Publié par la société des publications du Daily, une association étudiante de l’Université McGill
Page Blanche
Mardi 3 septembre 2019 | Volume 109 Numéro 1
8 pour faire une édition depuis 1977
Éditorial rec@delitfrancais.com
Volume 109 Numéro 1
Le seul journal francophone de l’Université McGill RÉDACTION 380 Rue Sherbrooke Ouest, bureau 724 Montréal (Québec) H3A 1B5 Téléphone : +1 514 398-6790 Rédacteur en chef rec@delitfrancais.com Grégoire Collet
(Re)présentations grégoire collet
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ette rentrée à McGill est pour beaucoup la première. On foule pour la première fois McTavish, s’émerveille (ou non) de la verdure du campus, découvre les prix exorbitants de ses services de restauration. Pour d’autres, plus nombreux·ses, on recommence. On se re-prend au jeu des études, une nouvelle fois à la recherche des cours et activités qui rythmeront au mieux le semestre. Le Délit, cette année, recommence aussi. Une 43ème fois, les pages du journal sont dédiées aux francophones de McGill. Sa mission n’en demeure pas moins essentielle. Dans Montréal, l’Université semble toujours être à part - si ce n’est détachée de la ville -, et sa langue est un élément fondamental de ce décalage. Les étudiant·e·s francophones peuvent faire passerelle entre la bulle mcgilloise et un contexte québécois qui se conjugue ordinairement en français. Ces passerelles sont précieuses, et permettent parfois de contrer la surdité dont l’administration mcgilloise fait preuve vis-à-vis du français. Si le français est une langue en sous-représentation à McGill, il est important de souligner que les francophonies sont plurielles, et ne profitent ainsi pas toutes du même podium. À ce titre, protéger le français ne devrait pas signifier privilégier une francophonie par rapport à une autre. Le combat pour le parler ne peut pas être mené que d’un seul front. Considérer les francophonies comme étant plurielles, c’est aussi comprendre qu’elles ne
sont pas porteuses des mêmes récits et peuvent prendre racine dans des passés qui sont complexes et violents. Le français du Québec et de France hexagonale bénéficient ici d’une plateforme qui doit profiter aux autres français. Dans cette mesure, Le Délit se doit de rendre l’expérience du journalisme étudiant possible à tou·te·s les francophones de McGill. Le journal revient après plus de quatre mois de silence. Cet été fut ponctué, si ce n’est noyé, de nouvelles plus effarantes les unes que les autres. Les forêts s’embrasent aussi souvent que les sphères politiques, l’information se confond avec la stupéfaction. Les termes sont souvent complexes et les sujets s’enchevêtrent dans un brouhaha quotidien. Au sein même de notre université, une simple année scolaire concentre des débats majeurs qu’il nous faut suivre. Quelle est ici la place du Délit? S’intéresser de près à l’actualité, au monde qui nous entoure, c’est aussi rendre compte de notre place dans ce brouhaha. Se sentir concerné·e, c’est faire un pas vers une prise de parole, un possible engagement. Si nous publions chaque semaine une nouvelle édition, c’est que nous croyons au pouvoir des lettres et des mots. Ceux qui sont tus mais jetés par écrit, ceux qui sont soigneusement posés sur papier, lus et relus, ceux qui parlent de soi, donnent la parole, renseignent, interrogent. Après quatre mois de silence, il est temps de marquer nos pages blanches avec ces mots.
Actualités actualites@delitfrancais.com Violette Drouin Augustin Décarie Rafael Miró Culture artsculture@delitfrancais.com Mélina Nantel Audrey Bourdon Société societe@delitfrancais.com Opinion -Béatrice Malleret Enquêtes - Juliette de Lamberterie Philosophie philosophie@delitfrancais.com Simon Tardif Coordonnateur de la production production@delitfrancais.com Niels Ulrich Coordonnateur·rice·s visuel visuel@delitfrancais.com Vacant Vacant Multimédias multimedias@delitfrancais.com Vacant Coordonnateurs de la correction correction@delitfrancais.com Vacant Vacant Webmestre web@delitfrancais.com Mathieu Ménard Coordonnateur·rice·s réseaux sociaux reso@delitfrancais.com Vacant Vacant Contributeurs Iyad Kaghad, Fernanda Mucino Couverture Clémence Malleret
C’est avec ces prémisses que Le Délit recommence cette année. Avec toi? x BUREAU PUBLICITAIRE 3480 rue McTavish, bureau B•26 Montréal (Québec) H3A 0E7 Téléphone : +1 514 398-6790 ads@dailypublications.org Publicité et direction générale Boris Shedov Représentante en ventes Letty Matteo Photocomposition Mathieu Ménard The McGill Daily coordinating@mcgilldaily.com Lydia Bhattacharya Conseil d’administration de la SPD Johnathon Cruickshank, Éloïse Albaret,Grégoire Collet, Nelly Wat et Sébastien Oudin-Filipecki (chair)
Les opinions exprimées dans les pages du Délit sont celles de leurs auteur·e·s et ne reflètent pas les politiques ou les positions officielles de l’Université McGill. Le Délit n’est pas affilié à l’Université McGill.
2 Éditorial
L’usage du masculin dans les pages du Délit vise à alléger le texte et ne se veut nullement discriminatoire. Les opinions de nos contributeurs ne reflètent pas nécessairement celles de l’équipe de la rédaction. Le Délit (ISSN 1192-4609) est publié la plupart des mardis par la Société des publications du Daily (SPD). Il encourage la reproduction de ses articles originaux à condition d’en mentionner la source (sauf dans le cas d’articles et d’illustrations dont les droits avant été auparavant réservés). L’équipe du Délit n’endosse pas nécessairement les produits dont la publicité paraît dans le journal. Imprimé sur du papier recyclé format tabloïde par Imprimeries Transcontinental Transmag, Anjou (Québec).
le délit · le mardi 3 septembre 2019· delitfrancais.com
Actualités actualites@delitfrancais.com
La section se présente Notre mission et nos buts en résumé. Rafael miró Augustin décarie Violette drouin
Éditeur·ice·s Actualités
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ette année, comme chaque année, la mission de la section Actualités du Délit sera d’apporter aux étudiant·e·s francophones de McGill des nouvelles et des reportages sur des sujets qui les concernent. D’abord, à l’instar de nos homologues anglophones du Daily et du Tribune, nous couvrirons la politique étudiante, que ce soit celle de l’AÉUM ( l’Association étudiante de l’Université McGill, SSMU en anglais), des associations ou des campagnes étudiantes, ou encore les politiques de l’Université McGill en tant que tel. Seront couverts avec plus d’attention, bien sûr, les décisions et les débats qui toucheront particulièrement la place du français et des francophones au sein de l’université, mais aus-
si au Québec et dans le monde entier. À cet effet, la section Actualités s’efforce de communiquer également des nouvelles montréalaises, québécoises et canadiennes-françaises. De plus, à l’aide de la rubrique « Monde
Francophone », nous offrons chaque semaine trois ou quatre brefs résumés d’actualités de la francophonie hors-Canada. La section Actualités se veut à la fois porteuse de nouvelles et
À LA RECHERCHE D’UNE FORMATION EN JOURNALISME À McGILL? PARTICIPE À LA PRODUCTION DU DÉLIT! Écris un article, prends une photo, ou dessine une illustration pour ta section préférée! Viens rencontrer les éditeur.rice.s durant une soirée de production:
TOUS LES LUNDIS 17H - MINUIT 680 SHERBROOKE O., BUREAU 724 Aucune expérience journalistique requise seulement de la motivation! Pour plus d’information, envoie un courriel à rec@delitfrancais.com
d’articles encourageant la réflexion sur ces nouvelles. Nous accueillons chaudement des articles résumant conférences et discours, ainsi que des chroniques politiques et des analyses. L’actualité, de par sa nature informative, se doit d’être objective, mais se doit également d’explorer les points de vue à la base de notre scène politique, ainsi que les résultats pouvant découler des actions qui y sont prises. Nous voulons encourager nos contributeur·ice·s non seulement à se faire reporters, mais aussi à se questionner sur les enjeux sur lesquels ils·elles écrivent – pourquoi sont-ils pertinents, qu’est-ce qui motive certaines personnes à y dédier leur temps. Ce semestre, en vue des élections fédérales, nous publierons chaque semaine une chronique politique portant sur divers sujets relatifs à la campagne élec-
torale. Nous nous efforcerons de fournir à nos lecteur·ice·s de l’information pouvant les aider à faire un choix aussi informé que possible au scrutin. Pour ce faire, nous voulons aller au-delà d’un simple résumé de plateforme électorale et publier des analyses de ces plateformes ainsi que, lorsque possible, des entrevues avec les candidat·e·s. Tou·te·s les lect·eur·rice·s qui le souhaitent seront invité·e·s à contribuer ponctuellement à cette section. La section Actualités se donne donc pour buts, cette année, de fournir, comme toujours, l’actualité du campus, de la ville et du Canada francophone, et de créer dans ses pages un espace propice à la réflexion et à la discussion sur ces nouvelles. Nous vous accueillons tou·te·s, en tant que lecteur·ice·s ou contributeur·ice·s, et bonne lecture!x
La Société des publications du Daily recueille des candidatures pour son conseil d’administration. La presse étudiante vous passionne, et vous souhaitez contribuer à sa pérennité et à son amélioration? Est-ce que la gouvernance, les règlements et l’écriture de propositions sont votre tasse de thé? Dans ce cas, vous devriez envisager de soumettre votre candidature pour le Conseil d’administration de la Société des publications du Daily. Les administrateurs.trices de la SPD se rencontrent au moins une fois par mois pour discuter de l’administration du McGill Daily et du Délit, et ont l’occasion de se prononcer sur des décisions liées aux activités de la SPD. Les membres du conseil peuvent aussi s’impliquer dans divers comités, dont les objectifs vont de la levée de fonds à l’organisation de notre série annuelle de conférences sur le journalisme. Les postes doivent être occupés par des étudiant.e.s de McGill dûment inscrit.e.s aux sessions d’automne 2019 & hiver 2020 et en mesure de siéger jusqu’au 30 juin 2020, ainsi qu’un.e représentant.e des cycles supérieures et un.e représentant.e de la communauté.
Pour déposer votre candidature, visitez
dailypublications.org/fr/dps-conseil-2019
delitfrancais.com/ apropos/contribuer le délit · mardi 3 septembre 2019 · delitfrancais.com
Questions? Écrivez à chair@dailypublications.org pour plus d’info!
Actualités
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monde
Dans la mire de l’actu
Au retour des vacances, Le Délit vous fait un bref résumé de ce qui s’est passé cet été, et vous dit à quoi s’attendre pour cet automne
Cet été...
Cet automne...
augustin décarie
Rafael miró
Éditeur Actualités
Tensions internationales
Monde
Le détroit d’Ormuz, situé dans le golfe Persique, a été le théâtre de tensions importantes entre l’Iran et l’OTAN. Cette voie maritime aux abords de l’Iran est un lieu hautement stratégique, puisque près d’un cinquième du pétrole produit mondialement transite par le détroit. De nombreux pétroliers ont été la cible de sabotages et d’attaques de la part de l’Iran, ce qui a poussé les États-Unis à renforcer leur présence militaire dans la région. L’escalade des tensions a été portée à son comble quand un drone américain a été abattu par l’Iran.
L’ accès à l’avortement restreint
états-unis
Le scandale de SNC-Lavalin, qui a terni la dernière année du premier ministre canadien Justin Trudeau, semble vraisemblablement s’être essouflé, après la remise du rapport du commissaire aux conflits d’intérêts et à l’éthique Mario Dion. Celui-ci a conclu que le premier ministre et son bureau avaient agi de manière « irrégulière » et avaient effectivement fait des pressions indues auprès de Jody Wilson-Raybould, alors ministre de la Justice et procureure générale du Canada. Justin Trudeau a reconnu ses torts, bien qu’il ait insisté avoir agi en défense de « l’intérêt public ».
Enfin, le Brexit? L’événement diplomatique le plus attendu dans le monde cet automne est probablement la sortie – ou non – du Royaume-Uni de l’Union européenne. Le nouveau premier ministre très eurosceptique, Boris Johnson, entend mener son pays vers une sortie de l’Union, que ce soit avec ou sans accord. Des élections fédérales sont prévues en Tunisie et en Afghanistan pour le mois de septembre, tandis que les Polonais, les Suisses, les Mozambicains et – bien sûr – les Canadiens iront aux urnes en octobre. Les 234 000 habitants de l’île de Bougainville, actuellement rattachée à la Papouasie-Nouvelle-Guinée, se prononceront sur leur indépendance le 23 novembre. La course à la présidence est entamée Aux États-Unis, outre les frasques habituelles du président, on assistera à la continuation du processus des primaires, c’est-à-dire le choix du candidat de chaque parti en vue du scrutin présidentiel. Du côté républicain, aucun prétendant sérieux n’est pour le moment en lice pour s’opposer à la réélection du président sortant. Chez les démocrates, par contre, une myriade de candidats s’affrontent déjà pour tenter d’obtenir le ticket. Si Joe Biden, l’ancien vice-président sous Barack Obama, trône pour le moment en tête des sondages, des figures plus à gauches du parti, en particulier les sénateurs Bernie Sanders et Elizabeth Warren, le suivent de près.
Les états de la Géorgie, de l’Ohio, du Kentucky et du Mississippi ont adopté en mai des projets de loi interdisant l’avortement lorsqu’un battement cardiaque est perceptible chez l’embryon. D’autres états comme le Tennessee et la Louisiane leur ont emboîté le pas en restreignant le droit à l’avortement. L’Alabama est allé encore plus loin en interdisant catégoriquement l’avortement, sauf pour des exceptions médicales. Cette vague de législation est attribuable à la nouvelle majorité républicaine à la Cour suprême, depuis que le juge Brett Kavanaugh est entré en fonction.
Suite à l’affaire SNC-Lavalin
Éditeur Actualités
CANADA
Élections à venir Les élections fédérales se tiendront le 19 octobre dans l’ensemble du pays. Pour le moment, les sondages n’esquissent pas de favori clair mais plutôt une course serrée entre le Parti libéral et le Parti conservateur ; d’aucuns prévoient même la formation d’un gouvernement minoritaire. La popularité du parti Libéral a considérablement chuté dans la dernière année, le mandat de Justin Trudeau ayant été terni par ses politiques environnementales contradictoires et par l’affaire SNC-Lavalin. Au Québec, le vide laissé par l’effondrement dans les sondages du Nouveau Parti démocratique , dont le chef Jagmeet Singh peine à se faire connaître, pourrait laisser la place à l’élection de députés du Bloc québécois ou à la réélection de députés libéraux.
QUÉBEC Legault réalise ses promesses
Médias en crise
L’Assemblée nationale a adopté deux projets de loi phares du gouvernement Legault, soit le projet de loi 9 sur l’immigration ainsi que le projet de loi 21 sur la laïcité. Tous deux ont été passés sous le bâillon, peu avant le congé parlementaire. Le projet de loi 9 vise à raccourcir les délais dans les traitements des dossiers ainsi qu’à arrimer l’immigration aux besoins du marché du travail. Le projet de loi 21 interdit quant à lui aux employés de l’État ( juges, policiers, fonctionnaires, enseignants du réseau public) le port de signe religieux. Il est à noter que les employés actuels bénéficient de droits acquis qui les mettent à l’abri de sanctions.
On devrait encore entendre parler, au Québec, de la « crise des médias » qui a fait suite à l’annonce de la faillite du groupe Capitales Médias, détenant plusieurs journaux régionaux dans la province. Le gouvernement devra déterminer s’il accorde une aide à ces médias, ou encore s’il compte aider l’ensemble de l’industrie journalistique au Québec. Depuis plusieurs années déjà, plusieurs entreprises du milieu sont étouffées par la baisse des revenus publicitaires au profit des géants de l’Internet. Certains, dont la députée solidaire Catherine Dorion, mènent également bataille contre la concentration des médias au Québec.
Place à la nature La mairesse Valérie Plante a annoncé au début du mois la création du plus grand parc municipal au pays dans l’ouest de l’île de Montréal. Le parc englobera une bonne partie de l’île Bizard, le parc-nature du Cap-Saint-Jacques, le parc-nature de l’Anse-à-l’Orme, l’Arboretum Morgan (au campus Macdonald de McGill) et le parc agricole du Boisde-la-Roche. Des sentiers pour piétons et cyclistes ainsi qu’une navette fluviale entre l’île Bizard et le Cap-Saint-Jacques sont prévus afin de donner une cohésion au grand parc de l’Ouest. Toutefois, de nombreux terrains de l’Ouest-de-l’Île sont entre les mains de promoteurs immobiliers, qui souhaitent construire des unités d’habitation sur le site projeté
4 Actualités
MONTRÉAL
En marche! Les citoyens du Plateau Mont-Royal iront aux urnes le 6 octobre prochain pour trouver un successeur à Luc Ferrandez, qui a été au pouvoir sous la bannière de Projet Montréal pendant les dix dernières années et qui a démissionné le 14 mai dernier, sur fonds de tension avec la mairesse de Montréal Valérie Plante. Aussi, le 27 septembre se tiendra à Montréal une grande manifestation pour le climat, organisée par plusieurs collectifs environnementaux de la ville. Par ailleurs, la militante environnementale suédoise Greta Thunberg, de passage en Amérique du Nord, pourrait prendre part à cette manifestation.
le délit · mardi 3 septembre 2019 · delitfrancais.com
Campus
La santé à l’horaire L’équipe Actualités vous aide à démystifier les services aux étudiant·e·s de McGill. violette drouin
Éditrice Actualités
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n tant qu’étudiant·e·s, nous payons une panoplie de frais accessoires qui sont destinés, entre autres, à appuyer clubs, associations et journaux étudiants – comme, par exemple, Le Délit. Ces frais assurent également l’offre de divers services aux étudiant·e·s, à la fois par l’Université et par l’Association étudiante de l’Université McGill (AÉUM, SSMU en anglais, ndlr), qui comprennent une assurance médicale et dentaire, des services de santé mentale et d’aide académique, et de nombreuses autres ressources. Nous vous en faisons le tour.
Que vous offre l’assurance-santé de l’AÉUM? Vous pourriez obtenir des remboursements pour : Urgences : Ambulance, accidents. Médicaments : jusqu’à 100% pour les résident·e·s du Québec et 80% pour les non-résident·e·s. Vaccins : 100% jusqu’à un maximum de 300$ par an.
Santé physique L’Université McGill fournit une l’assurance-santé obligatoire aux étudiant·e·s internationaux·ales, qui peut être élargie pour couvrir également un·e conjoint·e ou des enfants. Tou·te·s les étudiant·e·s ayant payé leurs frais ont également accès à la clinique sur le campus, située dans l’édifice Brown, pour consultations avec un·e médecin, un·e diététicien·ne, un·e conseiller·ère, ou un·e psychiatre. L’AÉUM fournit également à ses membres une assurance-santé étendue, qui comprend une grande variété de soins et d’équipements médicaux, des médicaments, les lunettes, les soins dentaires et jusqu’à 5 millions de dollars d’assurance-voyage. Les étudiant·e·s internationaux·ales, bénéficiant déjà de l’assurance-santé obligatoire fournie par l’Université obtiennent uniquement les soins dentaires.
Soins de santé : Psychologues, chiropracticien·ne·s, massothérapeutes, physiothérapeutes, et plus. (Le pourcentage de remboursement disponible varie)
Hospitalisation et soins à domicile.
Tests en laboratoire.
Équipement médical : Béquilles, appareils auditifs, fauteuils roulants, prothèses, etc.
Santé mentale Tel que mentionné plus haut, la clinique étudiante de l’Université permet aux étudiant·e·s d’obtenir un rendez-vous avec un·e conseiller·ère ou un·e médecin, qui peuvent par la suite leur permettre de consulter un·e psychiatre. Le plan d’assurance-santé offert par l’AÉUM offre également un remboursement de 80% du coût d’un·e psychologue agréé.e, jusqu’à 1000$ par an. Ces remboursements peuvent être obtenus à travers le site Web studentcare.ca sous l’onglet « Réclamations ». De plus, l’AÉUM offre à ses membres l’accès au service EmpowerMe, qui permet aux étudiant·e·s d’obtenir des sessions de thérapie ou de soutien, par téléphone ou en personne, pour une grande variété d’enjeux de
Assurance des frais de scolarité : 100% des frais non remboursables jusqu’à 10 000$ en cas d’abandon des études pour raison médicale.
santé mentale mais aussi académiques, financiers, ou nutritionnels. En appelant le numéro sans frais d’EmpowerMe, 1-844-7416389, disponible 24 heures par jour, les étudiant·e·s peuvent immédiatement avoir accès à un·e conseiller·ère professionnel·le. Ces services sont disponibles en multiples langues. Situations de handicap De plus, l’Université gère le Bureau de soutien aux étudiant·e·s en situation de handicap (OSD en anglais, ndlr), qui fournit des services d’accessibilité, comme par exemple la prise de notes, de la technologie accessible, du transport adapté, et des dispositifs d’appui à l’écriture d’examens. Les étudiant·e·s nécessitant ces services sont encouragé·e·s à prendre rendez-vous avec le Bureau par l’entremise de leur site Web (mcgill. ca/osd). Services légaux La Clinique d’information juridique de McGill (CIJM, LICM en anglais, ndlr) peut fournir des informations sur presque tous les aspects du droit québécois, à l’exception du droit criminel, du droit fiscal et du droit de la construction. La CIJM offre également des services de représentation étudiante, pour faciliter la résolution de conflits avec l’Université, et un service d’accompagnement à la Cour pour les petites créances et les conflits de logement. En ce qui a trait à l’immigration et aux permis d’études, le Bureau des services aux étudiant·e·s internationaux·ales offre des sessions consultatives, le matin en premier·ère arrivé·e, premier·ère servi·e et l’après-midi par rendez-vous. Leur bureau est situé dans l’édifice Brown.x Liens utiles Clinique étudiante de McGill : mcgill.ca/wellness-hub/ Assurances de l’AÉUM : studentcare.ca, tapez « SSMU » dans la barre de recherche.
Assurance-voyage : Couverture lors de vacances, stages et échanges, remboursement en cas d’annulation de voyage pour raison médicale.
le délit · mardi 3 septembre 2019 · delitfrancais.com
Bureau de soutien aux étudiant·e·s en situation de handicap: mcgill.ca/osd Clinique d’information juridique: licm.ca Bureau des services aux étudiant·e·s internationaux·ales : mcgill.ca/internationalstudents
Actualités
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Société societe@delitfrancais.com
Forçons-nous à contrer nos biais La section Société se présente et vous livre ses objectifs. béatrice malleret
béatrice malleret juliette de lamberterie
Éditrices Société
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u mois de mai dernier, les quatre groupes de défense démocratique et environnementale LeadNow.ca, Canada 350, North 99 et Our Time, dans le cadre des élections fédérales, ont lancé une pétition exigeant à Radio-Canada/CBC la tenue d’un débat des chef·fe·s qui porterait exclusivement sur la question de l’urgence climatique. Plus de 48 000 signatures ont été récoltées et une forte pression a été exercée sur Radio-Canada, incluant une manifestation devant ses studios en juillet 2019.
En plus de souligner que les dérèglements climatiques auxquels fait actuellement face le Canada ainsi que le reste du monde sont d’une gravité telle que ce sujet ne devrait pas être qu’un point de débat parmi tant d’autres, ces demandes font aussi réfléchir sur la responsabilité des médias quant à leur rôle au sein de nos sociétés. Ils se doivent non seulement d’informer de manière exacte, mais aussi de contribuer à amoindrir le biais de confirmation dont nous sommes tou·te·s victimes ; nous accordons tou·te·s plus de poids aux informations qui nous confortent dans nos opinions existantes. Et ce, en ignorant ou en décrédibilisant les voix qui remettent en question ces
dernières, ce qui rend la communication entre différents groupes au sein d’une même communauté d’autant plus difficile. Bien que médias et journalistes soient évidemment aussi sujets à ce biais de confirmation, il·elle·s ont le pouvoir – et le devoir – de replacer au centre des discussions les sujets et les personnes que l’on choisit souvent d’ignorer par peur, par incompréhension ou par refus de se remettre en question à la fois collectivement et individuellement. À petite échelle, et en saisissant pleinement la complexité et l’envergure qu’une telle tâche représente, la section Société du Délit essayera, tout au long de l’année, d’assumer la responsabilité de prioriser les perspectives sous-représentées dans les grands médias, et ce, spécialement dans le cadre d’un campus majoritairement canadien et très privilégié. La section sera, comme durant le semestre d’hiver 2019, divisée en deux catégories distinctes mais complémentaires : Opinion et Enquête. Des opinions et des faits Le titre « Opinion » est quelque peu réducteur, car cette sous-catégorie de la section en-
globe en réalité plusieurs formats possibles : témoignages, entrevues, tribunes, analyses… Le mot société est vaste, et les sujets qui peuvent être couverts le sont bien plus encore. Nous espérons qu’ils refléteront la diversité des expériences qui marquent les étudiant·e·s francophones de McGill. La particularité de la section Société est qu’elle permet d’exprimer un point de vue et même d’initier au sein de ses pages un débat, d’une semaine à une autre, entre un·e auteur·rice et un·e autre. Le but étant de s’exposer à des idées et des vécus qui ne sont pas forcément les plus répandus, toujours de manière respectueuse, inclusive et informée. Contrer le sensationnel Au printemps dernier, un sondage créé par la Fondation pour le journalisme canadien révélait que près de 52% des canadien·ne·s lisaient les nouvelles via leurs réseaux sociaux, et cette tendance est encore plus visible chez les milléniaux : pour eux, c’est 70%. Sur ces plateformes, et au fur et à mesure des réactualisations de nos feeds, les informations sous forme d’alertes semblent aussi vite apprises qu’oubliées, sans pour autant
avoir obtenu toutes les réponses. La section Société, une fois par mois, publiera une enquête ou un reportage qui prendra toutes ses pages. Ceux-ci seront le produit de plusieurs semaines de recherches et de rencontres, pour contrebalancer ce phénomène en tentant de répondre au plus de questions possibles. Dans le contexte de McGill même, et par le biais de ses journaux étudiants, des flots d’informations nous sont communiqués chaque semaine : nouveau mouvement étudiant, règlement ou loi qui viennent d’être passés, initiative tout juste créée… La section enquête tentera de dépasser la dimension spontanée de la nouvelle et d’exposer les éléments souvent omis lorsque l’on parle de ces évènements. Par exemple : comment le mouvement s’est-il formé ? Quels peuvent être les obstacles rencontrés lorsqu’on tente de créer un mouvement étudiant qui exercerait une réelle influence? Qu’elle soit sous forme de reportage ou d’enquête, cette deuxième composante de la section Société tentera d’examiner à la loupe des sujets donnés, mais aussi de rendre plus transparents des enjeux qui nous semblent parfois trop grands et inaccessibles. x
entrevue
Être journaliste selon Dan Bilefsky
Montréalais d’origine, le correspondant du New York Times revient chez lui après 28 ans.
L
e Délit (LD) : Dan, tu es né et as grandi à Montréal. En 1989, après tes études secondaires, tu as décidé de partir à l’étranger. Pourquoi ce choix ? Dan Bilefsky (DB) : À l’époque, j’avais 18 ans et je cultivais ce rêve de partir étudier aux États-Unis. Je dirais donc que le facteur académique a joué un grand rôle. J’étais également curieux de faire l’expérience de l’ « American dream », c’était quelque chose qui alimentait mon imaginaire. Mais de façon plus globale, je dirais que j’ai toujours eu une personnalité qui m’a poussé vers l’inconnu ; j’avais ce désir intense de découvrir le monde. Durant mon adolescence, je voulais constamment quitter Montréal, voir des nouvelles personnes et m’initier à de nouvelles
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Société
cultures. C’était alors pour moi tout naturel de partir. LD : Quels regards portes-tu sur les défis futurs en journalisme? Avec l’expérience qui est la tienne, tu as certainement dû entrevoir une évolution de la pratique journalistique. Il y a la place prépondérante du numérique, des réseaux sociaux ; les modèles d’affaire de la presse écrite doivent s’adapter : pensestu que le métier de journaliste se précarise de plus en plus? DB : Oui et non. Le journalisme local, par exemple, est effectivement en danger. La captation des revenus publicitaires par les géants du web au détriment des journaux de proximité est un gros problème pour la presse écrite. Il y a aussi une multi-
plication des plateformes médiatiques, de sorte qu’il devient complexe de se différencier. En revanche, à l’aire de la désinformation, des discours populistes
Il est certain que la situation actuelle favorise la concentration des ressources de production médiatiques, à l’instar des plateformes qui elles, se multiplient.
« La captation des revenus publicitaires par les géants du web au détriment des journaux de proximité est un gros problème pour la presse écrite » et de Donald Trump, il est plus important que jamais d’avoir des bureaux d’enquêtes et du journalisme d’investigation. Un quotidien comme le New York Times, qui a les ressources humaines nécessaires pour toujours aller plus loin est en bonne position pour assurer ce rôle.
La profession change aussi. En tant que journaliste, on a beaucoup plus de responsabilités, par rapport à ce que j’ai pu observer il y a 20 ans. Par exemple, aujourd’hui, c’est moi qui écris les titres pour les articles, je suis aussi responsable des tweets (messages postés sur Twitter,
ndlr). Pour se différencier il faut surtout être polyvalent. Savoir faire des vidéos, être à l’aise avec les logiciels photo et démontrer une proactivité. LD : Avec cet environnement disruptif, est-il possible d’avoir encore une sécurité d’emploi en journalisme ? DB : Honnêtement, ça dépend du contexte. Au Québec, si tu es un aspirant journaliste, tu as Le Devoir, La Presse, Le Journal de Montréal et Radio-Canada, il n’y a pas énormément d’options. Le bilinguisme est aussi important dans l’écosystème médiatique. Évidemment qu’il y aura toujours des postes permanents pour des journalistes, mais effectivement, il y a beaucoup de concurrence. Mon conseil pour les gens qui
le délit · mardi 3 septembre 2019 · delitfrancais.com
veulent accéder à ce monde est le suivant : apprenez des langues. L’arabe, le mandarin, faites des vidéos, distinguez-vous par une valeur ajoutée. LD : Comment se sent-on lorsque l’on travaille pour le New York Times? Dans notre imaginaire collectif, ce journal est un peu l’incarnation de la crédibilité journalistique. Quand on écrit pour ce média, des milliers de personnes sur la planète nous lisent. Sachant cela, ressens-tu parfois que tu exerces un certain pouvoir, une certaine influence singulière? DB : Je ne passe pas mes journées à penser à mon « influence singulière », mais plutôt à la responsabilité qui m’incombe. Travailler pour le New York Times , ça signifie être 100% accurate (exact en français, ndlr) et « marié aux faits ». Pour moi, c’est quelque chose de presque maladif. À cause du caractère global du journal, j’ai une peur viscérale de faire une erreur ou d’inclure un fait inexact. Je dirais d’ailleurs que c’est la première considéra-
à la hauteur. Dès le début, j’ai dû passer en entrevue des personnalités imposantes, des gens dans la haute direction d’entreprises. Je me présentais dans les bureaux et les gens me demandaient : où est le journaliste du Financial Times? Je leur répondais que c’était moi, le jeune gamin de
LD : Ce n’est pas un peu anxiogène, la réception systématique de commentaires sur les réseaux sociaux ? DB : Disons que je me suis habitué relativement tôt dans ma carrière à gérer la dynamique de stress observé dans le métier. J’avais 23 ans quand j’ai décroché mon premier boulot au Financial Times. Pour moi, c’était quelque chose d’impressionnant ; ce journal a une excellente réputation et est historiquement reconnu. Je devais être
grandi ici, je parle français et comprends jusque dans mon ADN la réalité du pays dont je suis originaire. Tout ça facilite un peu mon travail. Malgré ma période d’absence, je me sens enraciné au Québec et au Canada. Je pense que les
iyad kaghad
« J’ai une peur viscérale de faire une erreur ou d’inclure un fait inexact » tion que tout journaliste devrait avoir : vérifier la véracité de ses informations. En travaillant pour le New York Times, il y a aussi la responsabilité de choisir les bons sujets, décider où je vais put the spotlight (« braquer les projecteurs en français ndlr). Il faut comprendre que la clientèle de ce média est internationale. Je dois pouvoir écrire quelque chose qui touche des lecteurs de Hong Kong, Montréal, New Delhi ou encore Washington. Des millions de personnes nous lisent et donc, les articles doivent traiter de sujets qui trouvent résonnance auprès d’un lectorat aux réalités différentes. La relation avec ce lectorat change aussi ; la communication ne se fait plus de façon unilatérale. Les gens peuvent maintenant nous répondre en temps réel, donner leur opinion sur nos écrits sur les réseaux sociaux ou par email. Ça change notre façon de travailler. Dès que je publie un article, je reçois systématiquement du feedback. C’est quelque chose de complètement nouveau.
DB : Je dirais avant toute chose que du bon journalisme, c’est du bon journalisme. Justesse factuelle, analyse en profondeur, équilibre, méthodologie, les caractéristiques d’un article de qualité sont les mêmes que vous soyez en Bosnie, à Istanbul ou à Montréal. En revanche, pour
IYAD KAGHAD 23 ans. Alors je dirais que j’ai eu l’occasion de développer très jeune cette tolérance à l’anxiété. Mais nous avons évidemment toutes et tous une certaine sensibilité, ce qui ne permet jamais une immunité complète. À cela j’ajouterai un commentaire qui à mon sens fait référence à une caractéristique propre au Québec. Du fait de sa nature identitaire singulière, c’est-à-dire une province francophone entourée de centaines de milliers d’anglophones, je remarque que les gens sont particulièrement exigeants sur la façon dont est faite sa couverture internationale. Il n’y a effectivement pas beaucoup de correspondants étrangers basés au Québec, ce qui rend les Québécois encore plus exigeants sur mon travail. Je m’efforce de ne pas rentrer dans la facilité ni les clichés. LD : Cela précède ma prochaine question : tu as été correspondant partout dans le monde. Paris, Londres et Istanbul, entre autres. Comment t’y prends-tu pour adapter ta pratique journalistique aux milieux culturels dans lesquels tu évolues? Est-ce un renouvellement constant de ta démarche?
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chaque exercice journalistique, il faut être en capacité de creuser, saisir son milieu, aller plus loin, chercher des repères et donc en ce sens, je dirais qu’il est nécessaire d’avoir une certaine
journalistes internationaux font preuve d’écoute active lorsqu’ils arrivent sur une terre qui n’est pas la leur, de sorte à s’exposer à la substance composant les milieux sociaux dans lesquels ils
« Il n’y a pas beaucoup de correspondants étrangers basés au Québec, ce qui rend les Québécois encore plus éxigeants sur mon travail » flexibilité et une certaine agilité. Surtout lorsque l’on est parfois parachuté dans des endroits différents, que ce soit pour couvrir une guerre en Géorgie, un coup d’État en Turquie, la crise économique grecque, suivre le pape dans ses déplacements ou rencontrer un président américain. Il faut être vif et agile. Je pense que le plus beau compliment que les journalistes peuvent recevoir est que la substance de leur travail est en adéquation avec la réalité du milieu auquel ils sont confrontés. C’est un peu l’objectif que je garde en tête lorsque j’écris à l’étranger. Par exemple, ma position au Québec est particulière. J’ai d’une part le regard d’un correspondant qui travaille pour un journal américain, mais j’ai d’autre part
doivent s’intégrer pour mener à bien leur métier. Tout ça me fait penser à l’époque où j’étais en Bosnie, dans les Balkans, où justement la mixité des cultures et la complexité politique m’auront permis d’appréhender cette dimension du métier de journaliste. C’est somme toute quelque chose de stressant, considérant l’impeccabilité exigée par le New York Times . LD : La rédaction du New York Times est-elle intransigeante? DB : La réponse : oui, elle est intransigeante. Écoute, nous sommes toutes et tous humains, et nos éditeurs le comprennent bien, mais il y a une imputabilité qui nous incombe qui n’est pas négociable.
LD : Le New York Times n’a pas eu de correspondant basé à Montréal depuis 1940. Pourquoi t’avoir envoyé ici en 2017 ? DB : C’est simple. Le Canada est le marché étranger le plus important en termes d’abonnements numériques. C’est la première raison. Nous avons d’ailleurs toujours eu quelqu’un à Ottawa. Je dirais ensuite que mes rédacteurs et moi avons décidé de couvrir plus spécifiquement le Québec, car sa place au sein du Canada est singulière. Des sujets tels que la minorité linguistique, le nationalisme québécois, et même personnellement, revenir 28 ans plus tard, c’est quelque chose de particulièrement fécond pour mon travail. Cette province est éclectique et ambivalente, c’est ce qui la rend, à mes yeux, intéressante à couvrir. LD : Comme on a pu le mentionner plutôt, le New York Times possède un lectorat immense. Vous avez en quelque sorte un pouvoir considérable de donner de la visibilité aux sujets que vous choisissez de couvrir. Comment faites-vous ce choix? DB : Le premier critère, à mon sens, est celui de la globalité. Il faut que le sujet couvert puisse avoir une résonnance mondiale. On est lu partout sur la planète, donc tout le monde doit pouvoir y trouver son compte. C’est aussi un équilibre avec la pertinence locale. On est aussi avant tout un média de nouvelles, donc évidemment tout ce qui touche l’actualité, c’est névralgique. Les élections fédérales d’octobre, le projet de loi 21, toute nouvelle qui a une pertinence notable se doit d’être couverte. Pour ce qui est des faits divers, on a beaucoup de latitude. Nos éditeurs comptent sur nous pour être sur le terrain. Ma stratégie est de toujours proposer des idées afin de maximiser mes chances de couvrir ce que je veux plutôt que de creuser des sujets qui ne sont pas les miens. Prenons le projet de loi 21, c’est quelque chose d’extrêmement riche comme sujet. C’est multidimensionnel. On parle de culture, d’identité, de nationalisme, d’accommodements. Le fait d’avoir été correspondant à Paris et à Londres me permet de prendre un angle d’analyse intéressant. J’ai pu écrire sur des sujets analogues, comme la polémique autour du Burkini : cette dualité religion/ sécularisme revient souvent, et l’expérience vécue en Europe me permet de faire des parallèles qui je pense donnent une certaine valeur ajoutée à l’exercice journalistique. L’expérience cumulée est alors toujours pertinente dans sa capacité à trouver et traiter de nouveaux thèmes. x
Propos recueillis par iyad kaghad Contributeur
société
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Philosophie philosophie@delitfrancais.com
Portrait de Philosophe
Apprendre à se laisser bercer L’importance de la matière pour la rêverie poétique selon Bachelard. Audrey Bourdon
Éditrice Culture
E
mbarquez : « L’être voué à l’eau est un être en vertige. » Voici ce que nous dit Bachelard alors qu’il nous propose une « étude philosophique complète de la création poétique ». Gaston Bachelard, à la fois philosophe des sciences – ayant d’ailleurs suivi une formation en mathématiques – et philosophe de l’imaginaire, s’est consacré à partir de 1937 à une série d’essais sur l’imagination, où il essaya de retracer les sources de l’inspiration poétique au travers des quatre éléments. Il y aurait une « carence de la cause matérielle dans la philosophie esthétique », selon Bachelard. En effet, les images qui ne sont que de jeux formels ne peuvent vivre, car il leur manque la profondeur et l’enracinement de la matière dans notre imagination, ce qui leur confère la solidité et la constance sur laquelle l’œuvre poétique peut fleurir. Bachelard nous explique que c’est par l’eau que l’on peut le mieux observer la substance de l’imagination, car l’eau endosse le rôle d’élément transitoire entre le feu et la terre. Les rêveries de l’eau peuvent certes nous apparaître parfois superficielles, mais elles sont en fait profondes et tenaces, intimes. « Ce n’est pas l’infini que je trouve dans les eaux, c’est la profondeur », disait Bachelard. Cela, car « l’eau est une réalité poétique complète ». Elle apparaît à la fois corps, âme et voix. « Une goutte d’eau puissante suffit pour créer un monde et pour dissoudre la nuit », disait aussi Bachelard. Là, nous pouvons y voir une analogie du potentiel onirique de l’eau. Les différentes eaux soulèvent chacune des rêveries leur étant associées. L’Eau et les rêves se veut en quelque sorte un « essai d’esthétique littéraire ». Par l’écoute attentive de vers
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d’Edgar Allan Poe, de Paul Claudel et de Stéphane Mallarmé, le philosophe nous permet d’apprécier ce que la maîtrise poétique a de grand lorsqu’elle réalise la force de la matière imaginaire. Dans l’idée de suggérer aux apprentis poètes quelques pistes de réflexion, nous vous invitons à suivre Bachelard dans quelques-unes des régions de l’eau.
peuvent « peindre leur drame » sur tout le lac. Cette cosmiqualistion installe un climat poétique idéal. Si l’eau claire et calme ouvre la porte à toute la poésie sur son propre reflet, elle donne aussi accès à tout un univers de rêveries, et « un instant de rêve contient une âme entière ».
Les eaux claires
Dans un autre registre, prenons l’exemple de Poe, chez qui l’on peut voir de façon omniprésente le thème de la mort, ce même poète qui utilisait abondamment les eaux dormantes et profondes dans ces images. À première vue, par une lecture positive, certains de ses textes inspirés de l’eau peuvent paraître pauvres. Pourtant, « l’eau est le véritable support matériel de la mort ». Ainsi, il nous faut nous reconnecter avec la volonté de création du poète et nous laisser inspirer par la matière, comme le poète lui-même fut absorbé par elle. Il faut nous le rappeler : « La matière est l’inconscient de la forme. » En gardant ceci en tête, la vision du poète s’ouvre à notre esprit – alors le poète peut appliquer sa fonction : nous montrer notre monde comme étant un autre monde. La potentialité de l’image se rend accessible et nous
Avec une poétique de l’eau, nous ne pouvons échapper aux métaphores faciles et communes. Dans les eaux claires, il semble inévitable de retourner aux eaux miroitantes desquelles en ressort un narcissisme actif ; c’est d’ailleurs dans ce rôle actif que le narcissisme n’est pas névrosant, nous dit Bachelard. Actif, parce que la vision et le visible se retrouvent dans un échange continu. Le penchant le plus intéressant de ce narcissisme survient dans son moment cosmique – c’est-à-dire lorsque celui-ci s’étend à la nature entourant l’eau. C’est ainsi que « près du ruisseau, dans ses reflets, le monde tend à la beauté », et que les nuages
Les eaux profondes
permet de plonger dans l’intimité des yeux de l’artiste, d’écouter les confidences d’un rêveur. C’est ainsi que l’on peut enfin voir « une aventure de l’inconscient, une aventure qui se meut dans la nuit d’une âme ». Les eaux profondes regorgent d’images matérielles pour le poète et ses lecteur·rice·s en cela que, s’il est vrai qu’une quelconque rêverie peut certainement habiter chacun d’entre nous, c’est bien celle de la mort. Les complexes de culture Parallèlement aux régions de l’eau, Bachelard nous introduit à la notion de complexes de culture dans la psychologie littéraire, ce avec quoi il nous est possible de retracer les images poétiques en vue de mieux les analyser et les ressentir. Il définit par ceci les tendances inconscientes qui guident le travail poétique, les exemples littéraires. C’est ainsi qu’un mauvais poète recyclera ces complexes sortis tout droit d’une école quelconque et que la poésie perdra tout potentiel imaginatif par l’excédent de détails, par pédanterie de convention. La poésie est un art qui, rendue par celui qui la maîtrise, guide l’âme sur
les mêmes flots de rêveries dans lesquels le poète a pu se bercer. Vouloir compenser un manque de maîtrise poétique en surchargeant l’imagination ne fait que contribuer à bloquer l’essor poétique. Bachelard énonce qu’« on cultive les complexes de culture en croyant se cultiver objectivement ». Ces images incarnent toutefois un riche puits pour l’imagination matérielle, et c’est pour cela que L’Eau et les rêves, s’il se veut une étude de la poétique, sert à la fois d’outil pour mieux comprendre la psychologie de la rêverie littéraire et ainsi permettre de renouveler la critique littéraire. Les deux complexes les plus importants, se méritant la consécration d’un chapitre, portent les noms de Caron et d’Ophélie. Le premier fait référence à l’être qui guide la barque sur le fleuve des morts dans la mythologie grecque, allant toujours aux enfers. Bachelard nous donne son implication aussi simplement : « Quand un poète reprend l’image de Caron, il pense à la mort comme à un voyage. » Son unité onirique lui assure la solidité pour s’édifier dans notre imagination matérielle. Le deuxième complexe reprend le nom de l’Ophélie de Shakespeare, cette jolie femme aux longs cheveux blonds morte dans l’eau, sous la Lune. « Son nom est le symbole d’une grande loi de l’imagination », explique Bachelard. Cette image humanise les reflets et les ombres, unit l’eau à la Lune. L’eau est « l’élément mélancolique par excellence » : « elle nous aide à mourir ». Avec la lecture de Gaston Bachelard, autant nous apprenons à ouvrir notre esprit à l’imagination matérielle et à mieux comprendre l’intention poétique, autant cela nous permet de nous outiller adéquatement afin d’éviter les grandes erreurs de l’écriture poétique. La rêverie devant l’eau reste la plus vertigineuse, la plus émouvante. La rêverie nous permet de voir le monde. « L’œil véritable de la terre, c’est l’eau. Dans nos yeux, c’est l’eau qui rêve. » x
béatrice malleret
philosophie
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Culture
artsculture@delitfrancais.com
La section en bref La section Culture, cette session, admet l’imperfectibilité de son titre. La visée est telle que nous souhaitons la voir devenir plurielle, pour contrer le canon trop souvent homogène des écrits publiés. S’il est indéniable que l’art n’est possible que par la perception humaine, la création de cultures, elle, l’en est tout autant. Le Délit se réclame d’une communauté, d’un microcosme culturel dont la langue française demeure souveraine. Afin d’assurer une diversité des voix, nous vous invitons à contribuer tout au long de l’année. Nous vous présentons rapidement les différents types d’articles : Article de fond/de réflexion : Questionnements et réflexions s’entremêlent dans ces articles, où la profondeur est de mise pour aborder des thématiques complexes. Chronique littéraire : Qu’elle soit faite de prose ou de poésie, la littérature peut choquer, émouvoir, surprendre. Un livre qui vous a marqué constituera le sujet de la chronique littéraire. Création : Partagez votre talent des mots ou des images en soumettant vos créations. Critique : Si Montréal est une ville hétéroclite, ses coins de rue regorgent d’arts de toutes sortes. Digérer ces oeuvres et en discuter l’intérêt, tel est le mandat de la critique. Entrevue : Entretenez-vous avec une personnalité du monde culturel pour traiter, d’humain à humain, d’enjeux de toutes sortes.
visuel : niels ulrich
Pour contribuer, c’est très simple : il suffit de nous contacter directement à artsculture@delitfrancais.com. x
Ce texte de Lorraine Hansberry aura été le premier d'une Afro-Américaine a être produit à Broadway. Une famille pauvre de Chicago s'apprête à recevoir la prime d'assurance-vie du père décédé et chacun se permet de rêver.x
ERIC FISCHL
au Musée des Beaux-Arts de Montréal
Venez rencontrer l’artiste dans une conférence qu’il donnera devant la sculpture qu'il a réalisée pour commémorer la tragédie du 11 septembre. Il y expliquera la place de sa création dans les événements et la réception qu'elle aura reçue en 2002.x
SOLEILS NOIRS
à la Cinémathèque québécoise
Le film du cinéaste Julien Élie, qui portrait un Mexique ravagé, arrive en salles. La Cinémathèque offre donc une présentation spéciale où il sera possible de rencontrer le réalisateur et les acteur·rice·s du film. x
cinéma
Samedi 7 septembre
au Théâtre Duceppe mise en scène par Mike Payette
table ronde
conférence
Jeudi 27 septembre
HÉRITAGE
Mercredi 11 septembre
théâtre
Vendredi 6 septembre
Du 4 septembre au 5 octobre
Calendrier culturel DANSE CONTEMPORAINE ET TRADITION au Musée McCord
Venez assister à cette discussion où différentes figures de la danse au Québec réfléchiront au respect, à l'intégrité et à l'inspiration des traditions dans la chorégraphie.x
ODE À LA PLANÈTE
à l’auditorium de la Grande Bibliothèque
Le Festival international de littérature (FIL) vous invite à rencontrer la romancière et essayiste Cécile Wajsbrot dans le cadre de cette projection du film « Métamorphose » produit par l'ONF, qui se déroulera lors de la « journée de la grève mondiale pour la planète ». x
rencontre audrey bourdon et Mélina Nantel
Éditrices Culture
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culture
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Entrevue
Tendre vers plus d’empathie Le Délit rencontre la militante et chroniqueuse Judith Lussier.
daphné caron
M
ilitante, féministe, animatrice, journaliste et chroniqueuse, Judith Lussier œuvre dans le milieu médiatique québécois depuis 2004. Prêtant d’abord sa plume au magazine Urbania, elle tiendra une chronique hebdomadaire au journal Métro pendant près de 5 ans, où, de semaine en semaine, son lectorat lui découvre un ton revendicateur, fringué d’une pointe d’ironie. Sa plus récente publication, l’essai On peut plus rien dire s’inscrit d’ailleurs dans cette lignée qui lui est propre: chercher à dresser un portrait nuancé et critique des enjeux de société. Le Délit l’a rencontrée pour en connaître davantage, entre autres, sur ses motivations à écrire un tel ouvrage.
Judith Lussier (JL) : Comme nous le savons, le journalisme est obsédé par la neutralité et l’objectivité, et a des fois de la difficulté à faire la part des choses. Souvent, quand on va me qualifier de militante ou que l’on va qualifier mon travail d’engagé, ça va être pour le discréditer. Je considère que les journalistes, on fait partie du monde, on n’est
Le Délit (LD) : Judith Lussier, depuis ton début dans les médias, tu milites pour divers enjeux sociaux. En tant que féministe et lesbienne, considères-tu que ton journalisme doit porter ces étiquettes, cette sorte « d’affiliation politique » dans les messages que tu transmets?
pas des enveloppes vides dans lesquelles on transmet l’information. Je pense qu’on a l’impression, de manière générale, que le journaliste neutre c’est l’homme blanc, ce qui est selon moi très problématique, puisque que c’est la voix de cet homme blanc qu’on établit comme
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culture
étalon depuis toujours. À chaque fois qu’une personne déroge de cette norme-là, on va dire : « Cette personne est orientée parce qu’elle appartient à un groupe racisé, parce que c’est une femme, parce qu’elle est lesbienne, etc. » C’est un peu absurde, parce qu’il devrait y avoir une pluralité des voix et une pluralité des perspectives.
vienne nous dire qu’on est sexiste », ou « qu’on peut plus rien dire sans qu’un végétarien vienne nous dire qu’on est immoral de manger de la viande ». Cherchais-tu en quelque sorte à déconstruire la caricature de ceux que l’on appelle sur les réseaux sociaux les social justice warrior (SJW, guerriers de la justice sociale, en français)?
« La colère c’est un sentiment qui est toxique. C’est un sentiment qui va te ronger par en dedans et t’amener à la dépression. Ce que j’ai compris, à tout de moins pour moi, c’est qu’il fallait que je transforme ma colère en indignation » LD : Dans ton plus récent ouvrage publié aux Éditions Cardinal, l’essai On peut plus rien dire, tu reprends cette expression québécoise déclamée haut et fort par monsieur et madame-tout-le-monde, qui s’indignent qu’on « ne peut plus rien dire sans qu’une féministe
JL : En fait, j’ai procédé à l’analyse de cette caricature-là. J’ai fait le constat que ces gens-là sont beaucoup caricaturés, à tort ou à raison. Je pense que la caricature, parfois, est justifiée, parce qu’il est vrai qu’il y a des gens qui vont chercher la bête noire pour chercher la bête
noire. Mais la plupart du temps, les gens qui revendiquent des choses et qui critiquent la société, qui vont nous dire que telle affaire est raciste ou sexiste ou qui vont nous rappeler nos doubles standards par rapport à la consommation de viande, par exemple, je pense que ce sont des gens motivés vers la justice sociale et qu’ils sont au bout du compte bien intentionnés, même s’ils font l’objet de caricature sociale. Pour moi, c’était important de dresser un portrait nuancé de ces gens, de leur motivation, de leur background et aussi des conséquences que ces actions ont sur ces gens. Parce que souvent on va dire : « Ah, ce sont des personnes qui font ça pour se mettre en valeur », alors que moi, la plupart des personnes que je connais qui se sont mises à défendre leurs points se sont mises beaucoup plus dans l’embarras qu’elles n’ont gagné de bénéfices. Elles ont été ostracisées et elles ont été la cible d’attaques malveillantes. C’était donc très important pour moi de nuancer cette image-là.
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Entrevue LD : En soi, la justice sociale, c’est un concept utopique. Comment fait-on pour défendre cet idéal, quand on est un SJW? JL : Je parle beaucoup de santé mentale dans mon livre On peut plus rien dire. Je pense que les gens qui ont la justice sociale à cœur se rendent malade parfois, tellement c’est quelque chose qui peut être prenant et décourageant. Parfois, il y a certains milieux où les gens ne sont vraiment pas sensibilisés et tu réalises que tu pars de loin, et que c’est difficile. Un enjeu qui est hyper prenant en ce moment, c’est l’environnement. On se sent ultra-impuissant. Il y a beaucoup de jeunes qui font de l’éco-anxiété, parce que l’on réalise que les dés sont un peu pipés au niveau de la politique. Les politiciens semblent plus préoccupés à faire des moves électoralistes qu’à sauver la planète. On a une pensée à court terme et c’est quelque chose d’ultra déprimant.
rente sur la vie. Ce livre-là [On peut plus rien dire] est un peu le résultat de ces deux années où j’ai été au ralenti, où j’ai pris du recul et observé au lieu de commenter. J’ai regardé comment les gens commentaient l’actualité, et ça a été un point tour-
ton retour, trouvais-tu que le milieu journalistique avait changé? JL : Non. Moi j’ai changé. Je n’ai plus envie d’être dans la confrontation. J’étais connue pour être baveuse et arrogante. Je pense que les gens me trouvaient d’autant plus baveuse du
pas baveuse, mais j’essaye de tendre vers plus d’empathie, d’être plus constructive dans mon approche, d’avoir un discours plus positif. Donc non, je ne pense pas que le monde autour de moi a changé, mais ma perspective sur le monde a chan-
« Je pense que les gens qui t’attaquent sur les réseaux sociaux, généralement, c’est parce que ça ne va pas bien. Je ne dis pas que les attaques ne sont pas toujours légitimes, mais souvent, le ton va refléter beaucoup plus sur la personne, sur son propre mal-être. Moi, d’avoir de l’empathie envers ces gens-là, ça m’a permis d’en avoir envers moi-même »
LD : Le 10 juillet dernier a eu lieu la toute première édition du Cabaret des Sorcières, un événement ayant lieu chaque deuxième mercredi du mois, où sont écoutées des femmes de différents horizons, prenant la parole par la poésie, le slam, la chanson, la chronique, etc. Peux-tu nous expliquer un peu ce que tu souhaitais faire avec cette soirée? JL : Oui! Ça fait longtemps que j’ai en tête de faire une soirée récurrente qui donne la parole aux femmes qui dérangent généralement. J’ai plein d’amies qui vont être invitées de temps à temps à prendre la parole, je pense notamment à Manal Drissi ou à Catherine Éthier, des femmes qui ne sont pas nécessairement invitées aux soirées d’humour, mais qui ont plein de discours hyper drôles et intéressants à partager. À chaque fois que je les vois sur scène, j’ai envie de les voir y être plus souvent, de les voir prendre de l’assurance. Je suis dans la même posture. J’avais envie de créer cette occasion de prise de parole. Je veux que le public découvre qu’il y a toute une scène humoristique engagée et féministe qui est super intéressante.
Moi, j’ai vécu énormément de colère, et la colère c’est un sentiment qui est toxique. C’est un sentiment qui va te ronger par en dedans et t’amener à la dépression. Ce que j’ai compris, tout de moins pour moi, c’est qu’il fallait que je transforme ma colère en indignation. L’indignation, c’est un sentiment qui est ultra légitime. La colère aussi, cela-dit, surtout chez les femmes où l’on s’est fait dire de ne pas l’être, en colère, pendant des années. Bref, l’indignation c’est une colère qui est moins tournée vers toi, mais plus tournée vers le changement et l’action positive. Et ce petit changement, ça a changé ma perspective. Ça m’a amené à vouloir rencontrer du monde sur le terrain, à faire des actions concrètes pour me sentir moins impuissante. J’avais mon psy qui me disait : « Fais comme si tu étais au théâtre. » Je trouvais ça un peu déconnecté, je me disais : « Hey man, le théâtre de la vie est dégueulasse en ce moment, j’ai pas de fun ». Mais je pense que ça peut être une façon positive de passer de la colère à l’indignation. LD : En tant que chroniqueuse tu as fait face à énormément de paternalisme de la part de tes lecteurs. Tu as eu besoin d’un moment de recul, et c’est pourquoi tu as décidé en mars 2017 de quitter la chronique hebdomadaire Prochaine Station que tu tenais depuis 7 ans au journal Métro. Est-ce que tu as ressenti le besoin de partir parce que c’était trop? Est-ce que c’est là qu’elle se trouvait, ta limite à la défense de la justice sociale? JL : J’ai fait une dépression majeure en 2017. Quand tu fais une dépression, c’est ton corps qui te dit: « Arrête, ça ne fonctionne pas comme ça. Trouve une solution ou tu ne pourras pas continuer à vivre demain. ». J’ai arrêté de travailler pendant un petit bout, j’ai lâché ma chronique au journal Métro. Ça prend quelques mois/années pour te réparer de ça, une dépression, mais c’est quelque chose qui fait grandir. Dans mon cas, ça a été le breaking point dont j’avais besoin. Ça m’a forcé à avoir une perspective diffé-
Là, je pense qu’on est tous d’accord pour dire que ça ne va pas en matière d’environnement. C’est plate comme sujet. C’est plate à déconstruire. Le fait qu’on se sente impuissant est plate. On savait qu’on ne pourrait pas changer la vision des gens là-dessus. Aussi, dès qu’on abordait des sujets qui ne nous concernaient pas personnellement, on voulait absolument les aborder avec les personnes concernées. À chaque fois qu’on a traité d’enjeux qui ne nous touchaient pas comme femme blanche, on a inclus avec nous des gens, et ce, en amont du processus. Ils ont écrit les questions avec nous.
nant. J’ai quitté en disant que c’était la faute des trolls. C’est ce que j’étais capable de formuler comme cause à l’époque. La vérité est que j’étais en épuisement professionnel, entre autres lié au harcèlement que je vivais en ligne, mais c’était aussi une grande remise en question de ma vie professionnelle et personnelle et de ma place dans l’univers. C’était une
fait que je suis une femme et que j’ai l’air ultra jeune. Moi, je ne trouve pas que c’était illégitime de ma part d’être dans cette posture-là. Je trouve que c’est correct dans la vie d’être arrogant et baveux. Mais moi, avec du recul, j’ai eu le goût de faire place à plus d’empathie. Je pense que les gens qui t’attaquent sur les réseaux sociaux, généralement, c’est
gé. Et j’espère que l’on va tendre vers plus d’empathie. LD : Tu co-écris et co-animes avec Lili Boisvert Les Brutes à TéléQuébec depuis avril 2016, une web-série fort bien documentée qui s’intéresse à autant de sujets de société qu’à la charge mentale, la diversité sexuelle, le classisme, le mansplaining, l’appropriation cultu-
« Je considère que les journalistes, on fait partie du monde, on n’est pas des enveloppes vides dans lesquelles on transmet l’information » grosse dépression qui a tout remis en question. Aujourd’hui, je peux te dire que c’était compliqué comme ça. À l’époque, c’était plus simple de dire « les trolls ». C’était vrai aussi. LD : Tu as fait ton grand retour à Prochaine Station en décembre 2018. Ton ton depuis est moins cru, ton opinion un peu moins vocable. À
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parce que ça ne va pas bien. Je ne dis pas que les attaques ne sont pas toujours légitimes, mais souvent, le ton va refléter beaucoup plus sur la personne, sur son propre mal-être. Moi, d’avoir de l’empathie envers ces gens-là, ça m’a permis d’en avoir envers moi-même. Ça a vraiment changé ma façon de travailler. Ça ne veut pas dire que des fois je ne suis
relle, pour ne nommer que ceux-là. Y a-t-il des sujets avec Les Brutes que vous ne voulez pas aborder? JL : Non. Ça nous est arrivé de nous dire : « Tel sujet, on ne sait pas comment l’aborder. L’environnement, c’en est un. Ce qui était intéressant de notre point de vue avec Les Brutes, c’était de remettre en question la pensée dominante.
LD : L’appellation sorcière en société est d’autant plus polarisante que peut l’être le terme féministe. Est-il possible de faire une association entre ces deux types de militantisme? La sorcière, pour toi, n’a-t-elle pas un caractère revendicateur, dérangeant? Est-ce que c’était l’objectif visé avec ce Cabaret? JL : L’expression Cabaret des sorcières annonce un peu ce que ça va être. Des femmes qui auraient sûrement été brûlées en 1620. En ce moment, il y a un retour de ce titrelà, sorcière. Je pense que c’est lié au fait que les femmes revendiquent le droit d’être en dehors des normes, de s’entraider, d’utiliser des moyens qui leur conviennent au niveau de leur santé. Souvent, ça a été méprisé, ridiculisé ou banni, voire carrément condamné au bûcher. C’est un peu tout ça que l’on souhaite revaloriser: des femmes qui revendiquent d’être à l’extérieur de la norme. Dans l’esprit du renouveau sorcier. X
Propos recueillis par mélina nantel Éditrice Culture
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LE DÉLIT RECRUTE ! Le samedi 7 septembre, le conseil de rédaction tient des élections! Pour postuler il faut avoir 3 participations et envoyer une lettre de motivation avant le vendredi 6 septembre minuit à rec@delitfrancais.com
1 Coordonnateur·rice Photographie 1 Coordonnateur·rice Illustration 2 Coordonnateurs·rices LeRéseaux samedi 7sociaux septembre, ELECTIONS nous élisons de nouveaux membres. 1 Éditeur·rice Envoie ta candidature ou Multimédias pose tes questions par mail à: 2 Coordonnateurs·rices rec@delitfrancais.com de la Correction Pour toute question, nous sommes disponibles sur Facebook ou par courriel : rec@delitfrancais.com !
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IYAD KAGHAD
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