Région Hauts de France
Parcours d’éducation, de pratique et de sensibilisation à la culture
Lycée Paul Hazard - Armentières Association Destin Sensible
Catalogue de l’exposition «Derrière les murs» Elèves de Première spécialité arts plastiques Lycée Paul Hazard - Armentières
Il a été ti ré de l a présente édi ti on 50 exempl ai res Tous droi ts réservés pour tous pays Lycée Paul H azard / Armenti ères A ssoci ati on D esti n Sensi bl e / Mons-en-B aroeul Impri mé en Ital i e par Pi xartpri nti ng Premi ère édi ti on Photographe,arti ste i ntervenant: © 2019 - H orri c Li ngenhel d Producti on / concepti on graphi que © 2019 - D esti n Sensi bl e
G a l e r i e D e s t i n S e n s i b l e / mo b i l a b o . c o m
Promotion et sensibilisation à la photographie contemporaine 38 avenue Robert Schuman - bp 40007 59370 Mons-en-Baroeul T : 06.74.53.00.70 - contact @mobilabo.com
DERRIÈRE LES MURS Région Hauts de France Parcours d’éducation, de pratique et de sensibilisation à la culture
Année 2019-2020
Lycée Paul Hazard - Armentières Association Destin Sensible
DERRIÈRE LES MURS Les élèves de première spécialité arts plastiques Année 2019/2020
BA R A T T E G abri e l l e B OR Y E va C A R LIE R D i mi tri DEBRUYNE Angèle D E LA V A L E va D E LE B A R R E R o man e D E TOL L E N A E R E C é l i a DU R O T V al e n ti n FIA C R E Mél ani e GO O S E N S T h é o HA MID O U L i l o u
HELIN Dor ian HUBERT Lou-Ann IGLESIAS Gianni LANNOY Sophie LEM AIRE Héloïse M ARISSAL Eugénie PILARCZYK Line PONTHIEUX Tobias SANCHEZ Er w ann VALKE Thibault VERBEKE Apr i
Ce projet a été rendu possible grâce au financement de la Région Hauts de France dans le cadre du dispositif PEPS, au professeur d’Arts Plastiques , Émilien Couvreur, au photographe intervenant, Horric Lingenheld, www.horric.com, au Lycée Paul Hazard, 1 rue Paul Hazard - 59280 Armentières, Abdelaziz Kissany, Proviseur, à l’association Destin Sensible, porteuse du projet culturel d’éducation à l’image, 38 avenue Robert Schuman - 59370 Mons-en-Baroeul - www.mobilabo.com
Lors de cet atelier de pratique photographique, les élèves de première spécialité arts plastiques ont été amenés à expérimenter l’un des paradoxes fondateurs de la technique photographique : distinguer ce qui dans la prise de vue mécanique relèverait d’un statut documentaire de ce qui en constituerait l’aspect artistique, et au-delà de s’interroger sur la présence consubstantielle de ces deux tendances au sein même du procédé. Dans les débuts de l’histoire de la photographie, le caractère documentaire des clichés relève de l’oxymore ; mais ceci tend à s’effacer à partir de 1890 à travers le mouvement pictorialiste. Désireux de faire accéder leur technique à la catégorie des Beaux-Arts, les photographes pictorialistes donnent à leurs images les atours de la peinture ou de la gravure : les effets de composition, de lumière, la matérialité des supports, et surtout l’approche poétique, esthétisante, voire mythologique de la réalité tente d’arracher la photo à son statut d’enregistrement mécanique du réel dans lequel l’opérateur n’aurait pas d’intention artistique possible (comme le disait le premier slogan de la marque Kodak : « You press the button, we do the rest »). Le « style documentaire » développé en réaction à ces démarches qui singeaient la peinture, (caractérisé notamment par le travail de Walker EVANS) postule que le document n’est pas seulement un support visant à produire une narration ou un inventaire du réel mais qu’il est une forme en soit, qu’il n’est pas dénué de recherche esthétique. La relative neutralité des clichés, la frontalité ou l’absence d’éléments auxquels attacher un récit démontrent que ce type d’images photographiques refusent tout « effet d’art ». Toutefois, elles parviennent à combiner une volonté de saisir le réel et une conscience que, ce faisant, elles en proposent une lecture organisée, esthétisée. Comme le dit Walker EVANS : « l’art n’est jamais un document mais il peut en adopter le style ». Lorsqu’Horric Lingenheld, intervenant photographe, a présenté à la classe un projet visant à réaliser ce qu’il a présenté comme de la « non photo », les interrogations des élèves étaient palpables : En effet, il s’agissait pour eux de réaliser un travail photographique sur la ville, leur ville, celle de leur lycée tout au moins, sans jamais y inclure de personnages ou d‘éléments susceptibles d’évoquer à l’œil du spectateur un effet narratif. Or cette recherche de l’anecdote, de la construction d’une histoire constitue l’un des ressorts principaux de ce que l’on appelle la street photo aujourd’hui pléthorique sur les réseaux sociaux et dont les codes sont familiers des élèves. En s’abstenant de placer dans leurs compositions des éléments qui visent à donner à l’image une interprétation narrative (souvent univoque) les élèves ont été amenés selon différents modes opératoires à se rendre compte que la qualité de l’image en tant que forme pouvait-être aussi importante que son sujet. Paradoxalement (et c’est le sens du titre de l’exposition « derrière les murs ») la frontalité, la rigueur des cadrages, la mise en avant des traces du temps, la sérialité d’une collection typologique, la rationalité d’une symétrie, l’inventaire raisonné des matérialités et des formes architecturales qui les entouraient montraient la présence de l’humain à travers son absence. Les images obtenues sont souvent brutes, sèches. L’angle de vue est imposé par la position de l’objet photographié et par la hauteur du photographe debout, l’objectif grand angle redresse les perspectives vers le plan de l’image, le réel n’est pas arrangé ou magnifié, il est organisé. Dans les images, l’œil cherche un point d’entrée et de sortie et découvre une réalité brute, ready made, que le photographe soumet à notre interprétation. On y découvre ce qui fait la ville : collusion des styles et des époques, présence visible d’écarts sociaux, paradoxes de l’urbanisme et de la politique de la ville, enjeux et esthétique du mobilier urbain, portrait signalétique de bâtiments transformés en motifs …
Émilien Couvreur, professeur d’Arts Plastiques