LE NORD DE LA CÔTE D IVOIRE, L ENSEMBLE DES PARTISANS DE L ANCIEN PRÉSIDENT LAURENT GBAGBO ARRÊTÉ LORS DE LA CRISE POST-ELECTORALE DE 2011 ONT ÉTÉ JUGÉS CE JOUR SUR LES FAITS ET LES CRIMES RETENUS CONTRE EUX. par Pelagie Ganto

Le Parquet d’Abidjan a informé le public du résultat des investigations ouvertes suite à la crise ivoirienne postélectorale du premier semestre 2011. La stratégie d’enquête du Procureur comporte trois volets : les crimes ou infractions à caractère économique, les infractions contre la sureté de l’État, et enfin les crimes de sang. Pour cette première catégorie de crimes ou infractions, 61 personnes sont mises en cause. 28 d’entre elles ont été inculpées et placées sous mandat de dépôt. 12 d’entre elles, ont été mises en liberté provisoire et 24 personnes font l’objet de mandats d’arrêt internationaux. Pour la seconde catégorie relative aux atteintes à la sureté de l’État, le parquet indique que 64 personnes ont été inculpées et placées en détention préventive. Enfin, pour la troisième catégorie concernant les crimes de sang, c’est à la suite d’une audition de 12 159 personnes que 3 informations judiciaires, ont été ouvertes le 6 février 2012. Ces auditions concernaient les 4 enlèvements, séquestrations et assassinats ayant eu lieu au Novotel d’Abidjan le 4 avril 2011. Les victimes concernées étant monsieur Yves Lambelin, industriel ivoirien d’origine française, -qui a dirigé pendant trente ans Sifca, premier groupe privé de Côte d’Ivoire avec 27 000 salariés- , son collaborateur

malaisien Chelliah Pandian, directeur général de Sania, filiale de Sifca dans l’huile de palme, Stéphane Frantz di Rippel, le directeur du Novotel, et le Béninois Raoul Adéossi, assistant d’Yves Lambelin. Ils ont été retrouvés mort le 2 juin 2011 dans un port de Côte d’Ivoire. 26 personnes ont été inculpées et placées en détention préventive. À cela, s’ajoute 3 mandats d’arrêts internationaux. Pour l’enlèvement, la séquestration et l’assassinat du Colonel Major Dosso Adama, 5 individus ont été inculpés et placés en détention préventive. Le ministère public Ivoirien a indiqué, que les juges d’instruction mèneront des investigations. La procédure étant enclenchée, les avocats de la défense se saisiront des dossiers pour préparer un procès libre et équitable. Affaire à suivre.


Maghreb Islamique- et ont avoué qu’ils

ont des complices à Tataouine. Inutile de préciser que la peur gagne donc une frange importante de la population qui voit du reste chaque jour des hôtels -le 26 mai 2012, à

Iyadh Labbene

Jendouba, une ville située à 154 kilomètres de Tunis-, des débits de boissons alcoolisés -le 16 mai 2012, à Sidi Bouzid, ville située à 283 kilomètres de Tunis, le berceau de la révolution tunisienne-, des journalistes -le rédacteur en chef du quotidien “Le Maghreb”, Zied Krichène, le 23 janvier 2012 devant le Palais de justice, à Tunis- et des artistes -l’homme de théâtre, Rejab Mejri, le 24 mai 2012, au Kef, ville située à 170 kilomètres de Tunis- attaqués.

Même le drapeau tunisien n’a pas été épargné : un jeune salafiste a arraché, le 7 mars 2012, à l’Université de La Manouba, dans la banlieue de Tunis, le drapeau national pour hisser à sa place l’étendard noir des salafistes. La scène a été filmée par les caméras de la télévision tunisienne et a provoqué une véritable polémique dans les rangs de toute la société. Le président de la République, Mohamed Moncef Marzouki, a décoré la jeune étudiante, Khaoula Rachdi, qui s’est opposée à ce geste et a été violentée par le jeune barbu. L’auteur a longtemps couru avant de se présenter de son propre chef aux services de la police qui étaient à sa recherche. Nombre d’observateurs soupçonnent du reste le gouvernement tunisien, dominé par le mouvement islamiste d’Ennahdah, de pratiquer un certain laxisme à l’égard des salafistes. La critique a été faite de nombreuses fois par les médias tunisiens. Certes la police a arrêté des salafistes. Certes le ministre de l’intérieur a réagi énergiquement, le 20 mars 2012, dans une interview au journal “Le Monde”, pour dire que le gouvernement n’a d’autre choix que de combattre les excès du salafisme. Et que la confrontation avec les jihadistes était “inévitable”. Le Premier ministre, Hamadi Jebali, a également souligné, le 30 mai, dans une interview à la première chaîne de la télévision publique, que “la patience des Tunisiens était à bout”. Mais une partie de l’opinion pense que le gouvernement ne fait pas assez. Elle est interloquée par certaines déclarations comme celle du chef du mouvement Ennahdah, le Cheick

Rached Ghannouchi, qui tire, selon plus d’un, les ficelles dans le pays, et qui ne cesse de répéter que “les salafistes sont nos enfants.” Il a, par ailleurs, nombre de fois, souligné qu’il faut intégrer les salafistes dans le cadre de la loi. En ajoutant que les interdire n’est pas la solution. En fait, soulignent des observateurs, Ennahdah veut se rallier sur les positions des salafistes pour éviter de se fâcher avec une partie de sa base. Lorsqu’il entend ce discours, Essahbi, notre employée du magasin de produits d’artisanat de Kairouan, se demande “pourquoi onze

millions de Tunisiens se doivent être sacrifiés sur l’autel de quelque centaine de salafistes ?” “Et ce, dans un pays qui a toujours vécu à l’heure d’un Islam tolérant et respectueux de tous”, conclue-t-il.

EGYPTE

“HOSNI” SOIT QUI MANIGANCE L’ancien président égyptien Hosni Moubarak est victime de plusieurs jours de pertes de connaissance depuis son arrivée dans l’aile médicalisée de la prison cairote de Tora, a-t-on appris auprès d’un responsable pénitentiaire ayant requis l’anonymat. L’ancien président égyptien a été condamné à la prison à perpétuité le 2 juin pour complicité de meurtres dans la répression des manifestations qui ont fait près de 900 morts et l’ont forcé à démissionner en février 2011, après 29 ans de règne autoritaire. Selon ce responsable, sa femme Suzanne et ses deux belles-filles sont venues le voir après que des rumeurs sur sa mort ont circulé. Ce raïs déchu ne se nourrit plus que de yaourt et de fluides. Ses médecins avaient déjà dû lui administrer de l’oxygène sans interruption. Des responsables de la prison de Tora avaient alors indiqué qu’il continuait à souffrir de problèmes respiratoires, d’hypertension et de dépression.

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getty

MONDE

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AMÉRIQUE BARACK OBAMA LES ATOUTS DE SA CAMPAGNE 2012 Après un premier mandat qui a été couronné de beaux succès mais aussi de quelques échecs, le président Barack Obama souhaite être réélu le 6 novembre prochain. Pour y parvenir, il devra non seulement contrer le mouvement démocrate mené par le candidat Mitt Romney, mais également convaincre ses électeurs qu il est encore l homme de la situation. Quelles sont les priorités du président sortant ? Eléments de programme. par Stéphane Pocidalo

Forward”. Voici le

mot-clé de la campagne présidentielle américaine de Barack Obama. Après le désormais célèbre “Yes we can”, le démocrate a choisi une formule qui sied parfaitement à son désir de réussir son deuxième mandat. “En avant” signifie chez lui continuer les réformes et aider les Américains les plus défavorisés.

Conclure la réforme de l assurance maladie Les quatre années de sa gouvernance ont d’ores et déjà permis de redorer l’image des États-Unis dans le monde entier, notamment grâce à sa décision de retirer les troupes militaires d’Irak et d’Afghanistan. Mais, si Obama est réelu, il pourra conclure sa grande réforme sur l’assurance maladie. Ce projet colossal que l’on appelle l’“Obamacare” permettra d’ici 2014 à tous les Américains de disposer d’une couverture sociale. Le caractère obligatoire de la réforme fait grincer des dents depuis quelques mois et serait remise en question si Mitt Romney était élu en novembre prochain. Mais elle devrait largement améliorer la protection santé des Américains les plus modestes.

réduire le déficit américain en réalisant une économie de 4 000 milliards de dollars sur 12 ans.

Le mariage gay, les énergies vertes... Barack Obama veut également marquer les esprits sur de grands sujets de société. Celui du mariage gay en est un et le président s’est déclaré favorable à une légalisation. Si chaque État aura à se prononcer sur la question, sa position devrait ouvrir une nouvelle voie, même si 48% des Américains se disent encore hostiles au mariage gay. Concernant les énergies vertes, le président souhaite également les démocratiser, car elles per-

Nous pouvons restaurer une économie dans laquelle tout le monde a sa chance, tout le monde fait sa part du travail et bénéficie des mêmes règles

L emploi, la priorité Le cheval de bataille de Barack Obama de cette campagne 2012 se nomme l’emploi. Malgré une période de baisse durant son quadriennat, le chômage reste assez fort au printemps 2012 : 8, 2%. “Nous pouvons restaurer

une économie dans laquelle tout le monde a sa chance, tout le monde fait sa part du travail et bénéficie des mêmes règles”, a déclaré le président lors du grand lancement de sa campagne. Pour y parvenir, le président annonce des mesures à la hauteur de ce grand défi, comme celle de réduire certains budgets, dont celui de l’armée. Le président souhaite également

mettraient de créer de nouveaux emplois et de faire baisser le prix de l’énergie. De nouvelles subventions devraient également renforcer le développement des technologies vertes. Enfin, Barack Obama souhaite soutenir l’innovation en contruisant dès que possible un réseau national de 15 instituts spécialisés dans les technologies de production. De quoi revitaliser l’industrie américaine au niveau mondial. Le démocrate veut, donc, continuer à aller de l’avant mais il n’attend plus qu’une seule chose : le feu vert des citoyens américains.

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MONDE

EUROPE KADHAFI A-T-IL FINANCÉ EN 2007 LA CAMPAGNE DE NICOLAS SARKOZY ? Fin avril dernier, un document mis en ligne par le journal Mediapart a mis le feu aux poudres. Cette note qui serait issue des services secrets libyens et signée par son chef de l époque, Moussa Koussa, indique que le gouvernement de Kadhafi aurait appuyé financièrement la campagne de Nicolas Sarkozy en 2007 à hauteur de 50 millions d euros. Moussa Koussa a démenti, l ancien président a porté plainte. Qui croire ? par Stéphane Pocidalo

qui devrait avoir de beaux mois devant elle. Chaque parti maintient sa position : d’un côté, Mediapart qui affirme haut et fort que son enquête a bel et bien prouvé ce financement occulte libyen; de l’autre, un président sortant qui soutient mordicus que cette information “est une infamie.” Qui dit vrai ? Difficile de le dire mais les principaux protagonistes ont chacun renforcé leur argument. Moussa Koussa, l’éventuel signataire du document, a démenti en affirmant que “ces histoires sont falsifiées.” Bachir Saleh, ex-président du Fonds Libyen des investissements africains, et destinataire supposé de la note, a nié en bloc la véracité de cette version, tout comme l’ex-directeur de cabinet du colonel Kadhafi. Mediapart est, lui, sûr de son fait et de ses preuves. Ziad Takieddine, l’homme d’affaires qui aurait mis en contact le dirigeant libyen et les proches de Nicolas Sarkozy, est aussi convaincu et parle “d’une affaire 38 • AFRICA54.FR

d’État.” Objectivement, certains éléments semblent indiquer des rapports ambigus entre Kadhafi et Sarkozy mais le fameux document délivré par Mediapart ne semble pas suffire pour prouver cet acte de financement. Avec la plainte de l’ancien président, le parquet de Paris a ouvert une enquête préliminaire pour “faux et usage de faux” et “publication de fausses nouvelles.” Affaire à suivre, donc, de près...

/Philippe Wojazer

V

oilà une polémique


LES PREMIERS PAS DE FRANÇOIS HOLLANDE Le 6 mai 2012 restera une date très importante dans la Ve République puisqu elle marque le retour de la gauche aux manettes de la France. Avec 51, 7% des suffrages, François Hollande a réussi à convaincre avec son programme et ses 60 engagements. Reste désormais à les appliquer... Focus sur les premières semaines du nouveau président français. par Stéphane Pocidalo

C’est maintenant que les ennuis commencent…”

C’est par ces mots que François Hollande, 57 ans et ancien secrétaire du Parti socialiste, a débuté son quinquennat à l’Elysée. Cet humour qui l’a toujours accompagné dans son parcours politique souligne ici toutes les difficultés qui l’attendent. Le successeur de Nicolas Sarkozy sait bien que de nombreux défis doivent être relevés en même temps, et si possible le plus rapidement. Le premier qui l’attendait est couronné de succès. La gauche se devait d’être majoritaire à l’Assemblée Nationale et elle le sera durant les cinq prochaines années grâce à une campagne législative plutôt bien menée qui a confirmé le message des Français : le changement ne doit pas attendre. Néanmois, François Hollande doit maintenant s’atteler à surmonter les nombreuses fractures accumulées depuis de nombreuses années. Qu’elles soient sociales, économiques ou politiques, elles empêchent le pays de retrouver une dynamique positive qui ferait émerger une croissance durable et une réelle baisse du chômage. Pour y parvenir, l’ancien maire de Tulle a l’ambition de mettre en place des réformes économiques et sociales efficaces… tout en essayant d’instaurer de nouveaux rapports avec les grands partenaires européens et internationaux.

Les premières décisions Au vu de ce programme gargantuesque, François Hollande a donc voulu se mettre en action dès les premiers jours de son investiture. Après avoir mis en place une stratégie législative payante, il s’est chargé d’évoquer l’emploi, et en particulier le SMIC. Dès que possible, le salaire minimum sera augmenté ; “il y aura un coup de pouce”, selon l’expression du président, d’ici la fin du mois de juillet. Mais il ne souhaite ni déstabiliser les entreprises, afin de ne pas faire peser de nouvelles dépenses, ni perdre de vue son objectif absolu de réduire les déficits publics. Résultat : il ne faut pas s’attendre à une grande augmentation. Au niveau des retraites, l’homme politique de gauche a également réaffirmé que les salariés du privé et les fonctionnaires pourront s’arrêter dès 60 ans s’ils disposent de 41 ou 41, 5 années cotisées. Une décision qui tranche avec celle prise par son prédécesseur de droite. À noter que les mères et les personnes ayant subi des périodes de chômage bénéficieront d’un bonus de deux trimestres. Enfin, au niveau de l’éducation, le cheval de bataille de François Hollande durant la campagne, les premières décisions sont tombées. Sous la houlette du Ministre de l’Education, Vincent Peillon, une hausse de 25 % de l’Allocation de rentrée scolaire AFRICA54.FR

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MONDE

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(ARS) va être mise en place dès le mois de septembre, tandis que 1 000 postes supplémentaires de professeurs en primaire seront créés.

Un style normal... un peu trop ? En plus du fond, les premiers pas de François Hollande sont également marqués par la forme. Le mot “normal” n’a jamais été autant employé dans les médias et les QG du PS. Son style veut absolument être celui d’un homme qui respecte autant les règles que n’importe quel citoyen. Hollande veut “faire simple”, comme prendre le train au lieu de l’avion pour Bruxelles, ou emprunter une voiture pour un déplacement national. Autre preuve : la “charte de déontologie” remise à chaque ministre afin de faire preuve de solidarité et d’union. En plus de baisser son salaire de 30%, un membre du gouvernement devra être irréprochable : pas de cadeaux ni d’invitations privées, transparence au niveau de l’agenda, respect du code de la route… Cette nouvelle attitude de la présidence Hollande paraît louable, bien que le chef de l’État, lui même, ait déjà entravé cette charte… N’oublions pas que le président a été élu pour ses idées, justement, et pour sa faculté à gérer simultanément plusieurs dossiers de fond. Et l’urgence requiert irrémédiablement des petits luxes qu’il ne pourra pas s’éviter de s’offrir.

Vers la fin de la Françafrique ?

Philippe Moreau Chevrolet

La carrure d’un grand président se juge également au niveau international, et François Hollande a beaucoup de travail. Il a pu le constater lors de son premier G8, grand baptême de feu avec les grands dirigeants du monde. La Syrie ? “Une inter-

vention armée n’est pas exclue, à condition qu’elle se fasse dans le respect du droit international, de l’ONU.” L’Afghanistan ? “Les troupes combattantes françaises seront toutes parties d’ici la fin 2012.” L’Iran ? “Le G8 est uni pour sanctionner le programme nucléaire iranien.”

ce qui n’est pas le cas de l’épineuse question de la Françafrique. Le sujet embrase de nombreux consultants africains : Hollande va-t-il y mettre fin, c’est à dire “répudier sans regrets les miasmes de la Françafrique” -selon ses mots- et donc porter une nouvelle politique à l’égard de l’Afrique ? C’est en tous cas une volonté inscrite dans le programme du parti majoritaire. Mais cela pose de nombreux écueils : cela pourrait par exemple remettre en cause les monopoles de certaines multinationales françaises, notamment celles qui s’approvisionnent en pétrole ou en uranium. Et cela aurait peut-être pour conséquence de laisser plus encore le champ libre à la Chine qui ne cesse d’investir massivement dans les pays comme les deux Congo en construisant des infrastructures.

Une intervention armée n est pas exclue, à condition qu elle se fasse dans le respect du droit international, de l ONU. François Hollande, qui n’a pas encore tissé un bon réseau de relations avec les grands chefs d’État africain, doit donc rester prudent avant d’agir. Si son désir de mettre fin à une politique de connivence -qui a joué des tours à Nicolas Sarkozy, notamment à cause de ses relations ambigues avec le colonel Kadhafi- est

louable, le président doit néanmoins évaluer avec précision les relations diplomatiques à entretenir avec certains chefs d’État. En octobre prochain, lors du sommet de la Francophonie, l’État français devrat-il, par exemple, saluer chaleureusement Joseph Kabila, le président de la RDC à l’élection largement contestable ? C’est à lui de trancher, à lui de faire en sorte “que les ennuis” ne commencent pas trop vite.

Des positions qui semblent claires… AFRICA54.FR

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MONDE

LEADER CHRISTIANE TAUBIRA FEMME, NOIRE ET GARDE DES SCEAUX... ET ALORS ? par P. W.

RÉACTIONS

“Quand on vote FN,

on a la gauche qui passe et on a Taubira” Jean-François Copé (UMP)

“On a l’expérience de

grands ministres qui ont réussi sans être du sérail et d’autres qui ont échoué alors qu’ils étaient magistrats, comme Pierre Arpaillange à l’époque de François Mitterrand” Alain Anziani, sénateur

“Ils peuvent toujours

la taper, ces cons, elle est inébranlable. Elle a une volonté de fer et des convictions qu’elle défend en se battant” Bernard Tapie

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justice, mercredi 16 mai, Christiane Taubira agace déjà “les misogynes” de la droite. En cause ? Son passé autonomiste, une rumeur lui prêtant des propos justifiant le fait de brûler des drapeaux français et, désormais, son “laxisme” après l’annonce de la suppression des tribunaux correctionnels pour mineurs. Mais qui est Christiane Taubira ? Économiste de formation et de profession, Christiane Taubira est née le 05 février 1952 à Cayenne, en Guyane. Elle est titulaire d’un doctorat en Sciences économiques -Paris II, Panthéon-Assas-, d’un diplôme de troisième cycle en Sociologie et Ethnologie afro-américaine -Sorbonne et Jussieu- et d’un diplôme de troisième cycle du CFCA -Centre

Français de la Coopération Agricole, Paris et Bordeaux. Elle a été Professeur des

Sciences économiques et Directrice du CNAM de la Guyane. Christiane Taubira est issue d’une famille modeste. Sa mère, Aide-soignante, a élevé seul ses cinq enfants. Divorcée, elle est elle-même mère de quatre enfants. C’est un modèle d’exemplarité pour toutes les femmes tant son engagement politique et sa vie de femme accomplie sont épatantes. En 1993, elle crée son propre parti politique, Walwari, dont elle sera la présidente. C’est à la tête de ce parti qu’elle sera élue Députée de la Guyane en 1993, réélue en 1997, 2002 et 2007. À l’Assemblée Nationale, elle est membre de la Commission des Affaires Etrangères. Observateur parlementaire aux premières élections multiraciales en Afrique du Sud -avril 1994-, elle sera

membre de la Délégation Officielle française à l’investiture de Nelson Mandela, premier président noir de ce pays. Elle représentera la France à l’investiture du président Thabo M’beki en juin 1999. Christiane Taubira sera mondialement reconnue à travers sa proposition de Loi Taubira visant à reconnaître la traite négrière et l’esclavage comme des crimes contre l’humanité. Le texte fut adopté par

Ils peuvent toujours la taper, ces cons, elle est inébranlable. Elle a une volonté de fer et des convictions qu elle défend en se battant le Parlement français le 10 mai 2001 et promulgué par le président de la République française le 21 mai 2001. Ce texte majeur sera co-signé par le Premier Ministre et huit ministres concernés par ses dispositions -Éducation, Recherche, Justice, Culture et Communication, Affaires étrangères, Affaires européennes, Intérieur, Outre-Mer.

Suite à la victoire du socialiste François Hollande à l’élection présidentielle, Christiane Taubira entre pour la première fois au gouvernement le 16 mai 2012 en devenant Garde des Sceaux au sein du gouvernement Ayrault.

Audrey AK

N

ommée au ministère de la


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SOCIÉTÉ

IDENTIFIER VOTRE TYPE DE CELLULITE

La cellulite adipeuse : Localisée surtout sur les hanches, les fesses, les cuisses et le ventre. Souple au toucher, elle est due à un stockage excessif de graisse. Une mauvaise alimentation, trop riche en sucre et en graisse, et non adaptée aux activités physiques, en est souvent la cause.

La cellulite aqueuse : Elle s’accompagne généralement d’une sensation de jambes lourdes et est le fait d’une mauvaise circulation veineuse et lymphatique, souvent liée à un manque d’activité physique. Elle est souple et apparaît sur les jambes, des chevilles aux genoux, mais parfois aussi sur les bras.

SANTÉ UN COMBAT TYPIQUEMENT FÉMININ Au moment de ressortir du placard jupes et robes légères revient notre plus grand cauchemar. Un symbole de féminité dont on se passerait volontiers. La cellulite concerne une femme sur dix et nous laisse pourtant un profond sentiment d injustice. On a beau afficher une ligne svelte, à quoi bon si la peau est capitonnée ? Alors, comment prévenir son apparition ? Et une fois qu elle est installée, peut-elle réellement disparaître ? par J. J

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La cellulite fibreuse : Facilement identifiable parce qu’elle est visible, dure et douloureuse au toucher. Elle est compacte et peut prendre un aspect légèrement violacé. Elle se focalise surtout sur les cuisses et est difficile à déloger. La cellulite fibreuse est causée par la dégradation des fibres de collagène qui entourent les compartiments d’adipocytes. Celles-ci se rigidifient et empêchent les échanges cellulaires, dont la libération des graisses et des toxines qui s’accumulent alors dans les amas graisseux. On rencontre plus couramment une cellulite mixte, qui conjugue les différentes formes de cellulite et avec pour conséquence de la retrouver un peu partout sur le corps.


A

vant tout, il convient de distinguer le terme cellulite du langage courant, de sa réelle définition. La cellulite, au sens médical, est une inflammation des tissus de la peau, due à certaines maladies ou infections bactériennes. Elle n’est pas sans gravité et nécessite un traitement médical. La cellulite telle que nous l’entendons généralement est très courante et sans gravité. Elle n’a pour conséquence que l’aspect capitonné qu’elle donne à la peau. Ce qui est certes, plus rassurant mais suffisant pour nous complexer, surtout à l’arrivée des beaux jours.

Mais qu est-ce que la cellulite au juste ? La cellulite est une anomalie, plus exactement une hypertrophie du tissu adipeux. C’est-à-dire une accumulation de la graisse sous la peau. Le tissu adipeux est constitué de cellules appelées adipocytes où se loge la graisse. Celles-ci ne sont pas libres dans le tissu adipeux, mais organisées en lobules, pour former des compartiments. Chaque compartiment d’adipocytes est encerclé par des fibres de collagène qui constituent une enveloppe et les séparent les uns des autres.

Pourquoi avons-nous de la cellulite ? La graisse est une source d’énergie pour l’organisme. Les adipocytes sont responsables du stockage des graisses pour constituer des réserves d’énergie, mais aussi de leur libération pour en fournir, en cas de besoin. Seulement voilà, dans certaines parties du corps, la mise en réserve de la graisse est plus facilitée que sa libération : la graisse s’accumule dans les cellules et la cellulite apparaît.

La cellulite est un problème typiquement féminin Chez les hommes, elle se situe au niveau de l’abdomen, lorsqu’il y a surcharge de graisse dans cette zone. Elle accompagne ventre proéminent et poignets d’amour.

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Chez la femme, elle se localise principalement autour des hanches et apparaît indépendamment une prise de poids ou de rondeurs. La morphologie typique de la femme ; dite gynoïde, appelle à un plus grand stockage de la graisse dans la partie basse du corps, là où elle est plus difficile à déloger. Cette répartition de la graisse est un caractère sexuel secondaire dû aux oestrogènes, les hormones sexuelles féminines. C’est pourquoi, les périodes les plus propices à la cellulite sont liées à un changement hormonal : elle apparaît à l’adolescence et s’accentue avec les grossesses et la ménopause. La cellulite se constate aussi bien chez les femmes minces ayant peu de graisse, que chez les femmes plus rondes. C’est un phénomène très naturel puisqu’il est lié au rôle de la femme dans la reproduction : la cellulite est une réserve fabriquée par le corps pour protéger la femme et son enfant d’une éventuelle pénurie alimentaire, en cas d’allaitement ou de grossesse.

Les différents stades de cellulite ▶ Stade 0 : pas de cellulite apparente, lorsque vous pincez votre peau entre vos doigts, celle-ci reste lisse. ▶ Stade 1 : pas de cellulite apparente, celle-ci n’est visible que lorsque vous pincez votre peau entre vos doigts. ▶ Stade 2 : en position debout, une légère cellulite est visible, elle s’accentue néanmoins lorsque vous contractez les fessiers. ▶ Stade 3 : la cellulite est très apparente en position debout et reste visible en position couchée. Elle est incrustée en profondeur.

veaux capitons ou pour stopper l’évolution des amas graisseux, surveillez votre alimentation et augmentez votre activité physique. Au stade 2, la cellulite est visible, sans faire de pression sur la peau. Non seulement, elle commence à recouvrir un aspect disgracieux mais en plus, elle sera plus difficile à déloger. En plus de surveiller votre alimentation, adoptez une discipline sportive qui stimulera votre circulation et massez vos jambes des chevilles vers le haut de vos cuisses pour favoriser le retour du sang et le drainage de l’eau et des toxines. En effet, la cellulite entraîne une mauvaise circulation sanguine et lymphatique, avec une mauvaise élimination des toxines et de l’eau, elles-mêmes responsables de l’accumulation de cellulite. Au stade 3, les amas graisseux sont durs et très apparents, la cellulite est incrustée. Des massages plus intensifs, comme le “palper rouler”, pourront assouplir les fibres de collagène et les tissus adipeux pour réduire l’aspect capitonner de la cellulite. ▶ Boire de l’eau pour faciliter l’élimination des toxines ▶ Adapter son alimentation à ses dépenses énergétiques ▶ Pratiquer une activité sportive ▶ Réduire sa consommation de sel et d’alcool ▶ Éviter le grignotage ▶ Mieux choisir ses aliments en préférant les fibres alimentaires ▶ Mieux préparer ses aliments en évitant l’ajout de matières grasses

Réagissez-vite N’attendez pas que votre cellulite soit visible pour réagir. Avec le temps, les graisses s’accumulent dans l’organisme et la cellulite ne fera que s’accentuer. Le combat commencer dès le stade 1. Pour éviter la formation de nouAFRICA54. FR

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SOCIÉTÉ

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TRÈS BEL ÉTÉ !

Avis à toutes les killeuses de calories ! Mincir passe inévitablement par une alimentation équilibrée, mais a-t-elle une action ciblée sur la cellulite et l’aspect de la peau ? Non ! Pour ce faire, la rédaction vous met au menu un plan d’attaque anti rondeurs disgracieuses et anti cellulite pour vous dévoiler une silhouette délicieuse cet été. Verdict minceur…

XIXe CONFÉRENCE INTERNATIONALE SUR LE SIDA LIEU : WASHINGTON, ÉTATS-UNIS D AMÉRIQUE DATE : 22‒27 JUILLET 2012

La XIXe Conférence internationale sur le sida (SIDA2012) sera l’une des principales manifestations de l’année dans le domaine de la santé et du VIH dans le monde Le programme VIH de l’OMS doit participer à la conférence, qui porte plus particulièrement sur le traitement à visée préventive, traitement 2. 0 et plus généralement sur l’utilisation stratégique des antirétroviraux.

Bon à savoir ! La cellulite concerne toutes les femmes des plus minces aux plus rondes. Pour la déceler il vous suffit de pincer doucement une partie de votre cuisse ou hanche entre les mains, si la peau devient granuleuse, d’où le nom “peau d’orange”, c’est que vous êtes servie ! Par contre si vous pincez et que votre peau reste ferme et lisse, vous pouvez tourner cette page, elle ne vous concerne pas, du moins pas encore !

Quelques facteurs qui favorisent la cellulite… ▶ L’alcool et le tabac ▶ Mauvaise posture ▶ L’obésité ▶ Les régimes à répétition ▶ Une vie sédentaire ▶ Le manque d’exercice ▶ Les talons trop hauts ▶ Les vêtements trop serrés ▶ Grossesse, puberté et ménopause

Quelques fermes habitudes … ▶ Favorisez l’option massage, idéal pour libérer les toxines ▶ Evitez les bains trop chauds et interminables ▶ Activez-vous, pratiquez un sport régulier ▶ Adoptez une bonne posture ▶ Rénover votre peau une fois par semaine avec un bon gommage ▶ Nous vous suggérons : le gommage d’Afrique au beurre de Karité de Bernard Cassiere, ce soin de base rénove la peau du corps, la rend incroyablement douce, veloutée et délicatement parfumée.

Dernier conseil “Rien ne sert de courir, il faut partir à point”, mincir lentement, c’est mincir durablement.

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SOCIÉTÉ

HYLDA GBENOU CHARISMATIQUE ET NATURELLE Le Bénin cache des talents. C est en s intéressant de près à l organisation du Solidays 2012, que l envoyée spéciale d Africa 54 a découvert un joyau. Ce bijou, c est Hylda Gbenou, une des programmatrices du Solidays 2012 et ancien membre du groupe aux vibes electropical P18. Avec talent, cette artiste et organisatrice de choc jongle entre ses différentes casquettes pour le bonheur de tous. Séquence interview. par Jessica Justine

Comment en êtes-vous venue à la musique ?

Vous avez été membre de 2006 à 2008 du groupe P18 ?

En fait, j’ai un double cursus. Une formation musicale de 10 ans au conservatoire. Avec solfège, piano et tutti quanti et en parallèle, des études à Sup de co Reims. Ah,

Oui, avant d’intégrer Solidarité Sida, j’étais une des chanteuses lead du groupe P18. À quelle

oui, rien à voir tout cela !

Solidarité Sida 16 bis avenue Parmentier 75011 Paris Tél. : 01 53 10 22 22 www. solidarite-sida. org

famille musicale appartenait votre groupe ? Electrotropical. Nous étions avec un ancien de la Mano Negra, Tom Darnal. De jolis souvenirs…

Comment êtes-vous devenue membre de l organisation du Solidays ? Je suis programmatrice à l’association Solidarité Sida où je travaille depuis bientôt quatre ans. C’est l’histoire d’un engagement collectif et générationnel fondé sur l’envie d’agir et le refus de la fatalité.

Comment arrivez-vous à concilier la casquette d artiste et celle d organisatrice d un festival aussi important que le Solidays ?

DR

Je ne suis plus dans un groupe de musique mais je suis toujours artiste. D’ailleurs, cela m’aide fortement dans la programmation des artistes pour le Solidays. En quoi consiste votre travail ? Il faut choisir les groupes, donner un petit coup de pouce à des artistes en développement, essayer de convaincre des stars d’y participer et ma fibre artistique m’y aide beaucoup. 48 • AFRICA54.FR

À quoi ressemble la journée de travail d Hylda ? Ma journée commence vers 9h30 et se termine aux alentours de 22h. En ce moment, je n’ai pas de concerts programmés pour moi, ce serait ingérable.

D après vous, quelles sont les qualités requises pour entreprendre ? Il y a un leadership naturel qui facilite les choses. Il faut être tenace et mettre son ego de côté. Il faut savoir fédérer les gens. Leur donner envie tout en s’intéressant réellement à eux. Il faut être à l’écoute et à la rencontre de l’autre.

Hylda, pourquoi n y a t-il pas de Solidays en Afrique ? Il y a eu plusieurs déplacements en Afrique centrale pour tenter d’organiser l’événement mais ce n’est pas simple. Solidays en France nous mobilise dès le mois d’octobre. Le lien avec l’Afrique est assez évident dans les actions de Solidarité Sida puisque les associations que l’on soutient sont en Afrique.

À titre personnel, retournezvous souvent au Benin ? Oui, une fois tous les deux ans.

Quels conseils donneriez-vous aux femmes ? Il ne faut pas faire attention à notre sexe. Il ne faut pas réfléchir en femme mais en être humain. Il ne faut ni avoir peur de se battre pour ses idées, ni peur de rêver. Être une femme sexy n’empêche pas d’être leader.

Et en référence au Solidays, que diriez-vous à ces femmes qui ont du mal à imposer le préservatif lors d une relation ? Ne lâchez rien ! Il y a beaucoup de manière d’amener le préservatif dans une relation sexuelle. Manière frontale, rigolote, ludique. Trouvez des biais différents car c’est votre santé qui en dépend !


LE STYLE KABERUKA Le président Donald Kaberuka est celui qui a transfiguré le plus la Banque africaine de développement (BAD), en lui donnant plus de poids et de notoriété. Son style, sa méthode, en plus d un vrai sens politique, sont les clés de cette réussite. Il lui reste trois ans au cours desquels il doit faire preuve d inventivité, pour asseoir durablement sa marque. Par Ichem Ben Yaiche

de la haute direction de la BAD – notamment par l’arrivée d’Emmanuel Mbi, premier vice-président en charge des opérations -Chief Opérating Officer, COO- ; de Sue Wardell, vice-présidente en charge des services institutionnels ; de Zondo Sadaka, vice-président en charge de la planification ; de Rémy Rioux, vice-président en charge des infrastructures-traduit les choix stratégiques voulus par Donald Kaberuka. Une équipe remaniée qui, comme le souhaitent les actionnaires, s’efforcera de donner à la BAD un plan d’action à long terme, éventuellement amendable, afin d’intégrer les changements en cours. Et d’offrir à Donald Kaberuka une fin de mandat en “feu d’artifice”, même si le mot peut paraître aux antipodes de son style et de sa méthode. Il n’empêche… Pour autant, comment caractériser la gouvernance des années Kaberuka en termes de vision et de stratégie ? Plus qu’un simple président de Banque, celui qui fut aussi l’architecte en chef des réformes économiques du Rwanda en tant que ministre de l’Économie et des finances aura su mettre à profit son expérience politique pour permettre à la BAD de remplir sa vocation première : financer le développement et lutter contre la pauvreté en Afrique. Usant d’un subtil pointillisme pour ne pas effaroucher ni inquiéter ses actionnaires, Kaberuka est parvenu non seulement à maîtriser les rouages d’une institution complexe

World Economic Forum

L

a réorganisation cette année

et parfois difficile -les États d’âme de son personnel sont connus…- ; il a aussi et surtout permis à la BAD d’acquérir un statut reconnu et une visibilité internationale en dehors de son pré carré africain. Le triplement du capital – qui est passé de 33 à 100 milliards – n’a pu s’opérer sans un art consommé de la négociation afin de convaincre actionnaires et partenaires. À la clé, et toutes proportions gardées, la BAD est devenue une sorte d’équivalent de la Banque mondiale. On parle aujourd’hui sans complexe d’une “Banque mondiale de l’Afrique”. Un pari qu’il fallait oser ! Et qui peut être considéré comme “tenu” aujourd’hui : le siège de relocation de Tunis regroupe 1300 salariés, auxquels il faut ajouter 450 employés des bureaux régionaux. La dimension et la taille de l’institution traduisent sa nouvelle physionomie et marquent son nouveau périmètre. Un “gigantisme” qui comporte aussi des risques, car les inerties et les conservatismes peuvent, comme partout, s’installer sans qu’on y prenne garde. C’est la raison pour laquelle une autre “révolution silencieuse” est

en train de s’opérer. Celle d’une plus grande décentralisation de la banque. Deux nouveaux centres régionaux de ressources sont devenus opérationnels : au Kenya et en Afrique du Sud. Donald Kaberuka le dit lui-même : il est encore trop tôt pour procéder à une évaluation de cette politique de terrain et de proximité qui a été mise en œuvre. Cette mutation aura incontestablement des effets considérables sur la vie de l’institution dont elle modifie les logiques d’action et de conception des projets. Une nouvelle page de son histoire est en train de s’écrire. Donald Kaberuka –un homme qui ne dévoile jamais à l’avance ses intentions par une prudence instinctive– prépare l’après.

Le prochain anniversaire des 50 ans de la BAD offrira très certainement l’occasion d’une vaste réflexion sur les besoins nouveaux de l’Afrique, notamment en ce qui concerne les innovations en matière d’outils de financement. Un rendez-vous exceptionnel pour mesurer le chemin parcouru, et explorer les voies du futur. Celui d’un Afrique d’un milliard d’individus dont les attentes, immenses, sont à la mesure des défis du développement et de la croissance qui se posent à eux. Nous avons accompagné Donald Kaberuka dans ses visites de terrain – en Tanzanie et en Algérie– ou lors de son voyage officiel au Japon. Nous avons pu constater à quel point il aime se confronter au principe du réel. Le président de la BAD a fait de ses déplacements sur le continent l’axe fort de son action. Il n’est parvenu à visiter les 53 pays régionaux de la BAD qu’à la fin de son premier mandat, tant l’atomisation du continent est réelle et le handicap dans son expansion économique. D’où ma “nécessaire logique d’intégration” nous explique-t-il. Les trois années à venir permettront de mieux comprendre la cohérence des choix antérieurs, et de s’assurer concrètement du réel pouvoir d’action et d’influence de la banque africaine du développement dans le décollage économique d’un continent dont les peuples ont envie de rompre définitivement avec la malédiction du sousdéveloppement. Donald Kaberuka se veut l’artisan de cette rupture culturelle. Rendez-vous en 2015. AFRICA54.FR

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SOCIÉTÉ

FILIPPE SAVADOGO ANCIEN MINISTRE DE LA CULTURE AU SERVICE DE L OIF À L ONU

NC

À 57 ans, l ancien ministre burkinabé de la Culture, du Tourisme et de la Communication, et Porte-parole du gouvernement chargé de la Francophonie, Filippe Savadogo devient ambassadeur et représentant permanent de l Organisation internationale de la Francophonie (OIF) aux Nations Unies. Il présentait le 9 avril dernier ses lettres de créance au Secrétaire général de l institution, Ban Ki Moon. Entretien avec l homme qui rend fier beaucoup de burkinabé. par la rédaction

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ZOOM + Ministre de la Culture, du Tourisme et de la Communication en juin 2007 dans le gouvernement de Tertius Zongo. Avant son entrée au gouvernement, il a occupé le poste d’ambassadeur du Burkina Faso en France avec accréditation en Espagne, au Portugal, au Vatican et en Tunisie, de 1996 à 2007. Bien avant cela, M. Savadogo a occupé le poste de délégué général du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (FESPACO) pendant 12 ans de 1984 à 1996.

Excellence, en quoi consiste votre nouvelle mission au sein de l OIF ? Le secrétaire général de l’OIF, le président Abdou Diouf et M. Ban Ki Moon ont décidé du renforcement de leur coopération, qui s’est amplifiée et approfondie ces récentes années. Ma mission d’observateur permanent auprès des Nations Unies, au service des 75 États et Gouvernements membres de l’OIF, a pour objectif de contribuer à la visibilité et à l’influence de la Francophonie au sein des Nations Unies. Plus concrètement, nous disposons de différents accords de coopération avec les structures onusiennes ; il nous faut approfondir la portée de ces partenariats au bénéfice de nos pays membres et en faveur de l’action multilatérale dans le traitement des grands défis posés par la communauté internationale. Nous avons, pour réaliser cette mission, l’appui du Groupe des Ambassadeurs francophones, essentiel pour la vitalité de la Francophonie au sein des Nations Unies. Dans la conduite de cette action, nous devons miser sans cesse sur la force du rassemblement, faire preuve d’imagination et d’un fort esprit d’ouverture en direction également des autres aires linguistiques. Construire des alliances naturelles avec elles, renforcer la coordination avec les principaux services de l’ONU où se joue quotidiennement la présence du français et de la diversité culturelle et linguistique aux Nations Unies, œuvrer à l’abou-

tissement de nos préoccupations de manière toujours plus incisive dans le cadre de la négociation de résolutions où la présence francophone mérite un fort rayonnement. Oser également de nouvelles initiatives, en direction de la presse francophone comme des milieux de la culture et de l’éducation multilingue à New York. Dans l’avenir, nous encouragerons la naissance d’un Centre virtuel de la Presse Francophone à New-York (CPF-NY) pour mieux porter la voix et les idéaux de la Francophonie aux Nations Unies, à New York, à Washington et plus modestement aux USA.

Ouagadougou - New-York, ce n est pas franchement similaire en terme de climat et d atmosphère. Comment vous acclimatezvous au changement ? Disons que je découvre à New York une riche communauté francophone qui mérite à mon sens beaucoup d’attention et de considération. Le Forum mondial de la langue française, qui se tiendra à Québec du 2 au 6 juillet 2012, convie le grand public à une cinquantaine d’activités qui célèbreront la langue française. Nous devons, en tant que représentant de l’OIF à New York, nous inspirer de cette initiative qui témoigne avec force de la vitalité de la Francophonie. J’ai la certitude que les francophiles discrets mais présents dans toutes les sphères nous apportent un appui déterminant. Qu’ils sont des témoins irremplaçables de l’évolution de notre communauté sur le plan culturel, politique, économique et social.

mois les délégations francophones mobilisées dans la négociation de la déclaration qui sera adopté à Rio. À Lyon, en février 2012, le Forum préparatoire à Rio+20, a compté parmi les activités majeures de la Francophonie en amont de la Conférence des Nations Unies sur le développement durable. L’engagement francophone dans ce secteur est un processus à long terme, soutenu par des acteurs institutionnels francophones qui ont acquis une grande expertise.

Sur quoi souhaitezvous mettre l accent 20 ans après la création de cette initiative ? Sur le chemin de Rio+20, la Francophonie défendra sa vision du monde, une vision marquée de solidarité, une vision qui défend la place de la culture pour la réalisation des objectifs du développement. Une vision qui s’attachera à valoriser les pratiques développées par les États francophones dans leur contribution au développement durable. Et surtout une action qui doit nous permettre de penser l’après Rio+20, en lançant des initiatives entre les différentes composantes de l’espace francophone.

Et le mot de la fin ? Tout s’est bien déroulé à RIO+20 ; il s’agissait d’un engagement pour les générations futures. Bientôt se tiendra le prochain Sommet des Chefs d’Etat et de Gouvernement de la Francophonie. Ce 14e Sommet se tiendra à Kinshasa, du 12 au 14 octobre 2012, sur le thème “Francophonie, enjeux environ-

nementaux et économiques face à la gouvernance mondiale”. Un En parlant de changement climatique, vous préparez votre départ pour Rio+20, événement mondial organisé par l ONU. Quelle sera votre tâche sur place et les éléments importants à retenir ?

Sommet qui pour la première fois sera accueilli en Afrique centrale, ce dont nous nous réjouissons au regard de ce qu’est et de ce que sera demain la contribution de l’Afrique au rayonnement de la Francophonie.

À Rio, l’administrateur de l’OIF, M. Clément Duhaime représentera le Secrétaire général de l’OIF Abdou Diouf. La Francophonie accompagne depuis plusieurs AFRICA54.FR

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SOCIÉTÉ

RIO+20 LE CIEL, LA MER, LA NATURE... ET NOUS

L

e sommet de Rio, du 20 au 22 juin a attiré plus de 50 000 participants -responsables gouvernementaux, représentants

d’entreprises et membres de groupes de pression et d’organisations écologistes. Il s’est efforcé de fixer de nouveaux objectifs concer-

nant sept thèmes essentiels, dont la sécurité alimentaire, l’eau et l’énergie. Le rapport GEO-5, principal diagnostic élaboré par l’ONU sur l’état de la planète, appelle les gouvernements à s’assigner des objectifs plus ambitieux ou à renforcer ceux qui existent déjà et qui, pour la plupart, n’ont pas été atteints. Et la croissance démographique, l’urbanisation et la consommation sont en passe de causer des dégâts irréversibles à la planète. C’est la pagaille, d’autant plus que la planète comptera neuf milliards de Terriens en 2050 et que l’économie mondiale consomme de plus en plus de ressources naturelles, a relevé le sous-secrétaire général des Nations unies et directeur exécutif du Pnue, Achim Steiner. “Si la tendance actuelle

se poursuit, si les modes actuels de production et de consommation des ressources naturelles perdurent et ne peuvent être inversés, les États connaîtront un degré sans précédent de dégâts et de dégradations”

Ryan McVay

Les modèles actuels laissent penser que les émissions de gaz à effet de serre (GES) pourraient doubler dans les 50 ans qui viennent, ce qui provoquera une hausse d’au moins 3° Celsius des températures mondiales d’ici à la fin du siècle. L’essentiel de l’impact des changements climatiques sera ressenti dans les pays en développement, notamment en Afrique et en Asie, où la croissance démocratique et la hausse de la consommation tendent un peu plus des ressources naturelles en diminution, lit-on dans le rapport du GEO-5. Aie, aie, aie, la planète est malade… que faites-vous ?

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TENDANCE

sur scène, je me sens transportée par cet échange extraordinaire qui se fait avec les gens et cela est unique.

Sur scène, on ressent ce métissage musical et culturel qui vous caractérise bien, entre soul, reggae et rock. Europe, États-Unis et Afrique. Etes-vous une artiste sans frontières, qui se sent bien partout où elle passe ? J’adore l’expression “artiste sans frontières”, je dirais même citoyenne du monde. Où que je sois, je suis sur scène pour diffuser les mêmes émotions. La vie nous permet de rencontrer tellement de personnes et de cultures différentes que cela m’inspire au quotidien. J’aime la vie et ses rencontres, et c’est ce que je tente de faire ressentir au niveau de mes compositions !

Rene & Radka

AYO AU NOM DE LA JOIE Quand vient l heure de l été, le bruit des festivals résonne délicieusement à nos oreilles. Les Solidays, événement incontournable parisien a ouvert la saison. Pour cette 14 e édition, le public a eu la chance de recroiser la chaleureuse Ayo, une habituée des lieux. Avec sa voix ensoleillée, elle est venue présenter en acoustique les titres de son dernier album sorti en 2011, Billie-Eve. Un opus très réussi teinté de nombreuses influences et d artistes de renom -M, Gail-Ann Dorsey, bassiste de David Bowie, ou Craig Ross, guitariste de Lenny Kravitz . Lartiste d origine nigériane est plus solaire que jamais. par Stéphane Pocidalo

Dire que vous êtes une artiste engagée n est pas ici une expression galvaudée. Vous êtes ambassadrice de l Unicef, par exemple. Comment percevez-vous aujourd hui le développement en Afrique, et notamment au Nigéria, votre pays d origine ?

Ayo, vous avez participé pour la troisième fois aux Solidays. Pourquoi est-ce un événement qui vous tenait à cœur?

Je crois qu’il y a encore beaucoup de choses à faire en Afrique, et notamment au Nigéria, le pays de mon cœur. Il y a beaucoup d’instabilité politique là-bas et l’erreur a toujours été de croire que son développement pouvait se faire du jour au lendemain. Le progrès doit se faire étape par étape dans toute l’Afrique de l’Ouest et qu’enfin, une certaine stabilité puisse s’intaurer. C’est mon souhait le plus cher.

C’est tout d’abord un grand plaisir de participer aux Solidays car j’adore l’organisation du festival. C’est aussi très important de se joindre à une bonne cause, à la lutte contre le Sida. La solidarité est une valeur très importante pour moi. Je trouve d’ailleurs qu’il n’y a pas assez de festivals engagés comme celui-là, c’est dommage.

Enfin, qu allez-vous faire à la fin de cette longue tournée européenne qui s achève dans quelques mois ? Avez-vous déjà de nouveaux projets artistiques ou familiaux ?

Depuis 2006 et le succès de votre premier album, Joyful, vendu à plus de 400 000 exemplaires, vous n avez cessé de tourner et d enregistrer... en plus de redevenir mère dans la difficulté -ndlr : Ayo a frôlé la mort suite à une grossesse extra-utérine. Où puisez-vous cette énergie débordante ? Je crois que c’est quelque chose qui vient naturellement. Le partage avec le public est essentiel car c’est lui qui me donne une force constante. Lorsque je suis

Oui, beaucoup de projets ! Je suis actuellement en train de travailler sur mon quatrième album, les chansons sont presque toutes déjà écrites mais il va falloir les enregistrer en studio. Je vais sûrement partir aux États-Unis au mois d’août, à la fin de ma tournée. Je vais aussi pouvoir profiter pleinement de ma famille et de mes deux enfants, j’en ai très envie ! En attendant, il y a encore beaucoup de beaux moments à passer sur scène, et notamment aux Solidays.

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TENDANCE

TIKEN JAH FAKOLY UNE FORCE TRANQUILLE Philippe Bordas

C est un des artistes a avoir le plus combattu les ingérences françaises avec l album Françafrique . À l occasion d une conférence de presse organisée dans le 7e arrondissement de Paris, par les membres du festival Solidays qui s est tenu à Paris du 22 au 24 juin dernier, notre envoyée spéciale a eu la chance de l interviewer. par Jessica Justine

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Que devient votre projet Un concert, une école ?

J’organise seul un concert en Côte d’Ivoire du 8 au 10 novembre 2012. Il y aura des invités comme Jimmy Cliff, des artistes jamaïcains et d’autres artistes de la sous-région -Burkina, Ghana, Guinée-Conakry, etc.

Ça continue. Je m’apprête à financer une 6e école primaire au Niger. J’ai effectué dernièrement l’inauguration d’une école au Burkina-Faso, dans la région de Bobo-Dioulasso. Avant cela, j’ai financé un collège au Mali, dans la région de Tombouctou. C’était le premier de l’association. J’ai financé deux écoles primaires en Côte d’Ivoire, à Abidjan. Est-ce seu-

Nous attendons avec impatience le morceau Réconciliation, en duo avec Alpha Blondy. Où est-ce que cela en est ?

lement grâce aux fonds générés par vos concerts ? Je demande toujours des soutiens des

Le morceau aurait dû sortir depuis bien longtemps. C’est dans les mains d’Alpha. Posez-lui la question. Pour ma part, j’attends aussi sa sortie du placard.

régions, mairies, et autres institutions lorsque je me produits sur scène en France ou ailleurs. C’est un plus dans ces projets de constructions d’écoles en Afrique.

La Côte d Ivoire est aujourd hui dirigée par Alassane Ouattara. Que pensez-vous de sa gouvernance ? Le président Alassane Ouattara est un travailleur. Il a été élu il y a plus d’un an et nous souhaitons qu’il honore ses promesses durant son mandat. La tâche n’est pas facile car il y a aujourd’hui 40 ou 50% consacrés au développement et le reste consacré à la réconciliation. Je souhaite que les ivoiriens se réconcilient. C’est d’ailleurs dans l’apaisement et la stabilité que le pays bougera. C est à dire ? L’apaisement entraîne la stabilité qui entraîne les investisseurs qui entraîne une baisse du chômage.

Si vous aviez la chance de conseiller Alassane Ouattara sur les priorités de changement du pays, que lui diriez-vous ? Un des premiers secteurs à restructurer, c’est celui de l’emploi. Il faut que l’emploi des jeunes soit une priorité gouvernementale. Ce résultat ne peut être obtenu que si le pays est socialement et politiquement stable. Bien sûr, avant tout, les infrastructures sont importantes, notamment les infrastructures routières. Les produits consommés par les ivoiriens doivent être acheminés sans difficultés et sans raquettes des militaires ou de certaines forces en place corrompues, par des routes bitumés ou au minimum entretenus. Aussi, il faut générer une autosuffisance sur le plan alimentaire, le pouvoir d’achat des ivoiriens doit augmenter et le prix des denrées alimentaires doit baisser.

Oui, le Solidays a sa place aussi en Afrique pour sensibiliser les populations au port du préservatif et limiter les ravages du Sida.

En parlant de concert, vous participiez au Solidays 2012, en France, pourquoi n y a t-il pas un Solidays en Afrique ? Il faut continuer à sensibiliser les populations françaises à la problématique du Sida mais je souhaiterais que dans un pays africain, nous ayons un Solidays. Je pense que cela peut aussi venir des africains. Et d où viendrait l argent ? Organiser des choses en Afrique coûte cher. J’ai organisé un concert au Mali avec mes fonds propres. Combien cela vous a couté ? 25 milliards de FCFA. Et l’artiste ne peut pas éternellement donner son énergie et ses fonds propres. D’ailleurs, comment les africains, avec un pouvoir d’achat assez faible pourrait-il payer une place de concert ? Oui, le Solidays a sa place aussi en Afrique pour sensibiliser les populations au port du préservatif et limiter les ravages du Sida. Le préservatif sauve des vies et il faut avoir des rapports protégés.

Des idées, des projets ? D après vous, quelles doivent-être les principes des nouvelles relations entre la France et les africains ? Comme beaucoup de mes frères africains, j’attends que les comportements que nous avons toujours dénoncés comme les ingérences, le néocolonialisme ne soient plus d’actualité. Nous souhaitons une françafrique positive. Le plus gros du boulot viendra de l’Afrique. Le général de Gaulle a affirmé que : “la France n’a pas d’amis, elle n’a que des intérêts”. Aujourd’hui, nous voulons qu’il y ait du business d’égal à égal.

On pourrait organiser une tournée panafricaine pour rapprocher la jeunesse de l’Union africaine et de la CÉDÉAO. Pour les jeunes, ces institutions sont lointaines. À ce titre, je souhaiterai rencontrer le président du Bénin et celui de Guinée équatoriale.

Et le mot de la fin ? L’éducation va changer l’Afrique. Le peuple a des devoirs mais aussi des droits. Éveillons nos consciences par la lecture et les voyages. Et n’oubliez pas, sortez couvert !

Laurent Attias

Depuis votre dernier album African Revolution , quoi de neuf ?

MC SOLAR L ARTISTE INTEMPOREL L ARTISTE LE PLUS AIMÉ DES FRANÇAIS SE BALADE HUMBLEMENT, EN FRANCE ET SUR LE RESTE DU GLOBE, HISTOIRE DE FAIRE LE PLEIN D ÉNERGIE CRÉATRICE ET NOUS CONCOCTER UN JOYAU MUSICAL. MAIS, PARCE QU IL SE SENT CONCERNÉ PAR LA LUTTE CONTRE LA MALADIE DE L AMOUR, LE BEL HOMME FAISAIT UNE HALTE AU SOLIDAYS 2012 . NOUS L AVIONS ALPAGUÉ POUR UNE PETITE INTERVIEW. par Jessica Justine

Que faites-vous, ici au Solidays ? Il semble que les jeunes fassent de moins en moins attention à leur santé et au Sida. J’espère que le monde généré par le Solidays aura permis de faire prendre conscience à la population de l’importance du port du préservatif. Et les forums, les concerts, et autres intervenants devraient permettre de récolter une belle somme pour reverser aux associations qui luttent contre cette maladie.

Vous souvenez-vous des paroles de la chanson “J’entends parler” de Ragassonic ? Oui, ils avaient chanté cette chanson lors du Solidays 2011. Ça fait : “J’entends parler du SIDA, Il est passé par ci, il est passé par là Une chose est sûre, c’est qu’il ne passera pas par moi, Rude Boy faut te protéger La vie est un long combat inachevé, Doucement jeune fille, il ne faut pas oublier”

Quel message pourrais-tu porter à cette jeunesse qui parfois est inconsciente et insensible à l’importance du préservatif ? Et bien j’ai envie de répéter les propos que Christophe Dechavanne, animateur et producteur français, répétait à la finale de chacune de ses émissions : “N’oubliez pas, sortez couvert !” et avec plusieurs préservatifs sur vous.

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TENDANCE

RENCONTRE AVEC LEEROY NOTRE COUP DE CŒUR MUSIQUE L ancien membre du Saïan Supa Crew, qui a donné des milliards de concerts à travers le monde pendant 10 ans, revient sur le devant de la scène. Leeroy ou l expert du human beat box , à chacune de ses apparitions, c est full of people ! C est dans un petit café de la capitale, entre deux Perrier citrons , que l artiste, un tantinet timide et charmeur nous offre un joli moment en exclu. par Jessica Justine

On ne t a pas trop vu depuis ton dernier album Hip-Hop Coup de massue en 2009, et quelques mix tapes. Qu est-ce qui a changé dans ta vie ? J’ai énormément écrit. Je me suis recentré sur des projets style “Bolywood trip, africain trip”. Je bosse sur un nouvel album. Et là, je reviens sur le devant de la scène, en trentenaire, et artiste accompli, avec de nouvelles chansons. Être sur scène est un bonheur. J’espère prolonger ce plaisir. Effectivement, tu as offert de

Louis-Ferdinand Céline. C’est la base. On ne peut pas écrire, sans connaître la richesse de ces auteurs dont la qualité des œuvres ne s’altère pas malgré les années.

On connait ton dynamisme en groupe mais quel est ton univers en solo ? Je chante beaucoup plus qu’avant. J’ai gardé ma base hip-hop avec laquelle je construis des chansons et des mélodies. Un peu, dis-je sans aucune prétention, à la manière de Nougaro ou de Souchon, des artistes qui s’amusent avec les mots et les sonorités.

Comptes-tu reformer le groupe Saïan Supa Crew ? Rien n’est pas prévu. Peut-être plus tard. Au moins un duo avec Féfé ? C’est certain ! Je suis admiratif de la manière dont il a su rebondir en solo, avec assurance et maturité. Son dernier album sorti en 2010 “Jeune à la retraite” est une réussite. Il a appris la guitare en un battement de cil. Chapeau bas !

On a beaucoup parlé de l importance des mots. Quels seront les thèmes de tes chansons ? Je parle beaucoup du côté autodestructeur que l’on peut avoir chacun. Je parle évidemment du mien et puis je parle de mon père qui s’exprimait avec des mots un peu ludique et rigolo. Il y a un morceau qui s’appelle “Quand je serai petit” où là je parle de l’enfance et de ce que j’aurai pu faire et que je n’ai pas fait. Par exemple ?

Quand je serai petit, je monterai sur les tables et j écrirai sur les murs. Je dessinerai sur les arbres... ça a aussi des vertus thérapeutiques cette album ? Oui, à mort (rires). Tout va bien. Tu es d origine franco-marocaine, as-tu prévu une tournée sur les terres de ton père ?

beaux concerts en mai, et en juin au Sentier des Halles. L ambiance intimiste était-elle voulue ?

J’adorerai. Pour l’heure, ce n’est pas au programme mais tout peut changer.

C’était un spectacle d’une heure. Il se passait plein de choses entre les morceaux. Des ponts ludiques, et évidemment des surprises comme la présence exceptionnelle de Camelia Jordana ou Féfé. Une belle interactivité avec le public. C’est dans ce type de salles de concert que l’on s’éclate avec les mots et les gens.

Et si tu devais faire un duo avec un artiste en France ?

Et tu te sens plus à l aise avec 500 personnes devant toi ou comme le 30 mars denier, au Zénith de Paris, en 1ère partie de Shy m, avec 6 000 fans qui scandent ton nom ? La proximité avec le public est différente. Sur les grandes scènes, on se sent presque seul avec une lumière qui nous éblouit les yeux. On entend le public mais on ne le voit pas, on se lâche. On fonctionne aux vibrations. Tu apportes

beaucoup de fraîcheur et d énergie à cette scène française. Et le big changement , c est que tu es seul, alors, ça fait quoi ? C’est la continuité entre la fin du Saian Supa Crew, en 2007 et aujourd’hui. J’aime la culture artistique française et je puise mon inspiration dans les grands classiques littéraires. Comme ? “Voyage au bout de la nuit” de 56 • AFRICA54.FR

Richard Gotainer ou Philippe Katerin, des mecs barrés.

Et le mot de la fin ? Amour, gloire et beauté !

La proximité avec le public est différente. Sur les grandes scènes, on se sent presque seul avec une lumière qui nous éblouit les yeux. On entend le public mais on ne le voit pas, on se lâche. On fonctionne aux vibrations.


Max Vigato AFRICA54.FR

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TENDANCE

LA PIROGUE Le cinéaste sénégalais Moussa Touré est sélectionné dans la section Un Certain regard , avec La Pirogue, un documentaire sur les voyages clandestins de l Afrique à l Europe, qui vient cueillir nos émotions sous la forme d une fiction.

FOCUS SUR LE RÉALISATEUR MOUSSA TOURÉ

SYNOPSIS Un village de pêcheurs dans la grande banlieue de Dakar, d’où partent de nombreuses pirogues. Au terme d’une traversée souvent meurtrière, elles vont rejoindre les îles Canaries en territoire espagnol. Baye Laye est capitaine d’une pirogue de pêche, il connaît la mer. Il ne veut pas partir, mais il n’a pas le choix. Son frère fait partie du voyage, le capitaine de la pirogue ne connait pas assez bien la mer, et au pays, aucun avenir n’est possible... Il devra conduire 30 hommes en Espagne. Ils ne se comprennent pas tous, certains n’ont jamais vu la mer et personne ne sait ce qui les attend au bout du voyage... Pour Moussa Touré, la pirogue est “une métaphore du pays qui part à la dérive, quand il n’y a plus d’horizon”. Sa pirogue est un concentré du Sénégal : une trentaine d’hommes d’origines ethniques différentes (Toucouleurs, Wolofs, Peuls …), mais aussi une femme, car si les hommes refusent en général que leurs femmes les accompagnent, Touré voulait “montrer que la femme africaine est capable de faire des choix, de poser des actes forts et de prendre des risques comme un homme”. ▶ Durée : 1h27 ▶ Avec : Souleymane Seye Ndiaye, Laity Fall, Malamine Dramé, Balla Diarra, Salif Diallo, Babacar Ouali, Mame Astou Diallo, Saikou Lô, Ngalgou Diop, Limanou Ndiaye, Diodio Ndiaye, Mohamed Fall, Bachirou Diakhate, Moctar Diop ▶ Scénario et Dialogues : Eric Névé et David Bouchet ▶ D’après : une histoire originale de Abasse Ndione 58 • AFRICA54.FR

Originaire du Sénégal, Moussa Touré commence très jeune sa carrière dans le cinéma en tant que technicien -électricien, assistant réalisateur-, pour réaliser son premier courtmétrage en 1987, puis son premier long-métrage en 1991, TOUBAB BI, primé de nombreuses fois. En 1987, il crée sa société de production, Les Films du crocodile (Dakar), avec laquelle il finance notamment depuis ses différents documentaires, remarqués et récompensés dans de nombreux festivals. En 1997, il réalise TGV, avec Makéna Diop, Bernard Giraudeau et Philippine LeroyBeaulieu, véritable succès populaire en Afrique. À ce jour, Moussa Touré a réalisé une dizaine de films, tous genres confondus. En 2002, il initie le Festival “Moussa invite” à Rufisque au Sénégal. Ce festival fait la promotion de documentaires africains réalisés par des Africains. En 2011, le FESPACO -Festival panafricain du Cinéma de Ouagadougou- lui confie la présidence du jury des Films documentaires.


Plage de sable blanc à Corisco

GUINÉE ÉQUATORIALE LA NOUVELLE DESTINATION TOURISTIQUE

Si vous rêviez de nature encore vierge, bienvenue s u r l e s 2 8 0 51 k m ² d e la Guinée équatoriale. Situé entre le Gabon et le Cameroun, le pays vous subjuguera avec ses plages de sable blanc et sa végétation flamboyante. L a G u i n é e é q u a to r i a l e, c est aussi l île de Bioco, face au Cameroun dans le golfe du Biafra, où se trouve la capitale, et Pagalu, une petite île au large du Gabon. C est là que vous attérirez, à l aéropor t international Santa Isabel de Malabo, situé à 7 km du centre-ville. L espagnol est la langue officielle, mais chaque communauté parle sa propre langue - f ang, bubi, créole fernandino-. Le f rançais es t compris dans les villes. Question religion, il y a environ 85% d e c a t h o l i q u e s e t 15% d animistes et une superbe cathédrale à visiter à Mongomo. N hésitez plus et envolez-vous vite pour ce beau pays.

Les raisons d y aller Les paysages Portugais, Espagnols ou Britanniques, chacun de ces peuples ont colonisé un jour la Guinée équatoriale. De ce passé, subsistent quelques traces dans les villes, notamment celle de Malabo, la capitale située sur l’île de Bioco. On y découvre de beaux édifices d’architecture coloniale mais le patrimoine architectural et culturel reste un peu pauvre et on ne viendra pas en Guinée équatoriale pour des vacances culturelles. Lions, gazelles ou encore éléphants... la Guinée équatoriale se veut une terre d’accueil pour tous ces animaux. Mais la Guinée équatoriale mérite AFRICA54.FR

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TENDANCE

surtout d’être connue pour ses magnifiques plages de sable, elles font partie des plus belles au monde. Idéal pour un séjour en amoureux. L’île volcanique de Bioco est située face au Cameroun. Sa ville principale, Malabo, est aussi la capitale de la Guinée équatoriale. Le mont Pico de Santa Isabel culmine à 3 008 m. Le sommet volcanique de Malabo, accessible par escalade, offre des vues spectaculaires. Cependant, il est nécessaire de se procurer un permis du gouvernement pour s’y rendre, car c’est une zone militaire.

Les côtes Bata peut servir en priorité de base pour des escapades d’une journée dans les environs. Au nord et au sud de la ville, vous pourrez admirer quelques-unes des plus belles plages au monde, vous arrêter dans les petits villages de pêcheurs ou visiter les petites îles proches des côtes. Luba, située sur l’île de Bioco à 45 km de Malabo, offre aux alentours des plages de sable blanc, comme la belle Arena Blanca.

Les villes ▶ Malabo Capitale de la Guinée équatoriale, elle est située sur l’île de Bioco, au large du Cameroun. C’est une petite ville au charme typiquement espagnol, d’architecture coloniale et à la population hospitalière. Il n’y a pas grand-chose à visiter en dehors du Centre culturel espagnol. Goûtez à l’ambiance délicieuse dans l’un des bars de la ville ou sur les marchés colorés. ▶ Ebebiyin À l’extrémité Nord-Est du pays, c’est la première ville que l’on rencontre, quand on arrive dans le pays par le Cameroun. À 20 km à l’ouest de la ville se trouve le musée de Biyabiyan, exposant des sculptures et des oeuvres d’art fang. ▶ Mongomo Chef lieu de la province de Wele Nzas, ville frontalière avec le Gabon, Mongomo peut se vanter d’être la ville qui a donné le jour à l’actuel président équatoguinéen Teodoro Obiang. Cette ville est aussi connue pour sa 60 • AFRICA54.FR

INFOS ▶ Le visa Obligatoire, il est délivré en 72 heures. Valable 30 jours, il coûte 110 euros et est à retirer à l’ambassade de Guinée équatoriale au 29 rue de Courcelles – 75017 PARIS ▶ La monnaie Le franc CFA (XOF) divisé en 100 centimes. 1 € = 655, 957 XOF. Le franc français s’échange assez facilement. Horaires des banques : 8 h/13 h du lundi au samedi.

Piste d atterrissage Corisco

▶ Avion : Deux compagnies aériennes intérieures -CEIBA et CRONOS- assurent six vols par semaine, entre Malabo et Bata. Il est recommandé de réserver à l’avance. Les horaires sont approximatifs, mais les tarifs très peu chers. Sachez que les avions des lignes intérieures ne possèdent aucune assurance passager. La mise en conformité aux exigences de l’IATA devrait se faire dans les mois à venir. ▶ Santé : La vaccination contre la fièvre jaune est obligatoire. Les vaccins conseillés sont : diphtérie, tétanos, poliomyélite et hépatite A. Le traitement antipaludéen est fortement recommandé, le pays étant classé en zone 3. Il existe un hôpital tout neuf construit par une Israélienne Ovadia Yardena. Il est très bien équipée. ▶ Téléphone : Pour téléphoner de France vers la Guinée équatoriale, composez le : 00 + 240 + indicatif de la ville (Malabo : 9 ; Bata : 8) + le numéro du correspondant. De Guinée équatoriale vers la France, composez le : 00 + 33 + le numéro du correspondant (sans le 0 initial).

Port de Kogo

nouvelle bibliothèque construite par les américains et sa cathédrale qui n’a rien à envier à la cathédrale Notre-Dame de Paris. Et pour s’y rendre ? Rien de plus facile. Équipée d’une piste d’atterrissage l’accès à la ville se fait rapidement et sans efforts. Et, quand bien même vous seriez fatigués de votre voyage, l’Hôtel Mongomo, véritable palace comprenant complexes sportifs, esthétiques et discothèques fera plus que l’affaire pour votre repos.

La faune et la flore À VENIR EN AOÛT ▶ 3 août : Fête des Forces Armées. ▶ 15 août : Jour de la Constitution.

Les forêts équatoriales couvrent près des trois quarts de la partie continentale du pays. Entre autres essences, le bois d’okoumé, prélevé dans les forêts de Mbini et destiné à l’exportation, est une source de revenus non négligeable. La faune est représentée par des éléphants, des lions et des gazelles...

Les arts et la culture Le peuple fang est de langue bantoue et habite dans la partie continentale de la Guinée équatoriale. On y trouve l’une des plus importantes communautés de sorciers. Au cours des rituels, rythmés par des chants et des danses, les membres du ngil -sorte d’association rituelle et judiciaire-, portent des masques très caractéristiques, de couleur blanche, au front bombé et au visage triangulaire. L’une des cérémonies les plus fascinantes, la abira, permet à la communauté de chasser le diable. Les crânes des ancêtres sont conservés dans un reliquaire en écorce, surmonté d’une statuette au long corps ou d’une tête travaillée. Ces sculptures, qui perdent toute leur valeur sacrée si elles sont éloignées de leur reliquaire, ont fait la renommée de l’art fang.


¿HABLAS ESPAÑOL? IMPACTANTES HALLAZGOS ARQUEOLÓGICOS EN GUINEA ECUATORIAL

Dos líneas de investigación Por ahora, los arqueólogos mantienen abiertas dos líneas de trabajo en la isla de Corisco. Por un lado, las labores científicas se centran en las excavaciones de los cementerios prehistóricos allí localizados. Los más antiguos, se retrotraen hasta hace 2. 000 años, convirtiéndose por tanto en los más importantes -por su antigüedad, extensión y calidad de los ajuares que acompañan a las tumbas-

de todo el África Subsahariana. A esta línea de trabajo se le suma otra, centrada en la arqueología de Corisco desde los inicios del siglo XIX hasta nuestros días. Las labores realizadas en este ámbito muestran una sociedad cosmopolita y de gustos refinados que comerciaba con los europeos, aportando esclavos

final de la colonia española y la llegada de la independencia de Guinea Ecuatorial, en octubre de 1968.

Proyectos de futuro Las investigaciones arqueológicas en Corisco han quedado plasmadas hasta el momento en un librito divulgativo cuyos principales destinatarios han sido los propios habitantes de la isla, aproximadamente cien. Pero está previsto que para el próximo mes de agosto, vea la luz una publicación mucho más exhaustiva, que recogerá, con profusión de dibujos, imágenes y textos, todos los trabajos, resultados y conclusiones de los trabajos llevados a cabo. Hay que destacar que la actual ministra de Educación, Cultura, Museos y Bibliotecas de Guinea

Un equipo de seis especialistas -Coordinados por doctor en arqueología y científico titular en el Instituto de Ciencias del Patrimonio, se trasladó, durante todo el pasado mes de mayo, a la isla de Corisco Alfredo González Ruibal- ,

-denominada Mandji, en la lengua del pueblo Benga que la habitó desde sus inicios hasta hoy- para llevar a

cabo la tercera campaña de prospección arqueológica. Estos trabajos se desarrollan en el marco del denominado Proyecto de Investigación de Arqueológica del Estuario del Río Muni -Guinea Ecuatorial- , que comenzó hace dos años con el apoyo de la Cooperación española, el Ministerio de Cultura de España, y el Consejo Superior de investigaciones Científicas (CSIC). Luis Negro Marco / Bata

Dessin d une tombe il ya 2 000 ans

de contrabando -una vez hubo sido

L

as investigaciones arqueológicas llevadas a cabo desde 2009 en la isla de Corisco, han generado extraordinarios hallazgos, lo que está convirtiendo a Guinea Ecuatorial en un referente internacional de la arqueología africana. Por eso, la intención de los expertos es continuar documentando el excepcional patrimonio arqueológico e histórico del Estuario del Muni, con la colaboración del recién creado Ministerio de Cultura de Guinea Ecuatorial, a cuyo frente se encuentra la escritora Guillermina Mekuy.

declarada ilegal la Trata a mediados del siglo XIX- y marfil, a cambio de

lujosas vajillas de Sèvres, Inglaterra, Países Bajos e incluso Estados Unidos. Asimismo, los Bengas de Corisco obtenían de los europeos los más delicados perfumes de París. La llegada de los colonos para instalarse en la isla, a finales del siglo XIX, y comienzos del XX, supuso el declive de la hasta entonces poderosa dinastía de los Bengas, que ante su decadencia económica, sucumbió a los vicios llegados de Europa, principalmente el alcohol: la ginebra -hasta finales de la I Guerra Mundial- y el vino, de influencia genuinamente española, hasta el

Ecuatorial, Guillermina Mekuy, se ha mostrado muy interesada por los importantes hallazgos arqueológicos llevados a cabo en Guinea Ecuatorial. Por ello, actualmente se están ultimando los trabajos del que será futuro museo de Arqueología y Bellas Artes de Guinea Ecuatorial, en la capital de Malabo, el cual estará ubicado en uno de los edificios artísticos y monumentales más importantes de la ciudad: “La Casa Verde”.

G

uinea Ecuatorial, es por tanto no solo un país emergente en cuanto a economía, sino también uno de los más destacados en cuanto a cultura y arqueología de todo el África Subsahariana. AFRICA54.FR

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TENDANCE

¿Y CUÁL ES MI CULTURA? Avelina Bendomo Beká Obono (Alumna de 1º de Bachillerato del colegio “Calasanz” –Padres Escolapios de Bata–)

H

e aquí una joven que se presenta ante los lectores de “Africa 54” confusa, ante la profusión de culturas diferentes que confluyen hoy en día en Guinea Ecuatorial. “La diferencia cultural”, y saber valorarla, es siempre una positiva actitud ante la vida. El problema llega cuando abrazamos culturas y modas distintas a las nuestras y olvidamos nuestras raíces. Otra reflexión: ¿De verdad que nuestra cultura es independiente de otras? Como guineoecuatoriana que soy, perteneciente a la etnia fang, tengo apellidos propios de dicha cultura; pero la religión que practico es la católica, que trajeron los misioneros claretianos, jesuitas, escolapios... españoles. Cuento las horas y los meses como lo hacían hace ya dos mil años, los romanos. El papel en el que escribo, es un invento chino de la Edad Media, al igual que los fuegos artificiales que usamos en las fiestas más destacadas de Guinea Ecuatorial. En mis desayunos y meriendas, hago mis bocadillos con mortadela o chorizo, al igual que hacen los europeos. En mis guisos, mezclo el tomate venido de Camerún con el italiano, y las patatas de mis tortas, al igual que el chocolate que tanto me gusta, provienen de sendos frutos que tienen su origen en América. Asimismo, en cuanto a mis gustos musicales, prefiero las canciones occidentales, y en concreto la de cantantes que evocan al amor en sus melodías, y las canciones Godspell, que alaban a Dios. Más aún: En mis paseos y fiestas, prefiero ponerme pantalones vaqueros con camisetas de polo y cherokee, con zapatillas de Zara o Lacoste. Y por último, mi deseo de vivir, no lo guardo solo para mi pueblo, sino que lo hago extensible a toda la Humanidad. Por eso me pregunto: ¿Cuál o cuáles son los rasgos o valores que me definen culturalmente? ¿Estoy perdiendo los valores propios de mi cultura cuando asimilo otros nuevos? Y si es cierto que los jóvenes 62 • AFRICA54.FR

estamos perdiendo nuestra identidad cultural ¿Somos solo nosotros los responsables? Son muchas las personas que afirman que Internet y las nuevas tecnologías de comunicación, están contribuyendo al desarraigo cultural. Yo no soy en absoluto de esa opinión. Al contrario, pienso que son el soporte ideal -siempre que sepamos hacer buen uso de ellas- para afianzar y consolidar

nuestra identidad, la de cada pueblo. Una última reflexión: Todas las personas no somos nada individualmente, sino como integrantes de una sociedad. Todos, desde que nacemos somos portadores de una cultura propia -cuyo máximo exponente es el idioma. Como personas, nuestra cultura es nuestra raíz y nuestra fuerza vital. Siguiendo con el símil de nuestra identidad cultural como si fuese un árbol, para que éste crezca y sus ramas florezcan, es preciso alimentar bien las raíces. Curiosamente un buen abono para este árbol -nuestra identidad- es el conocimiento de culturas diferentes. No para cortar nuestras raíces, sino para fortalecerlas. Porque reivindicar y conocer bien nuestra cultura no es rechazar, sino abrazar las de los demás. No existe cultura posible alguna sin liberad, ni desarrollo personal atenazado por los miedos. La xenofobia, el racismo, el antisemitismo, etc., son manifestaciones enfermizas que manifiestan temor en quienes profesan dichas actitudes radicalmente opuestas a la convivencia. El cosmopolitismo, sin embargo, es muestra de madurez personal. Ser ciudadano del mundo -algo necesario en nuestra “Aldea Global”- será misión imposible en una persona que desconozca su pasado, sus orígenes, su identidad cultural. Y de este mismo modo, sentirnos orgullosos de quiénes somos, no habrá de ser signo de una nacionalismo excluyente, sino de una gran fuerza interior, que nos permitirá compartir nuestros valores con quienes quieran y sepan apreciarlos, al tiempo que nos enriqueceremos con los suyos.

Pareja de jóvenes guineanos con su moderno look

Mujer guineana portando el tradicional Nkuen. Mercado de Bikui


TRADICION Y MODERNIDAD Javier Alberto Torrejón Nguem (Alumno de 4º de Bachillerato del colegio “Calasanz” –Padres Escolapios de Bata–)

Tradición” y “modernidad”: dos conceptos aparentemente contrapuestos, y actualmente, objetos de un vivo e interesante debate social. Son muchas las personas, con mentalidades propias de una sociedad tradicional que se quejan de algunos males que acechan a la juventud de nuestro tiempo, principalmente el consumo de alcohol a temprana edad, y los embarazos precoces, en muchas ocasiones, en niñas que apenas si alcanzan los 14 años de edad. En líneas generales se podría afirmar que los jóvenes guineoecuatorianos manifiestan mucha prisa por imitar comportamientos y modos de vida propios de la madurez, y de la época adulta. Y esto es algo que no sucedía hace 40 años, por ejemplo. La adopción de malas costumbres y la aceleración de las etapas del crecimiento personal -niños y niñas adoptan

roles que no son propios de su edad-

pueden deberse a varios factores : Guinea Ecuatorial vio cómo su economía cambiaba drásticamente tras el hallazgo de petróleo en suelo nacional. La renta per cápita de los guineoecuatorianos se ha multiplicado por más de veinte en apenas 20 años, pero los salarios de la clase baja no han aumentado al mismo ritmo. La inflación está provocando que sean muchos los guineoecuatorianos que tienen dificultades para llegar a final de mes. Por ello, las familias, ven como recurso que sus hijos pasen a independizarse lo antes posible del hogar paterno. Aquí es donde niños y niñas -que no deberían ocuparse de otro asunto que no fuese el de sus estudios, al menos hasta acabar 2º de Bachillerato o sus estudios de Formación Profesional- tratan de buscar su propia

salida, eligiendo unos caminos que, aun pareciendo, al principio, atractivos, son sin embargo los más arduos, duros, y con un final mar-

cado por la frustración y el fracaso. También los medios de comunicación -por ejemplo las telenovelas- que llegan de Europa y América, ofrecen a los guineoecuatorianos unos modelos de comportamiento social que chocan con los de su propia cultura, pero que les atraen enormemente. Intentar ser como esos personajes -mujeres y hombres bellos, pero inmersos en un mundo alejado de la realidad, marcado por los lujos, el desamor, la infidelidad conyugal, etc.- puede ser una

tentación atractiva, en un primer momento, pero muy peligroso a corto plazo. Cuando llega la frustración por no poder ser como aquellos personajes irreales, los jóvenes pueden verse arrastrados al mundo de la marginación, y convertirse en delincuentes. Desgraciadamente, ya es muy frecuente en Guinea Ecuatorial un sistema de robo al aire libre -practicado por jóvenes, principalmente- llamado en Bata “palpé” y en Malabo “siñié” que consiste en arrebatar por la fuerza a alguien algo valioso que tiene en la mano. Otro ejemplo de que los ecuatoguineanos estamos perdiendo nuestra identidad lo demuestra el hecho de que cuando un adulto pregunta a un joven a qué tribu pertenece, éste no sabe qué responder. Una muestra de que la juventud guineoecuatoriana no está interesada en conocer su origen ni su cultura ni su identidad. Es increíble pero en los ambientes juveniles de Bata y Malabo se conoce más -a través de Internet- la vida de raperos como Lil Wayne, Kanye West, o la de actores como Will Smith, que la vida de sus propios abuelos. Y así es como vamos perdiendo no solo nuestra cultura, sino también el valor que la familia tiene en el desarrollo y crecimiento personal, no solo en la sociedad guineoecuatoriana, sino en la de todos los países

del mundo. El desarraigo familiar lleva implícito la pérdida de valores, y como consecuencia directa de ello, el aumento de la delincuencia juvenil, la promiscuidad sexual a temprana edad, el aumento de embarazos infantiles, una gran incidencia del SIDA en jóvenes menores de 25 años, y un sinfín de dramas cuya cara más visible son la pobreza, la mendicidad y el alcoholismo. Y para paliar tantos males que aquejan a la juventud guineana de nuestros días, muchas veces bastaría con conversar más a menudo con nuestros padres y abuelos para que nos hagan saber de nuestro rico pasado.

E

n África se dice que un anciano que muere es un libro que desaparece de la biblioteca de nuestro pasado. Y parece que a los jóvenes no les gusta leer.

Jóvenes ecuatoguineanas con el popó tradicional

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TENDANCE

BEAUTÉ 10 TRUCS POUR MINCIR Avec l été, faites le plein de bonnes idées pour réussir votre régime et vous tailler une silhouette de rêve. par J.J

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Faites un régime à plusieurs, avec des amies, votre sœur, etc. Il est plus facile de se motiver à plusieurs ; cela évite les baisses de moral. Vous pourrez partagez les moments difficiles du régime, comparer vos évolutions et vous soutenir mutuellement.

Mettez-vous à l aquagym Grâce à la résistance de l’eau, vous ne sentez pas l’effort -ou presque- et vous pouvez vous affiner de façon harmonieuse.

Mastiquez bien Vous digérerez mieux et éviterez ainsi l’effet de gonflement. Vous aurez plus facilement la sensation de satiété car votre estomac met 20 minutes à envoyer ce signal de satiété à votre cerveau.

Prenez soin de vous Faites des soins visage, du corps, allez chez le coiffeur, bref, prenez du temps pour vous. Le régime est souvent un premier pas pour se sentir mieux dans son corps, mieux s’accepter. Mais ce n‘est pas suffisant. Il est important d’apprendre à apprécier ce corps avec ses atouts et ses faiblesses et d’en prendre soin.

Dansez ! Essayez notamment la danse du ventre, un exercice à la fois sensuel et idéal pour sculpter le corps. Des cours existent partout en France pour vous apprendre les rudiments de cet art.

Occupez-vous L’ennui est souvent source de grignotage et de baisse de moral. C’est souvent lorsque l’on s’ennuie que l’on grignote machinalement en regardant la télé. Parce que ça nous occupe, mais aussi parce que ça “remplit le vide”. Alors, si vous sentez que vous tournez en rond, trouvez-vous vite une occupation : attelez-vous aux tâches ménagères, faites du tri dans vos placards, remplissez cet album photo qui reste vide depuis des mois ou tout simplement allez faire une grande balade à pied.

Notez vos kilos perdus sur un calendrier Vous pourrez ainsi visualiser chaque jour la portée de vos efforts. En cas de démotivation, cela fait du bien de voir tout le chemin parcouru.

Evitez les grignotages C’est bien souvent là que se situe la prise de poids. Certaines personnes mangent peu aux repas mais grignotent toute la journée et finalement l’addition des calories est très lourde. D’autant plus que les produits sur les quels on a tendance à se jeter pour grignoter sont bien souvent gras et très sucrés ou très salés.

Garder le ventre plat Une alimentation beaucoup plus riche en fruits et légumes crus peut avoir quelques incidences sur le transit. Si vous souffrez de ballonnements pendant le régime, stimulez en douceur votre transit avec des compléments à base de charbon végétal ou d’argile blanche.

Pomponnez-vous ! Maquillée, bien coiffée, habillée avec soin…Vous aurez toujours plus envie de mincir qu’en vous négligeant.

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TENDANCE

3 Brillant à lèvres de la Collection “Nuit du solstice d’été” Paul & Joe

LES MUST HAVE DE L ÉTÉ 2012

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