Journal de la fac de Droit : PLENITUDE n°0

Journal de la fac de Droit

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RENNES

© LEROYER David

n°0

R O I A T I L D E

C

her lecteur, ceux qui vont te servir te saluent. Enfin, devant toi, notre premier rendu. Rentre ici cher journal, rentre ici en ta fac tant chérie, rentre ici Plénitude.

Alors pourquoi une telle entreprise à l’heure du crépuscule des jours de la presse écrite ? Franz Olivier Giesbert s’arrache ce qu’il reste de sa crinière argentée, Libération va cesser de devenir un journal, Christophe Barbier s’étouffe avec son indémodable écharpe rouge. Tout le monde cherche le responsable de la débâcle : les tabloïds ou la presse en ligne. Mais n’est-ce pas la presse écrite elle-même qui est responsable de son propre limogeage ?

La presse écrite accuse les tabloïds, tout en s’étant depuis trop longtemps inspirée de ces méthodes pour racoler le lecteur et redresser des ventes en chute libre. Elle s’est faite, tout comme la presse people et les blogs d’actualités, spécialiste de l’exagération et des retournements intéressés donnant ainsi ses lettres de noblesse à la formule de l’ancien Premier Ministre, Dominique de Villepin : « la presse commence par lécher, puis elle lâche et enfin elle lynche ».

Les peoples du tabloïd sont devenus les hommes politiques de la presse écrite, les déboires amoureux des uns sont devenus les déboires judiciaires des autres. Adieu les fameux « J’accuse » de Zola en Une de l’Aurore ou « Résistez aux séductions moutonnières de la médiocrité » d’un Jean D’Ormesson apostrophant le Président Mitterrand en Une du Figaro. Adieu les Camus et sa « civilisation mécanique » au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, les Mirabeau et sa lettre du 10 mai 1789 sur la liberté de la presse. Tous ces prestigieux articles sacrifiés au nom des buzz, tweets et flashs.

C’est ainsi qu’après avoir été le sauveur d’une gauche archaïque, Dominique Strauss-Kahn s’est transformé en pestiféré. La presse n’hésitant pas à matraquer le lecteur de détail salace et d’image de l’ancien homme providentiel menotté négligeant ainsi ouvertement les lois sur la presse du 29 juillet 1881. Pendant ce temps Anne Sinclair devenait sous la plume acerbe de ces prestigieux organes de la presse écrite une simple poule aux œufs d’or oubliant par la même qu’il s’agit d’une des plus grandes journalistes que ce pays connait.

Alors heureusement pour la presse il arrive que le Ministre du Budget ait réellement de l’argent en Suisse.

Mais que d’exceptions face à des carrières brisées, à des droits bafoués sur l’autel du racolage médiatique. Combien de Georges Tron, passant directement du statut d’accusé à celui de coupable, contraint de démissionner, jeter en pâture dans les médias, perdant sa place de secrétaire d’état, son siège de député avant de finalement obtenir un non-lieu le 10 décembre dernier, un non-lieu qui ne sera rien face aux doutes institués dans l’esprit des électeurs.

La presse écrite a été son propre bourreau en tentant de séduire le plus grand nombre de lecteurs, notre aspiration sincère est seulement de produire un journal de qualité. Nous refusons l’image du juriste enfermé dans son carcan juridique et c’est pourquoi Plénitude mêlera les articles d’actualité juridique et politique à des chroniques culturelles. Notre ambition est de nous placer au niveau du grand Guitry qui de ses pièces de théâtre à ces films divertissait en élevant l’esprit critique. Nous ne tomberons pas dans les travers du voyeurisme, aucune influence ne viendra nous imposer un volume de parution ou une ligne éditoriale désuète. Notre volonté profonde est de ne pas tomber dans la facilité en vous offrant des sujets dont les médias nous engraissent jusqu’à l’indigestion. Pourquoi ne pas parler dans ce premier numéro de la déroute électorale du parti socialiste ? De la mort de cette vieille lune moribonde qu’est devenu le front républicain ? Mais que d’analyses concordantes face à des Unes contagieuses.

Mais qui sommes-nous pour parler avec tant de témérité ? Où se trouve la légitimité de notre action ?

Non, nous ne sommes pas des journalistes, mais nous sommes plus que de simples impertinents, nous sommes de jeunes étudiants, de jeunes étudiants qui ont cessé de quémander ce que leur faculté pouvait faire pour eux mais qui se demandent plutôt en plagiant Kennedy ce qu’ils peuvent faire pour leur faculté. Ce journal est l’expression manifeste de cette volonté.

Ce premier rendu est à la merci de votre appréciation. Un premier rendu nécessitant votre aval, pour la meilleure des continuités, pour atteindre la légitimité.

Un premier rendu disponible uniquement en ligne, avant que les versions papiers n’inondent notre Faculté, dès la rentrée.

Et pourquoi ne pas finir en poussant notre orgueil naissant et notre humilité déclinante en s’inspirant des paroles du Général De Gaulle, nous nous sommes imposés ce devoir sacré de vous divertir, de vous apporter une vision neuve de l’actualité que vous ne trouverez pas dans les journaux vieillissant usés par le bien-pensant, nous n’y faillirons pas.

Pierre Viellard Adrien Simon

REVUE DE PRESSE

REVUE DE PRESSE

L’actualité du mois de mars en bref RENNES : Maurice Agnelet «déterminé à faire reconnaître son innocence» Le 17 mars, s’est ouvert au Parlement de Bretagne, siège de la Cour d’Assises de Rennes, le troisième procès de Maurice Agnelet, 37 ans après la disparition d’Agnès Le Roux, héritière d’un casino niçois.

L’affaire aura défrayé la chronique ces dernières années : Agnès Le Roux, maîtresse de Maurice Agnelet, disparaît à bord de sa voiture en octobre 1977 pour ne plus jamais réapparaître. L’accusé bénéficiera d’un non-lieu en 1985, puis sera acquitté en 2006 après réouverture du dossier. En 2007, il sera condamné à vingt ans de réclusion criminelle. Ce troisième procès fait suite à la condamnation de la France par la Cour européenne des droits de l’homme qui, dans l’arrêt Agnelet c. France du 10 janvier 2013, estime qu’Agnelet n’aurait pas bénéficié d’un procès équitable.

«Ce procès hors norme, qui s’ouvre aujourd’hui, devant une cinquantaine de journalistes, est prévu pour durer quatre semaines» rappelle France 3 Bretagne.

Métro rennais : des logements chauffés grâce à la ligne B Reconnue à l’unanimité pour son utilité et au coeur de nombreux débats sur son mode de financement, la seconde ligne du métro rennais présente une caractéristique peu ébruitée par les médias. Le quotidien Ouest-France rappelle que «dans le quartier de Cleunay, le chantier du métro va permettre de chauffer des logements, en puisant la chaleur du sous-sol, grâce à un procédé de géothermie». Consistant à récupérer la chaleur présente dans le sol pour chauffer des logements, ce procédé est inédit en France.

Le même quotidien explique : «des parois moulées s’enfoncent à 20 m de profondeur. Au préalable, un mince tuyau est fixé sur les armatures métalliques. L’eau qui circulera à l’intérieur servira à transporter la chaleur puisée dans le sous-sol».

Fusion des universités : entre inquiétudes et polémiques «Le mariage n’est pas encore consommé, mais on peut déjà parler de fiançailles» s’amuse OuestFrance. Votée respectivement par l’université de Rennes 2 et de Rennes 1, la fusion des deux universités suscite pourtant de nombreuses interrogations dans le monde universitaire. « Partout où il y a eu une telle fusion, cela s’est traduit systématiquement par des baisses drastiques de dotations, des diminutions d’heures d’enseignement, des suppressions de formations, des gels de postes, des mises au chômage de contractuels » dénoncent FO, CGT, FSU et Unef, dans un communiqué relayé par Ouest-France. Pour les deux présidents des universités, Guy Cathelineau et Jean Émile Gombert , ce projet permettra pourtant « d’étoffer l’offre de formation, le potentiel de recherche, et ainsi renforcer la visibilité de Rennes en France et à l’international».

REVUE DE PRESSE

FRANCE : Gouvernement Hollande : «Remaniez-vous !»

Le lendemain du désavoeu populaire incarné par les résultats des élections municipales du 30 Mars 2014, notre président de la République a fléchi devant l’inévitable, le remaniement ministériel.

Relativement sans surprise, François Hollande nomme Manuel Valls comme nouveau premier ministre.

Notre ancien ministre de l’intérieur s’installe donc à Matignon, succédant ainsi à Jean-Marc Ayrault.

Les espoirs sont tournés vers lui pour la constitution d’une équipe gouvernementale resserrée et ressoudée et d’impulser une nouvelle dynamique, une nouvelle voie à suivre.

REVUE DE PRESSE Ecoutes de Nicolas Sarkozy : avait-on le droit ? Savait-on?

Au cours du mois de mars, le riche vocabulaire de l’ex-président de la République en matière de noms d’oiseaux aura été mis à l’honneur. «Connards de chiens» pour les journalistes, «deux connards» pour Jean-François Copé et François Fillon, ou encore «bâtards» pour les juges de Bordeaux. Révélées par le quotidien indépendant Mediapart, les écoutes dont Nicolas Sarkozy a fait l’objet, auront suivi la riposte immédiate de l’avocat Thierry Herzog, qui porte plainte pour «violation du secret de l’instruction».

Pointée du doigt, l’actuelle Garde des Sceaux Christiane Taubira a assuré avoir eu connaissance de ces écoutes au moment où celles-ci ont été révélées par la presse, soit le 7 mars. «Or cette version a été démentie par le premier ministre, qui a soutenu que la garde des sceaux et lui-même avaient été mis au courant le 26 février, après que la justice a ouvert une information judiciaire» note Le Monde.

Le monde en insolite Allemagne : saisie de préservatifs remplis de cocaïne au Vatican C’est l’hebdomadaire allemand Bild am Sonntag qui relaie la nouvelle : les douanes allemandes ont saisi un colis contenant 14 préservatifs, tous remplis de cocaïne, à destination du Vatican. En tout, 340 grammes de cocaïne auront été recueillies, d’une valeur de 40 000 euros. La drogue proviendrait d’Amérique du Sud, sans que le pays exact soit nommé. À ce jour, Interpol travaille en collaboration avec les autorités allemandes pour retrouver le ou les auteur(s) de cet envoi singulier.

USA : Ivres, les gardes du corps de Barack Obama renvoyés chez eux après une beuverie «Trois agents du Secret Service chargés de protéger le président américain aux Pays-Bas cette semaine ont été renvoyés aux États-Unis» et mis à pied après une nuit de beuverie, a rapporté le Washington Post.

Selon le même journal, «L’un d’eux a été trouvé ivre mort dans le hall d’un hôtel» à Amsterdam, alors que l’actuel président des États-Unis s’était déplacé pour un sommet sur la crise ukrainienne. Interrogé, Ed Donovan, porte-parole du Service Secret confirme l’information en admettant pudiquement que trois agents ont été renvoyés chez eux pour «des raisons disciplinaires».

Makaki, capitale du selfie «Quel est l’endroit de la planète où le plus de selfies sont immortalisés?» c’est la question sur laquelle s’est penché le quotidien californien Los Angeles Times. Analysant 459 villes dans le monde entier selon le nombre de selfies (autoportraits) par habitant affilié au réseau social Instagram, le grand vainqueur est Makaki (Philippines) avec 258 auteurs de selfies recensés pour 100 000 habitants. Vincent Golangco, habitant de Manille publie une tribune dans le quotidien britannique The Guardian pour expliquer ce phénomène : «les Philippines sont un pays au caractère social», justifie t-il, avant de plaisanter à l’issue de son article «...ou alors peut-être que je me trompe et que nous sommes justes trop sexy». Par ailleurs, le Los Angeles Times publie les neufs villes suivantes de ce prestigieux classement. On y trouve en seconde position New York, suivi de Miami, Santa Ana (Californie), Petaing Jaya (Malaisie), Tel Aviv, Manchester, Milan, Cebu City (Philippines) et George Town (état de Penang, Malaisie). La française du classement (Paris) arrive quant à elle en 17e position.

Le Scouarnec Diane

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JURIDIQUE

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AFFAIRE OSCAR PISTORIUS :

QUEL AVENIR POUR LA TELEDIFFUSION DES PROCES ?

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usqu’au mois de février 2013, nous ne connaissions Oscar Pistorius que pour ses résultats sportifs et la réalisation d’un exploit en 2011 lorsqu’il a reçu une médaille pour sa participation aux championnats du monde de Daegu parmi les athlètes valides. Mais cet habitué des podiums va bientôt quitter les rubriques sportives pour faire la une des chroniques judiciaires.

La retransmission du procès.

En 2013, la ville de Prétoria connaît une sanglante soirée de Saint-Valentin. Oscar Pistorius, athlète bien connu des jeux paralympiques, s’est, cette fois, tristement distingué.

Reeva Steenkamp, sa compagne, meurt par balle et l’homme est accusé. A l’approche de l’ouverture du procès de l’athlète qui a commencé le 3 mars 2014, la fébrilité, mais aussi parfois la colère, se fait sentir en Afrique du

Sud. Le monde sportif n’avait plus connu de tel scandale judiciaire depuis 1995 lorsque la star du football américain O.J Simpson a été accusée du meurtre de son ex-épouse avant d’être acquittée.

Si The Blade Runner (le coureur aux lames) avait énormément d’admirateurs du temps de sa carrière sportive, ceux-ci se sont transformés en témoins d’un procès qui marquera à coup sûr le peuple sud-africain.

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qui marquera à coup sûr le peuple sud-africain. Et s’il est évident que nous ne pouvons nous prononcer sur la culpabilité ou l’innocence de celui qui était jusque-là considéré comme un héros national, nous pouvons en revanche discuter l’approbation de la justice quant à la diffusion du procès.

Cette décision retentissante a été rendue mardi 25 février 2014 par les instances sud-africaines et a elle-même fait l’objet d’une diffusion à la télévision.

Une autorisation sous conditions.

Bien que le juge ait donné son autorisation pour la retransmission du procès, celleci n’a pas été accordée sans conditions. En effet, elle se fera en direct, sans possibilité de rediffusion et ne pourra être, en ce qui concerne la télévision, que partielle.

Le juge a clairement souhaité protéger les témoins, leur identité et leurs propos, respectant leur volonté de ne pas être scrutés par des milliers de personnes à travers un écran de télévision. Les plans serrés sur eux seront interdits et leurs témoignages ne seront pas diffusés afin de ne pas leur imposer de traumatisme plus important que celui qu’ils ont déjà subi. Le juge a également souhaité assurer une protection minimale à l’accusé en refusant que sa déposition soit retransmise.

Des précautions suffisantes ?

Malgré ces attentions, des interrogations légitimes subsistent concernant la suffisance de ces précautions.

Il est acquis déjà que le procès sera transmis intégralement à la radio. Quel intérêt alors de distinguer entre ces propos et ceux transmis à la télévision ? Nul doute que les débats diffusés à la radio seront repris par les journalistes du monde entier, leur assurant un relai tout aussi important que s’ils étaient transmis sur une chaîne nationale.

Mais en dehors de ces conditions, comment justifier l’accord même de la diffusion du procès de Pistorius ? Le juge Dunstan Mlambo a fondé sa décision en déclarant : « Le système judiciaire est perçu comme traitant les gens riches et célèbres avec un gant de velours et les gens pauvres et vulnérables avec dureté » avant d’ajouter : « Permettre à une grande partie de la société sud-africaine de suivre directement le procès d’une soi-disant célébrité contribuera beaucoup à faire disparaître cette perception négative et sans fondement ». Alors, bien que le caractère public de la justice et de ses décisions ne soit pas à remettre en cause, ne peut-on pas invoquer ici l’égalité de traitement ? En effet, n’est-il pas à craindre que le fait d’exposer une personne à la population de son pays seulement du fait de sa célébrité ne vienne rompre l’égalité des citoyens que le juge cherche justement à défendre ? L’athlète, poursuivi ici en tant qu’individu et non en tant que sportif, devrait probablement être traité comme n’importe quel justiciable et non utilisé comme une preuve du bon fonctionnement de la justice. Enfin, le juge semble sortir de ses prérogatives dans la mesure où il n’est pas de son office d’organiser l’unification sociale et culturelle de son pays.

JURIDIQUE

Mais en dehors de ces conditions, comment justifier l’accord même de la diffusion du procès de Pistorius ? Le juge Dunstan Mlambo a fondé sa décision en déclarant : « Le système judiciaire est perçu comme traitant les gens riches et célèbres avec un gant de velours et les gens pauvres et vulnérables avec dureté » avant d’ajouter : « Permettre à une grande partie de la société sud-africaine de suivre directement le procès d’une soi-disant célébrité contribuera beaucoup à faire disparaître cette perception négative et sans fondement ». Alors, bien que le caractère public de la justice et de ses décisions ne soit pas à remettre en cause, ne peut-on pas invoquer ici l’égalité de traitement ? En effet, n’est-il pas à craindre que le fait d’exposer une personne à la population de son pays seulement du fait de sa célébrité ne vienne rompre l’égalité des citoyens que le juge cherche justement à défendre ? L’athlète, poursuivi ici en tant qu’individu et non en tant que sportif, devrait probablement être traité comme n’importe quel justiciable et non utilisé comme une preuve du bon fonctionnement de la justice. Enfin, le juge semble sortir de ses prérogatives dans la mesure où il n’est pas de son office d’organiser l’unification sociale et culturelle de son pays.

D’un point de vue humain, une telle médiatisation vient ajouter un côté dramatique à une affaire déjà tragique et nous pouvons nous inquiéter de ce que la diffusion du procès cause un trouble à l’ordre public tout aussi important que celui causé par la mort de la compagne de l’accusé.

Mais surtout, il faut s’inquiéter de l’impact que peut avoir cette médiatisation sur la juge qui instruira l’affaire. L’opinion publique ne viendrait-elle pas l’influencer, la poussant à trancher dans un sens ou dans un autre ?

Des failles ont d’ailleurs déjà été remarquées, notamment la diffusion du visage d’un témoin qui avait refusé d’apparaître dans les médias. Une interruption du procès et une enquête ont immédiatement été décidées. Cependant, si la juge en charge de l’affaire semble tout à fait encline à protéger les témoins, il apparait que la mise en œuvre de la retransmission est encore loin d’être au point et nécessite quelques améliorations.

Une diffusion envisageable en France ?

En France, la captation des débats judiciaires est interdite depuis la loi du 6 décembre 1954. Cette interdiction a ensuite été fixée dans les dispositions de la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse. Son article 38 ter, alinéa 1, dispose que « Dès l’ouverture de l’audience des juridictions administratives ou judiciaires, l’emploi de tout appareil permettant d’enregistrer, de fixer ou de transmettre la parole ou l’image est interdit. Le président fait procéder à la saisie de tout appareil et du support de la parole ou de l’image utilisés en violation de cette interdiction ».

JURIDIQUE

Si ce principe est strict, le législateur y apporte quelques correctifs puisqu’il a prévu que le président du tribunal a la possibilité d’autoriser les prises de vue avant le début des débats, dans la limite toutefois de l’accord des parties et du ministère public.

Malgré cette interdiction, le rapport de la Commission sur l’enregistrement et la diffusion des débats judiciaires du 22 février 2005 observe que les autorités judiciaires accordent de plus en plus d’autorisations à enregistrer les débats que ce soit pour des reportages, des documentaires, ou des films.

Ceci est possible du fait des dispositions de la loi Badinter du 11 juillet 1985 autorisant l’enregistrement des débats judiciaires dans le cadre de la constitution d’archives historiques de la Justice. Enfin, il est possible d’enregistrer le procès quand il présente un intérêt dans l’acte de juger en lui-même.

En dehors de cas spécifiques, comme l’obligation d’enregistrement des débats en cas d’agression sexuelle d’un mineur, l’idée qui domine est donc celle de l’interdiction de la captation des débats. Si les autorités judiciaires françaises semblent enclines à apporter des exceptions à ce principe afin de prendre en compte les évolutions du monde contemporain, la solution de principe semble avoir encore de beaux jours devant elle. Celle-ci a en effet été réaffirmée par un groupe de travail constitué en septembre 2003 par le ministère de la justice. Il est ressorti de ses conclusions que l’enregistrement des débats ne devrait avoir lieu que dans le but de réaliser des documentaires à visée pédagogique.

Cette volonté française de préserver la dignité et la sérénité des débats se démarque clairement de la philosophie d’autres pays tels que les Etats-Unis où les médias ont

très largement accès aux salles d’audience.

Il semble donc improbable que la diffusion du procès Pistorius trouve un équivalent en France.

BOUCHER Chloé

POLITIQUE

Le clientélisme politique, une convention démocratique

«Jean-Claude Gaudin et Patrick Mennucci»

L’industriel et ancien maire de Corbeil-Essonnes Serges Dassault est actuellement mis en examen, accusé d’avoir procédé à des achats de vote lors de la campagne municipale de 2008. Cette affaire n’est que l’iceberg immergé du clientélisme politique français.

Mars 2013. Le milliardaire Serge Dassault, maire de Corbeil-Essonnes de 1995 à 2009 et sénateur, perd sa protection d’immunité parlementaire. Sur la base d’une présomption d’achat de vote, qui ont pu altérer la sincérité du scrutin des élections municipales de 2008.

Carlos Da Silva, député socialiste de l’Essonne nous livre son ressenti sur l’affaire, estimant que la relation que l’industriel entretient avec les citoyens de

Corbeil-Essonnes « s’apparente à celui d’un ouvrier avec son maître de forge. Il vous loge, vous nourrit et crée une relation de dépendance à sens unique. ».

Sommes-nous en face d’une réalité isolée ou d’un phénomène généralisé ?

Cette pratique, que l’on impute à Dassault, relève de l’arsenal du clientélisme politique. Une attitude d’un politicien ou de son parti d’accroître sa « clientèle politique » par l’octroi d’avantages injustifiés contre la promesse d’un sou-

POLITIQUE

tien, le plus fréquemment électoral.

Mais, cette attitude, véritable arme d’influence politique, est entachée de la souillure de l’amoralité. En ce sens, c’est un instrument à caractère bicéphale. Son utilisation est possible dans sa définition propre, mais également comme un argument de poids dans la dénonciation des pratiques de son adversaire.

Marseille en est l’exemple le plus probant. Revenons aux élections municipales de cette ville.

Jean-Claude Gaudin, maire sortant et candidat aux municipales à la tête de la liste UMP, est l’invité d’honneur de l’émission de Bruce Toussaint, sur I-Télé, en décembre 2013. Profitant de l’occasion de cette médiatisation, il affirme que Patrick Mennucci, le candidat du PS, est « le pur produit du clientélisme socialiste », une belle façon d’assombrir non seulement la légitimité de son adversaire, mais, aussi, d’associer cette pratique à l’idéologie du socialisme, par extension à la gauche et implicitement que la droite française ne se serait pas rendue coupable de telles pratiques.

C’est ainsi que démarre une belle partie de ping-pong. Patrick Mennucci martèle que l’une des priorités de sa campagne, et même la première décision qu’il prendrait « serait de mettre fin au système de clientélisme dans la ville de Marseille ». Son adversaire étant maire depuis 1995, on comprend aisément quel personnage public est accusé d’avoir institué ce système...

Les deux candidats s’assènent mutuellement et allégrement le même argumentaire de décrédibilisation. Il est ici frappant de conclure la dualité presque schizophrène de l’instrument. Une utilisation tout d’abord dans un but de grossir les rangs de ses soutiens, puis une invective destructrice pour affaiblir l’adversaire politique.

«La permanence d’un système clientéliste plus vivace que jamais» C’est en ces termes que Renouveau PS13, un collectif militant pour le renouvellement des pratiques politiques marseillaises, nous livre son inquiétude sur cet instrument qu’est le clientélisme.

Toujours concernant la cité phocéenne le journal Libération titre, le 5 décembre 2013, « A Marseille, le clientélisme reste roi. », c’est décidément un des termes phares de ces élections municipales et, d’une manière générale, de notre actualité française.

Mais, ce système « plus vivace que jamais », ne se limite pas aux localités.

Depuis la sur-médiatisée affaire Cahuzac, le gouvernement n’a pas eu d’autres choix, pour palier au scandale qui l’entachait, de lancer une réforme de transparence et de modernisation de la vie politique. Cette transparence a révélé un secret de polichinelle. Elle a révélé un aberrant saupoudrage de subventions que s’autorisent les représentants de la nation. Sur les 577 députés français, on chiffre environ 11 000 subventions d’un montant de 81,6 millions d’euros de « dons » en tout genre, puisés dans la désormais très controversée réserve parlementaire.

Fait troublant, dans les mieux lotis de cette arrosage de subventions, on peut trouver la Cour des comptes, qui, rappelons-le, est la juridiction financière de l’ordre administratif français, chargée principalement de contrôler la régularité des comptes publics. La juridiction a reçu 250 000 euros. Les députés usent du clientélisme sur le juge de contrôle des finances. Douce ironie.

Notons que le Conseil d’Etat a reçu la même somme. Montesquieu désirait que les juges soient « la bouche de la loi », une bouche bien

POLITIQUE

nourrie par nos parlementaires.

Les législateurs se parent du confortable manteau des barons locaux. Car la transparence nous montre bien plus que la relative corruption de nos juges. Elle nous montre que, principalement ceux exerçant le cumul des mandats (nationaux et local), puisent avec allégresse dans leur réserve parlementaire pour jouer du carnet de chèque. 1000 euros donnés à un club de sport, 2000 à une association de parents d’élèves, 1500 à un comité des fêtes.. Nous sommes en face d’un clientélisme affiché et sans pudeur. Dans le but de préserver ou d’accroître sa légitimité de représentant de la nation par la consolidation des soutiens politiques. C’est en ce sens que nous pouvons parler de barons locaux. Les pratiques clientélaires travestissent la théorie démocratique en un semblant de féodalité.

Le clientélisme, une cause de la démocratie féodale Revenons tout d’abord à l’essence du terme.

Sa définition. Le clientélisme est, nous l’avons vu par les joutes indirectes entre Gaudin et Menucci, utilisé comme un instrument de dénonciation de pratique frauduleuses par les acteurs du paysage politique. Originellement, on le désigne comme la relation qui s’établit entre un patron et un client qui échangent des biens, services ou autres ressources contre un vote ou un soutien politique. C’est un rapport de clientèle normale qui évolue en clientèle politique. Une évolution particulièrement visible sous la IIIe République, où la pratique est devenue une convention.

Mais, cette pratique a lentement instauré une fusion de deux systèmes de fonctionnement territorial, sinon étatique, qui semblaient et semblent toujours s’opposer formellement dans la théorie.

La démocratie et la féodalité. Le premier se ba-

toujours s’opposer formellement dans la théorie.

La démocratie et la féodalité. Le premier se basant sur un système de pouvoir populaire (puis national), l’autre sur l’association d’un pouvoir central avec des seigneurs locaux.

La réserve parlementaire a été évoquée. Les législateurs offrent des subventions aux communes, aux entreprises etc.. dans un but de préservation de leur parti politique (ou leur propre préservation) au sein des localités. Le pouvoir central s’associe donc avec les localités, en désignant des seigneurs, des barons locaux, à la tête des communes, départements, régions.

Puis, ces barons usent eux mêmes de la pratique du clientélisme pour instituer une tradition de renouvellement de mandat. Dans la féodalité du Xe siècle, les seigneurs promettaient la protection contre l’appartenance à une terre. Aujourd’hui, ce sont des promesses d’avantages, de services contre l’appartenance à une couleur politique. L’exemple évident étant les trois villes issues de la loi PLM (Paris-Lyon-Marseille) du 31 décembre 1982, qui créent, tenant lieu des anciennes mairies d’arrondissement, de véritables institutions d’élus locaux au sein de chaque arrondissement, ces arrondissements restant dans une immense majorité des cas de la même couleur politique.

L’influence des baronnies « mandatées », des réseaux de clientèles ont accéléré la conception de fiefs.

Il serait bon de préciser que ce phénomène n’est pas propre à une famille politique. C’est un phénomène général. Une véritable convention. Chacun satisfait son électorat. Comme nous le montrent les subventions que consacre Pascal Cherki, parlementaire du PS et ancien dirigeant de l’Union Nationale des Etudiants de

POLITIQUE

France (UNEF), à cette même association étudiante, d’un montant de 70 000 euros. Tandis que Jean-François Copé accorde 60 000 euros à l’Union Nationale Inter-universitaire (UNI).

Mais, cette évolution est-elle si néfaste ? On peut constater qu’elle permet de limiter le croissant désintérêt citoyen pour les politiques publiques. Pourquoi ne pas repenser l’utilisation de la réserve parlementaire, en permettant un certain financement de l’expression citoyenne ?

La difficulté étant que le clientélisme suppose des « dons » dans la discrétion.

La sociologue Marie-Hélène Bacqué et le responsable associatif Mohammed Mechmache proposent la création d’une autorité administrative indépendante qui gérerait la participation dans les quartiers populaires par la mise en œuvre d’un « fond de donation pour la démocratie d’interpellation citoyenne », un fond financé par « 10 % de la réserve parlementaire. », c’est à dire environ huit millions d’euros.

Une proposition qui permettrait de limiter les pratiques clientélistes. De limiter l’accroissement inquiétant d’une démocratie féodale. De faire revivre l’autonomie citoyenne. De faire renaître l’espoir.

SIMON Adrien

m e e n n e t FAC v é v é

La fusion Rennes-1, Rennes-2 : La fusion de la pluridisciplinarité

Vendredi 14 mars 2014 le conseil d’administration de l’université de Rennes 2 donne un vote favorable à la fusion Rennes 1 Rennes 2. Le 18 mars 2014 c’est au conseil d’administration de récidiver. Ce projet de fusion universitaire vise à rassembler au sein d’une seule université les établissements de Rennes 1 et de Rennes 2 d’ici 2016, pour se faire il ne manque plus qu’un vote des statuts qui après le vote des deux instances est une pure formalité.

Le projet a reçu entre une indifférence de la part des étudiants sauf les étudiants engagés dans la vie étudiante ou une colère surtout de la part des étudiants de Rennes 2 manifestant notamment le lundi 24 février 2014 pour la fin du projet et cela d’une manière très virulente. Ils ont d’ailleurs créé une page Facebook nommée « non à la fusion rennes 1 rennes 2 » demandant l’arrêt du projet selon le crédo « qu’une fusion qui se fait sans la concertation du milieu universitaire, est une fusion contre le milieu universitaire ». L’UNEF également s’insurge contre le projet estimant que les étudiants sont sous représentés. Ils craignent également que la fusion baisse les budgets. On retrouve aussi un site internet intitulé « sauvonsluniversite.com » qui relaye le message des syndicats SNPREESFO parlant d’une politique d’austérité prônant la suppression de postes d’enseignants voire la suppression d’établissements, incitant ainsi l’abandon du projet de fusion.

Une fusion voulue pour la pluridisciplinarité Guy Cathelineau et Jean Emile Combert, présidents de Rennes 1 et Rennes 2 évoquent dans un communiqué conjoint publié sur le site de Rennes 2, que le but de cette fusion est de proposer une formation pluridisciplinaire, cohérente et attractive garantissant ainsi l’insertion professionnelle des étudiants. Ils souhaitent en plus de cela développer une politique de recherche inter et transdisciplinaire innovante, visible et attractive, appuyée sur une politique partenariale coordonnée.

Les deux présidents souhaitent également une stratégie internationale en lien avec l’université européenne de Bretagne (UEB) en s’appuyant sur le rattachement commun des deux établissements à l’UEB. On doit rajouter qu’ils souhaitent conduire une politique d’infrastructure coordonnée offrant ainsi un campus accessible et interconnecté à la pointe de l’innovation et enfin mener une politique ambitieuse pour la vie étudiante. Pour se faire les deux universités ont créé des groupes de travail composés d’étudiants, chercheurs, enseignants, personnels administratifs et techniques.

Les deux universités ont du accélérer leur fusion cette année notamment avec la loi ESR promulguée en juillet 2013 qui transforme les pôles de recherche d’enseignement supérieur (PRES) en communauté d’université et d’établissement (CUE). Ces communautés ont été créées dans le but de favoriser la coopération des établissements supérieurs et donc permettre de regrouper sous un CUE des établissements supérieurs et cela dans une région.

Ces communautés seront opérationnelles au plus tard en juillet 2015. Ces nouveaux établissements auront pour mission la coordination de l’offre de formation et la stratégie de recherche et de transfert de ses membres, parmi lesquels figureront obligatoirement tous les établissements relevant du ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche.

D’autre part la relance au niveau national du programme d’investissement d’avenir (PIA2)

en 2013 incitant les universités de Bretagne et des Pays de la Loire à se prononcer en ce qui concerne leur projet vers un partenariat. Les investissements d’avenir permettront selon le site investissement-avenir.gouvernement.fr « de mettre l’accent sur la recherche publique, l’innovation et l’enseignement supérieur. Ce qui est considéré comme une priorité nationale, essentielle à l’attractivité et au développement de notre pays au cœur de l’Europe.

C’est une réforme majeure qui permettra à la France d’affirmer ses positions dans un environnement économique et scientifique mondial ».

Le projet devra préserver l’identité des deux universités et permettre le développement des relations avec les grandes écoles de la métropole rennaise évitant ainsi une confusion entre les établissements induite par la CUE. La décision mènera vers un établissement unique ce qui demandera une harmonisation, une appropriation du projet et une inventivité de la part des différents travaux mis en place. Parmi les causes ainsi étudiées on remarque que la raison financière n’apparaît pas, notamment les différents problèmes budgétaires rencontrés par l’université Rennes1 mais on ne peut pas nier la place importante du PIA2 qui est une subvention financière importante donnée sous condition de résultats.

Les résultats escomptés de la fusion Les présidents d’université relativisent malgré tout en ce qui concerne la fusion, ils considèrent en effet que ce n’est pas une panacée et cela ne permettra pas de répondre à tous les problèmes notamment les problèmes budgétaires de Rennes1. Le président de l’université de Rennes 2 confie au magazine l’Etudiant dans un article du 27 septembre 2013 : « Nous avons l’expérience des autres fusions et nous savons qu’elles ont aussi pour conséquence des coûts supplémentaires, et non pas des économies.

L’articulation de nos services ne se traduira pas par une diminution de nos personnels, au contraire, nous sommes déjà insuffisamment dotés. L’objectif de la fusion, c’est d’améliorer la formation, la recherche, l’insertion professionnelle et l’international ! » Le but est celui de l’insertion et le rayonnement de l’université rennaise qui après la fusion sera forte de 48000 étudiants faisant d’elle la troisième université de province. Elle attirera ainsi plus d’étudiants étrangers ou de régions voisines qui seront attirées par la différence de choix de formations et par les formations pluridisciplinaires.

Cette fusion permettra également de soutenir les relations de l’université de Rennes avec l’université pluridisciplinaire de Nantes notamment en ce qui concerne les PIA2 mais il ne faudrait pas que les présidents se focalisent uniquement sur cette relation Rennes/ Nantes.

Le président de l’université Bretagne-occidentale considère «Ce serait une erreur historique de raisonner uniquement sur cet axe Rennes/Nantes, ces deux métropoles ne s’en seraient pas sorties dans les premiers appels à projet du Grand emprunt sans les autres sites. N’oublions pas par exemple que le pôle d’excellence autour de la mer se situe à Brest. De même sur les STIC (Sciences et technologies de l’information et de la communication), nous avons toute notre place. Il est important de savoir si Rennes va continuer à jouer la carte régionale.» « Nous avons un rôle de chef de file à jouer au sein de la communauté, estime Guy Cathelineau. L’université unique aura plus de puissance, ce qui est légitime et surtout c’est une bonne chose pour l’ensemble de la Région. Chacun a ses atouts et sa place dans la communauté. » « Il n’est pas question que notre structuration porte un quelconque ombrage à la commu-

nauté bretonne. Nous n’avons aucune attitude impérialiste et chacune a ses domaines d’excellence. Au contraire, la fusion doit profiter à l’ensemble du territoire », rassure Jean-Emile Gombert.

Les deux présidents insistent également sur la préservation de l’identité de chaque université, ils souhaitent en effet, les avantages de la fusion notamment la coopération entre les deux universités qui rappelons le n’ont pas de discipline commune pouvant crée un doublon sauf en ce qui concerne les langues et quelques formations particulières qui mélangent plusieurs matières comme l’AES. Les présidents refusent les inconvénients, ils souhaitent préserver les originalités et éviter la perte d’acquis de chaque établissement, les présidents devront dès lors faire un jeu d’équilibriste.

En ce qui concerne les revendications de l’UNEF et des syndicats ouvriers, elles me semblent inappropriées, en effet la suppression de postes de professeur est impossible vu que ce sont des fonctionnaires et donc protégés par un statut légal. Quand au gel des postes il faut savoir que le recrutement est au niveau national, le gel est alors décidé par le gouvernement. On retrouve également la suppression des enseignements, ces suppressions ont déjà eu lieu comme les lettres antiques qui ont été supprimées l’année dernière, la fusion n’y changera rien, ces filières sont tout simplement inutiles vu que les étudiants les répugnent. Le problème de la représentation étudiante ne pose pas problème étant donné que des groupes de travaux d’étudiant ont été mis en place en plus de la présence des étudiants dans les conseils d’administration on retrouve par exemple 5 membres étudiants sur 30 dans le conseil d’administration de Rennes1.

Cependant on retrouve comme problème le cumul de certaines filières comme l’AES et le droit, mais également les langues qui sont

proposées dans les deux universités, et qui risquent d’être regroupées. On retrouve également le cas des contrats précaires, en effet certains membres du personnel administratif sont recrutés par le biais de contrat d’une durée d’un an, la fusion au niveau des organes centraux risque de mettre fin à certains contrats en refusant la reconduction.

La fusion en elle même semble satisfaire des exigences de formation notamment la pluridisciplinarité et non comme le disent certains satisfaire une politique d’austérité. Mais malgré tout il faudra veiller aux répercutions d’un tel projet qui tend à se généraliser, en effet on a eu les universités de Bordeaux 1, 2 et 4 qui ont fusionné, les répercussions ne se font pas encore ressentir. Les présidents devront alors résister à la fusion des moyens et préférer ce qu’ils disent la fusion des compétences.

Boughdad Majd

L ittĂŠ r a t u r e

LITTÉRATURE

EDGAR ALLAN POE Une oeuvre troublante à l’image du personnage Écrivain, poète, romancier, nouvelliste, ou encore critique littéraire, Edgar Allan Poe est toutefois principalement reconnu pour son travail d’auteur et pour avoir été, avec Jules Vernes, l’un des précurseurs de la littérature science fiction et du fantastique moderne.

Du romantisme, au policier, en passant par l’horreur, Poe aborde tous les genres sans complexe et d’une manière extrêmement personnelle et troublante. Mais si l’œuvre est aussi frappante, c’est sûrement parce qu’elle est à l’image du personnage entier et atypique qu’était Edgar Allan Poe.

LITTÉRATURE

Une histoire peu commune Edgar Poe est né le 19 janvier 1809 à Boston.

Son père, David Poe interrompt ses études à 26 ans pour intégrer une troupe d’acteurs, moins par vocation que pour suivre une jeune actrice, Elisabeth Arnold. Selon son contemporain Berverly Tucker, cette dernière avait « une stature enfantine, de grands yeux mystérieux, des cheveux abondants et bouclés, noir corbeau, la taille haute, les bras minces, la tête fièrement dressée ». Elle épouse David Poe en 1806. Le ménage peine à s’en sortir, et la maladie rattrape la jeune fille qui donnera malgré tout naissance à trois enfants. Si la tuberculose la ronge, c’est pourtant David qui décède le premier, laissant Elizabeth lutter seule pour élever ses 3 enfants.

A sa mort, deux femmes du monde, Mme Allan et Mme Mackensie, décident d’adopter les orphelins qu’elle a laissés derrière elle. C’est ainsi qu’Edgar est confié aux Allan. S’il est adoré de sa mère adoptive, le mari de cette dernière, John, un armateur de renom, n’a de cesse que de vouloir faire confier l’orphelin à d’autres mains.

En 1815, les Allan se rendent à Londres pour affaires et laissent Edgar à la tante de son père adoptif, une sévère et pieuse femme. Il semble que ce soit cette période qui ait donné à l’enfant son goût pour la solitude, le mystère, ainsi que le repli sur soi-même. En effet, la femme ne lui pardonne pas le moindre écart de conduite et l’envoie à Irvine, une école réputée pour ses châtiments corporels et ses offices religieux.

Lorsque l’on sait que la punition la moins sévère consistait à recopier les inscriptions sur les tombes, on comprend mieux l’attrait qu’à eu par la suite Poe pour les lieux sombres et macabres.

Toutefois, en 1816, la tante renvoie Edgar chez ses parents désormais installés à Londres. Il sera envoyé en pension à Stoke Newington, lieu décrit par William Wilson comme « un sombre village décoré de nombreux arbres gigantesques et noueux, et dont les maisons étaient excessivement anciennes ». En 1820, Poe a alors 11 ans

LITTÉRATURE et effectue un énième changement d’école. Il est désormais de retour en Amérique où il intègre l’English classical school. C’est là bas qu’il va forger son amour pour les lettres.

Les années qui suivent, Poe décide de rejoindre la cause de Lafayette et, malgré son jeune âge, il est nommé lieutenant. C’est dans ce rôle d’autorité que le jeune homme développe sa volonté d’indépendance et de domination. S’il a acquis de l’assurance, Poe enchaîne cependant les déceptions amoureuses, accumule les dettes et se brouille avec son père adoptif qui ne veut plus lui donner d’argent. Sa mère adoptive lui vient cependant en aide, et c’est avec l’argent qu’elle lui donne qu’il parvient à faire imprimer ses premiers écrits. Les débuts sont difficiles. En effet, si son premier poème cosmique, Al Aaraaf est un succès, ses autres écrits ne plaisent pas.

Poe se met à boire et adopte un comportement sans logique apparente.

Les choses changent enfin en 1833, lorsqu’il remporte le prix du meilleur conte avec son récit Le Colisée et Le manuscrit trouvé dans une bouteille. Il accède à la notoriété mais se remet rapidement à boire et à négliger son travail.

Tout lui rappelle son enfance malheureuse et ses amours mortes. Mais Poe remonte une nouvelle fois la pente et se lance dans la critique littéraire. C’est à cette époque qu’il épouse sa petite cousine Virginia, seulement âgée de 13 ans.

Poe est estimé par ses articles décrits comme clairs, francs et courageux.

Il est toutefois repris par une irrépressible mélancolie et se remet à boire. Il perd son travail et n’a plus un sou mais entreprend, avec un ami nommé Seddler, d’écrire un manuel scientifique.

Parallèlement, il continue à publier des contes et retrouve un fil conducteur dans cette vie éparpillée. Malheureusement, en 1848, Virginia tombe gravement malade. C’est un nouveau coup dur pour Poe qui écrira « Il y a 6 ans, ma femme, que j’aimais comme aucun homme n’a jamais aimé une femme, se rompit un vaisseau en chantant.

Sa vie fut condamnée. Je lui dis adieu pour toujours et je souffris toute l’agonie de sa mort. ».

Ses œuvres sont alors davantage marquées par une atmosphère morbide, violente. Le poète ne parvient pas à garder le cap. Il continue à boire, s’adonne à l’opium, la morphine, et tente de se suicider à deux reprises en 1849. La même année, il est retrouvé inanimé dans une ruelle. Des passants le transporte alors chez un docteur qui lui apprend qu’il vit ses derniers moments. C’est la fin d’une vie tiraillée entre un talent et une renommée incontestable, et des souvenirs, des addictions impossibles à réprimer.

Lorsque le médecin lui demandera s’il a quelques désirs à exprimer avant de mourir, Poe répondra : « Adieu pour l’éternité. Les voûtes du ciel m’écrasent. ».

Une œuvre à l’image de son vécu, éclectique et complexe Si les œuvres de Poe sont aujourd’hui reconnues et appréciées en France, c’est grâce à l’intervention du poète Baudelaire. En effet, c’est ce dernier qui a entrepris la traduction de son œuvre à travers 3 recueils regroupant les mystérieuses nouvelles de l’écrivain. Les poèmes ont quant à eux été traduits par Stéphane Mallarmé, célèbre poète français du 19e.

Mais comment Poe a-t-il su aviver la curiosité et l’admiration de ces brillantes personnalités ? Si Baudelaire et Mallarmé sont allés chercher outre atlantique cette œuvre, allant jusqu’à la traduire pour qu’elle puisse être lue par tous en France, c’est sûrement du fait du mystère qui plane autour de cette dernière, et de l’extrême perplexité dans laquelle elle nous place. En effet, Poe sait mélanger tous les styles et nous faire passer par toutes les émotions allant du malaise à l’exaltation, en passant par la soif d’apprendre.

Si la palette des sensations qu’il met à notre disposition est large, jamais il ne nous entraîne

LITTÉRATURE dans la tristesse. Il parvient toujours à mettre au cœur de son récit l’essentiel, à savoir l’envie.

En effet, il est vrai que l’œuvre d’Edgar Allan Poe se caractérise par la présence de thèmes sombres tel que le mystère et la mort, mais beaucoup oublient les messages d’espoir, d’optimisme et d’appétit de vie que ce dernier développe au second plan de ces nouvelles. En effet, les histoires extraordinaires ne sont, pour la plupart, rien d’autre qu’une invitation à croquer la vie, à aller de l’avant pour sans cesse découvrir ou bien rêver. Que l’on aime ou que l’on n’aime pas, on ne peut cependant pas rester indifférent et, bien souvent, on se laisse envahir par cette envie communicative d’ouverture au monde et à tous les mystères qu’il contient.

C’est ainsi que son livre « Les Histoires extraordinaires » apparaît comme un recueil où l’essentiel est présent. Sorte de guide, de dictionnaire de la vie où se mélangent récits fantastiques, enquêtes policières, études scientifiques, ou encore analyses, Poe n’a pas froid aux yeux et aborde tous les genres littéraires. C’est sans hésitation qu’il s’appuie sur ses rêves pour construire des théories plausibles. Est-ce tellement fou que l’on a envie d’y croire ? Ou bien y croit-il tellement fort qu’il parvient à nous faire croire à l’impossible ?

Une soif de connaissance mêlée à un imaginaire débordant Dans ses nouvelles extraordinaires, Poe aborde des idées qu’il avait effleurées dans ses poèmes.

Pour cela, il met en place la « théorie de l’effet » qui consiste à concentrer toute l’action et toute l’intensité du récit dans des textes souvent très courts. L’écrivain n’hésite pas à s’aventurer dans tous les domaines et tous les genres.

C’est ainsi qu’il aborde l’étude de la cryptologie, véritable science du secret qui s’attache à protéger les messages. En effet, son récit « Le scarabée d’or » est une véritable chasse au trésor

sous le signe de l’énigme. Mais, outre la clé que le conte nous donne pour déchiffrer les messages secrets du récit, il permet surtout à Poe d’entreprendre un décryptage de la vérité. En effet, le poète ne peut se résoudre à admettre une explication rationnelle, mathématique du commencement du monde. C’est ainsi que le parchemin trouvé dans le récit et la cryptographie qui s’ensuit se trouvent n’être que prétexte à une réflexion bien plus profonde.

Edgar Allan Poe est aussi marqué par les sciences auxquelles il donne une grande place dans ses œuvres. C’est ainsi que dans « La vérité sur le cas de Monsieur Valdemar » et « Révélation magnétique », il aborde une théorie de médecine bien réelle, le magnétisme. Au 19e, cette pratique pseudo-médicale est considérée comme une véritable science, et consiste à recourir aux fluides magnétiques et électriques pour établir une relation entre les êtres vivants et le reste de l’univers. L’un des pionniers de la théorie est le médecin Mesmer. En 1766, il soutient dans sa thèse de médecine que les planètes influencent le corps humain par une force magnétique due à un fluide universel, invisible, et cause des mouvements des corps célestes.

Par cette méthode, il parviendra à guérir une femme souffrant de paralysie et de convulsions à l’aide de tiges de fer aimantées.

De même, dans « Les souvenirs de M. Auguste Bedloe », Poe aborde une autre science mystérieuse, celle de la transmigration de l’âme ou métempsychose par l’utilisation de drogues psychotropes telles que l’opium.

Si Poe attache beaucoup d’importance aux sciences, certains de ses récits n’en restent pas moins purement irrationnels. On peut, par exemple, citer la nouvelle « Ligeia », histoire sombre et mystérieuse dans laquelle le narrateur voit mourir sa femme Ligeia. Il s’adonne alors à l’opium et ne vit plus qu’à travers ses rêves. Peu de temps après, il épouse cependant une autre femme qui tombe mystérieusement malade. La

LITTÉRATURE

femme se plaint de bruits étranges et finit par dépérir.

C’est alors que le narrateur voit le cadavre se ranimer, se dresser et prendre l’apparence de Ligeia. La folie et la terreur qui se dégagent de l’histoire semblent en réalité refléter le trouble dans lequel se trouve l’auteur. En effet, si la nouvelle parait sortir tout droit de l’imagination de Poe, il semblerait qu’elle se nourrisse partiellement du vécu du poète et de son attachement à la femme.

Si Poe n’a pas démérité en matière de passion, d’imagination et d’audace, c’est bien la stabilité qui lui a manqué pour devenir le poète qu’il aurait voulu être. Mais c’est aussi cette incapacité à trouver le cap qu’il devait prendre qui a fait de lui la légende qu’il est aujourd’hui.

La mélancolie qui l’a rongé tout au long de sa vie l’a enveloppé d’un mystère que personne n’a jamais su percer. Son enfance malheureuse, son parcours atypique, ou encore ses addictions ont fait de lui un personnage qui aurait largement eu sa place dans l’un de ses récits.

Il est assurément très difficile d’expliquer le ressenti laissé par la lecture d’une œuvre de Poe mais, à l’image du personnage et à celle de son œuvre, cela ne peut en aucun cas être ordinaire.

VAILLANT Manon (biographie avec l’aide du travail de Jean Rousselot)

LITTÉRATURE

« Reçois ce baiser sur ton front Et, puisque nous nous séparons, Laisse moi t’avouer ceci : Non, tu n’as pas eu tort de croire Que mes jours ont été un rêve.

Si l’espoir s’est évanoui En un jour ou en une nuit, Que ce fut vision ou songe, N’en est-il pas moins en allé ?

Tout ce qu’on est, tout ce qu’on voit Tout n’est qu’un rêve dans un rêve.

Je reste au milieu des brisants Sur un rivage torturé, Des grains de sable d’or aux mains.

Ah, combien peu ! Et comme ils glissent A travers mes doigts dans l’abîme !

Tandis que je pleure, je pleure...

O, Dieu ne puis-je les serrer D’une étreinte moins incertaine ?

O, Dieu, ne puis-je en sauver un, Rien qu’un du flot impitoyable !

Tout ce qu’on est, tout ce qu’on voit, N’est-il qu’un rêve dans un rêve ?

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ANDERSON, WES ANDERSON, UN MONDE A PART

Wes Anderson est actuellement l’un des réalisateurs à l’identité visuelle la plus forte, faite de couleurs pastel, de costumes extravagants, de décors en cartons et surtout d’un sens du détails et de la précision à toute épreuve.

Sa vie, son oeuvre, ses troubles obsessionnels cinématographiques Ce sens de la mise en scène, ainsi que la richesse des histoires qu’elle permet de raconter, ont d’ailleurs été récompensées à Cannes en 2012 par un Grand Prix attribué à Moonrise Kingdom, qui a définitivement fait entrer Anderson dans le cercle des jeunes réalisateurs qui comptent et qui compteront à l’avenir.

Car, en effet, il ne faut pas oublier que si sa filmographie est déjà riche d’une dizaine d’?uvres, Wes Anderson n’a « que » 45 ans. Il est né en 1969 à Houston, Texas, État dans lequel il poursuivra des études de… philosophie. Et oui, en matière de cinématographie, le Texan est un autodidacte : il commence par réaliser des courts-métrages en parallèle de ses études, avant de se lancer dans de petites productions, dont son premier long métrage, Bottle Rocket, pour lequel il fait appel aux trois frères Wilson : Andrew, Luke et surtout Owen, qui apparaîtra par la suite dans la quasi-totalité de ses

films (en tout cas dans tous ceux que vos serviteurs ont visionnés).

C’est d’ailleurs là le second signe distinctif du cinéma de Wes Anderson : toujours faire appel aux mêmes acteurs, les plus récurrents étant – outre Wilson – Bill Murray, Jeff Goldblum et Ben Stiller. Ainsi les films du cinéaste ne reposent jamais sur un seul acteur-vedette, les deux derniers – Moonrise Kingdom (2012) et The Grand Budapest Hotel (2014) – confiant d’ailleurs les rôles principaux à des enfants/adolescents faisant leur premiers pas devant une caméra.

Enfin, on peut noter que l’?uvre de Wes Anderson procède par cycle – du moins à partir de La Famille Tenenbaum (2001) et si l’on excepte le film d’animation Fantastic Mister Fox. Donc, disions-nous, des cycles – des trilogies en fait : si La Famille Tenenbaum, La Vie Aquatique (2005) et A Bord du Darjeeling Limited (2007) suit le parcours d’adultes aux comportements infantiles, Moonrise Kingdom (2012) et The Grand Budapest Hotel (2014) s’intéressent à des enfants se conduisant en adultes.

Si nous ne pouvons que vous conseiller d’aller voir The Grand Budapest Hotel tant qu’il est encore programmé dans les quelques salles obscures rennaises, nous avons toutefois préféré nous atteler à faire une critique de Moonrise Kingdom, tant ce film semble marquer un tournant dans la carrière de Wes Anderson et a été un succès – tant public que critique – en 2012.

Moonrise Kingdom : la quintessence du cinéma andersonien Moonrise Kingdom donc, c’est l’histoire de deux enfants, pas tout à fait à leur place dans le monde insulaire d’un rocher de la Nouvelle-Angleterre. Il y a Sam (Jared Gilman) le scout Kaki orphelin et rejeté, à l’attitude décalée et maladroite. En face, il y a Suzy (Kara Hayward) une enfant rêveuse et tourmentée aimant regarder ses homologues avec ses jumelles, qui ne quit-

teront pas son cou.

Bien qu’âgés de seulement 12 ans, ils semblent déjà départis de l’innocence propre à l’enfance et emplis des maux de l’âge adulte. Pourtant, et malgré l’environnement hostile - que Wes Anderson calque sur l’île Prudence (Nouvelle-Angleterre) où les cameras du cinéaste se poseront – l’histoire réussit à les rapprocher au point de tomber amoureux. Leur amour semble être la seule chose encore sérieuse sur une île dont les habitants sont au mieux puéril (récurrence chez Anderson), au pire dépressifs – avec une mention spéciale à Bruce Willis, Edward Norton et leurs shorts.

De cette atmosphère loufoque et grave à la fois va donc naître l’idée de la fugue chez les deux jeunes enfants : fuir ce monde pour se retrouver et fonder leur Paradis du clair de Lune.

Le spectateur ne pourra s’empêcher de relever quelques tics cinématographiques propres au réalisateur texan. A titre d’exemple, la scène d’ouverture est un travelling à l’intérieur d’une maison fantastique (celle des parents de Suzy) ; certains décors en carton-pâte apparaissent clairement comme tels ; les costumes des personnages sont très travaillés ; et, enfin, la présence d’un casting cinq étoiles.

Un casting de premier choix Moonrise Kingdom, c’est aussi un casting exceptionnel pour les seconds rôles, sans doute parce qu’il faut des acteurs de haut-niveau pour jouer des personnages aussi « normalement déjantés » : ainsi Tilda Swinton, froide malgré la tignasse rousse recouvrant ses tempes blanches, et zélée dans son travail d’assistance sociale, va aller jusqu’à provoquer une bataille juridique ridicule avec Sharp dans sa mission de sauvetage des deux amoureux effrontés. Sharp, c’est le capitaine de police de l’île, interprété par un Bruce Willis complètement à contre-emploi.

Alors qu’on s’est habitué à le voir sauver le

monde sans aucun souci une bonne dizaine de fois dans son débardeur blanc (Yippie-Jai-Yay !), le voilà totalement débordé dans la gestion de la fugue des deux mômes. Et que dire de Bill Murray, qui incarne le père de Suzy ; père de famille ayant réussi professionnellement (il est avocat) mais pour qui la vie de famille ne « suffit plus ». Son caractère colérique et dépressif en fait un personnage explosif dont les actions parfois incompréhensibles ne viennent pas le contredire, alors qu’une image de « clown triste » colle habituellement à l’acteur.

Tout cela est renforcé par la bande-son réalisée par Alexandre Desplat, à laquelle viendra s’ajouter Le Temps de l’Amour de Françoise Hardy et des compositions de Benjamin Britten (dont le centième anniversaire de naissance a été célébré un an après la sortie du film) interprétées par des enfants aux voix si fragiles et légères. Voilà encore un des charmes de ce film : jusque dans les notes, l’omniprésence des enfants submerge le paysage sonore.

Enfin, il ne faudra pas oublier le chef scout Ward incarné par le génial Edward Norton. Ce professeur de mathématiques, chef scout à ses heures perdues se retrouve vite dépassé par la tournure que prennent les événements. Là encore, la naïveté de ce personnage est digne d’un dessin-animé. Et c’est ce qui le rend touchant.

Ce film se penche sur l’âge qui est censé être celui de l’innocence, mais qui dans ce monde où les adultes ne remplissent pas leur rôle, ou alors de façon totalement déjantée, est celui d’une prise de responsabilité précoce et d’une histoire d’amour à contre-courant, preuve s’il en fallait encore de l’imagination sans borne de Wes Anderson.

Pourtant, il ne faut pas oublier que douze ans, « c’est le temps de l’amour, le temps des copains et de l’aventure » selon les mots de Françoise Hardy.

Un conte pour adulte

Surtout, n’oubliez pas de regarder attentivement le dernier tableau du film, vous y trouverez la réponse à une question soulevée par Suzy et Sam. Enfin, on pourra revenir sur les décors acidulés et volontairement irréalistes – ce sera encore plus le cas dans The Grand Budapest Hotel – comme pour souligner l’invraisemblance dans laquelle est plongée l’île et l’ensemble de l’univers de Wes Anderson. D’ailleurs, on frôle parfois le cartoon, notamment lorsque – le soir de la tempête – la mère de Suzy (Frances MacDormand) sort en douce voir son amant sous le nez de son mari, quelques secondes avant qu’une horde de scouts s’échappe également de la maison. Ou encore lorsque Sam se fait frapper par la foudre et n’en ressort que noir de cendres.

BACHELET Vincent DE PERTHUIS Camille

CULTURE

Et si vous alliez voir du côté des Beaux-Arts ?

« Tutta la famiglia » (1998), Richard Fauguet

« L’art contemporain, c’est n’importe quoi. Tu prends un urinoir, tu le retournes et tu le signes, et puis t’as des centaines de personnes qui t’admirent. C’est inutile et ça n’a rien de beau et surtout, ça n’est pas de l’art. » Pourtant, pour Marcel Duchamp, « c’est le regardeur qui fait l’art ».

CULTURE Et ce n’est pas le seul ; de nos jours, l’art est de plus en plus conceptuel et trouve son sens dans les yeux de celui qui l’interprète.

Parmi les expositions et les évènements artistiques qui bondent la scène internationale, une multitude d’exemples témoignent de cette mode .

Faisons un tour du côté de Paris : chaque année, la FIAC (Foire Internationale d’Art Contemporain) fait parler d’elle en exposant des œuvres « ovnis » qui choquent et provoquent par leur simplicité ou leur originalité. Critiquée ou adorée, cette foire a le mérite de proposer, par le biais des galeristes, un éventail d’œuvres à la fois classiques et saugrenues.

Lors de l’édition 2012 de la FIAC, vous auriez ainsi pu vous arrêter devant la sculpture « Static » de l’artiste Paul McCarthy (exposée) : faite entièrement en chocolat, elle représentait l’ex-président Bush en train de « faire des choses cochonnes » à un porc. Cette œuvre excentrique est particulièrement intrigante et impressionnante : il est assez difficile d’avoir un avis tranché sur cette statue chocolatée puisqu’on est à la fois choqué par la scène et impressionné par la taille et le degré technique de l’œuvre. L’artiste nous amène donc à réfléchir sur sa production. Dénonciation, satire ou simple fruit d’un imaginaire excentrique ? L’observateur est le seul à pouvoir y répondre ; c’est lui qui décide du sens de ce qu’il voit.

La même année, on trouvait aux côtés de cette sculpture des œuvres épurées inspirées d’un tout autre style : le ready made. Initié par Duchamp, cette attitude artistique consiste à simplement choisir un objet manufacturé et le désigner comme étant de l’art. Autant dire qu’au départ, cette façon de créer était fortement critiquée et dénigrée, mais aujourd’hui on reconnaît un génie certain à cet artiste révolutionnaire.

Dans ce style, c’est le concept qui fait

l’œuvre, et non son enveloppe charnelle.

L’idée est que tout le monde est capable de faire de l’art : on ne sait pas forcément peindre, sculpter, dessiner ou « faire du beau » ; à l’inverse, on est tous capables de transformer le sens d’un objet en fonction de sa place dans l’espace, en fonction des modifications qu’on lui apporte, ... Le ready made élargit donc la notion « d’art » en elle-même et pose les idées et la technique sur un même pied d’égalité.

Richard Fauguet (qui exposait son « bec verseur » à l’occasion de la FIAC 2102) s’inspire directement de ce mouvement artistique.

Né à Chartres en 1963, ce cuisinier plastique s’amuse en créant sculptures, installations, collages et dessins. Grâce à son travail, son nom commence à être connu et reconnu par la sphère artistique : nommé 2 fois pour le prix Marcel Duchamp, il est considéré comme étant un artiste prometteur.

Son style reste malgré tout très populaire et ne manque jamais d’humour ; partant du réel en utilisant des matériaux bruts ou banals, il les assemble et les mélange pour finalement les transformer en une œuvre unique tout droit issue d’un imaginaire lointain.

Après avoir exposé à la FIAC, au FRAC (Fond régional d’art contemporain) d’Ile-de-France, … ainsi que dans de multiples galeries, c’est au musée des Beaux-Arts de Rennes que viendra exposer Mr. Richard Fauguet.

Du 29 mars au 31 août, vous pourrez ainsi aller contempler d’intrigantes silhouettes noires qui vous feront voyager au travers de l’histoire de l’art. Vous découvrirez aussi l’univers d’un artiste français talentueux qui n’a pas fini de faire parler de lui.

PS : Cette exposition n’est pas réservée qu’aux amateurs et aux connaisseurs ; c’est aussi une occasion pour les curieux de se forger un avis sur cet art. Alors, n’hésitez pas!

Louisa Tellal

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