Édition du 24 octobre 2017

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Publié par la société des publications du Daily, une association étudiante de l’Université McGill

LE CIRQUE DE L’AÉUM Mardi 24 octobre 2017 | Volume 107 Numéro 7

Le sphinx depuis 1977


Éditorial rec@delitfrancais.com

Volume 107 Numéro 7

Le seul journal francophone de l’Université McGill rédaction 3480 rue McTavish, bureau B•24 Montréal (Québec) H3A 1X9 Téléphone : +1 514 398-6784

Le cirque de l’AÉUM Le Délit revient sur les implications risquées de la Présidente de l’AÉUM.

L

Une rhétorique dangereuse La presse est dénoncée par Muna dans une lettre ouverte publiée dans le Bull&Bear. Elle serait soit disant victime d’une machination de la part des activistes, de la presse étudiante et de l’effrayant, invisible et omniprésent “establishement” (le système ndlr) - grondement de tonnerre - en ce mois d’halloween, voilà en effet un conte bien terrifiant. Dans sa lettre, la Présidente se place en victime: “Je ne pense pas comme eux et je ne reçois pas d’ordres de la presse étudiante ou des groupes militantistes.[...] La vraie raison pour laquelle l’Establishment de l’AÉUM ne m’apprécie pas c’est parce qu’il a peur qu’ils n’aient désormais plus de laquais fiable pour obéir à leurs ordres.”. Ses mots font échos à la rhétorique dangereuse de certains politiciens, qui se disent être des “outsiders” élus par le peuple pour “nettoyer le terrain”. De plus, il semblerait à la mode de s’en prendre à la presse pour la décrédibiliser, un outil pratique surtout quand on veut passer ceux qui nous critiquent sous silence. La présidente plaint la campagne de dénigrement menée contre elle, sans pour autant hésiter à cibler tout particulièrement un des journaux étudiants à travers des accusations qui restent vagues. Retour aux sources “Une presse libre et indépendante est un élément indispensable d’un campus démocratique.” Cette phrase, extraite de notre mandat, semble prendre tout son sens dans une situation comme celle-ci. La Présidente fait mention des affaires Sadikov et Aird; la presse étudiante avait non-seulement et bien évidemment couvert ces affaires, mais avait aussi travaillé avec les différents groupes étudiants pour partager les témoignages de survivantes. La presse n’est pas censée contrôler l’AÉUM, de la même manière que l’AÉUM ne

contrôle pas la presse. Les exécutifs de l’AÉUM sont des étudiants, les journalistes de notre presse aussi. Nous pouvons évidemment commettre des erreurs mais nous nous devons d’adhérer, au meilleur de nos capacités, a une distribution de l’information de manière véridique et honnête. C’est pour cela que, quand la présidente se présente sur une plateforme dont l’un des points clefs est la transparence, elle sera évaluée en priorité sur ce point. C’est à de la transparence que l’on s’attend, pas à la suspension surprise d’un membre de l’équipe exécutive, ni à des réponses vagues aux questions de médias (et oui, nous tenons à le préciser, plus on essaye d’éviter de répondre à nos questions, plus il nous faudra envoyer de courriels pour essayer d’en obtenir, donc excuser notre “harcèlement médiatique”). De plus la Présidente dit dans ce même article “Ils [les étudiants] voit l’AÉUM comme un club fermé. [...] Je me suis présentée en tant que Présidente pour changer cela, et j’ai gagné car j’ai mené une campagne qui a plu à la moyenne estudiantine, et non aux étudiants marginaux qui s’impliquent à l’AÉUM d’habitude.” Pourquoi parler d’un ton si hautain de ces “étudiants marginaux qui s’impliquent à l’AÉUM”? Voilà qui semble contre-productif alors que nos institutions ont maintes fois été accusées d’être déconnectées d’une population qui a du mal à s’intéresser à la politique étudiante. Qui plus est, la Présidente se dit représenter l’étudiant moyen. S’il est vrai qu’elle a été élue par 53% des votes, il ne faut pas oublier que le taux de participation à ces élections n’était de que 22%. Ce n’est donc pas 53% des étudiants qui ont voté pour elle, mais bien 53% de ces “étudiants marginaux”. La présidente pouvait beau avoir d’excellentes intentions en commençant son mandat, comme en témoignent ses nombreux soutiens qui prirent parole pour louer son leadership et la défendent sur les réseaux sociaux et pendant le conseil législatif, le fait est de constater que la situation au sein de la direction de l’AÉUM sera difficile à réparer. C’est à se demander quel sera l’acte final de ce drame.

Culture articlesculture@delitfrancais.com Lara Benattar Sara Fossat

Innovations innovations@delitfrancais.com Louisane Raisonnier Coordonnatrice de la production production@delitfrancais.com Hannah Raffin Coordonnatrices visuel visuel@delitfrancais.com Alexis Fiocco Capucine Lorber Multimédias multimedias@delitfrancais.com Grégoire Collet Coordonnatrices de la correction correction@delitfrancais.com Éléonore Berne Thais Romain Webmestre web@delitfrancais.com Mathieu Ménard Coordonnatrice réseaux sociaux reso@delitfrancais.com Dior Sow Événements evenements@delitfrancais.com Madeleine Gilbert Contributeurs Clémence Auzias, Fiona Briantais, Joachim Dos Santos, Abigail Drach, Luce Engérant, Prune Engérant, Nora Fossat, Charlotte Grand, Sarah Herlaut, Margot Hutton, Marine Idir, Béatrice Malleret, Nicolas Marbeau, Nathan, Adel Mohamedi, Fernanda Muciño, Louis Saint-Aimé, Bertrand Saucier, Jacques Simon, Djavan H. Thurton, Jia Yi Fan Couverture Alexis Fiocco, Capucine Lorber

J’accuse!

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C’est pourquoi Le Délit dénonce le manque de transparence du Conseil des Directeurs par rapport à la constitutionnalité de sa composition. Le Délit dénonce aussi la manière dont l’affaire Khan a été menée par le Conseil des Directeurs et l’AÉUM. Un manque de communication avec les étudiants et la v.-p. concernée, le rapport d’enquête du directeur général non publié et un manque d’explications claires sur pourquoi la sévérité de la punition fut ainsi fixée. On espère que les minutes de ce conseil, une fois qu’elles seront publiées, apporteront un peu de clarté à cette affaire. Mais surtout, Le Délit prend au sérieux les accusations de la Présidente concernant le comportement de ses collègues, et nous rappelons que Le Délit dénonce toutes formes d’intimidations et de harcèlements, surtout afin de décrédibiliser et de passer autrui sous silence. x

3480 rue McTavish, bureau B•26 Montréal (Québec) H3A 0E7 Téléphone : +1 514 398-6790 ads@dailypublications.org

L’équipe de rédaction du Délit tient à présenter ses excuses à Marie-Michèle Sioui pour les imprecisions et erreurs commises dans la retranscription de son entrevue, dans l’édition papier du 17 octobre 2017.

2 Éditorial

Actualités actualites@delitfrancais.com Léandre Barôme Lisa Marrache Sébastien Oudin-Filipecki

Société societe@delitfrancais.com Hortense Chauvin

l’équipe éditoriale du délit e Tribune publiait le 19 septembre dernier un édito sur la relation souvent tumultueuse et empreinte de cynisme et de mépris entre les représentants de L’AÉUM et le corps étudiant. Ils appelaient à la clémence, de la part des élèves, des médias et autres groupes, rappelant que les exécutifs n’étaient, eux aussi, que de simples étudiants, qui ne méritaient pas que nous les crucifions pour les erreurs qu’avaient commis leurs prédécesseurs. Et bien nous voilà rendus, à peine plus d’un mois et trois scandales de l’AÉUM plus tard, à revenir sur ces sages mots. Un vote sur la motion BDS qui déclencha une crise de constitutionnalité du Conseil des Directeurs, la vice présidente aux Finances Arisha Khan suspendue, la présidente Muna Tojiboeva apparemment sous les feux de ses collègues (voir p. 4), et l’AÉUM, tant bien que mal, finit encore une fois éventrée. Les conflits entre les exécutifs et les directeurs ne sont plus tenables et jaillissent des entrailles de cette institution, la presse étudiante semblant avoir asséné quelques coups de couteau.

Rédactrice en chef rec@delitfrancais.com Mahaut Engérant

Publicité et direction générale Boris Shedov Représentante en ventes Letty Matteo Photocomposition Mathieu Ménard & Geneviève Robert The McGill Daily coordinating@mcgilldaily.com Inori Roy Conseil d’administration de la Société des Publications du Daily Yves Boju, Marc Cataford (Chair), Marina Cupido, Mahaut L’usage du masculin dans les pages du Délit vise à alléger le texte et ne se veut nullement discriminatoire. Les opinions de nos contributeurs ne reflètent pas nécessairement celles de l’équipe de la rédaction. Le Délit (ISSN 1192-4609) est publié la plupart des mardis par la Société des publications du Daily (SPD). Il encourage la reproduction de ses articles originaux à condition d’en mentionner la source (sauf dans le cas d’articles et d’illustrations dont les droits avant été auparavant réservés, incluant les articles de la CUP). L’équipe du Délit n’endosse pas nécessairement les produits dont la publicité paraît dans ce journal.Imprimé sur du papier recyclé format tabloïde par Imprimeries Transcontinental Transmag, Anjou (Québec).

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À suivre... Mois de la Cyber sécurité Le service des technologies de l’information de l’Université McGill organise, ce mois-ci, une série d’évenèments en lien avec la cyber sécurité sur le thème d’Halloween.Au programme: une projection de film d’horreur, un stand lors de la foire de santé des employés, (Employee Health Fair, en anglais ndlr) et des ateliers en collaboration avec le département des archives.x

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Comité des Affaires Francophones La motion sur la création d’un Comité des Affaires Francophones indépendant a été adoptée durant le conseil législatif de l’AÉUM. Notons qu’auparavant, le Comité des Affaires Francophones faisait partie du Community Engagement Committee, et que la proposition d’en faire un comité autonome est un pas en avant pour la francophonie à McGill, ce qui était l’un des axes de la plateforme de campagne de Muna Tojiboeva. La motion avait été proposée par plusieurs Conseillers ainsi que Connor Spencer et Muna Tojiboeva elle-même. Affaires à suivre la semaine prochaine. x

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Les mots qui marquent « Depuis le jour où j’ai été élue, l’Association Étudiante de l’Université McGill veut me faire partir. Je ne pense pas comme eux, et je n’écoute pas les ordres des publications du campus ou des groupes activistes politiques. » C’est ce qu’a dit Muna Tojiboeva, présidente de l’AÉUM dans une lettre défendant son point de vue dans le Bull&Bear. Cette lettre a été publiée suite aux accusations faites quant à son manque de transparence, durant le conseil législatif de cette semaine. Durant ce conseil, les 5 viceprésidents de l’AÉUM demandèrent sa démission en temps que porte-parole de l’AÉUM. Pour en apprendre plus sur le conseil de cette semaine, allez page 6. x

le délit · mardi 24 octobre 2017 · delitfrancais.com

&

vous d disent 400 fois merci! Avec votre généreux soutien, notre levée de fonds a amassé plus de 400$ pour le Foyer pour Femmes Autochtones de Montréal. Venez nous voir à notre deuxième édition, le mardi 31 octobre, de 10 h à 18 h, à l’entrée du Centre Universitaire (William Shatner) !

actualités

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campus

Guerre civile dans l’exécutif mcgillois Les hostilités ont été déclarées au dernier Conseil Législatif. Léandre Barôme

Le Délit

A

près la suspension d’Arisha Khan, vice-présidente aux Finances à l’Association des Étudiant·e·s en premier cycle à l’Université McGill (AÉUM), on pouvait s’attendre à quelques tensions durant le Conseil Législatif du 19 octobre. Les évènements prirent cependant une tournure bien plus austère, et la salle de Lev Bukham fut de 18h à 00h30 le théâtre de disputes éprouvantes. Début du Conseil À l’ouverture des portes, la salle était plus que pleine: un public d’environ cinquante spectateurs était présent, dont une vingtaine forcés de se tenir debout, faute de chaises. La sécurité McGill dut même expulser le surplus de personnes avant de débuter la réunion. Ce détail, qui peut paraître sans intérêt, aura son importance pour la suite. Une fois le problème résolu, les présences prises, la land acknowledgement lue, et quelques détails de dernière minute réglés, le Conseil commence.

visiblement gêné, mais répond que non, ça ne lui semble pas normal. La v-p. aux Affaires externes, Connor Spencer intervient alors avec vigueur, assurant que l’AVÉQ n’a pas fait de telle demande. Les esprits commencent déjà à s’échauffer. C’est ensuite au tour de l’Association pour la Voix Étudiante au Québec de s’exprimer dans leur exposé, durant lequel ils résument eux aussi leur travail. Le même conseiller réitère sa question de l’engagement, insistant que cette condition figure dans la motion. L’AVÉQ rétorque alors qu’il est possible de sortir de l’engagement avant les cinq ans. Une autre intervention du Conseiller Savage, représentant de la faculté de ser-

La Présidente fait valoir son droit de réponse, et se déclare déçue par ces accusations. Elle affirme «ne pas être là pour représenter le point de vue des membres de l’exécutif, mais des étudiants». Elle accuse ensuite à son tour les vices-président·e·s de rendre son environnement de travail toxique, en remettant sans cesse ses qualifications en question à cause de leurs différentes opinions, et en la traitant continuellement d’opportuniste. Elle dénonce leur intimidation, qui, d’après elle, se portait même par moment à son apparence physique. Un des v-.p. lui aurait fait remarquer qu’elle était mince, ce à quoi elle aurait répondu «merci» avant de se voir répliquer que ce

de la vie étudiante dans le seul but d’aider les élèves. Elle demande finalement si la déclaration des v-.p. n’est pas une odieuse chasse aux sorcières. Connor Spencer répond que ces propos lui donne raison; elle remet en question les motivations politiques de Muna Tojiboeva, et atteste ne pas vouloir avoir cette conversation ici. C’est alors qu’on comprend la dynamique que suivra le reste du Conseil Législatif. Il s’agit en fait d’un conflit opposant les membres de l’exécutifs et les médias d’un côté, à la Présidente et son public de l’autre. Un autre membre du public, encore une fois avec le soutien du reste de la galerie, reproche aux alexis fiocco

«Let the record show that the moderator would like a box of fries»

Présentations des associations Premier article à l’ordre du jour, les présentations. La première organisation à passer, UTILE (Unité de travail pour l’implantation de logement étudiant, ndlr), rend compte de sa dernière recherche et en arrive à la conclusion qu’il subsiste un réel manque d’accès à des logements aux prix accessibles pour les étudiant·e·s McGill. Selon l’association, ce sont en effet les étudiant·e·s mcgillois qui payent les loyers les plus chers, en comparaison aux autres universités. Le présentateur nous parle ensuite des projets de l’association pour construire des logements étudiants aux prix raisonnables. C’est ensuite au tour du Library Improvement Fund de nous présenter leur rapport. Un autre exposé suit, celui de l’association UÉQ. Le représentant de l’Union Étudiante du Québec commence en nous rappelant le rôle de son organisation: la protection des droits des étudiant·e·s au Québec. Il poursuit en nous parlant de leurs principaux projets du moment qui portent sur la santé mentale dans les campus, sur les violences sexuelles, et sur l’accessibilité par les peuples autochtones. Il conclut en nous rappelant les récentes réussites de l’UÉQ. C’est dans la section qui suit —les questions au présentateur — que l’on commence à avoir un avant-goût de ce que sera la suite du conseil. Un conseiller demande au représentant de l’UÉQ s’il trouve normal que l’AVÉQ (Association pour la voix étudiante du Québec, ndlr), association rivale de l’UÉQ, demande un engagement de cinq ans pour sa potentielle affiliation avec McGill. Le présentateur est

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ACTUALITÉS

le tout entrecoupé de motions pour étendre le temps alloué aux questions. Notons que certains Conseillers, tels que R’ay Fodor, représentant de la faculté d’Art et de science, défendait ouvertement la Présidente. Des interventions pertinentes restèrent par ailleurs sans réponse, telle que celle d’un étudiant en médecine qui demanda des précisions sur les différences politiques qui opposaient la Présidente aux viceprésident·e·s, ou encore une question du McGill Daily s’interrogeant sur la raison pour laquelle Arisha Khan n’avait pas eu l’occasion de se défendre. Après une session interminable, les questions finirent par se tarir et le modérateur déclara le passage à la section dédiée aux nouvelles motions, après une période de pause. Fait intéressant, le public quitta la salle pour ne plus revenir à partir de ce moment précis.

vice social , précède la clôture du débat. Ce dernier nous permit de comprendre que l’AVÉQ et l’UÉQ collaboraient sur leurs projets de recherche, notamment en santé mentale.

n’était pas un compliment. Les claquements de doigts du public à l’occasion de son discours laissent penser qu’elle dispose du soutien de la galerie.

Le début de la fin

Conseil Législatif, ou match de boxe?

Après une courte pause et la présentation du rapport du Comité d’Organisation présenté par la v.-p. aux Affaires internes Maya Koparkar, le modérateur du Conseil passe à la section annonces. Lorsque Jemark Earle, v-. p. vie étudiante, lève timidement la main, on ne peut se douter de l’importance de ce qu’il va dire. Il engage alors la lecture d’une lettre signée par les cinq vice-président·e·s, dénonçant les actions de la Présidente de l’AÉUM Muna Tojiboeva, pointant notamment du doigt son manque de transparence et les activités suspectes du Conseil des Directeurs, en référence à la suspension d’Arisha Khan. Il conclut avec la phrase suivante: «C’est donc la volonté des vice-président·e·s que la Présidente Tojiboeva présente sa démission en tant que porte-parole des étudiant·e· s». Cette déclaration de non-confiance déclenche le début des hostilités.

Suite à ces annonces, le modérateur passe à la section questions, à laquelle sont généralement allouées cinq minutes, mais qui dura plus d’une heure trente à raison de multiples extensions. Les questions sont ouvertes aux médias et au public, et c’est le McGill Daily qui ouvre le bal, en demandant pourquoi les Conseils des Directeurs, censés être publics, ont toujours lieu alors que le bâtiment de l’AÉUM est fermé, et ne sont pas annoncés à l’avance. Muna Tojiboeva rétorque non sans une touche de mépris, qu’il y a toujours un gardien à l’entrée prêt à ouvrir la porte aux spectateurs, et que les Conseils sont toujours le dimanche à 19h. La parole est ensuite donnée à une personne du public, qui décrit avec passion l’engagement de Muna déclarant qu’elle siège à une douzaine de conseils différents et est impliquée dans tous les aspects

vice-président·e·s de reproduire les tensions de l’équipe de l’année en faisant subir à Tojiboeva une violence raciale et genrée. C’est encore une fois Spencer qui répond qu’elle prend ces accusations très au sérieux, et recommande qu’une plainte soit déposée auprès des comissaires à l’Équité. C’est ensuite au McGill Tribune de dénoncer la Présidente et la «décision injuste» de suspendre Arisha Khan pour deux semaines pour une simple violation de confidentialité. Suite à une réponse bancale de cette dernière, la Conseillère Isabella Anderson, qui a participé au vote du Conseil déterminant la punition d’Arisha Khan, affirme avoir été très mal à l’aise pendant le procédé de prise de décision. Selon elle, la suspension de deux semaines était une des propositions les plus clémentes proposées. Un autre Conseiller niera plus tard ces propos, indiquant qu’une simple déclaration du Conseil fut ausi considéré. La réunion continua ainsi pendant plus d’une heure trente: le public posait une question sur un ton outré, suite à quoi les v-.p. (le plus souvent Spencer) se défendaient. Les journaux posaient une question suite à quoi Tojiboeva se défendait,

La première motion à l’ordre du jour consistait à soumettre la construction d’un centre à vélos à un référendum. Depuis le départ du public, le calme était revenu, mais on pouvait tout de même sentir une certaine tension dans l’air. Certains conseillers, tels que Caitlin Bazylykut, prennent position contre la motion, soutenant non seulement qu’on pourrait faire meilleur usage des fonds, mais aussi qu’il faudrait que des options moins chères soient présentées. Un autre conseiller répond que c’est un fond affecté et qu’on ne peut pas utiliser l’argent autrement. Après un débat concernant des préoccupations de confort et de sécurité pour les douches, la motion est soumise au vote, et passe en obtenant une majorité des votes. Un éclaircissement dans l’atmosphère survient enfin à l’arrivée de la nourriture. La tension se dissipe et la motion suivante est lue avec des frites dans la bouche. La motion en question concerne la soumission au référendum étudiant de l’affiliation avec l’AVÉQ, proposée par Spencer. Muna Tojiboeva propose que la motion soit repoussée pour que les étudiants puissent en apprendre plus sur les différences entre l’AVÉQ et l’UÉQ (par exemple, par le biais de forums publics), ce qui est adopté après un court débat. La motion sur la création d’un Comité des Affaires francophones indépendant est ensuite adoptée sans trop de conflits, tout comme la motion d’approuver la lettre de Science & Policy Exchange adressée au Premier Ministre du Canada et la motion de Jemark Earle sur les règles de l’Assemblée Générale. Par la suite, les rapports des différents Comités, Conseillers et membres de l’exécutif se font rapidement et sans encombre, et le Président du Conseil déclare la clôture de la réunion aux alentours de minuit et demi. x

le délit · mardi 24 octobre 2017 · delitfrancais.com


campus

Gros projets

McGill va possiblement acquérir l’emplacement de l’Hôpital Royal Victoria et du Fiat Lux. vincent morreale

ferÑAnda mucino

Le Délit

L’

Université McGill cherche continuellement à améliorer la qualité de ses formations, ainsi que les complexes de son campus. L’administration de McGill propose deux projets d’envergure: le Fiat Lux pour la rénovation de la bibliothèque McLennan, et l’acquisition de l’Hôpital Royal Victoria. L’avenir de la bibliothèque des sciences humaines et sociales Selon Colleen Cook, Doyenne Trenholme des bibliothèques de McGill: «la Bibliothèque et les Archives de l’Université McGill ne se résument pas à une simple réserve d’ouvrages […] elles sont des lieux de travail et de convivialité […]. Elle se situe aujourd’hui à un tournant de son histoire, au point culminant d’une révolution technologique qui a profondément modifié les missions traditionnelles des bibliothèques. Pour perpétuer le rôle essentiel qu’elle joue dans la mission de l’Université et faire en sorte que McGill puisse continuer d’attirer et de

fidéliser parmi les meilleurs étudiants du Québec, du Canada et du monde, la bibliothèque doit se transformer physiquement afin de pouvoir répondre à l’évolution des besoins de l’étudiant […]». Selon l’administration, McGill doit ré-imaginer sa bibliothèque afin qu’elle puisse servir ses divers publics au fil des générations. Les enjeux contemporains ne peuvent toutefois pas être ignorés: le rôle de la bibliothèque évolue, donc ses infrastructures doivent également changer. Une plus grande variété d’espaces de travail modulables est nécessaire pour

répondre aux besoins des études et recherches du 21e siècle. Informels et formels, individuels et collectifs, ces espaces intègrent des outils à la fine pointe de la technologie pour visualiser des données, stimuler l’ingéniosité et se connecter avec le reste du monde. Un éventail complet d’espaces d’enseignement et d’apprentissage novateurs est nécessaire pour promouvoir l’excellence académique, approfondir les études et dynamiser les échanges. L’espace actuellement réservé au personnel et aux partenaires manque d’efficacité et correspond à des modes de services obsolètes. Les services

de la bibliothèque doivent être souples, innovants, technologiques et accessibles, pour répondre aux exigences contemporaines des universitaires. En effet, ce projet donnera «forme à un complexe architectural qui unifiera l’ensemble des facultés, ancrera fermement la bibliothèque aux confins de territoires nouveaux et audacieux et fera de McGill l’un des établissements phares de l’enseignement supérieur du 21è siècle». Afin de réaliser ce projet, la bibliothèque sera reconstruite de façon à fournir plus d’espaces de travail, ainsi que de construire un système automatisé de stockage et d’extraction (ASRS) sous la grande pelouse du campus pour stocker en toute sécurité des collections de documents et les archives de la Bibliothèque. Également, ce projet a pour but de rénover l’édifice de la bibliothèque McLennan pour en faire une structure robuste et polyvalente. Évalué aux coûts totaux de 330 millions de dollars canadien sur plusieurs étapes, il faut prévoir une fin des travaux pour 2050. Notez que la bibliothèque restera ouverte et le personnel et les services seront accessibles pendant toutes les étapes des travaux.

Vision pour l’Hôpital Royal Victoria L’Hôpital Royal Victoria, immeuble emblématique de Montréal, est maintenant vide. Situé entre le campus du centreville de l’Université McGill et le mont Royal, cet hôpital offre à l’Université l’occasion de combler son déficit d’espace. Il reste à déterminer s’il serait possible d’exploiter ce site en partenariat avec le gouvernement du Québec. Le groupe de travail a pour mandat d’explorer la façon dont McGill pourrait utiliser ce site. Il se penchera notamment sur les questions suivantes: quel type d’espace serait nécessaire pour appuyer les activités d’enseignement? Comment le site pourraitil être utilisé pour favoriser les synergies entre les disciplines universitaires? Quelle est la responsabilité en matière de préservation des bâtiments historiques, des espaces verts, de l’accès au mont Royal, etc.? En ce qui concerne la vision pour l’Hôpital Royal Victoria, il est possible pour la communauté mcgilloise de soumettre des idées et commentaires à l’adresse suivante: rvh_vision@mcgill.ca. x

sport

Une victoire pour les Redmen! Ce vendredi, un match serré prit place entre les équipes de rugby de McGill et de l’UdeM. fiona briantais

alexis fiocco

L

e match de rugby de ce vendredi 20 octobre opposant l’équipe de McGill à celle de l’Université de Montréal (UdeM), considérée comme le principal adversaire des Redmen, s’est soldé par une victoire de 31 à 21 pour McGill. C’est aux alentours de 19h, dans une ambiance semi-décontractée, que le coup d’envoi est donné. Pas gagné d’avance Ce début de match semble plutôt favorable aux Carabins, l’équipe de l’UdeM, avec une faute de McGill à la sixième minute, suivie d’une tentative de transformation échouée. Le numéro 3 a également du être remplacé par le numéro 17 suite à une blessure à la cheville. Malgré tout, une nette

reprise du jeu se constate durant les prochaines minutes. McGill est alors en possession de la balle. Pourtant, à la douzième minute, c’est bel et bien l’UdeM qui ouvre le score, et réalise le premier essai du match, accompagné d’une transformation (score de 0 à 7, donc, en faveur des Carabins).

le délit · mardi 24 octobre 2017 · delitfrancais.com

Un match rythmé Il faut attendre la dix-septième minute pour voir la première transformation réussie suite à un essai de McGill par le numéro 7, menant ainsi à l’égalisation. Dès lors, les Redmen prennent l’avantage au score en marquant

un second essai transformé à la vingtième minute. L’UdeM ne s’avoue cependant pas vaincu et parvient à atteindre de nouveau une égalité de 14 à 14 à la mi-temps, en transformant à leur tour un essai. Du retour des vestiaires, décidé à imposer son jeu, McGill enchaîne deux essais transformés consécutifs. Le talentueux Eliott Desposito (numéro 15 pour ce match) a fait le break par son pied, assurant le maintien d’un écart notable de points jusqu’à la fin du jeu. Les Carabins redoublent d’effort dans les dix dernières minutes, avec un essai transformé à la soixante-dix-neuvième minute par le numéro 10. Les maillots bleus ne parviennent toutefois pas à remonter la pente. C’est donc avec un score final de 31 à 21 que McGill remporte le match.

Des émotions fortes «Nous étions tous très motivés», a affirmé avec enthousiasme Eliott Esposito, au poste de demi d’ouverture. Cette victoire serait la «récompense de tous ces entraînements et ces efforts». Si la pression et le stress se faisaient ressentir avant le match, l’envie de jouer et surtout le désir de victoire étaient sources de motivation. De plus, comme l’a souligné le joueur, cet ultime match de la saison à Molson — et pour certains leur dernier match sur le terrain mcgillois — avait comme supplément une valeur symbolique. Le weekend prochain aura lieu le match retour pour les deux équipes universitaires qui s’affronteront en quart de finale. Les ambitieux Redmen nous mèneront-ils une seconde fois à la victoire? x

actualités

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Montréal

Coderre à l’aise devant Plante

Denis Coderre et Valérie Plante ont débattu dans le cadre des élections municipales. Jacques Simon

Le Délit

C

’est à la Chambre de commerce du Montréal métropolitain que Denis Coderre, maire sortant, et Valérie Plante, deuxième dans les sondages, se sont retrouvés le jeudi 19 octobre pour un débat unique, dans le cadre des élections municipales qui auront lieu le 5 novembre prochain. Entourés de leurs soutiens, de la presse, et de citoyens intéressés, les deux candidats ont débattu pendant une heure sur des thèmes prédéfinis et identifiés comme les «grands enjeux de la métropole». Au menu, «Vivre à Montréal», «Gouverner Montréal», «Réussir à Montréal», et «Se déplacer à Montréal». Des parcours contrastés Selon les sondages, Coderre commence avec une avance sur sa principale concurrente. Grâce à sa notoriété, peut-être, mais pas que: «Il a remit Montréal sur la map (carte, ndlr)», explique une de ses connaissances, «Il a un petit côté dictatorial parfois, mais il a redonné un élan à la ville». Ce n’est pas pour autant que le pari est gagné d’avance. Valérie Plante mène une

Des candidats impassibles

débuté leurs ouvertures respectives par un message: Plante en soutenant les femmes qui dénoncent les agressions sexuelles qu’elles ont subies, et Coderre par un land acknowledgement en soutien aux communautés autochtones.

Alexis fiocco

Sur le tout, les deux opposants n’ont montré que très peu d’accord si ce n’est leur animosité envers la loi 62, qui a été adoptée à Québec la semaine dernière et qui interdit le port du voile intégral dans certains lieux publics (plus d’informations en page 6, ndlr). «Il n’est pas question de bafouer les droits des Montréalais, et c’est ce que cette loi fait. On ne les privera pas des services publics», a martelé Plante, faisant référence au flou qui entoure la loi quant à l’utilisation des transports en commun. Coderre acquiesça, rappelant qu’il avait déjà fait savoir son mécontentement auprès du gouvernement provincial et n’entendait pas s’arrêter là. Il est clair, cependant, que la victoire de ce débat porte le nom de Coderre. Vieux loup de la politique, il a su maîtriser une adversaire jeune et moins expérimentée. Ce n’est pas pour autant que le maire sortant doit se reposer sur ces lauriers. S’il a gagné une bataille, la guerre n’est pas encore finie et Valérie Plante n’est pas loin derrière. x

«Valérie Plante a essayé tant bien que mal de déstabiliser son adversaire»

campagne de terrain efficace, offre un large éventail de propositions pour la ville, et monte tranquillement mais sûrement dans les sondages. Reste que la différence de carrure qui sépare les deux candidats — Coderre en est à sa onzième élection — est marquante et s’est faite sentir pendant le débat. Le maire sortant à faire rire le public avant même que commence la discussion, en se mettant en scène pre-

nant un selfie avec un large sourire et le pouce levé. Plante, de son côté, à commencé en renversant son micro — qu’elle n’a d’ailleurs jamais relevé — ce qui a eu comme conséquence que sa voix resta plus faible que celle de son adversaire pendant toute la confrontation. Pendant le vif du débat, Coderre s’est montré à l’aise contre son adversaire, esquivant les piques qu’elle lui lançait et les lui retournant de plus belle. Sur le fond, les deux candidats ont

Sur la suite, le maire sortant est revenu sur l’efficacité de son mandat, de ses projets aboutis, et le rayonnement mondial de Montréal. Sa concurrente, elle, a reproché à son adversaire un manque de transparence, d’efficacité, et de moyens pour les enjeux de proximité. Manque de fonds pour les logements sociaux, trop de travaux peu productifs, absence de contact avec le contribuable, Valérie Plante a essayé tant bien que mal de déstabiliser son adversaire, impassible. Lui répondait par des exemples concrets de projets aboutis, et pointait du doigt la naïveté d’une personne qui n’avait pas encore connu les difficultés de la fonction.

québec

Gouvernance (pas si) neutre Après de nombreux revers, la loi 62 a finalement été adoptée par le Parlement. À Montréal, Coderre est également mal à l’aise avec l’implantation de cette loi dans sa métropole multiculturelle, où les femmes voilées sont plus nombreuses qu’ailleurs au Québec. Ainsi, il juge inconcevable que l’on refuse à quelqu’un l’accès à un service sous prétexte que son visage soit couvert. En Ontario, les trois partis s’accordent pour dénoncer cette loi. Le Premier Ministre Justin Trudeau s’est également exprimé contre «Une société qui ne veut pas que les femmes soient forcées à être voilées, peut-être devrait-elle se poser des questions sur ne pas forcer les femmes à ne pas porter le voile».

margot hutton

Le Délit

B

ientôt, il sera obligatoire d’avoir le visage découvert pour prendre le bus, le métro et donner/recevoir un service public à travers le Québec. C’est là la principale caractéristique de la loi 62: «favorisant le respect de la neutralité religieuse de l’État», adoptée par l’Assemblée du Québec ce mercredi 18 octobre. Lever le voile Cette loi impose aux gens de se découvrir le visage dans les institutions publiques, et ce, peu importe leurs croyances religieuses. Stéphanie Vallée, ministre de la Justice, précise que cette loi cherche avant tout à favoriser le «vivreensemble» et la neutralité religieuse du Québec. Mais attention, le patrimoine religieux québécois est exclu de ces mesures, ce qui implique donc une certaine sélectivité religieuse. Mis à part le caucus libéral, l’enthousiasme autour du projet

6 ACTUALITÉS

Chez les concernés abigail drach semble très vague. Le fait est que le texte reste très évasif par rapport à la mise en place de ces mesures, dont la responsabilité sera laissée aux fonctionnaires concernés dans chaque organisme.

Les chauffeurs de bus de la STM se déclarent gênés face à cette situation, et espèrent que le gouvernement clarifiera ses propos avant la mise en place de la loi.

La communauté musulmane, principale cible de cette loi, est furieuse. Pour beaucoup, il s’agit d’une atteinte à la personne. Ils se sentent de plus en plus marginalisés, et cette loi ne fait que renforcer leurs impressions, en leur imposant plus de contraintes que

de libertés. Le Collectif Canadien Anti-Islamophobie (CCAI) a réagi sitôt la loi adoptée, en la condamnant fermement. Ils sont d’avis que cette loi contribue à la montée de l’islamophobie dans la province et reprochent au gouvernement de rester silencieux face aux plaintes des intéressés. L’opposition politique (CAQ et PQ) a également pris position contre la loi, mais pour les raisons inverses, ne la trouvant pas assez dure. De nombreuses québécoises portant le niqab se sont exprimées sur la toile, comme par exemple Warda Naili. Elle met l’accent sur les conditions déjà difficiles pour les femmes musulmanes et déclare que cette loi ne fera qu’empirer les choses. De plus, elle invite toutes les femmes concernées à s’exprimer et à s’opposer à cette mesure. Warda Naili utilise beaucoup son blog pour partager son opinion par rapport à cette loi, et que pour dénoncer un gouvernement qui, selon elle, marginalise les musulmans. x

le délit · mardi 24 octobre 2017 · delitfrancais.com


Monde francophone Que s’est-il passé chez les francophones la semaine dernière?

AFRIQUE

EUROPE

FRANCOPHONE

FRANCOPHONE

Lundi 16 octobre

La Banque Africaine de Développement a hébergé, à Abidjan, un concours mettant dix-huit étudiants sénégalais, ivoiriens et guinéens face à des problèmes socio-économiques africains. Le thème de l’édition 2017: l’agriculture et l’apatridie.x

CÔTE D’IVOIRE

Jeudi 19 octobre

Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, déplore le manque d’attention que subit la situation en Centrafrique et apelle au déploiement de 900 Casques bleus supplémentaires afin de renforcer les effectifs de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilité en Centrafrique (MINUSCA). Depuis fin 2016, les tensions intercommunautaires et les violences s’apparentant de plus en plus à des ambitions de nettoyage ethnique continuent de s'aggraver entre les anti-balaka (milice constituée de villageois existant depuis 2013 en Centrafrique, ndlr) et les peuples musulmans centrafricains.x

RÉPUBLIQUE CENTRAFRICAINE

SUISSE

RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO

Mercredi 18 octobre

Lundi 16 octobre

Malgré l’appel de pas moins de 157 associations congolaises aux États membres de l’Organisation des Nations Unies à rejeter la candidature de la République Démocratique du Congo au Conseil des Droits de l’Homme, cette dernière a été élue, lundi dernier avec 151 voix. Certains pays ont fait part de leur déception à l’image des États-Unis, le Royaume-Uni et l’organisme Humans Right Watch qui a dénoncé cette normination d’«une gifle pour les nombreuses victimes des violations graves des droits de l’homme». x

Le gouvernement suisse rejette la proposition de loi sur la création d'un congé paternité payé de 20 jours, pouvant être pris de manière flexible durant l'année de naissance de l'enfant. Cette proposition a été jugée trop couteuse, car elle représenterait une dépense d'environ 420 millions de francs qui risquerait de mettre l'économie suisse en difficulté. x Texte Par LISA MARRACHE Et SÉBASTIEN OUDIN-FILIPECKI INFOGRAPHIE PAR GRÉGOIRE COLLET

SATIRE

Remaniement ministériel

Mélani E. Coly mutée au nouveau Ministère de la Propagande. Bertrand saucier

prune engérant

Le Délit

L

e premier ministre Justun Poteau a annoncé jeudi 19 octobre au matin un remaniement ministériel. Mélani E. Coly, anciennement ministre du Patrimoine, est transférée au nouveau Ministère de la Propagande. Un ministère tout neuf L’annonce de la création d’un nouveau ministère à Ottawa arrive pile au moment où les médias québécois commentaient le remaniement ministériel au niveau provincial. Cette annonce en a ainsi surpris plus d’un sur la colline parlementaire: «Le Canada est un pays en constante évolution et nous, au gouvernement, souhaitons que Canadiens et Canadiennes n’entendent que ce qu’ils ou elles doivent entendre», a déclaré Justun Poteau devant la horde de journalistes présents pour l’annonce officielle.

Le Ministère de la Propagande s’occupera, d’une part, de la diffusion contrôlée d’information publique, et, d’autre part, de l’optimisation des comptes Instagram des différents élus: «Nous voulons former un gouvernement à l’image des Canadiens et Canadiennes pour que chaque citoyen puisse se reconnaître à travers nos égoportraits, parce que nous sommes en 2017.», a précisé le premier ministre.

le délit · mardi 24 octobre 2017 · delitfrancais.com

Une performance remarquée C’est ainsi que Mélani E. Coly prendra la tête de ce tout nouveau ministère. L’ancienne ministre du Patrimoine a effectivement fait quelque peu parler d’elle en raison de l’annonce d’une entente entre Netflix et le gouvernement du Canada. « Nous sommes le tout premier pays au monde à avoir réussi à faire ce genre d’entente.

Nous sommes des chefs de files», a fièrement avancé la ministre. Justun Poteau, quant à lui, s’est dit très impressionné de la performance de sa ministre. Répondant aux questions entourant la nomination de Coly, le premier ministre a déclaré: «Elle a appris par cœur ses cinq lignes de discours. Vous savez, cinq lignes de discours, ça commence à faire beaucoup. Et c’est encore plus difficile lorsque vous ne comprenez même pas le sujet et que les journalistes tentent de vous piéger avec des mots compliqués comme «fiscalité» ou «câblodistributeur». Je ne peux qu’être entièrement satisfait de la gestion de Mme. Coly, et c’est pourquoi je pense qu’elle serait parfaite à la tête du nouveau ministère». Justin Bieber au Ministère du Patrimoine Si l’annonce de la création d’un nouveau ministère pouvait surprendre, celle de la nomination de Justin Bieber au Ministère du

Patrimoine a aussi fait sourciller bien des commentateurs de l’actualité, certains soulevant la question du caractère anticonstitutionnel de la manœuvre. Le Ministère de la Propagande a répondu avec son premier communiqué: «Justin Bieber peut être considéré comme un élu étant donné qu’il a déjà été élu aux Teen Choice Awards 2013. Cette décision est donc parfaitement constitutionnelle». Questionnements à Québec Le Premier ministre du Québec, Philippe Trouillard, a commenté l’annonce faite par son homologue fédéral: «Vous savez, à un an des élections générales provinciales, l’idée d’un Ministère de la Propagande semble assez intéressante pour faire avancer le Québec ensemble. Cela permettrait d’effacer légalement toute trace de corruption au sein du Parti Libéral du Québec. Eum… Mais seulement s’il y en avait réellement!». x

actualités

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Société societe@delitfrancais.com

opinion

L’année 2017, un tournant dans les relations entre Autochtones et gouvernement? margot hutton

Le Délit

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Réparer les pots cassés La principale cause de ce changement de cap est liée au changement de gouvernement en 2015: si les conservateurs d’Harper se tenaient loin de ces affaires, quitte à les ignorer, Trudeau et les libéraux y accordent quant à eux de l’importance. Dès sa campagne, l’actuel Premier Ministre avait fait de nombreuses promesses à ces populations, qu’il tente actuellement de maintenir. Le gouvernement libéral a comme optique de donner aux Premières Nations une place à part entière au sein du Canada. Cependant, elles sont conscientes que rien ne pourra effacer l’ardoise des affronts qu’elles ont subi depuis le début de la Confédération. C’est pourquoi il est question ici d’un processus de réconciliation, qui est d’ailleurs loin d’être gagné. Il faut donc faire en sorte que chacun puisse trouver sa part dans ces accords. Or, les autochtones, énormément déçus des précédents gouvernements qui ne respectaient pas toujours leurs

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charlotte grand

ette année, le Canada a fêté ses 150 ans. Ou plutôt devrait-on dire que la Confédération Canadienne a fêté ses 150 ans, car c’est là quelque chose de totalement différent. Si le Canada et ses institutions gouvernementales tels que nous les connaissons ont bel et bien été fondés en 1867, le pays existait bien avant, peuplé par des peuples autochtones. Ce que nous avons fêté cette année, c’est donc l’anniversaire de la colonisation de ces populations par les Européens, qui ont apporté leurs institutions politiques tout en écrasant ces nations. 150 ans plus tard, un vent optimiste semble souffler sur ce qu’il reste de ces communautés autochtones. Plus que jamais, le gouvernement s’engage vers une réconciliation. Montréal intègre les Premières Nations dans son drapeau, Trudeau remanie ses ministères pour laisser plus de places aux affaires autochtones, la «loi sur les Indiens» est en passe d’être supprimée, le gouvernement s’engage à faire passer des lois promouvant les langues autochtones qui ont aujourd’hui tendance à s’éteindre. Il est donc normal de s’interroger face à ces agissements presque soudains: pourquoi maintenant?

« Si les promesses sont là, les résultats ne le sont pas forcément » promesses, attendent beaucoup de Justin Trudeau, et les défis qui se présentent à lui ne sont pas des moindres. Les précédentes négligences n’ayant fait qu’aggraver la situation, le gouvernement se retrouve donc avec du pain sur la planche. Bien conscient que ses prédécesseurs aient pu commettre l’impardonnable, Trudeau a donc décidé de dédommager les autochtones, particulièrement par rapport aux rafles de 1960. La ministre des Relations avec les Autochtones a promis de débloquer 800 millions de dollars afin de régler les poursuites fédérales relatives aux enlèvements d’enfants autochtones placés dans des familles nonautochtones. Les victimes recevront des indemnisations pouvant aller jusqu’à 50 000$. Cette réconciliation pourrait être bénéfique dans la mesure où il s’agit d’unir le Canada. Par ailleurs, les gouvernements provinciaux (surtout le Québec) s’engagent à faire en sorte de revitaliser les cultures autochtones, à travers les langues notamment, qui font partie de la richesse culturelle canadienne.

Avancer main dans la main Non seulement faut-il que la paix se fasse entre les nations, mais il faut également qu’elle se fasse sur un pied d’égalité, car les Autochtones, longtemps mis à l’écart. C’est pour cette raison que de gros investissement sont actuellement mis en place par le gouvernement dans les provinces. Par exemple, Trudeau a promis d’octroyer 19 millions de dollars dans les quatre prochaines années, destinés à la mise en place d’un programme sanitaire qui vise, entre autre, à diminuer les risques du diabète chez les autochtones dans le Manitoba. Après ne s’en être tenu qu’à des belles paroles pendant de nombreuses années, le gouvernement s’est finalement décidé à agir. Mais cela ne signifie pas que tout se passe comme Ottawa le souhaite, car il existe de nombreuses contradictions entre les projets gouvernementaux et ceux des autochtones, qui souhaiteraient, par exemple, créer une administration indépendante. Malgré toute la bonne volonté de Trudeau, les

mesures mises en place ne suffiraient pas à l’intégration de ces nations, qui se considèrent encore marginalisées. Quoi de plus normal que de remettre en question les velléités soudaines de réconciliation des anciens colons qui les ont opprimé pendant des siècles? Enfin, ce n’est sûrement pas par hasard que le gouvernement canadien ne se décide que maintenant à prendre des mesures pour amorcer une réconciliation avec ces peuples. Une indépendance serait trop compliquée à mettre en place, en termes institutionnels, compte tenu du fait que les populations autochtones sont éparpillées sur tout le territoire canadien. Ottawa aurait également beaucoup à perdre d’un tel acte, qui ternirait l’image du Canada à l’international. Faux dialogue? Les Autochtones restent néanmoins sceptiques face aux décisions gouvernementales, principalement car ils se retrouvent mis à l’écart de nombreux projets d’envergure, tels que l’Oléoduc Énergie Est, désormais avorté,

ou encore le site C en Colombie Britannique. Ce projet barrage menace certains des sites historiques de ces peuples, qui pourraient disparaître sous l’eau. Par ailleurs, les Autochtones utilisent toujours ces lieux pour leurs activités traditionnelles. Il se pourrait également que le barrage fasse l’objet de l’enquête nationale sur les femmes et filles autochtones disparues et assassinées, notamment vis-à-vis du rôle de l’exploitation de ces ressources dans ces crimes. Cela donne un exemple du flagrant manque de communication entre les peuples et témoigne du chemin qu’ils ont à faire s’ils veulent réellement tourner la page. Par ailleurs, si les promesses sont là, les résultats ne le sont pas forcément, ce qui accroît le doute des dirigeants autochtones face aux actions du gouvernement canadien. «On continue de parler d’une nécessaire réconciliation avec les peuples autochtones sans jamais avoir la certitude que les parties en cause s’entendent sur ce en quoi cette réconciliation consisterait», écrivait Chantal Hébert dans une chronique pour le magazine L’actualité. Pour que les peuples impliqués puissent avancer, il faudra faire preuve de persévérance et de transparence, ce qui est loin d’être gagné. x

le délit · mardi 24 octobre 2017 · delitfrancais.com


enquête

Entre indépendance et précarité Deux chauffeurs Uber livrent leurs critiques du modèle économique de la firme. Djavan H. Thurton Les prénoms des chauffeurs ont été modifiés afin de conserver leur anonymat.

A

près une soirée divertissante dans un bar-karaoké du boulevard St-Laurent, j’ai, comme à mon habitude, digitalement hélé un Uber sur mon téléphone dont la batterie s’achevait. Quelques instants plus tard, j’étais assis sur la banquette arrière de la Toyota Corolla de Farid, un partenaire d’Uber, avec qui j’ai discuté vingt minutes. C’était il y a trois semaines. Uber et le gouvernement du Québec étaient alors en pleine négociation, et la multinationale menaçait de quitter la province. Depuis, elle a accepté les demandes principales du gouvernement, soit une vérification par la police des antécédents judiciaires des nouveaux chauffeurs et une formation obligatoire de 35 heures pour ceux-ci. Farid fut certainement soulagé par la décision d’Uber de continuer à offrir ses services à Montréal. Son épouse n’ayant pas d’emploi, il est le seul à ramener un salaire à la maison. Le chauffeur m’a répété, à plusieurs reprises, la précarité dans laquelle plongerait sa famille au départ de

Derrière la flexibilité, la précarité D’un premier regard, Uber apparaît comme un moyen flexible et rapide de gagner sa vie. Le géant se présente d’ailleurs comme un simple marché entre des clients voulant se déplacer et des travailleurs autonomes voulant gagner de l’argent rapidement. Sur son interface de recrutement, la firme promet de permettre aux chauffeurs de «conduire quand ils le souhaitent», de «créer leurs horaires», et surtout de «gagner plus à chaque tournant». Certains chauffeurs semblent cependant rapidement déchanter quand ils réalisent que le prix de cette supposée indépendance est une responsabilité accrue et une absence de stabilité. En effet, la participation à ce dit marché n’est pas gratuite; sur le site web d’Uber Montréal, on apprend qu’il faut conduire une voiture datant au plus de 2008, jugée en bon état et inspectée, aux frais du chauffeur. «J’ai beau faire 14$ ou 15$ par course», me dit Farid, «il ne me reste pas grand-chose après le coût de l’essence et de toutes les réparations.» D’autre part, l’accès à la plateforme est précaire; laissez votre cote moyenne assignée par les usagés chuter sous un certain seuil, et vous pouvez voir votre compte désactivé, l’équivalent d’un licenciement dans une structure d’emploi traditionnel. La rémunération des chauffeurs au pourcentage constitue un autre

facteur de précarité: leurs revenus évoluent en fonction de leur activité, tandis que, comme le notait l’économiste Evariste Lefeuvre, la charge du financement, de l’entretien et des assurances des véhicules reste quant à elle stable. Interchangeables, souspayés, les chauffeurs ne disposent pas non plus de protection sociale.

Contrairement à Farid, Radu m’explique que ses services de chauffeur ne lui servent qu’à arrondir ses fins de mois. Ses gagne-pains principaux sont ses emplois comme concierge et garde de sécurité pour l’entreprise Garda. Il compte simplement augmenter les heures allouées à

« Le prix de cette supposée indépendance est une responsabilité accrue et une absence de stabilité » Devant cette réalité, certains partenaires Uber sont encore plus critiques que Farid. Cette même semaine, j’ai voyagé dans la voiture de Radu, un québécois d’origine roumaine conduisant pour Uber depuis sept mois. Le conducteur ne mâche pas ses mots. «Uber, c’est de la merde» me lance-t-il sans détour. Selon lui, et malgré le fait qu’il en tire une partie de ses revenus, le départ de la compagnie des rues montréalaises serait une excellente nouvelle. «Ce n’est pas normal que tout le monde puisse être chauffeur», dit-il en expliquant qu’il préfèrerait conduire avec un permis de taxi, un modèle selon lui beaucoup plus socialement acceptable.

ces emplois pour équilibrer son revenu suite au départ d’Uber. Selon lui, la majorité des chauffeurs partagent ses critiques envers Uber, mais tous n’ont pas la flexibilité monétaire pour s’adapter à son potentiel départ. Uber, soucieuse de ses employés? Uber a beau dire qu’il a l’intérêt de ses chauffeurs à cœur

mais les centaines d’experts en intelligence artificielle qu’il emploie suggèrent autrement. L’ambition de la compagnie, affirmée en 2014 par son PDG de l’époque Travis Kalanick, est d’offrir dans un futur plus ou moins proche le transport dans des véhicules 100% automatisés. Ceci est un signal clair que le bien-être de ces montréalais n’est certainement pas une finalité aux yeux d’Uber. Mes entretiens avec Radu et Farid, deux hommes tout aussi sympathiques que dédiés au travail, ne permettent évidemment aucune conclusion scientifique pouvant clore une problématique sociale aussi complexe. Leurs doléances apportent cependant une perspective encore peu connue qui devrait pourtant être centrale au débat public sur l’économie du partage. Pour mieux comprendre les impacts de la révolution technologique actuelle sur notre société, il faut donner la parole aux travailleurs, particulièrement ceux en situation de précarité économique. x

« Le conducteur ne mâche pas ses mots. «Uber, c’est de la merde» me lance-t-il sans détour » la compagnie. Fier papa d’une jeune fille fréquentant l’école privée, il travaille dans sa voiture douze heures par jour afin de soutenir sa famille. Il débute ses longues soirées comme livreur pour un restaurant grec, entre dix-sept heures et une heure du matin, et les finit comme chauffeur Uber jusqu’au petit matin. L’immigrant bengali, Canadien depuis plusieurs années, m’explique que le modèle de rémunération qu’offre Uber ne répond pas aux besoins de sa maisonnée. «90% des chauffeurs Uber le font durant leurs temps libres. Le faire à temps plein est impossible avec une famille ! » estime-t-il. Selon lui, ce fait explique d’ailleurs la réticence d’Uber à offrir une formation de 35h à chaque nouveau conducteur; la majorité des travailleurs ont des emplois dont ils ne pourraient s’absenter durant les heures où seraient prodiguées les sessions d’apprentissage.

le délit · mardi 24 octobre 2017 · delitfrancais.com

Joachim Dos Santos

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opinion

La biodiversité en péril L’humain, à l’origine de la perte de la biodiversité, fera face aux conséquences de ses actions. jia yi fan

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e 14 septembre, le Fonds Mondial pour la Nature (WWF) a publié un rapport indiquant que la moitié de la faune canadienne a vu sa population chuter dramatiquement de 1970 à 2014. Sur 903 espèces étudiées, 451 d’entre elles ont subi un déclin d’environ 83%, et ce, malgré la loi fédérale sur les espèces en péril mise en place en 2002. Parmi les causes évoquées par l’organisation non gouvernementale pour expliquer cette situation alarmante, on retrouve la disparition des habitats naturels, accélérée par le développement urbain et l’intensification des exploitations forestières, mais également le changement climatique et la hausse de la pollution. S’il est facile de détourner les yeux de la

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société

perte de la biodiversité causée par les activités humaines, des répercussions négatives sont pourtant à prévoir pour notre espèce. Un scepticisme aveugle Parmi les arguments utilisés pour remettre en question le rôle de l’humain dans la disparition d’autres espèces, certains se basent sur la théorie de l’évolution. Certains diront que des êtres disparaissent pour laisser place à ceux qui sont mieux adaptés à leur environnement. D’autres diront qu’au cours de l’Histoire, des espèces disparaissent tandis que d’autres apparaissent. Pourquoi devrions-nous alors nous inquiéter de ce phénomène «naturel»? Cette lecture de la théorie de l’évolution est cependant fallacieuse. Tout être vivant fait preu-

ve d’adaptation, et ceux en danger d’extinction ne font pas exception. Cependant, malgré ces efforts, plusieurs espèces n’arrivent plus à survivre lorsque les changements dans leur environnement sont trop extrêmes, notamment dans le cas du déboisement au profit de l’étalement urbain ou du pâturage.

l’alimentation des oiseaux migrateurs, dont les effets sur leur métabolisme sont inquiétants. Comme le note l’organisme de conservation Nature Canada, les oiseaux arrivant à leur station de réapprovisionnement trouvent seulement des fruits déjà pourris, les empêchant de récupérer correctement

« Plusieurs espèces n’arrivent plus à survivre lorsque les changements dans leur environnement sont trop extrêmes » Un exemple de ce phénomène est celui des cervidés. Poussés par la réduction de leur habitat naturel, ils sont contraints de s’alimenter de pelouses plutôt que de ressources forestières. De la même manière, selon l’Humanité, les loups chassent de plus en plus des troupeaux domestiques plutôt que des proies sauvages. Outre les conséquences économiques de la disparition de troupeaux pour les éleveurs, ce phénomène met également en péril leur équilibre alimentaire. Contraints de vivre dans des espaces aux évolutions trop rapides, la survie de ces espèces est ainsi menacée. Au delà de la destruction des espaces sauvages, le réchauffement climatique est également susceptible de mettre à mal l’existence des non-humains. En raison de la rapidité des évolutions qu’il provoque, certaines espèces ne sont pas en mesure de s’adapter assez vite pour faire face aux conséquences. Ainsi, le dérèglement des cycles de floraison généré par le réchauffement climatique entraine des changements dans

après un voyage épuisant. Si ces changements drastiques de mode de vie nuisent à ces espèces, ces exemples comptent cependant parmi les moins sévères. En comparaison, une des campagnes menées par Greenpeace en 2010 portait sur les conséquences graves de la déforestation générée par la progression de l’agriculture intensive sur les populations d’orang-outans. Ces derniers, dont l’habitat a été rasé au profit des plantations de palmiers à huile entrant, entre autres, dans la confection des KitKat, ont vu leur population chuter dramatiquement. L’évolution a donc ses limites: dans bien des cas, ces espèces ne sont pas en mesure de s’adapter aux métamorphoses rapides de leur environnement, ce qui met en péril leur survie. Une responsabilité humaine Un autre argument opposant ceux qui minimisent le rôle de l’humain dans la perte de biodiversité est le rythme auquel les espèces disparaissent, trop élevé pour être dû à un phénomène naturel. Dans une étude publiée dans Science Advances en 2015, Gerardo Ceballos et ses collaborateurs expliquaient que le taux d’extinction actuel est de 25 à 100 fois supérieur au taux naturel, en ce qui concerne les vertébrés. Cette situation peut être imputée à l’activité humaine. Selon le Devoir, l’accélération des disparitions, observable depuis la deuxième moitié du vingtième siècle, coïncide en effet avec «une croissance sans précédent de la population mondiale, qui va de pair avec une hausse significative de la consommation et de la destruction des

milieux naturels». Nous pouvons donc être assurés que le rôle de l’humain dans la perte de la biodiversité n’est aucunement négligeable. Si certains peuvent être réticents à défendre la protection des espèces en raison des retombées économiques de l’exploitation des ressources et de la dégradation des écosystèmes responsables de la disparition de certaines espèces, ne penser qu’aux bénéfices économiques n’est pourtant viable qu’à court terme. Une fois les ressources naturelles épuisées ou la catastrophe environnementale déclenchée de façon irréversible, nous serons en piètre position. Puisque la disparition des espèces déstabilise la chaîne alimentaire, les actions humaines augmentent inconsciemment le nombre de parasites et contribuent au déclin des espèces potentiellement bénéfiques à l’Homme. Par exemple, selon Science Avenir, le traitement du bétail au diclofénac, un anti-inflammatoire, est toxique pour les vautours. Lorsque la propagation de ces charognards est décimée, les asticots se multiplient sur les cadavres et favorisent la propagation des maladies, aux dépens des humains et des troupeaux. La réduction du nombre de proies signifie aussi que les

« Le taux d’extinction actuel est de 25 à 100 fois supérieur au taux naturel » prédateurs sont menacés, ce qui contribue à une boucle de rétroaction. Il est également nécessaire de rappeler que plusieurs remèdes indispensables, comme la morphine et la quinine, proviennent de la biodiversité. Si ces espèces avaient disparu avant que nous les ayons découvertes, aurions-nous les conditions de vie que nous considérons comme acquises aujourd’hui? C’est à nous d’écouter la nature et de l’aider à projeter sa voix. Il est de notre devoir de crier assez fort pour que les élus nous entendent. En préservant la biodiversité, nous ne sommes pas en train de faire de la charité; au contraire, nous nous rendons service. La nature est une mine de richesse immesurable avec les moyens de calcul dont nous possédons. Arrêtons de penser en termes anthropocentriques, et traitons les autres espèces avec le respect que nous aurions pour notre prochain. x

le délit · mardi 24 octobre 2017 · delitfrancais.com


Innovations innovations@delitfrancais.com

MONTRÉAL

Le Quartier de l’innovation

Le Délit a parlé avec Antoine Leduc, chef des communications du Quartier. HISTOIRE

Le Quartier de l’innovation a été lancé en mai 2013 par l’École de technologie supérieure (ETS) et par l’Université McGill. Par la suite, l’Université du Québec à Montréal et l’Université Concordia se sont jointes au projet. «Tout ce que nous faisons est donc quelque part le produit de McGill» , nous confie Antoine Leduc.

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cGill Rue M

PARTENAIRES Le Quartier de l’innovation propose un modèle unique au monde. Il n’a pas été créé par une volonté privée ni publique, mais une volonté académique. À cette initiative universitaire, à laquelle trois secteurs gouvernementaux et vingt-cinq partenaires commerciaux se sont joints.

Blv. René Levesque

Av .A tw ate

OBJECTIFS Comme l’indique la série de conférences des Mat’Inno, le but du Quartier de l’innovation est de développer la haute technologie, tout en la démocratisant pour inclure le citoyen.

Canal

Lachin

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LOCALISATION Le Quartier est encadré par la rue McGill à l’est, au nord par le boulevard René Levesque, à l’Ouest par l’avenue Atwater et au Sud par le canal Lachine.

PROJETS w Social Innovation Grand Rally: dans le cadre de l’«Innovation Week». Ce projet permet aux entrepreneurs d’accéder à ce que l’on appelle les Fab-Lab (machines très coûteuses, par exemple les imprimantes 3D), en échange de leurs idées.

programmer le chauffage de manière à ce que celui-ci se coupe dès qu’une porte est ouverte). Pour ce faire, il faut une technologie Internet 5G, que Vidéotron essaie de produire pour avoir une vitesse de connection 100 fois plus rapide que ce que l’on connaît actuellement.

wProjet de développer l’entreprenariat social: créer une communauté intelligente, w Sommet de Montréal dans le cadre de c’est-à-dire des habitations avec des amé- l’Innovation en mai 2017. Une série de questions y sera discutée comme: quelle nagemts facilitant la vie de tous. est l’éthique de l’Intelligence artificiw Laboratoire de la ville intelligente avec elle? Comment adapter la population à Ericson et l’ETS (école de technologie l’apprentissage de nouvelles technologies? supérieure), dont le but est de promouvoir l’Internet des objets. L’Internet des objets signifie l’inter-connection des objets entre eux pour en faire un réseau encore peu développé à Montréal. L’Internet des objets permettrait de connecter les fonctionalités d’une maison entre elles (par exemple:

le délit · mardi 24 octobre 2017 · delitfrancais.com

w 30 Octobre: les chercheurs de McGill et de Concordia lancent un livre sur l’impact social des foodtrucks dans les grandes métropoles.x Texte de LOUISANe Raisonnier INFOGRAPHIE GRégoire Collet IMAGES : QUARTIER DE L’INNOVATIOn

Le Délit

innovations

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Culture articlesculture@delitfrancais.com

Théâtre

FROID: la nation, source de sens Au théâtre Prospero, le nationalisme brûle la bienséance et glace le sang. lara benattar

Le Délit

milieu social privilégié et d’origine étrangère, défenseur d’idéaux progressistes, Karl finira par trouver la mort, sous le poids de la haine.

Cath langlois

J

usqu’au 4 novembre 2017, la salle «intime» du Théâtre Prospero n’aura jamais aussi bien porté son nom. Froid, écrite par le dramaturge suédois Lars Norén et mise en scène par Olivier Lépine, rapproche ses spectateurs de la froideur violente du nationalisme suédois et les confronte aux pensées les plus intimes de ses défenseurs. Dans l’obscurité de la salle étroite, une danse macabre, où les personnages valsent avec la mort dans l’ivresse d’une après-midi sans fin. Combattre l’altérité par l’entresoi Le dernier jour de l’année, trois amis se retrouvent au parc dans la torpeur d’une fin d’aprèsmidi. Les bières s’enchaînent et permettent aux langues de se délier: les conversations dérivent très

Récit d’une réalité caricaturale

vite vers des questions politiques qui dépassent les trois amis. Ils défendent l’idéal nationaliste et la suprématie de la race blanche corps et âme, sans remettre en cause leurs positions ni les confronter à d’autres opinions. Le spectateur constate au fur et à mesure que la violence de leurs propos peut être, en partie, liée à leur enfance douloureuse et à la

difficulté des épreuves dont leur vie a été constituée. Chacun semble puiser dans la xénophobie un rempart contre l’inconsistance et l’impuissance. Cette violence est décuplée à l’arrivée d’un quatrième personnage, Karl, né en Corée, qui a été adopté par un couple suédois aisé. Incarnant tout ce que ses interlocuteurs rejettent, issu d’un

La pièce nous montre les limites potentielles de la fiction dans la dénonciation des phénomènes sociaux. Le propos est en effet d’une violence glaçante, ponctué d’insultes xénophobes, antisémites et sexistes, rendu avec justesse grâce à un subtil jeu d’acteur. Selon les trois nationalistes suédois, l’immigration est un fléau et l’intégration des étrangers représente un danger absolu pour la pureté du peuple. Quand les mots ne suffisent plus, le corps se fait messager: les coups pleuvent et les saluts nazis abondent, jusqu’au meurtre. Si le personnage de Karl représente l’opportunité du dialogue et du partage d’idées, le manque de communication se fait assourdissant. Dans une cacophonie augmentant au fil de la pièce au même rythme

que l’ébriété des personnages, on perd l’espoir que les opinions gagnent en nuance. Le portrait est brossé de teintes si sombres qu’il en devient difficile à croire. La violence physique et verbale que s’infligent entre eux les personnages semble être du ressort de la caricature. Cependant, les nombreux documentaires et autres études produites au sujet des groupes nationalistes témoignent de cette violence et de sentiments xénophobes si forts qu’ils rendent le dialogue avec l’altérité presque impensable. Décrire cette réalité, si peu nuancée à travers la fiction, comporte le risque de lui ôter précisément sa réalité, de faire croire que le réel est caricaturé et qu’une telle hostilité n’existe pas. Cependant, le sentiment d’effroi que procure l’intrigue comporte en son sein la possibilité qu’il se transforme en revendication positive et donne l’envie au spectateur de s’intéresser à un monde qui peut lui sembler obscur et lointain. x

cinéma

Décadence carioca et dictature

Le Festival du film brésilien présente BR 716, autoportrait d’une jeunesse insouciante. Louis St-Aimé

Le Délit

À

quatre-vingt ans, l’acteur et réalisateur brésilien Domingos de Oliveira porte au grand écran un portrait autobiographique de sa jeunesse à Rio de Janeiro. Nous sommes en 1963, peu de temps avant le coup d’état qui mis au pouvoir pendant plus de vingt ans un régime militaire brutal et répressif au Brésil. L’histoire se déroule essentiellement à Barata Ribeiro, 716, l’adresse du jeune protagoniste dans le quartier jadis jeune et bohème de Copacabana. Souvenirs flous d’une époque révolue «Je ne me souviens plus des faits; seulement d’impressions vagues. J’ignore si les choses se sont vraiment passées ainsi. J’étais saoul, et les saouls ne se souviennent jamais...», narre le jeune protagoniste Felipe en voix off. L’acteur Caio Blat incarne le personnage du réalisateur au point d’en adopter la diction caractéristique, légèrement bégayante.Récemment divorcé et cherchant désespérément à se

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Culture

tailler une place dans le domaine de l’écriture cinématographique, Felipe boit et fête en compagnie de ses ami·e·s, en apparence constamment, dans le chic appartement que lui avait offert son père comme cadeau de mariage. Sans revenu et incapable d’acquitter ses dettes, Felipe sera contraint de quitter le mythique BR 716 en même temps que le Brésil perdra ses libertés civiles. Les personnages font souvent référence aux bouleversements politiques qui secouent leur pays, sans pour autant quitter les confins de l’appartement. Cet aspect rappelle The Dreamers de Bernardo Bertolucci, dont les personnages «vivaient» mai 68 dans l’appartement parisien de leurs parents sans y prendre vraiment part. Carioca vs. Paulista Felipe s’éprend de Gilda (Sophie Charlotte), une ravissante chanteuse en devenir qui le quittera pour participer à la résistance aux côtés d’un ami paulista de Felipe. «Je veux aller à la plaaaaage», dit cet ami en se moquant des cariocas, mettant en évidence le contraste perçu entre les deux villes: Rio de

FFBM

Janeiro bourgeoise et bohème; São Paulo populaire et contestataire. «Je n’ai jamais appartenu à aucun groupe. Seulement le nôtre : les saoulons; les fous», dit Felipe en pur carioca, lui qui reste derrière, dépité. Le plus savoureux personnage est celui d’Isabel (Glauce Guima), une poète passionnée en proie à une belle folie, que ses ami·e·s devront d’ailleurs protéger d’un aller simple vers l’asile psychiatrique. Mention aussi à Daniel Dantas, qui incarne le père de Felipe dans un tête-à-tête

si crédible que l’on croirait à un réel échange, bien ressenti, entre père et fils. Mise en abîme ou télé-réalité? Le film comporte certains aspects d’une mise en abîme: Felipe tâche d’écrire ce qui est essentiellement sa propre histoire; son personnage est acteur dans son propre film. Majoritairement tourné en noir et blanc, BR 716 contient également deux courtes séquences en

couleur, à la manière d’une accolade qui situe l’action principale quelque part entre l’autofiction confuse et le jeu pleinement assumé. L’utilisation d’un objectif très grand-angle (presque «fish-eye») dans l’appartement accentue cette impression: elle distancie le sujet tout en offrant une délectable vue d’ensemble sur l’ambiance de fête qui règne sans cesse dans la demeure. À l’occasion, un personnage interrompt ses activités en groupe pour s’adresser directement à la caméra. Ces scènes sont mieux réussies que d’autres, où le personnage est carrément pris à part à la manière d’une entrevue de téléréalité. Les personnages féminins, quoique très bien définis, le sont malheureusement presque uniquement par rapport aux personnages masculins, notamment à travers leurs tentatives de séduire ces messieurs. Dans son ensemble, BR 716 est un retour comique et touchant sur la vie d’un réalisateur en fin de carrière, désirant conter son histoire. Un peu comme Pedro Almodóvar, il offre «son» personnage de manière plutôt candide – mais sans trop se prendre au sérieux. x

le délit · mardi 24 octobre 2017 · delitfrancais.com


OPINION

Réflexion sur l’esthétisme

L’uniformisation esthétique est-elle une fatalité? NOra fossat

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l vous suffit de jeter un œil dans les bibliothèques du monde entier: Londres, Paris, New York, vous ne remarquez rien? Toutes ces pommes allumées toisent les couvertures des livres vieillies par le temps. Un vrai paradoxe actuel. Du blanc, encore du blanc, de l’épuré et des lignes simples au milieu de l’original et de l’ancien. C’est le credo design d’Apple, précurseur en la matière du business model esthétique, fondé sur l’emphase mise sur le design pour vendre. La preuve en est toute récente: l’iPhone X, dernier né de la marque, est vide: rien qu’un écran, plus aucune fioriture. Terminés les boutons, remplacées les quelques prises. Tout est en Bluetooth, rien ne semble gêner l’interaction avec l’utilisateur. Ce qui caractérise cette nouvelle façon de concevoir le design, ce n’est plus l’épuré, mais autre chose.

« En quelque sorte on pourrait dire qu’il s’agit de l’esthétique du vide, l’esthétique du rien »

« Hyper-sollicité, le client n’est plus roi, il est dictateur »

avec les designs des marques dans les années 80 et 90, aux couleurs Un clash historique criardes et aux polices défraîchies Le minimalisme, faire moins pour montrer plus, est ce qui gagne Dans ce cas, Quid de l’Histoire? Cette opposition à la fiori- toutes les sphères. Comme une ture ne serait-elle pas du déjà-vu? gangrène, il s’immisce dans les esprits des designers, mais aussi En effet, le Classicisme au 17e siècle prône le respect de la clarté, dans l’inconscient collectif. Si cela semble inéluctable, est-ce pour de l’épuré en réponse aux archiautant une fatalité au sens grec du tectures des lourdes cathédrales gothiques et leurs arabesques. La terme? différence, aujourd’hui, le jamais Comment le design peut-il vu, c’est l’uniformisation des designs qui nous guette. Pourquoi s’adapter? ces bibliothèques sont-elles pleiÉvidemment, l’esthétisme ne nes des mêmes ordinateurs, et pourquoi l’iPhone est-il partout? peut pas disparaître. On ne peut pas ne plus rien écrire, les lignes Certainement pas parce que le Mac est le meilleur sur le marché, ne peuvent pas se réduire encore et encore pour disparaître. Le promais pour une raison plus insiduit doit être défini, et un message dieuse. Ce que nous percevons se doit de passer, car c’est le prindu monde, en tant qu’animaux sociaux, (Aristote, Les Politiques, cipe de la publicité et de surcroît de la vente. C’est ici que l’exemple II, 2), c’est aussi ce que l’on en de l’iPhone X est intéressant. Si retient, ce que l’on tend à imiter chez nos semblables. Les designs plus rien ne paraît à part l’écran, se copient et se répètent. Ceux des c’est que tout est destiné à touapplications, des pubs, des restau- jours changer. Si on ne trouve pas rants en chaînes dans les grandes de boutons, de prises, et de particularité propre, c’est que tout est villes, se ressemblent dans l’ère censé l’être. du tout esthétique. Les polices En fait, ce que cette nouvelle arrondies et les couleurs claires et travaillées sont de mise, tranchant esthétique des écrans veut dire,

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c’est que c’est l’interchangeabilité; le toujours plus éphémère, qui va diriger l’esthétique de demain. On passe d’un design fixe à un moule hyper flexible qui en fait n’en est pas un. Quand l’ancien design demandait des lignes prédéfinies, la création d’aujourd’hui ne demande plus rien, mais dès lors elle demande tout. À l’époque où vitesses d’information et d’échange sont plus importantes que jamais, l’esthétique se devait de s’adapter elle aussi. Tout évolue à un rythme effréné, alors pourquoi l’esthétique devrait-elle être fixe et conceptuelle? Une esthétique unique mais sans borne? Le futur de celle-ci est de ne plus trancher. L’avantage est qu’elle plaira à tout le monde, tout le temps. Comme l’écran de l’iPhone qui sera tout entier à la guise de celui qui l’utilise. C’est le principe du monde des écrans, du monde des appareils électroniques en général, et de celui de la demande, ce sur quoi Apple parie. Dans une bibliothèque où tout le monde a le même ordinateur et le même téléphone, le paradoxe est que tout

le monde veut le sien, personnalisable et distinguable. Il vous suffit de regarder les téléphones et ordinateurs des gens autour de vous: les couleurs, les autocollants, les coques en tout genre. On veut ressembler à tout le monde et en même temps à personne. C’est ce qu’Apple a compris dans sa conception avant-gardiste du design. Le consommateur d’aujourd’hui est celui qui claque des doigts, pianote sur un écran, et obtient tout en deux minutes. Hyper-sollicité, le client n’est plus roi, il est dictateur, alors Apple lui offre un canevas blanc, où tous les choix esthétiques possibles deviennent les siens. Pour s’adapter à la demande, pourquoi ne pas faire corps avec celle-ci? En fin de compte, l’exigence d’un public en position de force continuelle est celle qui maîtrise cette nouvelle esthétique sur commande: du blanc pour que chacun se projette à sa guise. Apple révolutionne ainsi le principe d’offre et de demande par l’esthétique, et nous propose une nouvelle façon d’envisager «ce qui plaira». Ici, ce n’est plus un type de demande qui doit être identifié: ce sont toutes les demandes en même temps, tous les styles et

tous les genres, qui sont libres de se reconnaitre dans les produits.Il n’y a plus de «beau» unique, mais une multiplicité d’opinions. On se rapproche ici de la vision du «beau» Kantien, dans La Critique de la Faculté de Juger, qui établit le beau comme étant subjectif, propre à chacun, donc sans concept, et hors de tout intérêt.

«Le choix individuel de pouvoir personnaliser à l’infini, tout en achetant la même chose que tout le monde» Finalement, le beau sans concept à l’époque Kantienne, c’est un peu l’esthétique sans borne d’aujourd’hui, dans laquelle chacun peut se reconnaître: c’est à la fois un choix et une sentence. Parce qu’avant de personnaliser l’iPhone X, il faut bien évidemment l’acheter.x

Culture

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Chronique musicale

Cigarettes After Sex: Mélodie monotone de la houle

Marine idir

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ALExis fiocco

i la musique est un reflet coloré des tourments ponctuels de l’âme, alors, en octobre, elle prend la couleur mélancolique des fins de journée d’automne. Le dernier album éponyme du groupe texan Cigarettes After Sex paru en juin dernier se place dans la lignée de ces disques intemporels qui aident à traverser la monotonie ambiante. Dès la première écoute, les mots désabusés du chanteur font mouche. On frissonne. Nous sommes happés par une mer de paroles nuageuses et de guitares aériennes, caractéristique des précédents succès du groupe. L’ambiance de ce nouvel album s’éloigne quelque peu de I., paru en 2012 et sur lequel figure notamment Nothing’s Gonna Hurt You Baby.

L’enregistrement est davantage intimiste, la voix de Greg Gonzalez encore plus vaporeuse. La recette semble pourtant être la même: une profonde mélancolie rythmée par une batterie lascive, des paroles parfois crues - Young & Dumb - qui illustrent à merveille le spleen d’une nouvelle génération de poètes maudits. Le visuel de l’album, titre blanc sur fond noir, choix esthétique maintes fois affirmé, annonce sans fards ni détours le parti pris d’une musique limpide dans laquelle chacun.e placera ses maux. Avec Cigarettes After Sex, le groupe propose sa vision du beau, un rock tendrement romantique, un appel à l’infini qui semble murmurer «vous n’êtes pas seul». x

CABARET

Arts vivants multiples et indisciplinés. clEMENCE AUZIAS

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Le Délit

l faut parfois accepter l’étrange et se construire en dehors du moule formé par la société. C’est ce que nous montre avec brio le Cabaret du Corps Dada à travers de multiples numéros qui laissent parfois (souvent) le public dubitatif de par leur originalité et leur non-conformité. En sortant de La Sala Rossa ce soir-là, tout le monde se sentait presque trop simple et ennuyeux, et avait envie de se jouer des normes pour rentrer un peu plus dans l’univers déjanté du cabaret. Cet univers, créé par Eliane Bonin, est rempli de belles découvertes pour celui qui ose s’y aventurer, apprivoiser et accepter entièrement son indiscipline.

prenante et apparemment dénuée de sens peut en refroidir certains, qui se demandent alors ce qu’ils font là, mais le spectacle se poursuit rapidement pour les faire changer d’avis. Pendant les numéros qui s’enchainent, les artistes donnent vie à toutes sortes de personnages. La diversité des personnages se reflète dans l’éclectisme des tenues, des gestuelles et des maquillages. L’aspect loufoque du spectacle se révèle dès le premier numéro où deux comédiennes font vivre un buste de statue en lui prêtant mains et jambes, puis

sport aux couleurs flashy entre en scène et avec seulement quelques gestes fait interagir toute la salle en un concert de claquage de mains et bruitages en tout genre. Mais le cabaret n’oublie tout de même pas ses racines dans toute cette simplicité et propose également des numéros plus classiques, comme une acrobate qui virevolte autour d’une barre métallique, tout en préservant le côté loufoque pour parfaire cette revisite, en finissant son numéro avec un twerk.

celui qui marque le plus les esprits. L’unique Éliane Bonin commence son numéro tout en douceur en présentant le mode d’emploi de la vulve à l’audience. Elle quitte ensuite la scène pour revenir un instant plus tard et se déshabiller entièrement sans aucune gêne devant un public ébahi. Ensuite, elle ne s’arrête pas là et continue en illustrant avec sa propre vulve les étapes décrites dans le mode emploi, qui passent du brushing de ses poils, à la peinture et enfin aux paillettes. Ce dernier numéro offre un côté très libertin NICOlas marbeau

A la découverte d’un monde excentrique… Tout paraît normal au rez-dechaussée de la Sala Rossa mais il suffit de grimper en haut de leurs grands escaliers pour accéder à un univers beaucoup moins paisible. La salle de spectacle où se sont jouées du 7 au 20 octobre les différentes représentations du festival Phénomena, est en elle-même une œuvre d’art. Avec ses lampions projetant une lumière rouge tamisée, ses chevaux de manèges suspendus sans raison au plafond et sa boule de disco centrale, cette salle prépare déjà un spectacle original et loufoque. Quand le rideau se lève, la promesse de la bizarrerie est immédiatement tenue par les artistes qui courent sur scène recouverts de cartons. Cette introduction sur-

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Culture

lui retirent brusquement ce souffle de vie dès qu’elles la reposent sur son piédestal. Ces personnages font ensuite rire le public aux éclats pendant des numéros plus simplistes les uns que les autres mais qui génèrent les plus grands sourires. C’est le cas quand un géant blond en tenue de

..Où toutes les folies sont permises… Les facettes de ce cabaret sont sans fin, après la surprise, le rire et le classique, le premier acte se termine en beauté avec une performance qui défie tous les tabous et sera

au spectacle et fait réfléchir à la perception du corps humain, surtout le corps féminin. Ici le corps est présenté comme une œuvre d’art à part entière et non pas comme un simple outil sans valeur. Face à la réification usuelle du corps féminin, c’est un plaisir de voir une femme libre

qui contrôle entièrement son corps et s’en sert pour choquer ou faire rire toute une salle de spectacle. ….Mais où l’on se perd parfois un peu trop Après ce numéro extravagant, le deuxième acte continue avec cette pudeur disparue et ce sont maintenant tous les artistes qui sont nus. Si cette nudité paraissait innovante et importante à la fin de la première partie, maintenant elle semble quelque peu excessive. De même, le simplisme, apprécié dans certains numéros, peut vite devenir trop présent par moments et la bizarrerie trop poussée. Ces éléments perdent alors le spectateur dans le monde où il est entré en début de spectacle. C’est pour cela qu’il faut donc qu’il y ait un juste milieu, que la plupart des numéros atteignent très bien, mais que certains manquent en en faisant trop ou pas assez.Finalement à cause de ce simplisme, le talent peut parfois paraître absent ou pas suffisamment développé pour permettre au public de le remarquer et de l’apprécier à sa juste valeur. Le Cabaret du Corps Dada marque donc les esprits de multiples manières, avec les fous rires qu’il provoque, l’ébahissement devant le talent des artistes et l’expérience unique d’une nudité sans gêne, qui est simplement une autre facette de l’art du cabaret. Le cabaret est revisité tout en gardant certaines de ses racines pour créer un spectacle hors du commun dont tous les spectateurs parleront pendant le reste de leur soirée et dont ils se rappelleront pendant longtemps. x

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expression créative

Thème de la semaine: un ésthetisme, des ésthétiques? TEXTE ET PHOTO: béatrice Malleret

Le Délit

La beauté, cette intrigante et intangible déesse, Se place aux antipodes des canons contemporains de l’esthétisme Qui étouffent le beau dans les carcans de la conformité. Pourtant, «le beau est toujours bizarre» disait Baudelaire.

La Parisienne, Paris, Octobre 2017, Tirage argentique - ADEL MOHAMEDI

R-évolution, Paris, Place de la république, Octobre 2017, tirage argentique - adel mohamedi

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Culture

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Mots Croisés Comédie AÉUMaine 1 2

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Réponses de la couverture 1) présidence de l’AÉUM 2) vice-présidence aux Finances de l’AÉUM 3) The Bull & Bear 4) vice-présidence aux Affaires externes de l’AÉUM 5) Directeur Général de l’AÉUM 6) The McGill Daily 7) Un conseiller législatif

Vertical 1 Coup d’état 3 Daily 4 Transparence 5 Présidente 6 Abus de pouvoir 7 AÉUM 9 Gerts 10 Tension 11 Foire 13 Étudiant

Réponses

Renversement des pouvoirs publics Confrères anglophones Ce dont manque le Conseil des Directeurs Cheffe suprême de l’AÉUM Pratique fréquente au sein de l’administration Où vos droits sont supposément défendus On y boit pour rentabiliser l’AÉUM Atmosphère électrique On s’y croirait presque Qui habite à McLennan

Horizontal 2 Bordel 3 Délit 8 Cirque 10 Tribune 12 Vote de non confiance 14 Trahison 15 Révolution 16 Bull and Bear 17 Accusation 18 Majorité

Maison close Infraction punie de peine correctionnelle Où on y joue avec le feu On y monte et on le lit Moyen de destitution de la présidente Manquement à un devoir de solidarité On nous en parle mais on l’attend toujours Les requins y abondent Action d’imputer un crime à quelqu’un Tyrannie de la ____

Réponses mots croisées

Mots croisés réalisés par Alexis Fiocco, Lara Benattar et Sébastien Oudin-Filipecki

Le Délit

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Mots Croisés

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