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le délit delitfrancais.com

Publié par la société des publications du Daily, une association étudiante de l’Université McGill.

Gouvernance mondiale: qui nous mène en bateau?

Le pitch de Paul Martin > 3 Sensibilisation à la sauce Dallaire > 4 Treize à table: le retour en force du théâtre de boulevard > 11 Barney’s Version à l’écran: entrevue avec Macha Grenon > 13 Le mardi 9 novembre 2010 - Volume 100 Numéro 9, le seul journal francophone de l’Université McGill.

Citoyens et étudiants depuis 1977


Nouvelles nouvelles@delitfrancais.com

CAMPUS

McGill, championne des dons philantropiques L’Université McGill, celle qui prend souvent la tête des palmarès comme «meilleure université canadienne», se démarque aussi par sa capacité à attirer de généreux donateurs. Stéphanie Dufresne Quartier Libre

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omme sur bien des plans, McGill fait figure d’exception en matière de financement philanthropique. En octobre 2007, la rectrice et vice-chancelière de McGill, Heather Munroe-Blum, a inauguré en grande pompe une campagne de financement d’une envergure sans précédent. La Campagne de financement McGill vise à ramasser 750 M$ en cinq ans, ce qui représentait au moment du lancement «la cible initiale la plus ambitieuse pour une campagne de financement universitaire», selon la rectrice. À deux ans de la date butoir, 570 M$ ont été empochés, soit 76 % de l’objectif final.

«Les entreprises ou les individus fortunés peuvent contourner le gouvernement, qui se retrouve alors appauvri et perd sa capacité à financer les universités sans restrictions», poursuit-il. «Et de l’autre côté, ils vont redonner cet argent là où il serait allé, dans une

logies et de l’énergie. L’entreprise publique Hydro-Québec figure également dans le haut de la liste, avec un don de 10 M$ sur 10 ans destiné à financer la recherche de pointe dans le secteur de l’énergie. Cette générosité n’est pas sans soulever des enjeux éthiques, com-

Une panacée au sous-financement ? La rectrice de l’Université McGill, comme ses homologues québécois, plaide activement pour accroître le financement du réseau universitaire de la province. Or,

À titre de comparaison, la campagne Un monde de projets, lancée en partenariat par l’Université de Montréal, HEC Montréal et l’École Polytechnique en 1999, avait réussi à recueillir 218 M$ à son terme en 2003, dépassant son objectif de 125 M$. Pour sa part, la Fondation de l’UQÀM a récolté 140 M$ sur une période de… 30 ans! L’Université inc. Qui sont ces généreux mécènes qui sont prêts à sortir leur chéquier pour soutenir la cause des universités ? «La majorité est formée d’anciens étudiants qui sont fiers de leur éducation», affirme Derek Cassoff du bureau de Développement et relations avec les diplômés de McGill. Les diplômés ont contribué à la campagne dans une proportion de 55 %, contre 25 % pour les autres individus et 20 % pour les entreprises. «McGill est une marque forte ajoute M. Cassoff et quand on sollicite des dons, tout le monde veut investir dans une marque gagnante, qui marche.» Au-delà de la fierté, les donateurs y trouvent aussi leur intérêt: «C’est un moyen de contourner l’impôt», indique Gilles Gagné, professeur de sociologie à l’Université Laval.

2 Nouvelles

McGill attire la surenchère. Gracieuseté de wikipedia.org/wikimedia/commons

institution publique, mais en ayant l’avantage de dicter ce à quoi il servira.» Les petits donateurs peuvent en effet choisir de diriger très précisément leur contribution vers l’un des nombreux programmes préexistants du fonds annuel, alors que les dons de plus grande envergure font l’objet d’un contrat spécifique entre le contributeur et l’université. «Lorsque les gens donnent, ils préfèrent choisir là où leur argent sera investi», reconnaît Momsieur Cassoff. Parmi les grands donateurs, plusieurs sont d’anciens diplômés qui ont fait fortune dans le domaine de la finance, des techno-

me en témoigne la controverse qu’a soulevée le don de la compagnie minière Osisko remis à McGill en décembre dernier. La contribution de 4,1 M$, sous la forme d’actions de la compagnie, est destinée à la recherche en géologie minière dans l’objectif «d’assurer l’avenir de notre industrie», selon le vice-président directeur d’Osisko, Robert Wares. L’éthique de la transaction a toutefois été remise en question lorsque les pratiques environnementales et sociales d’Osisko, qui exploite un gisement aurifère dans le village de Malartic en Abitibi, ont été dénoncées publiquement par des citoyens. Toutefois, pour McGill, «rien ne contre-indiquait l’acceptation du don».

dans un contexte d’austérité budgétaire au gouvernement et de dissension sociale sur la hausse des droits de scolarité, la philanthropie apparaît comme une troisième voie attirante pour combler le déficit budgétaire de l’université. «La philanthropie, c’est le seul moyen de financement que l’on contrôle, soutient Derek Cassoff, alors que nos deux autres sources de financement principales, les subventions gouvernementales et les droits de scolarité, sont hors de notre contrôle.» Loin d’être un colmatage ponctuel du déficit, la philanthropie s’inscrit dans la stratégie de financement à long terme pour l’université. Après la fin de son

ambitieuse campagne, en 2012, McGill souhaite «créer une véritable culture de la philanthropie, explique M. Cassoff, afin de continuer à recueillir des dons à hauteur de 100 M$ chaque année.» Ce montant représente environ 15 % du budget annuel de fonctionnement de l’université. «Il y a un effet “poudre aux yeux” là-dedans», observe toutefois M. Gagné. «D’un côté, le privé finance à hauteur de quelques millions et devient le bienfaiteur de l’humanité, avec son nom partout, remarque le professeur de l’Université Laval, alors que, de l’autre côté, le public finance la grande majorité, mais je n’ai pas encore vu un pavillon de HEC Montréal avec le nom des contribuables sur un mur des généreux donateurs!» Les étudiants divisés Comme sur bien des questions, point de consensus chez les étudiants au sujet du financement philanthropique. «Il faut faire attention, car le financement privé est en train de changer la mission de nos universités: elles doivent rester au service de la collectivité, pas des entreprises», met en garde Gabriel Nadeau-Dubois de l’ASSÉ, un syndicat étudiant de gauche. Autre son de cloche du côté de la FEUQ, où le président LouisPhilippe Savoie estime qu’«on devrait encourager davantage la philanthropie, car elle permet de financer le réseau sans hausser les contributions étudiantes, surtout qu’il existe déjà des mesures pour éviter les dérapages». Au bureau de la ministre de l’Éducation Line Beauchamp, on s’abstient de prendre position: «On attend de voir quel consensus émergera dans le milieu», conclut l’attaché de presse Dave Leclerc. x

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CAMPUS

Notre Tiers-Monde Paul Martin était à McGill la semaine dernière pour inciter les McGillois à prendre conscience de l’existence des problèmes entourant l’éducation des peuples autochtones. Éléna Choquette et Devon Paige Willis Le Délit

«L

’éducation est la base du futur de tous» a dit Paul Martin, l’ancien premier ministre du Canada, en visite au Faculty Club de l’université, «mais tout spécialement celle du futur des peuples autochtones.» Si plusieurs pans de l’Initiative d’Éducation Autochtone vise à supporter l’entrepreneurship au sein des communautés autochtones, l’Initiative de Martin vise essentiellement à rendre l’éducation secondaire et post-secondaire plus accessible à la communauté «la plus jeune et la plus prolifique du Canada.» Le principal obstacle avec lequel l’ancien premier ministre doit composer est l’indifférence des Canadiens, expliquait-il. Il soulignait qu’il rencontre très régulièrement des Canadiens travaillant à l’étranger pour subvenir aux besoins des populations du Tiers-Monde. «Seulement, ajoute-il, les Canadiens doivent réaliser qu’ils ont leur propre Tiers-Monde, et ce, à l’intérieur de leurs frontières.» Andrew Doyle, sénateur étudiant pour la Faculté d’ingénierie, présent à la conférence, a également soulevé le problème de l’indifférence qui atteint la majorité des étudiants mcgillois. À cela, Martin a répondu qu’il faudrait travailler de pair avec les étudiants autochtone déjà présents sur le campus. À la tête du gouvernement Quoiqu’il soit aujourd’hui connu comme étant celui qui a fait des compressions budgétaires dans les programmes sociaux

au moment où il était ministre des Finances, Martin soutient avoir notamment été responsable de création de la Fondation Autochtone de Guérison, mandaté pour pourvoir aux besoins des victimes des pensionnats indiens. Il aurait également travaillé à la rédaction de l’excuse formelle au sujet de ces mêmes écoles. «Ceux qui croient que les pensionnats indiens n’ont eu aucun effet sur les différentes générations des populations autochtones n’ont qu’à prendre conscience des faits. Elles ont eu de terribles conséquences.» Il soulignait que pendant plus de 200 ans, les Canadiens ont privé des peuples autochtones de leurs traditions, leurs religions, et leur propre conscience. Pour lui, la discrimination prend aujourd’hui une tournure plus sournoise, alors que la discrimination se traduit par le sous-financement du système d’éducation des peuples autochtones. Par exemple, les écoles ontariennes hors-réserve recevraient près de 12 000$ des deux paliers de gouvernement pour chacun des élèves. Dans les réserves, les écoles disposeraient de moitié moins de ressources. Paige Isaac, coordinatrice de la Maison des peuples autochtones à McGill, étudiante en science et et originaire de la communauté Micmac, dans la région gaspésienne au Québec, abonde dans le même sens. «Peu de Canadiens saisissent la tragédie de l’expérience relative aux pensionnats autochtones, et à la communauté autochtone en général» et c’est la raison pour laquelle la Maison des peuples autochtones

existe. Elle souligne que l’organisation dont elle est présidente organise chaque année un pow wow, pendant lequel un segment d’une population autochtone se rend sur le campus, des journées culturelles, des projections de films et des soirées informatives. Pour Paige Isaac et Paul Martin, il ne s’agit pas de s’asseoir avec les décideurs politiques fédéraux, provinciaux ou territoriaux, et de dire aux décideurs autochtones ce qu’ils doivent faire, mais plutôt leur demander comment on peut les aider. «J’aurais tendance à croire qu’on a effectivement besoin de l’expérience de ceux qui ont réussi à assurer une éducation de qualité pour mettre de nouvelles écoles sur pied, et les administrer» lance Paige Isaac. «Assurément, il n’y a pas suffisamment de professeurs et d’administrateurs autochtones pour le moment.» L’ancien Premier ministre mentionnait qu’il faut également y aller à coup de solutions novatrices. Par exemple, il mentionne la création d’un site web pour fournir des ressources pédagogiques et informatives aux écoles très éloignées et privées du support des commissions scolaires. Il a également fait allusion à la création d’un programme de mentorat pour les étudiants en comptabilité, la fondation d’écoles-modèles, et la mise sur pied d’un programme de partenariat entreprenariat jeunesse. Pour Taylor Lawson, sénateur étudiant de la Faculté des Arts, il est inadmissible que McGill n’offre pas de programme en études autochtones. «On a quarante ans de retard sur le col-

Paul Martin lance une initiative pour l’éducation des autochtones. Devon Paige Willis / Le Délit

lège Dartmouth, et trente ans sur l’Université Harvard. Même ici au Canada, l’Université de l’Alberta a une Faculté d’études autochones.» Il souligne pourtant qu’il y aurait des efforts investis sur le campus pour mettre sur pied la possibilité de faire une mineure en études autochtones. Le doyen de la Faculté des Arts, Christopher Manfredi, a profité de la conférence pour an-

noncer un nouveau partenariat entre l’université et le Councilling Foundation of Canada, ayant pour visée une plus grande accessibilité de l’éducation aux étudiants autochtones, spécialement au sein de l’école du service social et à la Faculté de Médecine. À cet effet, le Council Foundation Canada a émis un don de 60 000$ via le programme Indigenous Access McGill. x

Des promesses, toujours des promesses Retour sur le XIIIe Sommet de la Francophonie. Joël Mebada Le Collectif

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e 13e Sommet de la Francophonie vient de s’achever. Que retenir de ce Sommet qui a réuni pendant trois jours à Montreux, en Suisse, les pays ayant en commun la langue française et qui avait pourtant été annoncé comme le Sommet au cours duquel la langue devait être remise au centre de toutes les préoccupations? Le Sommet a commencé par une rencontre du Conseil permanent de la Francophonie, que présidait le secrétaire général sortant, Abdou Diouf, assisté pour la circonstance de la ministre des Affaires étrangères suis-

se, par ailleurs présidente de la Conférence ministérielle de la Francophonie. L’allocution du premier ministre du Canada, Stephen Harper, qui se devait en tant qu’ancien hôte du Sommet de passer le témoin à la Suisse, a permis le démarrage effectif des travaux pour les chefs d’État et de gouvernement. Par la suite, l’essentiel des travaux s’est déroulé en atelier avec des thématiques variées portant sur «La Francophonie acteur des relations internationales et sa place dans la gouvernance mondiale», mais aussi «La Francophonie et le développement durable: les solidarités francophones face aux grands défis» et enfin «La langue française et l’éducation dans un monde glo-

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balisé: les défis de la diversité et de l’innovation». De loin le sujet le plus intéressant, mais hélas très peu de résolutions ou d’actions concrètes ont été envisagées pour redynamiser la langue française, qui est pourtant en net recul partout dans le monde et notamment au Québec. Prenons le cas de la Belle Province, car il est représentatif de la situation que vit le français dans le monde. Lorsqu’on évoque le sujet de langue, il y a fort à parier que le débat sera passionné, et parfois nationaliste, on a pu le constater ces derniers temps avec la loi 101 et ses corollaires que sont les lois 103 et 115. On est, de plus, sûr d’avoir à affronter deux camps: celui des plus de 45 ans, qui voient dans la langue

anglaise le souvenir du colonisateur, de l’oppresseur, et celui des 45 ans et moins, qui voient dans cette langue peut-être pas de la poésie, mais tout au moins le Blackberry, Internet et toutes les innovations qui y sont attachées. L’anglais ne fait donc pas peur aux jeunes générations qui ne demandent d’ailleurs qu’à l’apprendre. Alors pourquoi défendre la langue française, me direz-vous? Parce que cette langue «offre des possibilités d’expression qui ne se rencontrent dans aucune autre langue» comme le dit si bien le secrétaire général de la Francophonie. Hors, là où le bât blesse, c’est que, justement, depuis l’arrivée de Diouf, force est de reconnaître que l’art et la culture n’ont que trop laissé

la place à la politique. Remettre la culture au centre de l’action de l’organisation permettrait également de donner une meilleure visibilité à ses différentes activités. Est-il également nécessaire de préciser que la culture demeure le meilleur véhicule de propagation d’une langue à ce jour? Car comme chacun le sait, le changement ne se décrète pas, il se négocie. Abdou Diouf doit donc repenser son organisation et moins voir son rôle comme celui d’un magistère d’influence. Il faut cependant saluer la décision de créer une commission chargée de réévaluer les critères d’adhésion à l’organisation et le nombre accru de pays observateurs au sein de l’organisation. x

Nouvelles

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POLITIQUE INTERNATIONALE

Plaidoyer pour l’engagement L’homme qui a serré la main du diable est venu à Concordia éclaircir la problématique des enfants-soldats et promouvoir l’engagement social. Francis L.-Racine Le Délit

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’est dans le grand auditorium de Concordia que l’Honorable Lieutenant-Général et Sénateur Roméo Dallaire est venu offrir une conférence axée sur l’engagement de la jeunesse dans le monde aux chanceux qui ont réussi à se tailler une place assise, dans un fauteuil ou sur les marches. Avec une aisance déconcertante sur scène, M. Dallaire est venu sensibiliser l’auditoire à la question des enfants-soldats dans les pays victimes de guerres civiles et de guérillas. Il a dénoncé l’utilisation des enfants par les groupes armés comme une arme de guerre. Ainsi, il a présenté l’organisation qu’il chapeaute: Zero Force, qui cherche à bannir l’utilisation des enfants comme armes de guerre. M. Dallaire est venu souligner que le Canada avait beaucoup à donner au monde entier. Il rappelle à l’auditoire les exploits du Canada lors de la Deuxième Guerre mondiale où un million de jeunes hommes et jeunes femmes sont allés défendre la liberté en Europe. M. Dallaire a décrit la période actuelle comme une période de révolution où l’avenir est entre nos mains: «The future is yours to shape not to survive; are you participating in the shape or surviving the future?» a-t-il lancé à l’auditoire déjà conquis. M. Dallaire a demandé aux jeunes étudiants universitaires présents d’harceler leur député fédéral pour ne pas abdiquer devant les politiciens: «You hold the balance of power this great democracy that is

Canada». Il a dénoncé le manque de vision des affaires étrangères du Canada affirmant que les politiques étrangères n’étaient pas considérées lors des élections et que le statu quo (au niveau de la politique étrangère) était synonyme de régression dans cette ère de changement et d’incertitude. Aussi a-t-il porté le message de la nécessité pour le Canada d’avoir une vraie et concrète politique étrangère. L’esprit vif et accrocheur, M. Dallaire a exhorté les jeunes présents à prendre les choses en main: «Leadership will always produce results well above what the science of management predicts as possible; where leadership will influence human beings and there is no limits to human beings». C’est dans cette optique de prise en main que M. Dallaire a décrit le nouveau désordre mondial où 80% de la population mondiale vit dans la pauvreté: les nettoyages ethniques et génocides sont plus fréquents qu’avant, la peur du terrorisme a embrasé la planète et il existe toujours au moins 27000 ogives nucléaires connues et 3000 non répertoriés. Tout cela dans un contexte où on ne sait plus qui sont les gentils et qui sont les méchants comme lors de la Guerre Froide. Il a vivement dénoncé le fait que les enfants sont devenus la principale cible des guerres civiles où désormais 60% des enfants utilisés comme enfants-soldats sont des garçons et que 40% sont des filles. M. Dallaire n’a pas pu esquiver la question du Rwanda, mentionnant que l’ONU n’avait pas laissé tomber le Rwanda, mais qu’il s’agissait bien des états souverains dans le monde qui

L’Honorable Lieutenant-Général et Sénateur Roméo Dallaire à Concordia Max Dannenberg

avaient laissé tombé le Rwanda. Il a décrit l’inaction comme une action. En conclusion de son exposé, M. Dallaire a rappelé à l’auditoire que le monde avait besoin d’une nouvelle génération de leaders, en faisant référence aux jeunes dans la salle. Au long de la conférence, M. Dallaire avait demandé à plusieurs reprises si un enfant né au Canada valait plus qu’un

enfant né en Afrique; et si les pays riches laissaient passer la menace des enfantssoldats dans les pays en guerre, alors oui un enfant né au Canada valait plus qu’un enfant né en Afrique aux yeux des dirigeants qui laissaient cette situation continuer. Il a ré-enchérit et conclu en disant que «All humans are human and therefore every child born in the world has the same value.» x

POLITIQUE INTERNATIONALE

La traite humaine

Amnesty McGill, un chapitre universitaire de l’organisation internationale des droits de l’homme, a organisé une discussion et une séance sur le sujet de la traite des être humains. Augustin Chabrol Le Délit

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ercredi soir dernier (3 novembre) – Janet Dench, directrice du Conseil canadien pour les réfugiés (CCR), est venue à McGill pour discuter de la problématique internationale de la traite des êtres humains. Les victimes sont involontairement incorporées dans ce système par toutes sortes de méthodes, parmi lesquelles la tromperie et l’enlèvement. Dans la plupart des cas, les auteurs détiennent les informations personnelles de la victime –son adresse, son identité, l’identité de ses proches– pour l’empêcher de fuir ou de dénoncer le système aux autorités policières. C’est de l’esclavage moderne. Pour contrer cette menace envers les personnes les plus vulnérables, 117 pays ont adopté un protocole en 2003 pour prévenir, supprimer et punir des actes de traite, reconnaissant ainsi la problématique mondiale. «Which tells you right away that they’re approaching not from a human rights perspective but from a perspective of crime», avertit Janet

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Dench. D’après elle, ce protocole met l’accent sur la poursuite des criminels plutôt que sur la protection des victimes. Madame Dench a aussi illustré les situations difficiles dans lesquelles les victimes se trouvent lors de la dénonciation du système à l’autorité publique. Elle donne l’exemple d’une femme philippine exploitée au Canada et forcée de fournir des services domestiques pour une famille. Son passeport lui a été confisqué, elle n’est pas payée et elle ne connaît ni la langue du pays ni d’autres personnes qui pourraient l’aider. Elle est complètement vulnérable. Par chance, elle parvient à se mettre en contact avec une avocate et avec le bureau d’immigration. «Well you’re not here legally in this country. We’re going to have to deport you», dit Janet Dench, en imitant le bureau d’immigration. Elle explique que l’avocate devait se battre pour que la femme puisse obtenir au moins deux semaines pour pouvoir réclamer l’argent qu’elle aurait dû gagner durant sa période de traite. «So that gives you an example of the way in which law is in fact favouring the traffickers.»

De plus, les réglementations du bureau d’immigration spécifient que, pourvu qu’il y ait suspicion de traite, il y a raison de détenir la victime. En effet, la loi cherche à détenir et à expulser les victimes à la fois. Mais de quelle manière une victime peut-elle être aidée? C’est bien la question que le Conseil canadien pour les réfugiés (CCR) se pose. «What do we do if the law doesn’t protect the person. How can you help them?» Il s’agit d’aider et de protéger la victime par la loi. Le CCR a fait une proposition pour une modification législative. Elle prévoit qu’un statut temporaire soit fourni immédiatement aux victimes d’esclavage. Ce temps devrait permettre à la victime de considérer ses options: si elle veut rentrer dans son pays d’origine dignement sans avoir été expulsée, ou bien s’elle veut rester au Canada et avoir donc la possibilité de demander un visa. Une telle modification législative, selon Madame Dench, assura la protection des personnes victimes d’esclavage. «I didn’t know anything about human trafficking», explique Jiles Ayers, vice-pré-

sident finance du club Amnesty McGill, «When I was listening to Mrs. Dench speak, it was very informative for me.» Amnesty McGill est une branche universitaire d’Amnesty International, une des plus grandes organisations de défense des droits de l’Homme. Les jeunes universitaires d’Amnesty McGill ont organisé cet événement. «We wanted to do an event focused on global human traficking since it’s an enormous problem» explique Ayers. «We hoped to raise awareness for a bunch of the issues that we wanted to talk about and I think we definitely did.» x

Vous traitez le texte? Écrivez-nous

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POLITIQUE CANADIENNE

Projet de loi C-300: Destination Calgary La loi sur la responsabilisation des sociétés à l’égard de leurs activités minières, pétrolières ou gazières veut renforcer la conscientisation de leur impact sur la société canadienne et sur l’environnement. Genviève Lavoie-Mathieu Le Délit

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e n’est certainement pas nouveau et encore moins étonnant d’entendre parler des «grandes corporations sans scrupules en matière d’environnement et de droits humains». Notamment après les scandales des pétrolières: BP dans le golfe du Mexique, Exxon Mobil en Équateur, Shell au Nigeria. Au Canada, les compagnies minières ont fait l’objet d’un rapport commandé par les Prospectors and Developers Association of Canada (PDAC). L’étude a été rendue publique grâce à Mine Alerte (Mining Watch Canada), qui a réussi à obtenir une copie du rapport gardé secret jusqu’alors par l’industrie minière. Ce rapport rend compte de 171 incidents s’étalant sur une période de dix ans, de 1999 jusqu’a 2009. Ces incidents impliquaient des compagnies minières internationales, dont un tiers étaient reliées aux opérations de compagnies ayant siège social au Canada. De ces incidents, 32% se sont produits en Amérique latine, 24% en Afrique subsaharienne, 19% en Asie du Sud-Est et 12% en Asie du Centre Sud, selon le rapport publié. Mine Alerte fait partie d’une coalition pancanadienne qui regroupe des organisations supportant le droit des autochtones, la défense environnementale et les droits de l’Homme. Ils étaient en faveur du projet de loi C-300, Loi sur la responsabilisation des sociétés à l’égard de leurs activités minières, pétrolières ou gazières, déposé en mai 2009.

Mine Alerte a signifié que le phénomène des abus commis par les compagnies minières démontre que les violations des principes de la responsabilité sociale des entreprises (RSE) constituent un phénomène généralisé plutôt que quelques pommes pourries. Le projet de loi C-300, qui prévoyait une régulation plus stricte, ordonnant plus de transparence et d’imputabilité envers les actions des compagnies minières à l’étranger a été défait après un vote le 27 octobre dernier. Les résultats étaient serrés: 134 en faveur (44%) contre 46% qui ont voté contre (tous les conservateurs ayant voté contre à l’exception de quelques uns qui se sont abstenus). Notons que 9,7% des députés n’ont pas ou n’ont pu exercer leur droit de vote. Sur le campus, il existe un groupe de recherche McGill Research Group Investigating Canadian Mining in Latin America (MICLA) dont le Professeur Daviken StudnickiGizbert, professeur au département d’Histoire de l’université McGill, est l’un des coordonnateur et Le MICLA est un collectif de recherche indépendant fondé en 2006 et dédié à l’étude des différentes facettes de l’extension de compagnies minières en Amérique Latine pour mieux faire comprendre l’ampleur et les effets du problème sur les communautés et l’environnement. Une base de données des nombreux cas répertoriés par le MICLA devrait être publiée ce printemps, selon le Professeur Studnicki-Gizbert.

Le Bloc Québécois et le NPD appuyaient le projet défait. Raphaël Thézé / Le Délit

Malgré les limites du projet de Loi C-300 (qui ne prévoyait rien en matière de dépenses des fonds publics) et le fait que le projet ne fut pas adopté, C-300 a eu des répercussions positives, selon le Professeur StudnickiGizbert. Celui-ci parle du projet comme ayant «chatouillé les

compagnies minières», ce qui a mené à la mobilisation intense du côté des lobby miniers qui ont fait pression sur plusieurs parlementaires libéraux pour qu’ils changent leur vote. Ce qui est important et redonne espoir dans cette «guerre», selon le Professeur Studnicki-

Gizbert, c’est que cela ait attiré une attention médiatique sans précédent sur le phénomène dans tous les journaux et médias canadiens, et ce n’est que le début. Le NPD et le Bloc québecois ont aussi des projet de loi sur la table. À suivre. x

d’offrir des légumes frais, abordables et biologiques en provenance d’une ferme située à une heure de Montréal. L’idée est inspirée en partie du système d’agriculture soutenue par la communauté dont le réseau a été mis en place par Équiterre en 1996, qui continue à offrir des paniers de légumes biologiques de saison, en été comme en hiver, à travers divers points de chutes prédéterminés. Qu’est-ce qu’on y gagne? Des produits frais, locaux, exempts d’emballage, de pesticides et d’organismes génétiquement modifiés (OGM). Ce sont des détails qui ont leur importance dans un pays comme le Canada, où la réglementation des OGM est quasi inexistante et où un grand nombre de pesticides utilisés en agriculture contient pas moins d’une soixantaine d’ingrédients actifs bannis dans la plupart des autres

pays industrialisés. Et bien sûr, le goût… Dans son livre The End of Food, Thomas Pawlick explique que développer des légumes pour améliorer leur durée de conservation, leur résistance à la manutention, leur couleur ainsi que leur uniformité a fortement contribué à la chute de la valeur nutritive et de la saveur des aliments au cours des dernières décennies. Dans une ferme biologique, on a plus de chances de trouver des variétés non sélectionnées. Alors si ce n’est pour la planète, au moins pour nos papilles, retournons aux sources dans nos assiettes cette saison. x

CHRONIQUE

Je suis ce que je mange Bulle climatique

Andreea Iliescu

Malgré le froid qui s’installe PARTOUT dans la province, on a qu’à franchir les portes d’un supermarché pour voir que le portrait est bien différent. On y trouve toujours

des tomates et des concombres aussi rouges et aussi verts. Été comme hiver, côté alimentation, c’est du pareil au même. Des fraises, en veux-tu, en voilà! En même temps, en tant que consommateurs éco-avertis, nous savons que les légumes de saison demandent moins d’énergie à produire que ceux qui ne le sont pas. Nous savons que les fruits exotiques, tels les ananas et les mangues, ne poussent pas sous la neige et que, même s’ils sont de saison dans leur pays d’origine, ils laissent une énorme «trace carbone» lors de leur voyage vers Montréal. Tout en restant dans notre pays, le bilan n’est pas plus brillant quant à notre trace carbone. L’agriculture au Canada représentait 8,6% des émissions de gaz à effet de serre (GES) en 2006 alors que seulement 7% de la surface du pays est cultivée. Les émissions de GES provenant

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de l’agriculture ont d’ailleurs augmenté de 26% entre 1990 et 2006. Cette augmentation est due en grande partie aux engrais et à l’élevage intensif. En effet, la fabrication et l’épandage d’engrais chimiques et de pesticides ainsi que l’utilisation de machines agricoles tout au long de la saison réclament énormément d’énergie ce qui en fait des activités fortement émettrices de CO2. Ajoutez à cela un steak tous les soirs et on explose le bilan environnemental. D’ailleurs, n’importe quel environnementaliste vous le dira: si vous voulez faire une différence pour la planète en changeant vos habitudes alimentaires, coupez dans la consommation de viande. À McGill, Organic Campus vient à la rescousse des étudiants désireux de manger santé et d’alléger leur bilan environnemental. Organic Campus est un service étudiant qui s’efforce

tension attention Nouvelles

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Une place

vous attend aux Territoires du Nord-ouest

CHRONIQUE

Créolisation Le cabot bilingue

Maya Riebel

Après avoir répondu aux attentes de vos parents, de vos professeurs et de vos entraîneurs, voici venu le moment de prendre votre vie en mains. Vous aimeriez trouver un endroit au choix de postes illimité où la vie est remplie d’aventures ? Faites comme

Mark

Alors les Territoires du nord-ouest sont pour vous. Le salaire annuel

et gagnez un voyage

des diplômés universitaires y est supérieur de 25,000$ à celui de la moyenne nationale. Vous aurez le plaisir de voir vos dettes d’études fondre comme de la neige au soleil.

DANS MA DERNIÈRE chronique, j’avais évoqué le mythe d’une intelligence supérieure associée au bilinguisme. Cette semaine, il s’agit de disséquer un problème très concret qui peut assaillir les bilingues. Peut-être une honte cachée de plusieurs d’entre nous… L’objet du mépris des pointilleux, et comme une mauvaise herbe, il semble se répandre. Oui, je parle du baragouinage, ou si vous préférez, ce «franglais» tant redouté. Sur le même vigile.net que nous avons cité auparavant, notre cher bloggeur au côté provocateur Bernard Desgagné affirme que, selon des sources fiables, les

langues étrangères sont mieux apprises par les adolescents et les adultes. En effet, ils ont la discipline nécessaire pour les apprendre correctement et alors moins l’occasion de faire des mélanges, ayant déjà «correctement» appris leur langue maternelle. À l’inverse, les enfants qui parlent plusieurs langues très tôt auraient tendance à baragouiner… De par mes expériences, je dois dire que l’argument est convaincant, car moi-même je lutte encore contre mes anglicismes (et même mes gallicismes) et cela malgré ou peut-être à cause de mes études littéraires en français et en anglais. La nature de mon orientation académique rend pénible ces erreurs malheureuses de langage. Pourquoi cette peur du franglais et du baragouinage? Pour les séparatistes ou tout ceux au fort sentiment d’identité nationale, il s’agit bien sûr d’un symptôme de l’invasion anglophone du territoire de la langue française. En laissant de côté la politique, il s’agit tout simplement pour certains de conserver un certain standard langagier, notamment dans le domaine du travail. Libre à vous de speaker le French à la maison, mais surtout ne ramenez pas au bureau le franglais par lequel vous communiquez avec vos proches!

Avec un peu de recul, faut-il tant s’en inquiéter? Ne pourraiton pas voir ce franglais comme l’évolution naturelle et créatrive inhérente à toute langue, plutôt qu’une dégénération? Après tout, n’oublions pas que les langues créoles se forment de la même manière, à partir de deux (au minimum) langues mères individuelles… Personne ne se récrie dans ces cas-là, car lorsqu’un créole devient assez répandu, de manière à englober une population et un territoire, il est alors une vraie langue de droit. D’une certaine manière, il me semble que le langage des jeunes québécois d’aujourd’hui ressemble de plus en plus à un langage, disons, «créolisé». Toutefois, les institutions québécoises et leurs mesures importantes de conservation de la langue française tiennent à distance ce futur si terrifiant d’un baragouinage d’ampleur nationale. Alors relax, mes petits bilingues! Reprenez-vous au passage lorsque vous détectez vos fautes d’usage et continuez à regarder vos émissions favorites sur MTV. Pour ma part, je commencerai à m’inquiéter lorsque mes professeurs ne satureront plus mes papers du commentaire «awkward phrasing». x

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xle délit · le mardi 9 novembre 2010 · delitfrancais.com


Éditorial

Volume 100 Numéro 9

rec@delitfrancais.com

le délit

Le seul journal francophone de l’Université McGill

Citoyens d’abord Mai Anh Tran-Ho Le Délit

P

lusieurs conférences et tables rondes étaient données à McGill dans le cadre de la Semaine du journalisme étudiant la semaine dernière. Notamment, Tim McSorley et Craig Silverman sont venus discuter de la place et du rôle des médias citoyens dans le paysage journalistique. Rédacteur à la revue The Dominion et à Media Co-operative, un réseau de coopératives financées et gérées par ses membres qui vise à fournir une couverture médiatique populaire et démocratique, Tim McSorley dit que le terme «citoyen», qui selon lui est devenu un mot à l’air du temps, n’est peut-être pas le meilleur pour qualifier cette nouvelle sphère dans les médias. «Alternatif» ou «populaire» conviendrait mieux, puisque le terme citoyen, assez vague, ne décrit pas adéquatement ni les rédacteurs, ni le lectorat. De la même façon, il n’aime pas non plus parler de «journalisme professionnel», et préfère des mots plus précis tels que «média de masse» ou «média corporatif». Enfin, essentiellement, qu’essaie-t-on de distinguer? À l’heure actuelle, l’image de ces médias citoyens est très liée au web (on peut penser à DavisWiki.org ou à WikiLeaks.org), mais ces outils technologiques ne sont pas idéologiques et ne peuvent distinguer les médias alternatifs des médias de masse qui les utilisent également.

Les médias citoyens prennent leur source dans le désir de discussion, de fournir des faits hors des courants principaux, et remontent à beaucoup plus loin que la naissance de la toile cybernétique et des réseaux sociaux. C’est un retour aux racines de la communication; comme lorsque les poètes se promenaient de village en village pour raconter les nouvelles du leur. Les médias citoyens, c’est donc d’abord le désir de partager les nouvelles. C’est lorsqu’au XVIIe siècle, un code éthique et des journalistes de «formation» apparaissent, que cet échange citoyen prit des allures plus politiques. La voix du peuple obtenait une portée qu’elle n’avait pas connue auparavant. Des sites comme VozMob.net ou OhmyNews.com, qui permettent à des communautés et des réalités gardées dans l’ombre plus de visibilité, ont changé l’univers médiatique. On s’intéresse aussi de plus en plus à l’exactitude des faits. Craig Silverman, rédacteur en chef à MediaShift de PBS, chroniqueur avec le Columbia Journalism Review et fondateur de RegretTheError.com, un site web qui rapporte les bons et moins bons coups des médias, affirme qu’en tant que citoyens nous devrions demander plus d’informations. Il mentionne notamment l’exemple de The Guardian, qui avait publié les dépenses des députés et avait laissé ainsi aux citoyens le temps et l’opportunité de fouiller et de trouver si quelque chose clochait, comme un des bénéfices de la croissance de la participation citoyenne dans les médias. Il y voit même une solu-

En trois vitesses en hausse

au neutre

tion à l’apathie politique. «Sunlight is the best disinfectant», disait-il en parlant de la divulgation des faits. Les lettres ouvertes n’ont jamais été, selon Craig Silverman, un exemple d’une voix démocratique dans les médias. Quand, et si elles sont publiées, elles font souvent l’objet de tant d’édition que leur auteur ne reconnaît souvent plus ses propres mots. Il est vrai que certains médias semblent être de plus en plus participatifs, en demandant aux lecteurs ou auditeurs d’envoyer des informations ou des photos à partir de leur téléphone cellulaire, par exemple; mais leurs voix résonnent-elles vraiment après l’envoi sms? Craig Silverman trouve que cette participation est unilatérale, les médias n’étant pas toujours tenus de créditer ce qu’ils reçoivent. Le grand défi des médias citoyens est de trouver un système réellement viable financièrement. Un site comme Spot.us qui vit du financement d’individus qui désirent la couverture médiatique de mêmes sujets n’est pas encore parfaitement rentable. Enfin, alors que l’actualité tend parfois vers des nouvelles de dernières minutes et de grands éclats, et que les quelques judicieux et intéressants «commentaires des abonnés» se perdent souvent dans la masse, et que les réels débats s’essoufflent rapidement, la voix citoyenne ne doit pas, elle, disparaître. Le Délit y tient et c’est pour cela que vous remarquerez que la section Société s’est dotée d’une troisième page, la 10. Citoyens et étudiants, à vos plumes! x

en baisse

La monarchie A sa page facebook

Hamad et le 0,05

L’establishment républicain

La monarchie britannique vient d’emboiter le pas des autres monarchies du monde; elle a maintenant sa propre page facebook. Ainsi, notre famille royale fait parti du club de la Reine Rania de Jordanie pour mettre au grand jour et au plus grand nombre leurs activités. De cette manière, les fans de la famille royale pourront parcourir les photos qu’elle met à jour et les commenter bien sûr.

Le ministre des transport, Sam Hamad, n’a pas renoncé à imposer la limite de 0,05 du taux d’alcoolémie dans le sang pour la conduite d’un véhicule. En effet, cette promesse de l’ancienne ministre, Julie Boulet, a été reprise par le ministre Hamad, malgré le redéploiement ministériel. De son côté, le Parti Québécois refuse d’appuyer le gouvernement dans cette direction, car celui-ci demande la mise en place d’une grand campagne publicitaire pour prévenir la population de ces changements.

L’establishment républicain sera mis en branle et est mis dans l’inquiétude par nul autre que l’ancienne candidate à la vice présidence des ÉtatsUnis, Sarah Palin. En effet, le triomphe des républicain aux élections du mois de novembre laisse le parti républicain devant un sérieux dilemme. Ils pouraient donner sa chance à la femme qui a mobilisé la base conservatrice des républicains et des américains; elle reste pourtant la femme la plus crainte de l’establishment.

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rédaction 3480 rue McTavish, bureau B•24 Montréal (Québec) H3A 1X9 Téléphone : +1 514 398-6784 Télécopieur : +1 514 398-8318 Rédactrice en chef rec@delitfrancais.com Mai Anh Tran-Ho Nouvelles nouvelles@delitfrancais.com Chef de section Emma Ailinn Hautecœur Secrétaires de rédaction Francis Laperrière-Racine Arts&culture artsculture@delitfrancais.com Chef de section Émilie Bombardier Secrétaire de rédaction Annick Lavogiez Société societe@delitfrancais.com Anabel Cossette-Civitella Xavier Plamondon Coordonnateur de la production production@delitfrancais.com Mai Anh Tran-Ho Coordonnateur visuel visuel@delitfrancais.com Élizabeth-Ann Michel-Boulanger Coordonnateurs de la correction correction@delitfrancais.com Anselme Le Texier Anthony Lecossois Coordonateur Web web@delitfrancais.com Hoang-Song Tran Collaboration Augustin Chabrol, Elena Choquette, Benoît Gautier, Habib Hassoun, Andreea Ilescu, Geneviève Lavoie-Mathieu, Véonique Martel, Devon Paige Willis, Julie Rich, Maya Riebel, Véronique Samson Couverture Raphaël Thézé bureau publicitaire 3480 rue McTavish, bureau B•26 Montréal (Québec) H3A 1X9 Téléphone : +1 514 398-6790 Télécopieur : +1 514 398-8318 ads@dailypublications.org Publicité et direction générale Boris Shedov Gérance Pierre Bouillon Photocomposition Mathieu Ménard et Geneviève Robert The McGill Daily • www.mcgilldaily.com coordinating@mcgilldaily.com Emilio Comay del Junco Conseil d’administration de la Société des publications du Daily (SPD) Emilio Comay del Junco, Humera Jabir, Whitney Malett, Sana Saeed, Mai Anh Tran-Ho, Will Vanderbilt, Aaron Vansintjan, Sami Yasin

L’usage du masculin dans les pages du Délit vise à alléger le texte et ne se veut nullement discriminatoire.

Les opinions exprimées dans ces pages ne reflètent pas nécessairement celles de l’Université McGill.

Le Délit (ISSN 1192-4609) est publié la plupart des mardis par la Société des publications du Daily (SPD). Il encourage la reproduction de ses articles originaux à condition d’en mentionner la source (sauf dans le cas d’articles et d’illustrations dont les droits avant été auparavent réservés, incluant les articles de la CUP). L’équipe du Délit n’endosse pas nécessairement les produits dont la publicité paraît dans ce journal.Imprimé sur du papier recyclé format tabloïde par Imprimeries Transcontinental Transmag, Anjou (Québec). Le Délit est membre fondateur de la Canadian University Press (CUP) et du Carrefour international de la presse universitaire francophone (CIPUF).

Éditorial

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Société societe@delitfrancais.com

La gouvernance mondiale à la dérive À la veille du prochain sommet du G20, état des lieux d’une gouvernance mondiale qui ne fonctionne pas.

Jimmy Lu

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Dans moins de deux jours, dix-neuf des États les plus puissants au monde, ainsi que l’Union européenne, se retrouveront à Séoul dans le cadre du G20. L’objectif est de poursuivre les réformes du système financier mondial et l’élaboration d’une nouvelle organisation du G20 afin de prendre en compte les États émergents. Vaste programme. Cet événement dont on ne parle finalement que très peu soulève tout de même des questions fondamentales: peut-on coopérer ensemble à long terme pour favoriser le développement de tous, ceci étant l’essence d’une bonne gouvernance mondiale? En avons-nous les moyens? La motivation? L’envie? Benoit Gautier Le Délit

Aux grands maux, les grands remèdes

C’est un fait, les États ont souvent réussi à se mobiliser tous ensemble au lendemain des grandes crises mondiales. Après la Seconde Guerre mondiale, l’Organisation des Nations Unies voit le jour, ainsi que le plan Marshall, vaste plan américain de reconstruction européenne, le Fond Monétaire International et le GATT, l’ancêtre de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). De même, en 2008, alors que le monde sombre dans la pire crise économique et financière depuis des décennies, toutes les grandes puissances actuelles et émergentes pour relancer la machine économique par des emprunts colossaux. Qu’en sera-t-il à long terme lorsque la crise sera passée? En effet, depuis la création de l’ONU il y a 65 ans, n’y a-t-il plus de guerres et de pauvreté? La gouvernance mondiale, dans un contexte de mondialisation, a pour but d’instaurer, par le biais d’institutions internationales, des règles d’organisation pour tous les États. À une époque où les pays sont tous interdépendants, cela est nécessaire, en théorie, afin de faciliter et réguler les interactions. Cette gouvernance est également fondamentale pour mettre en place une action collective des États face aux problèmes globaux comme le réchauffement climatique ou le développement économique durable. Fareed Zakaria, journaliste et auteur américain, expliquait au quotidien français Les Échos que cette gouvernance ne peut évoluer qu’à travers le G20. Cependant, est-ce qu’un ensemble d’États et de banques centrales, ayant tous des intérêts divers et parfois opposés est capable de cela? Le G20 souhaite mettre l’accent sur la coopération politique pour consolider les bases de la croissance économique internationale à moyen et long termes, mais le peut-il vraiment?

Faillite de la gouvernance mondiale

Le système de gouvernance mondiale actuel est-il efficace? Il semble que non. Dans un monde sans autorité exécutive supranationale, chaque État est d’abord guidé par son propre intérêt. De ce constat, chaque interaction entre États n’est qu’une suite de compromis menant rarement à la fin espérée. Un des derniers échecs en date est celui, en décembre dernier, de la conférence de Copenhague sur le réchauffement climatique. Censée révolutionner la lutte contre cette menace croissante, celle-ci s’est achevée sur un accord tout de suite décrié et qui n’apporte que peu de solutions. Cela n’est pas un épisode isolé de la vie politique mondiale et illustre bien le décalage qui peut exister entre différents pays. Ce qui peut être un sujet dominant pour les pays occidentaux s’avère souvent n’être qu’un souci mineur pour les pays émergents comme la Chine ou l’Inde. L’objectif de ces derniers consiste à continuer de se développer le plus rapidement possible, la préoccupation du changement climatique n’étant, selon eux qu’un luxe de pays riches. Cette différence majeure de perception sur un enjeu mondial ne peut que ralentir sa résolution. Il s’agit de regarder la situation telle qu’elle est et non telle que chacun aimerait qu’elle soit. Chacun a des intérêts et des objectifs différents et un compromis à l’échelle mondiale ne peut être considéré comme une solution efficace à un problème donné. Les solutions dont l’impact est positif en temps de crise ne sont jamais que le fruit d’une situation exceptionnelle dans laquelle les pays se mobilisent pour leur survie. En des temps plus tranquilles, chaque État se préoccupe d’abord de ses intérêts propres.

La question financière pour la gouvernance mondiale est d’autant plus cruciale: lui en donne-t-on assez, et ce de manière durable? Là encore la réponse ne fait que refléter la situation actuelle; l’ONU, l’organisation qui, à défaut de ne pas être un gouvernement mondial, se devrait d’être l’outil principal de la gouvernance mondiale, ne connaît qu’un très pâle succès. Et ce ne sont pas les bonnes intentions qui font défaut, mais plutôt la limite de moyens qui lui sont accordés. On blâme fréquemment l’organisation mondiale pour son absence d’action et d’efficacité. La réalité est qu’elle se révèle tout simplement impuissante face à des États défendant leur intérêt propre, ces mêmes États qui l’ont fondée il y a soixante-cinq ans et qui ont refusés de lui accorder trop de pouvoirs de peur de perdre leur souveraineté. Ne pouvant exercer aucune pression financière, ayant perdu un peu de sa légitimité du fait de son inactivité et du système de veto, l’ONU ne peut accomplir sa tâche pour la gouvernance mondiale.

«On blâme fréquemment l’ONU

pour son absence d’action et d’efficacité. La réalité est qu’elle se révèle tout simplement impuissante face à des États défendant leur intérêt propre, ces mêmes États qui l’ont fondée il y a soixante-cinq ans et qui ont refusés de lui accorder trop de pouvoirs de peur de perdre leur souveraineté.»

La loi du plus fort

Qui définit alors véritablement l’établissement de régulations à l’échelle mondiale? Qu’est-ce qui influence le processus de prise de décision à l’échelle mondiale? Pour certains, le processus de gouvernance mondiale n’a rien de démocratique, car il ne tient compte que d’une poignée de pays. En première ligne, règnent les deux superpuissances de ce début de XXIe siècle: les États-Unis et la Chine qui ont tous deux droit de veto au Conseil de Sécurité de l’ONU. Puis, viennent les puissances occidentales, l’Allemagne, le Royaume-Uni et la France en tête, ainsi que la Russie, le Brésil et l’Inde qui peinent malgré tout à éclore sur la scène internationale. Le monde n’est que le théâtre de leurs prises de position; il en va de même au sein du G20. Tous les autres pays sont au second plan, constituant une sorte de majorité silencieuse à l’échelle internationale. Du groupuscule régissant les affaires internationales se détache le duo sino-américain. Par leur pouvoir de dissuasion économique, leur influence sur le monde est sans égale. Le très sérieux journal britannique The Economist s’inquiète justement de savoir si le monde ne dépend pas trop de l’économie chinoise. En novembre 2009, elle détenait plus de 680 milliards de dollars en bons du Trésor américain, faisant d’elle le premier détenteur de la dette américaine. Cela lui permet d’avoir un grand contrôle sur les États-Unis et leur prise de décisions. L’inverse est tout aussi vrai, les États-Unis étant garants de la bonne forme de l’activité chinoise en tant que premier importateur mondial de produits made in China. Cette très forte interdépendance se reflète dans les décisions mondiales. En effet, alors qu’approche le G20 dans la capitale sud-coréenne, Timothy Geithner, le secrétaire d’État au Trésor américain, a accepté de ne pas remettre en cause la sous-évaluation de

la monnaie chinoise, le yuan. Cela pourtant est pointé du doigt par le reste de la communauté internationale comme favorisant les exportations chinoises aux dépends de celles des autres pays. Les États sont-ils les seuls à pouvoir influencer la gouvernance mondiale? Lors du G20, les pays membres souhaitent favoriser leur coordination au niveau économique, budgétaire et monétaire. Seulement, le peuvent-ils vraiment? Ce sont les banques centrales qui sont chargées de la politique monétaire d’un pays ou d’une zone monétaire dans le cas de la Banque Centrale Européenne. Or, ces institutions sont pour la plupart indépendantes, leurs intérêts et objectifs pouvant ainsi être différents de ceux du gouvernement. Par leur contrôle des taux d’intérêts et de la circulation des volumes de monnaie, elles ont un véritable impact dans leur pays mais également dans le reste du monde du fait des innombrables transactions internationales.

Gouvernance mondiale: une nécessité?

Cette remise en cause de l’efficacité de la gouvernance mondiale et de sa nature même nous pousse à nous interroger: a-t-on besoin d’une gouvernance mondiale? Si cela peut interpeller, voir choquer, le Professeur Saideman, professeur en relations internationales à l’Université McGill, répond très clairement que non: «Il parait normal que des pays ayant des intérêts conflictuels» ne puissent coopérer selon lui. L’ONU en est l’illustration parfaite. Il explique que cette institution est limitée, ce qui est une bonne chose car «aucune organisation donnant à la Chine et la Russie le droit de veto ne devrait être considérée comme ayant les tenants et aboutissants de la coopération internationale.» Pourquoi? Les intérêts et les valeurs de ces deux pays sont si différents des autres que cela gèle le processus de coopération. L’inefficacité de l’ONU et de ses États membres à résoudre les conflits et problèmes socio-économiques peut être expliquée ainsi. Est-ce pour autant que chaque pays ne doit compter que sur lui-même, en plein essor du phénomène de mondialisation? «Nous pouvons avoir quelques éléments de gouvernance», continue le Professeur Saideman. « Par exemple, des pays peuvent accepter de coopérer sur des questions spécifiques et dans des régions spécifiques.» Depuis déjà des dizaines d’années, se développent des organisations par groupe de pays se concentrant sur certains secteurs. L’exemple le plus élaboré étant l’Union Européenne et sa politique économique commune. Même si ses acteurs peuvent rencontrer des divergences d’intérêts, la collaboration économique entre les États-membres s’inscrit dans la dynamique de mondialisation et favorise son essor, l’UE étant maintenant la première puissance économique mondiale en termes de Produit Intérieur Brut selon le Fonds Monétaire International. Le Professeur Saideman explique que «ces éléments de gouvernance sont plus que nécessaires et significatifs pour rendre les relations internationales et les échanges internationaux plus fructueux et moins conflictuels.» Ainsi, doit-on déjà enterrer le G20? Personne ne peut se prononcer là-dessus. Cependant, du fait de divergences post-crise croissantes entre les États, on ne peut attendre de grandes annonces du coté de Séoul, la Chine refusant toujours, par exemple, de changer son taux de change. Audelà de ce G20, le processus de gouvernance mondiale doit laisser d’avantage de place au développement d’organisations aux objectifs plus spécifiques et entre pays sur une longueur d’onde similaire. C’est par ce type de changement dans la nature de la coopération internationale que le développement à long terme et la résolution de problèmes mondiaux verra le jour. x

Société

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BILLET

Les pensées d’une rivière Tous les chemins ne mènent pas à la Romaine: Il existe des alternatives à l’hydro-électricité, mais le gouvernement les ignore. Anabel Cossette Civitella Le Délit

L

e citoyen se lève, marche, regarde à travers son hublot et voit. Il hausse les épaules et retourne se coucher dans le lit de son ignorance. La rivière coule en pure perte dans ce pays de l’or bleu. Le développement du complexe hydro-électrique sur la Romaine, c’est entrer dans la fosse aux lions sans potion magique, c’est fermer les yeux au point de se rendre aveugle, c’est oublier de mettre un slip dans une partie de strip-poker… Plus simplement, dans ce dossier, le gouvernement se croit invincible, feint la cécité et refuse de mettre ses culottes. C’est à se noyer de rage, car les évidences pleuvent: l’hydro-électricité était LA solution il y a quarante ans, mais ce n’est plus le cas! Réalisé par Nicolas Boisclair et Alexis de Gheldere, Chercher le courant est un excellent documentaire, car il propose des solutions aux problèmes qu’il dénonce. En exposant de multiples alternatives à l’hydro-électricité, les réalisateurs et aventuriers qui ont descendu la rivière Romaine en canot, à la force de leur pagaie (accompagnés par Roy Dupuis, président de Fondation Rivière) enquêtent sur le potentiel des énergies vertes et la manière de produire et de consommer de l’énergie dans le Québec du XXIe siècle. Des maisons éco-énergétiques grâce à une isolation intelligente, des cylindres capteurs d’énergie solaire comme chauffeeau, des granules de bois comme chauffage central, des fermes laitières génératrices d’énergie et réductrices d’émissions de gaz à effet de serre: ce sont toutes des solutions à faire rêver les amateurs de science-fiction. Oui, on a l’impression de nager en plein délire lorsqu’on se rend compte des idées originales, créatives, intelligen-

tes qui ne sont que trop peu exploitées! Des idées qui apparaissent pourtant à la hauteur de ce que le Québec est capable de faire. Servons-nous de notre génie sans limite, de nos capacités phénoménales, de nos cerveaux suralimentés pour créer le futur que nous voulons! Pourquoi n’avance-t-on qu’à pas de tortue, n’osant pas se lancer dans le développement des énergies durables, renouvelables? Pourquoi le gouvernement ne prend-t-il pas plus de mesures durables? Holly Dressel, auteure de best-seller, environnementaliste et chercheure (elle a d’ailleurs travaillé aux côtés de David Suzuki), n’y voit qu’une seule explication: «Ce sont les intérêts politiques qui priment dans le dossier de l’hydro-électricité. Le fameux “maître chez nous” [il faut noter que le cri est maintenant “maître de nos ressources”…] résonne encore dans l’imaginaire des Québécois, gardant Hydro-Québec au rang de vache sacrée de la société québécoise.» Parlons des vraies affaires: l’économie. Le documentaire Chercher le courant s’exprime clairement sur le sujet. La rivière Romaine, lors de l’achèvement des travaux d’Hydro-Québec, sera exploitée à perte. Avec une augmentation de 0,06$ par kW/h au compteur, les Québécois subventionneront en fait l’électricité envoyée aux États-Unis. Hydro-Québec annonce lui-même des coûts de 10 milliards de dollars simplement pour la construction du barrage, qui s’achèvera en 2020. Non, il n’y a pas de solution parfaite, mais il y a des solutions qui peuvent certainement faire mieux. L’hydro-électricité est, dans notre conceptualisation de la production d’énergie, une technique propre qui exploite une ressource renouvelable. En fait, une industrie durable devrait être utilisable pour un temps illimité sans que la ressource ne s’en trouve réduite pour autant. Hydro-Québec exploite

l’eau. Elle est considérée comme étant

écosystèmes détruits, les espèces qui dis-

En route vers un avenir vert? Andrew McMartin, 2007

renouvelable, mais la rivière est exploitée jusqu’à sa dernière goutte. Les grandes rivières (14 au Québec) sont en voie d’extinction. Lorsqu’il n’en restera plus, peut-être pensera-t-on à se tourner enfin vers des énergies à la fois vertes et plus rentables? Ce documentaire m’a ému à un point inimaginable. Je l’avoue, je considère l’être humain comme étant partie prenante de l’environnement. Je l’avoue, je crois sincèrement que les ours, les caribous et les huards qui mourront lors de l’inondation des berges après la construction du barrage ont, à mes yeux, autant de valeur que des vies humaines. Je l’avoue, l’assèchement des chutes grandioses qui ponctuent la rivière me bouleverse. Je l’avoue, les traditions autochtones transformées, les

paraissent, tout cela, m’importe beaucoup plus que l’image du Québec sur le marché international de l’hydro-électricité. Ce ne sont certainement pas avec des arguments aussi bixi-people friendly que je vais gagner des points chez les économistes de ce monde, mais peut-être le citoyen qui se lève, marche et regarde à travers son hublot d’inconscience saura sentir le grondement de la rivière et réalisera qu’elle ne coule pas en pure perte. x Chercher le courant aux Rencontres Internationales du Documentaire de Monréal: Où et quand: le samedi 13 novembre à 19h à la Grande Bibliothèque ainsi que le mardi 16 novembre à 21h15 à la Cinérobothèque ONF.

Maintenant sur cette page:

L’actualité en instantané Le cliché a été pris lors du sommet du G20 à Toronto en juin dernier. Deux tourtereaux contestent, à leur manière, les arrestations policières massives. À quoi ressemblera le prochain G20? Vincent Boissonneau

10 Société

Vous vous sentez inspirés? Envoyez vos photos à societe@delitfrancais.com

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Arts&Culture artsculture@delitfrancais.com

THÉÂTRE

Du boulevard à la scène

François Laplante Delagrave

Treize à table est un morceau où humour et caricature se mêlent pour créer un théâtre de la légèreté. Habib Hassoun Le Délit

M

adeleine et Antoine Villardier (Linda Sorgini et Carl Béchard), deux parisiens de la haute bourgeoisie habitant le 7e arrondissement, sont hôtes pour un réveillon de Noël. Deux heures avant la mise à table, Madeleine, grande superstitieuse, fait le décompte. Ils sont treize! Treize à table! Pendant quelques deux heures, elle essaiera tant bien que mal de désinviter ou d’ajouter une personne. S’ensuivront des entrées et des sorties de personnages, les uns plus rocambolesques que les autres. L’ivresse est de mise, celle des mots, des charades et des

mouvements du corps. Bien sûr, le champagne est de la partie. Présenté au Théâtre du Rideau Vert jusqu’au 4 décembre et mis en scène par Alain Zouvi, Treize à table est une comédie burlesque de Marc-Gilbert Sauvajon écrite en 1953 et a été représentée seulement deux fois à Montréal (en 1963 et en 1971). S’inscrivent dans le genre du théâtre de boulevard, fort apprécié à la fin du XIXe siècle et au début du XXe (Sacha Guitry, André Roussin), ce vaudeville nous plonge dans un huis clos tortueux, une espèce de labyrinthe dialogique où le calembour fait presque partie de l’action. Bien qu’il n’en soit rendu qu’à sa troisième mise en scène (la première ne remonte

qu’à cet été, Oscar), Alain Zouvi manipule magistralement les arts de la scène. De plus, la distribution est ingénieuse et le décor, unique et efficace. Si la pièce, par moments, présente des longueurs, ce n’est certes pas en raison d’une quelconque mollesse tant par rapport au jeu des comédiens ou à la mise en scène, mais par rapport au texte lui-même. Le rythme haletant, perd parfois le spectateur dans plusieurs mises en abyme narratives. Par chance, ces moments demeurent occasionnels. La mécanique de Treize à table fait parfois penser au théâtre baroque avec les entrées et les sorties de comédiens, les renversements brusques, la folie du discours. Malgré une

unité de lieu et de temps, la dorure du mur central favorise le mouvement et crée l’illusion d’une complexité et d’une multiplicité spatiales intéressantes. Qu’importe, Treize à table est une immense célébration du théâtre de boulevard avec des renversements assez amusants: le bourgeois en déchéance, le médecin fou et ivre, le couple en délire. Une soirée à ne pas manquer. x Treize à table Où: Théâtre du Rideau Vert 355, Gilford Quand: jusqu’au 4 décembre Combien: 34,50$

ARTS VISUELS

Bleu de Klein

Spa (2000) de Lynne Cohen Gracieuseté du Musée d’art contemporain de Montréal

Le Musée d’art contemporain de Montréal a puisé dans sa collection permanente pour créer Bleu et Actes de présence. Véronique Martel Le Délit

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ien qu’elles soient présentées conjointement, les deux expositions Bleu et Actes de présence traitent de sujets très différents. L’exposition Actes de présence, dont le commissaire est l’artiste Manon de Pauw, s’intéresse à la représentation de l’artiste et à sa présence dans son art. Plusieurs photographies témoignant de performances passées sont exposées aux côtés de vidéos et de clichés d’artistes. Les œuvres en présence visent essentiellement à montrer comment l’artiste se met en scène comme élément central de son art et, ainsi, comment il se définit comme œuvre d’art. Bleu regroupe plusieurs œuvres utilisant les différentes déclinaisons de la couleur éponyme. L’exposition présente majoritairement des tableaux monochromes, mais

aussi des photographies non-figuratives, comme celle de l’artiste montréalais Charles Gagnon, Sans Titre – Montréal. Cette épreuve à la gélatine argentine montre un détail architectural d’un bâtiment, soit une voûte où est inscrit BLUE ROOM. Le bleu est suggéré et non montré, et l’exercice est bien réussi, car le visiteur parvient facilement à imaginer la couleur de cette chambre. L’artiste québécois semble alors jouer sur le rapport de logique qui peut lier le mot écrit, sa définition, ce qu’il représente et l’interprétation qui l’accompagne. Des célèbres tableaux chromatiques présentés, notons aussi celui du Montréalais Guildo Molinari, Cygne le bleu qui illustre parfaitement les innovations minimalistes et conceptuelles du siècle dernier. Cependant, le parcours de l’exposition paraît mal pensé. En effet, la première œuvre, Atlan (1986) de James Turrell, est si

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impressionnante et bouleversante que les suivantes semblent anodines et passent un peu inaperçues. Malgré l’excellent choix des œuvres de Manon de Pauw, cette première pièce semble bien voler la vedette aux deux expositions. L’installation de Turell diffère largement de tout ce que le visiteur a pu expérimenter même s’il est habitué à l’art contemporain. Dans la salle où se trouve l’installation, le public est confronté à un immense rectangle bleu électrique. Les réactions sont multiples: certains restent au fond de la salle obscure, d’autres allument téléphones cellulaires ou lampes de poche afin d’éclairer leurs pieds, et d’autres encore, plus téméraires, avancent vers la forme sur le mur du fond. Ces visiteurs aventuriers réalisent rapidement que la figure au mur n’est pas pleine, mais vide. Un bras, une tête ou tout le haut du corps peut y être inséré. L’espace est immense. Le visiteur est perplexe: où

débute et où se termine l’œuvre? Ce «vide» bleu, vaporeux et profond n’affiche aucun objet, aucune forme… que du bleu. Une fascination mêlée d’angoisse s’immisce en lui: il est au cœur de la couleur, dans son essence. Atlan est l’expérience même de la couleur bleu, sa quintessence pure et sans équivoque. C’est l’univers du rêve, du paranormal, et les pièces suivantes ne peuvent en rien égaler ce miracle de l’art contemporain. Grâce à cette exposition, le MAC réussit à retracer une histoire de l’art contemporain et de ses enjeux à travers la représentation de la couleur bleue et de ses variations. x Bleu et Actes de présence Où: MACM 185, rue Sainte-Catherine Ouest Quand: jusqu’au 27 mars Combien: 6$ (étudiant)

Arts & Culture

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THÉÂTRE

Yellow Moon et le mal de vivre

Présenté au Théâtre Espace Go, Yellow Moon mêle urgences et poésie de façon à rendre le théâtre comme un laboratoire de sentiments humains. Habib Hassoun Le Délit

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a diégèse de Yellow Moon: la ballade de Leila et Lee, de David Greig, est simple: un jeune homme (Lee) et une jeune femme (Leila) en retrait idéologique de la société, partent à la recherche du père de Lee, disparu depuis longtemps dans une campagne éloignée. La quête paternelle devient rapidement une histoire remplie d’embûches où les deux jeunes se retrouvent face à leur existence et à leur solitude. Yellow Moon est un drame social et familial où les cris de la tragédie moderne se font entendre. C’est un chant lyrique dont le texte rappelle parfois l’épopée, notamment quant à la forme (le lexique) et au désir de l’absolu. D’ailleurs, la traduction de Maryse Warda est frappante au sens le plus fort du terme; les mots sont projetés sur le spectateur et se transforment en gifles qu’on reçoit avec un plaisir masochiste. En outre, la mise en scène de Sylvain Bélanger rend parfaitement vivant les jeux de polyphonie dans le texte de Greig. Quatre comédiens présents sur scène pendant une heure et demie: les voix s’entremêlent non pas dans une volonté de confusion mais de fusion. Les quatre comédiens semblent même parfois former un seul corps soumis à sa condition d’être. On ne parle donc plus du corps matériel et individualisé, mais d’un corps social qui a envie de se réaliser, de s’émanciper, mais faisant continuellement face à ses propres limites. Sylvain Bélanger est ingénieux, sa mise en scène est précise et minimaliste sans impliquer une quelconque restriction. Yellow Moon est un de ces morceaux d’art dont on sort avec une impossibilité de vivre, emprisonné dans nos pensées et nos sentiments sur l’avenir de l’(in)existence et le rapport de l’homme à la mort. Le mal-être est au centre de la pièce; or

Suzanne O’Neil

ce sentiment n’est pas associé, tel qu’à l’accoutumée, à une forme de pessimisme ou d’épuisement. Une possibilité d’issue demeure active: c’est l’amour. Sylvie de Morai (Leila) et Benoît Drouin-Germain jouent avec subtilité et restriction leur amour: la poésie qui

règle celui-ci est obscure comme si elle venait des ténèbres; elle s’exprime dans le silence de la nuit, comme si elle avait besoin de se savoir cachée pour prendre naissance. Yellow Moon est définitivement une pièce phare de cette saison théâtrale. x

Yellow Moon Où: Espace Go 4890 Saint Laurent Quand: Jusqu’au 27 novembre Combien: 21$

CHRONIQUE

Je me renseigne sur le sexe Billet incendiaire

Catherine Renaud

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’aime tellement ça vous déstabiliser que, contrairement à mon habitude (et au titre de cette chronique), cette semaine, je n’incendierai rien ni personne. Pas une éraflure. Pas même une petite morsure, un petit mordillage. Puisque j’aime ça être subversive, je vais faire tout le contraire de ce à quoi vous vous attendez. Non, je ne me

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la fermerai pas (ça serait trop beau et quand c’est trop beau, c’est qu’il y a quelque chose qui cloche). Je vais plutôt prendre l’espace de cette chronique pour vous présenter un artiste que j’aime pour de vrai, qui m’oblige à attacher ma tuque avec de la broche tellement il déchire, bref, qui m’impressionne. Après un préambule de la sorte, c’est difficile pour moi de ne pas revenir sur ma parole pour en écorcher vif un ou deux en guise d’introduction à mon sujet principal. Tout ce que je peux faire, c’est vous dire que cet artiste dont je veux vous parler, cet artiste polyvalent et innovateur, ce n’est pas la maudite chanteuse blonde vêtue d’une robe en viande qui récupère le style de Grace Jones en essayant de nous faire accroire que ce qu’elle fait c’est original et nouveau. Cet artiste, c’est Bobo Boutin. Ancien batteur des défunts Georges Leningrad, il œuvre maintenant en solo. Ce serait difficile pour moi de circonscrire ce drôle

d’oiseau à un seul domaine artistique. Dans ses propres mots, «Bobo Boutin est un cartoñero magico né en 1975. Tendrá unos treinta años (más o menos). Il est balance ascendant escorpio. Il œuvre pour la CSDRAP de MONTRÉAL. À venir: Disque 7» + Conte sordide illustré» (MySpace) Dans une entrevue accordée à Olivier Lalande du Voir (25 août 2010), il ajoute: «pour l’instant, j’œuvre continuellement, n’importe quand, n’importe comment, pour la CSDRAP de Montréal, une espèce de bureaucratie personnelle. Mon alter ego Gilles Robert se balade sur la toile: une série d’épisodes sont prévus à cet effet. Un disque 7 po, accompagné d’un conte sordide illustré (pleine couleur), né de la contraction des chansons Vidanges et Banshee Whale, paraîtra très bientôt sous une étiquette de disque de la côte ouest américaine. En ce qui concerne mes spectacles, continuez à vous attendre à tout. Je vis maintenant sur terre comme dans un immense phalanstère.»

Concrètement, Bobo Boutin crée des pièces musicales, des feuillets inclassables sous le nom de Gilles Robert, des dessins et des collages, et des entrées de blogue avec des titres tels que «Je me renseigne sur le sexe». Je sais pas vous, mais dans ces entrées de blogue, le style de l’artiste me rappelle celui d’un écrivain culte québécois, dont les initiales sont R.D. Vous vous demandez sans doute qu’estce que la CSDRAP? Disons seulement que c’est l’acronyme de la Commission scolaire du rouleau à pâtisserie… Côté musique, ça va plutôt bien pour Bobo et ses pièces de style punk/electronica rappelant le groupe des années 1970 Suicide. De fait, il a ouvert en août pour le groupe culte franco-allemand Stereototal et se produira le 11 novembre à L’Escogriffe avec Meta Gruau dans le cadre du 24e Coup de cœur francophone de Montréal. Pour tout savoir, voir et entendre sur Bobo Boutin, rendez-vous au www.myspace.com/boboboutin. x

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CINÉMA

Les coulisses de Barney’s Version

L’impulsif et irrascible Barney Panofsky, héros du célèbre roman de Mordecaï Richler, est enfin porté à l’écran par Richard Lewis. Macha Grenon, qui interprète l’acteur d’un soap produit par Barney, a accordé une entrevue au Délit à cette occasion.

Graciseuceté de Séville Films

Annick Lavogiez Le Délit

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arney (Paul Giamatti) se souvient des événements qui ont marqué sa vie, passée principalement entre Rome et Montréal. Dans cette confession, il évoque ses mariages avec des femmes magnifiques (Rachelle Lefevre, Minnie Driver et Rosamund Pike), sa grande affection pour son père, un policier à la retraite (Dustin Hoffman) et son meilleur ami, le charmant et destructeur Boogie, romancier à ses heures (Scott Speedman). Buveurs et provocateurs invétérés, Boogie et Barney vivent dans l’insouciance jusqu’au jour où une dispute les sépare accidentellement. Barney’s version explore cette jeunesse débridée, ces erreurs et coups de tête avant de se concentrer sur les relations amoureuses (et souvent houleuses) de Barney. La vie colorée et mouvementée de Barney se déroule aussi dans les studios de Totally Unnecessary Productions où il produit, entre autres, O Malley and the north. Dans cette série, Solange (Macha Grenon), une mauvaise actrice, interprète le rôle d’une infirmière. Macha Grenon, que vous avez pu voir dans L’âge des ténèbres, Familia ou encore Si j’étais toi, interprète avec brio ce personnage secondaire qui ne sombre jamais dans le ridicule. Elle met l’accent sur la sensibilité de Solange, caractéristique qui l’a séduite dès la lecture du scénario: «Quand on choisit un rôle, c’est comme si physiquement, il y avait un élan, une pulsion. Dans le cas de Barney’s ver-

sion, c’est d’abord le mélange d’intelligence, d’humour et d’humanité du personnage de Solange qui m’ont touché. Le livre contenait ces trois éléments et Michael Konyves, qui a fait l’adaptation, a vraiment réussi à garder le regard incisif que l’œuvre portait sur la nature humaine, un regard empreint d’humanité profonde, que Mordecaï Richler possédait dans sa plume. Dans le film, Solange est uniquement dans l’univers de la production mais dans le roman, elle est la grande amie de Barney et s’occupe notamment de lui quand il est malade. Solange possède un ego fragile, malgré son rapport si fort à la vie. Son ego reste du papier de riz face à sa situation et son corps qui n’est plus celui de la jeune et belle infirmière...»

Pour interpréter cette femme si fragile, Macha Grenon a cherché diverses sources d’inspirations: «Il y avait deux univers à explorer pour mon rôle. Dans le premier, qui est d’être cette actrice de mauvais soap, ma préparation consistait à regarder des soaps. Pour incarner simplement la femme derrière l’actrice, j’ai dû faire une recherche plus physique du personnage. On avait peur au début que le maquillage et la coiffure de Solange, soient excessifs. Au cinéma, on est souvent, avec raison, intimidé par l’artifice, mais c’était fascinant de voir qu’en fait, en ville, il existe vraiment des gens si maquillés, si coiffés. Cette composition était donc un mélange de ces éléments. Et je dois dire que le plaisir était toujours prépondérant.»

La recherche physique du personnage Alors que le temps passe, Solange, à la trentième saison de son soap, n’est plus une jeune première et doit faire face à son corps vieillissant. Macha Grenon offre, à travers cette actrice ultra maquillée et coiffée d’une perruque blonde, une réflexion sur le temps qui passe et sur le métier de comédienne: «Il y a une certaine pression à être jolie. Du coup, à l’inverse, être vieillie pour le rôle m’a permis une grande liberté de jeu. Si j’avais été moimême prisonnière de mon image, je n’aurais pas pu jouer cette Solange, parce que l’on m’a maquillé, mis du latex, etc. Il me semble que plus on se libère des contraintes de notre image, plus on peut être créatif, et plus on peut mettre son corps, quel qu’il soit, au service de l’histoire.»

Le train en marche Évoquant le plaisir qu’elle a éprouvé à jouer avec Paul Giamatti, Macha Grenon s’attarde aussi sur les difficultés qu’ont pu lui poser son rôle: «Quand on interprète un personnage secondaire, il y a des ajustements à faire au niveau du rythme. Un tournage, c’est comme un train en marche. Il y a un rythme, un sens, un langage, un ton. Lorsqu’on est là tout le temps, on est dans le train. Mais quand on est là périodiquement, que l’on tourne une scène de temps en temps, sur plusieurs mois, sauter dans ce train n’est pas toujours évident. Il faut savoir être rapidement et complètement en symbiose avec l’ambiance, la direction. Il faut savoir partir, revenir. Je connaissais déjà plusieurs membres de l’équipe, ce qui m’a aidé. De plus, Paul Giamatti et Richard Lewis

avaient une grande capacité à me ramener dans l’univers de la fiction.» L’univers de Barney’s version est très éclaté, à l’image du tourwnage qui a eu lieu, entre autres, à Rome et Montréal. Ce qui ressort à l’écran est pourtant un réel travail d’équipe, comme le souligne l’actrice: «Ce projet pouvait avoir, à la base, par son casting, quelque chose d’intimidant. Pourtant, dans les faits, c’était une expérience extrêmement inclusive. Richard Lewis, qui est un vrai actor’s director, a crée un plateau où les gens communicaient réellement. C’est aussi en grande partie grâce à Paul Giamatti. Au-delà du fait qu’il est l’un des plus grands acteurs de sa génération, il est engagé à vouloir faire un bon film. Paul est un être humain extrêmement attachant et accessible, il aime les autres et a envie de rentrer en relation avec eux. Toujours très concentré, il offre pourtant un grand niveau de disponibilité d’expérience. Je n’ai tourné qu’une journée avec Dustin Hoffman mais c’était la même chose. J’étais donc toujours en présence de réels artistes qui aiment leur travail, cherchent à exceller et ont compris qu’ils ne peuvent pas être seuls, qu’ils ont besoin de l’équipe.» Cette symbiose entre les comédiens, les spectateurs de la première du film lors du Festival International du Film de Toronto l’avaient déjà remarqué, confie d’ailleurs Macha Grenon en souriant: «Au festival, lorsque nous avons été appelés sur scène après le film, les gens m’ont raconté qu’ils sentaient notre cohésion, ce fil conducteur qui nous avait guidé.» x À l’affiche à partir du 24 décembre.

THÉÂTRE

Humanisme russe à son meilleur Avec La Cerisaie, Yves Desgagnés livre à nouveau une pièce d’une beauté épatante. Mai-Anh Tran Ho Le Délit

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ussie 1904. Derniers moments d’une aristocratie russe alors que la révolution approche et que l’ancien système économique seigneurial n’est plus viable. Un domaine célèbre pour son jardin de cerisiers sera vendu aux enchères. Lopahkhine (Normand d’Amour), ami d’une famille à la fortune dilapidée, tente de convaincre les propriétaires de la nécessité d’agir et d’acheter la Cerisaie qu’ils chérissent tant pour les souvenirs qui y reposent, mais sa proposition de construire et faire louer des résidences d’été est jugée vulgaire et rejetée par cette noblesse féodale. Lopahkhine se résignera à acheter cette terre sur laquelle ses ancêtres furent des esclaves. Le théâtre de Tchekhov est d’un réalisme poignant. Lopakhine, qui représente à lui seul la classe des marchands, ne passe pas pour un parvenu qui profite de l’insouciance de cette famille. Sans caricature ou manichéisme, toute la complexité humaine, la relation entre les

personnages et les liens tissés et brisés par les circonstances sont dépeints. Malgré le jeu parfois factice de certains acteurs, dont Maude Guérin (sa mélancolie voilée d’éclats de rires et ses cris de déploration épuisent), les personnages sont touchants. Plus particulièrement les domestiques Firs, Yacha et Epikhodov, qui ne sont nullement ici des personnages secondaires. D’ailleurs, c’est Firs (Gérard Poirier), le vieux fidèle domestique, qui ouvre et conclut la pièce de façon vibrante. La réplique finale «La vie est passée et on dirait que je ne l’ai pas vécue», rappelle que l’ultime témoin de toute cette époque qui s’évanouit, s’efface lui aussi avec ce monde qu’il représentait. Même si ces personnages secondaires ne participent pas directement à l’action principale, c’est eux qui rendent la pièce si humaine. Ce nostalgique tableau d’époque est surtout réussi par le travail incomparable d’Yves Desgagnés. Chaque scène est un tableau à couper le souffle. La scène qui est d’abord vide, se remplie peu à peu alors que tout le décor est puisé d’une armoire sans fond qu’on dispose

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François Brunelle

sur un immense tapis. La tapisserie qui occupe le fond de la scène tombera pour dévoiler des cerisiers en fleur. Une pièce sur le passage du temps, mais qui de nouveau avec cette sublime mise en scène d’Yves Desgagnés, démontre que Tchekhov est à l’épreuve du temps. x

La Cerisaie Où: Théâtre Jean Duceppe 175 Ste-Catherine Ouest Quand: Jusqu’au 4 décembre Combien: 32$

Arts & Culture

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CINÉMA

Une bouffée d’Oxygène Hans Van Nuffel explore avec délicatesse le monde étouffant de la mucoviscidose dans Adem (Oxygène).

Gracieuseté d’Axia Films

Julie Rich Le Délit

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om (Stef Aerts) et son frère Lucas (Maarten Mertens) souffrent tous deux de mucoviscidose, une maladie génétique mortelle qui détruit lentement leurs poumons. Alors que Lucas attend patiemment et avec optimisme une greffe de poumon qui va changer sa vie, Tom, incapable de faire face à sa «date d’expiration», si proche, vit dans une urgence continuelle et s’évade à sa façon, se découvrant toute une vie de noctambule. Sa vie bascule le jour où, errant dans les couloirs de l’hôpital qu’il connaît si bien, il fait la connaissance de Xavier (Wouter Hendrickx), lui aussi atteint de mucoviscidose, qui refuse de céder à la

maladie. Par sa joie de vivre, il redonne espoir à Tom qui tombe sous le charme d’Eline (Anemone Valcke), une autre patiente isolée dans une chambre à cause d’une maladie contagieuse. L’univers de Tom s’écroule le jour où Lucas décède sur la table d’opération. Se sentant coupable, Tom retourne à ses mauvaises habitudes, enlève son nom de la liste des greffes et décide de vivre comme s’il n’y avait plus de lendemain jusqu’au jour où, son état s’étant aggravé, ses médecins l’obligent à être hospitalisé de façon permanente. Le jeune cinéaste flamand Hans Van Nuffel a remporté le Grand Prix des Amériques au Festival des films du monde de Montréal 2010 avec ce premier long métrage Adem (Oxygène). Il parle d’une

réalité qu’il ne connait que trop bien, luimême atteint de mucoviscidose. Bien que l’histoire se situe principalement entre les quatre murs de l’hôpital, le jeune réalisateur de 29 ans réussit à nous emporter dans un monde où l’oxygène devient la plus grande commodité. L’existence, beaucoup trop courte, demeure tout de même remplie d’humour, d’amour et de joie de vivre. Il fait la promotion du bonheur dont il connaît la fragilité. Ce n’est pas un film sur la maladie, mais sur la survie et l’envie de croquer la vie. Le jeu des acteurs est excellent. Stef Aerts, saisissant, nous transporte dans une vie d’apprentissage où chaque bouffée d’air constitue un défi. La complicité entre Aerts et Hendrickx se transmet à l’écran. L’amitié parfois passive, parfois

agressive, entre Tom et Xavier captive du début à la fin. L’image, bien que tout soit filmé dans un hôpital, est magnifique et traduit le désir de vivre des personnages. Van Nuffel réussit à transformer cet endroit synonyme de mort en un lieu chaleureux où l’amour et l’amitié sont possibles. La seule critique que l’on pourrait porter à ce film concerne les personnages secondaires, un peu trop stéréotypés. Le meilleur ami voyou, Jimmy (Rik Verheye), qui ferait n’importe quoi pour Tom, et le père intolérant qui a de constantes sautes d’humeurs, en sont de bons exemples. Il aurait été facile pour le cinéaste de se perdre dans un délire mélodramatique hollywoodien, mais Van Nuffel y résiste habilement. x

«autre fenêtre» qu’est la page, avec une sobriété essentielle. «Le ciel encré se fera page / Où s’écriront les branches nues / Qui ne retiendront de l’année / Que l’armature intelligible». Melançon accumule ainsi les «tableaux», comme le suggère la référence à l’art pictural dans le titre. Des fragments de paysage apparaissent, saisis dans le cadre d’une fenêtre, renversés dans une flaque d’eau sur le trottoir, ou encore découpés par les parois d’une cour: «Il y avait une cour de gravier / Entre des murs hauts qui enfermaient / Un rectangle de ciel changeant ; / Les heures s’y arrêtaient / Près des fenêtres studieuses.» L’écriture poétique ne s’élance jamais trop haut chez Melançon. Elle ne prend pas le risque de la dissonance, ne se permet pas de courir le danger de ne plus habiter le sens. Les repères de Melançon sont familiers et quotidiens: il ne vise «pas le secret du monde / Mais le monde même, / Drapé de lumière et d’ombre», et espère ainsi toucher à l’indicible, laisser entre-

voir, par instants, «Dans une improbable éclaircie, / Ce qui fuit entre les mots.» La poésie se fait véritablement «peinture aveugle» ici: devant une telle simplicité des images, on a l’impression d’une restriction du champ de vision du sujet. L’écriture reste incertaine de ses moyens, peu convaincue de sa capacité à accomplir tout à fait la rencontre entre mot et chose, cet «accord aux jours» recherché par le poète. Beaucoup de temps s’est écoulé depuis la première édition de Peinture aveugle, qui remonte à 1979. Comme l’explique Melançon dans sa postface, l’objectif n’était pas de faire de Peinture aveugle un «recueil», mais plutôt de bâtir peu à peu une «somme en devenir». On le sent dans le retour des mêmes titres au fil des pages, comme si la voix relançait sans cesse son interrogation inquiète à la face du monde. Si ce n’est que pour cela, il faut lire Robert Melançon, dont les poèmes, jamais éblouissants, baignent cependant dans la lumière de l’humilité. x

CHRONIQUE

Leçons de lumières Rêveries familières

Véronique Samson

«L’effacement soit ma façon de resplendir», écrivait Philippe Jaccottet dans ses carnets au début des années soixante. Il entendait par cela que de réduire sa présence dans ses poèmes le rendait plus apte à parler des choses,

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à faire rayonner la lumière qui se loge en elles. Si l’on se fie à la réédition de son recueil Peinture aveugle, parue plus tôt cette année au Noroît et lancée le 4 novembre dernier avec les autres titres de la maison, il semble que le poète québécois Robert Melançon ait fait sien le vœu de Jaccottet. «Tu as autre chose à dire / Que toi, tes manies, tes masques, / Ton goût des ciels couverts / Sous lesquels les heures se fondent / Dans une lumière égale.» Chez Melançon, le sujet disparaît presque tout à fait du poème pour faire place au ciel, à l’herbe, aux arbres, au pavé, aux rues, à tous les éléments du paysage qui l’entourent. Ne reste qu’une présence tranquille, un témoin qui constate et enregistre le «mouvement des heures», les variations de l’ombre et de la lumière, du jour et de la nuit, «ce fil sans fin / Du temps dont tu n’es qu’un nœud / Que le temps dénouera.» Dans Peinture aveugle, le poète transcrit le paysage derrière la vitre sur cette

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L’ÉDITO CULTUREL

Qui aime bien...

COUP DE CŒUR

Je voudrais qu’on m’efface

Gracieuseté de Seville Films

Emilie Bombardier Le Délit

A

u-delà de ce qui ressemblait à une crise d’ego ou à un sujet de prédilection pour la Clique du Plateau, les récentes déclarations du comédien Guillaume Lemay-Thivierge dans une entrevue accordée au Journal de Montréal ont suscité un bref débat, à la fois sans issue mais fort nécessaire, sur la responsabilité de la critique québécoise par rapport aux productions nationales. Dans un milieu où l’exigüité a ses avantages comme ses inconvénients, quelle attitude les médias devraient-ils adopter au moment de juger les œuvres d’ici? Indigné par la réception des deux plus récents films dans lesquels il tenait la vedette, (Filière 13 et Le poil de la bête) Guillaume Lemay-Thivierge faisait dernièrement une «sortie» contre l’acharnement des critiques à malmener plusieurs productions québécoises, prédisant au passage que ceci pourrait éventuellement «tuer» notre cinéma. «J’ai l’impression que, lorsque ça vient d’ailleurs, pour certains c’est magnifique; quand ça vient de chez nous, eh bien on ne manquera pas de descendre le produit. Ça fait petit peuple, je trouve, et nous sommes plus grands que cela. Détruire injustement, c’est petit je trouve. Je dénonce des critiques qui sou-

haitent se faire une réputation sur le dos de projets québécois faits avec cœur et enthousiasme par des artistes qui y ont mis des mois de travail», confiait-il à la journaliste Michelle CoudéLord. Il n’en fallait pas plus pour que Christiane Charrette invite le comédien à poursuivre sa réflexion dans le cadre de son émission, cette fois-ci devant deux des critiques visés par son «cri du cœur», Marc-André Lussier et Marc Cassivi. Ses détracteurs ont vite eu raison des arguments circulaires de Lemay-Thivierge, qui ne cessait de répéter que l’on encensait toujours le même «genre» de film au détriment de comédies et de productions commerciales qui permettent aux œuvres de répertoire d’exister. Difficile de se prononcer sur ce qui se fait ici, rétorquaient-ils, alors que la complaisance semble plutôt être de mise. Une sortie comme celle de Guillaume Lemay-Thivierge n’avait pourtant rien d’inédit et ne justifiait pas tout un battage médiatique. Elle permet toutefois de souligner qu’une dangereuse insécurité persiste toujours dans le milieu culturel, insécurité qui elle-même pourrait mener le cinéma québécois à sa perte. La seule responsabilité de la critique à l’égard du cinéma québécois, s’il en est une, est de juger ses œuvres de la même manière que toutes les autres, y compris

les œuvres américaines qui lui font concurrence. Elle peut ainsi en assurer la qualité, le mesurer à tout ce qui se fait ailleurs et, par conséquent, lui forger une réputation internationale. Prétendre le contraire tient d’une réaction défensive, d’un appel à la survivance. Les films d’ici font évidemment l’objet d’une plus grande attention médiatique, d’où la possibilité qu’ils soient encensés ou décriés sur toute les tribunes. L’«acharnement» de la critique ne peut dans ce cas qu’être proportionnelle à l’acharnement promotionnel qui l’a précédé, suscitant en elle-même des attentes parfois trop hautes par rapport au produit. Son appel à une certaine prudence des critiques envers le cinéma québécois évoque cette attitude de «petit peuple» que le comédien dénonce lui-même. Rivaliser avec le marché américain, par exemple, implique d’éviter d’imiter ses productions. La science fiction, les films d’actions à grand déploiement, bref, ce que Guillaume LemayThivierge considère comme d’indispensables productions commerciales, ne sont pas les genres de films que l’on peut réaliser avec une fraction du budget de nos voisins du Sud. Le cinéma québécois se doit d’être inventif, voilà ce que la critique devrait s’acharner à rappeler aux artisans du milieu. x

CINÉMA

Une 16e édition pour Cinémania

L

e Festival des films francophones Cinémania est depuis 1995 le rendezvous des cinéphiles qui veulent découvrir une sélection de films originaux et de qualité. Du 4 au 14 novembre, les amateurs de cinéma francophone se retrouveront donc au Cinéma Impérial, où certaines projections seront d’ailleurs présentées par leurs équipes. Cette année, c’est Copacabana, réalisé par Marc Fitoussi et mettant en scène Isabelle Huppert, qui a donné la coup d’envoi au Festival. Le film de clôture, Potiche, le dernier film de François

Ozon mettant en scène Fabrice Luchini, Gérard Depardieu et Catherine Deneuve, sera quant à lui le 14 novembre. Le Festival présentera, entre autres, les films suivants. Mercredi 10 novembre: Loup de Nicolas Vanier, Gardiens de l’ordre avec Cécile de France et Julien Boisselier, Mensch de Steve Suissa et Pieds nus sur les limaces avec Ludivine Saignier. Jeudi 11 novembre: L’enfance du mal d’Olivier Coussemacq, La Sainte Victoire de François Favrat, L’Autre Dumas avec Gérard Depardieu ainsi qu’Une affaire d’état, avec André Dussolier.

xle délit · le mardi 9 novembre 2010 · delitfrancais.com

Vendredi 12 novembre: Illegal d’Olivier Masset-Depasse, Horsla-loi de Rachid Bouchareb et Happy Few de Antony Cordier. Patrick Bruel sera quant à lui dans Comme les cinq doigts de la main, dimanche 14 novembre. x Pour consulter la programmation complète consultez le www.cinemaniafilmfestival.com Festival Cinemania Où: Cinéma L’Impérial 1430 Bleury Quand: Jusqu’au 14 novembre Combien: 9,50$

Graciseuseté des Éditions Hurtubise

Elizabeth-Ann Boulanger Le Délit

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Michel-

e voudrais qu’on m’efface, premier roman d’Anais Barbeau-Lavalette, était sans conteste l’un des livres les plus attendus de la rentrée. Si le nom de la romancière vous dit quelque chose, c’est parce qu’elle s’est faite connaître avec le film Le Ring sorti trois ans plus tôt. Elle a donc récemment –et avec raison– troqué la lentille pour la plume. Certains reconnaîtront d’ailleurs peut-être quelques épisodes du Ring dans le roman, car le livre devait paraître avant le film. Après la réalisation de Renée Beaulieu, Anaïs Barbeau-Lavalette a continué la création bien loin des artifices du cinéma et offre ainsi une excursion dans le cœur d’Hochelaga. Trois jeunes de douze ans se battent pour leur vie dans ce quartier que plusieurs appellent Ho-Ma. Roxanne, qu’on croit demi-folle à l’école, doit composer avec la violence et l’alcoolisme de ses parents à la maison. Mélissa, elle, s’occupe seule de ses frères quand son beau-père fout le camp et que sa mère se prostitue. Kevin quant à lui est un garçon du Ritalin qui vit seul

avec son père mécanicien et lutteur amateur. Parmi les putes, les soirées alcoolisées de leurs parents et le quotidien dans leur classe pour «ortho», on découvre la réalité de trois enfants allumés dans un milieu éteint. L’écriture très cinématographique surmontée d’une langue propre aux habitants du quartier expose des passages émouvants et très drôles. Les personnages sont attachants et nous portent à réfléchir sans jamais tomber dans le caricatural et le pathétisme. La réalité de certains jeunes au sein même de notre ville est ainsi dévoilée. Si le livre est une réussite, on appréciera aussi l’initiative visuelle qu’ont prise l’auteure et le directeur photo André Turpin. En effet, ils ont préparé une exposition de photos complémentaire au livre. La page couverture du roman est d’ailleurs une photographie tirée de l’exposition. On aime bien aussi qu’un livre québécois, bien écrit et bien ficelé, dépeigne une réalité proche de nous. Le cri de désespoir que l’auteur lance pour ces jeunes et l’urgence de les aider avant qu’il ne soit trop tard rendent cette œuvre bouleversante et intéressante. x

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LE DÉLIT AIME...

Les 48 heures de la bande dessinée

La table de travail d’Eleonore Goldberg, Aurélie Grand et Iris

Flavie Halais

Annick Lavogiez Le Délit

U

distribué gratuitement au Québec et à l’étranger dès le 13 novembre. Dimanche, la deuxième partie du festival invitait le public à divers ateliers pour enfants et adultes. Des conférences étaient également au programme, ainsi qu’un concert et le lancement d’À la faveur de la nuit de Jimmy Beaulieu, Les pièces détachées #2 de Vincent Giard et David Turgeon, Laisse tomber les filles de Vincent Giard et Cinéma de Sébastien Trahan. Le tout s’est fini dans un match d’improvisation dessiné animé et enthousiaste dont les sujets imposés étaient évidemment des titres de bande dessinée. Les quatre conférences «rencontres-cupcakes» exploraient le travail en atelier ou en solitaire, le jumelage entre auteurs débutants et auteurs confirmés ainsi que le fonctionnement de diverses structures d’éditions coopé-

ratives. Différents auteurs ont pu expliquer en quoi consistent ces bulles de création dans lesquelles naissent leurs dessins, intimistes chez Jimmy Beaulieu ou encore fruit d’un véritable travail d’équipe, comme entre David Turgeon et Pascal Giard. Après ces rencontres riches en anecdotes, José Parrondo, muni de son harmonica et son ukulélé, a offert au public une sympathique pause musicale afin de confirmer qu’un bédéiste a bel et bien plus d’un tour dans son sac pour séduire son lectorat. Les 48 heures de la bande dessinée, ce n’est pourtant pas qu’une suite d’animations organisées dans la bonne humeur et l’enthousiasme. C’est aussi un concept: celui-ci de rendre l’événement le plus accessible possible. Dans ce but, toutes les activités du samedi ont été retransmises régulièrement sur internet par une

fine équipe de reporters. Sans être présent, le public pouvait donc observer les bédéistes à l’ouvrage et l’avancée de leurs travaux avant de voir les planches affichées dans l’une des salles du Goethe-Institut toute la journée de dimanche. Aux côtés de ces dessins, une exposition était dédiée à Mawil, bédéiste allemand. Ce festival est donc une belle réussite, portée par des organisateurs hors pairs, des auteurs talentueux et un public inévitablement réjoui. À inscrire dès maintenant sur votre agenda 2011. En attendant, régalez-vous avec le 48 dès la semaine prochaine et la neuvième foire annuelle des petits éditeurs, des bandes dessinées et fanzines de Montréal, Expozine 2010. x Retrouvez l’ensemble des activités sur www.48hbdmontreal.com et www. expozine.ca

par Martine Chapuis

La bd de la semaine

ne fin de semaine à partager l’espace de création de bédéistes québécois, allemands, américains, belges et français, voilà ce que nous réservait la dernière édition du festival de création Les 48 heures de la bande dessinée. Petit bilan d’un événement unique dont le succès mérite d’être souligné. Dans les locaux du GoetheInstitut Montréal, une équipe d’organisateurs motivés (Julie Delporte, Vincent Giard et Lise Rebout), assistés de bédévoles enthousiastes, ont accueilli vingtcinq bédéistes afin de promouvoir la collaboration dans le milieu de la bande dessinée et de favoriser les échanges interculturels entre auteurs, amateurs, professionnels et public plus ou moins dilettante.

Divisé en deux volets, cet événement a commencé vendredi soir quand les différents auteurs, parmi lesquels on peut citer Aurélie Grand, David de Thuin, Luc Bossé, Mawil et Sébastien Lumineau, se sont réunis pour prendre connaissance du thème de la rencontre: la distance. Celle qui existe lors du processus de création, mais aussi celle qui sépare les artistes les uns des autres ou de leur public. Chaque dessinateur a profité d’une nuit de réflexion avant de plancher sur cette thématique toute la journée de samedi, malheureusement fermée au public pour d’évidentes nécessités de concentration. Deux par deux, les bédéistes ont formé un véritable laboratoire de création de bandes dessinées destinées à être publiées dès la semaine prochaine dans le 48, qui sera lancé à Expozine et

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xle délit · le mardi 9 novembre 2010 · delitfrancais.com


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