delitfrancais.com Publié par la société des publications du Daily, une association étudiante de l’Université McGill
Non aux toilettes blanc crème p. 6,16 Le mardi 19 février 2012 | Volume 102 Numéro 16
à poils, sans vêtements, en bateau sur les chiotes depuis 1977
Volume 102 Numéro 16
Éditorial
Le seul journal francophone de l’Université McGill
rec@delitfrancais.com
Déclaration de Principes Conseil de Rédaction Le Délit Éditorial du 1er septembre 1977: «Une édition francophone ne peut avoir qu’un effet positif car elle permettra l’expression des sentiments d’une minorité culturelle en Amérique, qui est majoritaire au Québec. Ainsi, les anglophones seront à même de mieux comprendre certaines aspirations de leurs voisins. Ainsi par le biais d’un journal étudiant, les deux minorités pourront se comprendre et s’entendre tout en travaillant à l’élaboration d’un Québec meilleur.» **** Préambule: Le Délit, seul journal francophone de l’Université McGill, donne une voix à plus de 6000 francophones sur le campus et de cette façon, est un élément essentiel de la communauté universitaire. Nous publions à chaque semaine, gardons le contenu de dernière heure constamment à jour sur notre site web et faisons l’utilisation de média divers tels que les photos, vidéos et la radio. Le Délit est divisé en trois sections: Actualités, Société et Arts & Culture. Le Délit s’engage à promouvoir et à défendre la présente Déclaration. **** Déclaration de principes: Une presse libre et indépendante est un élément indispensable d’un campus démocratique.
En tant que journal, nous sommes conscients de nos valeurs fondamentales et cherchons à remplir plusieurs mandats. Depuis 1977, Le Délit fournit à la communauté mcgilloise une couverture de l’actualité universitaire et québécoise, du journalisme d’enquête, et une plateforme pour les commentaires et le travail créatif. Nous croyons que la promotion du français ne doit pas être seulement l’objet d’une résistance ou d’une protection, mais elle doit plutôt être conçue comme une contribution et un apport nécessaire et souhaitable. Notre première responsabilité est envers la communauté universitaire dans un contexte d’enjeux sociaux et communautaires plus larges. Il nous appartient de faire contrepoids aux pouvoirs en place et nous sommes conscients de notre influence sur la communauté universitaire. À cette fin, nous encourageons le dialogue et l’expression de points de vue différents dans un contexte de respect et de reconnaissance des droits individuels et collectifs et de non-discrimination fondée notamment sur le genre, l’orientation sexuelle, l’origine raciale, les aptitudes physiques et les croyances religieuses. Le Délit compte avant tout sur la collaboration bénévole des étudiants de McGill de tous niveaux et a pour mission de leur offrir une formation au journalisme. Le conseil de rédaction et les collaborateurs s’engagent à promouvoir et à défendre ces principes dans les pages du seul journal étudiant francophone de l’Université McGill: Le Délit. x
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Conseil d’administration de la Société des publications du Daily (SPD) Nicolas Quiazua, Sheehan Moore, Erin Hudson, Mike Lee-Murphy, Matthew Milne, Joan Moses, Farid Muttalib, Shannon Pauls, Boris Shedov, Queen Arsem-O’Malley, Rebecca Katzman, Anselme Le Texier
L’usage du masculin dans les pages du Délit vise à alléger le texte et ne se veut nullement discriminatoire.
Les opinions exprimées dans ces pages ne reflètent pas nécessairement celles de l’Université McGill.
2 Éditorial
Le Délit (ISSN 1192-4609) est publié la plupart des mardis par la Société des publications du Daily (SPD). Il encourage la reproduction de ses articles originaux à condition d’en mentionner la source (sauf dans le cas d’articles et d’illustrations dont les droits avant été auparavent réservés, incluant les articles de la CUP). L’équipe du Délit n’endosse pas nécessairement les produits dont la publicité paraît dans ce journal.Imprimé sur du papier recyclé format tabloïde par Imprimeries Transcontinental Transmag, Anjou (Québec). Le Délit est membre fondateur de la Canadian University Press (CUP) et du Carrefour international de la presse universitaire francophone (CIPUF).
x le délit · le mardi 19 février 2013· delitfrancais.com
POLITIQUE INTERNATIONALE
Free Pussy Riot au Carnaval Des manifestants perturbent les activitĂŠs de nuit du Carnaval de QuĂŠbec Nicolas Quiazua Le DĂŠlit
L
e Carnaval de QuÊbec a vu ses activitÊs de samedi soir interrompues par des manifestants masquÊs à l’image des Pussy Riot. Durant quelques minutes, une vingtaine de personnes ont pris la rue lors du dÊfilÊ de nuit du Carnaval, au coin des rues Salaberry et Grande-AllÊe. Comme le veut la tradition, la ville de QuÊbec accueille chaque annÊe une dÊlÊgation venue de l’extÊrieur. Les manifestants distribuaient des tracts aux festivaliers afin de dÊnoncer le choix de la Russie comme pays invitÊ du 59e carnaval. L’action menÊe par les manifestants avait pour but de dÊnoncer l’emprise dictatoriale à peine voilÊe qui rÊprime toute manifestation ou critique du pouvoir en place en Russie. La mobilisation exigeait Êgalement la libÊration immÊdiate des trois femmes membres du groupe Pussy Riots, condamnÊes à une peine de deux ans de prison pour avoir prononcÊ un discours anti-Poutine dans une cathÊdrale russe.
Les reprÊsentants du Carnaval ne croient pas, quant à eux, que le choix de la Russie soit problÊmatique. Un pays invitÊ ne l’est pas nÊcessairement en raison de ses positions ou actions politiques, affirme au DÊlit Pascale Grenier, attachÊe de presse du Carnaval. Le choix serait plutôt basÊ sur les possibilitÊs d’activitÊs hivernales reliÊes au pays en question. Le Carnaval n’a pas de position particulière sur les enjeux politiques, conclut Mme Grenier. Bien que le choix du pays invitÊ soit fait entièrement par la direction du Carnaval, l’invitation de la Russie concorde avec le dÊsir du maire de QuÊbec, RÊgis Labeaume, de resserrer les liens entre la Ville de QuÊbec et l’oblast de LÊningrad. Cette rÊgion russe planifie à son tour la tenue d’un Carnaval d’hiver et QuÊbec aurait dÊjà conclu une entente d’Êchange avec la ville hôte. Une rencontre a eu lieu entre le maire Labeaume et le vice-gouverneur de la rÊgion de Leningrad, Alexander Kuznetsov, il y a environ deux semaines. Les Carnavals
CrĂŠdit photo: Albert Michaud
de QuÊbec, celui de Leningrad et le tourisme Êtaient deux sujets importants à l’ordre du jour de cet Êchange. En plus d’être le pays invitÊ du Carnaval de QuÊbec 2013, la Russie fera Êgalement la promotion du Carnaval de QuÊbecs aux
habitants de LÊningrad et recevra une dÊlÊgation quÊbÊcoise lors de son Carnaval. Suite à l’incident, le compte Twitter de la dÊlÊgation quÊbÊcoise pour la libÊration des Pussy Riot (@FreePussyRiotQc) a ÊtÊ suspendu sans raison apparente. x
2013-2014
Ce que vous devez savoir:
Campagne:
DĂŠbute le 18 fĂŠvrier 2013 Se termine le 4 mars 2013
Tribunes (DĂŠbats):
ĂŠconomisez gros* WĹ˝ĆľĆŒ Ć?ĞƾůĞžĞŜƚ ώϾ͕ϾϹ Ψ͕ ÄžĹśĆšĆŒÄžÇŒ ĂǀĞÄ? ǀŽĆ? ÄšÄ Ä?ĹŻÄ‚ĆŒÄ‚Ć&#x;ŽŜĆ? ă Ć‰ĆŒÄ Ć‰Ä‚ĆŒÄžĆŒ Ğƚ ĆŒÄžĆ‰Ä‚ĆŒĆšÄžÇŒ ĂǀĞÄ? Ç€Ĺ˝ĆšĆŒÄž ĆŒÄžĹľÄ?Ĺ˝ĆľĆŒĆ?ÄžĹľÄžĹśĆšÍ˜ ^ĆľĆŒÍ˛ĹŻÄžÍ˛Ä?ĹšÄ‚ĹľĆ‰Í˜ sŽƾĆ? Ĺ˝Ä?Ć&#x;ÄžĹśÄšĆŒÄžÇŒ Ěƾ žĥžĞ Ä?ŽƾƉ ƾŜĞ Ä?Ä‚ĆŒĆšÄž ^W Ĺ?ĆŒÄ‚ĆšĆľĹ?ƚĞ͕ Ć‰Ĺ˝ĆľĆŒ Ä Ä?ŽŜŽžĹ?Ć?ÄžĆŒ Ĺ?ĆŒĹ˝Ć? Ä?ĹšÄžÇŒ ǀŽĆ? ÄšÄ ĆšÄ‚Ĺ?ůůĂŜƚĆ? Ć‰ĆŒÄ Ä¨Ä ĆŒÄ Ć?͘*
Mercredi 20 fĂŠvrier Sous-sol de la Maison Thomson - 17h30 Ă 18h30
Vendredi 22 fĂŠvrier Sous-sol de la Maison Thomson - 15h30 Ă 16h30
Jeudi 28 fĂŠvrier Campus Mac, Centre du Centenaire Local CC-207 - 18h Ă 19h
PĂŠriode de vote:
DĂŠbute lundi le 4 mars Se termine vendredi le 15 mars Des ques ons? pgss.mcgill.ca/documents/electoral-affairs ou elec ons.pgss@mail.mcgill.ca Votez en ligne au ovs.pgss.mcgill.ca
les pro$ de l’impôt
ASSEMBLÉE GÉNÉRALE
hrblock.ca | 800-HRBLOCK (472-5625)
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La politique McGilloise te fait tourner la tĂŞte? Deviens RĂŠdacteur campus pour Le DĂŠlit ! rec@delitfrancais.com
Élec ons AÉCSUM
Les membres de la SPD sont cordialement invitÊs. La prÊsence des candidats au conseil d’administration est obligatoire.
mercredi le 27 mars Leacock, Salle 232. 17h30
Pour plus d’informations, contactez-nous: chair@dailypublications.org
CAMPUS
Conférence «Space and Equity» Une présentation des projets de recheche de thésards et professeurs Sophie Blais Le Délit
L
’Association Étudiante de l’Université McGill (AÉUM) a organisé une conférence qui avait pour thème «Équité et Espace». Celle-ci s’est déroulée en fin de semaine dernière, les 15 et 16 février, dans la salle de bal du bâtiment Shatner. Présentée comme un 5 à 7 informel, l’événement du vendredi 15 février a rassemblé plusieurs professeurs et étudiants au doctorat, qui ont exposé leurs recherches avant une période de questions. Malgré les efforts publicitaires, à peine une trentaine de personnes se sont déplacées pour assister à cette conférence. La première intervenante à prendre la parole était la seule qui ne faisait pas partie de la catégorie «professeurs et étudiants au doctorat»: Ellen Gabriel, militante pour les droits aborigènes. Selon le programme, sa présentation devait couvrir les relations territoriales autochtones et le projet de loi C-45. Au final, ces deux thèmes n’ont pas beaucoup été abordés par l’oratrice, qui a plutôt parlé de son expérience en tant que militante, de l’histoire des droits autochtones et du contexte du mouvement Idle No More. La deuxième intervenante, Tania Gutierrez Monroy, est une candidate au doctorat à l’École d’architecture de McGill. Sa présentation portait sur sa recherche, intitulée «Gendered Landscapes of Urban Cities», abordant la
problématique des femmes en relation aux différents espaces urbains. Comme objet de recherche, le sujet a été présenté de manière très spécifique et avec un vocabulaire complexe, ne rendant pas évidente sa compréhension. Suite à cet exposé, Chris Gutierrez, du Département de communication a traité de la relation entre l’anxiété, le confort et l’espace. Il a rappelé que l’anxiété n’est pas un phénomène nouveau, allant contre la perception commune que celleci émane de l’hyper connectivité du 21e siècle. De plus, l’étudiant de deuxième cycle a exposé les liens entre confort et espace, dans le cadre de la mobilité, des espaces publiques ou de la technologie. La quatrième intervenante a dévoilé son projet de recherche en tant que candidate au doctorat, nommé «Beyond Racism Mapping Ruling Relations in a Canadian University from the Standpoint of Racialized Women Student Activists». À travers sa recherche, Mahtab Nazemi a découvert que l’Université McGill employait une proportion très faible d’universitaires de couleur par rapport au nombre de professeurs blancs. Un des commentaires les plus pertinents qu’elle a reçu de la part d’un professeur à propos de cette question-là lors d’une entrevue est: «Qu’est ce qui fait que McGill n’apparaisse pas accueillante aux yeux des personnes de couleur?». Le dernier conférencier, le professeur Benjamin Forest du Département de géographie, a mis en avant son projet de recherche concernant la relation entre les districts électoraux et la représentation
Tania Guttiérrez Monroy a parlé de «Gendered landscape of urban cities» Crédit photo: Cécile Amiot
des minorités au Canada. Il a, entre autres, décelé que la manière dont les districts électoraux sont dessinés, de même que la proportion de minorités à l’intérieur de ces espaces pouvaient affecter la force du vote de ces derniers.
Bien que soulevant des sujets très intéressants, le thème très général de la conférence a conduit à une absence de liens concrets entre les différentes présentations, qui, elles étaient très spécifiques. x
CAMPUS
Masi au Conseil de l’AÉFA Le vice-principal exécutif de McGill répond aux questions des étudiants. Louis Baudoin-Laarman Le Délit
L
e conseil de l’AÉFA s’est tenu ce mercredi 13 février, marqué par la présence du vice-principal exécutif de l’Université McGill, Anthony C. Masi, qui a répondu aux questions du conseil concernant les coupes dans les cours proposés dans la Faculté des arts de McGill. Ces coupes, annoncées mercredi par Christopher Manfredi, doyen de la Faculté des arts, toucheront cent cours, qui ne seront plus offerts à partir de l’année prochaine, diminuant ainsi leur nombre à 1 100. Ces coupes ont pour but de réduire les problèmes budgétaires de l’université, bien que l’administration assure que l’argent sera redistribué à la Faculté des arts afin d’augmenter la qualité de l’enseignement à McGill et répondre ainsi aux plaintes des étudiants souhaitant plus d’attention de la part de leurs professeurs. En effet, si McGill est considérée comme l’une des meilleures universités de recherche, il est aussi vrai qu’elle est notée par ses étudiants comme l’une des pires en ce qui concerne l’enseignement, selon M. Masi.
4 Actualités
Les élèves se plaignent, pour la plupart, de classes trop grandes ainsi que de professeurs inaccessibles et impersonnels. M. Masi a également fait part au conseil de l’AÉFA de son avis sur la technologie dans la Faculté des arts. Selon lui, l’AÉFA devrait faire pression sur l’administration afin de moderniser son équipement et ses outils d’enseignement, affirmant: «Nous ne devrions pas être intimidés par les nouveaux outils, nous devrions plutôt les adopter». M. Masi semblait également convaincu que la Faculté des arts est plus réticente que les autres en matière d’acceptation des nouvelles technologies, citant à titre d’exemple le fait qu’elle est plus lente à adopter la pratique de l’enregistrement des cours. Comme au Conseil Législatif de l’AÉUM, le Doyen s’est plaint des coupes budgétaires imposées par le gouvernement, en déclarant que «ces chiffres sont astronomiques. Ils sont ridicules». À ce propos, le Doyen a encouragé les étudiants à donner leur avis concernant les coupes budgétaires au Sommet sur l’éducation supérieure.
Crédit photo: Camille Chabrol
Lors d’un moment réservé aux questions du conseil au Doyen à la fin de sa présentation, le conseil a demandé que la période d’évaluation en ligne des professeurs demandée aux étudiants chaque semestre (Mercury) soit étendue. M. Masi a répondu que l’administration ainsi que les professeurs craignent une forme d’esprit de revanche de la part des étudiants si ces derniers pouvaient évaluer leurs professeurs après avoir pris connaissances de leurs notes finales.
Sur un ton plus positif, lors du rapport des vice-présidents, on a appris que l’AÉFA a fait un bénéfice d’environ 17 000 dollars lors du Frosh de cette année. Ce bénéfice est d’autant plus louable si l’on se souvient des problèmes financiers liés au Frosh éprouvés par l’AÉFA dans le passé. On se souvient tous de l’histoire des 10 000 dollars en argent comptant destinés au Frosh égarés par le comité de l’AÉFA l’année passée. x
x le délit · le mardi 19 février 2013· delitfrancais.com
OPINION
Coupe-moi ce cauchemar McGill utilise des fonds absents de ses coffres et se retrouve en déficit budgétaire. Mathilde Michaud Le Délit
L
es étudiants de McGill ont reçu, vendredi dernier, un message du Doyen de la Faculté des Arts, Christopher Manfredi, leur donnant accès au blog de l’Université McGill. The Red Blog a, entre autres, permis au Viceprincipal exécutif Anthony C. Masi de s’exprimer à propos des coupes gouvernementales dans le budget dédié à l’éducation supérieure. Le problème majeur, selon lui, est que l’annulation de la hausse et, ensuite, les coupes budgétaires, se sont officialisées alors que l’année fiscale était déjà bien avancée. Effectivement, les coupes gouvernementales sont miraculeusement apparues alors qu’il ne restait plus que 90 jours à l’année fiscale de l’université. Quand on y réfléchit bien, il y a pourtant certaines incohérences dans ce discours. L’administration de McGill était-elle certaine de la validité de la hausse et de son maintien au point de décider de l’inclure dans son budget, le 1er mai 2012, au plus fort de la grève étudiante? Il semble bien que oui. Pourtant mal leur en a fait car cet argent, qu’ils avaient malencontreusement déjà dépensé lorsque l’annonce officielle du retrait est venue, ne s’est jamais retrouvé dans leurs coffres. Comment expliquer que les autres universités, elles, avaient décidé d’attendre le dénouement de l’affaire, que la vigueur et la persévérance étudiantes
avait fait douter? Voilà McGill dans de beaux draps. Consultation: des propositions en tout genre Monsieur C. Masi a aussi profité de sa publication sur le blog pour inviter la communauté mcgilloise à venir assister au Town Hall qui se tenait les 11 et 12 février dernier afin de venir discuter de la situation. Il a aussi encouragé les commentaires sur le blog afin de recueillir les opinions sur la question. Nombreux sont ceux qui ont promptement répondu à son appel. David Wees, conférencier au département de sciences végétales, était de ceux-là, se faisant un devoir de rapporter les propositions faites lors des deux rencontres dans la section commentaires. Dans celle-ci, nous pouvons retrouver un gel des embauches, des licenciements, le gel des salaires ou encore des coupes salariales. Ces propositions ont fait réagir McGill University Non-Academic Certified Association (MUNACA) qui a tenu à rappeler, dans un mémo envoyé à tous ses membres, que les coupes et gels salariaux ne pouvaient avoir lieu sans la réouverture de leur convention collective, chose qui n’arrivera pas à moins d’avoir l’approbation de la majorité de ses membres. Il est aussi important d’attirer l’attention sur les problèmes que peuvent causer des mesures telles que le gel des embauches qui crée une disparité entre les départements. Petite mise en situation proposée par Monsieur Wees: imaginez que dans
un petit département, quatre professeurs prennent leur retraite à l’automne prochain alors que ce n’est pas le cas dans les autres départements. Celui-ci fera-t-il les frais de la mesure, au profit des autres départements? Sera-t-il peut être voué à la disparition parce que l’université refuse d’embaucher de nouveaux professeurs permettant d’assurer sa survie? D’autre suggestions ont été faites lors du Town Hall, telle qu’une diminution de la température maintenue dans l’université de 19 à 18,5° C, ou encore de ne tout simplement pas accepter les coupures. D’autre ont fait des propositions un peu plus sérieuses. Faisant la constatation que la majorité des professeurs n’ont vu leur salaire augmenter que de 25% dans les 10 dernières années, alors qu’une petite majorité a vu le sien augmenter de 200%, un certain John a suggéré, dans les commentaires du blog, de considérer revoir les salaires des hauts fonctionnaires mcgillois. Espérons que les préoccupations de John seront bien entendues. Le cauchemar n’est pas encore fini Pour l’instant, il s’agit encore de simples propositions, mais rappelons-nous que, comme l’a si bien dit Michael Di Grappa, le Vice-principal à l’administration et aux finances de McGill, dans sa propre publication sur le Red Blog: «la planification pour cette année – sans penser au futur – est un réel cauchemar dans un contexte qui n’a cessé de changer depuis le printemps dernier». x
Diminuer la température d’un demi degré pour palier aux coupes budgétaires Illustration: Camille Chabrol
CAMPUS
Un département de McGill à l’ASSÉ Première affiliation anglophone pour l’ASSÉ depuis 2002 Mathilde Michaud Le Délit
L
’Association des étudiants de second et troisième cycle en Histoire de l’Art et Études en Communications (AHCS-GSA) a, le mardi 12 février 2013, voté à l’unanimité son affiliation a l’ASSÉ (Association pour une Solidarité Syndicale Étudiante) avec un quorum dépassant largement les 10% nécéssaires. Jusqu’à récemment, l’Association, qui est aussi représentée par l’AÉCSUM (Association Étudiante des Cycles Supérieurs de l’Université McGill), était affiliée à la Fédération Étudiante Universitaire du Québec (FEUQ). Sa nouvelle affiliation à l’ASSÉ ne veut cependant pas dire qu’elle se dissocie de la FEUQ. Comme l’explique Gretchen King, représentante de l’AHCSGSA au conseil de l’AÉCSUM, en entrevue avec Le Délit «nous avons maintenant une double affiliation avec deux unions nationales qui représentent nos membres». Des rapprochements idéologiques semblent expliquer l’adoption de la motion. La représentante de l’association explique que la grande implication de l’ASSÉ dans le succès de la mobilisation du printemps dernier y est pour beaucoup, mais qu’il faut aussi prendre en considération que plusieurs des mandats de l’Association nationale se rapprochent des intérêts de leurs
Illustration:Romain Hainaut
membres. «Il y a, entre autres, la campagne pour la gratuité scolaire, mais le fonctionnement de l’ASSÉ plaît aux étudiants parce qu’il est si différent de ce que la FEUQ offre», explique King. L’idée d’avoir un congrès où chaque association membre à un droit de vote et celle d’une organisation féministe qui
x le délit · le mardi 19 février 2013 · delitfrancais.com
prône la parité homme-femme dans ses diverses structures semblerait correspondre aux mandats et objectifs de l’AHCS-GSA. Cette affiliation aura, entre autres, comme conséquences de donner plus d’opportunité aux étudiants membres de porter des actions directes puisqu’il s’agit, selon la représentante de l’Association, de la tacti-
que de mobilisation prônée par l’ASSÉ. En même temps que la motion d’affiliation, l’AHCS-GSA a adopté une motion appelant à boycotter le Sommet sur l’Éducation Supérieur. Mardi prochain se tiendra un vote quant à savoir si l’association sera, ou non, en grève durant le Sommet, le 25 et 26 février prochain. x
Actualités
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INTER-UNIVERSITÉ
L’UQAM s’en va-t-en grève
Le Café Aquin remboursé, arrestation controversée et mandats de grève Nicolas Quiazua Le Délit
L
e Café Aquin obtiendrait gain de cause. L’administration de l’Université du Québec à Montréal se serait engagée à rembourser les employés du Café d’une somme de plus de 10 000 dollars. Après avoir fermé les lieux de travail de 15 employés pendant près d’un mois, l’université prend sa part de responsabilité. Les travaux de construction des murs entourant le Café avaient été entrepris sans la consultation du personnel et avec un préavis de moins de vingtquatre heures. La somme demandée en compensation était, à l’origine, de 12 255 dollars, mais le Café ayant rouvert plus tôt que prévu, la somme a été réévaluée. Le Café déclarant perdre 3 300 dollars par semaine, les parties se sont finalement arrêtées à une demande de 11 187, 55 dollars. C’est lors d’une rencontre avec sept des associations facultaires que le vicerecteur à la vie académique de l’université aurait annoncé la nouvelle. Aucune date n’a été précisée pour le remboursement; le rectorat a affirmé «qu’ils allaient nous rembourser, mais ils n’ont pas pris d’engagement écrit», affirme Geneviève Vaillancourt, une employée du Café, au Délit. Détention sans consultation La réunion extraordinaire avait été organisée suite à la mise en détention, par le Service de Police de la Ville de Montréal (SPVM), d’un des exécutants de l’Association facultaire étudiante de science politique et droit (AFESPED) dans le bar étudiant lors de la journée Portes ouvertes le 5 février. L’UQAM avait déposé plainte au service de police suite à un incident survenu le 30 janvier, lors duquel des caméras de sécurité et du mobilier avaient été brisés. Lorsqu’un des suspects a été aperçu par le Service de prévention et de sécurité, le SPVM a été appelé à intervenir. «Cette personne a posé des actes de vandalisme et a été reconnue quelque jours plus tard», af-
Crédit photo: Camille Chabrol
firme au Délit Jennifer Desrochers, relationniste médias à l’UQAM. L’étudiant n’a pas été accusé et a été remis en liberté la journée même. «Quand on sera en mesure de reconnaître d’autres suspects, il y aura d’autres plaintes déposées», ajoute Mme Desrochers. En situation d’urgence, le Service de la prévention et de la sécurité peut prendre le contrôle des opérations mais doit le faire en «concertation avec le vice-rectorat à l’administration et aux finances, les services publics externes», selon la Politique de prévention et sécurité (Politique 25). Pourtant, selon Samuel Racaud, secrétaire général de l’AFESPED, ni le recteur ni le vice-rectorat à l’administration et aux finances ne semblaient être au courant de l’entrée des services policiers à l’intérieur des murs de l’université. Appelé par Samuel Racaud quelques heures après l’arrestation, le nouveau recteur de l’UQAM, Robert Proulx, aurait dit ne pas être au courant de l’incident et sou-
tenait que le rectorat n’avait pas fait appel aux services policiers. Les relations médias de l’UQAM ne sont pas en mesure de confirmer si une concertation a eu lieu entre le Service de la prévention et de la sécurité et le vicerectorat avant de faire appel aux policiers. Jennifer Desrochers affirme que le vicerectorat a été «informé», sans pouvoir préciser à quel moment. Une enquête interne a été ouverte. L’ancien recteur Claude Corbo avait une politique empêchant les policiers d’être appelés sans son autorisation. Étant donné son entrée en fonction récente, Robert Proulx n’aurait pas eu le temps de se pencher sur le sujet. Le secrétaire général de l’AFESPED affirme que, lors d’une allocution cette semaine, M. Proulx «disait être fâché de l’intervention et voulait reprendre l’affaire en main». Mandats de grève L’AFESH a voté aujourd’hui en faveur d’une grève en marge du Sommet
sur l’éducation le 25 et 26 février. De son côté, le vote de l’AFESPED se tenait le 14 février. Ne réussissant pas à garder le quorum, l’Assemblée générale décida de ne pas reconnaître son vote de grève. Un référendum de grève à l’AFESPED aura lieu les mercredi, jeudi et vendredi prochains. Ce sont, à ce jour, huit associations, représentant 15 487 étudiants, qui se prévaudront du droit de grève en vue du Sommet. En tout, ce sont 44 associations, représentant 87 793 étudiants, qui se prononceront lors d’une Assemblée générale de grève dans les jours à venir. Des Assemblées générales de grève sont prévues par trois des associations, représentant 8 500 étudiants, à la suite de l’annonce des conclusions du Sommet sur l’éducation. Ces associations menacent d’une grève générale illimitée si le gouvernement prend la direction d’une hausse des frais de scolarité «peu importe sa forme» ou d’encadrer le droit de grève ou d’association. x
INTER-UNIVERSITÉ
Une vidéo pour des toilettes Les toilettes de Saint-Laurent sont un «héritage». Théo Bourgery Le Délit
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a vidéo, accompagnée d’une doucereuse musique, amène presque les auditeurs à pleurer. Durant une minute, les toilettes du Cégep sont montrées multicolores, une véritable fresque de graffitis. Puis s’en suivent des images de murs beiges, fraîchement repeints. Une tragédie pour les élèves du Cégep de Saint-Laurent, qui considéraient ces toilettes comme un emblème de leur bâtiment, un «patrimoine culturel étudiant et artistique», selon le blog artistique Félin Acousmatique. En effet, le 12 février a vu les toilettes du bâtiment repeintes en beige, pour cacher les nombreux graffitis.
6 Actualités
L’Administration justifie son action en expliquant que «le collège est très soucieux de son image […] surtout à son activité des Portes ouvertes», qui étaient organisées ce 13 février dernier. La colère ne s’arrête pas là. L’Association facultaire étudiante de science politique et droit (AFESPEDUQAM) a dévoilé le 12 février dernier que le Directeur Général (DG) du Cégep de Saint-Laurent était aussi dans le Conseil d’Administration de l’Université du Québec à Montréal (UQAM). Le lien a donc été fait entre ce nouveau coup de peinture à Saint-Laurent et les travaux jugés illégitimes par les étudiants dans le Café Aquin à l’UQAM (voir Réouverture du Aquin à l’UQAM du 25 janvier 2013).
Les étudiants de l’Université se sont donc alliés à ceux du Cégep pour condamner une administration qui ignore la «totale liberté d’expression [donnée pour repeindre] les murs près des toilettes». Quelques heures avant l’ouverture des Portes ouvertes, plusieurs jeunes se sont retrouvés, pots de peinture en main, pour «faire revivre l’art dans Saint-Laurent» une fois de plus, malgré les avertissements des services de sécurité. En peu de temps, tous les murs resplendissaient de nouveau de plusieurs couleurs, même si le résultat est loin d’être celui de dix ans de dur labeur. Pour le blogueur de «Félin Acousmatique», la morale de l’histoire est claire: «les étudiante-s sont plus forts que l’administration». x
Crédit photo: Camille Chabrol
x le délit · le mardi 19 février 2013 · delitfrancais.com
CAMPUS
L’AÉCSUM dénonce le sous-financement Le conseil débat de transparence et d’éducation. Théo Bourgery Le Délit
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e Conseil de l’Association Étudiante des Cycles Supérieurs de l’Université McGill (AÉCSUM) adopte une motion dénonçant le sous-financement des universités au Québec, le 13 février dernier. Le conseil était le second depuis le début de l’année 2013. Face à des événements politiques majeurs prenant place dans les prochaines semaines, notamment le Sommet sur l’éducation, les discussions sur les premières motions du programme ont été longues et conflictuelles. Avant la présentation des motions, une représentante de la Fédération étudiante universitaire du Québec (FEUQ) a pris la parole pour expliquer le rôle que jouera son association lors du Sommet sur l’éducation, prévu les 25 et 26 février 2013. En anglais, elle a insisté sur le besoin d’avoir une commission indépendante pour analyser de façon neutre la ligne que les universités au Québec devront suivre pour une meilleure gouvernance. Elle a aussi précisé que l’aide monétaire aux étudiants en difficulté financière serait augmenté, ainsi que le revenu minimum nécessaire pour en profiter diminué. Enfin, elle s’est dite opposée à toute indexation ou augmentation des frais de scolarité, souhaitant en revanche se concentrer sur la gratuité scolaire dans un avenir proche. Martine Desjardins, porte-parole de
la FEUQ, a dit au Délit que le «gel indexé» de Pauline Marois, première ministre du Québec et chef du Parti Québécois (PQ), n’était qu’un débat de sémantique. Pour elle, un gel est une pure contradiction avec le concept d’indexation, qui n’aurait des effets positifs que dans un «avenir très, très lointain». Quant à la manifestation de l’ASSÉ, Mme Desjardins explique que «ce n’est pas en fuyant les questions les plus complexes qu’on peut les régler». Elle désire cependant préciser que ce n’est pas le rôle de la FEUQ de donner une opinion. Une des premières motions débattues concernait le budget de l’Université McGill, plus particulièrement le fond opérationnel qui peut être utilisé pour des dépenses de tous genres. Plusieurs étudiants se sont montrés sceptiques quant au bon usage de ce fond de 700 millions de dollars, dont l’utilisation est décidée à huis clos par le Conseil des gouverneurs. Seuls quatre représentants des plus grandes associations étudiantes, dont l’AÉCSUM, participent à ce Conseil et ce, sous un « code d’éthique » qui requiert entre autre la confidentialité. Selon la Commissaire à l’équité de l’AÉCSUM, Gretchen King, «comment les membres présents au Conseil des gouverneurs peuvent-ils représenter le corps étudiants s’ils ne peuvent lui divulguer aucune information?». Elle a donc demandé plus de transparence, pour «une simple question d’éthique». Le vice président aux affaires académiques, Adam Bouchard, a, quant à lui, indiqué que
Crédit photo: Camille Chabrol
«rajouter une couche d’administration ne ferait que ralentir un processus déjà complexe», précisant donc qu’il rejetterait la motion lors du vote. Après une heure de débat continu et plusieurs amendements, une majorité a voté la motion, indiquant que plus de transparence, pour ce qui est des décisions concernant l’avenir des étudiants, est nécessaire. Le Sommet sur l’éducation est ensuite réapparu à l’avant scène. Il était alors question de savoir si l’AÉCSUM se devait d’émettre une déclaration de principes
concernant cet événement. De nouveau, la tribune s’est ouverte pendant une heure. Le secrétaire général, Jonathan Mooney, a finalement bien résumé la situation: «oublions la politique pour se concentrer sur les faits. McGill est sous-financée, et les budgets sont mal gérés. Il faut une déclaration officielle [qui] représenterait l’AÉCSUM dans son ensemble». Cette motion fut votée à majorité. Par manque de temps, le Conseil a mis fin à ses délibérations avant d’avoir pu couvrir toutes les motions. x
QUÉBEC
Sécurité routière et anti-constitutionalité Les audiences contre l’article 500.1 commencent ce lundi. Pierre Chauvin Le Délit
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eut-on arrêter des manifestants pour entrave au code de la sécurité routière? C’est la question posée lors du procès des 238 arrêtés de la manifestation du 15 mars 2011 organisée par le Comité Opposé à la Brutalité Policière (COBP). Le soir du 15 mars, le Service de Police de la Ville de Montréal (SPVM) avait procédé à des arrestations de masse après que la manifestation eut dégénéré. La plupart des personnes arrêtées s’étaient vues remettre une amende de 438 dollars. Le COBP et la Ligue des droits et libertés contestent l’utilisation de l’article 500.1 du code de la sécurité routière dans le cas de manifestations - une atteinte à la Charte des droits et libertés selon eux. Cet article de loi interdit «d’entraver de quelque manière la circulation des véhicules [ainsi que] la circulation» lors d’une action «concertée» sauf dans le cas de manifestation si celle-ci a été préalablement autorisée – ce qui ne fut pas le cas à plusieurs reprises durant le Printemps érable. Pour une telle infraction, les amendes peuvent aller de 350 à 1050 dollars, et en cas de récidive de 3500 à 10500 dollars. Son application dans des manifestations est rarissime : des arrestations ont été faites seulement à huit reprises, pour un total de 682 contraventions entre le 15 mars et le 19 avril 2012.
«À la base, le droit de manifester fait en sorte qu’on devrait avoir le droit de prendre la rue sans l’obligation que les policiers aient le trajet», explique Étienne Poitras, un des avocats de la défense. «Comme l’article 500.1 est un règlement très large, qui laisse beaucoup de place à l’interprétation, nous demandons à ce que cela ne soit pas appliqué en cas de manifestations», explique Sandy, affiliée au COBP, qui défend chaque année les personnes arrêtées lors de la manifestation du 15 mars. «Une manifestation bloque la rue [par définition], donc ça rend[rait] toute manifestation illégale?», demande un protestataire en colère. Même son de cloche chez le professeur de droit constitutionnel à l’Université Laval, Louis-Philippe Lampron: «Même si le fait que la manifestation ralentisse la circulation, […] on ne peut pas faire primer une disposition législative sur la constitution», explique-t-il. C’est à la défense de prouver dans un premier temps qu’il y a violation d’un droit protégé par la Charte – droit d’association, de réunion pacifique ou expression par exemple. La Couronne doit ensuite mettre ses preuves sur la table et prouver que la violation n’en est pas une. Si le juge confirme que les droits des manifestants sont bafoués, un choix s’offre à lui: déclarer l’article 500.1 anticonstitutionnel ou déclarer son applica-
x le délit · le mardi 19 février 2013 · delitfrancais.com
tion lors de manifestations contraire à la Charte. Après avoir entendu un professeur de sociologie de l’Université McGill, Marcos Ancelovici, en tant que témoin expert pour la défense, sur le rôle des manifestations dans notre société, c’était au tour de la Couronne de présenter ses témoins et preuves lundi. La cour a visionné plu-
sieurs heures de vidéos prises par l’hélicoptère de la Sécurité du Québec lors de la manifestation. Les audiences, qui vont être suspendues la semaine prochaine pour reprendre en octobre prochain, surviennent à quelques semaines de la manifestation annuelle du COBP. Le procès continue. x
Crédit photo: Romain Hainaut
Actualités
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De McGill Français au printemps érable Camille Chabrol
Nicolas Quiazua Le Délit
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a force d’un mouvement protestataire est de rallier plusieurs causes sociales dans un même but. C’est ce qu’a réussi le mouvement étudiant contre la hausse des frais de scolarité en 2012, et plusieurs années auparavant ce qu’à fait l’Opération McGill français, un mouvement marquant dans l’histoire du Québec. Les médias de masse anglophones n’ont rien compris à 2012. La mauvaise couverture accordée au mouvement étudiant contre la hausse des frais n’émane pas nécessairement d’un mauvais journalisme, mais plutôt d’une incompréhension du fait français, de la lutte nationaliste québécoise. «Je ne comprends pas comment vous pouvez vous battre pour une hausse de 1625 dollars alors qu’aux États-Unis, on paye de 20 000 à 40 000 dollars». Ce genre d’arguments est fondé sur la notion d’éducation en tant que produit de luxe et ne prend pas en compte la position de la culture québécoise en Amérique du Nord.Depuis les années 1960 et la publication du Rapport Parent, l’accessibilité aux études supérieures est une priorité de la lutte sociale québécoise. Selon Marc Raboy, professeur en Histoire de l’Art et Communication à McGill et étudiant lors de l’«Opération McGill», le Rapport proposait une «démocratisation de son institution». Le gel des frais de scolarité, proposé dans le rapport, était une mesure transitoire établie dans l’optique de l’élimination complète de ces frais sur le long terme.
«Opération McGill
regroupait autant les revendications étudiantes, nationalistes qu’ouvrières» Le Rapport Parent représente un total de 1 500 pages et formule près de 600 recommandations. Un symbole de la Révolution tranquille des années 60, l’accessibilité et la démocratisation du système d’éducation et de ses structures représentent deux des enjeux majeurs du Rapport Parent. Le Rapport Parent marquait une unification du système d’enseignement public en vue de faciliter le passage aux études
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supérieures - c’est comme cela que les Collèges d’enseignement général et professionnel (cégéps) voient le jour. Plutôt que de rendre les universités plus accessibles, les cégeps sont un échec à leur début. À cause d’un manque d’organisation du gouvernement, la première vague de diplomés des cégeps font face à un nombre restreint de place dans les universités. «McGill français arrive en 1969 dans un contexte ou l’UdeM est la seule université francophone a Montréal», rappelle au Délit Roger Rashi, étudiant en sociologie à McGill de 1966 à 1970 et un des organisateurs de l’«Opération McGill». En 1969 ce sont «10 000 étudiants des cégeps qui se sont fait dire qu’ils n’auraient pas de place à l’université». McGill francais venait répondre à ce besoin-là. Pour ouvrir la porte à une multitude de jeunes francophones, il fallait ouvrir une autre université. De plus, l’Université McGill recevait et reçoit toujours la plus grande part du financement du gouvernement québécois, payée par des contribuables à 82% francophones. Marée Humaine Le 28 mars 1969, Le Mouvement pour l’intégration scolaire (MIS) organise une manifestation, exigeant la francisation de l’Université McGill. L’«Opération McGill» est organisée, entre autres, par le jeune professeur de sciences politiques Stanley Gray, membre fondateur du MIS. La marche débute au carré SaintLouis et prend l’ouest sur la rue Sherbrooke. Une fois rendus au portail Roddick, les manifestants font face à un grand nombre d’agents de sécurité et au service de police de Montréal, appelé en renfort par l’administration de l’Université. Une courte altercation avec les forces de l’ordre s’ensuit, sans incident majeur à déclarer. La manifestation est, à l’époque, le plus grand rassemblement à Montréal depuis la Seconde Guerre Mondiale. Elle se solde par une quarantaine d’arrestations et fait quelques blessés dans les deux camps. Le radicalisme à McGill Selon Roger Rashi, l’université anglophone du flanc sud du Mont-Royal, «de 1960 à 70 McGill était l’université avec le plus d’agitation et le plus de mouvement radicaux». Le 3 décembre 1968, onze membres du MIS ont occupé le centre d’information du campus McGill pendant quelques
x le délit · le mardi 19 février 2013 · delitfrancais.com
heures avant d’être évacués par les forces de l’ordre. Selon Joël Pednault, le VicePrésident de l’Association des Étudiants de Université de McGill aux affaires externes en 2011-2012, sur les ondes de CKUT, «c’est à ce moment là que les mouvements sociaux du Québec ont rencontré les mouvements politiques de McGill». Stanley Gray, jeune professeur en sciences politique à McGill, menait une bataille contre l’administration universitaire. Il avait formé un groupe, conjointement avec Marc Raboy, éditeur au McGill Daily, la Students for a Democratic University (SDU), «ne dépassant jamais les 200 personnes». La SDU deviendra ensuite la Radical Student Alliance, un acteur majeur dans l’organisation de la manifestation du 28 mars. En janvier 1969, Gray interrompt une réunion du Sénat et de l’Assemblée du Conseil des gouverneurs en scandant «Révolution», «Vive le Québec socialiste», «Vive le Québec libre». Le mois suivant, il a été invité à prendre la porte. Gray avait, pendant son temps à McGill, tissé des liens avec le président du Conseil central du Montréal Métropolitain (CSN), Michel Chartrand. La CSN accordait son appui à la marche du 28 mars et recommandait à ses affiliés la distribution de Bienvenue à McGill, une édition spéciale en français du quotidien, imprimé à 100 000 exemplaires, contre 14 000 en temps normal, une semaine avant la marche. Le numéro a créé une onde de choc sur le campus; «on voulait nous congédier», se rappelle Raboy. Dans ce numéro spécial, le comité éditorial du McGill Daily dénonçait le manque de francophones dans les instances directrices et administratives universitaires. Raboy, journaliste, prenait part à la marche en tant que manifestant: «Tout le monde a un point de vue politique et c’est aussi bien ne pas le cacher». «Sachant, de par notre expérience immédiate, que McGill est au service des monopoles anglo-américains et que ceuxci travaillent contre les intérêts du peuple québécois, nous publions ce journal pour faire savoir au peuple québécois ce que nous connaissons du véritable rôle de McGill. Nous le publions en appui à la manifestation du 28 mars, l’Opération McGill, et, de là, nous nous joignons aux revendications des étudiants et travailleurs. McGILL FRANÇAIS McGILL aux QUÉBÉCOIS»
La position générale de l’administration à l’époque était de nier le fossé séparant l’institution de la société québécoise. Malgré tout, deux figures faisaient chemin à part: Laurier Lapierre, directeur du programme d’Études sur le Canada-Français, et Michael Oliver, Vice-principal à la vie académique. Oliver proposait une hausse des inscriptions des étudiants francophones de 7 % à 20 % avant 1974, l’adoption d’une politique de bilinguisme pour l’administration et l’incorporation de cours en français dans chaque faculté. Lapierre, quant à lui, proposait une université complètement bilingue dans laquelle tous les cours seraient offerts en français. H. Rocke Robertson, le Principal, était d’accord d’offrir de cours optionnels en français, de rendre bilingue l’administration, de permettre la remise des examens en français, d’accroître la coopération avec les autres établissements francophones et d’encourager la recherche sur le Canada français. Enjeu étudiant, lutte populaire Le changement de nom d’«Opération McGill» à «McGill français» dans la mémoire collective enlève une grande partie de la signification du mouvement. Opération McGill regroupait autant des revendications étudiantes, que nationalistes et ouvrières. «McGill aux ouvriers», «McGill français» et «université populaire» scandaient ensemble les manifestants au portail Roddick. McGill incarnait les maux de ces trois segments de la société. Premièrement, les ouvriers francophones du Québec venaient d’apprendre, grâce à la Commission sur le bilinguisme et le biculturalisme, qu’ils occupaient le dernier échelon salarial au Canada. Deuxièmement, l’axe gauche nationaliste revendiquait une éducation francophone aux fils d’immigrants, faisant notamment référence à l’éducation anglophone des fils d’immigrés italiens à SaintLéonard. Finalement, les étudiants francophones dénonçaient le fait que les universités anglophones recevaient 30 % du total des subventions accordées aux universités québécoises, alors que la population nonfrancophones s’élevait à 17 %, et que les anglophones occupaient 42 % des places dans les universités québécoises. Ils demandaient une francisation progressive de l’université pour finalement la rendre unilingue francophone en 1972. À McGill, les francophones ne représentaient que 8% des étudiants en 1969.
Société societe@delitfrancais.com
Les manifestants nationalistes dénonçaient la nature colonialiste de l’institution et exigeaient que McGill s’intègre au Québec plutôt que de seulement y rester installée. Ils demandaient la francisation de l’université et une augmentation du nombre d’élèves de langue française. La séparation de McGill d’avec la société québécoise ne s’était pas améliorée malgré le plaidoyer de l’université à la Commission royale sur le bilinguisme et le biculturalisme en 1965, selon lequel elle prendrait «un rôle plus actif et vigoureux dans le nouveau Québec». Les années 1960 et la Révolution tranquille ont constitué une période de changements sociaux et politiques importants au Québec. «À partir de 1966, on a commencé à ressentir les limites de la Révolution tranquille, se souvient Marc Raboy. et on cherchait à pousser les revendications de la Révolution tranquille plus loin». L’action directe prend désormais le premier plan. Opération McGill arrive dans un contexte d’intensification de la lutte populaire générale. De 1960 à 1969, les syndicats d’enseignement organisent 21 grèves. Plusieurs occupations ont lieu dans les cégeps et les universités, notamment l’occupation et la destruction du centre d’informatique à l’Université Sir George Williams (aujourd’hui le campus du centre-ville de l’Université Concordia) et le Front révolutionnaire de libération du Québec (FLQ). bombarde la Bourse de Montréal. La manifestation éphémère qui a regroupé ces diverses demandes sociales sous une même bannière n’a pas mené a une organisation sociale et activiste permanente. Dans le court terme, en cherchant l’impact concret de la manifestation, McGill français n’aurait pas été une réussite. Toutefois, selon Roger Rashi, McGill
français marque le début d’une période historique: c’est «le début d’une révolution à l’intérieur de la Révolution tranquille. McGill français est le début d’une période radicale au Québec de 1969 a 1980. Entre 15 à 20% des étudiants au Québec ont quitté la structure d’éducation postsecondaire entre 1970-1975 pour se concentrer sur l’action contestataire». Le système des Universités du Québec a ouvert ses portes en septembre 1969, incluant sa branche motréalaise (UQAM) et a fourni assez de places aux étudiants émanant des cégeps. Quelques années après, le mouvement nationaliste est englobé par le Parti québécois vers l’indépendance. Les ouvriers, quant à eux, chemineront vers le Front commun de 1972. La société Saint-Jean-Baptiste et le Parti Québécois (PQ) se sont toujours dissociés de McGill français, étant des partis nationalistes plutôt de droite et d’un nationalisme traditionnel. Le Printemps érable Aujourd'hui, le «fait français» demeure un élément de base de tout mouvement de lutte pour une éducation accessible. Pour Rashi, la position de la culture francophone minoritaire en Amérique du Nord fait en sorte que «l'accès à l'éducation supérieure est cruciale pour le maintien et l’expansion d’une culture riche». L'objectif de gratuité scolaire du Rapport Parent n’a cependant toujours pas été atteint. Le rapport affirmait que «les bénéfices de l'éducation dépassent l'individu et la localité; le progrès de l'enseignement sert principalement les intérêts généraux de la société, de sorte qu'on peut et qu'on doit désormais considérer l'édu-
cation comme une entreprise nationale». Depuis quelques années, le modèle érigé par le Rapport Parent est complètement négligé par les politiques néolibérales de la gouvernance de la dernière décénie. «L'endettement étudiant et les politiques néolibérales du Parti Libéral du Québec de Charest et du Parti Québécois de Marois restreignent l'accès [à l'éducation] de plus en plus», conclu Rashi. À l'État québécois des années 1960, qui concevait l'éducation comme un droit pour tous et un projet gouvernemental, on a depuis 2003 substitué un État, sous deux gouvernements, qui considère l'éducation comme une marchandise. L’arrivée d’une idéologie néolibérale détruit le modèle québécois avancé par la Révolution tranquille. Le mouvement étudiant a évolué en une lutte sociale contre l’ensemble des politiques néolibérales et on ne peut donc pas le comprendre, lui ou l’opération McGill, sans comprendre la question nationaliste. Aujourd’hui à McGill La place de la langue française a peu changé à l'université. Les francophones comptent maintenant 6000 étudiants, soit 17,5% de la communauté. McGill reste essentiellement une institution anglophone. Les services administratifs ne sont que sporadiquement disponibles dans la langue officielle de la province, et depuis le 1er mai 2005, l’AÉUM n’a pas actualisé la traduction de sa constitution. L’administration ne fait aucun effort pour promouvoir la langue française. Le Centre d’Enseignement du Français (CEF) est surchargé. Même si les étudiants étrangers le shouhaitent, ils peinent à trouver une place.
Sans possibilité d’apprendre le français, les étudiants anglophones peinent à, après leur graduation, entrer sur le marché du travail au Québec, entre autres en raison de lois et chartes le régissant. La province perd ainsi plus de 80% des étudiants formés dans son université la plus réputée. On voit bien, après plus de quarante ands de lutte que le français n’est pas une avenue rentable à McGill. Le dernier rapport «annuel» du français à McGill date de 2005-2006. x Revendications d’Opération McGill: Que l’enseignement soit donné en français à McGill, avec une francisation progressive de l’université : 50 % en 1969-1970, 75 % en 1970-1971, 100 % en 1971-1972 Que McGill accepte une partie des 10 000 cégépiens dès septembre 1969 Que McGill implante une politique de parité des frais de scolarité avec l’Université de Montréal (200 dollars) en attendant la gratuité scolaire Que soit aboli le Centre d’études canadiennes-françaises qui scrutait les Québécois comme une espèce de nature différente Que la bibliothèque McLennan soit ouverte au grand public Que soit donné la priorité aux intérêts nationaux dans la recherche. Que soit implantée une représentation tripartite au Conseil des gouverneurs: un tiers étudiant, un tiers personnel enseignant et non-enseignant et un tiers représentant direct du peuple québécois.
Société
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OPINION
L’effet Apple à McGill La marque à la pomme sur la première marche du podium... jusqu’à quand? Côme de Grandmaison
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ans chaque bibliothèque, amphithéâtre, chambre d’étudiant de McGill, on trouve des produits Apple. Ainsi, un sondage réalisé par des étudiants à «New Rez» montre que 75% des étudiants sont équipés d’un Mac, ce qui pourrait s’appliquer à l’ensemble de McGill. Ce chiffre est confirmé par la boutique Apple de la librairie de McGill: un de ses employés explique que les étudiants ainsi que les professeurs, achètent majoritairement des ordinateurs Mac, bien que ceux-ci soient plus chers que la plupart des PC. Si l’on cherche des données plus générales, le même constat ressort: d’après Trip Chowdhry, un analyste du cabinet Global Equities Research, 70% des étudiants américains entrant à l’université possédaient un Mac en 2010. Cependant ce chiffre n’est pas représentatif de la réalité des ventes: en 2011 Apple ne possédait que 10,4% du marché, en 4e position derrière HP, Dell et Acer. Alors comment expliquer que la majorité des étudiants soient équipés de Mac ? L’effet de mode pourrait expliquer en partie la suprématie d’Apple à McGill, mais cette hypothèse semble insuffisante. La compagnie américaine doit posséder d’autres avantages pour séduire autant : simplicité d’utilisation, logiciels spécifiques… Intuitif Un mot qui revient souvent pour qualifier les produits Apple est «intuitif». En effet, les iPods, iMac et autres produits Apple ne sont jamais livrés avec un mode d’emploi, car leur interface est relativement simple, claire, et les produits se découvrent instinctivement. Par exemple, l’iPhone est le premier Smartphone à n’avoir été doté que d’un unique bouton central, rendant superflu et compliqué les autres du même coup. Cela correspond tout à fait aux attentes des étudiants: ceux-ci ont grandi avec les nouvelles technologies, et ne veulent pas s’embarrasser de manuels et guides; ils préfèrent découvrir par eux-mêmes, et bénéficier des différentes applications. L’intégration croissante de Facebook et Twitter dans les iPads et iPhone séduit les jeunes, facilitant à l’extrême le partage de photo, entre autres. En plus de cette interface agréable et attirante, les objets Apple sont en eux-mêmes des objets de design: c’est leur plus grande force. Ils attirent l’œil, deviennent des marqueurs sociaux que l’on cherche à montrer, à posséder avant les autres. Steve Jobs, le fondateur de la marque,
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disait lui-même: «Nous avons rendu les boutons de votre écran si beaux que vous aurez envie de les lécher» (Fortune, 24 janvier 2000). Il y a donc un lien puissant, presque affectif, entre Apple et ses consommateurs: chaque déclaration du PDG, chaque annonce, chaque nouveau produit, fait l’objet de débats passionnés sur Internet. La relation entre Apple et ses utilisateurs est donc alimentée, et a donné lieu à la création de communautés d’«Apple-addicts» partout dans le monde. Apple possède donc un avantage réel qui lui permet de se positionner chez les jeunes en particulier comme une marque attrayante et reconnaissable.
De plus, Apple a récemment développé la plateforme iTunesU dont le fonctionnement est similaire à MyCourses: les étudiants ont accès au contenu mis en ligne par leurs professeurs, à leurs notes, mais aussi a de nombreux articles et cours donnés par des professeurs renommés. Un circuit fermé Apple a donc su créer des contenus attractifs, des objets répondant à des besoins spécifiques. Difficile de savoir si ces besoins existent ou si Apple les a créés… Mais l’entreprise a aussi généré des produits étant complémentaires, tout en évitant le piège de l’autoconcurrence, selon Philippe
mais répond aussi dans certains cas à un souci pratique. Apple est donc de plus en plus présente dans les universités, comme le montre l’inventaire des ordinateurs de l’Université de Virginie: en 2004, seulement 8.3% des ordinateurs possédés par les étudiants étaient des Mac, contre 43.4% en 2009, et probablement plus aujourd’hui. Néanmoins la marque ne compte pas seulement sur les avantages énoncés précédemment pour s’imposer plus encore dans les milieux universitaires: sur le site Apple Canada, le programme «Apple et l’éducation» est mis en avant. Il s’agit pour la compagnie de présenter les avantages de
Romain Hainaut
Cependant, si Apple est tant représentée, c’est parce qu’elle est extrêmement bien intégrée: depuis la création jusqu’à la vente, tout se fait sous la franchise Apple. De fait, les Apple Store sont un cas unique dans l’industrie informatique. Ils permettent de se mettre en avant, de se donner une certaine image, et d’offrir des services personnalisés aux clients: personnalisation de l’ordinateur/ iPod, interaction avec les clients... Les applications sont également une grande force d’Apple: il en existe plus de 650 000. Elles correspondent à tous les besoins, et plaisent aux jeunes pour leur facilité d’installation, leur aspect «social» (des applications comme Instagram, Draw Something ou Snapchat relient des millions d’utilisateurs dans le monde entier).
Torres, conseiller en stratégie numérique à la BNP. En effet Apple parvient à rendre attractif différents objets, de l’iPod à l’iMac, en passant par l’Ipad, tout en jouant sur leurs atouts distinctifs. Ainsi, les étudiants tombent facilement dans la «spirale Apple»: la librairie de McGill est témoin de la popularité de l’iPad, même s’il est rarement le seul support informatique des étudiants. Ceux-ci l’achètent en appoint d’un ordinateur.. D’autant plus qu’Apple fonctionne en circuit fermé: les logiciels Apple n’ont pas toujours d’équivalent sur PC et inversement, les formats de fichiers sont parfois différents, les appareils externes comme les disques durs sont parfois utilisables sous un seul système d’exploitation. Ainsi le fait d’acheter un Mac n’est pas seulement un geste d’imitation
ses produits aux étudiants, de les convaincre d’acheter un Mac plutôt qu’un PC. Tout d’abord, Apple explique que le système Mac est extrêmement interactif, et permet de créer l’équivalent d’un réseau social à l’intérieur même de la salle de classe, au travers d’un partage de fichiers facilité, de logiciels intégrés: «Grâce à la recopie vidéo AirPlay, enseignants et étudiants peuvent présenter le contenu de leur Mac à toute la classe.[…] La fonction Dictée permet aux enseignants et aux étudiants de dicter plutôt que de taper». En plus de ce développement volontairement tourné vers les étudiants, Apple propose également des avantages financiers lors de l’entrée à l’université : pour un étudiant de cégep ou de l’université, un Macbook Pro coûte 100 dollars de moins.
Ainsi, Apple voit son influence croître sur les campus universitaires, ce qui se remarque par la multiplication des espaces de vente au sein des universités. Celui de McGill en est un parfait exemple, avec près de la moitié de l’espace informatique de la librairie consacré à la marque de Cupertino. Bientôt la fin d’une ère ? Cependant, cette expansion va-t-elle connaître un terme? Une enquête réalisée par l’agence Buzz Marketing Group et relayée par Forbes révèle en effet que les jeunes ne trouvent plus Apple «cool», mais presque ringard, car la marque en est venue à séduire leurs parents, et parfois même leurs grands-parents. Ainsi l’effet de mode Apple pourrait commencer à s’épuiser chez les nouvelles générations (post2000), notamment sur le terrain des smartphones et des tablettes, face à des concurrents plus originaux. Microsoft, par exemple, propose avec Surface une tablette inédite, différente: elle est «multiutilisateur», c’est-à-dire qu’elle n’est pas reliée au compte d’un seul usager comme c’est le cas avec l’iPad. Le problème du «tout Apple» ressort ici: à force de vouloir connecter et contrôler la production et l’utilisation de ses produits, Apple a lassé ses clients, qui se sentent «prisonniers». Certains aspects des produits et du système Apple seraient donc des freins à la consommation. De plus, un certain manque d’originalité commence à être reproché à la firme de Tim Cook, notamment concernant l’iPhone 5, qui a déçu bien des utilisateurs attendant mieux qu’un iPhone 4S plus grand et plus fin. Mais une autre problématique, plus grave, est également à prendre en considération: celle de la maltraitance des ouvriers Apple en Chine. Car il ne faut pas oublier que les beaux objets que les foules s’arrachent ont un coût caché, qui n’est pas mesurable. Celui-ci commence à être connu à travers les polémiques sur les conditions de travail (insalubrité, dortoirs bondés, travail d’enfants) et les suicides dans les usines Foxconn de Shenzen et Chengdu, révélées par le New York Times. Ainsi lorsque Steve Jobs déclarait: «Mon travail n’est pas d’être gentil envers les gens. C’est de rendre leur vie meilleure», on peut douter de son honnêteté. À moins qu’il ne divise les gens en plusieurs catégories… Cette face sombre de l’entreprise n’a pour l’instant pas de réel impact sur la réalité des ventes, mais la crise est bien là (il y a eu des «litiges» en octobre 2012 au sein d’une usine Foxconn). Et il n’est pas improbable qu’elle s’étende de la production aux ventes. x
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CHRONIQUES
La procession des cœurs brisés Margot Fortin | Chronique accidentelle
Chaque année, le jour de la Saint-Valentin, des hommes et des femmes se réunissent dans toutes les grandes villes du Canada pour dénoncer la violence qui continue d’être faite aux femmes autochtones dans une troublante impunité. À Montréal, ce 14 février dernier, quelques centaines de personnes ont uni leurs forces dans une nouvelle tentative de marquer la fin de cette ère d’indifférence envers les autochtones au Canada. La marche organisée par le groupe Missing Justice tombait à point. La veille, l’organisme Human Rights Watch (HRW) avait diffusé un rapport étoffé détaillant certains abus commis par des policiers de
la Gendarmerie Royale du Canada (GRC) qui ont travaillé sur le dossier de l’«autoroute des larmes». Cette expression fait référence à l’Autoroute 16, cette route qui relie Prince George et Prince Rupert en Colombie-Britannique et où un nombre sidérant de jeunes femmes autochtones ont été vues pour la dernière fois avant de disparaître sans laisser de traces. Le rapport fait ainsi état d’allégations sérieuses concernant la négligence généralisée dont ferait preuve la GRC dans les dossiers de disparitions de femmes autochtones. Les faits présentés sont aussi appuyés par une foule de témoignages et de preuves circonstancielles qui suggèrent que ces femmes ont de bonnes raisons de croire qu’elles ne sont pas en sécurité auprès des autorités policières qui sont chargées de les protéger. Le gouvernement Harper n’a surpris personne en opposant au rapport de HRW son habituelle fin de non-recevoir, allant jusqu’à ajouter l’insulte à l’injure en suggérant aux femmes concernées de remettre leurs preuves à la police. Belle ironie.
Que ces allégations contenues dans le rapport soient fondées ou non, le simple fait que les femmes autochtones en soient venues à craindre la police de la sorte ne justifie-t-il pas à lui seul que les autorités se penchent sur la question? Pour le gouvernement de Stephen Harper comme pour ceux qui l’ont précédé, la gestion de la question autochtone prend souvent des airs de grande opération de relation publique: il importe d’abord de sauver les apparences. Les gens qui souffrent, eux, peuvent attendre. Cette tendance s’est également manifestée on ne peut plus clairement lors des soulèvements pacifiques qui ont accompagné la montée en puissance du mouvement Idle No More, et plus spécifiquement encore dans la réponse servie par les conservateurs à la grève de la faim symbolique de la chef de la réserve d’Attawapiskat, Theresa Spence, qui ne réclamait pourtant rien de plus qu’une rencontre avec le Premier ministre. Soucieux de ne pas cautionner cette forme d’action politique éminemment dangereuse pour le maintient de l’ordre public, le premier ministre Stephen
Harper a immédiatement répondu à la demande de Mme Spence par la négative. Pourtant, le simple fait que cette femme ait pu croire que la seule option dont elle disposait pour parvenir à s’entretenir avec son Premier ministre était une grève de la faim aurait dû suffire largement à convaincre ce dernier d’accepter de la recevoir. Or, c’est tout le contraire qui s’est produit. Le maintien d’un solide lien de confiance entre la population et les individus qui ont le devoir de la protéger est une pré-condition majeure au bon fonctionnement d’une société démocratique. Le rapport de HRW et les manifestations du 14 février qui se tiennent chaque année depuis 1991 témoignent de la rupture de ce lien au sein de bon nombre des quelques 600 communautés autochtones du Canada. Au-delà de la confiance trahie, les autochtones du Canada doivent quotidiennement faire face à une indifférence qui verse parfois dans l’aveuglement collectif. Avec le système des réserves, rares sont les Canadiens qui interagissent quotidiennement avec des autochtones et qui sont à même de constater à quel
point nous les avons laissé tomber. Le fléau du suicide chez les jeunes autochtones et les disparitions non-résolues ne sont-ils pas d’ailleurs symptomatiques de la volonté quasi-explicite des autorités canadiennes d’affubler les communautés autochtones d’une cape d’invisibilité? De la réserve d’Attawapiskat à l’«autoroute des larmes», trop de cœurs s’arrêtent encore d’avoir battu trop fort. Le mouvement Idle No More aurait dû déclencher un dialogue national sur la question des droits des autochtones, mais force est de reconnaître que cette initiative inspirante s’est plutôt transformée en conversation unilatérale en raison du manque de réceptivité des autorités en place. Le gouvernement conservateur, qui traite le dossier comme n’importe quel enjeu ponctuant momentanément l’actualité politique canadienne, ne semble pas disposé à s’attaquer à l’état actuel des relations canado-autochtones: un insoutenable silence entrecoupé d’insaisissables élans de bonne volonté. Nous voilà ainsi condamnés à assister, le 14 février de chaque année, à une immense procession de cœurs brisés. x
en globules rouges, ce qui est dangereux pour la santé. Il faut donc bien s’informer avant de débuter un tel régime. Le préjugé selon lequel les végétariens sont faibles et dépourvus de muscles est mis à mal par deux athlètes de chez nous, soit Anthony Calvillo, le quart arrière des Alouettes de Montréal, et Georges Laraque, un ancien hockeyeur professionnel, qui ont vu leurs performances physiques s’améliorer après être devenus végétariens.
réalisés afin de démontrer la souffrance animale dans nos industries, dont Food inc. et plus récemment, La face cachée de la viande. Certains animaux ne voient jamais la lumière du jour, d’autres sont attachés de façon à ne pas pouvoir faire un tour complet sur eux-mêmes. Des conditions épuisantes pour les poules pondeuses aux séparations des veaux de leur mère touchent quiconque les voit, mais au quotidien, l’impact de ces documentaires ne se fait pas sentir. Loin des yeux, loin du cœur.
Être ou ne pas être végétarien? Sofia El-Mouderrib | Science ça!
Entre les études, le travail, la famille et les amis, on a peu de temps libre pour se préoccuper de notre santé et encore moins de notre planète! Le mouvement altermondialiste souhaiterait le contraire, mais les faits sont là: on n’a pas le temps de magasiner des vêtements de fabrication responsable, d’acheter uniquement des produits équitables, de composter nos aliments et d’acheter local. Toutefois, il existe, selon les altermondialistes, une façon simple et saine de bien s’alimenter tout en protégeant la nature: le végétarisme. Ce mode de vie pose cependant des problèmes éthiques majeurs. Alors, être ou ne pas être végétarien? Pour l’environnement Pour la production d’une calorie de bœuf, il en faut dix-sept d’origine végétale. Pour le poulet, le porc et les œufs, seulement quatre calories végétales sont nécessaires. Cela signifie qu’au lieu de consommer 17 calories de céréale, nous en gaspillons seize pour avoir une seule calorie qui goûte le bon steak! La terre ayant une étendue de terrains agricoles limitée, consommer
de la viande comme nous le faisons mènera à un épuisement irréversible des sols. Plus la population mondiale croît (et rien n’indique un prochain renversement de cette tendance), plus cet épuisement approche. Avec une augmentation de la demande de viande vient la déforestation. En Amérique du Sud, des pans entiers de forêts sont brûlés pour faire place à des monocultures céréalières pour nourrir les animaux d’élevage. Plus localement, les déchets fécaux du bétail se retrouvent souvent dans les cours d’eau avoisinants. Les éléments chimiques contenus dans ces fèces déstabilisent les écosystèmes des lacs et rivières. Plus d’algues, plus de bactéries, moins de poissons, moins d’amphibiens; les conséquences sont multiples. Le végétarisme, avec son exclusion de toute viande animale, semblent donc être LA solution alimentaire à ces problèmes environnementaux. Pourtant, la mondialisation a ses effets pervers et met parfois les «végés» dans l’embarras. L’exemple du quinoa en est un qui fait en sorte qu’on ne sait plus à quel saint écolo se vouer! La popularité du quinoa, un produit agricole péruvien et bolivien, a fait grimper son prix à un point tel que les populations rurales de ces deux pays ne peuvent plus s’en payer. Désormais, le poulet leur coûte moins cher que cette simili céréale. De plus, l’engouement occidental pour ces grains a remplacé les cultures variées et riches traditionnelles par de vastes monocultures de quinoa. Ajoutons à cela qu’il y a des pénuries d’eau dans les villages dues à l’irrigation de ces cultures! Cette
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situation nous montre qu’il faut à la fois manger moins de viande et manger local, mais des bananes et raisins du Québec l’hiver, c’est rare! L’importation devient inévitable, tout comme l’empreinte CO2 qui accompagne le transport. Pour la santé Le gras animal est généralement saturé; s’il n’est pas entreposé dans des cellules adipeuses, il est métabolisé dans notre corps en cholestérol, une molécule qui augmente le risque de maladies cardiovasculaires. La viande rouge augmente le risque d’avoir un cancer colorectal, un cancer du sein, du foie ou de l’œsophage. Pour éviter ces risques, il faudrait réduire notre consommation de viande rouge à 500g, c’est-à-dire l’équivalent de deux steaks, par semaine. Les consommateurs exclusifs de viande blanche (volaille et poisson) voient ces risques pour la santé diminuer significativement. Pour avoir un apport complet en protéines tout en étant végétarien, il faut s’assurer d’aller chercher tous les acides aminés essentiels que l’on retrouve dans la viande. Il faut donc combiner les légumes, les céréales et les légumineuses pour obtenir la totalité de l’éventail de ces morceaux de protéines. Il est à noter que dans toutes les cuisines traditionnelles, ces combinaisons existent. On a qu’à penser au couscous, aux plats asiatiques à base de riz et de soja, aux plats latinos contenant des fèves et du maïs, pour ne citer qu’eux. Si un régime végétarien n’est pas complet, des carences peuvent mener à une anémie, un appauvrissement du sang
Pour les animaux La souffrance animale est un des arguments les plus controversés de la cause végétarienne. On peut se demander s’il n’est pas tout naturel de tuer pour se nourrir puisqu’il en a toujours été ainsi pour la race humaine. Mais cet argument naturaliste a ses limites parce que, justement, toutes les maladies chroniques reliées à la consommation de viande révèlent les lacunes d’adaptations dans le corps humain. Environ huit gènes favorisant le métabolisme des gras issus de la viande ont été identifiés chez l’homme, ce qui s’explique tant par une adaptation historique que par la descendance de l’homme du singe. Étudier la physiologie actuelle de l’homme et son rapport à la viande sera éclairant. S’il est possible de s’en passer, pourquoi ne pas le faire ? Les antispécistes poussent l’argument de la souffrance animale un peu plus loin en refusant une distinction entre les espèces et surtout en rebutant l’hégémonie des Homo sapiens sur les animaux qui sont exploités pour la science, le plaisir sportif et la nourriture. Nombre de documentaires ont été
Flexitarisme En somme, il y a des raisons d’être végétarien et des raisons de ne pas l’être. Beaucoup de gens (et j’en suis) avoueront adhérer à la cause «végé», mais n’arriveront pas à modifier cette partie de leur vie. Il est si facile de se rapporter aux plats que nous connaissons et que nous aimons depuis notre enfance. Il existe désormais une tendance nommée «flexitarisme» qui enjoint ces gens à consommer moins de viande et lorsque l’envie nous en prend, de choisir des viandes d’éleveurs locaux dont les pratiques sont éthiquement responsables et d’acheter des poissons pêchés de façon responsable également. Si tout le monde ne faisait que réduire son apport hebdomadaire de viande, les conséquences environnementales se feraient moins sentir, la santé des gens ne ferait que s’améliorer et les industries agroalimentaires s’adapteraient à la demande des consommateurs. C’est peut-être ça la solution pour les paresseux du type grands-parleurs-petits-faiseurs comme moi qui veulent être et ne pas être végétariens à la fois! x
Société
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Crédit photo Camille Chabrol
THÉÂTRE
Philoctète au MAI
McGill Classics Play présente sa traduction originale du classique de Sophocle. Anselme Le Texier Le Délit
L
e Département d’Études classiques nous invite à découvrir l’histoire de Philoctète, dans une traduction originale de la pièce de Sophocle. Les étudiants du Département d’Études classiques ont travaillé depuis près d’un an pour mener à bien ce projet, avec plusieurs mois de traduction suivis de quelques mois de répétition. C’est la troisième année que le département organise l’événement, sur l’initiative de Lynn Kozak, jeune professeure assistante, qui avait déjà participé à un projet similaire à l’Université de Nottingham. McGill Classics Play rassemble donc chaque année une troupe d’étudiants passionnés de théâtre antique. Après Eschyle et Euripide, c’est au tour de Sophocle d’être traduit et interprété à McGill. La particularité de la pièce tient dans la traduction originale qui est présentée. Elizabeth Ten-Hove, metteuse en scène, confie au Délit, dans une entrevue: «On a passé une bonne partie de l’été à traduire le texte de Sophocle. Le but était d’obtenir un texte plus actuel, tout en conservant la poésie de l’auteur». Il est impressionnant de voir des étudiants jouer une pièce qu’ils ont eux-mêmes traduite, avec des mots qu’ils ont choisis, s’assurant de travailler un texte qui les touche. La troupe change à chaque année, et les différents rôles sont ouverts à tous. Elizabeth Ten-Hove précise que s’il y a bien eu des auditions formelles, tous les candidats ont été retenus et ont intégré le chœur. Avec quatre rôles principaux,
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Arts & Culture
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la courte pièce ressemble à un huis clos. Philoctète est une pièce moins connue, et une tragédie peu commune, avec des personnages qui ne meurent pas. Dans l’ensemble, la performance des jeunes comédiens amateurs est passable. Le chœur remplit son rôle de faire-valoir, et les quatre autres comédiens livrent une performance mitigée. Travis Schroeder, dans le rôle d’Ulysse, donne l’impression d’être trop près de son texte, ce qui l’empêche de développer toutes les facettes de son personnage. Lewis Innes-Miller, quant à lui, rend un Philoctète qui manque de profondeur et dont la douleur convainc peu. Giuletta Fiore, en revanche, dans le personnage de Néoptolème, rayonne par son implication envers le texte et sa maîtrise de l’espace scénique. Cependant, la réussite de l’entreprise n’est pas là. L’amateurisme apparent qui caractérise souvent les productions étudiantes cache souvent les engagements et les sacrifices des uns et des autres, et remplit fréquemment un rôle tout autre. McGill Classics Play est avant tout une occasion de découvrir la tragédie antique et les classiques grecs. C’est aussi une opportunité pour les étudiants de faire l’expérience de la scène. x
McGill Classics Play: Philoctetes Où: Montréal Arts Interculturels Quand: du 20 au 23 février, 20 heures Combien: 8 dollars
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THÉÂTRE
Le beau est affreux… Le Players’ Theater replace MacBeth durant la Première Guerre Mondiale. Anne Pouzargues Le Délit
E
t l’affreux est beau. Comment renouveler une pièce aussi connue que MacBeth, jouée et rejouée dans le monde entier? C’est la question que s’est posée la troupe du Players’ Theater dans cette nouvelle adaptation, où elle reprend le texte original de la pièce de William Shakespeare et l’inscrit dans une temporalité plus proche: celle de la Première Guerre Mondiale.
Le choix du réalisme L’adaptation est ancrée dans une réalité bien précise. Le décor tourne sur luimême pour permettre à la scène de devenir deux espaces distincts, délimitant le public et le privé, et matérialisant, d’une part, l’extérieur du château de MacBeth, et d’autre part, l’intérieur du château qui se fait tour à tour chambre et salon. Les costumes, quant à eux, sont des répliques d’uniformes militaires, sobres et permettant à toute la pièce de se construire autour de quelques couleurs: le kaki, le marron et le gris. Le cadre est ainsi posé dès l’ouverture. La pièce va tenter pendant deux heures et demie de retranscrire une double violence: celle de la pièce originelle et celle de la Première Guerre Mondiale. Un mélange qui peut paraître paradoxal et que Martin Law, le metteur en scène de la pièce, justifie ainsi dans une entrevue avec Le Délit: «D’habitude, lorsque les metteurs en scène tentent de re-moderniser des pièces, ils se contentent d’habiller les acteurs en costume-cravate. Je voulais un temps ou tous les éléments étaient réunis – la guerre, le chaos, l’ambition – et ré-actualisés à la fois. L’Europe de la Première Guerre Mondiale m’a semblé être le lieu idéal». Surprenant au départ, on est pourtant peu à peu pris dans cet univers où les fusils ont remplacé les épées. Un couple prometteur Si l’atmosphère parvient à s’affirmer, c’est notamment grâce au jeu des acteurs, qui, parfois inégal, permet néanmoins quelques scènes remarquables. Le couple formé par MacBeth et Lady MacBeth (Matthew Rian Steen et Annie MacKay) peine à s’affirmer à l’ouverture. Ce n’est qu’après l’entracte que les deux acteurs prennent la pleine possession de la scène et de leur capacité. Attendue depuis le début de la représentation, la scène dans laquelle Lady MacBeth sombre dans la folie et s’imagine voir des taches de sang ne déçoit pas. MacBeth parvient, de son côté, à progressivement s’affirmer, et, du personnage faible de l’acte I, devient un tyran sanguinaire à l’acte V. Le jeu de l’acteur suit cette progression, et si sa performance n’est pas très convaincante au début de la pièce, elle semble s’améliorer au fil des scènes.
Une attention spéciale doit être accordée aux personnages secondaires, qui volent parfois la vedette au couple principal. Les Trois Sorcières offrent ainsi de belles scènes, aussi bien sur le plan esthétique que dans leur jeu: des personnages bien définis, qui rendent compte de l’ambiance quasi-fantastique de la pièce de Shakespeare. Réussite particulière, enfin, de la scène du Portier (Matthew Banks), qui insiste sur le caractère tragi-comique de MacBeth et fait osciller le spectateur entre une angoisse grandissante et un inévitable rire. Ces moments-clés sauvent la pièce de certaines longueurs qui menacent de faire s’écrouler l’édifice parfois très précaire d’une adaptation au rythme par moments un peu lent.
duel au pistolet. Celui-ci met fin à la folie d’un MacBeth dont l’interprétation atteint dans cette scène son paroxysme, et qui trouve un juste équilibre sans tomber dans le sur-jeu. C’est, à mon sens, ce qui réactualise pleinement la pièce. En entrevue avec Le Délit, le metteur en scène Martin Law souligne que «la pièce est encore très contemporaine». En tant qu’étudiant en Histoire à McGill, il croit que MacBeth semble pouvoir s’adapter à toutes les époques. Montrer la violence sur scène est une étape de plus qui permet d’ancrer la pièce à la fois dans le contexte de la Première Guerre Mondiale et dans celui de la société contemporaine.
MacBeth parvient à traverser les siècles jusqu’à parvenir à la salle de spectacle du Players’ Theater de McGill. S’il y a des hauts et des bas, le travail de toute la troupe est à mettre en avant, et on passe un bon moment qui s’avère, parfois, être original. x
MacBeth, de William Shakespeare Mise en scène: Martin Law, pour le Players’ Theater Quand: 20-23 février et 27 février-2 mars, à 20 heures Combien: 6 dollars
«Rien n’existe que ce qui n’est pas» Le poids de la fatalité tragique hante la pièce de Martin Law. Il réussit à réinterpréter celle-ci à l’égard du thème shakespearien du masque et des apparences trompeuses. Le masque est ainsi un élément omniprésent: le couple MacBeth le porte en traître après l’assassinat du roi; Banquo, le chef assassiné, fait de même lorsqu’il revient hanter MacBeth lors de son premier repas en tant que Roi; les Trois Sorcières en portent lorsqu’elles s’adressent à MacBeth pour la dernière fois. Le masque garantit l’angoisse et la tension dramatique, et les scènes masquées contribuent largement à relancer l’action lorsque le rythme faiblit. On peut peut-être relever ici l’un des problèmes majeurs que pose l’adaptation d’une pièce de William Shakespeare dans un contexte qui est marqué par sa propre violence et qui est déjà très historicisé. En effet, le contraste entre l’hyper-réalisme de la pièce et les éléments fantastiques et symboliques ne semble parfois pas parfaitement maîtrisé. Si l’idée est bonne, la contradiction ne parvient pas toujours à être dépassée et peut paraître presque anachronique et caricaturale. Les éléments fonctionnent chacun de leur côté, mais ne forment pas un tout régulier. Montrer la violence Cela est peut-être dû à l’introduction d’un nouveau thème qui, s’il est évoqué plus qu’il n’est montré dans la pièce originale de Shakespeare, prend il est vrai son sens dans ce nouveau contexte: Law a insisté dans cette adaptation sur la violence et les possibilités de montrer celleci. Le programme l’annonce clairement, des scènes de violence sont à attendre. Alors que dans le texte tous les meurtres ont lieu hors de la scène, ils sont tous ici, à part celui du Roi, représentés sous les yeux du public. L’utilisation des armes à feux renforce la violence parfois extrême des scènes de combat. Le meurtre final de MacBeth est particulièrement impressionnant, car le combat collectif incluant presque toute la troupe se finit sur un
Crédit photo Victor Tangermann, The McGill Daily
Élection de l’équipe éditoriale 2013-2014 du Délit le 13 mars 2013 rec@delitfrancais.com
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Arts & Culture
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EXPOSITION
De l’esprit à l’encre
«Eden in Stasis», nouvelle exposition de l’artiste et étudiante Amy Goh Alexandra Appino-Tabone Le Délit
«P
ersonne n’écoute les artistes», confie Amy Goh lors de son exposition multimédia à la galerie Coatcheck le 16 février, «c’est pourquoi je compte sur Jo (la directrice de la galerie) pour superviser le projet». Mais la réaction du public à son œuvre lui a pourtant prouvé le contraire: le travail d’Amy Goh remet en question tout ce qu’on entend, tout ce qu’on voit; en bref, tout notre rapport à la réalité. L’artiste ouvre l’espace clos de la galerie en projetant les images d’un jardin sur un triptyque de dessins à l’encre, sa marque de fabrique. Ces dessins représentent la lune, l’océan, un serpent. Grâce à une ambiance sonore à la fois tranquille et angoissante, on entre dans le labyrinthe de l’esprit de cette artiste surréaliste, sublime, et tout à fait stupéfiante. L’exposition «Eden in Stasis» explore le thème de la naissance, qu’elle soit littérale ou figurative. On apprend de la complexité de son art que le moindre détail peut changer le sens d’un tout. Les images en mouvement projetées sur les murs contrastent avec les dessins et leurs existences figées. Amy s’intéresse aux «états transitoires», un motif très important dans son travail. Elle a décidé de présenter ses dessins avec des images en mouvement et une ambiance sonore parce qu’elle aime la façon dont ces éléments modifient le rapport du public aux dessins. Une esthétique presque apocalyptique se crée quand l’image de la lune passe lentement sur le dessin d’une figure attachée à un cordon ombilical. La naissan-
ce et la mort sont alors juxtaposées, comme un résumé de la totalité de son œuvre. Amy a commencé à dessiner sérieusement il y a deux ou trois ans seulement. Aujourd’hui, elle diversifie son travail et s’attaque aussi bien au dessin qu’aux livrets de poésie et à la photographie; elle expose lors d’expositions internationales, et elle est officiellement représentée par la galerie Coatcheck à Montréal, où «Eden in Stasis» va rester toute la semaine. Des copies de ses dessins seront aussi vendues. Quand elle était petite, elle était fascinée par les dessins d’animaux et par la texture de la fourrure. Cette attention à la texture apparait toujours dans ses travaux récents et dans l’importance qu’elle donne à la tridimensionnalité. Son art est toujours référentiel, tout en présentant un catalogue de symboles religieux et philosophiques; elle construit une nouvelle mythologie qui juxtapose les traditions religieuses de l’Est et l’Ouest. Cette juxtaposition culturelle interroge l’idée même de l’origine: «Je suis fascinée par l’idée que la violence fait partie inhérente du phénomène de création», dit Amy. Son génie est manifeste dans le dédale d’«Eden in Stasis». L’exposition a lieu pendant la célébration de la nouvelle année chinoise, ce qui correspond parfaitement à son travail. En effet, le calendrier chinois est luni-solaire et s’accorde aux grands thèmes de l’exposition. De plus, l’année 2013 est l’année chinoise du serpent, un animal qui revient souvent dans l’imaginaire d’Amy. La salle est devenue son propre Éden, les spectateurs sont dans un univers isolé de la réalité et de l’hiver: une expérience elle-
Gracieusité d’Amy Coat et la galerie Coatcheck
même transitoire, mais encore fixe. Les images suspendues au plafond et projetées sur les murs interrogent les grands mystères du monde, de la création et de l’art à travers le regard de cette jeune artiste brillante, qui ne demande qu’à être écoutée. x
Eden in stasis Où: Galerie Coatcheck Quand: à partir du 16 février Combien: gratuit
EXPOSITION
Cacophonie harmonique Michael Snow de passage à la Galerie de l’UQAM Geneviève Lagacé
J
e suis debout au centre d’une petite pièce carrée un peu trop blanche et mon corps tout entier se laisse porter par la cacophonie harmonique de Michael Snow. Les quatre murs qui m’entourent se tiennent bien droit, ils sont fiers d’abriter une création à la fois vidéographique et musicale intitulée Piano Sculpture (2009). Composée de quatre projections vidéo qui tournent en boucle, l’œuvre dévoile quatre solos de piano distincts retransmis simultanément. Cet ensemble musical surprenant donne vraiment le ton à cette exposition unique et novatrice où «c’est l’énergie qui joue, une énergie très manuelle», comme le décrit Michael Snow. Il est difficile de bien qualifier la création expérimentale de cet artiste de renom puisqu’elle a avant tout été crée pour être ressentie. Le mouvement et le son forment les éléments clés de tout ce déferlement artistique, et Michael Snow en est le grand patron puisqu’il les ralentit, les arrête ou les accélère au gré de ses délires graphiques. Les images proposées prennent vie grâce à divers media technologiques (projections, vidéos, photos et sons) et elles laissent l’auditoire ab-
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Arts & Culture
sorbé dans une réflexion sur le temps et l’espace qui l’entourent à cet instant. L’exposition de Michael Snow laisse le spectateur dans un état de trouble mental. Les sensations créées par la composition unique des divers procédés artistiques transportent celui-ci. Nul doute, ici la relation entre l’art et la technologie est primordiale, car les créations, ainsi transformées par la technologie moderne, permettent l’exploration de nouvelles dimensions artistiques. La galerie propose une variété d’œuvres visuelles et sonores telles que Condensation. A Cove Story (2009), SSHTOORRTY (2005), Solar Breath; Northern Caryatids (2002), Observer (1974-2001) et bien d’autres. Michael Snow, artiste contemporain originaire de Toronto, est considéré comme un véritable pionnier des arts médiatiques. Il est reconnu internationalement pour son art multidisciplinaire et expérimental. Récipiendaire de prestigieux titres honorifiques au cours de sa carrière, il est notamment acclamé pour ses talents de peintre, sculpteur, vidéaste, compositeur, musicien (il est pianiste professionnel) et photographe. Ses œuvres bénéficient d’un rayonnement mondial puisque Snow a une multitude d’expositions et de concerts à son actif,
Gracieusité de Michael Snow
de Vancouver à Sydney en passant par São Paulo, New York, Paris et Venise. L’exposition Solo Snow. Œuvres de Michael Snow qui était présentée à la Galerie de l’UQAM du 11 janvier au 16 février a été organisée par la commissaire Louise Déry en collaboration avec Le Fresnoy, Studio National des Arts Contemporains. L’œuvre de Michael Snow a éveillé la curiosité et l’intérêt de bien des amateurs de sensations nouvel-
les, et pour les personnes intéressées, divers livres ont été publiés au sujet de son œuvre. «Mes tableaux sont faits par un cinéaste, mes sculptures par un musicien, mes films par un peintre, ma musique par un cinéaste, mes tableaux par un sculpteur, mes sculptures par un cinéaste, mes films par un musicien, ma musique par un sculpteur… qui parfois travaillent tous ensemble», Michael Snow, 1967. x
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FRANÇAIS FACILE
Guerre et sorcellerie Rebelle, l’histoire d’un courage inimaginable Celine Caira
B
ouleversant, attirant et choquant, le film Rebelle est un long-métrage qu’il ne faut pas manquer en 2013. Le film a été tourné entièrement en République Démocratique du Congo, et l’instabilité politique est un élément important de l’œuvre. Rebelle est un drame qui nous emporte dans le monde alarmant des enfants-soldats, en nous rappelant que ce sont les jeunes filles et les femmes qui sont les premières victimes de ces conflits. Dix ans après Le Marais, le cinéaste québécois Kim Nguyen renoue avec le succès en réalisant Rebelle, un film coup-de-poing. Pour son premier rôle au cinéma, il est évident que l’actrice principale est dotée d’un talent naturel, tant Rachel Mwanza, qui joue Komona, est époustouflante. La performance de Serge Kayinda, dans le rôle de Magicien, un jeune garçon de 15 ans qui protège Komona, est également à souligner. Ce personnage, grâce auquel le réalisateur réussit à faire voyager le public dans la vie moins connue des albinos, donne un caractère unique à l’intrigue du film. Rebelle raconte l’histoire d’une jeune fille, Komona, qui se trouve enrôlée dans un commando d’enfants-soldats. Le groupe de rebelles «Grand Tigre Royal» vient dans le petit village de Komona et tuent tous les habitants sauf celle-ci. Les rebelles épargnent la vie de la jeune fille en rai-
son des pouvoirs magiques attribués aux albinos grâce auxquels ils pensent remporter le conflit avec le gouvernement. Elle devient la «sorcière de guerre» pour le chef des rebelles, alors qu’elle n’a que 12 ans. La réalité cruelle et impitoyable dans laquelle Komona se trouve l’oblige à commettre des atrocités. Consciente du fait que les rebelles ont l’intention de la tuer, elle s’échappe avec Magicien, avec qui elle se marie. Dans un pays toujours en guerre, les rebelles, sans foi ni loi, retrouvent Komona et sa vie est déchirée pour la deuxième fois, forcée à nouveau de participer aux atrocités de la guerre. Sa vie devient un cauchemar: Komona est hantée par les fantômes de ses parents morts, ainsi que les fantômes de tous ceux qui ont été tués pendant la guerre civile. L’usage des effets spéciaux et le choix de la trame sonore participent à la réussite du film. Le réalisateur a choisi de dépeindre les fantômes d’une manière réaliste mais néanmoins envoûtante. Les fantômes sont joués par des comédiens recouverts de peinture blanche. Une représentation efficace qui réussit à créer un air de folklore traditionnel africain. La décision de ne pas animer les fantômes lors du tournage donne au film un élément d’originalité. La trame sonore, aux airs de musique brésilienne, accompagne bien les plans visuels. Les scènes qui illustrent la guerre civile, au cours desquelles on peut entendre les
Gracieuseté de Kim Nguyen
chansons avec des tambours, sont encore plus bouleversantes grâce à la musique. De la mise en scène aux costumes et aux décors, en passant par le jeu des acteurs, ce film parvient à plonger le public dans le monde de Komona. Plus qu’un film choquant, Rebelle est surtout un voyage à travers la vie difficile de la jeune fille. Après une semaine passée à l’affiche dans 26 salles parisiennes, le film s’est fait connaître à travers le monde. Rebelle représente le Canada aux Oscars, dans la catégorie du meilleur film en langue étrangère. x
VOCABULAIRE: Bouleversant: overwhelming Long-métrage: full-length film Coup-de-poing: hard-hitting Époustouflant: mind-blowing Épargner: to spare Sorcière: witch Impitoyable: ruthless Cauchemar: nightmare Trame sonore: soundtrack Envoûtant: bewitching Tambour: drum
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Arts & Culture
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INTERCAMPUS
Une expo pas comme les autres Graffitis dans les toilettes du cégep de Saint-Laurent
Crédit photo: Camille Chabrol
Thomas Simonneau Le Délit
L
e cégep de Saint-Laurent est présentement la victime d’une attaque à la bombe… de peinture. Pour être plus précis, ce déluge de graffitis dans les toilettes de l’institution est une réponse au nettoyage récent des tags qui en tapissaient les murs. Ceux-ci représentaient de nombreuses heures de travail de la part des étudiants et les couches de peinture qui ornaient ces murs se comptaient par dizaines. En effet, les deux pièces avaient
vu déferler des générations d’étudiantsgraffeurs pendant plus de dix ans. On pouvait même y admirer deux mosaïques magnifiques du duo d’artistes «Nayan» qui appartiennent aujourd’hui tristement au passé. Pourtant, le règlement intérieur du cégep stipule que «les graffitis sont interdits partout sous peine d’être nettoyés aux frais de l’association étudiante de l’école, mais sont autorisés dans les toilettes», probablement afin de permettre aux jeunes de s’exprimer et de laisser libre cours à leurs pulsions artistiques. Après le net-
toyage du 12 février, on se demande bien pourquoi les toilettes ont été repeintes. La réponse n’a rien d’extraordinaire et a été très bien résumée par une étudiante qui explique que «les toilettes ont été repeintes à cause de la Journée Portes ouvertes. Mais vers 16 heures, certains étudiants avaient déjà recommencé à tagguer les murs pour exprimer leur colère». Autrement dit, le cégep aurait dépensé son argent, et non pas celui de l’association étudiante, afin de repeindre les locaux pour ensuite se retrouver avec la même chose quelques heures plus tard.
Crédit photo: Camille Chabrol
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Arts & Culture
Et encore, en moins travaillé. Cela dit, les visiteurs de la Journée portes ouvertes ont tout de même pu découvrir des toilettes propres et inspirant la confiance car, tout le monde le sait, le graffiti est synonyme de violence et de délinquance. Bien que l’événement, en soi, reste mineur, un des membres de l’association étudiante précise tout de même que «l’attitude de la direction concernant les graffitis dans les toilettes est lamentable. Ça reflète très bien leur obsession de vouloir tout contrôler alors que nous sommes capables de prendre des décisions responsables nous-mêmes». Indigné, un autre étudiant rappelle que «ces graffitis ne faisaient de mal à personne; il y avait même un système d’aération pour évacuer les fumées toxiques! Ces anciens graffitis étaient un peu la fierté de notre cégep et des étudiants d’ailleurs venaient les admirer de temps en temps». Suite à ces témoignages, on en viendrait presque à se demander si certaines personnes n’auraient pas assisté à la Journée Portes ouvertes juste pour passer aux toilettes. Malgré cette suite d’événements, inutile de préciser que la vie au cégep SaintLaurent a repris son cours et que les toilettes ont retrouvé leur splendeur d’antan. Le message envoyé par les étudiants en repeignant tout de suite ne manque pas de rappeler que l’administration a bel et bien eu tort de renoncer à ses engagements et que la population étudiante n’est généralement pas celle qui a le plus de mal à se faire entendre, surtout au Québec. En effet, les nouveaux murs des toilettes sont couverts d’inscriptions telles que «fuck administration», «bande de fascistes», «nique l’autorité» ou le très sarcastique «merci d’avoir repeint». Avec un peu de chance, on peut espérer que cette anecdote va donner des idées aux étudiants d’autres institutions scolaires et que McGill ne sera pas épargnée. x
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