Le Délit

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Contre le sommet p 4

Le mardi 26 février | Volume 102 Numéro 17

Une chèvre à la place de l’ours depuis 1977


Volume 102 Numéro 17

Éditorial

Le seul journal francophone de l’Université McGill

rec@delitfrancais.com

«Pardon, je vais y aller rondement.» Nicolas Quiazua Le Délit - «On arrive à la fin de votre temps» - «Pardon, je vais y aller rondement.»

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oilà un Sommet sur l’éducation fait sur mesure pour les réseaux sociaux. Facilement résumé en moins de 140 caractères. Un Sommet d’une journée et demie, quatre grand thèmes et trois minutes par intervenant ne peuvent être garants de l’avenir des universités au Québec et encore moins des enjeux sociaux plus larges qu’ont mis en lumière le Printemps érable. Vous l’avez vu venir, vous, Madame MonroeBlum, un peu tard tout de même en vue de votre budget, cette «farce» du Sommet sur l’éducation du gouvernement Marois. Une farce qui néglige le vrai débat sur la mission d’un système de l’éducation supérieure et la traite comme une restructuration d’entreprise. Rira bien qui consultera le dernier Le but officiel du Sommet était d’arriver à un «consensus national» sur le système universitaire québécois. Plus particulièrement, sur le financement de ses universités. Toutefois, le Parti Québécois semblait avoir pris sa décision avant même le début de la consultation. Le parti avait déjà indiqué son intention de hausser les frais de scolarité, déguisée en diverses formules d’indexation, allant de 46 à 83 dollars par année. Duschesne avait prévenu dès le début que le Sommet ne se conclurait pas par une «déclaration commune où tout le monde signe et tout ça. Ce qu’on vise, c’est vraiment des discussions et d’avoir suffisamment avancé pour dire qu’on se dirige dans telle ou telle direction». De plus, les étudiants et les professeurs étaient sous-représentés pour le rôle qu’ils occupent dans la question. Sur le site web du Devoir, dans un article paru le lundi 25 février 2013, le sociologue Guy Rocher, un des rédacteurs du rapport Parent, se dit «outré» que la voix des enseignants soit si peu entendue au Sommet sur l’enseignement supérieur. Hormis le droit de parole octroyé à la Fédération québécoise des professeurs d’université (FQPPU), aucun représentant du corps professoral n’est présent. Le conseil du patronat et les administrateurs des universités membres de la Conférence des recteurs et des principaux des Universités du Québec (CREPUQ), eux, se sont fait entendre, mettant en avant une vision de l’université en tant qu’entreprise. Gouvernance et financement des universités Aucune surprise du côté du thème phare: le financement. Hier soir, vers 19h30, le gouvernement Marois proposait «une indexation des droits de scolarité de 3%», ce qui représente une hausse de 70$ par année. La proposition est liée à un indicateur: celui de la croissance du revenu disponible des familles. Au Québec, depuis la révolution tranquille, le gel était vu comme un compromis en vue de la gratuité scolaire. Une indexation est le bris de ce compromis.

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En contrepartie, Québec augmentera de 25 millions par année le régime de prêts et bourses. Les nouvelles mesures s’appliqueraient à compter de 2014-2015. En plus de poser un fardeau supplémentaire sur le dos des étudiants, l’indexation ne règle pas le soidisant «manque à gagner» des universités. Les frais afférents qui font de McGill l’université la plus chère au Québec n’ont pas été abordés. Accessibilité et gérance Un autre des grand thèmes, l’accessibilité, n’a été abordé que superficiellement. Quand on parle d’accessibilité, on ne peut pas se pencher seulement sur les frais de scolarité. C’est aussi une question «géographique, sociale, d’encadrement des frais afférents et d’investissement en amont dans le réseau de l’éducation, c’est une question complexe», comme le dit si bien la présidente de la CSQ (Centrale des Syndicats du Québec), Louise Chabot. La CSQ croit qu’une instance de coordination permettrait d’encadrer le développement des universités et d’améliorer notre vision d’ensemble du réseau. Elle permettrait une meilleure collaboration entre les établissements, tout en lui accolant une gestion plus cohérente avec l’offre et la demande de formation. Parallèlement, la CREPUQ appelle à la «prudence» avec le conseil des universités, ne voulant pas que le gouvernement interfère avec son travail de «bonne gestion». Le conseil du patronat pense que sur le Conseil des universités, «il faut une majorité de membres compétents de l’externe» et une éducation plus en lien avec l’industrie et les ordres professionnels. L’un s’oppose même à la transparence et l’autre souhaite que l’instrument sensé faire le point sur la situation universitaire soit le même qui a intérêt à voir les frais de scolarité et les partenariats avec l’industrie augmenter. Tandis que la CREPUQ demande au gouvernement de s’abstenir d’interférer avec les affaires universitaires, elle demande au gouvernement d’encadrer le droit de grève des étudiants. «Qu’un droit de grève soit octroyé ou non, il faut clarifier la situation», disait un de ses représentants. Le Conseil du Patronat, lui, demande l’existence d’indicateurs d’assurance de qualité. Un peu comme un tableau de rendement chiffré d’une compagnie. Avec les profits à l’avant plan. Plutôt que des mesures de qualité, fondées uniquement sur des nombres, il faut plutôt surveiller les éléments qualitatifs de l’enseignement et y voir sa place dans la société québécoise. ll y a un «danger à vouloir correspondre tout le temps au marché du travail qui est en constante évolution», comme le résume Françoise David. Jumelés aux coupes dans le financement universitaire et dans la recherche du Parti Québécois, les chercheurs seraient laissés au mains de l’industrie et de ses intérêts. On arrive à la fin de mon temps alloué, donc je vais y aller rondement: Il est dur de voir dans ce sommet autre chose qu’une façon de rendre légitime «une autre» hausse des droits de scolarité. x

rédaction 3480 rue McTavish, bureau B•24 Montréal (Québec) H3A 1X9 Téléphone : +1 514 398-6784 Télécopieur : +1 514 398-8318 Rédacteur en chef rec@delitfrancais.com Nicolas Quiazua Actualités actualites@delitfrancais.com Chef de section Mathilde Michaud Secrétaire de rédaction Théo Bourgery Arts&Culture artsculture@delitfrancais.com Chef de section Anselme Le Texier Secrétaire de rédaction Anne Pouzargues Société societe@delitfrancais.com Fanny Devaux Coordonnateur de la production production@delitfrancais.com Samuel Sigere Coordonnatrice visuel visuel@delitfrancais.com Camille Chabrol Infographie infographie@delitfrancais.com Vacant Coordonnatrices de la correction correction@delitfrancais.com Myriam Lahmidi Claire Launay Coordonnateur Web web@delitfrancais.com Mathieu Ménard Coordonnateur des réseaux sociaux réso@delitfrancais.com Louis Soulard Collaboration Simon Albert-Lebrun, Louis BaudoinLaarman, Sophie Blais, Zoë Carlton, Hera Chan, Romain Hainaut, Catherine Collerette, Léa Gruyelle, Katia Habra, Sofia el-Muderib, Margot Fortin, Maxence Leblond Couverture Camille Chabrol bureau publicitaire 3480 rue McTavish, bureau B•26 Montréal (Québec) H3A 1X9 Téléphone : +1 514 398-6790 Télécopieur : +1 514 398-8318 ads@dailypublications.org Publicité et direction générale Boris Shedov Photocomposition Mathieu Ménard et Geneviève Robert The McGill Daily coordinating@mcgilldaily.com Queen Arsem-O’Malley Conseil d’administration de la Société des publications du Daily (SPD) Nicolas Quiazua, Sheehan Moore, Erin Hudson, Mike Lee-Murphy, Matthew Milne, Joan Moses, Farid Muttalib, Shannon Pauls, Boris Shedov, Queen ArsemO’Malley, Rebecca Katzman, Anselme Le Texier L’usage du masculin dans les pages du Délit vise à alléger le texte et ne se veut nullement discriminatoire.

Les opinions exprimées dans ces pages ne reflètent pas nécessairement celles de l’Université McGill. Le Délit (ISSN 1192-4609) est publié la plupart des mardis par la Société des publications du Daily (SPD). Il encourage la reproduction de ses articles originaux à condition d’en mentionner la source (sauf dans le cas d’articles et d’illustrations dont les droits avant été auparavent réservés, incluant les articles de la CUP). L’équipe du Délit n’endosse pas nécessairement les produits dont la publicité paraît dans ce journal.Imprimé sur du papier recyclé format tabloïde par Imprimeries Transcontinental Transmag, Anjou (Québec). Le Délit est membre fondateur de la Canadian University Press (CUP) et du Carrefour international de la presse universitaire francophone (CIPUF).

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Actualités actualites@delitfrancais.com

ASSEMBLÉE GÉNÉRALE L’assemblée générale annuelle de la Société des publications du Daily (SPD), éditeur du McGill Daily et du Délit, se tiendra

mercredi le 27 mars au Leacock 232 à 17h30. Les membres de la SPD sont cordialement invités. La présence des candidats au conseil d’administration est obligatoire.

Pour plus d’informations, contactez-nous:

chair@dailypublications.org

Une salle vide pour un document si important Crédit photo: Camille Chabrol

CAMPUS

Consultation sans représentation McGill et l’encadrement des manifestations. Mathilde Michaud Le Délit

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ne vingtaine de personnes se sont rassemblées le mercredi 20 février afin de discuter du nouvel énoncé de valeurs sur la liberté d’expression, et la tenue d’assemblées pacifiques et des procédures opérationnelles qui l’accompagnent. Bien que l’exercice, proposé par l’administration, se voulait une façon de prendre le pouls de la communauté mcgilloise, seulement une vingtaine d’étudiants ont participé à la discussion, dont un seul se définissant non-affilié à la politique universitaire. Près de la moitié des personnes présentes étaient des représentants de l’administration. Un brouillon des deux documents à été remis aux participants et deux tables d’une dizaine de personnes se sont formées afin d’entamer des discussions. La rencontre se divisait en trois temps: d’abord, une discussion sur l’énoncé de valeurs, ensuite, les procédures opérationnelles et, finalement, les participants se sont consultés pour savoir s’il devrait y avoir des limitations à la liberté de manifester et, si oui, lesquelles. Dans un premier temps, la discussion a surtout tourné autour des circonstances dans lesquelles il était légitime de faire appel aux forces policières sur le campus. Andre Costopoulos, doyen à la vie étudiante, a expliqué aux participants rassemblés autour de la première table que l’énoncé se voulait le «meilleur estimé des circonstances dans lesquelles il est nécessaire d’y avoir recours». Les débats ont par la suite porté sur la délimitation du seuil de tolérance. Pour plusieurs des personnes présentes, le seuil était pour le moment beaucoup trop bas et demandait révision. Dans un même ordre d’idée, une étudiante a demandé à ce que l’administration fasse une distinction entre la violence et l’interruption des activités sur le campus, soutenant que la première situation devrait être encadrée, mais pas la seconde. D’autres critiques ont dénoncé le manque de référence à la personne qui sera en charge de faire appel au corps policier. Il y a aussi eu beaucoup de discussions quant à savoir si les étudiants se verront donner un avertissement avant que les

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conséquences ne s’appliquent, et quelles seront en effet les dites conséquences. Le document ne semble pas pour le moment faire état de ces deux préoccupations. La consultation s’est ensuite penchée sur les opérations procédurales reliées à l’application de l’énoncé de principe. Alors qu’un étudiant a proposé un changement de nom, argumentant que le présent titre rendait le document «repoussant», Robin Reid-Fraser, vice-présidente aux affaires externes de l’Association Étudiante de l’Université McGill (AÉUM), a, quant à elle, remis en question la nécessité de posséder un tel document. McGill possède déjà un code de conduite régulant les comportements étudiants et elle ne voit pas la pertinence d’ajouter une seconde couche. Morton Mendelson, député Prévost de l’Université McGill, a répondu que «le Code de conduite de l’étudiant est très général alors que [les procédures] que nous sommes en train de regarder encadrent un type de comportement particulier». En dernier lieu, les participants ont débattu sur le besoin d’avoir des limitations au droit de manifester. Cette fois, les conversations ont surtout tourné autour de deux termes: l’intentionnalité et l’intensité. Bien que la majorité se soit entendue sur la nécessité d’établir certaines limites, aucun des deux groupes n’a atteint de consensus sur leurs définitions respectives. Il s’en est donc suivi d’une discussion sur comment définir l’intentionnalité. Alors que l’administration y voyait une façon de contrôler l’intention d’interrompre les activités et de déranger, certains, tel que Jimmy Gutman, représentant de la Faculté des arts au sénat de McGill, y voyait plutôt un contrôle de l’intention qui pousse les manifestants à se rassembler. L’intensité a aussi fait l’objet de débats concernant la façon de définir l’intensité maximale qu’une manifestation pourrait atteindre sur le campus avant l’intervention des forces de l’ordre. Au final, il en a été déduit qu’il était nécessaire de clarifier les deux termes. Les membres de l’administration qui étaient présents se sont engagés à les revoir pour les rendre plus concrètes. x

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ça fait mal. ǀĞĐ ƵŶ ƌĞŵďŽƵƌƐĞŵĞŶƚ ŵŽLJĞŶ ĂƵdž ĠƚƵĚŝĂŶƚƐ ĚĞ ϭ ϬϬϬഭΨ͕ ů͛ŝŵƉƀƚ ĨĂŝƚ ŵŽŝŶƐ ŵĂů͘*

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Actualités

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DOSSIER

Sommet sur l’ensei

CHRONIQUE

Ce que l’avenir doit au printemps

Margot Fortin | Chronique accidentelle

À l’aube de la clôture d’un Sommet sur l’éducation supérieure qui marquera peut-être le dernier jalon du fantastique parcours du mouvement étudiant tel que nous le connaissons, l’heure est à la réflexion pour les centaines de milliers de personnes qui ont incarnées, le temps d’une saison, l’âme d’une génération en mal de changement, d’aventure et d’équité. À peine un an après les premières véritables démonstrations de force du mouvement, sommes-nous déjà prêts à faire le deuil de l’effervescence du printemps? La journée du 26 février marquera inévitablement la fin d’un

chapitre. À moins d’un revirement spectaculaire, la clôture du Sommet sera suivie d’une perte brutale du rapport de force des fédérations étudiantes par rapport au gouvernement. En effet, la récente série de votes d’opposition à la grève ayant émané d’associations étudiantes qui n’ont pourtant jamais hésité à monter au front suggèrent que l’appétit pour un nouveau débrayage est au plus bas. Dans de telles circonstances, il ne faudra pas s’étonner que le gouvernement Marois profite de l’occasion pour renvoyer le débat sur l’éducation supérieu Parallèlement à ce changement au niveau des forces en présence, la transformation du visage même du mouvement sera bientôt complétée. Avec l’échéance imminente du mandat de Martine Desjardins à titre de présidente de la Fédération étudiante universitaire du Québec (FEUQ), l’ensemble des grands acteurs du conflit étudiant auront quitté leur poste. Toutefois, la présidente de la FEUQ et ses anciens frères d’armes font maintenant face à un défi autrement plus complexe que ceux qu’ils ont relevés jusqu’ici, celui de

transformer un mouvement essentiellement social en une machine politique tangible. Les grands débats vont et viennent, mais il me semble que l’esprit même du printemps érable, cette surprenante capacité de transformer le cynisme le plus profond en une énergie créatrice positive, doit absolument perdurer. À long terme, les Martine Desjardins de ce monde auront la lourde responsabilité d’insuffler aux générations futures le souvenir d’un optimisme qui sait se nourrir de l’adversité et d’un idéalisme sans complexe qui se donne les moyens de ses ambitions. Plutôt que de porter des revendications précises et quantifiables, les anciens leaders étudiants devront remplir le mandat beaucoup plus abstrait de transformer un mouvement de contestation qui aura duré le temps d’un printemps en une force politique durable. Pour ceux qui croient encore que l’avenir de la gauche québécoise est indissociable d’une présence concrète dans le monde de la politique active, le futur du mouvement étudiant réside clairement dans un déplacement graduel de la rue vers les institutions formelles qui dic-

tent le changement. En ce sens, la possibilité de voir les leaders étudiants d’hier investir un jour nos institutions démocratiques comme l’a déjà fait Léo Bureau-Blouin m’apparaît fort réjouissante: après tout, si mêmes les individus qui ont été marqués le plus intimement par le bouillonnement du printemps érable devaient échouer à leur tour à faire la politique autrement, il y a fort à parier que personne n’y arrivera jamais. La politique fait indéniablement la vie dure aux idéaux. Pourtant, nous avons de bonnes raisons de croire que notre génération saura s’y prendre différemment. Contrairement à celles qui l’ont précédé, la nôtre a compris que le fait de se donner corps et âme au nom de certains idéaux n’est pas forcément un gage de déception et d’amertume. Par bonheur, notre entrée dans le monde n’aura pas été marquée par une défaite référendaire ou encore par une trahison constitutionnelle, mais plutôt par le spectacle grandiose d’une génération qui voit son reflet pour la première fois et qui se sait dès lors capable de tenir tête à l’immobilisme confortable du

dogme. Avec un peu de chance, le printemps érable n’aura été qu’un aperçu de ce dont l’avenir sera fait, et les leaders d’hier reviendront un jour à la charge pour transformer le monde politique de l’intérieur. Peu importe ce qu’il adviendra des frais de scolarité en tant que tels, nous ne pourrons jamais crier victoire si nous laissons l’esprit du mouvement s’effacer avec ceux et celles qui l’ont incarné. J’ose croire que toutes les personnes qui ont participé de près ou de loin au printemps érable portent désormais la marque indélébile de cet imperceptible élan d’amour qui annonce le changement. Nous avons la responsabilité de porter cet optimisme sur toutes les tribunes et de continuer à faire avancer la marche du progrès dans l’histoire du Québec à notre modeste manière. Nous pouvons nous compter chanceux d’avoir vécu l’un de ces rares moment de grâce où les idéaux diffus de centaines de milliers de personnes semblent se confondre en un seul et même insaisissable mouvement. Peut-on imaginer meilleur point de départ vers la mise en œuvre d’un nouveau projet de société? x

Grève à l’AHCS-GSA Somment houleux Théo Bourgery Le Délit

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lors que le Sommet sur l’éducation bat son plein, des étudiants de McGill ont décidé de faire entendre leur voix, sur les marches du bâtiment de la Faculté des Arts. Une demidouzaine d’étudiants, accompagnés de professeurs, ont condamné un Sommet «injuste» et qui n’avait pas lieu d’être. Ce rassemblement fait suite à ce que l’association des étudiants de second et troisième cycles en Histoire de l’art et études en communications (AHCS– GSA) a annoncé son affiliation à l’Association pour une solidarité syndicale étudiante (ASSÉ). L’ASSÉ avait déjà annoncé le 14 février qu’elle boycotterait le Sommet, soutenant qu’elle «tenter[ait] de bloquer l’indexation dans la rue». Le département s’est donc clairement opposé au Sommet sur l’éducation, répétant, le 25 février à qui voulait l’entendre: «McGill en grève!» On pou-

4 Actualités

vait apercevoir parmi les manifestants la commissaire de l’équité de l’Association étudiante des Cycles Supérieurs de l’Université McGill (AÉCSUM) Gretchen King, tapant sur une boîte de conserve. Jérémy Bénard-Wien, porte-parole de l’ASSÉ, est venu féliciter les quelques protestataires présents. Enfin, Adrienne Hurley, professeure assistante dans le département d’Études est-asiatiques, distribuait aux passants un dépliant qui expliquait les raisons de la prise de position de l’AHCS–GSA et comparait le Sommet avec un «cirque» qui «offre une diversion de la réalité». Pour elle, l’affiliation était «une merveilleuse nouvelle», preuve que McGill n’est pas insensible aux enjeux politiques québécois. Les quelques manifestants présents ont précisé qu’ils seraient tous présents lors de la manifestation d’aujourd’hui, à 16 heures 30 à la station Atwater. x

Sophie Blais Le Délit

L

e Sommet de l’enseignement supérieur s’est ouvert lundi 25 février 2013 à Montréal, auquel assistaient environ 350 participants, menés par la première ministre Pauline Marois. Les discussions ont été vouées à quatre grands thèmes. Tout d’abord, la qualité de l’enseignement et la gouvernance des établissements: la proposition gouvernementale a été présentée. Celle-ci met en avant une loi-cadre qui surveillerait l’ensemble du système universitaire, la création du Conseil national des universités et la révision de la reddition de comptes des universités. La création du conseil des universités a été bien reçue de manière générale, même si les opinions des acteurs principaux ont divergé quant au rôle de celui-ci. Le deuxième sujet: la recherche et la collaboration entre les établissements et leur milieu. Les participants au sommet se sont penchés sur les propositions du gouvernement: renforcer la recherche

par le biais d’une nouvelle politique nationale de la recherche qui verra le jour au printemps 2013. Le thème du financement des universités a ensuite été abordé. Les propositions du gouvernement concernant ce sujet comportent une augmentation de 800 millions de dollars du financement annuel des universités entre 2012-2013 et 2018-2019. Finalement, la problématique de l’accessibilité aux études a été abordée. Le gouvernement est resté ferme sur sa position: il s’agira d’une indexation des frais de scolarité. C’est lors de ce dernier segment que les discussions se sont intensifiées, notamment avec une intervention soutenue de Martine Desjardins, comparant l’indexation des frais de scolarité avec l’inflation d’un «sac de chips». Certains syndicats et professeurs ont eux aussi manifesté leur opposition au projet d’indexation. Alors qu’une impression de consensus se ressentait tout au long de la journée, c’est dans une atmosphère de désunion que s’est terminée la premièe journée du Sommet. x

x le délit · le mardi 26 février 2013· delitfrancais.com


crédit photo: Théo Bourgery

ignement supérieur Le droit de grève encadré Bien des discussions, mais pas de concensus Mathilde Michaud Le Délit

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n peu plus d’un an a passé depuis le début de la grève étudiante qui a rythmé la vie des étudiants postsecondaires du Québec. En faisant une rétrospection des événements du printemps dernier, il semble nécessaire pour certains de faire des ajustements juridiques afin d’éviter des affrontements parfois violents, comme ceux qui ont entouré la polémique des piquets de grève et des injonctions. La clinique juridique Juripop, qui a défendu les causes des fédérations étudiantes durant le Printemps érable, propose trois solutions qui permettraient «d’éviter des affrontements juridiques et même physiques», tel que rapporté par RadioCanada le 13 février dernier. Premièrement, il s’agirait de lier par un décret ministériel les votes de grève à leurs institutions, obligeant ainsi les cégeps et universités à appliquer la grève votée par les étudiants. Deuxièmement, il faudrait amender la législation qui encadre déjà l’accréditation et le financement des associations étudiantes. La dernière suggestion promeut l’établissement d’une convention collective nationale étudiante qui se renégocierait tous les cinq ans et ne permettrait la grève que lors de sa négociation. De nombreuses opinions se confrontent quant à l’application de telles législations. Alors que le jeune député Léo Bureau-Blouin, ancien président de la Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ), soutient qu’il y aurait de nombreux bénéfices, Martine Desjardins, la

présidente de la Fédération étudiante universitaire du Québec (FEUQ) est quelque peu réticente à l’application d’un tel encadrement. La FECQ n’a pas encore de position officielle. Ses membres sont présentement en consultation sur la question, explique Vincent-Olivier Bastien, viceprésident de la FECQ, dans un courriel au Délit. Ils font cependant partie de ceux qui ont commandé l’enquête sur la question de pair avec la FEUQ. L’Association pour une solidarité syndicale étudiante (ASSÉ), quant à elle, n’a pas encore de position officielle prise par ses membres sur la question mais a déjà émis certaines réserves sur les mesures proposées par Juripop. «La première chose qui nous fait réagir c’est la question de la convention collective», explique Justin Arcand, porte-parole de l’ASSÉ, dans une entrevue téléphonique avec Le Délit. «À première vue ça nous semble beaucoup trop lourd et bureaucratique. Ça serait le pire scénario». Pour ce qui est de la reconnaissance officielle des votes de grève par les établissements, «ça ouvre la porte à l’encadrement», soutient le porte-parole. «Il faut comprendre que s’il ne faut pas encadrer la grève, il faut cependant la reconnaître. L’encadrement serait de mettre des règles spécifiques qui nous dictent comment il faut faire la grève. Ça enlève toute possibilité d’utiliser l’effet de surprise de la grève d’une journée». Monsieur Arcand précise en fin d’entrevue que le droit de grève n’est pas lié au code du travail, contrairement au préjugé populaire. En effet,

bien qu’il l’encadre à présent, les travailleurs et travailleuses avaient le droit de manifester bien avant cela. «Ce n’est pas parce qu’il y a un flou juridique qu’on n’a pas le droit de manifester. Toutes nos précédentes grèves étaient légales», conclut-il. Les membres de l’ASSÉ n’ont pas prévu de se positionner à leur prochain congrès, le 2 mars 2013. La prise de position, si elle a lieu, ira donc au congrès se tenant en mai.

Le Parti Québécois s’est montré plutôt ouvert à discuter des possibilités; Pauline Marois, chef du parti et première ministre québécoise, avait mentionné l’éventualité de discuter officiellement lors du Sommet sur l’enseignement supérieur. Pierre Duchesne est cependant revenu sur les paroles de la Première Ministre le 19 février, en entrevue avec La Presse, statuant que l’encadrement du droit de grève ne sera pas à l’ordre du jour du Sommet, mais que «si les gens veulent en discuter, ce sera possible». x

Plus qu’une manifestation, une résistance!

Crédit photo: Roamin Hainaut

Un millier de manifestants dénoncent le Sommet sur l’éducation Théo Bourgery & Louis Baudoin-Laarman Le Délit

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n millier de manifestants ont pris les rues de Montréal hier soir afin de dénoncer le Sommet sur l’éducation supérieure. Les manifestants se sont d’abord réunis au Square Cabot, proche de la station de métro Atwater, dans une atmosphère calme. Une des protestataires a affirmé vouloir attirer l’attention de Pauline Marois, chef du Parti Québécois (PQ) et première ministre, en produisant une énorme boule de neige. Initiative fort appréciée par les plus jeunes de la masse, comme une petite fille de cinq ans qui, armée d’une pelle rouge, s’est ardûment mise à la tâche.

La gaieté a cependant vite fait place à une certaine haine à l’encontre du Sommet et de ses organisateurs dans les paroles clamées à travers la foule. Les slogans favoris du Printemps érable sont ressortis, parsemés d’insultes contre une police jugée trop violente et injuste. La gratuité scolaire était très présente dans les esprits, comme en témoigne cette jeune élève de secondaire: «il y a un sommet qui ne traite pas de la gratuité scolaire. [Cette manifestation], c’est un signe de résistance». Pour d’autres étudiants du cégep du Vieux-Montréal, le Sommet de l’éducation «ne parle pas des vrais enjeux, comme la gratuité scolaire». Le cortège se met en marche et mille personnes prennent l’avenue Atwater vers le sud, occupant les deux bords et coupant la circulation. À coups de «police partout, justice nulle part» et de banderoles sur les-

x le délit · le mardi 26 février 2013 · delitfrancais.com

quelles on peut lire «nous ne négocierons pas le recul social à votre faux Sommet», la masse a commencé à se diriger vers Arsenal, où se tient le Sommet, escortés de toutes parts par la police anti-émeute. Après de nombreux détours dans les petites rues de Saint-Henri, la marche a pris fin devant les grilles d’Arsenal, où le Service de Police de la Ville de Montréal (SPVM) ainsi que la Sûreté du Québec (SQ) avaient hautement sécurisés les lieux. Le nombre de policiers est «abusif», lance d’ailleurs Paul-Alexandre, étudiant à l’Université du Québec à Montréal (UQAM). Après un quart d’heure de doutes et sans altercation, la marche a repris son cours en direction du centre-ville, au gré des manifestants se trouvant à sa tête, et suivie par la police. Toujours pacifiquement, le cortège est arrivé sur la rue Sainte-

Catherine, au milieu des acheteurs tardifs scandant «le capital nous fait la guerre, guerre au capital». Alors que la marche touchait à sa fin, un passant insulte les protestataires, affirme que leur «résistance» ne sert à rien. Peu après, des projectiles ont été lancés à la police anti-émeute. Le SPVM qui avait escorté le cortège depuis deux heures a réussi à disperser la foule aux alentours de la Place des Arts. Au moins deux arrestations ont eu lieu. Certains manifestants se sont ensuite réunis sur la place EmilieGamelin, mais cette fraction de la manifestation initiale s’est vite dispersée. Une manifestation appelée par l’ASSÉ est prévue demain. Selon la page Facebook officielle, plus de quatre mille personnes seraient attendues au Square Victoria à 14 heures. x

Actualités

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CAMPUS

La PSA s’incorpore

La PSA remplit la première condition pour être une association indépendante. Nicolas Quiazua Le Délit

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’Association des étudiants en philosophie (PSA) devient la première association départementale à être incorporée à l’Université McGill. L’incorporation, qui confère à la PSA le statut d’organisme sans but lucratif, est la première étape nécessaire pour permettre à une Association étudiante d’être accréditée et ainsi recevoir son indépendance de l’Association des Étudiants de la Faculté des Arts (AÉFA). Un vote unanime, plus tôt mardi soir, rend officielle la volonté de s’accréditer. «Une lettre a été envoyée à l’agent du gouvernement assigné aux accréditations» faisant part de la tenue d’un scrutin sur l’accréditation de la PSA du 11 au 15 mars, annonce au Délit, en anglais, Jonathan Wald, président de la PSA et président du vote sur l’accréditation. L’incorporation est une officialisation d’«un long processus bureaucratique», en vertu de la Partie III de la Loi sur les compagnies du Québec (C-38). La décision d’entreprendre les démarches pour son obtention avait été prise durant la session d’automne lors d’une série de réunions et a été rendue publique dans Le Délit le 2 octobre 2012. À ce moment-là, Morton J. Mendelson, vice doyen à la vie étudiante, prévenait l’exécutif de l’AÉFA en anglais que «permettre aux associations départementales de s’incorporer n’est ni une option ni une solution au problème que l’AÉFA rencontre par rapport au respect de leur obligation de rendre des [audits]». L’AÉFA avait violé son protocole d’accord (Memoranda of Agreement, MoA) avec McGill à plusieurs reprises, entre autres en ne passant pas

Crédit illustration: Lily Schwarzbaum

d’audit, une des obligations imposées par le protocole d’accord. Devon LaBuik, président de l’AÉFA, est surpris par l’incorporation officielle de la PSA. “Ils ne nous en ont jamais parlé, je savais qu’ils en avaient parlé, mais je ne savais pas que des démarches avaient été entreprises”, affirme LaBuik, en anglais, en entrevue avec Le Délit. Le président de l’AÉFA dit vouloir se pencher plus sur le sujet avant de se prononcer sur les relations qu’entretiendraient les deux associations si le vote d’incorporation devait être remporté par la PSA. «C’est une chose à laquelle nous n’avions jamais fait face auparavant», conclut LaBuik.

L’accréditation en bref Toute association étudiante a la possibilité de s’accréditer en vertu de la Loi sur l’accréditation et le financement des associations d’élèves ou d’étudiants. L’accréditation donne un statut légal en tant qu’association étudiante a part entière auprès du Ministère de l’éducation du Québec. À l’Université de Montréal (UdeM) ainsi qu’à l’Université du Québec à Montréal (UQAM), plusieurs associations départementales sont déjà accréditées. En revanche, cela est une première pour les associations départementales à McGill. L’accréditation permettrait à la PSA de

percevoir les fonds afférents des étudiants directement de McGill sans avoir à passer par L’AÉFA. Si accrédité, le département de Philosophie serait aussi en position de négocier un protocole d’accord avec McGill – tout comme l’AÉUM, l’AÉFA et l’AÉCSUM. De plus, l’Association départementale aurait la possibilité de s’affilier à la Coalition ou à la Fédération étudiante au niveau provincial de leur choix, tel que l’ASSÉ ou la FEUQ, et de représenter ses membres «sur une base beaucoup plus large que ce qui est actuellement possible pour les associations départementales de l’Université McGill». Le montant à percevoir, la possibilité ou non de se désengager de l’Association, et la constitution de cette dernière seraient adoptées en Assemblée Générale (AG) suite à l’accréditation. Les constituants de la PSA ne perdraient pas leur adhésion à l’association facultaire ou universitaire. Les étudiants en philosophie «continueraient de faire partie de l’Association Étudiante de l’Université McGill (AÉUM) et de l’AÉFA»: ils continueront à payer les frais afférents requis pour bénéficier de leurs services. Afin de remporter le vote pour son accréditation, l’Association étudiante de Philosophie devra compter sur une majorité des voix lors du vote le mois prochain avec «la condition que cette majorité représente […] au moins 25% de ceux qui […] sont inscrits dans l’établissement d’enseignement concerné». L’Association regroupe environ 430 membres; ce sont donc près de 108 étudiants qui devront voter en faveur de l’accréditation pour que celle-ci soit acceptée. Tous les étudiants inscrits dans le programme de philosophie à McGill auront le droit de vote, qu’ils soient en concentration mineure, majeure ou en spécialisation. x

Un Conseil informel

Le Conseil législatif de l’AÉUM se rencontre une dernière fois avant l’AG. Théo Bourgery Le Délit

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’est au second étage de la résidence universitaire Carrefour Sherbrooke qu’a eu lieu, le jeudi 21 février 2013, le conseil législatif de l’Association Étudiante de l’Université McGill (AÉUM). Précédé par un buffet de pizzas et dans une atmosphère très informelle, la discussion de plusieurs motions a été ponctuée par des présentations d’intervenants extérieurs. Avec quinze minutes de retard, les exécutants de l’AÉUM ont commencé par se présenter devant une audience d’élus, mais aussi d’étudiants de première année conviés à l’événement. En effet, l’Association souhaitait donner aux nouveaux venus une idée générale de son rôle dans l’université, ainsi que des conseils sur comment s’impliquer. Le Conseil de Première Année (First Year Council, FYC) était l’organisateur de ce Forum de Première Année, qui semble n’avoir intéressé qu’une dizaine d’étudiants. Puis s’en est suivi une intervention du Dr Tellier, directeur du service de santé pour les étudiants. Stoïque, il a expliqué que la clinique, située dans le bâtiment Brown, était débordée, avec une demande aussi importante que les autres années, mais un manque

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Crédit photo: Camille Chabrol

de fonds et de personnel. Devant ce problème de logistique, Dr Tellier a précisé qu’un des services pourrait être supprimé: l’aide médicale aux conjoint(e)s d’étudiants de deuxième et troisième cycles. L’Association Étudiante des Cycles Supérieurs de l’Université McGill (AÉCSUM) a déjà fait savoir qu’elle souhaitait garder ce service. L’AÉUM a fait écho de cette décision, précisant que «les conjoint(e) s offrent un soutien moral considérable aux étudiants; leur refuser une aide médicale serait injuste». Quelques élus ont objecté, indiquant que cette population ne payait aucun frais à l’université et à la clinique.

Le point fort de ce conseil a cependant été la présence de deux étudiants de McGill, Patrick Martin-Ménard et Alexandra Landry-Gravel, qui se présentaient pour être délégués à la Table de concertation étudiante du Québec (TaCEQ). Tous deux ont rapidement mis en avant leurs motivations, se concentrant sur le besoin de «nouvelles façons de voir les choses», surtout au niveau des frais universitaires, revendiquant clairement la gratuité scolaire sur le long terme. M r MartinMénard a indiqué au Délit que le choix de l’Association pour une solidarité syndicale

étudiante (ASSÉ) de boycotter le Sommet sur l’éducation était un faux pas. Il dénonce cette «logique de confrontation» et précise qu’il faut «être assis à la table et participer aux débats» pour faire changer les choses. Paul-Émile Auger, secrétaire général de la TaCEQ a aussi expliqué devant le Conseil que son organisation serait «soudée» pendant toute la durée du Sommet, les 25 et 26 février prochains. Enfin, le débat sur les motions a pu commencer, une heure après le début du Conseil législatif. La plupart concernait les questions officielles du référendum, qui aurait lieu durant l’Assemblée Générale (AG) de l’AÉUM ce 27 février 2013. Il était, entre autres, question d’une augmentation de frais afférents pour le département d’athlétisme ainsi que pour le centre d’aide à la maîtrise de l’écriture. Josh Redel, président de l’AÉUM, en a profité pour annoncer que tout était fait pour rendre l’AG plus populaire à travers le corps étudiant, notamment par le biais de forums de discussions accessibles par téléphone intelligent. Enfin, les détails sur l’album de la promotion 2012-2013 ont été dévoilés: l’emphase est mise sur un album virtuel, pour amoindrir les coûts d’impression, bien qu’un document papier sera toujours offert pour la modeste somme de 10 dollars. x

x le délit · le mardi 26 février 2013 · delitfrancais.com


QUÉBEC

Une éducation sans-papier

Cité Sans Frontières dénonce l’injustice du système scolaire québécois. Théo Bourgery Le Délit

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’organisation Cité Sans Frontières a décidé de se faire entendre le 20 février dernier. Elle dénonce le fait que les enfants sans-papiers résidant à Montréal n’aient pas accès à une école, donc à une éducation décente. «Solidarité, avec les sans-papiers!» Le slogan est scandé à de multiples reprises lors de la manifestation devant la Commission Scolaire de Montréal (CSDM). Pour un membre impliqué dans cette opération qui souhaite rester anonyme, «le simple statut de sans-papiers ne devrait pas exister; c’est une attaque à la dignité humaine». À ses yeux, il faudrait applaudir «l’acte courageux [des immigrants] qui viennent au Québec» plutôt que de les «criminaliser». Avec l’aliénation actuelle, les nouveaux venus ont peur du système et décident de rester loin des institutions de l’État. Le représentant du Conseil Central du Montréal Métropolitain (CCMM), qui a affirmé soutenir le mouvement, résume bien la problématique: «[Il est] totalement inacceptable d’avoir des enfants qui n’ont pas accès à l’éducation». Anise Lapalme, venue soutenir la cause, se dit quant à elle scandalisée par le fait que le Québec discrimine encore les enfants sans statut. «À la place d’aller à l’école, ils se font exploiter; leur jeunesse est bafouée». Ces prises de position vont de pair avec la «Déclaration Pour une Cité Sans Frontières», où il est écrit que «tout le monde devrait avoir accès aux soins de santé, à l’éducation, au logement social […] peu importe son statut migratoire». Il demande donc à tout organismes [sic] fournissant des services [de] ne jamais demander d’information à propos du statut d’immigration, [ou alors de les] traiter de façon extrêmement confidentielle».

Déjà plusieurs provinces canadiennes, dont l’Ontario, acceptent des élèves sans statut dans leurs écoles, tout en suivant une politique de non connivence avec le ministère de l’Immigration – qui est le «pire ennemi» des immigrants. La Californie ainsi que le Texas ont, eux aussi, fait les premiers pas. Pourquoi pas le Québec? «C’est en partie de l’ignorance […] les commissaires ne comprennent pas l’urgence du problème», annonce la porte-parole de l’organisation. La CSDM soutient pourtant la revendication, indiquant par courriel au Délit qu’elle croit «que les enfants ont droit à l’éducation, peu importe le statut de leurs parents». Le président de la Commission,

Daniel Duranleau, a ajouté lors d’une entrevue avec Le Délit que «les derniers verrous vont bientôt sauter, le gouvernement n’a rien à gagner à ce que cette injustice perdure». Cependant, pour que les études «comptent», chaque élève doit être muni d’un code permanent afin d’obtenir des diplômes, code seulement accordé lors d’une déclaration des revenus de la part des parents. Devant l’impossibilité de la chose pour les immigrants, Monsieur Duranleau a parlé à l’unisson avec Cité Sans Frontières: «Il faudrait par exemple un code permanent temporaire, non lié au ministère de l’Immigration.» Il insiste cependant sur le fait que «le changement ne peut venir que du ministère». Déjà la Commission et l’association se

sont rencontrées trois fois dans les derniers mois, pour discuter des problématiques en détails. D’autres rencontres sont prévues très bientôt, selon le président de la CSDM. Pour le protestataire, cité plus haut, la Commission a le pouvoir de déposer «une résolution symbolique» qui, si elle n’a aucune valeur pratique, devra néanmoins être traitée par Marie Malavoy, ministre de l’Éducation, du Loisir et du Sport. Il faut faire en sorte que «la question économique ne vienne pas avant les droits fondamentaux humains», lance la porte-parole. Si la situation semble se développer pour le mieux, Cité Sans Frontières a encore beaucoup de travail de son côté, mais aussi avec la CSDM. Dans l’espoir d’une bonne nouvelle, une nouvelle manifestation est organisée le 27 mars prochain. x

Crédit photo: Hera Chan

CAMPUS

McGill 2.0 2014: le début d’une nouvelle ère pour les cours offerts à McGill Théo Bourgery Le Délit

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’Université McGill a officiellement annoncé, le 20 février, qu’elle «prévoit […] d’offrir des cours ouverts en ligne (Massive Open Online Course, MOOC)» d’ici 2014. La décision est dans la lignée d’autres universités renommées, telles que Harvard ou Massachussetts Institute of Technology (MIT), qui offrent ce type de cours «virtuels» depuis maintenant deux ans. L’Université McGill compte commencer à offrir des cours «en sciences, en sciences humaines et en politiques publiques» par le biais de ce système. C’est un maigre début devant les centaines de cours que les grandes Harvard et MIT mettent à disposition des internautes depuis fin 2011. Le but premier de ce nouveau concept est d’offrir un «enseignement de qualité à un grand nombre d’apprenants et d’aide[r] les éducateurs à comprendre comment l’univers virtuel peut favoriser l’apprentissage». Tout le monde peut s’inscrire

gratuitement pour un cours, à raison de plusieurs leçons par semaine. Comme dans un amphithéâtre, des devoirs sont donnés tandis qu’un diplôme n’est remis qu’une fois l’examen final passé avec succès. L’université chez soi, en quelque sorte. Selon le site web de l’Université Harvard, en partenariat avec McGill et MIT, cet outil de connaissance sera aussi utilisé pour analyser «comment la technologie [numérique] peut transformer l’apprentissage – sur le campus et à l’échelle mondiale». Anthony C. Masi, vice-principal adjoint de l’Université McGill, renchérit dans un courriel envoyé au Délit. Il indique que «les MOOC offriront un très large éventail de données qui aideront les éducateurs à identifier les façons les plus efficaces d’intégrer les technologies à l’enseignement offert sur notre campus». Un point important semble cependant être mis de côté: celui des relations humaines, inexistantes devant un écran d’ordinateur. Le plus grand risque, malgré la grande avancée en terme d’accès à l’éducation supérieure, serait donc une dispa-

x le délit · le mardi 26 février 2013 · delitfrancais.com

rition des interactions humaines, propres aux enceintes d’universités. De nouveau, le recteur M. Masi intervient, expliquant que «les MOOC seront un complément aux cours qui se donnent déjà sur nos campus et ne visent pas à remplacer les cours traditionnels». Si remplacer les universités reste impensable, ces cours sur Internet seraient une aubaine pour des étudiants en grand manque financier, ou qui ont déjà une occupation à plein temps. La compagnie «à but non lucratif» qui administre le service pour Harvard, MIT et McGill, edX, a atteint 7,8 millions «d’étudiants» selon un article du New York Times du 2 novembre 2012. «Ça grandit plus vite que Facebook», lance un entrepreneur dans le milieu. MIT surenchérit, affirmant que ce nouveau tournant dans l’éducation supérieure est «la plus grande innovation des 200 dernières années». Aujourd’hui, il est impossible pour l’Université McGill de savoir combien de personnes s’inscriront à

edX une fois les cours accessibles en ligne. Mais dans cette phase expérimentale, Masi soutient que «McGill [fait] beaucoup d’efforts […] pour améliorer l’enseignement appuyé par les technologies, comme par le biais de MyCourses et d’autres initiatives». x

Crédit photo: Kevin Zellman

Actualités

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Le déché

Fanny Devaux et Mathilde Michaud Le Délit

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epuis quelques années un nouveau courant est apparu: le déchétarisme, plus connu sous son nom anglais de «dumpster diving». Le déchetarisme définit le fait de se nourrir d’aliments trouvés dans des poubelles de magasins de grande distribution ou de restauration. Alors que «faire les poubelles» est plus souvent relié aux personnes de la rue, le déchétarisme peut être pratiqué par tous, comme un acte politique ou un choix économique. L’utilité est certaine pour les étudiants et les «plongeurs» sont très flexibles. Certains le pratiquent tous les jours, comme Logan, chef à Lola Rosa qui indique se nourrir à 90% grâce à cette activité, qu’il pratique quotidiennement. En revanche, Fabien Marchal, étudiant de troisième année en sciences de l’environnement, nous explique que «c’est seulement quand beaucoup de gens viennent manger à la maison, pour une soirée entre amis. Ça réduit les frais». Pour Joseph Boju, élève de deuxième année en littérature française, c’est l’occasion de trouver des produits qu’il ne consommerait pas d’habitude. Au delà de la gratuité de la nourriture, le déchetarisme permet aussi de participer activement à l’amélioration de la société. Un engagement politique La motivation politique peut être proche du mouvement anarchiste. Le système capitaliste, selon eux, entraine une société de surconsommation avec deux conséquences. Premièrement, la surconsommation renforce les inégalités sociales. En effet, alors que les poubelles sont pleines de nourriture, des gens meurent de faim. Un des slogans du mouvement Déchetarisme est d’ailleurs: «La solution à la faim dans le monde se trouve dans les poubelles de New York». Deuxièmement, la surconsommation a des effets environnementaux souvent méconnus. L’ampleur du gaspillage reflète le fait que l’on considère aujourd’hui l’abondance alimentaire comme acquise. Un porte-parole du mouvement «Montréal dumpsting» rapporte que «ça [lui] parait naturel de plonger dans les poubelles. Notre pays

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produit bien trop de nourriture». Clara Déry, élève de première année et plongeuse régulière rapporte que sa volonté vient « du consumérisme ». Elle ajoute : « L’objectif n’est pas de contrer la logique capitaliste, mais de se rendre compte que le système consumériste, on le voit vraiment qu’une fois qu’on a la tête dans les poubelles! ». Pas seulement pour l’estomac Mais, cette activité n’est pas seulement reliée à l’alimentation. Ainsi la récupération de meubles à des fins utilitaires et de décoration est une pratique courante assez commune chez les étudiants. Une fois dans la rue, il n’y a plus de «propriété» sur l’objet qui se trouve sur la voie publique. Des résidus industriels sont utilisés par certains artistes pour créer des sculptures entre autres. Enfin, il existe aussi un côté criminel au «dumpster diving»: le vol d’identité. En fouillant les poubelles on peut tomber sur des papiers officiels, des numéros et autres informations qui pourraient permettre à des plongeurs malintentionnés de voler l’identité d’un individu. Infraction dans mes poubelles Malgré ses nombreux avantages, la pratique du déchétarisme comporte certains risques. Tout d’abord, il est officiellement illégal, au Canada, de réutiliser les ordures d’autrui. Effectivement, en vertu de la loi sur l’entrée sans autorisation, datant de l’acte constitutionnel de 1867, le possesseur d’une propriété privée a le droit d’émettre un avis d’éviction pour quiconque se trouverait sur sa propriété sans sa permission. Les déchets se trouvant, dans la majorité des cas, sur ces dites propriétés privées, il est donc possible que les plongeurs se retrouvent à faire face à des plaintes ou même d’éventuelles arrestations. Il est cependant à noter que dans la majorité des cas, les propriétaires de restaurants ou épiceries ne feront pas appel à cette loi, soit parce qu’ils supportent de telles initiatives, soit parce qu’ils n’ont pas d’avis précis sur la question, et qu’ils préfèrent l’ignorer. Certains plongeurs réguliers se font même mettre en garde par les propriétaires qui leur conseillent quoi prélever de leur poubelle. La situation n’est cependant pas la même dans tous les pays. Effectivement,

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alors que certains pays comme l’Italie ont rendu cette pratique légale depuis plus de 10 ans, en Allemagne et en Belgique, des lois plus sévères l’encadrent, référant aux ordures en tant que propriétés privées, ce qui implique que le déchetarisme relève donc du vol.

«Le système consumériste, on le voit vraiment qu’une fois qu’on a la tête dans les poubelles»

L’application de ces lois a été poussée en 2009, allant même jusqu’à l’arrestation du militant écologiste belge Ollie, un plongeur, alors qu’il faisait sa collecte de nourriture derrière un supermarché à Bruges. En France, finalement, cette pratique est tout simplement impossible car les magasins de grande distribution enduisent leur déchets de substance toxique comme de l’eau de Javel ou de la mort aux rats. Il reste toujours la possibilité de se fournir dans les petites épiceries. Attention indigestion Bien qu’il y ait souvent des aliments propres à la consommation dans les bennes à ordures des restaurateurs et épiciers, il y a parfois de bonnes raisons expliquant leur présence dans les poubelles avant la date de péremption. Comme le rappelle Clara Déry: «Il ne faut pas oublier qu’il y a souvent une raison pour laquelle ces produits-là se retrouvent dans la poubelle». Rappelons-nous la crise qu’avait subit la compagnie Fontaine Santé en décembre 2011, durant laquelle la compagnie avait vu la majorité de ses produits faire l’objet d’un avis de non consommation et avait été retirée des tablettes car ils étaient contaminés par la bactérie Listéria. Les aliments contaminés par cette bactérie ne présentant pas d’altérations visibles ou d’odeur suspecte, il était donc dangereux que le plongeur imprudent le consomme et tombe gravement malade. Il peut en être de même avec des aliments contaminés par les bactéries E. coli ou la salmonellose qui peuvent causer diarrhées, intoxication alimentaire et, si complications, la mort. Il est donc important pour le plongeur de se tenir au courant de l’actualité afin de se pré-

munir des cueillettes empoisonnées qui pourraient lui retirer toute envie d’écumer les poubelles à nouveau. Diète incomplète Bien que l’on puisse trouver de presque tout dans les poubelles, soit fruits, légumes, fromage yogourt pour ne citer qu’eux, certains aliments nécessaires à notre alimentation n’y seront pas toujours disponibles. Il est donc important que l’entièreté de notre diète alimentaire ne repose pas sur les produits recueillis lors d’une plongée. Si l’équilibre alimentaire n’est pas toujours au rendezvous, la qualité des produits peut être surprenante, comme au Marché JeanTalon, par exemple. Aussi, Joseph Boju partage t-il au Délit qu’au marché JeanTalon il est sûr de «trouver des aliments de qualité qui ne sont pas couverts de produits chimiques». Petit guide pour une plongée réussie On a souvent l’impression qu’une cueillette doit se faire de nuit et dans le plus grand secret. De fait, sur la plupart des sites Internet fournissant mille et une astuces au plongeur débutant, on suggère de se munir d’une lampe de poche et de se déplacer en petits groupes. S’il est vrai qu’il est préférable de ne pas écumer les poubelles en grands groupes afin de ne pas effrayer les propriétaires


é tarisme

des dites poubelles, il ne faut pas pour autant croire qu’il s’agit d’une pratique exclusivement nocturne et qui nécessite d’amples préparations. Démystifions un peu la chose. Quoi qu’il soit imprudent de pratiquer le déchetarisme sans préparation ou expérience, il n’est pas plus brillant de se présenter sur les lieux armés de piolet, corde et autres instruments de spéléologie ordurielle qui auraient tôt fait d’attirer l’attention du voisinage, ceux-ci pouvant méprendre d’inoffensifs plongeurs pour de dangereux bandits armés. Cette pratique n’est pas non plus exclusive aux militants environnementaux ou anarchistes échelonnés et équipés, et peut être pratiquée par tout un chacun. Il suffit de connaître quelques endroits et de se trouver un bon compagnon.

«Il est possible que les plongeurs se retrouvent face à des plaintes ou même d’éventuelles arrestations s’il s’agit de propriétés privées». Du savoir-vivre L’état dans lequel on laisse le milieu après notre venue est très important si on souhaite y revenir par la suite. Tel

Socié té societe@delitfrancais.com

que raconté par Logan, «il faut être respectueux des lieux. Je n’ai jamais eu d’altercation avec des propriétaires parce que je sais partir sans laisser de traces de mon passage derrière moi». Cependant, si des plongeurs viennent tard dans la soirée, font beaucoup de bruit et repartent en laissant tout sans dessus dessous, il y a de fortes chances qu’une mauvaise surprise les attende lors de leur visite suivante. À chaque quartier sa poubelle Dans chaque quartier, il est possible de trouver des endroits où les poubelles recèlent de nourriture. Ils peuvent sembler difficiles à cibler de prime abord, mais en s’armant d’un peu de patience et de bonne volonté, il est facile de développer un réseau qui permettra des cueillettes prolifiques et fréquentes. Mais, afin de faciliter les premières plongées, voici une liste de poubelles facilement accessibles: - Marché Jean-Talon - Marché Atwater - Le supermarché Les Quatres Frère au coin des rues Des Pins et Saint-Laurent Les «vrais plongeurs» ne révèlent pas leurs poubelles préférées, car celles-ci seraient vides trop vite si tout le monde était au courant. À vos marques, prêts, plongez! x

Crédit photos : Camille Chabrol

Société

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SPORT

L’esprit olympique La lutte remplacée dès 2020 Maxence Leblond Le Délit Le Comité International Olympique (CIO) s’est prononcé en faveur de l’éviction de la lutte, cinquième sport le plus pratiqué au monde, du programme des Jeux Olympiques ( JO) d’été de 2020. Bien que cette décision ne soit pas encore entérinée, elle surprend quand on sait que ce sport fait partie intégrante des olympiades modernes depuis 1896. Les critères ayant mené à ce choix sont divers. On retiendra notamment l’importance de la popularité, de l’universalité ou encore des audiences télévisuelles.

«Le Comité

International Olympique touche à un symbole, un sport historique pratiqué aux quatre coins du monde.» Un sport historiquement présent aux Jeux Olympiques est donc en passe de disparaître pour des raisons économiques. De nouveaux sports, tels que le wake-board, étant beaucoup plus spectaculaires et donc beaucoup plus lucratifs, feront leur entrée, l’aspect économique a pris le pas sur l’esprit sportif.

«L’important est de participer» Pierre de Coubertin, le père des Jeux Olympiques modernes, déclara en 1908, à l’occasion des Jeux Olympiques de Londres: «L’important dans la vie ce n’est pas le triomphe, mais le combat, l’essentiel ce n’est pas d’avoir vaincu mais de s’être bien battu». Il semble aujourd’hui que ce vieil adage ne soit plus d’actualité. L’important semble, plus encore que la compétition, le montant financier que celle-ci rapportera. Les audiences télévisuelles sont, dans cette optique, un aspect essentiel des Jeux. Ainsi, la chaîne américaine NBC a dépensé 1.18 milliard de dollars afin d’obtenir le droit de retransmettre la compétition. Ce montant est versé directement au CIO, détenteur de tous les droits de retransmission. Les olympiades de Londres ayant réuni environ 3.8 milliards de téléspectateurs de plus de 220 pays et territoires. L’enjeu est donc énorme. Le spectacle a un prix Les chaînes de télévision sont prêtes à investir de manière conséquente, elles espèrent cependant en échange assister à un véritable spectacle, afin d’attirer le public en nombre. C’est ainsi que les événements les plus suivis lors des Jeux Olympiques sont la cérémonie d’ouverture – un milliard de téléspectateurs - et

de clôture – 750 millions - devant tous les sports. Et, là encore, chaque sport n’attire pas le même nombre de téléspectateurs. La finale du 100 mètres masculin, remportée par Usain Bolt, fut donc l’épreuve sportive la plus suivie. Ainsi, selon la BBC, ce sont 20 millions d’Anglais qui ont suivi l’épreuve en direct, soit plus d’un habitant sur trois. Les JO: question de survie La lutte ne joue pas dans la même catégorie. Et pourtant, ce sport est la représentation même des JO. Un sport historique, dont la première apparition remonte aux Jeux Olympiques Antiques en 708 avant J.-C. Mais, également, un sport universel pratiqué aux quatre coins du monde. C’est ainsi que lors des derniers Jeux, 29 pays différents ont obtenu une médaille dans cette discipline. Le Comité International Olympique touche ici à une institution, à un symbole. Le problème est encore plus grave puisque, sans les Jeux Olympiques, la lutte risque de mourir à petit feu. Sans la représentation liée à cet événement ainsi que les subventions allouées aux fédérations, ce sport perdra peu à peu sa raison d’exister. La mort de la lutte, c’est la mort de l’esprit olympique. C’est la victoire de Goliath sur David. La victoire de l’argent sur la passion. x

Romain Hainaut

OPINION

Le Pape démissionne... Le Vatican doit montrer sa bonne foi! Pierre Stevens Le Délit

À

qui donne-t-il sa lettre de démission? À quatre-vingt-cinq ans, on peut comprendre que le Beneditto veuille un peu de repos. Une lourde charge pesait sur ses épaules. Son prénom d’origine, «Joseph Alois Ratzinger», avait été remplacé par Benoit. Ce nom qui est celui du Saint patron du continent Européen devait marquer le début de sa mission en tant que ré-évangélisateur de l’Europe. Tout un programme... On l’avait aussi surnommé le «rottweiler de Dieu» dans la presse, pour ses opinions très fortes sur des sujets de controverse. Exemples? Il a assuré aux autochtones sud-américains que la colonisation de leur continent n’avait en aucun cas

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Société

été la pression d’une culture sur une autre («Ouf! On a eu peur», lui ont répondu les cinq autochtones en cravate). Il a aussi proclamé que les préservatifs en Afrique aggravaient le problème du SIDA… tout en disant que les prostituées pouvaient en user, car c’était leur «devoir moral». Il a tout de même essayé de se moderniser un peu en créant le premier compte Twitter du Vatican… #droledecolombebleue En tout cas, le Pape démissionne, vive le Pape! Qui sera le prochain? Quel Saint patron choisira-t-il comme surnom? Aura-t-il un compte Facebook? Qui sait? En tout cas, l’Église catholique serait bien servie par un jeune bonhomme pacifiste et plein d’énergie. Imaginez les journaux, «Le Pape finit le marathon de Rome en 3:50», ou alors, «Le Pape parachutiste saute du bras droit du

Cristo Redentor à Rio de Janiero»: quelqu’un de jeune, d’inspirant, plus tolérant et qui ne prendrait pas sa retraite huit ans après avoir pris le poste. Je pose ma candidature: «Pierre 2013». Je ferais un bon pape, et ça fait longtemps qu’on n’a pas eu un pape nommé Pierre. Mais peut-être qu’un jeune Pape ne ferait pas l’affaire, pas assez révolutionnaire... Alors pourquoi pas une Bonne Sœur? Imaginez un peu l’effet que cela aurait! Pour être franc, j’admire bien plus les écoles, les couvents et les organisations bénévoles des Sœurs plutôt que ce gouvernement de vieillards qui essaie coûte que coûte d’éponger les médias et d’arrêter certains individus malsains dans leur propre département… C’est d’ailleurs dans ce dernier point que ce cache peut-être l’énigme derrière la démission du Pape. Beneditto affirme que

Dieu lui a demandé de résigner pour pouvoir prier dans les dernières années de sa longue vie. Beaucoup disent que «Ben» savait qu’il ne pouvait plus réparer l’Église après de nouveaux scandales, et que, de peur de dire quelque chose de déplacé, il a préféré dire adieu à Dieu. Le Vatican a aujourd’hui non seulement besoin de quelqu’un de jeune, mais aussi de montrer sa bonne foi, montrer qu’il peut s’adapter au monde qui change, qu’il ne rejette pas les progrès de l’émancipation de la femme et des nouvelles normes sociales. Le catholicisme perd constamment ses jeunes, surtout ses jeunes femmes, en Europe et aux États-Unis. Mais qui peut les blâmer? Qui veut faire partie d’une religion qui ne propose plus de solution aux problèmes modernes et reste ancrée sur un horizon lointain de tradition et

de coutumes païennes? L’Islam, le Judaïsme et le Catholicisme: toutes ces religions reçoivent la même critique de la part des peuples et de leurs propres croyants: «Malgré les écrits religieux, on ne traite pas tout individu de la même manière». Que ce soit la femme qui n’a pas le droit de conduire, le Musulman à qui le Chrétien ne donne pas de travail, le Palestinien maltraité par l’Israélien et le Hamas: la religion a souvent tendance à oublier sa propre résolution de se respecter les uns les autres. Alors imaginez une Pape! Ça remettrait le catholicisme sur la première page des religions progressiste, et dans le nouveau monde que notre jeunesse accaparera aux vieux, je suis certain que l’égalité prendra le dessus sur la patriarchie… Enfin j’espère (ou bien «Amen»). x

x le délit · le mardi 26 février 2013· delitfrancais.com


SOCIÉTÉ

Gare aux escrocs!

Crédit photo: Camille Chabrol

Catherine Collerette Le Délit

S

i vous avez déjà été victime comme moi d’un escroc qui tentait de vous faire payer un dépôt avant même d’avoir visité un appartement, sachez qu’il existe plusieurs façons de détecter les arnaqueurs et de les dénoncer. En cette période de l’année où plusieurs étudiants sont à la recherche d’un appartement, voici quelques conseils pour éviter de se faire entourlouper par des arnaqueurs. Sur l’un des sites les plus utilisés pour trouver un appartement, Craigslist, on peut trouver les critères suivants pour détecter les arnaqueurs. Premièrement, dès que vous sentez que l’offre est trop belle pour être vraie, il se pourrait que vous ayez affaire à un escroc. Souvent, le prix sera très minime par rapport à la quantité des services offerts, ou encore l’endroit où est situé l’appartement est très convoité et le prix semble trop bas pour le quartier. Les photos sont souvent très belles et le propriétaire ne voudra pas vous indiquer l’adresse exacte de l’appartement pour ce qu’il appelle de la «précaution contre le vol». De plus, l’escroc vous parlera souvent de sa vie personnelle pour vous mettre en confiance et vous faire tomber dans le panneau. Il vous expliquera qu’il cherche quelqu’un de très fiable pour louer son appartement qui a une «si grande valeur».

ou par téléphone, un escroc risquera fortement de trouver une raison pour ne pas le faire. Souvent, il dira qu’il aurait aimé pouvoir vous parler, mais qu’il est malade. Dans mon cas, l’escroc avait eu une trachéotomie et ne pouvait communiquer avec moi. Il est souvent recommandé d’effectuer une recherche sur le propriétaire ou de lui demander une pièce d’identité en cas d’hésitation.

cé au Canada et que les gens ne s’étaient pas présentés, que, maintenant, il fait affaire avec une compagnie fiable. Parfois, les escrocs créent même des sites Internet trafiqués qui ont l’air presque identiques à ceux d’une compagnie fiable pour rendre l’affaire plus légitime. Dans mon cas, au fur et à mesure que nous échangions des courriels, mon escroc commençait à devenir insistant pour

Cependant, pour apaiser ma conscience dans le cas où l’offre aurait été vraie et pour m’assurer que j’avais bel et bien affaire à un escroc, je me suis inventé un autre compte courriel pour le contacter de nouveau. Mon pseudonyme, Jérémy, s’est rendu jusqu’à donner son adresse pour se faire envoyer la clé et le contrat par la poste, avant même d’avoir vu l’appartement en question. Une compagnie

« Un propriétaire pressé, malade, ou à l’étranger, bref indisponible Attention!» Romain Hainaut

Deuxièmement, assurezvous que le vendeur est dans le pays et que vous pouvez le rencontrer en personne. En effet, souvent les escrocs inventent une histoire selon laquelle ils ont dû quitter le Canada pour un contrat à l’étranger et ne peuvent vous rencontrer. Cela devrait vous mettre la puce à l’oreille! D’ailleurs, si vous insistez pour lui parler par Skype

Un troisième indice qui vous indique que vous faites face à un arnaqueur est qu’il vous demande de faire affaire avec un tiers parti, très souvent Western Union, et de lui verser un dépôt qui sera fait de façon «100% sécuritaire». Il vous dira peut-être, comme c’était le cas pour moi, qu’il s’est déjà dépla-

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que la transaction se fasse dans les plus courts délais: il voulait me faire croire que cela me garantirait l’appartement étant donné que plusieurs autres personnes le convoitaient. L’arnaqueur à qui j’ai eu affaire la semaine dernière remplissait donc exactement tous les critères énumérés ci-dessus.

de livraison m’a contactée pour me demander d’aller porter l’argent à Western Union. Les deux fois que j’ai contacté cet homme, ses courriels étaient presque identiques. De plus, quand j’ai posé trop de questions sur la formalité de l’opération, il a cessé de communiquer avec moi, même si, en

principe, il avait déjà envoyé la clé et le contrat à la compagnie pour que Jérémy les reçoive.

«Il

est recommandé de faire un contrôle identitaire sur le propriétaire ou de lui demander de quoi la prouver.» Il existe quelques moyens pour dénoncer un arnaqueur. Vous pouvez aviser le site de Craigslist en leur fournissant les informations sur votre fraudeur apparaissant sur leur site Internet. Si vous avez été fraudé, il est possible d’avertir le Centre anti-fraude du Canada (CAC) en les appelant ou en leur envoyant un courriel. Certains mettent également le pseudonyme de l’escroc sur des forums de discussion sur la fraude locataire en ligne. Selon les statistiques compilées par le CAC à la demande de la Presse Affaires, 285 Canadiens auraient porté plainte en 2012 et de ceuxci, 185 auraient été victime de fraude. La somme moyenne qui aurait été déversée est de 925$. Le CAC indique que le nombre réel de victimes serait considérablement plus élevé que les plaintes obtenues, car selon eux seulement 1% à 5% des victimes porteraient plainte. Ce qui pourrait expliquer ce faible pourcentage est qu’il est très difficile de pouvoir retracer l’argent une fois les sommes envoyées à l’étranger. D’après les calculs du CAC, il y aurait eu entre 3 700 et 19 000 cas de ce type d’arnaque en 2012. Selon la Régie du logement, la seule somme qui peut être exigée par un propriétaire est le prix d’un mois de loyer, et cela, seulement à la signature du bail! Autrement, il est fort probable que vous ne revoyiez jamais cet argent. Un conseil: informez-vous bien sur les escrocs avant d’entamer votre recherche et assurez-vous de rencontrer votre propriétaire et de payer seulement après avoir signé! x

Société

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Arts&Culture artsculture@delitfrancais.com

EXPOSITION

Les architectes sont dans la rue Présentation du projet «Archicontre» au Centre Canadien d’Architecture

Crédit photo: grâcieuseté Archicontre

Thomas Simonneau Le Délit

L

e Printemps érable, par sa durée et son impact social important, est encore omniprésent dans les esprits de nombreux étudiants. L’exposition au Centre Canadien d’Architecture, du mouvement social «Archicontre» par Pierre-Charles Gauthier et Martin Tanguay, étudiants en architecture à l’Université de Montréal, illustre bien ce véritable combat mené par la communauté universitaire l’année passée. C’est donc le 22 février, date symbolique, que les rouages, les enjeux et les conséquences d’«Archicontre» sont présentés à un public presque exclusivement composé d’étudiants. En bref, «Archicontre» se caractérise par une lutte obstinée et passionnée d’étudiants en architecture à l’Université de Montréal (UdeM) et à l’Université Laval face à la menace d’une augmentation des frais de scolarité. Pour initier le mouvement, un péage clandestin avait été mis en place l’année dernière lors d’une sortie nocturne sur la passerelle qui mène à la Faculté d’architecture de l’UdeM. Au-delà de la métaphore évidente démontrant le coût de l’accès à l’éducation, le but était de lancer un cri d’alarme en espérant «provoquer le débat politique parmi la communauté étudiante». Le résultat ne s’est pas fait attendre et d’autres initiatives ont rapidement émergé comme la construction d’une charrette où les étudiants mettaient des objets représentatifs de la grève imminente ou encore l’installation d’un distributeur automatique «succès garanti» qui vend des diplômes à 14 000 dollars à l’entrée de la faculté. Se succèdent divers projets dirigés par ce mouvement avec pour objectif de faire basculer la décision du gouvernement Charest concernant l’augmentation des frais. La créativité et l’engouement des étudiants en architecture font naître le fameux «projet Tortü» où l’on voit une formation d’étudiants protégés par des boucliers rouges ayant pour inscription «MDCXXV $ [1625$ ndlr],

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Arts & Culture

ça ne passera pas». Ces jeunes s’étaient disposés tels des légionnaires romains, avec toute la portée historique et politique que cela implique. On voit aussi des vélos rouges cadenassés avec des antivols qui portent l’inscription «$1625», synonymes à la fois d’une atteinte à la mobilité physique mais aussi à la mobilité sociale des étudiants. Couplé à cette lutte sociale et principalement étudiante, les membres d’«Archicontre» font aussi part de leur préoccupation face aux enjeux environnementaux lors de la «journée pour la Terre» qui se déroule durant ces longues semaines de grève. C’est en construisant une «érablière pour la Terre» que ces jeunes désirent toucher un maximum de personnes et permettre aux passants de s’exprimer sur des Post-it qui sont ensuite collés aux arbres. Certains messages, notamment venant de petits enfants, montrent une forte émotion et une volonté de remédier à ces problèmes très contemporains. En effet, on pouvait y lire «Bonne fête la Terre, je t’aime», «Les arbres poussent de la générosité de notre peuple», ou encore «Pour le je maintenant au nous demain». Finalement, c’est grâce à «l’opération cale-portes» que ces étudiants veulent marquer une nouvelle fois le Printemps érable et atteindre la classe politique au plus proche. Les ateliers de la faculté sont donc mis à disposition pour la création de quelques centaines de cale-portes rouges marqués par divers messages relatifs à la grève. Ceuxci sont placés dans plusieurs établissements du centre-ville, principalement des institutions financières afin de laisser libre accès à un monde très élitiste, fermé et propice à des dérives comme nous avons pu le constater récemment. Aujourd’hui, il est même possible d’admirer un des cale-portes symboliques au Musée des beaux-arts de Montréal qui le garde en souvenir, mais aussi car il le trouve bien pratique! Quant à l’implication des universités anglophones dans ce projet, la réponse qui m’a été donnée montre une certaine déception, mais peu de rancœur. En effet, les membres d’«Archi-

contre» avaient cherché à mobiliser des étudiants en architecture à McGill, mais ces derniers se sentaient peu ou pas concernés. Cependant les deux présentateurs ne manquent pas de rappeler que McGill n’était pas officiellement en grève à ce moment et que les cours avaient toujours lieu. Difficile, donc, de gérer les deux quand on voit l’énergie que les étudiants de l’UdeM ont fourni pendant cette période tourmentée. En guise de conclusion, Martin et Pierre-Charles affichent sur leur diapo-

rama qu’«être architecte, c’est avant tout être humaniste». Lorsqu’on constate le dévouement de ces étudiants pour des causes sociales et globales, le niveau de solidarité et d’entre-aide, le temps et l’énergie qu’ils ont mis ainsi que le talent pour mettre des projets intéressants en place, on comprend qu’il y ait une certaine corrélation entre ces deux fonctions. Martin évoque même le fait d’être sorti «légèrement traumatisé d’une lutte qui semblait interminable» mais qui n’aurait probablement pas dû l’être. x

Crédit photo: grâcieuseté Archicontre

x le délit · le mardi 26 février 2013 · delitfrancais.com


MUSIQUE

Boîte à chansons

Vendredi folk au café communautaire de la Porte jaune Nicolas Quiazua Le Délit

D

ans une ambiance chaleureuse, une vingtaine d’habitués se rencontrent au sous-sol du 3625 rue Aylmer. Le sous-sol du centre communautaire invite les étudiants dans les lumières de la fête et l’odeur rappelle la cuisine collective, Rabbit Hole, servie plus tôt ce jour-là. Située à deux pas de McGill, la Porte Jaune, aussi connue sous le nom de YMCA de l’Université McGill, est un pont entre l’université et la communauté montréalaise depuis plus d’un siècle. Sa mission est de «promouvoir le dialogue, le réseautage et l’intégration ainsi que de procurer des opportunités de services et de stimuler l’expression artistique». L’organisme communautaire offre notamment un soutien aux personnes âgées vivant seules, une banque alimentaire et une Boîte à Chansons pour artistes amateurs. Depuis quarante-quatre ans, ce qui fait d’elle la plus vieille au Canada, cette boîte à chanson offre une plate-forme aux artistes émergeants pour exprimer leur talent au sein d’une audience des plus attentives et respectueuses. L’expérience est un partage entre la scène et les spectateurs: ceux-ci sont en effet invités à franchir la barrière spectateur-artiste tous les vendredis.

Crédit photo: Camille Chabrol

«Il est arrivé quoi à mon chapeau?» Les vendredis «Scène Ouverte» de la Boîte à chanson sont animés par Marc Nerenberg, Antoine Martel et Gareth Dicker. Chaque semaine, ils proposent un nouvel artiste invité et l’opportunité, à celui qui le désire, de prendre l’avantscène pour quelques minutes. Vendredi, le 22 février, c’est Antoine Martel et son groupe, tous étudiants en musique à

l’Université McGill, qui étaient à l’affiche. 20 heures 30, Marc Neremberg, avocat le jour et joueur de banjo et d’harmonica le soir, cherche son chapeau dans la salle: les personnes voulant participer à la scène ouverte y mettent leurs noms, et Neremberg tire ensuite au sort. Ce soir, seulement deux intéressés. Son fameux chapeau noir lui sert aussi à recueillir les maigres donations du public, l’entrée

à l’événement étant libre. La musique commence rapidement et se prolonge pendant près de deux heures, en alternant les numéros entre la scène ouverte et l’artiste invité. Martel a une voix puissante, et le musicien touche à plusieurs genres de musique. En passant par le folk, le rock acoustique et le country-western, il explore d’une façon très simple les thèmes de perte et d’amour. À cause d’un certain manque de subtilité, les chansons semblent un peu se répéter au courant de la soirée. Antoine Martel est à son meilleur en abordant des sujets plus obscurs. Sa chanson «Father and Son» dans laquelle il aborde une relation père fils difficile, «qui n’est pas la sienne», montre un côté plus mature de sa plume. La chanson, un duo avec Neremberg, est divisé en quatre parties: deux pour le père et deux pour le fils. Neremberg vole d’ailleurs la vedette, avec sa voix grave et rauque, au point de nous convaincre de son personnage de père alcoolique et absent. Martel finit la soirée avec son nouveau single «4 of 5» qui fera partie de son prochain album coughdrops. Une vidéo de la chanson a été mise en ligne récemment. Le 26 mars, Antoine Martel offrira une version digitale de son nouvel album pour finalement sortir une version disque-compact lors d’un spectacle à l’Alize le 28 mars. x

MUSIQUE

Coup de jeune pour le classique Récital de jeunes musiciens mcgillois à l’École de musique Schulich Anne Pouzargues Le Délit

C

’est un concert un peu particulier qui se déroule ce samedi 23 février à la Faculté de musique: deux élèves présentent en effet un récital de pièces de leur choix, d’époques et de styles variés. Ce concert se déroule dans le cadre de la série de concert CBC/McGill, qui présente les jeunes artistes les plus prometteurs, et met à l’honneur le clarinettiste Eric Abramovitz et la violoniste Bénédicte Lauzière. Un tremplin pour les jeunes talents Le concert commence par quatre morceaux pour clarinette et piano. Le répertoire comporte aussi bien des incontournables que des pièces plus originales. Accompagné par Louise-Andrée Baril au piano, Eric Abramovitz s’illustre particulièrement par son interprétation de la Sonate opus 184 pour clarinette de Poulenc, qu’il joue de mémoire et en parvenant à intégrer à ce morceau connu une touche d’originalité. Il enchaîne ensuite sur une Sonate de Brahms, une rhapsodie de Debussy et, enfin, une pièce de concours de Messager. Le tout est interprété avec une justesse et une sensibilité remarquable pour un si jeune musicien. Eric Abramovitz termine actuellement son bac à McGill, où il étudie sous la direction d’Alain Desgagné. Cependant, le

jeune musicien a déjà un beau parcours derrière lui, puisque, après avoir été soliste de plusieurs orchestres montréalais, il se produira avec l’Orchestre symphonique de Québec en avril. Bénédicte Lauzière s’aventure, pendant la deuxième partie du concert, vers un répertoire plus moderne en commençant son récital par Trois Préludes pour violon et piano, pièce jazz de George Gershwin. Il est agréable, et peut-être un peu surprenant, de découvrir le violon dans un registre où il est peu utilisé. La violoniste interprète ensuite la Sonate n°1 pour violon seul de Bach; sa maîtrise technique est impressionnante, et elle parvient à jouer de manière très personnelle. Accompagnée par le pianiste Raymond Wong, elle termine par une Sonate de Mozart, puis par un retour à un répertoire plus contemporain en interprétant la Sonate n°2 de Maurice Ravel. Bénédicte Lauzière a gradué l’année dernière de la Faculté de musique, et elle prépare maintenant une maîtrise à la prestigieuse Julliard School, auprès de Masao Kawasaki. La série de concerts CBC/McGill organisée par l’École de musique Schulich se veut un tremplin pour faire découvrir au grand public des jeunes artistes prometteurs qui ont déjà commencé ou qui comptent entamer une carrière dans l’interprétation instrumentale. C’est aussi un moyen pour

x le délit · le mardi 26 février 2013 · delitfrancais.com

rendre la musique classique accessible au plus grand nombre. Vers un classique plus jeune Dans une entrevue accordée au Délit, Jasmine Wilson, la réalisatrice adjointe, exprime son souhait de désacraliser la musique classique: «Il est vraiment important de mettre en place de tels concerts. Il faut que les gens qui ne font pas partie de la communauté musicale puissent découvrir les incroyables talents du Canada.» Des concerts gratuits comme ceux de la CBC tentent d’attirer un public toujours plus nombreux, en proposant des concerts de styles variés, dans une atmosphère bon enfant loin de celle parfois guindée des grandes salles de concert nationales. Cela permet aussi de rendre le classique plus accessible à une catégorie qui tend de nos jours à s’en désintéresser: celle des étudiants et des jeunes adultes. «Le monde de la musique classique semble parfois fermé et réservé à une élite. Et le prix des concerts est souvent encore plus décourageant», explique au Délit une étudiante de McGill. La série de concerts CBC semble ainsi prendre tout son sens, et, pour Jasmine Wilson, le public étudiant est le premier public visé par cette initiative: «Voir de jeunes adultes jouer de la musique classique permet d’ouvrir cet univers aux autres jeunes; c’est aussi très inspirant». Eric Abramovitz et Bénédicte Lauzière

deviennent le temps d’un après-midi les chefs de file de la nouvelle musique classique. Avec un si grand talent, ils ont déjà presque rejoint la cour des grands et apporte un agréable vent de fraîcheur à des œuvres canoniques. x

Crédit photo: Zoë Carlton

Arts & Culture

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BD

Déconstruction du conte

Quand Vincent Vanoli reprend l’histoire du Petit Poucet avec Cédric Demangeot, ça donne un album pour le moins dérangeant. Annick Lavogiez Le Délit

L

’histoire, nous la connaissons tous. On nous l’a lue et relue, puis, quand on nous a appris à lire, nous l’avons à notre tour lue et relue. Le Petit Poucet est par essence un classique de la littérature française, et, par la même occasion, un classique de notre enfance. Sans pitié, Vincent Vanoli s’en prend à ce conte pour le déconstruire et en faire une terrible adaptation loin de s’adresser aux petits: Le méchant petit Poucet. Dans un univers en noir et blanc fait de traits gras et lourds vivent Poucet et ses parents, dans une modeste et triste demeure à l’ombre d’une sombre montagne. De frères et sœurs, Poucet n’en a point. Il est seul face aux coups de son père alcoolique et rustre. L’heure n’est plus à l’abandon des plus jeunes, mais à leur exploitation: Poucet est martyrisé, battu, sous le regard impuissant d’une mère lâche. Loin de toute innocence enfantine, il lui faut chasser afin de nourrir sa famille. Mais lorsqu’un jour il revient bredouille dans la maison qui n’a de familiale que le nom, Poucet fait demi-tour et décide de filer vers la forêt. Il grimpe dans un arbre et y passe trois jours et trois nuits de sommeil et de veille inextricablement mêlés, pris entre les délires de la faim et ceux de ses cauchemars. Quand il décide de rentrer au bercail, c’est pour exercer toute sa vengeance et perdre ses parents dans une forêt dont personne ne

semble pouvoir sortir vivant. Aucun retour n’est possible; l’horreur est là, infinie. S’enchaîne alors une suite de visions cauchemardesques, de nature et de visages déformés et de silhouettes inquiétantes. Les planches sont parfaites, magnifiques, insoutenables, malaisantes. Et ainsi, l’œuvre toute entière dérange, non seulement parce qu’elle s’en prend à un conte de notre enfance, mais aussi parce qu’elle semble s’en prendre aux contes dans leur essence, comme si elle essayait de nous rappeler que rien ne sera plus jamais «comme avant»; le fameux avant où les princes étaient charmants, où toute belle action était récompensée et où les petits garçons pouvaient sauver leur famille. S’il est certain que cet album est d’une grande qualité visuelle, il est moins certain que vous ayez envie de lire cette histoire si génialement dessinée pour vous rappeler que… la vie est dure. Les contes de fées, et peut-être, d’une certaine façon, la Littérature avec un grand L, ne sont-ils pas là pour nous faire rêver un peu, et non pour nous infliger la dureté d’un réel que nous vivons quotidiennement? Et pourtant… la fin du Méchant petit Poucet n’est pas une triste fin, n’est pas dénuée de rêve. D’une certaine façon, Vanoli et Demangeot nous offrent un «happy ending»; du moins en apparence. Car ce garçon perché en haut de «son arbre», cette solitude en harmonie avec la nature, loin de toute civilisation, loin de tout amour humain, est-ce vraiment

un «happy ending» ou un faux-semblant presque aussi malaisant que le cauchemard que l’on vient de vivre? Que penser de ce pauvre gamin désormais incapable d’entretenir des relations humaines? Difficile de se faire une idée de cet

album dont on a envie de dire «c’est génial» et «ne le lisez pas» en même temps. Une chose est sûre: après cette lecture, lors de vos balades en forêt, vous ne regarderez plus les petits cailloux blancs de la même façon. x

Illustration: Romain Hainaut

THÉÂTRE

Exil douloureux Le Théâtre d’Aujourd’hui présente Furieux et désespérés d’Olivier Kemeid. Katia Habra Le Délit

«J

’aimerais dédier cette pièce à tous ceux qui sont restés, que ce soit par choix, par obligation, par fatalité. À ceux qui y sont présentement, qui luttent pour leurs droits, leur dignité.» Ce n’est donc pas aux émigrants qu’Olivier Kemeid dédie sa pièce. Furieux et désespérés se concentre plutôt sur les patriotes silencieux, ceux qui ont surmonté leur peur pour rester et se battre pour leur pays. Il va sans dire que le thème de l’immigration jouit d’une certaine popularité en dramaturgie québécoise depuis quelques années, alors que plusieurs auteurs, immigrants de deuxième génération, ont le vent dans les voiles. Olivier Kemeid suit donc le chemin tracé par Wajdi Mouawad et Mireille Tawfik et son collaborateur Mani Soleymanlou en exploitant le thème de l’exil. Après l’Énéide et Moi, dans les ruines rouges du siècle, il présente cette pièce autobiographique. Le père de Kemeid, un chrétien francophone du Caire, a quitté l’Égypte à l’âge de six ans pour le Québec à la suite de la révolution de 1952. Dans la pièce, Mathieu se rend seul en Égypte pour renouer avec ses racines paternelles et rencontrer les membres de sa famille qui sont restés. Olivier Kemeid a, tout comme Mathieu,

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Arts & Culture

visité l’Égypte en 2008. Et c’est de ce voyage ainsi que du Printemps arabe que Kemeid a puisé son inspiration. D’après l’auteur, le personnage de Mathieu symbolise le fruit de l’abandon, l’héritage du départ. Celui qui est parti et qui revient en touriste. La plume de

socio-politique. Ses personnages ne sont ni blancs ni noirs, démontrant tantôt la fatalité, tantôt l’ardeur et l’instinct de survie, tantôt l’impuissance. Furieux et désespérés se veut aussi optimiste. La pièce cherche à prouver que le réveil de toute une génération

la pièce: le temps que les Occidentaux cherchent à accélérer, le temps que les Égyptiens préfèrent respecter, le temps cyclique qui peine à effacer blessures et conflits confessionnels. En plus de la rédaction, Olivier Kemeid crée une mise en scène simple et réussie. L’utilisation d’un français neutre, aux accents québécois, empêche de tomber dans la caricature de l’accent arabe. Romain Fabre présente quant à lui une scénographie intéressante, avec un décor de 300 boîtes de carton, symbolisant la fragilité et la migration, sans meubles ni objets particuliers. La troupe d’acteurs ne manque pas de têtes d’affiche comme Marie-Thérèse Fortin, Maxim Gaudette, Pascale Montpetit et Emilie Bibeau; et tous jouent juste. Peu de bémols, donc, si ce n’est le personnage de la Pythie, une vieille femme désaxée, qui tombe malheureusement dans le stéréotype et n’ajoute que du superflu à un tableau autrement bien orchestré. x

Crédit photo grâcieuseté Théâtre d’Aujourdhui

Kemeid est poétique, touchante. Son humour discret révèle le charme culturel d’une ville millénaire. L’art de la table, l’art du marchandage, l’attachement à la religion; l’auteur parvient subtilement à faire voyager son spectateur, tout en relevant les complexités de la situation

de jeunes rêveurs et friands de changement ne sera pas vain. Kemeid signe une œuvre bouleversante, un récit juste sur l’identité. En choisissant de ne jamais nommer de lieu ou de date, l’auteur parvient à rendre le récit intemporel. Car le temps est un autre thème majeur de

Furieux et désespérés, d’Olivier Kemeid Où: Théâtre d’Aujourd’hui Quand: jusqu’au 16 mars Combien: 29 dollars

x le délit · le mardi 26 février 2013 · delitfrancais.com


CIRQUE

Cirque expérimental à la TOHU Le Festival mondial du cirque de demain passe à Montréal. Léa Gruyelle

V

ingt heures, la grande salle circulaire de la TOHU se remplit pendant que le bon maître de cérémonie, Calixte de Nigremont, «magicien du verbe», présente à la foule chaque nouveau spectateur entrant dans la salle comme on présenterait un invité de marque à la cour. Le noir se fait, l’orchestre démarre dans une explosion de cuivres, cordes et percussions; l’Édition Spéciale du Festival Mondial du Cirque de Demain a commencé. D’hier… En 1977, le Cirque Français est en crise, et deux «fous de cirque», Isabelle et Dominique se prennent à rêver. Ils imaginent de très jeunes artistes de cirque, venus des quatre coins du monde, qui se réuniraient pour présenter leur talent au public. Et pourquoi ne pas en faire des Olympiades? C’est ainsi que Le Festival Mondial du Cirque de Demain est né. Depuis 1977, chaque année, à Paris, se déroulent ces Jeux Olympiques du cirque aujourd’hui sous la présidence d’Alain M. Pacherie. Tous les ans depuis 34 ans, c’est le monde entier qui est convié dans la ville Lumière pour partager quelques beaux instants de cirque. Catalyseur de carrière, le Festival récompense tous les artistes en leur donnant

l’occasion d’entrer en piste afin d’éblouir une foule d’aficionados, mais aussi de producteurs, diffuseurs et d’anciens lauréats. Les plus beaux numéros se verront répartir l’une des neuf médailles. La liberté est donnée au jury de décider, parmi elles, combien seront de bronze, d’argent ou d’or. Trois prix spéciaux sont attribués aux numéros ayant particulièrement retenu l’attention du jury, d’une façon ou d’une autre. …À aujourd’hui À Montréal, tous les deux ans, des numéros sont choisis parmi les lauréats des années précédentes pour former un spectacle autour d’une ligne conductrice (cette année, l’humour). Ce n’est plus une compétition, simplement une invitation faite aux artistes de venir partager ce moment de cirque avec ceux qui parfois furent leurs concurrents, et avec le public montréalais. Le spectacle, composé d’un peu plus de neuf numéros, démarre sur les chapeaux de roue avec les élèves de l’École Nationale de Cirque. À leur suite, Ba Jianguo, jeune chinois autodidacte, jongleur de rue, médaille d’or de la 34e édition cette année, fait tournoyer cet objet étrange, mélange de toupie et de diabolo, le Toton, avec grâce et rapidité, tandis que le jeu des lumières ajoute à la beauté du tableau. Se présente ensuite Lisa Rinne, «le petit oiseau de festival», venue

d’Allemagne, saisissante au trapèze dans un numéro plein de grâce. Également venus d’Allemagne, Chris, Iris, et leur micro nous offrent une haute performance acrobatique toute en légèreté. Vient le tour de Bert et Fred, couple déroutant, équilibristes de l’humour: ce duo venu de Belgique, dans un numéro de double trapèze fractionné en quatre reprises courtes au cours du spectacle, flirtent avec le danger et la farce avec désinvolture et précision. S’ensuivent les Starbugs, clowns excentriques Suisses, puis le Boustrophedon, avec un numéro aussi atypique que le nom du trio. Camélia, marionnette ballerine de 70 ans, équilibriste sur verre à pied, est accompagnée par sa marionnettiste et son pianiste pour une danse originale et attendrissante. Un jongleur français, Morgan, jonglant avec toutes les parties de son corps, notamment les orteils, prend la suite puis laisse sa place à deux contorsionnistes venus de Tanzanie. Robert et Abillahi sont au-delà de la souplesse, ce sont des acrobates, des virtuoses de la position incongrue. Le spectacle se clôt sur la performance de la Lauréate du 7e festival, une experte du twirling bâton, l’américaine Nathalie Enterline, pour une fin chargée d’émotion. C’est pour conclure que je parlerais du numéro d’ouverture, exécuté par les élèves de l’École Nationale de Cirque.

Plus d’une dizaine d’artistes en scène, des clowns, des équilibristes, trapézistes et acrobates en tous genres nous offrent une explosion d’énergie. On ne sait plus où donner du regard, en particulier quand le stroboscope est de la partie et transforme le tout en vision éthérée. Un festival ne datant pas d’hier traverse l’océan pour nous présenter les étoiles du cirque de demain. x

Crédit photo: Camille Chabrol

La Société des Publications du Daily présente la

SEMAINE DU JOURNALISME ÉTUDIANT 2013

N ! 9 2 ! J E O EV!MV

T S B N ! 2 3 ! j e v f k ! V BST!B

La tradition continue, des rencontres et des discussions avec des professionnels du milieu des médias. Restez à lʼaffut des prochaines nouvelles!

le délit x le délit · le mardi 26 février 2013 · delitfrancais.com

Arts & Culture

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Gracieusité de 99 %

DOCUMENTAIRE

728 et compagnie

Présenté à l’UQAM, le film Dérives dénonce la brutalité policière du Printemps érable. Louis Baudoin-Laarman Le Délit

S

’il existe des témoins fiables de l’histoire, les arts en font sûrement partie. Ainsi, au vu de la vague de créativité provoquée par le Printemps érable et qui commence à peine à déferler, on peut sans doute en conclure que la grève étudiante de l’année passée restera dans la mémoire collective pour un petit bout de temps. Cette année, de nombreux livres, articles, vidéos ou encore expositions de photos ont été publiés ou organisés, relatant les événements de 2013. De nombreux angles ont été abordés par les artistes ou les médias, mais il restait encore un aspect des grèves étudiantes sous-médiatisé: il s’agit de la brutalité policière. C’est maintenant chose faite, avec la sortie d’un montage documentaire sur la violence subie par les manifestants du Printemps érable de

Crédit photo : Memologies

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Arts & Culture

Michael Fortin, Éric Robertson, Bérénice Steevenson et Samer Beyhum, présents à la projection de leur film à l’UQAM le jeudi 21 février. Le film, disponible sur Youtube, est le premier véritable documentaire sur le Printemps érable, en contraste avec la multitude de vidéos amateures qu’on peut voir sur Internet. Le problème de ces dernières est que, bien qu’elles soient des sources d’information sur certains moments particuliers, elles ne rendent pas compte de la progression du conflit de manière analytique, et en particulier de la montée de la violence du côté des forces de l’ordre. Ainsi, une personne à Toronto regardant une vidéo du Printemps érable sur Youtube ne bénéficiera pas d’une vue générale des événements, et classera ce qu’il a vu comme une autre vidéo d’«émeute» parmi tant d’autres. Les réalisateurs de Dérives ont produit leur film

Crédit photo: Michel Legault

grâce à des vidéos trouvées sur la toile, montées de manière chronologique afin de raconter le Printemps érable à ceux qui n’y ont pas participé: «Dérives donne un aperçu de ce qu’on a vécu, aux gens qui n’y étaient pas», dit ainsi Éric Robertson. L’idée est surtout de dénoncer l’escalade de la violence policière et le fait que cette dernière a trop souvent été excusée, voire approuvée dans les médias conventionnels. Au début du film, on peut d’ailleurs lire: «Ce film est dédié aux plus de 3 400 arrêtés et aux innombrables blessés du Printemps érable.» Au sujet du film, Gabriel Duchesneau, qui a dû être hospitalisé l’année dernière suite au traitement du SPVM, pense que «c’est très bien monté, mais je ne pense pas que ça va changer les idées du gouvernement». Puisque les deux tiers du documentaire sont en fait des vidéos amateures tirées d’Internet, les

réalisateurs affirment modestement que le film appartient au public autant qu’à eux: «C’est une idée de médias du XXIe siècle, si vous avez une caméra sur vous, vous faites aussi partie de 99% [la maison de production de Dérives]», selon Michael Fortin. Les réactions du public lors de la projection laissent d’ailleurs deviner que beaucoup se sont reconnus émotionnellement dans les images, où ont reconnu leurs propres vidéos. C’est seulement en sortant de ce film que je me suis rendu compte de l’ampleur des évènements de l’an dernier, et du nombre de personnes qui y ont pris part. Ce fut en quelque sorte notre «Mai’68», dont on se souviendra longtemps. Cependant, le thème de la violence policière et les abus qu’on a pu voir l’année dernière n’ont été que très peu débattus ou dénoncés dans les médias nationaux. Espérons donc que Dérives lèvera le voile sur cet aspect délaissé du Printemps érable. x

x le délit · le mardi 26 février 2013· delitfrancais.com


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