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La population appelée à ouvrir l’œil

ORGANISME DE BASSIN VERSANT DE LA YAMASKA

Projet de détection et contrôle de nerpruns bourdaines : La population appelée à ouvrir l’œil

MICHEL LALIBERTÉ,

responsable des communications à l’OBV Yamaska

La population de la MRC d’Acton est invitée à ouvrir l’œil pour repérer où des nerpruns bourdaine et cathartique poussent. Ces espèces exotiques envahissantes forestières causent du souci aux producteurs forestiers et acéricoles puisqu’elles sont une menace à la santé de leurs forêts et érablières. La collaboration des citoyens, des chasseurs et des producteurs permettra à la Corporation de développement de la rivière Noire (CDRN) de mettre sur pied un plan de contrôle pour limiter la propagation de ces EEEF.

L’Agence forestière de la Montérégie et la MRC d’Acton ont en effet mandaté la CDRN pour cette mission. La Corporation, assistée par l’Organisme de bassin versant de la Yamaska (OBV Yamaska), travaille depuis quelques semaines à élaborer un plan d’intervention pour faire face à ces EEEF.

Dans un premier temps, la CDRN doit repérer les foyers d’infestation de nerpruns dans la MRC. Les citoyens sont invités à participer au projet en prenant en note et en photo les endroits où ils ont aperçu des nerpruns et en les transmettant à la responsable du projet, Ariane Blier-Langdeau (ariane.blier-langdeau@obv-yamaska.qc. ca). Les informations obtenues du public aideront la CDRN à préparer un plan d’intervention.

La prolifération de nerpruns doit être prise au sérieux, soutient Laurise Dubé, présidente de la CDRN. « Comme la mission de la CDRN est de travailler

Voici des feuilles de nerpuns bourdaines de face. Contrairement aux autres feuillus, ces plants gardent leurs feuilles très tard à l’automne ce qui aide à les repérer. Crédits photos OBV Yamaska

avec les acteurs du milieu, nous voulions offrir une solution lorsque cette menace a été signalée lors de la création du plan de développement de la zone agricole (PDZA) de la MRC d’Acton », explique-telle.

L’aide des citoyens est primordiale dans cette lutte, estime Mme Dubé. « Pour freiner la progression rapide de cette plante, il nous faut les yeux de chaque citoyen à l’œuvre dans chaque coin du territoire! Les mesures utilisées pourront ainsi être efficaces et nous pourrons mieux protéger la biodiversité. » Les nerpruns ont fait son apparition en Amérique du Nord à la fin du 19e siècle lorsque des amateurs de plantes ornementales les ont introduits. Ces espèces croissent rapidement et se répandent tout aussi vite grâce aux nombreux fruits qu’ils produisent. La région de l’Estrie et quelques MRC limitrophes de la MRC d’Acton sont aux prises avec des populations grandissantes de nerpruns.

« Nous rencontrons de fortes problématiques liées au nerprun envahissant ailleurs sur le territoire du bassin versant de la Yamaska. Nous n’avons qu’à penser aux ressources que doit déployer le Centre d’interprétation de la nature du lac Boivin à Granby pour garder le dessus contre ces espèces. Ce qui est intéressant avec le projet de la CDRN, c’est qu’il nous permet d’agir au début de la problématique, avant le désastre », explique Mme Blier-Langdeau, biologiste et chargée de projets à l’OBV Yamaska.

La lutte qui s’amorce pour freiner la progression de ces EEEF sera ardue. « Cette espèce est très difficile, voire presqu’impossible à éliminer complètement d’un territoire en raison de la dispersion des fruits et des graines par les oiseaux. C’est pourquoi, il faut agir dès l’installation des premiers individus pour avoir une chance de succès et éviter le pire », soutient Mme Blier-Langdeau.

Il est toujours possible, explique Mme Blier-Langdeau, de diminuer les ravages et les impacts causés par ces EEEF en suivant et en contrôlant leur progression ainsi qu’en appliquant les meilleures techniques de contrôle connues. Cela n’éradiquera pas complètement la EEEF, mais permettra de conserver une santé et une intégrité relative dans les milieux atteints et réduira la propagation massive vers d’autres milieux Les citoyens peuvent communiquer leurs informations par courriel à ariane.blierlangdeau@obv-yamaska.qc.ca

Ce projet est rendu possible grâce à des subventions de l’Agence forestière de la Montérégie (48 281 $) ainsi que de la MRC d’Acton (8 000 $) par le Fonds de soutien aux projets structurants (FSPS).

Les nerpruns bourdaines produisent des fruits rouges et noires. Ils ne sont pas comestibles. Les oiseaux les mangent et leurs fientes font que ces plants se répandent rapidement ailleurs.

Je ne suis pas une victime

LAURENCE GENDRON, AGRONOME, M. SC.,

conseillère en économie et gestion, Directions régionales de la Mauricie et du Centre-du-Québec, ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation

YVES SIMARD, AGRONOME,

conseiller en économie et gestion et en relève agricole, Direction régionale de la Montérégie, ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation

L’une des principales préoccupations des producteurs agricoles, au regard de leur entreprise, est sans doute d’ordre financier. La rentabilité, la capacité d’honorer ses obligations à court terme, d’investir ou de rémunérer adéquatement le travail des employés en sont quelques exemples. Malgré cette réalité, la gestion est probablement l’un des sujets les plus malaimés des agriculteurs. D’ailleurs, ce fait n’est pas exclusif au secteur agricole; pour plusieurs Canadiens, la gestion de l’argent est une source de confusion, de frustration et d’accablement1. Dans un monde « qui va vite », particulièrement en agriculture où la charge de travail est grande, prendre le temps de faire un bilan de la situation de son entreprise, de comprendre son environnement d’affaires et de réfléchir à « là où l’on veut être dans 10 ans » n’est pas un exercice jugé prioritaire.

Et pourtant. Se doter d’un plan stratégique est essentiel. La littérature indique que cet exercice contribue à une meilleure croissance de l’entreprise, qui prospérerait mieux. C’est également un instrument qui améliore la communication interne et qui rend l’entreprise plus résiliente et ouverte aux nouvelles idées2. Les propriétaires seraient par ailleurs plus heureux. La planification stratégique s’adapte parfaitement à la situation des entreprises agricoles!

Aligner l’équipe

Le plan stratégique précise la direction qu’un entrepreneur veut donner à son entreprise et la façon dont il doit s’y prendre pour atteindre ses objectifs. Où veut-il qu’elle soit dans 5 ans, 10 ans ou 20 ans? Pour définir la « situation visée » et ainsi aligner l’équipe sur une vision commune, il importe d’impliquer les principaux intéressés : les propriétaires, les employés, la famille, les collaborateurs, etc. D’ailleurs, pour que l’opération soit un succès, tous doivent comprendre le processus, s’y intéresser et s’y engager. Quels sont les intérêts, les valeurs, les aspirations de chacun? On sait que, pour être heureux dans la vie, il faut faire « plus de ce que l’on aime ». Alors, en affaires, il faut réfléchir à ce qui nous plaît et à ce qui nous plaît moins. C’est la base du plan.

Avoir une feuille de route simple

Une fois qu’on sait où l’on s’en va, il faut savoir comment on y arrivera. Le plan stratégique est une feuille de route simple et claire qui précise les étapes à suivre pour atteindre ses objectifs. Si l’un des objectifs est, par exemple, de s’approprier le savoirfaire de nouvelles cultures d’ici 5 ans, le plan précisera les actions à entreprendre (rencontrer d’autres agriculteurs et des agronomes, intégrer graduellement des cultures à la rotation), les tâches à accomplir (visiter les entreprises A, B et C, aménager des parcelles d’essais à la ferme), les personnes à joindre et l’échéancier à suivre. À cause du contexte qui évolue rapidement, le plan stratégique doit être flexible. Il peut tenir sur une ou deux pages et rassembler l’information sous forme de tableaux. L’une des clés du succès est d’entretenir la « stratégie », c’est-à-dire de faire le bilan des réalisations, minimalement deux fois par année3 .

Prendre les choses en main

La planification stratégique est pour tous : petite ou grande entreprise, nouvelle ou existante depuis plusieurs années. Elle est utile, même s’il n’y a pas de grands changements à prévoir pour l’entreprise. On pense évoluer dans un environnement stable; toutefois, la pandémie de COVID19 nous a rappelé que des bouleversements sont inévitables. Et qu’ils peuvent se produire rapidement! La planification stratégique permet d’anticiper les changements et, surtout, de réfléchir à la façon de s’y préparer.

En définissant son identité, en connaissant son environnement d’affaires, en identifiant les façons de tendre vers sa vision et en s’entourant de personnes qualifiées, l’entreprise agit de façon proactive plutôt que réactive. Elle est prête à saisir les opportunités et à faire face aux menaces. Elle n’est pas une victime : elle est en pleine possession de ses moyens!

Il s’agit du premier de trois articles sur la planification stratégique. Suivez cette série dans les prochaines éditions du GTA!

1 Faisons des changements qui comptent : Stratégie nationale pour la littératie financière 2021-2026 - Canada.ca 2 Qu’est-ce que la planification stratégique? | BDC.ca 3 Gilbert Lavoie, Forest Lavoie Conseil, Communication personnelle, 2021.

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