Délit d'Initié n°4

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16 avril 2008

Numéro 4

Le Délit d’initié Edito

B

Le délit d’initié est puni par la loi

ien que les marchés financiers se soient un peu repris durant ces dernières semaines, cela ne veut pas dire que les incertitudes concernant leur évolution sont pour autant levées. Certes, le CAC 40 a regagné 400 points après avoir flirté avec les 4400 points, mais les menaces sont toujours bien présentes. Le plus préoccupant semble être la possible contagion à l’économie réelle. Certaines banques d’affaires ont annoncé que l’économie américaine était déjà entrée en récession, le gouvernement français a quant à lui dû revenir sur les prévisions de croissance. La crise qui n’était jusqu’alors qu’une crise financière pourrait bien être en train d’affecter plus durablement que prévu l’ensemble de l’économie, ce qui pourrait avoir des répercussions, cette fois-ci, sur les résultats de l’ensemble des entreprises, comme la réapparition des profit warnings semble le confirmer.

Quel avenir pour le dollar ? Le dollar connaît, à l’instar de l’économie américaine, une période des plus difficiles. La baisse du cours de la monnaie mondiale n’est pas un fait inédit puisqu’elle date déjà de fin 2001. Le dollar avait amorcé une chute mais celle-ci était lente, limitée et restait somme toute maîtrisée puisque la parité se maintenait autour de 1 à 1.3 dollar pour 1 euro entre début 2002 et 2006. La nouveauté de cette décrue tient à sa brutalité et aux difficultés rencontrées par l’économie américaine. En effet, en l’espace de deux ans seulement, le dollar aura concédé plus de 0.2$ dans sa parité avec l’euro pour se stabiliser au dessus des 1.50 $ pour 1 euro depuis ce début mars et les perspectives de croissance américaine ne laissent présager rien de bon quant à l’avenir du billet vert. Comprendre cette fragilité du dollar oblige à se tourner vers une des principales causes de son affaiblissement, la crise des subprimes et à comparer les attitudes des Banques centrales, notamment de la FED et la BCE, afin de saisir les difficultés de la banque américaine pour mettre un terme à cette déliquescence de la monnaie US.

La crise des subprimes n’est pas étrangère à la crise du dollar, elle a effectivement eu deux graves conséquences qui ont précipité la chute actuelle. Les analystes financiers s’accordent sur le fait que le gros de la facture des subprimes a été absorbé par l’économie, mais on peut se demander à quel prix et surtout s’interroger sur les acteurs qui se sont affairés à « sauver les meubles ». Les économistes de Goldman Sachs ont estimé que les pertes sur créances immobilières aux Etats-Unis étaient comprises entre 200 et 400 milliards de dollars, l’ampleur de La rédaction la somme montre que les banques n’ont pu faire face à la crise sans une aide de la FED. Cette dernière a massivement injecté des liquidités dans l’économie américaine pour soutenir

Sommaire

Page 2 : Quel avenir pour le dollar ? Page 3 : La bulle immobilière : mythe ou réalité ? Page 3 : Carlos Slim détrône Bill Gates Page 4 : Quand le capitalisme socialise ses gains Page 5 : La micro finance, un investissement intelligent Page 6 : Banque d’investissement : un système de rémunération en cause Page 7 : Les produits dérivés : qu’est-ce que c’est ? Page 8 : Le quizz de l’initié

Rédacteurs

Responsable : Jean-Baptiste BARENTON Equipe : Alex BAGHDASSARIAN, Armand BOISSIER, Laurent BONNARD, Lucile CORNET, Margot CHOUX, Clémence DE LA BACHELERIE, Mathieu RAMADIER Maquette : Julien PESCHARD Contact : Faycal NASSET

Retrouvez le délit d’initié sur www.transac-edhec.com delit@transac-edhec.com Année 2008 - Numéro 4


Pour comprend Quel avenir pour le dollar ?

les banques et le crédit. Un exemple frappant du volontarisme affiché par la FED est son soutien dans le processus de sauvetage de Bear Stearns, en grande difficulté après la crise, par sa compatriote Morgan. Certains ont, à cette occasion, dénoncé l’implication positive de l’institution fédérale, en avançant que ses apports de liquidités et ses soutiens étaient trop importants et destinés en outre à sauver les principaux responsables du désastre. Quoi qu’il en soit, la conséquence directe pour le billet vert fut une première fragilisation, l’injection massive de liquidité se traduisant logiquement par une destruction de sa valeur. La crise a également généré une multiplication des créances douteuses et par suite un durcissement des conditions du crédit. Ainsi, des analystes de Goldman Sachs ont conclu que la restriction de crédit distribué dans l’économie se montait à près de 2.000 milliards de dollars, ce qui laisse planer une crainte de crise du crédit d’autant plus paradoxale après l’injection massive de liquidités consentie par la FED. Cette détérioration de la confiance dans l’économie et le milieu interbancaire corrélée avec une consommation morose a conduit les Etats-Unis au bord de la récession économique, les économistes de l’OCDE se contentant de déclarer avec prudence pour le premier semestre 2008 : « on sera dans une fourchette proche de zéro, on ne sait pas si le chiffre sera positif ou négatif ». Face à ce constat Ben Bernan-

ke se devait de réagir pour éviter de plonger l’économie américaine dans une phase de récession et il a donc décidé d’abaisser le taux directeur de 75 points pour le porter à 2.25% le 19 mars dernier. Cette baisse, en plus de ne pas satisfaire pleinement les espérances du marché, a contribué à creuser l’écart du loyer de l’argent entre les deux bords de l’atlantique. La BCE fidèle à sa politique de lutte contre l’inflation maintient son taux directeur à 4% et renforce donc le poids de l’euro face au dollar.

nétaires assez divergentes. La Chine ou les pays du golfe seraient plutôt favorables à une action de ce type car leur économie est étroitement liée à la bonne santé de la monnaie américaine. En revanche, la BCE ne semble pas témoigner une quelconque volonté de coopération et se contente de «participer» aux efforts collectifs pour alimenter les marchés en liquidités. Paradoxalement, en continuant à lutter contre l’inflation de la sorte, elle contribue à l’alimenter en favorisant une tendance haussière des matières premières, bien que celle-ci semble Quels peuvent être les remèdes pour s’inverser. A défaut de coopération la solution réside dans une relance de la consommation des ménages et de la confiance des investisseurs impulsée, comme après la bulle Internet, par la baisse du taux directeur. Une reprise de l’économie américaine permettrait à la FED de relever le taux directeur après quelques mois et ainsi de consolider le dollar. Reste à savoir si le volontarisme de Ben Bernanke va suffire à redynamiser la machine américaine. L’accueil morose du voir le dollar amorcer une remontée marché suite à la baisse de 75 points vers une parité plus acceptable? peut a priori laisser sceptique mais il Une solution serait une intervention est encore trop tôt pour se prononcer. coordonnée des banques centrales mondiales pour soutenir le dollar. Ce LB soutien passerait par une baisse de leur taux directeur et une émission de liquidités ainsi que le rachat de dollars US et la vente de leur propre devise. Le problème est que les banques centrales témoignent de politiques mo-

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dre l’actualité L

Bulle immobilière : mythe ou réalité ?

es voix de ceux qui s’employaient du subprime, le ralentissement de la jusqu’à maintenant à minimiser croissance, les difficultés d’accès au l’ampleur de la bulle immobilière se crédit et la baisse du pouvoir d’achat font de moins en moins entendre. Un pourraient selon Marc Touati conduire rapport publié par Marc « Marc Touati : il existe une à une baisse Touati a ravivé les inquié- très grande corrélation entre le d’ici à deux tudes. prix des logements anciens et le ans de 10 à 15%. PIB en valeur » Les chiffres sont en effet sans appel. Le nombre des mises en Comment profiter de la baisse des chantier est en chute libre, -31,9% de- prix de l’immobilier ? puis juin dernier. En outre, la demande de logements neufs en France n’a ja- Il existe différents trackers sur l’immais été aussi faible depuis 1996. Le mobilier tels que l’EasyETF FTSE rapport de Marc Touati a fini de le- Epra/Nareit Global (code Isin ver le doute sur l’ampleur de la bulle LU0281118355). Il suffit d’en repérer immobilière. Pour lui, « il existe une qui répliquent l’inverse de l’évolutrès grande corrélation entre le prix tion des cours. En outre, on peut aussi des logements anciens et le PIB en jouer directement à la baisse certaines valeur ». Le PIB constitue ainsi selon foncières immobilières qui pourraient lui une très bonne approximation des pâtir de la crise, bien qu’elles propoprix de l’immobilier. Or l’écart entre sent souvent d’autres services qui leur ces valeurs est d’aujourd’hui de 1 à 4, permettent de diversifier leur revenus. ce qui laisse présager du pire. La crise De plus, contrairement à ce que l’on

peut croire, une baisse des prix de l’immobilier n’est pas forcément une mauvaise nouvelle pour les marchés boursiers qui voient arriver, au fur et à mesure de l’éclatement de la bulle, de nouveaux capitaux. Enfin si cette baisse se confirme, elle pourrait constituer un bon point d’entrée dans un secteur qui reste, malgré tout, prometteur sur le long terme. J-BB

Carlos Slim détrône Bill Gates

Le magazine américain Forbes, qui 40% de la capitalisation de la bourse publie chaque année le palmarès des de Mexico. grandes fortunes, nous apprend que Mais c’est dans les télécoms que ce Bill Gates, pour la première fois de- fils d’immigré libanais a arrondi sa puis douze ans, n’est plus à la tête du fortune, qui s’élève aujourd’hui à 60 classement! Il est détrôné, en 2008 par milliards de dollars. En effet, dans les Carlos Slim Hélú et Warren Buffet, années 1990, fort de ses relations poliqui devient ainsi Ses participations dans de nom- tiques, il a racheté l’homme le plus ri- breuses entreprises mexicaines l’opérateur téléche du monde. représentent entre 5 et 8% du PIB phonique national mexicain et pèsent 40% de la capi- Telmex, à un prix Carlos Slim est un talisation de la bourse de Mexico. jugé alors nettehomme d’affaires ment en dessous mexicain d’origine libanaise, présent du cours du marché, lors de la présidans tous les secteurs de l’économie dence de Carlos Salinas. Et depuis, il mexicaine: des pneumatiques à l’as- profite du boom des téléphones mobisurance, de l’immobilier à l’industrie les au Mexique et en Amérique latine. minière, du tabac à l’hôtellerie... Ses Sa société Telcel (une vraie vache à participations dans de nombreuses en- lait) et sa filiale America Movil, usent treprises mexicaines représentent en- et abusent de leur position dominante, tre 5 et 8% du PIB mexicain et pèsent faisant payer le prix fort aux abon-

Transac EDHEC - page 3 - Délit d’initié

nés. Selon le journal New York Times l’opérateur de téléphonie fixe Telmex détient une part de marché de 90%, alors que l’opérateur de téléphonie mobile Telcel, également contrôlé par Slim, contrôle 80% du marché des téléphones portables.


Pour comprend

A 67 ans, il a transmis à ses fils la gestion quotidienne de ses entreprises et est déterminé à utiliser sa fortune pour faire valoir ses idées comme nombre de ses amis milliardaires. Il a, par exemple, par l’intermédiaire de sa fondation Telmex versé la caution et libéré 18000 détenus mexicains trop pauvres pour se payer une libération conditionnelle. Il a également promis

D

de donner des centaines de milliers aujourd’hui que «le meilleur invesd’ordinateurs aux enfants mexicains. tissement c’est de combattre la pauvreté». Le grand projet de la fondation Face à ceux qui lui reprochent une Telmex s’appelle « l’éducation digifortune indécente dans un pays où vi- tale » et s’active dans le domaine de la vent 50 millions de pauvres, Carlos santé, du sport et de la culture. Slim souffre d’un déficit d’image. Lui qui explique avec détails comment ABa il a construit sa fortune en «achetant pendant les périodes de crise», affirme

Quand le capitalisme socialise ses gains

epuis une vingtaine d’années, le capitalisme international semble prendre le relais de la solidarité. On est aujourd’hui bien loin des exigences de l’ONU qui, dès 1965 recommandait aux pays développés de consacrer 0,7% de leur richesse nationale aux pays sous développés. Seuls les pays scandinaves remplissent ces objectifs. A l’heure où les pays riches s’enrichissent et que 2,8 milliards de personnes vivent avec moins de 2 dollars par jour, des initiatives individuelles viennent combler les carences des Etats. Nous assistons tous avec satisfaction à une des premières formes de palliation du manquement de la mondialisation. En juin 2006, Warren Buffet, l’homme le plus riche de la planète, annonçait donner plus de 37 milliards de dollars à la fondation Bill et Melinda Gates. Ces deux multimilliardaires ont ainsi

décidé de donner plus de 85% de leur fortune pour aider l’humanité. Créée en janvier 2000, la fondation Gates a pour objectif de lutter contre l’analphabétisme et les maladies comme le paludisme ou la tuberculose. Elle part d’un constat simple : la santé et l’éducation sont les deux piliers du développement. Elle est organisée selon trois pôles et agit la plupart du temps en subventionnant d’autres fondations. Son programme de santé,Global Health Program, intervient dans la recherche contre le SIDA et entreprend des campagnes de vaccinations. Son programme pour le développement est consacré au développement de l’agriculture, au micro-crédit en finançant la Grameen Bank de Mohammad Yunus, à l’accès aux technologies de l’information, à la prévention et la sensibilisation concernant les tremblements de terre, l’hygiène et l’utilisation de l’eau. Aux Etats- Unis, elle subventionne l’éducation. Aujourd’hui, son système de financement est simple : son capital est constitué d’actions de Microsoft ou de Berkshire Hathaway (holding de Warren Buffet) très bien rémunéré. Les dividendes versés vont ainsi directement financer les activités de la fondation. La bourse et le capitalisme mondial participe donc indirectement au développement en Afrique ou en Asie. Ainsi, la fondation alloue plusieurs milliards par an à la cause humani-

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taire. Cela fait d’elle l’organisation la plus influente au monde et la plus puissante devant la PNUD (Programme des Nations unies pour le développement) ou l’UNICEF. Fait rarissime ses fondateurs ont aussi pris la décision de dépenser toutes les sommes versées 50 ans après leur mort. Warren Buffet, lui, a émis une limite de 10 ans concernant ses actifs. Ceci dit certaines de leurs activités semblent controversées. Avec l’argent restant, la Fondation a ainsi investi dans des entreprises pétrolières comme Total, Exxon ou Shell qui vont à l’encontre de son objectif. Elle vient ainsi financer des activités à l’origine même des maladies ou des problèmes qu’elle combat. Cette « entreprise » et son mode de financement pourrait donc donner des idées à tous ceux qui s’intéressent aux modes de développements alternatifs. La finance dans tous ses aspects est aujourd’hui une des clefs de voute du développement. On pourrait par exemple tirer parti des profits boursiers pour financer le développement des pays les plus en difficulté, la rentabilité peut faire corps avec la responsabilité. L’indigence n’est pas une fatalité, le monde de la finance a son rôle à jouer. C’est sans doute par ce genre d’activités combinées que financiers et citoyens pourront changer la face du monde….. ABo


dre l’actualité «I

La micro finance : un investissement intelligent

l ne suffit pas de dire aux gens bonne chance : il faut la leur donner » s’exprimait Daniel Boulanger un des plus grands écrivains du 20 ème siècle dans La Dame au coeur. C’est ce que préconise Mohammad Yunus par le biais de sa banque et de sa pratique du microcrédit. Loin des arcanes de l’économie et de la finance, ce petit homme d’1m65 a bâti la plus grande banque de microcrédit au monde : la Grameen Bank. En 2003, Sylvain Darnil et Mathieu Le Roux, jeunes diplômés de grandes écoles l’ont rencontré. Le fruit de leur rencontre a été publié dans l’ouvrage assez célèbre : 80 hommes pour changer le monde. Son histoire est des plus surprenantes. Après un doctorat aux Etats-Unis sur le thème « l’économie et le développement », il revient dans son pays d’origine : le Bangladesh. En tant que responsable du Département d’Economie à l’Université de Chittagong, il voit tous les jours en allant travailler la misère et la famine gangréner son pays. Convaincu qu’il n’y a pas de fatalité à cette misère chronique il décide donc de s’intéresser aux problèmes qui minent ses co-citoyens. Il se rend dans le village de Jobra, juste à côté de son Université et commence à discuter avec ses habitants. Il prend alors conscience que les femmes refoulées du parti de l’argent car non solvables, sont obligées de s’adresser à des usuriers. Elles en payent le prix fort puisqu’elles empruntent à des taux prohibitifs. « L’objectif était de les faire entrer dans un cycle économique et d’amorcer un changement de mentalité ». Le banquier des pauvres décide alors de prêter 850 Thakas (24 euros) à 42 femmes parmi les plus pauvres de Jobra. Conscient

aussi du risque qu’il court, il organise ces prêts grâce à une organisation en groupe solidaire de 5, chacune des débitrices étant responsables des engagements du groupe vis-à-vis de la Grameen. Aujourd’hui, sa banque compte 2100 agences à travers 45 pays et fournit de l’argent en petit quantité à moindre frais pour les populations défavorisées. En 2006, il a d’ailleurs eu l’honneur de recevoir le prix Nobel de la paix pour avoir contribuer à l’éradication de la misère dans le monde. Depuis, la micro-finance et la finance responsable ont fait de nombreux émules. Jacques Attali avec PlaNet Finance ou Maria Nowak avec l’ADIE (L’association pour le droit à l’initiative économique). Plus que les aides publiques au développement, ces initiatives de microcrédit semblent aujourd’hui être un très bon moyen de lutter contre la pauvreté et d’offrir une rentabilité convenable à ces investisseurs. La société générale et Axa Bank Belgium se sont ainsi associées avec PlaNet Finance pour financer petites et moyennes entreprises en difficulté. Plus récemment en France, de grands Transac EDHEC - page 5 - Délit d’initié

groupes se sont intéressés à ce genre de projets financiers responsables. La financière de l’échiquier établie dans la gestion privée alloue par exemple une partie de ses bénéfices à des entreprises sociales. Frank Riboud, PDG de Danone, titrait dans le Monde du 14 avril 2008 que « la financiarisation est trop forte» et qu’il en combattrait ses excès . Face à l’impossibilité de vendre des produits à des gens qui vivent avec moins de 2 dollars par jour, il a décidé de créer Danone Communities. Ce fonds sera à la fois financé par les actionnaires et les consommateurs. Dotée initialement de 20 millions d’euros, l’initiative sera aussi financée par une SICAV gérée par le Crédit agricole. « Derrière ce fonds, il y a une démarche intellectuelle, il y a le projet social et économique de Danone. C’est ainsi que m’a éduqué mon père. On ne motive pas les salariés seulement sur l’évolution des marges et la croissance du chiffre d’affaire ». Le projet est donc rentable, il vient attirer les projecteurs sur la démarche de Danone en plus de donner une bonne image de l’entreprise dans des pays dont la consommation dépassera plus tard toutes les espérances. La micro-finance n’est donc plus l’apanage des Etats ou des institutions internationales. Elle s’inscrit dans une stratégie sociale et de développement de grands groupes


Pour comprendre l’actualité

conscients que plus vite la pauvreté sera éradiquée plus vite ils pourront « profiter » de ce potentiel que représente le développement. Le microcrédit à grande échelle apparait comme un projet humanitaire mais il pourrait être la source d’un profit considérable. Etudiant aujourd’hui vous pourriez sortir demain grands vainqueurs de la mondialisation. Et souvenez vous : « le meilleur moyen de trouver les

plus belles opportunités d’investissement c’est encore de découvrir le monde kilomètre par kilomètre » disait Jim Rogers auteur de l’investisseur aventurier, co-fondateur avec Georges Soros du Quantum Fund. ABo

Banque d’investissement : un système de rémunération en cause

Dans une interview donnée au journal Independent, Joseph Stiglitz a qualifié le système de primes aux banquiers de “déraisonnable” et souligné la responsabilité de celui-ci dans la crise financière actuelle. Les bonus versés au titre de l’année 2007 à la City avoisineraient 7,7 milliards d’euros et ce en dépit des dépréciations d’actifs bancaires estimées à 77 milliards d’euros. En France, à titre d’exemple, les bonus délivrés sur les marchés “dérivés actions” sont en moyenne en hausse de 17%, bien que cette hausse s’explique surtout en raison des bonnes performances antérieures à la crise du subprime. Même la Société Générale a respecté ses engagements malgré ses récents déboires. Comment dans ce contexte ne pas se poser de questions sur la pertinence, l’efficacité et a fortiori la justice de ce système sans équivalent?

sanction il y a, se traduit par une perte d’emploi. Cela est toutefois assez rare, les banques hésitant à offrir le gros lot aux concurrentes. Le cas Kerviel peut être cité comme illustration. Si le trader, à la rémunération relativement modeste par rapport à celles des grands pontes de la salle des marchés, affirmait rechercher la reconnaissance de ses pairs, il apparait évident que c’était en partie en vue d’avoir un bonus substantiel. Dès lors la tentation peut être grande de passer outre les restrictions en contournant les contrôles pour prendre plus de risques.

Ce système, qui doit permettre aux banques d’attirer et conserver les cerveaux, très courtisés par la concurrence du fait du phénomène de rareté qui joue encore, mais est toutefois pervers, si l’on en croit ses détraqueurs puisqu’il renforce la vulnérabilité du système bancaire, déjà Selon le prix Nobel d’économie, très exposé aux risques, appelle donc le partage démesuré des profits – à une réforme, afin de mieux aligner jusqu’à 50% à Wall Street – et l’ab- les rémunérations sur les intérêts de sence de responsabilité financière en l’employeur. La solution ne passe cas de pertes – les malus n’existent sans doute pas en tout cas par un plapas - conduisent indéniablement à fonnement des bonus: faut-il perdre une prise de risques excessive dans ses forces vives dans un contexte de des produits sophistiqués afin de dy- concurrence accrue? En effet, la salle namiser le portefeuille et les rémuné- des marchés ferait-elle autant recette rations à la clé. La sanction, quand si les rémunérations n’atteignaient Transac EDHEC - page 6 - Délit d’initié

pas des sommets? Franchement qui rêverait de travailler dans un milieu sinon malsain du moins ultra contraignant, pour l’amour de l’art? D’autres propositions sont donc à l’étude: partage des pertes comme des bénéfices, engagement d’une partie du patrimoine du professionnel, blocage des primes sur plusieurs années afin de lisser les variations brutales, lien entre la rémunération et la nature des risques pris, part plus importante donnée aux stocks options, qui permettent une fidélisation des salariés et une conciliation des intérêts professionnels/actionnaires...Toutefois, toutes ses idées brillantes resteront voeux pieux s’il n’y a pas une volonté unanime des banques de faire évoluer les choses et une convergence des pratiques dans ce sens. La crise actuelle sera-t-elle le catalyseur de cette révolution? CdlB


Gestion de portefeuille Les produits dérivés : qu’est ce que c’est ?

Ils font la fierté des banques françai- l’activité des marchés financiers. ses, ce sont des instruments financiers incontournables dans les salles de mar- Pourquoi les avoir créés ? chés mais que sont-ils réellement ? Il s’agissait au départ (1980) de permettre aux investisseurs de se couvrir contre les risques financiers du type changement de taux, risque de change, de contrepartie.

Aujourd’hui la créativité des financiers est telle que les possibilités de sous jacents sont infinies (matchs de Quand ont-ils été utilisés pour la football…) : les produits dérivés peupremière fois ? vent donc servir à réaliser une transaction impossible puisque l’actif n’existe L’histoire se plait à raconter que le qu’en théorie (il se matérialisera plus célèbre Thalès dans l’antiquité avait tard). anticipé un soir d’hiver que la récolte d’olives de l’automne suivant serait Comment s’y retrouver ? bien supérieure à la norme. Thalès prit Nous pouvons d’ores et déjà distinle peu d’argent qu’il possédait et alla guer deux types de produits dérivés : chez tous les propriétaires d’oliviers les fermes et les optionnels. du pays en leur proposant de pouvoir Les produits « fermes » : il s’agit de exploiter en premier la récolte d’olives en automne, moyennant le dépôt auprès d’eux d’une certaine somme d’argent. Comme le prix proposé, compte tenu des perspectives futures de récoltes, était très intéressant, personne n’hésita à accorder ce droit à Thalès. L’automne arriva et la récolte fut immense; Thalès put exercer son droit, gagnant ainsi beaucoup d’argent. Voila comment la fixer de façon définitive la date, le prix première option est née. et la quantité d’un produit aujourd’hui pour une livraison future du sous Mais alors aujourd’hui qu’est ce jacent (la livraison effective est rare). que c’est qu’un produit dérivé ? Une fois engagé, plus moyen de faire marche arrière. Il s’agit bien sûr d’un instrument financier qui prend la forme d’un Ainsi donc la vente à découvert est poscontrat fixant des flux financiers fu- sible, mais la spéculation l’est d’autant tures variant en fonction d’un produit plus. Ces marchés à la base de gré à appelé sous-jacent et qui permet de gré (un vendeur, un acheteur) sont deparier sur l’évolution de cet actif. Ils venus organisés et se font appeler les représentent aujourd’hui l’essentiel de futures. Maintenant une chambre de Transac EDHEC - page 7 - Délit d’initié

compensation du marché à terme se substitue à tous les intervenants : elle est l’acheteur de tous les vendeurs et le vendeur de tous les acheteurs. Dès qu’une transaction bilatérale est enregistrée à la chambre de compensation, ceux qui l’ont effectuée ne connaissent plus chacun que la chambre de compensation elle-même comme contrepartie. Cela permet d’éviter les défaillances possibles lors de la livraison, ce qui pourrait créer une chaine de défaillance catastrophique. Il existe également des swaps comme les swaps de taux d’intérêt, qui permettent par exemple d’échanger des intérêts à taux fixe contre des intérêts à taux variable (ex: euribor 3 mois) calculés à partir d’un montant appelé notionnel (qui lui ne fait pas l’objet d’une transaction). Les produits « optionnels » : au moment de la livraison du sous jacent la contrepartie a le droit de se rétracter à la différence des futures (droit contre obligation). Il s’agit donc des options et des warrants (options émises par des banques, et que l’on ne peut pas vendre à découvert). Pourquoi connaissent-ils un tel succès ? Ils permettent théoriquement de gagner à l’infini (achat d’un call); la perte peut toutefois être, elle aussi, illimitée dans le cas d’une vente d’un call (pour un gain limité: prime). Ils permettent également de sécuriser des investissements extrêmement risqués. Il s’agit donc d’un jeu a double tranchant : Jérome Kerviel pourra sans doute vous l’expliquer… MR


Le club en ligne de mire

· Abn Amro Quanto Open end (1170N) · Or Quanto Open end (1156N) · Abn Amro Prestige Open end · Merrill Lynch Replix Pays du Golf (1020N) · Stallergenes · Lyxor Etf inf link (MTI) · Dws Investment Russia

Notre objectif est triple :

tes économiques. Ces sous-jacents étant cotés en $ nous sélectionnons Profiter du dynamisme économique des trackers protégés du risque de de pays émergents comme la Russie change €/$ et de la masse des pétrodollars qui sont réinvestis dans les pays du golf Spéculer ponctuellement sur des acvia des projets colossaux comme ce- tions (Société générale, EDF) en prilui de Palm Island à Dubaï vilégiant toutefois les midcaps (Stallergenes). Bénéficier de l’envolée des matières premières (argent, palladium, platine, PW pétrole) et notamment de l’or qui est une valeur refuge en période de dou-

Le quizz de l’initié

1) Lors d’un processus de fusions-acquisitions, la data room est : a) Le lieu du buffet où se retrouvent les enchérisseurs pour négocier b) la pièce surveillée, à accès restreint, et située hors de l’entreprise, qui contient des milliers de dossiers sur la situation financière de l’entreprise c) la pièce unique où sont données toutes les conférences de presse et où ont lieu tous les contacts medias pendant l’opération

2) L’offre de rachat de JPMorgan sur la banque américaine Bear Stearn dont les actions valaient 170 dollars il y a un an valorise l’action à : a) 30 dollars b) 10 dollars c) 45 dollars 3) Un certificat désigne : a) Le papier qui est signé par les deux parties suite à une fusion-acquisition b) Un papier qui certifie c) Un produit dérivé sur action, indice ou matière première qui permet à un public beaucoup plus large d’investir dans des marchés auparavant difficiles d’accès, et qui permet d’investir dans des paniers de produits financiers.

b) stagflation c) récession

6) Parmi ces films, lequel n’a pas pour sujet la bourse et les marchés financiers ? a) Trader b) Les Initiés c) Wall Street d) The game 7) « Les yeux plus gros que le ventre », cette expression pourrait caractériser la volonté de la société d’investissement Wendel de prendre des parts significatives dans : a) Areva b) Saint Gobain c) Lafarge Réponses : 1b ; 2b (Ce prix correspond au quart de la valeur du siège de Bear Stearns à New York !) ; 3 b et c ; 4a (voir graphique, NB : aujourd’hui le cours du pétrole est a 105$) ; 5c (Aux États-Unis, la récession est définie par une diminution du PIB pendant deux trimestres consécutifs) ; 6d ; 7b.

Le club d’invest à aujourd’hui un portefeuille diversifié composé de 7 lignes :

4) Le prix du brent a atteint son maximum (en dollars constants) a) En 1979 lors du deuxième choc pétrolier b) En ce moment c) En 2004 lors de l’invasion américaine en Irak 5) Aujourd’hui, les Etats-Unis menacent de rentrer en période de : a) Croissance molle Transac EDHEC - page 8 - Délit d’initié


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