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Le mardi 24 novembre 2009 - Volume 99 Numéro 11

World AIDS Week à McGill p. 3 Médias et accomodements raisonnables p. 5 Alain Farah et l’écriture p. 11 Maleficium, un roman d’enfer p. 14

le délit Le seul journal francophone de l’Université McGill Finito tôt depuis 1977.

Premier coup EN pages de cloche 8-10


DU

R É A L I S AT E U R

DE

C . R . A . Z . Y.

J E A N - M A R C VA L L É E AVEC

E M I LY B L U N T

SÉLECTION OFFICIELLE • GALA DE CLÔTURE FESTIVAL INTERNATIONAL DU FILM DE TORONTO 2009

L’ A M O U R RÈGNE S U R T O U T.

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DÈS LE 18 DÉCEMBRE


WORLD AIDS WEEK

Le fléau invisible

Le Délit a assisté à la semaine mondiale du VIH/sida qui se déroulait du 16 au 20 novembre, un événement organisé par la McGill Global AIDS Coalition (MGAC). Geneviève Lavoie-Mathieu Le Délit

S

elon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), environ 33 millions de personnes dans le monde vivent avec le VIH. Le problème est toujours actuel, les débats éthiques brûlants et les opinions divergentes. Pour cette raison, la McGill Global AIDS Coalition (MGAC) à organisé la World Aids Week, qui s’est déroulée du 16 au 20 novembre dernier à McGill. Le Délit vous propose un compte-rendu du déroulement de la semaine. Une lutte loin d’être terminée «I’m HIV positive» –voilà le slogan des t-shirts vendus par la MGAC pour l’occasion. La phrase à la fois dérangeante et provocante a été choisie non sans raison: le sida porte plusieurs visages, le virus frappe sans distinction, et nous sommes tous concernés par le problème. L’Université McGill, qui se présente fièrement comme étant la meilleure université au Canada dans le domaine médical, «peut jouer un rôle important dans la lutte contre le sida», selon Stephanie Law, coordonatrice au site web de MGAC. Mais pour ce faire, il faut rendre possible et équitable l’accès aux résultats des recherches scientifiques et aux médicaments, comme ceux pour le VIH/sida, aux pays en développement. Pour cette raison, la défense du droit à l’accès équitable aux technologies qui sauvent des vies est le cheval de bataille du regroupement MGAC et ce, depuis près de 2 ans. Outre la question des droits équitables, la World Aids Week à McGill avait comme principal sujet le problème du sida à l’échelle

Des panélistes discutent de la cause du sida lors de la semaine du World AIDS week Adrien Baudet / Le Délit

locale, et avec raison: avec l’arrivée des antirétroviraux et l’espérance de vie rallongée, le sujet du VIH attire moins l’attention et a même tendance à être oublié. Mais comme l’affirme Joane Nakamura, coordonatrice médias à MGAC: «il faut toujours travailler à éliminer les tabous et préjugés et en parler, puisque c’est toujours présent dans la communauté et il y a encore beaucoup de travail à faire.» Une semaine qui pousse à réfléchir La World AIDS Week s’est révélée chargée d’événements intéressants, controversés et informatifs. À la conférence de mardi sur le sida dans la communauté montréalaise, Jean-François Mary, de l’organisme CACTUS, discutait des enjeux reliés à l’établisse-

ment de sites d’injection supervisés, ainsi que des tendances dans les modes de transmission du VIH dans la communauté. Pour les lecteurs moins familiers avec l’organisme, CACTUS intervient depuis vingt ans auprès des jeunes de la rue, des toxicomanes et des travailleurs et travailleuses du sexe pour aider à prévenir la transmission des infections causées par le partage de seringues.

«

Avec l’arrivée des antirétroviraux et l’espérance de vie rallongée, le sujet du VIH attire moins l’attention et a même tendance à être oublié.» L’action de CACTUS se base sur plusieurs constats. D’un côté, les cas d’infection au

VIH pourraient probablement être éliminés en faisant des tests de dépistage précoces, les cas de personnes nouvellement infectées étant les plus virulents, selon le Dr. Bluma Brenner, panéliste et chercheuse au Centre de recherche sur le sida de l’Hôpital Général Juif. Quant à la poursuite des recherches visant la fabrication d’un vaccin potentiel contre le sida, cela apparait aux yeux du Dr. Bluma comme étant clairement impossible, et l’argent qui y est dépensé pourrait être utilisé à de meilleures fins, selon elle. Autre débat important durant la World AIDS Week: celui sur la criminalisation du VIH. Les trois panélistes présents semblaient s’entendre sur le fait que la criminalisation serait une mauvaise chose, et que ça n’est

aucunement une incitation à un comportement plus sensé et sécuritaire. Toutefois, plusieurs questions éthiques et notions restent indéterminées, comme les conditions qui en font un crime. Afin d’égayer la fin de cette semaine à la programmation chargée, une soirée de danse et de musique a eu lieu jeudi, de même qu’une conférence donnée par Donna Barry de «Partners in Health» qui a parlé vendredi de la nécessité de traiter la maladie avec humanité. x * * * Pour signer la pétition du MGAC pour l’accès équitable aux médicaments et avancées scientifiques : http://treatthepeople.com

ENVIRONNEMENT

Les pétrolières brisent la glace

Vendredi dernier, la série nationale de conférences Oil and Ice Tour de la World Wildlife Fund faisait un arrêt à McGill. Les deux journalistes et auteurs invités ont sonné l’alerte quant à l’exploitation pétrolière au Canada. Alexandre Ruiz de Porras G. Le Délit

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lors que le réchauffement climatique et la fonte des glaciers sont des phénomènes de plus en plus exposés par les médias, l’organisme World Wildlife Fund (WWF) cherche à attirer l’attention de la population sur un autre enjeu majeur du XXIe siècle: l’exploitation pétrolière dans le Grand Nord canadien et en Alberta. La tournée nationale de conférences Oil and Ice Tour s’est arrêtée à McGill vendredi dernier. Les deux journa-

listes invités –Ed Struzik, auteur du livre The Big Thaw, et Andrew Nikiforuk, auteur de Tar Sands– ont dressé un portrait inquiétant de la situation. D’ici 2050, deux-tiers des ours polaires et 15 000 lacs dans les environs du delta du fleuve Mackenzie pourraient disparaître si le réchauffement climatique se poursuit au rythme actuel, selon Ed Struzik. Soulignant d’abord la richesse de cette région si fragile du globe qu’est le Grand Nord canadien, M. Struzik a ensuite démontré à quel point ce territoire était ravagé par l’acti-

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vité humaine. Le journaliste a cité des «statistiques plutôt juteuses» pour les compagnies d’exploitation d’énergies fossiles, indiquant que l’Arctique recèlerait 30% des ressources mondiales du gaz et 13% du pétrole pas encore découvertes. Alors que «pipelines et mines veulent dire prospérité et argent, les habitants des régions de l’Arctique devront s’habituer aux conséquences de l’implantation de l’industrie pétrolière dans les décennies à venir», a fait savoir M. Struzik. Le second conférencier, Andrew Nikiforuk, a discuté des

sables bitumineux en Alberta. Il a expliqué que cette province a toujours été tournée vers ses ressources premières, mais que, «ce qui est nouveau, c’est la rapidité et l’échelle à laquelle l’exploitation se fait de nos jours». Il n’a pas manqué l’occasion de critiquer les politiciens, tous partis confondus, allant même jusqu’à qualifier le Canada de «pétro-État». M. Nikiforuk s’en est pris à l’exploitation du pétrole qui, selon lui, a modifié notre mode de consommation et a «codé notre système financier». Commentant brièvement la crise économique,

il a estimé que «la volatilité financière sera[it] désormais monnaie courante à cause de notre dépendance» à une ressource d’énergie non renouvelable. Citant les Chinois et même l’Armée américaine, devenue pionnière dans les énergies renouvelables, Andrew Nikiforuk a invité l’audience à réduire son empreinte sur l’environnement. M. Struzik, quant à lui, est allé jusqu’à envisager un traité de l’Arctique pour réguler l’activité humaine dans le Grand Nord. Un dossier à suivre pour le Canada…x

Nouvelles

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MÉDIAS ET SOCIÉTÉ

Les accommodements raisonnés

Le 18 novembre dernier, Maryse Potvin, professeure de la Faculté d’éducation de l’UQAM, a éclairci les enjeux problématiques des discours sociaux et médiatiques lors de la crise des accomodements raisonnables. Amélie Lemieux Le Délit

L

es accommodements raisonnables ont souvent fait la une dans la presse écrite québécoise en 2006 et en 2007, et les répercussions sociales de cette médiatisation se font encore sentir. Maryse Potvin, experte mandatée par la Commission BouchardTaylor, nous a fait part de sa position en tant que professeure d’éducation lors d’une conférence présentée à l’UQAM le 18 novembre dernier. Non à l’engrenage médiatique Sur un ton éloquent, Mme Potvin a présenté une étude complète sur la nécessité d’un élargissement de l’éducation aux médias, notamment dans le cadre du projet éducatif de l’organisme pancanadien «Réseau Éducationmédias». Selon elle, l’éducation civique doit d’abord se pencher sur la véracité des dires journalistiques concernant les accommodements raisonnables. Trop souvent, précise-t-elle, certains chroniqueurs vont se permettre de commenter ces enjeux sans avoir les connaissances requises pour le faire: «Nous assistons à une méconnaissance visible des journalistes quant aux réalités de la diversité de l’immigration, aux valeurs communes inscrites dans nos chartes, à la jurisprudence et aux législations en matière d’égalité». Mme Potvin admet qu’en démentant l’autorité «absolue» de la machine journalistique, il est possible d’«arriver à y voir clair». Elle renforce ce propos par l’importance de la conscientisation de la population par rapport aux dispositifs de la presse écrite: «leurs techniques, comme les stratégies de mise en page, l’usage trop fré-

Madame Potvin discute les statistiques relatives à son étude sur la médiatisation des accomodements raisonnables Amélie Lemieux / Le Délit

quent des mêmes sources ou encore les titres mensongers, sont souvent à la base de messages raciaux», explique-t-elle. Cet éventail de méthodes journalistiques devrait être rediscuté. Il apparaît important de jeter un éclairage nouveau sur ces «accommodements raisonnables» qui ont été traités dans les médias avant la Commission Bouchard-Taylor. Toutefois, le problème ne saurait se régler aussi rapidement, la manipulation médiatique se présentant aussi sous d’autres formes: selon Mme Potvin, le message journalistique lui-même «influence fortement la population par son discours à l’instar de ses mécanismes discursifs».

Au nombre de huit, ces «mécanismes du discours populiste et raciste» effritent la reconnaissance des droits de «l’Autre» au Québec. Parmi ces techniques, la victimisation, les dichotomies négatives et le catastrophisme des faits divers prédominent dans les quotidiens. Tout compte fait, Mme Potvin souhaite des médias plus formateurs, dont les principes ne reposent pas sur des scénarios apocalyptiques, ou encore sur un désir d’expulsion de «l’Autre». Pour un discours raisonnable Comme solution, Mme Potvin envisage l’encouragement de la politique de la lutte contre

le racisme: «ainsi, nous arriverons à déconstruire la condescendance raciale en déchiffrant les processus de construction négative de “l’Autre” dans les dérapages et dans les débats publics», explique-t-elle. Comprendre et analyser les mécanismes discursifs des langages médiatiques et politiques restent, en effet, à la base de cette approche pédagogique antidiscriminatoire. Une version abrégée du rapport Bouchard-Taylor en tant qu’objet d’étude dans les écoles secondaires a aussi été discutée en tant qu’alternative lors de la conférence. Cet apport contribuerait certainement à renforcer

CAMPUS

Insolite

Capsule d’information de la Commission des affaires francophones

Mariages interdits au Texas Une avocate de Houston affirme qu’un amendement voté en 2005 interdirait de se marier dans l’État. Cet amendement constitutionnel, destiné à interdire le mariage homosexuel, empêche «la création ou la reconnaissance de tout statut identique ou similaire au mariage». Certains pourraient profiter de cette faille dans des affaires relatives au mariage, aux assurances ou aux héritages. Miami Herald

Votre CAF

Q

u’est-ce que la CAF? C’est la Commission des Affaires Francophones, une commission qui fonctionne en lien avec l’AÉUM afin de favoriser les initiatives francophones et francophiles au sein de McGill, d’organiser des activités à saveur francophone sur le campus et d’agir comme ressource pour tout étudiant, quelle que soit sa langue maternelle, désirant en savoir plus sur les manières de vivre McGill en français. Nous nous penchons sur des dossiers très variés, qu’ils touchent à la vie culturelle ou à la

réglementation. Cette année, par exemple, nous avons parrainé un match d’improvisation de la toute nouvelle Bilingual Improv Team de McGill, nous avons projeté le film «Les enfants de la loi 101» en compagnie de la réalisatrice Anita Aloisio dans le cadre de la semaine Culture Shock et nous avons offert 100 queues de castors gratuites le 18 novembre dernier sur le Lower Campus! Notre préoccupation actuelle est de faire modifier l’affichage du Café Suprême dans le pavillon Shatner afin qu’il soit bilingue. Grâce à cette chronique bi-

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mensuelle, nous vous tiendrons informés de nos activités en plus de discuter des sujets chauds touchant la francophonie. Vous avez des idées pour promouvoir la francophonie à McGill? Vous voulez vous impliquer? N’hésitez pas à nous contacter au caf@ssmu.mcgill.ca! Nous vous réservons bien d’autres surprises! Au plaisir, Sarah Marsolais-Ricard et Alexandre Forest Commissaires Francophones

Kebab humain Trois sans-abris accusés d’avoir tué un homme avec des couteaux et un marteau ont été arrêtés en Russie. Les meurtriers auraient

l’éducation aux droits humains dans les établissements scolaires québécois. Une chose est certaine, déclare Mme Potvin, c’est qu’il faut le faire. «À l’heure actuelle, l’éducation civique au Québec est faible. Il faudrait d’abord réaliser l’importance de rendre notre histoire intelligible parce qu’après tout, l’immigration est vieille de 300 ans», nous rappelle-t-elle. En définitive, les institutions scolaires et leur corps professoral ont la responsabilité de continuer cette «transmission de savoirs, de savoirs-dires et de savoirs-faires», une conception qui prime dans l’éducation civique multiculturelle au Québec, en tout cas, comme l’entend Mme Potvin.x

même mangé certaines parties du cadavre et revendu le reste à un restaurant de kebab. On ne sait pas encore si des clients ont effectivement consommé la viande de la victime. BBC Berlusconi rock star de l’année Le magazine italien Rolling Stone a couronné Silvio Berlusconi «rock star de l’année» en l’honneur des affaires de mœurs et des déboires judiciaires du président du Conseil. Le milliardaire a été choisi à l’unanimité par la rédaction «pour son caractère et son tempérament décidément “rock and roll”». Reuters

Nouvelles

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Controverses rec@delitfrancais.com

ÉDITORIAL

Pour en finir avec les finals Stéphanie Dufresne Rédactrice en chef

N

ovembre s’achève déjà (qui l’a vu arriver??) et avec lui se couronne la saison automnale du Délit. Eh oui, vous tenez entre vos petites menottes tremblantes d’étudiant au bord de l’épuisement «fin-de-sessionnel» le dernier numéro de votre délectable «Délice hebdomadaire». Nous vous offrirons bien un improbable numéro conjoint Daily-Délit lundi prochain, où nous rêverons d’une université meilleure, question de sublimer nos pulsions freudiennes entre deux papers dont le sens profond nous échappe. Mais pour ce qui est du Délit dans son intégralité, c’est finito jusqu’en janvier. D’ici-là, vos dévoués Déliites canaliseront leurs énergies à célébrer Noël en famille et à se shaker le bombom au premier coup de minuit de l’An de grâce 2010. Mais avant d’atteindre cet eldorado de ripailles et de festoiement, il faudra toutefois sortir vivants de la course à obstacles de ceux-dont-il-ne-fautpas-prononcer-le-nom, sous peine de subir un influx nerveux suffisant pour alimenter le Nord-Est américain en électricité, et j’ai nommé les terrifiants finals. Il faut dire que notre chère alma mater ne fait rien pour rendre l’expérience plus agréa-

ble –ou minimalement moins pénible. Un observateur mal préparé resterait sûrement perplexe à la vue de la faune cernée et fébrile qui peuple le Redpath aux alentours des 4 ou 5 heures du matin, mus par un sentiment de culpabilité qui nous suit dès qu’on met les pieds hors de cette bibliothèque ouverte 24h/7. Et quoi de plus agressant pour les nerfs que d’être assis devant une petite table chambranlante, rangée F32 du Currie Gym, tandis qu’une voix grinçante en direct des profondeurs d’outre-tombe vous hurle dans les oreilles que «if you feel sick, you must say it right now or you will have to stay in the room until the end of the exam». Et lorsqu’on vous autorisera enfin à empoigner votre crayon, votre voisine de droite se mettra inévitablement à renifler frénétiquement –sûrement victime de la grippe dont on taira elle aussi le nom– et le mec derrière vous se mettra à shaker de la patte à 150 bpm (histoire vécue...). Pensez donc à vous apporter un kit de survie complet composé de bouchons, d’ornières, d’une sarbacane et de quelques fléchettes empoisonnées, question d’en sortir trois heures plus tard sans qu’un de vos nerfs de cou ait cédé sous la tension. Bref, cette bien-aimée McGill fait tout ce qui est en son pouvoir pour ouvrir nos esprits au merveilleux monde de la connaissance universelle.

Trêve d’ironie, il reste qu’une trop grande proportion d’entre nous subit une immense pression de performance et d’excellence, externe comme auto-imposée, au point où on perd souvent de vue l’objectif d’apprendre pour plutôt viser l’objectif du «A» tout court. Dans notre société hypermoderne qui valorise à outrance la performance individuelle et la réussite personnelle, tout ce qui est en bas de la barre fatidique du A ne peut qu’être considéré comme un échec. Dans de telles circonstances, ce n’est pas étonnant qu’on occulte le fait que cette pression en pousse beaucoup à franchir les portes du centre de santé mentale, affligés par l’anxiété et les crises de panique.

***

«Aaaarggh», vous dites-vous judicieusement dans votre for intérieur à la lecture de ces mots. «Pourquoi diable la seule lecture de la semaine à m’offrir un repos intellectuel minimalement teinté de culpabilité de ne pas être en train d’étudier doit me rappeler, en évoquant ces maudits finals, que je ne suis justement pas en train d’étudier?» D’abord, parce que savoir qu’on n’est pas tout seul à angoisser, c’est déjà un peu moins angoissant. On vous attend donc de pied ferme le 12 janvier, toujours prêts à égayer votre périple mcgillois. x

Jimmy Lu / Le Délit

Université d’Ottawa

Les études supérieures

Ça part d’ici. Découvrez la diversité des programmes offerts par la Faculté des arts • Arts visuels • Communication • Communication gouvernementale • Communication organisationnelle • English • Espagnol • Études anciennes • Études canadiennes • Études médiévales et de la Renaissance • Études orchestrales • Géographie • Histoire (nouvelle option coop)

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6 Controverses

Appel aux membres de la communauté mcgilloise Nous sollicitions vos suggestions pour nous aider à : UÊv>Û À ÃiÀÊÕ iÊVÕ ÌÕÀiÊ`½ V Õà ÊÃÕÀÊ ÃÊV> «ÕÃÆÊ UÊÀi >ÕÃÃiÀÊ ½i }>}i i ÌÊ`iÊ ½1 ÛiÀà ÌjÊi ÛiÀà ½iÝVi i ViÆ UÊÌi `ÀiÊ >Ê > ÊDÊ >ÊV Õ >ÕÌjÊ`> ÃÊà Êi Ãi L i° iÊ À Õ«iÊ`½jÌÕ`iÊ`iÊ >Ê«À V «> iÊÃÕÀÊ >Ê` ÛiÀà Ìj]Ê ½iÝVi i ViÊiÌÊ ½i }>}i i ÌÊV Õ >ÕÌ> ÀiÊ>ÊÊ Lià Ê`iÊÛ ÕÃt

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8 janvier 2010.

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CHRONIQUE

le délit

Obama s’incline... Fortune Cookie

Guillaume Doré

Scandale! Barack Obama fait honte au peuple américain en s’inclinant devant sa Majesté l’empereur du Japon, que nous connaissons aussi sous le nom de Akihito. En fait, il s’agit plutôt là de la réaction de certains Américains, principalement ceux à la mentalité conservatrice. Ces personnes voient dans le geste d’Obama un signe de faiblesse et de soumission, ce qui mènerait au déclin des États-Unis en tant que superpuissance mondiale. Doit-on critiquer ou féliciter Obama pour ce geste? Assurément, si nous voulons le critiquer, les arguments précédemment énoncés ne sont que le reflet d’une détestable facette des États-Unis. En s’inclinant, Obama a surtout montré que les Américains ne sont pas tous arrogants, prétentieux et imbus d’euxmêmes. Afin de bien interpréter son geste, il faut cesser de penser avec des standards nord-améri-

cains et s’attarder sur les autres cultures. S’incliner n’est pas un geste de soumission, mais une marque de respect; on s’incline pour saluer, s’excuser, remercier, montrer sa gratitude, être poli. Pour les Nord-Américains, s’incliner de façon quasi systématique comme le font les Japonais peut sembler n’être qu’un automatisme tout à fait artificiel et vide de sens, mais c’est en s’imprégnant de la culture japonaise et en visitant le Japon que l’on comprend que s’incliner est réellement une marque d’humilité et de reconnaissance. En s’inclinant, donc, Obama ne s’est pas soumis à l’empereur; il a montré son respect envers l’autre, envers sa spécificité culturelle. Les Américains qui sont offusqués de voir Obama agir ainsi sont probablement incapable de concevoir qu’il y a 150 ans, les Japonais ne se saluaient jamais en se donnant la main –cela aurait probablement été une insulte pour eux. Bien que s’incliner reste toujours d’actualité au Japon, les Japonais ont été capables d’évoluer et de s’adapter à cette nouvelle coutume, et ils sont donc très bien capables de donner la main sans causer de scandale. Pour ceux qui souhaitent critiquer Obama, alors critiquons-le: Obama ne sait pas s’incliner proprement, car sa technique n’est pas tout à fait au point. Lorsque l’on pose ce geste, il faut être bien droit, les pieds

Le seul journal francophone de l’Université McGill

placés un à côté de l’autre, les bras le long du corps, ou, pour les femmes, les mains se joignant au-devant du corps. Par contre, si l’on échange une carte d’affaire, on la présente à deux mains en se penchant légèrement. Le corps doit s’incliner à partir de la taille, en suivant un angle de 15, 30 ou 45 degrés selon le niveau de politesse, la différence hiérarchique ou d’autres raisons. La révérence peut ne durer que le moment du mouvement, mais la position peut aussi être tenue, en fonction des mêmes facteurs. L’erreur d’Obama aura principalement été de ne pas placer ses bras de la bonne façon, car donner la main a gâché tout l’effet, sans oublier qu’il aurait pu se pencher plus longtemps. Malgré tout, les Japonais ont sans aucun doute assez d’ouverture d’esprit pour comprendre qu’Obama n’est pas Japonais et qu’il ne maîtrise pas nécessairement l’art de s’incliner à la japonaise. Bref, doit-on vraiment s’indigner du geste d’Obama? Après tout, Nixon s’est bien incliné devant Hirohito. Malheureusement, la réaction franchement excessive de la part de nombreux Américains montre bien à quel point certains d’entre eux peuvent encore aujourd’hui faire preuve de fermeture d’esprit. Cette semaine, un fortune cookie pour Obama: «Il est impossible de se tenir debout en ce monde sans jamais se courber.» Proverbe japonaisx

Le Délit vous souhaite de passer de joyeuses fêtes! (et des examens réjouissants)

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Volume 99 Numéro 11

rédaction 3480 rue McTavish, bureau B•24 Montréal (Québec) H3A 1X9 Téléphone : +1 514 398-6784 Télécopieur : +1 514 398-8318 Rédactrice en chef rec@delitfrancais.com Stéphanie Dufresne Nouvelles nouvelles@delitfrancais.com Chef de section Julie Leroux Secrétaire de rédaction Alexandre Ruiz de Porras Guédon Arts&culture artsculture@delitfrancais.com Chef de section Julie Côté Secrétaire de rédaction Rosalie Dion-Picard Société societe@delitfrancais.com Éléna Choquette Mai-Anh Tran-Ho Coordonnateur de la production production@delitfrancais.com Vincent Bezault Coordonnateur visuel visuel@delitfrancais.com Jimmy Lu Coordonnateurs de la correction correction@delitfrancais.com Anthony Lecossois, Julie Turcotte Coordonateur Web web@delitfrancais.com Guillaume Doré

Collaboration Adrien Baudet, Émilie Bombardier, Martine Chapuis, Laurence CôtéFournier, Ralph Elawani, Audrey Gauthier, Frédéric Faddoul, Emmanuelle Jacques, Geneviève Lavoie-Mathieu, Amélie Lemieux, Yanick Macdonald, Audrée Wilhelmy, la Commission des affaires francophones. Couverture Frédéric Faddoul bureau publicitaire 3480 rue McTavish, bureau B•26 Montréal (Québec) H3A 1X9 Téléphone : +1 514 398-6790 Télécopieur : +1 514 398-8318 ads@dailypublications.org Publicité et direction générale Boris Shedov Gérance Pierre Bouillon Photocomposition Geneviève Robert The McGill Daily • www.mcgilldaily.com coordinating@mcgilldaily.com Stephen Spencer Davis Conseil d’administration de la Société des publications du Daily (SPD) Stephen Spencer Davis, Stéphanie Dufresne, Max Halparin[chair@dailypublications.org], Thomas Kulcsar, Daniel Mayer, Mina Mekhail, Will Vanderbilt, Alison Withers, Sami Yasin

L’usage du masculin dans les pages du Délit vise à alléger le texte et ne se veut nullement discriminatoire. Le Délit (ISSN 1192-4609) est publié la plupart des mardis par la Société des publications du Daily (SPD). Il encourage la reproduction de ses articles originaux à condition d’en mentionner la source (sauf dans le cas d’articles et d’illustrations dont les droits avant été auparavent réservés, incluant les articles de la CUP). Les opinions exprimées dans ces pages ne reflètent pas nécessairement celles de l’Université McGill. L’équipe du Délit n’endosse pas nécessairement les produits dont la publicité paraît dans ce journal. Imprimé sur du papier recyclé format tabloïde par Imprimeries Transcontinental Transmag, Anjou (Québec). Le Délit est membre fondateur de la Canadian University Press (CUP) et du Carrefour international de la presse universitaire francophone (CIPUF).

Sinon, venez oublier vos révisions sur

delitfrancais.com

Controverses

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Société societe@delitfrancais.com

chapelle Notre-D de-Bon-Secou 1771-1773

À la recherche des cents clochers Un dossier sur les lieux de culte à ne pas manquer à l’hiver 2010!

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Frédéric Faddoul / Le Délit


Dameurs

Église Saint-John The Evangelist 1877-1878

Société

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Église Saint-Andrew & Saint-Paul 1931-1932

Frédéric Faddoul / Le Délit

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Les candidat(e)s doivent être étudiant(e)s à McGill, inscrit(e)s à la prochaine session d’hiver, appartenant à une faculté autre que la faculté des Arts et disponibles pour siéger au Conseil d’administration jusqu’au 30 avril 2010. Les membres du Conseil se réunissent au moins une fois par mois pour discuter de la gestion des journaux et pour prendre des décisions administratives importantes. Les candidat(e)s doivent envoyer leur curriculum vitae ainsi qu’une lettre d’intention d’au plus 500 mots à chair@dailypublications.org, d’ici le 8 décembre prochain. Contactez-nous pour plus d’informations.

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Arts&Culture artsculture@delitfrancais.com

LITTÉRATURE

Tout doit apparaître

Nouveau professeur au Département de langue et littérature françaises, Alain Farah discute de sa vision de l’écriture. Julie Côté Le Délit

A

lain Farah est ce genre d’homme à qui tout réussit. À peine la trentaine, il compte déjà deux livres à son actif et occupe un poste de professeur depuis septembre dernier. Et pour-

tant, il ne s’arrête pas là, au contraire. À peine arrivé au Département de langue et littérature françaises, il se voit attribuer la tâche de redynamiser le volet «création littéraire» du département, qui avait connu une baisse de ses activités à la suite du départ du professeur Yvon Rivard, il y a deux ans.

Pour Alain Farah, la nuance entre ce qu’on appelle «création littéraire» en français et «creative writing» en anglais est importante: «Pour moi, création, c’est la Genèse, c’est la Bible. Il y a quelque chose de trop grandiloquent dans «création», comme si ça se faisait ex nihilo. En contrepartie,

Crédit Frédérick Duchesne

«creative writing» me semble un syntagme plus axé sur la dimension pratique de l’écriture. C’est donc surtout le «writing» que je trouve important, car c’est sur l’acte d’écrire, sur le geste, sa performativité qu’il faut insister.» La conformité en littérature? Pas trop pour Farah, qui préfère nettement défaire les a priori dont on affuble les écrivains: «Je veux mettre en place les conditions pour que des chocs adviennent, qu’ils soient esthétiques et/ou politiques. L’idée n’est pas de chercher à être original, mais de "réagencer" son rapport à la tradition.» Il s’agit de lire Matamore no 29, son roman publié en 2008, pour comprendre ce qu’Alain Farah insinue. Son premier livre, Quelque chose se détache du port, publié au Quartanier en 2004, vient d’être réédité dans une nouvelle collection de poche nommée Ovni. Pour lui, la ligne entre la poésie et le roman était trop mince, et c’est en quelque sorte ce qui explique qu’il ait délaissé la forme poétique, trop conventionnelle pour son travail: "J’étais pris avec ce problème: d’un côté, des lectures de poésie où les poètes répètent «je suis terriblement seul et c’est terrible et le monde est si difficile avec moi je suis dans la forêt boréale" et de l’autre, la lecture de Flaubert ou de Duras, dont les livres sont très précisément poétiques. Il y avait confusion dans les termes. C’est pour ça que j’ai préféré prendre congé de la poésie.» Afin de remédier à l’absence de cours de création littéraire au semestre d’automne, Alain Farah a créé avec Robert Lalonde, auteur en résidence au Département de langue et littérature françaises, un séminaire informel de création littéraire intitulé «Tout doit apparaître», dont les rencontres ont lieu à chaque deux semaines. Partage et échange sur des textes, rencontres avec des acteurs du milieu artistique et discussions sur le processus créatif sont au

rendez-vous. Le projet d’une revue littéraire et d’un groupe de lecture plane également dans l’air. «Mon idée, c’est de rassembler les gens qui ont le désir d’écrire, de donner la possibilité que quelque chose de nouveau apparaisse.» Grâce à cette démarche, Alain Farah espère fournir aux étudiants une plateforme pour les aider à écrire et, pourquoi pas, à changer le monde: «Ezra Pound disait: Make it new! Je cherche une façon de faire sonner ça aussi bien en français. C’est dur, comme ça, en temps réel: " Invente, chose!" Je ne sais pas. Mais ce que je sais, c’est que personne ne le fera à ta place.» x A Late Fall Reading Novembre est un mois bien ingrat pour les étudiants, ce qui est une raison bien suffisante pour ne pas rater la soirée de poésie A Late Fall Reading. L’événement qui aura lieu le 26 novembre de 20h à 22h au Thompson House, auront lieu des lectures de poésie par Simon Lewsen, Holly Luhning et Thomas Heise entrecoupées par la musique de Ian Whittington. Pour l’occasion, Alain Farah, seul participant francophone, lira un extrait de son roman Matamore no 29, une lecture qu’il promet curieuse. Dans le cadre de la série littéraire Métropolis Bleu, Alain Farah s’adonnera à une lecture de ses textes Où: Librairie Port de tête 262, avenue Mont-Royal Est Quand: Le 10 décembre à 17h Dans le cadre de Tout doit apparaître Table ronde avec René-Daniel Dubois Où: Arts W-20 Quand: Le 25 novembre à 16h Rencontre avec Dominique Fortier et Antoine Tanguay Où: Arts 230 Quand: Le 9 décembre à 16h

Le Délit cherche des chroniqueurs Arts & Culture et des bédéistes. Faites-vous plaisir: offrez-vous le cadeau de Noël d’un poste au Délit. Écrivez à artsculture@delitfrancais.com

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Présentez-vous au bureau du Délit (Shatner B-26) pour obtenir un laissez-passer double pour Frères, Victoria: les jeunes années d’une reine ou Neuf. Premier arrivé, premier servi. Carte d’étudiant requise.


THÉÂTRE

Ceci n’est pas une pièce...

Éric Jean et sept comédiens nous entraînent dans leur Chambre(s) au Quat’Sous pour un périple poétique hors du commun. Émilie Bombardier Le Délit

D

es profondeurs abstraites dans lesquelles nous entraîne Éric Jean, de sa volonté de dépouiller le théâtre de tous les artifices de la représentation, de tout cela surgit une aspiration simple mais maintes fois réitérée: «Je ne veux pas raconter, je veux ressentir.» Ainsi se profile dès les premiers instants un «happening théâtral» (créé en collaboration avec Pascal Chevarie) qui marque certainement un point tournant dans l’œuvre du metteur en scène et directeur artistique du Quat’Sous. Celui qui avait habitué son public à des pièces narratives dans un décor complexe dépouille ici la scène pour ne laisser parler que le jeu d’une distribution chevronnée, dans un cheminement qui est pur questionnement. La mémoire et le rôle de l’artiste, thèmes centraux de ses pièces Hippocampe ou Opium_37, s’éclipsent alors au profit d’un vague questionnement identitaire. Aucune histoire, aucun lieu ou temporalité ne s’installe; la matière du spectacle est essentiellement le reflet d’un processus de création basé sur l’improvisation dirigée des acteurs et sur le développement d’environnements sonores conçus par le compositeur Vincent Letellier. Empruntant les voies de la sensualité et explorant toutes les facettes de l’expression du corps, les comédiens expriment tantôt collectivement, tantôt individuellement une désintégration de l’identité qui est aggravée par leur devoir de toujours jouer un rôle. Ce tableau qu’ils brossent n’a toutefois rien d’accablant. S’exprimant par la danse, la

musique, le monologue et l’interaction, leur questionnement se teinte parfois d’un humour loufoque, mais aussi d’une poésie simple, ravissante et universelle. Chacun vient exprimer au micro ses tourments et ses inspirations, ou confier à ses acolytes ses désirs les plus fous, les secrets qu’il a tenté de refouler. Ainsi, Évelyne Brochu explique au public en quoi consiste sa «personnalité passoire», Alexandre Landry danse et joue avec ces lieux communs qu’un être utilise pour s’identifier à l’autre et Sacha Samar, tout en peignant sur le corps de Sylvie Drapeau, utilise une astucieuse mise en abîme pour lui déclarer son amour. Ici, tous les jeux du langage et tous les modes d’expression sont bons pour traduire une explosion de l’être. Chambre(s) est la célébration d’un art qui revient à ses sources pour se défaire de tout ce qu’il peut avoir d’hermétique. Elle réunit sous forme de métaphores ce besoin de rompre avec le cohérent, le linéaire et le raisonné. Elle témoigne aussi d’une confiance sans borne en son public, lui offrant une fenêtre unique sur le processus de création d’une œuvre et sur le travail d’un metteur en scène entièrement investi dans cette création. De cette chambre qui n’a donc rien d’une pièce de théâtre conventionnelle, on ressort peut-être très perplexe, mais assurément charmé. x Chambre(s) Où: Théâtre de Quat’Sous 100. ave. des Pins Ouest Quand: jusqu’au 19 décembre Combien: 22$ (étudiant)

CHRONIQUE

Encyclopédine et Raphaël dans le «Dix-Trente» Le Bâton

Ralph Elawani

À un certain moment de sa vie, Cat Stevens a renoncé à la musique pour se consacrer à l’Islam, une pratique apparemment isolée, sur le point de devenir obsolète (si l’on exclut le milliard de pratiquants qui ne peuvent pas comprendre le sens du monde) et vouant un culte sanglant au bon dieu du terrorisme de masse. Bon sens oblige, je précise que la dernière phrase était une blague; vous comprendrez que cette semaine, le Bâton traite d’une expérience cathartique ayant offert l’épiphanie de sa vie au chroniqueur derrière le clavier. Ce qui fait que la musique prendra peutêtre le bord pour le reste de ma vie, au profit de... Trêve d’introduction, je vous envoie la sauce: je suis allé dans le quartier Dix-Trente avec ma collègue Encyclopédine dans le cadre d’une performance d’art contemporain qui lui permettra d’obtenir son diplôme en pelletage de nuages à l’université des sans campus (baptisée ainsi par les partisans de l’équipe de hockey de McGill, l’université des mautadits riches). C’est quoi le Dix-Trente? Honnêtement, si vous n’avez pas entendu parler du quartier Dix-Trente, laissez tomber l’école et inscri-

vez-vous à l’école de la vie. L’école de la vie, c’est celle qui vous guide vers le droit chemin de vos désirs primitifs, comme celui d’explorer une mini-ville sans habitants, dont l’architecture d’inspiration Le Corbusier se compose à 110% de simili-bois et autres matériaux affectionnés par les parvenus qui fourmillent dans l’immense variété de outlets s’offrant à eux et ce, à moins de deux minutes de leurs villas californiennes de Brossard. Bon, ti-gars en littérature s’emporte et nous sert son Kool Aid alter-mondialiste. Oui, mets-en, et c’est un mélange extra-poudre orange fluo. Les ami(e)s, ça fait mal! Spécialement si on considère que tout ce que j’ai écrit jusqu’à maintenant niche sur des faits aussi solides que le rock de Gibraltar…ou bien le rock de Jonas, le gars à l’aise qui propose des moments de moiteur sensuelle à toutes les Marie-Cathy et toutes les Ginettes-ex-blondes-de-bikers du Québec. Le Dix-Trente de Brossard est certain de plaire à tous les fans de chansons de Noël érotico-quétaines (comprenez-moi bien, c’était ça la trame sonore de notre sortie dans cet environnement antinomique), mais l’attrait principal de l’endroit, c’est qu’il est géographiquement situé de manière à exclure les oignons de gauche à tendance progressiste comme moi. L’activité scolaire de ma comparse n’étant pas intéressante pour deux cennes à mes yeux, je plonge donc au cœur de l’action en vous parlant des réactions de la populace locale arborant des cheveux deux tons. Pour faire une histoire courte, disons que les madames parvenues et leurs joueurs de hockette aux mèches blondinettes affables nous regardaient tels les natives regardèrent Jacques Cartier lorsqu’il planta sa croix dans le sable. Ayant subi les foudres des singes locaux, Encyclopédine me proposa de m’acheter à déjeuner pour me remercier d’être son accompagnateur-chauffeur-amant et m’entraîna d’un unique élan dans l’aseptisé Van Houtte le plus proche (ce qui est bien, avec le Dix-Trente, c’est que rien ne peut pas «ne pas être proche»…autrement dit, si vous vous retournez, ce que vous cherchez est toujours à la même distance par rapport à votre propre carcasse). Après un moment de délibération et une séance de raclage de fond de poches, cette brave petite m’acheta un bagel au cream cheese, qui localement se prononce «crème t’chizz». Comble de chance, ces braves chicks aux cheveux deux tons se proposèrent de nous emballer le tout dans deux sacs, de mettre le tout dans un autre sac et de placer le «crème t’chizz» à part dans deux petits cups, car l’environnement n’est pas de taille contre la grande classe du Dix-Trente. x

Vous aussi, vous aimeriez avoir votre chronique? Écrivez-nous: artsculture@delitfrancais.com Dialogue, peinture, chant: tous les moyens sont bons pour questionner l’identité. Yanick Macdonald

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LITTÉRATURE

Maléfice en huit étapes

Martine Desjardins multiplie les confessions impies dans le roman Maléficium. Laurence Côté-Fournier Le Délit

L

a petite maison d’édition Alto cumule les bons coups depuis ses débuts, en publiant les œuvres de jeunes auteurs à la fois populaires auprès du public et encensés par la critique, tels que Rawi Hage et Nicolas Dickner. La nouvelle parution d’Alto s’insère dans un créneau peu touché jusqu’ici par la maison, celui du genre fantastique. Maleficium, le quatrième roman de Martine Desjardins, est en effet résolument tourné vers le monde occulte. Comme les romans épistolaires du XVIIe siècle se donnant pour vrai, Maleficium se présente dans un «Avertissement au lecteur» comme la retranscription d’un authentique manuscrit, celui d’un certain abbé Savoie, prêtre mystérieux ayant terminé ses jours cloîtré dans un monastère après avoir été frappé de surdité. Il aurait couché sur papier des confessions si scandaleuses que de hautes instances religieuses auraient tout fait pour empêcher ces témoignages impies d’être diffusés. Voilà donc le lecteur bien averti. Maleficium est composé de huit récits, qui suivent tous la même structure. Un homme, marqué d’une tare, se confie à un prêtre toujours silencieux, en lui racontant la mésaventure qui lui a valu son infirmité. Les péripéties se déroulent en différents lieux

exotiques: Cachemire, Yémen, Perse… Chaque fois, la rencontre d’une mystérieuse femme au bec-de-lièvre est source de tous les maux et entraîne fatalement la chute de celui qui se prend dans ses rets maléfiques. Si l’envoûtante créature sait offrir à ceux qui s’en approchent les moyens d’obtenir ce qu’ils désirent le plus ardemment, le prix à payer pour détenir ces possessions est élevé. Malgré les mises en garde et le titre du roman, les histoires proposées par Martine Desjardins ne feront mourir de peur aucune âme fragile. Mêlant l’imaginaire

du conte québécois à celui des Mille et une nuits, l’auteure cherche davantage à ressusciter l’atmosphère exotique de contrées lointaines qu’à susciter de grands frissons. La sensualité, celle qui perd toutes les victimes de Maleficium, occupe le premier rang et de longs passages s’attardent à détailler toute la gamme de sensations que procurent l’odeur du safran ou la finesse d’un tapis persan. La structure de Maleficium, en reproduisant encore et toujours le même récit sous des formes différentes, finit par lasser. Des transpositions qui semblent ingénieuses au départ ne le paraissent plus autant la sixième fois qu’on les rencontre. La langue, proche de celle qu’utilisait Théophile Gautier dans ses contes fantastiques, est soignée et évite l’abus de clichés ou la sentimentalité facile. Toutefois, quelque chose d’un peu trop propre se dégage de l’ensemble, qui ne parvient ni à choquer, ni à effrayer, en dépit de la promesse ambitieuse d’un voyage «aux limites des plaisirs et de la souffrance» qu’annonçait la quatrième de couverture. Le livre est un honnête divertissement, mais il est décevant que ces variations sur un même thème, une fois la dernière page tournée, ne laissent pas une plus forte impression. x

CHRONIQUE

Ça sent enfin la fin La pause culturelle

Julie Côté

Amis lecteurs, la période de l’année où tous affirment candidement que «ça sent la coupe» n’est pas encore venue. Bien franchement, on ne saurait dire si ce moment viendra cette année, on en doute. Donc, ça ne sent pas la coupe, mais ça sent bel et bien la fin! N’était-ce pas le temps d’ailleurs qu’elle arrive, cette damnée fin? Comme je m’époumone à le dire depuis quelques semaines, j’obtiendrai à la fin de cette session même mon diplôme de McGill, après non pas six mais bien sept sessions. Je vous assure que c’est vraiment une session de trop; je vous conseille, pour votre propre bien, de ne pas tenter l’expérience. Durant ces quelques années sur le campus mcgillois, j’ai appris à aimer et détester cette même université qui est, à tort ou à raison, considérée comme l’une des meilleures au pays. De toute façon, une fois le diplôme avec l’inscription McGill en poche, que vaut l’éducation qu’on a reçue? Difficile d’en juger. Au risque de sembler très «cliché» et «déjà-vu» (à prononcer avec l’accent anglais, c’est plus drôle), je n’hésite pas à affirmer que je n’ai pas tiré mon plus grand apprentissage des salles de classe. Après avoir lu près de 150 titres, appris une nouvelle langue, étudié je ne sais combien

de théoriciens et surtout, surtout, surtout, après avoir passé des centaines de nuits blanches et avoir vécu tout autant de crises de découragement, je me rends compte que mon plus grand apprentissage, celui qui me servira sans doute le plus dans ma vie post-McGill, je l’ai fait au Délit. «Bon, elle va pas nous faire ça dans la sentimentalité», que vous vous dites. Mais non, rassurezvous. Je ne vous servirai pas le beau discours de l’École de la Vie que vous redoutez tant, même si c’est à peu près tentant. Je dirai seulement que je me trouve très privilégiée d’avoir tant appris grâce à mon poste de chef de section Arts & Culture, lequel j’occupe depuis janvier dernier. Du fonctionnement du journal au survol hebdomadaire de la vaste sphère culturelle montréalaise, je peine à énumérer toutes ces choses dont je ne connaissais même pas le nom il y a un an et qui font aujourd’hui partie intégrante de mon quotidien. J’ai découvert au Délit ce que j’avais toujours cherché, une passion, et c’est celle du journalisme. Je quitte donc McGill avec une expérience sans pareil qui ne s’apprendrait jamais entre les quatre murs d’une classe. Si au début de la session je vous encourageais à utiliser Le Délit comme tribune, je vous recommande cette fois de l’utiliser comme école, car c’est ce que c’est en bout de ligne. Je vous souhaite à vous aussi une expérience qui puisse rendre votre passage à l’université à la fois enrichissant et mémorable. Car si McGill m’a apporté une chose, ne serait-ce qu’une seule chose, c’est bien celle-là. x Vous allez à l’École de la Vie? Envoyez votre diplôme en pdf à Julie: artsculture@delitfrancais.com

CAPSULE CAFÉ

Des films et des publicités Le Cinéma du Parc présente Soif de pub: les Lions de Cannes, qui propose les meilleurs films publicitaires présentés au Festival international de publicités 2009. Avis aux friands du divertissement, aux amateurs de cinéma ou aux professionnels du marketing! Audrey Gauthier Le Délit

L

e Festival des Lions de Cannes est né en 1954, grâce à l’initiative d’un groupe de travailleurs du film publicitaire en quête d’une reconnaissance de leur travail. Le premier festival a eu lieu à Venise –le lion du trophée s’inspire d’ailleurs du lion de la Piazza San Marcos, à Venise–, et aujourd’hui il se tient en alternance entre Venise et Cannes.

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Le festival fait appel à des films, des affiches, des courtes publicités présentées à la télévision ou encore des manifestations sur Internet. Si le Cinéma du Parc se limite à présenter les films publicitaires, il explore la diversité des genres à l’intérieur même de cette catégorie. Il y en a pour tous les goûts: des films basés sur l’humour, d’autres tournés dans un contexte dramatique. Les meilleures publicités sont disponibles tous les soirs de la semaine, et les projections sont com-

posées des publicités gagnantes du festival 2009. De plus, les films publicitaires ont une particularité: ils s’inspirent fortement de la société. Derrière ces films se profile tout le travail de réflexion effectué pour véritablement rejoindre le public cible et lui donner le goût d’acheter tel ou tel autre produit. Pour ce faire, les créateurs font appel aux valeurs de la société et aux événements de l’actualité, afin que la publicité reflète la réalité propre à la culture

où elle sera diffusée. Par exemple, les publicités de Canadian Tire exploitent une certaine facette de la réalité canadienne, soit ses hivers rudes apportant leur lot de tempêtes de neige. De plus, chaque pays possède un style et une méthode publicitaires qui lui sont propres et dont il faut tenir compte. Ce festival, présenté au Cinéma du Parc du 13 au 28 novembre, permet de voir une nouvelle facette du film publicitaire. Il faut oublier qu’on tente de

nous vendre un produit et s’attacher plutôt à voir le travail esthétique, musical et même littéraire derrière ces créations. Même s’ils ont un but commercial, ces films ont sans contredit une dimension artistique. x Soif de pub Où: Cinéma du Parc 3575 avenue du Parc Quand: du 13 au 28 novembre Combien:7,50$ (moins de 25 ans)

xle délit · le mardi 24 novembre 2009 · delitfrancais.com


LE ROMAN-FEUILLETON DU DÉLIT

Flagrant délit de tendresse n’en croit pas un mot. -Tu as posé une bombe dans mon université, à l’instant précis où la femme de ma vie donne son cours?! -La femme de ta vie? Ta fucking british bourgeoise? Je pensais que c’était fini ces niaiseries-là. -Steeve, s’il lui arrive quelque chose, je t’arrache les yeux avec mes dents. Le très glorieux Steeve, encore enroulé dans son drapeau rouge, n’a pas le temps d’ajouter quoi que ce soit. Son cousin a déjà quitté le quartier général des manifestants en claquant la porte derrière lui.

Emmanuelle Jacques / Le Délit

Audrée Wilhelmy Le Délit ÉPISODE 11 Résumé de l’épisode précédent: Désespérée par la trahison de son Ovila, Elle s’abandonne aux caresses de Richard, ancien amoureux réapparu dans sa vie. Pendant ce temps, la rébellion bat son plein, menée par Steeve, l’entraînant Lui au cœur de l’action.

C

e sont les cellulaires vibrant à l’unisson au beau milieu de son cours qui, les premiers, ont suggéré à notre T.A que la situation dégénérait. Les regards soudainement terrifiés de ces jeunes étudiants à peine sortis du cégep, le tumulte et l’agitation dans la classe puis le mouvement de foule vers la porte, les chaises renversées, la course, les cris dans les corridors, les alarmes du Leacock qui, tout d’un coup, se sont rajoutées au désordre général… la panique a soufflé à travers tout l’édifice et Elle, elle est restée derrière, la craie encore serrée entre ses doigts, tremblante devant la classe déserte. Par terre, un téléphone abandonné passe en boucle le message à l’origine du drame. «This is a bomb alert, please remain calm, evacuate the building and follow the instructions of any security officer. This is not a practice, please locate the closest exit and calmly evacuate the building…» Une alerte à la bombe. Et sa place béante à Lui, le vide infini de sa présence en classe, depuis deux semaines déjà. Toujours, les images de sa révolte lui tournent en boucle dans la tête. «Fuck la bourgeoisie». Est-ce lui, vraiment, qui vient de poser une bombe au cœur même de l’institution la plus respectée au Québec? Est-ce lui, son bel amant, qui menace non seulement la vie de centaines d’inconnus, mais sa vie à elle? Le vertige la saisit et elle tombe sur le sol. *** Steeve le regarde, béat, le sourire fendu jusqu’aux oreilles. Lui xle délit · le mardi 24 novembre 2009 · delitfrancais.com

*** Elle aurait pu se réveiller entre ses bras forts à lui, elle aurait pu se réveiller collée contre le torse de Richard ou réfugiée contre la poitrine velue d’un pompier viril et puissant. Mais entre tous les hommes héroïques qui auraient pu venir à sa rescousse, pourquoi fallaitil que ça soit son horrible directeur qui apparaisse au milieu de la tourmente? Le voir là, déguisé en Père Noël, visiblement ivre, sans doute arraché au party de fin de session du département, suffit à la réveiller d’un coup sec. Il la dévisage en riant, ses petits yeux porcins fixés sur son décolleté, un filet de bave collé entre ses lèvres. -Eh bien, mademoiselle, Dieu merci certains hommes ont plus de sang-froid que leurs T.A. rouquines… Elle lance un gémissement d’effroi, se précipite vers la porte et parcourt en panique le corridor désert. Le bruit de ses talons résonne entre l’alarme du Leacock et le rire machiavélique de son professeur. Elle court et court et court encore, trébuche dans les escaliers, manque une ou deux marches et se retrouve sur le sol, la cheville engourdie, les yeux noyés de pleurs. Cette journée ne finira donc jamais? Mais soudain, Richard est là, comme sorti de nulle part, deus ex machina. Il la lève et la prend contre lui, elle pose sa tête contre son épaule, s’abandonne aux larmes et perd la notion du temps. *** Il est devant la fontaine des trois nus. Franchir la ligne de sécurité n’a pas été simple. Il a croisé parmi la foule paniquée quelques compatriotes académiques, mais nulle part il n’a vu la tignasse flamboyante de sa douce, aussi a-t-il décidé de voler à son secours, malgré les interdits policiers. Il a pratiquement atteint le Leacock quand soudain, il croise un grand blond frisotté qui porte dans ses bras sa petite lionne, sa T.A. adorée, visiblement sous le choc. Leurs regards se croisent un instant. Un bref moment hors du temps. Trop vite, Elle baisse les cils, l’air contrit, avant de relever des yeux pleins de larmes vers Lui. Mais il a déjà détourné le regard, furieux, blessé jusqu’au plus profond de l’âme. x

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TOBEY MAGUIRE JAKE GYLLENHAAL NATALIE PORTMAN UN FILM DE JIM SHERIDAN

Version française québécoise de Brothers

WWW.VIVAFILM.COM

AU CINÉMA DÈS LE 4 DÉCEMBRE

CHAQUE FAMILLE A SES SECRETS.


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