delitfrancais.com Publié par la société des publications du Daily, une association étudiante de l’Université McGill
SpéciaL
élections
P. 5-7
Le mardi 19 mars 2013 | Volume 102 Numéro 19
Plus à gauche, plus loin, dis-moi si c’est bien depuis 1977
Éditorial Appui exécutif 2013-2014
Volume 102 Numéro 19
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Conseil de Rédaction Le Délit Président - Chris Bangs Le conseil éditorial du Délit appuie la candidature de Chris Bangs en tant que président de l’AÉUM (Association Étudiante de l’Université McGill) 2013-2014. Chris Bangs a démontré à plusieurs reprises sa connaissance des différentes structures organisationnelles de l’université afin de mettre en avant sa vision d’une meilleure institution. Dans sa plate-forme, Chris Bangs propose des mesures concrètes en termes de plan d’action pour l’équité, la santé mentale et la création d’ici 2014 d’un café étudiant. Il est le seul de tous les candidats à offrir une plate-forme en français sur son site Internet. L’implication de Chris Bangs dépasse les structures formelles. Il s’est impliqué dans l’enquête étudiante indépendante sur les événements du 10 novembre 2011, ainsi que dans le site McGillLeaks, et l’organisme Divest McGill. De plus, Chris Bangs propose la conduite d’une analyse complète des droits et frais de scolarité imposés par McGill à l’AÉUM, afin de s’assurer que l’université respecte les règlements provinciaux. Avec la venue probable de l’indexation des frais de scolarité et les récents déboires de McGill avec son programme de MBA, cela s’avère une mesure nécessaire. L’équipe de l’AÉUM saura tirer bénéfice d’un président qui ne se contente pas des propositions faites par l’administration. Une administration qui, au cours des dernières années, se voit complètement déconnectée des enjeux étudiants et n’hésite pas à jouer un jeu dur dans ses négociations avec l’exécutif de l’AÉUM pour signer le bail du Bâtiment Shatner. VP aux affaires internes - Brian Farnan Pour le portfolio de la Vice-Présidence aux affaires internes, Le Délit appuie la candidature de Brian Farnan. Ce dernier a su démontrer son engagement au sein de la communauté mcgilloise au cours de sa scolarité tout en restant le plus près des politiques équitables. Sur ce point il se montre plus innovateur que son adversaire, Julia Kryluk, en proposant la création d’une chaire de consultations sur l’équité, le développement durable et la communauté pour chaque événement organisé par l’Association étudiante —plutôt que de se contenter de mesures plus réactives que préventives. De plus, il souhaite la création d’un certificat de reconnaissance pour les organisateurs et les bénévoles du Frosh et de la semaine d’orientation afin d’augmenter leurs responsabilités tout en reconnaissant leur travail. Le Délit est en accord et souhaite voir mise en place l’idée avancée par Julia Kryluk de rendre le Frosh plus diversifié et moins directement dépendant de l’AÉUM, ainsi que la poursuite active de la diversité sur le campus et la consultation fréquente des comités et des groupes tels que la Commission des Affaires francophones (CAF). VP Affaires Universitaires - ouvert Le Délit a décidé de ne pas se positionner sur la Vice-Présidence aux affaires académiques. L’un comme l’autre présentent des expériences et des idées intéressantes pour ce portfolio. De fait, leurs idées sont
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plutôt complémentaires. Ils sont d’accord sur la critique du protocole et soutiennent la campagne pour amener McGill à abandonner ses investissements dans les sables bitumineux. Là ou ils se différencient, c’est que la candidate Joey Shea propose de travailler plus particulièrement avec le Vice-Président aux affaires externes en vue des relations de l’AÉUM avec l’administration et les joueurs au niveau provincial tels que l’ASSÉ. De son côté, Sam Gregory veut plutôt se tourner vers la création de liens avec l’administration et profite d’une expérience riche, tant au sein de l’AÉUM qu’ailleurs sur le campus. VP Finances et Opérations- Tyler Hofmeaster Le conseil éditorial du Délit soutient la candidature de Tyler Hofmeister au poste de Vice-Président aux affaires financières et aux opérations pour son expérience et sa maîtrise des outils financiers. Tyler Hofmeister a su s’illustrer au cours de ses années d’engagement au sein de l’Association des étudiants de la Faculté de Gestion (MUS). Il est en étroite collaboration avec l’actuel VP aux affaires financières et aux opérations et a des idées concrètes pour améliorer l’accès aux différents fonds. VP aux affaires externes - Sam Harris En ce qui concerne la candidature de Samuel Harris au poste de Vice-Président aux affaires externes, le conseil éditorial du Délit a décidé de ne pas la soutenir, sans cependant s’y opposer. Si son profil convient au poste, Le Délit pense que certaines prises de position du candidat méritent d’être examinées de près par les électeurs, notamment par rapport au rapprochement de l’AÉUM avec la TaCEQ. VP Clubs et Services - ‘NON’ Bien qu’il soit le seul candidat, Le Délit n’appuie pas la candidature de Stefan Fong en tant que VP Clubs et Services. Stefan Fong ne possède pas l’expérience en représentation étudiante susceptible de l’aider à représenter près de 300 clubs et services. Lors de son entrevue avec Le Délit, Fong a parlé d’un problème de communication entre les clubs et l’exécutif de l’AÉUM sans avoir de solution à proposer. Référendums Les étudiants de l’Université McGill seront aussi appelés à se positionner sur les cinq questions référendaires qui leurs seront posées dans le cadre de la campagne référendaire d’hiver. Le vote sera ouvert du 15 au 22 mars. Chaque année, l’AÉUM (Association Étudiante de l’Université McGill) organise deux campagnes référendaires par lesquelles doivent passer toutes les demandes d’augmentation et de renouvellement des frais demandés aux étudiants, soit par l’AÉUM ou par l’Ancillary (les frais administrés par l’université). Voici les questions posées aux étudiants cet hiver: Centre d’activité physique Deux questions seront posées au sujet des frais se rapportant au centre d’activités physiques de McGill. Tout d’abord, les étudiants sont invités a se positionner quant à une hausse de 7,25 dollars par semestre, ce qui amènera la facture totale à 127,75 dollars.
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La seconde question porte sur l’indexation ajustée à l’inflation des frais pour les années 2014-15, 2015-16 et 2016-17. Ces frais sont prélevés par l’université par les frais afférents. Le Délit à décidé de se positionner contre cette campagne parce que, tout en reconnaissant l’utilité d’un centre d’activité physique de qualité, la méthode de financement lui paraît inadéquate. McGill Writing Center Créé il y a deux ans par l’université lors d’un remaniement du Centre d’Enseignement du Français et de l’Anglais, le McGill Writing Center passe maintenant par un référendum afin d’être en mesure de percevoir une cotisation étudiante de 1,50 dollars par semestre. Le centre avait jusqu’alors fonctionné par ses propres moyens. Le Délit s’est positionné en faveur de la cotisation pour le centre parce qu’il lui semble que le McGill Writing Center est un service essentiel à la vie étudiante. Cependant, Le Délit considère qu’il serait plus judicieux que l’intégralité de ce service soit subventionnée par l’administration. Frais de services aux étudiants Chaque session, les étudiants à temps plein paient un total de 133 dollars et les étudiants à temps partiel 80 dollars pour les frais de services aux étudiants. Considérant les augmentations des coûts, l’administration soumet aux étudiants deux questions référendaires. La première traite d’une augmentation de 8,50 et de 5,00 dollars respectivement pour les étudiants à temps plein et à temps partiel. La seconde question demande l’indexation ajustée à l’inflation de ceux-ci pour les années 2014-2015, 2015-16 et 2016-17. Le Délit s’est montré en faveur de l’augmentation proposée dans la première question référendaire, mais opposée à l’indexation des frais de services aux étudiants. Le Délit juge préférable que chaque augmentation soit jugée séparément. Une hausse actuelle est peut-être acceptable aujourd’hui, il n’en sera peut être pas de même dans trois ans. Nous rappelons que l’Université McGill a les frais afférents les plus élevés du Québec. Equity fund de l’AÉUM L’AÉUM a cette année mis sur pied une commission sur l’équité qui est en charge de gérer les enjeux reliés à l’équité et de tenter d’être plus inclusif des quelques 5000 étudiants internationaux de l’université. Leur question référendaire est donc articulée autour d’une cotisation de 0,50 dollars qui sera gérée par le comité de financement de l’AÉUM, sachant qu’il sera possible de ne pas participer à ce fond. Le Délit a décidé de soutenir cette campagne, jugeant qu’il est nécessaire de financer de telles activités afin de les rendre les plus efficaces possible. SACOMSS Le Centre d’agression sexuelle de l’AÉUM (SACOMSS) est soumis cette année à un référendum de renouvellement de sa cotisation, comme c’est le cas tous les trois ans. La question référendaire s’articule donc autour du renouvellement des frais étudiants de 0,75 dollars. Le Délit s’est positionné en faveur du comité du Oui parce qu’il s’agit d’un service essentiel et unique à McGill. Plus encore, il donne accès à un droit à l’écoute et au soutien des survivant(e)s d’agressions et de harcèlement sexuel. x
rédaction 3480 rue McTavish, bureau B•24 Montréal (Québec) H3A 1X9 Téléphone : +1 514 398-6784 Télécopieur : +1 514 398-8318 Rédacteur en chef rec@delitfrancais.com Nicolas Quiazua Actualités actualites@delitfrancais.com Chef de section Mathilde Michaud Secrétaire de rédaction Théo Bourgery Arts&Culture artsculture@delitfrancais.com Chef de section Anselme Le Texier Secrétaire de rédaction Anne Pouzargues Société societe@delitfrancais.com Fanny Devaux Coordonnateur de la production production@delitfrancais.com Samuel Sigere Coordonnatrice visuel visuel@delitfrancais.com Camille Chabrol Infographie infographie@delitfrancais.com Vacant Coordonnatrices de la correction correction@delitfrancais.com Myriam Lahmidi Claire Launay Coordonnateur Web web@delitfrancais.com Mathieu Ménard Coordonnateur des réseaux sociaux réso@delitfrancais.com Louis Soulard Illustrateur visuel@delitfrancais.com Romain Hainaut Collaboration Joseph Boju, Stanislas Collignon, Geneviève Lagacé, Annick Lavogiez, Thomas Simonneau, Victor Tangermann Couverture Camille Chabrol bureau publicitaire 3480 rue McTavish, bureau B•26 Montréal (Québec) H3A 1X9 Téléphone : +1 514 398-6790 Télécopieur : +1 514 398-8318 ads@dailypublications.org Publicité et direction générale Boris Shedov Photocomposition Mathieu Ménard et Geneviève Robert The McGill Daily coordinating@mcgilldaily.com Queen Arsem-O’Malley Conseil d’administration de la Société des publications du Daily (SPD) Nicolas Quiazua, Sheehan Moore, Erin Hudson, Mike Lee-Murphy, Matthew Milne, Joan Moses, Farid Muttalib, Shannon Pauls, Boris Shedov, Queen ArsemO’Malley, Rebecca Katzman, Anselme Le Texier L’usage du masculin dans les pages du Délit vise à alléger le texte et ne se veut nullement discriminatoire.
Les opinions exprimées dans ces pages ne reflètent pas nécessairement celles de l’Université McGill. Le Délit (ISSN 1192-4609) est publié la plupart des mardis par la Société des publications du Daily (SPD). Il encourage la reproduction de ses articles originaux à condition d’en mentionner la source (sauf dans le cas d’articles et d’illustrations dont les droits avant été auparavent réservés, incluant les articles de la CUP). L’équipe du Délit n’endosse pas nécessairement les produits dont la publicité paraît dans ce journal.Imprimé sur du papier recyclé format tabloïde par Imprimeries Transcontinental Transmag, Anjou (Québec). Le Délit est membre fondateur de la Canadian University Press (CUP) et du Carrefour international de la presse universitaire francophone (CIPUF).
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CAMPUS
Le référendum arrive
Le Conseil Législatif se penche sur les questions du référendum d’hiver. Crédit photo: Camille Chabrol
Théo Bourgery Le Délit
L
e Conseil législatif bimensuel de l’Association Étudiante de l’Université McGill (AÉUM) a eu lieu le jeudi le 14 mars. Les motions qui y étaient présentées étaient particulièrement centrées sur le référendum de l’association de la session d’hiver 2013, dont la campagne durera huit jours et a commencé le 15 mars dernier. Le Conseil a commencé sans retard ni entrave, en la présence de tous les élus ainsi que du comité exécutif de l’AÉUM. Les premières motions discutées furent celles introduites à l’Assemblée Générale (AG) du 27 février dernier (voir Une réunion oubliée, Volume 102, numéro 18) et qui doivent, selon le protocole, être passées au Conseil. Celle sur les minéraux conflictuels, c’est à dire sujet à un trafic illégal dans des pays d’Afrique comme en République Démocratique du Congo, était première sur la liste, et a été voté en quelques minutes. Haley Dinel, Viceprésidente aux affaires universitaires de l’AÉUM, a indiqué que c’était une «très
belle initiative». La motion concernant la collaboration entre l’Association et l’organisme Social Equity and Diversity Education (SEDE) a aussi été votée sans débat. Selon leur site internet, SEDE a pour but de maintenir un campus «respectueux [et] diversifié» par le biais de formations à tous les niveaux de l’Université. La dernière motion présentée à l’AG, demandant à l’AÉUM de vérifier que «tous les frais soient conformes avec les régulations internes de l’Université […] et s’assurer qu’ils soient rendus public aux élèves lors de l’inscription aux cours», comme indiqué sur la copie officielle de la motion, a en revanche créé de longs débats. Dinel a proposé d’embaucher un chercheur professionnel pour la vérification, tandis que d’autres élus se sont demandés si la charge de travail ne serait pas trop lourde pour l’Association. Après une demi-heure de discussions, il a été résolu que «la Vice-présidente (affaires universitaires) et les sénateurs usent du Sénat […] et de filières informelles dans le but de faire du lobbying pour que McGill revoit ses frais si besoin est»; en d’autres termes, faire en sorte que toutes les facultés aient
leur mot à dire quant à ce problème. La motion ainsi présentée a été votée par ceux présents. Alors que la période des élections et référendums s’entame, l’AÉUM a souhaité indiquer sa position sur plusieurs votes. Ainsi adopte-t-elle un vote de soutien quant aux frais afférents allant aux services aux étudiants, au Fond à l’équité ainsi qu’au Centre d’agressions sexuelles de l’Association étudiante de McGill (Sexual Assault Centre of the McGill Students’ Society, SACOMSS). Le soutien à cette dernière lors de la période référendaire a aussi été officiellement donné par l’équipe éditoriale du Délit (voir « Oui » à la SACOMSS, Volume 102, numéro 18). S’en sont suivies les motions pour le référendum spécial, dont la tenue a été rendue officielle au cours du Conseil. La campagne aura lieu entre le premier et le 13 Avril 2013, tandis que le scrutin ne s’ouvrira que le 5 Avril, pour se clore ce même 13 Avril. Ainsi l’AÉUM a-t-il décidé d’inclure deux questions concernant le maintien du frais afférent pour le Fond de projets dédiés à la durabilité (Sustainability
Projects Fund). Deux questions seront aussi posées quant au frais afférents pour le Fond Environnemental; même résultat pour le Fond dédié aux œuvres de bienfaisance (Charity Fund). Dans les trois cas, la première question se focalise sur la continuité de l’existence du frais concerné, tandis que la deuxième propose d’indexer le prix ajusté à l’inflation indiquée par la Banque du Canada. Enfin, Robin Reid-Fraser, Viceprésidente aux affaires externes, a proposé par le biais d’une motion de nommer Alexandra Landry-Gravel et Patrick Martin-Ménard délégués de l’AÉUM à la Table de concertation étudiante du Québec (TaCEQ); ces derniers s’étaient déjà présentés au Conseil le 21 février dernier. Certains élus se sont dit perplexes quant à la nécessité de leur rôle, mais Reid-Fraser a indiqué que ces délégués «pourront offrir au Conseil une meilleure compréhension des enjeux politiques québécois» pour ainsi faire des choix informés quant à la ligne politique qu’adoptera l’AÉUM. En fin de compte, la motion est passée, célébrée par le bruit de mains frappant les tables. x
ASSEMBLÉE GÉNÉRALE
L’assemblée générale annuelle de la Société des publications du Daily (SPD), éditeur du McGill Daily et du Délit, se tiendra
mercredi le 27 mars au Leacock 232 à 17h30. Les membres de la SPD sont cordialement invités. La présence des candidats au conseil d’administration est obligatoire.
Pour plus d’informations, contactez-nous:
chair@dailypublications.org x le délit · le mardi 19 mars 2013· delitfrancais.com
Actualités
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MONTRÉAL
Une marche au pas de course Plusieurs centaines de manifestants pour dénoncer la brutalité policière. Théo Bourgery Le Délit
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a manifestation contre la brutalité policière du Vendredi 15 mars 2013 n’a même pas eu le temps de débuter avant que la police n’intervienne pour disperser la foule. Comme chaque année à la même date, les plus grandes villes du monde occidental sont marquées par des manifestants dénonçant la brutalité des policiers et des escouades anti-émeutes. Prônant le pacifisme, le Comité Opposé à la Brutalité Policière (COBP) condamne à coups de slogans les nombreuses bavures de la police, qui remettent en question la démocratie à même l’institution, et qui sont souvent ignorées par les médias. Cette manifestation a une connotation particulière à Montréal et au Québec en général, alors que le Printemps Érable est encore frais dans les mémoires et, pour beaucoup, loin d’être une histoire finie. Ce vendredi, ils étaient quelques centaines à exprimer leur opposition à un service de police connu pour sa violence et dénoncé par l’Organisation des Nations Unies (ONU). La manifestation, avant même d’avoir lieu, était officiellement illégale sous le Règlement P-6, où il est écrit qu’«au préalable de sa tenue, le lieu exact et l’itinéraire […] d’une assemblée, d’un défilé ou autre attroupement doit être communiqué au directeur du Service de police ou à l’officier responsable», ce qui n’a pas été fait par la COBP. Par ailleurs, ce même document précise qu’il est «interdit de participer à une manifestation […] le visage couvert». Ainsi certaines personnes se sont-elles
faites arrêter avant même le début de la manifestation, annoncé à 17 heures, pour le port d’un bonnet ou d’une cagoule. Une d’entre elles s’est débattue en criant que «c’est l’hiver». D’autres arrestations arbitraires ont eu lieu au début de la manifestation; de jeunes gens se sont vus plaqués au mur sans une énonciation de leurs droits, alors qu’ils ne présentaient, à première vue, aucune attitude suspecte. Le reste de la manifestation est ensuite devenu plus une course qu’une marche.
Avec l’aide de la cavalerie et de la Sécurité du Québec (SQ), le groupe s’est vu séparé en deux. Tandis qu’un restait sur Maisonneuve, l’autre était poussé vers la Place des Arts et la rue Sainte-Catherine. Plusieurs grenades assourdissantes ont été lancées pour faire disperser la foule, qui répondait à coups de «On reste groupés». Alors que l’antiémeute pourchassait les manifestants, ces derniers invitaient au calme et à la marche; «la dernière chose à faire, c’est de répondre à la provocation des policiers», lance un des
organisateurs de la COBP; «ne vous laissez pas tenter par la violence». Malgré ces paroles, des projectiles ont été lancés vers les policiers à nombreuses reprises. Selon le COBP, 298 arrestations ont eu lieu, ce que l’organisation dépeint comme «un record d’absurdité pour le SPVM». Les manifestants ont été dispersés «pour de bon» une heure et demie après le début du regroupement et une arrestation de masse de 150 personnes a eu lieu, selon Le Devoir. x
Crédit photo: Nicolas Quiazua
POLITIQUE ÉTUDIANTE
Diagnostic politique Les futurs médecin prennent position lors de leur Assemblée Générale. Alexandre Gauvreau Le Délit
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es étudiants en médecine de McGill se sont réunis le 4 mars dernier à l’amphithéâtre Palmer du McIntyre pour leur Assemblée Générale annuelle. Atteignant le quorum vingt minutes après l’heure prévue, il était prévu deux votes portant sur les positions politiques de l’association et une discussion sur le plan ministériel quant aux admissions en médecine et en résidence pour les prochaines années. Les futurs médecins se sont tout d’abord penchés sur les réformes au plan de santé intérimaire apportées par le gouvernement Harper. Ces réformes ont été adoptées il y a plus d’un an et sont entrées en vigueur à l’été 2012. Elles visaient entre autres à moduler l’assistance médicale fournie aux réfugiés selon leur «catégorie» de nouvel arrivant, alors qu’auparavant tous les réfugiés en terre canadienne recevaient une couverture totale de ses soins de
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santé, en plus de psychothérapie, de soins dentaires et de réhabilitation, soit la même prestation que les Canadiens sur l’assistance sociale. Avec la réforme, plusieurs réfugiés ont vu leur assistance réduite ou simplement retirée. Accusant un peu de retard sur l’ensemble des associations médicales au Canada, mais dans le même ordre d’idée, le corps étudiant au doctorat de médecine de l’Université McGill a condamné les réductions de l’ordre de 20 millions de dollars (0,5% du budget fédéral du Ministère de la Santé) dans l’assurance santé des réfugiés canadiens. En second lieu, les étudiants ont discuté de l’indexation des frais de scolarité, dans l’air du temps depuis le récent «Sommet sur l’enseignement supérieur». Advenant que les crédits seraient facturés selon le domaine d’étude, les étudiants en médecine seraient sans doute les premiers à écoper, étant donné le coût réel de la formation médicale comparé à la contribution étudiante et au salaire au dessus de la moyenne permettant de rembourser facilement les dettes d’études. La CRÉPUQ et la CAQ
ayant déjà exprimé le désir d’instaurer la modulation des frais de scolarité, l’Association des Étudiant(e)s en Médecine de l’Université McGill (MSS) s’est prévalue d’une position claire auprès de ses étudiants pour pouvoir réagir promptement et adéquatement suivant le besoin. Il régnait dans l’amphithéâtre un air de déjà vu. L’an dernier, les étudiants avaient eu un débat similaire, sur les frais de scolarité et la proposition d’une journée de grève non obligatoire, qui s’est éternisé pour finalement adopter une position en faveur d’une augmentation des frais de pair avec l’inflation actuelle et contre la grève. Encore une fois, les étudiants étaient très divisés. Finalement, les étudiants se sont positionnés contre une modulation des frais de scolarité. Le dernier sujet abordé était un point d’information sur l’avenir des admissions en médecine. L’an dernier, le MSS s’était positionné pour que le statu quo soit établi pour le nombre d’admis en médecine au Québec, craintif de voir réduites les offres d’emploi et l’inaccessibilité à certaines spécialités
de la médecine qui seraient en surabondance dans la province. Avec plus de 840 étudiants admis par année au doctorat en médecine au Québec et en tenant compte que 55% des postes en résidence sont réservés pour les spécialités et que 45% des postes sont alloués à la médecine de famille, le Ministère de la Santé est récemment parvenu à démontrer que la carence en médecins de famille sera encore plus sentie si les choses restent telles quelles. Or, depuis 2001, le nombre d’admis au doctorat en médecine est passé de 501 à 847. Les facultés débordent et c’est donc pourquoi, plutôt que d’augmenter pour une autre année le nombre d’admis, le Ministère a instauré un inversement progressif des places en résidence pour qu’au terme de 2017, 55% des places soient allouées à la médecine familiale et 45% à la spécialité. L’annonce n’a pas créé de grands remous auprès des étudiants, même si cela signifie que certains qui planifiaient aller en spécialité devront choisir par dépit la médecine de famille, qui malgré tout ne semble séduire que la moitié des étudiants mcgillois. x
x le délit · le mardi 19 mars 2013 · delitfrancais.com
un acteur majeur changer pour vraiment être ts. Par exemple, dian étu les s dans la vie de tou rs qui, plusieurs je veux des coordonnateu ssent aller parler semaines avant une AG, pui s pour savoir ce club les avec les étudiants et .» uté disc et fait qui doit être
Protocole ts puissent «Je souhaite que les étudian ue et ciifiq pac n faço de es idé présenter leurs tion, istra min c l’ad vique. Je veux travailler ave UM. l’AÉ de ifs cut exé mais aussi des anciens ole toc pro le que se pen je En conséquence, ». ent tem doit être abandonné complè
Coupes budgétaires ce côté-là: «Je vais faire deux choses de à nts la TaCEQ travailler avec nos représenta coupures (au les r que pour premièrement blo r la hausse que blo si aus et niveau national), pur cou es, il faut des frais à McGill. S’il y a des ées de façon ribu au moins qu’elles soient dist ltés.» facu les tes tou équitable à travers
Université bilingue des idées «Je ne sais pas si j’ai de gran x avoir veu je is ma pour cette problématique, cofran ts dian étu des c des consultations ave r leur pou c ébe Qu du et al ntré phones, de Mo nt vraiment de demander ce qu’ils attende les étudiants que te l’université. Je ferai en sor les bienvetir sen se nt sse francophones pui bilingues». nus sans nécessairement être
Ch ris Ba ngs
Président
étudiante Apathie envers la politique s: d’abord, les me blè pro x deu a «Il y l’AÉUM fait que étudiants ne savent pas ce question une s, plu De . à même l’université impornt me vrai elle estUM s’impose: l’AÉ onse rép la que se tante sur le campus? Je pen doit UM l’AÉ is ma , à cette question est oui
Pro toco le «Je pense que la faço n dont le protoco le a été prés enté a pris les étud iant s au dép our vu. Bien que le doyen Manfred i ait fait que lque s consult atio ns, il étai t diff icile de juge r à que l point les inqu iétud es des étud iant s ont été pris es en com pte.» Coupes budgéta ires «De puis que je suis arri vée à McG ill, des cou rs et serv ices ont été cou pés les uns aprè s les autr es. Cer tain es clas ses ne son t don née s qu’u ne fois tou s les qua tres ans , et la taill e des clas ses a aug men té. Je pen se qu’i l
Accréditation de la PSA velle. Il est «C’est une très bonne nou s puissent ion ciat asso les que très important ion nat al si elles s’inscrire à un mouvement il serait mieux he, le souhaitent. En revanc sieurs mouplu de nts nta d’avoir des représe EQ seulement] vements [plutôt que la TaC n.» atio qui est une petite organis
est très imp orta nt que l’AÉ UM gard e ses pos itio ns envers les étu dian ts: nou s ne vou lon s pas voir des serv ices com me le serv ice de san té cou pés . McG ill a une obl igat ion , je pen se, de mai nte nir le nive au des serv ices fina ncé s par les étu dian ts par le biai s de frais affé rant s». Ce qui fait de toi la mei lleure «Mo n exp erie nce. J’ai trav aillé avec des asso ciat ions étud iant es à McG ill et aille urs. Je ne pense pas que vou s puissiez faire ce trav ail sans des ann ées d’ex péri enc e.»
Katie Larson
Président
Protocole moi «Ce n’e st pas très clair pour . Le ole toc si on a besoin d’un tel pro ent em tell document lui-même est s ent em jug problématique. Tous les é, urit séc sont dans les mains de la de l’administration.» fau Donc, de ton point de vue, il ? drait enlever ce protocole rien «Oui c’e st ça. Il ne ser t à ts.» sauf à arrêter plus d’étudian
EQ Délég ués de l’AÉUM à la TaC bontrès une t c’es que se «Je pen pense ne chose [...]. Maintenant, je seront que les membres de l’AÉUM ucoup mieux représentés. Il y a bea ce que de potentiel avec la TaCEQ par erte, et c’est une organisation plus ouv s facileque les étudiants peuvent plu s.» ment apporter des modification Loi 14 plus «Je pense que c’est une loi st C’e . idéologique que nécessaire blo r quelque chose qui est plus là pou r.» ute quer des droits que pour en ajo
Sa m Harris
VP Externe x le délit · le mardi 19 mars 2013 · delitfrancais.com
Crédit photo: Camille Chabrol Crédit illustration: Romain Hainaut
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in contre nous alors que nous avons beso t C’es r. d’agi façon sa aussi dre pren de com ucprod plus une approche que j’estime tive.»
Protocole «Nous avons besoin de régulations. rité L’année dernière, les gardes de sécu n’avaient pas de protocole; ils ont donc ont pris eux-mêmes des décisions qui que s lème prob aux mené l’université nous connaissons tous aujourd’hui.»
Sa m Gregory VP Affaires Universitaires
Apathie envers la politique étudiante «Nous avons besoin de mettre en place des consultations dans des endroits plus ouverts, connus des étudiants. Elles endevraient être localisées à differents droits du campus pour engager differents étudiants. Ça ne devrait pas non plus être un endroit ou quelqu’un vient parler pour deux heures mais plutôt où chaque etudiant peut s’exprimer quelques minutes.»
Coupes budgétaires «Pour moi, le VP aux Affaires Universitaires doit être impliqué dans le processus en se concentrant particuliè situa telle e d’un on gesti la sur rement tion. Le VP devra s’assurer que les étudiants ont leur mot à dire quelque soit la décision prise. Je vais tenter d’établir des relations fortes avec la nouvelle administration. Pour moi, nous ne devons pas obligatoirement être opposés à l’administration. Nous avons tendence à conclure rapidement qu’elle est
Ce qui fait de toi le meilleur «La facon dont j’ai envie d’aborder les gens est la suivante: je veux leur dire de “Je veux travailler avec vous. Essayons sur trouver une solution qui fonctionne le long terme”. Je pense que cela sera vraiment bénéfique et pourra nous faire avancer.»
Joey Shea VP Affaires Unive
rsitaires
Pr ot oc ol e «Q u’ im po rte vo tre posit io n, je pe ns e qu e la pl up ar t de s ge ns so nt d’acc or d su r le fai t qu e notre ha bi lit é de m an ife ste r es t un de no s dr oi ts fo nd am en taux . Ce pr ot oc ol e a ét é dé no nc é pa r le Ca na di an Ci vil Lib er tie s As so ca tio n, il es t rid icu le. L’A ÉU M a dé no nc é le pr ot oc ol e, m ais j’aur ais aim é qu ’el le se so it fai te m ieu x ente nd re , en envoya nt de s cour rie ls ou en m et ta nt en pl ac e de s fo ru ms de co ns ul ta tio n in dé pe nd ante s de l’a dm in ist ra tio n.»
Au tre s évén em en ts «Je souh ait er ais co nt in ue r la mul tip lic at io n d’ évén em ents m oi ns ch er s. D e pl us , je voud ra is cr ée r un fo nd dé di é à “O rie nt at io n W ee k”, avec de l’a rgent pr oven ant de sp on so rs, d’an cie ns él èves ou d’au tre s sour ce s.»
Bria n Far na n VP Affaires Intern
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Fr os h «Il faut avant tout que le Frosh soit ouvert à tous les ages [même aux moins de 18 ans]. Pour cela, j’ai participé à de s rencontres infor melles hebdomad aires avec l’actuel Vice-Président au x affaires interne s [Michael Szpedja], ce qui me donne la chance d’avoir une connaissanc e directe avec un tel événement. La candidature pour les responsables de Frosh deviend ra plus intense, pour que tous sa chent ce qui es t attendu d’eux. En retour, une lettre de recommanda tion leur sera do nnée, pour que le travail soit officiel lement reconnu. »
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Pr ot oc ol e «S i on souh ait e s’a tta qu er à de te lle s pr oc éd ur es , on do it av ant to ut trouver de s st an da rd s com muns dé fin is pa r l’A ÉU M . Nous som m es en 20 13, je n’ar rive pa s à cr oi re qu ’u n pr ot oc ol e d’éq ui té n’ex ist e pa s dé jà à trave rs tout es le s facu lté s. À pr opos, je pe ns e qu e tous le s com ité s évén em entie ls do ive nt in clu re un com ité d’éq ui té ; ce de rn ie r do it fa ire pa rti e du pr oc essu s d’or ga ni sa tio n entie r, à tous le s ni ve au x de l’A ÉU M .» Apathie envers la politique étudian te «Tou t com m en ce avec de s ét udi ants qu i com pr en ne nt ce qu e le s di ffé re nt es cir cu its so nt . Il faut co mm en ce r à êt re im ag in at if [p ou r at tire r le pl us de m on de]; on ne pe ut pa s s’a tte nd re à ce qu e le s ét ud iants so ie nt inté re ss és s’i ls ne sa ve nt m êm e pa s ce qu i se pa ss e au tour de M cG ill, en te rm e de po lit iq ue su r le ca m pu s. Je m et tra is en pl ac e un sy stè m e inté ract if qu i s’a pp el le “S im pl ify M cG ill ”, pa r le bi ais du qu el ch aq ue ét ud ian t pour ra dé couv rir le m on de de l’A ÉU M .»
Ap at hi e enve rs la po lit iq ue ét udi an te «U ne de m es id ée s es t d’ invit er de s m em br es de l’adm in ist ra tio n à nos AG . Si la no uvell e pr in cip ale ve na it à notre pr em ièr e AG en se pte m br e, afi n de se pr és ente r br ièvem ent, ex pl iq ue r sa vis io n de M cG ill et ré po nd re au x qu es tio ns de s ét udi ants, je pe ns e qu e ça am èn er ait be au coup d’a tte nt io n a l’AG.» Co up ur es bu dg ét air es «L’ASSÉ a m an ife sté co nt re l’in de xa tio n de s fra is de sc ol ar ité. Je pe ns e qu e nous de vr io ns m an ife ste r co nt re les coup ur es bu dgét air es au ta nt qu e l’A SS É m an ife ste co nt re l’in de xa tio n de s fra is de sc ol ar ité s, pa rc e qu e ce so nt de ux qu es tio ns qu i vo nt af fe ct er sé rie us em ent no tre éd uc at io n.»
Au tre s évé ne me nts rou vai lles «Je veu x ren dre les ret ble s. Ma éra sid con ves élè d’a nci ens s éq uide rer vis ion ser ait d’i nco rpo bs; un e clu ers div et pe s un ive rsit aire s dia nts étu aux e nd ma de foi s qu e l’on bo ne un a de par tici pe r, et qu e l’on ngra de , ion nat ne éq uip e de coo rdi n Mo r. sse pa se nt uve de s choses pe rcou les ave c de rni er po int a à voi r fon dre ave c con les s pa ne ur Po ls. rie je sou hai te n, tio tra nis ceu x de l’ad mi eracti f où les cré er un cal en dri er int ne me nts de dat es de tou s les évé uvé s.» tro e êtr l’A ÉU M pe uve nt ue étudiante Apathie envers la politiq ent qu ’un e im vra «Je pe nse b qu i exp lipu de ne pag bo nn e cam me nt leu rs qu e aux étu dia nts com du es pe ut ten en voi x pe uve nt êtr e ssé s aux ére VP Affaires Internes int aux uve ram en er de no pe nse Je ). (AG s rale né Gé s Ass em blé rant cou au s qu ’il fau t les ren dre plu de x, iau soc x eau rés par le bia is de de ut bo au nt uta ajo sh en Fro vid éos ou de st à c’e te, AG hai les sou el «Ce qu e je cha qu e cou rrie l me nsu M ÉU l’A les par c sé ave ani ller org vai sh tra voi r un Fro ven ir. Il fau t aussi de s Froshs fac ult aire s et en mê me tem ps qu e dif fér entes ass oci atio ns ne évé s de t ren ant s d’i nsi sfac ult aire s qu i off de ma nd er à leu rs exé cut ins mo les ur po .» l AG oo s alc de s me nts san ter sur l’im po rta nce veu lent ne i qu x ceu ou ans de 18 ial de do npa s bo ire. Il ser ait gén rta nt aux po im s plu ne r un rôl e i sont un qu es, tag d’é s ble res po nsa les nouur po t vra i po int de contac veaux- ven us.»
Julia Krylu k
x le délit · le mardi 19 mars 2013 · delitfrancais.com
Apathie envers la politique étudiante «Cette année, nous avons echoué de ce côté-là. Une des choses que je voudrais faire, si je suis élu, ce serait de travailler activement avec le VP Interne sur ce sujet parce que c’est une partie importante de son portfolio. Je souhaite aussi trouver de l’argent pour financer un comité qui se concentrerait sur ce problème.» Gerts «Je voudrais réinvestir une partie des revenus pour ainsi amener plus d’évènements, comme des concerts, à Gert’s. Cela amènera des personnes et je pense que ce sont des investissements qui seront une réussite sur le long terme et créeront une communauté étudiante exemplaire. Gert’s serait ainsi un endroit branché sur le campus.»
Frais afférants «Personnellement, je pense que l’éducation est un investissement. Je crois cela particulièrement avec des fonds comme le fond d’Ambassadeur. Ces fonds sont typiquement donnés pour des projets qui ne verraient pas le jour sans. Faciliter l’accès à l’information va rendre le financement plus simple de façon générale, alors que les dossiers seront traités plus rapidement. En conséquence, l’argent pourra être plus vite utilisé, tandis que les groupes étudiants pourront se familiariser avec les processus de financement. Un autre projet serait celui d’une base de données pour les événements organisés par les groupes étudiants, plus particulièrement pour des services tels que la vente de tee-shirts, de bandeaux ou de pins.»
C oupe s bu dg ét ai re s «J e pe ux vous ga ra nt ir qu e pe le com ité exéc nd ant ut if et qu an d je pa rle ra i au Pr és id ent, je se ra i vé hé m ent. O n do it dé fe nd re le dr oi t de s ét ud ia nt s au Conse il de s gouver ne ur s. Souvent, il es t im po rt an t d’entr er da ns un e di scu ss io n avec de s posit io ns fo rt es pour tr av ai lle r af in de tr ou ve r un com pr om is ta ng ib le.
Thom as Ki m VP Finances et
Opérations
U ne de s id ée s le s pl us im po te s de m a pl at rt an efor m e es t de cr ée r un bu re au de s re la tio ns de s an ci en s él èves et de l’i nc or po re r com m e un e co rp or atio n ch ar ita bl e se pa ré e de l’A ÉU M qu i pe ut re ce vo ir de s do ns . Ai ns i, qu an d l’A ÉU M se tr ou ve ra da ns un e posit io n pr éc ai re com m e ce la da ns l’a ve ni r, ils au ro nt de s bé né fic es à lo ng te rm e, ce qu i es t tr ès ut ile qu an d on né go ci e avec l’adm in ist ra tio n.»
Accr édit ation de la PSA «Je n’éta is pas au cour ant.» Espa ce étud iant dans le batim ent Shat ner «Je sera is géra nt du bâtim ent c’est vrai, mais je crois que c’est aux étud iants de déci der ce qu’ils veulent dans leur bâtim ent. Ce n’est pas à moi de dire ce que je veux . S’ils veul ent un café étud iant, un espace de rangeme nt ou une salle d’or dina der.» déci de eux à teur s, c’est Rela tion avec les étud iants «Un prob lème que je voud rais résoudre: les bure aux sont au 4e étage, mais il y a un man que de cir-
Tyler Hofmeister VP Finances et Opérations
C e qu i fa it de to i le m ei lle ur «M a pl at efor m e es t fo nd ée su m ei lle ur e co nn r un e ai ss an ce du po rt fo lio et de se s ob lig at io ns enve rs le s ét ud ia nt s. M un is d’un e te lle co nn ai ss an ce, le s ét ud ia nt s se ra ie nt pl us en m es ur e de com pr en dr e ce qu e l’A ÉU M fa it et ai ns i d’ad re ss er le ur s pl ai nt es et le ur s id ée s pour ch an ge r le s ch os es pour le m ie ux . Je ne su is pa s un gr an d fa n de s m ot s “b uz z” com m e tr ansp ar en ce, pa rc e qu ’ils so nt ut ili sé s tous az im ut s, et je ch er ch e à fa ire un e ca m pa gn e su r de s id ée s pl us co nc rè te s.»
cula tion . Les bure aux sont plut ôt utilisés com me espaces de rangeme nt, et moins com me bure aux. J’aim erais s prom ouvo ir les activ ités des club que e parc ent, bâtim du rs en deho ce n’est pas évid ent, sauf lors de la nuit des activ ités et de la fête de rue, qu’il y a cette com mun auté.» Apathie envers la politique étudiante «C’e st dom mage. Les asso ciations étud iante s sont là pou r les étud iants et c’est dom mage que ces dern iers n’en prof itent pas auta nt».
Stefan Fong VP Clubs et Services
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Actualités
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Société societe@delitfrancais.com
L’islamophobie
une Gangrène provinciale Camille Chabrol Fanny Devaux Le Délit
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ans un bus à Toronto, une femme me dit de «rentrer d’où je viens, que je n’appartiens pas à ce pays». Son voisin répond que j’appartiens autant à cette ville que tous les autres.» Quand tout le bus applaudit, Trisha se dit qu’elle a bien fait de quitter la NouvelleOrléans pour venir au Canada. Aujourd’hui présidente de l’Association des Étudiants Musulmans de McGill (MSA), Trisha se dit fatiguée de parler d’islamophobie. Nadia
Del, membre de l’association et étudiante à McGill, renchérit: «On nous demande trop souvent de nous justifier». L’islamophobie et le nationalisme québécois Gilles Bourque, professeur de sociologie à l’UQAM, a discuté la source de l’islamophobie dans le cadre du nationalisme québécois. L’identité nationale québécoise s’est formée à travers les lignes de démarcation de la religion et de la langue. Le nationalisme canadien français propose donc l’existence d’une «nation» canadienne-française et catholique, en opposition avec les anglo-canadiens et protestants. Pour faire partie du
groupe, il faut parler français et être catholique. L’islamophobie n’était pas à l’ordre du jour. Aujourd’hui, s’il n’y a plus d’identité nationaliste concrète, elle garde les traits du nationalisme d’antan. Si la ligne de démarcation reste majoritairement la langue, c’est toujours dans une moindre mesure également lié à la religion. La révolution tranquille a marqué un moment crucial de la modernité au Québec. Le nouvel état créé à cette époque défend la langue française mais aussi l’égalité. Cela s’accompagne d’un très important rejet du catholicisme comme lieu du pouvoir. Durant les années 50, la
ritualisation de l’Église se fait de plus en plus forte, et l’Église et la religion deviennent de plus en plus en porte-à-faux par rapport au développement du pays. Pour le nationalisme québécois, l’islamophobie est, selon Gilles Bourque, une crainte de la religion en général. Les symboles musulmans rappellent le temps du catholicisme tout-puissant. Dans une entrevue avec Le Délit, Trisha Islam explique que «c’est comme si le conflit avec la région du Québec était plus un conflit avec le traditionalisme. Les signes religieux font partie d’un passé avec lequel le Québec ne veut plus s’associer. C’est vraiment problématique
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parce que beaucoup de musulmans au Québec se considèrent modernes tout en étant musulmans». De plus, quand on regarde les lois que le Parti Québécois propose contre le port de signes religieux dans les espaces publics, il est évident que la cible est l’islam plutôt que la religion en général. Le discours de la crainte de la religion en général semble être une justification de l’islamophobie plus que d’autre chose. Comme le dit Léa*, étudiante à McGill, «je reconnais que le sécularisme vise aussi d’autres communautés. Mais les lois sont tellement spécifiques qu’elles visent évidemment les musulmans (par exemple le voile). Ça n’a jamais été fait dans le passé récent, de viser particulièrement une communauté. Je vois cela comme étant contre les musulmans. Par exemple, certains congés officiels viennent clairement de la religion chrétienne, et il y a toujours la croix sur le Mont-Royal.» Quant à Trisha, son plus gros problème avec la sécularisation, c’est que quand le gouvernement demande à ses citoyens d’enlever les symboles religieux visibles, celui-ci donne l’impression que les citoyens ne devraient pas apprendre à se connaître les uns les autres. L’islamophobie et les femmes Marie-Blanche Tahon, professeure de sociologie à l’Université d’Ottawa, travaille sur l’égalité entre l’homme et la femme dans la perpétuation de l’islamophobie au Québec. Souvent, la liberté de religion est limitée au nom de l’égalité entre les sexes, et vise particulièrement l’islam. Cela a été fait dans les débats qui ont entouré la charte de laïcité du Parti Québécois et dans le Conseil du Statut de la Femme (CSF). Selon Tahon, la CSF voit l’égalité entre les hommes et les femmes comme une valeur collective qui n’est pas seulement québécoise. Malgré le fait que les inégalités entre hommes et femmes soient toujours d’actualité au Québec, on a tendance à montrer en exemple l’image de la femme occidentale. Le Manifeste du CSF, qui a été publié dans Le Devoir le 8 mars dernier (Manifeste - Halte aux attaques contre les droits des femmes par Michel Sarois), appelle à la protection des droits des musulmanes. Le manifeste se termine en demandant aux hommes et aux femmes de toutes origines de protéger les acquis. Mme Tahon reproche à ce discours d’être intolérant vis-à-vis du port de signes religieux. Se positionner sur le port du voile s’apparenterait-il à un désir de contrôle du corps? En effet, c’est refuser que les femmes s’habillent comme elles veulent. Les femmes musulmanes ne sont pas des femmes soumises. La CSF seraitelle une instance qui vise à contrôler les femmes? Comme le dit Nadia Dal, membre de l’Association des Étudiants Musulmans de McGill, «décider pour nous, ce n’est pas la liberté, c’est juste un autre ensemble de règles. On choisit de suivre notre religion parce qu’elle nous amène la paix». Trisha raconte au Délit que «ça devient très problématique quand on projette sa manière de voir le monde sur quelqu’un d’autre. De lui dire «c’est comme ça que tu dois vivre ta vie: tu n’as pas été libérée». » L’islamophobie est donc justifiée par des idées qui généralisent la condition de la femme musulmane et qui voient la femme musulmane comme une personne devant être protégée de sa religion. Dans ce genre de discours, on oublie que toutes
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les décisions que les musulmans prennent ne sont pas faites par leur groupe. Les femmes musulmanes, et surtout celles qui portent le hijab, sont particulièrement affectées par l’islamophobie. Léa raconte que, en tant que femme qui porte le hijab, elle sent que lorsqu’elle porte un signe visible de sa religion, elle est souvent la cible de haine; elle doit souvent subir des questions sur les raisons pour lesquelles elle porte le hijab. De plus, elle raconte que, en tant que femme musulmane qui porte le hijab, elle ne sait jamais pourquoi les gens la regardent. «Ont-ils peur? Vont-ils me faire du mal? Parfois l’islamophobie n’est pas bénine. Les femmes musulmanes qui portent le voile deviennent des cibles et sont cataloguées en vertu de leur habit. J’ai l’impression que je dois toujours être vigilante, ne sachant jamais comment les gens vont réagir par rapport à nous. C’est un peu épuisant».
«Les femmes musulmanes, et surtout celles qui portent le hijab, sont particulièrement affectées par l’islamophobie».
L’islamophobie dans les médias Les médias ont eux aussi un rôle dans la perpétuation de l’islamophobie au Québec. Jean-Claude Leclerc, journaliste du Devoir, explique que les médias exploitent la peur de leurs lecteurs, et cela augmente des phénomènes tels que l’islamophobie. Par exemple, en juin dernier, le conseiller du village d’Hérouville en Mauricie André Drouin a demandé
au Premier ministre de déclarer «l’état d’urgence» pour protéger la culture québécoise contre l’arrivée des musulmans alors qu’il était invité à l’émission de Radio-Canada «Tout le monde en parle». Leclerc pense que de telles apparitions perpétuent la peur de l’Islam. Un autre exemple serait les interventions du leader du parti Action démocratique du Québec, Mario Dumont, qui se plaît à créer la polémique sur les minorités. Donner de l’importance à ce genre de personnages manipule les peurs collectives. Malgré le fait que la charte québécoise des droits de la personne possède une clause sur le droit du public à l’information, il n’y a pas de loi spécifique pour garantir la qualité de l’information. Selon Leclerc «on est donc dans un désert d’information solide dans la moitié du Québec». La solution, selon Leclerc serait de reconstituer l’autonomie des salles de rédaction. Nadia Del raconte au Délit qu’elle ne suit pas les médias du Québec parce que si elle le faisait, elle se sentirait tout le temps sur la défensive, et elle préfère ne pas y penser. Pour elle, même si les médias couvraient les choses de manière différente, ça ne changerait pas grand chose par rapport à l’islamophobie, les gens ne liront pas. Selon elle, le changement serait plus grand si les gens sortaient de leur zone de confort, qu’ils essayaient de rentrer en contact avec des gens qui sont différents d’eux. Léa* déplore le fait que «les médias canadiens sont obsédés par les histoires de meurtres. Je voudrais qu’ils ne mettent pas l’accent sur des cas si rares, mais qu’ils parlent plus de notre réalité. Je ne
vois pas vraiment les femmes musulmanes dans les medias, sauf si c’est la femme d’un terroriste. Il n’y a pas de docteures, de professeures, alors que c’est notre réalité. Je trouve ça étrange; les minorité ne sont pas bien représentées dans les médias. Il n’y a pas d’espace qui nous permet de parler de notre réalité». À McGill McGill, bien qu’elle soit une des meilleures universités d’Amérique du Nord, où la proportion d’étudiants internationaux est très importante et où la diversité est une des fiertés de l’établissement, n’échappe pas à l’islamophobie. Par exemple, l’étudiante Moe Nasr a vu son poster de campagne de candidature au Sénat de la Faculté des Sciences défiguré par l’inscription «Terroriste». Si l’islamophobie existe sur le campus, selon Trisha «à Mcgill on peut être nous-même. On peut s’exprimer comme des individus, indépendamment de nos religions». En revanche, Léa* trouve que les espaces sur notre campus devraient prendre en compte les musulmans pratiquants. Par exemple, il y a des musulmans qui ne boivent pas et ne peuvent pas participer au frosh. Ce ne devrait pas revenir aux associations étudiantes musulmanes de mettre en œuvre des événements complètement séparés. Des efforts devraient être faits pour inclure les musulmans dans le mainstream. Les résidences devraient aussi inclure la sécurité des musulmans dans les espaces sécuritaires. x *Léa a souhaité rester anonyme.
Société
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Crédit photo: Romain Hainaut
INTERNATIONAL
Deux ans après Fukushima L’émotion s’atténue, la critique est ravivée. Stanislas Collignon
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eux ans après les événements qui ont frappé l’archipel nippon s’est tenue la conférence «Remember Fukushima», commémorant en ce sombre jour du 11 Mars, les souffrances d’un pays, d’un peuple, d’une région: le Tohoku. Celle-ci était présentée par Adrienne Hurley, professeure au département d’Études de l’Asie de l’Est de McGill en coopération avec l’association Kizuna Japon. La bonne humeur ne s’affiche guère longtemps sur les visages des participants, et rien ne soulève autant d’empathie que les myriades d’enfants calfeutrés chez eux, qui devront à jamais porter le poids de ce lourd héritage. Le désarroi s’accroît face à la froideur des fonctionnaires, paralysés par une légitime raison d’état, dont les mensonges deviennent de plus en plus difficiles à dissimuler. L’ensemble des documentaires proposés nous a ainsi rappelé que les désastres causés par une énergie encore mal maîtrisée passent outre tout clivage sur la question. Pourtant, qui accuser d’un tel désastre humain? Est-ce l’État qui prend l’eau et dont la gestion de crise aura finalement été mal conduite? Une immense entreprise, TEPCO, dont le manque de clairvoyance aura ruiné toute crédibilité dans la conduite des réparations? Nul doute que les conflits d’intérêts entre politiciens et la direction de l’entreprise, foisonnant dans la démocratie japonaise, ont largement contribué à l’envenimement de la situation. Le lourd bilan gouvernemental (exposition d’échantillons de terre radioactive dans des sacs poubelle en
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Société
plein air, décontamination partielle de toits et charpentes par des ouvriers à peine qualifiés et peu protégés…) a donné lieu aux contestations les plus féroces. Un agriculteur s’est exclamé: «C’est toute la montagne qu’il faudrait nettoyer!». Les conséquences sur l’agriculture et la pêche régionale sont dévastatrices, mais on ne lésine pas sur l’exportation de produits de la région dans le reste du pays, pour motif de reconstruction… Parangon d’un pacifisme idéologique, les médias japonais, pourtant si puissants, ne veulent guère aller au fond des choses, rappelle à juste titre une étudiante. Pourtant, si l’État et TEPCO sont devenus de grands vilains, la cause ne serait-elle pas à trouver dans cette même philosophie, doucement nommée pacifiste, d’où s’ensuit un aveuglement social volontaire sur les réalités politiques du pays?
«L’exposition d’échantillons de terre radioactive dans des sacs poubelle en plein air et la décontamination partielle de toits et charpentes par des ouvriers à peine qualifiés et peu protégés ont donné lieu aux contestations les plus féroces» Une guérison difficile La réunion a été ainsi l’occasion de se pencher sur les mouvements de révoltes post-catastrophe qui ont fleuri depuis, et ce qu’ils symbolisent. Avec la fin des années 1960, marquées par la sanglante répression des
mouvements sociaux, le pays s’était fait un point d’honneur à ne plus jamais atteindre un tel niveau de mobilisation. Bien pratique pour tout dirigeant d’agir en sous-main dans un empire dont la vaste majorité des sujets s’est graduellement dépolitisée à mesure qu’on leur promettait l’emploi à vie! Aussi, l’apathie politique volontaire des citoyens nippons dans les affaires de leur pays, animés par de soudaines et candides clameurs, peut difficilement être ignorée. La gestion catastrophique et le sentiment d’abandon des habitants de la région ne sont ainsi le reflet que d’une seule chose: l’échec du pacifisme comme conception politique. Si l’État ou TEPCO a pu agir de la sorte, à qui la faute ? En effet, tant que la centrale fonctionnait à plein régime, nul ne trouvait à redire, d’où l’hypocrisie révoltante de ces indignés paradant gaiement dans les artères verdoyantes de Tokyo: en se retournant contre l’État ou TEPCO, ne cherchent-ils pas à se voiler la face ? Le Japon exportait fièrement son industrie nucléaire en Chine et au Vietnam, les foyers profitaient d’une électricité bon marché; en bref, la soif consumériste, si cyniquement individualiste, pouvait être largement épanchée. Et qui s’en plaignait? Coupable donc d’avoir laissé faire et laissé dire. Et si aujourd’hui les critiques fusent, entretenues par les mensonges et l’irresponsabilité de technocrates tokyoïtes, elles seraient bien maladroites d’aller à l’encontre du bien du pays dont la croissance peine à redémarrer. N’oublions tout de même pas que la mégalopole tokyoïte, non loin du drame, abrite près de trente-cinq millions de
personnes! Quelle catastrophe cela serait de laisser libre cours à une psychose apocalyptique! Une renaissance de politique La catastrophe de Fukushima aura finalement réveillé les ardeurs politiques d’une société, pour le meilleur comme pour le pire. Le réalisateur Franklin Lopez soulignait ainsi durant son intervention la reprise en main de l’ensemble des revendications des mouvements sociaux par les groupes anti-nucléaire. Face à l’ampleur du désastre, les contestations des révoltés de Fukushima ne se résument dès lors plus aux grossières affiches de symboles que peuvent véhiculer les réseaux anarcho anti-nucléaires, et dont Amateur Riot se fait un des porte-paroles. Elles incarnent davantage un puissant et profond sentiment de désenchantement à la hauteur des désillusions d’une société ayant poussé l’individualisme à son paroxysme, en déposant toute sa confiance entre les mains d’un État et d’une entreprise qui en auront finalement abusé. Cruel retour de bâton! Alors certes, ce sont beaucoup d’informations et beaucoup de questionnements sans réponse. Néanmoins, de tels événements nous rappellent combien nos sociétés industrialisées et démocratiques ont besoin d’un fort sentiment d’appartenance collective et, donc, de nouer ou renouer ce lien politique si vitale, afin de ne pas se laisser tomber dans des maux dont souffrent aujourd’hui la société japonaise. Que l’on soit d’accord ou pas avec les contestataires n’est guère primordial. Fukushima marque la fin d’un trop long sommeil. x
x le délit · le mardi 19 mars 2013· delitfrancais.com
Arts&Culture artsculture@delitfrancais.com
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THÉÂTRE
Coup de réel au TNC Based on a True Story: Sociologie de l’espace punk dans les villes nord-américaines Joseph Boju Le Délit
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ased on a true story, c’est l’histoire commune de cinq personnages en conflit avec eux-mêmes et avec les autres. Un policier, une juriste et trois punks se donnent la réplique avec violence dans une pièce aux accents Koltésiens. Danny Redmen, un accro à l’héroïne, présente sa copine Camille à sa meilleure amie, une lunatique nommée Stevie. Ils forment ensemble un trio marginal, vivant joyeusement dans un appartement délabré d’une ville indéterminée des États-Unis. «Punk noise as electricity, anger as light». Entre les concerts de punk, les jobs au McDo et les lignes de coke prises au couteau, on s’entend pour dire que tout va bien. Néanmoins, la normalité dans laquelle s’épanouissent les trois acolytes est vite confrontée à l’ordre et la morale, personnifiés par l’officier Davis et la juge Parks. On pourrait croire en arrivant dans la salle qu’on va assister à une pièce antisystème, caricaturant la question de l’insertion sociale. Le décor se prête en effet assez bien au jeu. Côté cour: un bureau propre avec ses accessoires, machines à café, lampe, tableau sans intérêt. Côté jardin: un pan de mur tagué de noms de
groupes punk, deux chaises dans un piteux état et un frigidaire. Entre ces deux instances opposées on trouve un arrêt de bus qui symbolise la rue. La pièce propose une réalité bien plus complexe que cette toile de fond. Si l’on se doute dès le départ que le jeune Danny Redmen ne va pas bien, il est intriguant de se rendre compte que le juge et l’officier de police sont en proie à leurs propres chimères. C’est là que se situe la force de Based on a true story; le spectateur est sans cesse appelé à participer à l’action mais ne peut émettre de jugement sur elle. Il est tour à tour amateur de pogo lors d’un concert punk, membre malgré lui d’une audience juridique ou simple spectateur, et il reste impuissant face à la réalité des personnages. Inversement, cette réalité ne nous indique pas quoi faire, ni où aller, elle est simplement présentée dans une logique démonstrative. C’est justement ce que voulait faire Isaac Robinson, le metteur en scène: donner à voir une réalité, celle de ces cinq personnages inspirés d’histoires vraies. Dans une entrevue accordée au Délit, il confie: «Le théâtre est juste un autre couloir de communication. […] Les personnages de ce spectacle ont été pensés pour être les plus réalistes possibles, tant au niveau de leurs réactions que de leur raisonnement. En revanche, la production finale ne satisfait pas cette
x le délit · le mardi 19 mars 2013 · delitfrancais.com
demande de réalisme, elle est plus une représentation de la réalité dans laquelle des personnages réels évoluent.» Outre cet aspect d’interprétation, la mise en place de cette production est des plus étonnantes. Isaac avait simplement présenté ses personnages au TNC et après quelques essais, il a trouvé des comédiens avec qui construire un script. «C’était intéressant de diriger cette pièce, car l’opinion de chacun comptait autant que la mienne. Le seul réel pouvoir que j’avais était mon droit de veto. Une grande part du travail sur les personnages devait venir des expériences et du passé de chaque acteur. Mes histoires étaient simplement un cadre à partir duquel ils devaient développer et créer leurs propres émotions.» On sort de Based on a True Story un peu bouleversé, sans vraiment savoir si l’on y a aperçu nos vies ou celles des autres. Si vous cherchez à flatter vos illusions, n’allez surtout pas faire un tour du côté du TNC, de mercredi à samedi prochain, sur le coup de vingt heures. x
Based on a True Story Où: Tuesday Night Café Quand: du 20 au 23 mars Combien: 6 dollars Crédit photo: Victor Tangerman
Arts & Culture
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CINÉMA
Blacklist et courts-métrages TVM présente le 7e festival du film Fokus. Anne Pouzargues Le Délit
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lacklisted: c’est le thème de cette 7e édition de Fokus, le seul festival du film de l’Université McGill, présenté cette semaine par TV McGill (TVM). Le festival veut ainsi rendre hommage aux réalisateurs américains bannis ou censurés pendant la Peur Rouge des années 1940 et 1950 et soupçonnés d’être associés au Parti Communiste. À cette occasion, Salt of the Earth sera projeté mercredi le 20 mars. Le film, réalisé par Herbert J. Bieberman et Michael Wilson qui ont tous deux été mis sur la liste noire, sera suivi d’une discussion animée par Ara Osterweil, professeure au département d’Anglais à McGill. À part cette projection, les courtsmétrages d’élèves sélectionnés pour être projetés pendant le festival sont très éclectiques et se rapportent peu –voire pas du tout– au thème. Molly Bower, Vice présidente aux affaires externes de TVM et directrice du festival, précise dans une entrevue avec Le Délit que «le thème se veut plus un moyen d’explorer un des aspects de l’histoire du cinéma. Les étudiants peuvent soumettre des courts-métrages très éloignés du thème; l’idée est de tous nous rassembler autour d’une idée commune et d’une volonté de promouvoir le cinéma à McGill». Un travail mcgillois En avant-première, Le Délit a pu assister à la projection de quelques uns des films d’étudiants qui seront projetés au Cinéma du Parc vendredi le 22 mars. Quatre catégories sont représentées: fiction, film expérimental, animation et
Illustration Romain Hainaut
documentaire, et certaines bonnes idées et trouvailles sont déjà à relever. Marisa Claire W.: Scientist, inventor, amateur photographer, travel enthusiast, réalisé par Patrick Fecher, est surprenant visuellement. L’utilisation d’une caméra 16 millimètres, du muet et du noir et blanc renforce l’effet loufoque et un peu émouvant de l’histoire de cette petite fille qui voyage à différents endroits dans une boîte en carton. Dans la catégorie film expérimental, Ruffle, d’Alexander Kasstan, se veut une recherche visuelle et sonore et explore les possibilités des effets spéciaux: ce court-métrage aux images et à la musique saccadées donnerait presque le
Illustration Romain Hainaut
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Arts & Culture
tournis, si la netteté et la précision des effets visuels ne parvenaient à rattraper de justesse la brutalité des couleurs, des mouvements et des sons. Fokus est un festival typiquement mcgillois: outre le fait que le festival est entièrement organisé par TVM, les courts-métrages sont souvent des travaux d’équipes. Salon Carmen, film d’Alexander Cherney, a ainsi pour bande originale des chansons du groupe Bodyshake, composé d’étudiants. La plupart des acteurs sont des amis, des connaissances des réalisateurs, et le tournage des films permet de resserrer les liens de la communauté étudiante. Pour TVM, le festival veut aussi créer un engouement dans l’ensemble de l’université. Fatal occupation de Sarah Leitner, Hannah O’Rear et Emma Baker a été entièrement filmé dans l’université. Pendant le Printemps Érable, un garde tue des étudiants: à partir d’un script simple, les réalisatrices ont voulu faire un film d’horreur dans un contexte social particulier «mais sans prendre aucun parti politique», expliquent-elles dans une entrevue avec Le Délit. Si cette affirmation peut fortement être remise en cause, le court-métrage offre quelques plans intéressants de l’université, notamment une course poursuite dans le fameux couloir reliant McLennan au Bâtiment des Arts. Le cinéma à McGill Le festival semble montrer qu’une certaine effervescence cinématographique existe bel et bien à l’université. TVM ouvre la voie et permet aux jeunes réalisateurs de perfectionner leur travail et d’apprendre le métier. Si la plupart des réalisateurs trouvent les fonds nécessaires à leur travail dans leurs réseaux personnels, TVM leur fournit du matériel de tournage et de montage perfectionnés. Sarah Leitner explique avec enthousiasme que TVM est «un excellent moyen d’apprendre le travail de la production de film à McGill». C’est d’ailleurs peut-être le seul moyen, car si McGill a un département de
Cinéma du Monde, celui-ci se concentre sur une approche purement théorique du cinéma. Il n’est pas possible d’apprendre ni la production ni la réalisation, ce que propose pourtant l’Université Concordia, qui offre un programme de cinéma complet. Pour Molly Bower, «il y a de la place, de l’envie et de la motivation pour la création d’un tel département à McGill». Cependant, elle se montre un peu pessimiste sur la possible création du département: «Je ne pense pas que ça puisse arriver maintenant, vu l’état de la Faculté des Arts», dit-elle dans une entrevue avec Le Délit, évoquant les récentes coupes budgétaires et la suppression de cours et de postes d’Auxiliaires d’Enseignement (TAs). Le festival Fokus prend d’année en année de l’envergure. Depuis ses débuts il y a sept ans et ses premières projections dans un petit loft, le festival s’est considérablement développé. Il est en effet depuis cinq ans affilié au Cinéma du Parc, et, cette année, le cinéma leur prête une salle supplémentaire. Il y aura donc deux salles, ce qui permettra d’augmenter le nombre de spectateurs et de créer un plus grand dynamisme dans le festival. Conférences, discussions avec les réalisateurs et projections des films s’alterneront. À l’issue de la journée de vendredi, des juges décerneront un prix au meilleur court-métrage de chaque catégorie. Parmi les juges seront présents deux professeurs de McGill ainsi que des juges extérieurs. Le festival présentera aussi un concours de films réalisés par des étudiants en 72 heures. Enfin, tous les dons récoltés grâce à la vente des billets seront reversés à l’association Wapikoni Mobile, qui fournit des équipements de montage vidéo à de jeunes autochtones de communautés isolées. Tout cela ne donne que des bonnes raisons pour aller soutenir la production de films mcgillois et participer à l’effervescence du festival; si la qualité des courts-métrages reste très inégale, Fokus propose une intéressante multiplicité d’événements qui ne manquent pas d’originalité. x
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MUSIQUE
Du bon jazz et des nachos Des étudiants de Concordia nous offrent une Jam Session au Upstairs Geneviève Lagacé Le Délit
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ous cherchez quelque chose de plus excitant à faire le mercredi soir que de réviser? C’est au bar Upstairs que ça se passe. L’endroit est parfait pour briser la routine monotone de la semaine et s’évader du quotidien sans être obligé de sortir trop tard. C’est un rendezvous incontournable pour ceux qui veulent encourager la relève du jazz et écouter de la bonne musique. Parmi les nombreuses soirées et spectacles proposés toutes les semaines par le Upstairs se trouve le Concordia Jam Session, véritable petit bijou musical qui mérite d’être découvert. Depuis deux ans maintenant, tous les mercredis soirs pendant l’année scolaire (soit de septembre à juin) plusieurs étudiants en jazz à l’Université Concordia offrent une performance gratuite de 17 heures à 19 heures. Plusieurs musiciens très talentueux participent à cette improvisation musicale hebdomadaire. Le Upstairs est géré par Joel Giberovitch, qui depuis très longtemps partage sa passion du jazz avec la communauté montréalaise. Le bar propose un heureux mélange de bonne musique, d’agréable compagnie et de succulents plats concoctés par le chef Juan Barros. C’est un bon endroit pour découvrir les nouveaux talents de la relève, mais également pour savourer plusieurs classiques du jazz. L’ambiance est chaleureuse et conviviale; dans la petite salle accueillante du bar tous passent un bon moment, que ce soit entre amis, avec la famille où tout simplement entre amateurs de musique. Dès 17 heures, le Upstairs commence à se remplir tranquillement et des amateurs
de jazz font leur entrée tout au long de la soirée pour venir prendre place et apprécier les œuvres musicales. En plus d’offrir une performance improvisée, les musiciens interprètent à leur manière de grands classiques du jazz, de Miles Davis à Sonny Rollins. Plusieurs étudiants en musique sont également présents dans la salle pour s’encourager mutuellement et pour assurer une rotation des musiciens sur scène. Puis, pour ceux qui adoptent l’endroit et qui souhaitent prolonger la soirée, il est à noter que celleci ne se termine pas à 19 heures puisque d’autres artistes suivent. Rapidement, on se sent pris par les mélodies jazz à la fois stimulantes et feutrées de ces jeunes prodiges. La contrebasse, la guitare, le piano, le saxophone et la batterie fusionnent merveilleusement avec la voix du chanteur pour créer un arrangement musical hypnotisant et unique en son genre. Ce que Fuat Tuaç, étudiant de deuxième année en jazz vocal, aime pardessus tout c’est «la relation qu’il entretient avec le public». Il confie en entrevue avec Le Délit que le jazz est pour lui un moyen de communication unique et très intime. Il participe à la Jam Session depuis deux ans maintenant, et explique que participer à la création du «houseband» les mercredis soirs lui permet de toujours apprendre de nouvelles choses tout en mettant en pratique les techniques apprises en classe. Il précise également que, si pendant les cours toutes les erreurs sont permises, lorsqu’il se retrouve sur la scène du Upstairs, il a l’opportunité de pratiquer son art et sa créativité devant un vrai public: «C’est du sérieux». Tuaç mentionne aussi que, tout au long de l’année, certaines personnes s’ajoutent au
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band par intérêt personnel le temps d’une soirée; leurs talents respectifs sont une grande source d’enrichissement pour le groupe. À certaines occasions, même les professeurs de Concordia viennent accompagner leurs étudiants pour partager leurs connaissances et leur amour du jazz. Les étudiants qui participent au Jam Session prennent visiblement plaisir et ils le font pour toutes sortes de raisons. Par exemple, Simon Lévesque, un contrebassiste en dernière année dans le programme de jazz de Concordia, me confie que ce qu’il aime vraiment ces soirées, c’est qu’elles lui permettent de côtoyer une remarquable variété musicale. Selon lui, chaque musicien et chaque instrument son est pourvus d’une voix particulière et d’un accent propre. Le charis-
matique jazzman en herbe précise aussi que plus il côtoie de nouveaux musiciens qui viennent d’ailleurs ou qui viennent d’autres universités, plus il peut apprendre sur ces différents accents musicaux et ainsi élargir sa passion pour le jazz. Le contrebassiste explique au Délit que, par-dessus tout, le plus grand avantage de ces soirées est qu’elles donnent aux étudiants en musique la chance de s’entraîner et de stimuler leur motivation personnelle. x Concordia Jam Sessions Où: Upstairs 1254 Mackay Quand: tous les mercredis Combien: gratuit
Calendrier Culturel Fokus Film Festival Présenté par TVM Au Cinéma du Parc 22 mars de 18h à 20h 6$ en avance, 7$ à la porte
La flûte enchantée Opéra McGill et Orchestre Symphonique de McGill Pollack Hall 21 et 23 mars à 19h30 20-45$
Festival du Film latino-américain de Montréal Cinéma du Parc Du 5 au 25 avril Nombreux événements et projections de films
Based on a true story Théâtre TNC 20-23 mars à 20h 6$
Série des récitals d’orgues de McGill Année de la musique contemporaine Schulich Redpath Hall 22 mars à 12h30 Gratuit
Le 7e registre South Asian Virtual Center Art contemporain MAI Du 6 avril au 11 mai
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Arts & Culture
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Gracieuseté de Front Froid
BD
Au cœur de l’indignation La Petite Révolution: fascinant voyage dans l’injuste et la souffrance d’une société en crise Annick Lavogiez Le Délit
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l est des histoires qui n’ont pas besoin de contexte ni d’explications, qui se placent simplement et justement dans une réalité universelle qui nous parle. Il est des récits qu’on reconnaît, mais qui surprennent, des personnages qu’on admire sans pour autant les idéaliser, qui sont nous tout en étant les autres. La Petite Révolution de Boum (Samantha Leriche-Gionet) fait partie de ces livres qui laissent pensif, qui marquent, bousculent, malgré et de par leur simplicité. Véritable écho de toutes les révolutions et de toutes leurs injustices, ce petit album publié chez Front Froid embarque ses lecteurs de
révolte en exaltation avec habileté. Retour sur un petit chef d’œuvre qui ne devrait pas vous laisser de glace. Florence est une jeune orpheline à fort caractère qui se bat pour sa survie dans une société où règne un dictateur dont on ne connaît ni le nom ni les motivations. Le lieu est nulle part et partout à la fois, il ne se définit pas, mais se reconnaît. Débrouillarde, Florence s’occupe d’Auguste, un gamin chétif et malade, fume à tout va et vole pour survivre. Tous les jours, elle écoute un vieux vinyl de Boris Vian chez un antiquaire. Tous les jours, elle rêve d’un jour meilleur en écoutant «Le déserteur». Jusqu’au moment où son ami Dominique l’entraîne dans les sous-sols de l’opposition…
Gracieuseté de Front Froid
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Gracieuseté de Front Froid
Arts & Culture
Entre pertes et batailles, Florence se lance dès lors dans une ultime révolution. L’histoire de Florence fait écho à tous les destins individuels des sociétés aux prises avec la révolution. À l’image de la case de la page 68, ce récit véhicule parfaitement l’angoisse individuelle de Florence tout en montrant que sa souffrance est partagée par tous. Boum, dans une entrevue avec Le Délit, confie à ce propos: «Cette case m’a pris le plus de temps à faire, mais me rend aussi la plus fière. En faisant ce livre, j’ai eu à dessiner des chars d›assaut et des fusils (deux choses que je trouve particulièrement difficiles à dessiner… c’était un peu du suicide!), mais c’est cette image de foule qui m’a le plus épuisée. Dessiner autant de personnages (il y en a plus de 45) en espérant qu’ils aient tous l’air proportionnés, en mouvement, sans nuire à la lisibilité de la case (il faut trouver Florence dans le tas!), a été tout un défi.»
La Petite Révolution, c’est donc l’universel dans le particulier, l’humanité dans un seul destin… L’absence de fioriture, de semi-détours et de remplissages inutiles sert habilement cet angle de travail propre à Boum: «À la page 55, je voulais essayer de faire passer un moment lourd et chargé en émotions sans utiliser de texte, de faire une page sans mot, sans décor, où l’émotion serait si forte que les lecteurs auraient besoin de se ressaisir un peu. Ça s’est fait tout seul. C’est mon genre de cadrage dramatique, je n’y ai pas trop réfléchi.» On accroche sur cette page parce que l’émotion y est forte, mais sans dramatisation excessive. L’illusion du réel y est parfaite. Ainsi, presque à la manière d’un documentaire, Boum évoque dans La Petite Révolution des destins comme des témoignages, avec un trait expressif et sans prétention qui prouve que cette jeune auteure sait se renouveler et innover. x
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MUSIQUE
La véritable musique underground Rencontre avec les musiciens de la STM Thomas Simonneau Le Délit
À
la même période l’année dernière, Joshua Bell, violoniste de renommée internationale, menait une expérience inédite dans le métro de Washington. Muni de son Stradivarius Gibson estimé à quelques trois millions d’euros, il a joué six pièces de Bach pendant près d’une heure. Pendant ce laps de temps, une vingtaine de personnes lui ont lancé une pièce en passant leur chemin et seulement six se sont arrêtées pour l’écouter. Intéressant, donc, de savoir qu’une minorité infime de personne s’intéressa au virtuose qui se produisait à Boston quelques jours auparavant pour une valeur de cent dollars la place en moyenne. Cette annecdote nous a fait réfléchir sur les priorités que nous nous donnons quotidiennement, le rapport que nous avons au temps et à l’art lorsque ceux-ci surviennent inopinément.
Cependant, c’est en contactant Alexis, membre du Comité exécutif, qu’on perçoit quelques failles. Le système s’organisant autour d’un respect et d’une confiance mutuelle entre le RMMM, les musiciens et les passants, il arrive d’assister à quelques dérives. En effet, Alexis nous fait part, dans une entrevue accordée au Délit, d’une histoire peu médiatisée, mais légèrement troublante, d’un musicien physiquement agressé par un homme ivre au début de l’année 2013 à la station Sauvé. L’incident n’a pas eu de lourdes répercussions, mais porte à réflexion sur la sécurité d’un tel réseau et les dispositifs à mettre en place pour protéger les artistes dans ce genre de situation. Bien que l’événement soit mineur, c’est le message du RMMM qui est bafoué.
L’exception montréalaise Le système du métro montréalais nous invite aussi à nous arrêter quelques minutes et apprécier la performance des musiciens locaux. Le Regroupement des Musiciens du Métro de Montréal (RMMM) a mis en place une organisation atypique qui vise à promouvoir la culture musicale à Montréal tout en accomplissant un devoir social. Selon les termes du Comité exécutif, «la mission du musicien du métro de Montréal est celle d’être un aide-mémoire, un déclencheur qui fait remonter en surface les émotions trop souvent refoulées par la routine du “métro, boulot, dodo”. La musique, par sa présence, stimule le non exprimé et nous ramène à la vie». Cela dit, les artistes sont confrontés à des règles très strictes qui illustrent bien la volonté du RMMM de mettre en place un réseau sérieux et ordonné. Les emplacements sont indiqués par une lyre blanche et chaque musicien doit réserver une plage horaire d’une ou deux heures selon la station pour pouvoir se produire. De plus, l’équipement ne peut dépasser une surface totale de deux fois 1,6 mètres tandis que le niveau sonore, la variété du répertoire ainsi que les interactions avec le public sont soumis à un règlement exigeant contribuant ainsi à l’aspect anodin du phénomène. x le délit · le mardi 19 mars 2013 · delitfrancais.com
crédit photo: Thomas Simonneau
Musiciens des souterrains En entrevue avec Le Délit, on retrace le parcours de ces artistes du spectacle, heureux de pouvoir s’exprimer en public et venant de classes sociales plus variées que ce genre de représentations ne le laisse croire. C’est à la station-mère du projet, Berri-UQAM, que Le Délit a rencontré Poléoné vendredi. Cet accordéoniste de soixante et un ans décrit son aventure sur Terre comme celle de l’«Histoire du Cowboy de l’Ouest» et s’est constitué un répertoire qui tient la comparaison. C’est donc par des mélodies telles que «Non, rien de rien» d’Edith Piaf ou encore «Les Portes du pénitencier» de Johnny Hallyday et avec l’aide de son accordéon diatonique que l’artiste divertit les passants montréalais. L’histoire personnelle de Poléoné ne laisse pas de marbre, car c’est suite à un accident grave que celui-ci a décidé de devenir accordéoniste. En effet, technicien pendant vingt-deux ans, son avenir s’est brusquement transformé lorsque les médecins lui ont annoncé qu’il avait perdu l’usage de ses jambes. Il récupère l’accordéon de son grand-père pour passer le temps et en fait finalement son occupation principale. Après trois ans passés dans un fauteuil roulant, il réussit à faire quelques pas grâce à une détermination surhumaine et une aide médicale importante. Le RMMM porte une importance toute particulière à ce musicien, car l’opportunité de jouer lui permet non seulement d’exercer sa passion librement mais aussi, tout simplement, de vivre. Sachant qu’une heure d’accordéon lui rapporte en moyenne vingt-cinq dollars, Poléoné gagne suffisamment chaque jour pour vivre décemment. «Je serai éternellement reconnaissant du travail du RMMM pour permettre à des gens comme moi, sans famille proche et ayant peu d’amis, de partager leur passion, voir du monde et gagner quelques sous». Cela dit, les usagers de la STM ont droit à une grande diversité en ce qui concerne les styles de musique et les genres de musiciens qui se produisent dans les bouches de métro. À la station McGill, Le Délit a pu poser quelques questions à Laura, étudiante en histoire à l’Université Concordia, guitariste et chanteuse occasionnelle.
Le Délit: Si tu devais définir rapidement ton expérience en tant que musicienne du RMMM, que diraistu? Laura: J’ai commencé à jouer dans les métros de Montréal dès ma première année universitaire histoire de gagner un peu d’argent pour payer mes études et mes sorties. Au début, c’était un peu difficile de se mettre dans le bain, de voir que les gens n’apprécient par forcément mon travail et que la concurrence peut être assez rude. Mais petit à petit je me suis habituée au rythme et je prends beaucoup de plaisir à jouer maintenant et à me dire que certains jours, ça paye! Le Délit: Es-tu globalement satisfaite de l’organisation du RMMM? En quoi est-il différent des autres réseaux de musiciens dans les autres grandes métropoles? Laura: Je dois dire que la manière donc tout ça est agencé est pas mal du tout. Le système de plages horaires est très bien, car il permet aux musiciens de gérer leur temps facilement et de laisser une part du gâteau à tout le monde! En plus, ça évite d’avoir des musiciens jouant côte à côte ou même d’avoir quelqu’un qui s’étale dans tout le couloir pour jouer de son instrument. Vis-à-vis des autres villes, je ne pourrais pas vraiment vous dire, car je n’ai jamais joué ailleurs, mais je dois dire que l’organisation ici est très bien ficelée et que le règlement nous permet de jouer en toute tranquillité. L’opération menée par le RMMM depuis maintenant quatre ans a donc de quoi faire réfléchir les élus d’autres grandes villes. En effet, la qualité de la musique, de l’organisation et la bonne entente entre les artistes et les passants ne peuvent être que bénéfiques. D’une part, les musiciens ont la possibilité de jouer toute l’année, au chaud, sans se soucier de quoi que ce soit. D’autre part, les passants peuvent apprécier des airs de musique très variés et généralement de très bonne qualité gratuitement, même si un petit pourboire n’est évidemment pas de trop. Le RMMM a donc de beaux jours devant lui, pour le plus grand bonheur de tous. x
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La Société des Publications du Daily présente la
SEMAINE DU JOURNALISME ÉTUDIANT 2013
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T S B N ! 2 3 ! j e v f k ! V T!B efm
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Mardi PANEL : FAIRE CARRIÈRE EN JOURNALISME
Lundi ATELIER D’ÉDITION PHOTO
ETHAN COX (RABBLE.CA) DOUG SWEET (McGILL RELATIONS OFFICE) + AUTRES PANELISTES
ÉDIFICE DE L’AÉUM, BUREAUX DU DAILY/DÉLIT, B-24 14H00 À 15H00
ÉDIFICE DE L’AÉUM, SALLE LEV BUKHMAN 13H00 À 14H00
Mercredi
ATELIER D’ÉDITION ET DE CORRECTION
ACCÈS À L’INFORMATION, LOI ET JOURNALISME D’ENQUÊTE MONIQUE DUMONT, RADIO-CANADA (ENQUÊTE) FAIZ LALANI ET ERIC BROUSSEAU, CLINIQUE LÉGALE DE McGILL
ÉDIFICE DE L’AÉUM, SALLE MADELEINE PARENT 13H00 À 14H00 EN COULISSES QUEEN ARSEM-O’MALLEY, THE MCGILL DAILY, COORDONNATRICE NICOLAS QUIAZUA, LE DÉLIT, RÉDACTEUR EN CHEF
ÉDIFICE DE L’AÉUM, SALLE MADELEINE PARENT 14H00 À 15H00
ÉDIFICE DE L’AÉUM, SALON DES CLUBS 15H00 À 16H00
Jeudi PANEL : ÉTUDIER EN JOURNALISME + MEET & GREET HENRY GASS, COLUMBIA JOURNALISM SCHOOL ADAM KOVAC, PIGISTE (MONTREAL GAZETTE) RICHARD TARDIF, PROGRAMME DE STAGE EN JOURNALISME SOPHIE TREMBLAY, CBC MONTREAL
BURRITOVILLE - 14H00 À 17H00 PANEL : JOURNALISME ET ACTIVISME HOLLY DRESSEL, AUTEURE À SUCCÈS & PROFESSEURE AGRÉGÉE, ÉCOLE D’ENVIRONNEMENT DE McGILL GRETCHEN KING, CKUT-FM MARTIN LUKACS, CO-OP MEDIA DE MONTRÉAL
ÉDIFICE DES ARTS, AHCS-GSA, B-22 - 18H00 RÉCEPTION GERTS’ - 19H00
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