Le seul journal francop
di 12 septembre 2006 — Volume 96 hone de l’Université McGill • Le mar
sur les murs Numéro 1 • On pitche des lettres
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depuis 1977.
délit | 12 septembre 2006 02 xle www.delitfrancais.com
Nouvelles
Vous aimez les nouvelles? Vous rêvez de devenir grand reporter? Vous vous rebellez contre le pouvoir établi? Écrivez pour la section Nouvelles du Délit... Passez nous voir ce soir, mardi, à 18h dans le local B·24 du Shatner.
Le président de l’AÉUM se confie au Délit État des lieux des premiers mois de la présidence d’Aaron DonnyClark. campus David Drouin-Lê Le Délit
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n ce début d’année scolaire, le président de l’exécutif de la l’Association étudiante de l’Université McGill (AÉUM ou SSMU), Aaron Donny-Clark, a accepté de recevoir le Délit dans ses bureaux pour un entretien. Soulignons que M. Donny-Clark a insisté pour que l’entretien se déroule en français, et s’était vêtu pour l’occasion d’un chandail de la Saint-Jean Baptiste arborant la fleur de lys. Environnement Interrogé sur les priorités de l’AÉUM cette année, DonnyClark traite d’abord de la question environnementale. Il déclare qu’il a «bien discuté avec les commissaires de l’environnement afin de faire quelque chose à la cafétéria [du Shatner] pour qu’il y ait moins de rebut». Il mentionne par exemple le retrait éventuel des couverts non réutilisables en polystyrène. Le président souligne aussi les mesures qui ont déjà été adoptées lors des récentes initiations: «nous avons eu des kegs (barils) pour la bière et c’est vraiment, vraiment mieux puisque les années passées nous avons utilisé des bouteilles et il y avait beaucoup de gaspillage. Nous avons de plus encouragé les nouveaux étudiants à utiliser des frisbees comme assiettes».
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Les francos Le Délit a par la suite demandé ce que le président comptait accomplir pour les étudiants francophones qui forment 20 p. cent du corps étudiant. Il souhaite prendre les mesures nécessaires afin de renforcer le rôle des commissaires francophones pour que ceux-ci offrent un véritable service aux étudiants concernés. Par exemple, il envisage «des campagnes de sensibilisation et de représentation devant l’administration dans certains domaines comme le droit d’écrire en français ses évaluations». Donny-Clark note en effet que
Aaron Donny-Clark, recyclant le matériel promotionnel de l’ancien président. Maysa Pharès
«des fois le prof n’accepte pas le fait d’écrire en français». La fonction du commissaire serait dans ce cas de «dire à l’étudiant où aller pour se battre». Les relations avec le mouvement étudiant Le président élu en avril dernier se targue d’avoir imposé comme priorité à la Fédération étudiante universitaire du Québec (FEUQ) le cas problématique des étudiants internationaux et horsprovince dont les frais de scolarité n’ont cessé d’augmenter dans les dernières années. Étant donné le nombre considérable d’étudiants étrangers à McGill, l’AÉUM, qui était à couteaux tirés avec le lobby étudiant l’année dernière, entend donc profiter de l’influence de la FEUQ, affirme Donny-Clark. Dans le cadre du plan de développement de l’AÉUM, le président, flanqué de son viceprésident aux affaires externes Max Silverman, effectue «une tournée dans les associations étudiantes canadiennes pour voir ce qui se fait ailleurs et aussi afin de voir s’il existe un mouvement étudiant canadien ou pas, et si ça inclut le Québec». Le président répond
même rapidement, sourire en coin, à la deuxième partie de sa question: «it doesn’t!». Relations avec l’Université Si les relations avec l’administration de McGill ont souvent été acrimonieuses par le passé, le président affirme que cette année «en général tout est mieux». À cet effet, il évoque la signature d’un bail de cinq ans pour l’édifice étudiant Shatner qui ne contient plus la clause qui permettait à l’administration d’expulser l’AÉUM «pour presque n’importe quelle raison». Aussi, au cours de la saison estivale, l’AÉUM a réglé la question litigieuse de la librairie universitaire sur McTavish en se retirant complètement de sa gestion, McGill ayant accepté de racheter les parts de l’association pour près de deux millions de dollars. Cependant, l’AÉUM s’oppose toujours à la politique de l’administration qui persiste à refuser d’accorder un local de prière pour les étudiants musulmans. Le président est catégorique sur cette question: «l’administration doit fournir un espace pour la prière». x
Éditorial
xle délit | 12 septembre 2006 www.delitfrancais.com
Volume 96 Numéro 1
Le printemps de McGill campus Alexandre de Lorimier Le Délit
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Le seul journal francophone de l’Université McGill RÉDACTION 3480 rue McTavish, bureau B•24 Montréal (Québec) H3A 1X9 Téléphone : +1 (514) 398-6784 Télécopieur : +1 (514) 398-8318 redaction@delitfrancais.com Rédacteur en chef rec@delitfrancais.com Alexandre de Lorimier Chef de pupitre–nouvelles nouvelles@delitfrancais.com Maysa Pharès Chefs de pupitre–arts&culture artsculture@delitfrancais.com Émilie Beauchamp Laurence Martin Rédacteurs-reporters Pierre-Olivier Brodeur David Drouin-Lê Coordonnateur de la production production@delitfrancais.com Johannes Gutenberg Coordonnateur visuel visuel@delitfrancais.com Mathieu Ménard Coordonnatrice de la correction Laurence Bich-Carrière Collaboration Marie-Noelle Bélanger, Joseph Dahine, Alexandre Duval, Louis-Patrick Haraoui, Naim Jeanbart, Faiz Khan, Morgane Lapeyre, Christine Ledoux, Mathieu Renaud
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oute la frénésie qui entoure la rentrée est maintenant estompée. Après une semaine de débauche, les étudiants sont dans les salles de cours, les professeurs ont distribué leurs plans et, dehors, la vie reprend sur le campus qui a dormi pendant tout l’été. Dans la rue, les étudiants arborent fièrement l’insigne de leur nouvelle université tandis que certains ne perdent pas de temps à se mettre à l’ouvrage. La force d’une grande université comme McGill se fonde dans sa capacité à réunir des esprits brillants allant des professeurs mondialement reconnus qui ont déjà pris leur retraite aux jeunes à peine sortis du confort de la demeure familiale et qui rêvent un jour de révolutionner leur domaine d’études. Durant les prochaines années, vous serez vicitimes du bon comme du mauvais entre ces murs mais il faut tout de même prendre conscience de la chance que nous avons d’être ici. Oubliez la haute administration entrepreneuriale, la représentation étudiante au mieux dérisoire et la cohabitation anglo/ franco chimérique, McGill reste une des meilleures universités sur le continent. Pour tous ceux qui commencent à McGill cette année, bienvenue. Comme on en rêvait, l’université est un environnement prenant où les idées fusent de toutes parts et les occasions de profiter de la vie ne manquent pas. Après la période d’hibernation qu’est l’été, l’automne arrive comme une bouffée d’air frais… mais il faut bien s’accrocher. Pour un journal étudiant comme Le Délit, cela veut dire s’assurer que tous les collaborateurs reviennent et qu’ils participent au premier numéro que vous avez entre les mains. De fait, ces quelques pages de papier journal sont le fruit de plusieurs semaines de travail… et d’angoisse. Ce journal étudiant est un lien entre vous, les étudiants, et la communauté qui vous entoure et dans laquelle vous évoluez jour après jour. Vous y trouverez de l’information qui vous concerne sur la représentation étudiante, l’administration de McGill et les différents groupes qui font l’actualité sur
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Couverture Mathieu Ménard Mathieu Ménard
le campus. Que ce soit concernant le dégel des frais de scolarités ou une éventuelle campagne électorale provinciale –ou fédérale, qui sait?–, Le Délit sera sur le terrain pour vous rapporter les faits. Problèmes de société, histoires insolites et brèves sur la vie de campus feront aussi la une des pages du journal. L’analyse –et non la propagande– aura aussi sa place, parce qu’il est parfois nécessaire de clarifier ce que l’on entend. Après ces longues heures de travail, il faut pouvoir se reposer un peu. Et dans une ville comme Montréal, on ne s’ennuie résolument pas. Il est même parfois difficile de savoir où donner de la tête et c’est pourquoi la section culturelle du journal rendra compte des événements artistiques dans la métropole en gardant l’accent sur des productions indépendantes et bon marché.
Un microcosme de la vie montréalaise, McGill est aussi un échantillon des deux solitudes devenues proverbiales. Plusieurs sont étonnés de trouver un journal francophone à l’Université mais il faut savoir que vingt p. cent du corps étudiant a pour langue maternelle le français. Le Délit trouve donc sa place pour ces étudiants qui s’exprime jour après jour dans la langue de Molière. Sans compter les francophiles. Pour conclure, je vous inviterai à participer au Délit. Votre journal étudiant est toujours à la recherche de collaborateurs. Quelle que soit la fréquence de votre participation, elle sera toujours la bienvenue. La page 5 offre un mode d’emploi. Vous y trouverez plus d’information sur le fonctionnement du journal. Sur ce, bonne année! x
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BUREAU PUBLICITAIRE 3480 rue McTavish, bureau B•26 Montréal (Québec) H3A 1X9 Téléphone : +1 (514) 398-6790 Télécopieur : +1 (514) 398-8318 daily@ssmu.mcgill.ca Publicité et direction générale Boris Shedov Gérance Pierre Bouillon Photocomposition Jack Sanford The McGill Daily • www.mcgilldaily.com coordinating@mcgilldaily.com Rishi Hargovan Conseil d’administration de la Société de publication du Daily (SPD) Alexandre de Lorimier, Joshua Ginsberg, Rishi Hargovan, Peter Lipsombe, Erika Meere, Joël Thibert, Jefferey Wachsmuth, Aaron Wright
15 L’usage du masculin dans les pages du Délit vise à alléger le texte et ne se veut nullement discriminatoire.
Halte au vol de portables!
La conférence de Toronto sur le sida
Le meilleur du Montréal culturel
Nicolas Dickner est-il le prochain Camus?
Collaborez au Délit! Venez à notre réunion mardi à 18h ou passez nous voir jeudi à Activities Night.
Le Délit (ISSN 1192-4609) est publié la plupart des mardis par la Société de publication du Daily (SPD). Il encourage la reproduction de ses articles originaux à condition d’en mentionner la source (sauf dans le cas d’articles et d’illustrations dont les droits avant été auparavent réservés, incluant les articles de la CUP). Les opinions exprimées dans ces pages ne reflètent pas nécessairement celles de l’Université McGill. L’équipe du Délit n’endosse pas nécessairement les produits dont la publicité paraît dans ce journal. Imprimé sur du papier recyclé format tabloïde par Imprimerie Quebecor, Saint-Jean-sur-le-Richelieu (Québec). Le Délit est membre fondateur de la Canadian University Press (CUP), du Carrefour international de la presse universitaire francophone (CIPUF) et de la Presse universitaire indépendante du Québec (PUIQ).
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délit | 12 septembre 2006 04 xle www.delitfrancais.com
Bizarre, bizarroïde et compagnie Le plus grand portrait du monde fait par un artiste albanais Un artiste albanais est entré dans le livre Guinness des records pour avoir réalisé le plus grand portrait du monde, en l’occurrence celui de Léonard de Vinci, a annoncé mardi dernier à Tirana Scott Christie, membre du jury du livre. L’artiste de quarante ans utilisé plus de cinq cent mille clous sur une toile de huit mètres carré pour faire un portrait en trois dimensions de Léonard de Vinci. (AFP/Yahoo)
Condoléances pour Pluton La relégation de Pluton au rang de planète naine suscite l’émotion du peuple américain. Une stèle dédiée à Pluton a été érigée sur le Mall, la grande esplanade de Washington. Une carte s’y trouve, signée de Mars, Jupiter, Vénus, Mercure et les autres: «Tu vas nous manquer», inscrit-elle. Les messages d’adieu s’accumulent. Une manifestation a également eu lieu le premier septembre à l’Université du Nouveau-Mexique. (lemonde.fr)
Le vernis à ongles, une menace à la reproduction Certains fabricants de vernis à ongles cèdent à la pression de groupes écologistes et de législateurs européens et enlèvent un des composés chimiques de leurs produits. Cette substance est en effet soupçonnée d’interférer
Sans commentaire Laurence Bich-Carrière L’UNIVERSITÉ QUI A BIEN VOULU que vous sévissiez sur ses bancs vétustes a lancé en grande pompe (comprendre en fait, en courriel de masse), un nouveau site Web dont la différence principale avec l’ancien est d’être plus rond. Je veux bien que le ventre soit à la mode chez la star hollywoodienne par les temps qui courent, mais je ne crois pas qu’on indexe les sites Web universitaires sur la conception de Suri Cruise ou de Shiloh Jolie-Pitt. Je ne crois pas non plus que cette rondeur nouvellement acquise constitue une métaphore annonçant des rapprochements heureux entre le corps étudiant et les dieux inertes de l’administration. Ah, l’Administration! Construction misanthrope! Machine s’exprimant principalement par la fenêtre sans âme de mon fureteur Internet! Je confesse des moments de faiblesse où toute lumière au bout du tunnel se double du bruit d’un train (généralement induits par le prix de mes manuels de cours). J’hésite alors entre croire que l’Administration a pour unique fonction que de ne rien faire –ce qu’elle réussit admirablement–, plaindre l’initiateur des envois, personne qui se sent seule au point d’éprouver le besoin se rappeler, de manière électronique, morbide et compulsive, à mon bon souvenir et penser, comme Maurice G. Dantec, spécialiste du complot devant l’Éternel, que toute dissémination d’information qu’elle puisse faire n’a qu’une finalité, cacher une autre information. Après tout, quelle fin cherche-t-on à atteindre en me tenant personnellement au courant de la possibilité qu’il y ait une
avec le système hormonal et d’entraver la reproduction. Certaines études cliniques l’ont associée à des dysfonctionnements testiculaires chez les rats comme chez les humains. (NYTimes)
Le passe-temps d’un policier laisse rêveur La police de Montréal a ouvert une enquête au sujet d’un de ses policiers, qui a un passe-temps pour le moins douteux. En dehors de ses heures de travail, il propose ses services pour faire annuler les contraventions, par le biais de son entreprise SOS Ticket. (Corusnouvelles.com)
Le record du pourboire battu au fin fond du Kansas La générosité d’un client du Kansas est allée jusqu’à laisser un pourboire de 10 000 dollars à une serveuse… pour une addition de 26 dollars. Après avoir signé son reçu de carte de crédit et inscrit 10 000$ dans la ligne du pourboire, le gentleman, dont l’identité n’a pas été divulguée, a montré la note à la serveuse: «Je veux que vous sachiez que ce n’est pas une plaisanterie», lui a-t-il dit. «Vous pourrez vous offrir quelque chose de sympa». Mais le plus surprenant est sans doute que Cindy Kienow, 35 ans, sous le choc d’un tel pourboire, a confié à la chaîne CBS qu’elle allait s’offrir une soirée pour célibataires... à Las Vegas. (AFP/ Cyberpresse).
Controverses En trois La vitesses citation de la semaine En hausse
«L’ouverture du couvercle des McFlurry a été redessinée afin d’éviter que les hérissons n’y entrent dans le cas malheureux où les contenants seraient jetés dans la nature.» Communiqué de l’administration de la chaîne de restaurants McDonald pour expliquer le nouveau design des contenants de McFlurry. L’association birtannique pour la préservation des hérissons s’était plainte que ces petits bêtes entrent dans les contenants, attirés par l’odeur de sucre, y restent enfermés et meurent de faim. (Time).
LE BOX-OFFICE AMÉRICAIN Après une année cinématographiquement lugubre, l’industrie américaine du film a connu un été foudroyant (commercialement s’entend, pas artistiquement...), en récoltant 3,85 milliards de dollars américains en vente de billets aux États-Unis et au Canada entre mai et septembre. C’est une hausse de 6,3 p. cent par rapport à la même période de l’an dernier. Ces chiffres font de Pirates of the Caribbeans: Dead Man’s Chest un des plus grands succès commerciaux du cinéma de nos voisins. Allez comprendre la logique du profit... (AP/Yahoo)
Noyer le poisson interruption dans l’horaire d’abattage à l’explosion d’un building présentement en construction –surtout pour ensuite m’aviser que fausse alerte, tout continue tel que prévu? Était-il vraiment nécessaire de m’annoncer qu’une ruelle proche de la rue Sir-WilliamOsler allait être inaccessible pour les trente-six prochains mois? N’aurait-il pas été plus utile de me faire savoir qu’en raison des travaux à la bibliothèque MacLennan, certaines entrées étaient fermées à la circulation? Je conçois parfaitement que nous soyons à un âge où la responsabilité et la peur de la mort ne conditionnent pas l’entièreté de nos faits et gestes. Il peut arriver à chacun de se sentir téméraire: pour certains, cela signifiera pincer les oreilles d’une raie pastenague ou le trilili d’un crocodile, pour d’autres, commander un chili trois-piments plutôt qu’extra-mauviette. Mais, entre vous et moi soit dit, y a-t-il plus de chances que vous alliez faire du rouli-roulant sur des armatures à béton dans un chantier ou que vous alliez vous perdre dans les tablettes de la bibliothèque? S’il existe un doctorat honorifique ès noyage de poisson, décernez-leur quelqu’un! Bon, bon, bon, me dira-t-il, la triple répétition se voulant désapprobatrice. Si c’est du cynisme, cela ne sied guère à une première chronique s’adressant, après tout, à quelques étudiants dont les pieds sont encore légers à l’idée d’aller étudier l’histoire de la brique européenne du 19e siècle, la problématique du rapport au langage chez l’écrivain québécois après la Révolution tranquille ou les rythmes, thèmes et genres de la poésie médiévale japonaise (à mon lyrisme près, ce sont des
Au neutre ÉMILIE MONDOR L’athlète québécoise Émilie Mondor passe à une nouvelle étape, où elle risque de battre beaucoup moins de records... Décédée samedi dans un accident de voiture, la jeune femme laisse une famille éplorée et le maire de Mascouche (sa mère-bourgade) en quête d’une nouvelle mascotte. Désormais, son palmarès sera au neutre. (cyberpresse.ca)
cours qui se donnent réellement dans nos murs augustes). Ils ne savent pas encore que le tapis de gazon du terrain de football –où ils ont par contre déjà appris à se prélasser– est remplacé annuellement après la collation des grades, que l’édifice Shatner ne s’appelle pas vraiment ainsi, ou que le terrain de McGill a été le théâtre de l’un des plus grands moments de l’histoire récente du cinéma, j’ai nommé la performance de Barry Pepper dans Battlefield Earth. C’est vrai. Après tout, convenons-en, bien plus que le bilboquet, le fer à repasser téléguidé ou la fourchette à poire, peut-être même plus que la machine à expresso, c’est l’Administration qui distingue l’Homme de la Bête. Suis-je de mauvaise foi? Peut-être. Après tout, dans ces pages et sans doute ailleurs, c’est mon métier.
En baisse LA POPULARITÉ DE TONY BLAIR À tel point que le bruit court que celui-ci démissionnera dans l’année. En attendant une déclaration officielle, les sites de paris prennent les jeux de ceux qui spéculent sur la date de départ de l’actuel chef du parti travailliste anglais. Quant aux politicards avides, ils contemplent le jour où la place sera vacante pour pouvoir, à leur tour, paraître dans cette partie de notre rubrique. (globeandmail.com)
Controverses
xle délit | 12 septembre 2006 www.delitfrancais.com
Le Délit : mode d’emploi P
our la vingt-neuvième année consécutive, la Rédaction du Délit perpétuera une tradition d’information envers les étudiants francophones et francophiles de l’Université McGill. Attendez-vous à trouver en ces pages des articles percutants concernant l’actualité autant sur le campus, qu’à Montréal ou même ailleurs dans le monde. Nouvelles, chroniques, arts et spectacles... vous y trouverez une foule d’information, de sujets d’étonnement, de trucs, de bonnes idées, de quoi alimenter une conversation et paraître branché, bref tout ce dont vous aurez besoin. Le Délit –et son pendant anglophone The McGill Daily– est financé par une contribution directe des étudiants. Chaque étudiant de premier cycle paie cinq dollars par semestre et ceux des cycles supérieurs déboursent 3,35$. Puisque vous payez pour le journal, il est à vous. Vous en faites la une, vous remplissez ses pages et vous décidez du contenu. Le système de participation directe permet aussi au Délit d’être indépendant par rapport à l’administration de l’Université, aux différentes facultés et aux diverses associations étudiantes. Nous ne répondons donc qu’à vous, les étudiants. La première façon de participer au Délit, c’est de le lire! Le journal paraît tous les mardis pendant les semestres d’automne et d’hiver. Son contenu vous concerne tous et enrichira votre expérience universitaire en vous informant sur ce qui se passe autour de vous. Si vous lisez ce mode d’emploi, vous avez repéré une de nos cachettes secrètes… bravo! Vous en trouverez quelques autres à l’entrée de la plupart des pavillons. Le journal est également publié sur Internet au www.delitfrancais.com. Vous pouvez également participer en tout temps à la production du journal. La rotation perpétuelle des étudiants oblige Le Délit à recruter de nouveaux collaborateurs chaque année et ce, pendant toute la session universitaire. Vous craignez que votre horaire surchargé ne vous permette pas de vous impliquer à long terme? Pas de problème, chaque coup de main est apprécié. Notez également qu’aucune expérience n’est nécessaire pour participer à votre journal. Usage de la langue, mise en page, style journalistique, etc., tous ces thèmes seront précisés si vous choisissez de participer. Vous pourrez par la suite profiter des ressources qu’offre Le Délit à ses collaborateurs. La Rédaction vous invite donc à vous rendre aux réunions d’information, à visiter notre table lors d’Activities Night ou à nous envoyer un courriel si vous
Jorgé ne se sent plus seul depuis qu’on manie sa souris. Mathieu Ménard
souhaitez mettre la main à la pâte. Les bureaux de la Rédaction sont situés dans le local B·24 du Shatner (l’édifice de l’Association étudiante), au 3480 McTavish. Vous pouvez nous contacter à redaction@delitfrancais.com ou par téléphone au (514) 398-6784. L’Administration Le Délit et son pendant anglophone sont publiés par la Société de publication du Daily (SPD), une entreprise autonome à but non lucratif. En tant que mandataire des fonds des étudiants, la SPD tient à la transparence de ses activités. La Société est gérée par un Conseil d’administration composée de neuf membres dont six proviennent du corps étudiant et trois représentent les journaux. Le Conseil prend toutes les décisions administratives et budgétaires reliées aux activités de la SPD. En tant que membre de la SPD, tout étudiant peut être présent aux réunions du Conseil, y poser des questions ou soumettre sa candidature pour un poste vacant. Chaque membre du Conseil est élu pour un an et les élections ont lieu lors de l’Assemblée générale, à la fin du semestre d’hiver. La Rédaction Le côté éditorial des opérations du Délit est pris en charge par l’équipe éditoriale dont les noms et postes sont en page 3, dans le cartouche. Les membres de l’équipe ont chacun des tâches spécifiques qui permettent la production du journal que vous avez entre les mains. La structure du Délit étant égalitaire, toutes les décisions se prennent par consensus. Le rédacteur en chef, par exemple, n’a pas plus de pouvoir qu’un journaliste qui a participé à quelques reprises et ne peut pas faire de choix arbitraires sans l’aval de la Rédaction. La Rédaction (avec un grand «R») est formée de l’équipe édi-
toriale et des journalistes qui ont participé au moins trois fois au Délit, des photographes et illustrateurs ayant contribué au journal par trois œuvres ou des mise-enpagistes qui ont participé à trois soirées de production. Ces derniers obtiennent le droit de vote lors des réunions éditoriales. À la fin de l’année de publication, l’équipe éditoriale est renouvelée parmi la Rédaction. Des journalistes sont élus pour prendre la place de ceux qui quittent leur poste. Ces élections ont lieu au mois de mars et sont essentielles à la pérennité de la publication. Il est donc nécessaire d’assurer la survie du Délit en recrutant de nouveaux journalistes chaque année, en les formant et leur donnant les clés du navire le moment propice venu. Il arrive par ailleurs que des changements soient apportés à l’équipe en cours d’année, généralement après la session d’automne. Faites donc savoir que vous êtes intéressés vers la fin novembre… Nouvelles La section Nouvelles couvre des événements d’intérêt à l’Université, dans la métropole et à l’extérieur. Les sujets sont variés et couvrent autant la représentation étudiante et les agissements de l’Administration que la politique locale et fédérale, l’environnement et la santé que la justice ou les phénomènes sociaux. L’important contingent d’étudiants étrangers à McGill est aussi pris en compte dans des collaborations spéciales, des carnets de voyages et des entrevues. Pour contribuer à la section Nouvelles, venez rencontrer votre chef de pupitre à la réunion hebdomadaire des collaborateurs les mardis à 18h dans le local du journal. Vous pouvez également envoyer un courriel à nouvelles@delitfrancais. com.
Arts&Culture Cette section du Délit vous présente les événements d’importance sur la scène culturelle du campus et de Montréal. Que vous soyez amateur de théâtre, de danse, de musique ou de cinéma, des pages seront consacrées à l’art qui vous préoccupe. Nous mettons l’accent sur des performances hors du commun, réalisées par des artistes émergents ou indépendants. Tout au long de l’année, vous trouverez dans la section culturelle des idées de sorties, des coups de coeur et des chroniques pétillantes. Si vous avez un art de prédilection ou si vous aimez tout simplement écrire sur ce qui bouge dans la métropole, rendez-vous en Arts&Culture en écrivant à artscul ture@delitfrancais.com. Dossiers spéciaux Deux membres de l’équipe éditoriale sont chargés d’écrire des dossiers spéciaux chaque semaine. Ces articles de fond demandent un travail approfondi de recherche et incluent en général une entrevue importante. Une fois membre de la Rédaction, quiconque peut se présenter au poste de rédacteurreporter. Esprits créatifs C’est sous le terme générique d’«esprits créatifs» que nous regroupons les photographes, les illustrateurs et les caricaturistes. L’art, qu’il soit figuratif ou abstrait, forme une partie intégrante des pages du Délit. Des articles, bien qu’intéressants, ne valent rien sans une image ou un dessin pour les accompagner. Les photographes seront bien lotis grâce à notre chambre noire, tandis que les illustrateurs trouveront de l’inspiration dans les articles des journalistes. La section visuelle travaille de près avec la production afin de créer les dossiers spéciaux et les couvertures. Vous pouvez communiquer avec notre coordonnateur visuel à visuel@delitfrancais.com. Production Si les articles sont porteur fond, la mise en page, elle, organise la forme. Et sans elle, on n’y verrait rien. Grâce une technologie des plus modernes, l’équipe éditoriale – et surtout le coordonnateur de la production – dispose les articles et les illustrations sur les pages de façon claire et concise pour que vous puissiez vous y retrouver. La Rédaction cherche des étudiants pour aider à cette tâche. Si vous êtes intéressé, écrivez à production@delitfrancais.com ou passez nous voir les lundis dès midi.
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Chroniques Contrairement aux articles et aux courriers, les chroniques sont des rubriques le plus souvent personnelles où l’auteur donne son opinion sur un sujet particulier. Le ton est plus subjectif et les règles de style permissives. Il est à noter que les chroniques ne représentent pas nécessairement l’opinion de la Rédaction. Nos chroniqueurs ont en général une expérience d’écriture journalistique ou littéraire. Cependant, quiconque peut suggérer une nouvelle chronique en envoyant une lettre de proposition de cinq cents mots et trois échantillons au rédacteur en chef à rec@delitfrancais.com. Nous cherchons des chroniques originales, pleines d’esprit, d’humeur ou d’humour et où l’auteur manie la langue avec aise et délicatesse. Courrier du lecteur Ce journal est le vôtre. Nous publierons toutes vos lettres tant qu’elles ne contiennent pas de commentaires discriminatoires ou autrement haineux et que vous signez votre message en vous identifiant comme un membre de la communauté. Vous pouvez tout autant commenter l’actualité, un article ou une chronique du Délit. Faire entendre vos opinions est essentiel à la conduite du débat de société; c’est aussi une forme de participation au journal. Cet espace vous étant réservé, n’hésitez pas à nous envoyer vos missives à redaction@delitfrancais.com. Sur le cyberespace Le Délit est entièrement publié sur Internet au www.delitfrancais. com. Le site permet également de télécharger une copie PDF du journal ou de lire les articles directement en ligne. De cette façon, vous pouvez rester en contact avec l’actualité sur le campus même si vous n’avez pas une copie papier du journal. Les archives du Délit depuis 2002 y sont aussi accessibles. Le design du site est une responsabilité de la Rédaction. Quiconque peut donc proposer une nouvelle maquette en écrivant au coordonnateur de la production à production@delitfrancais.com. Réseaux de presse universitaires Le Délit est membre du Carrefour international de la Presse universitaire francophone (CIPUF), un réseau qui regroupe plus de cent organismes de presse étudiante dans vingt-cinq pays francophones. La CIPUF publie un fil de nouvelles qui permet l’échange d’articles entre les publications membres de l’organisme. Le Délit est également membre de la Presse universitaire canadienne (PUC). x
délit | 12 septembre 2006 06 xle www.delitfrancais.com
McGill s’attaque au problème des vols d’ordinateurs Les voleurs seront désormais dissuadés par STOP, un dispositif antivol imparable. campus Christine Ledoux Le Délit
L
e nombre de vols d’ordinateurs dans l’enceinte de l’Université est allé croissant au cours des dernières années. En 2006, cent vingt étudiants ont vu leur ordinateur portable dérobé à McGill, soit trois fois plus que l’année précédente. Compte tenu de l’ampleur du phénomène et de ses conséquences sur les victimes, souvent incapables de remplacer un tel équipement, l’Université a décidé de s’associer avec la compagnie de sécurité américaine STOP (une anagramme bien choisie pour
Security Tracking of Office Property) pour instaurer un programme anti-vol fiable. D’après Andrew Segal des Services de sécurité de McGill, le programme STOP devrait en effet permettre de réduire le nombre des disparitions annuelles d’ordinateurs portables. Le programme fonde son efficacité sur son effet dissuasif sur les voleurs et sur le fait qu’il facilite le retraçage du propriétaire de tout ordinateur, en tout temps. Le programme consiste à installer une plaque codée accompagnée d’un avertissement sur chaque appareil. D’après les services de sécurité, cette mesure compliquera considérablement la tâche à quiconque serait tenté de revendre un ordinateur volé, ce que l’on considère comme le principal motif de vol. Les représentants de STOP affirment que dans le cas où quelqu’un enlèverait la plaque apposée à un ordinateur, ce qui d’après eux nécessiterait l’application d’une force de huit cents livres, une note indélébile indiquant que ce bien
Nouvelles
est un objet volé resterait sur l’ordinateur, compliquant encore une fois la revente. En plus de décourager le vol, ce programme permet à ceux qui le désirent de retourner un ordinateur perdu ou volé à son propriétaire légitime. Ce programme est mis à la disposition de tous les étudiants. Les intéressés doivent s’adresser aux Services de sécurité de l’Université. Notez que les cinq cents premiers ordinateurs seront enregistrés sans frais, après quoi il faudra débourser vingt dollars pour protéger son portable. Cela en vaudrait toutefois la peine, car selon Louise Savard, responsable des Services de sécurité, «enregistrer votre ordinateur avec le programme STOP augmente drastiquement les chances de le récupérer grâce au programme de retraçage». x Les étudiants intéressés peuvent contacter les Services de sécurité à campus.security@mcgill.ca. Pour plus de renseignements sur le procédé STOP, visitez le site www.stoptheft.com (en anglais seulement).
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Nouvelles
Un Ignatieff avec votre bière? Michael Ignatieff, candidat à l’investiture du Parti libéral fédéral, s’adresse à la jeunesse lors d’un cinq à sept. national Naim Jeanbart Le Délit
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’est dans une ambiance pour le moins festive qu’a été donné, samedi dernier, le discours de Michael Ignatieff à ses jeunes sympathisants libéraux. L’événement Party with Iggy s’est déroulé dans l’enthousiasme d’une campagne pour l’investiture bien assurée, dans un Jello Bar bondé, rue Ontario. Présent pour l’occasion, Roméo Dallaire a présenté Ignatieff comme le «premier qui est allé voir les jeunes de notre pays». Le candidat à la chefferie du Parti libéral s’est d’abord félicité d’avoir «tenté de serrer toutes les mains».
D’emblée, la couleur du rassemblement était claire. Aussitôt qu’il a pris la parole, c’est sur la jeunesse que le député a axé son discours; une jeunesse qu’il a, dans un jeu de rhétorique, déclaré «haïr». Puis, expliquant qu’il s’insurgeait contre une certaine ghettoïsation des jeunes, Ignatieff a promis un Canada où l’on «ne s’intéresse pas à l’âge que vous avez, mais à comment vous faites le boulot». Tout au long de son discours, le candidat a ainsi capté l’adhésion de cet auditoire composé d’étudiants et de jeunes membres du PLC. Ignatieff a notamment fait part de son souci pour une «justice intergénérationnelle». Cela implique un assainissement du système social. Pour cela, il croit qu’il faut d’une part remédier au «déficit que les générations futures devront payer». Mettant d’autre part l’accent sur les insuffisances de l’éducation, le candidat a insisté sur la nécessité d’«investir, et réinvestir sur l’éducation, à tous les niveaux», dans l’espoir d’«une société qui dit: «Si tu as les notes, tu peux y aller»». Ignatieff a également exprimé ses espoirs concernant le programme environnemental qualifié de «plus musclé», de «plus robuste»
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et de «plus sérieux», que propose son parti. Il a évoqué, affichant le même optimisme, la question de l’engagement militaire international du Canada. «Nous n’enverrons plus de soldats canadiens vers les horreurs auxquelles Roméo a pu assister», a-t-il dit, faisant référence au massacre du Rwanda lors duquel le général Dallaire était en mission. Soulevant toutefois quelques points noirs, et restant fidèle aux idées de son parti, Ignatieff a déploré le morcellement régional du Canada, qu’il a décrit comme une impasse dangereusement croissante aux Michael Ignatieff a tenté de séduire les jeunes militants avancées. «À ce rythme nous libéraux lors d’un discours à Montréal. n’aurons plus de pays», a- gracieuseté michaelignatieff.ca t-il déclaré, ajoutant que le Là encore, le remède semble se trouver Canada «ne peut demeurer provincial dans dans la génération étudiante, celle de la «jeuun monde globalisé». Sur quoi, il a vivement nesse qui pousse les générations précédenappelé à la réaffirmation d’une union natio- tes». x nale.
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Parlez-vous français? Un guide pour les nouveaux étudiants francophones à McGill
Pierre-Olivier Brodeur Le Délit
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adis une université unilingue anglophone, McGill a progressivement intégré les étudiants francophones, notamment depuis le mouvement «McGill français» des années 70 (voir encadré). Aujourd’hui, l’article 15 de la Charte des droits de l’étudiant dispose que «chaque étudiant a le droit de rédiger ses dissertations, examens et thèses en français». De plus, les différents services offerts à l’Université le sont également en français, bien qu’inégalement: l’année dernière, Le Délit avait publié des extraits de documents officiels si mal traduits qu’ils en devenaient presque illisibles. Reste que les différents services scolaires et parascolaires pour les étudiants francophones de l’Université s’avèrent parfois difficiles à trouver, si bien que Le Délit a décidé de vous offrir, pour la rentrée, un petit guide du nouveau venu francophone à McGill. McGill La ressource la plus précieuse des francophones qui foulent le sol mcgillois pour la première fois est le Service aux étudiants de pre-
mière année. Chaque année depuis cinq ans, le service publie une brochure, Le Phare, qui se veut «le point de repère pour les étudiants francophones de l’Université McGill». Ce document, disponible au bureau 2100 de l’édifice Shatner, se révèle un guide général des services offerts aux étudiants, des bibliothèques aux activités de la rentrée en passant par les sports. Vous y trouverez également de l’information sur les différents cours d’anglais, crédités ou non, offerts aux francophones désireux d’améliorer leur maîtrise de la langue de Shakespeare. De plus, l’adjointe aux étudiants francophones de première année, Wendy Brett, est une mine d’informations et de conseils pour les nouveaux venus francophones. Se définissant elle-même comme «une ressource nécessaire à McGill», elle affirme être toujours à la disposition des nouveaux étudiants francophones, qui peuvent éprouver des difficultés d’adaptation liées à la langue. En effet, nombreux sont ceux qui ressentent de la gêne à se mêler à un milieu anglophone. «Moi, je dirais que c’est surtout une question de confiance, de dire «Oui, je suis capable de me débrouiller en an-
«Si ça [coordonner les différents clubs francophones] ne marche pas, on va être très déçus.»
glais», affirme-t-elle, ajoutant que ce manque de confiance retient souvent les nouveaux venus francophones de s’impliquer dans des clubs, ce qu’elle déplore. L’Association des étudiants de l’Université McGill L’Association des étudiants de l’Université McGill (AÉUM) dispose également de ressources spécifiques à l’attention des francophones. La plus importante est sans conteste les deux commissaires francophones de l’AÉUM, Marie Gagné et David-Marc Newman. Officiellement, leur rôle consiste à aider «le Comité exécutif et le Conseil des étudiants dans la coordination de relations entre l’AÉUM et la communauté francophone de McGill». En fait, leur mandat est tout autant de s’assurer de la présence du français au sein de l’AÉUM que d’y défendre les intérêts de la communauté francophone. Si les commissaires francophones n’ont pas été très actifs au cours des cinq dernières années, David-Marc Newman et Marie Gagné ont de nombreux projets pour cette année. «Nous sommes les chiens de garde du bilinguisme de l’AÉUM», explique cette
Clubs et services Il existe de nombreux clubs et services sur le campus s’adressant aux francophones en particulier ou aux étudiants désireux d’approfondir leur connaissance de la culture et de la langue françaises. Tous ces clubs seront présents à la Soirée des activités qui se tiendra le 14 septembre de 16 heures à 21 heures à la salle de bal de l’édifice Shatner. — French Student Community Fondé en février 2005, ce club s’est donné comme principaux objectifs de «promouvoir la culture française à l’Université et à l’extérieur» et d’«encourager et renforcer l’amitié entre les étudiants français et ceux provenant d’autres cultures et nationalités». Paradoxalement, aucune documentation en français n’est dis-
ponible sur leur site Internet… (fsc.mcgill@gmail.com, http:// s91714558.onlinehome.us/fscweb) — Le Théâtre de la Grenouille Seule troupe de théâtre francophone à McGill depuis 16 ans, la Grenouille produit une pièce par année. Elle est présentement à la recherche d’acteurs et autres amoureux du théâtre pour sa production 2007 (theatredelagrenouil le@hotmail.com). — Radio McGill CKUT 90,3 FM Fondée dans les années 60, cette station de radio communautaire offre une programmation variée. Malgré la prédominance de l’anglais sur ses ondes, CKUT produit néanmoins une demidouzaine d’émissions en français, dont le populaire Lendemain de la veille du jeudi matin (www.ckut.ca, 514 448-4041).
— Le club de débat de McGill Bien que largement anglophone, ce club possède toute fois une branche pour accueillir les polémistes francophones (ssmu. ca/debate). — Le Délit Le dernier mais non le moindre, l’hebdomadaire étudiant Le Délit offre une couverture en français de l’actualité. Fondé en 1977, Le Délit vous offre une vision unique de votre université, et du monde. Venez nous rencontrer tous les mardis soir au local B•24 de l’édifice Shatner (www.delitfrançais.com, 514 398-6784). x
McGill français
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e 29 mars 1969, des milliers d’étudiants de toutes tendances défilent dans le centre-ville de Montréal. Leur revendication: la francisation de l’Université McGill, perçue à cette époque comme un outil d’assimilation et d’oppression de l’élite anglo-québécoise. Ils réclament une francisation complète de l’enseignement de l’Université, la baisse des frais de scolarité pour atteindre le niveau de ceux de l’Université de Montréal et l’ouverture de la bibliothèque MacLennan. Cette manifestation s’inscrit dans la foulée des revendications nationalistes et linguistiques qui ont marqué cette époque, mais également dans le cadre des réformes de l’éducation des années 60. En effet, la création et l’implantation des cégeps s’est fait de manière chaotique et le réseau des universités francophones n’est pas prêt à recevoir les milliers de finissants qui se présentent à ses portes en 1969. Le bruit circule que 10 000 diplômés du réseau collégial ne pourront trouver place sur les bancs universitaires. Tous ces facteurs donneront lieu à une des plus importantes manifestations de l’histoire du Québec, et de celle de McGill… x
Si cette pile de livre représentait la population étudiante, les livres bleus seraient les francophones. dernière. Selon l’article 29 de sa constitution, l’AÉUM est officiellement bilingue, les membres de l’exécutif étant tenus d’apprendre le français. Cette exigence n’a pas toujours été respectée, souvent par manque de volonté, remarque Marie Gagné, qui croit également que le comité exécutif de cette année est «très ouvert» à la cause du français sur le campus, comme en témoigne la traduction complète du site Web de l’Association, toute récente. Les commissaires francophones se sont également donné comme mission de «remettre le Réseau des francos sur pied». Créé en 2003 par deux étudiantes, Sophie Zhang et Sophie Marcoux, le Réseau des francophiles a pour mandat de «réunir les amoureux de la langue et la culture françaises (canadienne-française et autres cultures francophones)»,
20 p. cent de dominos, 80 p. cent de lettres... Voyez-vous la métaphore?
«promouvoir la langue et la culture françaises dans la communauté de McGill», «consolider la relation entre les étudiants francophones et les étudiants anglophones ou autres populations étudiantes», et «organiser des activités sociales, culturelles et éducatives reliées à la langue et la culture françaises». Cette année, les commissaires francophones veulent transformer le rôle de cet organisme, qui a eu de gros problèmes d’organisation l’année dernière, pour le faire passer d’une vocation de club social et culturel à un véritable «centre de ressources francophones.» «On veut que le Réseau devienne un vrai service, un endroit de défense et de conseil pour les francophones» explique David-Marc Newman. Marie Gagné renchérit en affirmant qu’il y a un grand besoin de coordonner les activités des différents groupes francophones. «Il manque de liens entre les clubs francophones!» En ce sens, ils s’entendent pour parler de cette année comme d’une «année-test».
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Dans ce bolide bleu, les pièces rouges francophones valent 20 p. cent du bolide... Vous comprenez le concept?
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Nouvelles
Sida: la lutte doit continuer Le seizième congrès sur le sida de Toronto met en lumière le chemin qu’il reste à faire. national Louis-Patrick Haraoui Le Délit
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e seizième Congrès international sur le sida s’est tenu du 13 au 18 août dernier à Toronto, rassemblant quelque 25 000 participants parmi lesquels du personnel de la santé, des activistes, hommes politiques et personnalités publiques. Le slogan du congrès, «Passons aux actes», évoque la nécessité de poursuivre les efforts pour prévenir la propagation de cette pandémie qui touche 40 millions de personnes à travers le monde, et d’établir des programmes de traitements des personnes vivant avec le virus d’immunodéficience humaine (PVVIH). L’avènement de thérapies antirétrovirales (TAR), très efficaces, au milieu des années 1990, a fait du sida une affection chronique p o u r
Le stand de la compagnie pharmaceutique Abbott, après le passage des activistes de ACT UP. Faiz Khan
ceux qui y ont accès. Le virus demeure toutefois une condamnation à mort pour ceux qui en sont dépourvus. L’épidémie a coûté la vie à 3 millions de personnes en 2005, la plupart dans les pays pauvres sans accès aux TAR. Cela porte le nombre de victimes à 25 millions depuis que la maladie a été identifiée il y a vingt-cinq ans. En effet, le VIH/sida touche principalement les régions pauvres du globe où l’accès aux TAR reste limité. L’Afrique subsaharienne compte à elle seule 28 millions de cas. L’Inde est deuxième dans la liste des pays les plus touchés, avec des estimations variant entre 5,2 et 5,7 millions de cas, selon le gouvernement indien ou ONUSida. L’Inde est dotée d’une industrie pharmaceutique robuste fournissant des génériques de TAR à coût moindre à plusieurs pays d’Afrique. Son gouvernement ne compte
pourtant dans ces programmes que 35 000 patients sous traitement, alors qu’il estime le nombre personnes en ayant besoin à un demi-million. Cette situation a fait l’objet de discussions et de manifestations lors du congrès de Toronto. La cause principale a été désignée comme le refus des compagnies pharmaceutiques détenant les brevets de ces médicaments d’en fournir à coût moindre aux pays pauvres. À cela s’ajoute leur refus d’autoriser les compagnies génériques à en produire. Ceux qui dénoncent ces tactiques reprochent à plusieurs pays occidentaux, dont les États-Unis, d’être les garants de ces politiques restrictives. Par exemple, la compagnie Abbott, qui produit le Kaletra, médicament de base très efficace, s’acharne pour empêcher la compagnie indienne Cipla de le produire une version générique. Les activistes du groupe ACT UP (AIDS Coalition to Unleash Power) ont fait savoir à Abbott ce qu’ils en pensaient, en détruisant leur stand érigé au congrès, le couvrant d’une toile sur lequel on pouvait lire: Abbott, your promises are empty just like your booth (Abbott, tes promesses sont vides
comme ton stand). La conférence a par ailleurs été marquée par l’entrée en jeu des nouvelles «stars» de la lutte contre le sida, comme Bill Clinton et Bill Gates. dont certains jugent qu’ils suscitent une attention médiatique trop importante. Si ces nouveaux venus se veulent les porte-parole de la pandémie, les activistes leur reprochent de ne pas avoir la vision globale et l’expérience de terrain de ceux qui sont impliqués depuis plusieurs années. Au nombre des problèmes qui restent à être résolus dans les prochaines années, on compte l’accroissement de l’accès aux traitements, la nécessité de pourvoir aux besoins nutritionnels des patients, la construction des infrastructures de santé publique et le manque chronique et sévère de personnel de la santé. Les obstacles culturels et politiques auxquels font face les femmes qui tentent de se protéger sont également un souci de taille pour les acteurs sur le terrain. En somme, une conférence chargée, avec un certain air d’optimisme, mais bien des obstacles et des défis encore. x
Nouvelles
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Mark Heywood, président du Aids Law Project, se bat pour inverser la tendance Extraits d’un entretien lors du Congrès international sur le sida de Toronto.
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’Afrique du Sud, est le pays le plus touché par l’épidémie. Les réticences de son gouvernement à agir concrètement face au problème du sida a fait proliférer des organismes très actifs dans cette lutte. Ces mouvements activistes sont le fruit d’une société civile militante issue des mouvements anti-Apartheid. Parmi eux, le Treatment Action Campaign, avec comme figure emblématique Zackie Achmat, et le AIDS Law Project (ALP) dirigé par Mark Heywood. Cet organisme luttant depuis plus de quinze ans pour les droits des PVVIH et offre des services juridiques aux victimes de discrimination et s’efforce de promouvoir l’accès aux médicaments. L’ALP s’attache à combattre la pénurie de personnel de la santé (médecins, infirmiers, pharmaciens, etc.) qui touche les pays en voie de développement.
ches qu’eux. L’Organisation mondiale de la santé (OMS), contrairement à l’OMC, ne possède pas cette capacité législative. Mais, l’OMS à travers son Assemblée mondiale de la santé, peut mettre de l’avant des propositions qui pourraient être présentées et ratifiées à l’ONU et à l’OMC. D’ailleurs l’OMS a dévoilé un plan similaire lors de la conférence, intitulé «traiter, former, fidéliser». LD: Comment est-ce que l’épidémie du sida, et sa visibilité grandissante, a aidé et/ou nui au problème de la fuite des cerveaux? MH: Elle aide en attirant l’attention sur ce problème et en exposant les failles des systèmes de santé publique à travers le monde. Elle y nuit
Le Délit (LD): Vous avez mentionné que la pénurie sévère de professionnels de la santé représente un problème découlant de la mondialisation plutôt qu’un phénomène observé en isolement à l’échelle mondiale. Quelles sont certaines initiatives que des étudiants peuvent entreprendre pour contrer ce problème? Mark Heywood (MH): Il faut tout d’abord que les étudiants et les activistes soient conscientisés face à ce problème. D’ailleurs, le Canada vole des médecins à l’Afrique du Sud. Les étudiants et les Canadiens en général devraient aussi réaliser qu’ils ne peuvent prendre pour acquis les privilèges qu’ils possèdent en ce qui a trait à l’accès aux soins de santé. Il faut par la suite que les étudiants prennent part aux solutions, évidemment par l’entremise des structures démocratiques existantes en mettant de la pression sur les gouvernements et en usant de leur droit de vote. De plus, il Mark Heywood faut savoir que rien ne se fera sur une base Faiz Khan purement volontaire, et que pour renverser ce phénomène dévastateur pour les pays pauvres, par le simple fait du nombre ahurissant de pades mesures plus concrètes devront être mises en tients dont il faut s’occuper, de la morbidité et de place. la mortalité reliées à l’épidémie du sida étant gigantesques. Il ne faut pas négliger non plus ce que LD: Comment envisagez-vous rendre certai- nous appelons les push et pull factors contribuant à nes mesures justement plus concrètes? la fuite des cerveaux [NdlR: des facteurs qui pousMH: Par l’entremise de contrats liant les pays sent ou attirent les professionnels de la santé loin ensemble, à l’image des traités mis de l’avant par des besoins importants des populations pauvres l’Organisation mondiale du commerce (OMC). souffrant du sida]. Le niveau de burn-out imporCes traités auraient pour but d’empêcher des pays tant des gens s’occupant des PVVIH à cause du plus riches de recruter et d’embaucher des profes- manque de ressources, et les conditions de travail sionnels de la santé provenant de pays moins ri- plus alléchantes ailleurs n’en sont d’ailleurs que
les exemples les plus flagrants. LD: Dans les pays en voie de développement, la grande majorité des individus s’occupant des soins des PVVIH sont des travailleurs communautaires sans formation particulière. Vous vous battez pour qu’ils soient reconnus au même titre que les professionnels de la santé. Quels sont les obstacles majeurs pour que ceci puisse arriver? MH: Les obstacles sont surtout financiers. Les gouvernements, qui ont peu de moyens, profitent et abusent de ces travailleurs communautaires qui représentent, à leurs yeux, une maind’œuvre bon marché. Évidemment, cette situation découle des coupures budgétaires imposées par le FMI et la Banque mondiale. Après cela, les gouvernements africains se sont, en grande partie, retirés du secteur de la santé, et les maigres salaires payés aux professionnels et aux travailleurs communautaires reflètent cette dure réalité. LD: Dans ces mêmes pays, la grande majorité de la population vit en milieu rural. Comment répondre à leurs besoins en matière de soins de santé? MH: Évidemment ce n’est pas facile. D’ailleurs il faut ajouter que de plus en plus de gens s’entassent aussi dans les bidonvilles des grandes métropoles. De plus, les systèmes de transport n’existent pas, les cliniques se trouvent à de grandes distances des patients, et les patients sont trop malades pour s’y rendre ou ils n’ont tout simplement pas les moyens. Ajoutez à cela le fait que la plupart du personnel de la santé évite ou quitte les milieux ruraux pour des raisons familiales ou sociales et nous nous retrouvons dans la situation dans laquelle nous sommes. LD: En terminant, quels conseils avezvous pour les étudiants ou diplômés des secteurs de la santé voulant s’impliquer dans les pays en voie de développement? MH: Si ces gens ont étudié dans ces domaines, c’est qu’ils ont la passion de s’occuper des gens. Je leur dirais de laisser les pays riches se défendre par eux-mêmes puisqu’ils en ont les moyens et qu’ils étudient en maladies infectieuses et se joignent à des organisations comme Médecins sans frontières ou Partners in Health [NdlR: organisme issu de Boston, dont fait partie Paul Farmer et Jim Kim, impliqué à Haïti, au Pérou, en Afrique, etc. Nous avons grand besoin d’eux. x
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Nouvelles
Découvrir l’est du Québec Pèlerinage le long du fleuve Saint-Laurent carnet de voyage Morgane Lapeyre Le Délit
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usqu’à la mi-octobre, le fleuve SaintLaurent offre un horizon d’eau salée abritant des mystères de faune et de flore que les nouveaux arrivants au Québec et les étudiants avides de nature sauront apprécier. Il reste donc quelques semaines aux curieux pour s’offrir un long week-end de découverte de l’est du Québec. Quiconque souhaite quitter le chaos des grandes agglomérations trouvera là un éden de calme et de nature. La région attire aussi bien amateurs de sport que sédentaires urbains en quête de détente et de repos. Quant au fleuve, il dévoile sa richesse et sa singularité. Prenant un petit goût salé plus au Nord, il est le point de rendez-vous d’une myriade de mammifères marins. Parcourir par étapes les 450 kilomètres séparant Montréal du Manicouagan, un des deux secteurs de la Côte-Nord du Québec, montre que plus on s’éloigne vers le nord, plus les différences de modes de vie et d’habitudes culturelles et sociales se font sentir.
Première escale sur l’île d’Orléans Au programme, de grandes promenades à vélo ponctuées d’orgies de petits fruits des champs (fraises, myrtilles, framboises) et de dégustation de vins produits sur place. C’est un immigrant français qui détient le monopole de la location de vélos sur l’île. Écolocyclo propose même des vélos électriques. Du 15 au 17 septembre, puis du 22 au 24, la Fête des vignobles est l’occasion de visiter les deux exploitations viticoles de l’île ainsi que celles de la Côte-de-Beaupré, suivant le circuit prévoyant dégustation de vins locaux et détails des méthodes de récolte et de production. On y mange bien; l’endroit est d’ailleurs reconnu pour son agrotourisme et sa gastronomie. Vous pourrez, après une partie de golf, vous attarder dans une fromagerie, dans une érablière ou une cidrerie, puis chez La Boulange (succulentes pizzas et viennoiseries) et enfin, terminer ce repas par une touche chocolatée à la chocolaterie de l’île. Une des plus belles baies du monde Vieux de 406 ans, Tadoussac est le plus ancien village canadien et une destination très prisée des touristes européens. Sa baie a la fierté de compter parmi les plus belles du monde. Plus de 300 000 visiteurs viennent chaque année profiter de ses espaces sauvages et des activités sportives de plein air ou sous-marines qui y sont offertes. La rencontre d’eau douce de la rivière du Saguenay et d’eau salée (à cet endroit) du fleuve Saint-Laurent crée un environnement particulier, propice à la prolifération d’une
faune et d’une flore marines uniques, tels le krill et le plancton, mets favoris des baleines à fanons et espèces très recherchés par les plongeurs. Après deux bonnes heures de kayak dans le fjord du Saguenay, le promeneur se laisse tenter par une petite pause gourmande chez La Bohème, le café-restaurant branché du coin où se mélangent accents français et québécois, langues méditerranéennes et esteuropéennes. Leurs gaufres sucrées et salées valent le détour; quant aux muffins, on serait mal inspiré de ne pas y goûter. L’après-midi, une randonnée pédestre ou au large s’impose. Selon la chance et les conditions climatiques, on peut observer des baleines à bosses (curieuses, elles se montrent très souvent et suivent les embarcations touristiques) ou des rorquals bleus (imposants mais malheureusement plus discrets). Pour les plus malchanceux qui ne verraient absolument rien, il reste le centre d’interprétation des mammifères marins. Un festival marque la fin de la saison touristique. Du 6 au 8 octobre, Tadoussac met en scène des musiciens qui s’essaient à l’accordéon ou au violon. Des conteurs font renaître la tradition orale de la région et des pistes de danse accueillent les amateurs de swing. La région du Manicouagan Située à 250 kilomètres au nord-est de Québec, la municipalité des Escoumins arbore la devise «mer, forêt, histoire m’ont fait». Ce territoire sauvage de 2100 habitants vit essentiellement du tourisme: l’observa-
tion des baleines y est l’activité la plus appréciée. Embarquez sur un bateau zodiac, vêtu de jaune et de rouge, de gants et d’un bonnet. Plus flash que jamais dans votre costume de marin, emmitouflé avant l’heure, adoptez la démarche du cosmonaute et osez une douche vivifiante au large. Vous approcherez de ces géants marins pouvant atteindre jusqu’à trente mètres de long et peser jusqu’à deux cents tonnes. Parmi les différentes espèces, la plus originale semble être la baleine à bosse: outre sa curiosité, sa technique de pêche qui consiste à enfermer les bancs de poissons dans un filet à bulles en nageant rapidement et en groupe, autour et au-dessous, est une démonstration de coopération et de stratégie. Aussi, en hiver, lors de la période d’accouplement, des groupes de deux à vingt mâles, tous rassemblés autour d’une femelle, se lancent des défis acrobatiques (sauts, charges, frappements de l’eau, etc.) afin de déterminer lequel d’entre eux se distingue des autres par le caractère majestueux de ses figures. Finalement, pour vos soirées, si regarder le coucher du soleil sur les rochers vous semble un tantinet trop cliché et digne d’un film hollywoodien, scrutez donc la baie avec des jumelles à la recherche de dos, de queue ou d’ailerons de mammifères marins… étaitce un rorqual commun, un marsouin, une baleine bleue, une baleine à bosse, un cachalot, un phoque ou encore un orque? Vous ne saviez pas quoi faire de votre soirée? Un vrai jeu de devinette. x
Arts&Culture
xle délit | 12 septembre 2006 www.delitfrancais.com
La culture montréalaise pour les nuls Wow! Montréal! LA ville de party au Canada, la bulle culturelle qui relie l’Europe et l’Amérique, la grande ville, quoi! Mais, qu’est-ce qu’il y a à voir au juste? local Laurence Martin et Émilie Beauchamp Le Délit
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lors que tout tourbillonne et que les sens s’en trouvent perdus, on peut avoir besoin d’un guide pour s’y retrouver. Bien qu’on ne puisse pas capter tout ce qui se passe à Montréal en une page, voici un petit guide culturel pour les nouveaux . Nous y avons regroupé les endroits majeurs où se représente la culture montréalaise au centre-ville. Les théâtres Montréal, sans inclure ses arrondissements périphériques et ses banlieues, compte au moins une bonne vingtaine de théâtres. Notez donc que ceci n’est qu’une brève énumération des maintes possibilités théâtrales de
Montréal. Malgré tout, il est facile de savoir lesquels sont les plus populaires. Le grand classique est le Théâtre du Nouveau Monde. Un incontournable quoique son excellente réputation ait fait monter le prix des billets un peu trop au goût des étudiants… On y présente parfois des pièces contemporaines, souvent des classiques, et presque toujours des réussites, car ils ont le budget pour! S’ajoute à cette catégorie les salles de la Place-desArts, le Théâtre Denise-Pelletier et la compagnie Jean-Duceppe, qui abordent parfois des thèmes peu controversés mais souvent avec succès. Si l’on désire quelque chose de plus original, mais sans encore trop compter sur le facteur de risque, trois choix s’imposent: le Théâtre du Rideau Vert, l’Espace Go et le Théâtre d’Aujourd’hui. Dans ces salles, vous pouvez souvent déguster une bonne pièce
d’un jeune auteur peu connu, ou encore une adaptation moderne d’une pièce classique qui a déjà fait ses preuves. Si l’on continue toujours à grimper l’échelle du ludique et de l’inusité, on peut aller faire un tour du côté de la salle de La Licorne et du Quat’Sous, qui présentent aussi des événements autres que le théâtre, comme les lectures publiques des semaines de la dramaturgie. L’Usine C nous propose un mélange de danse, de théâtre, d’arts visuels et de bien d’autres choses, selon un horaire très varié, mais aussi très attrayant. L’Usine C dévoile aussi des artistes indépendants, frais sortis des écoles, fréquemment inconnus mais non moins talentueux! L’Espace Libre, lui, se fait le spécialiste de l’expérimental, incluant dans sa programmation des soirées thématiques et interactives ainsi que de nombreux festivals de théâtres. Autres théâtres à surveiller, le surprenant Players Theatre de McGill, qui à chaque saison, présente des œuvres originales faites par nous et pour nous. Finalement, pour les férus de danse, l’Agora de la danse est LA salle où la danse contemporaine est à l’honneur, alors que DanseCité nous fait découvrir des artistes solo prometteurs. Les musées Tout comme les théâtres, les musées pullulent à Montréal. Parmi les plus appréciés, le Musée des beaux-arts de Montréal remporte la palme. Un arrêt y est obligatoire. Ce musée reçoit des collections des plus prestigieuses en gardant une approche simple et adaptée à tous, en plus d’acquérir sans cesse de nouvelles œuvres pour son impressionnante collection permanente. Qu’il expose le carrosse de Catherine de Russie ou les œuvres les plus convoitées des maîtres impressionnistes d’Europe, le Musée des beaux-arts fait dans tous les genres. Cet automne, les toiles du peintre français Girodet seront exposées, du 21 septembre au 21 janvier. Si l’on recherche l’insolite,
En-haut: le Théâtre du Nouveau Monde; à gauche et à droite: le Musée des beaux-arts Mathieu Ménard
Le cinéma Ex-Centris Mathieu Ménard
le musée d’art contemporain s’impose. Reconnu mondialement pour ses expositions avantgardistes, il dévoile souvent plus d’une exposition à la fois. Cet automne, l’innovateur Pascal Grandmaison y côtoie Neo Rauch et Rodney Graham. Pour les amateurs d’histoire, le musée McCord, situé près de McGill, nous renseigne sur l’histoire canadienne de manière interactive. En ce moment, c’est sur le long de la rue McGill College qu’il faut chercher l’exposition principale, intitulée Transactions, alors que l’art inuit sera célébré en novembre. Autre incontournable de l’histoire, le musée Pointe-àCallière étale l’histoire de Montréal de manière originale, avec accès privilégié sur les catacombes du Vieux Montréal! Aussi, à l’affiche jusqu’en octobre, les trésors nationaux du Japon sont exposés en grande première mondiale ici même…! À souligner aussi pour ses concepts contemporains : le Centre canadien d’architecture. Les cinémas Pour les amateurs de cinéma de répertoire, L’Ex-Centris demeure l’endroit par excellence. N’y allez pas pour voir Mr. and Mrs. Smith, mais plutôt de très belles réalisations expérimentales. L’endroit vaut aussi le détour seulement pour y apprécier son architecture ultramoderne. Même y acheter des billets est impressionnant! Amenez votre
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carte étudiante pour bénéficier du tarif réduit. Pour satisfaire d’autres désirs expérimentaux, vous devez évidemment fréquenter la Cinémathèque québécoise. Ce véritable «musée du cinéma» projette plus de 1500 films par année. L’Office national du film du Canada diffuse quant à lui des œuvres audacieuses d’un point de vue canadien. Bien que la plupart d’entre vous le connaissent déjà, l’AMC/ Forum est le cinéma idéal pour assister aux grandes productions d’Hollywood en version originale anglaise. L’AMC passe également de nombreux films francophones ou étrangers sous-titrés. Pour ceux qui, excédés par le trop haut niveau intellectuel de McGill, seraient en manque chronique d’un gros navet à gros budget et ne pourraient même pas se rendre jusqu’à l’AMC, sachez que le Parisien et le Paramount, tous deux sur SainteCatherine, devraient vous satisfaire entièrement… En terminant, une minute de silence pour le Cinéma du Parc qui n’est plus. Les étudiants fauchés de l’avoir trop fréquenté, s’en souviendront… Les salles de spectacles En ce qui concerne les salles de spectacles, chacune a sa spécialité et sa touche d’originalité. Capacité oblige, ce sont les plus grosses salles, soient le Medley, l’Olympia, le Spectrum, le Club Soda et le Métropolis, qui accueillent souvent les événements les plus notoires. Il reste toutefois plusieurs salles de capacité moindre à ne pas négliger! Notons La Tulipe, le Cabaret Music-Hall, le Corona, le Lion d’Or ainsi que le National. Mais pour tout savoir et tout voir, il faut fouiller! Maintes petites salles de spectacle ne peuvent se permettre de publicité: c’est le cas du Patro-Vys, de l’Azimut ou du Kola-Note. À considérer aussi pour des spectacles d’artistes jeunes et peu connus, le petit Campus, qui est d’ailleurs tout proche de chez nous. x
délit | 12 septembre 2006 14 xle www.delitfrancais.com
Si la littérature ne tient qu’à un FIL…
Le 12e Festival international de littérature propose une programmation osée et alléchante du 15 au 24 septembre local Laurence Martin Le Délit
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ue les étudiants qui ne peuvent lire trois pages de suite sans prendre une pause et qui pestent chaque année contre la pile énorme de lectures de session obligatoires s’abstiennent. Le Festival international de littérature (le FIL pour les intimes) ne parlera, du 15 au 24 septembre, que de bouquins. Au programme, des heures et des heures consacrées à la littérature, où celle-ci sera lue, clamée, jouée, chantée, marchée, dansée… «Parce qu’on en a besoin et que ça fait du bien», selon Marie-Claire Blais. Alors que vous soyez excentrique ou classique, lecteur avide ou simplement curieux, désireux de voir jouer la grande Fanny Ardant ou d’entendre le beau James Hyndman
lire son œuvre préférée, toutes les raisons sont bonnes pour ne pas manquer la très belle programmation du FIL de cette année. Cette douzième édition rendra d’ailleurs hommage à Marguerite Duras et à Gaston Miron, tous deux décédés il y a dix ans. Le temps d’une entrevue avec Michelle Corbeil, directrice générale et artistique de l’événement, Le Délit s’est introduit au cœur de la création du festival pour vous donner un aperçu personnalisé de la programmation offerte. Le Délit : Quand le Festival international de littérature a-t-il été créé et dans quel but? Michelle Corbeil : Le FIL a été créé par l’Union des écrivains et écrivaines du Québec en 1994. Il y avait à l’époque peu d’événements consacrés à la célébration et à la promotion de la littérature, mis à part certains festivals de poésie,
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des salons du Livre, et c’était une occasion de donner la parole à des écrivains, tant québécois qu’étrangers. Le FIL est aussi un festival expérimental, où la littérature entre en contact avec d’autres disciplines artistiques comme la musique, le théâtre, la danse. Mallarmé disait «La Vie aboutit à un livre». J’espère pour ma part que «le festival aboutisse à un livre». LD : Cette douzième édition du FIL rend hommage à Marguerite Duras et à Gaston Miron. Pourquoi les avoir choisis, outre le fait qu’ils soient décédés il y a dix ans? MC : Marguerite Duras a grandement marqué l’imaginaire québécois. Elle s’intéressait à beaucoup d’autres arts et correspondait ainsi à la nature du festival, qui se veut un mélange d’autres disciplines artistiques avec la littérature. Pour Gaston Miron, je pense qu’on est tous plus ou moins son héritier. C’était l’initiateur de la Nuit de la poésie et il était important pour lui que la littérature soit dite, clamée. Ça correspond, encore une fois, à la philosophie du festival. LD : Pourquoi avoir choisi Fanny Ardant pour dire La Maladie de la mort de Marguerite Duras?
À voir au FIL (recommandations du Délit) Pour les plus classiques Les midis littéraires (5$ [étudiants]) C’est là que vous écouterez vos acteurs préférés lire leurs textes préférés. Le format est tout simple: apportez votre lunch et faites-vous racontez une histoire dans un cadre très sympathique et chaleureux. Je dois dire que l’an dernier, la moyenne d’âge a baissé de dix ans lorsque ma colocataire et moi sommes rentrées dans la salle du Studio-théâtre sans tailleur… mais espérons que les nouveaux prix étudiants de cette année (5$) en feront venir davantage. —Lundi 18 septembre Sophie Cadieux lit La Mort de Mignonne et autres histoires de Marie-Hélène Poitras —Mardi 19 septembre Marc Béland lit Le Dîner de têtes de Jacques Prévert —Mercredi 20 septembre Sébastien Béland lit Une paix d’usage d’André Ricard —Jeudi 21 septembre Sylvie Drapeau lit Jane Eyre de Charlotte Brontë —Vendredi 22 septembre James Hyndman lit Rapport sur moi de Grégoire Bouillier Studio-Théâtre, (175, rue SainteCatherine Ouest, métro Place-desArts) 12h10 à 12h50
Pour les plus branchés Les 5 à souhaits (gratuit) Tradition depuis maintenant dix ans, ces apéros poétiques constituent l’occasion parfaite pour découvrir la poésie sous une forme très jazzée. L’entrée est libre et l’ambiance toujours au rendez-vous. Rendez-vous donc au Cabaret des Terrasses Saint-Sulpice pour ces 5 à 7 poétiques ! —Vendredi 15 au vendredi 22 septembre Cabaret des Terrasses Saint-Sulpice (1680, rue Saint-Denis, métro BerriUQÀM) 17h à 19h Pour les plus riches La Maladie de la mort de Marguerite Duras avec Fanny Ardant (52$) C’est sûr que le billet à 52$ fait mal au portefeuille. En même temps, quand reverrez-vous une des plus grandes comédiennes françaises lire un des plus beaux textes de Marguerite Duras sur l’importance du désir ? —Mardi 12 au vendredi 15 septembre, 20h. Samedi 16 septembre, 16h. Place des Arts / Cinquième Salle (175, rue Sainte-Catherine Ouest, métro Place-des-Arts)
Pour les plus excentriques Poésie, sandwichs et autres soirs qui penchent (20$) Le FIL propose une approche tout à fait nouvelle de la poésie où, dans de brèves apparitions, une vingtaine de comédiens vont venir interpréter les textes qu’ils auront choisis. La Cinquième Salle, lieu très intime, sera parfaite pour apprécier ces «passeurs de poésie». —Samedi 23 septembre, 23h, Dimanche 24 septembre, 17h Place des Arts / Cinquième Salle Pour les plus curieux Duras Song (6$ [étudiants]) Toujours en hommage à Marguerite Duras, la Cinémathèque québécoise présente une série de films réalisés par celle-ci ou encore de documentaires sur le personnage. Vous pourrez ainsi revoir l’entrevue réalisée avec Bernard Pivot lors de la sortie de L’Amant, ou encore India Song, célèbre drame de Duras. — Les 15, 16, 17, 21, 22, 23 et 24 septembre, horaire varié. Cinémathèque québécoise (355, rue Maisonneuve Est, métro BerriUQÀM)
MC : Au départ, je savais que je voulais rendre hommage à Marguerite Duras. J’ai vu en France que Fanny Ardant lisait La Maladie de la mort, une des plus belles œuvres de l’auteure à mon avis. Ça m’a semblé logique de l’inviter. LD : Pourquoi organiser une Grande Marche pour Gaston Miron au cœur du Plateau Mont-Royal? On marche de nos jours pour défendre des causes humanitaires, mais non pour un auteur. C’est plutôt étonnant, non? MC : Marie-Claire Blais me disait à quel point on avait besoin des arts, qu’ils pouvaient nous aider à vivre. Dans cette optique-là, on pourrait aussi faire une marche pour célébrer la littérature.
LD : En terminant, quels seraient les événements que vous recommanderiez, particulièrement pour une clientèle étudiante? MC : Je recommanderais les midis littéraires qui ont, à mon avis, un format très pratique et abordable sur l’heure du lunch, les apéros poétiques, une façon très agréable de découvrir la poésie, et spécialement la soirée Poésies, sandwichs et autres soirs qui penchent, spectacle très original où il faut oser aller. Il n’y a rien d’académique dans le festival, tout est très ludique. Le Festival international de littérature prend place du 15 au 24 septembre. Pour plus d’information, appelez InfoFIL au (514) 842-2112, ou tapez www.festival-fil.qc.ca
LD : Quel public est visé par le FIL? Avez-vous une clientèle étudiante? MC : Le public du FIL est assez diversifié. Je pense que chacun peut trouver son compte dans la programmation. C’est sûr que les soirées au Lion d’Or, par exemple, attirent un public plus âgé, alors qu’au Saint-Sulpice, c’est plus jeune. En plus, presque tous spectacles cette année ont un prix réduit étudiant.
Pour les plus fous La marche à l’amour (gratuit) Qui a dit qu’on ne marchait que contre des guerres ou la famine dans le monde ? Le FIL (en collaboration avec le Grand Parcours) vous propose une marche sur le Plateau Mont-Royal en hommage au grand auteur québécois Gaston Miron. En gros, vous arrivez au Parc Laurier à 15h pour créer vos pancartes et vous vous mettez en marche une heure plus tard pour le Parc des compagnons de SaintLaurent avec même, ô grand bonheur, un orchestre qui vous accompagne dans votre cause artistique. Plutôt original, non? Pour ceux qui auraient peur d’être vus dans cet événement trop compromettant (non mais marcher pour la littérature –faut pas exagérer!), vous pouvez seulement participer au 5 à 7 qui suivra où des poètes liront des textes de Gaston Miron. «La marche à l’amour» — Dimanche 24 septembre 15h: Rassemblement au parc Laurier; fabrication des panneaux pour les images et les mots. 16h10: Départ de la procession en direction du parc des Compagnons de Saint-Laurent «Ripaillons avec l’Homme rapaillé» – 5 à 7 festif en hommage à Gaston Miron —Dimanche 24 septembre Parc des compagnons de SaintLaurent, 17h
La grande marche sur la rue MontRoyal, un des évènement s originaux du Festival International de Littérature J.F. Leblanc
Pour vous Les mots qui nous regardent (20$[étudiant]) Mon coup de cœur personnel. Le spectacle de clôture du festival consiste en un regroupement d’artistes connus – tels que Marie-Jo Thériault et Chloé Sainte-Marie – venus dire et chanter les mots de Gaston Miron. On pourra également voir et entendre des extraits de films et d’entrevues pour cet hommage à cette grande figure littéraire québecoise. —Dimanche 24 septembre 20h. La tulipe (4530, avenue Papineau, métro Mont-Royal) Le FIL prend place du 15 au 24 septembre 2006. Pour plus d’information, appelez INFO-FIL au (514) 8422112, ou tapez www.festival-fil.qc.ca
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Foyer de contagion: La 2e porte à gauche. Attention! Ce groupe propage l’intérêt à la danse contemporaine. La contagion est aussi inattendue que les endroits où elle se manifeste. local Marie-Noëlle Bélanger Le Délit
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ous marchez sur PrinceArthur un beau samedi après-midi et soudain, voilà deux personnages étranges qui bougent: questionnement. Vous poursuivez jusqu’au carré SaintLouis: lui aussi est envahi par de tels personnages. Intrigué, vous observez. Vous venez de découvrir la danse contemporaine… ou plutôt, la danse contemporaine vous a attrapé. Cause de la contagion: la maison de production La 2e porte à gauche et leur nouvelle création The Art (prononcez dehors).
La 2e porte à gauche est une maison de production à but non lucratif spécialisée en danse contemporaine. Créée en 2004, son mandat est de produire des événements de danse pouvant joindre autant un public averti que les néophytes. La maison regroupe six professionnels de la danse contemporaine, Amélie Bédard-Gagnon, Marie Béland, Johanna Bienaise, Angélique Bouffard, Frédérick Gravel et Katya Montaignac, tous obsédés par leur rôle de médiateur avec le public. De vendredi à lundi dernier, profitant du congé de la fête du Travail pour rejoindre les gens, ils lançaient The Art (prononcez dehors). De midi à 18h, vous pouviez croiser cinq chorégraphies jouées en
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continu, sur la rue Prince-Arthur à partir de la rue Saint-Laurent jusqu’au carré Saint-Louis (à deux pas du métro Sherbrooke). Samedi, les habitués de la place (itinérants buvant leur bière qu’ils cachent dans la poubelle entre deux gorgées, jeunes familles et leurs poussettes, «madames» promenant leurs chiens, etc.) pouvaient tous profiter d’un spectacle gratuit de danse contemporaine. Prestation remarquée, celle d’un couple danseur interprétant la chorégraphie de Sasha Kleinplatz et Andrew Tay, Kiss. Sans jamais décoller leur bouche de celle de l’autre, ils dansaient. Certains trouvent cela dérangeant: on n’a pas l’habitude de dévisager un couple qui s’embrasse sauf lorsqu’il est sur le grand écran mais, d’un autre côté, ils étaient là pour ça, non? La 2e porte à gauche présente deux autres types d’événements. Premièrement, la soirée dansante du Bal moderne, où le grand public est convié à apprendre et à danser de courtes séquences de danse contemporaine, préparées et expliquées par des chorégraphes professionnels et ce, dans un cadre ludique et festif. Depuis septembre 2004, le Bal moderne a été présenté à huit reprises, la dernière représentation ayant eu lieu lors de la Journée internationale de
Poissons, C++ et accents espagnols Le premier livre de Nicolas Dickner fait des vagues local Alexandre Duval Le Délit
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n entend souvent dire que la littérature québécoise vit une crise. Il faut donc s’inquiéter. La littérature n’est-elle pas l’âme d’un peuple (ou quelque chose du genre)? Aucun répit possible tant que nous n’aurons pas trouvé notre Camus version québécoise. Récemment, un de mes amis, étudiant en littérature qui partage mes craintes, m’a dit qu’il venait de découvrir un jeune auteur prometteur. Je lui ai donc immédiatement demandé: «Estce que c’est lui? Est-ce qu’il va révolutionner notre littérature?». Ce à quoi, il a répondu: «Peut-être, ça reste à voir». Cet auteur s’appelle Nicolas Dickner et il vient de Rivière-duLoup, une petite ville du Bas-SaintLaurent. Après avoir remporté deux prestigieux prix pour la publication d’un recueil de nouvelles en 2000,
il publiait en 2005 son premier roman, intitulé Nikolski. Ce dernier lui permettait de rapporter à la maison le prix Anne-Hébert, le prix littéraire des collégiens et le prix des libraires. Plusieurs sujets se recoupent constamment dans Nikolski: les poissons, la programmation, les pirates, les ordures, l’immensité du territoire canadien et la culture hispanophone montréalaise. Le narrateur, un bouquiniste de la rue Saint-Laurent à Montréal, nous raconte des bribes de sa vie ainsi que de celles de Joyce, une adolescente de la Basse-CôteNord, et de Noah, un jeune homme né quelque part dans les Prairies. Lorsque ces deux derniers décident d’aller vivre à Montréal, le destin des trois personnages commence à s’entremêler inexplicablement et inextricablement. L’histoire débute en 1989, alors que les trois protagonistes doivent dire adieu au seul parent qu’il leur reste pour commencer à vivre de leurs propres ailes. Ils se retrouvent au carrefour de leur vie: ils doivent
décider de ce qu’ils veulent faire pour gagner leur croûte. Le narrateur, qui nous avertit dès la première ligne que «[s]on nom n’a pas d’importance», déballe son récit de manière anecdotique. Il ne nous dit jamais tout, il laisse notre imagination reconstruire les liens entre les différents événements racontés. Dickner maîtrise sa plume avec un doigté chirurgical. Il place chaque anecdote et chaque détail suivant un ordre bien déterminé. Il écrit sans jamais s’enfarger dans les fleurs du tapis, et son style reste toujours sobre et contenu. Son livre n’innove pas au niveau de la forme, mais la structure narrative m’a particulièrement plu. Il crée des personnages auxquels on s’attache rapidement. Cet attachement nous donne le goût de replonger dans la lecture aussitôt qu’on en sort. J’éprouve un certain inconfort à évaluer la portée du roman par contre. J’ai toujours eu un faible pour des romans tels L’Étranger ou Les Frères Karamazov à cause de leur dimension morale, des questions
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la danse 2006, en avril dernier, dans le hall d’entrée de la Grande Bibliothèque, attirant ainsi plus de trois cents personnes. Une seconde prestation originale est celle du projet Vitrines, qui s’est produit en février 2005 dans les vitrines de la maison Simons, au centre-ville de Montréal. Durant une semaine, 24 heures sur 24, ces vitrines ont été habitées par la danse contemporaine, mobilisant plus d’une soixantaine d’artistes de la relève, chorégraphes et interprètes, dont la célèbre Margie Gillis. Le site de La 2e porte à gauche parle d’«accessibiliser» cette discipline, de s’insérer dans le quotidien des Montréalais, de piquer leur curiosité. Avec l’imagination dont le collectif fait preuve, la contagion se poursuit… x Gardez l’œil ouvert pour les prochains événements de La 2e porte à gauche en visitant leur site Internet www. la2eporteagauche.ca où vous pourrez, en autres, vous inscrire à leur InfoWeb afin de recevoir de leurs nouvelles régulièrement par courriel.
La 2e porte à gauche, cet hiver dans les vitrines du magasin Simons, a attiré l’attention des passants sur Sainte-Catherine. Marie Béland
qu’ils soulevaient. Les thèmes de Nikolski semblent se limiter à l’importance des parents pour les enfants et aux embûches qu’il faut surmonter pour trouver sa vraie vocation. Donc, est-ce que ce Dickner va révolutionner notre chère littérature? Je ne pense pas que c’est avec Nikolski qu’il va orchestrer cette révolution, bien qu’il s’agisse d’un excellent livre. Peut-être avec une oeuvre future, ça reste à voir. Il ne manque pas de talent en tout cas. x
Contrairement à une croyance populaire, on peut écrire des bons livres qui traitent des poissons Éditions Alto
délit | 12 septembre 2006 16 xle www.delitfrancais.com
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COUPS DE COEUR
Le Lac aux Castors, petit havre de paix à Montréal www.travels-book.net
La campagne au coeur de la ville
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n été, plusieurs fuient le centre-ville alors qu’il devient de plus en plus moche avec les canicules, les déchets et les touristes, pour se réfugier en banlieue ou encore à la campagne. Nous, étudiants pauvres et démunis, ne pouvons qu’encaisser la chaleur et constater le manque de piscines municipales à Montréal… Faux! Il y a maintenant un refuge pour les amoureux de tranquillité : le lac aux Castors du mont Royal. Pendant que la place Jacques-Cartier est envahie par les tam-tam et les voyeurs, le lac aux Castors garde sa quiétude et sa fraîcheur même durant la fin de semaine. C’est l’endroit idéal pour jouer au frisbee, faire un tour de pédalo, paresser en lisant un livre ou simplement se faire bronzer avec comme seul son le tintement de la clochette du vendeur de glaces. N’oublions pas les barbecues communs où l’on apporte son piquenique et l’on fait griller sa viande sur place pour quelques sous! En automne, quoiqu’il faille garder une veste, c’est l’endroit parfait pour aller se détendre loin des bruits de la circulation et des foules étouffantes. Les nombreuses tables de pique-nique nous permettent d’étudier en paix; les marches romantiques dans les nombreux sentiers sont aussi recommandées… Lorsque le temps se refroidit de plus belle, le lac aux Castors se transforme en une patinoire idéale pour les dimanches après-midi. Pour les plus sportifs, des couloirs pour les luges de neige sont aménagés, ainsi qu’une patinoire pour les hockeyeurs. Plusieurs sentiers sont par ailleurs convertis en pistes de ski de fond. Tout compte fait, quelle que soit la saison, le lac aux
Castors du mont Royal est l’endroit idéal pour relaxer à Montréal. Mais ne le dites pas trop fort, ça pourrait faire du bruit! — Émilie Beauchamp Un Caniche qui a du chien
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aniche Hara-Kiri: un nom qui est peut-être le fruit d’un exercice d’écriture automatique. Cependant, ce groupe audacieusement psychédélique est loin de faire dans le n’importe quoi. Parcourant la scène underground du Québec, Caniche Hara-Kiri, dont les membres sont Montréalais, propose un son unique et raffiné se distinguant de la machine commerciale. C’est ce septuor envoûtant que j’ai eu le plaisir de découvrir en spectacle au Patro-Vys plus tôt cet été. D’emblée, mentionnons la solide performance scénique du groupe. Faisant son entrée en simple robe noire, Anick Bouchard, la parolière, entame «Peines» et livre ses textes surréalistes avec émotion. Elle subjugue le spectateur en faisant danser devant elle un parapluie auquel sont attachés des fils aux reflets brillants et irréguliers qui créent l’illusion d’une
petite averse, ce qui se prête bien au sujet de la chanson. L’interprète n’a toutefois pas besoin de cet outil pour hypnotiser l’auditeur: sa voix, bien épaulée par celle de Valérie Nadon, charme et captive, ses textes font rêver. Ceux-ci sont le produit d’une poésie riche portant, entre autres, sur les thèmes de la solitude et de la désillusion. Les sonorités et les figures choisies forment un univers irréel dans lequel l’auditeur se permet de se perdre, comme l’illustrent ces paroles de la pièce «Caméléon» : «Sur une île de mille deux cents chats/Sous la lune dans le jardin d’ananas». La force de Caniche est justement celle de traduire par sa musique langoureuse et par un rythme toujours juste les images créées par les paroles. Cet univers, vous avez la chance de le découvrir en vous procurant l’album éponyme sous l’étiquette Monsieur Fauteux. Comportant huit pièces, il transporte l’auditeur passivement à travers sa musique apaisante et énigmatique. Trop cher, les disques? Visitez le www.caniche.ca pour écouter trois chasons gratuites et complètes (je vous suggère fortement «Caméléon»)! Vous voulez vous joindre à un public qui s’évade l’espace d’un concert? Rendezvous au Studio Off Interarts, le 29 septembre, pour un 5 à 7 en compagnie de Caniche. Caniche Hara-Kiri sera en concert le 29 septembre 2006 pour un 5 à 7 dans le cadre des Journées de la culture. Le Studio Off Interarts est situé au 5145, boulevard St-Laurent et l’entrée est libre.
ou excentrique, connaisseur ou amateur, vous adorerez Juliette et Chocolat. Commencez votre aventure culinaire par leurs délicieuses galettes de sarrasin. Je recommande personnellement la galette «chèvre, poires et miel», mais l’on chuchote que le mélange «complètes champignons, épinards ou pesto» se laisse également manger. La suite est des plus intéressantes. Dégustez un fondant au chocolat nappé, très riche et trop exquis, ou une incroyable crêpe-dessert où praline, sirop d’érable, fruits frais et chocolat de toutes sortes s’entremêlent dans votre bouche. Vient ensuite la récompense ultime: le chocolat chaud, bien évidemment. Pour les plus petits budgets, optez pour les «classiques», au coût de 4,45$... Vous en avez pour votre argent, croyez-moi! Les cœurs tendres essaient en général le chocolat au lait, tandis que les plus osés dégustent le mi-amer. Ceux dans les poches desquels l’argent abonde en ce début d’année doivent essayer les «grands crus», des chocolats chauds procurant une rare expérience gustative… Si jamais vous n’êtes pas rassasiésaprès tout ça, offrez-vous un ou deux «shooters de chocolat». L’été, troquez le tout pour un smoothie, mélange de chocolat et de fruits, sur la terrasse... Enfin, si vous passez «par hasard» dans le coin (je vous préviens tout de suite: on ne va jamais PAR HASARD chez Juliette et Chocolat), achetez un ou deux chocolats faits maison à déguster en route…Le seul problème, vous avez bien compris: le choix!
— Joseph Dahine La terrasse de Juliette et Chocolat
Juliette et Chocolat, 1615, rue SaintDenis, Métro Berri-UQÀM — Laurence Martin
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’est très simple. Il n’y a pas une personne que j’aie invitée chez Juliette et Chocolat, petit resto situé près du métro Berri-UQÀM, qui n’ait pas aimé. Dans ce lieu mystique, le chocolat abonde sous toutes ces formes…Que vous soyez classique
Anick Bouchard meuble l’univers de Caniche Hara-Kiri d’accessoires qui rendent l’expérience à la fois musicale et théâtrale. Michel Pinault
COUP DE POING Cent minutes de solitude au Festival des films du monde Lorsqu’on est étudiant comme moi, on recherche généralement à augmenter son bagage culturel en participant aux activités gratuites que la Ville de Montréal offre à ces citoyens plutôt qu’en assistant à des événements payants. La programmation extérieure du Festival des films du monde
(FFM), qui s’est déroulé du 24 août au 4 septembre 2006, avait donc tout pour me séduire. En plus de l’entrée gratuite, la projection de films se faisait à la belle étoile sur un écran géant installé en plein milieu de la rue Sainte-Catherine. Voici le fonctionnement: notre Ste-Cath’ est bloquée entre la Place des Arts et le complexe Desjardins, et, chaque jour, on y présente cinq longs métrages, généralement québécois, qui ont connu un certain succès. Plusieurs oeuvres sur lesquelles je n’avais pas encore eu la chance de poser l’oeil m’intéressaient particulièrement dans le programme. Pour tout dire, je n’ai pu assister qu’à une présentation, celle de Dans le ventre du dragon, le seul film dont je ne savais rien du tout. Sa distribution m’a franchement impressionné et me donnait le droit d’espérer: Rémy Girard, Michel Côté, David La Haye, Pierre Curzi et Roy Dupuis. Malheureusement, à la mifilm, j’ai commencé à me demander pourquoi ces derniers avaient accepté un tel projet. Je crois que jamais un scénario québécois ne m’aura autant déçu. On y retrace l’histoire d’un jeune rebelle, Lou (David La Haye), qui, à la recherche d’argent, décide de participer aux expériences qu’une compagnie obscure souhaite effectuer sur des cobayes humains. Une bonne partie du film porte sur les agissements maléfiques des dirigeants de l’entreprise –qui est comparée à un dragon, métaphore douteuse s’il en est une– alors que l’autre partie se concentre sur la vie quotidienne des amis de Lou. La division de la trame narrative enlève de la cohésion au récit. Les décors et l’interprétation de David La Haye sont simplement ratés. Moi qui croyais que le FFM ne projetait que des succès… il faut bien une exception à la règle! Ce qui n’empêche pas de surveiller attentivement la prochaine édition du festival, qui sera de retour à Montréal l’été prochain. En attendant, ne vous jetez pas dans la gueule du dragon, le risque n’en vaut pas la peine! — Alexandre Duval
La projection de films gratuits en face de l’Esplanade de la Place des Arts attire des grosses foules Sylvain Légaré