délit | 10 janvier 2006 02 xle www.delitfrancais.com
Nouvelles
Élections fédérales: en avant comme avant? Ce qui a changé dans la course entre les libéraux et les conservateurs. national Giacomo Zucchi Le Délit
A
près la courte pause du temps des Fêtes, la campagne électorale amorce sa seconde moitié avec des données qui placent les conservateurs de Stephen Harper devant les libéraux de Paul Martin. Le Délit a rencontré Carman Miller, professeur d’histoire canadienne et doyen de la faculté des Arts de 1995 à 2003, afin d’obtenir ses commentaires.
Un nouveau Stephen Harper? Selon le professeur Miller, cette avance du Parti conservateur n’est pas un hasard. Elle est plutôt due à la nouvelle image de lui que Stephen Harper a réussi à façonner: «Harper a parlé au Québec de façon attrayante. Et ceci est important, non seulement pour le Québec, mais aussi pour donner confiance au reste du Canada qu’un gouvernement conservateur serait capable d’agir pour les intérêts québécois. Je crois que nous sousestimons la valeur que les citoyens des autres provinces attribuent au
Québec», explique-t-il. D’après M. Miller, le chef conservateur a aussi réussi à adoucir l’image de son parti en mettant plus d’accent sur des
«Je crois que nous sousestimons la valeur que les citoyens des autres provinces attribuent au Québec.» débats liés aux intérêts du centre plutôt qu’à la droite politique. Le professeur souligne cependant que Stephen Harper ne semble pas toujours mesurer les conséquences de ses propos et devrait être un peu plus prudent. Ainsi, le chef conservateur s’est montré ouvert à la possibilité
d’une présence du Québec sur la scène internationale. «Tout ça est bien beau, mais il faut qu’il se rende compte [que] ce qu’il dit […] est risqué par rapport à la constitution.» Les stratégies de Paul Martin en éducation Du côté libéral, Paul Martin a dévoilé la semaine dernière de nouvelles stratégies pour le financement des études postsecondaire et promis le versement de plusieurs milliards de dollars directement aux étudiants si le gouvernement libéral est réélu. Le Parti conservateur n’a pas encore annoncé de plan important à ce sujet. Le professeur Miller demeure cependant optimiste en
ce qui a trait aux changements positifs que pourront apporter ces élections: «Le Canada devrait miser plus sur l’éducation et sur la recherche, non seulement dans les sciences et la technologie mais aussi dans les sciences humaines. Il s’agit du futur de notre pays. C’est un pays riche en ressources et nous devrions justement les valoriser.» suggère-t-il avec conviction. Pour ce qui est de McGill même, Miller a confiance que l’Université sera capable de garder son haut niveau académique, à condition toutefois que les ressources soient mobilisées de façon intelligente. Bien sûr, il aimerait voir plus de financement en recherche et sous forme de bourses: «Plus d’argent ne peut pas faire de mal.» x
Le Délit est à la recherche de collaborateurs. Journalistes, photographes, illustrateurs, mise-enpagistes. Participez! Aucune expérience requise. Passez nous voir en réunion les mardi dès 16h30. Ou envoyeznous un courriel. Nos coordonnées sont à droite.
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Élections fédérales: en avant comme avant? Ce qui a changé dans la course entre les libéraux et les conservateurs. national Giacomo Zucchi Le Délit
A
près la courte pause du temps des Fêtes, la campagne électorale amorce sa seconde moitié avec des données qui placent les conservateurs de Stephen Harper devant les libéraux de Paul Martin. Le Délit a rencontré Carman Miller, professeur d’histoire canadienne et doyen de la faculté des Arts de 1995 à 2003, afin d’obtenir ses commentaires.
Un nouveau Stephen Harper? Selon le professeur Miller, cette avance du Parti conservateur n’est pas un hasard. Elle est plutôt due à la nouvelle image de lui que Stephen Harper a réussi à façonner: «Harper a parlé au Québec de façon attrayante. Et ceci est important, non seulement pour le Québec, mais aussi pour donner confiance au reste du Canada qu’un gouvernement conservateur serait capable d’agir pour les intérêts québécois. Je crois que nous sousestimons la valeur que les citoyens des autres provinces attribuent au
Québec», explique-t-il. D’après M. Miller, le chef conservateur a aussi réussi à adoucir l’image de son parti en mettant plus d’accent sur des
«Je crois que nous sousestimons la valeur que les citoyens des autres provinces attribuent au Québec.» débats liés aux intérêts du centre plutôt qu’à la droite politique. Le professeur souligne cependant que Stephen Harper ne semble pas toujours mesurer les conséquences de ses propos et devrait être un peu plus prudent. Ainsi, le chef conservateur s’est montré ouvert à la possibilité
d’une présence du Québec sur la scène internationale. «Tout ça est bien beau, mais il faut qu’il se rende compte [que] ce qu’il dit […] est risqué par rapport à la constitution.» Les stratégies de Paul Martin en éducation Du côté libéral, Paul Martin a dévoilé la semaine dernière de nouvelles stratégies pour le financement des études postsecondaire et promis le versement de plusieurs milliards de dollars directement aux étudiants si le gouvernement libéral est réélu. Le Parti conservateur n’a pas encore annoncé de plan important à ce sujet. Le professeur Miller demeure cependant optimiste en
ce qui a trait aux changements positifs que pourront apporter ces élections: «Le Canada devrait miser plus sur l’éducation et sur la recherche, non seulement dans les sciences et la technologie mais aussi dans les sciences humaines. Il s’agit du futur de notre pays. C’est un pays riche en ressources et nous devrions justement les valoriser.» suggère-t-il avec conviction. Pour ce qui est de McGill même, Miller a confiance que l’Université sera capable de garder son haut niveau académique, à condition toutefois que les ressources soient mobilisées de façon intelligente. Bien sûr, il aimerait voir plus de financement en recherche et sous forme de bourses: «Plus d’argent ne peut pas faire de mal.» x
Le Délit est à la recherche de collaborateurs. Journalistes, photographes, illustrateurs, mise-enpagistes. Participez! Aucune expérience requise. Passez nous voir en réunion les mardis dès 16h30. Ou envoyeznous un courriel. Nos coordonnées sont à droite.
Éditorial Proposition indécente
xle délit | 10 janvier 2006 www.delitfrancais.com
xle délit LE SEUL JOURNAL FRANCOPHONE DE L’UNIVERSITÉ MCGILL
RÉDACTION 3480 rue McTavish, bureau B•24 Montréal (Québec) H3A 1X9 Téléphone : +1 (514) 398-6784 Télécopieur : +1 (514) 398-8318 redaction@delitfrancais.com
Les libéraux de Paul Martin essaient d’acheter notre vote. national
de retrait avec compensations financières négocié à la dure en 1999 lors de la querelle fédéralprovincial sur les bourses du millénaire.
David Drouin-Lê Le Délit
L
a formule est classique. Si on vous demandait de passer une nuit avec quelqu’un que vous ne voulez absolument pas voir dans votre lit, vous refuseriez sur-le-champ, invoquant de sérieuses raisons de principe. Cependant, si cette proposition était accompagnée d’un montant d’argent important, disons 6000 ou 12 000 dollars, admettez que vous y penseriez à deux fois pour envoyer vigoureusement promener votre interlocuteur. C’est le pari qu’ont fait les libéraux de Paul Martin à l’endroit des étudiants canadiens durant la campagne électorale.
Quelques faits Le 5 janvier dernier, l’équipe libérale en campagne en Ontario a annoncé en grande pompe un plan d’aide financière aux étudiants du pays: 3,1 milliards échelonnés sur cinq ans, plan qu’ils appliqueraient dans l’éventualité de leur réélection le 23 janvier prochain. Ainsi, un cinquième gouvernement libéral dépenserait environ 600 millions par année pour payer la moitié des droits de scolarité des étudiants canadiens jusqu’à concurrence de 3000 dollars annuellement. Plus précisément, tous les étudiants sans exception recevraient de l’argent du fédéral lors de leur première et dernière année à l’université. Les étudiants les plus démunis toucheraient des fonds fédéraux à chaque année d’études au baccalauréat. Il est nécessaire de noter que cette annonce ne concerne pas directement le Québec puisque la province jouit d’un droit
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Des réactions pessimistes L’annonce de cette mesure n’a suscité aucun enthousiasme dans le milieu de l’éducation, tant au niveau des directions d’université que des mouvements étudiants. En effet, lors de la précédente campagne électorale il y a un an et demi, Paul Martin avait aussi promis un réinvestissement annuel de quatre milliards dans les transferts fédéraux aux provinces pour l’éducation postsecondaire. Évidemment, cette promesse libérale a été sans lendemain et aucun fonds n’a été réinjecté par le gouvernement minoritaire de Paul Martin. Le plus odieux dans toute cette affaire est que le gouvernement fédéral, même en transférant quatre milliards de plus par année dans le système universitaire comme le demande le milieu de l’éducation depuis des années, ne ferait que rétablir le montant qui était accordé jusqu’en 1994. Soulignons que depuis le coût de la vie a passablement augmenté en raison de l’inflation, tout comme le nombre d’étudiants fréquentant l’université. Pour en revenir à l’année 1994, le ministre des Finances du Canada, un certain Paul Martin, avait divisé par deux l’aide fédérale à l’éducation post-secondaire dans la lutte contre le déficit. Il avait par le fait même refilé aux provinces la gestion du désinvestissement fédéral dans l’éducation. Celles-ci, confrontées aussi à la problématique de la lutte au déficit, ont dû faire face à des
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La surconsommation L’AÉUM et ses clubs du temps des fêtes en action
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Rédacteur en chef david.drouinle@delitfrancais.com David Drouin-Lê Chefs de pupitre–nouvelles nouvelles@delitfrancais.com Laurence Bich-Carrière Jean-Philippe Dallaire Chef de pupitre–arts&culture artsculture@delitfrancais.com Agnès Beaudry Rédacteurs-reporteurs Maysa Pharès Marc-André Séguin Coordonateur de la production production@delitfrancais.com Alexandre de Lorimier Coordonateurs de la photographie Éric Demers Mathieu Ménard Coordonateur de la correction Pierre-Olivier Brodeur Chef-illustrateur Pierre Mégarbane choix déchirants. Afin de maintenir le même niveau de qualité dans les universités, beaucoup de provinces ont opté pour un dégel majeur des droits de scolarité. En Ontario, ces droits ont été parfois multipliés par dix et dépassent les 20 000$ à l’Université de Toronto. Au Québec, le gouvernement, dans le but de maintenir l’accessibilité au réseau universitaire, a sabré dans son budget, ce qui n’a pas été sans conséquence. Une absurdité électoraliste Nous voilà donc en présence d’une superbe absurdité électorale dans la mesure où le premier ministre a, la semaine dernière, fièrement pris l’engagement de défrayer une partie des frais de scolarité des étudiants canadiens, qu’il a lui-même contribué à faire exploser alors qu’il était ministre des Finances! Dans le cas spécifique du Québec, la promesse libérale
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risque de ne rien améliorer. En raison de son droit de retrait en matière de bourses fédérales en éducation, le gouvernement Charest pourrait décider d’utiliser les fonds fédéraux ainsi récupérés à d’autres fins. Cela ne serait pas possible si les libéraux fédéraux avaient décidé de spécifiquement augmenter les transferts fédéraux-provinciaux en éducation. En terminant, soulignons l’objectif réel des libéraux de Paul Martin: prendre le crédit politique d’une aide aux étudiants sans passer par les provinces et en envoyant directement un chèque aux étudiants par la création d’un nouveau programme. Connaissant l’incompétence des libéraux en matière de création de nouveaux programmes (pensons à la création du registre des armes à feu, qui devait s’autofinancer et où deux milliards de dollars se sont plutôt perdus), cette proposition est encore plus indécente. x
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Berlin avant la chute Spécial lecture
Notre première réunion de l’année aura lieu cet aprèsmidi dès 16h30 au Shatner B•24. Venez nombreux!
Collaboration Adrien Beauduin, Arnaud Decroix, Alexia Germain, Lucille Hagège, Karin Lang, Flora Lê, Elodie LeCadre, Sophie Lestage, Clémence Repoux, Giacomo Zucchi Couverture Éric Demers BUREAU PUBLICITAIRE 3480 rue McTavish, bureau B•26 Montréal (Québec) H3A 1X9 Téléphone : +1 (514) 398-6790 Télécopieur : +1 (514) 398-8318 daily@ssmu.mcgill.ca Publicité et direction générale Boris Shedov Gérance Pierre Bouillon Photocomposition Nathalie Fortune The McGill Daily • www.mcgilldaily.com coordinating@mcgilldaily.com Joshua Ginsberg Conseil d’administration de la Société de publication du Daily (SPD) David Drouin-Lê, Joshua Ginsberg, Rebecca Haber, Rishi Hargovan, Mimi Luse, Rachel Marcuse, Joël Thibert, Jefferey Wachsmuth L’usage du masculin dans les pages du Délit vise à alléger le texte et ne se veut nullement discriminatoire. Le Délit (ISSN 1192-4609) est publié la plupart des mardis par la Société de publication du Daily (SPD). Il encourage la reproduction de ses articles originaux à condition d’en mentionner la source (sauf dans le cas d’articles et d’illustrations dont les droits avant été auparavent réservés, incluant les articles de la CUP). Les opinions exprimées dans ces pages ne reflètent pas nécessairement celles de l’Université McGill. L’équipe du Délit n’endosse pas nécessairement les produits dont la publicité paraît dans ce journal. Le Délit est membre fondateur de la Canadian University Press (CUP), du Carrefour international de la presse universitaire francophone et de la Presse universitaire indépendante du Québec (PUIQ). Imprimé sur du papier recyclé par Imprimeries Quebecor, Saint-Jean-surle-Richelieu (Québec).
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délit | 10 janvier 2006 04 xle www.delitfrancais.com
bons baisers de mcgill
Controverses Le monde de l’insolite En trois vitesses
Trop tôt
À
l’Université McGill, la session d’hiver commence trop tôt. Tellement tôt que les commerces du voisinage ont du mal à suivre. C’est le constat que j’ai dû tirer de la fermeture prématurée du Subway situé à l’intersection des rues Stanley et Docteur-Penfield le mardi 3 janvier dernier. Désireux de me sustenter entre deux séances de travail, j’ai tenté en vain de faire appel aux services du restaurateur aux environs de 19h. Les employés que j’ai rencontrés, visiblement occupés à naviguer sur Internet tout en «fermant» un commerce au comptoir bien rempli m’ont cependant indiqué qu’ils ne pourraient pas mener à bien leur mission d’offrir aux étudiants mcgillois un souper décent en ce début janvier. De deux choses l’une: ou bien l’Université convient enfin qu’il est normal de trouver quelque chose de comestible pour le repas du soir sur le campus même, ou bien elle se débrouille pour ne pas y convoquer ses étudiants avant une date à laquelle il sera rentable pour certains acteurs du marché de palier à ce manque. À l’heure où les secteurs public et privé sont appelés à collaborer de façon toujours plus accrue, à quand la concertation entre l’institution universitaire et ses voisins? La hâte avec laquelle l’Université bat le rappel du corps étudiant n’a cependant pas pour seule conséquence d’obliger certains de ses membres à tirer des nutriments d’une pizza froide de dépanneur. Elle a des effets néfastes moins visibles, mais tout aussi insidieux. C’est ainsi qu’elle empêche les étudiants originaires du Québec de profiter des Fêtes plus longues dont leurs collègues des autres universités bénéficient. Après deux semaines de partys de famille, pourquoi ne pas leur permettre d’aller passer la semaine dans un chalet de ski entre amis? Pourquoi devraient-ils avoir à sécher leur première semaine de cours afin d’aller représenter leur université aux Festival social et sportif (Med Games), Jeux’ridiques (Law Games), Jeux du commerce et autres événements sportifs contribuant au sentiment d’appartenance des étudiants mcgillois? À quand un respect accru des traditions festives propres au Québec universitaire? Ce début de session prématuré a d’autres conséquences pédagogiques. On n’a qu’à penser à la tenue de la semaine de relâche une semaine plus tôt que dans les autres universités québécoises. Certains pourraient être tentés d’affirmer que les mcgillois peuvent ainsi se concentrer sur leurs études au cours de cette semaine, sans être tentés d’aller rejoindre leurs collègues sur les pentes de ski. Ce serait cependant faire fi de la réalité. Y a-t-il quelque chose de plus démotivant que de devoir revenir sur les bancs d’école, que ce soit pour passer un examen ou non, alors que tout le monde autour fait la fiesta? Quel objectif cherche-ton à atteindre en déphasant systématiquement les étudiants de McGill dans leurs vacances? Il existe vraisemblablement d’autres moyens de créer un sentiment d’appartenance à l’institution que de complexifier les rapports de ses étudiants avec ceux des autres universités de la province. Notons enfin un dernier effet néfaste, financier cette fois: la session se termine en avril plutôt qu’en mai. «Une semaine de plus pour travailler», diront certains. Pour ne rien gagner de plus, leur répondrai-je. D’abord, cette semaine de travail supplémentaire est perdue dans le temps des Fêtes. Mais, surtout, c’est qu’en terminant tout juste avant le premier mai, les étudiants de McGill sont parmi les seuls au Québec à ne pas pouvoir tirer profit d’un mois supplémentaire dans le calcul de leurs déductions fiscales pour cause d’études à temps plein. Une perte de quelques centaines de dollars pour des raisons qui ne sont vraiment pas évidentes... x
Jean-Philippe Dallaire
Effronté ou inconscient? Alors qu’il assistait au procès pour coups et blessures du joueur de soccer sénégalais El Hadj Ousseynou Diouf, un trentenaire a tenté de subtiliser le téléphone portable de son voisin. Un garde de sécurité l’a intercepté la main dans la poche et a découvert qu’il transportait également une petite quantité de chanvre indien! Nul besoin de dire qu’il n’y a pas eu d’enquête préliminaire et que l’acte a été jugé séance tenante. (Walf-Fadjri/ AllAfrica). «Pas facile d’être une ben Laden sexy». C’est le titre (provocateur) d’un article du GQ où une nièce américaine de ben Laden s’exhibe pour ces messieurs. Après les attentats du 11 septembre, Wafah ben Laden a pris le nom de sa mère, Carmen Dufour, divorcée de Yeslam ben Laden, parfumeur genevois et demi-frère du fugitif le plus recherché de la planète. Entre des draps de satin ou dans un bain stratégiquement moussant, Wafah, étudiante en droit qui ne parle pas un mot d’arabe, explique: «J’ai hurlé comme une hystérique lorsque j’ai vu les tours s’effondrer, j’ai souffert de dépression à cause de mes liens familiaux, mais c’est ça les valeurs américaines, c’est de rebondir». Et ça explique de poser en tenue légère? (AP/Reuters)
Aux frontières du réel? La russe Lyudmila Lengesova est née le 31 novembre. «La journée avait été longue et pénible et la sage-femme s’est trompée dans ses dates, l’état civil n’a rien remarqué et c’est sur toutes mes cartes […] Quand j’étais jeune, je pouvais fêter mon anniversaire deux fois, mais si je me cherche un emploi ou que je veux faire une demande de crédit, les ordinateurs refusent d’accepter mes papiers.» Jusque-là, on comprend. Sauf qu’après trois ans de démarches bureaucratiques et de paperasse à remplir, Lengesova en a eu assez. Au lieu de s’adresser à l’État civil, elle a décidé de faire de 2006 l’année à partir de laquelle le mois de novembre aura 31 jours! On lui souhaite bonne chance avec ses pétitions. (Torren/Fark.ru).
Offrez la Bible – sans les longueurs Comme son nom l’indique, The 100-Minute Bible se lit en cent minutes. Le révérend Michael Hinton, prêtre retraité de l’Église anglicane britannique, a passé deux ans à condenser l’Ancien et le Nouveau Testaments. Résultat: une édition de poche de 57 pages. Un paragraphe suffit à créer l’Univers. À la page 5, Moïse a déjà donné ses Commandements. La crucifixion et la résurrection ont droit à un peu plus de place. «Nous nous sommes concentrés sur Jésus, le personnage central de la Bible», explique l’auteur, dont l’ouvrage a été lancé cet automne à la cathédrale de Canterbury. Certes, admet le révérend, il y a des omissions. Le livre de Ruth, par exemple. «Ça ne rentrait pas», regrette M. Hinton. (The Guardian/Courrier International)
La bière chaude pour lutter contre la conduite en état d’ivresse Pour lutter contre l’alcool au volant, un sénateur du Missouri propose une idée simple: obliger les magasins à ne vendre que de la bière chaude. Selon le projet de loi présenté par le sénateur Bill Alter, les épiceries et les magasins d’alimentation du Missouri pourraient perdre leur licence en cas de vente de bières à moins de 60 degrés Farenheit (15,5 degrés Celsius). Le but est d’endiguer la conduite en état d’ivresse en dissuadant les clients de boire une bière bien fraîche dès leur sortie du magasin. «La seule raison pour laquelle une bière doit être fraîche, c’est pour qu’elle puisse être consommée tout de suite », déclare Bill Alter, qui a été policier pendant plus de 20 ans. Pour Ron Leone, vice-président de l’Association des gérants de stationservices du Missouri, les lois de l’État sur la sécurité routière et les programmes de sensibilisation des conducteurs ont déjà fait chuter le nombre de délits de conduite en état d’ivresse. «Ce serait un inconvénient pour les citoyens qui respectent la loi et qui veulent acheter de la bière fraîche pour des pique-niques, des fêtes ou des rassemblements », ajoute-t-il. « Les gens qui veulent conduire ivres le feront de toute manière». (AP/Yahoo!)
En hausse
La popularité de Stephen Harper Nous parlons ici de l’homme, et pas seulement de son parti. En effet, selon un sondage CPAC-SES Reseach réalisé du 4 au 6 janvier, 23% des Québécois estiment que Stephen Harper ferait un meilleur premier ministre que les autres chefs de parti fédéraux. Le chef du parti libéral, Paul Martin, arrive derrière avec 18 % d’appuis. C’est toute une remontée pour Stephen Harper. En effet, deux jours après le déclenchement des élections, le 29 novembre dernier, 13% des Québécois lui accordaient leur confiance, contre 28% à Paul Martin. Reste maintenant à savoir si ça changera quoi que ce soit au fil d’arrivée. (Cyberpresse)
Au neutre L’état d’Ariel Sharon. Le premier ministre israélien a été victime mercredi dernier d’une hémorragie cérébrale. Plongé dans un coma artificiel dont on n’a voulu le réveiller qu’hier, les spéculations pleuvent sur son avenir. Des unes de journaux très évocatrices: «Ariel Sharon pourrait être mort», «Ariel est peut-être sorti du coma», «Ariel Sharon pourrait s’en remettre» et autres, «Il n’est pas certain que Sharon puisse parler à nouveau». C’est ce qui s’appelle être dans le noir. Comme quoi, même sans information, on peut faire des nouvelles. (LaPresse/TF1)
En baisse La sécurité dans Côte-des-Neiges. Le 1er décembre dernier, Hannas Mohamed Bennis, 24 ans, a été abattu par un agent de police de la ville de Montréal dans le quartier Côte-des-Neiges. Il aurait attaqué le policier avec un couteau de cuisine. Son père n’en croit pas un mot et organise une manifestation à laquelle se sont joint un millier de montréalais. Si la plupart des manifestants étaient d’origine marocaine, de nombreux membres de la Ligue des noirs étaient aussi de la partie, ainsi que Maka Kotto et Denis Coderre, que plusieurs ont hué pour son implication dans l’affaire Charkaoui: «vous avez séparé des familles, vous n’êtes pas un ami des musulmans». (Radio-Canada/LD)
La citation de la semaine
«U
n conservateur à Toronto a autant de chances de se faire élire qu’un piéton en a de traverser la 401. C’est comme d’avoir peur des requins dans le lac Ontario.» Ces propos, tenus par le leader néodémocrate Jack Layton avant la pause du temps des Fêtes, tiennent-ils toujours après les sondages du début janvier?
Controverses
Il était une fois
dans Le Délit... Le mardi 26 janvier 1982
xle délit | 10 janvier 2006 www.delitfrancais.com
Plogues La 19e édition du Jeune Conseil de Montréal: simulation parlementaire municipale Le Réseau des francos vous encourage à participer à la simulation du conseil municipal de la Ville de Montréal. Joignez-vous à d’autres jeunes du 27 au 29 janvier pour une expérience parlementaire concrète. Prenez le rôle d’un conseiller municipal pendant trois jours pour débattre des enjeux sociaux, culturels et économiques. Il est parfois intéressant de penser à s’impliquer en dehors de notre communauté universitaire. Le Jeune Conseil est l’occasion de s’impliquer dans la vie communautaire et politique de Montréal. Surtout, vivez une expérience parlementaire inoubliable, non partisane dans une ambiance du tonnerre! Inscrivez-vous en ligne www. jeuneconseil.org. La simulation se tiendra à l’Hôtel de Ville de Montréal.
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Campagne fédérale • Rencontre avec les candidats des comtés environnants – mercredi 11 janvier – 19h – Pavillon Shatner, salle Lev Bukhman. • Débat entre les clubs des partis politiques de McGill – Le futur du système de santé – jeudi 12 janvier – Pavillon Bronfman 138. • Rencontre avec Rose-Aimée Auclair, la plus jeune candidate du pays – L’engagement politique et la jeunesse – vendredi 13 janvier – 15h30 – bar Gert’s – pizza gratuite. • Débat entre les clubs des partis politiques de McGill dans les résidences, suivi d’une discussion avec les étudiants de première année sur l’engagement politique – mardi 17 janvier – 20h – BMH Hall. Pour tout renseignement l’AÉUM: ce@ssmu.mcgill.ca.
contactez
Pour ou contre l’art contemporain? Chaque semaine, Le Délit choisit un sujet controversé. Les journalistes devant défendre respectivement le pour et le contre sont tirés aux hasard.
Cette semaine, Adrien Beauduin et Jean-Philippe Dallaire s’affrontent dans le ring. Il est à noter que les positions exprimées ne sont pas nécessairement partagées par leur auteur.
POUR
L
’art contemporain fait l’objet des plus vives critiques: il ne s’agirait que d’une vaste fumisterie d’artistes sans talent, une grande arnaque. Moqué et caricaturé par certains, adoré et défendu par d’autres, il mérite selon moi sa place. Cette forme d’art représente la libéralisation des artistes et la fin des contraintes imposées arbitrairement par les soi-disant connaisseurs et spécialistes. Depuis que Marcel Duchamp a exposé une pissoire dans un musée, l’art est sorti de ses gonds pour devenir enfin subjectif et libre. Finis les dogmes des aristocrates au monocle! Vive les émotions personnelles! L’art devrait être fondé sur la perception de chaque individu et le respect des goûts individuels. Il ne peut être contraint ou interdit sans brimer l’opinion personnelle. Ainsi, en réponse aux dogmes artistiques imposés par le régime nazi, un artiste répondit:«l’art est une chose qui prend vie partout dans les yeux qui le regardent et dans les cœurs qui le ressentent.» Si l’art contemporain peut plaire à des gens et leur faire ressentir de fortes émotions, même devant un point rouge sur un fond blanc, alors tant mieux. Il ne peut y avoir de règles qui pourraient dire si oui ou non l’art contemporain est de l’art. De plus, que ferions-nous sans l’art contemporain quand il s’agit de mener un autre de ces débats insipides lors des éternels soupers de famille? Débattre sur le secret de la Caramilk? Il ne faut pas non plus négliger l’apport économique de l’art contemporain, qui assure des revenus à des milliers de gens. Cette forme d’art est aussi une solution pratique et efficace à l’accumulation des déchets: quelqu’un a-t-il déjà réussi à recycler des boîtes de savon mieux qu’Andy Warhol quand il les a exposées? x
U
CONTRE
n poisson rouge dans un robot culinaire. Un urinoir. Une boîte de conserve Campbell. Des objets de tous les jours? Oui, mais selon certains, de l’art. Payé à grands frais. Loin de moi l’idée d’empêcher les gens de s’exprimer sous la forme qui leur convient. Reste cependant qu’il n’y a pas lieu de faire subir aux honnêtes citoyens non seulement l’«oeuvre», mais son financement. Il fut une époque où l’art avait une certaine portée auprès du public au sens large. Et donc, une certaine utilité. Même s’ils n’en comprenaient peut-être pas toute la portée symbolique ni la subtilité, les statues inspirées de la mythologie grecque pouvaient évoquer quelque chose chez les paysans de la Renaissance, et les tableaux de David soulever quelque sentiment chez les plus simples citoyens français au début du 19e siècle. Mais, dites-moi, qu’est-ce que quelques lignes rouges ou taches de sang sur une toile blanche peuvent venir éveiller chez le plus pur badaud? De quel talent incroyable doit-on disposer pour trouer un gros bloc de ciment et l’exposer devant un édifice? Surtout: est-on vraiment obligé d’endurer le produit de cet «art» dans nos musées et lieux publics, voire de le soutenir? Je crois plutôt qu’on est en droit de s’attendre à quelque chose qui a une résonance dans le public en général ou, du moins, contribue au développement de techniques nouvelles. Oui à l’art, mais seulement lorsqu’il en est. x
délit | 10 janvier 2006 06 xle www.delitfrancais.com
Nouvelles
Noël en chiffres Les consommateurs canadiens devraient avoir brisé le record de l’année dernière pour les achats effectués durant la période des Fêtes. national Pierre-Olivier Brodeur Le Délit
N
oël est traditionnellement un temps de réjouissances et de fêtes, mais la réalité contemporaine montre que c’est avant tout un temps de dépenses et de surconsommation. Selon une étude menée par le Conseil canadien du commerce de détail, les Canadiens ont en effet dépensé un total de 34,5 milliards $ en biens et services l’an dernier, soit une moyenne de 991$ par personne. Des chiffres, des chiffres, des chiffres! La palme des plus grands consommateurs revient aux Albertains: en biens uniquement, ceux-ci ont dépensé en moyenne 967$ par habitant. Les Saskatchewanais se méritent le prix de la simplicité volontaire, avec une moyenne de 699$ dépensés chez les détaillants par personne. Les Québécois se situent quant à eux largement au-dessous de la moyenne canadienne, avec 730$ en achats de biens.
Certaines firmes, comme Ernst & Young, prédisent une augmentation relativement faible de la consommation des Fêtes au Canada cette année, soit de l’ordre de cinq à six p. cent. Malgré la hausse du prix du pétrole, d’autres sont cependant plus enthousiastes. La firme POLLARA prévoit une augmentation substantielle des dépenses par habitants durant le mois de décembre. Elles passeraient de 991$ en 2004 à 1 357$ en 2005, une augmentation de près de 37 p. cent. Même en l’absence de chiffres officiels, nous pouvons avancer que c’est ce dernier scénario qui s’est réalisé. Selon la firme spécialisée en transactions électroniques Solutions Moneris, les ventes au détail au Canada affichaient en effet quelques semaines avant Noël une progression de près de 10 p. cent par rapport à celles de l’année 2004. Les transactions par Internet ont augmenté de 44 p. cent cette année et Visa Canada estimait à 2 milliards $ la somme des achats effectués pour la seule journée du 23 décembre. Fait troublant: selon un sondage du Strategic Council,
Le cauchemar du temps des Fêtes: la carte de crédit coupée... Éric Demers/Le Délit
56 p. cent des Canadiens affirment éprouver du plaisir à effectuer leurs achats de Noël. Répercussions Cette croissance continue des dépenses du temps des Fêtes témoigne d’un phénomène que plusieurs jugent inquiétant: la montée de la surconsommation. On estime qu’un p. cent de la population québécoise, soit environ 70 000 personnes, serait victime d’un problème d’achat compulsif. De ce nombre, 80 à 95 p. cent seraient des femmes. Ce trouble,
bien qu’encore méconnu, serait très proche des problèmes de dépendance au jeu. Comme ce dernier, il se caractériserait par une perte de contrôle pouvant avoir des répercussions catastrophiques sur le budget de l’acheteur compulsif, et par conséquent sur toute sa vie. Selon Kalle Lasn, fondateur et rédacteur en chef de la revue Adbusters, la surconsommation est «la mère de nos problèmes environnementaux». En effet, la consommation entraîne de graves répercussions sur la planète, autant au niveau du réchauffement
planétaire que de la pollution du sol. C’est pourquoi, chaque année depuis 1992, elle organise la Journée sans achat, qui se veut une journée de réflexion sur notre mode de vie. S’agit-il d’un coup d’épée dans l’eau? On peut le penser si on en croit André Poulin, directeur général de la société de développement commercial Destination centre-ville. «Il n’y a pas eu de baisse d’achalandage notée cette journée-là. Au centreville, les gens consomment comme d’habitude.» x
La Francofête: un gros party en janvier Le Réseau des francos promet un mois de janvier qui vous rendra fiers du fait français. campus Laurence Bich-Carrière Le Délit
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e mois de janvier offrira aux francophones et francophiles de McGill de quoi se réjouir. Du moins est-ce le pari qu’ont fait le Réseau des francos et ses partenaires en mettant à l’horaire un mois d’activités pour célébrer la langue française et sa diversité. Pour une nouvelle Francofête. La Francofête de cette année est un projet autrement plus ambitieux que les deux éditions précédentes. Celles-ci se résumaient à quelques kiosques sur le campus central, kiosques qui rappelaient plus le CultureFest qu’elles n’interpellaient la fibre francophile. Mais cette année, les réjouissances doivent durer un mois et Alexandre Faguy, commissaire francophone et co-vice-
président du Réseau des francos, se meurt de nous en convaincre: «Sérieusement, c’est gros comme événement: nous essayons de rejoindre les francophones «endormis» de McGill (ou simplement désintéressés par les activités [...] habituelles...).» Cathy Wong, coordonnatrice aux affaires politiques, explique que «c’est la troisième année que le Réseau des francos existe. Nous avons changé. [Aussi, nous] ne sommes pas un club mais un service. Nous desservons une communauté. […] Nous avons pris le temps de tisser des liens avec d’autres clubs [pour toucher le plus de gens possible] avec la Francofête». Au programme. Évidemment, bien qu’il chapeaute l’événement, le Réseau des francos n’est pas le seul à être de la partie. Ainsi, en partenariat avec la Communauté des étudiants français (probablement mieux connue comme le French Student Community...), il y aura projection de huit films de toutes les époques et tous genres confondu, dont Le Corbeau de Clouzot (1943) jeudi prochain. Le reste du programme est bigarré et dynamique. Certaines activités restent à confirmer, mais le club de musique classique propose des concerts de compositeurs français, le club de débats aimerait traiter
d’un thème touchant la francophonie politique ou culturelle, le Théâtre de la grenouille compte présenter des extraits de sa pièce, et un chansonnier a été invité pour une soirée québécoise au Gert’s, laquelle pourrait également être doublée d’un peu d’impro. L’événement incontournable de la Francofête? Sans conteste le vin et fromage géant, qu’on nous promet très abordable.
«Nous essayons de rejoindre les francophones «endormis» ou simplement désinsitéressés par les activités habituelles...» «C’est l’activité de clôture, tous les clubs sont invités, tout le monde est encouragé à venir», souligne Cathy Wong. Des réactions surprises et surprenantes. La plupart des étudiants se montrent plutôt favorables au projet. Une ou deux voix dissonantes s’élèvent bien, comme celle de Maggie Bannot, étudiante à Concordia qui suit des cours à McGill: «S[i les francos] veulent être traités comme une grosse minorité qui fait un gros mois de revendications cachées sous le nom de «fête», c’est leur choix, mais ils ont droit à plus que ça! [...]
[T]oute la ville est là pour montrer ce qu’ils sont: pas une minorité!». C’est cependant une curiosité enthousiaste qui l’emporte, comme en témoigne la réaction de Wadih Maalouf, étudiant en génie: «Wow. Ça existe! […] Je crois qu’un événement comme celui-ci attirerait plusieurs étudiants, et professeurs, et je crois fermement que c’est intéressant». Marianne A. Tremblay: «J’ai choisi d’étudier en anglais et d’avoir une vie sociale en français. Soudainement, c’est comme si une partie de ma vie sociale rentrait dans mes études, c’est cool. Je ne suis pas du genre à rester sur le campus après les cours, mais je vais peut-être me laisser tenter». Pour ces quelques étudiants anglophones accostés dans le pavillon Leacock, un peu honteux de n’avoir pas appris le français «depuis le temps qu’ils sont [à McGill]», «célébrer la culture: qui est contre ça? Si on me traduit tout, je suis pour!». Voilà qui devrait réjouir Sophie Zhang, la présidente du Réseau, qui confiait au Tribune en octobre dernier qu’elle aurait aimé «voir plus d’effort des étudiants anglophones pour comprendre l’élément francophone». x Le Corbeau (1943), suspense trouble et complexe signé Henri-Georges Clouzot sera présenté le 12 janvier, à partir de 16h30 au local B-30 (sous-sol) de l’édifice Shatner.
Nouvelles
La lutte contre l’alcool au volant Les services de raccompagnement gagnent en popularité au Canada. national Marc-André Séguin Le Délit
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e temps des Fêtes étant terminé, l’heure est au bilan pour plusieurs organismes oeuvrant à la prévention des dangers de l’alcool au volant. Alors que le succès des services de raccompagnement semble se maintenir au Québec, on perçoit une hausse de la popularité de ce genre d’opération dans les autres provinces du Canada, moins familières avec cette approche contre la conduite avec facultés affaiblies. Annie Bégin, adjointe aux communications au Secrétariat national d’Opération Nez rouge, constate qu’on s’intéresse de plus en plus à l’alternative du service de raccompagnement à l’extérieur du Québec. «Cette année, on avait de nouvelles Opérations Nez rouge qui arrivaient dans quelques provinces. On pense à la péninsule acadienne au Nouveau-Brunswick, et Halifax était aussi de retour cette année [après trois ans d’absence]. En Ontario, on a aussi une nouvelle Opération dans le nord de Toronto, à Aurora Market. Ce sont des Opérations Nez rouge qui ont fait beaucoup de raccompagnements.» Elle estime aussi que les projets d’expansion s’annoncent bien. «L’an prochain, on pense être à Moncton, à Fredericton, à Calgary. On a aussi eu des demandes pour être à Toronto directement. Je pense que les gens à l’échelle canadienne connaissent moins le service de Nez Rouge, mais ils sont vraiment intéressés par ce nouveau moyen de retourner à la maison.» D’ailleurs, l’organisme a commencé à modifier sa structure afin de s’adapter à cette expansion. «À partir de 2005, on a créé les nouvelles entités que sont les Secrétariats provinciaux. […] Les campagnes de publicité et de sensibilisation sont donc plus adaptées aux gens des différentes provinces». Elle rappelle toutefois que ce genre de service n’est qu’un des nombreux moyens pour les personnes qui consomment de l’alcool de ne pas prendre la route. «Les gens savent que tout au long de l’année, comme dans le temps des Fêtes, il y a plusieurs alternatives pour retourner à la maison de façon sécuritaire. Les gens continuent d’avoir un chauffeur désigné, de dormir sur place, d’appeler un taxi ou des amis.» En 22 ans, l’organisme est passé d’une activité de financement pour les vingtcinq membres de l’équipe de natation du Rouge et Or de l’Université Laval à une opération importante qui a effectué 74 234 raccompagnements (dont 60 878 au Québec) en 2005. Depuis sa création, le nombre total de raccompagnements faits par Opération Nez rouge à l’échelle du Canada se chiffre à 1 205 894.
Un service de raccompagnement à l’année longue Devant le succès apparent d’Opération Nez rouge, de nouvelles initiatives ont aussi commencé à être offertes aux chauffeurs du Québec. Tolérance zéro, un organisme à but non lucratif, est un autre service de raccompagnement qui lutte contre l’alcool au volant.
Yanick Poisson, directeur des communications chez Tolérance zéro, affirme que son organisme a été fondé à la demande de propriétaires de bars de Victoriaville. Cette opération a pour mission de «sensibiliser la population à l’égard des dangers que représente la conduite avec les facultés affaiblies. Pour ce faire, [Tolérance zéro] offr[e] un outil concret, soit un service de raccompagnement accessible à l’année.» Contrairement à Nez rouge, il faut posséder une carte de membre ou être de la clientèle d’un établissement membre pour y avoir accès. Aussi, plutôt que de financer des activités sportives, l’argent des raccompagnements revient directement aux équipes qui donnent le service. Les campagnes de sensibilisation, elles, sont financées à travers les paiements d’adhésion. La croissance de Tolérance zéro est elle aussi fulgurante. «En 2000, lors de notre première année, nous avons effectué 8000 raccompagnements. Cette année, nous devrions atteindre les 125 000.» L’organisme est maintenant présent dans la moitié du Québec, et continue à recevoir des demandes pour élargir son champ d’action. «À chaque jour, on reçoit des appels et des courriels de gens [à l’extérieur de notre territoire d’opérations] qui voudraient profiter du service. Il y a donc un besoin flagrant.» Il affirme qu’il n’y a pas encore d’organismes similaires à l’échelle canadienne.
Plus précisément, M. Poisson souligne que pendant les Fêtes il y a eu une nette croissance dans les activités de l’organisme. «Nous avons eu près du double du nombre de raccompagnements [pendant les Fêtes] cette année si on compare avec l’an dernier. Les chiffres ne sont pas encore tous compilés, mais nos estimations s’évaluent à environ 20 000 raccompagnements pour le mois de décembre dans les régions que nous desservons.» M. Poisson ne nie pas que la popularité de Tolérance zéro crée une certaine grogne chez les chauffeurs de taxi, qui y perdent une part précise de leur clientèle. Il est toutefois convaincu que cette insatisfaction relève plutôt d’une incompréhension concernant la raison d’être de son organisme. «Tant et aussi longtemps qu’on n’est pas victime de l’alcool au volant, on ne se rend pas compte de son impact au Québec. Certains de ces chauffeurs qui grognent n’ont probablement pas vécu une perte due à un chauffard. […] Mais dans la plupart des régions, beaucoup finissent par se rendre compte qu’on ne vient pas jouer dans leurs plates-bandes. C’est un service complémentaire.» En ce qui concerne Mme Bégin, ce genre de compétition dans les services est assez bien reçu chez Opération Nez rouge. «Je pense que chacun a sa place. Chaque service de raccompagnement a sa méthode de fonctionner et je crois qu’à la gang, on arrive à enlever le plus de monde possible de sur les routes et c’est ça qui compte», affirme-t-elle. Quoique Tolérance zéro ne soit toujours
Un autre cauchemar du temps des Fêtes: boire et conduire.
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pas présent sur l’île de Montréal, des projets sont prévus pour 2006. M. Poisson affirme que malgré la bonne réception des forces policières, le facteur déterminant pour cette expansion sera le financement. «Montréal, c’est une bonne bouchée à prendre. Il y a beaucoup de population. Ça va demander une grosse organisation. […] Mais il y a définitivement un intérêt.» Les problèmes de l’alcool au volant L’alcool au volant est la cause de centaines de décès à chaque année au Canada, quoiqu’on commence à constater une baisse dans les chiffres. Selon Transports Canada, 981 personnes ont péri dans des accidents liés à l’alcool au volant en 2000 seulement. Au Québec, la Société d’assurance automobile du Québec (SAAQ) évalue les pertes annuelles à 180 décès, 900 blessés graves et 1200 blessés légers. En frais d’indemnisation seulement, cela résulte en une facture annuelle de 100 millions de dollars pour les contribuables en frais d’indemnisation par l’intermédiaire de la SAAQ. Selon Mme Bégin, il faut croire qu’avec les changements de mœurs de notre société, les choses devraient aller en s’améliorant. «Ne pas conduire en état d’ébriété, c’est une action que les gens font de plus en plus. Il y a encore énormément à faire, surtout chez les générations plus âgées [pour qui l’alcool au volant n’était pas aussi répréhensible]. Mais chez les jeunes, on a été sensibilisés à ça depuis notre enfance. Donc, avec toutes les lois qui ont été resserrées […], on est vraiment dans la bonne lancée.» x
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Campus
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En cette nouvelle année, Maysa Pharès fait le portrait de l’Association étudiante de l’Université McGill.
La vie des associations à McGill Témoignage d’un vice-président de l’AÉUM.
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elui qui se définit humblement comme «le plus important des vice-présidents de l’AÉUM», Leon Mwotia, vice-président aux Clubs et Services, a pour mission de conseiller et d’assister les 174 associations qui sont aujourd’hui au sein de l’AÉUM. «Je suis là pour les aider, pour leur faciliter la gestion au quotidien. C’est à moi qu’ils s’adressent pour tous leurs problèmes et questions». Les associations jouent un rôle primordial dans la vie étudiante Si la vie associative mcgilloise demande un tel dévouement, c’est qu’elle est un moment incontournable de la vie universitaire. «Les associations jouent vraiment un rôle majeur à McGill», affirme Mwotia. «Nous n’avons jamais réussi à comptabiliser précisément le nombre d’étudiants impliqués dans les clubs, principalement parce qu’un même étudiant
peut faire partie de plusieurs associations à la fois. Une chose est sûre, Activities Night attire 3000 personnes dans les locaux du Shatner». Au palmarès des associations qui, à travers les années, maintiennent un dynamisme inégalé, Mwotia cite l’IRSAM (l’Association des étudiants en relations internationales) et le club de débats. Ce dernier a contribué à la fondation de l’AÉUM et a fourni au Canada quelquesuns de ses politiciens. Les associations culturelles comme l’Association des étudiants musulmans et celle des étudiants chinois tiennent également le haut du pavé. Le défi de mettre sur pied une association Si quelques associations sont presque des piliers de l’Université, de nouveaux groupements voient le jour chaque année et
le vice-président doit se tenir à l’écoute de ces nouveaux venus. L’engouement est tel auprès des étudiants qu’«il y a constamment des gens qui veulent créer un club. J’ai toujours au moins trois candidatures sur mon bureau et ça peut aller jusqu’à treize.» Depuis le début de son mandat en avril 2005, Mwotia en a approuvé une vingtaine. Des associations disparaissent aussi régulièrement, particulièrement les associations culturelles, souligne Mwotia. «Il suffit qu’il y ait vingt Arméniens une année à McGill pour qu’ils montent une association. Lorsqu’ils quittent McGill et qu’il n’en reste plus que six, le club ferme». Les groupes d’intérêt comme la Celtic Society ou le Car Tuning sont aussi vulnérables. Lorsque les membres obtiennent leur diplôme, il ne reste souvent personne pour prendre la relève. D’autres clubs ne passent pas le cap du statut de club à part entière. Par exemple, la McCord Rifle Association, qui avait soulevé un tollé en début d’année, n’ira guère plus loin, faute d’avoir pu susciter un intérêt suffisant.
Améliorations et projets pour 2006 S’il dit que son travail ne lui permet pas de se faire remarquer comme d’autres vice-présidents à travers de grands projets, Mwotia n’a pas pour autant lésiné sur sa liste de tâches. Sa principale préoccupation est l’allocation équitable des espaces du Shatner. Chaque association a été invitée à remplir une fiche destinée à commenter les gens avec qui elle partage son local. «Ça a bien marché. Je reçois beaucoup de commentaires de clubs qui n’aiment pas les gens qui sont avec eux et d’autres qui n’ont jamais utilisé leurs bureaux». Par ailleurs, un forum en ligne sera prochainement mis en place pour promouvoir la communication et l’échange d’informations entre clubs. Afin d’augmenter encore l’implication des étudiants, une mini-«soirée des activités» devrait bientôt avoir lieu dans les résidences du campus. x
L’AÉUM investit dans des silhouettes en carton de son président. Quel trompe l’œil! Mathieu Ménard/Le Délit
Le succès français
Début d’année, fin de mandat
La Communauté des étudiants français: la réussite d’un club récent.
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reuve qu’un nouveau club peut s’en sortir, la Communauté des étudiants français (FCS) est une des associations les plus dynamiques de l’AÉUM. Les groupements à caractère national et culturel foisonnent à McGill, où près d’un quart de la population est internationale. Or, si certains perdurent, beaucoup sont désertés avec le temps, faute d’effectifs. Au milieu de cette profusion, le bilan français s’avère positif. Où étaient les Français avant cela? Cette question, Laurent Samuel se l’est posée il y a un peu plus d’un an. Cet étudiant en gestion s’est étonné de ne pas trouver à McGill d’association des Français, alors que les bancs de l’institution accueillent chaque année plusieurs centaines d’entre eux. Il y avait pourtant le vaste Réseau des Francos, qui existe toujours d’ailleurs, mais celui-ci semblait «trop énorme» à Samuel. L’idée de fonder un groupe non pas «francophone», mais destiné à promouvoir la culture française a fait son chemin dans la tête du président. Le 1er février 2005, l’association s’est dotée d’une constitution. Un succès inespéré «Nous sommes passés de zéro à cent cinquante membres en six mois» se félicite Samuel. «Au début, avec nos amis, nous étions autour de trente membres».
L’amitié n’a toutefois pas tardé à faire place à une véritable affluence d’étudiants. En septembre, l’association s’est vue attribuer le statut de club à titre permanent. Depuis, les membres actifs (ayant payé leur cotisation de trois dollars) sont au nombre de cent cinquante et la liste d’envoi de l’association compte deux cent cinquante personnes. Comme nombre de clubs à succès, le FCS attribue sa réussite à la diversité des activités proposées (cours de cuisine, soirées, sorties culturelles…). «Nous n’étions jamais moins de quinze personnes aux évènements que l’on organisait», affirme Samuel. Le succès fut d’ailleurs tel que l’équipe a dû remodeler les événements prévus pour faire face au nombre de membres. Entretenant des liens étroits avec d’autres associations culturelles de l’Université, l’équipe exécutive envisage, entre autres, d’organiser des «jeux olympiques» interclubs. Cette collaboration permet, selon Samuel, de viser des activités à plus grande échelle. Des membres variés Loin de n’attirer que des francofrançais, l’association compte en son sein des étudiants de nombreuses nationalités. Francophiles et curieux s’y côtoient. «Sur l’ensemble de nos membres, probablement seule la moitié est française.
Bonne résolution 2006: pensez collectif
L’AÉUM redouble d’efforts pour laisser un bilan positif à la relève. Comment fonder son association Au niveau financier, l’AÉUM fait appel aux au sein de l’AÉUM. ’est d’un ton confiant et décontracté que le
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président Adam Conter évoque les grandes lignes du programme auquel s’attaquera son équipe ce semestre. Conter affirme d’emblée que «le projet le plus important sera de veiller à laisser une trace écrite de tout ce que nous faisons». Et d’ajouter qu’«il est très important que ceux qui nous succèdent sachent ce que nous avons accompli et ce contre quoi nous nous sommes battus». Les mois prochains seront la dernière ligne droite pour l’équipe de l’AÉUM, qui entend achever ce qu’elle a commencé afin de «pouvoir dire que notre équipe est restée soudée jusqu’au bout».
Nous avons beaucoup de Libanais, de Tunisiens, [d’]étudiants originaires de pays francophones». Nombreux sont aussi les Français de l’étranger, qui ont fréquenté les lycées français du monde. Quant aux Français en échange, «Ils sont peu nombreux. Ils ne sont pas ici pour longtemps et n’ont donc pas forcément envie de fricoter entre eux», dit-il.
Notez qu’au nombre des événements dont peut se féliciter l’association, l’ancien premier ministre français Alain Juppé donnera une conférence le 18 janvier prochain dans la salle 151 du bâtiment Bronfman. [NDLR : tous les profits seront remis à la caisse occulte de son parti...] x
Affaires internes Soucieux de maintenir une bonne communication avec les étudiants, Adam Conter se félicite de ce que le site Internet de l’Association sera bientôt rénové et plus facile d’emploi. «Je voudrais que les étudiants s’en servent pour nous contacter. Nous ne pouvons pas agir correctement si nous n’avons pas le retour de ceux que nous représentons». Si le président tient à ce que les étudiants commentent les activités de l’Association, c’est afin de garantir que leur voix parvienne à tous les échelons de l’administration mcgilloise. Son siège nouvellement acquis au Conseil d’administration sera un atout de taille dans la poursuite de cet objectif, puisqu’il lui permettra de se prononcer devant le plus haut organe décisionnel de l’Université. Parallèlement, Conter prévoit une série de rencontres avec le nouveau vicerecteur principal Tony Masi.
anciens pour récolter des fonds. Son vice-président Eric Van Eycken continuera d’évaluer la rentabilité des commerces de l’AÉUM. Le dossier financier comporte la question des déficits du Gert’s, qui, même s’ils ont été diminués de moitié, sont toujours importants. L’AÉUM au rythme du calendrier politique La question du financement de l’éducation post-secondaire est au croisement de l’actualité universitaire et politique. De concert avec la FEUQ, le vice-président aux affaires externes Aaron DonnyClark se bat pour le réinvestissement de quatre milliards de dollars dans les universités. Selon Donny-Clark, la partie de cet investissement allant à McGill permettrait de remédier à bon nombre des problèmes que rencontre l’institution, comme celui relatif à la taille des classes. L’AÉUM sera présente au Conseil de la fédération qui se tiendra en février et sera l’occasion d’arriver à un éventuel accord. Dans le cadre de l’élection fédérale, l’AÉUM cherchera à sensibiliser les étudiants. Elle mènera, au cours des prochaines semaines, une campagne d’affichage sur le campus et à travers Montréal, de concert avec la FEUQ. L’association projette dès cette semaine une publicité sur CTV et s’affiche dans les pages du Devoir. De plus, de nombreux débats sont prévus sur le campus dont la date reste encore à être fixée. Le 11 janvier à 19h, dans la salle Lev Buchman du Shatner, les candidats locaux rencontreront les étudiants. x
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a vie associative mcgilloise vaut le détour, paraîtil. Or, passée la «soirée des activités», où l’étudiant enthousiaste que vous êtes s’est méticuleusement inscrit sur une vingtaine de listes d’envoi, il se peut que votre expérience «assos» se limite à voir votre boîte de réception périodiquement bourrée de courriels dont vous ne savez plus que faire. Peut-être en avezvous assez de butiner de club en club. Peut-être ne trouvez-vous pas de cause à votre goût. Qu’importe la raison, profitez de la nouvelle année pour prendre les choses en main et, en bon gestionnaire, montez votre propre club. Il faut être au moins trois pour créer une association et être prêt à rédiger une constitution (sur un modèle standard) avec l’aide du vice-président aux Clubs et Services de l’AÉUM. Votre association doit ensuite postuler pour l’obtention du statut de club par intérim. Celuici est accordé pour une période de trois mois pendant laquelle le
club est tenu de rassembler un minimum de quinze membres et de commencer à organiser des événements. L’étape décisive du parcours d’une association est la candidature au statut de club à part entière, qui, une fois octroyé, donne accès à certains privilèges et services, un espace Internet sur le site de l’AÉUM, par exemple. Dans le but de faciliter l’initiative et la gestion des équipes exécutives, Leon Mwotia a publié un guide: SSMU for Dummies («L’AÉUM pour les nuls»). On y découvre un dispositif complet mis au service des étudiants afin de leur permettre de récolter des fonds (méthode imparable: vendez des gâteaux), de promouvoir leurs événements (dans le Tribune par exemple), de trouver des commanditaires ou de réserver des salles. Bref, tout est là. Il n’y a qu’à se lancer. x Pour plus d’informations, se référer au site de l’AÉUM : www.ssmu.mcgill. ca ou passer aux bureaux de l’AÉUM dans le Shatner.
délit | 10 janvier 2006 10 xle www.delitfrancais.com
Passer dans l’histoire Après Dessins de la collection du Musée d’art contemporain, le papier est de nouveau à l’honneur avec une exposition du virtuose Ed Pien à la galerie Pierre-François Ouellette.
arts visuels Mathieu Ménard Le Délit
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i le Torontois Ed Pien jongle entre le dessin et la sculpture, l’entrée de la salle d’exposition se concentre plutôt sur la première discipline. Sont alignés différents dessins de créatures mi-humaines, mi-animales, qui paraissent sortir tout droit d’un conte fantastique. S’exécutant de façon expressive, avec fluidité, Pien nuance ses tracés monochromes en y ajoutant une touche de couleur. Dans ses croisements de bêtes et d’anatomie humaine, le
mouvement et la transformation s’imposent. Fascination et horreur s’entrecroisent, mais les œuvres les plus étonnantes n’ont pas encore fait leur apparition. Quelques créations, fusionnant le fantastique et la forêt, manifestent la profondeur du papier par la superposition de plusieurs épaisseurs. Il en ressort une transparence laiteuse plutôt sympathique, qui transforme la découverte des dessins des couches inférieures en une activité de détective visuel. Dans la même partie de la galerie, une immense feuille de papier (environ cinq mètres de long par deux mètres et demi de haut) révèle une scène d’humanoïdes perchés dans un
Arts&Culture
Ed Pien se révèle virtuose du papier avec Night Gathering. Pierre-François Ouellette art contemporain
arbre. Ici, le dessin cède la place au découpage. La qualité du travail est époustouflante. Les incisions
L’installation The Promise of Solitude frappe par son mystère et par sa délicatesse. Pierre-François Ouellette art contemporain
s’avèrent d’une telle délicatesse que l’on a davantage l’impression de fixer un vitrail qu’un papier découpé. Si l’arbre se déploie dans un jeu de symétrie, cette dernière est brisée par la présence des êtres perchés ou grimpant le long des branches. L’ombre que le papier projette sur le mur ajoute une petite touche de profondeur. Finalement, le clou de l’exposition se révèle dans une petite salle adjacente. Intitulée The Promise of Solitude, cette installation consiste en un ensemble de papiers de grandes dimensions, disposés en cylindres partiels devenant des corridors labyrinthiques. À l’intérieur du corridor, le déplacement d’air causé par la marche du spectateur est suffisant pour faire tressaillir le papier découpé. L’impression de délicatesse, de mystère même, force l’admiration. Au centre, une projection vidéo circulaire ne cesse de tournoyer parmi les arbres, tandis qu’une femme au regard insistant fixe le spectateur. Les orifices percés dans le papier permettent d’observer des répliques minuscules des illustrations retrouvées ailleurs dans l’œuvre de Pien. À la fois narrative et évocatrice, cette exposition invite littéralement l’exploration par sa composante sculpturale. Il ne vous reste plus qu’à vous laisser prendre au jeu et à explorer les délicats corridors de papier et les personnages mystérieux. x Les œuvres récentes d’Ed Pien sont exposées jusqu’au 21 janvier à la Galerie Pierre-François Ouellette (372 rue Ste-Catherine Ouest, #216). L’entrée est gratuite du mardi au samedi entre 12h et 17h30. Pour plus d’information: www.pfoac.com.
La section culture change de nom. Maintenant, les arts ont leur place au Délit. Qu’on se le dise. artsculture@delitfrancais.com
Arts&Culture
xle délit | 10 janvier 2006 www.delitfrancais.com
Berlin sur écran L’Institut Goethe de Montréal présentera Berlin avant la chute du 12 janvier au 24 mars. cinéma Agnès Beaudry Le Délit
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erlin: ville des arts, du nightlife, ville déchirée puis réunie, se retrouvant symbole du nazisme, du communisme et du capitalisme successivement et contre son gré. Aussi, le centre d’une culture en soi, la culture allemande, que l’Institut Goethe tente de représenter dans la mer multiculturelle de la ville de Montréal. Quoi de mieux que le cinéma pour accomplir cette mission? Suivant sa tradition du jeudi et vendredi, celle de présenter chaque semaine des films illustrant ou provenant de la culture allemande, l’Institut a choisi le thème de Berlin pour débuter cette nouvelle année. Première série de deux, Berlin avant la chute est composée de dix films de réalisateurs tels Billy Wilder, Walther Ruttmann et Bob Fosse, illustrant cette ville de 1927 à 1989. Le premier film de la série, Cabaret de Bob Fosse, paru en 1972, est fascinant. Il raconte l’histoire du Kit Kat Klub de 1931, centre de la décadence et du plaisir, noyau de désordre dans l’ordre croissant causé par la montée du nazisme à l’extérieur.
Sally Bowles (Liza Minnelli), femme fatale, Américaine chanteuse au cabaret, s’éprend de Brian Roberts (Micheal York), Anglais venu à Berlin pour enseigner sa langue et ayant emménagé devant chez elle. Sally initie au nightlife de sa ville d’adoption cet homme rangé et innocent. Elle souhaite contrôler, séduire et ne jamais aimer, pour ne pas se faire mal, pour demeurer douce comme le miel au dehors et dure comme le fer derrière son masque de diva décadente. Mais Brian est plus indifférent que prévu, saura lui résister et ainsi naîtra le jeu de séduction. L’histoire, sans être extraordinaire, est suffisante pour guider les qualités cinématographiques et visuelles de ce film : l’agencement des prises de vues, les soirées au cabaret où la musique et la danse complémentent l’action, le mélange entre celle-ci et le réel brutal de la situation à Berlin en 1931 (comme dans une scène où l’hilarité sur la scène est entrecoupée de brefs aperçus d’un homme se faisant battre à mort par des soldats nazis). Le tout donne un résultat surprenant et envoûtant: la séduction, le désir, la richesse saupoudrés de la beauté des années trente. Cabaret est inspiré d’un livre de Christopher Isherwood et d’une pièce de théâtre de John Van Druten. Fosse nous dit, par la bouche du maître de la scène du Kit Kat Klub : «Life is a cabaret.» Aussi à l’affiche, The Architects (Die Architeckten, 1990) de Peter Kahane présente Berlin Est durant ses années communistes. On y raconte l’histoire d’un architecte de 38 ans, Daniel Brenner (Kurt Naumann),
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«La vie est un cabaret», c’est ce que raconte le film de Bob Fosse. gracieuseté de l’Institut Goethe, Montréal
qui n’a toujours rien accompli de sérieux dans sa carrière. Lui, sa femme Wanda (Rita Feldmeier) et sa fille vivent une vie monotone. Sa femme surtout ressent la souffrance de la monotonie de sa vie de ménagère et du peu de distraction qu’offre la société dans laquelle elle vit, rêvant de déménager dans l’ouest, vers le capitalisme. Puis, son rêve est drastiquement entravé lorsque son mari apprend qu’il a été nommé chef d’une équipe de son choix pour bâtir un centre d’achat. L’histoire de la vie professionnelle de Daniel est plutôt banale, ressassant comme bien d’autres films et livres le manque de liberté de créativité causé par le régime communiste. L’histoire de la relation entre Daniel et Wanda, par contre,
avec ses répercussions sur leur ménage est inhabituellement vraisemblable et, par ce fait, touchante. Plusieurs autres films notables seront présentés dans les prochains mois à l’Institut dont One, Two, Three de Billy Wilder, Wings of Desire de Wim Wenders et le film muet Berlin, Symphony of a Great City de Walther Ruttmann. x Les films sont présentés à l’Institut Goethe (418 rue Sherbrooke Est) les jeudis à 20h et les vendredi à 18h30. En particulier, Cabaret sera présenté les 12 et 13 janvier et The Architects les 23 et 24 mars. L’entrée est de 7$. Pour la programmation et plus d’information: www. goethe.de/montreal.
Quand l’agriculture ne produit plus, mais détruit! Pas de pays, sans paysans, un documentaire d’Ève Lamont. documentaire Elodie Le Cadre Le Délit L’agriculture est en crise et les agriculteurs ont perdu la maîtrise de ce qui se passe sur leurs terres au profit des géants de l’agro-industrie. Mais un courant de résistance ralliant agriculteurs et consommateurs émerge et clame qu’il est possible de cultiver et de produire autrement: l’agriculture biologique comme pratique respectueuse de la terre, du monde végétal et animal. Ce film ne présente pas seulement la philosophie de cette agriculture «non conventionnelle», il va plus loin, et souligne les dérives d’un secteur primaire en pleine mutation: c’est un débat de société qui s’instaure. Les OGMs sont au centre des débats: la gestion des cultures et la vente des produits sur le marché est portée à controverse. C’est à travers l’exemple des mouvements de l’Union paysanne au Québec et celui de la Confédération paysanne en France, mais aussi de tous les
citoyens qui se considèrent «consoacteurs» que ce documentaire nous montre les résultats fructueux d’une pression morale exercée sur les instances gouvernementales pour la création d’un moratoire sur les OGMs. La présence sur le marché de produits non certifiés «sans OGM» est moralement condamnée au Québec alors même qu’en France l’étiquetage est devenu obligatoire depuis le début 2004. Le Québec souhaiterait voir émerger ce moratoire et le principe d’étiquetage qui permet au consommateur de contrôler sa consommation et de ne pas subir les pratiques commerciales des lobbies agro-alimentaires. Mais la crise du monde agricole est-elle une question de souveraineté alimentaire ou d’industrie agro-alimentaire? C’est à nous tous d’y répondre. Le contrôle de l’alimentation est la première arme au monde, souligne un biologiste interviewé, car se nourrir est la base de la vie, c’est aussi simple que ça. C’est pourquoi l’industrie agroalimentaire est un secteur au cœur des enjeux internationaux. Ce documentaire met l’accent
sur le contrôle tant en amont qu’en aval du système, par les multinationales telles Mosanto, Aventis, Bayer Crop… Non seulement elles produisent et vendent la semence (OGM ou non), les pesticides et les fertilisants, mais elles détiennent aussi la filière pharmaceutique! Et nous ne sommes pas sans connaître les impacts de ces pesticides sur notre santé. Ainsi les maladies sont soignées par «le père de nos maux», quoi de plus normal?
Sommes-nous aussi libres que nous le pensons? Ceci s’inscrit dans un contexte de pratiques agricoles à revoir. Au Québec, le productivisme (notamment porcin) à outrance a conduit à une forte détérioration des terres et de la qualité de l’eau par un épandage excessif de fertilisants et de pesticides. L’artère principale qu’est le Saint-Laurent «conduit l’eau de notre sang» s’exclame un élu de l’île de Montréal et pourtant elle est fortement polluée. Nous
cautionnons une agriculture qui nous intoxique. Ce documentaire, fort de ces illustrations franco-canadiennes, nous conduit à une réflexion éthique, à savoir: quelle agriculture cautionnons-nous par le biais de notre consommation? L’industrie agro-alimentaire n’a-t-elle pas atteint ses limites? Nous sommes tous concernés car la souveraineté alimentaire est une source de liberté: «pas de pays, sans paysans»… x
Sommes-nous réellement libres de choisir ce que nous mangeons? Ève Lamont soulève la question. gracieuseté de l’Ex-Centris
délit | 10 janvier 2006 12 xle www.delitfrancais.com
Arts&Culture
Tranie Tronic au secours des préjugés sociaux Allumons nos sens et laissons-nous charmer par des artistes qui nous transmettent les échos des relations humaines dans toute leur complexité. Un concert électro-pop, ça vous dit?
confidences que Tranie vous fera sur ses histoires de cœur et sa libido. L’anti-conventionnel et l’irraisonnable liberté étant les mots d’ordre, pas de doute, attendez-vous à une prestation incendiaire! x Pour plus d’information: www.tranietronic.com.
musique Alexia Germain Collaboration
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a diversité face à la question du genre et du sexe, c’est comme la diversité des fruits et des légumes. On les mélange, on les cuisine à différentes sauces, on les aime! Bien sûr nous avons chacun nos petits coups de cœur. Et vous, quel est votre plat favori? Mais si la vie avait été si simple, nous ne serions pas ici à en discuter, et Tranie Tronic n’aurait certainement pas livré toute une performance jeudi soir dernier, à la Casa del Popolo. Ajoutez ainsi à notre cocktail végétal quelques neurones, des globules rouges puis pourquoi pas une âme, et voilà: on y est! C’est à ce petit être curieux, perdu et plein d’ambition que nous avons à faire. Et c’est à lui que Tranie Tronic s’adresse lorsqu’elle crie de tout son cœur «Apprivoisons la diversité!». Mais tout d’abord, le contexte. Atif Siddiqi a étudié le design de mode à Los Angeles puis la production de vidéo à Montréal. Ses champs d’intérêts gravitent activement autour de l’identité et de la politique des genres, et sachez que Monsieur Siddiqi n’a pas peur des métamorphoses! Steve Orton, quant à lui, est un musicien électronique d’expérience. Atif et Steve travaillent en collaboration sur le projet de Tranie Tronic. Il s’agit en fait d’une femme post-moderne, incarnée par nul autre qu’Atif lui-même, qui s’est donnée la mission de libérer la définition d’une relation acceptable. Bien que nous
ayons tous déjà croisé un couple homosexuel et un travesti sur le trottoir, ces réalités restent bien étrangères et lointaines pour plusieurs. Précisons, le contexte politique conservateur du Canada n’aide pas particulièrement! Tout de même, comment l’humanité pourrait-elle dépasser l’idée préconçue du transsexuel comme un simple fétiche? Comment déconstruire les catégories et les clichés? Pourquoi ne pas transgresser les images, s’intéresser aux marges et célébrer l’art sous un éclairage des plus libertins? Car si blâme politique fut prononcé à la semi-légère quelques lignes plus haut, c’est un véritable point chaud pour Tranie Tronic et les fervents de la cause. Ils investissent une grande énergie afin de faire de notre communauté un milieu libéral, et ne voudraient surtout pas voir le fruit de leurs efforts réduit par un changement au sein du gouvernement canadien. Certes, il n’est pas nécessaire d’embrasser la cause, mais reconnaître et comprendre le «transgenderisme» est un prérequis pour quiconque s’interroge sur la société actuelle, et tel est le message de Tranie Tronic. Vous ne seriez quand même pas choqué d’apprendre que votre voisin Marc raffole des piments rouges alors que vous en avez horreur? Tous les goûts sont dans la nature, tout est possible, et pourquoi pas! La diversité des expériences, l’ouverture et la capacité d’adaptation font la richesse de l’être humain… c’est écrit! Enfin, si vous désirez assister à une performance live de Tranie Tronic (ce que je vous conseille fortement!), vous trouverez les dates des prochains concerts sur leur site Internet. Le groupe se chargera de vous transporter dans une autre dimension par ses rythmes techno-funk-électroniques, et vous pourrez réagir comme bon vous semble aux
Atif Siddiqi dans sa toute dernière incarnation : la libérale, l’enflammée et la très engagée Tranie Tronic. DR
Théâtre ou variété… d’inégalités? Le Théâtre du Rideau Vert présente 2005 revue et corrigée, une création collective qui propose un bilan des faits saillants de l’année qui vient de s’achever. théâtre Sophie Lestage Le Délit
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ans toutes les grandes capitales, le théâtre est une activité courue durant la période des Fêtes. Toutefois, la situation est différente à Montréal. C’est pourquoi le Théâtre du Rideau Vert, à défaut de présenter un classique de Noël, propose une revue de fin d’année. Cet adieu, mis en scène par Joël Legendre, fait la promotion d’un nouveau genre de théâtre (dit de variété), plus populaire, qui permet aux nombreux adeptes de terminer la dernière année sur une note d’humour et donc, de gaieté. L’année 2005 fut chargée en scandales de toutes sortes. À vrai dire, l’année qui vient de s’écouler n’a vraiment rien d’une gueule de star. Et c’est d’ailleurs ce qui en fait son attrait. Habituellement, dans ce genre de production, il est difficile de trouver le
matériel nécessaire à la réalisation du projet. Dans ce cas-ci, le défi fut plutôt de choisir. Or, dans 2005 revue et corrigée, tous les sujets de l’actualité passent à la sellette: rien ni personne n’est épargné. À notre grand désespoir. 2005 revue et corrigée, c’est plus de deux cents costumes. Et plus d’une cinquantaine de sketchs. Six comédiens qui prennent place dans un univers de sarcasme et de dérision où se mêlent les rires et les larmes. Le concept de ce bilan de fin d’année était fort simple: il s’agissait de mettre en tableaux les faits marquants de la dernière année et de parodier ces évènements avec humour. Cependant, cette production d’envergure finit par manquer de cohésion. La plupart des inégalités sont provoquées par des enchaînements malhabiles, qui rendent peu justice aux comédiens (pourtant de grands talents) qui s’animent sur scène et qui sont plus qu’omniprésents: ils habitent la scène. En effet, Patrice Bélanger, Guylaine Guay, Nathalie Lecompte, Jean-Dominic Leduc, Mahée Paiement et Benoît Paquette jouent, chantent et dansent. Malheureusement, c’est cette multidisciplinarité qui rend cette pièce empreinte d’inégalités. Certes, les forces des comédiens sont primées, mais à quoi bon forcer le chant du néophyte? Toutefois, Nadine Turbide, la pianiste qui accompagne les comédiens dans leurs tribulations, est prodigieuse. C’est qu’en plus de jouer, elle s’amuse. Littéralement. Mais, que dire du malaise inhérent à cet adieu? Si vous souhaitez apprécier ce spectacle, vous devrez laisser votre orgueil au
2005 revues et corrigée: plus de deux cents costumes et une multitude un peu inégale... Suzanne O’Neill
vestiaire, car trop souvent la mince ligne qui sépare le bon du mauvais goût se brouille. Ainsi, le public ne sait plus sur quel pied danser pour apprécier tout ce qui s’offre à lui. C’est que dans cette production à grand déploiement, l’univers théâtral traditionnel est suppléé par une ambiance de théâtre dit de variété, c’est-à-dire une variété de sketchs, de chansons et de blagues, maintes fois
entendues. Variété qui ne repose que sur la spectacularisation de lieux communs. Rien de très rafraîchissant. x 2005 revue et corrigée est présentée jusqu’au 21 janvier au Théâtre du Rideau Vert (4664 rue Saint-Denis). Pour réservations et plus d’information: (514) 844-1793 ou rideauvert. qc.ca.
Arts&Culture
xle délit | 10 janvier 2006 www.delitfrancais.com
Le rêve: un crime? Mélanie Vincelette, étudiante en littérature à McGill, publie son premier roman chez Leméac. littérature Agnès Beaudry Le Délit
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élanie Vincelette, auteure du recueil de nouvelles Qui a tué Magellan (Leméac, 2004) et de Petites géographies orientales (Marchand de feuilles, 2001) vient de publier sont premier roman, Crimes horticoles (Leméac, 2005). Bien que ce soit son premier roman sous presse, elle nous dit: «J’ai des fonds de tiroir à n’en plus finir. Je suis habitée par l’écriture, j’écris depuis toujours, c’est tout ce que je sais faire de mes samedis soirs!» Crimes horticoles raconte l’histoire d’une fillette qui, à son grand désarroi, s’est fait nommée Émile. Née dans un village perdu du Nord du Québec, La Conception, Émile, pour survivre, a su apprendre à rêver. Son tuteur et grand ami, Liam, lui parle de la beauté du monde, de la connaissance et de ses amours, tout cela en lui apprenant à reconnaître l’essentiel. « Souviens-toi de ça Émile, ma Béatrice aimait manger des framboises. Dans l’empreinte de sa [Liam] mémoire ce sont les
petits détails qui comptent.» On reconnaît là l’auteure et sa philosophie, celle qui parfume son œuvre. À ce contexte de rêves, ou cette prison pour l’enfant qui ne souhaite que découvrir l’univers et ses secrets sans l’intermédiaire des livres et du fardeau des adultes, s’ajoutent les souffrances simples mais profondes de chacun. Le père cherchant fortune dans la culture du pavot, qu’il souhaite transformer en or opiacé, l’obsession des petites filles pour la beauté des grandes dames (ici des danseuses qui savent contrôler les âmes avec leur beauté, bref qui semblent posséder l’essentiel), l’amie jalousée, le rêve grandissant de se sauver, n’importe où, mais surtout à Tanger. Le tout minutieusement déposé sur la toile pour créer un tableau duquel émane une subtile tristesse, une poignante beauté. Je lis Crimes horticoles en ressentant le même nœud dans la gorge et dans le cœur, la même nostalgie inexplicable que donne à son lecteur Au temps du fleuve Amour de Makine. Crimes horticoles est unique en son genre par la subtilité avec laquelle il incorpore l’identité canadienne à un style littéraire tout à fait français. La grande ville de Paris qui fait rêver Mme Bovary est subtilement remplacée par Montréal, les références sont d’ici (le Dollorama, les camionneurs …) et le raffinement de l’écriture, la légèreté des phrases et de la langue transportent le lecteur dans l’univers de la littérature française. De plus, dans son roman, Vincelette se détache de l’insoutenable légèreté qui fait
Mélanie Vincelette termine présentement son doctorat en littérature à l’Université McGill. Mathieu Tellier
la beauté de ses nouvelles. Peut-être estce la longueur nouvelle qui permet l’ajout d’une seconde profondeur, plus explicite, le tout conservant tout de même un parfum aérien, signature que Vincelette partage avec Christian Bobin. Entre autres, le roman permet à Vincelette de noircir les traits de l’esquisse (propre au personnages de la nouvelle) d’Émile. Plusieurs œuvres de fiction font naître la même question: à quel point l’auteur
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s’est-il investit dans son personnage? «Émile est un savant dosage de ma jeunesse et d’un monde imaginé. La fiction est toujours un croisement entre les deux. On investit les personnages de sentiments qui nous sont proches pour donner de la vraisemblance aux histoires racontées», me dit Vincelette. Les parutions antérieures de Vincelette laissaient entrevoir un engouement chez l’auteure pour l’Extrême-Orient et ses mystères. Donc quelle surprise en découvrant dans le cœur d’Émile une obsession pour l’Afrique du Nord, pour l’entrée de ce continent, la ville de Tanger, et pour son cœur fermé, presque opaque, le Sahara. Pourquoi le Maroc? «J’ai choisi le Maroc car c’est un pays que j’ai visité à maintes reprises après mes longs périples en Asie du Sud-Est. La ville de Tanger est restée inscrite en moi, sans jamais vouloir se déloger de ma mémoire. Mes expéditions dans le Sahara ont été également révélatrices (…). J’ai ramené avec moi du sable de ce désert que j’ai embouteillé dans un petit flacon que je garde dans mon bureau.» Mélanie termine présentement un doctorat en littérature à l’Université McGill. Ayant publié pendant deux années consécutives, il faudra attendre avant de pouvoir la lire à nouveau : «Je dois dire qu’il faut presque [que] je m’interdise d’écrire un autre roman cette année pour terminer mon doctorat!» x Crimes horticoles est publié chez Leméac (2005).
l’aventure du vin
La France et ses détours
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epuis toujours, la vigne constitue un intarissable réservoir d’imaginaire et de symboles. Comme le dit le philosophe et écrivain français Michel Onfray, il semblerait que la vigne exprime la double appartenance fondamentale de l’homme, c’est-à-dire «sa participation au monde terrestre et son aspiration à l’univers céleste». C’est donc dire que la vigne et ses fruits divins ont été choisis plus que toute autre chose pour symboliser l’homme civilisé. C’est l’usage du vin par les Gaulois, ces ancêtres des Français, qui leur a permis de s’intégrer dans la civilisation du vin et par là de se distinguer culturellement des peuples de l’Europe du Nord, buveurs de bière. En France plus que nulle part ailleurs, le vin a été élevé au rang de «boisson totem», et fait partie du mythe fondateur de la nation française. La France a créé à sa manière des modèles
universellement reconnus et des méthodes dont on a fait des classiques. Même si l’Italie la dépasse en terme de production et que la Californie la menace en popularité, la France est et sera toujours «la» référence en matière de vin. Face à son hégémonie, le reste du monde vinicole n’a pu que se positionner par rapport à elle, parfois en s’en faisant l’élève, parfois en lui faisant la guerre. Si aujourd’hui la France produit les meilleurs vins du monde, elle produit aussi les pires. Nul pays ne peut rivaliser avec la qualité et la diversité de sa production, mais le revers de la médaille est que les vins de qualité ne peuvent être produits en grande quantité. La production de grands vins ne constitue donc qu’une infime partie du rendement total de la France. Pourquoi cela? Pourquoi ne pas produire plus de ces divins nectars que sont les châteaux bordelais et les grands Bourgogne? C’est que là comme partout ailleurs, le rendement est inversement proportionnel à la qualité. En terme simple, plus vous demandez à la vigne de produire, moins son produit est de qualité. Alors les bons vins, s’ils veulent le rester, doivent être produits en quantité limitée et, malheureusement pour l’amateur, les vins de faible qualité pullulent sur les tablettes. Il faut donc garder l’œil bien ouvert pour éviter de payer pour des vins qui ne conviennent pas à votre goût, ou pour éviter de débourser pour une appellation impunément inscrite sur l’étiquette.
Les AOC
Jusqu’au 19e siècle, l’industrie du vin évoluait indépendamment de toute législation. Des vignobles par-ci par-là s’adonnaient à la culture de la vigne, et choisissaient eux-mêmes leurs cépages et leurs méthodes de vinification. On n’aurait jamais cru à ce moment qu’une législation pouvait être nécessaire puisque le monde du vin comme tout autre domaine de l’industrie devait répondre aux impératifs du marché. Mais un terrible événement survint, qui allait changer à jamais le paysage vinicole du monde entier. Vers la fin du 19e siècle se produit une infestation du «puceron de la vigne», mieux connu sous son petit nom de phylloxera, qui a complètement dévasté les vignobles européens. Cette invasion fut à l’époque considérée comme l’un des plus grands désastres de l’histoire du vin. Alors que l’on commençait à peine à replanter la vigne en France, les autorités ont décidé de créer une législation qui allait contrôler la production du vin. Ainsi naissent les appellations d’origine contrôlées (AOC), cet ensemble de lois qui définit des règles vinicoles précises pour contrôler la production des vins selon chaque région. Aujourd’hui, la mention AOC sur une bouteille vous garantit que le vin vient de la région nommée, et qu’il a été élaboré selon les méthodes traditionnelles et les cépages permis dans cette région spécifique. C’est donc dire que chaque région a sa propre «recette» et que les vignerons ne peuvent faire autrement que de
respecter cette recette régionale. Par exemple, si vous avez une bouteille AOC St-Émilion, vous pouvez être certain qu’il est fait de raisins récoltés dans cette région précise de Bordeaux et qu’il en respecte les méthodes prescrites. Si, donc, vous connaissiez les «recettes» de chaque région (ce qui est pourtant à peu près impossible vu les 450 AOC ou régions différentes en France), vous pourriez toujours savoir à quoi vous attendre de chaque bouteille de vin. Ainsi, les AOC ont été créées pour protéger à la fois les vignerons et les consommateurs, mais leur prolifération complexifie le monde des vins français. C’est notamment à cause d’eux que, trop souvent, les amateurs de vin renoncent à démystifier ce monde complexe. Enfin, tous les vins ne rentrent pas dans une AOC. Certains vignerons ont décidé de produire des vins qui ne répondent pas aux critères régionaux. Ils ne peuvent donc pas porter l’honorable mention AOC, mais on les étiquette «vin de table» ou «vin de pays». Cela ne veut pas nécessairement dire que les vins de table sont médiocres; certains sont excellents mais il faut savoir les reconnaître. La semaine prochaine : la région de Bordeaux et ses grands crus. x
Flora Lê Questions ou commentaires? flora.le@mail. mcgill.ca
délit | 10 janvier 2006 14 xle www.delitfrancais.com
Arts&Culture
La destruction par le silence Dans La Petite Robe de Paul, par manque de communication et par traumatismes refoulés, un couple se détruit petit à petit. littérature Karin Lang Le Délit
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ans les nouveautés format poche, La petite robe de Paul, premier roman du psychanalyste Philippe Grimbert, est un livre qui devrait vous tenir éveillé tant par le malaise que par la tension qui s’en dégage. Flânant lors de sa pause déjeuner, Paul découvre au détour d’une petite ruelle un magasin de vêtements pour enfants. Dans la vitrine est exposée une petite robe blanche pour fillette étrangement attirante. Sans pouvoir expliquer son désir de la dévorer du regard, Paul ne peut s’empêcher de se rendre chaque jour au même endroit pour s’émerveiller devant le si joli petit vêtement. Au bout de quelques temps, craignant que le magasin ne décide de retirer la robe de la vente, Paul finit par en
acheter une, taille six ans. Aussitôt sorti avec son paquet sous les bras, il est pris par un tel sentiment de culpabilité qu’il décide de ne rien en dire à sa femme et de le cacher dans son armoire où il pourra venir la regarder aussi souvent qu’il le souhaite. Comme dans tout roman à rebondissements, la femme finit bien évidemment par trouver la robe cachée sous un des costumes de son mari. Cette découverte si surprenante dans sa forme plonge la jeune femme dans un profond désarroi. Elle ne peut s’empêcher d’imaginer les pires des raisons pour cette présence si inhabituelle. De la trahison à la perversité, aucunes des versions ne semblent la satisfaire. Le secret et le silence qui accompagnent ces incompréhensions finissent par instaurer un véritable climat de malaise et de suspicion. Au fil de la lecture, on apprend que des traumatismes passés sont à l’origine
du manque de communication. La tension qui en découle emmène le lecteur dans un monde où la douleur, physique et morale, domine tout autre sentiment. La Petite Robe de Paul, bien que premier roman de Philippe Grimbert, ne lésine pas sur les images chocs et la psychanalyse des traumatismes de l’enfance. Le style de l’auteur y est certainement pour beaucoup, contribuant à projeter ses lecteurs dans un monde bien particulier. L’écriture se distingue en effet par l’absence de dialogues. Les pensées des protagonistes en sont d’autant plus vivantes, n’étant pas cachées par le vague et la superficialité des conversations humaines. Le lecteur est tenu en haleine jusqu’au bout, malgré la fin qui pourrait décevoir certaines personnes s’attendant à une continuité du climat de brutalité «silencieuse» caractéristique du roman. Une chose est certaine: vous vous méfierez probablement bien plus de vos achats pulsionnels après avoir lu ce livre! x La Petite Robe de Paul est maintenant disponible aux éditions Livre de poche.
Acide sulfurique ne peut laisser indifférent Le dernier roman d’Amélie Nothomb, Acide sulfurique est le récit d’une émission de téléréalité dans... un camp de concentration! littérature Clémence Repoux Le Délit
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mélie Nothomb, c’est un petit génie de la littérature française. Découverte en 1992 avec le succès d’Hygiène de l’assassin, son premier roman publié à 25 ans, elle publie depuis, à chaque rentrée littéraire, un roman qui choque et qui fâche, qui surprend, qui détonne, et qui connaît un succès presque systématique. Ses romans sont traduits dans vingt-trois langues. «Aujourd’hui, elle tient le rôle de coqueluche des médias et de star des lycéens. Ce tourbillon noir à visage lunaire symbolise à lui seul le tumulte et le succès d’une rentrée (...). Depuis le surgissement du jeune Modiano à la fin des années 60, on n’avait pas vu pareil assaut de talent», peut-on lire dans Le Point (3 novembre 2000). L’auteure Cette jeune femme d’origine Belge tire une grande part de son inspiration de son enfance passée Japon et partout dans le monde, trimballée dans les valises de son père
diplomate (Chine, New York, Bengladesh, Birmanie, Laos, puis Bruxelles où elle finit par s’installer à 17 ans). Nothomb est bourrée de talent, certains disent même du génie, ses détracteurs eux-mêmes sont bien obligés d’au moins lui reconnaître un grand sens commercial. Parce qu’elle ne fait pas
Cette jeune femme d’origine Belge tire une grande part de son inspiration de son enfance passée au Japon et partout dans le monde, trimballée dans les valises de son père diplomate. l’unanimité, loin de là! On l’aime ou on la hait, c’est le genre de personnalité qui ne laisse pas indifférent. Elle aime choquer, se donner un genre d’artiste de génie (looks extravagants, déclarations chocs) qui agace ou fascine, elle a tout pour (dé)plaire. Bosseuse, on dit qu’elle écrit tous les jours de 4h à 8h du matin. Il paraît aussi qu’elle écrit trois romans par an mais n’en choisit qu’un seul pour la publication. Elle a écrit plus d’une quarantaine de romans, mais refuse
d’en publier la majorité, qu’elle estime trop personnels. Excentrique, elle parle comme elle écrit et truffe ses entrevues, comme ses romans, de déclarations surprenantes. Par exemple, dans une entrevue, elle nous dit: «Je pense que je n’est pas un autre mais que je est 36 milliards d’autres. C’est toujours une imposture de dire je parce qu’on parle au singulier alors que ce devrait être un pluriel sans cesse plus nombreux». Ou encore: «À part la séquence du meurtre du petit garçon à l’age de huit ans qui, elle, est autobiographique – puisque j’ai tué mentalement un garçon dans ma classe et ça a marché – rien n’est autobiographique dans ce livre.» Le livre Son dernier roman, Acide sulfurique, participe à cette tendance. L’acide sulfurique est un liquide extrêmement réactif et toxique qui peut provoquer des explosions. Quel titre approprié pour un roman qui a fait tant de remous au cours de la dernière rentrée littéraire! C’est l’histoire d’une émission de télé réalité: «Concentration». Son principe est le suivant: on enlève des gens arbitrairement dans la rue pour en faire des prisonniers, on recrute des personnes selon des critères de cruauté et de bêtise pour en faire des caporaux et gardiens. On filme. Cette émission bat tous les records d’audience: le public est dégoûté mais fasciné. Les médias sont indignés,
mais n’arrêtent pas d’en parler. Chaque semaine, des prisonniers sont sélectionnés pour être mis à mort. Quand on permet aux téléspectateurs de voter pour choisir ceux des prisonniers qui vont être exécutés, c’est la folie. Les médias se déchaînent, mais continuent à renforcer le phénomène, les records d’écoute sont pulvérisés, ceux qui n’ont pas la télé vont chez leur voisin. Et l’histoire: une des prisonnières, qui est (évidemment) belle à mourir, et qui fait preuve, en prime, d’une certaine grandeur de caractère, prend la tête de la rébellion des prisonniers. Une caporale, (comme de fait) bête et méchante, se prend d’amitié ou d’amour pour cette belle prisonnière. On reproche à ce roman de n’être pas très bien écrit, d’être bien en dessous du niveau de Nothomb. On l’accuse de s’être un peu laissé aller, d’avoir pêché par paresse, de se reposer sur ses succès peut-être. Mais chacun est obligé de reconnaître que le sujet de ce roman est génial. Choquant, on a du mal à croire qu’elle a osé, mais avec Nothomb, il faut s’attendre à tout. Si son roman est moins bon que d’habitude, reconnaissons lui au moins un mérite: quelle magnifique critique de la télé réalité, du «jusqu’où peuton aller», des téléspectateurs, de la dictature de l’audimat, de la bêtise humaine enfin. x Acide sulfurique est publié aux éditions Albin Michel (2005).
Arts&Culture
xle délit | 10 janvier 2006 www.delitfrancais.com
Éloge de la dépendance Voleurs de sucre retrace l’itinéraire d’un enfant «gâté». littérature Arnaud Decroix Le Délit
L
e Gaspésien Éric Dupont nous livre ici son premier roman, Voleurs de sucre, actuellement en compétition pour le Prix des cinq continents de la francophonie. Il y célèbre les tribulations de son éponyme: le petit Éric, âgé de seulement quelques années. L’environnement de celuici est totalement onirique et les aventures menées avec la complicité de sa sœur Marie-Josée, sous le regard attentif de Minou et Moussette, respectivement chat et chien, sont hilarantes. Dès les premières semaines de sa naissance, la maman d’Éric n’a rien trouvé de mieux que d’ajouter un peu de sirop d’érable au lait maternel pour le plus grand bonheur de l’enfant mais aussi pour son malheur. En effet, le voilà transporté à l’hôpital où il fait la connaissance d’hostiles «Docteurs» entourés de «Gardes», pourfendeurs des sucreries en tous genres et défenseurs acharnés des navets et autres légumes. Une lutte
s’engage alors entre les partisans de la «poudre blanche» (je veux parler du sucre évidemment...) et leurs ennemis jurés. Éric est une figure majeure du premier camp et il n’hésite pas à entraîner sa sœur dans d’étranges compromis comme des échanges de bouteilles vides contre quelques bonbons ou à pactiser avec ses jeunes voisins pour obtenir des biscuits de la part de leur mère attentive. La quête du glucose devient alors une obsession, que l’auteur compare volontiers à la dépendance narcotique. À cet égard, les métaphores sont nombreuses et l’histoire du petit garçon est souvent mise en parallèle avec la Grande Histoire. Ainsi, la période de la prohibition et la lutte de Nixon contre le trafic de drogue sont assimilées au combat de certains adultes contre les besoins sucrés du petit Éric. Cette juxtaposition de l’univers enfantin avec le monde des adultes est sans aucun doute l’un des apports essentiels de ce roman et en constitue la grande originalité. Plusieurs scènes sont particulièrement cocasses, notamment les escapades des deux bambins et leurs diverses
rencontres avec des Hell’s Angels ou des pompiers. Si leur grille de lecture de la réalité humaine se réduit à deux ou trois rues autour de la maison familiale, le jardin constitue un terrain de jeu particulièrement apprécié. Le jeune Éric, du haut de ses trois ans, y est parfois même victime de certaines hallucinations qui le confrontent à la Vérité. Celleci l’initie progressivement aux délices du sucre et de ses dérivés, l’entraînant toujours plus loin dans cette dépendance croissante. Une relation complexe se noue alors entre l’enfant et son besoin, personnifié, magnifié et exalté en la personne de cette nymphe. En ces temps d’excès d’embonpoint, où l’obésité est présentée comme le mal du XXIe siècle, ce roman constitue un joli pied-de-nez aux bien-pensants. Prenant à contre-courant tous les discours convenus, Voleurs de sucre n’hésite pas à faire l’apologie des dérives sucrées. Le style de cet enseignant et traducteur est alerte et le roman se lit très facilement. Il fera sûrement le délice des petits et des grands. x Voleurs de sucre d’Éric Dupont est publié aux éditions Marchand de feuilles (2004).
calendrier culturel
Du mardi 10 au 17 janvier
Conférences et lectures publiques • Diversity Canada 2006 – Conférence nationale de l’Association des étudiants de sciences politiques – discussions et conférences du 18 au 22 janvier – applications disponibles au Pavillon Leacock, salle 523 – www. mcgillpolisci.ca ou www.cpssa-aespc. org • Gimme Shelter – Concert pour Habitat for Humanity – The Dust Jackets et Dale Boyle – mercredi 18
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janvier – 21h – bar Brutopia (1219 Crescent) – 5$ • Série Understanding Europe 2006 – Présentation de Jeremy Kinsman, ambassadeur du Canada à l’Union européenne – mercredi 11 janvier – 12h30 – Chancellor Day Hall (3644 Peel), salle 201 • USAID et les élections en Iraq – Présentation de Marc Lemieux – Interuniversity Consortium for Arab and Middle Eastern Studies – vendredi 13 janvier – 16h à 16h30 – 3465 Peel, 3e étage – www.mcgill.ca/icames Cinéma • Cane Toad: An Unnatural History – Série Super Science Docs présentée par le club étudiant du musée Redpath – mardi 10 janvier – 16h – musée Redpath, auditorium – entrée gratuite – (514) 398-4086 ext. 4094
Après avoir feuilleté ce numéro, vous aurez sûrement remarqué notre nouvelle mise-en-page. Envoyez-nous vos commentaires et suggestions.
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les rêveries du lecteur solitaire
La littérature, par eux
E
n 1962, André Major, alors é t u d i a n t à l’Université de Montréal, posait la question suivante à des acteurs importants de la scène littéraire: «Quelles sont les conditions nécessaires au développement d’une littérature canadiennefrançaise authentique?». Plus de quarante ans plus tard, Catherine Morency renouvelle l’expérience en demandant cette fois «Au Québec, à quelle(s) responsabilité(s) la littérature est-elle conviée?» Le tout vient d’être publié aux éditions Nota Bene, sous le titre La Littérature par elle-même. Si les textes de 1962 revêtent plutôt à mes yeux un intérêt simplement documentaire (nonobstant le court essai enflammé d’Yves Thériault, pour qui un écrivain doit avoir «le courage de se la fermer et d’écrire»), ceux de 2005 sont riches en réflexions. Bien sûr, quelques auteurs échouent lamentablement l’exercice: Marie-Claire Blais se montre superficielle et complaisante pour sa propre œuvre, André Major s’adore dans sa solitude élitiste au sommet de sa tour d’ivoire et Yvon Rivard, fier de son statut de «mangeur de patate», est pathétiquement naïf. Mais ces textes ratés ne réussissent pas à entacher l’œuvre, qui fascine par la richesse et la diversité des points de vue qui se confrontent. Quelques-uns se montrent plutôt optimistes,
comme Pierre Nepveu qui développe ce qui ressemble à une profession de foi pour la littérature, convaincu de sa pertinence et de sa pérennité. D’autres sont résolument pessimistes et désillusionnés quant à l’avenir de cet art, comme Larry Tremblay et François Ricard. Alors que Tremblay parle de notre époque comme de l’âge de «la disparition de la pensée» et de «la contamination de la bêtise», Ricard se montre encore plus critique face à la littérature, surtout la littérature québécoise. «S’il fallait à tout prix trouver une spécificité à la littérature d’ici, ce serait peut-être […] la relative médiocrité des textes». Je ne peux m’empêcher de partager, du moins partiellement, ce jugement. Partiellement, car certains auteurs comme Ying Chen, Gilles Cyr et Catherine Mavrikakis nous apportent des réflexions qui, par leur richesse et leur profondeur, donnent espoir à tous ceux qui, comme moi, se donnent à ce domaine qui semble trop souvent voué à l’extinction. Cet ouvrage vient combattre cette vision pessimiste, en nous montrant qu’il existe une foule de gens dévoués à la littérature, qu’elle sait toujours susciter réflexions et émotions, qu’elle se transforme et évolue afin de conserver une place dans notre monde. À lire pour tous ceux qui sont incapables de se contenter du best-seller de la semaine. *** Ne soyez pas inquiets devant ce ton posé et raisonnable, chers lecteurs, mes accès de «chiâleries» immotivées seront de retour dès la semaine prochaine… x
Pierre-Olivier Brodeur
délit | 10 janvier 2006 16 xle www.delitfrancais.com
Arts&Culture
critiques de bédés DAVID B. Les Complots nocturnes
C
eux qui ont suivi L’Ascension du Haut-Mal se rappelleront peut-être que le personnage principal, qui est l’auteur enfant, dessinait ses rêves et ses cauchemars. Les Complots nocturnes constituent dix-neuf rêves, élaborés entre décembre 1979 et septembre 1994. L’auteur vieillit: la violence et les poursuites restent des thèmes principaux, les yeux sont omniprésents, mais les livres et les femmes s’y greffent graduellement. La bichromie bleu nuit choisie pour la mise en page correspond parfaitement à l’univers noir, guerrier mais froid des rêves de David B. et souligne l’acuité des traits de l’auteur, le détail à la fois minuscule et grossier de son dessin, auquel il faut s’habituer, mais qui, naïf et acéré, raide et noir, n’est pas sans rappeler une espèce de Guernica sombre (sérieusement). David B. est un auteur de la «nouvelle bande dessinée», très personnelle, très imagée, très sombre (que penser d’un homme qui porte dans ses rêves le chat de Giacometti, des monstres à la Jérôme Bosch, des chars tigres, des trilobites creux ou des Khmers rouges absurdistes?). Sans conteste, Les Complots nocturnes sont novateurs et beaucoup plus «au point» que Le Cheval blême, autre bédé-rêve, publiée en 1992. Certes, la bande dessinée est probablement le meilleur médium statique pour rendre l’univers mouvant du rêve, et il est difficile de reprocher à un univers onirique son manque de cohérence. Pourtant, on aurait pu souhaiter un peu d’épuration: tant que le rêve n’appartient qu’au rêveur, il n’y a pas de tri à effectuer, mais le lecteur sait faire la différence entre l’irrationnel, le déstabilisant et l’inachevé chronique, qui le laissent sur sa faim. Graphiquement satisfaisant pour les audacieux, rafraîchissant pour les blasés du trait, obscur et ténébreux sans être aussi mélancolique que Les Incidents de la nuit, déconcertant pour les amateurs d’histoires linéaires, certaines planches sont des bijoux. D’autres, des écrins envahissants. (Futuropolis) Laurence Bich-Carrière
MORVAN • MUNUERA Spirou et Fantasio nº48 L’Homme qui ne voulait pas mourir
«L
’homme qui ne voulait pas mourir», c’est l’oncle de Fantasio, qui court le monde sans contrainte car il possède un élixir de jouvence. Or, l’infâme cousin Zantafio voudrait bien faire main basse sur cette potion. Au programme: poursuites nautiques, mafia russe, rebelles indigènes sud-américains et Mayas immortels. En bref, une folle aventure comme Franquin ou Fournier nous y avaient habitués. Il avait fallu attendre six ans après La Machine qui rêve, dont le dessin réaliste et un scénario sombre et tordu en avaient surpris plusieurs, pour que Spirou reparaisse au rayon des nouveautés. Avec de nouveaux auteurs. Honnête pour un premier contact avec un monstre sacré de la bédé, Paris-sous-Seine avait rebuté certains lecteurs: alors que Tome et Janry avaient annoncé le retour de Zorglub, Morvan et Munuera proposaient les troublantes amours de Champignac sur fond d’enjeux environnementaux! L’ouvrage n’était cependant pas sans mérite et avec L’Homme qui ne voulait pas mourir, Munuera a repris avec succès son découpage dynamique (génération manga belgisée), ses cadrages ambitieux. Sans perdre de son rythme enlevant, Munuera, lui, a appris à mieux ficeler son scénario (même si huit pages supplémentaires ont été nécessaires), et à vraiment s’approprier le groom le plus célèbre de la planète. On pressent même un Spirou un peu plus insolent. Au moins deux autres numéros sont au programme pour le duo, dont un spécial cinquantième qui comprendra aussi plusieurs hors série signés par des auteurs comme LeGall, Velhmann ou Yann (qui pourront «réaliser leur fantasme de s’approprier Spirou sans porter le poids de sa célébrité», expliquent les éditions Dupuis). On ne peut qu’espérer que Spirou renoue avec le succès de Luna Fatale ou de La Vallée des bannis. (Dupuis) L.B.-C.