Diasporas News Mai 2013

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Dossier

4 Politique 6

Ne pas jeter sur la voie publique

Environnement 13 Monde 16 Juridique 18 Société 20 Santé 24 Culture 28


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Diasporas News

édito

N°41 Mai 2013

Diasporas-News Edité par DCS Group Agence de Communication en Relations Publiques et Services 39, Rue Félix FAURE 92700 COLOMBES – France

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redaction@diasporas-news.com Ont collaboré à ce numéro : CLÉMENT YAO Alex ZAKA Lamine THIAM René KOUAME Moussa DIOP Félix Boni NIANGORAN Stevyne N’ZABA

DIRECTRICE Promotion Marketing - Publicité Coura SENE Direction Artistique Cristèle KARMEN DANDJOA Développement Région Rhône-Alpes Dieudonné SOME WENS Développement Rhône Valentin G. SIKELY Développement de l’Hérault Benjamin AKA Développement Haute Garonne Jérôme M’BOUA Développement Alpes Maritimes Christian Boutilier Dépôt légal : à parution ISSN : 2105-3928 Impression : En France La reproduction totale ou partielle des articles, photos ou dessins publiés dans ce magazine, sauf accord préalable, est interdite, conformément à la loi du 11 mars 1957 sur la propriété littéraire et artistique. Les documents reçus deviennent propriété du magazine.

I

Le pétrole ne fait pas le bonheur en Afrique centrale

l suffit simplement de se rendre dans les pays de la zone CÉÉAC (Communauté Économique des États de l’Afrique Centrale) qui regorgent de l’or noir en abondance pour se rendre compte que le pétrole ne fait pas forcément le bonheur des populations, sauf celui des dirigeants et des multinationales occidentales qui se partagent, à satiété, les réserves d’origine fossile dans cette partie du continent. Selon un rapport de la British Petreolum Review of World Energy, sur les dix premières réserves pétrolières en Afrique, cinq sont situées plus précisément en Afrique centrale. Le Gabon avec ses 30 champs de production, 7e réserve de pétrole en Afrique (3,7 milliards de barils) devant le Congo (1,9), la Guinée Équatoriale (1,7) et le Tchad (1,5), est toujours inscrit, malgré ses potentialités, sur la liste des pays pauvres qui continuent de tendre la main à l’Occident pour boucler ses budgets de financement. Or, la plupart de ces pays de la CÉÉAC devrait récolter, selon les experts, chacun un peu plus de 200 milliards de dollars de revenus pétroliers pendant la prochaine décennie. Mais, en dépit de ces bons signes économiques, force est de constater que la rente pétrolière ne profite ni à leur développement encore moins aux populations qui se trouvent être d’ailleurs une des moins importantes par rapport aux autres régions d’Afrique, en terme démographique. Il est incompréhensible qu’avec toutes ces richesses, le Gabon, avec ses 1,5 millions d’habitants, le Congo (4,3 M), la Guinée Equatoriale (720 000 hab), le Tchad (11,5 M hab) et le Cameroun (19,9 M hab), pour ne citer que ces pays, ne soient pas en mesure d’offrir une qualité de vie meilleure et décente à leurs populations. Comment comprendre alors qu’un pays comme l’Île Maurice ou encore les Seychelles, dépourvus de richesses fossile et minière qui ont pour principale ressource que la rente du tourisme, sont des modèles économiques de réussite par rapport à ces cinq pays de l’Afrique centrale, pourtant gâtés par la nature ? A mon avis, il faut aller chercher la réponse ailleurs. Le scandale des « Biens mal acquis » qui défraie la chronique dans la région CÉÉAC pourrait donner quelques pistes sur la fuite effrénée des richesses de ces pays vers les paradis fiscaux et des destinations bien connues comme la France où les autorités judiciaires ont déjà mis sous scellé certains de ces biens. Le cas le plus édifiant est certainement celui de la saisie record de mobiliers, d’immobiliers et de véhicules de luxe chez les Obiang à Paris. A ce jour encore, les enquêteurs français recherchent toujours des preuves pour expliquer comment Teodoro Nguema Obiang, le fils du président équato-guinéen, a pu s’offrir une villa de 35 millions de dollars à Malibu dans l’État de Californie, un jet privé de 38 millions de dollars, quatre Ferraris d’une valeur de 1 million de dollars à raison de 250.000 dollars chacune, 2 Rolls-Royce de

700.000 dollars à raison de 350.000 dollars chacune, une Bentley de 240.000 dollars, 2 Maybachs de 700.000 dollars à raison de 350.000 dollars chacune. Cette liste n’est pas exhaustive. Il n’y a aucun doute pour les enquêteurs, l’argent qui sert à financer tous ces biens, proviendrait des rentes du pétrole. L’opacité de sa gestion et le manque de transparence seraient à l’origine des enrichissements difficiles à expliquer. Devant l’insolence des richesses acquises par une minorité de la classe dirigeante, la sonnette d’alarme a été donnée, non pas par les opposants aux régimes richissimes de l’Afrique centrale, mais par des hommes de Dieu. « Notre pétrole est encore, dans bien des cas, la réserve financière privée des pouvoirs en place... L’Afrique centrale croupit dans la misère en dépit de la découverte croissante de puits de pétrole… Notre engagement, en tant qu’Eglise en Afrique Centrale, par rapport à la question du pétrole, ne relève pas d’une ingérence dans le domaine réservé des Etats. Nous sommes témoins de la souffrance du peuple auquel nous appartenons. Notre mission prophétique nous impose de lancer un appel du cœur à tous ceux qui participent à l’exploitation du pétrole dans notre zone ou qui détiennent une parcelle du pouvoir politique et économique.» Déclaration très révélatrice des Evêques catholiques d’Afrique Centrale (Association des Conférences Episcopales de la Région de l’Afrique Centrale), publiée en 2002. Plus de dix ans après la diatribe religieuse, rien n’a vraiment changé. « L’Afrique sub-saharienne connaît une période de boom pétrolier sans précédent. Ce nouveau boom pétrolier de l’Afrique constitue à la fois une chance et un piège pour ces pays où la pauvreté reste endémique. Dans la plupart de ces pays, la présence de pétrole n’a en rien contribué à réduire la pauvreté, elle l’a plutôt exacerbée » constate à son tour Catholic Relief Services, une association humanitaire de l’église catholique américaine membre de Caritas Internationalis. Au-delà même de ces constats, il faut bien comprendre que dans cette affaire de « Biens mal acquis », s’il n’y avait pas de corrupteurs, il n’y aurait pas sûrement de corrompus. Le clientélisme, le népotisme et la corruption, les traits caractéristiques les mieux partagés dans la région, sont encouragés par des prédateurs du profit, prêts à user de tous les moyens, même militaires par le financement de rébellions, pour arriver à leurs fins. On voit bien que la compétition qui fait rage entre les multinationales occidentales (Shell, BP-Amoco, Chevron, Texaco, Exxon, ou Total Fina Elf) pour la conquête des réserves pétrolières de l’Afrique centrale expliquerait en partie le contexte de conflictualité permanente de la région.

Clément Yao 3 N°41 Mai 2013 Diasporas News


dossier

Le vice-amiral bissau-guinéen Bubo Na Tchuto, le maire de Tarkint (Mali), « Baba » Ould Cheick croupissent désormais dans les geôles de New-York et de Bamako. Pour autant, le trafic de cocaïne continue dans les zones d’instabilité politique provoquant de véritable danger pour nos démocraties.

E

n moins d’une décennie, la cocaïne commence à produire ses effets néfastes – au sens propre comme au sens figuré – sur le continent africain. En termes de santé publique, cette substance hallucinogène s’immisce insidieusement au sein de la population urbaine composée essentiellement de jeunes. Les narcotrafiquants ont créé des besoins pour pouvoir écouler quelques tonnes de marchandises sur ce vaste marché très prometteur par son nombre d’habitants au cours des prochaines décennies. Mais déjà, la poudre blanche met à mal le peu d’Etat de droit qui reste dans nos pays. Elle génère tellement d’argent que la tentation est grande pour nos élites et nos dirigeants de succomber à la corruption pour permettre à ce trafic de prospérer. Pire encore, les élections futures pourraient être biaisées par un soutien financier du cartel sud-américain de la drogue. Selon les statistiques tenues par les autorités chargées de lutter contre le trafic de drogue : les saisies annuelles ne représentent que le tiers de la quantité écoulée. En 2009, l’ex Secrétaire-Général de l’ONU Koffi Annan déclara que 6,5 tonnes de cocaïne ont été saisies en Afrique de l’Ouest. Rapportée aux quelques 170 tonnes introduites en Europe, ce chiffre de l’Office des Nations Unies contre la Drogue et la Criminalité (ONUDC) corrobore le volume de 20 tonnes de poudre blanche qui ont transité par l’Afrique de l’Ouest. 4 Diasporas News N°41 Mai 2013

La feuille de coca est produite essentiellement dans les pays d’Amérique latine : le Pérou, la Colombie et la Bolivie. Transformée en pâte ou poudre, elle inonde la planète entière en empruntant des chemins détournés, toujours plus tortueux afin de contourner la surveillance des autorités internationales chargées de mettre fin à ce désastre. Véritable fléau mondial, les gouvernements et les organismes internationaux mènent une lutte incessante contre les cartels de la drogue et les narcotrafiquants. Car le flux financier généré par cette activité criminelle est très lucrative, dont l’argent recyclé et « blanchi » – de l’ordre de 1.600 milliards $ - se perde ensuite dans les limbes de l’économie globalisée. L’ONUDC estime également que le trafic de cocaïne introduit illicitement environ 1 milliard $ par an en Afrique de l’Ouest soit 2% du PIB global de la CEDEAO. L’afflux de telle somme dans les pays - déjà très vulnérables de la sous-région provoquerait une corruption généralisée voire l’effondrement à moyen terme de leurs économies. La Guinée-Bissau et, dans une moindre mesure, le Mali en sont aujourd’hui les premières victimes collatérales de cette gangrène. Quant à sa destination finale, elle remonte essentiellement vers le deuxième marché mondial c’est-à-dire l’Europe (28%) juste derrière les Etats-Unis (36%) avec ses 157 tonnes par an. Cela dit, le continent africain absorbe et consomme aujourd’hui environ 5% de la production mondiale.

La route africaine de la cocaïne en provenance d’Amérique du Sud fît son apparition entre 2003 et 2004. Compte tenu du renforcement des surveillances sur les entrées directes en Amérique du Nord et en Europe, les narcotrafiquants se sont adaptés. Les zones de rebond clairement identifiées étaient le golfe du Bénin (le Togo, le Nigéria, le Bénin et le Ghana) et les deux Guinée (Bissau et Conakry). Les saisies « record » et spectaculaires des années 2007-2008 sont maintenant révolues ; la tendance est à la baisse : pendant cette période, elles sont passées de 5,5 tonnes à 2,8 tonnes en continuant de diminuer au fil des années. Ces statistiques favorables ont donné l’illusion de l’efficacité de la lutte contre la drogue. Et pourtant, elles ne reflétaient que les

arraisonnements de frets maritimes ainsi que du nombre de « mules » africaines interceptées au niveau des aéroports européens par les douanes de ces pays. Or l’énigme reste entière. Non seulement, les trafiquants continuent de sévir mais les experts ont toutes les difficultés du monde à tracer avec exactitude les itinéraires empruntés par la poudre blanche pour sortir d’Afrique. Changement du mode opératoire Le maillage des côtes africaines par les garde-côtes espagnols et portugais ainsi que la mise sous pression internationale des autorités gouvernementales, jugées laxistes, d’Afrique de l’Ouest ont obligé les trafiquants sud-américains à changer de mode opératoire. De nouveaux points de chute ont été découverts


dossier dans des pays comme la Gambie, le Cap-Vert, les îles Canaries. L’année dernière, un avion « Bombardier », qui a décollé de Valencia (Venezuela), s’est vu refuser une autorisation de survol et d’atterrissage au Bénin. Le pilote a pu se poser aux îles Canaries où la douane espagnole a saisi tout son chargement : 1,8 tonne de cocaïne. Cette substitution des moyens de transport entre la mer et la voie des airs s’est opérée dès 2009. Le reste calciné du B-727, bourré de drogue, en provenance de Venezuela qui a atterri à Tarkint en plein désert dans la région de Gao restera dans les annales [voir encadré : « Baba » Ould Cheick a été arrêté]. Quel est le degré d’implication et de complicité que les passeurs ont pu obtenir au sein de la haute sphère malienne ? Notables locaux, officiers de l’armée, des dignitaires du régime ont été plus ou plus compromis dans cette opération. Le président Amadou Toumani Touré (ATT) avait promis de faire la lumière sur cette affaire sans grands

livrer sa cargaison aux confins de la frontière mauritano-malienne ; laquelle serait remontée ensuite par des 4x4 vers Tombouctou. Des pistes d’atterrissage clandestines ont poussé comme des champignons dans des zones de conflits de notre continent pour réceptionner ses précieux colis. Aujourd’hui, une nouvelle brèche s’est ouverte sur le Brésil du fait que l’axe Venezuela - Afrique de l’Ouest est particulièrement surveillé. Après avoir traversé toute l’Amazonie, la drogue en provenance de Colombie transitent au Nord-Est de ce pays. Les distances entre les côtes brésiliennes et ouest-africaines sont d’environ 2.000 miles nautiques (moins de 4.000 km). De la région de Salvador de Bahia, des avions privés, avec un bon rayon d’action, sont capables de rallier les chapelets d’îlots de Bijagos au large de la Guinée Bissau.

Par où passe ensuite la drogue ? Une fois arrivée sur les côtes

clandestines au Mali permettait avant l’opération « Serval » de transborder plus rapidement des quantités importantes et d’éviter des contrôles douaniers sur les routes qui arrivent des régions côtières. A partir de là, deux axes sont clairement identifiés : « Sud-Nord » vers le Maghreb et « Est-Ouest » allant du Tchad au Sahraoui Occidental en passant par le Mali. D’abord, la remontée « SudNord » pour rallier les côtes de la Méditerranée : des contrebandiers d’origine malienne, nigérienne et algérienne tenaient le secteur qu’ils ont dû partager avec les islamistes au Nord Mali. Les uns se sont spécialisés en location de pick-up tandis que d’autres assurent le convoyage de la drogue ou « prélèvent » des droits de passage. La drogue remonte ainsi le long de la frontière algérienne avant de rentrer en Libye ou Tunisie. Depuis la chute du président Ben Ali, les frontières sont devenues des passoires. Le zatla (cannabis) en provenance du Maroc croise la cocaïne venant du sud avant d’être embarquer sur des bateaux pour l’Europe.

Quant à l’axe « Est-Ouest », selon les services de sécurité du Niger, en 2011 : « des véhicules, venant du Sahel remplis de haschich se dirigent de plus en

Vice-amiral Bubo Na Tchuto

plus vers le plateau de Djado, zone située à la frontière avec le Tchad, et en reviennent avec des chargements d’armes pillés dans l’arsenal libyen ». Une filière dite « Polisario » fait du troc de haschich marocain (vers le Sahel) contre de la cocaïne à destination de l’Europe ; une source financière substantielle pour le mouvement indépendantiste dans la revendication de son territoire contre le Maroc.

les deux pays les plus exposés Guinée-Bissau

résultats. Elle fut un des griefs qu’une partie de l’armée et de la population ne lui a pas pardonné au moment de sa chute. Mais parallèlement et toujours vers cette période-là, selon l’ONUDC, un Beechcraft toujours parti du Venezuela se faisait

africaines, les cargaisons de drogue remontent à l’intérieur pour atteindre le Sahel, une zone grise où les trafiquants de tout poil se réorganisent et s’adaptent au gré de l’instabilité tunisienne, libyenne et malienne. La multiplication des pistes d’atterrissage

Deux gros bonnets ont maille à partir avec la justice américaine. Au début du mois d’avril le vice-amiral Bubo Na Tchuto a été arrêté sur un bateau chargé de cocaïne dans les eaux internationales hors des limites territoriales de la Guinée-Bissau. Piégé par les agents de la Drug Enforcement Administration (DEA), une agence américaine de lutte contre la drogue alors qu’il croyait finaliser une transaction de cargaison de cocaïne. Ce fut le fruit d’une infiltration par la DEA depuis quelques mois. Se présentant comme des membres du FARC – la guérilla colombienne – voulant faire transiter de la drogue avant de l’exporter aux Etats-Unis, l’Amiral a accepté le deal : couvrir le trafic moyennant 1 million USD par tonne. Il a été ainsi appréhendé au moment de la première transaction avant d’être extrader aux Etats-Unis où il a été inculpé et incarcéré pour trafic de drogue. Quelques jours plus tard, c’est au tour du chef d’état-major des armées le lieutenant-général Antonio Indjai d’être inculpé par le procureur de New-York pour narco-terrorisme. Il a également passé un accord avec les FARC pour stocker de la cocaïne en route pour les Etats-Unis ; mais également d’acheter pour le compte de l’armée bissau-guinéenne des missiles dont le bénéficiaire final serait l’organisation politicomilitaire colombienne. L’ombre des cartels de la drogue planait en 2008 sur l’assassinat du Président Joao Bernardo Viera. Aujourd’hui, les experts estiment que la rivalité pour le stockage de la cocaïne sud-américaine a pu créer des tensions au sein même de l’armée. Elle a éclaté au grand jour grâce à l’arrestation de Bubo Na Tchuto. Ce dernier voulait convaincre 5 N°41 Mai 2013 Diasporas News


dossier

les narcotrafiquants d’acheminer la drogue par bateau alors que le lieutenant-général Antonio Indjai, issu de l’armée de l’air, privilégie la voie des airs.

Mali : « Baba »Ould Cheick, le parrain de Tarkint est tombé

politique

Le 10 avril dernier une escouade de béret rouge renforcée par les hommes du colonel Ag Gamou ont arrêté le maire de Tarkint, une localité proche de Gao. Le premier édile de la ville jouissait d’une réputation sulfureuse à propos de cette richesse ostentatoire, trop rapidement acquise. Son nom a été cité maintes reprises et dans toutes les affaires de cocaïne et de prise d’otages d’occidentaux dans la région. Il était un personnage influent, presque incontournable dans les négociations secrètes et les tractations autour de la

libération d’otages. En 2004, il fut l’une des chevilles ouvrières avec Iyad Ag Ghali (le chef d’Ansar Dine) de la libération des otages allemands et autrichiens de Tamanrasset détenus par le GSPC (l’ancêtre d’AQMI). En 2009, le diplomate canadien Robert Fowler et son assistant sont enlevés au Niger. Liman Chafi, l’émissaire du Président Blaise Campaoré chargé de négocier avec les ravisseurs a pu rencontrer Moktar Belmoktar en passant par le réseau de « Baba ». La libération de l’otage français Pierre Camatte en 2010 serait aussi à mettre, pour une large part, à son crédit. Homme d’affaires avisé et pas philanthrope pour un sou, ses négociations lui ont rapporté beaucoup d’argent. Mais il a également bénéficié une protection bienveillante de l’ancien locataire du palais de Koulouba, le président Amadou Amani Touré

Baba Ould Cheick

(ATT). Mais la face sombre de son parcours reste sa complicité notoire dans le transit de la drogue dans la région de Gao avant que celleci ne remonte vers le Nord. « Air cocaïne », le fameux B 727 bourré de drogue n’a-t-il pas atterri à Tarkint en 2009 ? Mais surtout cet arabe de la tribu des Lahmar n’a jamais fait mystère de son soutien au MUJAO.

Pour l’ensemble de son « œuvre » pré-cité, il fut parmi les premiers noms de la liste des personnes auxquelles le procureur de Bamako a signé un mandat d’arrêt dès le déclenchement de l’opération « Serval » et la fuite des islamistes au mois de février dernier. A.Z

A la fin du mois de juillet prochain, le Mali aura un nouveau chef d’Etat élu pour cinq ans ; Tel était le souhait de la France en dépit des menaces d’attentats-suicides du MUJUAO qui planent désormais sur Bamako ; de la réconciliation nationale qui est au point mort. Le cirque barnum politique reprend ses droits devant des millions de maliens frustrés et incrédules.

S

ous l’impulsion ou l’injonction de la France libératrice, les élections présidentielles se profilent à l’horizon. Sauf modification du calendrier, le corps électoral malien sera convoqué pour le 7 et le 28 juillet prochain. Faut-il considérer ce scrutin comme une finalité ou une étape vers la reconstruction du pays ? Si cela ne tenait qu’aux dirigeants politiques et aux

6 Diasporas News N°41 Mai 2013

experts nationaux, la priorité en serait différente. L’actuel Premier Ministre Django Cissoko avait énoncé les priorités de son gouvernement en déclarant il y a quelques semaines : « toutefois, je crois ne contrarier personne ici en disant que la libération totale des zones occupées et leur sécurisation, dans un délai très court, ainsi que la mobilisation à temps des ressources financières nécessaires à la tenue de ces

élections restent des défis majeurs à relever ». Mais nul ne peut se mettre en travers de la volonté d’un Ami qui vous a sauvé la vie. Qui plus est… Lors de sa visite triomphale à Tombouctou en février dernier, le Mali libéré et reconnaissant a offert un précieux cadeau au président de la République française François Hollande : un chameau nommé Bobosse. Promis à un destin formidable car il

était prévu de le rapatrier pour le confier à un parc zoologique avant que les toubabs ne se ravisent pour le confier à une famille de paysans du cru. Aux dernières nouvelles, Bobosse a fini sa brève carrière diplomatique dans une marmite de ses gardiens. L’espérance de vie des camélidés avoisine les 70 ans. De par sa charge symbolique, Bobosse aurait dû être le témoignage de ce moment historique


politique lorsque tous les protagonistes ne seront plus de ce monde. Certes, une anecdote presque amusante si ce n’est qu’elle est à l’image de la précipitation du traitement dossier malien par la communauté internationale. « La France n’a pas vocation à rester durablement au Mali » a déclaré le ministre des Affaires Etrangères Laurent Fabius. Car elle redoute, à juste titre, de se faire taxer de colonialiste. Combien de chefs d’Etat du continent le président François Hollande a-t-il averti au téléphone avant de faire sauter ses parachutistes à Sévaré en janvier dernier ? Cette guerre coûte également très chère au budget d’un pays qui subit de plein fouet la crise économique mondiale. Alors qu’un retour à l’ordre constitutionnel est le seul moyen pour la France de partager le lourd fardeau de cette intervention. D’une part, il présagera la reprise rapide de la coopération et des mécanismes d’aides financières des bailleurs de fonds internationaux ; et d’autre part l’implication directe des Etats-Unis qui ne foulent jamais le sol d’un pays tant que le président de la République n’est pas démocratiquement élu. Son dispositif militaire sera progressivement allégé pour ne garder que 1.000 hommes contre 5.000 au plus fort de l’opération Serval. L’expérience américaine de l’invasion de l’Afghanistan et de l’Irak hante les esprits des chefs d’Etat et des états-majors occidentaux. Or le cas du Mali est très complexe. Et la tournure des évènements indique qu’avec les instabilités de la sous-région (Libye, Tunisie) associées à l’irrédentisme touareg, le conflit risque de s’étendre, à moyen terme, dans tout le Sahel et un peu plus vers le Maghreb.

Un nouveau locataire pour le palais de Koulouba Le Mali est un pays en guerre mais également une République où les citoyens ne font plus tellement confiance à sa classe politique. La France et les

palais de Koulouba

dirigeants qui y assurent l’intérim voudraient organiser vaille que vaille un scrutin qui élira un nouveau locataire du palais de Koulouba. Aura-t-il la crédibilité nécessaire pour rétablir la paix et régler définitivement le problème entre le Nord et le Sud ? En tout cas les états-majors des partis politiques se sont mis en ordre de marche pour être au rendez-vous. Les donnes ont complètement changé depuis l’interruption du processus électoral avorté d’avril 2012. Quelques noms sortent du lot parmi la pléthore de candidats qui s’inscriront. Tièman Hubert Coulibaly, l’actuel ministre des Affaires Etrangères a confirmé depuis quelques mois qu’il « sera de la partie ». Il défendra les couleurs de l’Union pour la Démocratie et le Développement (UDD), fondé par l’ancien président du patronat Moussa Balla Coulibaly et les deux anciens chefs de gouvernement : Ibrahim Boubacar Keita et Modibo Sidibé.

Le candidat de l’ADEMA Comme le président de la République par intérim Dioncounda Traoré ne peut se présenter comme le stipule la feuille de route, le principal parti politique du pays -dont il est issu - et le mieux structuré l’Alliance pour la Démocratie au Mali (ADEMA) a dû choisir son candidat. Sur la vingtaine de candidats en lice pour les primaires, à la surprise générale c’est un inconnu

Dramane Dembélé qui a été désigné au sortir du conclave de la Commission de bons Offices du 10 avril dernier. Ingénieur de formation de 46 ans, il est considéré comme un novice en politique. Saura-t-il maintenir la cohésion de son parti face aux grincements de dents des caciques du parti ? L’ADEMA - Parti Africain pour la Solidarité et la Justice (PASJ) est une association transformée

Dramane Dembélé

en parti politique co-fondé par l’ancien président Alpha Oumar Konaré, au moment de la transition du début des années 1990. La « ruche » bourdonne encore malgré les schismes successifs au fur et à mesure que les disciples du fondateur veulent s’émanciper : MIRIA de Mahamed Lamine Traoré, l’Union pour la République et la Démocratie (URD) de libéral Soumaila Cissé – ratonné et grièvement blessé par les militaires de la junte l’année dernière -, mais également le Rassemblement Pour le Mali (RPM) de l’ex-premier ministre Ibrahim Boubacar Keita (IBK). A chaque élection présidentielle – 7 N°41 Mai 2013 Diasporas News


politique 2002 et 2007 - l’ADEMA a toujours connu des dissensions internes. Est-ce une marque de fabrique ou une stratégie délibérée de l’ancien président de l’OUA Alpha Oumar Konaré qui voulait diviser pour mieux régner ? Son silence assourdissant depuis le coup d’Etat de mars 2012 n’arrange pas les choses alors que ce serait lui qui aurait manœuvré la Commission des bons Offices en coulisses. Quelques jours après la désignation de Dramane Dembélé, Soumeylou Boubèye Maïga du PASJ canal historique et Boubacar Bâ – maire du 5ème district de Bamako - décident de voler de leurs propres ailes. Le premier c’est-à-dire l’ancien ministre de la Défense et des Affaires Etrangères a démissionné du comité exécutif du parti. Il est coutumier des faits ; il a déjà été candidat en 2007 et nul ne doute qu’il se présentera en juillet prochain. Mais cette dilution des voix se fera au détriment de l’ADEMA... en faveur d’Ibrahim Boubacar Keita dont Boubèye Maïga serait un poisson-pilote ou bien un report des suffrages sur la candidature Modibo Sidibé ?

Ibrahim Boubacar Keita (IBK) de nouveau en lice

a ses entrées dans les travées du pouvoir à Paris. Le Premier Secrétaire du Parti Socialiste (PS) Harlem Désir avait fait le déplacement à Bamako en mars dernier. Il a choisi de miser sur deux « écuries » différentes qui ont l’avantage d’être toutes membres de l’Internationale Socialiste : l’ADEMA et surtout le RPM. Est-ce à dire que la France et la junte ont choisi le même candidat ? IBK fût un des leaders politiques qui n’ont pas du tout été contrarié par les militaires du camp de Kati, le QG de la junte. Sa déclaration tonitruante à propos de l’intérim de Dioncounda Traoré résonne encore dans les rues de Bamako : « qu’il n’a aucune qualité juridique pour diriger le Mali après l’épuisement des 40 jours d’intérim constitutionnel ». Et pourtant les deux hommes se sont réconciliés grâce à l’entremise du capitaine Amadou Sanogo. Le Président par intérim Dioncounda Traoré a reçu IBK à Lafiabougou dans sa maison familiale et quelques jours après ce dernier lui a renvoyé l’ascenseur. Les quotidiens maliens se gaussent de ce revirement au plus haut sommet de l’Etat alors qu’il est censé soutenir le candidat de l’ADEMA Dramane Dembélé qui lui est proche ! Même si IBK bénéficie encore de l’estime du peuple grâce à son autorité presque intacte, les chefs d’Etat de la CEDEAO se méfient de son opportunisme et de ses accointances avec la junte depuis un an. Sa tournée dans les capitales de la sous-région était un fiasco : Alassane Ouattara et Issouffou Mahamadou ont refusé de le recevoir.

partenaires du Mali (France, ONU, UE). Au moment du déclenchement de l’opération « Serval », il a été réduit en silence après une déclaration sans lendemain : « que la place de ses hommes étaient sur le front mais pas au camp de Kati ». Les bérets verts comme les autres corps de l’armée devront se recycler à Koulikoro avec les instructeurs de l’EUTM mais l’effectif du camp Kati reste sensiblement le même. Modibo Sidibé

le règne d’ATT, il fut Secrétaire Général à la présidence avant d’assurer les fonctions de chef de gouvernement de 2007 à 2011. Son handicap tient du fait qu’il n’a pas de famille politique. Il a du crée précipitamment un mouvement avant de se présenter l’année dernière ; il s’agit du FARE (Forces Alternatives pour le Renouveau et l’Emergence). Sa notoriété a fait de lui un successeur potentiel d’ATT. Mais le revers de la médaille doit également être assumé c’est-à-dire qu’il est jugé par une frange de la population comme co-responsable de l’effondrement du pays. Ce fut d’ailleurs le cas, lors de sa récente tournée européenne – le siège de l’UE à Bruxelles et Paris -, il a été pris à partie par des manifestants au cours de sa visite dans l’un des foyers de travailleurs de la diaspora malienne de Montreuil, en banlieue parisienne.

Le capitaine Amadou Sanogo, le trouble-fête

Politiquement, la junte demeure une composante incontournable de l’échiquier de la transition avec son pouvoir de nuisance et coercition. Il a déjà choisi son candidat (cf paragraphe sur IBK) pour les élections présidentielles ; une sorte d’assurance-vie car l’élu lui sera redevable. Trois portefeuilles ministériels et non des moindres sont encore entre les mains de la junte : la Défense, la Sécurité et l’administration territoriale. Craignant un règlement de comptes, le capitaine Sanogo négocierait depuis plusieurs semaines son « exfiltration » avec un bombardement au grade de Général ! Deux chefs d’Etat de la CEDEAO voudraient lui trouver un point de chute : un poste d’ambassadeur ou un exil doré. Pourtant à l’intérieur, « la présidence de la République ne juge pas nécessaire un éloignement du capitaine » confie une source diplomatique régionale.

Le candidat Modibo Sidibé Ibrahim Boubacar Keita (IBK)

L’ancien chef du gouvernement (1994 - 2000) défendra les couleurs du RPM. Donné favori si les élections présidentielles avaient eu lieu en avril 2012, les observateurs de la scène politique malienne voit en lui le candidat de la France. Brève entrevue avec François Hollande lors de son passage à Bamako, l’homme 8 Diasporas News N°41 Mai 2013

Tandis que toutes les portes de l’Exécutif de la CEDEAO se sont ouvertes pour accueillir le candidat Modibo Sidibé : une visite de courtoisie qui ressemblait davantage à un adoubement. Cela fait deux décennies qu’il arpente les allées du pouvoir. D’abord sous le régime Alpha Oumar Konaré, il a gardé les portefeuilles de la Santé et des Affaires Etrangères. Et pendant

Diocounda Traoré et Amadou Sanogo

Il est devenu un casse-tête pour le gouvernement, les chefs d’Etat de la CEDEAO et les autres

Alex ZAKA


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24/04/2013 12:43


politique

Les élections législatives guinéennes sont devenues une arlésienne. Plus l’Exécutif repousse l’échéance, plus les tensions s’exacerbent avec l’opposition, laquelle n’hésite plus à descendre dans la rue charriant de plus en plus de mécontents et de déçus des promesses électorales du candidat Alpha Condé. Une transition qui s’éternise

ALPHA CONDE

Cette fois-ci la date des élections législatives a été bel et bien fixée pour le 30 juin 2013. A moins ce que… Maintes fois repoussées faute de consensus entre le gouvernement et l’opposition, les élections législatives devaient se tenir au plus tard après l’investiture du Président de la République élu. Comme SEM Alpha Condé a commencé sa mandature le 21 décembre 2010, l’Assemblée Nationale aurait dû accueillir les nouveaux parlementaires vers la fin du mois de juin 2011. Mais les experts électoraux étaient unanimes : le calendrier n’était pas techniquement pas gérable compte tenu du recensement et de la mise en place du fichier électoral. Pour autant, pourquoi les citoyens guinéens ont-ils attendus aussi longtemps pour élire leurs représentants ? Le long serpent de mer des élections législatives trouvera-t-il enfin son épilogue cette année 2013 ? Depuis le décès du Président autocrate Lansana Conté le 22 décembre 2008, la Guinée est encore dans une étape transitoire 10 Diasporas News N°41 Mai 2013

quant à la mise en place de ses institutions pour le bon fonctionnement d’une démocratie. Dès le lendemain, l’opportuniste capitaine Daddis Camara profita du vide institutionnel pour prendre le pouvoir en s’entourant de quelques fidèles. La junte militaire fut pompeusement appelée le Conseil National pour la Démocratie et le Changement (CNDD). Gravement blessé dans une tentative d’assassinat par son propre garde-ducorps, le chef de la junte laissa sa place au général Sékouba Konaté qui assura l’intérim et organisa les élections présidentielles de juin 2010.

Les élections présidentielles de 2010 Censé se tenir au mois de juillet, le second tour a déjà été plusieurs fois reporté. Sorti en tête du premier tour avec 43,69%, Cellou Dalein Diallo avait pour challenger l’éternel opposant Alpha Condé (18,25%). Les violences entre partisans des deux camps ont failli faire capoter le scrutin avant qu’il ne se tienne enfin le 7 novembre de la même année. Comment le candidat de l’Union des forces Démocratiques de Guinée (UFDG) conforté par 44% de voix n’arrive-t-il pas à obtenir la majorité absolue au second tour ? Même avec un report massif sur son adversaire, il n’a pu améliorer son score que de 4%. Alpha Condé sortît vainqueur avec 52,52% contre 47,48%. Le Tout Sauf Cellou Dalein Diallo (RPG et l’alliance Arc-En-Ciel) a permis certes ce renversement de situation inédit. Mais les observateurs

internationaux ont su convaincre l’opposition d’accepter le verdict prononcé par la Cour Suprême malgré l’hypothèse flagrante d’irrégularités et de fraudes massives. Car toute forme de contestation ou de recours aurait encore fait basculer le pays dans un nouveau cycle de violences. La situation de report successif des élections législatives est la conséquence directe de l’issue tronquée de ce second tour des élections présidentielles. Aujourd’hui, l’organe législatif est toujours assuré par le Conseil National de Transition (CNT) dont les membres ont été désignés et non élus au suffrage universel.

Tous responsables !

Les membres de l’opposition - regroupés au sein du « Collectif des Partis Politiques pour la Finalisation de la Transition » - évoquent toujours des points d’achoppement qui les empêchent de retourner aux urnes. Echaudés par la tournure prise par les élections présidentielles, ils estiment que plusieurs conditions ne sont pas encore remplies pour l’organisation d’un scrutin transparent. La société sudafricaine Way Mark, chargée de remettre à jour le fichier électoral, ne fait pas l’unanimité. Ce choix a été imposé par le gouvernement sans avoir au préalable lancé un appel d’offre ; une version aujourd’hui contestée par Alhousseine Makanera, membre de la coalition présidentielle. L’appel

Manifestation de l’opposition

Toute la classe politique – gouvernement et opposition – est responsable de cette situation inextricable.

d’offre serait archivé à la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI). Alors que pour Aboubacar Sylla, le porte-parole


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politique du Collectif « l’opérateur électoral sud-africain est non seulement techniquement limité mais aussi de connivence avec le pouvoir ». Dès le mois de juillet 2012, le PNUD et l’OIF ont émis des rapports remettant en cause la qualité des prestations de Way Mark. Le second point de désaccord concerne le vote des guinéens de l’étranger. Pour le régime en place, ouvrir le scrutin auprès de ses consulats serait techniquement et financièrement impossible. Ce d’autant plus qu’« aucune loi en République de Guinée ne permet aux ressortissants de voter à partir de l’extérieur ». Or pour l’opposition, la mauvaise volonté d’appliquer le code électoral relève d’un choix délibéré du pouvoir. La diaspora vote massivement pour les candidats de l’opposition pour sanctionner la politique gouvernementale. Et ceci risque non seulement de ternir l’image du président Alpha Condé mais aussi d’obérer le nombre de députés élus issus de l’écurie présidentielle. La composition de la CENI suscite aussi une récrimination de la part de l’opposition. A leurs yeux, six commissaires qui siègent au sein de ladite commission sont aux ordres de la présidence de la République ; ce qui foule le principe de neutralité et de déontologie de cet organe qui sera chargé éventuellement d’arbitrer les futurs litiges qui ne manqueront pas de survenir après le scrutin. Malheureusement, ce bras de fer politique entre les deux parties s’étend de plus en plus souvent dans la rue. Depuis le début de cette année, les manifestations pacifiques organisées, par le Collectif de l’opposition, ont été émaillées par plusieurs incidents faisant plusieurs victimes dont une dizaine de morts. Les forces de l’ordre sont de plus en plus mises à l’index par la brutalité de leur intervention. Mi-avril, un garçon de 16 ans a été tué alors qu’il était devant son domicile au moment des échauffourées entre les manifestants de l’opposition et la police anti-émeute. Pourtant une amorce de dialogues 12 Diasporas News N°41 Mai 2013

a été initiée pour éviter que le pays sombre de nouveau dans le chaos. Un médiateur accepté par les deux parties devait arriver à Conakry. Il s’agit de Saïd Djinnt, l’ambassadeur de l’ONU en Afrique de l’Ouest. Le 12 avril, le Secrétaire Général de l’ONU Ban Ki Moon annonça au chef du gouvernement guinéen Mohamed Saïd Fofana la venue prochaine de son émissaire à Conakry. Et le lendemain, le président Alpha Condé signait le décret portant convocation du corps électoral pour le 30 juin ; un oukase qui ne va pas dans le sens de l’apaisement, au regard de la réaction de l’opposition. A sa décharge, le président de la République élu pour cinq ans est arrivé à mimandat. Si les élections législatives devraient être encore reportées pour l’année prochaine en raison de la saison de pluies au second semestre, il devra affronter le verdict des urnes successivement en 2014 et 2015 comme président sortant.

Les contingences structurelles du pays

cessus de transition guinéenne ». Le moins que l’on puisse dire c’est que l’état de grâce est terminé. Tout l’espoir d’un peuple reposait sur les épaules de cet éternel opposant qui a milité pendant des années contre la dictature : restaurer la démocratie, redorer le blason de l’armée, relancer l’économie ; tels étaient les chantiers qui attendaient le nouveau chef d’Etat. Avec un peu de recul, la crainte d’une dérive autocrate ou tout du moins d’une centralisation du pouvoir au sein d’une équipe restreinte de l’Exécutif finit par percer au grand jour. Il voulait avoir les coudées franches pour diriger le pays. Sinon, comment se fait-il que les parlementaires ne soient pas encore élus ? Avait-il peur d’une cohabitation avec le pouvoir législatif ou redoutait-il que la défaite de sa coalition RPG Arc-en-ciel ? Le rôle de l’organe législatif est primordial surtout lorsqu’il s’agit d’engager le pays sur des contrats de concessions minières (bauxite, or, diamant, fer) de long terme. Le choix du gouvernement doit être ratifié par l’Assemblée Nationale pour éviter

Issoufou Mahamadou, Yayi Boni, Obama, Alpha Condé et Alassane Ouattara

Au moment de son accession à la magistrature suprême, le président Alpha Condé a pourtant bénéficié d’un soutien international sans faille. Il faisait partie des quatre chefs d’Etat les plus méritants – Yayi Boni (Bénin), Alassane Ouattara (Côte d’Ivoire), Issoufou Mahamadou (Niger) - c’est-àdire démocratiquement élus que leur homologue américain Barack Obama avait reçu à la Maison blanche en juillet 2011. Le président français François Hollande au lendemain de son élection l’a reçu en juillet 2012 pour « confirmer son soutien à l’OIF qui manœuvre en première ligne dans le pro-

tout soupçon d’un contrat de gré à gré et de corruption. Rappelons que Conakry a signé un accord pour l’exploitation pétrolière offshore le 31 décembre 2012 avec la multinationale britannique Tullow Oil. Un premier chantier de forage estimé à 100 millions USD débutera en avril 2014. En outre, cette histoire de calendrier électoral, le portefeuille de la Défense a été d’emblée rattaché à la Présidence. Lors du mini-remaniement ministériel d’octobre 2012, les trois généraux qui étaient au gouvernement ont été remerciés.

Même si le président Alpha Condé s’en défend en déclarant que : « ce n’est pas à mon âge que je vais commencer une carrière de tribaliste », ses détracteurs pointent le doigt sur le peu de ministres peules qui a composé le premier gouvernement : six sur quarante. Les maroquins les plus importants ont été confiés à des malinkés, l’ethnie du Président. Il a fait fi de l’équilibre tribal que ses prédécesseurs ont toujours essayé de respecter. L’attaque d’un commando armé du domicile privé du chef de l’Etat en juillet 2011 est le signe que des tensions existent et qui peuvent déstabiliser la Guinée à tout moment. Cette ethnicité rampante est transversale et gagne aujourd’hui l’administration publique. Les peules - la majorité ethnique devant les malinkés et les sousous - se sentent de plus en plus en danger et marginalisés au sein de la société. Le second tour de l’élection présidentielle n’était que le reflet de ce rejet. Cellou Dalein Diallo (UFDG) est d’origine peule et toutes les autres ethnies se sont rassemblées derrière Alpha Condé pour éviter l’accession de la communauté dominante et qui plus est commerçante – donc riche - au plus haut sommet de l’Etat. Qui mieux qu’un économiste, Alpha Condé en l’occurrence, pouvait incarner l’espoir de tout un peuple trop longtemps réduit à une pauvreté chronique ; alors que le potentiel minier de ce pays est incommensurable. Outre cette élection législative que l’opposition appelle de ses vœux, la tension exacerbée entre une classe très riche face à la masse qui s’est de plus en plus appauvrie au cours de la dernière décennie qui risque d’engendrer une situation pour le moins inquiétante. Le taux d’inflation que le premier ministre Mohamed Saïd Fofana promet de réduire de 20 à 15% par an n’est pas la préoccupation première des guinéens. Prosaïquement, « moins de coupure d’électricité et plus de riz dans la gamelle » pour le plus grand nombre pourra baisser les tensions actuelles d’un cran. Alex ZAKA


environnement

Le Congo s’est mis au vert depuis des décennies et compte devenir un pays émergent à l’horizon 2025 grâce à un ambitieux Plan national de développement (PND) basé essentiellement sur l’Economie verte, devenue la marque de fabrique du chef de l’Etat, Denis Sassou-Nguesso.

A

près le pétrole, principale ressource du pays – près de 90 % du Pib – la forêt représente le second souffle de l’économie congolaise. D’où toute l’attention portée à la bonne gestion des 23 millions d’hectares de forêts naturelles qui couvrent les 342 000 km2 du territoire. Le chef de l’Etat, Denis Sassou-Nguesso, en a fait une de ses priorités. D’où la mise en place d’un ministère de l’Economie Forestière et du Développement Durable, unique en son genre, confié à l’écrivain-politique Henri Djombo, un fidèle parmi les fidèles du régime congolais. Vu les enjeux, le ministre en charge de cet important département ne

été mandaté pour parler au nom des pays africains à la conférence de Rio+20 en juin 2012 et poursuivre la coordination de la participation africaine aux négociations post-Rio+20 ? Pionnier dans ce domaine, le Congo est également membre du Groupe de travail chargé de définir les objectifs du développement durable.

tats à grande hauteur, espaces verts (…) à perte de vue. On y voit également une population heureuse vaquant en toute quiétude à ses occupations. La ville portuaire, Pointe Noire ainsi que les principales agglomérations du pays ne sont pas en reste de cette modernisation urbaine, tous azimuts.

L’Economie verte dont le Congo revendique la première place dans la région et même au-delà, nourrit bien des ambitions mesurées. Dans les douze années à venir, le Congo veut devenir un pays émergents. « Il s’y engage fermement afin d’assurer le bien-être social à tous les Congolais, à par-

Mais au-delà de la fiction, les Congolais peuvent-ils se payer le luxe d’un développement aussi spectaculaire ? Incontestablement affirmatif, pour ainsi dire. Les nombreuses ressources naturelles dont dispose le pays l’autorisent à transformer ce rêve en réalité. Du rêve à la réalité, qu’en est-il du Congo aujourd’hui ? C’est un pays en chantier. Les signes de la reconstruction après la guerre civile de mai à octobre 1997, sont visibles un peu partout notamment à Brazzaville et pointe Noire. De nombreux édifices sortent de terre ainsi que de nouvelles routes voient le jour. De grands travaux où l’on constate une franche domination chinoise dans le domaine du Btp à l’instar de l’aéroport international Maya Maya de Brazzaville, maître d’œuvre chinoise, qui témoigne de la bonne coopération chinocongolaise. Cela dit de toute évidence, tous les besoins des populations sont loin d’être comblés par la déferlante de réalisations.

Forum sur le Développement Durable : Au centre SEM Denis Sassou-Nguesso , à droite M. Henri Djombo

cesse de multiplier les initiatives visant à préserver les forêts du Bassin du Congo. Le dernier Forum sur le Développement Durable tenu dans la dernière semaine du mois d’avril dernier à Brazzaville fait partie des diverses rencontres organisées dans le but de bâtir une bonne politique et une vraie stratégie autour de la gestion durable des forêts congolaises. Et puis, le Congo, présenté comme le meilleur élève en matière de gestion forestière n’avait-il pas

tir du Plan national de développement 2012-2016 » avait rappelé le chef de l’Etat congolais. Pour convaincre les investisseurs, un film institutionnel futuriste en 3D a été expressément réalisé. On y voit la capitale, Brazzaville, totalement métamorphosée. Routes, échangeurs ultra modernes et sophistiqués, autoroutes, buildings en verre, de gigantesques édifices publics, la nouvelle cité ministérielle, aéroports, infrastructures sanitaires et universitaires, habi-

Ce Forum a été aussi l’occasion de dresser le bilan des acquis et de se projeter dans un avenir bâti essentiellement sur l’Economie

SEM Denis Sassou-Nguesso

verte. Pour le président Denis Sassou-Nguesso, « Le développement durable du Congo doit se traduire à travers la politique gouvernementale, les programmes et les projets à réaliser visant à réduire la pauvreté, impulser une croissance durable, contrôler l’évolution de la population, assurer l’accès à l’eau et à l’énergie, garantir une bonne alimentation, des emplois décents et des services sociaux de qualité. Le développement durable, poursuit-il, doit également se traduire par un effort constant dans la prospective afin de maitriser la gestion des ressources naturelles et humains, et entretenir un climat de paix et de concorde nationale.» Malgré toutes ces assurances, il y a une question qui subsiste. Le développement durable peut-il amorcer une démocratie durable au Congo ? Il est évident que les Congolaises et les Congolais ne voient pas tous forcément l’avenir de leur pays sous un prisme tel que présenté par leurs autorités. Ces bonnes intentions affichées et la politique de volontarisme à l’Economie verte, suffisent-elles à dissiper les inquiétudes des populations qui s’interrogent sur leur quotidien et le devenir de leur pays, non pas à l’horizon 2025 mais à l’horizon 2016, date de la prochaine élection présidentielle ? Une interrogation qui devrait faire réfléchir plus d’un. Clément YAO (envoyé spécial à Brazzaville) pour Diasporas-News

13 N°41 Mai 2013 Diasporas News


interview

environnement

« Le Congo reste un modèle de gestion des forêts tropicales mais n’est pas suffisamment soutenu par la communauté internationale »

L

a République du Congo n’attend pas se faire ravir sa place de pionnière en matière de gestion des forêts tropicales, toutes catégories confondues. Après avoir porté la voix de toute l’Afrique à la conférence de Rio+20, les initiatives se multiplient au plan national. Le ministre de l’Economie Forestière et du Développement Durable, M. Henri Djombo, cheville ouvrière de ce concept, nous explique le choix de l’Economie verte de son pays.

Le Congo ambitionne de devenir un pays émergent à l’horizon 2025 et ce ne sont pas les défis à relever qui manquent. A ce jour, quelles sont les priorités économiques du pays ? Vous savez que le Congo s’est doté d’un Plan National de Développement 2012-2016. C’est un plan quinquennal qui va permettre de moderniser le pays sur tous les plans y compris politique, d’industrialiser le Congo en le dotant de capacités technologiques appropriées dans tous les secteurs. Un développement qui va inéluctablement nous conduire vers un pays émergent à l’horizon 2025.

Dans les relations francocongolaises jugées excellentes, on pense bien évidemment aux grands groupes comme total qui sont présents 14 Diasporas News N°41 Mai 2013

depuis de nombreuses années. Mais à côté de ceux-là, quels sont les secteurs demandeurs et porteurs qui pourraient intéresser les PME françaises ? Vous savez que la France est un partenaire privilégié du Congo de par leurs relations historiques. Au moment où le Congo va s’engager dans son développement durable à travers la promotion de l’Economie verte, il est normal de s’interroger sur les acteurs qui doivent accompagner notre pays dans cette voie. Il s’agit de l’entreprenariat pour faire des réalisations. Nous sommes un pays pauvre, nous avons besoin de ceux qui nous apportent leur savoir-faire, leurs investissements et surtout leur technologie pour qu’à l’horizon 2025, le Congo devienne un pays émergent. Il s’agit d’initiatives privées diverses dans tous les secteurs de l’économie. A ma connaissance, il n’y a pas d’exclusif. Nous sommes ouverts à tous ceux qui s’intéressent à notre pays et qui voudraient nous accompagner dans notre démarche de pays émergent. Le reste, c’est une question de jugement de valeur parce que tout le monde ne connaît pas très bien les rapports qui existent entre nous. Pensez-vous que les initiateurs d’une coopération prospère entre nos deux pays sont ceux-là qui sont à la base des décisions ? Nous sommes convaincus que ceux qui doivent œuvrer pour le développement du Congo sont bien informés de la réalité congolaise et des opportunités que notre économie leur offre d’abord pour

M. Henri Djombo

leur développement et aussi pour le développement du Congo. Ensuite, nous voulons savoir si les actions présentes menées concourent véritablement à la promotion d’amitié véritable entre la France et le Congo. Nous voulons également savoir si nous avons de vrais amis du Congo, où sont-ils, que peuvent-ils faire, que font-ils aujourd’hui ? Nous voudrons dans une démarche, tout à fait honnête et sans démagogie, avancer ensemble et constater que notre coopération a jalonné la voie du progrès, du développement durable pour nos deux pays.

Selon vous, quelles sont les opportunités

qui pourraient attirer les investisseurs français au Congo, notamment les PME françaises ? Je pense que les opportunités existent dans tous les secteurs d’activité. Il y a par exemple le secteur de l’eau. Je pense qu’il existe des entreprises françaises capables de nous aider efficacement dans ce domaine. Il y a le secteur de l’énergie. Dans le cadre du développement durable, si nous devons promouvoir les énergies renouvelables aussi bien l’éolienne, le solaire que l’hydraulique notamment dans les zones plates comme le nord du


environnement Congo, l’on pourrait développer des technologies, des projets innovants du type de turbines immergées qui produisent de fortes capacités énergétiques même dans de petites rivières. Soit pour répondre aux besoins de proximités soit pour alimenter plusieurs départements en électricité. Nous avons d’autres sources d’énergies renouvelables qui peuvent être promues. A un niveau individuel, communautaire quel type d’énergie peut-on proposer ? Dans le domaine de la construction, il faut développer un habitat moderne et écologique. Dans le domaine de l’Economie verte, nous voulons développer l’écotourisme. Nous disposons de parcs nationaux, de réserves de faunes, de réserves naturelles, des sites fantastiques qui devraient pouvoir propulser l’écotourisme une fois mise en valeur. Quelles sont les PME françaises qui sont prêtes à s’investir dans ce domaine ? Dans l’agroalimentaire, les besoins sont énormes. Dans le cadre de la stratégie de sécurité alimentaire et de l’autosuffisance alimentaire, les offres dans les filières agricoles sont très nombreuses afin de satisfaire les besoins locaux et même exporter les excédents de productions. En ce qui concerne les infrastructures, il y a la construction de routes et leur entretien parce qu’une bonne partie de notre réseau routier reste impraticable. Comme vous avez pu le constater, Brazzaville est en train de se moderniser à travers la construction de bâtiments publics. Il y a le projet de la cité ministérielle, le problème de la navigabilité de notre réseau fluvial en commençant par le fleuve Congo et ses affluents, nous avons besoin également d’investisseurs. Sans oublier que nous sommes en train de vivre une catastrophe écologique incommensurable dans la mesure où ces voies d’eau qui étaient praticables autrefois toute l’année ne le sont plus qu’une partie de l’année aujourd’hui. Dans vingt ans, qu’en sera-t-il ?

La forêt est une des principales richesses du Congo. Comment se porte-t-elle ?

Elle se porte très bien. Si on ne peut pas le dire ailleurs, nous avons l’obligation de le dire, nous-mêmes. Le Congo est avance sur tous les pays tropicaux dans la gestion durable de ses forêts. Nous avons à peine 23 millions d’hectares de forêts naturelles. Il y a 12 millions d’hectares de ces forêts qui sont concédés à l’exploitation forestière et à l’industrie du bois. Sur cette superficie concédée à l’utilisation économique, nous avons déjà 5 millions d’hectares qui sont sousaménagement forestier dont 3,8 millions hectares disposant de plan d’aménagement. Sur ces 3,8 millions, nous avons 2,8 millions hectares certifiés FSC (Forest Stewardship Council), qui est le standard le plus exigeant au niveau international. Le Congo voudrait maintenir son leadership sur la gestion durable des forêts tropicales du monde. Le Congo dispose à lui seul 2,8 millions d’hectares certifié FSC des 5 millions d’hectares que compte toute l’Afrique centrale, c’est-à-dire un peu plus de 50 %. A titre de comparaison dans un autre bassin du Congo que je ne nommerais pas, l’on est à peine à 1 millions d’hectare. Notre objectif est de continuer dans cette perspective. Après 2015, nous devons avoir certifié l’ensemble des 12 millions d’hectares des forêts tropicales du Congo. Même si la communauté internationale crie haut et fort pour la gestion durable des forêts du monde sans apporter aucun soin et aucune attention à nos initiatives en tant que pays pionnier, et préfère donner de l’argent à ceux qui détruisent radicalement leurs forêts, nous estimons que l’aménagement forestier durable, la certification forestière, sont des outils essentiels pour une gestion durable des forêts et que le reste des initiatives à l’instar de REDD + et autres ne viennent simplement s’ajouter à l’existant et au résultant probant d’aujourd’hui pour que demain les forêts du monde puissent contribuer à la réduction des émissions des gaz à effet de serre. Et aussi, ces forêts servent au développement économique et social, et à la lutte contre la pauvreté dans les pays concernés. A côté de la gestion durable des forêts natu-

relles, le Président de la République a lancé le 16 novembre 2011 le Programme National de l’Afforestation et de Reboisement (PRONAR) pour la période 2011-2020. Ce plan consiste à la plantation de 1 million d’hectare de forêts artificielles, tout objectif confondu afin de réduire la pression sur les forêts naturelles du Congo, d’accroître la capacité nationale de séquestration de carbone, de diversifier l’économie nationale et l’industrie. Car, les forêts de plantation vont donner lieu à des usines de bois, à des technologies nouvelles pour nous rendre plus compétitifs sur le marché international, et donner une plus grande importance au secteur forestier dans l’économie nationale.

Il s’est tenu du 26 au 29 avril dernier à Brazzaville, le Forum National sur le développement durable qui est au centre de votre stratégie d’Economie verte. Quelles en ont été les recommandations ? Avant de répondre à votre question, je voudrais revenir sur la notion du développement durable qui fait l’objet de confusion, même de la part de certains décideurs. Si l’on veut qu’un gouvernement mette le développement durable dans ses priorités, dans sa politique de planification nationale, il faut d’abord que les décideurs saisissent bien ce concept. Il faut l’expliquer et le faire partager à tous. Il faut faire en sorte que chacun se l’approprie et se considère comme un acteur réel. C’était l’objectif de ce Forum. Nous pensons que le développement durable s’impose à nos pays. Les chefs d’Etat, les chefs de gouvernement et les délégations qui étaient présents à Rio+ 20, ont dû reconnaître la nécessité de s’impliquer davantage dans ce concept. L’organisation de ce Forum de Brazzaville exprime la volonté du chef de l’Etat de promouvoir le développement durable au Congo, conformément aux recommandations de la Conférence des Nations Unies sur le développement durable,

tenue à Rio de Janeiro, au Brésil, en juin 1992 et de la Conférence de RIO+20 de juin 2012. Le choix du thème de ce Forum : « Maitriser l’avenir dans le contexte du Développement Durable », trouve sa justification dans la définition même de ce concept. L’objectif global de ce Forum était de permettre à tous les acteurs de se l’approprier, de définir les grandes lignes des politiques sectorielles incluant les principes du développement durable en vue de l’élaboration de la politique et de la stratégie nationale dans ce domaine. De façon spécifique, ce Forum a permis aux participants de s’approprier les enjeux et les principes de mise en œuvre du développement durable, d’appréhender son caractère transversal et de l’intégrer dans les politiques sectorielles. Notre pays a adopté l’Economie verte comme un moyen pour atteindre le Développement Durable et éradiquer la pauvreté. Il y apporte sa contribution et partage les réflexions menées sur ce concept.

Le choix de l’Economie verte est une chance pour un pays comme le Congo ? Absolument. Les opportunités qu’offre la promotion de l’Economie verte sont nombreuses et portent sur tous les secteurs sociaux, économiques comme je l’ai dit tantôt. Notamment la forêt, l’agriculture, la pêche, l’énergie, l’industrie, le tourisme, le transport, l’eau, la construction, la gestion des déchets et des produits chimiques, la santé, le commerce (…) C’est pour cela que ce Forum a regroupé les représentants de différents secteurs et différentes disciplines, et la société civile. Il revêtait donc un caractère multisectoriel et multidisciplinaire. La mise en œuvre de l’Economie verte devrait être soutenu par des mesures légales, règlementaires, institutionnelles et le renforcement des capacités, le transfert de technologie, la mobilisation des ressources financières nouvelles et additionnelles. Entretien réalisé par Clément YAO (à Brazzaville) pour Diasporas-News 15 N°41 Mai 2013 Diasporas News


monde

La nomination de Cécile Kyenge, une Italienne d’origine congolaise (RDC) au ministère de l’Intégration est un fait important et marque un pas décisif dans la volonté des autorités dirigeantes de ce pays pour un nouveau pacte social.

C

écile Kashetu Kyenge a commencé sa carrière politique chez les démocrates en 2004.Puis comme responsable provinciale du forum de la

16 Diasporas News N°41 Mai 2013

commission des politiques et de la protection sociale du parti démocrate. En 2010, elle fut élue conseillère régionale de l’Emilie Romagne et comme première femme noire député au

parlement depuis les dernières générales du 24 au 25 mars 2013. Arrivée en Italie en 1983, elle a acquis la citoyenneté italienne. Elle obtient son diplôme en médecine

et en chirurgie à l’Université catholique de Rome, avant de se spécialiser en ophtalmologie à l’Université de Modène. Elle est mariée à un Italien et mère de deux filles. Militante des droits


monde de l’homme, Cécile Kyenge lutte depuis plusieurs années pour le respect des droits des immigrés en Italie. Présidente nationale et initiatrice du mouvement national du 1er mars (une organisation nationale de lutte contre toute sorte de discrimination et du respect des droits des immigrés). Cécile Kyenge a parcouru toute l’Italie du nord au sud, de l’est à l’ouest pour assister et diriger les manifestations de droits de l’homme. Elle a effectué plusieurs séminaires sur la problématique de l’immigration à travers le monde entier et a participé à la signature de la charte mondiale des migrants à Gorée (Sénégal) le 04 février 2011. Avant sa nomination en tant que Ministre de l’intégration nous l’avons rencontrée. Voici notre compte rendu :

Madame malgré vos charges en tant que personnalité politique vous vous occupez encore des associations de migrants, quel est votre secret ? Vous savez dans la vie il faut croire à ce que vous faites et le reste arrive. J’ai toujours mis en priorité dans mes actions l’intérêt publique. Et puis je ne pense pas que tout ce que je fais et tout ce qui m’arrive, soit l’effet de ma propre capacité intellectuelle. Je crois qu’il y a quelqu’un qui me soutient et cette personne c’est Dieu. La plus grande chose que nous devons avoir dans la vie c’est l’humilité. Ecoutez, je suis arrivée en Italie très jeune à 18 ans. J’avais deux habits et une paire de chaussures. Aujourd’hui quand je regarde en arrière je me rends compte que la vie m’a déjà offert beaucoup de choses. Je ne peux pas donc prétendre rendre à la vie ce qu’elle m’a offert.

Avec vos responsabilités aujourd’hui; quels sont vos projets pour les immigrés vivant en Italie ? Au niveau de notre parti le Parti Démocrate, notre combat actuel avec le gouvernement est de faire acquérir la nationalité à priori à tous les enfants d’immigrés nés sur le territoire Italien. Notre préoccupation première est de créer un climat de confiance et d’égalité avec la société civile. Donner le droit de vote aux immigrés qui travaillent et qui payent régulièrement les taxes de l’état. Au niveau de notre parti, il y a une grande volonté de faire intéresser la diaspora à toutes les initiatives. Je suis plusieurs fois allée dans beaucoup de communautés pour une sensibilisation à travers des rencontres. Malheureusement les immigrés Africains ne sortent jamais et cela constitue une préoccupation pour moi. Nous procédons à des sensibilisations des immigrés pour faire scolariser et suivre les études de leurs

enfants. Il faut donc insister sur la prise de conscience et de responsabilité pour l’éducation de nos enfants. Je dis toujours qu’il faut avant tout l’instruction, c’est seul par ce canal que les portes peuvent s’ouvrir pour un processus d’égalité et d’intégration.

Madame, pouvons-nous dire que vous êtes la « Obama en Italie » ? Non… je ne suis même pas à sa cheville, le président Obama, c’est une dimension. On peut, peut-être parler de ROSA PARKS (pour rappel Rosa louise Mc Cauley, épouse PARKS est l’héroïne de la lutte noire née en 1913 et morte le 25 octobre 2005. Le 1er décembre 1955 à Montgomery en Alabama. Elle engage une protestation contre la ségrégation dans les bus, et va entraîner la grande lutte non violente de la communauté noire contre l’injustice et la ségrégation raciale). Mais vous voyez, il fait la fierté de la diaspora Africaine. Aujourd’hui, il dirige la plus grande puissance du monde. Et justement parce qu’il y’a eu des premiers qui ont préparé ça. C’est la raison pour laquelle, je dis qu’il faut suivre l’éducation de nos enfants, d’eux sortiront des Obama.

Vous tenez beaucoup à la famille, quelle importance représente-t-elle pour vous ? Il y a la famille avant tout. Elle compte beaucoup pour moi. Vous savez, dans ma lutte, mon mari me soutient beaucoup. Parce que je suis toujours partie pour la cause de la diaspora et pour mes activités politiques. Je fais souvent plusieurs jours hors de mon foyer. Lui est Italien, mais il me comprend. Je fais des absences au cabinet sans travailler. Donc vous comprenez, je ne suis pas rémunérée pour les absences, mais il me soutient. Il faut beaucoup de sacrifice. Je le fais parce que je me sens de le faire, mais aussi pour mes enfants. Parce que je suis convaincue que le jour où je ne serai pas là mes

enfants auront un héritage. A travers ce que je fais, je prépare les bases de leur avenir, et aussi permettre aux générations futures de pouvoir travailler sur ce que j’ai laissé. Moi, mon héritage c’est ça, et non seulement du point de vue économique. Et je crois que dans notre vie chacun doit chercher dans ses capacités ce qu’il peut laisser en héritage et c’est ça que je tente de faire.

Honorable, quels sont vos projets pour l’Afrique ? Je vous remercie. Pour l’Afrique, je dis avant tout que chacun puisse avoir accès à l’instruction. Il faut mettre beaucoup l’accent sur l’éducation et la formation professionnelle. Puis à nos dirigeants Africains et autorités qu’il faut partir de Gorée. Il faut relire notre histoire pour une prise de conscience. Nous devons récupérer ce que nous avons perdu à Gorée. Parce qu’on a l’impression que l’histoire de l’Afrique s’est arrêtée là, à Gorée.

Quel est votre message de fin pour l’Afrique et surtout pour la femme Africaine ? Je souhaite la paix et une vraie démocratie dans nos pays Africains. Aux femmes Africaines en général et aux femmes de la diaspora Africaine en particulier de sortir de l’ombre. Chercher à mettre au premier plan de tous les projets l’instruction. Car seule l’instruction peut vous faire sortir de l’ignorance et connaître vos droits et devoirs ». La nomination de Cécile Kyenge comme ministre de l’intégration constitue un grand espoir pour les différentes associations de migrants même si la masse populaire Italienne voit dans cette nomination une opération de communication dans un pays déchiré par une crise économique sans précédente. Entretien RENE KOUAME (Italie) pour Diasporas-News 17 N°41 Mai 2013 Diasporas News


monde Nommée après seulement deux semaines, la nouvelle ministre Cécile kyenge victime de racisme à une conférence de presse le 03 mai, devant la presse, elle a déclaré « je suis noire et non de couleur, je le dis avec fierté. Il faut que dans ce pays les gens commencent à utiliser les paroles justes »

E

n effet depuis sa nomination au ministère de l’intégration la Ministre Cécile Kyenge fait l’objet d’attaque raciste et xénophobe dans un conteste de crise politique grave dans ce pays. Chaque jour, dans la presse, Italienne une nouvelle publication fait objet d’attaque venant des ex - alliés de Monsieur Berlusconi (ex-premier ministre) la ligue du nord (Lega Nord) dirigée actuellement par Maroni. Ils voient d’un mauvais œil que leurs ex-alliés fassent un gouvernement commun avec le parti démocrate (PD) du premier Ministre Enrico Letta, d’où est issue la nouvelle ministre Italo-Congolaise Cécile Kyenge. Au lendemain de l’annonce du nouveau gouvernement, la nomination de Cécile Kyenge a été accueillie avec grande joie des associations d’immigrés qui avaient pensé que le peuple serait aussi content de voir finalement naitre dans ce pays une lueur d’espoir de changement de mentalité. D’ailleurs si ces actes de racisme venaient seulement de la population la chose serait plus compréhensible. Pire quand il s’agit d’élus politiques comme le nommé Borghezio député au parlement Européen qui se montre comme porte flambeau de ces actes ignobles, les choses deviennent plus sérieuses. Malheureusement ce peuple ne veut pas changer de mentalité. Combien d’actes de racisme les immigrés mêmes les plus illustres n’ont pas connus dans ce pays. En 2008 il ya eu l’assassinat de 6 nigérians à Castel Volturno à Naples, en 2012 deux Sénégalais se faisaient abattre froidement alors qu’ils vaquaient à leurs occupations quotidiennes. Pendant sa conférence, elle a tenu à souligner que l’intégration n’est pas seulement une affaire d’immigrés mais surtout un problème lié aux citadins Italiens. Elle en a profité pour donner une orientation à sa mission gouvernementale et de faire une mise au point sur son programme en matière d’intégration « Nous ne pouvons pas en si peu de temps faire ce que les autres n’ont pas pu depuis des siècles » et elle a conclu son intervention en soulignant ceci « Je porte en moi deux pays la République démocratique du Congo et l’Italie, j’en suis fière et la loi me permet d’être où je suis ». René KOUAME 18 Diasporas News N°41 Mai 2013

Alors que le 24 avril dernier, le Parlement a débattu de l’attractivité de la France en matière d’immigration professionnelle et étudiante, de nombreux étudiants étrangers formés dans les universités et grandes écoles françaises n’arrivent toujours pas à obtenir de titres de séjours une fois diplômés et ce malgré l’abrogation de la circulaire Guéant. Peut- on parler de continuité ou de changement ? Nous avons encore à l’esprit la fameuse circulaire Guéant qui avait fait beaucoup de mal aux étudiants étrangers diplômés en les mettant dans des situations impossibles. En effet, nombreux de ces étudiants très qualifiés avaient été recrutés dans des entreprises françaises mais n’avaient pas pu obtenir un changement de statut d’étudiant à salarié. Les employeurs avaient dû renoncer à les embaucher et plusieurs étudiants s’étaient retrouvés en situation irrégulière, sous la menace d’une reconduite à la frontière. Il était donc impératif d’opérer un profond changement et c’était la promesse de campagne de François Hollande. C’est alors qu’une nouvelle circulaire relative à l’accès au marché du travail des diplômés étrangers a été signée le 31 mai 2012 par Manuel Valls, Michel Sapin et Geneviève Fioraso, la ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche. Cette nouvelle circulaire qui abroge donc la très contro-

versée circulaire Guéant et la circulaire complémentaire du 12 janvier 2012 assouplit légèrement les règles sur la condition de séjour des diplômés étrangers à l’issue de leurs études en France.

Quelles nouvelles règles cette circulaire établit-elle pour l’accès au marché du travail des diplômés étrangers ? Il est notamment demandé aux préfets de « réexaminer prioritairement les dossiers déposés depuis le 1er juin 2011 » et de « délivrer aux intéressés une autorisation provisoire de séjour de six mois, non renouvelable, avec autorisation de travail, ou, pour ceux qui ont une promesse d’embauche, un récépissé avec autorisation de travail durant l’instruction de leur dossier ». La durée de la procédure ne devra pas dépasser deux mois. Et pour les étudiants engagés dans une procédure de changement de statut de droit commun, le dépôt des demandes se fait dans les deux mois précédant

l’expiration du titre de séjour voire jusqu’au dernier jour précédant l’expiration de ce titre. Sur le fond, il est demandé aux préfets de tenir compte des accords bilatéraux plus favorables liant la France à certains pays étrangers. C’est l’un des points importants car de mon expérience sur le terrain, en accompagnant les étudiants à la préfecture, je me suis rendue compte que les agents ignoraient l’existence même de certains accords ou refusaient de les appliquer. En outre, l’étudiant n’est plus tenu de fournir l’attestation de réussite à ses examens dès le dépôt de la demande de l’APS. Enfin, le titre de séjour permettant l’exercice d’une première activité professionnelle peut être délivré dès lors que l’intéressé bénéficie d’un emploi ou d’une promesse d’embauche. Combien d’étudiants ou diplômés étrangers sont concernés par ces nouvelles règles ? La circulaire concerne les diplômés étrangers de niveau au moins équivalent au master. On dénombre


juridique dans les universités une proportion de 19 % d’étudiants étrangers au niveau master et 41 %, soit 25 000, au niveau du doctorat. Il faut dire qu’au terme du diplôme, tous les étudiants étrangers n’envisagent pas d’entamer leur carrière professionnelle en France. Une bonne partie d’entre eux que j’ai rencontrée retournent dans leurs pays d’origine ou poursuivent une carrière internationale,

Quel est votre commentaire à propos de cette nouvelle circulaire ? Je constate que la tonalité de la nouvelle circulaire change assez radicalement. La circulaire Guéant demandait aux préfets d’instruire «avec rigueur» les demandes d’autorisation de travail des étudiants, et d’exercer un «contrôle approfondi» des demandes de changement de statut des étudiants étrangers Le nouveau ministre de l’Intérieur Manuel Valls a demandé de faire preuve de « bienveillance ». Mais au fond les règles ne changent que très peu car, juridiquement, c’est dans l’ensemble la même chose et ça ne peut pas être différent car les textes légaux et réglementaires sur la situation des étudiants étrangers sont les mêmes. Il ne s’agit que d’une circulaire, pas d’une loi. Une « circulaire » n’a ni plus ni moins de valeur qu’une « note de service », c’est pourquoi on aurait préféré que les critères de changement de statut d’étudiant à salarié soient inscrits dans une loi. Les risques sont donc soit des interprétations différentes d’une préfecture à l’autre, soit que la circulaire ne soit pas appliquée car personne ne viendra « taper sur les doigts » du préfet qui ne la fera pas appliquer. Même si cette nouvelle circulaire comporte quelques avancées, il reste que le changement de statut coûte très cher aux étudiants ; il faut savoir que depuis le 1er janvier, l’étudiant devenu salarié s’acquitte d’une taxe de 349 euros et non plus de 85 euros. De plus le décret du 6 septembre 2011 relevant le niveau des conditions de

ressources imposées aux personnes qui souhaitent suivre des études en France demande que les étudiants internationaux justifient de «640 euros à 770 euros de ressources mensuelles, contre 460 euros auparavant ».

Depuis la nouvelle circulaire, les étrangers diplômés arrivent- ils à changer de statut étudiant à salarié ? Nous constatons qu’il y a toujours autant d’étudiants en fin de droits qui viennent nous consulter au sein de nos permanences parce que le changement de statut n’a pas abouti et ils se retrouvent donc sans titre de séjours alors qu’ils sont talentueux ! Même si la nouvelle circulaire supprime l’examen préalable de la situation de l’emploi, il demeure le critère d’adéquation du diplôme et de l’emploi envisagé. Or compte tenu de la crise actuelle de l’emploi, il est souvent difficile aux étudiants étrangers de trouver un emploi qui correspond exactement à leurs formations ou qualifications.

Le changement de statut pour des raisons familiales reste-il possible ? Oui bien sûr mais très souvent aussi les préfectures refusent ce changement de statut et les étudiants se retrouvent sans papiers malgré le bon niveau d’études et l’existence d’un Pacs ou d’un mariage ! C’est le cas d’une étudiante qui est venue nous voir au sein de l’association il y a déjà quelques mois ; Melle B..., Une ressortissante Camerounaise entrée régulièrement en France en 2005, sous couvert d’un visa D, pour y faire ses études. Son titre de séjour portant la mention « étudiant-élève » lui avait été renouvelé chaque année jusqu’en octobre 2011. Concernant ses études, elle a suivi une licence de sciences économiques et de gestion, mention sciences du management et sciences économiques à l’université du Mans,

qu’elle a ensuite complété avec une maîtrise en banque et Finance. Elle a clôturé ses études par un Master en Audit Financier et contrôle de gestion qu’elle a réussi brillamment. Pendant ses études elle a également rencontré monsieur R..., avec lequel elle a emménagé. Afin de concrétiser sa relation avec son compagnon, elle s’est pacsée avec ce dernier en 2010. Après avoir épuisé les six mois de travail que lui offrait son titre de séjour étudiant, Melle B, qui cherchait désespérément un emploi en adéquation avec ses diplômes, avait souhaité préserver sa vie de couple et a donc sollicité, en novembre 2011 le renouvellement de son titre de séjour en demandant le changement de statut d’étudiante à vie privée et familiale en raison du PACS. Mais sa demande a été rejetée par le Préfet de Police des Yvelines aux motifs d’une part que les pièces du dossier n’apportaient pas la preuve de l’existence d’une relation ancienne, stable et intense avec son concubin et d’autre part considérant qu’elle est sans enfant, que son père est titulaire d’un titre de séjour en France mais qu’elle a sa mère qui réside au CAMEROUN où elle a vécu jusqu’à l’âge de 20 ans ...elle ne remplissait aucune condition pour se voir octroyer un titre de séjour vie privée et familiale. Désemparée, sa lettre de refus assorti de l’OQTF à la main, elle est venue consulter l’association IJE; Tout en la rassurant des chances de gagner, je lui ai conseillé de faire un recours devant le tribunal administratif et l’ai accompagné tout au long de cette procédure. Heureusement que le juge a annulé le refus du préfet et l’OQTF qui l’accompagnait en faisant injonction au préfet de délivrer le titre de séjour vie privée familiale.

Que faire face à un refus de séjour assorti d’une obligation de quitter le territoire ? L’obligation de quitter le territoire vaut mesure d’éloignement contraignante et devient définitive, si l’inté-

ressé ne quitte pas volontairement le territoire français dans le délai d’un mois ; si elle est exécutée, la personne est reconduite à la frontière. En pratique, cela signifie qu’en cas de décision défavorable, l’étudiant concerné par le refus de séjour et l’OQTF a un mois pour les contester devant le juge administratif. Donc la voie de recours gracieux ou hiérarchique est alors stérile. Par conséquent, il faut saisir rapidement le juge administratif car le délai de saisine est bref, il est de un mois ! Pour la rédaction d’un recours devant le tribunal administratif , en raison du caractère technique de l’exercice car il faut présenter les arguments de fait et de droit pour motiver le recours, je recommande de s’adresser à l’association IJE spécialisée dans la défense des droits des étrangers pour se faire accompager par les juristes qui aideront la personne à rédiger le recours auprès du juge administratif. Et plus généralement, au quotidien, nous accueillons, informons et accompagnons dans nos permanences de consultations juridiques gratuites et individuelles les personnes pour le montage de leurs dossiers de première demande de titre de séjour et de changement de statut ce qui englobe non seulement les étudiants mais aussi toutes les personnes qui ont une carte de séjour d’un an et qui veulent avoir une carte de résident ou encore ceux qui ont une carte vie privée et familiale et qui souhaitent une carte salarié ou inversement ; et le plus souvent ce sont ceux qui sont titulaires d’une carte de séjour pour des raisons de santé et qui veulent sortir de ce statut de malade et avoir une carte salarié ou vie privée familiale . Cécile DIMOUAMOUA Présidente -fondatrice Association Intégration juridique et économique

Permanences sur rendez-vous Bureau Immeuble SOFRADOM : 12 avenue Maurice Thorez 94 200 Ivry sur Seine Métro : Pierre et Marie Curie porte d’Ivry Site www.ije-asso.fr 19 N°41 Mai 2013 Diasporas News

Cécile. D.


société

Notre thème de ce mois nous entraîne dans l’univers des femmes mères célibataires qui sont obligées de gérer un foyer malgré elles. Comment ces femmes vivent-elles leur quotidien ? Quelles sont les conséquences de cette vie sur l’éducation des enfants ?

L

e foyer est le lieu idéal de la cohésion familiale entre papa, maman et enfants. De ce foyer part l’éducation des enfants qui s’identifient à un père ou à une mère pour leur croissance. Malheureusement la société moderne avec ses nombreux avantages technologiques qui permettent le développement social et industriel a favorisé une accentuation du phénomène d’abandon d’enfants et de nombreux divorces dans la société humaine. Les êtres humains au fil des années manifestent un égoïsme en ce qui concerne la vie de couple, et la vie de famille. Les grands victimes de ces comportements sont les enfants et par ricochet les femmes qui sont obligées d’assumer des responsabilités qui devraient incomber aux hommes. Le nombre de femmes qui vivent dans cette situation s’accroît au fil des années comme nous l’avons souligné plus haut et aucun pays au monde n’échappe au phénomène. Un problème social de cette catégorie devient la responsabilité de tous. C’est justement pour cette raison qu’en Afrique traditionnelle il y a une solidarité au sein de la grande famille autour de la femme abandonnée pour la soutenir dans cette lourde charge. Les femmes ayant vécu ou vivant ce phénomène sont les mieux placées à appréhender tous les aspects et les difficultés liées à ce phénomène. Nous avons le témoignage de madame Anne-Marie Agnero, opératrice socio-sanitaire résidant à Busto dans la province de Varese en Lombardie (Italie), célibataire et mère de deux enfants qui a bien voulu s’exprimer en ces termes 20 Diasporas News N°41 Mai 2013

Anne-Marie AGNERO

« La vie d’une femme mère célibataire avec des enfants en charge est une tristesse dans nos sociétés africaines. Je mets l’accent sur le cas en Afrique parce que dans nos sociétés traditionnelles les femmes sont les personnes plus vulnérables, et lorsqu’elles se retrouvent dans cette situation c’est la catastrophe. Heureusement que le plus souvent il y a le papa et la maman et même les frères et sœurs qui peuvent lui venir en aide. En ville par contre nos gouvernements africains copient l’Europe mais ne réussissent pas à cerner dans la société Européenne les bons aspects de la gestion de la société, et de la vie des gens.Ils copient

négativement sur l’Europe parce qu’ il n’y a aucune structure qui puisse prendre en charge, ni soutenir les femmes qui se retrouvent dans ces situations. Même quand ces structures existent elles ne sont pas développées. En Europe le social est très développé et la gestion de ce type de problèmes est très suivie. Il y a une prise en charge et des aides sont allouées aux femmes célibataires avec enfants pour les soutenir. Le problème n’est pas seulement sur le plan économique, mais il y a l’éducation des enfants. Lorsque vous avez par exemple un jeune garçon,

Les grands victimes de ces comportements sont les enfants

au départ dès son jeune âge les choses iront mieux. Mais lorsque commence l’âge de l’adolescence les problèmes commencent. Parce que l’enfant, le petit garçon cherche à s’identifier à un papa qui n’est pas. Il va naître en ce moment un conflit permanent entre la mère et lui. Cette période est très sensible parce que si vous en tant que maman avez raté la prise de responsabilité, l’avenir de ce fils est gâché. Si l’on y prend garde il est même possible qu’il parte de la maison et vous ne pouvez plus le récupérer. Il y a un aspect de cette vie très délicate, faire un choix. Votre prise de choix est une sorte de sacrifice de votre vie pour pouvoir sauver celle de vos enfants. Si une maman n’arrive pas à faire ce choix, la canalisation de l’éducation de vos enfants sera très difficile. La maman est obligée de jouer les deux rôles à la fois. Ce n’est pas facile mais il n’y a pas d’autre choix. Il faut dire que l’absence d’un père est un grand handicap dans l’éducation d’un enfant et dans son développement. L’une des grandes difficultés aujourd’hui est le développement des mass médias dans lesquels l’enfant cherche aussi à s’identifier. Et comment faire pour l’orienter ? A ce niveau s’accentue le conflit entre la mère et l’enfant comme je vous le soulignais plus haut. J’avoue que l’éducation d’un enfant sans père est très délicat pour une femme mère chef de famille ». En effet la construction sociale des mères seules dans les discours politiques constitue une préoccupation sérieuse dans le monde surtout en Europe. Dans certains pays qui ont subi la guerre le phénomène s’est développé en si peu de temps.


société Parce que les hommes étant obligés d’aller à la guerre, les femmes sont contraintes à assumer cette responsabilité de chef de famille. Et le plus souvent le mari ne revient pas de guerre et la femme doit assumer les deux rôles. C’est le cas dans plusieurs pays Africains et Européens de l’est comme dans les Balkans. En Afrique certaines femmes se sont vues obligées de vivre cette situation parce que le mari a été tué pendant la guerre civile ou militaire. Même en Europe les deux guerres mondiales ont contribué à la croissance de ce phénomène. Il faut reconnaître que pratiquement dans tous les pays Européens

après la deuxième guerre mondiale il y a eu la mise en place d’une politique sociale pour apporter un soutien direct à la maternité, la promotion des droits de la travailleuse mère. La distribution des chèques familiaux et des détractions fiscales pour les membres des familles. Malgré toutes ces mesures les mères seules, constituent les personnes les plus fragiles de la société parce qu’elles se retrouvent les plus dégarnies de ressources conventionnelles et moins reconnues d’un système de développement. Aujourd’hui beaucoup d’organisations féminines luttent pour le

respect des droits de ces femmes mères seules et demandent aux dirigeants politiques le droit de faire porter leur nom à leurs progénitures. A l’analyse de cette problématique nous pensons que les dirigeants Africains doivent revoir leur politique sociale vis-à-vis de la population, surtout les populations les plus fragiles comme les femmes mères seules parce que l’exemple de la gestion sociale à l’Européenne est un modèle digne de bonne gouvernance.

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Karim Wade a été inculpé, le 17 avril 2013, et placé sous mandat de dépôt pour enrichissement illicite. Un épisode supplémentaire dans la chute programmée du fils de l’ancien président Abdoulaye Wade à qui on prête une fortune estimée à 694 milliards de FCFA.

E

n passant sa première nuit à la Maison d’arrêt et de correction de Rebeuss à Dakar, l’étiquette du ministre surpuissant est bien derrière Karim Wade. Les Sénégalais, avec leur légendaire sens de la formule souvent moqueuse, l’appelaient « Ministre du ciel, de la terre et tout ce qui se trouve entre les deux ». En effet, sous le magistère de son père président, Karim Wade avait de multiples prérogatives en étant ministre des Infrastructures, de la Coopération internationale et de l’Energie. Comme avec les premiers pas d’un enfant, les Sénégalais ont vu grandir celui qui était devenu l’une des personnalités la plus puissante du Sénégal. Du jeune

timide qui débarquait au Sénégal pour y passer ses vacances, avec sa sœur Sindiély, de l’absent de toutes les campagnes électorales de son père, les Sénégalais avaient un tendre souvenir façonné par la ressemblance certaine avec son père Abdoulaye Wade. Un pater fondateur du Parti démocratique sénégalais en 1974, date de la fin du parti unique sous Senghor, a, une fois au pouvoir, tout fait pour pousser son fils sur le devant de la scène politique. Ainsi après son ascension à la tête du Sénégal le 19 mars 2000, Karim Wade ne tarda pas à rentrer définitivement au Sénégal au

détriment d’une carrière de banquier à Londres. Au Sénégal, « tout le monde savait que Karim Wade, à la faveur d’activités multiples qui étaient quand même liées à la politique, quand il est arrivé aux responsabilités, n’avait pas de fortune particulière » fait savoir Jean-Christophe Rufin, ambassadeur de France au Sénégal d’août 2007 à juin 2010. Il devient étonnant qu’aujourd’hui le Procureur spécial de la Cour de Répression de l’Enrichissement Illicite estime à près d’un milliard d’euro la fortune de Wade fils. « C’est un [homme] jeune, qui avait tra-

Karim Wade a pu se rendre compte de son impopularité au Sénégal

Quand ? 7j/7j, toute l’année À quelle heure ? la veille de votre départ, de 19h à 21h Où ? aéroport roissy CDG terminal 1 - hall 5 Pour qui ? tous les passagers à destination de l’afrique Quel avantage ? 9 kilos de franchise bagage supplémentaire gratuite (soit une franchise bagage de 2 pièces, l’une de 23 kilos, l’autre de 32 kilos) brusselsairlines.com ou votre agence de voyages

21 N°41 Mai 2013 Diasporas News


société

Karim Wade

vaillé à Londres dans un cabinet financier. », a poursuivi M. Rufin. L’objet des suspicions réside principalement dans sa gestion de l’Anoci (Agence nationale pour l’organisation de la conférence islamique). C’est une structure qui était dirigée par Karim Wade lui même. Elle gérait plusieurs milliards de F Cfa en provenance de pays du Golfe, pour la tenue du 11ème sommet de l’Organisation de la conférence islamique (Oci), en mars 2008 à Dakar. Il y avait d’énormes sommes d’argent investies par les pays membres de l’organisation pour aménager la capitale sénégalaise afin d’accueillir les délégations participantes au sommet de l’Oci. « Il avait brassé beaucoup d’argent de façon un tout petit peu mystérieuse » se souvient Jean-Christophe Rufin au micro de RFI. Malgré toutes ces investissements, les travaux ont eu du retard et souvent mal faits. Les dakarois gardent en souvenir un nouvel échangeur issu des travaux qui s’inondait dès les premières gouttes de pluie. Pourtant cette première expérience mitigée ne découragea pas Karim Wade. 22 Diasporas News N°41 Mai 2013

Elle fut même un accélérateur de son entrée dans la gestion des affaires de l’Etat. Ses vues politiques s’éclaircissaient au fur et à mesure que la clameur populaire, orchestrée pour ne pas dire manipulée par des courtisans affairistes, semblait en faire un potentiel successeur de père, déjà canoniquement âgé. Après avoir mis en place un club de réflexion appelé Génération du concret au sein même du parti au pouvoir, Wade fils pensait en faire son cheval de bataille pour la mairie de Dakar. Mais là encore, il ne fut point de succès. Aux municipalités de 2009, Karim Wade est battu par Khalifa Sall, le candidat du PS sénégalais. Le même schéma se répéta. Plus c’est gros plus ça passe pour reprendre l’expression chiraquienne. De cette nouvelle déconvenue politique, le fils du président Wade fut récompensé en entrant de manière fracassante dans le gouvernement sénégalais avec un ministère à multiples portefeuilles : infrastructures, coopération internationale et de l’énergie. En somme tous les grands dossiers du gouvernement sénégalais passaient entre ses mains. Sans mine d’y toucher, ce nouveau ministère, spécialement taillé pour lui, empiétait sur celui de la diplomatie (coopération internationale) mais également sur celui chargé de régler la sensible et récurrente question des coupures d’électricité au Sénégal (énergie). Le plan Takkal (contre les délestages d’électricité) connut un éphémère succès. Mais Karim Wade continuait d’être au centre de la vie politique et surtout de celle des affaires. A tel point qu’une rumeur persistante et bruyante perçue au dessus de l’ambassade des Etats-Unis à Dakar en faisait « Mr 15% ». Calomnie ou vérité, toujours estil que la fin du mandat de son père fut le moment où Karim Wade a pu se rendre compte de son impopularité au Sénégal. Soupçonnant Abdoulaye Wade d’avoir des projets de dévolution monarchique en faveur de son fils Karim, les Sénégalais se sont levées contre le projet de ticket

présidentiel qui prévoyait qu’avec 25% des suffrages, un président et un vice président pouvait être élus à la tête du Sénégal. C’est le déclenchement des manifestations du 23 juin 2011. D’où le mouvement M23, acteur décisif de la chute de Wade père par la suite, tirait son nom. Ce mouvement a porté Macky Sall comme quatrième président du Sénégal. Ancien compagnon politique d’Abdoulaye Wade, il fut son ministre, son Premier ministre, Président de l’Assemblée nationale. Macky Sall a été déchu du perchoir sénégalais parce qu’ayant « osé » convoqué Karim Wade à venir s’expliquer devant l’Assemblée nationale après sa gestion des fonds de l’Anoci.

annoncé que Karim Wade disposait d’une fortune estimée à 694 milliards de F Cfa. Des accusations rejetées en bloc par Karim Wade et ses avocats. A l’issue de l’expiration du délai d’un mois de la mise en demeure qui lui avait été servie, Karim Wade a envoyé ses réponses écrites au procureur spécial par le biais de ses avocats. Les autorités judiciaires chargées du dossier dans la juridiction spéciale de lutte contre l’enrichissement illicite n’ont pas été convaincues par les éléments de réponses. Les enquêteurs à la suite d’une conférence de presse à Dakar annoncent avoir découvert une « véritable ingénierie financière frauduleuse et que des secteurs

Karim Wade au centre de la foule, le 15 Mars à Dakar – Afp

Aujourd’hui avec ce mis en dépôt dans une prison à Dakar, Macky Sall tient, même s’il ne conteste le terme, une forme de revanche sur le fils du président tout puissant qu’on ne pouvait toucher ni regarder de près. Le président Sall avait fait du recouvrement des biens publics mal acquis l’une de ses priorités juste après son arrivée au pouvoir en mars 2012. Ainsi depuis le 8 octobre de la même année, Karim Wade a fait l’objet d’une enquête sur l’enrichissement illicite. Les enquêteurs avaient

clés de l’économie (sénégalaise) sont détenus par des sociétés offshore basées au Panama, aux îles Vierges britanniques et au Luxembourg ». Pour ce chef d’accusation de délits d’enrichissement illicite ou de complicité de ce chef d’accusation, Karim Wade encoure une peine allant de 5 à 10 ans ferme et une amende égale au montant ou au double de la somme détournée. Moussa DIOP


société

A l’occasion du 19ème anniversaire de la commémoration du génocide des Tutsis au Rwanda, les différentes responsabilités étatiques ou personnelles continuent de questionner la justice. A l’image du couple Alain et Dafroza Gauthier, la traque des génocidaires se poursuit en France où certains d’entre eux avaient réussi à se fondre dans la société d’accueil.

O

fficiellement, le déclenchement du génocide entre Hutus et Tutsis démarre avec la mort du président Juvénal Habyarimana. Depuis quelques années cette version est de plus en plus démentie.

Qui savait ce qui se tramait ? Richard Mugenzi, ancien espion, dans un témoignage évoque et surtout apporte de nouveaux points à la thèse de l’implication de la France dans le Génocide. En gros, cet ancien militaire formé par les forces françaises de l’Opération Noroît (envoyée par Richard Mugenzi la France pour former l’armée du régime du président Habyarimana), aurait participé à la manipulation et à la désinformation visant à faire croire que l’attentat contre Juvénal Habyarimana, signal de déclenchement du génocide, avait été commis par le FPR. C’est un témoignage qui tend à apporter du crédit à la version qui veut que le génocide ait été minutieusement

préparé au cours des années précédant son exécution. Thèse crédible ou pas, d’autres témoignages font état de livraison de munitions aux tueurs, de la mise à l’abri de la justice des génocidaires. Sur ce plan, il y a un parallèle entre le Rwanda et la France. Dans les deux pays, 19 ans après, la traduction en justice de différents responsables du génocide tarde à se concrétiser.

Le long travail de la justice

Pascal Simbikangwa

En France, un cas donne espoir aux familles des victimes. Celui de Pascal Simbikangwa. C’est ancien militaire rwandais aujourd’hui quinquagénaire qui va être jugé pour « complicité de génocide » et « complicité de crimes contre l’humanité ». Pascal Simbikangwa sera ainsi le premier Rwandais poursuivi en France pour son rôle présumé dans le génocide de 1994. Après le Parquet, les juges d’instruction du Tribunal de grande instance de Paris (TGI) ont décidé de le renvoyer devant la cour d’assises. Le chemin fut pourtant

long et c’est un futur procès qui doit beaucoup à un concours de circonstances. A la suite d’une sombre affaire de faux papiers, Pascal Simbikangwa est arrêté à Mayotte en 2008, les autorités françaises en ont profité pour le transférer dans une prison en Hexagone, pour ensuite le mettre en examen. Ne faisant pas de ce cas, une généralité, de nombreux présumés génocidaires se cachent en France depuis le milieu des années 90. La journaliste Maria Malagardis est l’auteur d’un livre enquête intitulé « Sur la piste des tueurs rwandais ». Dans une interview dans le magazine français Elle, Maria Malagardis pense qu’il s’agit de « la plupart des notables de l’ancien régime du Président Habyarimana, des hauts fonctionnaires, d’ex-politiques ou militaires, qui gravitaient dans l’entourage familial de la famille de l’ex-président. On trouve aussi parmi les mis en cause des religieux, comme le Père Wenceslas Munyeshyaka qui vit à Gisors (Haute-Normandie, ndlr) ou des médecins comme Sosthène Munyemana qui est installé dans le sud ouest (Bordeaux, ndlr). Certains ont même obtenu la nationalité française, malgré un CV accablant ».

Dafroza Gauthier, pisteuse de tueurs Pour éviter que des responsables d’un des plus grands génocides du XXème siècle continuent de

Le couple Alain et Dafroza Gauthier

se fondre dans la société et ainsi d’échapper à la justice des hommes, Alain et Dafroza Gauthier se battent aux côtés d’autres épris de justice. Alain est Français, sa femme Dafroza est née au Rwanda, dans une famille tutsie. En y perdant une partie de sa famille, le génocide a changé la vie de Dafroza Gauthier et par ricochet celle de son époux. Comme avec Pascal Simbikangwa, dont ils avaient retrouvé la trace en 2006, le couple se met sur la piste des présumés criminels dès qu’ils prennent conscience de suspicions. A l’aide de témoignages de victimes et de recherches de papiers administratifs, ils constituent des dossiers solides en voyageant entre la France et le Rwanda. C’est un travail qui donne ses premiers résultats et est complémentaire de celui de la justice française. En effet, à la veille de la date symbolique du début du génocide, ce travail de concert est parvenu à l’arrestation de Tito Barahira, soupçonné de génocide au Rwanda. Il a été mis en examen, le 4 avril dernier, pour génocide. Moussa Diop 23 N°41 Mai 2013 Diasporas News


santé

Reconnue par le Ministère de la santé en France, la phytothérapie est une option de traitement pour de nombreux malades. Diasporas-News a rencontré Mme Delphine Giaimo-Pechim, phytothérapeute et fondatrice d’Ethnoceutic Institute, Alliance pour la Recherche et le Développement des Savoirs Médicinaux Traditionnels pour nos lecteurs. Diasporas-News : La différence entre la phytothérapie et la médecine traditionnelle ? Delphine Giaimo-Pechim : La phytothérapie signifie «simplement» utiliser des plantes pour soigner, comme l’indique l’étymologie du mot (du grec «phyto» = plantes et «therapein» = soigner»). L’usage des plantes médicinales et qui existe depuis toujours est basé sur des connaissances traditionnelles et dont de nombreux effets thérapeutiques sont aujourd’hui expliqués scientifiquement. La médecine traditionnelle selon la définition de l’OMS représente « la somme totale des connaissances, compétences et pratiques qui reposent sur les théories, croyances et expériences propres à une culture et qui sont utilisées pour maintenir les êtres humains en bonne santé ainsi que pour prévenir, diagnostiquer, traiter et guérir des maladies physiques et mentales. ». La phytothérapie est donc une composante d’un ensemble plus vaste que représente la médecine traditionnelle.

D-N : Comment se déroule vos consultations ? D.G-P : En tant que phytothérapeute nonmédecin je ne pose pas de diagnostic, qui est l’apanage du médecin seul en France. La personne qui me consulte est obligatoirement suivie par son médecin, avec lequel il existe une collaboration étroite. Nous recherchons l’intérêt du patient avant tout. Lors de la première consultation qui peut largement dépasser une heure, je fais ce que l’on appelle un travail d’anamnèse : nous retraçons le parcours médical et personnel du malade, nous faisons un point de ses habitudes de vie et un bilan des problématiques rencontrées qui sont souvent multiples, afin d’établir des priorités. En prenant en compte les résultats de ce bilan, les contre-indications formelles qui peuvent exister à l’usage de certaines plantes et des interactions potentielles avec les traitements médicamenteux en cours, nous pouvons fixer 24 Diasporas News N°41 Mai 2013

des objectifs à atteindre et les étapes pour ce faire. Je délivre des recommandations d’usage de produits de phytothérapie sous la forme d’un livret personnalisé, qui permettent de se procurer les plantes, teintures, ou préparation demandée avec des indications relatives adaptées à une situation précise. Parfois un suivi est nécessaire pour les situations complexes, parfois une seule consultation suffit. Il n’y a pas de règle.

des groupes de personnes. Des plantes d’une même famille peuvent déclencher une allergie lorsqu’il existe déjà une sensibilité à un fruit, légume ou même une molécule chimique, les interactions possibles sont nombreuses et il existe des limitations importantes avec certains médicaments qu’il convient de prendre en compte impérativement dans la stratégie thérapeutique.

D-N : Peut-on se procurer avec vous des plantes médicinales ? D.G-P : Je ne vends pas de plantes

D-N : Vos relations avec les tradi praticiens en Afrique ? D.G-P : J’ai fondé Ethnoceutic Institute pour

médicinales. Je dirige vers les pharmaciens pour les préparations spécifiques que je rédige ou pour les plantes réservées à la délivrance du pharmacien selon la réglementation en vigueur ou pour lesquelles des dilutions particulières sont nécessaires. Je peux aussi indiquer certains laboratoires pour les plantes en vente libre. Comme il n’existe plus en France d’herboristerie on me demande parfois où peut-on trouver les plantes dans la nature. Cette solution de la cueillette, n’est pas une bonne idée pour le grand public, car cela nécessite des connaissances en botanique pointues et la qualité ne peut être garantie.

D-N : Avez-vous les informations sur les effets secondaires et les contre -indications des plantes ? D.G-P : De nombreuses plantes peuvent avoir des effets secondaires, parfois graves ou mortels : car ce qui est naturel n’est pas sans danger! Les pires poisons sont bel et bien naturels! Il faut déjà respecter ce principe de base. Ensuite, il faut veiller aux contre-indications qui peuvent exister pour

favoriser justement les échanges avec les tradis ou les phytothérapeutes d’Afrique notamment. Nous avons une tradi au Togo, qui fait partie de l’association, un Phytothérapeute en côte d’Ivoire et un autre au Cameroun. Nous travaillons sur des plantes qui ont fait leur preuve en matière d’utilisation traditionnelle en nous organisant par maladie. Nous recherchons aussi des applications pour des plantes qui non pas encore été exploitées. Notre façon de travailler nous permet d’avoir une circulation de l’information à «double sens» : Les tradis peuvent nous enrichir grâces à des connaissances méconnues des scientifiques modernes et les recherches scientifiques que nous faisons ouvrent les possibilités aux tradis sur d’autres applications potentielles pour certaines plantes par exemple... c’est un échange de bon procédés en somme. De même que cela nous permet d’envisager un meilleur accès aux plantes pour les personnes qui ne vivent pas à proximité des plantes nécessaires pour accompagner leur maladie. Marcelle KPAN


santé

Mercredi 24 Avril 2013 s’est déroulée, dans les locaux de l’ambassade du Burkina Faso à Paris, la soirée en faveur du financement des programmes prioritaires de recherche du centre MURAZ. Diasporas-News a interviewé le Conseiller du Centre MURAZ en mobilisation de ressources, M. Christian WEETS.

non exclusifs sont le paludisme, le sida et la malnutrition.

D-N : Quel est l’état d’avancement des travaux de recherche du centre Muraz ? C.W : Il est délicat de s’enfermer dans un pourcentage. Il est variable selon l’axe (risquons 50%, parfois 70%).

D-N : Vos échanges avec les

J

ournaliste et écrivain ivoirien, Lébry Léon Francis était de passage à Paris pour la présentation et la dédicace de son dernier livre « LOUGAH, Coulisses d’un artiste ».Compte rendu. L’ambassade de Côte-D’ivoire située au 102 avenue Raymond Poincaré dans le 16ème arrondissement de Paris a servi de cadre pour cet événement. La cérémonie de présentation et de dédicace du livre de notre confrère Lébry a démarré vers 17h 45. Elle s’est déroulée en présence de SEM Charles GOMIS, Ambassadeur de Côte d’Ivoire en France, de Mme Denise HouphouëtBoigny, Déléguée permanente de la Côte d’ivoire à

autres pays africains ? C.W : Nombreux spécialement avec le

ET LA RECOLTE CONTINUE !

Sénégal mais le centre Muraz est le plus actif de la sous-région.

D-N : Vos besoins actuels ? C.W : Plusieurs millions euros.

D-N : Les objectifs de la soirée de financement ? C.W : Démontrer qu’un événement au Nord

D-N : Les défis du centre Muraz C.W : Rendre le Centre toujours plus visible,

comme celui là en financement original solidaire au bénéfice d’un centre du Sud. Mieux faire connaitre le Centre Muraz par l’événement, les documents préparés pour l’occasion, les médias (papier, tv, radio). Amorcer une récolte de dons pour le financement des programmes prioritaires de recherche du Centre Muraz.

l’UNESCO et de Louis- Philippe LOUGAH (un des fils de LOUGAH). Un public assez averti était aussi de la partie. Après l’introduction de la chargée de communication de l’ambassade Fatim CAMARA, suivi du discours de SEM Gomis, il s’agit selon l’Auteur Lébry Léon de « rappeler la vie de François LOUGAH et ses œuvres », « revisiter LOUGAH » et « le replacer dans l’histoire de la vie nationale, artistique et culturelle ivoirienne». C’est le premier livre biographique consacré à François LOUGAH, véritable monument de la musique ivoirienne moderne. « Pecoussa » « Marie » « Kouglizia ». L’artiste LOUGAH était immense par son talent, entier dans son désir de croquer la vie à pleines dents. La cérémonie s’est terminée vers 18h 35 par un cocktail auquel tout le monde a pris part. Cependant que retenons-nous de cet ouvrage sur LOUGAH? Tout y passe dans cette œuvre biographique. Sa vie artistique, sa vie sentimentale, ses frasques, ses succès mais aussi ses échecs et souffrances. 205 pages à

développer ses performances, poursuivre les missions du Centre : Recherche, Formation, Proposer une expertise de haut niveau. La récolte de dons continue. Vous pouvez me joindre par email christianjpweets@hotmail. com ou par téléphone +336 79 20 73 11. Marcelle KPAN

lire contenant des anecdotes, des détails, des éclairages sur certains aspects de celui qui était un véritable show maker, les affaires, les situations rocambolesques notamment avec l’affaire Tshala Muana avec des détails intéressants et croustillants qui ne manqueront pas de susciter un intérêt particulier pour les lecteurs. Ecrit dans un style simple et accessible à tous, ce livre sur François LOUGAH est facile à lire. Dans tous les cas, pour qui veut en savoir plus sur la vie trépidante et sulfureuse de François LOUGAH, le livre de Lébry Léon Francis est celui qu’il vous faut. LOUGAH, Coulisses d’un artiste LEBRY Léon Francis Edition NEI-CEDA/Présence Africaine (205p.) Félix Boni NIANGORAN 25 N°41 Mai 2013 Diasporas News

litterature

Diasporas-News: Quelles sont les axes de recherches du centre Muraz? Christian WEETS : Les axes principaux


people Culture HAPSATOU SY COMPARE LA CAUSE DES HOMOSEXUELS A CELLE DES NOIRS

L

a loi sur le mariage pour tous qui a suscité beaucoup de débats de part et d’autres a été adoptée au Parlement le mardi 23 avril. Chacun a voulu s’exprimer sur le sujet , et peser le pour et le contre sur ce projet de loi, c’est ce qu’a également fait l’équipe du Grand 8 le mardi 16 avril. Lors d’un débat avec la contestataire Frigide Barjot, et pour défendre la cause du mariage pour tous, voilà ce qu’a dit l’une des animatrices de l’émission : Hapsatou Sy « Je me positionne au point de vue humain et sur ma propre histoire, est-ce que j’ai le droit de m’asseoir sur la même chaise que vous ? Est-ce que j’ai le droit de voter comme vous ? Ce que vous dites, ce que vous faites, me rappelle l’époque de la ségrégation raciale. Cette époque où nous n’avions pas les mêmes droits. On ne choisit pas de naître blanc, de naître noir, de naître homosexuel. On s’est battu à l’époque pour avoir les mêmes droits. Les homosexuels n’ont pas choisi d’être homosexuels. Ils se battent pour avoir les mêmes droits. » A l’annonce de ces dires les blogs afro-caribéens ont tout de suite relayé l’information, et les internautes de la communauté noire se sont sentis offusqués par cette comparaison qui n’avait selon eux absolument rien à voir, et qui n’avait pas à être mentionné dans ce débat.

FALLY IPUPA SIGNE AVEC UNIVERSAL POUR 3 ALBUMS

L

e chanteur congolais qui fut membre du Quartier Latin chez Koffi Olomidé, vient de gravir un échelon. L’artiste qui a débuté sa carrière solo en 2006-2007, vient de signer avec le label « Universal Music » pour 3 albums internationaux, de quoi faire des envieux dans le milieu de la musique congolaise, même si ses fans se réjouissent d’une telle avancée, ils se posent aussi beaucoup de questions. Fally Ipupa continuera-t-il à faire de la musique congolaise, ou sera-t-il contraint d’évoluer vers un autre style musical, pour tout simplement respecter son contrat, et les exigences d’Universal ? Affaire à suivre.

BEYONCE ET JAY Z RENTREnt DANS LE CERCLE FERME DES MILLIARDAIRES

B

eyoncé et Jay Z forment un couple stable, ambitieux, glamour, puissant et riche. Tellement riches que selon le Business Times ils seraient depuis peu milliardaires. Une première pour un couple de musiciens, afroaméricains, qui n’a cessé de travailler, résultat : de nom26 Diasporas News N°41 Mai 2013

breux albums classés numéro 1 dans le monde entier, des apparitions payées à des millions de dollars, et de nombreux contrats publicitaires, surtout pour madame Knowles-Carter qui avec le contrat de Pepsi a empoché 50 millions de dollars, sans compter les millions de la marque de vêtements H&M, et sa récente tournée « Mrs Carter World Tour » qui lui rapporte la coquette somme de 116 millions de dollars. De quoi faire rêver !

MIKE SYLLA ENFIN RECOMPENSE POUR SON TRAVAIL

C

’est après plus de 20 ans de travail acharné, de détermination, et de persévérance, que le célèbre styliste designer Mike Sylla a été distingué, à Miami lors de la Fashion Week International. L’artiste pluridisciplinaire a en effet reçu le prix du « Designer Choice Awards 2013» : Meilleur styliste et designer de l’année. Il est le premier africain à être récompensé dans cette catégorie, ce qui prouve une fois de plus, que son travail est très apprécié, et surtout reconnu par les professionnels de la mode. Touché et très ému, l’artiste a dédié cette consécration au Sénégal son pays d’origine, et à L’Afrique toute entière. Sans faire de panafricanisme, mais en restant tout de même engagé, il a exhorté les gouvernements africains à venir en aide aux créateurs, artisans, et à la jeunesse, en leur donnant les moyens suffisants pour faire avancer leur projets, continuer de croire en leurs rêve, leur permettre de travailler avec assiduité à la construction et au développement du berceau de l’humanité. Encore bravo à Mike SYLLA.

MAXWELL CADEVALL : CREATEUR DU CINEMA AFRO-EUROPEEN

M

axwell Cadevall n’en est pas à son premier coup d’essai, le producteur, réalisateur, scénariste de 32ans à déjà plus de 10 films à son actif (courts et longs métrages) compris. Ce visionnaire du cinéma afro-européen, un cinéma fait par des descendants d’africains vivants en Europe, prend petit à petit sa place en Europe, cependant aux Etats Unis ce genre de films fait par des afro américains, pour des afro-américains, ont toujours rencontrés un franc succès. Si vous êtes un afficionado de ces story vous allez adorer le dernier film de Maxwell Cadevall « Jeu de Couple » qui relate l’histoire d’amour d’un couple qui doit faire face au retour d’une ex, qui n’a malheureusement pas dit son dernier mot. Feront-ils ménage à trois, ou quatre ? Réponse au mois de juin prochain lors de la sortie officielle du film en dvd. Par Stevyne N’ZABA


diplomatie Culture

L’Ambassadeur du Rwanda, SEM AGOSSOU et son épouse

Au moment de quitter le poste d’Ambassadeur du Bénin qu’il occupe depuis 2008, nous avons rencontré SEM Albert AGOSSOU lors du pot d’adieu organisé à son égard dans les Salons de la Maison des Arts et Métiers à Paris. Diasporas-News : Excellence, Quels sont vos sentiments en ce moment précis de la fin de votre mission ? S.E.M. Albert AGOSSOU : Ecoutez c’est un sentiment de

SEM AGOSSOU, son épouse et des invités

bonheur, cher ami. J’ai été ici en France. J’ai travaillé pendant tant d’années avec la population béninoise et même des non béninois. Tous ceux-là qui m’ont accompagné tous les jours .Je crois que je ne peux éprouver que du bonheur en ce moment précis. Je suis heureux non pas de partir parce que c’est toujours difficile de quitter des amis. Mais je suis content de rentrer à Cotonou parce que le Président YAYI BONI me demande de rentrer. Et je suis à sa disposition. Nous allons faire beaucoup de choses ensemble.

D-N : Est-ce un départ définitif de la fonction diplomatique ? La représentante de Brussels Airlines et l’Ambassadeur

S.E.M. A.A. : Il n’y a jamais de départ définitif dans une diplomatie de carrière. Je suis un diplomate de carrière. Je suis à la disposition entière du Président YAYI BONI. S’il me demande de faire autres choses, je le ferai. Mais pour le moment je quitte Paris. Sans doute je reviendrai non pas comme Ambassadeur mais pour autre chose. Je ne sais pas.

D-N : Votre dernier mot à la diaspora béninoise de France ! S.E.M. A.A. : Je demande à la diaspora béninoise de rester SEM AGOSSOU et des Invités

unie et de se soutenir. Les béninois de France doivent penser à leur pays. Le Bénin a besoin de sa diaspora. Le Bénin a besoin de leurs compétences pour son développement. Le Béni a besoin de leurs moyens financiers. Le Bénin met tout à leur disposition s’ils décident de rentrer pour qu’ils se sentent à l’aise chez eux comme ils le sont ici aujourd’hui dans leur seconde patrie la France. Je vous remercie. Propos recueillis par Félix Boni NIANGORAN

SEM Miguel DA COSTA d’Angola, Mme Sophie MAKAME du Minsitère des Affaires Etrangères, SEM Charles GOMIS de Côte D’Ivoire

27 N°41 Mai 2013 Diasporas News


litterature

Culture

Ambassadrice d’un nouveau monde né de la fusion de deux dimensions culturelles entre l’Afrique et l’Europe Awa Demalde Diop, prodige de la poésie Africaine en Italie a seulement quatorze ans. Née d’un père Sénégalais et d’une mère Italienne la jeune poètesse est à sa deuxième œuvre « le rêve d’un monde ».

L

auréate de plusieurs concours de poésie, recevant ainsi coupes, médailles et plusieurs autres distinctions dans un pays où l’intégration des immigrés reste toujours à l’ordre du jour. La petite lionne aux grandes dents a bien voulu répondre à nos préoccupations.

Diasporas-News : Quelle est votre histoire ? AWA DEMALDE DIOP : Je vous remercie. Je suis Awa Demalde Diop, j’ai quatorze ans. Je vis à Saint-Second dans la province de Parma en Italie avec mes parents et mon petit frère qui s’appelle MOR, très adorable. J’ai commencé à écrire depuis l’âge de huit(8) ans et je suis à mon deuxième roman. J’ai participé à plusieurs concours de poésie en Italie et remporté plusieurs trophées, médailles et des mentions d’honneur en littérature.

D-N : Dites-nous comment est né cet amour pour la poésie ? A.D.D : Moi je vis un monde fantastique d’où j’aime rêver, imaginer les choses. Un monde riche de toutes les plus belles pensées et sentiments avec lesquels je voudrais m’identifier. C’est de ce monde que je tire ma passion pour la poésie. La beauté de mes pensées et la musique pour laquelle je suis passionnée constituent la source de mes inspirations. J’adore la musique et j’aurais bien voulu chanter, malheureusement il m’a été plus facile de mettre sur noir et blanc mes idées que de prendre un micro. Pour la musique 28 Diasporas News N°41 Mai 2013

certainement j’y arriverai un jour puisque ça a toujours été mon rêve.

D-N : Quelle EST la satisfaction que tu tires après deux œuvres ? A.D.D : Ma plus grande satisfaction est la réception que mes amis et le grand public ont réservée à mes œuvres. J’ai été distinguée à plusieurs reprises lauréate dans plusieurs concours de poésie scolaires dans ma région et sur le plan national. Mes professeurs, tous mes amis sont fiers de moi. La chose qui me galvanise encore le plus est le soutien à tous les niveaux de mes parents et surtout de mon grand-père maternel(Italien) qui me suit dans toutes mes activités. Je remercie Dieu pour cette grande grâce.

D-N : Quelle idée avezvous de l’Afrique et quels sont vos projets pour le futur ? A.D.D : Comme projet, je continuerai à écrire, d’ailleurs je prépare mon prochain livre. Mon grand rêve devenir une chanteuse pour traduire et exprimer mes écrits en chants. L’Afrique c’est la diversité culturelle avec le peu que je vois autour de moi. J’ai toujours apprécié les manifestations culturelles Africaines ici en Italie dans leurs diversités. C’est un continent que je ne connais pas assez vu mon âge, mais qui me fait rêver. Je sais que mon père vient du Sénégal, le pays de naissance du grand écrivain et poète Léopold Sédar Senghor et plusieurs autres fameux écrivains. Tout cela me donne de la joie et une grande fierté d’appartenir à ce continent d’une immensité culturelle

assez particulière. Le Sénégal mon pays d’origine possède à Gorée (Île tristement célèbre) tous les attributs de l’esclavage qu’ont subi les peuples Africains. Moi, jeune enfant de cette Afrique suis vraiment sensible à toute cette histoire qui chaque jour m’inspire davantage. C’est vrai que je suis née en Europe avec une culture européenne mais mon cœur frémit pour ce beau continent que j’adore avec plein de gens fantastiques. La région Emilie Romagne dans le nord de l’Italie où je suis née

et vis est une région aussi riche en diversité culturelle et la fusion de ces deux cultures Africaine et Italienne est un atout assez considérable pour moi. L’Afrique est un continent magique, fantastique et d’amour. Si les dirigeants Africains s’unissent et s’occupent mieux de leurs peuples pour moi, l’Afrique serait le futur de l’humanité. Entretien réalisé par RENE KOUAME (Italie)


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horoscope BELIER :

BALANCE :

TAUREAU : Avec 4 planètes dans votre ciel, votre vie sera des plus occupées. Le Soleil vous apporte sa lumière, Mercure son dynamisme intellectuel, Vénus favorise vos amours et Mars une énergie peu commune. Autant dire que vous n’arrêterez pas une seule seconde, même si Saturne freine un peu les choses.

SCORPION : Soyons francs, ce ne sera pas un mois fantastique,

GEMEAUX :

SAGITTAIRE :

CANCER :

Le domaine professionnel sera très bien aspecté une bonne partie du mois, grâce à l’amas de planètes en Taureau (Soleil, Mercure, Vénus et Mars). Il faudra en profiter pour avancer dans vos projets, surtout durant la première quinzaine et dépasser vos peurs. Ils ont des chances d’aboutir, sauf pour le 3e décan pour lequel les choses sont un peu plus difficiles.

CAPRICORNE :

Avec 4 planètes en Taureau (Soleil, Mercure, Mars et Vénus), donc dans le secteur de vos finances, c’est avant tout l’argent et vos revenus qui domineront le ciel de ce mois de mai. Vous aurez enfin l’occasion de trouver certaines solutions efficaces pour remédier à votre instabilité financière, de manière durable.

Ce sera un mois quelque peu en demie teinte avec le Soleil, Mercure, Mars et Vénus qui seront dans votre ombre, depuis le Taureau. Autant dire que vous n’aurez pas envie d’en faire beaucoup et préférerez laisser flotter les rubans plutôt que d’agir. Votre bulle sera sacrée, votre passivité aussi, et gare à qui tentera d’y pénétrer.

C’est un très beau mois qui s’offre à vous, surtout la première quinzaine grâce à la présence de 4 planètes dans un signe complice du vôtre : Le Taureau. Elles mettront en exergue vos amis, les aides, les appuis et toutes personnes de bonne volonté qui se feront un plaisir de vous aider.

LION :

Avec tout ce qu’il se passe en Taureau en ce mois de mai, vous devrez tenir jusqu’au 10 pour vos amours, car Vénus passera en Gémeaux, et jusqu’au 15 pour votre travail puisque c’est Mercure qui gagnera ce même signe. Après cela, les choses s’allègeront et deviendront même beaucoup plus agréables.

VIERGE :

Le moins que l’on puisse dire, c’est que ce mois de mai est le vôtre, et plus particulièrement les 15 premiers jours. Le Soleil, Mercure, Vénus et Mars vous inondent de leurs bontés dans différents domaines. Ce sera le moment de tenter le tout pour le tout, mais aussi de laisser derrière vous votre prudence légendaire.

Avec 4 planètes en Taureau, les 10 premiers jours du mois risquent d’être assez lourds à vivre côté sentiments, et toute la première quinzaine pour ce qui est du travail. Vous vous sentirez bloqué par certaines situations liées à l’argent, et à l’impossibilité – très temporaire – de les débloquer. surtout pour le premier décan. Avec 4 planètes en opposition à votre Soleil et Saturne qui vous rend visite, cela risque de causer bien des remous. Il vous faudra prendre les décisions qui s’imposent obligatoirement... Soit concernant votre couple et/ou un contrat de travail à renouveler ou pas.

C’est un mois de mai dont vous vous souviendrez longtemps, car il a tout à vous apporter, quel que soit le domaine. En effet, les 4 planètes situées dans le signe ami du Taureau vous apportent de splendides perspectives, notamment pour vos amours et votre créativité. Les artistes seront bénis et leur inspiration à son comble.

VERSEAU : Avec le Soleil, Mercure, Vénus et Mars dans un signe

qui ne vous convient pas (le Taureau), et Saturne qui ralentit le 1er décan depuis le Scorpion, on peut facilement présumer que ce n’est pas ce mois de mai que vous marquerez d’une pierre blanche en 2013. Cette conjoncture risque d’amener des échanges difficiles, de la nervosité et l’impression de ne pas avancer.

POISSONS :

C’est un mois avec de très belles perspectives dans les domaines de la famille (plus particulièrement les frères et soeurs), les amis, votre quotidien et votre foyer. Vous vous sentirez apprécié des autres, en confiance et avec le désir de partager.

Préparation 20 min / Cuisson 1h15 / Difficulté ** / Pour 6 Personnes

INGREDIENTS 1 3 3 4 2 1 1 2

gigot d’agneau d’environ 1,5 kg tomates oignons carottes poivrons verts piment rouge manioc aubergines violettes

PREPARATION Découpez le gigot d’agneau en gros morceaux. Pour la farce, mixez les gousses d’ail épluchées, les cubes de bouillon, sel et le poivre en grains. Incisez les morceaux d’agneau en plusieurs endroits et insérez la farce. Réservez le reste de farce pour la sauce. Epluchez les carottes et coupez-les en deux. Etêtez les aubergines et coupez-les en deux. Epluchez le manioc et coupez-le en gros tronçons. 30 Diasporas News N°41 Mai 2013

2 cuillerées à soupe de poudre de crevettes 3 cuillerées à soupe de curry 25 cl d’huile d’arachide sel, poivre Pour la farce : 3 gousses d’ail 4 cubes de bouillon (épicesoignons) 1 poignée de poivre noir en grains

Découpez les poivrons puis épluchez les oignons. Mettez tous ces légumes, ainsi que les poivrons et le piment entier, dans une grande bassine d’eau. Faites chauffer l’huile dans une marmite et, lorsqu’elle est bien chaude, mettez les morceaux d’agneau à dorer pendant au moins 15 minutes. Pendant ce temps concassez les tomates et les oignons préalablement coupés en dés.

Lorsque la viande est bien dorée, ajoutez le mélange tomate-oignons dans la marmite avec le curry, la poudre de crevettes séchées et le reste de farce. Ajoutez environ 1 litre d’eau puis laissez cuire 30 minutes avant d’ajoutez les légumes. Mettez alors les légumes durs (manioc, carotte). Couvrez et laissez mijoter pendant 15 minutes puis ajoutez les aubergines, le poivron, le piment rouge, ajustez le sel et prolongez la cuisson encore 15 minutes. Servez chaud avec du riz blanc. Bon appétit Danielle EBENGOU


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