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Pouvoir aux jeunes > 5

ABC thé > 8

Sextett déçoit > 12

le délit Le seul journal francophone de l’Université McGill McGill se sépare du Québec depuis 1977.

MBA: bisbille entre McGill et Québec Publié par la société des publications du Daily, une association étudiante de l’Université McGill.

Reportage > 3

Éditorial > 6

Le mardi 26 janvier 2010 - Volume 99 Numéro 15


Nouvelles nouvelles@delitfrancais.com

ADMINISTRATION McGILLOISE

Le Sénat de McGill: en bref

L’instance suprême de gouvernance mcgilloise s’est réunie la semaine dernière. Le Délit vous en rapporte les points saillants. Julie Leroux Le Délit

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’est le 19 janvier dernier que le Sénat de McGill –instance regroupant la haute administration de l’université, les directeurs de départements ainsi que les représentants étudiants– s’est rencontré pour la première fois cette année. Le Délit vous en résume ici les grandes lignes. La grippe A: plus une menace Concernant le dossier H1N1, le vice-Provost Morton Mendelson

annonce que l’université retire le service spécial de déclaration d’absences via le portail myMcGill. Il encourage cependant la communauté mcgilloise à continuer à avoir recours aux procédures hygiéniques recommandées, et nous assure que vaccin contre la grippe A est toujours disponible via le service de santé de McGill. Navette Macdonald: victime de son succès Autre dossier chaud, le service apparemment insuffisant de navette entre les campus centre-

ville et Macdonald inquiète David Marshall, sénateur des arts pour l’Association des étudiants de l’Université McGill (AÉUM). Selon M. Mendelson, si ce service paraît déficient, il faut savoir qu’il a été créé avant tout pour servir la population étudiante devant se déplacer d’un campus à l’autre pour suivre des cours; or, un nombre considérable d’étudiants profitent de ce service pour des raisons personnelles. L’administration prévoit donc de resserrer la procédure de distribution des autocollants donnant ac-

cès à ce service avant d’augmenter la flotte d’autobus. Des rénovations coûteuses Enfin, le professeur Jim Nicell a présenté son rapport sur l’entretien différé des bâtiments du campus. Selon le rapport, ce sont 114 projets d’une valeur estimée à 132M$ qui doivent être complétés en 2010. Vu le caractère historique des bâtiments sur le campus, chaque rénovation, ou restauration, selon le cas, coûte cher: par exemple, le coût du rempla-

cement des fenêtres est estimé à 18,2M$. Le coût élevé de la remise en beauté du campus est également dû au fait que le montant minimum devant être investi chaque année pour le maintien des bâtiments n’a pas été atteint depuis plusieurs années, faute de subventions gouvernementales. Les bâtiments devant rester fonctionnels durant les travaux de réfection, le comité assure prioriser la sécurité de la communauté mcgilloise et viser un minimum de perturbation. x

CAPSULE D’INFORMATION DE LA CAF

Êtes-vous prêts pour la Francofête 2010? La commission des affaires francophones

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n des objectifs de la Commission des affaires francophones (CAF) étant de mettre en place des activités récréatives d’ordre social, éducatif ou culturel à saveur francophone, nous sommes fiers de vous présenter la Francofête 2010. Les festivités débutent le mercredi 27 janvier, avec la conférence de Debra Titone, intitulée «Cognitive aspects of bilingua-

lism». Le 28 janvier, nous vous proposons d’assister à un match d’improvisation qui s’annonce des plus divertissants, opposant la McGill Bilingual Improv Team (BIT) à la Rocambolesque de Montréal. Complétant la première semaine en grande pompe, nous vous invitons tous à la table ronde portant sur l’avenir du fait français au Canada –discussion à laquelle participeront Josée Legault, Joseph-Yvon Thériault et Justin Trudeau– le vendredi 29 janvier au pavillon Leacock 232 à 13h.

Le lundi 1er février, la Faculté de droit accueillera un débat politique des représentants des jeunes de l’ADQ, du PLQ et du PQ. Notre traditionnel vin et fromage (gratuit) aura lieu le 3 février et le lendemain, nous invitons les amateurs de tire d’érable à surveiller notre cabane à sucre mobile aux environs de la bibliothèque Redpath. Finalement, le vendredi 5 février, nous conclurons la Francofête par une tournée des bars qui vous permettra de connaître plusieurs bars franco de la rue St-Denis. Veuillez consulter

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2 Nouvelles

le www.ssmu.ca/caf pour le calendrier complet de la Francofête et pour de plus amples détails sur les événements de ces deux semaines de célébration. En plus d’offrir aux francophones et francophiles des activités culturelles festives ainsi que des événements politiques et éducatifs répondant à leurs préoccupations, la Francofête vise à reconnaître la réalité québécoise –celle du pluralisme culturel et linguistique– en invitant tous les mcgillois à s’ouvrir à cette réalité. De plus, depuis la toute

première Francofête, jadis organisée par le Réseau des Franco (ancêtre éloigné de la CAF), la Francofête se voit maintenant comme un pas de plus vers la reconnaissance du bilinguisme au sein de McGill. Ainsi, l’événement nous semble des plus pertinents, aujourd’hui encore. Et le jour où il ne le sera plus, la CAF pourra peut-être considérer son objectif atteint. x Horaire complet de la Francofête: www.ssmu.ca/caf

Vous lisez le blogue de Patrick Lagacé en cachette? Faites comme lui! Devenez chroniqueur (pour Le Délit.) Pour en savoir plus:

nouvelles@delitfrancais.com xle délit · le mardi 26 janvier 2010 · delitfrancais.com


HAUSSE DES FRAIS DU MBA

Guerre médiatique entre McGill et la Ministre Courchesne La ministre réprimande McGill; l’administration se défend de contrevenir au principe d’accessibilité. Stéphanie Dufresne Le Délit

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Le doyen précise toutefois ne pas comprendre la réaction du ministère puisque les démarches entamées par McGill «sont les mêmes que celles suivies par McGill pour les autres programmes autofinancés».

Dialogue de sourds? En septembre dernier, McGill avait annoncé qu’elle prévoyait augmenter les frais du MBA de 1 673$ à 29 500$, une hausse de plus de 1 600% en un an. La ministre avait alors rappelé l’administration à l’ordre en précisant qu’elle n’avait pas accordé d’autorisation, et qu’il fallait d’abord «que McGill obtienne ladite autorisation pour aller de l’avant». Les parties ne semblent pas s’être entendues sur ce qui est requis «pour aller de l’avant», puisque la ministre a persisté dans sa récente lettre obtenue par Le Devoir que «ce type de programme ou d’activité nécessite, en vertu de règles budgétaires s’appliquant aux universités, que l’établissement qui souhaite l’offrir obtienne l’autorisation du ministère».

McGill: le MBA reste accessible Dans sa lettre, la ministre Courchesne ajoute que le coût de 29 500$ «contrevient au principe même d’accessibilité». McGill se défend pourtant de contrevenir à ce principe en haussant drastiquement les frais. En entrevue avec Le Délit, le doyen de la Faculté de gestion Peter Todd affirme que «les préoccupations du ministère envers l’accessibilité sont justifiées», et qu’ainsi, McGill s’engage à «mettre de côté un montant de 4 000$ par étudiant pour l’aide financière, (…) ce qui signifie que 20% des étudiants pourraient suivre le programme gratuitement.» Les critères d’allocation des bourses ne sont néanmoins pas clairement précisés, et les bourses pourraient être attribuées sur la base du mérite autant que sur celle des besoins financiers. De surcroît, le président de l’Association des étudiantes et étudiants au deuxième et troisième cycles (AÉÉDTC) de McGill, Daniel Simeone, affirme que ce montant correspond à la politique générale de l’université d’allouer 30% des augmentations de frais de scolarité à l’aide financière. Le coût élevé ne semble pas avoir nui à la popularité du programme puisque McGill a reçu «plus de demandes d’admission cette année que l’an dernier, af-

’administration de McGill et le Ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport se répondent par médias interposés depuis que Le Devoir a relancé le débat sur la hausse des frais de scolarité du Master of Business Administration (MBA), jeudi dernier. Le quotidien y a publié des extraits d’une lettre datée du 15 janvier 2010 dans laquelle la Ministre Michelle Courchesne réprimande la chancelière Heather Monroe-Blum d’être allée de l’avant malgré les contreindications du ministère. McGill a rétorqué en lançant une offensive médiatique pour défendre le bien-fondé de sa démarche.

firme Peter Todd, et nous avons plus de Québécois qui appliquent au programme cette année.» Le président de la Fédération Étudiante Universitaire du Québec (FEUQ) Jean Grégoire craint toutefois qu’une telle hausse «crée deux classes d’étudiants: le bon MBA pour les riches et le MBA ordinaire pour les gens normaux». «On a fait le choix au Québec d’avoir des frais bas afin d’assurer une accessibilité, explique-t-il, mais là, on risque de limiter la mobilité sociale.» Le danger d’un glissement Le président de la FEUQ ajoute craindre «que cette arrogance de la part de McGill crée un effet domino». Les frais de scolarité sont régis par un cadre réglementaire qui n’a pas force de loi, ce qui signifie que les frais peuvent être modifiés par simple décret gouvernemental. «Le ministère n’a tout simplement pas de moyen de faire respecter son décret» soutient Jean Grégoire, d’où la «nécessité d’une loi cadre pour prévenir un déboulement». En effet, la seule sanction que le ministère puisse imposer est le retrait des subventions de 10 000$ par étudiant inscrit au programme, subventions à laquelle McGill a déjà déclaré vouloir renoncer. «Du point de vue de l’université, c’est le seul programme que nous considérons en ce moment» précise Peter Todd. «Le MBA a des caractéristiques particulières et une population étudiante différente qui justifie ce modèle d’autofinancement», poursuit-il.

71,3% des étudiants au MBA approuvent la hausse Claudine Benoît-Denault / Le Délit

Les étudiants partagés À l’instar de la FEUQ, dont l’AÉÉDTC est membre, Daniel Simeone a manifesté ouvertement son opposition à la décision de McGill: «nous avons pris position pour le gel des frais de scolarité; nous sommes donc contre la hausse de frais du MBA». Le son de cloche est toutefois différent du côté de l’Association des étudiants du MBA (MBASA), qui se déclare favorable à la hausse: «c’est avantageux pour les étudiants car la qualité du programme va s’améliorer et le classement [dans les palmarès] aussi», a déclaré Maxime Brunet, VP aux communications de la MBASA, lorsque la hausse a été annoncée. L’Association a effectué un sondage auprès de ses membres, auquel 71.3% des étudiants ont répondu croire que la

hausse était dans le meilleur intérêt du programme. Il est toutefois difficile d’évaluer l’impact que cette hausse aura sur les candidats potentiels. L’un d’eux a déclaré au Délit, sous couvert de l’anonymat, avoir pensé faire son MBA à McGill avant d’en être dissuadé: «À moins que mon employeur me subventionne, c’est certain maintenant que je ne ferai pas mon MBA à McGill. Même si je prenais des prêts, je finirais par payer de gros montants quand même.» Malgré les désaccords, tous s’entendent néanmoins pour dénoncer le sous-financement dont souffre le réseau universitaire québécois. Au moment de mettre sous presse, le ministère n’avait toujours pas retourné nos appels. x

O.N.U. SUR LE CAMPUS

McMUN 2010: simulation internationale, objectifs réels McGill accueillera la plus importante simulation étudiante des Nations Unies au Canada du 28 au 31 janvier prochains. Pour en savoir plus, Le Délit a rencontré Sarah Quinn, secrétaire générale de McMUN 2010.

Amélie Lemieux Le Délit

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a simulation de l’Organisation des Nations Unies à McGill (McMUN) figure parmi les 400 conférences du réseau MUN (Model United Nations). Depuis 1990, McMUN se veut un colloque international universitaire ayant pour but d’initier les étudiants à une simulation des Nations Unies qui traite des enjeux internationaux les plus majeurs. Ce congrès est aussi le lieu d’échanges diplomatiques visant à accroître les

capacités de communication des étudiants ainsi que leurs talents diplomatiques. Les participants doivent maîtriser leur conception des droits de l’homme et leurs connaissances en relations internationales puisqu’ils doivent siéger sur des conseils administratifs simulés, gérer des budgets d’ONG ou encore prendre le rôle de ministre des Affaires Étrangères. McMUN est donc un projet d’envergure: réunissant plus de 70 universités, «cette simulation arrive, en termes d’importance, tout juste derrière celle de Harvard (Harvard National

xle délit · le mardi 26 janvier 2010 · delitfrancais.com

Model United Nations) et celle de Georgetown (North American Invitational Model United Nations)», déclare Sarah Quinn. En entrevue exclusive avec Le Délit, elle explique que la portée internationale de ce symposium requérait une immense organisation: «C’est une des plus grandes simulations de l’O.N.U. dans le monde: sa préparation exige le recrutement d’un grand nombre de bénévoles et d’un secrétariat général chargé de l’organisation de 26 comités sur lesquels siègeront les délégués attendus», poursuit-elle.

Ces «délégués attendus» se comptent au modeste nombre de 1400, un chiffre qui soulève un autre enjeu, à savoir celui de satisfaire toutes les délégations: «nous devons [leur] assigner des positions tout en respectant leur choix. Notre réputation est engagée dans cet exercice; il faut en assurer la qualité», rapporte la secrétaire-générale. Enfin, la gestion du «McParté» du samedi soir a conduit à une angoisse supplémentaire: «Il fallait trouver un local assez spacieux pour accueillir 2000 personnes, tout en respec-

tant notre contrat avec Le Centre Sheraton, avec lequel nous avons fait affaire pour loger tous les délégués». De toute évidence, donc, le stress est proportionnel à l’ampleur de la conférence, à sa réputation, et au nombre de personnes qui y participent. Pourtant, à en croire Quinn, ces petits bémols ne sont pas prêts de mettre un terme à la joie que procurera cette conférence: «Cela fait maintenant quatre ans que je m’occupe de McMUN et que j’y participe. Depuis que je suis à McGill, je n’ai rien connu d’aussi valorisant». x

Nouvelles

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MÉDIAS ET SOCIÉTÉ

L’impasse du papier journal Le médium est-il le message? La professeure Laura Murray était de passage à McGill pour discuter des multiples aspects du journal d’hier à aujourd’hui, du format papier au format électronique. Anabel Cossette Civitella Le Délit

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e 22 janvier dernier, en collaboration avec Média@ McGill, le Centre des politiques sur la propriété intellectuelle (CIPP) présentait la conférence «What is a newspaper? Archives and Recent Court Cases in Dialogue» de Mme Laura Murray, professeure au Département d’études anglaises à l’Université Queens. Lors de sa conférence, l’auteure du livre Canadian Copyright: A Citizen’s Guide mettait en perspective les différentes définitions des journaux et les controverses qui y sont liées. La nature du journal La professeure Murray est une mordue de littérature. Lorsqu’elle s’intéresse à la prolifération de journaux d’aujourd’hui, ces quotidiens relatant les meurtres, les rumeurs, les jérémiades, les suicides et les accidents spectaculaires, elle ne peut s’empêcher de se demander: «Qui a tué les journaux?». «Les journaux ont un statut spécial: ils ne sont ni des livres, ni des magazines […]; ils doivent être une brise sur le visage» précise Laura Murray. Selon cette dernière, il faut apprendre à lire les journaux afin d’en extraire les informations voulues, dans un laps de temps très court: «Les journaux sont conçus pour être lus facilement et jetés immédiatement», nous explique-t-elle. En fait, «un journal peut à la fois démarrer une discussion… et un feu», rappelle la professeure Murray. Du format papier au format électronique Pesant ses mots, Laura Murray souligne que «le medium n’est pas le message» [NDLR: En référence à la célèbre phrase «The medium is the message», prononcée par Marshall McLuhan]. Par exemple, les articles écrits pour un journal papier gardent-ils leur essence même lorsqu’ils sont publiés sur un support électronique? Les procès intentés contre le New York Times (2001) et le Globe and Mail (2006) par des journalistes à la pige, après que les comités éditoriaux des journaux ont utilisé leurs articles dans la version électronique de leurs journaux respectifs, ont soulevé l’indignation médiatique et suscité de nombreux questionnements au sujet de la propriété intellectuelle et des droits d’auteurs dans les nouveaux médias. À cet égard, la Cour a conclu qu’un support électronique qui reste cohérent vis-à-vis de son contenu et de son contenant, qui «demeure fidèle à l’essence de l’œuvre originale», n’agit pas illégalement en utilisant les articles dans un support autre que le papier original. Ainsi, le format électronique n’est considéré que comme un moyen d’étendre le

4 Nouvelles

«Qui a tué les journaux?» –– Voilà la question que se pose Laura Murray. Claudine Benoît-Denault / Le Délit

lectorat, si pour autant le caractère initial du journal est conservé. Ainsi, il est pertinent de se redemander ce qui constitue un journal. «Ce qu’est un journal est décidé par le lecteur […] et tous les textes se lisent différemment selon le contexte» rappelle le Dr. Murray. La conférencière insiste sur l’exemple de la famille qui, lors du repas matinal, se sépare le journal papier en partie. La sorte d’articles choisis et le degré de lecture diffèrent grandement d’un lectorat à un autre, mais aussi d’une version papier à une version électronique. Dans les deux cas menés devant les tribunaux, les publicités,

les éditoriaux, les bulletins météo et les chroniques sportives n’avaient pas été conservés dans le format électronique de la publication. «Comment dire qu’un journal est le même si il lui manque certai-

«

Comment dire qu’un journal est le même s’il lui manque certaines de ses parties?» nes de ses parties?» questionne la conférencière? Laura Murray ne peut pas donc pas conclure qu’un journal est fidèle à son essence dans son format électronique.

Le journal: d’hier à aujourd’hui Laura Murray a concentré ses recherches historiques sur le New-York des années 18301840, l’époque où la penny press (journal à un cent) faisait son apparition: «Ce type de journaux marque une époque de grands changements, de révolution médiatique». Accessibles à un plus grand public que les journaux politiques précédemment distribués, les quotidiens à un cent étaient bourrés de publicités, de petites annonces et, évidemment, de faits divers qui restent des «palabres» aux yeux de la spécialiste. Laura Murray s’esclaffe en ajoutant: «Les éditeurs des journaux

allaient jusqu’à s’excuser auprès de leurs lecteurs pour l’absence de profondeur de ses articles!» À la suite de ses recherches, Laura Murray conclut pourtant que la quantité infinitésimale d’annonces et de détails insignifiants contenus dans les quotidiens n’aurait pas eu de sens si personne n’en avait voulu: «Toutes les publicités étaient là car les gens en avaient réellement besoin», a-t-elle réalisé après s’être penchée sur un nombre important de journaux de toutes sortes. Laura Murray termine en ajoutant que «certains quotidiens de l’époque n’avaient rien à envier au Twitter d’aujourd’hui!». x

xle délit · le mardi 26 janvier 2010 · delitfrancais.com


IMPLICATION EN POLITIQUE MUNICIPALE

Place aux jeunes à l’Hôtel de Ville

La fin de semaine dernière, quelques dizaines de jeunes ont pris d’assault l’Hôtel de Ville afin de proposer leurs idées pour un Montréal plus agréable à vivre. William Hodgson Le Délit

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ans la foulée des élections municipales en novembre 2009, une soixantaine de jeunes de 16 à 30 ans se sont rassemblés à l’Hôtel de ville du 22 au 24 janvier dans le cadre du Jeune Conseil de Montréal, la plus importante simulation municipale francophone en Amérique du Nord. «L’année 2009 a été fortement marquée par la campagne électorale municipale. La forte participation à l’édition 2010 du Jeune Conseil de Montréal est peut-être attribuable à cet événement démocratique qui fut largement médiatisé.» souligne monsieur Claude Dauphin, président du conseil de la Ville. Il ajoute que «les jeunes ressentent le besoin d’exprimer leurs idées et leurs opinions et [qu’il est] très fier de stimuler leur engagement démocratique en leur permettant de simuler des séances du conseil municipal dans l’enceinte de l’hôtel de ville».

«

Ce qui unit tout le monde est ce désir de changer le monde municipale, d’influencer l’environnement direct et de rendre leur ville, que tous affectionnent, simplement meilleure.»

Les jeunes conseillers, qui proviennent de différents milieux sociaux et qui

Les conseillers travaillant sur la commission des logements sociaux. Andréa Alary-Hoffman / Le Délit

représentent diverses origines ethniques, recréent à merveille la diversité culturelle montréalaise. La plupart sont toujours aux études, que ce soit au cégep ou à l’université (médecine, génie, droit, psychologie…), mais quelques uns sont déjà sur le marché du travail, œuvrant soit dans la sphère municipale ou comme entrepreneur, directeur artistique, informaticien, ingénieur… Ce qui unit tout le monde est ce désir de changer le monde municipal, d’influencer

l’environnement direct et de rendre leur ville, que tous affectionnent, simplement meilleure. Cet engouement a été bien résumé par Simon St-Georges, finissant en Sciences politiques à McGill et chef de l’opposition au Jeune Conseil: «Les jeunes sont beaucoup tournés vers l’international de nos jours et les participants à cette simulation ne font pas exception, de dire M. St-Georges. Mais il ne faut pas oublier, que la base de la poli-

tique, le premier lien avec les citoyens, c’est par le municipal que ça passe, et on l’a bien vécu cette fin de semaine.» Trois projets de règlement furent débattus tout au long de la fin de semaine, d’abord en commission consultative en petit groupe, puis au Conseil avec tous les participants: «Les logements sociaux et la diversité des quartiers» (adopté), tentant de régler la crise du logement sur l’île; «Les conditions de travail des cols bleus» (adopté), pour rendre plus efficace le travail des cols bleus; et «Les maisons de tolérance pour les travailleurs du sexe» (rejeté), sorte de maisons closes où clients et prostitué(e)s profiteraient d’un lieu sécuritaire et sain. De plus, une motion pour favoriser l’embauche de personnes ayant souffert de troubles mentaux et une autre pour créer une zone de limitation de la conduite automobile au centre-ville furent adoptées. Les jeunes conseillers, qui ont d’ailleurs eu la chance de dîner avec de vrais conseillers dimanche midi, ont travaillé avec passion pour défendre leurs valeurs. Et tous ont reconnu que la politique municipale, c’est beaucoup plus que de s’occuper des ordures et du déneigement! Enfin, comme l’a fait remarquer le président et quasi-professionnel des simulations parlementaires Simon Castonguay, «les participants ont réalisé que le Jeune Conseil de Montréal n’avait de simulation que leur pouvoir de conseiller. Car tout le reste, les débats, les réflexions, les émotions ou les liens qui se créent sont bien réels et transforment, pour le mieux, les jeunes.»x

POLITIQUE NATIONALE SUR LE CAMPUS

Victoire des conservateurs sur le campus

L’organisme Equal Voice organisait le 18 janvier dernier sur le campus de McGill un débat entre les différents partis fédéraux représentés par des étudiants. Le Délit a assisté à la joute. Emma Ailinn Hautecoeur Le Délit

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qual Voice (À voix égales) –un organisme qui a pour mission de promouvoir l’élection de plus de femmes à tous les paliers du gouvernement– animait lundi dernier à McGill un débat des chefs intitulé Voice Your Vote Debate. Un représentant de chaque club mcgillois de partis politiques fédéraux (PLC, NDP, Conservateurs et Verts) était présent pour défendre sa position sur des enjeux d’actualité devant un public qui était ensuite invité à voter. Et ce sont les conservateurs qui sont repartis avec une autre victoire en poche… L’évènement lui même était «à voix égales» avec deux candidates pour deux candidats. Cette représentation égale était cependant purement due au hasard, selon la présidente de Equal Voice McGill, Elizabeth Miazga. Le débat s’est ouvert sur la question des initiatives et politiques à envisager pour encourager l’ascension des femmes en politique. Au fédéral, trois chefs (Ignatieff, Layton et Duceppe) se sont engagés à relever le défi lancé par Equal Voice en augmentant leurs effectifs de candidats féminins. À McGill, tous les partis, sauf le

Parti conservateur, étaient en faveur d’une réforme sociale pour atteindre cet objectif: ils ont proposé la création de commissions, ainsi que le placement des femmes dans les circonscriptions qui les soutiennent et l’attribution d’un plus grand financement aux femmes, de façon à ce que ces dernières n’aient pas à choisir entre leur famille et leur parti. Tous, par contre, en particulier le représentant conservateur Joel Enstwistle, étaient contre l’imposition de quotas pour favoriser l’inclusion des femmes dans les partis politiques. Selon Enstwistle, une telle procédure risquerait de discriminer le talent au profit de l’égalité des voix.

«

[La clause «Buy American»] est la décision la plus stupide de toute l’administration Obama.» -Zach Paikin, représentant Libéral

La clause «Buy American», du plan de relance économique mis en place par le gouvernement américain en février 2009, a suscité la controverse durant le débat. La représentante des Verts de McGill, Cara Wilson, a proposé de réagir face à cette

xle délit · le mardi 26 janvier 2010 · delitfrancais.com

clause en se retirant de l’ALENA. De son côté, bien que considérant cette clause comme «la décision la plus stupide de toute l’administration Obama», le représentant Libéral Zach Paikin a fortement rejeté une annulation unilatérale de l’accord, qui selon lui serait catastrophique pour le Canada: cela mettrait en jeu «l’excellente relation» qui existe entre le Canada et les États-Unis, «[avec lequel nous partageons] tant de grandes valeurs». Le représentant conservateur a impressionné la foule avec son imitation parfaite de notre premier ministre. Bien que non affilié au Parti conservateur de McGill (mais membre du club de débat), son habileté à cabotiner pour répondre aux attaques des autres candidats en a choqué plus d’un. Sa position sur les femmes en politique et sur l’économie était conforme au manuel du bon conservateur. Au sujet du changement climatique, il soutenait un système d’échange d’émissions «progressivement restrictif», mais rejetait l’idée d’une taxe sur le carbone parce que dissuasive pour l’investissement étranger au Canada. Une seule question a semblé le déstabiliser: comment les Conservateurs comptent-ils remplir leur promesse de réduction globale et absolue des émissions

de GES alors qu’ils opèrent un système d’échange à cible d’intensité (qui ne ferait que freiner de 10% les émissions sans les réduire)? M. Enstwistle a été obligé d’admettre qu’il serait illogique de poursuivre une telle politique, allant ainsi à l’encontre de la politique actuelle des Conservateurs.

«

Le parti Conservateur a remporté la victoire, à une voix du représentant Libéral.» L’animatrice a su gérer les questions et commentaires d’un public bien informé, tout aussi intéressé à débattre des polémiques de l’heure que les représentants partisans. Le résultat du vote, s’il ne reflétait pas les convictions partisanes du public, semblait du moins fidèle au charisme et au talent rhétorique des orateurs: le Parti conservateur a remporté la victoire, avec une voix de plus que le représentant Libéral. Les représentantes du NPD et des Verts les suivaient, à voix égales. Un chuchotement dans la foule a cependant laissé entendre aux oreilles attentives que la présence du Bloc aurait été appréciée . x

Nouvelles

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Controverses rec@delitfrancais.com

ÉDITORIAL

Citation de MBA: la pointe de l’iceberg la semaine «J’ai entendu un très

court extrait du bruit que vous faites et je peux très bien voir en quoi vos voisins sont dérangés et profondément affectés par cela.» - la juge Beatrice Bolton, en plein procès, à la cour de Newcastle Crown. L’Anglaise qui comparaît devant la juge Bolton, dont les ébats amoureux ont été jugés bruyants et dérangeants au point de constituer un comportement antisocial, risque la prison si elle ne baisse pas le volume immédiatement. (AFP)

Insolite Du marché noir au marché noir

Merci d’avoir réchauffé mon lit... chéri?

Trois hôtels britanniques de la chaîne internationale Holiday Inn offriront un nouveau service –encore à l’essai– ce mois-ci: des «réchauffeurs» de lit… humains. Pour tout client demandant le service, un préposé de l’hôtel revêtira un costume d’un doux tissu ainsi qu’un bonnet et se glissera dans le lit du client, se retirant quelques moments avant l’arrivée de ce dernier. Pourquoi ne pas utiliser des bouteilles d’eau chaude ou des couvertures chauffantes électriques? Selon la porteparole Florence Eavis, cette méthode a un petit je-ne-sais-quoi de plus… (Reuters)

6 Controverses

Stéphanie Dufresne Rédactrice en chef

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a persistance avec laquelle l’administration de McGill tente de décupler le coût de son MBA de 1673$ à 29 500$ a galvanisé l’opposition de bon nombre d’acteurs sociaux –et pour cause! Une telle hausse semble aller à l’encontre de l’accessibilité aux études post-secondaires, une valeur collective qui reste fortement ancrée au Québec malgré une récente tendance à «l’américanisation» de notre modèle universitaire. L’accessibilité: la clé de voûte de la modernisation du Québec Si le modèle québécois est parfois décrié pour son manque de compétitivité dans le milieu académique nord-américain, ses détracteurs perdent parfois de vue les raisons historiques qui ont placé l’accessibilité au coeur du projet éducatif québécois. En 1964, la Commission Parent a pris acte du retard considérable du Québec –ne dit-on pas que le niveau d’éducation des CanadiensFrançais avant les années 1960 était comparable à celui des Noirs aux États-Unis?– et a établi les bases d’un système d’éducation universel auparavant quasi-inexistant. Conscients de l’importance d’une éducation de masse pour propulser la société québécoise dans la modernité, les commissaires ont placé la démocratisation et l’accessibilité au cœur de leurs recommandations. Le rattrapage à accomplir était énorme, et il était nécessaire que l’Université aille aux gens plutôt que d’attendre que l’inverse se produise. C’est pourquoi on a choisi de maintenir le coût de l’éducation au minimum afin «que chaque étudiant puisse poursuivre ses études jusqu’au niveau le plus avancé qu’il est capable d’atteindre, compte tenu de ses aptitudes et de ses succès scolaires» (Rapport Parent, volume 4, paragraphe 12).

En trois vitesses

«Antiquities Theft in Israel». Quand le personnel du musée Ashdod a choisi ce nom pour son exposition d’objets historiques ayant longtemps disparu sur le marché noir, il n’avait sûrement pas pensé que ce titre pourrait faire la une en 2010. Mais mercredi dernier, des voleurs se sont introduits dans le musée pour voler plusieurs des fameuses pièces exposées, dont, notamment, une bague en argent ayant appartenu à Alexandre le Grand et des boucles d’oreilles en or. Les musées ont beau tenter de faire revivre l’histoire, il est cette fois difficile de croire que l’institution voulait en être le témoin à ce point. (Reuters)

Malgré l’opposition du gouvernement du Québec, McGill va de l’avant avec sa décision d’augmenter les frais de son programme de MBA.

en hausse LA POPULARITÉ DU TERME «STRESS» Le stress fait de plus en plus partie intégrante de la culture populaire: que ce soit dans les bureaux des médecins ou sur la couverture de Cosmopolitan, il devient impossible de l’éviter. Mais savez vous où tout à commencé? À McGill! En effet, Michel LeMoal, professeur de neurosciences à l’université Bordeaux-II, a affirmé ce mois-ci au journal Le Monde que c’est «Hans Selye, un médecin enseignant en biochimie à l’université McGill de Montréal, qui a popularisé le terme en 1936». On avait toujours su que le stress et McGill étaient liés, mais pas à ce point! (Le Monde)

Deux générations plus tard, le succès de la «révolution Parent» est manifeste: le retard qu’accusait le Québec a été pour ainsi dire rattrapé. Mais cela ne signifie pas pour autant que le maintien de faibles droits de scolarité ne soit plus nécessaire pour assurer l’accessibilité. Selon une étude de l’économiste Valérie Vierstraete commandée par le Ministère de l’éducation en 2006, les étudiants québécois seraient plus sensibles à une hausse du coût de l’éducation que leurs homologues canadiens, et ceci pour deux raisons. D’abord, les étudiants québécois disposent d’un revenu personnel moins élevé, et la génération de leurs parents a moins fréquenté l’université. De plus, selon Statistique Canada, 40% des jeunes qui ne poursuivent pas d’études postsecondaires évoquent la barrière financière comme obstacle principal.

Cette idée –bien présente aux ÉtatsUnis et au Canada anglais– de s’endetter massivement pour «investir» dans l’éducation de ses enfants n’est pas ancrée dans la tradition familiale d’ici. À cet égard, la décision de McGill établit un précédent qui fait craindre un glissement vers un modèle inadapté à la réalité sociale québécoise.

L’impasse du sous-financement L’objectif de cette petite leçon d’histoire n’est pourtant pas de décrier la décision de McGill. Les caractéristiques distinctives du MBA peuvent justifier ce modèle d’autofinancement. D’une part, ceux qui s’inscrivent au MBA ont souvent plusieurs années d’expérience sur le marché du travail et de meilleures ressources financières. Le titre du MBA a également démontré sa valeur par le «retour sur investissement» qu’il génère. D’autre part, un MBA autofinancé permettra d’éviter un transfert d’argent des autres facultés vers ce programme plus coûteux. De plus, McGill affirme qu’une partie des 29 500$ sera attribuée en bourses aux bons candidats –quoiqu’il ne soit pas précisé si elles seront allouées sur les bases du mérite ou des besoins financiers. Toutefois, la manière dont la décision s’est prise, en opposition aux directives du ministère, laisse présager un glissement indésirable. La position de la principale Heather Monroe-Blum sur le sous-financement des universités est bien connue, et ce geste de défiance publique semble être un moyen pour McGill d’acculer le ministère au pied du mur: si vous ne nous financez pas suffisamment pour maintenir notre place parmi les meilleurs, nous irons chercher les sous ailleurs, même si ce doit être dans les poches des Mathieu Thouvenin étudiants. Si rien n’est fait et que chacune des parties s’enlise dans sa position, il serait désastreux que le modèle universitaire accessible et démocratique courageusement imaginé par la Commission Parent finisse par partir à vau-l’eau. Pour cette raison, et pour bien d’autres encore, la tenue d’États généraux sur l’avenir de l’université est nécessaire. x

en baisse

au neutre LE YOGA POUR LA LIBERTÉ Respirez, arrêtez le temps, vivez le moment présent… en prison. Un projet pilote présentement en place dans une prison indienne repose sur la conviction que le yoga améliore la maîtrise de soi et diminue l’agressivité chez les détenus, si bien qu’il peut mener à des libérations avant terme. L’opération est même arithmétique: pour chaque trimestre de séances de yoga, le prisonnier voit sa peine écourtée de quinze jours. (AFP)

LES ÉTUDIANTS AUX DISCUSSIONS PROVINCIALES Alors que le premier ministre du Québec Jean Charest parlait de ses plans pour l’avenir de l’économie et de l’éducation à la Rencontre économique de Lévis, la FECQ et la FEUQ ont dénoncé le fait qu’on ne les ait pas invités. «C’est quand même ironique que le ministre d’État à la Jeunesse, Monsieur Jean Charest, n’ait pas aménagé une place aux jeunes lors de cette rencontre et qu’il les garde à l’écart», s’est plaint le président de la FECQ. La présidente du Conseil d’administration de la CREPUQ, la principale MonroeBlum, n’a quant à elle rien trouvé à redire sur le déroulement de la rencontre. (Groupe CNW)

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CHRONIQUE

Volume 99 Numéro 15

le délit

Protéger la négligence? Jurisimprudence

Daniel Mayer

Il n’est pas rare que l’on achète des objets d’occasion, soit dans des commerces spécialisés dans ce type de vente, soit auprès de personnes par le biais de sites Internet du genre «craigslist». Quand on a recours à la vente de biens d’occasion, disons un lecteur mp3, cela va généralement de soi qu’il faut l’inspecter. Par ailleurs, si le vendeur atteste qu’il vend le lecteur mp3 «aux risques et périls de l’acheteur», voilà une raison supplémentaire de l’inspecter rigoureusement. On n’aura aucune sympathie pour une personne se retrouvant avec un lecteur mp3 défectueux acheté sans inspection. On aura encore moins de sympathie pour une telle personne ayant acheté ce bien «aux risques et périls» de l’acheteur. Quoi qu’il en soit, le droit québécois dé-

montre tout de même un peu de sympathie envers de tels comportements. Par exemple, s’il est démontré que le vendeur savait que le produit était défectueux, les tribunaux vont normalement déclarer la clause «aux risques et périls de l’acheteur» nulle. Mais, en réalité, qui entamerait un recours judiciaire pour récupérer la valeur modique d’un lecteur mp3 d’occasion? De plus, il ne faut pas oublier le rôle que le principe de «bonne foi» joue dans les relations juridiques aux Québec. Nous présumons qu’il pourrait être appliqué en l’occurrence pour annuler une telle clause. Mais, dans le cas où l’acheteur n’a pas inspecté le lecteur mp3 à la lumière d’une clause d’exclusion, pourquoi le droit voudrait-il protéger ses intérêts? Car il s’agit en effet de négligence. Pourquoi voudrait-on protéger les droits d’une personne qui se comporte de manière négligente? La négligence est un principe de droit bien reconnu. Toute personne agissant de manière négligente doit réparer le dommage qu’elle a causé à une autre personne. Alors, une personne doit assumer les conséquences de sa négligence lorsqu’une deuxième personne subit des dommages. Pourquoi, donc, le même principe ne s’applique pas à une personne qui «se cause un préjudice» à la suite d’un comportement négligent? Si une personne agit de manière négligente envers elle-même, ne devrait-elle pas en subir les conséquences? À mon avis, oui. Le droit ne devrait pas protéger de telles personnes. Bien sûr, cette déclaration n’est pas sans nuance. Si le ven-

deur hypothétique savait qu’un défaut caché existait, que l’acheteur exécutait une inspection sans rien trouver et qu’il était entendu que c’était une vente «aux risques et périls» de l’acheteur, le droit devrait protéger l’acheteur. Mais, si l’acheteur n’exécutait même pas une inspection, le manque de volonté signale que l’acheteur accepte tous les risques, peu importe que le vendeur était au courant ou non du défaut. D’ailleurs, la Common Law abonde plutôt dans ce sens. Ce système juridique préfère protéger la volonté des parties. Si l’acheteur accepte la clause «aux risques et périls» et qu’il n’exécute pas d’inspection, il se retrouvera probablement sans aucun recours parce que la volonté des parties voulait que l’acheteur assume tous les risques. Afin d’attaquer une telle clause, il faudrait démontrer que le vendeur a cherché à profiter de l’acheteur en présumant que ce dernier était en position stratégique supérieure. Mais, si les parties sont sur un pied d’égalité quant aux négociations, la clause sera jugée légale. Bref, le droit ne devrait pas être un instrument qui protège la négligence des gens; il devrait la condamner.x Après plusieurs mois de loyaux services, Daniel nous quitte pour poursuivre d’autres projets. L’équipe du Délit lui souhaite bonne chance, et invite les chroniqueurs potentiels à envoyer leur candidature à : nouvelles@delitfrancais.com

CHRONIQUE

Jean Perron, l’apartheid israélien et la rigueur Billet de scalper

Philippe Morin

On m’a repêché au Délit pour écrire des articles politico-sportifs. Le contrat est assez flou pour faire un peu n’importe quoi. L’important c’est d’avoir des idées… et de ne pas radoter. Or, la semaine dernière, je crus avoir une idée de génie lorsque je découvris que Jean Perron, mythique entraîneur du Canadien (au singulier) de Montréal, gagnant de la Coupe Stanley en 1985-86, avait une carrière parallèle. Rappelons d’abord que dans cette finale mémorable (j’avais très exactement 9 mois et un jour, donc je m’en rappelle très bien), le Canadien put compter sur un gardien recru, Patrick E. Roy, qui, avec ses 120 livres mouillé, mena l’équipe au cham-

pionnat alors qu’il n’était âgé que de 20 ans. Incroyable. C’est à cette époque que Roy fut surnommé «Casseau», mot typiquement québécois faisant référence à son appétit pour les frites et à sa propre silhouette pas particulièrement enveloppée. Je vous invite fortement à chercher des vidéos de cette époque que des maniaques ont copiées de leur vidéo Béta à YouTube. Le #33 donne l’impression d’être un mélange de psychopathe et d’anorexique. Terrifiant. De fait, il fut l’objet d’une enquête pour méfait criminel et violence conjugale. Anyway, on s’en fout du Canadien; moi, à 9 mois et un jour, j’étais fan des Nordiques, comme je le suis toujours. Mais Jean Perron, au-delà de ses errements avec le Canadien, est une légende de la langue française. Il a en effet prêté son nom aux «perronismes», ces entorses à la langue française, tel «Ça s’est vendu comme des petits ponchos.» En tant que pseudo-journaliste (je couvre les sports, donc c’est par définition peu sérieux), je voulais vous annoncer un scoop. Jean Perron est entraîneur de l’équipe israélienne de hockey sur glace. Monumental. Je m’attendais à entrer dans l’histoire et que les 122 lecteurs du Délit me vénèrent pour l’éternité. Je voulais même profiter de cette «exclusivité» pour inviter les lectrices fan de hockey à correspondre avec moi. Par la poste évidemment. Or, c’est faux. J’avais tout écrit mon article et désirais faire un lien avec la cam-

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pagne BDS (boycott, désinvestissement et sanctions) contre l’apartheid israélien mais mon enthousiasme a été interrompu. Car bien que le Daily se fût délecté de cette histoire (taper sur le clou d’Israël et folkloriser les Québécois, une combinaison parfaite), au Délit on veille au grain. Jean Perron n’est plus entraîneur en Israël. Il a effectivement jugé plus prioritaire de participer à l’émission 110% à Vidanges-Télé que de coacher de jeunes Russes à Tel-Aviv. Et vlan dans les dents du pseudo-journaliste. J’ai été niqué par la rédactrice-en-cheffe. Manque de rigueur. J’ai failli pleurer. * * * Rien d’autre à ajouter si ce n’est que certaines personnes de ce journal font de l’excellent travail, notamment les correcteurs qui se tapent mes participes passés. Moi-même, bien humblement, j’ai prévu le renvoi de Georges Laraque et incité le Canadien à réprimer les scalpers. Ce qui a été fait, en vain. En terminant, un seul conseil pour vous les enfants: ne vous fiez pas à Wikipédia et ne sous-estimez jamais la rédactrice-encheffe. Dans deux semaines, un récit des aventures du hockey junior à Chicoutimi, lâ lâ. x Vous trouvez que Philippe n’y va pas avec le dos de la main morte? Envoyez vos perronismes à: nouvelles@delitfrancais.com

Le seul journal francophone de l’Université McGill rédaction 3480 rue McTavish, bureau B•24 Montréal (Québec) H3A 1X9 Téléphone : +1 514 398-6784 Télécopieur : +1 514 398-8318 Rédactrice en chef rec@delitfrancais.com Stéphanie Dufresne Nouvelles nouvelles@delitfrancais.com Chef de section Julie Leroux Secrétaire de rédaction Éléna Choquette Arts&culture artsculture@delitfrancais.com Chef de section Rosalie Dion-Picard Secrétaire de rédaction Émilie Bombardier Société societe@delitfrancais.com Mai-Anh Tran-Ho Coordonnateur de la production production@delitfrancais.com Vincent Bezault Coordonnateur visuel visuel@delitfrancais.com Claudine Benoit-Denault Coordonnateur de la correction correction@delitfrancais.com Anthony Lecossois Coordonateur Web web@delitfrancais.com Guillaume Doré Collaboration

Andréa Alary-Hoffman, Erwan Cloarec, Anabel Cossette Civitella, Catherine Côté-Ostiguy, Guillaume D. Cyr, Victor Diaz Lamich, Frédéric Faddoul, Audrey Gauthier, Marie-France Guénette, Emma Ailinn Hautecoeur, Valérie Héon, William Hodgson, Amélie Lemieux, François Le Moine, Véronique Martel, Daniel Mayer, Philippe Morin, Xavier Plamondon, la Commission des Affaires francophones

Couverture Claudine Benoit-Denault et Jimmy Lu

bureau publicitaire 3480 rue McTavish, bureau B•26 Montréal (Québec) H3A 1X9 Téléphone : +1 514 398-6790 Télécopieur : +1 514 398-8318 ads@dailypublications.org Publicité et direction générale Boris Shedov Gérance Pierre Bouillon Photocomposition Geneviève Robert The McGill Daily • www.mcgilldaily.com coordinating@mcgilldaily.com Stephen Spencer Davis Conseil d’administration de la Société des publications du Daily (SPD) Stephen Spencer Davis, Stéphanie Dufresne, Max Halparin[chair@dailypublications.org], Thomas Kulcsar, Daniel Mayer, Mina Mekhail, Will Vanderbilt, Alison Withers, Sami Yasin L’usage du masculin dans les pages du Délit vise à alléger le texte et ne se veut nullement discriminatoire.

Les opinions exprimées dans ces pages ne reflètent pas nécessairement celles de l’Université McGill. Le Délit (ISSN 1192-4609) est publié la plupart des mardis par la Société des publications du Daily (SPD). Il encourage la reproduction de ses articles originaux à condition d’en mentionner la source (sauf dans le cas d’articles et d’illustrations dont les droits avant été auparavent réservés, incluant les articles de la CUP). L’équipe du Délit n’endosse pas nécessairement les produits dont la publicité paraît dans ce journal.Imprimé sur du papier recyclé format tabloïde par Imprimeries Transcontinental Transmag, Anjou (Québec). Le Délit est membre fondateur de la Canadian University Press (CUP) et du Carrefour international de la presse universitaire francophone (CIPUF).

Controverses

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Société societe@delitfrancais.com

Pause-thé À chaque seconde, 25 000 tasses de thé sont bues dans le monde. Le thé est la deuxième boisson la plus courante après l’eau. Sa popularité est aussi séculaire qu’universelle. Malgré ses effets bénéfiques sur la santé, plusieurs lui trouveraient un goût amer s’ils connaissaient les conditions de travail auxquelles font face ces ouvriers qui s’activent tout au long de l’année dans certains de ces champs tropicaux. Le Délit a décidé de lire

Crédit photos: Frédéric Faddoul Xavier Plamondon Le Délit

Le thé et la santé

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illiam Gladstone, ancien premier ministre britannique, avait dit: «Si tu as froid, le thé te réchauffera. Si tu as chaud, ça te détendra. Si tu es dépressif, ça te réconfortera. Si tu es excité, ça te calmera.» Des recherches ne cessent de démontrer les effets bénéfiques du thé sur la santé. Le UK Tea Council rapporte que le thé aide à l’hydratation du corps humain, en plus de lui fournir vitamines et minéraux. De plus, vu qu’il contient de 50 à 65% moins de caféine que le café, les amateurs peuvent se permettre d’en prendre plusieurs tasses par chaque jour. D’autres recherches, dont plusieurs menées par le Tea Advisory Panel (TAP), confirment que le thé est une source d’antioxydants, qui sont digérés, absorbés et métabolisés dans l’organisme, contribuant à un corps en bonne santé. Le rôle des antioxydants n’est pas négligeable: le Docteur André M. Cantin, professeur à la Faculté de médecine de l’Université de Sherbrooke et actuel président du comité consultatif médical et scientifique de la Fondation canadienne de la fibrose kystique, est arrivé à la conclusion que «les antioxydants peuvent réussir à freiner les radicaux libres engagés dans la fibrose pulmonaire et la fibrose kystique». Docteure Nathalie Jobin, directrice de la nutrition et des affaires scientifiques chez Extenso, un centre de référence sur la nutrition humaine affilié à l’Université de Montréal, vante aussi les bienfaits des antioxydants puisqu’ils aident à prévenir l’apparition de certains types de cancer et de maladies cardiovasculaires. «Pour ce qui est des antioxydants, il faut cependant demeurer prudent» remarque toutefois Docteur Victor Gavino, professeur

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à la Faculté de médecine et au Département de nutrition de l’Université de Montréal. «Nos croyances varient d’une semaine à l’autre, et les conclusions des scientifiques se contredisent, surtout en ce qui concerne la biodisponibilité. […] Même si le thé existe depuis 5000 ans et que l’on a accumulé de la documentation, des histoires, des anecdotes, il reste cependant bien des choses à prouver.»

ABC thé

Selon l’Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO), les cinq plus grands pays producteurs: la Chine, l’Inde et le Sri Lanka, le Kenya et la Turquie, représentent 75% de la production mondiale de thé. On retrouve plus de 1500 types de thé aujourd’hui, et tous proviennent de la même plante, la Camellia Sinensis, originaire de l’Empire du Milieu. Ainsi, qu’il soit noir, vert, oloong, blanc, comprimé ou bien aromatisé (les six grandes catégories selon le UK Tea Council), le thé est obtenu en traitant d’une façon différente les feuilles et les bourgeons issus de la récolte. De plus, un peu comme la viniculture,

Au Kenya, jusqu’à 30% des cueilleurs ont moins de 15 ans. le goût du thé est empreint du sol, du climat et de l’altitude de sa région de provenance. Toujours similairement au vin, son procédé de fabrication est un art ancestral très complexe dont les détails sont très bien gardés. On peut toutefois décrire en grandes lignes la méthode de préparation du thé. Premièrement, le dépérissement consiste à couper et déchirer les feuilles de thé dans des grands tonneaux à air chaud pendant dix à seize heures, ce qui aide à faire évaporer l’eau qui est contenue dans les

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le thé avant de boire la tasse. feuilles. Une fermentation suit, contribuant à faire oxyder les feuilles pour leur donner un arôme particulier. Les feuilles de thé sont ensuite envoyées au séchage sous air chaud, et parfois une cuisson accompagne cette phase. Le temps accordé à chaque étape (et les nombreuses déclinaisons de ces procédés) varient selon le type de thé désiré. Ainsi, une fermentation partielle est le secret du thé oloong, alors qu’une exposition des morceaux de feuilles à la vapeur avant la fermentation produira un thé vert. Toutefois, si sa consommation s’avère bénéfique pour la santé humaine et sa production aussi noble que celle du vin, les conditions de travail du paysan par rapport à sa culture et sa récolte

dans certaines régions ainsi que plusieurs impacts environnementaux notables ne méritent guère d’éloges.

Problèmes de thé

Le thé ne fait pas exception et des problèmes sociaux et environnementaux touchent l’industrie. Dans certaines plantations, «les fermiers abandonnent leurs terres, les négligent et ne reçoivent pas un prix juste pour leur travail», explique Philippe Gaston, directeur général d’Équita d’Oxfam-Québec. L’Organisme Équiterre critique le manque d’uniformité des conditions de travail, puisqu’elles varient de pays en


pays, et de régions en régions à l’intérieur même de ces pays. S’il semble évident que les conditions de travail sont plus aisées au Japon, il est néanmoins plutôt difficile de dresser un portrait juste de celles pratiquées sur l’immense territoire indien par exemple. On peut cependant remarquer quelques si-

Cinq pays représentent 75% de la production mondiale de thé. milarités dans certaines plantations de plusieurs pays en voie de développement. En effet, l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), déplore le traitement réservé aux femmes: leur dextérité leur permet de participer avec une grande efficacité à la récolte, mais leur salaire est moindre que celui des hommes. De plus, les paysans travaillent toute la journée, sept jours sur sept. L’UNESCO rapporte également qu’au Kenya, jusqu’à 30% des cueilleurs ont moins de 15 ans. Le journal Labor File rapporte que la pauvreté

règne bien souvent dans les plantations, celle-ci étant expliquée par la présence de travailleurs temporaires, des rémunérations infimes, ainsi que par le peu d’investissement dans les installations dédiées à la santé ou à l’éducation. La Rainforest Alliance, quant à elle, s’inquiète de l’exposition des travailleurs à l’usage intensif de pesticides qui, en plus de causer des troubles à l’écosystème, endommage grandement le système respiratoire des cueilleurs. De plus, puisque la culture du thé s’effectue dans les régions équatoriales, la déforestation de la forêt tropicale est fréquente, afin d’augmenter la taille des plantations, facilitant l’érosion et l’augmentation de dioxyde de carbone dans l’atmosphère.

L’équitable à la rescousse?

Heureusement, le mouvement équitable a pris de l’ampleur au cours des années. Kevin Gascoyne, un des fondateurs de la maison de thé Camellia Sinensis, a été le pre-

mier à obtenir une certification «équitable» au Canada pour le thé. «Nous nous rendons en personne dans les plantations, et nous achetons directement aux producteurs afin de collecter des thés de classe mondiale», nous explique-t-il. «Ceci est l’essence même du commerce équitable: réduire le nombre d’intermédiaires et donner la juste part des revenus aux producteurs, qui décideront comment disposer de cet argent perçu.» Par exemple, Titus Pinto, directeur du United Nilgiris Tea Estates en Inde, certifié équitable, précise qu’il y a, dans sa plantation, «un corps composé à 90% de travailleurs qui décide comment l’argent doit être dépensé». Ce ne sont par contre pas tous les producteurs qui utilisent l’argent d’une façon démocratique, «et là demeure la complexité du commerce équitable», ajoute Monsieur Gascoyne. «Mais malgré cela, je crois au mouvement équitable car c’est le seul système qui ultimement respecte les travailleurs». Monsieur Gaston nous assure que dans la plupart des coopératives les profits sont réinvestis dans des projets liés

à l’éducation et à la santé et que le suivi est devenu plus strict au cours des cinq dernières années: «Il est bon, maintenant que le commerce équitable soit bien parti, de pouvoir dire que tout n’est pas parfait et qu’on travaille à mieux traiter les producteurs. Mais c’est un travail de longue haleine. Les sceptiques et ceux qui ont intérêt à ce que le commerce équitable ne se développe pas, vont tenter de plus en plus de détruire la confiance et la crédibilité, si précieuses, établies au cours de longues années de travail», conclut-il. Au Québec, la popularité du thé supplantera-t-elle celle du café? Monsieur Gascoyne, né au Royaume-Uni, pays où il se boit 165 millions de tasses de thé par jour, nous répond que rien n’est impossible. «Tous les jours, sans exception, des gens viennent dans la boutique afin de trouver une alternative au café. Et la semaine d’après, ils reviennent et nous remercient: ils sont contents d’avoir arrêté de boire du café et se sentent plus en santé et plus heureux!» William Gladstone avait raison. x

Camellia Sinensis Fondée en 1998 par quatre goûteurs de thé, chacun spécialisé dans une région distincte productrice de thé (Japon, Chine, Taiwan et Inde), la maison Camellia Sinensis importe aujourd’hui une variété de plus de 200 types de thé, variant d’une année à l’autre selon les trouvailles des propriétaires qui parcourent ces pays. Ils offrent aussi des ateliers de dégustation. Les deux adresses à Montréal

exposent la diversité des thés les plus fins achetés directement au producteur. Toutefois, seule celle dans le Quartier Latin possède un salon où l’on peut s’asseoir, lire et déguster l’un des meilleurs thés à Montréal. Où: 351, Emery (métro Berri-Uqam) et 7010, rue Casgrain http://camellia-sinensis.com/the

Société

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Arts&Culture artsculture@delitfrancais.com

Gracieuseté du Théâtre du Nouveau Monde

BILLET D’HUMEUR

Molière n’est pas Bell Canada François Le Moine Le Délit

F

abrice Luchini a bien compris que le public québécois est friand de « steppettes ». Il n’y a qu’à comparer son Point sur Robert donné au Théâtre de la Renaissance à Paris avec la version donnée au Québec l’automne dernier. L’acteur était ici beaucoup plus actif; il a dansé, couru et chanté avec un plaisir évident et pour le grand bonheur des spectateurs. Luchini a fait ce que tout bon comédien doit faire: s’adapter à son public et faire en sorte que le propos soit bien transmis. Car le propos était bel et bien là: le comédien a récité les textes de Valéry et de La Fontaine avec élocution, esprit et humour. Quel plaisir d’entendre à chaque syllabe la beauté et la subtilité de la langue de Molière… Mais Molière et la langue ne sont pas toujours aussi heureusement traités, comme le montre la mise en scène du Bourgeois gentilhomme qui vient de prendre l’affiche au Théâtre du Nouveau Monde. Sous la direction de Benoît Brière, les acteurs sont si préoccupés d’empiler les effets comiques douteux pour faire rire les spectateurs qu’ils récitent les répliques à toute vitesse, sans nuance, de sorte qu’il ne reste presque rien de la beauté du texte et de l’esprit du grand dramaturge.

Le personnage principal, Monsieur Jourdain, interprété par Guy Jodoin, est à l’image de cette production. Riche bourgeois, il consacre ses énergies à apprendre les passe-temps aristocratiques et tente de trouver un noble parti à sa fille. Que ce soit en danse, en escrime ou en philosophie, il n’arrive qu’à être la risée de son entourage. On aurait espéré qu’une pièce qui dénonce la grossièreté et le ridicule fût jouée avec quelque

la devise Castigat ridendo mores ([la comédie] châtie les mœurs en riant)? Il écrivait pour faire rire, certes, mais aussi pour donner à réfléchir. Ses intentions nous posent aujourd’hui quelques difficultés. Molière a écrit cette pièce au milieu d’un XVIIe siècle qui voit l’aristocratie perdre de son lustre et de sa grandeur passés alors que la bourgeoisie n’a pas pour autant été acceptée; le commerce, avec

«

Alors peut-être préférons nous rire grassement des comédiens qui sautent sur scène plutôt que de nous regarder en face.»

finesse. Dans cette production, l’emphase est mise sur le geste et non sur le texte, ce qui tient plus du cirque que du théâtre. Toutes ces simagrées ne sont pourtant pas nécessaires pour exprimer ce que les répliques disent déjà fort bien. Nous sommes loin de la délicieuse production du Mariage de Figaro de Normand Chouinard au même TNM, où les énergies des acteurs – sans parler des extraits de l’opéra de Mozart, joyeusement intégrés – étaient au service de l’esprit de Beaumarchais. Or, Benoît Brière qui nous avait tant fait rire dans ses publicités pour Bell ne parvient pas à en faire autant dans cette mise en scène. Molière n’avait-il pas fait sienne

ses calculs intéressés, n’est pas une activité pour élever l’âme. Vu de la Cour, le bourgeois est un homme mercantile qui ne peut faire preuve d’aucun courage. Ce n’est qu’à partir du siècle suivant que l’on verra dans le «doux commerce» une manière de réguler les passions. La transformation des mœurs a été longue, mais la psychologie sans grandeur que critiquait Molière l’a bel et bien emporté. Pour le meilleur ou pour le pire, c’est celle qui prédomine dans le monde contemporain. Alors peut-être préféronsnous rire grassement des comédiens qui sautent sur scène plutôt que de nous regarder en face. Pourtant il ne faut pas s’y tromper.

Petites

annonces

Ce Monsieur Jourdain qui calcule mais ne sait pas vivre, qui reproche aux autres les défauts dont il est lui-même coupable, qui ne pratique des activités que parce qu’elles sont à la mode et qui se plaint de son ignorance sans arriver à apprendre quoi que ce soit d’important est bel et bien notre contemporain. Cette production est donc une occasion ratée. Comme dans beaucoup de spectacles, on «démocratise» les classiques en les dénuant de leur propos. Dans ces conditions, on se demande ce qui pousse les spectateurs à venir encore au théâtre. Est-ce vraiment pour voir le même spectacle fade que partout ailleurs? De deux choses l’une; ou bien le nivellement par le bas a fait en sorte que tous les spectacles se valent et que l’on se déplace seulement pour avoir la satisfaction d’avoir participé à la Grand Messe culturelle ; ou alors on prend le public au sérieux et on espère qu’il est venu justement parce qu’il croit encore à la magie du théâtre et à la possibilité d’être transporté le temps de quelques scènes. Ce n’est que dans ces circonstances que le metteur en scène pourra orienter son labeur afin que le spectateur découvre avec plaisir, réplique après réplique, quelques vérités sur cette espèce humaine merveilleuse et contradictoire dont il fait partie. x

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ANNONCEZ DANS LE DÉLIT!

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MUSIQUE

Le passeur de mots Le discret mais talentueux Moran nous offre Mammifères, un deuxième opus qui poursuit en beauté un parcours musical que l’on souhaite encore long.

Victor Diaz Lamich

Catherine Côté-Ostiguy Le Délit

M

oran est d’abord et avant tout un parolier. Il cultive les mots et les déploie avec virtuosité pour en faire des chansons touchantes, alliant habilement musique et littérature. C’est ainsi qu’il s’est tissé un univers qu’il nous a présenté pour la première fois en 2006 avec l’album Tabac. S’il s’est fait plutôt discret, s’attirant néanmoins les faveurs d’un public fidèle, l’auteur-compositeur-interprète n’est pas passé inaperçu de la critique, qui a salué son talent. Avec Mammifères, il poursuit un chemin qu’il avait amorcé de bien belle façon, à la fois fidèle à un son qui lui est propre et désireux d’explorer de nouveaux horizons.

Dès la première écoute, on constate que c’est bien au même Moran que l’on a affaire. L’auditeur se retrouve plongé dans un monde d’émotions douces et de mots voluptueux portés par des mélodies simples mais justes. Il nous parle d’amour, de désir, et de solitude, de ses doutes et de ses certitudes, usant d’un vocabulaire imagé et implacablement poétique. C’est beau, ça berce, et c’est irrésistiblement unique. Mais ce que l’on sent aussi, c’est la volonté de l’artiste de s’aventurer hors des pistes qu’il a l’habitude de suivre, ce second album étant un tantinet moins intimiste que son prédécesseur et un peu plus hétérogène. Deux duos avec Catherine Major apportent à l’album une diversité rafraîchissante. La voix basse et rauque de

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Moran, toujours empreinte d’une certaine dose de gravité mélancolique, y trouve une légèreté qui lui va bien. Il convient également de souligner la présence de pistes en anglais, comme il y en avait déjà eu quelques unes sur Tabac. «Needs», «Coffee With The Moon» et «Lies» -cette dernière est un véritable bijou- s’inscrivent de manière très naturelle dans le fil de l’album, et c’est particulièrement remarquable du fait que ce mélange des langues ne se fait pas toujours aussi harmonieusement. Ici, ça coule de source, c’est pleinement et totalement assumé et ça se sent. L’innovation se fait également sentir du côté musical. Les arrangements sont plus complexes, et la musique, beaucoup plus marquée. Sur Tabac, toute

la place était laissée à la voix de l’interprète, accompagnée très simplement de quelques accords de guitare. Cette fois, Moran a opté pour une plus grande présence de ses musiciens et s’est aventuré sur un terrain un peu différent. On perçoit bien dans ce choix la volonté d’aller plus loin dans une démarche où, jusque-là, la musique ne se voulait qu’un prétexte aux mots. Il reste toutefois que l’univers de Moran est avant tout littéraire, qu’il repose sur le texte, et que c’est là, précisément, que résident sa force et sa beauté. Vouloir nous distraire de cette qualité pourtant remarquable de l’auteur-compositeur-interprète, c’est peut être une erreur, et probablement le seul défaut de l’album. Les arrangements prennent parfois le

dessus et la voix, alors, se perd. C’est dommage, car le pouvoir d’attraction moranesque, on le doit surtout à sa voix et à son verbe. Moran se ferait-il moins sauvage? C’est probable. Celui qui restait tapi dans l’ombre semble vouloir sortir de sa tanière. On aimait le côté intimiste de Tabac, et on aimera autant les explorations de Mammifères. Gardez l’oeil ouvert et l’oreille tendue, car ce serait péché que de passer à côté d’un talent comme celuilà. x Moran en spectacle Où: Verre bouteille 2112 Mont-Royal Est Quand: 14 et 21 février moran-music.com

Arts & Culture

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CHRONIQUE

Écrivez-moi La tête en friche

Rosalie Dion-Picard

THÉÂTRE

Recette ratée d’un succès assuré

À l’occasion de son 30e anniversaire, l’Espace Go présente Sextett, une comédie absurde qui nous laisse sur notre faim. Émilie Bombardier Le Délit

L

Alo r s depuis quelque temps, je vous écris en espérant vainement du courrier de vous. Et je dis vous, puis-je vous tutoyer? Franchement, je voulais surtout dire à quel point j’apprécie ton soutien, lecteur. Il y a beaucoup de gens qui m’écoutent, ou enfin qui m’entendent, dans la vie de tous les jours, mais les oreilles n’ont pas de paupières, comme disait l’autre. Me lire, c’est différent. T’avais le choix de tourner la page, de regarder le dessin avec énervement -elle, elle m’éneeeeeeerve!- de mettre le journal au recyclage, ou, Dieu te pardonne, à la poubelle, tout ça pour dire que t’étais pas obligé. Peut-être aussi que tu t’ennuyais, tu t’es dit c’est bien parce que j’ai terriblement pas envie de commencer à étudier, je lui laisse une dernière chance -peu importe. Merci. *** J’ai toujours cru que regarder des films tristes quand on est triste, ça remet les choses en perspective, ou à tout le moins ça change le mal de place. Les films qui finissent bien, parfois, me donnent l’impression qu’on se fout de ma gueule. L’Auberge espagnole, le film qui donne envie de faire un échange étudiant à Barcelone, finit sur le personnage principal qui se sauve du bureau -et surtout des collègues qui, lorsqu’ils apprennent son âge, s’exclament «Vous serez une jeune retraité alors!» - rentre chez lui, décide d’accomplir son rêve: devenir écrivain. Un petit raccourci. C’est une jolie fin, mais pas nécessairement une excellente fin. Un film gentil, mais pas magnifique. J’aime pas les fins trop finales, j’ai l’impression qu’on me dit: «Tu vois, pour le reste du film on voulait quelque chose de plus complexe, mélanger le tragique et le comique, des intrigues entrecroisées, postmoderne et tout ça, et à la fin on s’est dit que les spectateurs devaient plus suivre, alors on a simplifié, de toute façon tout le monde aime le bonheur.» Eh bien non, je suis une terrible grognonne exigeante, les fins heureuses me déçoivent toujours un peu. Ce n’est pas tout à fait du snobisme, c’est surtout que je n’aime pas qu’on me dise que tout est bien qui finit bien. Parce que c’est pas si simple, la vie.x

a nouvelle création du dramaturge français Rémi de Vos a beaucoup fait parler d’elle depuis ses premières représentations en Bretagne. Cette coproduction France-Québec a d’abord reçu un accueil des plus enthousiastes ainsi qu’une couverture non moins enviable à son arrivée en terre montréalaise. Tous les ingrédients d’une pièce à succès s’y trouvent: un processus de création atypique, une distribution chevronnée aux origines diversifiées, un metteur en scène faisant preuve d’une grande complicité avec l’auteur, une scénographie aux accents étrangement surannés et chics à la fois, et cette étiquette de «comédie érotique» qui chatouille la conscience. Les adeptes de catégorisation, si l’on peut les nommer ainsi, ont vite établi des associations avec l’absurde lucide de Ionesco et l’univers insolite de David Lynch. Ils ont surtout reconnu avec grand engouement le caractère hautement contemporain de Sextett. Or, la contemporanéité et les ingrédients retentissants ne sont qu’apparats lorsque la force du texte manque à l’appel. Ce portrait des relations hommes-femmes dans la société moderne que l’on veut si bouleversant se tisse en fait de lieux communs et nous renvoie l’image d’une coquille vide.

Sextett raconte le périple de Simon (Micha Lescot), un jeune publicitaire, qui se retrouve dans la maison familiale après les funérailles de sa mère. Il est accompagné d’une collègue de travail, Claire (AnneMarie Cadieux), qui est très amoureuse de lui bien que le sentiment ne soit pas réciproque. La situation dégénère rapidement lorsque Simon se met à recevoir des visites de femmes, réelles ou fictives, qui l’amèneront à questionner son rapport à la sexualité et à la famille. Il est alors confronté aux extravagantes voisines de sa défunte mère, Jane et Blanche (Maria de Medeiros et Jutta Johanna Weiss), à leur chienne agressive, Valkyrie (Marie-France Lambert) et à son amie Sarah qui incarne de façon grotesque sa toute première expérience sexuelle. De ces rencontres découlent plus d’une heure de dialogues déjantés visant à représenter la misogynie et la perte de repères dans toute leur absurde splendeur. Et malgré le jeu fort convaincant des comédiens, force est d’admettre que la mise en scène simpliste d’Éric Vigner ne laisse place qu’à un comique physique et à un texte répétitif, vide de sens, mais rempli de clichés qui abrutissent toute réflexion lucide. «Votre mère n’était pas votre mère. C’était votre père.» Sextett est avant tout la mise en scène d’un inconscient troublé par un question-

nement sur son identité sexuelle. La relation mère-fils, les rapports de dominations et les concepts freudiens y sont d’ailleurs à l’honneur alors que Simon projette ses hantises et ses désirs sur les personnages féminins. Cette réflexion a priori intéressante est cependant parodiée et ne laisse place à aucune réflexion. Le spectateur se trouve dans l’impasse alors que toute la charge critique que peut recéler l’absurde est remplacée par les pas de danse de Misha Lescot et par des paroles proférées sur un ton à la fois ridicule et sérieux. «Votre mère n’était pas votre mère. C’était votre père (...)», est la réplique que lance Jane alors que la pièce atteint son paroxysme. Les personnages féminins se mettent alors à se confronter, Simon sombre dans la folie et le comique devient burlesque. Le spectateur, quant à lui, se rend bien compte qu’un ingrédient manque cruellement à la recette du succès. L’œuvre contemporaine deviendra-telle classique intemporel? Rien n’est moins sûr. x Sextett Où: Théâtre Espace Go 4890 boul. Saint-Laurent Quand: jusqu’au 6 février Combien: 24$ (30 ans et moins)

Vos oreilles ont des paupières? Faites-en part à Rosalie à : artsculture@delitfrancais.com

Caroline Laberge

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MUSIQUE

Improvise-moi une chanson

La 7e saison de la Ligue d’improvisation musical de Montréal (LIMM) est de retour suite aux vacances des Fêtes et a offert, le 14 janvier dernier, une performance harmonieusement insolite.

Gracieuseté de la Ligue d’Improvisation mucicale du Saguenay

Audrey Gauthier Le Délit

C

onstituées d’improvisations mixtes et comparées, établies selon des thèmes précis et des contraintes, les soirées de la LIMM n’ont rien à envier aux matchs de la Ligue nationale d’improvisation (LNI). Tels des comédiens lors de matchs d’improvisation classiques, des musiciens indépendants montent sur scène pour interpréter un extrait musical de leur création et tenter de constituer ensemble un morceau original. De ce grand jeu d’écoute et de symbiose découle une compétition inédite dont le but n’est non pas d’enterrer l’équipe adverse mais plutôt de créer de la musique. Le groupe gagnant est bien évidemment désigné à l’issue d’un vote du public. Une soirée d’improvisation pas comme les autres La ligue d’improvisation musicale a fait ses débuts à Québec il y a 12 ans. Toutefois, la ville pionnière ne propose plus d’improvisations depuis deux ans, malgré la ferveur toujours grandissante du mouvement. «On nous demande de faire des soirées à Québec. D’ailleurs, on est en train d’organiser une soirée où les musiciens de Québec vont affronter ceux de Montréal. On va réveiller de vieilles rivalités!» a expliqué Éric Harvey, organisateur de l’événement. Une soirée de la LIMM s’articule selon plusieurs périodes de jeu qui mêlent les improvisations traditionnelles aux numéros à thèmes plus originaux. «Le fantasme des capitaines», qui laisse libre

cours à l’inspiration des musiciens peut côtoyer une improvisation ayant pour thème «le voyage musical» où les artistes doivent effectuer une transition sans faille du style musical propre à une ville à celui d’une autre ville entièrement différente. Lors de la soirée du 14 janvier, l’équipe du Lion d’Or nous a d’ailleurs transporté entre Marrakech et San Francisco sans délai ni turbulence grâce en partie à l’excellente performance du guitariste et pianiste Marc Papillon. C’est au cours de la troisième période de jeu qu’une place d’autant plus grande est accordée à l’auditoire, alors que «l’impro du public» impose aux artistes la demande d’un spectateur. L’ignorance n’est pas un obstacle Les spectacles de la LIMM sont dédiés à tout amateur de musique mais n’appellent pas à une grande connaissance de ses divers styles et rythmes puisque l’analyste et l’animateur s’assurent d’informer le public à propos de chacun des critères avec lesquels les musiciens sont appelés à composer. Le Techno Dub n’aura donc assurément plus de secrets pour personne. Les concerts musicaux se faisant de plus en plus coûteux, les soirées de la LIMM permettent d’assister à un spectacle musical fort appréciable pour la modique somme de 10$. Les équipes étant constituées selon les clubs qui les financent, le premier affrontement de cette année opposait l’équipe du Lion D’Or à celle du bar Chez Baptiste qui fut défaite à raison d’un pointage final de 9-6. Celle-ci pourra aspirer à une revanche le 11 février prochain alors qu’elle affrontera l’équipe du Petit Campus, qui est présentement en tête de la ligue.x

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Tu as des idées pour remplir cette colonne? Ou pas? Écris-nous: artsculture@ delitfrancais.com

Gracieuseté de la LIMM

LIMM Prochain match : Petit Campus c. Chez Baptiste Où: Le Petit Campus 57 rue Prince-Arthur Est Quand: 11 février Combien: 10$

Arts & Culture

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CHRONIQUE

Avoir son nom sur un livre Prose-moi ça! Ou pas.

Valérie Héon

Publier: Pratique quelque peu obscure pour certains, rêve d’une vie pour d’autres. Par moment, l’envie nous prend d’essayer, de nous dire que ça semble accessible, mais jusqu’à quel point? On se refuse à soi-même prétextant la peur de l’échec, de ne pas être lu, de n’avoir rien à dire

alors que tout a été écrit. Peut-être ne devrions-nous pas. Encore hier, j’écoutais une amie me raconter une anecdote où l’on se prononçait sur un texte de la façon suivante: «Comme quoi tout le monde peut publier d’la marde!» J’aurais bien aimé qu’on me définisse ce «tout le monde» et cette dite «marde». Le problème est que l’engrenage du processus de publication relève de plusieurs facteurs, de plusieurs instances supérieures, bref, d’étapes que nous ignorons à peu près tous. Ce n’est pas tant la justesse et l’efficacité de la démarche que je remets en question –car j’en connais trop peu– que cette critique presque gratuite et facile que nous portons parfois, et je m’inclus bien humblement, sur des oeuvres publiées en bonne et due forme. Sommesnous mieux placés que les éditeurs pour juger de la pertinence d’un texte? Je l’ignore. Je suis par-

tagée. Lorsque je pense à tous ces auteurs qui sont refusés ou qui ont longtemps été refusés, comme Marcel Proust notamment, je me retrouve devant l’impasse. Je ferai le grand sacrilège de prendre un exemple sorti de ma vie bien stationnaire. Qu’on se le tienne pour dit, moi, mon truc, c’est la poésie. J’en ai lu, j’en lis et j’en lirai. Un jour de brume, je cherchais maladroitement quelques titres en librairie lorsque je suis tombée sur un petit recueil de trente pages ayant pour titre quelque chose comme Le printemps de ma vie. Je ne me souviens plus de l’auteur ni de la maison d’édition –j’imagine qu’il s’agit d’un coup de ma mémoire sélective– mais c’est secondaire. Ce qui importe est que la lecture de ce petit livre m’a complètement sidérée. C’en était, de la vraie «marde». Peutêtre de la fausse aussi, mais bon, «d’la marde». Ça ressemblait aux

les Tireux d’Roches avant de se consacrer à ses projets solo. Et il commence cette nouvelle aventure de belle façon! Celui qui a été finaliste aux Francouvertes en 2009 et au Festival de la chanson de Granby en 2009 sait se faire remarquer. Une belle sensibilité, des mélodies bien ficelées et une prose délicieusement simple habitent l’album, qui est étonnament achevé pour un premier opus. Le jeune musicien crée avec succès un univers musical dans lequel on a envie de s’attarder, et qui laisse présager une carrière fort intéressante.

On aime particulièrement la voix du chanteur, et surtout son accent, qui donne une saveur originale à ses compositions. Des chansonniers qui ne tentent pas de se donner des airs de faux-français, il n’y en a pas des tonnes. Les accents folk de l’album laissent d’ailleurs une grande place à la voix et au texte. Un artiste qu’on aura plaisir à découvrir et à voir évoluer.

poèmes que nous faisions plus jeunes à la fête des mères: un mélange d’eau de rose, de bourgeons éclos et de cheveux longs comme les rivières. Croyez-moi, je n’ai aucun scrupule à m’exprimer ainsi. Un concours de pastiche aurait prouvé que tout le monde peut publier. Cela irait comme suit : «ta peau blanche comme la lune, tes sourires aussi doux que l’aurore, ta tendre voix d’automne fleurissent dans le jardin de ma vie». Je ne pouvais pas croire, et je ne le crois toujours pas, que des gens se soient assis, qu’ils aient lu et qu’ils en soient arrivés à la conclusion que ces poèmes en valaient le coup. Aberrant! Peut-être était-ce l’exception à la règle, mais chose certaine, l’exception confirme quand même le risque de récidive. Ce que je questionne ici, c’est la norme qui gouverne la

publication, aussi synchronique soit-elle, c’est-à-dire «relative à une époque et à une civilisation», comme l’a défini le poète québécois Fernand Ouellette. Or, force est d’admettre qu’il y a toujours eu du bon et du mauvais et qu’il y en aura encore demain, peu importe l’époque. Est-ce à dire que le débat est inexistant parce qu’il n’a ni début ni fin? Je crois que le débat a sa raison d’être, mais il se clôt difficilement. La norme reste et restera ce qu’elle est à sa plus simple expression selon moi: mobile. Et puisque la norme se dit fonctionner selon des règles fixes, elle n’est finalement qu’une substance soluble. Un cube de sucre. Ou pas! x Tu as une opinion définie... ou pas? Écris-nous! Ou pas. artsculture@delitfrancais.com

BRÈVES MUSICALES Francis d’Octobre Ma bête fragile Un nouveau venu sur la scène musicale retient notre attention cette semaine. Avec Ma bête fragile, Francis d’Octobre, le nouveau protégé de Tacca Musique, nous livre un premier album merveilleusement tendre. Le lancement, qui avait lieu la semaine dernière à l’Ex-Centris, le propulse dans une carrière solo qu’il a choisi d’amorcer sous un nom d’emprunt qui lui va comme un gant. Artisan du monde musical québécois depuis plusieurs années déjà, il a reçu une formation de percussionniste et a entre autres collaboré avec Catherine Major, Alfa Rococo et

Francis d’Octobre amorcera bientôt une tournée québécoise. Pour connaître les dates de spectacles et pour plus d’information, rendez-vous sur www.francisdoctobre.com.

Gracieuseté Francis d’Octobre

Tomisheep Rhodes Trip Le montréalais Tamàs Bàràny nous offre un album presque complètement accoustique, qui se situe quelque part dans la nébuleuse catégorie du nu-jazz, acid - mais, comme le mentionne l’artiste sur le site, il suffit de se laisser emporter. Établi à Montréal depuis 2005, le Hongrois d’origine travaille dans le milieu de la musique, et a participé à de nombreuses production d’album chez AIR M.S., le studio qui l’emploie. S’éloignant de la musique d’ambiance, les morceaux de Rhodes Trip contiennent des références à l’électro, au rock et à ses guitares hyper-saturées. L’album est issu de la rencontre de

Tomisheep et d’un clavier Fender Rhodes, utilisé autant par les musiciens jazz (Herbie Hancock, Bill Evans) que par Radiohead et Jamiroquai. Ayant reçu une formation classique à l’Académie nationale de musique Béla Bartok, on comprend que Tamàs Bàràny ait choisi d’utiliser exclusivement de réels intruments - même le DJ joue sur un gramophone! Un disque qui, sans réinventer la roue, offre un excellent moment de musique. Tomisheep prévoit une tournée pour le lancement de son album. Pour connaître les dates de spectacles et pour plus d’information, rendezvous sur www.rhodestrip.ca.

Tomi Sheep productions

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Guillaume D. Cyr

THÉÂTRE

Mai Anh Tran-Ho Le Délit

C

’est à partir de trois pièces de William Butler Yeats, Calvaire, Résurrection et Purgatoire, que Christian Lapointe crée et brise ces mythes qui tentent d’expliquer le monde. La pièce, d’une durée de deux heures quarante, est tripartite. La première heure se déroule sous forme d’un rituel. Il y est question de religion et de récits mythiques sur l’origine de l’humanité. La densité du texte poétique de Yeats, traduit par le metteur en scène, peut alors laisser le spectateur perplexe, mais il s’agit moins ici de saisir chacune des phrases que de se laisser pénétrer par l’énergie de la scène. Alors que l’on s’engage dans le second volet de la pièce et que l’Orient laisse place à l’Occident, l’antique au postmoderne et l’occulte au grotesque, les voix et les objets se rapprochent de notre époque. Le spectateur rit, mais regarde aussi avec distance ce tableau de notre monde. Les mythes perdent de leur vernis et dévoilent la nature cyclique de l’existence. «La vie recommence»: nous voici dans les limbes, ni mort, ni vivant.

Les dernières vingt minutes se font cependant moins opaques. Sur scène, aucun comédien, mais pourtant un personnage: un masque posé sur un poteau enveloppé d’une cape. Le spectateur écoute les voix des comédiens qui lui parlent d’ailleurs. Seuls leurs visages apparaissent sur la toile de fond. Limbes est un amalgame réussi de diverses esthétiques et sa mise en scène vient chercher le regard d’un spectateur tenu

«

(...) Il s’agit moins ici de saisir chacune des phrases que de se laisser pénétrer par l’énergie de la pièce.»

en haleine. Christian Lapointe a choisi, dans le cadre de cette nouvelle création, de remplir davantage l’espace scénique sans jamais l’alourdir. De l’usage des masques qui enrichit le caractère rituel et sacré de la représentation à la présence de deux musiciens, dont le metteur en scène lui-même, tout est symbole et tout y est justifié. «Le théâtre est devenu comme la télé», nous dit-il . Il dénonce cet art qui n’est que simple divertissement et ne convie le

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public qu’à une écoute passive. Son théâtre, quant à lui, captive par ce désir de nous faire entrer dans un jeu qui n’est jamais interrompu. Les cinq comédiens sont constamment à la vue du public, même s’ils ne se trouvent pas toujours sur scène, les «coulisses» étant ouvertes. «Je demande aux spectateurs d’être là pendant deux heures quarante. Alors, je demande à mes comédiens d’être là pendant deux heures quarante» ajoute-t-il. Plusieurs qualifient le théâtre symboliste de Lapointe d’hermétique. Mais c’est en fait un théâtre qu’il faut d’abord contempler. «Nous voulons tout avoir tout de suite, tout comprendre tout de suite» dénonce le metteur en scène. Limbes invite à un voyage à travers des mythes qui façonnent notre conscience afin de peut-être mieux les comprendre. Une pièce jouée à Québec, puis présentée au Centre national des Arts à Ottawa, à ne pas laisser passer! x

plein la tête ? La Cinémathèque québécoise vous donne carte blanche ! Soumettez-nous vos projets cinéma ou multimédia à

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Tous les détails au :

Collection Cinémathèque québécoise

Dans le cadre du 10e anniversaire du Théâtre Péril, le directeur artistique Christian Lapointe renoue avec ses premières inspirations dans sa surprenante mise en scène de Limbes présentée au théâtre La Chapelle.

vous avez des idées

Norman McLaren

Contempler les Limbes

Limbes Où: Théâtre La Chapelle 3700, rue Saint-Dominique (coin Avenue des Pins) Quand: jusqu’au 30 janvier Combien: 20$ (étudiant)

Arts & Culture

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ARTS VISUELS

Attendre Nessy Le jeune artiste et écrivain montréalais Steve Lyons présente sa première exposition, Loch Ness, au Centre des arts actuels Skol. Véronique Martel Le Délit

E

ntrer dans la galerie Skol, au troisième étage de l’édifice Belgo, provoque d’abord perplexité et surprise. Un amoncellement de débris –rebuts de cartons, morceaux de bois, draps, farine et ruban à gommer– recouvre le sol alors que l’éclairage tamisé introduit l’observateur dans une ambiance propice au mystère et à la réflexion. Au fond de la petite pièce carrée, un téléviseur est allumé; il affiche l’image de l’amas de matériaux filmé par une caméra située à droite de la pièce. Toutefois, l’image à l’écran représente étrangement un observatoire scientifique à flanc de montagne, près d’un lac. Voilà la première surprise du visiteur: l’écart considérable entre ce qui se trouve dans la pièce et ce qui est à l’écran. Sur l’image se trouvent deux individus debout sur le quai de l’observatoire. Ils sont penchés sur une longue-vue géante et portent leur regard au loin vers le lac qui s’étend devant eux. Cette image en noir et blanc reproduite sur le téléviseur est la copie presque identique d’une photographie qui se retrouve dans The Monster of Loch Ness, un livre du biologiste de l’Université de Chicago, Roy P. Mackal publié en 1976.

Steve Lyons explique que l’idée de son exposition vient du titre de cet ouvrage scientifique. La photographie dans ce livre est celle de deux hommes qui attendent patiemment une quelconque manifestation de Nessy, le monstre du Loch Ness. Steve Lyons s’intéresse-til à la biologie? Pas vraiment. Toutefois, selon l’artiste, l’attente des deux scientifiques sur la photo du livre est similaire à la sienne; lui aussi travaille docilement sur son projet sans en connaître le résultat futur.

Lyons parle du monstre du Loch Ness comme d’une métaphore de la place qu’occupe le public dans l’art contemporain. Il considère celui-ci comme faisant partie intégrale de son œuvre d’art autant par sa réception que par sa participation active. Ainsi, il encourage les visiteurs à se déplacer dans son installation afin de se retrouver au cœur même de l’œuvre, Loch Ness occupant la majeure partie de l’espace dans la galerie. Il peut alors se voir lui-même sur l’écran du téléviseur, comme une composante de l’image.

Gracieuseté Skol

Deuxième surprise: l’observateur comprend qu’il participe à l’image et que s’il bouge ne serait-ce qu’un des bouts de bois qui jonchent le plancher, celle-ci en serait changée. Son intervention donnera donc un tout autre aspect à l’œuvre de Steve Lyons. Mais une question persiste. Comment Lyons a-t-il pu, à partir de débris à même le sol, reproduire une photographie du début du 20e siècle? L’artiste explique que l’image est en fait une illusion créée par la perspective. C’est le positionnement des objets sur le sol qui forme cette représentation d’un observatoire à flanc de montagne. Nessy existe véritablement puisqu’il réside dans l’illusion, dans le désir persistant que les biologistes avaient de voir le monstre. Lyons considère son art ainsi, comme une volonté de percevoir quelque chose d’inattendu à travers des matériaux qui, seuls, ne produisent aucun effet artistique. Dans Loch Ness, Lyons réussit à rendre l’espace dynamique et à le sculpter. La pertinence de l’exposition résidant dans l’importance accordée à l’imagination de l’observateur, cette installation changera véritablement la façon dont il peut entrer en contact avec une œuvre d’art. x

LE ROMAN-FEUILLETON DU DÉLIT

Flagrant délit de tendresse Marie-France Guénette Le Délit

«

Il y a un but, mais pas de chemin; ce que nous nommons chemin est hésitation.» Franz Kafka

D

epuis qu’Elle a lu la lettre de Richard, Elle est perdue et frustrée. Toutes les promesses qu’il lui avait faites se sont envolées avec le pigeon voyageur. Richard s’est avéré un patient à risque pour les crises cardiaques; il ne peut donc plus prendre les miraculeuses pilules bleues qui l’avaient transformé en dieu du sexe. Son bel étudiant est distant. Elle ne le croise plus dans les couloirs, seulement dans les aléas de ses songes. Elle ne sait plus comment l’oublier… Comment oublier la ferveur, la passion, l’a… l’amour? -Elle avait suivi le conseil d’Emma et s’était forcée à se rendre au speed dating organisé par des étudiants désespérément amoureux qui voulaient offrir aux âmes perdues l’opportunité de trouver un point à leur «i», une virgule à leur point virgule, un soupçon de tendresse dans le gris inconsolable du mois de janvier. -How was the speed dating? Oh, right, il faut parler français. Je dois pratiquer pour impressionner mon amant parisien, Guillaume. (clin d’œil et sourire en coin) -Euh, j’ai rencontré un gars qui étudie en éducation physique. Même si je ne veux pas généraliser en disant que personne ne lit aujourd’hui, sauf les étudiants en Arts, quand je lui ai demandé ce qu’il aimait lire, il m’a répondu «la circulaire de Canadian Tire, et des magazines de moto».

16 Arts & Culture

-(Éclat de rire) Il n’y avait personne qui t’intéressait plus que ça? -Si on exclut M. Publisac, l’organisatrice m’a regardé tout le long en souriant. Elle m’a dit à la fin de la soirée qu’elle me trouvait belle. -Honey, I know you’re disappointed in men right now, but I really don’t think looking to women for consolation is the answer. -I suppose, but she… -I don’t mean to be reductive or vulgar, but you do know that women don’t have quite what you’re looking for… Elle n’aurait su mieux verbaliser sa pensée. À la fin de la soirée speed dating, Annie l’avait approchée et lui avait dit: «Tu dégages quelque chose de séduisant. Si tu m’en donnes la chance, je te promets que je te ferai oublier tous les hommes de ton passé avec un simple coup de ma langue.» Intriguée, Elle avait accepté de rejoindre Annie au Drugstore, un bar de lesbiennes sur Sainte-Catherine, pour une soirée karaoké. Annie semblait parfaitement à l’aise parmi les jeunes femmes aux cheveux courts qui ne cessaient de les regarder comme de la viande fraîche. Malheureusement, la soirée karaoké avait viré soirée matante lorsqu’une vague de femmes dans la miquarantaine complètement ivres affichant un look banlieusard s’étaient mises à chanter. Elle s’était réjouie de ne pas penser à Lui pendant la soirée, mais même si Annie avait le regard sulfureux d’une amante d’exception, Elle cherchait partout le noir des yeux du sosie d’Ovila. Elle se sentait mal à l’idée de faire croire à cette charmante jeune dame qu’Elle pourrait en être amoureuse. Peut-être que sa pudeur la privait de vivre une histoire d’amour avec une femme, ou peut-être qu’Elle était amoureuse de Lui…

Il lui fallait réfléchir à ces propos. Annie l’avait invitée dans son lit pour un bref moment d’amour, en précisant qu’elle employait le terme «bref» au sens lesbien du terme où il signifie «au moins quelques heures». Difficile de résister, et why not?

Quand Annie la caressa et lui apposa un tendre baiser à la commissure des lèvres, Elle faillit remettre sa sexualité en question, mais la torpeur de son bel étudiant lui était impossible à oublier. x

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