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décembre 2011 N°

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CAMEROUN

un regard tourné vers l’avenir !

CORNEILLE

Le retour tant attendu

SPORT

Spécial Can 2012

PRÉSIDENTIELLE 2012

QU’EN PENSEZ-VOUS ?

dossiers

côte d’ivoire une réconciliation difficile

Jean ping union africaine : quel avenir ?

france metro : 4,00€ Afrique : 2624 FCFA

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sommaire DÉCEMBRE 2011 N°7

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hommage Ă wangari maathai : Partie trop tĂ´t !

CAMEROUN : UN REGARD TOURNÉ VERS L’AVENIR !

3 FEMMES CO-PRIX NOBEL DE LA PAIX : UNE GRANDE PREMIĂˆRE !

LA CHINE : NOUVEAU LEADER COMMERCIAL EN AFRIQUe GUINÉE-BISSAU : LA TERRE OUBLIÉE SE RÉVEILLE ! CHANGEMENTS CLIMATIQUES ET DÉVELOPPEMENT : ENJEUX, DÉFIS ET ESPOIRs 16 - 31

LE CANCER : LA MALADIE DU SIĂˆCLE ! 50 - 57

culture Corneille : le retour tant attendu ! FM Laeti : la perle de la soul

international

fatimatou diawara : la nouvelle voix malienne

<< retro-actu : 2012 : �Attention, terrain minÊ� L’adhÊsion de la Palestine à l’Unesco :

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une victoire diplomatique pour les Palestiniens

Infrastructures : La Caf officialise son satisfecit

gabon : l’opposition en ordre dispersÊ aux lÊgislatives

Gabon : Les Panthères face Ă leur destin Les ĂŠquipes qualifiĂŠes : L’Afrique de l’Ouest en force

Rached Ghannouchi : Un homme au service des islamistes MAROC : VICTOIRE DES ISLAMISTES YÊMEN : LE DOUBLE JEUX D’ALI ABDALLAH SALEH L’hÊritage des fils des dictateurs arabes : Quand le rêve se transforme en cauchemar

infos+ spĂŠcial Can 2012 La CAN : levier de la croissance

Pierre Mamboundou : L’opposant historique laisse le Gabon orphelin

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zoom+

64 - 76

vous et+ Mon point de vue sur... osez pour la saint valentin design

dossiers managers+

astuces beautĂŠ

AU COEUR D’UNE NATION TOURISTIQUE

courrier des lecteurs

LA RÉCONCILIATION, UN DOSSIER BRÛLANT POUR ALASSANE OUaTTARA

abonnement

Tribune libre

ÉLECTIONS LÉGISLATIVES JEAN PING : CANDIDAT À SA PROPRE SUCCESSION

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Coup de Coeur :

“Le Petit Cochon Noir : La crise” Franck Séri-Djédjé, alias Djé Graphiste - Illustrateur

Site :

http://www.petitcochonnoir.com djenious@hotmail.fr


édito Aujourd’hui, demain... Chers lecteurs et lectrices, une année s’achève, une de plus... À l’aune de la nouvelle année, la direction ainsi que la rédaction de Managers+ se joignent à moi pour vous remercier chaleureusement de votre fidélité.

EST ÉDITÉ PAR OM COMMUNICATION, 16, Avenue Hoche - 75008 Paris Tél. : 01 56 43 08 00 Fax : 01 56 43 07 95 Mail : contacts@managersplus.com

C’est grâce à vous, vous qui nous motivez à entreprendre tous les trimestres la présentation de l’essentiel de l’actualité, tous les bouleversements à caractères politiques, économiques et sociaux.

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Managers+ est un espace d’échanges, de communications complémentaires pour les femmes et les hommes épris d’espoir pour le progrès, le développement et l’épanouissement des peuples africains.

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Managers+ se veut une valeur ajoutée pour ceux et celles qui veulent participer un tant soit peu à l’émergence d’un avenir meilleur et plus sûr.

Directeur de la publication Jacques SIMA Tél. : 06 89 71 58 35 01 56 43 08 50 Rédactrice en chef Nidhya PALLIAKKARA (n.palliakkara@managersplus.fr)

De fait, en fin d’année faire passer le message de nos intérêts, est comme une tradition. D’ailleurs, les traditions ont cela de bon qu’elles nous obligent à présenter de façon mécanique ou pavlovienne, des vœux positifs à ceux et celles qui nous entourent. Elles nous sont utiles, ne serait-ce que pour appliquer un baume qui soulage nos soucis quotidiens, nos préoccupations habituelles et nous permettre de penser davantage aux autres.

Rédactrice en chef adjointe Priscilla WOLMER (p.wolmer@managersplus.fr) Correctrice Pascale PAOLINI Consultant Martial Idoundou Directeur Artistique Daniel BAUD (Dbo-Design.com) Assistant photo Mehdi NTOLA (effet-switch.com) Directeur de la publicité et de la communication Laurent Allouche (l.allouche@managersplus.fr)

Ont participé à ce numéro Abel Mimongo / Serge Alexis Moussadji James Angelo Loundou / Martial Idoundou Maxime Serge Mihindou / Youcef Maalemi Jessica Justine / Hermann Djea

crédits photos pour ce numéro Afp / OMS / présidence du Cameroun/ DBo/ Fifou/ Vera Palsdottir/ Priscilla Wolmer

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imprimeur Pyramide Communication 61, Rue Chabrol - 75010 Paris Tél. : 01 47 70 92 99

La rédaction n’est pas responsable des textes et photos qui lui sont confiés. La reproduction même partielle des articles et illustrations parus dans Managers+ est strictement interdite ; sauf accord de l’éditeur.

Jacques SIMA

“Ce qui est fait, reste à faire“, selon Vladimir Jankélévitch. Ces mots illustrent le vécu de cette année 2011. La famine dans la corne de l’Afrique, le vent du printemps arabe qui souffle toujours en Syrie, la mort de Mouammar Kadhafi, les damnés de la mer, la paix retrouvée en Côte-d’Ivoire avec Alassane Ouattara et l’arrestation de Laurent Gbagbo, le prix Nobel de la paix attribué à trois femmes dont deux libériennes Ellen Johnson-Sirleaf, la présidente du Liberia, Leymah Gbowee, Tawakkol Karman, une Yémenite, deux militantes du droit des femmes, le décès de Wangari Maathai, kényane, et icône de l’écologie mondiale, de la réélection de Paul Biya au Cameroun, l’émergence au Gabon avec Ali Bongo, le nouveau cap de la Guinée Equatoriale et du Congo Brazzaville. En Europe et en Asie, les tremblements de terre en Turquie et au Japon, la montée en puissance de la Chine dans le concert des nations face à la première puissance mondiale, la faillite de la Grèce et peut-être d’autres pays, le vacillement de l’euro... Sommes-nous face à la fin de l’histoire comme l’écrit Francis Fukuyama dont l’ouvrage conserve encore aujourd’hui toute sa pertinence et son actualité ? La réponse est non, tout est à faire. Le chemin est ardu mais non invincible. De nombreux chantiers restent ouverts et espérons que l’année 2012 en soit toujours prospère afin de satisfaire les aspirations fondamentales de l’homme. Que la Coupe d’Afrique des nations qui a lieu au Gabon nous apporte la promesse d’une ferveur partagée. J’allais oublier : bonnes fêtes de fin d’année.

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CAMEROUN : UN REGARD TOURNÉ VERS L’AVENIR ! LA CHINE : NOUVEAU LEADER COMMERCIAL EN AFRIQUE GUINÉE-BISSAU : LA TERRE OUBLIÉE SE RÉVEILLE ! CHANGEMENTS CLIMATIQUES ET DÉVELOPPEMENT : ENJEUX, DÉFIS ET ESPOIRS


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CAMEROUN

UN REGARD TOURNÉ VERS L’AVENIR ! À 78 ANS, ET APRÈS 29 ANS À LA TÊTE DE L’ÉTAT, PAUL BIYA A ÉTÉ RÉÉLU LE 9 OCTOBRE DERNIER, AVEC 77,9 % DES SUFFRAGES, DANS DES CONDITIONS SOMME TOUTE ACCEPTABLES, POUR UN 6E MANDAT DE 7 ANS À LA PRÉSIDENCE DU CAMEROUN. QUESTION ? LE SPHYNX POURSUIVRA T-IL SES EFFORTS POUR FAIRE DU CAMEROUN UN PAYS PROSPÈRE, JUSTE ET FRATERNEL ? PRISCILLA WOLMER (Source : AFP)

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ANS leur pays et à l’étranger, seulement 65,82 % ont accompli leur devoir électoral en votant pour le candidat de leur choix. M. Biya a ainsi été réélu, sans suspens, devant ses rivaux du Social Démocratic Front (SDF) John Fru Ndi (10,71 % des voix), de l’Union Démocratique Camerounaise (UDC) Adamou Ndam Njoya (4,47 %) et de l’Alliance pour la Démocratie et le Développement (ADD) Garga Haman Adji (3,73 %). Les douze autres candidats en lice ont enregistré moins de 0,5 % chacun. Il faut admettre, que dans l’opposition, l’argent a cruellement manqué. Et c’est sans surprise que ces derniers contestent la proclamation des résultats en la jugeant scandaleuse et entachée d’irrégularités à tous les niveaux. Pour autant, ce mandat revêt la forme d’une dernière expédition qui force les uns et les autres, sans réelle option, à se pencher vers l’avenir, les yeux rivés vers l’horizon 2018. Quels sont les challenges annoncés ? Après trois étapes, Maroua, Douala et Kribi, le président, dans un discours annoncé à la nation, a développé le programme du Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais (RDPC) : développement et croissance économique durable ; gestion des ressources ; mise en place des réformes institutionnelles, adhésion à des traités et conventions internationaux pertinents en matière de développement durable et la croissance fondée sur la justice et le progrès social. Tant de promesses qui attendent d’être tenues. “Sur le plan de la démocratie, nous avons encore des progrès à faire. Au niveau individuel, il n’est pas rare que l’intérêt

personnel prenne le pas sur l’intérêt général. L’illustration la plus fréquente en est la fraude et la corruption qui nuisent à la communauté nationale dans son ensemble (... ) je l’ai dit et je le répète, ces comportements ne seront plus tolérés” concède le président.

Le port en eau profonde de Kribi : un rêve longtemps caressé

Pour la fin de sa campagne, Paul Biya, a choisi la ville balnéaire de Kribi, dans le sud, sa région natale, pour poser “la première pierre” de la construction d’un port en eau profonde. Il explique : “ensemble, nous devons travailler la main dans la main pour transformer les grandes réalisations en grandes réussites”. Certains restent sceptiques. Chats échaudés craint l’eau froide ! Pourtant, alors que plus personne ne croyait au projet du port en eau profonde de Kribi dont on parle depuis les années 80 ; fin 2010, le gouvernement investit 36 milliards de francs CFA auxquels s’ajoute l’aide de la société chinoise China Harbour Engineering Company (CHEC) pour un montant avoisinant les 415,4 millions USD. L’ouvrage a commencé à prendre forme ! L’entreprise française Razel avait déjà donné de bons coups de pioches avant la construction effective du port pour une durée de 36 mois. En 2014, la ville de Kribi devrait être reconnue pour son caractère industriel et commercial. Le port général prévoit dans un premier temps, une digue de protection de 1,2 km, un chenal d’accès des navires, des quais d’accos-

tage et deux terminaux (un terminal poyvalent et un terminal conteneur) de plus de 680 mètres de quai. D’après le Directeur général de CHEC-Cameroun, Monsieur Xu Huajiang, “c’est l’investissement portuaire le plus important d’Afrique centrale et d’Afrique de l’Ouest, destiné à accueillir de gros navires de 40 000 tonnes de moins de 16 mètres de tirant d’eau pour le terminal polyvalent et de 50 000 tonnes de moins de 16 mètres de tirant d’eau pour le terminal conteneur”. Il rajoute “à titre comparatif, le port d’Apapa au Nigéria a une profondeur de moins de 11 mètres, tandis que celui de Kribi est de moins de 15 mètres. À présent, les navires qui se rendent en Afrique de l’Ouest passeront par le Cameroun, si les côtes sont sécurisées”. Le projet comporte aussi, la réalisation de terminaux industriels (alumine, aluminium, hydrocarbures) et d’appontements spécialisés (gaz naturel liquéfié et minerai de fer). Il s’agit d’infrastructures faisant appel aux financements privés (GDF, Suez, Rio Tinto, Cam Alumina, etc.). Pour le ministre de l’Économie, Louis Paul Motazé : “à moyen terme, nous disposerons d’un trafic de 250 000 à 400 000 conteneurs de 20 pieds pour un volume de plus de 50 millions de tonnes par an est attendu, constitué de plus de 30 millions de tonnes de minerai de fer, 3,5 millions de tonnes de gaz naturel liquéfié dont l’usine est en construction toujours à Kribi, plus de 6 millions de tonnes d’hydrocarbures, 1,6 million de tonnes d’aluminium, 2 millions de tonnes d’alumine et 1,2 million de tonnes de cargo.”


Kribi : une ouverture pour les pays voisins !

Le futur port va transformer le “petit paradis touristique” de Kribi, déjà point d’aboutissement du pipeline Tchad-Cameroun, en “une des ouvertures sur le golfe de Guinée, y compris pour des pays voisins comme le Tchad, la République centrafricaine (RCA), le Nord de la Guinée équatoriale, le Gabon, le Congo et la République démocratique du Congo (RDC)”, a souligné le président Paul Biya. Outre le minerai de fer, le gaz naturel et les hydrocarbures, il est aussi destiné à favoriser le transport des productions agricoles de l’arrière-pays vers le marché international, s’est encore réjoui le dirigeant camerounais dans son allocution, en présence de l’ambassadeur de Chine au Cameroun Xue Jinwei. Il a cité par ailleurs la mise en place d’industries de transformation autour de ce port que viendra compléter une voie ferrée de près de 500 km, puis une route bitumée qui fait cruellement défaut, au point de rendre l’accès au site pénible en temps de pluies. Avec une fierté bien affichée, les populations de Kribi y voient un gisement d’emplois. En effet, on estime à 40 000, le nombre de postes de travail à pourvoir lorsque le projet aura atteint sa dernière phase d’exécution. Dans la continuité des grandes réalisations

prévues pour les sept prochaines années subsiste le projet annoncée d’infrastructures routière dans toute la région du Sud.

Des infrastructures routières bientôt praticables !

Le Fonds Koweitien pour le Développement Économique Arabe (FKDEA) aurait octroyé un prêt de 8 millions de dollars au Cameroun, afin de financer un projet d’infrastructures routières. Paul Biya était visiblement déjà en campagne pour sa réélection ! Ainsi, l’accord de prêt a été signé le 16 février 2011, à Yaoundé. Ce financement permettra le bitumage d’un tronçon de 38 kilomètres entre Bikoula et Djoum, dans le sud du pays. Il se situe sur l’axe routier allant de Sangmelima au Sud du Cameroun à la ville de Ouesso, au Nord de la République du Congo. Ce projet sera bénéfique au renforcement de l’intégration régionale et au développement économique. En effet, les échanges de biens seront facilités. “Grâce à cette route, on permettra aux agriculteurs camerounais, de pouvoir exporter vers le Congobrazzaville” explique Louis Paul Motazé, le ministre de l’Économie, de la Planification et de l’Aménagement du territoire. Aussi, le Premier ministre, Philemon Yang,

a présenté aux députés, fin novembre 2011, le programme économique, financier, social et culturel du gouvernement pour l’exercice 2012. Il s’agira, annonce t-il, “de faire du territoire camerounais un vaste chantier, constitué des grands projets structurants, pourvoyeurs d’emplois au profit de la jeunesse de notre pays”. Ainsi, dans le domaine des bâtiments et des travaux publics, les constructions suivantes : deuxième pont sur le Wouri à Douala, entrée Est de la ville de Douala, bitumage des routes Obala-Nanga EbokoBouam, Sangmélima-Bikoula et DjoumMintom sont à l’ordre du jour. Le parachèvement des tronçons routiers de Garoua Boulai-Nandeke (déjà réalisé à 30%), de Nandeke-Mbéré (exécutés à 75%), de Mbéré-Ngaoundéré (réalisé à 55%), la réhabilitation de la route Ngaoundéré-Garoua, et des voiries des grandes métropoles et des villes secondaires sont aussi d’actualité. En revanche, parmi les projets annoncés, il n’y a aucune trace des travaux de l’autoroute Yaoundé-Douala. Des sources proches du ministre des Travaux publics, Bernard Messengue Avom, signale pourtant que les procédures administratives en vue du lancement d’un appel d’offres étaient très avancées. Le budget pour la réalisation de cet ouvrage a même déjà été évalué à 500 milliards de Fcfa. Que se passe t-il ? Pour autant, le programme économique, financier, social et culturel du gouvernement pour l’exercice 2012 intègre l’extension du programme de construction de 10 000 logements, la mise en œuvre de la centrale à gaz de Kribi en fin 2012, l’équipement de 142 nouveaux forages, etc. S’agissant de l’éducation de base, le gouvernement annonce la construction et l’équipement de nouvelles infrastructures scolaires et le recrutement de 2000 nouveaux enseignants sur le budget de l’État. Dans le secteur du sport, les pouvoirs publics envisagent le lancement des travaux de construction de l’École supérieure de football, l’achèvement des travaux en cours et la construction de 10 nouvelles platesformes sportives ainsi que deux nouveaux gymnases et, enfin, la fin des travaux des stades de Ngoumou et Matomb. In fine, Paul Biya au pouvoir depuis 1982, dispose de 7 ans pour accomplir la mission qu’il s’est lancée. Les camerounais espèrent ne pas être déçus. L’année 2011 a vu pléthore d’hommes de pouvoir trépasser politiquement ou physiquement, chassés par une jeunesse en révolte. L’Afrique a tremblé et il serait bien dommage que l’année 2012 soit de nouveau sujette aux révolutions en domino pour cause de “règne” interminable.

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LA CHINE

NOUVEAU LEADER COMMERCIAL EN AFRIQUE OUTRE UNE HISTOIRE D’ESCLAVAGE ET DE COLONISATION OÙ L’ON NOTE DES SIMILITUDES, L’AFRIQUE ET LA RÉPUBLIQUE POPULAIRE DE CHINE N’ONT AUCUN LIEN CULTUREL OU GÉOGRAPHIQUE QUI FAVORISE LEUR ENTENTE COMMERCIALE. POURTANT, DEPUIS LA CRÉATION DU PREMIER FORUM SINO-AFRICAIN EN 2000, LEURS RELATIONS COMMERCIALES SONT AU ZÉNITH. TOUS LES SECTEURS D’ACTIVITÉS SONT CONCERNÉS : HYDROCARBURES, PÊCHE, BOIS, TÉLÉCOMMUNICATIONS, SANTÉ, FINANCES. INCONTESTABLEMENT, LA CHINE SEMBLE ÊTRE, EN DÉPIT DE FORTES CONTROVERSES, UNE ALTERNATIVE À LA PRÉSENCE EUROPÉENNE DANS LE DÉVELOPPEMENT AFRICAIN. MANAGERS+ SE QUESTIONNE : QUELLES PERSPECTIVES RÉELLES CELA OFFRE-T-IL À L’AFRIQUE ? YVES MARTIAL DUROUNDu

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À

la fin des années 2000, l’empire du Milieu estimait à plus de 40 milliards de dollars le volume de ses échanges commerciaux avec le continent africain. Elle y importe des matières premières et y exporte des produits finis. La Chine serait-elle une alternative au post-colonialisme ?

La Chine, une politique économique pragmatique !

Pour réussir à satisfaire son gigantesque marché local de plus de 1,34 milliard d’habitants, continuer à soutenir une forte croissance interne et assurer ses approvisionnements en matières premières et énergétiques, la Chine s’est tournée vers l’Afrique. Comment ? En y développant rapidement ses investissements directs. Ainsi, l’Angola, le Soudan et le Nigeria sont ses principaux fournisseurs de pétrole sur le continent. Le bois, après l’or noir, est la deuxième matière première que l’Afrique procure à la Chine, qui s’approvisionne principalement au Gabon, en Guinée équatoriale et en République démocratique du Congo (RDC). Viennent ensuite les minerais (manganèse, cuivre, fer, zinc, aluminium, cobalt... ). Dans ce domaine, l’Afrique du Sud, qui fournit les composantes électroniques, est la première source de ravitaillement. En fin de compte, l’Afrique fournit à la Chine entre 2 % et 4 %

de ses produits d’importation. En contrepartie, le continent reçoit entre 3 % et 5 % des produits d’exportation chinois. Il s’agit de biens de consommation (riz, lait, etc.) et d’équipement (produits du textile et de la maroquinerie, électroménager, téléphones, meubles, jouets... ). La Chine vend également à l’Afrique du matériel agricole, des fournitures pour le bâtiment et les travaux publics et aussi des automobiles. L’Afrique du Sud, le Nigeria, le Soudan et le Bénin sont ses premiers clients.

Une stratégie controversée !

Pékin a ravi à Berlin le statut de premier fournisseur de l’Afrique. Mais son offensive représente aussi une réelle menace pour les économies africaines. Conscient du déséquilibre de ses échanges économiques avec l’Afrique, l’empire du Milieu, qui dit vouloir un commerce “gagnant-gagnant”, cherche des mécanismes de compensation. Dans ce sens, il attribue des prêts à des taux particuliers (taux zéro), sans se préoccuper des régimes politiques en place, prenant en échange la direction des projets d’infrastructures en Afrique, à travers ses firmes. Les entreprises chinoises sont donc présentes partout. En Algérie (pétrole à Adrar, hôpital d’Oran, hôtel Hilton d’Alger), au Sénégal (autoroute de Dakar, station de carbone, musée des Beaux-Arts),

au Nigeria (satellite de télécommunication), etc. Ces derniers n’oublient pas d’intervenir sur l’assistance technique et l’envoi de personnel dans des centres de santé. La Chine a également exonéré 190 produits africains des taxes douanières : c’est le principe “tarif douanier zéro”. Dernièrement, le Premier ministre chinois, Wen Jiabao, promettait d’annuler la dette des pays les plus démunis du continent. Pékin se targue d’avoir annulé à ce jour des millions de dollars au profit de ses partenaires du continent. La formation de ressources humaines est également envisagée comme un domaine où la Chine peut compenser le déséquilibre de ses échanges avec l’Afrique. À ce jour, plus de 20 000 étudiants ont bénéficié de bourses chinoises pour être formés dans des universités, grandes écoles et instituts du pays. Destiné à veiller à tous ces aspects compensatoires, le Forum triennal sur la coopération sino-africaine a vu le jour en 2000. Aujourd’hui, la coopération sino-africaine aurait des effets locaux plus positifs si l’Europe jouait le rôle de modérateur dans le processus d’apprentissage démocratique et économique, au lieu d’être “hors jeu”. C’est sans doute le moment d’oublier les rancœurs colonialistes d’hier pour trouver des solutions alternatives orientées sur des opportunités sociales et économiques qui bénéficieraient aux trois protagonistes. Progressions à suivre.


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GUINÉE-BISSAU LA TERRE OUBLIÉE SE RÉVEILLE !

LA GUINÉE-BISSAU, PETIT PAYS LUSOPHONE PARTICULIÈREMENT DÉMUNI, A ÉTÉ TOUCHÉ, CES DERNIÈRES ANNÉES, PAR DES SOUBRESAUTS POLITIQUES ET SÉCURITAIRES ENTRAÎNANT DÉPIT, RÉSIGNATION ET CONDESCENDANCE DES PAYS VOISINS. L’HISTOIRE D’UNE AUTRE GUINÉE, RISÉE DE TOUTE L’AFRIQUE IL Y A 30 ANS, N’A-T-ELLE PAS PROUVÉ QUE LES CHOSES N’ÉTAIENT PAS IRRÉVERSIBLES ? AVEC L’ARRIVÉE DU PRÉSIDENT MALAÏ BACAÏ SANHA, NUL NE PEUT AFFIRMER QUE LA GUINÉE-BISSAU, GRÂCE À L’EXPLOITATION DU PHOSPHATE, DE LA BAUXITE ET DU PÉTROLE NE TROUVERA PAS UNE PLACE CENTRALE SUR LE CONTINENT AFRICAIN. ET LE RÉVEIL DE CE PETIT PAYS OUBLIÉ RISQUE D’EN ÉBLOUIR PLUS D’UN. PRISCILLA WOLMER

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C

ONSCIENT de toutes les difficultés traversées et aggravées par les dégâts résultant de la guerre (65,5 % de pauvres, espérance de vie d’à peine 47,5 ans), le président Malaï Bacaï Sanha a confirmé, en 2009, son attachement aux valeurs étatiques et à la démocratie. Il a affirmé mettre tout en œuvre pour lutter contre la pauvreté, axe majeur de sa politique économique et sociale. L’instabilité politique chronique n’a pas permis dans le passé de conduire des actions publiques fortes et durables à même de valoriser les atouts du pays et de développer les infrastructures. Pourtant, la Guinée-Bissau dispose d’atouts réels : une façade maritime ouverte sur l’Amérique et l’Europe, des ressources abondantes et préservées présentant un fort potentiel économique (agriculture, pêche, secteur minier – phosphate, bauxite, pétrole, énergies renouvelables), ainsi qu’une identité nationale solide fédérant une grande diversité culturelle.

Programme national !

Sur les traces d’Amílcar Cabral, la Guinée-Bissau applique une politique en trois axes au fort développement. Premièrement, l’exploitation des ressources minières, deuxièmement, le développement de l’agriculture. Et enfin, l’évolution de la microfinance. Concernant l’agriculture, le gouvernement met à profit la coopération technique interna-

tionale, via l’Union européenne et par le biais de certaines ONG finançant des activités agricoles. Le fonds pour combattre la faim, créé en 2003 par l’Inde, le Brésil et l’Afrique du Sud (IBAS), géré par le PNUD, en est un exemple ! Leur soutien actif pour accroître l’agriculture du pays dans les communautés rurales a été hautement salué. Diversification et intensification de la riziculture et de l’horticulture ; élevage d’animaux à cycle court ; valorisation des noix de cajou et de ses multiples dérivés sont autant d’objets de développement du secteur agricole. Une telle approche s’articule autour d’une politique de renforcement des capacités des agriculteurs et de leur promotion sociale. Plusieurs milliers de paysans ont été formés, dans sept des huit régions du pays, notamment à Gabu, Oio, Tombali, Bafata, Quinara, Cacheu et à Biombo. Relativement à la microfinance, l’État tend à améliorer la qualité de la formation, de l’éducation et de la santé. L’assainissement du cadre macro est la première condition de mise en place de solides fondations devant permettre la création de PME et d’institutions.

Les nouveaux investisseurs

Avec les atouts et ressources dont dispose la Guinée-Bissau, la question de la rareté des investisseurs sur le territoire se pose. Le colonel Embalo, ministre d’État auprès de la présidence de Guinée-Bissau, de répondre

“lorsque les fondamentaux économiques, politiques et institutionnels seront rétablis, les conditions favorables au retour des investisseurs le seront aussi et les investisseurs pourraient nous solliciter notamment pour le programme d’aménagement du territoire et de développement des infrastructures qui suscitera la ruée des investisseurs”. Actuellement, la Chine, le Brésil et l’Inde sont les trois principaux partenaires émergents du pays. La présence de la Chine s’est surtout traduite par une coopération bilatérale et de gros projets d’infrastructures tandis que l’Inde entretient traditionnellement d’étroites relations commerciales dans le secteur de la noix de cajou. Le Brésil participe depuis longtemps à des projets de renforcement des capacités dans le secteur de l’éducation et devient un important partenaire commercial. Le président Malaï Bacaï Sanha devra donc relever trois grands défis durant son mandat. Le temps passe vite, mais cette fois-ci il semblerait, si son état de santé le lui permet, que le président soit l’homme de la situation. Et les membres actuels de son gouvernement, notamment le colonel Embalo, ministre d’État en charge des affaires africaines, du MoyenOrient et de la coopération, sauront être utiles à l’accomplissement de ces grands défis.


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CHANGEMENTS CLIMATIQUES ET DÉVELOPPEMENT

ENJEUX, DÉFIS ET ESPOIRS

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LA PREMIÈRE CONFÉRENCE INTERNATIONALE ANNUELLE SUR LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES ET LE DÉVELOPPEMENT S’EST TENUE À ADDIS ABEBA, EN ÉTHIOPIE, DU 17 AU 19 OCTOBRE 2011. VILLE SÉRIEUSEMENT CONCERNÉE PAR LES CONSÉQUENCES DES VARIABILITÉS CLIMATIQUES. OBJECTIFS DE CETTE RÉUNION ? CRÉER UN CADRE DE DIALOGUE, RENFORCER LA SENSIBILISATION ET OBTENIR DES ANALYSES ET PROPOSITIONS DES CHERCHEURS, SCIENTIFIQUES, ET AUTRES INTERVENANTS INSTITUTIONNELS ET POLITIQUES SUR LES DÉFIS ÉCOLOGIQUES DE L’AFRIQUE. entre PRÉOCCUPATIONS ET ESPOIRs, LES THÈMES ABORDÉS S’ARTICULAIENT AUTOUR DES CHANGEMENTS CLIMATIQUES, du DÉVELOPPEMENT, de l’ADAPTATION, du FINANCEMENT, de la RÉSILIENCE, de la RÉDUCTION DU CO2, ETC. EN ATTENDANT rio 20, RETOUR SUR CET ÉVÈNEMENT ORGANISÉ CONJOINTEMENT PAR LES PARTENAIRES DU PROGRAMME D’INFORMATION CLIMATIQUE NOTAMMENT LA COMMISSION ÉCONOMIQUE POUR L’AFRIQUE (CEA), L’UNION AFRICAINE (UA) ET LA BANQUE AFRICAINE DE DÉVELOPPEMENT (BAD). ! Priscilla Wolmer

A

UCUN africain n’est devenu amnésique au point d’oublier les terribles années 1972-1973, 1984 et 2002-2003, années de sécheresse intense. La peur que l’histoire se répète est justifiée. L’Afrique expérimente actuellement les effets catastrophiques du bouleversement climatique, lequel compromet les conditions de vie des populations sur un continent déjà victime de la pauvreté, de la dégradation des écosystèmes et des troubles civils et sociaux. Plus de 40 % des Africains vivent dans l’extrême pauvreté et, parmi eux, 70 % vivent dans les zones rurales, subsistant essentiellement grâce à l’agriculture. Les changements climatiques touchent les agriculteurs du Sahel jusqu’aux hautes terres du Lesotho. Ils pourraient provoquer l’apparition de nouvelles épidémies propagées par les moustiques dans des pays comme le Kenya et l’Ouganda. La fréquence des tempêtes et des inondations pourrait entraîner la destruction des

infrastructures de base et des habitations à Madagascar, au Mozambique et dans de nombreuses autres régions côtières. Les incidences économiques des changements climatiques seront beaucoup plus fortes en Afrique que dans les autres régions du monde. Sans conteste, le désordre atmosphérique est la crise humaine et environnementale de ce 21e siècle. Les africains sont confrontés à un véritable challenge. Comment le Continent peut contribuer à la solution de ses problèmes ?

Quelles stratégies doivent-ils adopter ?

L’un des objectifs spécifiques de cette première conférence annuelle sur les changements climatiques et le développement consistait à lister la Science, les connaissances, les recherches et stratégies déjà existantes sur le Continent. Lors de son allocu-

tion d’ouverture, le Vice-Premier Ministre a appelé les pays africains à intégrer l’adaptation aux changements climatiques dans leurs plans nationaux de développement. Il a souligné que l’adaptation constituait la réponse indispensable aux effets des changements climatiques et à la nécessité de stabiliser les concentrations de gaz à effet de serre dans l’atmosphère. Il est certain que le développement économique et humain du continent africain ne peut plus être envisagé sur le modèle des pays développés, fortement émetteurs de gaz à effet de serre. In fine, d’après ce dernier, les conclusions de la présente conférence seraient une contribution majeure à la dix-septième Conférence des parties à Durban. L’Afrique subit les changements climatiques sans en être la cause. Elle ne produit que 3,8 % de la totalité des émissions de gaz à effet de serre dans le monde, et ce, depuis très peu de temps seulement. De fait, sa capacité à


participer à la lutte contre les dérèglements climatiques est généralement sous-estimée. Sa couverture forestière, par exemple, retient 20 % de la totalité du gaz carbonique absorbé par les arbres dans le monde. La solution est peut-être de continuer à planter des arbres. De plus, il est nécessaire d’engager des politiques énergétiques compatibles avec la lutte contre l’effet de serre. Il faudrait établir un cadre institutionnel et politique favorable à l’efficacité énergétique mais tout cela coûte cher ! Bourses, prêts, mesures fiscales et instruments de marché doivent contribuer au bon fonctionnement de ce modèle de développement.

Où trouver les financements et supports technologiques ?

L’argent et la technologie sont essentiels pour mettre en place des actions. La mise en place de partenariats et le soutien de la

communauté internationale permettraient d’assurer sécurité alimentaire, eau, énergie et réduction de la pauvreté. Après d’intenses discussions, les États membres ont été invités à prendre en compte les changements climatiques dans leurs politiques de développement, leur planification et leurs pratiques. Ils sont invités à renforcer les capacités et à collecter, analyser et exploiter des données et informations climatiques pour les mettre à la disposition des décideurs et praticiens. À cet égard, le Centre africain de la politique du climat de la CEA, en collaboration avec la CUA et la BAD et d’autres institutions, apportera son soutien aux États membres africains. Les centres régionaux sont invités à utiliser des technologies avancées, comme la télédétection pour améliorer la saisie, le stockage et la recherche de données, ainsi que l’analyse, la création et la diffusion d’informations. Un accent a été mis sur les secteurs clefs de la production de moyens

de subsistance, tels que l’agriculture, les ressources en eau et la santé afin de souligner l’importance pour les pays d’adopter des mesures de développement de la résistance aux changements climatiques et d’adaptation à ces changements. Le changement climatique se situe au cœur des questions de développement. Il ne s’agit ni d’un problème environnemental mineur ni d’une question annexe. Le “bon” développement est également positif du point de vue du changement climatique. Fournir l’accès à l’eau et à l’assainissement, soutenir l’économie locale, encourager la gestion durable des ressources, c’est œuvrer en faveur d’un “bon” développement. Parallèlement, l’Afrique représente l’un des territoires les plus vulnérables du globe – alors qu’elle génère le niveau d’émissions le plus faible. C’est pourquoi l’adaptation constitue désormais un élément central de la stratégie en matière de changement climatique.

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<< retro-actu : 2012 :”Attention, terrain miné” L’adhésion de la Palestine à l’Unesco : une victoire diplomatique pour les Palestiniens Pierre Mamboundou : L’opposant historique laisse le Gabon orphelin gabon : l’opposition en ordre dispersé aux législatives Rached Ghannouchi : Un homme au service des islamistes MAROC : VICTOIRE DES ISLAMISTES YéMEN : LE DOUBLE JEUX D’ALI ABDALLAH SALEH L’héritage des fils des dictateurs arabes : Quand le rêve se transforme en cauchemar


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2012 : “Attention, terrain miné” nidhya palliakkara

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A démocratie ? C’était la promesse des Printemps arabes. Il semble bien que ces printemps tournent à l’automne islamiste. Voici, en tout cas, comment certains médias occidentaux ont qualifié l’évolution des révoltes dans le monde arabe. Tunisie, Égypte, Libye... les fruits ne semblent pas tenir la promesse des fleurs. Islamistes au pouvoir en Tunisie et peut-être en Égypte, où la place Tahrir gronde à nouveau, ou encore la charia comme socle de la nouvelle constitution en Libye. Les voiles tombent et ce qui semblait être la victoire des peuples sur des régimes tyranniques tourne à la crainte. L’islamisme politique, qui émerge doucement des révolutions arabes, inquiète. Même s’il parait trop tôt pour tirer des conclusions définitives sur les intentions “des nouveaux maîtres”, même s’il est évident que les configurations sociales et politiques dans ces pays en pleine mutation ne sont pas similaires, avouez que la perspective du règne des “barbus” et l’instauration de pouvoir liberticide nous interpellent. “Tout ça pour ça”, sommesnous tentés de dire. Si ce que nous craignons aujourd’hui advenait demain, le devoir d’ingérence, invoqué par la France et ses alliés, pour créer en Libye les conditions de la “liquidation” physique de Kadhafi tombera à l’eau. Les illusions de ceux qui pensaient s’être débarrassés du joug de pouvoirs tyranniques s’envoleront. Et ceux qui n’ont cessé de dénoncer l’ingérence des occidentaux dans les affaires internes de pays souverains pourront alors le rappeler : le droit d’ingérence n’est qu’un cheval de Troie...

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N Palestine, on savoure la victoire de l’Autorité palestinienne sur la scène politique internationale. En devenant membre de l’Unesco, une agence de l’ONU, “l’État palestinien” a marqué des points. Évidemment cette victoire n’a qu’une valeur symbolique, mais elle témoigne de la détermination de l’Autorité palestinienne dans sa longue marche vers la reconnaissance de la Palestine par la communauté internationale. Et comme chaque médaille a son revers, l’Unesco devra faire sans la contribution financière américaine. Ce qui représentait près de 22 % du budget global de l’agence. Du coup, l’organisation a annoncé qu’elle suspendait ses programmes. Une décision regrettable. Comment en arrive-t-on à une situation où une poignée de pays tient en otage la majorité ? Oui, la majorité. Celle constituée par les 107 voix qui ont voté pour l’adhésion. En décidant de suspendre son aide, les ÉtatsUnis ne punissent pas l’Unesco, ils imposent une punition collective à l’ensemble des bénéficiaires des activités de l’organisation. Le décompte de ce oui massif révèle une chose. L’énorme majorité des pays arabes, africains et latino-américains ont voté pour. Ce sont ces mêmes pays qui aspirent à un rééquilibrage de la gouvernance mondiale. Et cela commence par l’ONU. “Ce machin”, comme dirait De Gaulle, doit être réformé. Le cercle fermé des 5 nations permanentes du conseil de sécurité doit être élargi. C’est maintenant ou jamais... c’est aussi cela la démocratie...

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NE démocratie qui résiste au Liberia. Après quatorze années de guerre civile en 2003, une femme, Ellen Johnson Sirleaf, a redressé le pays d’une main de fer. Aujourd’hui, cette prix Nobel de la paix 2011 a été réélue présidente du Liberia. Un scrutin toutefois émaillé, pendant l’entredeux-tours, de violences causant la mort de deux à huit personnes, selon les sources. Plus de 70 % des quelque 1,8 million d’électeurs ont fait le déplacement lors du premier tour. Une participation en chute au second tour. Une chute qui s’explique également par l’appel au boycott lancé par Winston Tubman. L’opposant avait annoncé le retrait de sa candidature à la suite des événements violents, accusant le parti au pouvoir d’avoir tenté de l’assassiner. “J’ai été la cible d’un tir de sniper, ce tir m’était destiné”, avait-il déclaré. Des accusations démenties “catégoriquement” par le chef de la police libérienne, Marc Amblard. Si le pays venait à basculer dans l’instabilité politique, cela signifierait un retrait des investisseurs étrangers. Un coup dur pour cet État très pauvre, qui a la particularité d’être le pays, dont la part des investissements directs (IDE) dans l’économie est la plus importante au monde. Le pays est également un des premiers exportateurs de caoutchouc avec la culture de l’hévéa. Autre particularité du Liberia, depuis la formation d’un gouvernement et l’élection de la première femme à la présidence d’un État subsaharien, en 2005, le système économique du pays est plus qu’un exemple. La dette qui s’élevait à près de 980 % du PIB en 2004, n’était plus que de 13,4 % en 2010, selon les données du FMI. Que de chemin parcouru donc... aujourd’hui qui peut en dire autant ?

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<<retro-actu D C

OMPTE à rebours enclenché pour la perte du triple A de la France. Même si l’on a essayé de nous faire croire que tout allait bien dans le meilleur des mondes. Depuis la crise de 2008, la situation monétaire et financière nous démontre chaque jour un peu plus que le système est véritablement fissuré. La crise qu’on était censé surmonter est en réalité devant nous. L’État emprunte à des taux d’intérêt de plus en plus élevés. Donc plus de temps pour les réformes structurelles, on privilégie alors le régime sec, l’austérité la plus drastique. Pendant un temps, les budgets de tous les pays développés ont plongé dans le rouge, ce qui a temporairement masqué la mauvaise performance française. Mais aujourd’hui, en Europe, les budgets des pays, dits vertueux, à savoir l’Allemagne, l’Autriche, les Pays-Bas, les pays nordiques, reviennent à l’équilibre. Mais, la France, elle, est désormais le plus mauvais élève de la catégorie AAA. Même le budget de l’Italie, tant pointé du doigt, dégage un excédent, contrairement à la France. Pour les investisseurs, les dés sont déjà jetés, la France a déjà perdu sa précieuse note, après un premier lapsus, de l’agence Standard &Poor’s le 10 novembre dernier, révélateur ou pas...

ANS ce tourbillon de la dette, tous les regards sont désormais tournés vers la présidentielle de 2012 : l’année de tous les dangers pour le futur gouvernement français qui devra faire preuve d’une conduite des plus exemplaires. quelle que soit sa couleur politique, son budget 2013 devra être d’une rigueur sans précédent. Ensuite viennent les autres questions qui divisent et parfois rassemblent : insécurité, pouvoir d’achat, réformes sociales... Des sortes de marronniers, avec en toile de fond, beaucoup de promesses en période de campagne, mais très peu sont tenues lors des quinquennats. Alors comment choisir si ce n’est sur la personnalité des candidats ? Les Français ont donc besoin de décrypter leurs présidentiables. D’où la déferlante de livres et titres de magazines sur leur “profil psychologique”, leurs “origines et cousinages”, ou encore sur “l’animal qui est en eux”. On y apprend que le nouveau visage du Front national, Marine Le Pen est une “dominante révoltée, une tueuse qui vit chaque émission de télé comme un combat”. Derrière la “normalité” d’un François Hollande se cache “un extravertiintroverti, moyennement charismatique, qui ne cherche pas la confrontation mais la conciliation”. Derrière les excès de Nicolas Sarkozy, on trouve aussi “une personnalité à son sommet en situation de challenger, peutêtre d’autant meilleur qu’il ne part pas favori”. Jean-Luc Mélenchon, lui, est décrit comme une personnalité “extravertie contestataire, ce qui explique ses réactions de colère visà-vis de sujets qu’il considère comme intellectuellement inférieurs à lui, en clair des petites cervelles”. François Bayrou s’illustre “en extraverti ambitieux qui croit pouvoir, comme son héros Henri IV, détourner le cours du fleuve de l’Histoire”. Mettre les politiques sur le divan ne suffira sans doute pas à faire la présidentielle, mais à l’heure où les promesses lassent, où la France s’apprête à vivre, quoi qu’il n’advienne, des années difficiles, son futur dirigeant, est prévenu : “Attention, terrain miné”.

actu Et ainsi va le monde...

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L’adhésion de la Palestine à l’Unesco

une victoire diplomatique pour les Palestiniens La Palestine est devenue membre à part entière de l’Unesco, le lundi 31 octobre 2011, à Paris, lors de la Conférence générale. La résolution a été adoptée par 107 voix pour et 52 contre. Ce premier succès symbolique pour les Palestiniens s’inscrit dans leur démarche d’adhésion à l’ONU en tant qu’État membre. jacques sima


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Paris, les Palestiniens ont enregistré une victoire diplomatique aussi symbolique que significative sur la voie de la reconnaissance de leur État, en obtenant le statut de membre à part entière de l’Unesco, l’une des principales agences de l’ONU. Les Palestiniens ont obtenu un vote clair de la Conférence générale de l’Unesco, qui réunit tous les États membres : 107 voix pour, 14 voix contre et 52 abstentions. “La Conférence générale décide de l’admission de la Palestine comme membre de l’Unesco.” Cette entrée porte désormais à 195 le nombre d’États membres de l’Unesco. La France qui avait émis pourtant de sérieuses réserves sur la démarche palestinienne a voté pour. Les pays arabes, africains et latino-américains se sont prononcés pour l’adhésion. Les États-Unis, l’Allemagne et le Canada ont voté contre, tandis que l’Italie et le Royaume-Uni se sont abstenus. Le ministre des Affaires étrangères de l’Autorité palestinienne, Riyad Al-Malki, s’est réjoui : c’est “un moment historique qui rend à la Palestine certains de ses droits. La Palestine est le berceau des religions et des civilisations. Maintenant qu’elle est membre de l’Unesco, elle fera tout ce qu’elle peut pour que l’Unesco puisse remplir sa mission”, a-t-il poursuivi. Dans la foulée de leur adhésion à l’Unesco, les Palestiniens vont signer la convention sur le patrimoine mondial et ainsi pouvoir déposer des demandes de reconnaissance pour des sites dans les territoires occupés par Israël. Les Palestiniens veulent que l’église de la Nativité à Bethléem, lieu de naissance du Christ selon la tradition, soit le premier site inscrit “au nom de la Palestine” au patrimoine mondial, dès 2012.

Un coup de tonnerre

Israël a subi là un sérieux revers diplomatique et ce coup de tonnerre a immédiatement provoqué de nombreuses réactions. À Jérusalem, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a immédiatement décidé d’accélérer la colonisation à Jérusalem-Est et en Cisjordanie occupée et de geler provisoirement les transferts des fonds destinés à l’Autorité palestinienne. Ces fonds, d’un montant d’environ 50 millions de dollars par mois, correspondent au remboursement des droits de douane et de TVA prélevés sur les produits destinés aux Palestiniens qui transitent par les ports et aéroports israéliens. Ils assurent 30 % du budget de l’Autorité palestinienne et permettent de

payer 140 000 fonctionnaires palestiniens. Le Canada “n’est pas heureux” de cette adhésion et remet en cause sa participation, selon son ministre des Affaires étrangères, John Baird. Ottawa contribue pour environ 10 millions de dollars par an au budget de l’Unesco. La France a, quant à elle, justifié son vote positif. “Aujourd’hui, la question qui était posée, était de savoir si la communauté internationale répondait par oui ou non à la demande d’adhésion de la Palestine à l’Unesco”, a expliqué le porte-parole du ministère des Affaires étrangères,

diffuser certaines valeurs occidentales sans se mettre en première ligne. La Maison Blanche, par la voix du porteparole du président Barack Obama, a estimé que le vote à l’Unesco était “prématuré et contre-productif ” dans la perspective d’une reprise espérée des négociations de paix. D’aucuns se demandent si la nouvelle adhésion de la Palestine pourrait avoir un effet négatif sur la relance des négociations de paix avec Israël. Selon les Palestiniens, il n’en est rien. Après plus de soixante ans de conflit israélopalestinien, la Palestine rêve maintenant

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Bernard Valero. “À partir du moment où elle l’est, il nous faut prendre nos responsabilités et répondre sur le fond. Et sur le fond, ajoute-til, la France dit oui”. Selon l’ambassadeur israélien Nimrod Barkan, les pays qui ont soutenu l’adhésion de la Palestine verraient “s’affaiblir” leur capacité à influer sur Israël. Alliés d’Israël, les États-Unis ont aussitôt annoncé la suspension de leur contribution financière au budget de l’Unesco. La législation américaine ne laissait pas d’autre possibilité, a souligné Victoria Nuland, porteparole du département d’État, ajoutant que le versement de 60 millions de dollars prévu en novembre n’aurait pas lieu. Après l’avoir boycotté pendant vingt ans pour protester contre sa mauvaise gestion et son idéologie tiers-mondiste, les États-Unis participent désormais activement aux programmes de l’agence, y voyant un moyen de

d’être admise au sein de l’organisation des Nations Unies. Le président palestinien Mahmoud Abbas avait solennellement demandé, le 23 septembre 2011, à l’ONU de reconnaître l’État palestinien. Le conseil de sécurité de l’ONU examinera cette demande de reconnaissance. Mais la position des États-Unis et de bien d’autres semble inchangée. D’ailleurs, Washington menace toujours d’utiliser son droit de veto pour s’y opposer. Pour combien de temps encore...


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Pierre Mamboundou L’opposant historique laisse le Gabon orphelin

LE GABON DEVRA DÉSORMAIS FAIRE SANS L’OPPOSANT MAMBOUNDOU. TROIS FOIS DE SUITE SI PRÈS DU BUT. ET PUIS UN JOUR, PLUS RIEN. DIRIGER SON GABON NATAL, UN RÊVE À TOUT JAMAIS ÉVAPORÉ. ALORS QUE LES REGARDS SONT TOURNéS VERS LES LÉGISLATIVES, SON PARTI, L’UPG, SE REMET PEU À PEU DE SA DISPARITION. MAIS DIFFICILE D’OUBLIER CET INSUBMERSIBLE QUI AURA MARQUÉ PENDANT DEUX DÉCENNIES UNE VIE POLITIQUE GABONAISE BIEN TOURMENTÉE... Anaïs MOULONGOU


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NE rumeur sur le décès de Pierre Mamboundou a commencé à circuler dans Libreville le dimanche 16 octobre à la mi-journée. La confirmation a été faite en fin d’après-midi par des membres de sa famille à la télévision nationale gabonaise, la RTG 1. Avec la précision suivante : le président de l’Union du Peuple Gabonais (UPG) est décédé le samedi 15 octobre 2011 à 23 heures, à son domicile, dans le Ve arrondissement. Fonctionnaire international à l’Agence de Coopération Culturelle et Technique (ACCT, ancêtre de l’Organisation internationale de la francophonie), Pierre Mamboundou n’est pas très connu au Gabon jusqu’au 14 juillet 1989. Ce jour-là, en effet, alors que la France, où il vit depuis une décennie, célèbre le bicentenaire de la Révolution, le Gabonais annonce la création de l’UPG. Un véritable casus belli, car depuis le 12 mars 1968, le Gabon est entré dans l’ère du parti unique. La Constitution interdit l’existence d’une formation politique autre que le Parti Démocratique Gabonais (PDG) au pouvoir. Mamboundou venait de jeter un pavé dans la mare. Depuis la répression des promoteurs du Mouvement de redressement national (Morena), en 1981, la vie politique gabonaise est un long fleuve tranquille. Début 1990, le leader de l’UPG est expulsé de France. Libreville a convaincu Paris que Mamboundou s’est rendu coupable d’atteinte à la sûreté du Gabon. Le président de l’UPG sera d’ailleurs condamné par contumace à dix ans de prison. Le Sénégal accepte de l’accueillir, à condition qu’il s’abstienne de toute activité politique. Pierre Mamboundou restera à Dakar jusqu’à ce que, en novembre 1993, le président Omar Bongo l’autorise à rentrer au bercail.

Mamboundou : le tribun politique

Entre-temps, le Gabon a organisé une conférence nationale qui a débouché, entre autres, sur le retour au multipartisme. Le pays avait déjà tenté l’expérience avant même son indépendance (le 17 août 1960) jusqu’en 1968. Peu après son retour, Pierre Mamboundou anime un grand meeting à Libreville au cours duquel se révèlent son talent de tribun et sa vision du pays. À partir de là, ses condisciples de l’école communale A de Mouila, du collège Saint-Gabriel de la même ville, du collège Bessieux et du lycée Léon-Mba de Libreville ne sont plus les seuls à se flatter de l’avoir connu. Il en va de même pour ses collègues de l’Office des postes et télécommunications où l’ingénieur en télécommu-

nications a travaillé après ses études à Perpignan, en France. Mais quand Mamboundou revient au pays en 1993, il est trop tard pour se présenter à l’élection présidentielle du 5 décembre de la même année, la première après le retour au multipartisme. Il a dû attendre celle de 1998 pour affronter Omar Bongo. Le leader de l’UPG a passé les cinq ans à sillonner le Gabon afin de se faire connaître de ses compatriotes des neuf provinces et d’implanter son parti. Aux élections législatives et locales de 1996, Pierre Mamboundou est élu, sans difficulté, député et maire de Ndendé, sa ville d’origine, au sud du pays. À l’Assemblée nationale, il retient davantage l’attention des Gabonais grâce à ses interventions, notamment lors des questions au gouvernement. Seulement, cette popularité n’est pas une condition suffisante pour battre Omar Bongo en 1998. Le boycott des législatives de 2001 a pour conséquence de rendre le fondateur de l’UPG moins visible sur la scène politique, d’autant plus que celuici s’est exilé à Ndendé. À la présidentielle de novembre 2005, il est encore battu par Omar Bongo Ondimba.

“Pas de biométrie, pas d’élection”

En 1998 et en 2005, Mamboundou vient en deuxième position respectivement avec 16,5 % et 13,61 des suffrages. Chaque fois, estimant être le véritable vainqueur, il conteste les résultats. Ce sera également le cas à l’issue de la présidentielle anticipée d’août 2009 consécutive au décès du président Omar Bongo Ondimba. Face à Ali Bongo Ondimba, vainqueur avec 41,79 %, le leader de l’UPG, soutenu par une coalition de partis de l’opposition, a récolté 25,64 % des voix. Depuis 2006, Pierre Mamboundou se battait pour l’introduction de données biométriques dans le fichier électoral, en vue d’une meilleure transparence des élections. En juin dernier, il a réussi à faire voter une loi dans ce sens : la désormais célèbre loi sur la biométrie. Mais l’application du texte a été renvoyée aux élections locales de 2013. Pierre Mamboundou, qui aurait eu 65 ans le 6 novembre 2011, est donc mort sans avoir vu la réalisation de ce rêve. Ni celui d’accéder à la présidence de la République, pour lequel il avait créé l’UPG. Toutefois, tout le monde est unanime : il avait la stature d’un homme d’État. De ce fait, il laisse le Gabon orphelin.

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l’opposition en ordre dispersé aux législatives Les élections législatives auront bien lieu, au Gabon, le 17 décembre, nonobstant les appels d’une partie de l’opposition qui réclame leur report en vue d’une introduction de la biométrie. Y.M.D.

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PRÈS avoir menacé, pendant des mois, de ne pas y prendre part, si la biométrie n’est pas prise en compte dans le processus électoral, une partie de l’opposition gabonaise vient d’annoncer sa participation aux législatives du 17 décembre. L’Union Pour une Nouvelle République (UPNR), par la voix de son président, Me Louis Gaston Mayila, est le premier parti qui a déclaré refuser le boycott du scrutin. La brèche ainsi ouverte, l’Union du Peuple Gabonais (UPG), le parti du défunt Pierre Mamboundou, s’y est engouffrée quelques jours après l’inhumation de son leader. Toutefois, si à l’UPNR aucune voix discordante ne s’est fait entendre, tel n’est pas le cas à l’UPG. De hauts cadres et des militants ont désavoué publiquement leurs dirigeants entendent aller aux urnes, les accusant de trahir la mémoire de M. Mamboundou, figure de proue de la lutte pour l’insertion de données biométriques dans le fichier électoral. Certes, le décès du président de l’UPG a fragilisé l’opposition, mais, pour le moindre observateur de la vie politique gabonaise, ce camp commençait à se lézarder depuis un certain temps. Les premières fissures se sont signalées du côté du Parti Social Démocrate (PSD) de Pierre Claver Maganga Moussavou, quand ses militants ont donné un point de presse pour exprimer leur désir de prendre part aux prochaines législatives. Aussitôt, des acteurs politiques de l’opposition ont crié à une manœuvre du président du PSD, d’autant plus que la sortie des militants a eu lieu à son domicile. Outre des partis politiques, des personnalités de l’opposition ont décidé de se lancer dans la bataille des législatives à titre personnel. C’est le cas du très médiatique

député de Moanda. Jusqu’à la dissolution du parti en janvier, Jean Valentin Leyama était membre de l’Union nationale, née de la fusion de plusieurs partis au lendemain de la présidentielle anticipée d’août 2009. Parmi les partis en question, on comptait l’Union Gabonaise pour la Démocratie et le Développement (UGDD) de Zacharie Myboto, sous la bannière de laquelle M. Leyama a été élu en 2006.

Le PDG consulte sa base

Le front du refus est emmené par l’ancien président de l’Assemblée nationale Jules Aristide Bourdès Ogouliguendé, leader du Congrès pour la démocratie et la

justice (CDJ). Ce camp envisage d’empêcher la tenue du scrutin. Le gouvernement lui a donné la réplique en brandissant des sanctions allant jusqu’à la dissolution des partis. Même si la campagne ne s’ouvre que le 1er décembre prochain, force est de constater que la majorité, qui entend conserver ses sièges à l’Assemblée nationale, a pris de l’avance. Depuis des mois, le Parti démocratique gabonais (PDG), consulte sa base. L’organisation de primaires en son sein en août lui a servi en quelque sorte de précampagne. Celle-ci se poursuit avec la tournée de présentation des candidats à travers le pays entreprise par le secrétaire général du PDG, Faustin Boukoubi, dès la première semaine de novembre. À ce sujet, le PDG a été précédé par le Cercle des Libéraux Réformateurs (CLR) dans la province de l’Estuaire, qui abrite Libreville, la capitale. Le second parti, dirigé par le général de police Jean Boniface Assélé, se conçoit comme le principal allié et, en même temps, concurrent du PDG. Une position que revendique aussi le Rassemblement Pour le Gabon (RPG) de l’ancien opposant Paul Mba Abessole et l’Alliance démocratique et républicaine (Adere) de l’ancien vice-président de la République Didjob Divungi Di Nding. En ce qui le concerne, le Président de la République, Ali Bongo Ondimba, a engagé le gouvernement, la commission électorale et les acteurs politiques à travailler à un scrutin transparent. Il est vrai que les élections au Gabon ont souvent donné lieu à des contestations, parfois violentes.


Rached Ghannouchi

Un homme au service des islamistes Né LE 22 JUIN 1941 à EL HAMMA, QUARTIER POPULAIRE de TUNISie. HOMME POLITIQUE DE TENDANCE ISLAMISTE. S’EXILE à ALGER POUR UNE COURTE DURéE AU MOMENT Où CES ACOLYTES AVAIENT LE VENT EN POUPE. YOUCEF MAALLEMI à Cordoue à une conférence sur le thème “Islam face à la modernité”. Depuis 1995, Rached Ghannouchi est de plus en plus ouvertement contesté au sein de son mouvement. Cette contestation met en opposition la ligne du chef d’Ennahda, qui prône l’opposition frontale au régime de Ben Ali.

à

cette époque, le chef d’Ennahda circulait avec un passeport diplomatique soudanais. Il devait quitter Alger à la fin de l’année 1991 en urgence. Il s’installe par la suite à Acton dans la banlieue ouest de Londres dans la Grande-Bretagne au moment où les forces de sécurités algériennes ont commencé à interpeller les responsables du Front Islamique du Salut (FIS). Le leader d’Ennahda accusé de complot contre le président de la république, il fut condamné au mois d’août 1992 à perpétuité par contumace, par un tribunal militaire à Tunis. Une année après, soit en 1993, Ghannouchi a décroché le statut de refugié politique. Même à l’étranger, ne baissant pas les bras, il a continué son militantisme en sol britannique, tirant à boulets rouges sur les pouvoirs arabes, dont l’Algérie. Tentatives d’entrées échouées dans plusieurs pays, dont les États-Unis, l’Égypte et le Liban, lui sont interdites. En mars 1995, il est expulsé du territoire espagnol après avoir participé

Le retour de Ghannouchi au bercail

Après le déclenchement de la révolution arabe, le parti d’Ennahda tente de se tailler une place sur la scène politique, prenant part à des manifestations et des rencontres avec le 1er ministre tunisien. Rached Ghannouchi annonce que le parti a “signé une déclaration de principes avec les autres groupes d’oppositions tunisiens”. Dans ce contexte, le New York Times rapporte des sentiments mitigés quant à sa réussite future : certains pensent qu’il bénéficiera d’un soutien dans l’intérieur du pays, d’autres que la Tunisie est trop sécularisée pour qu’il remporte un large soutien. Au début de l’année en cours, plus exactement le 22 janvier 2011, dans une interview accordée à la chaine qatari Al Jazeera, Rached Ghannouchi confirme qu’il est hostile à un califat islamique et soutien la démocratie, contrairement à Hizeb tahrir qu’il accuse d’exporter une compréhension déformée de l’islam. Toujours dans le même mois, le 30 janvier 2011 environ un millier de personnes l’ac-

cueille à l’aéroport de Tunis à son retour au pays d’exil ; il déclare qu’il ne sera candidat à aucun mandat électoral le 7 février, de nouvelles structures dirigeantes sont créées, avec un comité constitutif de 33 membres et un bureau exécutif de treize membres, pour remplacer celles mises en place en exil. Ghannouchi reste président et Hamadi Jebali en poste de secrétaire général du parti jusqu’à la tenue d’un congrès prévu dans les quatre à six mois. Ennahda est finalement légalisé. À cette occasion, Ghannouchi déclare ainsi : “[...]Nous avons toujours dit que nous acceptions le Code du statut personnel, ainsi que toutes les dispositions sur l’égalité homme-femme”, propos toutefois contredits par certains slogans qui exigent l’instauration de la charia ! Il faut signalé qu’au moment où ces militants continuent de faire des démonstrations de force en Tunisie, Rached Ghannouchi a tenu de se déplacer en Algérie. Ce voyage a inquiété plus d’un, particulièrement ceux qui ont souffert des affres du terrorisme et dont Ghannouchi n’est pas totalement étranger à ces événements douloureux qu’a traversé l’Algérie. Reste encore a signalé, le parti islamiste a remporté au moins neuf des 18 sièges réservés aux tunisiens résidant à l’étranger dans l’Assemblée Constituante de 217 membres qui sera chargée de rédiger une nouvelle constitution et de désigner un nouvel Exécutif jusqu’aux prochaines élections générales.

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MAROc

VICTOIRE DES ISLAMISTES LA VAGUE ISLAMISTE CONTINUE DE SE PROPAGER COMME UNE FATALITé DANS LA RéGION DE L’AFRIQUE DU NORD. MOINS D’UN MOIS APRèS LA VICTOIRE DU PARTI ISLAMISTE ENNAHDA EN TUNISIE AUX PREMIèRES éLECTIONS ORGANISéES APRèS LA CHUTE DE BEN ALI, LES ISLAMISTES MODéRéS DU PARTI JUSTICE ET DéVELOPPEMENT (PJD) SONT EN TêTE DES LéGISLATIVES TENUES APRèS L’ANNONCE DES RéFORMES VOULUES PAR LE ROI MOHAMMED VI AU MAROC AVEC 80 SIèGES. YOUCEF MAALLEMI

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Abdelilah Benkirane, le secrétaire général du PJD

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ES islamistes du Parti Justice et Développement (PJD) ont largement remporté les élections législatives anticipées du Maroc organisées vendredi 25 novembre 2011. Selon les résultats communiqués par le ministre de l’intérieur, Tayeb Cherkaoui, sur 288 sièges pour lesquels le résultat est connu, le PJD en rafle 80. Il devance nettement le deuxième parti arrivé en tête, l’Istiqlal, qui remporte 45 sièges et dont le

dirigeant, Abbas El-Fassi, était jusqu’ici le chef du gouvernement. Viennent ensuite le Rassemblement National des Indépendants (RNI) de l’actuel ministre de l’économie, Salah eddine Mezouar, avec 38 sièges, puis le PAM (Parti de l’Authenticité et de la Modernité), dernier né de la classe politique, créé par un proche du roi Mohammed VI, Fouad Al-Himma, avec 33 sièges, et enfin l’union socialiste des forces populaires

(USFP), avec 29 sièges. Le parti du progrès et du socialisme (PPS), avec 11 sièges). Au moment où nous mettons sous presse, les négociations envisagées entre le PJD et la Koutla, l’alliance formée par l’Istiqlal, l’USFP et le PPS, pour tenter de former une majorité au Parlement. La coalition libérale baptisée G8 et qui réunit notamment le RNI et le PAM a déjà déclaré qu’elle se positionnerait désormais dans l’opposition. “Le PJD assumera ses responsabilités, sachant que la nouvelle Constitution garantit des droits importants à l’opposition”, a indiqué au Monde M. Mezouar.

Les élections en chiffres

Les 13,5 millions d’électeurs, sur une population de 35 millions d’habitants, avaient à choisir parmi quelque 7 100 candidats de 31 partis en lice. Estimée à 45 % à la fermeture des bureaux de vote, la participation était en hausse par rapport au scrutin précédent (37% en 2007). Le ministre de l’Intérieur, Taib Cherkaoui, s’est félicité que le vote est déroulé “dans un contexte normal et un climat de mobilisation et de responsabilité”. Les Marocains étaient appelés à désigner leurs députés cinq mois après la réforme constitutionnelle voulue par le roi. Visant à démocratiser le système politique, cette réforme est une réponse du pouvoir au mouvement de contestation lancé par la jeunesse dans la foulée du printemps arabe. Les contestataires du Mouvement du 20 février avaient appelé au boycott du scrutin. Le vote était supervisé par 4 000 observateurs marocains et étrangers dont une délégation du Conseil de l’Europe.


YéMEN

LE DOUBLE JEUX D’ALI ABDALLAH SALEH LE PRéSIDENT YéMéNITE, AU POUVOIR DEPUIS 33 ANS ET DONT LES MANIFESTANTS RéCLAMENT DEPUIS JANVIER LE DéPART, AVAIT REFUSé JUSQU’à PRéSENT DE SIGNER LE PLAN DE SORTIE DE CRISE, ACCEPTANT PUIS SE RETRACTANT à LA DERNIèRE MINUTE à PLUSIEURS REPRISES. YOUCEF MAALLEMI

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RÈS de huit mois de révolte, des centaines de morts et des milliers de blessés, sont le bilan macabre d’une guerre fratricide qui n’a que trop duré, et n’aurait peut-être pas duré aussi longtemps, si le régime en place à Sanaâ s’était rendu à l’évidence qu’il est en perte de légitimité, aux yeux du peuple. D’autant plus que le clan de Saleh ne jouit d’aucun soutien, sachant que les principales tribus, comme celle d’Al Ahmar, ont rejoint le camp des insurgés. Sans compter les chefs militaires, qui continuent de s’afficher publiquement, aux côtés du peuple, menant une guerre sans merci contre l’Armée régulière, dont l’unité d’élite, à savoir la garde républicaine est dirigée par Ahmed Saleh, le fils du président. Peu après son départ pour Riyad, des combats ont éclaté à Sanaa entre partisans et adversaires du régime. Les affrontements opposent les forces fidèles au chef de l’Etat aux hommes armés du puissant chef tribal Sadek al-Ahmar, rallié à la contestation. Sur le terrain, la situation n’est pas près de se stabiliser. Des combats ont éclaté, à Sanaa entre partisans et adversaires du régime yéménite alors que le président Ali Abdallah Saleh se trouve à Riyad pour signer un accord sur un transfert du pouvoir. Les affrontements opposent les forces fidèles au chef de l’Etat, dont la Garde républicaine commandée par son fils Ahmed, aux hommes armés du puissant chef tribal Sadek al-Ahmar, rallié à la contestation. Les affrontements ont éclaté peu après l’annonce du départ du président contesté pour Riyad, M. Saleh refusait depuis le mois d’avril de signer cet accord de sortie de crise proposé par les monar-

chies arabes du Golfe. Ce dénouement a été permis grâce à des amendements introduits au plan lors des négociations intensives de l’émissaire de l’ONU à Sanaâ Jamal Benomar, dont un mécanisme d’application stipulant que M. Saleh demeure président “à titre honorifique” pendant 90 jours, selon des sources politiques yéménites. S’il quitte le pouvoir, il sera le quatrième chef d’Etat

leurs son départ du pouvoir en échange de l’immunité pour lui-même et ses proches. À noter qu’avant l’étape de Riyad, le président Saleh a reculé trois fois au dernier moment lorsqu’il devait signer des projets d’accord sur son retrait, qui visent à mettre un terme à des mois de contestation violente contre son régime. En vertu de cet accord, il conserverait son titre de président après

arabe à être balayé par la contestation de la rue depuis le début du printemps arabe, après ses pairs tunisien, égyptien et libyen. Abd Rabbo, un homme de consensus il sera le premier à le faire en vertu d’un accord négocié. Le plan proposé au printemps par les monarchies arabes du Golfe, dont l’Arabie saoudite est le chef de file, prévoit par ail-

avoir transmis la totalité de ses pouvoirs à Hadi, lequel devra former un gouvernement d’union nationale avec l’opposition. Hadi devra organiser en outre une élection présidentielle anticipée dans les trois mois.

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international

fils des dictateurs arabes

Quand le rêve se transforme en cauchemar La capture du fils cadet de l’ancien dirigeant libyen seïf al-islam k adhafi, marque un épisode de plus dans la chute de ceux qui étaient promis pour être les “dignes” héritiers de leurs pères. Oudaï et koussaï, alaa et gamal, seïf, mouatassim, essaadi, hannibal... khamis et mohamed... et peut-être bachar al-assad et son frère maher et ahmed salah, le fils du président yémenite ali abdallah saleh. youcef maallemi

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UTANT de prétendants au “trône” qui du jour au lendemain se retrouvent soit en prison soit dans une tombe. Ils ont comme dénominateurs communs : corruption, frasques et crime.

Oudaï et Koussaï

Les deux fils de Saddam Hussein tués le 22 juillet 2003 à Mossoul, dans une attaque aux missiles contre le bâtiment dans lequel ils s’étaient barricadés, sont avec leur père les deux autres visages de la cruauté. Oudaï, 39 ans, le marginal, l’homme de tous les trafics, de toutes les folies, meurtrier et violeur, au point d’inquiéter son propre père qui l’écarta définitivement de sa succession. Qoussaï, le discret, le fils modèle, le dauphin, préparé par le raïs à régner après lui. À la veille de la guerre, le cadet dirige toutes les forces spé-

ciales et tous les services secrets. Pourtant il n’a jamais été soldat. Son manque d’expérience a provoqué l’anéantissement, les unes après les autres, des divisions de la Garde républicaine. Les deux frères ont beaucoup de sang sur les mains. L’aîné s’est d’abord illustré par le meurtre du majordome et rabatteur de son père, le 18 octobre 1998, lors d’une soirée officielle à laquelle assistait Suzanne Moubarak, la femme du président égyptien. Il l’a attaqué avec un couteau électrique et achevé de deux balles dans la tête. Il lui reprochait d’avoir “fourni” à son père sa seconde femme. Autre fait d’armes : il a tiré deux balles dans la jambe de Watban, un des demi-frères de Saddam, qu’il faudra amputer... Oudaï a tué aussi les maris dont il convoitait les femmes. À la tête du Comité olympique et de la Fédération de football, il faisait emprisonner les sportifs qui n’avaient pas de bons résultats.

De son côté Qoussaï, s’il n’est pas un homme à frasques, était encore plus redoutable. Il ne tuait pas lui-même, mais le faisait par “procuration”. Même si Oudaï regrettait amèrement de ne plus être l’héritier, il s’entendait, semble t-il, assez bien avec son frère. Au point de lui confier le nom de ceux dont il voulait se débarrasser...

Gamal et Alaa

Le cas de Gamal et Alaâ Moubarak, illustre parfaitement la grandeur et la décadence. Élevés dans les palais d’Héliopolis, dans la périphérie du Caire, les deux fils Moubarak ont grandi dans l’ombre du pouvoir paternel avec des tempéraments très différents. Le cadet Gamal, ex-banquier qui incarnait une “nouvelle garde” face aux caciques du régime, était depuis des années la face visible de la fratrie. Cadre dirigeant du Parti National Démocrate (PND-dissous) il s’attache à faire de cette formation une machine de guerre pour accéder un jour à la présidence. Mais, Gamal avec son cercle de chefs d’entreprise richissimes, est perçu comme le chef de file d’une élite affairiste, corrompue. Une grande partie de l’armée, qui a donné au pays tous ses présidents depuis le renversement de la monarchie en 1952, voit aussi d’un mauvais oeil l’arrivée possible d’un président sans passé militaire. Dès 1999, il gravit les échelons du parti présidentiel et place ses hommes - en majorité issus des milieux d’affaires - au parlement et au gouvernement où ils s’emploient à libéraliser à marche forcée l’économie égyptienne. Les élections législatives de novembre et décembre, où l’opposition est quasiment éliminée face au PND, devaient marquer une nouvelle étape de la stratégie de conquête du pouvoir de Gamal. Mais ce scrutin, accusé d’être outrageusement truqué, alimente le ressentiment de nombreux égyptiens contre le verrouillage politique du pays. Ils descendront dans la rue pour renverser le pouvoir quelques semaines plus tard. Laissant à son frère les tribunes politiques, l’aîné, Alaâ, a fait une prospère et discrète carrière dans les affaires, notamment l’immobilier, n’apparaissant que rarement en public. Son nom refait désormais surface dans des enquêtes sur des malversations financières, ouvertes depuis la chute du régime paternel.


Seïf Al-Islam, Mouatassim... et Khamis

Dernier “combattant” des Kadhafi, Seïf Al-Islam a été arrêté le 19 novembre dernier de l’année en cours, alors qu’il tentait de rejoindre le Niger. Contrairement à ses frères, Seïf al-Islam, 39 ans, deuxième fils du “Guide” et dauphin présumé, était au coeur du pouvoir. Au début de la révolution, il avait brusquement changé. Le nouveau Seïf menaçait les libyens d’un “bain de sang”, le doigt pointé vers la caméra. Un doigt qui finira par être coupé par les rebelles lors de sa capture. En jouant ce rôle de nouveau “guide” Seïf croyait à la victoire finale. Il voulait à tout prix prendre la place de son père. Il le disait clairement en juin dernier, dans l’une de ses dernières interviews, donnée au Figaro. “La Libye d’après ne ressemblera pas à celle que vous avez connue. Et j’y jouerai un rôle important.” Après plus de deux mois de clandestinité, il avait refait surface dans une chambre d’hôtel, face au port de Tripoli. Seïf al-Islam s’était montré pour la dernière fois devant les caméras occidentales alors que les rebelles étaient déjà dans Tripoli. Depuis, on ne l’avait plus revu... jusqu’à sa chute. Face à ses frères tout aussi ambitieux d’occuper un jour Bab

Al-Azizya, en l’occurrence Khamis et Mouatassim et à un degré moindre Mohamed et Essaadi, Seif Al-Islam avait plus de chance d’être l’héritier de son père. Hélas.

Bachar et Maher

Fils cadet du président Hafez el-Assad, le docteur Bachar el-Assad continue de s’accrocher au pouvoir, en dépit des centaines de victimes depuis le début des événements sanglants en Syrie. Celui qui promet dans le dernier entretien au Sunday Times de “lutter jusqu’à la mort”, comme ce fut d’ailleurs le cas pour l’ancien dirigeant libyen, a fait ses études à l’école franco-arabe al-Hurriyet de Damas. Pourtant rien ne le prédestinait pour succéder à son père Hafez Al-Assad, qui préparait plutôt l’autre fils Bassel à prendre les rênes du pouvoir. Mais, la mort de Bassel dans un accident de voiture en 1994, a contraint le père à faire appel au fils cadet. Ce dernier est donc revenu en Syrie où il rentre à l’académie militaire de Homs. En 1999, il devient colonel, puis effectue des missions de confiance pour le gouvernement syrien. Il s’est notamment rendu au Liban pour rendre une visite au président Émile Lahoud et, en novembre 1999, il est reçu en tête-à-

tête par le président Jacques Chirac à l’Élysée. Alors que tout le monde s’attendait à une réforme du régime Baâth, Bachar n’a fait que durcir encore la dictature héritée de son père. Mise au pas de l’opposition, la prison pour toute voix discordante, pratique à grande échelle de la torture... Ce qui n’a pas manqué à la faveur des Printemps arabe d’encourager la rue syrienne d’en découdre avec un régime qui n’a fait que trop durer. Son frère Maher Al-Assad est le bras exécutant de la stratégie du frère. Violent, colérique et cruel, Maher incarne l’aile dure du régime. On pourrait même le comparer de par la fonction occupée, à Mouatassim Kadhafi, à Ahmed Saleh, le fils du président yéménite et Qoussai Saddam, qui tous étaient à la tête des forces de répression. Âgé de 33 ans, Maher dirige la Garde républicaine, la troupe d’élite de 12 000 hommes, fidèle à Bachar. Il est aussi à la tête de la 4e division blindée qui a assiégé plusieurs villes rebelles. Il contrôle également les milices alaouites, les Shabihas, à qui sont attribuées certaines attaques à Deraa, dans le sud. Il est considéré comme le maître d’oeuvre de la stratégie punitive menée depuis des semaines face à l’opposition pacifique.

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dossier managers+

un pays meurtri, où se déchaîne les passions nidhya palliakkara

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managers+

AURENT

Gbagbo à la CPI rouvre les blessures d’un passé trop proche pour être panser. Alors que cette instance internationale de la Haye est en train d’écrire l’histoire et fermer peut-être le chapitre de la vie d’un chef d’état qui aura résister jusqu’au bout, la Côte d’Ivoire reste divisée. Devait-on en arriver là ? Sans parler de ce sentiment inquiétant, que les deux camps Gbagbo et Ouattara, se jetteront éternellement la pierre, en rivalisant, parfois, de mauvaise foi. Au point d’en oublier les victimes : 3000 morts officiellement, au moins. A cela s’ajoute les questions autour de la légitimité d’une juridiction supranationale à juger ce genre de cas. Mais aujourd’hui ce qui compte, ne serait-ce pas la réconciliation ? En attendant cette paix durable, souhaitée par une population meurtrie, aux côtés de Charles Taylor et Jean-Pierre Bemba, l’”ex-boulanger” aura le temps de méditer sur cette année tumultueuse qui l’a amené là où il est actuellement : •  28 novembre 2010 : Second tour de la présidentielle ivoirienne en faveur de d’Alassane Ouattara •  4 décembre 2010: Investiture de Laurent Gbagbo devant ses partisans •  11 avril 2011 : Arrestation de Laurent Gbagbo par les Forces républicaines (FRCI) de Ouattara •  13 avril : Gbagbo est transféré à Korhogo, ville du nord. •  23 avril : Simone Gbagbo, son épouse est placée en résidence surveillée dans le nord-ouest •  6 mai : Ouattara prête serment comme président •  21 mai : investiture de Ouattara devant une vingtaine de chefs d’Etat africains, le président français Nicolas Sarkozy et le chef de l’ONU Ban Ki-moon •  10 juin: Une commission d’enquête de l`ONU accuse les deux camps d’avoir commis des violations qui “pourraient constituer des crimes contre l’humanité et des crimes de guerre” •  20 juillet : Ouattara instaure une commission d’enquête sur les violations des droits de l’Homme durant la crise •  18 août : Laurent Gbagbo et son épouse inculpés et officiellement placés en détention préventive pour “crimes économiques” •  28 septembre : Investiture d’une Commission dialogue, vérité et réconciliation (CDVR) •  15 octobre : Le procureur de la Cour pénale internationale, en visite à Abidjan, promet une enquête “impartiale”. Les juges de la CPI ont autorisé le 3 octobre Luis Moreno-Ocampo à enquêter sur des crimes contre l’humanité et crimes de guerre commis durant la crise (les deux camps sont soupçonnés) •  29 novembre: Laurent Gbagbo visé par un mandat d’arrêt de la CPI •  30 novembre : Gbagbo transféré à La Haye •  11 décembre : Elections législatives


côte d’ivoire une réconciliation difficile

Jean

ping

union africaine : quel avenir ?

AU COEUR D’UNE NATION TOURISTIQUE LA RÉCONCILIATION, UN DOSSIER BRÛLANT POUR ALASSANE OUaTTARA ÉLECTIONS LÉGISLATIVES JEAN PING : CANDIDAT À SA PROPRE SUCCESSION

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dossiers

AU COEUR D’UNE NATION TOURISTIQUE EN DÉPIT DE L’ATTRAYANT PATRIMOINE TOURISTIQUE DONT ELLE REGORGE, LA CÔTE D’IVOIRE EST UNE DESTINATION FORTEMENT DÉCONSEILLÉE DU FAIT DE SA RÉCENTE CRISE POLITIQUE. POURTANT, HUIT MOIS APRÈS CE TRISTE ÉPISODE, LA CÔTE D’IVOIRE S’AVÈRE ATTIRER DE NOMBREUX TOURISTES TANT SON PATRIMOINE TOURISTIQUE CAPTIVE. HERMANN DJEA

ses nombreux sites gastronomiques et autres hauts lieux d’évasion en plein coeur de ce qu’on appelle “la nuit abidjanaise”. À cet effet, la célèbre rue “princesse de Yopougon” depuis l’arrivée des nouvelles autorités a été restructurée, et présente désormais fière allure. Par ailleurs, la Côte d’Ivoire dispose d’un littoral qui s’étend tout le long de la côte, offrant de belles plages au sable fin et eaux marines aussi claires que chaudes. Propice à la baignade, à la pêche et aux sports nautiques. Les plages d’Assinie, d’Assoindé, de Grand Bassam, de Sassandra et de Grand Berebi avec sa célèbre baie des sirènes, aussi variées qu’exceptionnelles les unes après les autres, sont l’illustration parfaite des largesses de dame nature. Au nombre des plus belles plages du monde, la Baie des Sirènes est située à 400 km au sud d’Abidjan. Et offre une eau à 28°C toute l’année, et une plage bordée de cocotiers qui offre aux touristes un séjour luxueux.

L’écotourisme

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AYS d’Afrique occidentale, la Côte d’Ivoire s’étend dans un quadrilatère d’une superficie de 322 461 km2 et est comprise entre les coordonnées 4°30 et 10°30 de latitude Nord, 2°30 et 8°30 de longitude Ouest. Limitée au Sud par l’océan Atlantique, au Nord par le Mali et le Burkina Faso, à l’Ouest par le Libéria et le Golfe de Guinée, à l’Est par le Ghana. La Côte d’Ivoire bénéficie de deux grands types de formations végétales climatiques qui se partagent le territoire : les formations végétales de savanes au nord couvrent environ 200 000 km2 de la superficie totale du pays, tandis que la moitié méridionale est occupée par les forêts denses sur une superficie d’environ 110 000 km2.

Tout ceci offre une diversité ethnique qui se traduit par une variété du folklore, de l’artisanat et de la religion. Avec ses 19 régions, la Côte d’Ivoire regorge d’énormes potentialités qui favorisent le développement de différents types de tourisme. Notamment le tourisme balnéaire, l’écotourisme, le tourisme traditionnel et religieux ainsi que le tourisme des affaires.

Le tourisme balnéaire

Abidjan, ville située sur le littoral avec ses inégalités sociales vous accueille à votre arrivée en Côte d’Ivoire dans l’ambiance surchauffée des capitales africaines. Avec

Pays tropical, la Côte d’Ivoire dispose de nombreux parcs naturels et de réserves qui permettent de contempler la richesse de sa faune et de sa flore tant au Nord qu’au Sud et de l’Est à l’Ouest en passant par le Centre. Le parc national de la Comoé dont la superficie est estimée à 1 150 000 hectares est situé au nord‐est de la Côte d’Ivoire. Son étendue et la diversité des écosystèmes qui le composent en font un réservoir de biodiversité floristique et faunistique. Il constitue la plus grande aire naturelle protégée d’Afrique de l’Ouest et est classé patrimoine mondial de l’Unesco depuis 1983. Au Sud‐Ouest, le parc national de Taï est situé près de la frontière du Libéria. Il a une superficie d’environ 5 340 km2. Il constitue l’un des derniers vestiges importants de la forêt tropicale en Afrique de l’Ouest. Ce dernier se distingue par la diversité de ses espèces mais particulièrement par les hippopotames pygmées et les onze espèces de singes dont il regorge. Puis celui de la Marahoué vaste de 100 000 hectares avec une faune variée. Cette région de l’ouest de la Côte d’Ivoire offre un tourisme écologique et thématique très riche avec sa particularité : la danse du Zaouli. Situé aux environs d’Abidjan, le parc national du Banco dont la superficie est estimée à 3 000 hectares est essentiellement à caractère végétal. Il présente une grande variété de plantes, d’arbres et de fleurs et abrite d’intéressants spécimens d’arbres tropicaux géants.


Le tourisme traditionnel et religieux

Le touriste féru de culture africaine et d’Histoire parcourra le pays dans toute sa longueur. Au plan religieux, le touriste pourra avec grand intérêt visiter les mosquées séculaires de Kong, Kawara, Samatiguila et celle de Samory Touré située à Bondoukou dans le nord‐est du pays ainsi que la basilique Notre Dame de Yamoussoukro. Unique en Afrique, ce sont des attraits touristiques que la Côte d’Ivoire présente fièrement. Yamoussoukro, village natal du premier président de la Côte d’Ivoire moderne, Félix Houphouët‐Boigny est un pari architectural d’avant‐garde. La basilique Notre Dame de la paix, superbe à couper le souffle, est une première mondiale par les technologies utilisées, ses immenses vitraux à l’ancienne. Notre Dame de la paix est un haut lieu de foi et du tourisme ivoirien. Cette ville regorge d’autres joyaux architecturaux dont la Fondation Félix Houphouët‐Boigny avec son auditorium de 4 000 places et le célèbre lac aux caïmans ainsi que l’hôtel Président avec son terrain de golf de 18 trous.

Le tourisme d’affaires

Les atouts dont dispose la Côte d’Ivoire font d’elle l’une des destinations les plus prisées de l’Afrique de l’Ouest. Les infrastructures hôtelières dont elle dispose favorisent l’organisation de séminaires et congrès avec des participants venant de tous les endroits du monde entier. Abidjan et Yamoussoukro disposent à elles seules de la grande majorité de ces infrastructures. À vrai dire la Côte d’Ivoire est une destination propice aux affaires parce qu’elle dispose d’un réseau de communications classé parmi les plus modernes de la sousrégion. Avec un réseau routier de 68 000 km dont 6 000 km de routes bitumées, 638 km de voies ferrées du Nord au Sud du pays. La Côte d’Ivoire dispose également de deux grands ports : Abidjan d’une superficie de 249 900 hectares et San Pedro. Puis trois aéroports de classes internationales à Abidjan, Bouaké et Yamoussoukro. Les Télécommunications couvrent cependant l’essentiel des grandes agglomérations du pays : téléphone fixe, mobile, radio, télévision, fax, telex et internet. Aussi, la Côte d’Ivoire dispose d’infrastructures sanitaires de haut niveau technologique et tout cela malgré les récents soubresauts politiques. Alors, pour cet hiver, n’hésitez pas à découvrir ce beau pays !

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LA RÉCONCILIATION : UN DOSSIER BRÛLANT POUR ALASSANE OUaTTARA HUIT MOIS APRÈS LA CRISE POSTÉLECTORALE, LES CHANTIERS DONT A HÉRITÉ LE PRÉSIDENT ALASSANE OUATTARA SONT COLOSSAUX. SI LA RECONSTRUCTION DU PAYS EST EN BONNE VOIE, LA RÉCONCILIATION NATIONALE QUANT À ELLE PEINE À SE FAIRE DE FAÇON EFFICIENTE. HERMANN DJEA

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Côte d’Ivoire is back !

La Côte d’Ivoire sort de sa léthargie. Les relations rompues entre l’ancien pouvoir de la refondation et les institutions internationales ont été renouées. Grâce au carnet d’adresse fourni de l’ex-Directeur général adjoint du FMI, désormais Président de la Côte d’Ivoire, Alassane Ouattara. Les résultats sont là, palpables. Les bailleurs de fonds et autres investisseurs ont refait surface dans un pays déchiré par plusieurs mois de crise. Ce qui a d’ailleurs permis la reprise de nombreux chantiers notamment le 3e pont d’Abidjan baptisé “Henri Konan Bédié”, du nom de l’allié du PDCI. Aussi, Alassane Ouattara faut-il le souligner aura réussi à inculquer en ces mois sa rigueur au travail à toute l’administration et surtout à son équipe gouvernementale. Mais le hic, c’est que les populations elles continuent de se plaindre de ne pas bénéficier des retombées des financements. Elles

estiment la vie toujours chère plus de six mois après sa prise du pouvoir. Elles disent avoir soif de changement et continuent d’attendre les “solutions” annoncées par le Président Ouattara. Conscient de cette situation difficile que continuent de vivre les Ivoiriens, Alassane Ouattara lors d’un séminaire gouvernemental le 12 octobre a reconnu qu’il “reste beaucoup à faire pour satisfaire totalement les attentes de nos concitoyens en matière de sécurité, d’emploi, de développement et de bien-être”. À contrario, la machine de la réconciliation quant à elle n’est pas encore bien huilée. Puisqu’ils sont nombreux ces Ivoiriens à porter les séquelles de ces années de crise où ils ont pour certains été martyrisés pour leurs convictions politiques ou encore leur appartenance ethnique. À la vérité, cette tâche de réconciliation reste difficile car il faut réussir à panser des plaies qui ne sont pas visibles. C’est le 28 septembre 2011 à Yamoussoukro, la

capitale politique du pays, que la Commission Dialogue, Vérité et Réconciliation (CDVR) a été officiellement installée. Conduite par l’exPremier ministre Charles Konan Banny dont la mission est de réconcilier les Ivoiriens. Aussi doit-elle faire des pieds et des mains pour que désormais en Côte d’Ivoire l’on ne parle plus de pro-Gbagbo ou encore de pro-Ouattara. Une mission noble mais qui se heurte à un obstacle majeur et qui est d’ailleurs la préoccupation du peuple ivoirien : la question sécuritaire. Ils sont nombreux ces Ivoiriens résidant en Côte d’Ivoire ou exilés à craindre pour leur sécurité. D’autant plus que depuis les affrontements postélectoraux, il est difficile de faire la distinction entre un véritable élément des Forces Républicaines de Côte d’Ivoire (FRCI) qui ont porté Alassane Ouattara au pouvoir et un faux. Même si certains parmi eux ont été encasernés ou démobilisés, d’autres portent par devers eux des armes qu’ils ont réussi à dissimuler. D’où l’intransigeance des responsables du Front Populaire Ivoire (FPI) qui en font une préoccupation majeure. Et même un préalable à un début de dialogue. Car pour ces responsables, une fois la sécurité des biens et des personnes sera garantie, leurs camarades exilés dans les pays voisins pourront regagner la Côte d’Ivoire. Dans la perspective d’accompagner le nouveau président dans le processus de réconciliation qu’il a initié. À cet effet, le 10 octobre dernier, Alassane Ouattara lui-même lors d’une visite au Ghana voisin a eu un échange avec certains partisans de Laurent Gbagbo, leur demandant de rentrer au bercail. Il leur a promis que des actions sont menées dans le sens de leurs revendications. Résoudre la question sécuritaire contribuera à relever le défi de la réconciliation et même à ramener la quiétude.


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ÉLECTIONS LÉGISLATIVES RHDP, FPI, LIDER Y-A-T-IL UN VÉRITABLE FAVORI ? LA DATE EST DÉSORMAIS CONNUE, LES LÉGISLATIVES IVOIRIENNES SE TIENDRONT LE 11 DÉCEMBRE PROCHAIN. AINSI EN A DÉCIDÉ LA COMMISSION ÉLECTORALE INDÉPENDANTE (CEI). DÉSORMAIS, AU LIEU DE 225 SIÈGES À L’HÉMICYCLE, CE SONT 255 QUI SONT À POURVOIR. Hermann DJEA

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’ORGANISATION d’élections législatives après plusieurs mois de crise post-électorale était un défi à relever pour les nouvelles autorités. Gage d’un retour à la normalité, ces échéances sont ouvertes aux formations politiques présentes sur l’échiquier national sans exclusivité. Ce sera l’occasion pour chacune d’entre elles de jauger sa côte de popularité. Les héritiers du premier président de la Côte d’Ivoire, Félix Houphouët-Boigny, réunis au sein du Rassemblement des Houphouëtistes pour la Démocratie et la Paix (RHDP) croiseront le fer avec les membres de l’exparti au pouvoir. Le Front Populaire Ivoirien (FPI), hier regroupé au sein de La Majorité Présidentielle (LMP) qui désormais fait corps avec le Congrès National de la Résistance pour la Démocratie (CNRD). À ce combat, il faudra également ajouter la participation du parti de l’exnuméro 3 du parti de Laurent Gbagbo, qui en attendant l’issue de ces échéances préside aux destinées de l’Assemblée nationale. Liberté et Démocratie pour la République (LIDER), c’est le nom de la formation politique, officiellement présentée en juin et avec laquelle il entend gagner l’assentiment des populations ivoiriennes.

Le RHDP à l’épreuve des velléités séparatistes

L’union qui a prévalu au sein du RHDP au second tour de la présidentielle de 2010 semble s’effriter. Ou tout au moins, chacun des membres du RHDP veut prendre part aux décisions de l’hémicycle, sans forcément y être admis sous la bannière de la coalition. Si cela n’est pas clairement exprimé, l’intervention du président de la conférence des présidents de la coalition en dit long. Henri Konan Bédié affirmait le 19 septembre dernier : “Nous irons aux élections en rangs séparés et non en rangs opposés”. Des propos qui ont mis en branle les autres partis de la


coalition. Et qui d’ailleurs pourraient mettre à mal la cohésion au sein du RHDP. Ces élections législatives revêtent un enjeu important pour chaque formation politique. D’autant plus que chacun veut s’octroyer le maximum de sièges afin de contrôler l’hémicycle qui dans un régime présidentialiste comme celui de la Côte d’Ivoire est le véritable levier de l’action gouvernementale. Ayant obtenu 25 % de voix à la présidentielle de 2010, il est évident que le PDCI veut jauger sa côte de popularité en s’investissant pleinement dans les législatives. Surtout que lors des dernières législatives, il avait raflé 98 des 225 sièges de l’hémicycle face au FPI, UDCY, UDPCI, MFA, PIT, le RDR s’étant retiré de la course. La bataille pour l’hémicycle s’annonce rude dans la famille des houphouëtistes. Parce qu’à cette sortie du président du PDCI, le RDR a vigoureusement réagi en la personne du Secrétaire général par intérim, Amadou Soumahoro. “Je comprends que chaque parti du Rhdp s’organise dans la diversité... Mais nous n’irons pas en désordre... ”. Il rappelle par ailleurs que le Président Alassane Ouattara à son accession au pouvoir a demandé aux ivoiriens “de lui donner cinq ans pour transformer notre pays... Mais, pour l’y aider, il a besoin d’une majorité confortable à l’Assemblée nationale. Une majorité qui lui permettra d’opérer ses réformes indispensables pour la reconstruction de notre pays... Face à ces enjeux, nous préparons ces législatives dans la sérénité, mais aussi dans la détermination”. Rien qu’à entendre de tels propos, il est évident que cette élection prend l’allure d’un duel entre PDCI et RDR. Violant ainsi l’accord signé à Paris le 18 mai 2005 entre les partis signataires du RHDP, qui stipule que “les partis membres de l’alliance doivent mettre ensemble leurs efforts et concevoir une stratégie positive pour gagner les élections ensemble et gouverner ensemble”. Justifiant ainsi ce dicton africain qui dit que “lorsque le tonnerre gronde chacun tient sa tête entre ses mains”.

CNRD, LMP a le souci de se repositionner et de reconquérir le pouvoir d’état. Non sans perdre de vue les législatives, qui constituent un puissant indicateur pour les formations politiques qui revendiquent une certaine popularité. Quand on sait que la CEI avait crédité le candidat Gbagbo d’un peu plus de 40 % des voix au second tour de la présidentielle de 2010. La peur qui avait gagné en son temps les compagnons de Laurent Gbagbo s’est estompée. Tant au niveau de la direction du parti que de la jeunesse. La Jeunesse du FPI (JFPI) avec à sa tête Justin Koua, Secrétaire national par intérim a décidé de mettre les pieds dans le plat. Faisant fi des représailles et autres risques que ses actions pourraient engendrer. Ainsi de grands rassemblements du parti frontiste ont été organisés afin de remettre les militants en ordre de bataille. La manifestation organisée le 8 octobre dans la commune de Koumassi (district d’Abidjan) en est une illustration. Mais des échauffourées entre militants pro-Ouattara appuyés par des éléments de Forces Républicaines et les militants du FPI ont éclaté. Des blessés et d’importants dégâts matériels ont été enregistrés. Cela n’a en rien freiné leur détermination au point que le week-end suivant, un autre rassemblement de cette jeunesse était prévu dans la commune de Yopougon, fief de l’ex-parti au pouvoir. La peur, on a pu le constater, a vite été domptée par les frontistes qui se retrouvent de plus en plus. Le FPI est le parti d’opposition historique en Côte d’Ivoire. Même si pour certains, le démembrement du FPI constitue un handicap face au RHDP qui part favori, il faut toutefois se souvenir que la politique est loin d’être une science exacte. Alors, aucun adversaire n’est à négliger, car nul ne part à une “bataille” en victime résignée. Les derniers développements de l’actualité montrent que le parti de Laurent Gbagbo tente difficilement de se relever.

FPI, le grand retour ?

Parti du Front populaire ivoirien où il en était le 3 e vice-président, Mamadou Koulibaly a porté sur des fonts baptismaux sa propre formation politique, Liberté et Démocratie pour la République (LIDER). Lors de la sortie officielle, Mamadou Koulibaly a annoncé la participation de sa chapelle politique aux élections législatives. Une annonce que certains de ses ex-compagnons ont assimilé à du bluff, estimant qu’il “faut être fou pour

À la chute du pouvoir de la refondation, nul ne vendait chère la peau des partis membres de La Majorité Présidentielle (LMP) encore moins celle du Front Populaire Ivoirien (FPI), tête de file. Le parti a souffert et continue de souffrir non seulement de l’absence de plusieurs de ses dirigeants en exil mais surtout de ses cadres en détention, notamment Laurent Gbagbo. Rebaptisé FPI,

Mamadou Koulibaly, un sérieux outsider

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créer un parti à moins d’un an d’une élection et espérer obtenir des voix”. Cette élection reste pour Mamadou Koulibaly un défi à relever aux yeux de ses anciens compagnons. Et c’est avec force et conviction qu’il a fait de ses partisans des missionnaires qui devront “porter à travers le pays le message de Lider”. Même s’il ne revendique pas une popularité identique à celle de sa formation d’origine ou encore du RHDP, Mamadou Koulibaly reste un candidat à prendre très au sérieux. Ne pas oublier que l’homme était très adulé au Fpi pour ses prises de position et pour sa franchise. Comme du lait sur du feu, il conviendrait de surveiller les candidats se réclamant de Lider parce qu’ils pourraient bénéficier de la “guéguerre” larvée au sein du RHDP et du scepticisme de certains quant à une éventuelle renaissance du FPI. En tout cas le temps nous situera.


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président de la commission de l’Union africaine Jean Ping

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JEAN PING

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CANDIDAT À SA PROPRE SUCCESSION

FIN JANVIER 2012 AURONT LIEU L’ÉLECTION PRÉSIDENTIELLE DE L A COMMISSION DE L’UNION AFRICAINE (Ua). JEAN PING, AUX COMMANDES DE L’ORGANISATION DEPUIS 2008, A TRAVERSÉ POUR SON PREMIER MANDAT UNE PÉRIODE DE CRISES AFRICAINES INTENSES ET INÉDITES. QUOI DE PLUS NORMAL QU’IL SOIT CANDIDAT À SA PROPRE RÉÉLECTION ? ET D’AILLEURS, OUTRE LA CANDIDATURE SURPRENANTE ET UN TANTINET REVANCHARDE DE L’EX- COMPAGNE DE JACOB ZUMA, NKOSAZANA DLAMINI, SA RIVALE OFFICIELLE, NULLE OMBRE AU TABLEAU POUR QU’IL NE REDEVIENNE PRÉSIDENT DE LA COMMISSION DE L’UNION AFRICAINE. J.J

OUS les quatre ans, les pays africains peuvent présenter un candidat à la présidence de la Commission de l’Union africaine, poste très convoité. Toutefois, quels sont les motifs réels du “clan Zuma” pour déloger le sino-gabonais Jean Ping après seulement un mandat à la tête de l’institution ? Que peut-on réellement lui reprocher sinon de n’avoir cessé de nourrir des ambitions pour un continent secoué par des crises et des conflits ? Au cours de son mandat, son action s’est axée autour de 4 thèmes forts : paix et sécurité, développement, valeurs partagées, augmentation des capacités de l’Union. L’ex-ministre des Affaires étrangères du Gabon a hérité de dossiers lourds : la naissance annoncée d’un 54 e État, la crise ivoirienne, la révolution du jasmin en Tunisie, puis en Égypte, les tensions au Burkina, la crise libyenne, la crise humanitaire de la corne de l’Afrique, etc. L’Union africaine n’a pas été silencieuse sur la chute des régimes autoritaires du monde arabe et reste préparée à un “effet domino” puisque des risques de crise demeurent possibles dans d’autres pays où des élections ont eu lieu en 2011 comme le Cameroun et le Nigéria. Pourtant tout s’est déroulé sans heurts.


ministre de l’intérieur d’Afrique du Sud Nkosazana Dlamini-Zuma

Ping prêt pour le revers !

De par ses origines, Jean Ping, 69 ans, semble être le dirigeant idéal pour un continent dont les partenaires économiques sont essentiellement chinois. Cependant cet avantage pourrait aussi constituer un inconvénient pour les nombreux pays anglophones d’Afrique qui jugent l’homme pro-français. D’ailleurs, la candidature de Nkosazana Dlamini, 62 ans, ex-ministre des Affaires étrangères, aujourd’hui ministre de l’Intérieur, traduit une rancœur de son ancien époux face aux traitements des crises ivoiriennes et libyennes où Jean Ping a été qualifié de consensuel et trop influencé par les Français. Pourtant, Jean Ping a soutenu ardemment la position de Pretoria : “Oui au dialogue, non à l’OTAN”. Sur Kadhafi, le 25 mai, lors de la conférence de l’Ua, sur l’État de la paix et de la sécurité en Afrique, le Gabon a d’ailleurs défendu le Conseil national de transition (CNT) libyen contre l’avis de Ping. À quoi bon regarder obstinément dans le rétroviseur ? Aujourd’hui, Laurent Gbagbo est assigné à résidence à Khorogo, dans le nord de la Côte d’Ivoire et Kadhafi est mort, et son clan s’affaiblit au fil des jours. Son fils Seif al-Islam, arrêté le 19 novembre 2011 en Libye, est d’ailleurs en attente de jugement.

Nkosazana joue sa balle de match !

Certes, Nkosazana Dlamini est anglophone et le siège de l’Union africaine se situe en Éthiopie, pays anglophone. Certes, elle possède une grande expérience de la politique internationale et panafricaine. Elle a d’ailleurs été de 1994 à 1999, ministre de la Santé sous Nelson Mandela. Certes, son engagement et soutien auprès de l’ancien président sud-africain Thabo Mbeki de 1999 à 2009, notamment concernant la renaissance africaine au sein de l’Institution sont connus. Cependant, en quoi Nkosazana Dlamini peut-elle prétendre bousculer l’establishment ? Le fait d’avoir proposé sa candidature à la présidence de la Commission de l’Union africaine, en catimini ne révélerait-il pas la division qui régnerait entre les États anglophones et les États francophones, l’Afrique et l’Occident si elle venait à siéger à AddisAbeba tant son anti-occidentalisme est transpirant. Nkosazana Dlamini saurait-elle rester ouverte au consensus ?

Les défis de l’Union africaine

L’Union africaine a pour mission d’affirmer une voix solidaire sur la scène internationale. Une délégation de haut niveau,

conduite par le Premier ministre éthiopien, M. Meles Zenawi, en compagnie de Jean Ping, a notamment participé au G20 de Londres en avril 2009. Et lors du G20 et du G8 de 2011, le président Nicolas Sarkozy a mis en exergue la place que l’Afrique devrait normalement occuper de manière permanente au sein du Conseil de sécurité de l’ONU. Conflits, pauvreté, changements climatiques en prévision de CoP17, sources alternatives de financement des activités de l’Union africaine, État de paix et de sécurité en Afrique sont autant de défis qui persistent sur le continent. L’organisation est appelée à prendre de nouvelles initiatives. La crise humanitaire en Somalie, l’enquête de la Cour pénale internationale (CPI) sur les violences postélectorales de 2008 au Kenya, les poursuites contre l’ancien président tchadien Hissène Habré, ainsi que la réforme du système des Nations unies font parties des préoccupations des chefs d’États africains. Le projet de transformation de l’Union africaine en gouvernement fédéral de l’Union africaine est inscrit à l’ordre du jour. Plus de la moitié de ses membres envisagent de créer les États-Unis d’Afrique. Alors, en quoi Nkosazana Dlamini sera plus apte que Jean Ping à relever ces défis ? Rendez-vous le 31 janvier 2012 pour les élections.

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hommage à wangari maathai : Partie trop tôt ! UNE GRANDE PREMIÈRE ! 3 FEMMES CO-PRIX NOBEL DE LA PAIX LE CANCER : LA MALADIE DU SIÈCLE !


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HOMMAGE À WANGARI MAATHAI

PARTIE TROP TÔT ! MANAGERS+ REND HOMMAGE À WANGARI MAATHAI, LAURÉATE DU PRIX NOBEL DE L A PAIX 2004 ET FONDATRICE DU “MOUVEMENT DE L A CEINTURE VERTE”. L A GRANDE DAME EST MORTE D’UN CANCER, DIMANCHE 25 SEPTEMBRE 2011, À NAIROBI, AU KENYA, À L’ÂGE DE 71 ANS. la rédaction

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Les relations entre le Professeur Maathai et les Nations Unies se sont étendues sur plusieurs décennies. Elle était connue dans la communauté du développement et des Droits de l’homme non seulement pour son éloquence inspiratrice, mais aussi pour sa chaleur humaine. Sa disparition est une perte pour le peuple du Kenya et pour le monde, notamment au moment où nous nous préparons pour la tenue, l’an prochain, sous l’égide de l’ONU, de la Conférence Rio+20 sur le développement durable, qui est d’une importance critique.”

Ban Ki-Moon

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ANGARI Maathai avait fondé le mouvement de la ceinture verte en 1977. Des actions de terrains efficaces pour encourager les kenyanes issues des zones rurales, à planter des arbres. Ainsi, les femmes améliorent leur niveau de vie en s’assurant un accès facile à l’eau potable, au bois à brûler et à d’autres ressources. Grâce à son courage et à sa détermination, le Professeur Maathai, était la première femme d’Afrique centrale et orientale à posséder un doctorat, obtenu à l’Université de Nairobi en 1971. The Green Belt Mouvement a planté plus de 40 millions d’arbres pour contrer la déforestation en Afrique et a permis la création de trois centres de maternité. Jusqu’à aujourd’hui, presque 900 000 femmes en ont bénéficié. Dans son autobiographie publiée en 2006, “Celle qui plante des arbres”, éditions EHO, Wangari Maathai racontait comment, sous l’effet du changement climatique notamment, l’environnement s’était dégradé dans sa région du mont Kenya. “À l’époque de ma naissance, les paysages autour d’Ihithe (Centre) étaient riches, verts et fertiles, (... ) les saisons étaient régulières. Aujourd’hui, le climat et l’environnement ont changé et sont devenus imprévisibles”. Au-delà de son pays natal, Wangari Maathai avait étendu son combat pour l’environnement à toute l’Afrique. Ces dernières années, la militante s’était investie dans la sauvegarde de la forêt du bassin du Congo, en Afrique centrale, deuxième massif forestier tropical au monde. Plusieurs fois blessée par les forces de sécurité lors de manifestations, elle a connu à plusieurs reprises la prison. Mais son courage lui permettait toujours de rebondir. Wangari Maathai va nous manquer !


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UNE GRANDE PREMIÈRE ! 3 FEMMES CO-PRIX NOBEL DE LA PAIX

EN OCTOBRE 2011, LE PRIX NOBEL DE LA PAIX RÉCOMPENSAIT 3 FEMMES POUR LEUR MILITANTISME EN FAVEUR DU DROIT DES FEMMES. ELLEN JOHNSON-SIRLEAF, PRÉSIDENTE DU LIBERIA, LEYMAH GBOWEE, UNE TRAVAILLEUSE SOCIALE LIBÉRIENNE ET TAWAKKUL KARMAN, UNE JOURNALISTE YÉMÉNITE. EN 110 ANS D’EXISTENCE, LE PRIX NOBEL DE LA PAIX N’A RÉCOMPENSÉ JUSQU’ICI QUE 12 FEMMES. RETOUR SUR CET ÉVÈNEMENT ! V.N.

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ES trois lauréates sont récompensées pour leur “lutte non violente en faveur de la sécurité des femmes et de leurs droits à participer aux processus de paix”, explique le comité du prix Nobel de la paix. La dernière femme prix Nobel de la paix était la Kenyane Wangari Maathai, récompensée en 2004 pour son “approche holistique du développement durable englobant la démocratie, les droits humains, en particulier ceux de la femme”. Malheureusement, cette pionnière n’a pu partager la joie des femmes de tout un continent. Elle est morte à 71 ans, le 25 septembre 2011, quelques jours seulement avant que le comité ne livre son verdict. Quoi qu’il en soit, il faut reconnaître que le Nobel de la paix décerné à ces trois Africaines récompense le courage dont elles ont su faire preuve dans un environnement souvent hostile à l’éclosion et à l’épanouissement des femmes !

Un choix contesté !

Certains ont trouvé à redire sur le triple choix de 2011 qui aurait été influencé, selon eux, par la composition même du jury, à dominance féminine. Quatre femmes sur cinq membres siègent en 2011 au comité du prix Nobel de la paix, d’origine norvégienne. De même que quelques voix ont été entendues du côté de Monrovia pour contester le

choix de Mme Sirleaf. Mais celles-ci émanaient des adversaires politiques de la présidente du Liberia dont le sacre intervenait alors en pleine campagne électorale. Elle brigue un nouveau mandat de cinq ans à la tête de son pays. Ces critiques ne remettent pas en cause la portée du combat et des actions des deux Libériennes pour la paix dans un pays ravagé par quatorze années d’une guerre civile qui a fait 250 000 morts environ et des millions de blessés, de déplacés et de réfugiés. Il leur fallait une bonne dose de courage pour la défense des droits de l’homme dans leur globalité, mais surtout celles des autres femmes, en vue d’une égalité des sexes dans leur pays. Elle aussi pionnière, Ellen Johnson-Sirleaf est la première femme chef d’État en Afrique. Leymah Gbowee, la quadragénaire, est baptisée “guerrière de la paix”. Son action la plus retentissante dans son pays aura été le mouvement pacifique dit “grève du sexe” qui a contribué à mettre fin à la deuxième guerre civile en 2003. On reconnaît aussi ses nombreuses actions auprès des enfants-soldats. Elle explique dans le documentaire Pray the Devil Back to Hell portant sur le combat des Libériennes pour la paix qu’ “il n’y a rien qui devrait conduire les gens à faire ce qu’ils ont fait aux enfants du Liberia, drogués, armés, devenus des machines à tuer”.

Le comité du Nobel de la paix espère que le prix décerné aux Libériennes et à la Yéménite “aidera à mettre un terme aux difficultés que rencontrent les femmes partout dans le monde”. Les trois Africaines nobélisées restent à jamais des références sur un continent où la place de la femme est encore minorée, en dépit de ses capacités à pouvoir changer le cours de l’Histoire.

Ellen Johnson-Sirleaf


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LE CANCER

LA MALADIE DU SIÈCLE ! 7,6 MILLIONS DE MORTS DU CANCER EN 2008 ET PLUS DE 11 MILLIONS PRÉVUS EN 2030, PRINCIPALEMENT DU POUMON, DE L’ESTOMAC, DU FOIE, DU CÔLON OU DES SEINS. CINQ FACTEURS DE RISQUES COMPORTEMENTAUX ET ALIMENTAIRES SONT À SURVEILLER : UN INDICE ÉLEVÉ DE MASSE CORPORELLE, UNE FAIBLE CONSOMMATION DE FRUITS ET LÉGUMES, LE MANQUE D’EXERCICE PHYSIQUE, LE TABAGISME ET LA CONSOMMATION D’ALCOOL. MANAGERS+ REVIENT SUR LES CAUSES ET LES RISQUES DE CETTE MALADIE. RAPPORT OMS

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E cancer se caractérise par la prolifération rapide de cellules anormales qui, au-delà de leur délimitation normale, peuvent envahir des parties du corps adjacentes et essaimer dans d’autres organes ; formant ce qu’on appelle des métastases. Ces métastases sont la principale cause de décès par cancer. Les types de cancer sont nombreux : poumon (1.4 million de décès), estomac (740 000 décès), foie (700 000 décès), côlon (610 000 décès), sein (460 000 décès) sont parmi les plus fréquents.

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Quelle est la cause du cancer ?

Le cancer survient à partir d’une seule cellule. La transformation d’une cellule normale en une cellule cancéreuse est un processus qui

se déroule en plusieurs étapes, progressant le plus souvent d’une lésion précancéreuse à une tumeur maligne. Ces changements résultent de l’interaction entre des facteurs génétiques du sujet et des agents extérieurs pouvant être classés en trois catégories : les cancérogènes physiques, comme le rayonnement ultraviolet et les rayonnements ionisants ; les cancérogènes chimiques, comme l’amiante, les composants de la fumée du tabac, l’aflatoxine (contaminant des denrées alimentaires) ou l’arsenic (polluant de l’eau de boisson) ; les cancérogènes biologiques, comme des infections dues à certains virus, bactéries ou parasites. Le vieillissement est un autre facteur fondamental dans l’apparition du cancer. En effet, l’incidence du cancer augmente de façon spectaculaire avec l’âge, très vraisemblablement à cause de l’accumulation des risques tout au long de la vie, conjuguée au fait que les mécanismes de réparation cellulaire perdent généralement de leur efficacité avec le temps.

Facteurs de risque du cancer

Siège

Contact

Association “Le Cancer du Sein, Parlons-en !”
C/O Estée Lauder Companies France.
48, rue Cambon
75001 Paris – France Nathalie Ménétret
Chargée de projet
Ph : +33 (0)1 40 06 37 56 Email : nmenetret@fr.estee.com

Le tabagisme, l’obésité, la sédentarité, la consommation d’alcool, une alimentation déséquilibrée, la pollution de l’air dans les villes, et les infections chroniques liées aux virus de l’hépatite B (HBV), de l’hépatite C (HCV) et de certains types de papillomavirus humain (HPV) sont les principaux facteurs de risque cancéreux dans les pays à faible revenu ou à revenu intermédiaire. Pour finir, une question aux femmes de 50 à 74 ans ? Irez-vous vous faire le dépistage du cancer du sein pour détecter une éventuelle anomalie ?



cultures

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Corneille : le retour tant attendu ! FM Laeti : la perle de la soul fatimatou diawara : la nouvelle voix malienne


culture

CORNEILLE

Comment s’est fait le choix de la thématique pour la co-écriture des textes avec ta femme Sofia ?

LE RETOUR TANT ATTENDU ! DEPUIS 2006, NOUS NE L’AVIONS PAS VU SUR LE DEVANT DE LA SCÈNE INTERNATIONALE MAIS POUR AUTANT, PERSONNE NE L’A OUBLIÉ. CORNEILLE, CHANTEUR CANADIEN D’ORIGINE RWANDAISE QUI À L’AUBE DE SA VIE A CONNU L’HORREUR DU GÉNOCIDE. À 34 ANS, L’ARTISTE SE RATTRAPE ET C’EST BIEN MÉRITÉ ! “LES INSÉPARABLES”, SON 5e ALBUM R&B, ENREGISTRÉ ENTRE MONTRÉAL ET PARIS, MARQUE LA FIN D’UN CYCLE. ET OUI, CORNEILLE, C’EST PRESQUE 10 ANS DE CARRIÈRE. UNITÉ, FAMILLE, ET AMOUR SONT LES THÈMES CLÉS DE L’ALBUM. ZOOM SUR LA STAR QUI TERMINE L’ANNÉE EN BEAUTÉ ! ITW : Jessica

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Comment fais-tu pour jongler entre ton rôle de papa et ton métier ?

Il n’y a pas de séparation entre ma vie de père et la musique. Ma paternité a d’ailleurs beaucoup inspiré cet album. Et dès que nous pouvons, nous emmenons notre fils en tournée.

Ayant un fils métisse nommé Merick, que penses-tu du concept d’identité nationale ?

Il m’est difficile de dire que je suis plus de cette identité ou plus de celle-là. Mon identité est compliquée mais j’entends que c’est un débat qui pose problème. Le monde devient de plus en plus multiculturel et il faut faire avec.

Ton 5e album, sorti le 24 octobre dernier s’intitule “Les Inséparables”, comme le titre d’un de tes morceaux ; pourquoi ?

Il y a l’espoir qui est l’issue de chaque chanson et aussi le moteur de ce que j’ai fait malgré des moments de blues et de déprime. Il y a un autre thème récurrent qui est celui de la paternité. Ce thème me parle énormément. Les Inséparables, c’est ma famille, mes amis comme Marco Volcy que je n’avais

Justine

pas vu depuis 10 ans, ou vous, le public. Sur l’album, il y a aussi la notion d’unité.

Quelles ont été tes angoisses avant la sortie du disque ?

Tout bêtement celle que le disque ne plaise pas.

Depuis la sortie de “Parce qu’on vient de loin” en 2003, qu’estce qui a changé en toi ?

L’album “Les Inséparables” clôture une décennie. C’est un album de fin de cycle. Ça marque une nouvelle étape et ça fait le lien avec mes débuts. C’est un album de synthèse. J’y ai mis mes tripes et mon cœur.

Nous avons co-écrit 6 titres. Sofia a permis à ma plume de progresser. Et le choix des thèmes s’est fait dans la fluidité.

Pourquoi avoir choisi d’inviter les rappeurs Soprano et La Fouine ?

Je suis un fan de musique. J’ai débuté dans les années 90 bercé par la culture R&B et pop américaine. Le rap en fait partie. Étant fan de ces 2 rappeurs et le titre avec TLF ayant remporté un franc succès, j’ai pensé à les inviter. Comment ça s’est passé ? Échange de mails, rencontre et écoute des sons. Par exemple, lorsque La Fouine a écouté le son du morceau “Des pères, des hommes et des frères”, il a immédiatement écrit son texte. C’est un talent ! Alors, tu parles de quoi dans ce morceau ? Je parle de la condition masculine, des papas, de l’importance et de l’utilité de l’homme et de ses actes. En tant que père, j’ai très vite pris conscience de l’énorme influence que j’allais avoir sur l’existence de mon fils.

Des dates prévues en Afrique ?

Lorsque je ferai une tournée sur le continent, cela marquera un tournant dans ma vie et je m’y attèlerai complètement. Et aux Antilles ? Oui, en Guadeloupe et Martinique dès février.

Prépares-tu déjà la suite ?

Oui, je prépare déjà le 6e album. Ce sera un projet musical 100 % influencé par la musique africaine.

Et le mot de la fin ?

Rendez-vous le 15 février, pour le concert au Bataclan.

Dans quel état d’esprit étais-tu pendant la création de l’album ?

Avec la paternité, je me suis retrouvé avec un petit bonhomme qui savait à peine parler, à peine marcher et qui est devenu la priorité de ma vie. Avec ça, on se débarrasse de son ego. “Les inséparables”, c’est une renaissance, j’ai recommencé à zéro, comme un débutant, avec l’humilité qui s’en accompagne.

Infos :

Corneille Les Inséparables


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culture

Fm laeti

La perle de la soul FM LAETI ? Non, ce n’est pas le nom d’une nouvelle station de radio mais celui d’une chanteuse. Une diva guadeloupéenne de 31 ans DONT la voix émouvante invite au voyage. Une tournée entre les caraïbes et le grand nord américain, un retour vers les années 70 pour le bonheur des amoureux dU rythme and blues. ZoOm sur cette artiste que l’on applaudiT pour son premier disque : it will come around ! ITW : Jessica

FM Laeti, c’est plutôt un nom de scène atypique, à quoi cela est-il dû ?

Laeti, c’est pour Laetitia et FM, c’est un clin d’œil à François-Marie Dru avec qui j’ai coécrit les titres de l’album. Et puis, c’est aussi un clin d’œil aux ondes radio.

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Votre univers musical est extrêmement riche, comment le définissez-vous ?

C’est du nouveau Rythme & Blues, et toutes les influences qui se sont infiltrées inconsciemments sur l’album telles que la Soul, la Pop, le Rock, et les influences World. Et puis, il y a une influence extirpée de tous les voyages que j’ai effectués.

Depuis combien de temps chantez-vous ?

J’ai 31 ans et je chante depuis mes 12 ans. 6 ans dans une chorale à faire du Gospel, de la Soul, du Jazz vocal, de la comédie musicale et beaucoup de danse.

Quelle est votre marque de fabrique ?

Je suis solaire et positive. J’ai beaucoup d’énergie à revendre. Je suis assez patiente et déterminée. Quand j’ai un projet, je ne lâche rien. Serais-tu capricorne ? Non, je suis balance.

It will all come around est votre premier disque, on y compte des perles comme Out of my hands ou Coco. Comment est née la création de ce bel opus ?

En 2009, j’ai rencontré sur un plateau radio François-Marie. Une semaine après, nous commencions à travailler ensemble au studio de la Frette sur Seine. Le disque res-

pire le soleil et la légèreté, est-ce l’effet voulu ? Oui, tout à fait, on ne s’est pas bridé ! Quelle est l’anecdote la plus marquante de ce premier disque ? Le mor-

ceau Coco. Morceau enregistré en featuring avec la gracieuse Fatoumata Diawara, sur un petit son cap-verdien qui nous a fait craquer.

Vous êtes née en Guadeloupe, n’est-ce pas ?

Vous venez de faire un beau concert, en novembre au New-Morning. D’autres dates prévues pour 2012 ?

Bourgeois est à l’origine du célèbre groupe Kassav ? Oui, mais pour autant le

Et le mot de la fin ?

Oui, j’y ai même vécu avant de rejoindre la Suisse avec mes parents. À mes 15 ans, je suis partie au Canada où je suis restée jusqu’à mes 18 ans. Ensuite, j’ai vécu aux États-Unis. Ton père, Monsieur Serge zook d’aujourd’hui ne m’inspire pas du tout. Le groka et la biguine, “why not”, un jour.

Justine

Oui, les premières parties de Ben l’Oncle Soul, dans les différents Zénith de France et de Yael Naim, à Genève. Peut-être une date en Inde aussi, à Pondichéry.

Je remercie mon public et pourvu que ça dure !

Infos :

FM Laeti It Will All Come


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culture

FATIMATOU DIAWARA LA NOUVELLE VOIX MALIENNE

ENTRE JAZZ, BLUES ET TRADITION WASSOULOU, FLOTTE LA VOIX DE FATOUMATA DIAWARA. L’ARTISTE MALIENNE A PLUSIEURS CORDES À SON ARC : THÉÂTRE, CINÉMA, MUSIQUE. UN PARCOURS CULTUREL RICHE ET PASSIONNANT. POUR LA SORTIE DE FATOU, SON 1ER ALBUM, CATÉGORIE MUSIQUE DU MONDE ; MANAGERS+ L’A RENCONTRÉE POUR VOUS ET POUR SÛR, LA CHANTEUSE EST UN PEU LE SOLEIL DE CET HIVER. ITW : Jessica

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Justine

Pourriez-vous nous parler de l’album Fatou, de ses couleurs musicales et des thèmes ?

Je chante suivant la tradition Wassoulou avec une ouverture par rapport à ma vie parisienne alors les titres de l’album oscillent entre jazz, blues et musique traditionnelle wassoulou. Je suis née en Côte d’Ivoire mais à l’âge de 10 ans, j’ai été envoyée par mes parents chez une tante à Bamako, au Mali. Je n’ai pas revu ma famille pendant quinze ans. C’est un peu l’histoire du morceau Sowa ? Je ne cherchais pas à ce que cet album soit un bilan de ma vie, mais il l’est devenu. Ma vie est bourrée d’incompréhensions liées à l’enfance, d’émotions qui n’ont pas été nommées.

Étant issue d’une famille conservatrice, comment dirigez-vous votre carrière ?

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Fatoumata Diawara Fatou

En Afrique, il y a beaucoup de barrières entre les générations, la communication n’est pas fluide, je n’ai pas pu m’y faire. Depuis longtemps, je fais mes choix en solitaire. Je déteste que quiconque me dicte ma conduite. Je crois en l’amour et en la vie. J’ai eu à supporter des intermèdes douloureux

comme l’excision. La société malienne qui aurait préféré me voir mariée plutôt que sur une scène. Je suis partie un soir à 19 ans et pendant six ans ma famille n’a pas su où j’étais. Aujourd’hui, je ne demande rien à personne mais qu’on me laisse chanter. Pour autant, je retourne au Mali 2 fois par an.

Quel est l’objectif que vous-vous êtes fixé sur l’album ?

J’essaye ici de transmettre une des richesses du Mali : la musique. Rokia Traoré et Oumou Sangaré ont créé un chemin sur la scène musicale européenne et je compte bien les suivre. L’album exprime ce que j’ai au plus profond de mon âme. Ce disque, c’est moi, mon histoire, je n’y tiens pas le second rôle. J’ai voulu faire un album autonome, comme ma vie. Je n’appartiens à personne. Des collaborations prévues avec

vos “marraines”, Oumou Sangaré et Dee Dee Bridgewater ? Je suis sur une

route et je rencontre des gens. Nous avons fait de belles choses ensemble et il y en aura d’autres. J’ai eu la chance de travailler avec Oumou Sangaré, Dee Dee Bridgewater, Cheick Tidiane Seck, Herbie Hancock, Damon Albarn ou sur le projet AfroCubism... Il y a trois ans, j’ai appris la guitare, inspirée par Rokia Traoré, et j’ai commencé à chanter.

Sur l’album, quel est le morceau qui vous tient le plus à cœur et pourquoi ?

Tous me tiennent à cœur ! Boloko, Sowa, Bakonoba... J’ai été “bouleversée” par Nina Simone, Ella Fitzgerald, Billie Holliday mais je tenais à garder la tradition de la région du Wassoulou. Les douze titres de mon premier album Fatou se situent en partie dans cet entre-deux.


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spĂŠcial CAN 2012


59 OLIVIER STIRN CRÉÉ L’ÉVÈNEMENT ! CONSEILLER À L’ÉLYSÉE POUR L’UNION DE LA MÉDITERRANÉE, L’ANCIEN MINISTRE OLIVIER STIRN A ÉTÉ NOMMÉ SECRÉTAIRE NATIONAL DE L’UMPS. IL CHAPOTE LE DOSSIER DE LA DIVERSITÉ, CONFIÉ PRÉCÉDEMMENT AU PORTE-PAROLE DOMINIQUE PAILLÉ.

Ma mission est de prouver que l’UPM n’est pas un fossé, mais un pont entre l’Europe et l’Afrique subsaharienne. Pour cela, je dois faire en sorte qu’un certain nombre de réalisations prévues dans le cadre de l’UPM le soient aussi dans les pays du Sahel, puis dans ceux d’Afrique centrale. En réalité, le président Sarkozy souhaite constituer un axe Eurafrique dont l’UPM serait le cœur. L’autre intérêt de l’Union est d’orienter l’ensemble de l’Europe, notamment en matière de crédits, vers le sud, alors que l’Europe du Nord avait plutôt un tropisme oriental. Loin d’abandonner l’Afrique, il s’agit donc de consolider les liens avec elle. Nous avons par exemple un plan très ambitieux de 50 milliards d’euros pour l’énergie solaire. Grâce à un fonds d’investissement à ma disposition, je vais pouvoir en affecter une partie à l’Afrique subsaharienne. Ce qui est vrai pour l’énergie l’est aussi pour les infrastructures, les transports, l’accès à l’eau ou l’assainissement.”

Olivier STIRN

La CAN : levier de la croissance Infrastructures : La Caf officialise son satisfecit Gabon : Les Panthères face à leur destin Les équipes qualifiées : L’Afrique de l’Ouest en force


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La CAN

levier de la croissance Quels sont les enjeux économiques d’une Coupe d’Afrique des nations de football sur les pays organisateurs ? La question est récurrente à la veille de chaque grande compétition sportive, mais les réponses restent variables selon les contextes. Dans un contexte économique difficile, Le Gabon et la Guinée équatoriale qui coorganise cette 28e CAN espèrent néanmoins qu’à long terme, ce coup de projecteur sur eux leur servira de levier pour la croissance… Flore DIGOBE

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U-DELÀ de la perspective d’une grande fête du sport, la Coupe d’Afrique des nations (CAN) 2012 pourrait être une fête de l’économie et contribuer à la croissance. Traditionnellement, le plus grand événement footballistique du continent attire de nombreux visiteurs dans le ou les pays organisateurs. Le Gabon, hôte de la compétition, conjointement avec la Guinée équatoriale, abrite deux poules. L’une sera basée à Libreville, la capitale, et l’autre à Franceville, la troisième ville du pays. Évidemment, les nombreux férus de ballon rond qui vont déferler auront besoin de gîte. À Libreville comme à Franceville, les quelques structures hôtelières s’attendent à faire le plein. On craint même de ne pas pouvoir satisfaire la demande de la clientèle haut de gamme, les hôtels de grand standing n’étant pas nombreux. Si le taux de remplissage est élevé, les structures d’hébergement auront besoin de plus de personnel que d’ordinaire. Dans cette perspective, nombre d’entre elles ne cessent de lancer des offres d’emploi dans les médias locaux. Ne serait-ce que pour le temps qu’elle va durer, la CAN est donc susceptible de favoriser la réduction du nombre de chômeurs. Vue sous cet angle, elle peut relancer la consommation.

La CAN : levier de la consommation

Dans tous les cas, la consommation va augmenter pendant le déroulement de la compétition sportive. Non seulement sur le plan alimentaire (du fait des visiteurs), mais également sur le plus énergétique. Les incessants va-et-vient du public aux stades amèneront inévitablement les transports en commun et les particuliers à multiplier les visites dans les stations-service.

Les compagnies aériennes et la compagnie ferroviaire, elles aussi, vont devoir revoir à la hausse le budget du poste “carburant”. Elles auront à transporter plus de monde que d’habitude entre Libreville et Franceville. Consciente de cette situation imminente, la compagnie ferroviaire a commencé à se doter de nouveaux trains voyageurs. Le déroulement d’un événement d’envergure comme la CAN est l’occasion pour certains de faire du tourisme parce que les conditions s’y prêtent. Le prix des billets, par exemple, diminue grâce à l’organisation de charters par les transporteurs. S’y ajoute la facilité d’obtenir un visa. Lors de la CAN 2012, il est prévu que le visa délivré par un des pays organisateurs soit valable dans l’autre pays. En matière de tourisme, s’agissant du Gabon, la proximité entre Libreville et Lambaréné où est situé le célèbre hôpital AlbertSchweitzer peut inciter au voyage. De même que la proximité entre Franceville et Léconi, qui abrite de féeriques canyons. Mais à Franceville même, il y a le célèbre pont en liane de Poubara. En chemin, en train au départ de Libreville, le touriste pourra faire escale au parc de la Lopé, dont il gardera un souvenir impérissable de sa riche biodiversité. Le site est d’ailleurs classé patrimoine mondial de l’Unesco. Qui dit tourisme dit objets de souvenir. Les sculpteurs de la pierre de Mbigou, un matériau qu’on ne trouve qu’au Gabon, ont donc intérêt à bien affûter leurs outils. Tout bien considéré, la CAN 2012 est une source de devises. Aux opérateurs économiques de redoubler d’imagination et de flair.


Infrastructures La Caf officialise son satisfecit

À soixante jours du coup d’envoi de la 28e Coupe d’Afrique des nations de football, une délégation de la Confédération africaine de football (CAF), conduite par le président de l’institution, Issa Hayatou, a effectué la dernière visite d’inspection des chantiers de la CAN Orange 2012 au Gabon et en Guinée équatoriale. Malgré la non-livraison de certains chantiers, l’instance continentale a affiché sa satisfaction au sortir de cette ultime mission dans les deux pays coorganisateurs. Eros Bryan

La Coupe d’Afrique des nations 2012 se jouera dans les stades et pas ailleurs. Donc, à partir du moment où nous constatons que les stades sont prêts ou quasiment terminés, nous ne pouvons que nous montrer satisfaits.” Ainsi s’exprimait, le 28 octobre dernier à Malabo (Guinée équatoriale), le président de la Confédération africaine de football (Caf), Issa Hayatou. Le patron de la Caf a, par cette sortie, validé la conduite des travaux dans les principaux chantiers du Gabon et de la Guinée équatoriale. Cette dernière utilisant même depuis deux ans ses stades : ceux de Bata (35 000 places) et Malabo (20 000 places) qui ont, entre autres, servi pour la Coupe d’Afrique des nations femmes 2009. Ce sont en fait les deux arènes gabonaises, le stade de coopération sino-gabonaise (40 000 places) à Libreville et le stade de la Rénovation (25 000 places) à Franceville qui, vu le retard accusé dans les premiers délais de fin des travaux, ont suscité des inquiétudes. Les entreprises adjudicataires ont promis pour la fin de ce mois la livraison totale des deux infrastructures et le stade de Libreville aura entre-temps servi pour le match amical Gabon/Brésil du 10 novembre 2011, tout devrait donc rentrer dans l’ordre. Les seize qualifiés de la CAN 2012 pourront ainsi attaquer la compétition concentrés sur leurs objectifs respectifs. Préparant leurs rencontres dans des stades d’entraînements, presque tous, construits pour la circonstance. Ils seront huit au Gabon : quatre à Libreville

(Angondjé, Augustin-Monedan, INJS et FC 105) et quatre (Moanda, Henri-Sylvoz, Bongoville et Ngouoni) dans la zone géographique de Franceville. La Guinée équatoriale, qui compte le même nombre de terrains d’entraînement, s’est aussi investie, comme le Gabon, dans la construction ou l’amélioration des structures hôtelières et hospitalières. Le Gabon qui présente, par rapport à son voisin équatoguinéen, un déficit en matière d’hôtels de grand standing s’est plutôt tourné vers la construction de résidences hôtelières qui serviront davantage aux délégations officielles. Les supporters qui effectueront le déplacement du Gabon (les Marocains, les Tunisiens et les Nigériens à Libreville, les Ghanéens, les Guinéens, les Maliens et les Botswanais à Franceville) devront donc se battre pour trouver des lieux d’hébergement offrant le confort souhaité. Ceux qui se rendront en Guinée équatoriale devront généreusement mettre la main à poche pour trouver à se loger dans des établissements hôteliers locaux de bon standing où les prix pratiqués sont élevés. La Caf, qui travaille en étroite collaboration avec les comités d’organisation (Cocan) gabonais et équatoguinéens, espère un juste équilibre dans tous les domaines (infrastructures, communications, santé, sécurité, protocole, billetterie et marketing) concernés par l’organisation de la CAN 2012. Ce pour que le Gabon et la Guinée équatoriale justifient le choix de la Caf, quarante

ans après la dernière CAN organisée par un pays de l’Afrique centrale, au Cameroun, en 1972, et que la fête du football africain soit belle du 21 janvier au 12 février 2012.

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Gabon

Les Panthères face à leur destin La sélection nationale du Gabon, qui aura l’avantage d’évoluer sur son sol lors de la prochaine Coupe d’Afrique des nations de football, sera-t-elle capable de jouer un rôle majeur durant cette compétition ? Rien n’est moins sûr, vu la présence des cadors et l’environnement actuel autour de l’équipe, il faudra beaucoup plus qu’un miracle pour soulever le trophée. Mais comme dans toute compétition, rien n’est écrit d’avance, les Panthères peuvent toujours y croire… Eros Bryan

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E Gabon a rendez-vous avec l’histoire durant la 28e coupe d’Afrique des nations que le petit pays de l’Afrique centrale coorganisera avec son non moins minuscule voisin, la Guinée équatoriale, du 21 janvier au 12 février 2012.

Tête de série du groupe C où elle aura pour adversaires, le Niger, le Maroc et la Tunisie (dans l’ordre des affrontements), la sélection nationale gabonaise (les Panthères) attaquera le tournoi, avec autant de certitudes que d’interrogations.

Côté certitudes, on relèvera l’avantage du terrain, la valeur de certains joueurs et la connaissance des adversaires du premier tour. Des éditions précédentes ayant montré que les nations hôtes, portées en sus par la ferveur populaire, parviennent souvent à tirer leur épingle du jeu et à franchir l’étape des poules, voire à s’imposer. Les deux dernières décennies ont ainsi vu l’Algérie (1990), l’Afrique du Sud (1996), la Tunisie (2004) et l’Égypte (2006) s’imposer sur leur sol. Si voir les Panthères brandir le trophée de champion d’Afrique au soir de la finale, le 12 février 2012 à Libreville, constituerait un authentique exploit, la sélection gabonaise dispose néanmoins d’arguments pour faire mieux que les quarts de finale (sa meilleure performance) atteints en 1996. Avec leurs cadres Didier Ovono, Bruno Ecuele Manga, Moïse Brou Apanga, Rodrigue Moundounga, Bruno Mbanangoye Zita, Eric Mouloungui, Daniel Cousin, Stéphane Nguema, Roguy Meyé et PierreEmerick Aubameyang évoluant pour la plupart ou ayant un vécu en Ligue 1 française, les Panthères qui peuvent également compter sur des éléments d’avenir comme Lévy Madinda (Celta Vigo, Espagne), Lloyd Palun (OGC Nice) et André Biyogho Poko (Girondins de Bordeaux) ont les moyens d’écrire la plus belle page de l’histoire de la sélection nationale gabonaise au niveau continental. Ils pourraient y parvenir, si certaines contingences ne poussaient pas aujourd’hui à la prudence et, même, à l’inquiétude. À moins de trois mois du coup d’envoi de la CAN, nul ne sait dans quel état physique seront les ‘’expatriés’’ sans club (Daniel Cousin, Stéphane Nguema et Willy Aubameyang), contraints d’intégrer les clubs gabonais pour disputer le championnat local, condition imposée par Gernot Rohr, l’entraîneur. On peut également se demander comment procédera le technicien franco-allemand qui a longtemps tardé à trouver une équipetype et à imprimer une identité de jeu, pour dégager une formule gagnante. Lui qui n’a jamais fait l’unanimité auprès du public et des organes de décision du football gabonais, depuis qu’il a pris la succession du Français Alain Giresse en 2010. Pour Rohr comme pour les Panthères, la CAN 2012 représente une formidable opportunité de laisser une trace indélébile. Et ce malgré la présence des cadors (Côte d’Ivoire, Ghana, Sénégal) et des outsiders (Maroc, Tunisie, Mali) à qui sont promis les lauriers d’une compétition que l’Afrique centrale va abriter sans son meilleur représentant, le Cameroun.


Les équipes qualifiées L’Afrique de l’Ouest en force

Avec pour tête de file la Côte d’Ivoire qui sera l’un des favoris de la compétition, l’Afrique de l’Ouest se taille la part du lion pour cette 28e CAN de football, Gabon–Guinée équatoriale. Côte d’Ivoire, Guinée, Sénégal, Mali, Ghana, Niger et Burkina Faso, sept des seize qualifiés viennent de cette région de l’Afrique. Il ne serait pas étonnant que le trophée revienne à la Côte d’Ivoire, au Ghana, voire au Sénégal – trois vainqueurs potentiels pour lesquels les bookmakers se passionnent. Mais un seul sera élu roi d’Afrique. Revue des forces en présence avant le début de la compétition. Eros Bryan

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UINÉE Equatoriale/Libye sera, le 21 janvier 2012, à Bata, le match d’ouverture de la 28 e Coupe d’Afrique des nations (CAN). Pour cette grand-messe du football continental qui se déroulera conjointement au Gabon et en Guinée équatoriale, le tirage au sort effectué le 29 octobre dernier à Malabo par la Confédération africaine de football (Caf) a produit des groupes équilibrés où les deux pays hôtes du tournoi devront cravacher pour franchir le premier tour. Tête de série des poules A et C, la Guinée équatoriale et le Gabon n’auront véritablement pas la tâche aisée. Le Nzalang (la foudre, en langue fang) Nacional qui ouvrira les hostilités contre la Libye, invaincue durant les qualifications, aura ensuite un menu plus corsé avec le Sénégal. Le Sénégal, absent lors de la dernière édition en Angola, présente le profil d’un potentiel lauréat, vu son retour au premier plan et son formi-

dable potentiel offensif. La Zambie, quart de finaliste en 2010, est quant à elle portée par son jeu collectif abouti et dessiné par le Français Hervé Renard qui a repris les commandes des Chipolopolos, après un passage peu fructueux en Angola. Pour leur part, les Panthères du Gabon qui débuteront par le Niger de Moussa Maazou, le néophyte sorti d’un groupe éliminatoire où figuraient l’Égypte, triple tenante du titre, et l’Afrique du Sud, verront le niveau de l’adversité monter d’un cran lors des deux sorties suivantes. Il s’agira tour à tour du Maroc sauce Éric Gerets. Après avoir manqué la dernière levée et laissé une image peu reluisante durant les deux précédentes, les Lions de l’Atlas ont eux aussi retrouvé le haut de l’affiche avec un savant mélange d’expérience de qualité incarnée par Houcine Kharja, Youssouf Hadji, Marouane Chamakh ou Mbark Boussoufa, associée à une talentueuse nouvelle

vague symbolisée par Adel Taarabt, Younes Belhanda, Mehdi Benatia ou Mehdi Carcela. Et de la Tunisie dirigée par l’ancien défenseur international Sami Trabelsi et dont l’ossature à coloration locale a fait ses preuves lors du dernier Championnat d’Afrique des nations (la CAN réservée aux joueurs évoluant dans les championnats africains) au Soudan remporté par les Aigles de Carthage en 2011. L’apport des “expatriés” Karim Haggui, Amin Chermiti, Fahid Benkalfallah, Sami Allagui, Aymen Abdennour ou Chaouki Ben Saada, ajoute à la sélection tunisienne une valeur qui fera d’elle un outsider crédible pour la victoire finale. Un objectif que viseront la Côte d’Ivoire et le Ghana, les deux principaux favoris de la CAN 2012. Avec pour adversaires dans le groupe B, l’Angola, le Burkina-Faso et le Soudan, la voie est dégagée pour les Eléphants et leur capitaine Didier Drogba. Il s’agira ensuite au deuxième tour de bien négocier les trois dernières étapes conduisant vers une couronne continentale qui viendrait enfin couronner une génération exceptionnelle qui n’a jusque-là rien gagné et aider à la réconciliation d’un pays qui panse encore les plaies nées de la crise postélectorale. Quarts de finalistes de la dernière coupe du monde et avec ses champions du monde juniors 2009 (André Ayew, Kwadwo Asamoah, Jonathan Mensah, Dominic Adiyah) encore plus forts, les Black Stars entendront également valider l’expérience acquise au plus niveau. Battus sur le fil par l’Égypte en finale de l’édition écoulée, les Ghanéens et leur artificier Asamoah Gyan, membres d’une poule D à l’accent ouest-africain avec la Guinée et le Mali, en plus du novice Botswana (premier pays à avoir gagné son ticket qualificatif sur le terrain), viseront un cinquième titre de champion d’Afrique.

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Composition des groupes ▶▶ Guinée équatoriale •  Poule A (Bata) : Guinée équatoriale, Zambie, Sénégal, Libye •  Poule B (Malabo) : Côte d’Ivoire, Angola, Burkina Faso, Soudan ▶▶ Gabon •  Poule C (Libreville) : Gabon, Tunisie, Maroc, Niger •  Poule D (Franceville) : Ghana, Guinée, Mali, Botswana.


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Mon point de vue sur... osez pour la saint valentin design astuces beautĂŠ Tribune libre courrier des lecteurs abonnement


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François Klein

Sandra Séverine

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MON POINT DE VUe SUR...

la PRÉSIDENTIELLE 2012 NOUS Y ARRIVONS BIENTÔT... LE MANDAT DU PRÉSIDENT NICOLAS SARKOZY VA ÊTRE REMIS EN JEU EN 2012. L’ÉLECTION PRÉSIDENTIELLE SE RAPPROCHE À GRANDS PAS. À VOS URNES ! LA RÉDACTION

Laure Gambinu

Jean-Luc Mélanchon, candidat du Front de gauche

François Klein, 25 ans Après 10 ans d’une politique de droite dévastatrice pour l’emploi, l’économie et l’environnement, il est temps pour le peuple français de reprendre les choses en main. Refondation de la République, planification écologique et partage des richesses, contre l’insécurité sociale. Voici les principaux objectifs du Front de Gauche que porte Jean-Luc Mélenchon à la présidentielle de 2012. Un autre monde est possible et il est de notre devoir de le concrétiser face à la violence et au dictat des marchés financiers. Mon vote pour le Front de Gauche ce sera donc l’Humain d’abord !

Éva Joly, candidate Europe Écologie Les Verts

Sandra Séverine, 35 ans Éva Joly, est la seule candidate et l’une des rares personnalités politiques à ne présenter aucune contradiction visible. Je lui donne mon soutien et invite tous les écologiste à être solidaires car c’est le seul moyen de pouvoir gagner! L’avenir énergétique de la France est


Hervé Frantz

crucial. Il faut sortir du nucléaire et la transition ne pourra se faire qu’avec elle. C’est pour cette raison, que je ne voterai pas pour François Hollande, car ils sont en désaccord profond sur la question du nucléaire.

Marine Le Pen, candidate du Front National

Laure Gambinu, 33 ans Depuis le coup de tonnerre de 2002 qui avait vu le Front National présent au second tour contre Jacques Chirac, le FN a ensuite vécu une période de repli et c’est bien déplorable. Nicolas Sarkozy a volé les thèmes au Front National. Et d’ailleurs, cela fait 40 ans que la France est gouvernée par la Gauche et la Droite et voyez vers où cela nous a mené ! Sans hésitation, je voterai Marine Le Pen.

Nicolas Sarkozy, candidat UMP

Hervé Frantz, 56 ans Nicolas Sarkozy n’est pas encore officiellement candidat et pourtant, il devrait être candidat à sa succession. Et même si l’usure du pouvoir a écorné sa côte de popularité, il reste celui que je choisis pour que la France

Prince Diallo

reste cette grande et belle nation. On ne peut pas lui reprocher toutes les crises traversées pendant son mandat. François Hollande pourrait-il faire mieux dans la crise économique que traverse actuellement l’Europe ? Aurait-il su faire preuve de fermeté dans la résolution de la crise libyenne ? Et, n’oublions pas qu’il est celui qui a donné du sens au terme diversité au sein de notre gouvernement. Rama Yade, Fadela Amara, Rachida Dati, c’est lui !

François Hollande, candidat socialiste

Prince Diallo, 30 ans François Hollande souhaite que la jeunesse soit sa priorité. Il renoue avec le rêve français qui veut que chaque génération vive mieux que la précédente. Il incarnera le changement ! Finit l’air du bling-bling, des premières dames mannequins et des fours à pizza dans l’avion présidentielle. On retourne aux vraies valeurs républicaines. Et c’est pour cela que je voterai pour les socialistes.

François Bayrou, candidat du Mouvement Démocrate (MODEM)

Eliane Sansou

Eliane Sansou, 38 ans Vérité, loyauté, justice, respect du pluralisme. Voilà les valeurs même de la démocratie, celles qui permettent que se construisent la conscience et la responsabilité des citoyens. Il est de plus en plus urgent de défendre les idées avancées par monsieur Bayrou, c’est notre ultime espoir de voir la France se redresser.

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Préserver sa peau en l’hydratant

S’hydrater de l’intérieur à l’extérieur en buvant une bouteille d’eau d’1,5 L par jour.

Une douche efficace

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Utiliser une bonne crème

Utiliser les crèmes hydratantes pour créer une barrière contre la sécheresse.

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Choisir des produits doux

Eviter les savons et les démaquillants sévères : certains démaquillants qui semblent doux peuvent contenir des produits chimiques qui enlèvent l’humidité de la peau. Les démaquillants qui contiennent des agents de conservation et les parfums sont plus sévères. Il faut choisir ceux qui contiennent de la glycérine, qui humidifie la peau.

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LE LYNCHAGE DE KADHAFI Que penser du calvaire infligé au colonel Kadhafi et à son fils Moatassem suivi de leur mise à mort ? C’est peu de dire que les derniers événements de Libye ne sont pas de nature à grandir un CNT auquel on fit porter peut-être prématurément l’onction sacrée des démocraties afin qu’il en représentât les valeurs nourricières. FAK

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PRÈS de longs mois de révolte assistée par l’OTAN, la capture tant attendue du tyran libyen était l’occasion pour les insurgés d’afficher tout à la fois leur vérité propre, leur différence et la noblesse de leur cause. Solder le règne du guide par un procès même partial pouvait asseoir de puissantes fondations pour la Libye nouvelle et ouvrir la voie à une réconciliation vraie. Même si elles ne furent l’œuvre que d’une poignée, les images affligeantes diffusées partout et le fait qu’elles aient été offertes au monde avec tant d’exultation laissent planer un doute lancinant sur la capacité du pays à sortir de la logique de violence. La mémoire des innombrables victimes du despote criait qu’on lui rendît justice et non qu’on l’insultât en la mêlant à une ignominie au moins équivalente à celle où s’était abîmé le régime. À ces milliers de voix innocentes qui se sont tues l’on a jeté au visage un épouvantable snuff-movie au scénario improbable et qui s’achève dans la confusion d’un brouhaha blasphématoire. Le colonel Kadhafi ne méritait peut-être pas de vivre, mais il méritait encore moins d’être imité. Et son plus grand crime contre le peuple libyen pourrait bien être d’avoir engendré en son sein d’autres lui-même.


courrier des lecteurs CHAQUE TRIMESTRE, VOUS ÊTES NOMBREUX À NOUS DONNER VOTRE AVIS SUR L’ACTUALITÉ. CE MOIS-CI, LES RÉACTIONS SONT VIVES. MANAGERS+ A CHOISI DE PUBLIER VOS TÉMOIGNAGES. la rédaction

Maria, 34 ans, cadre

Je voudrais réagir sur la violence qu’ont subie vos confrères de Charlie Hebdo. Depuis l’affaire des caricatures, ils sont dans le collimateur de certains fanatiques islamistes. Je ne comprends pas cette haine. D’après moi, le numéro “Charia Hebdo”, où Mahomet est représenté, est beaucoup plus léger que les caricatures de l’époque. Vos homologues ont juste voulu réagir à la victoire du parti islamiste Ennahdha en Tunisie. C’est vrai, à quoi bon faire une révolution pour se retrouver avec des islamistes au parti ? C’est le jeu de la démocratie mais le problème c’est que la démocratie n’est pas un jeu mais un devoir. Je suis outrée. Vive la liberté de la presse ! Vive Managers+ et la liberté de penser.

Cyr Nguempio, 57 ans, ingénieur en télécommunications

La prolifération des images de Kadhafi participe à la destruction d’un mythe qui a duré plus LA RÉDACTION de quarante ans. Quatre décennies Là, n’est pas notre rôle. de frustrations, de rancœurs, de Notre mission consiste à vous haines accumulées trouvent un apporter une information exutoire dans ces images humijuste, claire et fiable. Nul ne liantes et dégradantes d’un cadavre devrait se réjouir de la mort mutilé et malmené. Pourquoi d’un homme tout dictateur Managers+ a choisi de ne pas monqu’il fut. trer ces images ?

Alain, 38 ans, infirmier

Malika, 41 ans, professeur en sémiologie

Je lis attentivement votre publication trimestrielle. J’apprécie l’éthique, la ligne éditoriale, votre sens de la déontologie. Bravo à l’équipe rédactionnelle. Enfin, un magazine qui n’est pas dirigé par des amoureux de l’argent mais par des amoureux de l’Afrique.

Managers+, vous semblez suivre de près l’actualité camerounaise. Le septennat qui s’ouvre et qui s’achèvera en 2018 s’apparente à un éternel recommencement. Paul Biya ira-t-il jusqu’au bout de son mandat ? En tant que camerounais, je me questionne. Pourriez-vous me répondre ? Que se passerait-il si l’homme qui dirige depuis trois décennies venait à disparaître ? Il ne faut pas oublier que le monsieur est âgé !!!

QUI EST QUI ?

1/ a. Corneille

2/ a. François Copé

3/ a. Olivier Besancenot

b. Tonton David

b. François Bayrou

b. Olivier Stirn

c. David Guetta

c. Dominique de Villepin

c. Olivier De Kersauson

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