L’HERMITAGE D’EYLIE Projet d’un hébergement temporaire pour randonneurs, inspiré des cabanes d’estives Ariègoises.
Esquissé sous la direction de Gilles Cusy, dans le domaine d’étude « Art et Architecture ».
Soutenu le 29 Juin 2021, à l’École nationale supérieure d’architecture de Montpellier, par Enzo-Lucas Desessart.
Membres du Jury : Marion Devillers Frédérique Villemur Alix de Morant David Hamerman Jacques Ferrier Gilles Cusy
Notice de présentation.
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La Grande Randonnée n°10 -Prélude, parcours personnel -D’une rive à l’autre, le tracé du Gr10
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L’Ariège - Terre Courage -Territoire de richesses et de reliefs -Cartographies de l’Ariège -Un tronçon du Gr10
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Un refuge - Les cabanes d’estives -Abri temporaire partagé -Aperçu d’un mode d’habiter en montagne
20 22 24
Un lieu - La vallée du Biros -Histoire d’une région dans le Couserans -Une zone d’ombre sur le chemin -Exploration du village d’Eylie
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L’ancien bâtiment du téléphérique -Problématiques et principes de composition -Déclinaison d’un système constructif -Esquisse, dessin, manipulation
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Conclusion, pistes d’approfondissements
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Bibliographies, Références
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LA GRANDE RANDONNÉE N°10
Borne frontière sur le col d’Esclot d’Aou - Jour 27
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Pendant l’été 2020, à la suite d’un échec à l’examen du projet de fin d’étude, je suis parti marcher sur le chemin du Gr10. Il s’agit d’un parcours traversant la chaine des Pyrénées, reliant la mer Méditerranée à l’océan Atlantique. Ce dernier passe par quatre régions : Les Pyrénées Orientales, l’Ariège, les Hautes Pyrénées et le Pays Basque. Il est emprunté tout au long de l’année par de nombreux randonneurs, certains le pratiquant partiellement, d’autres faisant la traversée complète, durant en moyenne quatre et six semaines. N’ayant alors aucune expérience de ce genre d’excursion sur plus d’un mois, je suis parti seul de Banyuls-sur-Mer le 8 aout 2020, pensant marcher une à deux semaines puis rentrer en cours de route. J’ai finalement atteint la ville d’Hendaye le 19 septembre 2020, cinq semaines après mon départ. Cette expérience, propice à l’introspection mais aussi aux rencontres, fut extrêmement enrichissante de par la découverte d’un milieu : la montagne, mais aussi d’un univers : celui de la marche, qui aujourd’hui me passionne. Plus je progressais sur ce chemin et plus j’envisageais cette traversée comme un support pour ce projet de fin d’étude, m’intéressant particulièrement aux abris et refuges de haute montagne. Ces architectures insulaires, isolées au milieu d’un environnement encore sauvage, proposant aux randonneurs et aux montagnards un confort des plus élémentaires : se protéger de la pluie, s’abriter du vent, allumer un feu, dormir dans un espace clos. C’est là, dans cette marche d’une rive à une autre, que se trouve le point de départ du projet dont je vous propose la présentation.
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Océan Atlantique
Hendaye
Pyrénées Occidentales
Banyuls sur Mer Hautes Pyrénées
Ariège Pyrénées Orientales
Mer Méditerranée
160 000 M
Tracé complet du GR.10
160 000 MEtres
Distance : 920 Km Dénivelé cumulé montée : +55 000 m Altitude minimale : + 0 m Altitude maximale : 2 700 m
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Mer Mediterrannée - Jour 1
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L’ARIÈGE - TERRE COURAGE « Bonne chance pour l’Ariège » Dès les premiers jours de marche, beaucoup de randonneurs me mettaient en garde sur la difficulté de ce tronçon. Certains parlaient du manque de ravitaillement, d’autre du balisage quelques fois équivoque. Cependant, la contrariété qui revenait le plus souvent était sa topographie. Une journée de marche sur le Gr10 se déroulait généralement de la manière suivante : ascension dans la matinée jusqu’au col et redescente vers la vallée dans l’après-midi pour regagner un refuge ou un campement. Une fois arrivé dans les Pyrénées Ariégeoises cette routine a disparu. Plus d’une fois j’ai été surpris de découvrir une énième pente escarpée, sans lacets ni sentiers tracés, et ce en ayant étudié attentivement les cartes et les profils topographiques le matin même. Néanmoins, que ce soit par la découverte de ses paysages spectaculaires ou encore par de chaleureuses rencontres avec quelques-uns de ses habitants, c’est cette région qui m’a le plus profondément marqué au cours de cette traversée.
400 000 m
Dessus : Image satellite de la France - Landsat 8 - USGS Droite : Vue depuis l’entrée de la cabane ‘Clos du Lac» - Jour 26
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Pamiers
15 317 Habitants (2015) Alt. +365m
Saint-Girons
6 324 Habitants (2015) Alt. +387m ; +1 200m
Foix
9 706 Habitants (2015) Alt. +400 m
Tarascon sur Ariège 3 231 Habitants (2015) Alt. +463 m ; +1 187 m
Sentein / Eylie
154 Habitants (2015) +900m Altitude
Vicdessos
537 Habitants (2015) Alt. +652m ; +1 585m
Mérens-les-Vals
167 Habitants (2015) Alt. +929m ; +2 840m
20 000 m
Superficie : 4890 Km² Population : 153 066 (Sce Insee 2018) Densité de population : 31 Hab./Km² Préfecture : Foix Sous-préféctures Pamiers et Saint-Girons
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Le département de l’Ariège, retranché au Sud de la France, s’étend de la plaine toulousaine au sommet de la chaine des Pyrénées. Il est frontalier avec l’Espagne ainsi qu’avec la principauté d’Andorre et jouxte les départements de la Hautes Garonne à l’Est et les départements de l’Aude et des Pyrénées Orientales à l’Ouest. La montagne, qui couvre une large moitié du département, est une entité prédominante dans son paysage et l’occupation de son territoire. En croisant les données de plusieurs cartes, on constate en effet un regroupement de la population sur la partie Nord du département : en plaine, concentré à proximité des axes routiers principaux, notamment avec la N20 qui reliait anciennement Paris à la frontière Espagnole. En plus de son relief contraignant, comme une grande majorité des départements ruraux français, l’Ariège a connu un dépeuplement massif du XIXème siècle aux années 1970 dû aux aléas historiques et à un exode rural important. Historiquement, l’Ariège est une terre d’abord paysanne, avec des exploitations agricoles importantes dans les plaines au nord et de l’élevage au sud dans les estives, puis industrielle, principalement au XXème siècle, dans les filières de minerai, de bois mais aussi de l’énergie hydraulique, qui sont ses trois ressources naturelles prépondérantes. Cependant, on constate aujourd’hui une croissance démographique en hausse, due principalement à l’installation de nouveaux habitants. Cette augmentation se reconnait également dans le développement d’un secteur d’activité plus récent : le tourisme. En plus d’un patrimoine culturel important : cités médiévales, châteaux cathares, grottes préhistoriques… la diversité de ses milieux naturels, combinée à sa faible densité de population, contribue à l’essor d’un « tourisme vert » sur la vaste partie montagnarde. Se pose alors l’enjeux pour les collectivités locales et les habitants, de conjuguer cette attractivité nouvelle avec la préservation des qualités de son milieu. C’est par exemple la mission qu’assure le Parc naturel régional des Pyrénées ariégeoises qui regroupe aujourd’hui 141 communes et couvre plus d’un tiers de la surface du département.
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Carte du relief
Réseau hydrographique
Natures des sols
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Fersialsols
Brunisols
Néoluvisols
Rankosols
Fluviosols
Organosols
Luvisols-Rédoxisols
Alocrisols
Calcosols
Régosols
Patrimoine Naturel
Parc naturel régional Forêt domaniales Forêt non domaniales
Nature des espaces boisés
Feuillus Conifères
Sylviculture et charpente bois GFR Foret de Mauvezin Scierie Audoubert
Pedussaut et Fils
Scierie des Trois Vallees, Mario Bottarel et Fils
PAMIERS
Ets Fauroux Bois
Scierie de la Vallee du Salat Bois Sanchez
Ortet et Fils Scierie Cazale
SCOP Douctouyre
AllIEres Bois
ST. GIRONS
Acces alzen
Scierie de Biert Autour du Bois
La Scie Baraneenne
FOIX BOIS ARiegeois Ets Courrent
Scierie Mirouze Julien
Scierie mobile Hubert Eric
eylie
Les Bois Cabannais
Scierie mobile Scierie, exploitant forestier
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Carte des pentes pour l’agriculture
Zones ayant une valeur de pente supérieur à 10%
Occupations des sols
Agriculture Sylviculture Sans usage Activités d’extraction Production secondaire, tertiaire et usage résidentiel
Réseau de voiries
Route nationale Route départementale Route communales
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Population des communes d’Arièges en 2011
BASSE - ARIÈGE
PAYS D’OLMES
COUSERANS
Nombre d’habitants HAUTE - ARIÈGE
Principales installations industrielles
Métallurgie Electronique Agro-alimentaire Textile Bois, Papier
40 000 m
Sources Image satellite de l’Ariège - Landsat 8 - USGS «Atlas des paysages d’Ariège - Pyrénées» - Conseil départemental de l’Ariège «En Ariège, une croissance démographique forte grâce aux migrations» - Insee 2014 Cartographie : Géoportail - Parc naturel régional des Pyrénées Ariégeoises
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Chemins alternatifs
Frontières
Rivières
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Etang d’Araing
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Tracé du Gr10
Mt. Valier
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Pic de Bacanère
Garonne
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Le GR10 en Ariège Distance : 170 km Altitude maximum : 2 430 m Altitude minimum 534 m Tracé du :Gr10 Chemins alternatifs Dénivelé cumulé montée : 11 470 m
Frontières
Rivières
Sommets
10 000 m
Cartes issues du Topoguides : «La Traversée des Pyrénées - Pyrénées Ariègoises de Bagnère de Luchon à Merrens-les-Vals»
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Villages
10 000 m
Villes
Pic des trois seigneurs
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Plateau de Beille
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Etang d’Izourt
UN REFUGE - LES CABANES D’ESTIVES
Cabane du lac de Gaube - Jour 31
Au cours de cette traversée, j’ai découvert plusieurs « manières » de s’arrêter pour passer la nuit, chacune correspondant à des espaces particuliers passant du luxueux refuge au campement à la belle étoile. Je me suis aperçu que chacune d’entre elles induisait un rapport aux paysages, aux conforts et souvent, aux autres. Ainsi, les espaces qui m’ont le plus profondément marqués sont les cabanes d’estives : il s’agit d’habitation de plus ou moins vingt mètres carrés, dans lesquelles se trouvent généralement un foyer, une table, des tabourets, et quelques couchettes. On y trouve aussi très souvent un carnet, fonctionnant comme un livre d’or, dans lequel les voyageurs d’aujourd’hui inscrivent quelques notes pour les voyageurs de demain. Cet aménagement rudimentaire peut sembler pauvre voire insuffisant, pourtant, la simple découverte de ces quatre murs recouverts d’un toit après une journée de marche procure un immense réconfort. Tout d’abord pour une raison pratique : trouver un bon emplacement, monter sa tente, installer son tapis de sol, déplier son duvet et répéter ces mêmes actions dans le sens inverse le lendemain deviennent vite une corvée après plusieurs jours de bivouac. Un abri, dans sa définition la plus évidente, qui protège de la pluie et du vent, est souvent ressenti comme un luxe sur les chemins de randonnées. J’ai réellement fini par considérer ces constructions comme autant de sanctuaires offrant un confort élémentaire aux marcheurs et aux montagnards dans un territoire parfois hostile. L’autre aspect de ces lieux qui m’a particulièrement affecté réside dans une forme de solidarité et d’entraide qui semble s’instaurer d’elle-même entre les individus partageant ces espaces. Sans avoir de réponses exactes, plusieurs raisons semblent encourager cette atmosphère chaleureuse : Tout d’abord l’absence de propriétaires directs et de rapports monétaires. Tous les usagers de cette habitation, que ce soit pour un après-midi ou plusieurs jours, sont sur un même niveau d’égalité.
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Ainsi une communication entre les individus est nécessaire pour des rituels propres à la randonnée, comme couper du bois, allumer un feu, aller chercher de l’eau ou plus classique, comme partager un repas. Ensuite un rapport implicite de confiance semble s’établir entre les occupants successifs de la cabane. Ces derniers s’occupent de l’entretien, du réapprovisionnement en bois, du traitement des déchets, parfois même de travaux mineurs. Certains de ces abris vont même jusqu’à proposer des systèmes de réapprovisionnement : Des articles à « prix libre » sont laissés à disposition dans un placard, remplacés de temps à autre par des montagnards du village voisin. Enfin, pour conclure par une observation plus spatiale, je pense que le caractère exigu, associé à la faible quantité de mobilier, joue également un rôle dans cette atmosphère conviviale. On y pratique des activités simples presque fondamentales : s’assœir autour du feu, dormir à la belle étoile, se réveiller devant le lever du soleil, discuter avec des inconnus, lire un livre. Tout ceci implique d’une part une certaine forme de sobriété et d’autre part, une forme de rupture avec des espaces plus cloisonnés d’un quotidien peut-être plus urbain. A la lumière de ces réflexions, je m’aperçois que ce sont ces principes de convivialité, d’entraide et de communauté que je souhaite retranscrire dans mon projet en m’appuyant sur ces actions et ces événements élémentaires évoqués précédemment.
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Cabane Clos du Lac Jour : 26 Echelle : 1.200 Emplacement : Ariège Altitude : + 1400 m Surface : 25 m² Capacité : 4 Personnes
Cabane de l’Arech Jour : 23 Echelle : 1.200 Emplacement : Ariège Altitude : +1 350 m Surface : 60 m² Capacité : 6 à 8 Personnes
Cabane de Groailles Jour : 27 Echelle : 1.200 Emplacement : Ariège Altitude : + 950 m Surface : 30 m² Capacité : 4 à 6 Personnes
Cabane de Bassibes Jour : 7 Echelle : 1.200 Emplacement : Pyrénées Orientales Altitude : +1700 m Surface : 65 m² Capacité : 8 à 10 Personnes
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En avançant dans le projet, j’ai découvert les travaux du photographe Jean-Michel Bertrand qui suit l’évolution de jeunes loups, récemment réintroduit dans les Alpes Françaises. Dans une scène de son dernier documentaire, il y capture la découverte d’une cabane en haute montagne dans laquelle il va séjourner quelques temps. Tout y est : le mot du garde forestier, le carnet de note, la table, le foyer … Extrait du film «Marche avec les loups» - Jean-Michel Bertrand - 2020
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UN LIEU - LA VALLÉE DU BIROS « Une grande partie de l’Ariège est derrière moi, troisième jour de randonnée sous la pluie, pas encore de ravitaillement en vue » Arrivée à mi-parcours, après l’ascension du col de l’Arech je découvrai à l’aube la vallée du Biros, au creux du Couserans, au confin Ouest de l’Ariège. Perché depuis un promontoire, on aperçoit un hameau et quelques terres en bocages, le village d’Eylie, ainsi que la silhouette corrodée d’un bâtiment hors d’échelle, encastré dans la soulane.
400 000 m 50 000 m
Dessus : Repérage Eylie France, Ariège Droite : Eylie d’en Haut vue d’en haut - Jour 27 Soulane : Versant sud d’une vallée
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La vallée du Biros se compose de plusieurs hameaux organisés autour de la commune de Sentein, le village principal. Au XIXème siècle ses habitants vivent principalement de l’élevage et de la polyculture, commerçant avec l’Espagne voisine. Sa population ne cessera d’augmenter jusqu’aux premiers exodes ruraux : les jeunes émigrent vers les plaines et les villes à la recherche de travail et de meilleures conditions de vie. L’ouverture des mines sera alors pour beaucoup une opportunité de continuer à occuper leur terre familiale. Sur les deux sites de forages principaux : les mines du Bentaillou, « lieux venteux » en Birousan (Alt. + 1 900m) et le mail du Bulard, également surnommée « la mangeuse d’homme » (Alt. +2 750m), les mineurs délogent la blende (sulfure de zinc) et la galène (sulfure de plomb) à longueur de journée. Les minerais bruts sont ensuite chargés sur des wagonnets puis acheminés par téléphérique jusqu’au Bocard, dans le village d’Eylie, où ils y sont triés, broyés, nettoyés et enrichis avant de quitter la région. Rachetée à plusieurs reprises entre 1848 et 1963, l’exploitation connaitra un développement discontinu jusqu’au milieu du XXème siècle où les coups de pioche, les wagons et les machines stoppèrent définitivement. A son plein essor, entre 1900 et 1914, l’entreprise employait plus de 500 ouvriers et on comptait dans la vallée du Biros 16 aubergistes, 4 boulangers, 2 cordonniers, 4 tailleurs, et deux écoles élémentaires dans la ville de Sentein. En un siècle, toute une infrastructure de galeries, de baraquements et de transports de minerai ont ciselé le paysage qui porte encore aujourd’hui les stigmates de son passé.
Texte : « Mangeuse d’Hommes, l’épopée des mines du Bentaillou et de Bulard en Ariège » - Claude Dubois « Pyrénées, d’un rivage à l’autre: De Fos à Eylie d’en Haut » - Partance Entretien avec Me. Legendre Agnès - CAUE de l’Ariège Droite, de haut en bas : Ancien chemin de wagonnets entre Eylie et les mines du Bentaillou Un rouleau et une vis sans fin conservés dans le bocard d’Eylie La table de triage des minerais Le panneau de contrôle des cuves de lavages Carcasse du bâtiment de téléphérique en amont
Bocard : Outil mécanique permettant le broyage et le nettoyage des minerais
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Etang d’Arraing
Un jours de marche depuis Eylie. Alt. + 1965m
Eylie d’en Haut Alt. + 900m
Dirrection maison du Valier
Ancienne mines du Bentaillou
Deux jours de marche depuis Eylie Alt. + 930m
Alt. + 1935m
Besset
Alt. + 1540m
Etang d’Araing
Lez
Lasplanou Alt. + 1838m
Clos du Lac Alt. + 1821m
Saqs
Alt. + 1563m
Grauillés
Alt. + 1031m
Carte des refuges sur la section d’Eylie d’en Haut
Tracé du Gr10 Autres chemins de randonnées Cours d’eau Refuges proposant du ravitaillement Abris - Cabanes pastorales
2 500 m
Droite : Le bocard d’Eylie d’en Haut depuis le chemin du Gr10
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Aujourd’hui, il ne reste de cette époque que des ruines, englouties au fil des ans par la montagne. Les sentiers traversent encore ces vestiges : des squelettes désarticulés d’anciennes structures métalliques aux lourds murs de soubassement qui sillonnent les pans abrupts de la vallée. Eylie est occupé par une poignée d’habitants, de façon saisonnière. Le passage des bergers pendant la transhumance, la venue hebdomadaire de la camionnette de l’épicier ou du boulanger, l’activité autour de l’unique maison d’hôtes et le passage des randonneurs, y sont les seuls signes d’animations que j’ai pu relever dans un paysage qui semble s’être figé. Sur le Gr10, il est pourtant l’un des seuls villages que l’on rencontre pendant plusieurs jours de marche. Profitant de sa situation au creux d’une vallée, offrant un bon ensoleillement et une protection aux vents, ainsi que de sa desserte avec la commune voisine de Sentein, j’ai choisi de m’intéresser davantage à cette étape, avec l’idée d’y concevoir un refuge pour randonneurs, inspiré des cabanes d’estives croisées le long du chemin.
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Village d’Eylie et paysages alentours Plan de situation echelle 1.2500
Ouest
Vers l’océan Atlantique
Sud
Nord
Est
Vers la mer Méditerranée
150 m
Profil Sud - Nord Echelle 1.4000
Profil Ouest - Est Echelle 1.4000
Eylie d’en Haut Alt. + 900m
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Eylie d’en Haut Alt. + 900m
+1230 m +1100 m +1050 m +1000 m +950 m +900 m
+1200 m +1150 m +1100 m +1050 m +1000 m +950 m
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L’ANCIEN BÂTIMENT DU TÉLÉPHÉRIQUE
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En bordure du chemin de randonnée, à quelques mètres des premières constructions, se trouve l’ancienne arrivée du téléphérique. Les câbles permettant autrefois de descendre les minerais ont disparu, mais on devine encore leurs parcours jusqu’au col de Catauère par la présence de quelques poteaux, dépassant de la cime des arbres. La charpente du bâtiment s’est effondrée en une sculpture chaotique, qui semble tenir en équilibre sur deux murs de fondation en pierre massive, profondément ancrés dans la pente. Depuis ce belvédère sa silhouette domine le paysage. Sa position lui offre une vue panoramique, surplombant le bocard et la rivière du Lez en contrebas. Elle fait face au versant opposé, sur lequel on voit serpenter le sentier que l’on vient de parcourir, ou celui que l’on empruntera, selon le sens de la traversée. En plus des qualités liées à sa situation, la présence de ces murs de soubassement m’est apparue comme un point d’accroche physique pertinent pour une construction nouvelle. Particulièrement en montagne où le terrassement, au-delà de son impact indélébile sur le sol et son écosystème, est souvent impossible en raison de la difficulté d’accès des terrains et de leur nature rocailleuse. Dans ce contexte on optera davantage pour des systèmes de fondation ponctuels, vissés dans le sol ou spités à la roche. J’ai donc envisagé le projet comme un remplacement de l’ancienne arrivée du téléphérique, en conservant un élément encore exploitable : le socle, support de l’ancien bâtiment.
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Une autre problématique rencontrée sur ce type de construction en altitude est celle de l’approvisionnement. Aujourd’hui, l’héliportage permet d’accéder à des zones inaccessibles sur des durées très courtes mais ce type de transports couteux s’adresse davantage à des constructions de grandes échelles dont le chantier implique une certaine rentabilité. Dans le cas de ce projet, le terrain est desservi par la route reliant Eylie au village Sentein. Néanmoins, j’ai pris le parti de dessiner ce refuge de façon à ce qu’il puisse être assemblé par un groupe de quatre à cinq personnes, sans engins de levage. Ainsi les matériaux de construction se devaient d’être légers et de faible section, garantissant ainsi la possibilité d’être manu-transportable, remorqués par un véhicule tout-terrain ou encore tractés par un animal.
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S’inscrivant dans cette démarche, la structure du projet est composée de montants en bois d’une faible épaisseur et d’une longueur inférieure ou égale à trois mètres. Ces dernièrs sont découpés et percés en atelier puis assemblés entre eux sur site par boulonnage à des platines métalliques, également préfabriquées en atelier. Ces structures treillies, une fois levées et reliées entre elles, forme un ensemble de neufs portiques qui s’ancrent dans le sol aux moyens de pieux en croix vissés et sont maintenus en places par les murs existants. Le bâti joue alors un rôle de contreventement, accompagnant la stabilité de l’ensemble, tandis que les portiques assurent la descente des charges verticales des planchers et de la toiture. Ce système constructif est profondément inspiré des fermettes industrielles. Ses principes se retrouvent dans le dessin de la charpente et dans son implantation. L’idée directrice étant que par la fréquence et la répétition de petits éléments, il soit possible d’aboutir à une plus grande ossature. Combiné à un travail préalable de dessin et de préfabrication en atelier, ce dispositif m’a semblé pertinent à mettre en place pour cette architecture de montagne. Malgré l’inaccessibilité du terrain, du moins avec des modes de transports conventionnels, le projet peut être construit sans mécanisation lourde et avec un outillage limité. On peut cependant relever deux contraintes inhérentes à ce système constructif : d’une part il implique un temps de fabrication long, avec une première phase en atelier, puis une seconde, conjuguant la livraison des pièces sur site et leur assemblage. D’autre part, ce travail de construction, à partir d’éléments ayant de faibles portées, réquisitionne une quantité importante de main d’œuvre pouvant alors s’avérer relativement coûteuse ou rallongeant encore d’avantage le temps du chantier.
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Gauche : Reconstruction et levage d’une ferme de charpente de la cathédrale Notre-Dame de Paris par les Charpentier sans frontière. Photo par Giada Connestari
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Premier dessin de charpente, inspiration d’un motif classique d’ossature croisée. Forme archétypale de la maison ou de la grange : toiture à deux pans symétriques. Le plafond, par la suppression de l’entrait central, renforce l’axialité transversale du plan. ( Est/Ouest )
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Reprise du dessin de charpente avec des éléments d’une longueur réduite. Articulation entre deux éléments de structures : poteaux treillis et fermette basée sur le système Warren. Organisation verticale selon trois niveaux avec un dernier plateau en attiques.
Dessin de structure combinant l’arbalétrier de charpente avec une poutre treillis Pratt. Décalage de l’axe du faitage vers le Nord générant une plus grande surface de toiture sur le versant Sud. Permet de latéraliser le plan avec un espace de circulation, étroit, donnant sur la façade Nord et les espaces d’usages, plus large, donnant sur la façade Sud.
Schéma actuel de la structure primaire. Variation des hauteurs de poteaux permettant une inclinaison des pentes de toitures selon leur orientation. Remaniement du dessin de charpente selon le principe des poutres Pratt, permettant de dégager davantage de volume sous comble et de simplifier la silhouette de la façade principale. 45
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« Dans un premier temps, Penser à des expériences, des moments, des situations et les illustrer. Dans un second temps, Dessiner le projet en s’appuyant sur ces images explicites. »
Esquisse du pigon Est et de la coupe transversale. Maquette d’étude présentant le principe de façade latérale translucide.
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Plan du rez de chaussé et du premier étage - echelle 1/75 985
990
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Story Board perspective
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Une étape sur un parcours, une pause pendant les estives, une colocation temporaire, une cabane en bois déposée sur deux murs en pierre. Le refuge est ouvert et protège sous sa charpente, ses habitants successifs. Il n’est que le support de leurs actions, ce sont eux qui l’animent, ouvrent les volets quand le soleil se lève, l’approvisionnent en eau quand les réservoirs sont vides, allument des feux quand les nuits sont froides... Comme un duvet ou un vêtement chaud, il abrite à l’intérieur quand l’extérieur se fait trop rude. Dans ces contextes où le corps est mis à l’épreuve, j’ai remarqué l’apparition d’une relation forte et particulière entre les usagers et l’architecture : trouver une assise dans un moment de fatigue, apercevoir au loin la lueur d’une cabane à la nuit tombée, pouvoir se réunir autour d’une table ou d’un feu avec d’autres personnes… Cette traversée m’a permis de peser l’importance que jouait le mobilier et l’espace construit dans le déroulement de ses scènes. Cette forme de relation à l’environnement directe se retrouve également dans la construction physique du projet. Le recours à l’artisanat et à un assemblage manuel est autant de supports tangibles d’échanges, d’expériences et de transmissions de savoirs. Ainsi, le chantier, comme les chemins de randonnées, est un lieu de passage où une succession d’individus y laisse sa marque, sculptant au fil du temps le paysage. Parfois défigurée, souvent inaccessible, la montagne m’a souvent procuré la sensation de découvrir un territoire encore inexploré. Comme un rempart naturel à l’étalement des villes et aux dérives de nos sociétés, elle impose ses contraintes, son climat et sa temporalité. Construire dans ce milieu implique alors d’entrer dans une forme de confrontation respectueuse. A la lueur de ces dernières années d’études, il m’apparaît que cet engagement architectural ne peut avoir lieu que dans l’expérience immédiate, physique, concrète, en prise directe avec la réalité du site mais aussi celle de ses habitants, qu’ils y soient sédentaires ou de passage.
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Océan Atlantique - Jour 41
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BIBLIOGRAPHIE
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RÉFÉRENCES
Villa Sparre - Sverre Fehn - 1967 Villa Mairea - Alvar Aalto - 1939 Garden House - Mauro Baracco et Louise Wright - 2014 Maison Karemma - Anne Lacaton et Jean-Philippe Vassal - 2005 Haus am stürcherwald - Bernardo Bader - 2017 Le refuge tonneau - Charlotte Perriand - 1938 Ferme des Grisons - Gion A. Caminada - 1999 Mine d’Allmannajuvet - Peter Zumthor - 2016 Maison de vacance Seynave - Jean Prouvé - 1962 Botanica - Franck Hammoutène - 2014 La Grange au lac - Patrick Bouchain - 1994 Rascard Garelli - Carlo Mollino - 1965
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Enzo-Lucas Desessart Projet de fin d’étude Session 2021