L’Université poursuivie sous peu ?
Ces étudiants étrangers parmi nous... un dossier
pages sept à neuf
Le seul journal francophone de l’Université McGill.
Volume 95, numéro 9
Le mardi 15 novembre 2005
www.delitfrancais.com
Quelqu’un se fait toujours fourrer depuis 1977.
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xLe Délit • 15 novembre 2005
Pour un monde sans pauvreté
nouvelleslocal
Neuvième édition des Journées québécoises de la solidarité internationale. MARIE-ÈVE LÉVEILLÉ a neuvième édition des Journées québécoises de la solidarité internationale prenait son envol le 9 novembre dernier. Cette année, une coalition d’organismes de la société civile se joint à l’initiative de l’Association québécoise des organismes de coopération internationale sous le slogan «Un monde sans pauvreté: Agissons!» Les activités visent à promouvoir la solidarité internationale et sensibiliser les Québécoises et les Québécois
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à l’amélioration de l’aide internationale, l’annulation de la dette des pays pauvres,l’établissement de règles commerciales équitables et la couverture des besoins par des protections sociales. Le thème de l’éradication de la pauvreté s’inscrit dans le cadre du mouvement de l’Action mondiale contre la pauvreté, présent dans plus de soixante-dix pays en 2005. Les ONG nationales et internationales ainsi que les groupes communautaires cherchent ainsi à
s’assurer que les dirigeants politiques tiennent leurs promesses relatives à l’élimination de la pauvreté. Des invités de marque Plusieurs personnalités participent aux Journées, notamment Ignacio Ramonet, directeur de la rédaction du Monde diplomatique, qui donnait mercredi soir dernier une conférence sur les enjeux et perspectives de l’éradication de la pauvreté. Son constat: «la pauvreté tue».
Elle tue alors que le mouvement de globalisation actuel produit aujourd’hui plus de richesse que toute l’histoire de l’humanité n’en a connue. Le problème: l’acteur principal de la globalisation, l’entreprise multinationale, a pour seule ambition «de s’emparer des richesses, sans s’occuper des populations». Il s’agit d’un nouveau type de colonialisme, qui «est, à la limite, plus cynique» et plus voilé que l’ancien. Alors que ce dernier reposait entre autres sur
l’exploitation des populations, le néo-colonialisme les marginalise et crée des zones d’exclusion et de pauvreté: «l’un des plus grands scandales de notre temps». Autre personnalité invitée: Moussa Konaté, directeur national de Solidarité-Union-CoopérationMali. L’organisme œuvre pour le développement de la démocratie participative et de l’économie sociale au niveau des institutions villageoises. M. Konaté compare la pauvreté à une sorte d’apartheid. Il ajoute qu’«il n’est pas facile de parler de pauvreté quand on la vit; un monde sans pauvreté semble un rêve quand on la vit». Il ajoute que le Nord a tendance à évaluer la pauvreté en termes monétaires, mais «c’est plus profond que cela». Par exemple, 80% de la population du Mali est exclue du débat public; «leur tort est de ne savoir ni lire ni écrire une langue d’administration qui leur est étrangère. L’exclusion, avant tout, c’est naître dans son pays mais n’avoir aucun droit». Autre exemple: le Mali connaît un déficit céréalier tout en étant le plus grand producteur de coton d’Afrique subsaharienne. C’est que l’économie rentière du coton, profitable aux élites du pays, consomme plus d’eau que les céréales et accapare les terres… M. Konaté a récemment publié un livre sur une expérience de coopération Québec-Mali bien spéciale: depuis 1985, le village agricole de Sainte-Élizabeth a été jumelé avec le village de Sanankoroba au Mali, à qui les citoyens apportent bénévolement une aide concrète. Publié aux éditions Écosociété, l’ouvrage s’intitule Sur les petites routes de la démocratie – L’expérience d’un village malien. Les activités à venir Vous pouvez participer aux activités quotidiennes des Journées jusqu’au 19 novembre et assister au spectacle de clôture au Kola Note intitulé Solidarythmé… pour un monde sans pauvreté. Également, le Carrefour canadien international et Équiterre présentent une vidéoconférence le mardi 15 novembre à 19h sur l’enjeu du coton. x L’AQOCI propose deux moyens d’action: l’envoi d’une carte postale au premier ministre du Canada (déjà 57 000 ont été reçues à son bureau) et le port d’un bracelet «unmondesanspauvreté» (dont 50 000 ont été distribués au Québec). Pour plus d’information, visitez le site Internet de l’AQOCI, www.aqoci. qc.ca.Vous pouvez également endosser en un «clic» la campagne québécoise Un monde sans pauvreté: www. unmondesanspauvrete.org.
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McGill, marque déposée
éditorial
Où l’Université s’arroge le droit d’empêcher les clubs d’utiliser le mot «McGill».
Le seul journal francophone de l’université McGill
DAVID DROUIN-LÊ
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e 3 novembre dernier, la direction de McGill a informé les clubs étudiants de l’Université créés après 1999 que ceuxci devaient enlever le mot «McGill» de leur nom officiel ou obtenir son autorisation pour le préserver. Une douzaine de clubs sont visés par cette nouvelle directive dont TVMcGill et le McGill First Aid. La direction invoque des raisons d’image et de responsabilité légale pour se justifier.
Une entente discutable, mais valide Les différents clubs et associations ne sont pas liés directement avec l’administration de l’Université McGill, mais avec l’AÉUM qui leur fournit subventions et aide logistique. Techniquement, l’Université ne peut pas, même si elle le souhaite, dicter la moindre condition à ces clubs en ce qui concerne leur appellation puisque le mot «McGill» ne lui appartient pas. Toutefois, l’AÉUM est liée par contrat avec l’administration de l’Université dans le document Memorandum of Agreement with SSMU signé en 1999. C’est dans cette entente que l’exécutif de l’AÉUM a accordé, entre autres, à l’administration ce droit de regard sur l’appellation des clubs formés après 1999. Ainsi, ce serait à l’AÉUM de jouer le rôle de policier et de mettre au ban les clubs récalcitrants. Dans le cas contraire, l’AÉUM se retrouverait en violation de l’entente signée de bon gré avec l’administration. La direction de McGill a donc trouvé une astuce afin de réaliser indirectement ce qu’elle ne pouvait pas faire directement et par le fait même faire porter l’odieux de la chose sur l’AÉUM. Nous pouvons toujours nous questionner sur le bien-fondé de l’entente et tergiverser sur les raisons ayant amené l’ancien exécutif de l’AÉUM à faire pareille concession, mais il reste que l’Université est dans son droit. L’exécutif de l’AÉUM est présentement en renégociation de l’entente avec la direction de McGill mais, selon une source anonyme au sein de l’AÉUM, l’Université ne souhaiterait en aucun cas renoncer au droit qu’elle a contractuellement acquis en 1999. Les raisons de l’administration La première raison soulevée par l’administration afin de faire prendre effet à une clause d’un contrat datant de 1999 est d’ordre juridique. Le vice-principal à
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On adopte un journaliste
xLe Délit Volume 95 Numéro 9
rédaction 3480 rue McTavish, bureau B•24 Montréal (Québec) H3A 1X9 Téléphone : (514) 398-6784 Télécopieur: (514) 398-8318 redaction@delitfrancais.com bureau publicitaire 3480 rue McTavish, bureau B•26 Montréal (Québec) H3A 1X9 Téléphone: (514) 398-6790 Télécopieur: (514) 398-8318 daily@ssmu.mcgill.ca rédacteur en chef david.drouinle@delitfrancais.com David Drouin-Lê chefs de pupitre-nouvelles nouvelles@delitfrancais.com Laurence Bich-Carrière Jean-Philippe Dallaire chef de pupitre-culture artsculture@delitfrancais.com Agnès Beaudry rédacteur-reporter Marc-André Séguin coordonnateur de la production production@delitfrancais.com Alexandre de Lorimier coordonnateur de la photographie Philippe G. Lopez
l’Administration et aux Finances, Morry Yalovsky, a affirmé au Daily la semaine dernière qu’une poursuite judiciaire avait été déposée contre l’Université en 2004 pour bris de contrat par un distributeur alimentaire. Le problème étant que cette entreprise n’avait pas de contrat avec l’Université, mais bien avec l’AÉUM. Cet événement, selon ses dires, aurait poussé l’administration à chercher un moyen d’éviter d’autres confusions de la sorte impliquant l’Université. Isolé, ce motif semble bien faible pour justifier la modification des noms de plusieurs clubs ainsi que tous les tracas logistiques inhérents. La vice-principale aux Communications, Jennifer Robinson, a néanmoins jeté un éclairage additionnel quant aux motivations de l’Université. Interrogée par le Daily, Mme Robinson a déclaré que l’usage du terme «McGill» était toujours permis à l’endroit des clubs concernés, mais sous réserve d’une approbation au cas par cas de la part de l’administration. Madame Robinson a cité en exemple le cas de TVMcGill qui ne se verrait probablement pas autorisé à conserver son appellation actuelle pour des raisons d’image.
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En effet, TVMcGill produit une émission intitulée Cooking While Drunk dans laquelle il y aurait eu des scènes de nudité. La viceprincipale aux Communications a conclu en mentionnant que «le nom de McGill ne devrait pas être associé à une programmation obscène».Échaudée par la mauvaise couverture médiatique, à connotation sexuelle, qu’elle a reçue cet automne, la direction de l’Université aurait décidé de prendre les moyens à sa disposition pour projeter l’image la plus proprette et puritaine possible. Il suffit de consulter la page d’accueil du site Internet de l’Université pour constater qu’elle ne se gêne pas pour s’enorgueillir des réussites des étudiants ou celles auxquelles ils ont contribué, comme la première place du palmarès Maclean’s. Dans ce raisonnement à géométrie variable, l’Université s’approprie les succès de ses étudiants et se dissocie de tout échec ou événement gênant. Dans cette logique, les étudiants de McGill ne sont pas considérés comme faisant partie de l’institution, mais comme étant à son service. Déplorable. x
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Les étudiants au 8e rencontres du Oscar Wilde à documentaire congrès libéral Montréal
Élections pour le renouvellement de l’équipe du Délit le 28 novembre à 19h au local B•24 du Shatner. Pour voter ou détenir un poste, il faut avoir participé trois fois cette session. Pour plus d’informations : redaction@delitfrancais.com
coordonnateur de la correction Pierre-Olivier Brodeur chef illustrateur Pierre Mégarbane collaboration Benoît Auclair, Jacques Cormier, Maysa Pharès, Lucille Hagège, Hilary Johnson, Karin Lang, Flora Lê, Elodie Le Cadre, Christina Lemyre McCraw, MarieÈve Léveillé, Clémence Repoux, Samuel St-Pierre Thériault, Alexandre Vincent couverture Mathieu Ménard Philippe G. Lopez gérance Pierre Bouillon publicité Boris Shedov photocomposition et publicité Nathalie Fortune the mcgill daily editors@mcgilldaily.com Joshua Ginsberg conseil d’administration de la société de publication du daily Julia Barnes, David Drouin-Lê, Joshua Ginsberg, Rebecca Haber, Mimi Luse, Rachel Marcuse, Joël Thibert, Jeffrey Wachsmuth
L’usage du masculin dans les pages du Délit français vise à alléger le texte et ne se veut nullement discriminatoire. Le Délit est publié la plupart des mardis par la Société de publications du Daily. Il encourage la reproduction de ses articles originaux à condition d’en mentionner la source (sauf dans le cas d’articles et illustrations dont les droits avaient été auparavant réservés, incluant les articles de la CUP). Les opinions exprimées dans ces pages ne reflètent pas nécessairement celles de l’Université McGill. L’équipe du Délit n’endosse pas nécessairement les produits dont la publicité paraît dans ce journal. Imprimé par Imprimerie Quebecor, St-Jean-sur-Richelieu, Québec. Le Délit est membre fondateur de la Canadian University Press (CUP) et de la Presse universitaire indépendante du Québec (PUIQ). Imprimé sur du papier recyclé. ISSN 1192-4608
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Ce monde étrange qui est le nôtre...
La voix de la raison
Manque de courage JEAN-PHILIPPE DALLAIRE our notre gouvernement, la santé, c’est la première priorité, comme c’est le cas pour l’ensemble des citoyens québécois également. [...] Cela étant dit, il y a eu le jugement de la Cour suprême dans l’affaire Chaoulli, et nous avons, depuis ce tempslà, reçu un ordre de la Cour suprême –ce n’est pas une invitation, [...] c’est un ordre– puisqu’on remet en question deux lois québécoises sur la prestation des services, pour que nous puissions définir la place du privé à l’intérieur de notre système de soins de santé.» C’est ainsi que le premier ministre Jean Charest répondait, le 8 novembre dernier, à une question de la chef de l’opposition officielle sur la mise en place d’un système de santé à deux vitesses au Québec. Monsieur Charest a bien raison de dire qu’il a reçu un ordre du plus haut tribunal du pays et qu’il doit y obéir. Maintenant, quelle était la teneur de cet ordre? Selon la Cour suprême, l’interdiction de l’assurance-santé privée au Québec met en danger le droit à la vie. Nous ne nous attarderons pas ici aux critiques de certains à l’effet que le lien logique entre cette interdiction et l’allongement des listes d’attente, véritable cause des risques posés à la santé des résidents québécois, semble absent du jugement. Plutôt, nous constaterons que la décision ne remet en question qu’un seul aspect du régime législatif entourant la prestation des soins de santé au Québec: l’interdiction de l’assurance privée. Or, existe-til d’autres moyens de respecter le jugement de la Cour suprême sans généraliser l’accès à la médecine privée? Oui. Un de ces moyens, c’est celui choisi par d’autres provinces canadiennes: plafonner les frais pouvant être perçus par les médecins dans le privé, afin de le rendre égal au montant remboursé par le régime d’assurance public. Conjointement avec le maintien de l’interdiction actuellement en vigueur pour les médecins de pratiquer à la fois dans les systèmes public et privé, l’imposition d’une telle limite constituerait un frein évident à l’émergence d’un système de santé parallèle. En effet, quel médecin verrait un avantage à voir sa pratique restreinte au privé si la rémunération de ses actes y est la même qu’au public? Juridiquement, il semble donc possible au gouvernement du Québec de se conformer à l’«ordre» donné par la Cour suprême sans changer fondamentalement la place actuelle du secteur privé dans le système de santé. Et sans invoquer la clause dérogatoire, comme l’opposition le réclame. Là où M. Charest a tort, c’est lorsqu’il affirme que le jugement de la Cour suprême n’est pas une «invitation». En effet, c’est l’essence du sens qu’a donné son gouvernement à l’arrêt Chaoulli: une invitation à augmenter la place du privé dans le système de santé. Peu importe les mérites et défauts du système de quotas envisagé par son ministre de la Santé, ni les changements proposés, ni le jugement de la Cour suprême ne devraient servir au gouvernement Charest à cacher que c’est d’abord un choix politique qu’il effectue. La voie choisie n’a rien à voir avec une obligation, encore moins avec le respect d’un «ordre». Certains voient très facilement de l’ingérence dans l’activisme des tribunaux canadiens. Pourtant, cette affaire nous démontre que l’attitude des politiciens face aux cours de justice a beaucoup à voir avec ce sentiment. Une fois que les juges se sont exprimés par écrit, rares sont pour eux les occasions de remettre en question l’utilisation politique faite de leurs propos. Si le gouvernement libéral croit tant au bien-fondé de sa position, qu’il fasse preuve de courage et en défende les mérites inhérents. Lorsque le respect des droits de la personne n’impose pas qu’un gouvernement prenne une voie, le débat sur celle à choisir devrait s’effectuer de façon ouverte, afin que la meilleure décision finisse par s’imposer d’elle-même. Et non sous une fausse impression de contrainte.
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Une bonne colle Bob Dougherty y repensera à deux fois avant de visiter à nouveau les toilettes d’une grande surface de la rénovation. En effet, alors qu’il visitait les toilettes de la succursale de Louisville (Colorado) de la chaîne Home Depot, l’homme de cinquante-sept ans s’est retrouvé collé au siège! Malgré ses cris, il aura fallu plus de quinze minutes aux employés avant d’appeler des secours. Cardiaque, M. Dougherty a cru qu’il aurait un malaise. C’est pourquoi il cherche maintenant justice auprès des tribunaux. (AP/CNEWS) Choisir ses priorités Seize heures d’orgasme, c’est beaucoup. Sur une vie entière, ça paraît moins long. C’est pourtant le temps moyen que les Allemands passent au sommet de l’extase. Des chercheurs ont épluché statistiques nationales et publications scientifiques pour calculer le temps moyen consacré à diverses activités pendant soixante-dixhuit ans (l’espérance de vie moyenne en Allemagne). Conclusion: les Allemands passent vingt-quatre ans et quatre mois à roupiller, cinq ans et demi devant la télé, cinq ans à boire et à manger, quinze jours à prier, six mois dans les embouteillages, autant sur les toilettes –et six semaines en préliminaires. (Courrier international) Bière chambrée... L’hospice irlandais de St. Mary’s, près de la frontière avec l’Irlande du Nord, vient d’ouvrir un pub dans ses murs. Les directeurs de l’établissement, privé il va sans dire, croient que «la dimension sociale de l’existence s’étend à toutes les années de la vie, [ce qui] veut dire que les patients ne doivent pas s’ennuyer à mourir.» Le pub est ouvert aux visiteurs autant qu’aux patients et ce, de 11h à 21h.Aucune pièce d’identité n’est requise si vous avez manifestement au-dessus de 85 ans. (Reuters/Yahoo!)
Calendrier • Le jeudi 17 novembre à 19h00, le McGill Student for a Free Tibet présente le film Cry of the Snow Lion dans le bâtiment Bronfman à l’intersection des rues Sherbrooke et McTavish. Le local reste à confirmer,mais vous trouverez à l’entrée des indications vous permettant de vous y rendre. • Engager la justice sociale: Dialogues et changements, la 5e conférence annuelle de l’Association des étudiants et étudiantes aux études supérieures en éducation de McGill se tiendra les 17 et 18 mars 2006. Date de tombée: 15 décembre. Les présentations peuvent être faites en français ou en anglais. Pour plus d’information, veuillez consulter le site: www.education.mcgill. c/egss/conference/2006.
nouvellesinsolite
En trois vitesses En hausse Les graffitis sur les autoroutes de Las Vegas. À un point tel que le maire de la ville Oscar Goodman en est venu à déclarer aux journalistes qu’à son avis, la meilleure solution pour enrayer le problème serait de faire passer les graffiteurs à la télévision et de leur y couper le pouce. Efficace? Direct. (SF Gate)
Au neutre La réaction de la Reine. Ayman al-Zawaïri, dorénavant numéro deux du réseau terroriste alQaïda, a qualifié cette bonne vieille Bébette «d’une des ennemies les plus acharnées de l’islam» dans la vidéocassette par laquelle il avait revendiqué les attentats de juillet à Londres. Si le MI5 a renforcé la protection autour de la souveraine, Élizabeth II d’Angleterre n’a fait aucun commentaire. (Radio-Canada)
En baisse L’ego des frères Coutu. À 78 ans, leur père, président du Conseil d’administration de la chaîne de pharmacie qu’il a lancée en 1969, décide que leur façon d’administrer ne lui convient pas. Trois ans après avoir passé le flambeau à ses fils François et Michel, dans la cinquantaine tous les deux, papa Coutu reprend son poste de président directeur général pour mieux intégrer la chaîne de pharmacie américaine Eckerd nouvellement acquise. Sans se prononcer sur la durée de ce changement, il y a va d’une métaphore sportive: «Ça prend parfois un lanceur de relève pour permettre au lanceur principal de se préparer à la prochaine rencontre». Bonsoir, ils sont partis. (LaPresse/Les Affaires)
La citation de la semaine
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emontez les manches de votre chemise, de toutes vos chemises. Remontez-les vraiment. Même le président a remonté ses manches, juste au-dessous du coude. Dans cette crise et à la télé, vous devez avoir l’air de travailler plus fort [...] REMONTEZ VOS MANCHES!» Courriel envoyé à Michael Brown, chef du FEMA, l’organisme fédéral américain chargé d’évaluer les ravages causés par l’ouragan Katrina et d’aider les réfugiés de la Nouvelle-Orléans, par sa secrétaire de presse Sharon Worthy. Ces courriels ont été rendus publics par le député Charlie Melancon, furieux de la manière dont Brown a réagi à la catastrophe naturelle. Si les questions vestimentaires sont fréquentes, on s’interrogera également sur la pertinence de cette réponse faite à l’un des agents déployés sur le terrain qui parlait d’une situation «qui avait dépassé le point critique»: «Merci pour l’info. Est-ce qu’il y a quelque chose que je dois faire ou tordre?» (CNN/Time)
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McGill obtient un A
nouvellescampus
L’Université se classe au premier rang du palmarès canadien des établissements post-secondaires dressé par la revue Maclean’s. CHRISTINA LEMYRE MCCRAW
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vec «l’affaire Redmen» et la déclaration de la principale Heather Munroe-Blum, favorable à la hausse des frais de scolarité, McGill n’a pas eu bonne presse ces derniers temps. Heureusement pour les supporters de l’institution, le magazine canadien Maclean’s vient mettre un baume sur les blessures de l’administration mcgilloise en classant l’Université au premier rang parmi ses semblables au Canada. Un résultat qui remet les choses en perspectives dans plusieurs domaines.
de doctorat en médecine, celles au cursus général, mais dépourvues de faculté de médecine et celles dont l’offre de cours se situe en majorité au niveau du baccalauréat. Les performances de l’Université sont ensuite évaluées dans différents champs d’activités. La population étudiante est le plus important de ces facteurs; il compte en effet pour environ 23% de l’étude. Suivent ensuite, par ordre d’importance, la taille des classes (c’est-à-dire le ratio professeur-élèves), les professeurs, les finances, les bibliothèques et la réputation.
La méthode La méthode de classement utilisée par le magazine Maclean’s dans son palmarès des universités est loin d’être simple. Les universités sont d’abord divisées en trois sous-catégories: celles offrant un programme
«Fantastique» «Nos étudiants sont les meilleurs au Canada» déclare fièrement Jennifer Robinson, responsable des communications pour l’Université McGill. Il semble effectivement que cette nouvelle tombe juste à point pour
la direction de l’Université, qui avait bien besoin d’une petite tape dans le dos. Loin de se limiter à la première place remportée, Mme Robinson insiste surtout sur le classement de McGill au niveau de la réputation: «Nous sommes arrivés premiers sur la réputation de la qualité de l’institution. C’est une grande victoire et nous l’avons bien gagnée!». Hausse des frais de scolarité? On pourrait croire que de si bons résultats de la part d’une université québécoise, en plein contexte de gel des frais de scolarité, permettraient de clouer le bec des défenseurs du dégel. On se rappelle que la direction de McGill invoquait, il y a peu, une détérioration de la qualité de l’éducation au Québec pour justifier une hausse des frais de scolarité. Or, maintenant que McGill se classe première au
Des élections le 26 décembre?
pays au niveau de la qualité, y a-t-il vraiment lieu de se poser la question? «Oui», répond Jennifer Robinson. Elle poursuit en précisant: «Les universités doivent être financées adéquatement et elles ne le sont pas en ce moment. La vraie question est: est-ce que le système aide les étudiants? Et la réponse est non.» Point intéressant: les autres universités du Québec font elles aussi figure honorable au classement Maclean’s, tout en arrivant premières au chapitre du coût de l’éducation. Cette nouvelle étude ne viendrait-elle pas prouver une fois pour toute que la qualité de l’éducation reçue n’est pas proportionnelle au montant d’argent versé par les étudiants, quoi qu’en dise McGill? x
nouvellescontroverse
Chaque semaine, Le Délit choisit un sujet controversé. Les journalistes devant défendre respectivement le pour et le contre sont tirés aux hasard.
Cette Cettesemaine: semaine:Laurence Félix Bich-Carrière et Pierre-G. Meunier et Philippe Olivier LopezBrodeur s’affrontent dans s’affrontent le le ring. Il estdans à noter ring. estpositions à noter queIlles que les positions exprimées ne sont exprimées ne sont pas nécessairement pas nécessairement partagées par leur partagées auteur. par leur auteur.
POUR
D
epuis que les chances de voir le gouvernement Martin tomber avant Noël se font plus grandes, une nouvelle inquiétude grandit au sein de la population. Les gens ont-ils peur que ces élections plongent le pays dans le chaos? Sont-ils inquiets de devoir se rendre aux urnes sans avoir vu le deuxième rapport Gomery? Craignent-ils que l’impopularité des libéraux nous donne Stephen Harper comme prochain premier ministre? Ou encore que, dans une tentative désespérée pour redorer son image, Jack Layton se rase la moustache? Non, l’éventualité qu’ils redoutent est beaucoup plus terrible, il s’agit d’aller voter pendant le temps des fêtes! Quel cauchemar, se rendre à un bureau de vote pendant que le p’tit Jésus est en train de naître! Sacrilège! «J’peux pas aller exercer mon droit démocratique et mon devoir fondamental de citoyen: chus ben trop occupé à péter mes fèves au lard!» Est-ce là le raisonnement qui se cache derrière la crainte des Canadiens? Sincèrement, je me demande bien en quoi un vote durant le temps des fêtes poserait problème. D’abord, cela ferait probablement en sorte de nous donner un après-midi de congé supplémentaire pour aller voter, ce qui exclut d’emblée les scénarios de vote un jour férié. Si certains sont rebutés par la perspective de parler politique durant les fêtes, je considère au contraire comme une bonne chose qu’un scrutin d’une telle importance soit débattu dans les familles. Cela ne peut qu’enrichir la société et secouer un peu le consensus mou qui y règne. Mais le plus important, c’est que lorsqu’on est aux prises avec un gouvernement aussi méprisant, totalitaire, arrogant et corrompu que le nôtre, on doit agir en vitesse! Certains peuples ont dû affronter la guerre civile pour avoir droit à un gouvernement juste. Et nous, nous reculons devant un sapin de Noël? x
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CONTRE
istoire de nous prouver qu’ils ne font pas partie de ces recalés des mathématiques 436 qui ne savent pas compter leur monnaie au dépanneur, les journalistes ont étalé à pleine pages un savant calcul électoral dont le résultat était l’imbécillité crasse d’élections potentielles le 26 décembre. Le 26 décembre. Que mon lecteur excuse l’évidence de la proposition (c’est une lapalissade): le 26, c’est le lendemain du 25. Donc, le lendemain de Noël et des partys de Noël. Non, mais attendez deux secondes, c’est QUOI l’idée? Vous vous imaginez la qualité de l’exercice «démocratique» d’un lendemain de veille national? Avant même de parvenir à l’isoloir (où il leur faudra s’y reprendre à trois fois avant de parvenir à cocher quoi que ce soit), deux-trois mononcles avec encore un bon coup dans le nez auront probablement fait assez de jokes pour que toutes les scrutatrices veuillent intenter des poursuites pour harcèlement sexuel. Et que dire de tous ceux qui, bien imbibés d’alcools forts, le 26 au matin, auront attrapé la reprise de la messe de minuit à la télé et, confondant les Lumières du Savoir politique et la gueule de bois, seront allés voter en masse pour lancer Marc-Bôris Saint-Môrice à la tête du Canada? Où avait la tête Jack Layton, ce «party animal»? Allô? Méchants partys de Noël que ceux qui permettent de voter le lendemain à l’ouverture des bureaux. Il faudrait être un peu fou pour aller diluer son vote dans l’océan de petits papiers des urnes électorales plutôt que de siffler une dernière bouteille de champagne en turlutant de la langue de belle-mère. Que j’échange mon Boxing Day contre une élection où la moitié des votes d’un courageux 15% de participation devront probablement être annulés? J’ai besoin de deux aspirines juste à l’idée. x
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Le Délit adopte Makeli
nouvellessolidarité
Portait de Dominique Makeli, chroniqueur incarcéré depuis 1994, et de la liberté de presse au Rwanda. LAURENCE BICH-CARRIÈRE
113e au classement de la liberté de presse e rapport annuel de RSF résume le paysage médiatique rwandais à «un monopole sur la radiotélévision, une presse écrite monochrome et un harcèlement systématique de l’unique publication indépendante du pays» par le président, le général-major Paul Kagamé. Celui-ci jouerait la carte du passé pour restreindre la liberté de presse et éviter «l’apparition de nouveaux monstres». La référence est claire à Radio-télévision libre des mille collines, qui a largement inspiré Radio Hutu Power dans Hôtel Rwanda. D’abord présentée comme une «radio-énergie à la rwandaise», la station était rapidement passée aux harangues politiques conte les Tutsis («Ne tuez pas ces inyenzi [cancrelats] avec une balle, découpez-les en tranches à la machette») autant que contre les Hutus modérés (refrain du hit de la station: «Je hais ces Hutus [imbéciles], Hutus
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déhutuisés, qui abdiquent leur identité, chers camarades»). Pour RSF cependant, puisque les dirigeants de ces «radios-machettes» ont été condamnés à perpétuité par le Tribunal pénal international pour le Rwanda, le souvenir des «médias de la haine» n’est plus qu’un prétexte à l’imposition du bâillon. Et c’est exactement la raison pour laquelle l’organisme milite pour la libération de Dominique Makeli, incarcéré depuis une décennie. Portrait de Dominique Makeli Entré à Radio Rwanda en 1975, Makeli, théologien de formation et lauréat de plusieurs prix, tant nationaux qu’internationaux, travaillait à la radio d’État jusqu’en mai 1994. L’assassinat de son fils par des miliciens extrémistes hutus le contraint alors à fuir la capitale. Le 18 septembre 1994, un mois après son retour à Kigali, il est arrêté. Malgré un bref interrogatoire en 1997, aucune accusation n’est formulée contre lui avant 1999. Les reproches restent très vagues: «participations à des attaques», «refus de donner refuge à un Tutsi». Makeli dément. En octobre 2001, RSF se rend sur le terrain pour essayer de faire avancer le procès. Contraint de s’expliquer, le procureur de
la République a soutenu que les mots «Le parent est au ciel», entendus dans un reportage de Makeli portant sur une apparition de la Vierge dans l’ouest du pays, constituaient très nettement une référence au président de l’époque, Juvénal Habyarimana, ou plus exactement «une assimilation du président à Dieu, donc, une affirmation d’un soutien divin à la politique d’extermination des Tutsis». Aucun Rwandais auquel RSF a fait écouter le reportage n’a corroboré cette interprétation. Quoi qu’il en soit, voilà dix ans que Dominique Makeli est emprisonné. Sa vue se détériore et il souffre dorénavant de surdité partielle. Si ses conditions de détention lui semblent aujourd’hui satisfaisantes, il se souvient des mauvais traitements et des passages à tabac qui ont été son lot entre 1995 et 1998. RSF a réussi à obtenir le statut d’observateur et de conseil de la défense auprès du gacacas devant lequel Makeli devrait être appelé à comparaître. Le nouveau système a cependant pris un tel retard que, même si le dossier a été présenté au tribunal populaire en août 2004, aucune procédure n’est encore véritablement engagée. x
rsf.org
Dans le cadre d’une collaboration avec Reporters sans frontières (RSF) pour la 16e journée internationale de soutien aux journalistes emprisonnés, le 17 novembre 2005, Le Délit, comme, entre autres, Macadam Tribus, le 89,3 CISM, le Courrier international et la RTBF, parraine Dominique Makeli, de Radio Rwanda.
Affiche officielle de la 16e journée internationale de soutien aux journalistes emprisonnés.
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Le sort des étudiants étrangers à McGill Qui sont ces étudiants étrangers? Les étudiants internationaux en chiffres.
Un étudiant étranger témoigne.
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MAYSA PHARÈS
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l ne fait pas bon être étranger à McGill par les temps qui courent. La polémique continue de sévir autour de l’augmentation des droits de scolarité des étudiants internationaux qui, une fois de plus, voient l’administration de l’Université majorer ses tarifs de 8% pour l’année 2005-2006. Cette augmentation considérable a été décrétée dans une légalité jugée plus que douteuse par nombre d’observateurs. Quoi qu’il en soit, il convient de brosser le portrait statistique de cette fraction de la population mcgilloise qui se voit plumer chaque année un peu plus. En 2004, tous niveaux confondus, à temps plein et temps partiel, les étudiants étrangers inscrits à McGill étaient au nombre de 6205, pour 26 327 Canadiens et résidents permanents. Ils constituent donc 19,1% des étudiants, non loin du quart de la population mcgilloise (notez que les Américains sont 2166, soit 6,7% des étudiants). Quant aux Canadiens, 18 523 d’entre eux sont Québécois et 7804 viennent des autres provinces. En tout, plus de 170 nationalités sont représentées sur les bancs de l’institution. Qui paie quoi? Seule demeurera stable la situation financière des Québécois, à qui s’applique l’immuable montant de 1 668,30$ par année (en premier cycle, sur une base de 30 crédits, soit 55,61$ par crédit), quel que soit leur programme et leur faculté. De son côté, l’étudiant étranger de premier cycle, qui déboursait l’année dernière la modique somme de 11 085$ s’il était dans la Faculté des arts, devra cette année sacrifier 11 970$, soit 885$ de plus (les données ne tiennent pas compte des frais afférents). La même majoration de 8% s’applique à toutes les facultés, mais le forfait international varie de l’une à l’autre et d’un programme à l’autre. Ainsi, un étudiant étranger en génie ou en architecture devra la somme de 13 230$. Le baccalauréat en arts et sciences exige quant à lui des droits de 12 600$. Si les étudiants internationaux sont particulièrement touchés puisqu’ils payent de sept à huit fois plus que les Québécois, les citoyens du reste du Canada subissent la même politique (sans distinction entre les provinces). Ainsi, des frais de 155,03$ par crédit s’appliquent, de sorte qu’un étudiant de l’Ontario verra ses droits de scolarité passer de 4401,30$ à 4650,90$. Seul privilège: comme pour les
Québécois, le tarif est le même quel que soit le programme d’études. L’exception française Le «français» sous toutes ses formes, humaines ou linguistiques, bénéficie visiblement de la bienveillance québécoise. Les directives du ministère de l’Éducation autorisent en effet les citoyens de la France à payer les mêmes frais que les Québécois. Ceux-ci ne manquent pas d’en profiter puisqu’ils étaient 391 au premier cycle en 2004, un nombre exceptionnellement élevé. Seuls les dépassent les Américains, qui étaient 1831 en premier cycle en 2004. La France est suivie de loin par la Chine avec 151 étudiants. Par ailleurs, certains programmes linguistiques menant à l’obtention d’un diplôme en français dispensent leurs étudiants du forfait international. Parmi ces formations, le baccalauréat spécialisé en langue et littérature françaises (mention lettres), ou la maîtrise en éducation pour l’enseignement du français comme langue
Quand les études sont un défi académique… et financier
vivante. D’autres nationalités bénéficient aussi d’accords bilatéraux avec le Québec. Dans ce cas, l’exemption ne s’applique cependant qu’à un nombre défini d’étudiants par pays. Le Maghreb est en haut de la liste avec des quotas de 150 étudiants pour le Maroc, 140 pour la Tunisie et 125 pour l’Algérie. La Chine se voit accorder 125 places, le Sénégal 90, la Côte-d’Ivoire 75, le Liban 60. Bien d’autres pays sont bénéficiaires de ces accords mais avec des quotas moins élevés. Il ressort que les pays de la francophonie sont nombreux à avoir contracté des accords avec le gouvernement provincial. Les autres catégories d’exemption s’étendent aux étudiants dont les parents sont représentants de pays étrangers, de l’ONU ou d’autres organisations internationales, ainsi que les étudiants ayant le statut de réfugié sont dispensés des droits de scolarités imposés aux étudiants internationaux. x
es étudiants étrangers à revenus limités font depuis quelques années face à des difficultés qu’ils ne pouvaient prévoir. Rien, en effet, ne mentionne que les droits de scolarité risquent d’être majorés lorsque l’on s’inscrit à McGill. Mis devant le fait accompli, ils se voient donc soudain obligés de faire des sacrifices et de changer leur mode de vie. Un étudiant (souhaitant rester anonyme) ayant reçu son diplôme l’an dernier raconte son expérience à McGill. Originaire d’Amérique centrale, il tient à préciser que son point de vue est celui d’un étudiant venant du tiers-monde: «Je crois que l’opinion de quelqu’un d’un pays développé serait différente parce que nous n’aurions pas la même expérience». Entre 2000 et 2005 cet étudiant a vu ses frais de scolarité et d’assurance-maladie augmenter. «Cette hausse est devenue un problème majeur au moment où le dollar canadien s’est apprécié par rapport au dollar américain, et je recevais mes fonds en dollars américains». Le problème s’est aggravé quand le dollar canadien a continué à s’apprécier et que les frais internationaux augmentaient, à tel point qu’il lui a fallu demander plus d’argent à ses parents pour régler la scolarité. «Mes parents sont certes aisés selon les standards d’Amérique centrale, mais même si mon père avait un bon poste son salaire ne suffisait pas à subvenir aux besoins d’une famille de quatre enfants dont deux étudiaient à l’étranger». La situation a été difficile tant pour cet étudiant à Montréal que pour sa famille, qui a dû faire de nombreuses concessions. «Notre éducation est une priorité pour mes parents», insiste-t-il. C’est donc en empruntant de l’argent à des proches et en contractant un prêt supplémentaire auprès de la compagnie de son père que ses parents ont pu remédier à la situation. «Dans mon pays, les prêts aux étudiants par des institutions privées comme les banques n’existent pas. Les prêts du gouvernement sont quand à eux très limités et ne suffisent pas à payer la scolarité dans une université à l’étranger». De son côté, l’étudiant a dû diminuer ses dépenses, notamment son loyer, en emménageant avec un colocataire durant sa dernière année d’études. «J’ai réduit mon budget alimentaire de 30% et j’ai limité mes sorties parce que je devais être économe dans mes dépenses et je devais mettre de côté pour aider à payer les frais de scolarité». L’étudiant reconnaît cependant l’aide de McGill, qui lui a permis de souffler financièrement. «J’ai pu faire un arrangement avec le Service des comptes étudiants pour mon retard de paiement. J’ai reçu un prêt et une bourse du Service aux étudiants étrangers après une deuxième demande. Je n’avais pas reçu de prêt la première fois, mais on m’avait accordé un report de paiement afin que je puisse m’inscrire à mes cours». Aujourd’hui, cet étudiant est diplômé et dispose d’un emploi qui lui permet de rembourser son emprunt. Rétrospectivement, sa vision est que «sans aucun doute, l’augmentation des droits de scolarité rend à nombre de gens la vie plus difficile, et ceux qui n’auront pas à leur disposition les ressources nécessaires pour assumer cela seront laissés sur le pas de la porte.» x M.P.
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xLe Délit
Poursuites judiciaires à l’horizon? Les étudiants étrangers pourraient être en droit de réclamer le remboursement des sommes versées en trop. JEAN-PHILIPPE DALLAIRE
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15 novembre 2005
Comment devenir «Québécois» et économiser 9000$ par année
Gare au plagiat!
L’obtention du statut de résident permanent confère aux étudiants étrangers certains privilèges.
Philippe G. Lopez
MAYSA PHARÈS mmigrez en quatre étapes» affiche allègrement le site Internet du Ministère de l’immigration du Québec. La formule, qui relève du slogan, semble facile et rapide. C’est en réalité un long processus que celui de l’immigration permanente en cette province, mais qui confère certains avantages importants. Au terme du processus, l’étudiant étranger pourra payer les même frais de scolarité qu’un Québécois et avoir accès au régime des prêts et bourses du gouvernement. Par exemple, un étudiant étranger en arts avec trente crédits par années, verrait passer sa facture de 13 180,16 $ à 2964,86$ (tous frais inclus) tout en ayant accès à une aide de l’État québécois de plusieurs milliers de dollars. Il faut compter entre six et dix-huit mois pour l’obtention du statut de résident permanent. Le Québec,
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qui gère lui-même sa politique d’immigration, a ses propres exigences et sélectionne ses immigrants selon des critères précis. Il faut donc d’abord être choisi par le Québec, puis présenter une demande de résidence permanente auprès de Citoyenneté et Immigration Canada. Un étudiant étranger peut faire sa demande auprès des autorités québécoises un an avant la fin de ses études. Il peut cependant entamer les démarches plus tôt s’il le fait à partir de son pays d’origine. Quelle que soit l’approche choisie, les délais sont les mêmes. La première étape consiste à évaluer ses chances d’être accepté par le Québec. Cette évaluation est gratuite, anonyme, et disponible en ligne. La réponse est immédiate, encourageante ou pas, selon le profil. Il faut remplir un formulaire portant entre autres sur la formation, l’expérience professionnelle, la connaissance
du français et de l’anglais ainsi que les liens entretenus avec le Québec. À la fin de ce questionnaire, il vous est immédiatement donné le nombre de points dont vous disposez, ou au pire, l’annonce froide que vous semblez ne pas répondre aux critères de sélection du Québec, et qu’il vous est déconseillé de tenter l’immigration. Un avis favorable vous encourage à soumettre un formulaire de demande de certificat de sélection à la Direction de la sélection des travailleurs (285 rue Notre-Dame Ouest). Les frais de traitement de dossier sont de 390$. Une fois le certificat obtenu, il faut le faire parvenir à l’ambassade du Canada ou au Bureau canadien des visas couvrant votre territoire. Un examen médical est requis, ainsi que des frais dont le montant varie selon le statut du demandeur. Arrivé à ce stade, vous voilà résident permanent! x
Indifférence ou impuissance? L’ancien président du Réseau des étudiants internationaux de McGill donne son point de vue. MAYSA PHARÈS
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ême si certains étudiants étrangers ont de la difficulté à joindre les deux bouts avec l’augmentation constante de leurs droits de scolarité, un mince espoir se profile à l’horizon pour certains d’entre eux. En effet, selon un avis juridique obtenu par Le Délit, il est possible que les étudiants internationaux qui se voient forcés de verser à l’Université McGill des sommes allant au-delà du plafond gouvernemental puissent obtenir réparation. Les étudiants touchés Depuis quelques années, l’Université McGill violerait le plafond gouvernemental sur les droits de scolarité pouvant être perçus des étudiants internationaux. Pour un étudiant en arts ayant trente crédits de cours par année, McGill impose ainsi des droits de scolarité de 11 970$. Or, le gouvernement du Québec ne permet à l’Université que de recevoir un maximum de 10 068,30$ d’un tel étudiant, en tant que frais de scolarité. Pour chaque étudiant international concerné, l’Université met donc dans ses poches environ 1900$ de plus qu’elle ne le devrait. Même en faisant fi des différences dans le montant précis selon le programme et des exemptions dont quelques étudiants peuvent se prévaloir, ce sont plusieurs millions de dollars que McGill est en mesure d’ajouter à ses revenus à chaque année par le biais de cette formule. L’avis juridique Si le gouvernement a clairement le pouvoir de forcer McGill à respecter les taux fixés, il ne l’a jusqu’à maintenant pas exercé. Les étudiants qui le désirent pourraient donc vouloir entreprendre eux-mêmes des démarches pour forcer l’Université à respecter ses obligations et obtenir réparation. Selon Me Michael N. Bergman, du cabinet
Bergman et associés, il semble que les étudiants étrangers lésés aient un recours. Dans l’avis juridique obtenu par Le Délit, Me Bergman affirme ainsi qu’il y a lieu de croire que l’Université a une obligation légale, réglementaire ou contractuelle d’imposer aux étudiants les droits de scolarité arrêtés par le gouvernement. En facturant des droits de scolarité plus élevés que ceux prévus par le plafond, l’Université s’exposerait à des poursuites de la part des étudiants désireux de récupérer les sommes versées en trop. En effet, si le plafond est défini dans un décret, une loi ou un règlement, Me Bergman indique qu’il impose une obligation d’ordre public. Pour les mêmes raisons, les étudiants étrangers pourraient de plus être en mesure de réclamer les sommes versées en trop auprès du gouvernement. Le gouvernement du Québec serait en effet tenu de s’assurer du respect de ses décrets ou des bénéfices stipulés à l’avantage des étudiants étrangers dans ses accords avec l’Université McGill. Des enjeux importants Les sommes en jeu s’élèveraient à plusieurs millions de dollars.Selon Me Bergman,les réclamations des étudiants étrangers pourraient aussi donner lieu au versement d’intérêts sur les sommes dues. On peut aussi penser que les suites d’un tel recours auraient un impact sur les montants perçus des étudiants étrangers dans le futur. Au moment de mettre sous presse, il avait été impossible de recueillir les commentaires de l’Université sur cet avis. La vice-principale aux communications, Mme Jennifer Robinson, a en effet indiqué au Délit avoir besoin de plus de temps pour étudier le document avant d’y réagir. x avec la participation de David Drouin-Lê
Des étudiants peu impliqués Ce soutien a fait cruellement défaut lorsqu’en 2004, l’équipe exécutive du MISN a lancé une série de courriels appelant ses membres à la mobilisation afin de faire pression sur l’administration mcgilloise. Ces tentatives sont restées lettre morte, à tel point que l’on peut se demander si les étudiants sont vraiment affectés par ces majorations des droits de scolarité. Jason Blank affirme que «l’étudiant se sent personnellement concerné. Mais le fait est qu’il va quitter McGill d’ici un an ou deux. Le temps qu’il réalise que ses frais ont augmenté, ce n’est pas tant lui que ceux qui viennent après qui en pâtissent, et cela lui importe peu». L’ex-président évoque la participation, pour le moins maigre, des étudiants de McGill à la marche de protestation organisée l’an dernier par la Fédération étudiante universitaire du Québec (FEUQ). Si la marche fut une réussite pour les autres universités, seuls deux étudiants de McGill étaient présents: Jason lui-même… et un membre de son équipe exécutive. «Les étudiants internationaux ne sont pas assez motivés pour défendre leurs intérêts».
La peur joue aussi un rôle derrière ce manque d’intérêt apparent. En effet, Jason Blank aborde la question des étudiants venant de pays du tiersmonde. Beaucoup craignent que se manifester et faire entendre leur voix ne les mette en situation délicate visà-vis des services de l’immigration. S’ils ne s’expriment pas, c’est par peur d’être expulsés du Canada. La difficulté pour le président de l’association était qu’il n’avait pas les moyens de leur assurer avec certitude que le risque était nul. La précarité est une réalité En marge d’une communauté étudiante en général relativement aisée à McGill, il existe une minorité, que Jason Blank qualifie de «cas limites», pour qui l’augmentation continuelle des droits de scolarité d’une année à l’autre pose un obstacle de taille à la poursuite de leurs études. «Les plus touchés sont les étudiants à revenus fixes», qu’il s’agisse d’aides que leur accordent les gouvernements de leurs pays d’origine, ou tout simplement de la somme versée par leurs parents. Pour peu que ces étudiants n’aient pas accès à d’autres sources de revenus, chaque augmentation de la scolarité les met dans la situation où il leur faut chercher le moyen de combler le déficit. Les revenus «fixes» ne tenant compte ni de l’inflation, ni des taux de changes (pour les étudiants qui reçoivent leurs fonds dans des devises étrangères), ni de l’augmentation des frais de scolarité, ces étudiants sont vulnérables aux moindres fluctuations. Avant de venir étudier au Canada, il leur a préalablement fallu prouver qu’ils disposaient des moyens nécessaires. «Les étudiants en difficulté aujourd’hui ont donc démontré qu’ils avaient assez d’argent, et ne peuvent par conséquent
Philippe G. Lopez/Montage: Mathieu Ménard
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u cours de son année à la tête du MISN (McGill International Students Network), Jason Blank a essayé, en vain, de sensibiliser les étudiants internationaux au problème de l’augmentation des droits de scolarité. En réponse à ses efforts, il s’est heurté à une contradiction: les plus directement concernés, les étrangers eux-mêmes, sont ceux qui s’indignent le moins de ce qui leur arrive. «Nous avons essayé de faire changer les choses, mais sans le soutien des étudiants, ce n’est pas faisable» dit-il.
[pas] emprunter. Mais les frais de scolarité augmentent et ils n’ont plus les moyens». Jason Blank admet toutefois que la marge d’action du MISN est limitée en ce qui concerne le sujet des frais de scolarité. L’équipe exécutive de l’association étant démocratiquement élue, elle se doit de représenter les
intérêts des étudiants internationaux. Or, selon lui «il est évident que leurs priorités ne sont pas tant là que dans les événements que nous organisons». L’entretien s’est achevé en ces termes éloquents:«Je vous défie,étudiants internationaux, de vous bouger le cul et de faire la différence!» x
Les étudiants internationaux sont les plus pénalisés par le système d’intégrité académique, estiment des bénévoles au Service de représentation des étudiants. MARC-ANDRÉ SÉGUIN
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a période des examens et de remise de travaux arrive à grands pas et, comme à chaque session, des tricheurs seront pris par leurs professeurs. Le plagiat, dont certains étudiants se rendront inévitablement coupables, sera aussi au rendez-vous. Le Service de représentation des étudiants de McGill sera prêt à écouter ceux et celles qui souhaiteront une défense vis-à-vis de ces accusations. Cependant, un groupe en particulier continuera à figurer comme celui qui est le plus concerné par les mesures disciplinaires académiques de l’Université: les étudiants internationaux. Situé au rez-de-chaussée de l’édifice Shatner, le Service de représentation des étudiants offre des services d’information juridique pour les étudiants dans leurs litiges avec l’Université. Le Service a d’ailleurs reçu une certaine publicité cet automne pour son travail dans la controverse entourant l’équipe de football des Redmen. Des représentants avaient alors offert leurs services à certains joueurs impliqués dans le dossier. Toutefois, les cas qu’on retrouve le plus souvent à l’organisme sont de nature académique, et concernent généralement la tricherie ou le plagiat. «Quand un étudiant est accusé d’avoir violé une norme académique, il reçoit une lettre lui demandant de se présenter pour une entrevue avec un vice-doyen. À cette entrevue, il a droit à un représentant étudiant», souligne John Ramsay, directeur de ce service, une branche de la Clinique d’information juridique de McGill. Il précise que le nombre de cas de plagiat sur lesquels lui et son équipe travaillent oscille entre 50 et 75 par année, mais que le nombre total d’incidents sur le campus reste difficile à chiffrer. «Il y a aussi beaucoup d’étudiants qui n’ont pas de représentant. L’administration ne leur dit pas de venir ici, donc on ne sait pas exactement». Le choc des cultures académiques M. Ramsay explique que le plus grand problème concernant les dossiers de plagiat est que souvent ceux qui sont accusés ne pensent pas contrevenir aux règles de l’Université en écrivant leurs travaux. «Souvent, l’étudiant ne connaissait pas la définition du plagiat. Ce sont généralement des étudiants qui viennent d’autres parties du monde –comme le Moyen-Orient et l’Orient– où les standards sont différents pour la recherche académique et la propriété intellectuelle». Il insiste sur le fait que souvent ces étudiants provenant d’ailleurs sont tout simplement mal informés des normes en vigueur à McGill. «Ils vont soumettre un travail qui serait parfaitement acceptable à leur université en Chine ou en Turquie par exemple, mais ici, à cause d’un standard complètement différent, ils seront accusés de plagiat et n’ont aucune idée de ce que ça veut dire et de ce qu’ils ont fait». La chose est d’autant plus grave que le plagiat est la seule accusation pour laquelle
il n’y a pas de présomption d’innocence dans la Charte des droits de l’étudiant. En pratique, ceci signifie qu’un étudiant accusé de plagiat doit faire la preuve de son innocence s’il souhaite écarter toute sanction, alors que dans les autres cas –comme la tricherie en examen– ce sera plutôt à l’Université de faire la preuve de la culpabilité de l’accusé. «C’est un gros problème, parce que ça laisse [aux étudiants internationaux accusés de plagiat] le fardeau de prouver leur innocence, alors que pour eux ils sont innocents parce que c’est une pratique commune dans leur pays d’origine». Ramsay indique qu’habituellement la défense des différences culturelles et académiques entre les universités n’est pas un motif suffisant pour exonérer un étudiant accusé de plagiat. «Mais il y a des fois où le doyen adjoint donnera raison à cet argument» et accordera alors une sentence limitée ou se contentera de donner un simple avertissement. Cependant, si l’accusé est de nouveau trouvé coupable, les conséquences peuvent s’avérer très sérieuses. Normalement, un plagiaire recevra une note de zéro à son évaluation et sera mis «en probation pour le reste de ses années à McGill». En pratique, la probation signifie qu’advenant une seconde infraction, l’étudiant sera directement envoyé au Comité de discipline, qui, lui, a des pouvoirs de sentence plus étendus, allant jusqu’à la suspension et même l’expulsion de l’Université. Ramsay rajoute que la note «F» sur un relevé de notes aura pour l’étudiant des conséquences graves. «Cela bloquera pratiquement [aux étudiants] l’accès aux études supérieures et leur donnera beaucoup de problèmes si un employeur demande une copie du bulletin. C’est plus facile d’éliminer un fichier criminel que de changer un bulletin [scolaire]». Des solutions pour l’avenir McGill a cependant commencé à se pencher sur cette question. Ainsi, l’administration donne maintenant un livre sur l’intégrité académique à chaque nouvel étudiant sur le campus. Toutefois, l’Université ne donne toujours pas ce livre aux étudiants internationaux en échange à McGill, ce qui est critiqué par le Service de représentation. Avec la période d’examens qui approche, John Ramsay et Philippe Alma, conseiller senior au Service de représentation, n’ont qu’un conseil à offrir aux étudiants, et ils sont catégoriques : «Ne triche pas, parce que tu vas te faire attraper. Les professeurs ne sont pas dupes. […] Ça ne marche jamais. Quand tu triches, quand tu mets des notes dans ton dictionnaire ou dans ton téléphone cellulaire, il y a quelqu’un à l’examen qui va le voir et le rapporter parce qu’il n’y a pas un étudiant qui va vouloir conférer un avantage académique à un autre étudiant». x
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xLe Délit • 15 novembre 2005
Une autre session en péril?
nouvelleslocal
Les professeurs de l’Université de Montréal augmentent la pression sur la direction avec douze jours de grève. HILARY JOHNSON
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eudi dernier, le Syndicat général des professeurs de l’Université de Montréal (SGPUM) décidait d’ajouter douze jours de grève intermittente aux six jours qui ont déjà fait l’objet d’une grève. Les négociations qui prennent place entre la direction de l’Université de Montréal (U. de M.) et le SGPUM concernent les salaires de l’année 2005–2006. Mille trois cents professeurs sont impliqués dans la grève, qui ne touche toutefois pas les chargés de cours, les professeurs de clinique et les superviseurs de stage. Lors de leur assemblée générale du 10 novembre, 700 professeurs de l’U. de M. se sont rencontrés à l’auditorium du collège Jean-de-Brébeuf afin de voter deux résolutions. La première, décidée à main levée, portait sur l’augmentation salariale de 3,6% proposée par la direction: l’offre a été refusée. La deuxième résolution, qui s’accompagnait d’un vote secret, traitait de douze journées supplémentaires de grève intermittente; elle a reçu l’appui de 75% des professeurs. Depuis le
début de la grève, les deux partis tentent de négocier en présence d’un conciliateur assigné par le ministre de l’Éducation. Les revendications en chiffres En faisant la grève, les professeurs cherchent à faire pression sur la direction afin d’atteindre leurs objectifs salariaux. Les augmentations demandées permettraient à l’U. de M. de soutenir la compétition salariale d’autres universités canadiennes comme l’Université de Toronto, l’Université McGill et l’Université Queen’s. Le syndicat craint qu’il ne devienne difficile de recruter des professeurs de qualité si les salaires ne sont pas à la hauteur de ceux des dix plus grandes universités de recherche au Canada, communément appelées «le G10». Selon le document d’information sur les négociations publié par l’U. de M., la moyenne salariale annuelle d’un professeur de l’Université de Montréal est de 86 109$, alors qu’elle est de 87 683$ à McGill (écart de 1,8% avec l’U. de M.), de
92 534$ à Waterloo (écart de 7,5% avec l’U. de M.) et de 102 472$ à l’Université de Toronto, première au classement du G10 (écart de 19,0% avec l’U. de M.). Les professeurs demandent une hausse salariale de 3,9% en plus d’un rattrapage de 7,6% afin d’atteindre la moyenne salariale du G10. C’est présentement l’Université de l’Alberta qui occupe le 5e rang, avec une moyenne de 88 445$. Bien que la direction de l’Université de Montréal reconnaisse cet écart, elle voudrait voir ces hausses étalées sur plusieurs années. Selon elle, l’argent n’est pas disponible et les universités qui sont en mesure de verser les salaires visés ont toutes un revenu supérieur à celui de l’Université de Montréal. Toutefois, selon M. Louis Dumont, président du SGPUM, «l’argent est disponible, mais l’Université veut l’investir dans d’autres secteurs et non [dans] le corps professoral». On peut se douter que certains étudiants accueilleront ce petit congé à bras ouverts, mais une agréable halte au stress académique peut parfois se transformer pour
certains en une longue période d’inquiétude profonde. Selon M. Dumont des programmes tels la nutrition, la radiologie et la médecine vétérinaire sont menacés par la grève. Ceux-ci sont extrêmement chargés et les stages des étudiants impliquent beaucoup de gens, ce qui rend leur déplacement presque impossible. Par ailleurs, une annulation de la session d’automne est une option qui n’avantage personne, puisque plusieurs cours de la session d’hiver dépendent de ceux qui ont été complétés pendant la session d’automne. Vu ces possibilités inquiétantes, le syndicat recherche l’accélération des négociations et de la prise de décision. M. Dumont croit qu’«[i]l faut absolument négocier, régler [le conflit], et trouver un terrain d’entente au plus vite». Le syndicat voit donc le vote de jeudi dernier comme un véritable moyen de pression. Geneviève Tardif, étudiante de première année en anthropologie, soutient les démarches du SGPUM. «J’appuie les professeurs d’autant plus que l’année dernière ils ont
Manifestation étudiante en marge du congrès du PLCQ
appuyé la cause étudiante. J’espère que le conflit va se régler bientôt». Du point de vue d’Olivier Séguin, étudiant de troisième année en économie et politique, «[au Québec] on est tout le temps en grève. Si ce n’est pas les élèves, ce sont les professeurs. Cependant, je reconnais que c’est beaucoup plus complexe que ça. Je crois que la syndicalisation est une culture typiquement francophone et qu’au Québec, tout comme en France, c’est une rotation constante de grèves. Mais, je pense que les professeurs méritent [l’augmentation demandée] et on a besoin de [cette augmentation] afin d’attirer des professeurs de qualité à l’Université.» Peu importe le résultat final des négociations à l’Université de Montréal, chers étudiants mcgillois, n’attendez pas avec impatience une grève de la part de nos professeurs pour simuler un congé de mi-session inexistant. En effet, les professeurs de McGill ne sont pas syndiqués. Il suffira de profiter pleinement de notre congé de deux semaines du temps des fêtes! x
nouvelleslocal
Les étudiants demandent le réinvestissement de quatre milliards de dollars en éducation. BENOÎT AUCLAIR
Une initiative locale Cette initiative, lancée principalement par les associations étudiantes universitaires telles que la FAÉCUM (Université de Montréal), l’AÉUM (McGill) et la CSU (Concordia), a été applaudie par la FÉUQ. Bien que le soleil se soit pointé pour accueillir la sortie de Paul Martin, les étudiants, eux, n’y étaient pas. Christian Bélair, porte-parole universitaire pour la Coalition régionale étudiante montréalaise (CRÉM), soutient toutefois que «l’enjeu des quatre milliards en est encore à sa période de sensibilisation sur les campus collégiaux et universitaires, entre autres par la propagation d’une pétition.» Implication de l’AÉUM Quelques membres du conseil exécutif de l’AÉUM ont pris part à la journée. Ils tenaient à contribuer à l’initiative de la CRÉM après avoir eux-mêmes encouragé
les étudiants à faire de même. Questionné sur l’ampleur de la participation des étudiants de McGill, Adam Conter, président, soutient que l’information sur la tenue de l’événement a circulé auprès de la plupart des étudiants, par le biais du site Web de l’association, d’annonces dans le Tribune et sur certains babillards. Des pressions internes au PLC Les organisations étudiantes ont convenu de se regrouper autour d’une même liste de revendications. À l’approche d’élections générales, M. Martin devra être plus que soucieux de ce fait. C’est qu’à la suite de suggestions faites par la Commission jeunesse du PLC, les membres du PLCQ ont voté ce week-end en faveur de l’exonération fiscale complète des bourses versées aux étudiants et du rétablissement des transferts fédéraux en matière d’éducation post-secondaire aux niveaux de 1992. Autrement dit, il s’agit d’un transfert de quatre milliards de dollars. Appuis nombreux Cette demande des jeunes libéraux reçoit l’appui de l’ensemble des ministres provinciaux, de la Fédération canadienne des étudiantes et étudiants (FCÉÉ), de la FÉCQ et de la FÉUQ. Le président de la FÉUQ, François Vincent, indique quant à lui soutenir cette initiative régionale. Selon lui, celle-ci «va de pair avec notre campagne commune avec la
gracieuseté de la FEUQ
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imanche le 13 novembre dernier, les associations étudiantes montréalaises s’étaient donné rendez-vous devant l’hôtel Hyatt pour faire valoir leurs revendications au premier ministre du Canada. La manifestation avait lieu en marge de l’allocution de clôture du congrès biennal du Parti libéral du Canada section Québec (PLCQ) et a réuni environ une cinquantaine de personnes.
Aperçu de la manifestation de dimanche.
FCÉÉ, dont les moyens de pression consistent en l’envoi massif de cartes postales au bureau de M. Martin, la diffusion d’une pétition qui vise les 750 000 étudiants regroupés par les organisations ainsi que les débats lancés lors de nos rencontres avec les représentants de la Chambre des communes.» Discours politique de Paul Martin Selon un militant libéral rencontré au congrès, M. Benoît Auclair [NDLR: un simple homonyme de votre dévoué journaliste],
«Martin a fait un discours politique, tout simplement! Vous savez, ces discours où l’on ne s’engage pas trop et qui semblent démontrer que tout est sous contrôle, ce qui n’est pas surprenant à la veille d’élections. Il a été très bref sur la question des transferts de budgets.» Contactés par Le Délit afin d’obtenir les commentaires de M. Martin, ses attachés de presse ont indiqué que celui-ci était malheureusement trop occupé pour répondre aux questions des journalistes. x
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xLe Délit • 15 novembre 2005
«Un seul passeport? Celui de la curiosité!»
culturefestival
Sous le thème «Mieux regarder pour bien voir», les 8es Rencontres internationales du documentaire de Montréal ouvrent leurs portes… au monde.
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Quand désobéir devient plus raisonnable Désobéir, un film au coeur de l’actualité Patricio Henriquez part à la rencontre de trois hommes qui, croyant aux valeurs des institutions militaires, avaient choisi d’être soldats. Au nom de leur conscience, ils ont sciemment désobéi aux ordres: ils ont refusé de torturer, de tuer des civils non armés, de violer ou de faire violer des femmes et de cacher les preuves de leurs crimes, au nom des intérêts supérieurs de la
patrie et de la solidarité entre frères d’armes. Ils ont payé très cher le prix de leurs convictions. Patricio Henriquez nous retrace les étapes du parcours du combat de ces hommes qui disent non à la perversion du combat militaire. C’est un sentiment d’indignation qui nous anime durant ce film si pertinent. La désobéissance a un prix et un prix cher pour celui qui agit selon sa conscience. Comment ne pas comprendre ces hommes qui, face à l’ordre de leur supérieur, se voient tirer en masse sur une cible qui n’a même pas témoigné un signe d’offensive? Vous me direz que c’est la guerre, ces hommes savent durant leur formation qu’ils seront amenés à tirer sur des cibles humaines. «Mais quel homme sain d’esprit s’habitue à la mort?» s’interroge un ancien sergent de l’armée israélienne, Igal Vega, condamné à dix ans de prison pour avoir refusé de tirer sur des civils non armés. Le colonel chilien Efrain Jana s’est quant à lui opposé aux arrestations arbitraires et aux assassinats d’opposants politiques en 1973. Le troisième personnage, Camilo Mejia, soldat américain, a dû faire face à une cour martiale après avoir servi en Irak et décidé de ne plus participer à la «guerre du pétrole». «Il n’y a pas de société qui avance sans désobéissance», a repris, d’une citation d’Oscar Wilde, le réalisateur lors de l’introduction de son film. La désobéissance est souvent un moyen implicite de montrer les incohérences d’un système et reflète l’inadéquation de l’ordre avec notre conscience humaine. Patricio Henriquez fut d’abord réalisateur à la télévision chilienne puis s’installa à Montréal après le coup d’état de 1973. Il réalisa des reportages pour la télévision et, en 1995, fonda Macumba International. Sa mise en scène est pertinente et met en relief la situation de trois hommes situés aux quatre coins du monde, sur un fond musical
gracieuseté des Rencontres internationales du documentaire
ELODIE LE CADRE ’est avec le film Désobéir de Patricio Henriquez que les Rencontres internationales du documentaire de Montréal (RIDM), sous la nouvelle présidence du cinéaste Philippe Baylaucq,ont inauguré leur huitième édition ce jeudi 10 novembre en soirée à la Maison Théâtre. Depuis le vendredi 11 novembre, 15h, et jusqu’au 20 novembre, les cinéphiles pourront parcourir la planète du documentaire avec 117 films en provenance de trente pays. Le mot d’ordre est donné: «Un seul passeport? Celui de la curiosité!» Cet événement entièrement dédié au cinéma du réel, qui met en avant la qualité, la vision d’auteur et la diversité des points de vue, continue de vouloir offrir au public de grands moments de cinéma.Au programme: La Caméra au poing, Parcours intimes, Territoires du réel, Dossiers noirs et Nouveaux regards du Québec. Plus de soixante œuvres réalisées par des cinéastes qui tentent de cerner la complexité du monde. «En ces temps tourmentés où notre vigilance est sollicitée, nous vous proposons une sélection de films et de regards en provenance d’une trentaine de pays. Pour cette 8e édition, nous avons voulu constater l’état de la démocratie dans le monde, avec ses avancées mais aussi ses reculs», a déclaré la directrice générale, Marie-Anne Raulet. À tous les épris de l’histoire du réel en quête de dépaysement et d’enrichissement, les Rencontres sont pour vous!
«Mais quel homme sain d’esprit s’habitue à la mort?» demande Igal Vega. Désobéir: un film qui témoigne de l’importance d’agir selon notre conscience, même en opposition à l’autorité établie. qui vous plonge dans l’univers de l’investigation. Humain, historique… ce film est tout simplement réel, et témoigne de l’importance d’agir selon notre âme et conscience. Mais peutêtre aussi de réfléchir au bienfondé de nos actions militaires… La force de l’union Les Voix de Kallkéri: parcours d’une initiative citoyenne Dans la rubrique «Nouveaux regards du Québec», Les Voix de Kalkeri relate la démarche de Jeunes musiciens du monde, un organisme voué au bien-être et au développement d’enfants défavorisés du Sud de l’Inde. Créé en 2001 par deux Québécois et une Française, le projet est une alternative citoyenne basée sur l’engagement et le respect des traditions identitaires propres à ces communautés. Les principaux fondateurs, Mathieu et Agathe Fortier, vivent en Inde depuis déjà plus de dix ans. Leur intérêt pour la musique classique indienne allié à leur sensibilité face au reste du monde les ont poussés à relever
le défi de fonder une école qui héberge une cinquantaine d’enfants. Avec peu de moyen, ils ont construit des salles de classe, aménagé un hébergement et une cuisine pour les enfants. Pendant deux mois, François Lemieux et la caravane de Gadjo Dilo Films ont suivi l’aventure de ces enfants en quête d’apprentissage et d’une vie meilleure. À travers le récit quotidien de leurs préoccupations, le film témoigne des efforts faits pour préserver la transmission des savoirs traditionnels. En arrière-plan flotte un drapeau où le message du mouvement alter mondialiste, «Another world is possible», est traduit en plusieurs langues. C’est sur ce message que ce film met l’accent. Le réalisateur présente le parcours d’une équipe qui gère un projet intégré dans la société indienne, tout en étant novateur. Les habitants du village apprécient grandement la formation et l’enrichissement personnel offert à ces enfants qui pour la plupart ne sont jamais allés à l’école.
La création de cette école de musique, un projet audacieux, a porté ses fruits puisque les enfants progressent, prennent goût à l’apprentissage. Pour ces enfants d’un milieu défavorisé, c’est une aubaine, ils y trouvent amusement, connaissance et formation: musique, chant, anglais, arts plastiques… Ils apprennent aussi à vivre ensemble, à partager leurs repas, laver leurs vêtements, etc.. «Parce que l’art éveille, ouvre de nouvelles perspectives de réflexion et crée les actions citoyennes de demain» nous dit Mathieu Fortier... La rubrique «Nouveaux regards du Québec» nous permet d’entrer dans le monde du réel si difficile à saisir: il faut l’apprivoiser et en comprendre la complexité pour pouvoir retranscrire les faits et les sentiments. Le réel attire les regards, suscite les vocations: telle est la force de ce film. x Les 8es Rencontres internationales du documentaire se terminent le 20 novembre. Pour plus d’information: www.ridm.qc.ca.
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Wilde et Barnes: une équipe remarquable
culturethéâtre
Un texte immortel mis en scène de façon réussie: voilà The Importance of Being Earnest. AGNÈS BEAUDRY
Lydia Pawelak
S
uite à l’entrevue avec le metteur en scène irlandais de renommée internationale, Ben Barnes, parue dans le numéro du 8 novembre du McGill Daily, je vous propose le point de vue du spectateur au lieu de celui du metteur en scène. Étant présentée jusqu’au 27 novembre au Leanor and Alvin Segal Theatre, The Importance of Being Earnest, une collaboration de ce dernier et de la Soulpepper Theatre Company, est un succès flagrant. La prolifération du théâtre à Montréal fait en sorte que, souvent, comme le dit si bien Lucille Hagège, «nous nous sentons trahis» par un théâtre «qui se complait à nous ignorer et dont l’idéal esthétique se passe de notre participation.» (Le Délit, 20 septembre). La scène théâtrale de la ville de Montréal a fait de moi une spectatrice sceptique. Je suis donc charmée de la surprise que m’a réservée la nouvelle production de Barnes, dans laquelle figurent Damien Atkins, Ben Carlson, Particia Fagan et bien d’autres. Barnes dit dans une entrevue avec The Gazette (le 5 novembre, par Matt Radz) «Je suppose que le vrai défi dans une pièce de théâtre telle que celle-ci est le style et les nuances qui se trouvent dans le langage. Il est difficile pour l’auditoire et les acteurs d’aujourd’hui d’y trouver un réel plaisir et de vraiment l’utiliser.» Eh bien, bravo M. Barnes! C’est là le point le plus fort de cette nouvelle
Une comédie sans âge à laquelle la qualité du jeu et la beauté des décors de la mise en scène de Barnes rendent hommage.
mise en scène de la pièce de Wilde, elle est un délice pour l’oreille et un paradis pour la concentration. Jamais n’ai-je assisté à une pièce (encore moins du répertoire classique) réussissant à rendre le texte avec une telle perfection et clarté. Mille fois bravo! Pour ce qui est des comédiens, le talent concentré sur scène est surprenant. Notons en particulier Damien Atkins dans le rôle de Algernon et Patricia Fagan interprétant
Gwendolen: leur jeu est impeccable, soutenu, sans faille. Leurs personnages sont interprétés solidement, stéréotypés comme le demande la pièce mais sans tomber dans le manque d’originalité et la facilité que présente ce genre de jeu. Sans décevoir, ceux de Samantha Espie dans le rôle de Cecily et de Kevin Bundy (Jack) sont moins constants, mais cela seulement au début des actes ce qui s’oublie facilement. Wilde a dit: «The world is a stage,
Le réveil d’une génération?
but the play is badly cast.» Barnes s’assure que la pareille ne pourra être dite de sa pièce. Je ne manquerai pas l’occasion de souligner le travail remarquable de l’équipe de production. Costumes, éclairage et surtout, décors sont intéressants sans être encombrants. La mise en scène des années vingt s’adapte très bien au texte écrit pendant la période victorienne. Dans l’article cité plus haut, Barnes dit avoir essayé d’ajouter «quelques retouches théâtrales dans le son et la mise en scène. Je pense que nous mettrons ainsi l’emphase sur la sorte d’haute superficialité de la pièce même.» Sans mettre d’emphase sur quoi que ce soi, les effets sonores en question sont plutôt déplacés, trop forts par moment, agaçants même. Mais c’est là mon plus grand reproche... On en sort le sourire aux lèvres, ravivés, ayant envie d’en parler pendant des heures bien que la simplicité de la pièce ne le permette pas. On ira voir The Importance of Being Earnest de Barnes pour rire et se reposer. Pour la première fois, je suis sortie du théâtre me disant: «Que pourrai-je écrire... sauf chapeau!?» x The Importance of Being Earnest est présentée au Leanor and Alvin Segal Theatre (5170 ch Côte-Ste-Catherine) jusqu’au 27 novembre. Pour réservations et information: (514) 739-7944 et www.saidyebronfman.org.
culturethéâtre
Spring Awakening, ou la déception face au manque de réactions... KARIN LANG faisait pas rire, sursauter ou tout simplement vibrer. Rien n’était particulièrement hors du commun ou percutant. Juste une triste reproduction des problèmes que l’on peut rencontrer dans notre société d’aujourd’hui. Notre état blasé face à cela est regrettable, mais pourtant pratiquement impossible à réfréner. Le théâtre ne doit-il pas justement nous faire sortir de notre quotidien, nous faire rêver ou nous faire hurler? Il doit en tout cas nous faire réagir. La mise en scène de Spring Awakening gardait une platitude qui laissait le spectateur détaché de ce qu’il voyait. Quand on pense au fait que le théâtre affronte de nos jours la concurrence de la télévision, du cinéma et d’autres grandes productions médiatiques, il se doit de garder une originalité: celle de communiquer directement avec son public. C’est-peut être cela qui manquait dans la pièce. Tout au long des trois heures, je ne me suis sentie impliquée à aucun moment. Mon manque de réaction était presque ce qu’il y avait de plus étonnant. Peut-être que finalement la réaction face à la pièce n’était pas celle escomptée, mais toutefois intéressante à observer. Nous ne réagissions pas face à ce que nous voyions, mais à ce manque de surprise face à des thèmes si cruciaux. C’est une réelle prise de conscience du fonctionnement de la pensée de notre génération, même assez
Derek Koldhoff
L
a pièce anglaise Spring Awakening, écrite par Frank Wedekind et mise en scène par Gabrielle Soskin, est à propos de nous, étudiants. De nos problèmes de cœur, de nos questionnements face à la vie, de nos relations avec les adultes, de nos douleurs. Ces thèmes auraient dû m’enthousiasmer, mais je suis sortie dans un état de presque indifférence. Étant allée voir cette pièce avec une amie passionnée de théâtre, nous en avons beaucoup discuté pendant l’entracte et un peu plus tard dans la soirée. Comment expliquer notre réaction? La pièce prenant place à la fin du XIXe siècle avait un public bien différent de celui d’aujourd’hui. Il est tout à fait compréhensible qu’à l’époque le public ait dû être extrêmement surpris, voire scandalisé par les thèmes abordés si explicitement par l’auteur. Du viol au suicide ou à l’avortement, il est évident qu’une société bien moins ouverte à la liberté des mœurs aurait éprouvé un sentiment des plus vifs au moment de la première représentation. Pour nous, toutefois, la situation est différente. Notre besoin d’être choqués et presque constamment divertis est devenu un désir inconscient. C’est un problème, je le reconnais, mais c’est aussi une réalité. Assister à des scènes qui me paraissaient tout droit sorties de ma réalité quotidienne ne me
Melchior (Aaron Turner) et Wendla (Kate Flecther) dans une position comprometante... le siècle passé.
troublante je dois avouer. Pour rendre justice aux acteurs, il est nécessaire d’indiquer qu’ils avaient un défi de taille à surmonter: l’absence de décors. L’acteur peut normalement se mouvoir sur une scène proposant un décor qui vient soutenir ses paroles et monologues. Dans cette pièce, il n’y avait rien d’autre que parfois une table ou un banc. Les acteurs ont su, par leur expression corporelle et leur présence
sur scène, capter l’attention et véritablement prendre possession de leur espace. C’est sans aucun doute la plus grande qualité de cette représentation. x Spring Awakening sera présentée au Théâtre La Chapelle (3700 rue St-Dominique) jusqu’au 20 novembre. Pour plus d’information : (514) 8437738 ou www.cam.org/~tlc/.
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Spectacle poétique pour renouer avec nos racines
culturescène
Le MAI a présenté Manitowapan, la nouvelle création de Gaétan Gingras. CLÉMENCE REPOUX l’artiste, ces formes d’expression prenaient une part très importante dans la vie des premiers peuples. «Ils étaient des rites puissants, capables de réparer des ponts cassés entre le visible et l’invisible». C’est à travers ces rituels qu’était transmise de génération en génération une vision du monde réel et du monde des esprits. Gaétan Gingras s’intéresse à ces rites parce qu’il croit que «la reconnaissance profonde du monde spirituel dans notre monde quotidien a, en soi, un grand potentiel pour guérir nos façons de plus en plus matérialistes de vivre». Poussé par cette inspiration, il nous offre son nouveau spectacle: Manitowapan, un spectacle de toute beauté, plein de poésie, de magie, qui nous transporte dans un autre univers. On découvre ce monde de légendes et de croyances, où le respect des forces de la nature semble maintenir un équilibre qui nous est inconnu. Je veux rendre justice au très grand talent des artistes qui participent à ce spectacle et lui donnent toute sa profondeur. La voix du conteur, Robert Steven-Crows Bourdon, donne vie à l’improbable. Il dit qu’«il est primordial de conserver les enseignements sacrés car ils sont la source d’une authentique liberté». La danseuse, Sophie Lavigne, qui a étudié la danse à l’Université du Québec à
Rolline Laporte
«M
a démarche artistique s’articule non seulement autour du conte et de la danse, présents dans les cultures indigènes, mais aussi autour du désir de rendre visible le rapport entre l’esprit et la matière, entre l’esprit et le corps et, depuis tout récemment, entre la parole et le mouvement», commente Gaétan Gingras. L’artiste est un IroquoisMohawk qui a étudié la danse à l’Université Concordia, avec la Compagnie de danse Eddy Toussaint et au Toronto Dance Theatre. Il a travaillé avec les compagnies Desrosiers Dance Theatre, Carbone 14 et O Vertigo Danse. Sa carrière a atteint un moment charnière lorsqu’il fut recruté par la Fondation nationale des réalisations autochtones pour être le soliste dans In the Land of the Spirit de John Kim Bell. Il part alors à la recherche de ses propres origines autochtones, qui inspireront désormais son art. Il a depuis présenté une dizaine de chorégraphies dans différents festivals et reçu le prix de la Fondation Clifford E. Lee en 1998. Après quelques années d’absence, il revient avec Manitowapan, qui fut présenté au MAI (Montréal, Arts Interculturels) du 10 au 13 novembre. Manitowapan est un spectacle poétique basé sur le conte et la danse. Comme l’explique
Un retour aux cultures et rites d’antan: c’est ce que nous offre le spectacle Manitowapan.
Montréal, montre un talent d’interprétation absolument remarquable. Elle donne vie aux différentes allégories qu’elle incarne avec un réalisme troublant. Et enfin, je veux absolument dire un dernier mot sur l’éclairage, œuvre de Mike Inwood, qui était vraiment
Le «tripatif» Languirand, toujours aussi pertinent!
extraordinaire et mettait parfaitement en valeur la magie de l’ensemble. x Pour plus d’information: www.manitowapan.org et www.m-a-i.qc.ca.
culturemédias
Jacques Languirand tient la barre de Par 4 Chemins depuis maintenant 35 ans. ALEXANDRE VINCENT faciles sur lesquels naviguer. Curieux de nature Si cet homme tient la barre de Par 4 Chemins depuis 35 ans, c’est qu’il a une soif de comprendre ce qui l’entoure. «Je me dis parfois que c’est extraordinaire combien on peut être ignorant de l’origine de notre époque, avance-t-il. Notre modernité repose en fait sur un paquet d’inventions dont nous ne soupçonnons guère l’existence. C’est incroyable comment on peut être ignorant!» Le nouveau sujet auquel s’attaque M. Languirand est la mécanique quantique. Mais qu’est-ce que la mécanique quantique? C’est tout simplement une théorie qui nous permet d’accéder à l’infiniment petit (photons, neutrons etc.). Sujet inutile? Certes pas, puisque la plupart de la technologie que notre génération se targue d’utiliser repose sur la mécanique quantique: magnétoscope, transistors, lecteur MP3 et bien plus. Et surtout, oubliez les millions de formules qui déboucheront sur d’autres et ainsi de suite. M. Languirand n’en a rien à foutre, comme nous aussi d’ailleurs. Ce qui l’intéresse c’est le raisonnement, la démarche derrière tout ça. Comment expliquer que des penseurs ont imaginé le vide de la matière près de 500 ans avant Jésus-Christ quand l’homme
Nicole Dumais
V
ous arrive-t-il de vous demander «Dans quel monde vivons-nous?» Et bien, vous n’êtes pas les seuls! Il y a maintenant plus de 35 ans que Jacques Languirand tente de répondre à cette question par l’entremise de son émission de radio, Par 4 chemins, à Radio-Canada. Dans une émission passionnante où le sérieux côtoie l’humour, où la légèreté se mélange au sérieux, M. Languirand transmet des informations «tripatives» à ses auditeurs. Homme de communication, il a reçu une liste impressionnante de prix de toutes sortes. Vulgarisateur hors pair, il traite de sujets pertinents pour quiconque s’intéresse de près ou de loin à l’homme. «Je mâche l’information pour ceux qui veulent bien la digérer», comme il se plaît à dire. Il est impossible de résumer tous les sujets dont cet homme, au passé impressionnant, a pu traiter. Depuis le printemps 1998, Par 4 Chemins dispose d’un site Internet qui met à la disposition de tous plus de dix mille pages d’information! Philosophie, environnement, consommation de masse, comment réagir en période de stress (idéal pour vos fins de session): voilà quelques sujets pour ne vous donner qu’un avant-goût. Je serais prêt à gager que vous y trouverez un sujet qui vous intéresse. De plus, ce site est l’un des plus
Jacques Languirand scrute le monde par l’entremise de son émission de radio, Par 4 Chemins.
n’a découvert l’électron qu’en 1900! Quoi! Il vous faut un autre exemple, quelque chose d’encore plus moderne? Eh bien les spécialistes et philosophes qui oeuvrent dans le milieu de la mécanique quantique avancent
que «ce qui se rapproche le plus de la réalité dans laquelle nous vivons serait le film The Matrix. Étonnant!» Apprendre par soi-même Ce qu’il y a de plus étonnant, c’est que M. Languirand est un autodidacte. Lui qui a quitté l’école très tôt n’a jamais attendu qu’une université lui offre un cours et que quelqu’un le gave de théorie. S’il veut savoir, il va puiser l’information où il pense la trouver, une démarche tout à fait à l’opposé de notre système d’éducation et de notre génération de «tout cuit dans l’bec». «J’ai été poussé par moi-même à tirer mes propres conclusions plutôt que de les attendre des autres. Peut-être que vous soulevé, mon cher ami, le plus grand problème de notre système d’éducation où l’élève attend que les portes s’ouvrent devant lui quand il s’agit en fait de se les ouvrir soimême.» Malgré cet article, il n’y a rien comme l’écoute de l’émission pour être charmé. Il vous suffit simplement de tendre l’oreille et d’être curieux. x Par 4 Chemins passe le dimanche soir, de 20h à minuit, à la Première chaîne de Radio-Canada, 95,1 FM.
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Émerger du silence à Montréal
culturemusique
Sortir de l’ordinaire, se faire remarquer dans la scène musicale montréalaise, c’est ce dont nous parle Sire. SAMUEL ST-PIERRE THÉRIAULT Philippe G. Lopez
À
Montréal, on dirait que tout le monde est musicien ou artiste d’une manière ou d’une autre. Dans ce contexte, il est souvent difficile de se faire une place sur la scène musicale montréalaise. J’ai parlé de musique émergente avec deux des membres du groupe pop-rock Sire. Pour Ilan Shahin, étudiant en Sciences à McGill ainsi que chanteur et guitariste de Sire, la meilleure manière de se faire connaître est de jouer devant une foule. «Nous avons organisé notre premier spectacle en louant un hall et en invitant nos amis. Par la suite, on a enregistré un petit demo sur un ordinateur et on a envoyé ça aux bars et clubs de la région. Peu à peu, on a commencé à se faire connaître, les gens nous demandent de remplir des places, d’ouvrir pour les autres et nous on se bâtit une réputation.» Olivier Leblond, batteur du groupe, insiste aussi sur l’importance de se créer
Sire n’hésite pas à faire usage des nouvelles technologies pour rejoindre ses fans, et pour en gagner des nouveaux.
un réseau: «Jouer des concerts avec d’autres groupes c’est bon parce que tu as la chance de jouer pour leurs fans qui ne te connaissent pas nécessairement.» Sire fait aussi usage des nouvelles technologies pour rejoindre ses fans ainsi que pour en gagner de nouveaux. Ils ont créé
leur propre site Internet sireband. com. Ils ont aussi un espace sur myspace, myspace.com/siremtl. «Ce que ces sites nous ont permis de faire, c’est de se faire entendre par des gens qui ne nous écouteraient probablement pas autrement. Un disque compact ou un spectacle ça coûte quand même assez cher. Mais
avec l’Internet on a un endroit où les gens peuvent venir écouter quelques chansons et juger d’eux mêmes s’ils aiment ça assez pour ensuite débourser de l’argent» me raconte Ilan. L’Internet permet aussi aux jeunes groupes de créer des liens entre eux me dit Olivier «Un groupe de l’Oklahoma nous avait trouvé sur myspace et on était supposé jouer avec eux, mais ils n’ont malheureusement pas pu rentrer au Canada parce qu’ils avaient des dossiers criminels», me raconte-t-il en riant. Un autre outil de promotion intéressant: le concours Emergenza. Ce concours international pour groupes émergeants regroupe plus de 256 ensembles de musique et, cela, seulement à Montréal. Le concours est en fait une série de spectacles, chaque spectacle nous permet de découvrir de sept à neuf groupes. Les meilleures formations sont sélectionnées par le public, les
www.delitfrancais.com
L’aventure du vin
Sire sera en concert le 16 novembre au Green Room, le spectacle est gratuit. Vous pourrez aussi les voir le 19 novembre au Petit Cabaret dans le cadre du Festival Emergenza, le coût est de 12$.
«In vino veritas»
FLORA LÊ
«Comme de toute chose, il y a un secret du vin; mais c’est un secret qu’il ne garde pas. On peut le lui faire dire: il suffit de l’aimer, de le boire, de le placer à l’intérieur de soi-même. Alors il parle. En toute confiance, il parle.» Francis Ponge
L
groupes sélectionnés avancent aux prochaines rondes. Les gagnants du concours auront l’opportunité d’aller en Allemagne pour participer à un festival, ils auront aussi la chance d’enregistrer un album. «Même si on ne gagne pas, cela va nous permettre de rencontrer les autres groupes et d’ainsi bâtir notre réseau» me dit Olivier. «L’important n’est pas d’être fameux ou de se faire reconnaître dans la rue. Il faut vraiment aimer la musique. On a tous d’autres ambitions dans la vie, mais la musique c’est vraiment une passion» me raconte ce grand gaillard, un sourire collé aux lèvres. x
’idée de faire une chronique sur le vin m’est venue soudainement, et j’aimerais commencer par vous en donner les raisons. Mon histoire d’amour avec le vin a commencé quand j’ai décidé de travailler dans la restauration, à l’été de mes seize ans. Cela fait maintenant sept ans que je roule ma bosse de restaurants en restaurants, dans des plus chics et des plus crados, et par ce travail j’ai pu me trouver en contact avec des produits que je n’aurais jamais connus autrement. Aujourd’hui, après plusieurs cours, salons et dégustations, je commence à me débrouiller dans le vaste monde du vin qui, je ne vous le cacherai pas, n’est pas facile d’accès. J’ai eu la chance de goûter des vins incroyables, de humer des scotchs plus vieux que moi, et des portos rares. Mais surtout, j’ai appris à connaître un monde de finesse et de perfection, où la complexité n’a pas son égal. Si je n’avais pas travaillé en restauration, je n’aurais jamais autant approfondi le plaisir de boire du vin et de goûter de nouveaux produits. Bien sûr, au début, j’ai commencé à le faire parce que c’était mon travail, je devais vendre des bouteilles de vin, et plus elles étaient chères, plus je pouvais espérer de pourboire. Mais aujourd’hui, je retire une grande satisfaction des connaissances que j’ai acquises, ne serait-ce qu’en choisissant un vin au restaurant, ou en conseillant une amie sur un porto. Je crois qu’une connaissance rudimentaire du monde du vin est essentielle pour qui aime les plaisirs de la table, mais aussi dans la vie de tous les jours, puisque ces connaissances font partie à mon avis de la vie sociale. À tout moment on est invité à se joindre
à un repas et on doit amener une bouteille de vin. Quoi apporter? Ou encore on se trouve au restaurant avec des amis et on vous remet une carte des vins interminable. Quoi commander? Le serveur vous fait une suggestion au restaurant, «un vin superbe» vous dit-il… on le croit sur parole? Vous êtes en route pour un vin et fromage et passez à la SAQ acheter une bouteille de vin. Faut-il préférer du blanc ou du rouge? Ou pire, votre dulcinée a enfin accepté un premier rendez-vous, qui se résume à un film et une bouteille de vin. Elle vous précise qu’elle aime le vin fruité, puissant, mais pas trop sec. Quoi acheter pour l’impressionner sans vous casser? Ce qu’il faut comprendre du vin, c’est que ce monde ne se résume pas à l’addition de toutes les bouteilles qui le forme. Non, ce serait alors un immense fouillis où le meilleur des sommeliers ne s’y retrouverait pas. Au contraire, une grande logique sous-tend cette industrie, et comme dans n’importe quelle discipline, quand on connaît ses quelques principes fondamentaux, on peut à peu près tout déduire ensuite. Les vins, ça se résume à quelques notions: les terroirs, les cépages, les méthodes de vinification, le climat, et les années. Si vous maîtrisez ces quelques concepts, vous pouvez sans problème prendre n’importe quelle bouteille et évaluer grosso modo le goût qu’elle aura. Parce que le vin, c’est avant tout logique, même si ça semble tellement chaotique. Alors voici ce que je voulais vous proposer. J’aimerais tenter de faire avec vous un survol des principales notions à la base du vin, pour vous éviter de passer pour le dindon de la farce en demandant au serveur où se trouve le Primitivo, ou si le médoc est un cépage rouge… En moins de quelques notions, vous serez en pleine possession de vos moyens où que le vin se présente, et, je l’espère, vous découvrirez des petits bijoux qui vous donneront goût au bon vin. Finie la piquette!
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La semaine prochaine: la topographie du vin… Questions et commentaires? flora.le@mail.mcgill.ca.
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xLe Délit • 15 novembre 2005 Green Carnation The Quiet Offspring (The End Records)
Books on Tape Dinosaur Dinosaur (Alien8 Recordings)
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omme avec tous les disques qui sortent des portes de Alien8, on savait d’avance que Dinosaur Dinosaur serait un produit assurément original. Cette nouvelle parution de l’étiquette montréalaise est le fruit de Books on Tape, pseudonyme de Todd Drootin, musicien, manipulateur de son et électrophile de LosAngeles. Œuvrant dans le genre qu’il a baptisé le beatpunk, il nous livre un collage cacophonique de techno old school à la Aphex Twin, auquel il fusionne la batterie acoustique, la guitare électrique ainsi qu’une myriade de sons divers dont l’origine demeure inconnue. Chaotique et parfois agressif, le mélange sonore demeure solidement ancré sur des rythmes simples et solides d’inspiration hip-hop qui sauront vous faire danser tandis que vous vous arracherez les cheveux.
Derrière la belle pochette, conçue par l’ex-Unicorn Nick Diamond, le paysage de Dinosaur se révèle être hostile à l’auditeur qui ne sait pas déjà apprécier les genres de musique plus durs tel que le noise ou le techno extrême. Bien que l’écoute soit difficile, on commettrait une grande erreur en assumant qu’elle n’a aucune valeur avant d’avoir pris le temps d’y retirer ce qu’on peut. Ce ne sera pas pour ses jolies mélodies qu’on l’appréciera, c’est assuré, mais pour la profondeur de ses atmosphères captivantes, ainsi que pour l’impressionnante innovation dont ces quatorze bricolages bizarres font preuve. Bien entendu, c’est un disque destiné à éviter le classement aux palmarès pop, mais lorsqu’on regarde ces derniers, la question se pose si cela est vraiment une mauvaise chose de ne pas en faire partie. Si une chose est certaine, c’est que ce n’est pas aux palmarès que les auditeurs susceptibles d’apprécier Books on Tape nourrissent leurs appétits musicaux. Pour les fidèles il reste seulement à savoir si un tel assaut sonore pourra être reproduit en salle de concert. x JACQUES CORMIER
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irectement du pergélisol norvégien, Green Carnation a fait paraître en début d’année The Quiet Offspring, le quatrième album de sa discographie. Le groupe est peu connu au Canada mais vient d’effectuer un concert à Toronto afin d’introduire son œuvre au public nord-américain. Les débuts tumultueux de Green Carnation remontent à 1990. Le groupe n’a pu enregistrer qu’un démo avant que le bassiste Terje Shei – mieux connu sous le pseudonyme Tchort – soit recruté par l’incontournable groupe de black metal Emperor. Entre temps, bon nombre des musiciens de Green Carnation ont formé In The Woods…, un collectif axé sur le métal expérimental. En 1999, Tchort donne une nouvelle vie à son groupe. La consécration arrive trois ans plus tard avec la sortie de Light of Day, Day of Darkness, un opus essentiel à tous les fans de métal
PIERRE-OLIVIER BRODEUR n ne peut dire que l’actualité littéraire soit pleine de rebondissement. De nombreuses parutions, quelques prix du gouverneur général (refusés de temps à autres) et, lorsque nous sommes particulièrement chanceux, une ou deux déclarations polémiques de la part d’un auteur. Par conséquent, lorsqu’un évènement littéraire de taille survient, tous les médias se jettent dessus comme des vautours affamés sur une tendre charogne qui, «les jambes en l’air, comme une femme lubrique, […] ouvr[e] d’une façon nonchalante et cynique son ventre plein d’exhalaisons» (vous aurez reconnu ce cher Baudelaire…) Nous aurons une fois de plus droit à ce dégoûtant spectacle la semaine prochaine avec la tenue de l’annuel Salon du livre de Montréal, affublé cette année du thème «Tous les visages du livre se dévoilent au Salon». Comme vous pouvez le deviner, je suis loin d’être un partisan de cet événement. Et pourquoi le serais-je? Il n’y est nullement question de
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ALEXANDRE DE LORIMIER
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Mes amours décomposés
Les rêveries du lecteur solitaire
progressif. L’album ne contient qu’un titre titanesque de soixante minutes exécuté par une trentaine de musiciens. Les amateurs du groupe auront tout de suite remarqué le changement de direction musicale. The Quiet Offspring laisse de côté les mouvements épiques pour des mélodies qui s’apparentent au rock progressif, voire au rock tout court. Tchort a bien compris qu’il ne pourrait jamais reproduire le chef-d’œuvre qu’est Light of Day, Day of Darkness. Il a réussi à créer onze titres qui sont indépendants les uns des autres et qui gardent un structure diversifiée. Les guitares sont pesantes sans être trop lourdes et les séquences s’enchaînent avec aise. Bien qu’il ait fait partie d’un groupe de black metal, les racines du bassiste devenu guitariste sont bien ancrées dans la mélodie, que l’on retrouve dans tous ses projets. De son côté, le chanteur Kjetil Nordus est particulièrement expressif et reproduit avec éloquence l’émotion des textes de Tchort. Parsemé de mélodies percutantes, The Quiet Offspring est un album accessible qui devrait plaire à tous les fans de rock et de métal avant-gardiste. Après six ans de vie active, Green Carnation est un groupe à découvrir. x
littérature, mais bien de livres, ce qui oriente de manière tout à fait mercantile ce salon, dont le seul but est de vendre, peut importe quoi. En effet, une rapide visite vous convaincra que, dans ce lieu, les maisons d’édition règnent en maîtres et que les auteurs, à l’exception des rares Marie Laberge de ce monde, sont relégués au rang de vassaux, comme si leur contribution à cet événement n’était, somme toute, qu’accessoire. Après tout, ce salon n’est-il pas avant tout célébration du contenant, aussi vide soit-il? De plus, le Salon du livre témoigne d’une marginalisation grandissante de la littérature dans la société. Le littéraire est en effet de plus en plus cantonné dans un espace restreint, comme en témoigne la place accordée à la littérature dans les grands quotidiens. Jadis présente dans le premier cahier, elle est maintenant reléguée au second plan, dans un cahier autonome et bien distinct des autres afin qu’on puisse facilement l’écarter, et n’est abordée qu’une fois par semaine, habituellement le dimanche, jour du Seigneur pendant lequel nous devrions tous nous reposer. Séparé du reste du monde vécu, le champ littéraire n’est plus perçu que comme sans lien avec celuici et dénué de toute importance. Le même phénomène se produit lorsqu’on l’enferme dans un salon: on le marginalise en le reléguant du côté des loisirs, entre l’artisanat et l’automobile. On en parle pendant quatre jours, on y va comme on va au zoo, pour observer des choses rares et inusitées. «Regarde, maman! Un livre intellectuel…» Ceci étant fait, on a bonne conscience, on est persuadé d’avoir fait sa part pour la littérature et, surtout, on n’a plus besoin de s’en préoccuper pour toute une année.
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Calendrier SEMAINE DU 15 AU 21 NOVEMBRE Expositions Sous le Soleil, exactement! – œuvres de Braque, Loubon, Vernet, Signac, Van Gogh et plus – visite guidée organisée par le Réseau des Francos suivie d’une discussion – mercredi 16 novembre – 17h – Musée des beaux-arts – places gratuites sur inscriptions – envoyer nom et prénom à reseaudesfrancos@yahoo.ca Sights & Scenes from Around the World – photographie – jusqu’au vendredi 18 novembre – Brown Student Services Building, 2e étage – entrée libre Magasine Littéraire Stationæry ‘zine – soirée de lancement de la 8e édition – musique par The Red Wool Sweaters et lectures de poésie – vendredi 18 novembre – 21h – 3643 St. Laurent, 4e étage – entrée libre – www.stationaery.com Théâtre The Last FiveYears de Jason Robert Brown – comédie musicale mise en scène par Heather Rose et Jamie Pohotsky – présentée par le Player’s Theatre – du 17 au 20 novembre – 20h en semaine/14h le dimanche – Pavillon Shatner, 3e étage – ssmu.
mcgill.ca/players ou (514) 398 6813 Fool for Love de Sam Sheppard – mise en scène de Kellie Celia – présentée par le TNC Theatre – du 16 au 19 novembre et du 23 au 26 novembre – (514)398-6600 ou tnc_ theatre@hotmail.com Cinéma Marathon de films internationaux – Goodbye Lenin (film allemand) et Leila (film iranien) – mercredi 16 novembre – Mike Weser for Chocolat (film mexicain) et L’Ife fis Beau-fils (film italien) – jeudi 17 novembre – Salon du MISN, Pavillon Shatner – 19h – entrée libre Lecture Publique «The succes of the UN Peace Process in Sierra Leone» – Dr. Jon Unruh (département de géographie) – suivi d’une collation – mardi 15 novembre – 16h30 à 18h15 – Pavillon de Droit, Moot Court – entrée libre Musique Ensemble de percussion de McGill – directeur Fabrice Marandola – œuvres de Cage, Ohana, et Martynciow – samedi 19 novembre – 20h – Salle Polack – (514)398-5530
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xLe Délit • 15 novembre 2005