Diasporas News Edition Avril N°40

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Diasporas news

N°40 Avril 2013

La référence afro-caribéenne

Gloria Mika

Le parcours d’une icône

Afrique du Sud S.E. Mme Dolana Msimang : femme d’actions

tiken jah-fakoly

inlassable défenseur de l’Afrique

CECILE KYENGE

1ère Femme Noire Député en Italie

Centrafrique

François Bozizé chassé du pouvoir

Dossier

4

Politique 6

Ne pas jeter sur la voie publique

NELSON une vision MANDELA et un espoir Invité 16 économie 29 Société 20 Culture 23 Juridique 27 Santé 28


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Diasporas News N°40 Avril 2013 Diasporas-News Edité par DCS Group Agence de Communication en Relations Publiques et Services 39, Rue Félix FAURE 92700 COLOMBES – France Site : www.diasporas-news.com Tél : +339 50 78 43 66 Mob : +336 34 56 53 57 Fax : +339 55 78 43 66 contact@diasporas-news.com Contact Publicité +336 34 56 53 57 publicite@diasporas-news.com Président Directeur de Publication Thomas DE MESSE ZINSOU

redaction@diasporas-news.com Ont collaboré à ce numéro : CLÉMENT YAO Alex ZAKA Lamine THIAM René KOUAME Hermann DJEA Mireille NGOSSO Faustin Dali Moussa DIOP Lucien Hounkanli Paul OULAI Félix Boni NIANGORAN DIRECTRICE Promotion Marketing - Publicité Coura SENE Direction Artistique Cristèle KARMEN DANDJOA Développement Région Rhône-Alpes Dieudonné SOME WENS Développement Rhône Valentin G. SIKELY Développement de l’Hérault Benjamin AKA Développement Haute Garonne Jérôme M’BOUA Développement Alpes Maritimes Christian Boutilier Dépôt légal : à parution ISSN : 2105-3928 Impression : En France

La reproduction totale ou partielle des articles, photos ou dessins publiés dans ce magazine, sauf accord préalable, est interdite, conformément à la loi du 11 mars 1957 sur la propriété littéraire et artistique. Les documents reçus deviennent propriété du magazine.

édito Après un président noir aux Etats-Unis… un pape noir au Vatican ?

L

’élection de Barack Obama aux Etats-Unis en 2008 avant sa réélection en 2012, comme le premier président noir qui a du sang africain qui coule dans ses veines, avait nourri tous les espoirs dans les pays africains. Mais hélas ! Nombreux sont les intellectuels africains qui ont vu en l’avènement Obama une chance pour la démocratie dans nos pays et pour les générations à venir. Ils n’avaient peut-être pas eu torts. Lors de son tout premier déplacement en terre africaine, le 44e président des Etats-Unis d’Amérique avait invité les dirigeants africains à changer d’attitude et leur perception du monde. « L’Afrique n’a pas besoin d’hommes forts, elle a besoin d’institutions fortes » avait-il lancé cette phrase forte chargée de sens le 11 juillet 2009 à Accra, au Ghana. Un discours qui avait fait jaser plus d’un dirigeant. Même, les dictateurs en fonction avaient salué la sagesse de Barack Hussein Obama sans pour autant souhaiter que le président américain vienne fourrer son nez dans leurs affaires intérieures. Quatre années sont passées, le bilan est bien triste. Quel a été l’impact de ce discours sur le continent, ou du moins combien de dirigeants africains se sont-ils réellement appropriés de ce conseil d’Obama pour opérer le changement dans leur pays ? A bien compter, très peu d’entre eux peuvent se targuer aujourd’hui d’être des modèles de démocratie. Dans le même questionnement, l’avènement Obama a-t-il impacté la démocratie et le développement sur le continent ? Loin s’en faut, la désillusion est à son comble. Il est peut-être temps de tirer la sonnette d’alarme pour montrer le caractère réfractaire du continent à vouloir sortir des sentiers battus pour un meilleur enracinement de la démocratie. « Il ne s’agit pas seulement d’organiser des élections, martelait le premier président afroaméricain, il faut voir ce qui se passe entre les

scrutins. La répression revêt de nombreuses formes et trop de pays, même ceux qui tiennent des élections, sont en proie à des problèmes qui condamnent leur peuple à la pauvreté. Aucun pays ne peut créer de richesse si ses dirigeants exploitent l’économie pour s’enrichir personnellement.» Un constat qui résume bien tous les problèmes qui minent ce continent, resté à la traîne du monde, dernier, toute compétition confondue, à l’exception de sa démographie galopante. Si l’avènement Obama n’a rien apporté à l’Afrique que peut-on attendre alors de celui d’un Pape noir, fils du continent ? A coup sûr, rien du tout. Même si le nouveau souverain pontife François était un Africain de fibre multiséculaire, je ne pense pas que ce dernier aurait eu le secret de la prière qui aurait guéri l’Afrique de tous ses maux. Ce Pape noir aurait dit toutes les bonnes prières pour l’Afrique et aurait fait toutes les bénédictions inimaginables, mais si ses propres dirigeants continuent obstinément à s’opposer comme des diables à l’accomplissement de la démocratie et du développement, il ne faut pas s’attendre à des miracles venant du ciel. Pour tout dire, un président noir à la tête des EtatsUnis d’Amérique, un Pape africain au Vatican, un Africain à la tête de la Banque mondiale ou même au Fonds monétaire international (FMI), un Africain sur Mars, que sais-je encore, qu’est-ce que cela aurait changé au quotidien des populations ? « L’ennemi de l’Afrique, ce sont les Africains» chantait la star planétaire du reggae, Alpha Blondy. En d’autres termes, le destin de l’Afrique se trouve entre les mains des Africains et de ses dirigeants. Loin d’être alarmiste, l’espoir est encore permis avec l’arrivée de nouveaux dirigeants élus dans des conditions démocratiques relativement acceptables et qui ont une vision beaucoup plus moderne de la gestion de nos Etats. Clément Yao


dossier

RCA : le chant du cygne Ses homologues de la CEEAC lui ont offert un atterrissage en douceur et une porte de sortie honorable en janvier dernier à Libreville : cohabiter avec le Séléka et l’opposition jusqu’en 2016. Le président François Bozizé en a décidé autrement. Kangara a perdu la partie. Direction : l’exil… Comme Feu Ange Félix Patassé, il y a dix ans ! La chute du président François Bozizé alias Kangara Très pieux, François Yangouvonda Bozizé ne manque jamais l’office du dimanche. Et pourtant ce matinlà, le 24 mars dernier, la place qu’il occupe habituellement, à l’église du «nouveau Jérusalem» de Galabadja dans le 8ème arrondissement, fut désespérément vide. Et pour cause ? Très tôt, les rebelles du Séléka sont rentrés dans la capitale centrafricaine après avoir plongé la ville dans un black-out total dès la veille au soir. En l’espace de quelques heures, Bangui est tombée : le palais de la Renaissance a été déserté par son illustre locataire. Où est-il passé ? Sa famille a rejoint la RDC en traversant le fleuve Oubangui comme des milliers de banguissois chaque fois que leur ville risquait d’être à feu et à sang : les insurrections des années 1996, 1997 ou l’entrée des troupes du général François Bozizé en 2003 pour évincer Ange Félix Patassé ont été des épisodes traumatisants pour la population. Les dignitaires du régime et les binationaux - habitant le quartier résidentiel de Sassara – ont pris les devants depuis la première alerte de décembre. Ils doivent aujourd’hui commenter les derniers évènements du pays sur le bord de la Seine. Le chef d’Etat centrafricain est en fuite ; les autorités des pays voisins déclarent tous qu’ils n’ont reçu aucune demande d’asile de la part du chef de l’Etat centrafricain. Disparu des écrans radar, c’est l’agence de presse chinoise Xinhua qui, la première,

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François Yangouvonda Bozizé

retrouva sa trace en fin de journée : « Un hélicoptère de la présidence centrafricaine ayant à son bord François Bozizé, accompagné de ses deux fils et de son aide de camp, a atterri vers 18h00 locales (GMT+1) à l’aérodrome de Batouri, le cheflieu du département de la Kadey, dans l’Est du Cameroun ». La source ne pouvait être mise en doute ; il s’agit du service de sécurité de la République camerounaise. Batouri est la première grande ville camerounaise proche de la frontière centrafricaine. Elle est située sur la même latitude que Bangui mais plus à l’Ouest ; à environ 500 km c’est-àdire la distance théorique pour l’autonomie en carburant d’un appareil assez vétuste de fabrication russe MI 24. Preuve encore, s’il en faut d’un départ précipité de son palais présidentiel, selon toujours la source camerounaise : « il n’a pas pu ramener grand-chose au point où on a dû lui trouver le nécessaire de toilette avant de le transférer sous bonne escorte à Bertoua, le chef-lieu de la région ». Le président Paul

Biya a assuré le service minimum. Il n’a pas participé avec ses homologues à la médiation de la CEEAC pour « sauver le soldat Bozizé » (NDLR : DiasporasNews n° 38) en janvier dernier à Libreville. Aujourd’hui, en tant que doyen des chefs d’Etat de la sous-région, il veut bien accueillir temporairement le président déchu. Mais hors de question de s’incruster au Cameroun « où il est [juste] en attente de son départ vers un autre pays d’accueil ». Ainsi s’achève une décennie de règne sans reliefs, émaillé de plusieurs insurrections dont les plus dangereuses furent celles de 2006 et 2007, stoppées par les troupes tchadiennes et françaises. A cette époque-là, le président Jacques Chirac veillait. La France appliquait strictement les accords de défense entre les pays. Et ce d’autant plus que pour des raisons géostratégiques, il fallait diversifier ses sources d’approvisionnement d’uranium. Le Niger de Mamadou Tanja ne faisait montre, aux yeux de l’ex-puissance coloniale, d’une véritable coopération. Le groupe minier français Areva a donc signé un contrat d’exploitation du gisement de Bakouma avec la République Centrafricaine (RCA). Ce dernier a d’ailleurs renoncé à l’exploiter depuis septembre 2012 pour des raisons de sécurité ou de la baisse du cours mondial.

La violation de l’Accord de Libreville du 11 janvier 2013 Du côté du Séléka comme du côté du président Bozizé, chacune des parties a pris la liberté

d’interpréter à sa guise les dispositifs inclus dans l’Accord : un mariage de raison pour tenter de sauver la patrie. Et les pays voisins censés accompagner le processus étaient aux abonnés absents. Pourquoi le chef d’état-major de la FOMAC – force d’interposition - le général angolais Daniel Raimundo Savihemba a mis deux longs mois pour arriver à Bangui et rencontrer les autorités centrafricaines ? Le Séléka est un conglomérat de groupes rebelles avec des objectifs divergents. Des éléments incontrôlés ont continué à sévir dans la zone occupée alors que leurs leaders ont déjà fait leur entrée au sein du gouvernement d’union nationale par l’obtention de cinq maroquins. Le président François Bozizé est un personnage assez lunatique. Se serait-il persuadé qu’il a sauvé sa tête en rentrant de Libreville et en promettant de ne plus se présenter aux prochaines élections présidentielles de 2016 ? Et donc, il se croyait de nouveau maître du jeu : vouloir absolument obtenir les ministères régaliens sinon imposer ses hommes comme ministre délégué à chaque portefeuille détenu par l’opposition ou le Séléka. Ses rapports avec son premier ministre Nicolas Tiangaye étaient exécrables ; ce dernier a été humilié devant les représentants diplomatiques et les Corps constitués au moment de la signature de son décret de nomination. En coulisses, Kangara a réactivé discrètement ses réseaux d’Europe de l’Est et du Moyen-Orient pour acheter


dossier

Nicolas Tiangaye

des armes. Le général François Bozizé était droit dans ses bottes et n’avait pas du tout manifesté la moindre once de bonne volonté pour tenter d’appliquer les engagements signés il y a deux mois. Au contraire, il pensait encore pouvoir déloger les rebelles qui occupaient les zones d’exploitation minières et pétrolières de Bambari (Centre) ou de Boromata (Nord-est). Mi-mars, les cinq ministres issus du Séléka étaient en déplacement dans la localité de Sibut lorsqu’ils ont été pris en « otage » ; lesquels ont quitté la caserne militaire de Mpoko – en emportant leur valise - où ils étaient sous protection de la FOMAC depuis leur retour de Libreville. Pour cette tournée, ils étaient accompagnés du Général Léon Essongo - représentant du congolais Denis Sassou Nguesso. Lesdits otages ont été sommés par leur base de ne plus rentrer à Bangui tant que les principaux engagements signés à Libreville ne seront pas tenus par le président de la République. Un ultimatum de 72 heures à été lancé à l’adresse du chef de l’Etat afin de respecter les clauses suivantes : la libération des prisonniers politiques ; le départ des contingents sudafricains, la levée du couvre-feu et des barrages des milices proBozizé dans Bangui. Le 15 mars, en guise de réponse, le président François Bozizé Yangouvonda lança des invectives devant 20.000 personnes : « les combattants du Séléka sont des voleurs et des violeurs ».Et de déclarer en langue nationale le Sango : « s’ils veulent être présidents, cela doit être par

la voie des urnes et ils doivent d’abord me battre en 2016». Le 20 mars, date de la fin de l’ultimatum, sentant la menace planée, il lâcha du lest en signant deux décrets d’application : la libération des prisonniers politiques et la levée du couvrefeu. Jugeant que ce geste est insuffisant c’est-à-dire la signature deux points sur onze de l’Accord, le Séléka marcha sur Bouca et Batangafo ; puis le lendemain attaqua Bossangoa, la ville natale du chef de l’Etat.

La CEEAC a-t-elle lâché le président François Bozizé ? Sentant la réalité du danger

Centrale pour un paratonnerre sud-africain, jugé plus fiable. Damara, située à 75 km de Bangui, la fameuse ligne rouge décrétée infranchissable par la FOMAC en décembre dernier, fut le théâtre d’un contact violent mais bref avec les Forces Armées Centrafricaine (FACA). Mais curieusement les forces d’interposition sont restées l’arme au pied. Lorsque le Séléka fonçait sur Bangui en décembre dernier, le Gabon, le Congo et le Tchad ont contraint le président François Bozizé à négocier avec les groupes rebelles. Malgré les conseils et les amicales pressions de son homologue Denis Sassou Nguesso, celui-ci semblait suivre un autre raisonnement. A propos

Les chefs d’état membres de la CEEAC

dans la mesure où la progression des rebelles sur le terrain risquait de couper la route d’approvisionnement de produits de première nécessité en provenance du Cameroun, le chef de l’Etat fît un aller-retour à Pretoria où il rencontra Jacob Zuma. Etait-ce déjà un voyageéclair pour mettre en lieu sûr quelques cassettes personnelles ou une demande de point de chute en cas de destitution ? Officiellement, Le chef de l’Etat centrafricain est venu parler d’une prochaine adhésion de son pays au sein de la SADC, la communauté économique et de développement d’Afrique Australe ! Signe des temps : éploré, se sentant lâché de partout - des français, des américains - et surtout par ses pairs de la CEEAC, le généralissime Boz’ (son autre pseudonyme) était prêt à quitter la grande famille d’Afrique

du Président déchu, feu Omar Bongo avait dit en 2008 la phrase prémonitoire qui prend encore tout son sens de nos jours : « cet homme est un mystère, y compris pour luimême ». Le chef d’Etat tchadien a été longtemps son « parrain » jusqu’au mois d’octobre 2012 : les militaires tchadiens, composant la garde rapprochée de son homologue centrafricain, ont été remerciés. Seul le président sud-africain Jacob Zuma s’est fourvoyé en essayant de défendre un homme honni par son peuple, rejeté par une grande partie de son armée. 13 soldats sud-africains ont péri pour barrer l’entrée de Bangui au Séléka, créant un début de polémique et d’incompréhension au pays arcen-ciel. La lecture géopolitique de la crise centrafricaine du chef d’Etat sud-africain a sans doute été parasitée par la poussée des

lobbies de l’industrie minière qui convoitaient des contrats en RCA.

Le Séléka combien de divisions ?

Michel Djotodia

Le vice-Premier ministre en charge de la Défense, Michel Djotodia, chef officiel de la rébellion, s’est autoproclamé chef d’Etat dès que l’électricité fut quelque peu rétablie dans la Capitale. Il décide de maintenir le gouvernement d’union nationale dirigé par le même premier ministre Nicolas Tiangaye et composé de plusieurs membres de l’opposition politique ainsi que de ministres issus du Séléka. N’ayant pas encore investi le palais de la Renaissance, l’homme fort de Bangui consulte du haut de sa chambre d’hôtel. Le défilé des courtisans, des nouveaux ralliés et mêmes des anciens griots du Prince déchu ont déjà commencé alors que des tirs sporadiques pour éloigner les pilleurs résonnaient encore dans la Capitale. La Constitution a été suspendue tout comme l’Assemblée Nationale où le KNK (le travail rien que le travail) parti godillot dont l’ancien régime était majoritaire. Il promet l’organisation d’une élection libre dans trois ans. D’ici là, le nouveau chef de l’Etat gouvernera à coup d’ordonnances. Outre Michel Djotodia de l’union des Forces Démocratiques pour le Rassemblement (UFDR), quatre autres ministres sont issus du Séléka : Moussa Mohamed Dhaffane de la Convention Démocratique du Salut du Kodro (CDSK), Herbert Djono Ahaba, Amalas Amias Aroune et Chritophe Gazambeti. Le général 5 N°40 Avril 2013

Diasporas News


dossier

politique

Noureddine Adam de la Convention des Patriotes pour la Justice et la Paix (CPJP) - créée par le disparu Charles Massi partisan d’un coup de force et qui aurait participé activement à la chute du président François Bozizé commence à faire entendre une petite voix dissonante. Quelle puissance étrangère aurait avancé le financement initial du Séléka ? Car une fois que les

groupes rebelles ont conquis 80% du territoire, ils se sont autofinancés par la mise à sac des industries ou des gisements d’or et de diamants. Comment peut-on croire que ces personnes vont aujourd’hui se draper d’une vertu dès lors qu’ils ont accédé au pouvoir ? Les Gbayas-boys – du nom de l’ethnie – du président François Bozizé, instaurant un népotisme, ont mis le pays en

coupe-réglée. L’omnipotent neveu Sylvain Ndoutingaï surnommé le vice-président. Ministre des Mines ensuite des Finances avant de tomber en disgrâce l’année dernière devra répondre de ses actes devant le peuple centrafricain. Le Séléka pourra-til éviter l’écueil du clientélisme, de la corruption ; les deux fléaux qui ont rendu le peuple centrafricain sceptique et ne veut plus accorder

sa confiance à toute la classe politique. L’origine ethnique des membres du Séléka sera également un paramètre sur lequel l’avenir de cette coalition ne manquera de peser. Ils sont pour la plupart originaires du Nord de la RCA et donc essentiellement composé de Roungas, Goulas ou Sara-Kaba. Alex ZAKA

RDC : un (trop) long chemin vers la Paix ?

Pendant que le gouvernement négociait laborieusement à Kampala avec le M23, un des groupes de milices maï-maï attaquait Lubumbashi au Katanga. Comment œuvrer pour la Paix après deux décennies de crimes, de viols faisant plus de cinq millions de victimes ? Bosco Ntaganda et le M23 n’est qu’une partie infime de la complexité du puzzle congolais avec des interférences étrangères. Les négociations de Kampala Novembre 2012, au bout de six mois d’offensive dans le Nord Kivu, le mouvement rebelle M23 [Mouvement du 23 mars 2009] encercla la ville de Goma. L’aéroport de la localité a été également contrôlé par ses éléments, obligeant les casques bleus et les Forces Armées de la République Démocratique du Congo (FARDC) à se retirer vers le Sud.

Joseph Kabila

6 Diasporas News N°40 Avril 2013

En position de force, le M23 réclama l’ouverture de négociation avec le gouvernement congolais. Sous couvert d’un sommet des chefs d’Etat de la Conférence Internationale sur la Région des Grands Lacs (CIRGL) à Kampala, le déplacement du président congolais Joseph Kabila ressemblait à une convocation. Une humiliation de plus pour le chef d’Etat congolais : devoir s’asseoir autour de ceux qui jouent le rôle de bons offices alors que ce sont ses mêmes homologues ougandais et rwandais qui soutiennent par derrière les rebelles. Le cadre défini par la CIRGL ne semblait pas très ambitieux pour une recherche d’une solution de paix durable entre les factions rebelles et le gouvernement : l’évaluation des accords du 23 mars 2009. En d’autres termes, il s’agissait de rediscuter de la façon d’intégrer les milices au sein de l’armée régulière. Cette solution, plusieurs fois éprouvée pour apaiser les antagonismes,

a toujours porté les germes des conflits futurs. Quand les officiers rebelles bénéficient d’un avancement fulgurant pour atteindre le grade de colonel ou de général tout en gardant leurs prébendes de trafics en toute impunité. Les milices rwandophones, devenus hommes de rang au sein de la FARDC, sont toujours considérés comme des citoyens de seconde zone. Les problèmes ethniques n’ont jamais pu être surmontés pour bâtir une nation congolaise. Ce périmètre de négociation confortait la position gouvernementale mais ne satisfaisait pas la délégation du M23. Elle a d’abord dénoncé le déroulement catastrophique des élections présidentielles de 2011 : les fraudes massives, les disfonctionnements au niveau de la CENI et de la Cour Suprême de Justice. Puis, au fur et à mesure de l’avancée des négociations, le M23 a fait de la surenchère en fustigeant un Etat totalement

gangréné par la corruption jusqu’à remettre en cause la légitimité du président Joseph Kabila. Après la trêve des confiseurs, la délégation gouvernementale a accepté d’ouvrir le champ des négociations. Outre l’accord du 23 mars 2009, les questions sécuritaires, politiques et socioéconomiques seront posées sur la table. Mi-janvier 2013, après six semaines de tour de table, les revendications semblent disproportionnées ; ce qui manifestait une volonté de rompre les négociations. Le M23 réclama ni plus ni moins l’instauration d’un gouvernement d’union national, et la mise en place d’un Conseil national de transition.

L’immixtion de l’agenda international Les rapports d’experts n’ont jamais cessé d’affluer, depuis plus d’une décennie, pour relater les exactions et les violences dans l’Est


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politique Les prérogatives de la brigade d’intervention rentrent dans le cadre du Chapitre VII de la Charte des Nations-Unies c’est-à-dire « menace contre la paix, rupture de la paix et acte d’agression ». Il s’agit d’un mandat qui autorise cette brigade d’intervention à combattre et éradiquer toute velléité de rébellion en-cours ou à venir. La MONUSCO a-t-elle donc failli à sa mission : protection des civils et consolidation de la paix ? Le Secrétaire Général de l’ONU Ban Ki Moon

de la RDC. Mais à la différence des précédents, cette fois-ci ils dénoncent plus ouvertement et accusent l’Ouganda et le Rwanda de soutenir le M23. Le Secrétaire Général de l’ONU Ban Ki Moon annonça l’idée d’un renforcement de la mission de la MONUSCO pour en finir une bonne fois pour toute avec l’instabilité permanente dans la région des Grands Lacs. Il a dû s’y prendre à deux reprises. Venu à Addis-Abeba, lors du sommet ordinaire des chefs d’Etat de l’UA fin janvier, pour proposer son plan de paix, il était rentré bredouille pour des questions de susceptibilité. L’Afrique du Sud et d’autres pays d’Afrique Australe ont refusé de parapher le texte prétextant qu’ils ont été mis devant le fait accompli. Ce n’est que le 24 février que l’Accordcadre de paix en RDC fût signé toujours à Addis-Abeba avec 11 pays membres de la CIRGL. Il engage les pays limitrophes à ne plus soutenir la rébellion en RDC. Muni d’un rapport spécial Ban Ki Moon a invité le 5 mars dernier le Conseil de Sécurité à « autoriser le déploiement d’une brigade d’intervention en RDC et de lui fournir un soutien politique nécessaire… ». Pour le serviceaprès-vente et le suivi de cet Accord, le Secrétaire Général de l’ONU a nommé, il y a quelques jours, Mary Robinson - présidente de l’Irlande de 1990 à 1997 – comme son Envoyé spécial dans la région des Grands Lacs. Ledit rapport indique la nécessité de renforcement de la MONUSCO - avec son effectif pléthorique de 17.000 hommes - par un apport supplémentaire de 2.500 soldats. 8 Diasporas News N°40 Avril 2013

Susan Rice

Les membres du Conseil de Sécurité sont sceptiques quant à un vote en urgence d’une résolution autorisant ce déploiement de contingent supplémentaire. Les américains n’ont jamais caché leur doute sur la capacité de la MONUSCO à ramener la paix en RDC. Et ce d’autant plus que leurs principaux alliés dans la région ne sont autres que l’Ouganda et le Rwanda, parrains patentés des mouvements rebelles. Susan Rice, l’ambassadrice américaine aux Nations-Unies, favorite à la succession d’Hillary Clinton au département d’Etat aurait perdu la partie au détriment de John Kerry pour son soutien trop prononcé en faveur de Kigali. En novembre dernier, elle a tenu sous le coude le rapport accablant des experts onusiens relatif à l’aide rwandaise au M23 ; ce qui retarda sa publication. Mais encore, lorsque le représentant de la France Gérard Araud suggéra à ses homologues anglais et américain de qualifier de « honteux » ce soutien rwandais au groupe rebelle miss Susan Rice répondît : « N’y comptez pas ! C’est la RDC. Si ce n’avait pas été

le M23, cela aurait été un autre mouvement insurrectionnel ». D’autant plus que le Rwanda assure depuis le 1er avril, la présidence du Conseil de Sécurité à New-York. Comment aurait-il pu défendre une position aussi inconfortable de soutien à la rébellion sur le terrain tout en subissant les pressions de la communauté internationale ?

Sultani Makenga

Cette nouvelle donne internationale a-t-elle eu pour conséquence la dislocation du mouvement M23 ? Pendant ce temps-là, les négociations s’étiraient en longueur à Kampala. Le médiateur ougandais commençait à montrer son exaspération. Tandis que le gouvernement congolais souhaitait en finir au plus vite : d’une part pour éviter une facture explosive de sa prise en charge des frais financiers de ce round de négociation ; d’autre part pour pouvoir tourner la page de cet épisode humiliant. Kinshasa, est-elle vraiment sincère quant à sa volonté de rapprochement avec le M23 ? Tôt ou tard, le gouvernement essayera d’anéantir le mouvement rebelle. Le dilemme du M23 est le suivant : signer un accord avec le gouvernement congolais ou reprendre le maquis. Rentrer dans le rang lui confèrera une légitimité politique et une intégration des milices au sein de la FARDC. Accepter la seconde option classerait le mouvement rebelle parmi les « forces négatives » qui s’exposera à la foudre de la brigade d’intervention. Pour ses professionnels de la guérilla, l’instabilité d’un territoire permet de contrôler et d’exploiter clandestinement les richesses des zones de guerre. Même si cela se paye au prix du sang versé. Le plus surprenant dans cette scission, c’est l’inversion des rôles des leaders. Jean-Marie Runiga, coordonnateur politique et idéologue du M23 refuse tout accord avec le gouvernement

Jean-Marie Runiga

congolais ; alors que le faucon Sultani Makenga, chef militaire de la rébellion accepte de rentrer dans les rangs et de continuer à négocier à Kampala. Le pasteur Runiga mise en minorité fut accusé de haute trahison par l’organe de décisions du M23. Il a été destitué de son poste pour détournement des ressources financières en vue de recruter des cadres politiques et militaires pour le compte de Bosco Ntaganda. La mise sous surveillance de JeanMarie Runiga a exacerbé les tensions entre les deux factions rivales. L’affrontement fratricide a fait d’abord une quinzaine de victimes avant une bataille rangée plus violente au cours de laquelle on a déploré au moins 150 morts. Elle a aussi provoqué le repli des quelques 400 partisans de Jean-Marie Runiga au-delà de la frontière rwandaise. Le général Bosco Ntaganda fut la cheville ouvrière de la création du M23. Intégré au sein du FARDC à la faveur des accords de paix de 2003, il a pressenti que le président Joseph Kabila allait le lâcher dès 2012. La pression que les américains exerçaient sur le gouvernement congolais afin de le livrer à la CPI l’a poussé à reprendre le maquis. Préférant rester dans l’ombre, il confia les rênes de la branche armée du mouvement M23 à Sultani Makenga. Jamais trop prudent il l’adjoignît son homme


politique de confiance Beaudouin Ngaruye. Jean-Marie Runiga complétait le dispositif en assurant le rôle plus politique.

Les proconsuls rwandais en RDC L’histoire est un éternel recommencement ; cet aphorisme prend tout son sens dans cette province orientale de la RDC. Pour entretenir les foyers d’instabilité propice aux pillages des minerais, le Rwanda se choisit ses chefs de guerre parmi les tutsis congolais qui ont servi dans du Front Patriotique Rwandais (FPR). A l’époque du Congrès National pour la Défense du Peuple (CNDP) dirigé par le général Laurent Nkunda, Sultani Makenga fut son chef d’étatmajor ; donc un fidèle parmi ses fidèles. Lorsque que Nkunda est devenu incontrôlable en 2009, le président Paul Kagamé l’a arrêté avec la complicité de Kinshasa. A-t-il été au moins jugé depuis sa mise au secret ? Opportuniste, Bosco Ntaganda prît la tête du CNDP avec l’onction de Kigali. Avec deux mandats d’arrêt de la CPI qui lui pendaient sur la casquette, il était aux abois et s’en va se réfugier en avril 2012 dans le parc de Virunga limitrophe du Rwanda et de l’Ouganda. Comme il a été contraint de déléguer le commandement opérationnel du M23 à Sultani Makenga, Kigali a estimé qu’il a fait son temps. En 2004 déjà, le colonel Jules Mutebusi et ses 300 hommes, chassés par les forces gouvernementales congolaises dans le Sud Kivu, se présentaient aux frontières rwando-congolaises. L’état rwandais les a d’abord désarmés avant de les exhiber devant la presse à proximité d’un camp militaire, dans la localité de Ntendezi proche de Cyangugu. Lorsque Bukavu fut reprise par la FARDC, le général Nkunda - le nouveau calife - et ses hommes sont remontés vers le Nord (à Minova) pour continuer la guérilla. L’arrivée et le désarmement de quelques 700 hommes déchus du M23 « canal Runiga » il y a quelques jours dans le camp de

transit de Nkamira ressemblent à s’y méprendre au scénario d’exfiltration du colonel Jules Mutebusi : désarmement des milices rebelles devant toute une presse dépêchée de Kigali. Que risquent-ils ? Les lois rwandaises stipulent que « tout ressortissant rwandais de souche qui se trouve sur son territoire ne peut être extradé ». Mais l’exception confirme la règle. Bosco Ntaganda s’est présenté avec ses coreligionnaires à la frontière avant d’être refoulé. Il se serait alors replié vers le volcan Karisimbi avant de rentrer clandestinement au Rwanda par un passage peu contrôlé. Comment-a-t-il fait pour arriver devant la porte de l’ambassade américaine de Kigali ? Les autorités rwandaises ont été un peu embarrassées par cette présence.

Et lorsque le fugitif a demandé son transfèrement à la Haye, la ministre des Affaires Etrangères rwandaise Louise Mushikiwabo a déclaré que « cette affaire est entre les mains des Etats-Unis qui détiennent le suspect, la RDC – pays de nationalité du suspect - et de la CPI ». Le Rwanda est contraint par ses engagements internationaux : l’Accord-cadre d’Addis-Abeba et son rôle au sein du Conseil de Sécurité à New-York. Un soutien trop marqué de groupes rebelles chez le voisin congolais est désormais exclu. Pour autant d’autres facteurs d’instabilité ne seront pas prêts d’être résolus : la restauration de l’autorité de l’Etat, les conflits inter-ethniques entretenus par d’autres milices et surtout la richesse de sous-sol,

Bosco Ntaganda

objet de convoitise de l’industrie minière mondiale. Alex ZAKA

Trombinoscope de Bosco Ntanganda 1990 : tutsi d’origine congolaise, à 17 ans il est déjà compagnon de la libération du Front Patriotique

Rwandais (FPR) de Paul Kagamé qui marcha sur Kigali. Il a acquis ses galons sur le terrain au gré des soubresauts de l’Est de la RDC ; peu importe le pays qu’il servait : tantôt rwandais, tantôt congolais.

2002 : guerre tribale en Ituri entre Lendu (majoritaire) et Héma (minoritaire). Bosco Ntanganda devient le chef militaire de l’Union des Patriotes Congolais (UPC), branche armée des Hémas, dirigée par Thomas Lubanga. Ces faits d’armes : exécution de 800 civils dans la ville de Mongbwalu, plusieurs autres massacres et enrôlement d’enfant-soldat, viols. Arrêté puis relâché en échange du ministre Ntumba Luaba pris en otage par la milice iturienne dirigée par Kahwa Mandro. 2003 : mandats d’arrêt CPI pour crime de guerre et crime contre l’humanité pour Thomas Lubanga et Bosco Ntaganda.

2005 : arrestation de Thomas Lubanga. 2006 : transfert à la Haye de Thomas Lubanga ; il sera le 1er pensionnaire de la CPI et celui qui a

ouvert le premier procès en 2009. Bosco Ntaganda rejoint le CNDP de Laurent Nkunda.

2009 : renverse Laurent Nkunda et devient commandant en chef du CNDP.

Intégration au sein de la FARDC avec le galon de général à l’âge de 36 ans Affectation à Goma avec une troupe de 50.000 hommes. Sources de revenus : rackets, impôts sur les mines de la région réinvestis dans des usines de minoterie, hôtels, fermes.

2012 : Verdict de Thomas Lubanga : 14 ans de prison. Deuxième mandat d’arrêt international de la CPI pour Bosco Ntaganda confondu par des témoignages lors du procès de Thomas Lubanga. PS : Bosco Ntaganda a décidé de se rendre à la CPI pour espérer rester en vie et avoir une tribune politique pour s’exprimer lors de son procès. Rester dans le maquis du Nord Kivu eût été suicidaire face à ses détracteurs (M23 et FARDC). Pourquoi Kigali ne l’a-t-il pas retenu ? Alex ZAKA

9 N°40 Avril 2013

Diasporas News


politique

TOGO : LA BARBARIE à SON COMBLE

A l’appel de huit organisations de la presse, les journalistes devraient faire un sit-in en face de la Présidence de la République togolaise à Lomé pour protester contre la nouvelle loi liberticide et inconstitutionnelle de la Haute Autorité de l’Audiovisuel et de la Communication (HAAC) votée le 19 février dernier par les députés RPT/UNI -UFC.

C

Younglove Egbeboua Amavi

la RTDS, Yolande Lovi, tombée en syncope sous l’effet du gaz lacrymogène, a été bousculée par les agents. C’est à croire qu’ils avaient reçu des consignes fermes d’en finir avec les journalistes. La Synchronie y voit justement une « intention manifeste de porter atteinte à l’intégrité physique des journalistes ». Et on ne peut pas moins s’en convaincre lorsqu’on sait que la marine a été aussi engagée dans la répression. En effet, cela va sans doute ahurir certains, deux vedettes de la marine togolaise ont été déployées et lançaient depuis la mer des grenades lacrymogènes sur les journalistes qui fuyaient les tirs des gendarmes et policiers positionnés sur le Boulevard du Mono vers l’océan. Les journalistes étaient donc pris entre deux feux. La Synergie parle d’« opération terre-mer ». « Incroyable », « extrêmement grave », s’est écrié le président de SOS Journaliste en danger, Ferdinand 10 Diasporas News N°40 Avril 2013

omme il fallait s’y attendre, très tôt le matin, une horde de policiers et de gendarmes a été détachée pour empêcher le sit-in, brandissant un courrier du Président de la délégation spéciale de la Commune de Lomé, le Contre-amiral Fogan Adegnon, interdisant la tenue de la manifestation en face du Palais de la présidence de la République. Les discussions n’aboutissant pas, les journalistes décidèrent alors de se replier vers la plage. Mais à peine ont-ils commencé à s’asseoir que les agents de répression

ont ouvert les hostilités. Les grenades lacrymogènes et les balles en caoutchouc étaient tirées sans ménagement dans le tas, les manifestants poursuivis dans le sable à la plage par les agents qui escaladaient les cordes des pêcheurs en train de tirer leurs filets. On déplore trois (03) blessés, dont un cas grave, celui du confrère Younglove Egbeboua Amavi, ancien journaliste à la TVT et Secrétaire général du Saintjop, sérieusement atteint à la mâchoire. Conduit au CHU Sylvanus Olympio, les médecins traitants ont diagnostiqué une « fracture de la mandibule

et de graves lésions dans la bouche ». Son état nécessitait une opération chirurgicale, mais elle n’a pu se faire, faute de scanner !

reçu 100 000 FCFA pour paraitre exceptionnellement ce mardi. Un simple sit-in de journalistes réprimé avec autant de violence et de moyens ? Il faut avouer que c’est un palier qui a été franchi dans la répression des manifestations publiques au Togo. Voilà qui apporte de l’eau au moulin du Parti socialiste français

qui parlait dans un communiqué du 13 février dernier, de « démocratie bafouée » au Togo. Une sortie qui avait causé des démangeaisons intellectuelles au sein du sérail. Malgré la violence de ce jeudi, la détermination des journalistes à continuer la lutte pour la relecture du texte ou le retrait pur et simple de la

Même dans la débandade, « certains éléments formellement identifiés ont tiré à bout portant sur les journalistes », dans une déclaration rendue publique au cours d’une conférence de presse à la Maison de la Presse, la Synergie des organisations de presse qui exige des « sanctions disciplinaires exemplaires » à leur encontre. Une journaliste qui tentait de secourir sa consœur de

Police Togolaise aux trousses des Journalistes

Ayité, qui explique cette violence inouïe par la réussite de l’opération « journée sans presse » de ce mardi et « Togo en rouge » du lendemain. Ce succès, le pouvoir l’a vécu comme un affront, vu que les grands moyens ont été déployés pour saboter le mouvement des confrères auraient


politique loi liberticide votée le 19 février dernier, reste intacte. La cour constitutionnelle s’est réunie les mercredis 13 et 20 mars 2013 sur saisine du Président de la République pour contrôle de constitutionnalité de la nouvelle loi sur la Haute Autorité de l’Audiovisuelle et de la Communication (HAAC), loi votée par l’assemblée nationale en violation de la constitution du pays en son article 26 qui dispose : « La liberté de presse est reconnue et garantie par l’Etat. Elle est protégée par la loi. Toute personne a la liberté d’exprimer et de diffuser par parole, écrit ou tous autres moyens, ses opinions ou les informations qu’elle détient, dans le respect des limites définies par la loi. La presse ne peut être assujettie à l’autorisation préalable, au cautionnement, à la censure ou à d’autres entraves. L’interdiction ne peut être prononcée qu’en vertu d’une décision de justice ». La décision de la cour est sans équivoque, elle dit clairement que : « les articles 58, 60, cinquième et sixième tirets, 62, dernier tiret, 63, troisième et quatrième tirets, 64 et 67 de la loi organique adoptée le 19 février 2013, portant modification de la loi organique n°2009-029 du 22 décembre 2009 relative à la Haute Autorité de l’Audiovisuel et de la Communication, ne sont pas conformes à la Constitution ». En clair l’assemblée nationale qui est l’instance où se font les lois de la République a violé la constitution comme l’ont dénoncé les organisations de presse qui depuis le vote de cette loi n’ont cessé de tirer la sonnette d’alarme à travers plusieurs actions, notamment la saisine du Chef de l’Etat, de la cour constitutionnelles ponctuées des manifestations. Cette décision de la cour vient clore le débat entre ceux qui soutiennent que cette loi ne viole en aucune manière la loi fondamentale et ceux qui exigeaient son retrait pur et simple. Lucien Hounkanli

Affaire des incendies : Des officiers accablés

La soirée du jeudi 22 mars a été particulièrement mouvementée au Palais de Justice de Lomé. Plusieurs personnes impliquées dans l’affaire d’incendie des marchés de Lomé et Kara, étaient auditionnées par le doyen des juges d’instruction.

C

ette affaire qui depuis le début du mois de janvier tient en haleine l’opinion publique togolaise a pris une tournure inespérée pour les militants et responsables de l’opposition inculpés. Mohamed Loum alias Toussaint Tomety, celui-là même qui est à l’origine de leurs arrestations aurait fait des aveux lors de sa confrontation avec Agbéyomé Kodjo. Il aurait indiqué avoir été manipulé et torturé pour procéder à ses différentes dénonciations. Les noms des Capitaines Akakpo, Yanani et Agbenga sont évoqués. Pour les responsables et militants du Collectif Sauvons le Togo (CST), ce doit être le soulagement après le coup de tonnerre de ce jeudi soir au Palais de Justice. Ils sont en effet près d’une trentaine à avoir été arrêtés ou inculpés suite aux enquêtes menées par les Services de Renseignements et d’Investigations (SRI) de la Gendarmerie nationale. Alors que depuis le début d’après-midi, plus- sieurs personnes inculpées dans l’affaire sont écoutées par le doyen des juges d’instruction, une nouvelle inattendue fait le tour des couloirs du Tribunal. Mohamed Loum alias Toussaint Tomety, le plus loquace des « auteurs présumés » des incendies du grand marché de Lomé, aurait fait de fracassantes révélations. Tout part en effet, d’une demande d’Agbéyomé Kodjo, président d’OBUTS par le biais de son avocat, d’avoir

Mohamed Loum alias Toussaint Tomety

accès à son passeport afin de voyager pour raison médicale. Le doyen des juges d’instruction qui décide alors de confronter le président d’OBUTS à Mohamed Loum alias Toussaint Tomety, celui dont les « aveux » auraient permis au Capitaine Akakpo de procéder à une véritable razzia dans le rang de l’opposition. Aux dernières nouvelles et à en croire les informations en provenance du Palais de Justice de Lomé, le bonhomme serait revenu sur ses précédentes déclarations et indiqué avoir agi sous l’effet de la torture. Des sévices à lui infliger pour l’obliger à désigner les membres du CST comme les commanditaires ou encore auteurs des incendies qui ont ravagé les marchés de Lomé et Kara. Ces révélations remettent en cause toute l’enquête menée par la SRI et poussent à s’interroger désormais sur les auteurs de

cette machination et leurs réelles motivations. C’est donc un Agbéyomé Kodjo serein qui est sorti du bureau du juge d’instruction. « Je suis sorti soulagé en disant plutôt que la main droite du Seigneur est victorieuse. La suite, les Togolais décideront dans les heures, les jours à venir » a déclaré l’ancien Premier ministre, détenu pendant 40 jours dans cette affaire d’incendies des marchés et libéré provisoirement avec interdiction de quitter le territoire. Toujours selon les mêmes informations, Mohamed Loum alias Toussaint Tomety aurait demandé la protection des organisations de défenses des droits l’homme au plan national et international. Il aurait dit craindre pour sa vie après ses révélations du jour et ne souhaiterait plus retourner dans sa cellule à la Gendarmerie nationale. Lucien HOUNKANLI 11 N°40 Avril 2013

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politique

Mali : vers une mise sous-tutelle ? Les bonnes fées – CEDEAO, France, ONU - se penchent aujourd’hui au chevet du Mali en mauvaise santé démocratique. La piqûre de cheval administrée par le docteur « Serval » ouvre l’espoir d’une rémission. Les élections, la réconciliation nationale et la remise sur pied de l’armée portent à croire que la convalescence risque d’être longue… très longue. Mission accomplie L’opération « Serval » a largement atteint ses objectifs militaires : chasser les combattants islamistes du territoire malien. Rappelons que sans l’intervention de la France, bloquant la progression de ces derniers à Sévaré au début de l’année, leur route était presque ouverte jusqu’à Bamako. La Grande Muette, comme son nom l’indique, reste très peu diserte quant à la réalité exacte du ratissage menée conjointement avec les unités tchadiennes dans le massif des Ifoghas. Le bilan sera beaucoup plus nuancé mais ce sera aux historiens de faire le travail.

Le général Bernard Barrera

Le général Bernard Barrera, commandant des forces terrestres françaises déployées au Mali affirme que les moudjahidines ont été pris en tenaille par 1.200 de ses éléments partis du Nord et une brigade tchadienne

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de quelques 800 hommes qui remontaient du Sud. Sauf que d’après les experts militaires, on ignore le nombre de milices islamistes qui se sont repliés dans ce désert rocailleux – un sauna à ciel ouvert - avant l’encerclement. Alors que dans le jargon militaire, pour un « nettoyage » méticuleux d’un terrain, le rapport devrait être d’un ennemi contre sept combattants en incluant toute la logistique. Selon un tel ratio, la coalition franco-tchadienne a mis hors d’état de nuire quelques 250 GAD (Groupe Armé Djihadistes). L’ennemi, invisible, était passé maître dans l’art du camouflage ; il était capable de se terrer dans la moindre parcelle de réduits terreux. Or les opérations de ratissage ont permis de détruire des bases logistiques, de débusquer des caches d’armes mais également de découvrir des tas de vêtements de combat abandonnés à la hâte et même des touffes de barbe. Le mythe du moudjahidine qui n’a pas peur de la mort a quand même pris un sale coup ! La mort d’Abou Zeid, n°2 dans la hiérarchie des katiba du Sahel a été maintenant confirmée. L’émir d’AQMI Abdelmalek Droukdel a aussitôt intronisé Yahia Abou Hamman alias Djamel Okacha pour le remplacer. Reste que Moktar Belmoktar et quelques centaines de djihadistes ont pu passer à travers les mailles du filet en déjouant la vigilance des gardes-frontières algériennes. Même très surveillée la passe de Salvador qui pénètre en Lybie – le

prochain foyer d’Al Qaida - est un itinéraire des anciens caravaniers dont les islamistes doivent connaître tous les recoins. Et Iyad Ag Ghali, le chef d’Ansar Dine, dont on a témoigné la présence dans l’Adrar et aujourd’hui en fuite, quel sort lui réservera les autorités algériennes ? Ne tombons pas dans le triomphalisme hâtif des EtatsUnis après quelques semaines d’invasion irakienne en 2003. Le 1er mai de cette année-là, George W Bush, Chef suprême des armées débarqua à bord d’un hélicoptère sur le porteavions USS Abraham Lincoln. En tenue de top-gun, casque sous le bras, devant des centaines de marines en livrée, il annonça fièrement : « mission accomplie ». Avec dix années de recul et rétrospectivement force est de constater que d’une opération purement conventionnelle c’est-àdire frontale, l’invasion irakienne s’est transformée en guerre asymétrique : guérilla urbaine et attenta-suicide. Et le Mouvement pour l’Unicité du Djihad en Afrique de l’Ouest (MUJAO), mené par Ould Mohamed Kheirou, a opté pour cette tactique-là sur le delta du Niger, dans la région de Gao, du cercle de Bourem et de Djebok. Depuis l’assaut du tribunal et de la mairie de Gao au mois de février par une bande de combattants islamistes, les accrochages montent crescendo dans les sous-bois d’acacias et de broussailles. Fin mars, l’armée malienne a perdu un soldat face à des islamistes

très déterminés. Lors d’une opération de ratissage à Iménas, la coalition franco-malienne a dû batailler toute une journée face à des combattants qui ne cessaient d’avancer malgré le déluge de feu, à moins de 20 mètres. Fin mars, la dernière escarmouche autour de Gao a fait plusieurs victimes : deux militaires maliens, quatre djihadistes et deux civils. Sans le renfort de l’opération « Serval » et de sa puissance de feu ainsi que de l’appui d’hélicoptères, la situation de l’armée régulière malienne risque de devenir de plus en plus inextricable.

Au revoir la MISMA, bonjour la MINUMA

Ban Ki-Moon

La Mission internationale de Soutien au Mali (MISMA) renaîtra de ses cendres mais sans doute sous un autre nom : Mission Intégrée des Nations Unies au Mali (MINUMA). Car ce que l’on appelle pudiquement une « menace résiduelle » est


politique désormais le nœud gordien de la guerre au Mali. C’est pourquoi l’ONU envisage de déployer une mission de maintien de la paix forte de 11.200 hommes au maximum, accompagnée d’une «force parallèle» pour combattre les islamistes, selon un rapport du secrétaire général de l’ONU Ban Ki-Moon présenté le 26 mars à New York. Une petite arithmétique indique que les 6.300 soldats d’Afrique de l’Ouest, du Tchad, seront convertis en casques bleus. En tenant compte du retrait progressif des français qui passeront de 4.000 hommes actuellement à 1.000 d’ici la fin de l’année, il faudra un contingent supplémentaire d’au moins 3.000 soldats. La machine onusienne est tellement lourde que le déploiement de cette force prendra encore quelques mois : vote d’une résolution, articulation entre les contingents et financement de l’opération. Les 250 formateurs de l’EUTM ou mission de l’Union Européenne de formation de l’armée malienne arrive par petits groupes depuis le 20 mars. Ils établiront finalement leur quartier général à Koulikoro où pas moins de 150 fantassins de diverses nationalités européennes dont des tchèques assureront leur protection. La première fournée de l’armée malienne, prise en main par l’EUTM ne sera opérationnelle avant trois mois. Quant à la Côte Ivoire, elle enverra 350 hommes pour assurer la logistique de la MISMA. La composante « force parallèle » incombera à la France. Combien de temps durera la présence française au Mali ? A raison de 2,5 millions €uros (1,6 milliard FCFA) par jour, le contribuable français ne consentira pas longtemps à payer pour une cause qu’elle perçoit de très loin. Le président François Hollande a annoncé le calendrier de retrait de ses troupes comme suit : la moitié de l’effectif pour fin juillet et il ne doit plus rester que 1.000 hommes à la fin de l’année.

Tutelle française ou internationale ?

Django Sissoko

« Ne partez pas, le travail n’est pas encore terminé sur le terrain dans le Nord » a imploré le premier ministre Django Sissoko à l’adresse de la France. C’était le 25 mars dernier, lors de la première rencontre du comité ad-hoc responsable du suivi de la mise en route de la transition. Cette supplique était-elle faite sous le coup de

les vacances de Noël à la fin de l’année. Quelles seront les prérogatives de cette force multinationale : lutter contre les djihadistes, s’interposer entre d’éventuels affrontements entre l’armée malienne et le MNLA ou assurer le maintien de l’ordre face à une police quasiinexistante dans le Nord ? La population malienne, aura tôt ou tard l’impression de devoir subir – toute proportion gardée – une nouvelle occupation. Elle va cohabiter avec des soldats africains, qui auront un pouvoir d’achat assez conséquent, lorsqu’ils sortiront de leur cantonnement. Les exemples en sont légion quant à l’arrogance des uns confrontés à la frustration des autochtones : les rumeurs avérées ou non de viols des casques bleus en RDC ; les affrontements entre les tchadiens de la garde présidentielle du président François Bozizé et les banguissois.

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l’émotion au regard des récents soubresauts du MUJAO ou d’un sentiment de désarroi d’un chef de gouvernement submergé par le poids de sa tâche ? A-t-il mesuré ses propos quant aux conséquences d’une présence étrangère durable, fusse-t-elle neutre comme les casques bleus, dans son pays ? Même accueilli en libérateurs, il est souhaitable que la mission des soldats de la MINUMA ne puisse durer trop longtemps. Or lorsque le rapport onusien exige le déploiement de 12.000 hommes, ce n’est pas pour les faire rentrer pendant

Lors de sa visite triomphale au Mali en février dernier, le président François Hollande a discuté avec son homologue Dioncounda Traoré et plus particulièrement de la tenue du calendrier des échéances électorales. Fin mars, lors d’une intervention à la télévision, le chef d’Etat français déclara encore qu’il « serait intraitable pour la tenue des élections fin juillet » ; avant de rajouter une autre injonction : « il faut qu’il y ait ce dialogue avec toutes les composantes de la société malienne ». Et pourtant, il ne suffit pas d’un coup de menton

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13 N°40 Avril 2013

Diasporas News


politique

Culture

du chef de l’Etat français destiné à rassurer ses concitoyens pour que le chronogramme soit respecté. La réalité du terrain est tout autre. Le Projet d’Appui au Processus Electoral du Mali (PAPEM) Copiloté par le PNUD et le ministre de l’Administration Territoriale le colonel Moussa Sinko Coulibaly venait de tenir sa seconde réunion après celle du 21 janvier. Le constat est sans équivoque : plus on remonte vers le Nord, moins on constate la présence de l’administration ; l’état de droit est quasi-inexistante. Elle fonctionne totalement à Mopti alors qu’à Tombouctou, Gao, les préfets et autre gouverneurs ont quitté leur poste depuis l’occupation des islamistes ou encore au moment de l’intervention des français. Quant à Kidal, ce sont les touaregs du MNLA qui gèrent la ville.

Sur les 6,9 millions d’électeurs potentiels contenus dans la base de données du RAVEC (Recensement à Vocation d’Etat Civil), quelle est la proportion de ceux qui ont été contraints de quitter leur domicile pour se réfugier à Bamako ou fuir carrément dans les pays voisins comme la Mauritanie, le Niger ou le Burkina-Faso ? Le Mali doit relever un autre défi : la formation de 125.000 agents électoraux qui superviseront le bon déroulement des scrutins à venir dans 25.000 bureaux de vote. Qui paiera la facture de 60 milliards FCFA (environ 90 millions d’€uros) ? Tout est à reconstruire au Mali. Il n’y avait que la communauté internationale qui citait en exemple la démocratie malienne depuis au moins une décennie. Il fallait peutêtre écouter davantage le peuple – exaspéré par la corruption

et le clientélisme – qui a rejeté sa classe politique. Le retour à l’ordre constitutionnel au plus vite est souhaitable. Encore faut-il que les conditions d’une élection transparente et incontestable soient réunies. Il en va de la légitimité du futur locataire du palais de Koulouba. Pire, une précipitation vers les urnes pourrait provoquer à terme une nouvelle instabilité. Quant à l’irrédentisme touareg, il existe depuis 50 ans. Comme la communauté kurde - à cheval sur l’Iran, l’Irak, la Syrie et la Turquie -, les touaregs occupent un espace séparé par des frontières entre cinq pays : l’Algérie, la Lybie, le Mali, le Burkina-Faso et le Niger. Le sacro-saint principe d’intangibilité des frontières - issue de la colonisation, gravée ensuite dans le marbre par l’OUA au Caire en 1963 – condamne la minorité

touarègue traditionnellement nomade à se rattacher à un pays. Il ne représente que 5 à 10% de la population malienne. Une solution politique née d’une réconciliation, que la France appelle de ses vœux, a-t-elle une chance de tenir sur la durée ? Outre l’intégration des minorités touarègues au sein de la Nation - par l’instruction et le mérite le développement économique national et régional pourrait être une piste intéressante sur le long terme. La prise en compte de toute la zone sahélienne en proie à une avancée inexorable du désert vers le sud du continent sera déterminante dans la résolution de la crise. La conférence des Amis du Mali, qui aura lieu à Bruxelles le 15 mai prochain, sera un premier pas vers cette reconstruction économique. Alex ZAKA

Décès de Chinua Achebe Le monde s’est effondré La grande famille des écrivains africains est en deuil. L’écrivain nigérian Chinua Achebe a tiré sa révérence le 21 mars dernier à Boston. C’est une grande perte pour la littérature africaine pour laquelle il a contribué à faire connaître à travers le monde grâce à son roman « Le monde s’effondre ».

A

lbert Chinualumogu Achebe alias Chinua Achebe s’est effondré physiquement au propre comme au figuré. Du haut de ses 83 ans, l’auteur du célèbre roman « Le monde s’effondre »que nous avons lu au lycée s’en est allé rejoindre les ancêtres dans l’au-delà du peuple Ibo du Nigéria. Un peuple, son peuple qu’il a contribué à faire connaître à travers ses us et coutumes. Un peuple qu’il a défendu au péril de sa vie et jusqu’à la fin de sa vie. De son célèbre roman dont l’histoire pourrait se résumer à la perte des valeurs culturelles africaines au contact de la civilisation occidentale, me revient le nom de son personnage principal : Okonkwo et la scène du crime rituel. Cette séquence (je dois l’avouer) m’a effrayé et troublé au point de m’interroger sur cette pratique qui malheureusement est d’actualité dans certains pays d’Afrique. Des valeurs culturelles africaines, il y en a certaines qui peuvent nous faire avancer comme l’amour du travail, le respect, le courage, la préservation de la nature etc. D’autres en revanche, ne sont et

14 Diasporas News N°40 Avril 2013

ne seront d’aucune utilité si nous continuons nous même après avoir accusé le colon ou le blanc, à pérenniser ces tares comme le clanisme ou népotisme, la corruption, les croyances mystiques rétrogrades, etc. A ce propos, il est répandu que les africains ayant des pouvoirs mystiques sont capables de prendre des « avions mystiques chinua achebé » pour effectuer des vols intercontinentaux à des fins lugubres. Cependant, il est dommage de constater qu’aucun n’a pu mettre cette «science » à la portée du continent pour aider les siens à améliorer les problèmes de voiries, de transport et de développement. Autant de choses parmi tant d’autres,que Chinua Achebe a eu à dénoncer de son vivant. Loin de son Nigéria natal et de ses soubresauts politiques, religieux moyen âgeux et pernicieux du genre Boko haram, le doyen Achebe a achevé sa vie aux Etats-Unis. Et ce, au moment où nous étions au Salon international du livre de Paris. « Son monde » s’est effondré. Et lui avec. Things Fall Apart (Le monde s’effondre, 1958 éd. Présence Africaine). Point final. Félix Boni NIANGORAN


environnement

Aujourd’hui, notre pays s’est engagé à devenir un pays émergent à l’horizon 2025. Cette émergence devrait se baser sur le principe du développement durable.

L’

engagement du Congo en faveur du Développement Durable se révèle à la fois comme une exigence, une réponse et le meilleur choix pour reconsidérer la croissance économique à l’échelle de la nation afin de prendre en compte les aspects environnementaux et sociaux du développement en se basant sur les valeurs universelles à savoir : l’Equité, la Responsabilité, la Transparence et la Participation. L’objectif global du Forum est de définir les grandes lignes des politiques sectorielles incluant les principes du développement durable en vue de l’élaboration de la politique et la stratégie nationale du développement durable au Congo.

Permettre aux participants de s’approprier les enjeux et les principes de mise en œuvre du développement durable ;

● Appréhender le caractère transversal du développement durable ; ● Intégrer le développement durable dans les politiques sectorielles ; ● Installer les membres de la Commission Nationale du Développement

Durable qui seront chargés du suivi de la mise en œuvre de la politique et la stratégie nationale du développement durable. Pour cela, toutes les congolaises et tous les congolais doivent être impliqués dans l’œuvre de l’édification d’une société nouvelle. La responsabilité de développement doit devenir l’affaire de tous et ce à tous les niveaux. Chaque citoyen, chaque acteur, chaque institution doit connaître son rôle dans le processus de développement. Tout doit être fait pour que chaque acteur s’imprègne des valeurs, des pratiques et des actions qui mènent au développement durable

Le Forum National sur le Développement Durable se présente comme un grand moment de réflexion devant mener à la compréhension des différentes articulations du Développement Durable dans toutes les sphères de la société congolaise. Il s’agit aussi pour le Congo, de satisfaire aux exigences de recommandations des sommets de Rio sur l’environnement et le développement (1992), de Johannesburg (2002) et de la Conférence des Nations Unies pour le Développement Durable (Rio+20, 2012) relatives à l’engagement pris par l’ensemble des pays de mettre en œuvre le développement durable dans leurs territoires respectifs et de se doter d’un instrument adapté à leurs spécificités propres ; la Stratégie Nationale du Développement Durable (SNDD). Celle-ci a pour vocation d’assurer la cohérence et la complémentarité des engagements internationaux et nationaux et de servir de levier pour l’ensemble des politiques nationales. L’organisation réussie, en octobre 2008, du Forum Mondial sur le développement Durable à Brazzaville, témoigne de la volonté politique des autorités congolaises d’intégrer les préoccupations du Développement Durable dans les politiques sectorielles. 15 N°40 Avril 2013

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invité du mois

S.E.Mme Dolana MSIMANG,

une diplomate hors pair Ambassadeur d’Afrique du Sud en France et à l’Unesco à l’occasion de la Journée Internationale de la Femme, nous avons donné la parole à S.E. Mme Dolana MSIMANG qui s’est exprimée sur la place de la femme dans la sphère politique en Afrique et notamment en Afrique du Sud. Occasion de parler aussi des relations fortes entre la France et l’Afrique du Sud. Diasporas-News : la Journée de la Femme a lieu le 8 mars 2013. Une journée destinée à la célébration de la femme à travers le monde. En tant que femme-leader et de surcroît une africaine, que pensezvous de cette journée ? Dolana MSIMANG : L’Afrique du Sud reconnaît le rôle des femmes dans la société, ainsi qu’à l’échelle internationale, à travers le programme national du Mois de la Femme et la Journée internationale de la Femme. Nous estimons que cette journée mondiale contribue à la reconnaissance de la valeur des femmes, ainsi que des progrès réalisés en matière d’égalité des sexes. Elle représente une occasion pour tous les pays du monde de mesurer le chemin parcouru, de mettre en lumière des exemples de réussite féminine, et de souligner la nécessité d’intensifier nos efforts en faveur des droits des femmes et de la parité. La Journée internationale de la Femme nous permet de saluer les progrès accomplis et d’ouvrir la voie à d’autres améliorations possibles. Les Sud-Africains ont la chance de rendre hommage aux femmes deux fois par an. En plus de la Journée mondiale de la Femme, l’Afrique du Sud a décidé de faire du mois d’août celui de la Femme, en mémoire de la manifestation du 9 août 1956 au cours de laquelle des femmes de toutes les couleurs et de tous les horizons se rendirent devant le siège du Gouvernement sud-africain à Pretoria, pour exprimer leur résistance à l’oppression. Ce fut un événement décisif pour les femmes sud-africaines, qui voulaient faire valoir leurs droits et manifester leur opposition aux mesures répressives prises par le régime de l’apartheid, telles que l’obligation de porter et de présenter le « pass » (laissezpasser). Ce jour-là, des femmes d’origines et de milieux différents s’unirent pour défendre leurs libertés et leur pays.

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Par ailleurs, il est de notre devoir de ne pas oublier le sort d’innombrables femmes qui, encore aujourd’hui, sont marginalisées, opprimées, victimes d’exclusion sociale et économique. Nos célébrations et nos commémorations ne doivent pas nous faire oublier la responsabilité qui est la nôtre, en tant qu’êtres humains, de continuer à faire progresser l’égalité hommes-femmes.

D.-N : Selon vous, la parité hommes/femmes a-t-elle pignon sur rue en Afrique ? D.M : Il y a trois ans, la Décennie des Femmes africaines (2010-2020) était lancée par les Chefs d’État de l’Union africaine (UA). Ces mêmes Chefs d’État ont d’ailleurs élu une femme à la tête de la Commission de l’UA. Au sein des différents pays africains, de nombreux programmes et mesures concrètes montrent l’importance désormais attachée aux questions d’égalité des genres. En ce qui concerne l’Afrique du Sud, le Gouvernement est plus que jamais déterminé à faire respecter les droits des femmes, inscrits dans notre Constitution en tant que droits humains fondamentaux… L’Afrique du Sud poursuit son combat pour la parité au sein de ses plus hautes instances. Ainsi l’Assemblée Nationale et le Gouvernement sud-africains comptent-ils respectivement 44% et 43% de femmes.

D.-N : En bref, Mme l’ambassadeur, quel est l’état des relations francosud-africaines ? D.M : La France et l’Afrique du Sud entretiennent d’excellentes relations politiques et économiques. Ces liens ont été renforcés par des visites d’État, un Forum de Dialogue Politique, un Forum économique, des programmes de coopération décentralisée et la signature de plusieurs accords bilatéraux. Nos deux pays ont également conclu des partenariats stratégiques fondés sur des


invité du mois valeurs communes et des intérêts partagés, notamment en faveur du développement de l’Afrique et de la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) ; du renforcement et de la réforme du système multilatéral ; et d’une gouvernance mondiale plus large, efficace et égalitaire.

D.M : Pouvez-vous nous parler des secteurs dans lesquels la France intervient en Afrique du Sud ? D.M : Plus de 200 sociétés françaises sont implantées en Afrique du Sud, dans différents secteurs : énergie, bâtiment, aéronautique, pharmaceutique, luxe et cosmétiques, automobile ; ainsi que dans l’industrie tertiaire : hôtellerie, finance, télécommunications, médias, publicité et marketing. D.-N : Un mot sur l’état de la gouvernance démocratique de Nelson Mandela à Jacob Zuma… D.M : Le processus démocratique sud-africain s’est mis en place progressivement. Il a débuté avec la réconciliation et le renforcement de l’unité nationale, la réécriture de la Constitution et la mise en place de politiques et de programmes permettant de remettre les citoyens sud-africains sur un pied d’égalité, tout en renforçant notre économie La réconciliation et le renforcement de l’unité nationale ont permis à l’Afrique du Sud, en tant que peuple uni, de construire une économie qui réponde aux besoins des Sud-Africains et qui mette fin aux inégalités existant sous l’apartheid. L’Afrique du Sud a alors également commencé à prendre sa place sur la scène économique et politique mondiale et à faire connaître ses objectifs. Afin de répondre aux besoins de sa population, dont une grande partie vit toujours dans la pauvreté, l’Afrique du Sud devait impérativement stimuler sa croissance économique et tirer parti de ses ressources et de ses avantages comparatifs. À travers son histoire et les différentes étapes de sa progression, la démocratie sud-africaine a eu la chance d’être dirigée par des hommes dévoués à leur pays et à leur peuple.

D.-N : Sans langue de bois, quelle est votre appréciation de la gouvernance économique en Afrique du Sud ? D.M : L’apartheid et la ségrégation ont légué à l’Afrique du Sud un héritage lourd d’inégalités économiques. Cela se traduit par fort taux de chômage et des problèmes sociaux liés à un système d’éducation discriminatoire et

à l’absence de possibilité de formation pour certaines catégories de la population. Cette réalité a incité l’Afrique du Sud à prendre certaines mesures de gouvernance économique après la chute du régime d’apartheid. Des cadres politiques et des stratégies de développement économique ont été mis en place afin de renforcer l’économie sud-africaine, de créer des emplois et de garantir une répartition équitable des richesses. La priorité du Gouvernement est néanmoins demeurée d’assurer la croissance économique et d’améliorer le quotidien des Sud-Africains, ce qui a mené à une modification des stratégies en place afin d’atteindre les objectifs fixés. La gouvernance économique de l’Afrique du Sud est également fondée sur ses principes constitutionnels et son cadre législatif, qui garantissent le respect des droits de tous les citoyens sud-africains.

D.-N : Êtes-vous d’accord avec des dirigeants africains qui veulent une coopération « d’égal à égal » avec la France voire l’Union européenne ?

est donc la « maison » des Sud-Africains en France, qu’ils y séjournent pour une durée limitée ou qu’ils y soient établis de manière permanente ; l’interaction avec la communauté sud-africaine est l’une de nos raisons d’être en tant qu’Ambassade. Le ministère de la Coopération et des Relations Internationales de la République d’Afrique du Sud a mis en place un système appelé ROSA (Registration of South Africans Abroad) permettant aux Ambassades sud-africaines de garder contact avec les citoyens sud-africains présents sur leur territoire d’accréditation. Ce système constitue une base de données de tous les Sud-Africains en France, et facilite la tâche de l’Ambassade pour offrir à ses citoyens des services consulaires en France. L’Ambassade s’efforce également de toujours faire participer et d’inviter les Sud-Africains présents en France aux événements qu’elle organise, comme la Fête nationale par exemple.

D.-N : Mme l’ambassadeur, notre entretien tire à sa fin. Quel avenir pour l’Unesco et l’Afrique du Sud ?

D.M : J’estime en effet que les pays africains

D.M : L’Afrique du Sud est devenue membre

et les pays développés devraient pouvoir coopérer sur un pied d’égalité. L’Afrique cherche à établir des partenariats avec d’autres pays de la communauté internationale afin d’accélérer son propre développement. Les relations de donateur/récipiendaire nouées par le passé s’assortissaient souvent de conditions qui instituaient une dépendance des pays africains à l’égard de leurs bienfaiteurs. Ce type de relation ne permet pas à l’Afrique de se développer librement et de façon optimale. L’Afrique du Sud estime par ailleurs que sa coopération avec d’autres pays africains doit être fondée sur les principes du Nouveau Partenariat pour le Développement de l’Afrique (NEPAD), qui met en avant l’importance de l’appropriation et du leadership africain garantissant une participation large et massive de toutes les composantes de la société, ainsi que la création de nouveaux partenariats internationaux rétablissant un équilibre dans les relations entre l’Afrique et le monde développé.

de l’UNESCO en décembre 1994. Nous croyons en un ordre mondial multilatéral et fondé sur des règles. Depuis 1994 un certain nombre de sites sud-africains ont été inscrits sur la liste du Patrimoine mondial de l’UNESCO, notamment Mapungubwe, et plusieurs Chaires UNECO ont été attribuées à des universités sud-africaines. L’Afrique du Sud a également apporté son soutien à certains pays africains pour obtenir la protection de leurs sites culturels. L’UNESCO doit répondre aux besoins de la communauté internationale en matière d’éducation, de sciences et de culture, et plus particulièrement ceux des populations africaines et du monde en développement. Il est désormais urgent de traduire les engagements de l’UNESCO dans ces domaines par des actions concrètes. À travers sa participation dans les instances internationales et les organisations multilatérales, l’Afrique du Sud cherche à s’assurer de la mise en œuvre de ces engagements majeurs. L’Afrique du Sud souhaite continuer à jouer un rôle actif dans toutes les enceintes du système des Nations unies, notamment l’UNESCO, ainsi que ses agences spécialisées et ses programmes. Malgré les difficultés auxquelles l’UNESCO se trouve confrontée, l’Afrique du Sud soutient toutes les initiatives visant à renforcer l’action de l’UNESCO.

D.-N : Quel est l’état de vos contacts avec la diaspora sudafricaine en France ? D.M : En tant que représentation de l’Etat sud-africain, l’Ambassade a notamment pour mission la défense et la promotion des intérêts et des valeurs de l’Afrique du Sud, ainsi que la prestation de services consulaires aux citoyens sud-africains en dehors de leur pays. Cela implique naturellement d’entretenir des liens avec la diaspora sud-africaine. L’Ambassade

Faustin Dali « Retrouver l’intégralité de l’interview sur www.diasporas-news.com »

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éCONOMIE

La Caisse d’épargne de Côte d’Ivoire s’implante à Paris : Pousser la diaspora ivoirienne à investir au pays

En s’implantant à Paris, la Caisse d’épargne de Côte d’Ivoire, première Banque de proximité créée par l’Etat, entend valoriser et capitaliser le portefeuille client d’une diaspora ivoirienne jusqu’alors connue pour sa grande générosité à transférer des fonds qui servent essentiellement à aider et nourrir des bouches au pays.

S

au-dessus de la moyenne nationale. Longtemps perçue comme « une vache à lait » par certains voire des « oiseaux à plumer » par d’autres, cette diaspora n’était pas prête à oublier, de sitôt, les nombreux déboires et préjudices causés par les marchands de rêves, des opérateurs immobiliers véreux et le traquenard des escroqueries familiales de tout genre. Les victimes de ces larcins qui ont une histoire invraisemblable à raconter sont légion. Si certains ont englouti leurs économies dans des projets immobiliers au pays qui n’ont jamais vu le jour, d’autres se sont fait tout simplement escroquer pour des achats de lambeau de terrain virtuel. La difficulté pour une banque commerciale comme la Caisse d’Epargne est donc de rassurer et de créer la confiance avec cette diaspora désemparée avant de l’amener à épargner et à participer véritablement à des projets de développement durables. C’est ce pari que tente de gagner le Directeur général de la « Première Banque de proximité de Côte d’Ivoire Spécial », M. Mamah Diabagaté, qui ne doute beauté secrets de stArs pas un seul instant que les produits FeSpaco 2013 proposés par son établissement La femme à l’honneur laisseront les Ivoiriens de France Quid Quid dES dES RéfugiéES RéfugiéES du du noRd-mali noRd-mali ?? indifférents. Rokia tRaoRé En venant chasser sur le même terrain « Beautiful Africa » 10 queStionS à que ses concurrents de la Biao alpha Blondy (Banque internationale pour l’Afrique AïssA MAïgA dAns «l’ÉcuMe des jours » occidentale) du richissime homme cE cE QuE QuE vouS vouS dEvEz dEvEz SavoiR SavoiR d’affaires Jean Diagou et de la Société contRacEption En toutE SécuRité? Générale de Côte d’Ivoire filiale de la Société Générale française, qui opèrent déjà sur le marché français depuis quelques années, le patron de Rendez-vous avec aïssa maïga - Rokia tRaoRé - alpha blondy la Caisse d’Epargne sait que sa banque - cheick tidiane seck - aïssa thiam - lindiwe mazibuko devra faire preuve d’imaginations et badiRou Rabiatou alli - oumou sall seck - tanoh aka d’innovations pour « arracher avec les hoRtense adjoua - manuella Rossi - maRia ngambi dasilva dents » la clientèle. hugo bayle guillabeRt - fespaco - etc... elon une étude effectuée par les experts de la Caisse d’épargne de Côte d’Ivoire, chaque ivoirien vivant en France enverrait en moyenne par mois près de cinquante euros à un proche au pays. A ce jour, même si aucun chiffre officiel fiable n’est connu, le nombre d’Ivoiriens pourrait approximativement atteindre les 130 000 âmes en ile de France. En faisant un simple calcul mathématique, ces envois de fonds pourraient avoisiner des montants hallucinants de 6,5 millions d’euros. Pour les banquiers, il y a là, un grand intérêt à choyer et à soigner cette population, à majorité très active, qui a un pouvoir d’achat largement

Le numéro d’avriL n°516 - avril 2013

vient de paraître

L 14585 - 516 - F: 2,50 €

France : 2,50 € - Afrique Avion : 1500 FCFA - Afrique Surface (Sénégal, Côte d’Ivoire, Cameroun, Gabon) : 1250 FCFA - A l l e m a g n e : 2,50 € - B e l g i q u e : 3 € E s p a g n e , I t a l i e , P o r t u g a l : 2,50 € - Suisse : 4,50 FS - Canada : 3,95 $ CAN - Etats-Unis : 3,95 $ -Antilles, Guyane: 3 € - Mayotte, La Réunion : 3 €

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M. Mamah Diabagaté, SEM. Charles Gomis et M. Hassane Ouattara

Selon M. Hassane Ouattara, le représentant attitré à Paris, « Certes toutes les banques commerciales proposent des produits similaires, mais aujourd’hui, nous sommes dans une logique de services. La Caisse d’Epargne de Côte d’Ivoire en France se différencie de ces concurrents d’abord par la nomination du représentant que je suis, connu de la diaspora. Avec notre partenaire Ria, société de transfert d’argent, nous pratiquons les plus bas coûts de transfert d’argent à nos clients » assure-t-il. En plus, Ria se propose de faire des échanges de devise. Autrement dit, d’échanger du franc Cfa contre de l’euro et inversement. Une innovation qui devrait mettre fin à la discrimination monétaire à l’encontre de la monnaie de la zone UEMOA (Union Economique et Monétaire Ouest Africain). Lors du lancement officiel de ladite banque à Paris dans l’enceinte de la chancellerie ivoirienne à Paris en présence de l’ambassadeur de Côte d’Ivoire en France, SEM. Charles Gomis, et les partenaires français, notamment la Caisse d’Epargne française et Ria, son Directeur général Mamah Diabagaté et ses collaborateurs, ont tenu un discours plutôt patriotique que commercial pour convaincre les nombreux ivoiriens présents de la volonté politique de l’Etat de les prendre en compte et de les faire participer utilement aux projets de développement de leur pays. « Nous avons constaté un réel engouement de nos compatriotes. A ce jour, nous avons enregistré un peu plus de 300 intentions


évènement d’ouverture de compte dès le lancement » s’enorgueillit M. Hassane Ouattara. Les dirigeants de la Caisse sont convaincus que si leurs produits et services proposés aux particuliers, aux entreprises et aux associations ont connu un succès en Côte d’Ivoire, il n’y a pas de raison qu’ils ne le soient pas en France. D’autant plus qu’ils ont été adaptés aux besoins spécifiques de la diaspora. Ne seraitce que dans l’immobilier par exemple pour l’acquisition de maison, une des principales préoccupations de la diaspora, la Caisse d’Epargne de Côte d’Ivoire propose à sa clientèle de France des conditions de paiement très assouplies. A terme, au cours de la première année d’exercice, la direction commerciale table sur un portefeuille client de mille souscriptions. A l’horizon 2015, elle compte mobiliser près d’un milliards de francs Cfa. Ce qui n’est pas rien. Une projection réaliste corroborée d’ailleurs par une note d’information de la Banque mondiale sur le montant des envois de fonds des travailleurs émigrés vers les pays en développement. Ceux-ci ont dépassé les 406 milliards de dollars en 2012 et devraient augmenter pour l’année en cours. Il ne faut pas non plus oublier le geste de la France qui a versé en décembre 2012, 1 million d’euros à l’Initiative « migration et développement » à la Banque Africaine de Développement (BAD) dans le cadre de ses actions visant à faciliter les transferts de fonds des migrants vers leur pays d’origine, à réduire leur coût et à optimiser leur affectation. En somme, une politique d’encouragement décidée par le G8 qui a mesuré l’impact de ces transferts de fonds sur les pays en voie de développement. Des sommes conséquentes qui dépassent un peu plus de trois fois l’ensemble des aides au développement. Un argument de plus qui ne peut que conforter les projections des dirigeants de la Caisse. Pour les autorités ivoiriennes, l’objectif de l’implantation de la Caisse d’Epargne à Paris ne se limite pas qu’à la bancarisation en Côte d’Ivoire mais bien plus. Elle constitue un véritable enjeu économique et de développement de taille. Clément Yao

Forum mondial des femmes francophones Le Ministère des affaires étrangères françaises, en partenariat avec l’OIF, a organisé le 1er Forum mondial des femmes francophones à Paris le 20 mars. Environ 700 femmes issues de la société civile ont évoqué leurs combats au quotidien : respect des droits fondamentaux, accès à l’école et à l’éducation, égalité des genres, représentation dans la sphère politique.

Remise du document à Hollande après son discours de clôture à l’Elysée. De gauche à droite : Laurent Fabius, Yamina Benguigui, François Hollande, Najat Vallaud-Belkacem, Abdou Diouf, George Pau-Langevin

L

e Forum a été ouvert par Yamina Benguigui, Ministre déléguée auprès du Ministre des Affaires étrangères, chargée de la Francophonie ; Abdou Diouf, Secrétaire général de la Francophonie, Irina Bokova, Directrice générale de l’Unesco et Michelle Bachelet, Directrice exécutive d’ONU Femmes. Les risques d’un recul des droits des femmes existent dans l’espace francophone, que ce soit du fait des conflits armés ou à la suite de changements politiques.

Objectifs du forum • récolter les témoignages, expériences, idées et propositions des participantes • proposer des pistes de réflexion pour assurer l’égalité des droits et la dignité des femmes • créer un réseau actif pour mobiliser dans l’espace francophone et au-delà pour peser davantage à la table des négociations. Qu’elles soient dirigeantes d’entreprises ou d’associations, scientifiques, artistes ou intellectuelles, ces femmes ont affirmé la nécessité de les protéger des violences, de préserver leurs droits et leurs libertés et de permettre un égal accès à l’éducation et à l’enseignement supérieur pour les filles et pour les femmes. Les conclusions ont été synthétisées dans un document remis à François Hollande, Président de la République française. Sidy 19 N°40 Avril 2013

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société

Afrique du Sud : Mystère autour de la santé de Madiba

La nouvelle de son hospitalisation, en fin mars dernier, a causé d’énormes frayeurs aussi bien chez ses compatriotes que partout ailleurs à travers le monde.

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Diasporas News N°40 Avril 2013

epuis le 27 mars, toutes les attentions sont tournées du côté de l’Afrique avec l’annonce d’une nouvelle hospitalisation de celui que ses compatriotes appellent affectueusement Madiba. Effectivement, Nelson Mandela n’est pas au mieux de sa forme depuis quelques années. Agé de 95 ans, ce combattant anti-apartheid souffre d’une pneumonie qui a occasionné une hospitalisation dans un centre hospitalier sud africain. Pathologie pour laquelle, Nelson Mandela avait été plusieurs fois été interné dans un hôpital dont la dernière remonte à décembre 2012. Même si des nouvelles liées à son état de santé étaient ventilées les fois précédentes, cette fois, c’est une sorte d’omerta qui est pratiquée par le gouvernement sud africain. Qui visiblement s’est résolu à communiquer le plus brièvement possible. L’on en veut pour preuve, le bref communiqué de la présidence « il va beaucoup mieux que lorsqu’il a été admis à l’hôpital le 27 mars ». Rien de plus. Avant d’ajouter que sa famille a pu lui rendre visite. De fait, l’inquiétude naît de ce que pour cette nouvelle hospitalisation, ni la nature des soins administrés à Madiba, ni le nom de l’hôpital où il reçoit ces soins n’est rendu public. De quoi accroitre les frayeurs de ses compatriotes.

Les séquelles de 27 ans de prison Militant de lutte anti-apartheid, Nelson Mandela et sept de ses compagnons sont arrêtés puis condamnés en 1964 à la prison à vie pour sabotage,

trahison et complot. Il y passera 27 années de sa vie dans les prisons de Robben Island et Pollsmoor. Années de détentions au cours desquelles, son intégrité physique sera considérablement diminuée du fait des travaux forcés qu’il était condamné à exécuter et surtout des pathologies contractées. Nelson Mandela a même dû subir des opérations du canal lacrymonasal et de la prostate. Mais s’il est une pathologie qui lui a laissé des séquelles, c’est la tuberculose qu’il a contracté lors de sa détention à l’îleprison de Robben Island. Une tuberculose qui à en croire ses médecins n’aurait pas été en son temps bien traitée. Ce qui a conduit ces dernières années à une pneumonie qui de façon récurrente se signale. Et lui vaut des jours d’hospitalisation. La dernière en date, celle du 27 mars où selon des sources médicales, Madiba aurait eu des problèmes respiratoires au point même que les médecins traitant ont dû pratiquer un drainage d’un épanchement pleural de sorte à lui permettre une meilleure respiration. Hormis ces coups pris lors de son passage carcéral, l’homme est bientôt centenaire parce qu’il naquit le 18 juillet 1918. C’est donc cet âge très avancé qui lui confère une santé de plus en plus fragile qui est d’ailleurs à surveiller comme du lait sur du feu. Après 27 années de prison, le prix Nobel de la paix pour l’année 1993 sera décerné à cet artisan de la paix, pionnier de la lutte anti-apartheid dans son pays. Hermann Djea


société

Un collier nommé « style esclave » crée la polémique

Banaliser l’esclavage au point d’en faire un objet fashion et de marketing. C’est ce que Mango, une marque de prêt-à-porter, a fait en début mars, en choisissant de nommer un collier et des bracelets : « style esclave ». L’indignation n’a pas tardé à poindre et n’est encore une fois venue que de personnes d’origine africaines comme Rokhaya Diallo, Aïssa Maïga et Sonia Rolland.

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n collier rappelant l’esclavage dénommé « style esclave ». L’évidence même du comble, du mauvais goût, pour beaucoup, mais pas pour Mango. La marque de prêt-à-porter espagnole crée la polémique en diffusant sur la version française de son site internet une gamme de bijoux inspirée sans honte de l’histoire douloureuse de l’esclavage. La riposte ne s’est pas faite attendre. Et dans la société de l’instantanée qui semble être la notre, réactivité rime forcément avec réseaux sociaux. « J’en ai pris connaissance et je l’ai tweeté, nous révèle Rokhaya Diallo, éditorialiste et militante associative d’origine sénégalaise. Mon tweet a été énormément relayé. Je me suis dit que dans un pays comme les Etats-Unis cela ne se serait pas passé comme cela. Et il en valait la peine de poursuivre ce combat et d’interpeler les gens ». En effet, l’indignation populaire n’a pas manqué sur les réseaux sociaux. Ainsi en compagnie de Aissa Maiga, actrice française d’origine sénégalaise et native de Dakar, de Sonia Rolland, actrice et miss France 2000 née au Ruanda, qui « avaient eu une réaction extrêmement virulente » à la connaissance de la nomination du collier, Rokhaya Diallo co-écrit « un texte de contestation qui a été publié ». Leur missive donne des précisions sur la parure de bijoux dite « style esclave ». « Ces bijoux formés de chaînes sont censés faire de l’esclavage

un objet de fantaisie et de mode. L’entreprise Mango banalise ainsi des tragédies qui ont traversé l’histoire de l’humanité et qui frappe encore aujourd’hui des millions d’êtres humains dans le monde » rappellent les trois jeunes femmes. Le texte était accompagné d’une pétition sur internet dont le but est d’obliger Mango à s’excuser et retirer la dénomination des innommables bijoux.

L’esclavage n’est pas un objet fashion Mais qu’est ce qui choque le plus ces « Trois femmes puissantes » pour reprendre le titre du roman de Marie Ndiaye, roman prix Goncourt 2009 ? Le nom ou la forme même des bijoux même ? « Les deux, répond sans ambage Rokhaya Diallo. Pour le nom : ce qui interpelle vraiment c’est qu’à l’intérieur même de l’entreprise, de la création à la nomination des bijoux, personne ne puisse s’indigner. La forme : les chaines avec la plaque, je trouve que c’est une symbolique de l’esclavage. Que tout cela ne questionne pas et que ce soit banalisé au point d’être un objet, un accessoire fashion. Je trouve cela problématique ». C’est une situation qui en dit beaucoup sur la société et « sur l’inconscient de la France d’autant plus qu’aux Etats Unis les bijoux ne portent pas le même nom. Cela montre qu’en deux pays, la fonction et la mémoire sur ces questions ne sont pas les mêmes ». En France, on s’insurge souvent de la compétition mémorielle

entre communautés. Ce qui est concevable. Mais un épisode de la sorte questionne et appellent les moins mesurés à faire des commentaires extrémistes. « En France, il y a des sujets qui indifférent. Sur la question de l’esclavage, la raison pour laquelle il n y a pas de responsabilité comme il peut y avoir, à raison, avec la Shoa c’est parce que l’esclavage est bien relayé loin du territoire hexagonal, du coup les gens estiment que c’est un sujet qui s’est passé à l’étranger. Les gens ne sont pas concernés en dehors des descendants d’esclaves » analyse Rokhaya Diallo. Esclava ou Esclave En France, on ne se « rend pas compte de l’atrocité de l’esclavage » et du fait que beaucoup de français sont issus de cette histoire et en sont des descendants. « Globalement on n’a pas saisi la tragédie qu’est l’esclavage ». Il y a eu des précédant avec l’épisode Jean-Paul Guerlain où le célèbre parfumeur avait choqué avec son « humour » douteux pour ne pas dire dégoutant en se demandant si « les noirs ont déjà travaillé un jour ». Il y a eu également la tentative de commercialisation de baskets avec des chaines

d’esclave par Adidas, en juin dernier. Dans le milieu de la mode et du luxe, le bon goût est souvent une option. « C’est un peu cliché de le dire mais la mode semble superficielle, note Rokhaya Diallo qui anime une émission parlant d’égalité sur LCP, la chaine parlementaire française. Beaucoup de créateurs de modes ont envie de s’amuser de tout. On a vu des créateurs faire défilés des mannequins déguisés en SDF. Cela montre également une certaine distance qu’il peut y avoir entre la mode et la réalité ». La pétition sous forme de mobilisation virtuelle mais bien réelle à travers internet n’avait pas perdu de vue son but. « On attend que la marque fasse un communiqué avec des excuses qui montrent qu’elle a bien pris conscience de l’offense proférée avec la nomination de ces bijoux ». Après avoir mis sur place une communication de crise dans laquelle, Mango plaidait pour un problème de traduction de l’espagnol au français. « Esclava » ne voulant pas dire toujours « esclave ». Fin Mars, Mango a fini par présenter ses excuses et annoncer le retrait des bijoux incriminés du marché français. Moussa Diop 21 N°40 Avril 2013

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société

CECILE KYENGE, Député AU PARLEMENT ITALIEN

Une nouvelle page dans l’histoire politique en Italie, l’entrée au parlement de la première femme noire.

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CECILE KYENGE, Député AU PARLEMENT ITALIEN

Militante des droits de l’homme Cécile Kyenge lutte depuis plusieurs années pour le respect des droits des immigrés en Italie. Présidente nationale et initiatrice du mouvement national du 1er mars ( une organisation nationale de lutte contre toute sorte de discrimination et du respect des droits des immigrés). L’honorable Cécile Kyenge a parcouru toute l’Italie du nord au sud, de l’est à l’ouest pour assister et diriger les manifestations de droits de l’homme. Plusieurs séminaires sur la problématique de l’immigration à travers le monde entier et sa rencontre historique avec l’icône

a diaspora Africaine en Italie retiendra le jour du 15 mars 2013, l’ouverture de la première séance plénière de la nouvelle législature, comme une date historique. En effet Cécile KATSETU KYENGE, médecin de formation, originaire du Congo RDC (République démocratique du Congo ) a été élue député au Parlement Italien lors des dernières élections générales qui se sont déroulées du 24 au 25 février 2013. Comment cela a pu être possible dans un pays où l’immigré est vu comme un être à part, en proie à la subordination et victime de la xénophobie grandissante ? L’honorable Cécile Kyenge ne fait pas ses premiers pas dans la vie politique en Italie. Elle a été élue depuis la dernière législature conseillère régionale de l’Emilie Romagne. Au sein du parti démocratique Italien elle a occupé le rôle de responsable du forum de l’immigration pendant plusieurs années. de la lutte contre l’Apartheid Nelson Mandela pour avoir conduit une délégation de la diaspora Africaine en Italie à Pretoria les 21 et 22 février 2011. Présidente de la délégation de la Diaspora Africaine en Italie Cécile Kyenge a participé à la signature de la charte mondiale des migrants le 04 février 2011 à Gorée ( Sénégal). Le 15 mars 2013 à la sortie de sa première journée au parlement elle a fait cette déclaration se référant au discours d’ouverture de la présidente du parlement : « Les droits constitutionnels ont été acquis et construits sur les

places publiques. Ils doivent être étendus, garantis et reportés à l’intérieur des institutions. Dans le respect de la légalité, de la transparence les droits humains caractériseront ce passage historique pour le départ d’un gouvernement durable ». Avec l’entrée de la première femme Africaine noire au parlement Italien c’est une nouvelle page qui s’inscrit dans la vie historique de ce pays. C’est aussi une nouvelle Italie qui voit le jour, même si ce pays, ces dernières années est confronté à une crise économique sans précédente. Cécile Kyenge

qui, malgré son élection n’a pas baissé les bras par rapport à son combat contre la discrimination était encore auprès des immigrés et avec toutes les autres associations contre le racisme pendant les manifestations du mouvement premier mars de cette année 2013 sur toutes les places publiques en Italie. Elle reste l’icône et la référence nationale de la lutte émancipatrice de l’immigration de ces dernières années en Italie. René Kouamé (Italie)

INTOX OU REALITé ! Gabon : Les crimes rituels resurgissent

D

epuis un certain temps, les sacrifices humains se sont multipliés au Gabon. Et l’ampleur de ce phénomène est tel que l’Association gabonaise pour la prévention des crimes rituels a lancé un cri d’alarme pour le dénoncer publiquement. Nous sommes dans le 4ème mois de l’année 2013. Et déjà, près d’une vingtaine de corps sans vie pour la plupart de jeunes filles ont été retrouvées. Sexes amputés, langues, yeux arrachés, des corps mutilés et les restes abandonnés. C’est face à cette situation insup-

22 Diasporas News N°40 Avril 2013

portable que Jean-Elvis Ebang Ondo et son association pour la prévention des crimes rituels sont montés au créneau. La lenteur d’action des autorités et pouvoirs publics alimente même les rumeurs de connivences suspectes de cette psychose. En effet, les pouvoirs politiques et économiques au Gabon sont suspectés d’être les commanditaires et les bénéficiaires de ces assassinats ciblés en vue d’asseoir ou étendre leur pouvoir. Il est à rappeler que dans la plupart des pays africains, ces pratiques rétrogrades, ces crimes rituels sont courants à cause de la course

effrénée soit pour de l’argent, soit pour le pouvoir. Pour cela, on tue de pauvres innocents en vue de l’usage des parties de corps à des fins mystiques ou maraboutiques. Des pratiques lugubres et sauvages qui font de l’actualité brûlante du Gabon, un pays potentiellement dangereux. Des campagnes pour dénoncées l’impunité face à ce phénomène ont lieu sur les différents réseaux sociaux. Une manifestation publique est prévue à cet effet le 06 Avril prochain par les diverses associations gabonaises comme Cris de Femmes. Elles soutiennent les familles des

victimes et luttent pour que justice soit faite. En attendant, les hautes autorités ont décidé de prendre ce problème à bras le corps. Et sur instruction du Président de la République Gabonaise, des meurtriers présumés ont été arrêtés. L’opinion publique gabonaise attend avec beaucoup d’espoir que les langues vont se délier et que toute la lumière sera faite sur ce triste phénomène. D’ici là, l’heure de la mobilisation a sonné pour dénoncer avec force le laxisme ambiant sur ce sujet et sortir de la peur. Rendez vous le 06 Avril. NBF


Culture

Centenaire d’Aimé Césaire célébré à Dakar A l’occasion du centenaire de sa naissance, un colloque s’est tenu à Dakar. Pour rappeler l’œuvre du précurseur de la Négritude. Organisé à l’occasion de la quinzaine de la Francophonie, la diaspora venue des coins de la planète, s’est retrouvée pour réaffirmer la volonté d’Aimé Césaire de rapprocher les peuples de divers horizons ainsi l’humanisme et le génie créateur du verbe de l’auteur martiniquais.

L

a négritude est une occasion d’unifier le peuple noir, a déclaré Macky Sall, le président sénégalais à l’ouverture du colloque organisé le 20 mars 2013 à Dakar pour célébrer le centenaire de la naissance d’Aimé Césaire. L’auteur a contribué, selon le président

Rama GAYE & Mme Christiane TAUBIRA

sénégalais, au combat de la dignité humaine, pour le respect des peuples à travers ses œuvres comme le long poème du « Cahier d’un retour au pays natal », le pamphlet sur « Le discours sur le colonialisme » ou bien encore la pièce de théâtre intitulée « La tragédie du roi Christophe ».

Pour les organisateurs, il est naturel et logique de célébrer Aimé Césaire et le centenaire de sa naissance à l’occasion de la quinzaine de la francophonie. Au cours du colloque, il était question d’évoquer l’importance de la langue française et de rapprocher les peuples partageant cette langue de communication, de science et de la civilisation universelle. Parlée par plus de 220 millions de personnes à travers le monde, le français est aujourd’hui un enjeu majeur pour les communautés francophones. C’est pourquoi la diversité de ces peuples francophones doit se manifester par la richesse culturelle dont les écrivains et poètes en font bonne figure. Aimé Césaire en fait partie. Le poète martiniquais incarne la richesse culturelle du monde noir et des écrits francophones du 20ème siècle. Par son action, son combat pour le rapprochement des peuples, l’hommage pour son œuvre du siècle dernier. C’est ce qu’a compris Khalifa Sall, le maire de Dakar, lors de son discours inaugural. L’édile de la capitale sénégalaise n’a pas manqué de souligner le rôle d’Aimé Césaire mais également celui de Léopold Sédar Senghor. Fort de l’héritage des chantres de la négritude, il invite la Francophonie à fêter et à perpétuer leurs œuvres. « La négritude est d’actualité, elle n’est

pas une étape mais un départ » pour le Docteur Marcel Bibas, Porte-parole des familles CésaireDamas et Senghor (fondateur du concept de la Négritude). Raymond Saint-Louis-Augustin, Maire de Fort-de-France, déclare avec émotion que le « retour au pays natal » rattrape la généalogie perdue. C’est le réveil d’une poésie engagée vers la libération des peuples opprimés, le peuple noir, pour un peuple rassemblé au tour des valeurs ancestrales afin de construire l’avenir ensemble.

Si durant ce colloque, l’œuvre d’Aimé Césaire qui se confond avec l’homme est revenu en terre d’Afrique, pays de son éternel retour, les différents participants au colloque comme Jacques Bangou, Maire de Point-à-Pitre ou encore Makhtar Diop, le vice président de la Banque mondiale

Aimé Césaire

n’ont pas manqué de donner raison aux revendications de Césaire, Senghor et Damas. Ils prônaient une affirmation de soi sous forme d’ouverture à l’ouverture. « La Négritude et la conscience d’être noire pour la fraternité de tous les hommes mais nullement une forme de racisme ». Décédé le 17 avril 2008, Aimé Césaire a laissé un vide dans le cœur des Hommes épris de

justice, d’égalité et d’universalité. La lecture de ses œuvres peut participer à combler ce manque. Rama Gaye Issa Jadot Karabayinga De l’Agence Kévoré à Dakar

23 N°40 Avril 2013

Diasporas News


Culture Acteur du film documentaire « Sababou »

Tiken Jah Fakoly ou l’Espoir de changer les clichés occidentaux sur l’Afrique Sababou (Espoir) du réalisateur Samir Benchikh est un film documentaire sur une Afrique qui bouge qui refuse de se complaindre de l’image négative véhiculée par les médias occidentaux. Le speech du documentaire Tiken Jah Fakoly : « Le message avec Sababou est de montrer que l’Afrique bouge. Chacun à son niveau peut faire des choses pour que le continent avance. Et essayer de mettre dans la tête des africains que personne ne viendra développer notre continent à notre place. Chacun doit se dire qu’il peut apporter quelque chose à l’Afrique. Ne serait-ce que d’aller voir des jeunes et de leur dire que le fait de se taper dessus ne règle pas les problèmes. Ceux qui ont la chance d’avoir des diplômes doivent pouvoir donner des cours, on doit se battre pour les droits sociaux et judiciaires des citoyens ».

Le projet « Samir Benchikh m’a contacté pour m’expliquer son projet. Il entrait en droite ligne de mon combat pour redorer l’image de l’Afrique par rapport au cliché véhiculé en occident. Samir m’a contacté au moment où j’avais un projet en Guinée Conakry dans la perspective des élections présidentielles de 2010. Ayant vu ce que les hommes politiques ivoiriens avaient fait de mon pays, la Côte d’Ivoire, j’avais décidé de m’investir pour que le même scénario ne puisse pas se répéter en Guinée. Ainsi nous avons pris notre bâton de pèlerin et sommes partis discuter avec Alpha Condé et Cellou Diallo mais aussi avec les jeunes. Auparavant on avait enregistré un single avec des artistes locaux mais aussi Didier Awadi, venu du Sénégal. Un concert était organisé à Conakry avec les deux candidats, malheureusement un des partis (celui de Alpha Condé, ndlr) avait perdu un militant dans des violences électorales et pour respecter leur mémoire, il ne pouvait plus être présent du coup, nous avons préféré annuler le concert ».

Présence de caméra « Cela ne m’a pas perturbé au contraire le caméraman s’est fondu dans le paysage au 24 Diasporas News N°40 Avril 2013

point que parfois je lui posais la question de savoir s’il était là lors de telles séquences ou telle autre ».

L’exil et la question du retour « C’est en 2002 que j’ai décidé de partir en exil. A la limite, c’était une obligation vitale. Il y a eu un précédent avec le comédien H Camara qui avait reçu les mêmes menaces que moi. Il avait choisi de rester en Côte d’Ivoire, on l’a retrouvé assassiné. Mais, il faut rappeler que je ne suis plus en exil, au Mali, depuis 2007 lorsque l’ancien président Gbagbo et l’ancien chef des rebelles et ex Premier ministre (Guillaume Soro, ndlr) avaient allumé la flamme de la paix. J’avais annoncé ma volonté de rentrer en Côte d’Ivoire en juin 2012, malheureusement il y a eu ce coup d’Etat (mars 2012, ndlr). Comme c’est un peuple qui m’a accueilli, j’ai décidé d’être solidaire et de rester avec eux ».

Censure « J’ai connu des moments difficiles en 1996 à l’occasion de la sortie de mon premier album engagé. Pour mon deuxième album intitulé Cours d’histoire en 1999, il y a eu aussi des titres qui étaient censurés, qui ne passaient ni à la télé ni à la radio. Ce sont des pratiques qui existent moins aujourd’hui car avec internet, une vidéo mise sur You Tube peut être vue par des milliers de personnes en quelques jours et cela produit l’effet inverse car la censure éveille la curiosité. Je peux donner aussi l’exemple de

mon album « Le caméléon « sorti en 2000, les militaires étaient au pouvoir. J’avais « samplé » le discours de Robert Guei, chef des militaires. La veille de la sortie de l’album était tendue. Mais j’ai vendu 35 000 cassettes en deux jours par la suite ».

La situation malienne « C’est une situation compliquée pour moi parce que je suis accueilli par les maliens et ce serait un manque de respect de ma part. Tout ce que je peux dire est que je souhaite que le Mali retrouve son intégrité territoriale rapidement. Je souhaite également que les politiciens rangent leurs ambitions politique et pensent au Mali ». Moussa Diop


Culture

Salon du livre : Les lettres afro-caribéennes se positionnent La 33ème édition du salon international du livre de Paris a eu lieu du 22 au 25 mars 2013 au Parc d’exposition de la porte de Versailles. Une édition dont les principaux axes officiels de la programmation ont été entre autres les lettres roumaines à l’honneur, Barcelone ville invitée, le square culinaire et la création éditoriale française. La littérature afro-caribéenne se positionne.

D

es livres, des tables rondes et des animations, il y en a eu dans l’ensemble des stands des éditeurs venus ou issus de la sphère Afrique, Caraïbes. Nous avons eu le plaisir de les visiter. Et la ferveur des autres visiteurs autour des différents stands nous a convaincu de l’intérêt de plus en plus croissant pour la littérature africaine et caribéenne. Le stand Livres et Auteurs du Bassin du Congo nous a fait forte impression tant par son espace, la qualité de sa programmation que par le public nombreux qui s’y donnait régulièrement rendez vous. En ce lieu, on a assisté à plusieurs tables rondes riches par leurs thèmes que par la qualité des intervenants. L’alphabétisation par la musique avec Jean-Paul Wabotaï, à la découverte de la littérature congolaise, Arts et Beaux livres, Géopolitique africaine, la création éditoriale africaine, la place du livre dans les programmes cultu-

rels en Afrique, Vivre et écrire l’exil dans la littérature africaine, la poésie contemporaine vue du Congo et de la Roumanie, etc.… Des débats très enrichissant aussi bien les uns que les autres avec de grands noms d’auteurs comme Alain Mabanckou, Henri Djombo ,Emmanuel Dongala, Henri lopes pour ne citer que cela. D’ailleurs, l’occasion a été pour les organisateurs de remettre à Emmanuel Dongala le prix littéraire Mokanda 2013. Cette distinction récompense un écrivain pour l’ensemble dans l’espace Afrique francophone. Par ailleurs, plusieurs émissions culturelles en direct ou en différé de chaines de télévision ont été enregistrées sur le studio aménagé de ce stand. Une occupation méthodique de l’espace, une gestion rationnelle et efficace du temps et des interventions, une logistique et des animations dynamiques ont poussé le public à saluer la performance

de cet éditeur et de ses partenaires qui ont fait honneur à l’Afrique du livre et à sa diaspora. Le stand Côte d’ivoire également a présenté un bon programme avec des conférences comme « Etat des lieux de l’édition et de la diffusion en Côte d’ivoire », « la bande dessinée », des débats comme « Paroles de femmes », « Regards croisés des intellectuels sur la place de la Culture dans le développement de la Côte d’ivoire », des écrivains comme Venance Konan, Tiburce Koffi, Fatou Kéita, Tanella Boni, des éditeurs comme Frat mat, Librairie de France avec son Directeur Mr René Yédiéti. Cependant, il est à déplorer la frivolité de la gestion du temps avec le non respect des horaires et du programme. Une chose qui doit être corrigée pour le prochain rendez-vous. A part cela, les DOM-TOM aussi avec le stand de Martinique Editions et le ministère d’Outre mer ont

connu des animations festives avec des séances culinaires dirigées par la chef de cuisine Babette de Rozières et des séances de dédicace. L’une des bonnes surprises de cette 33 ème édition du salon du livre a été la présence de jeunes maisons d’éditions comme par exemple Dagan Editions. Dieudonné Gnammankou, le Directeur, a multiplié les partenariats stratégiques avec d’autres exposants. Idem pou Eyo Editions de notre confrère Ephrem Youkpo présent à son stand durant l’évènement pour dédicacer son roman « Là où les caïmans se couchent ». Au total, il est permis de constater que la littérature afro-caribéenne se positionne dans la durée. Espérons qu’elle soit à l’honneur dans quelques années à ce mondial du livre pour sa qualité et sa compétitivité. Félix Boni NIANGORAN. 25 N°40 Avril 2013

Diasporas News


Culture

Une icône nommée Gloria Mika

Dans le cadre de leurs activités culturelles et artistiques, Radiofonies Europe et Amanni Art et Culture nous ont conviés à la projection en avant-première du film documentaire : Aux Portes des Révolutions, Gloria Mika, portrait d’un mannequin engagé. Un film signé du réalisateur et producteur Apis Ondo qui met en lumière le parcours de Gloria Mika Ndzila, un mannequin gabonais, une icône de la diaspora africaine.

I

l est déjà 20 heures lorsque le réalisateur gabonais Apis Ondo monte sur la scène de projection pour nous donner le programme de la séance à laquelle un public nombreux est venu assisté à la salle Jean Dame du 2ème arrondissement de Paris. 52 minutes, c’est la durée du documentaire qu’Apis Ondo a tourné.

Il nous montre l’engagement particulier de Gloria Mika, son parcours, ses projets, sa vie. 1 mètre 88 pour 60 kilos. Profession Mannequin. Signe particulier : Elle n’est pas formatée dans la catégorie « sois belle et tais-toi ». Svelte, joli petit minois, on la prendrait pour quelqu’une de très fragile mais ne vous fiez pas seulement qu’à son physique que Dame nature lui a généreusement donné comme un 26 Diasporas News N°40 Avril 2013

atout. Mais loin des strass et des paillettes, loin des T des grandes capitales de mode et des fashion week, loin des clichés, Gloria Mika nous montre qu’elle en a dans le cerveau. Elle suscite la curiosité. Et cela dérange dans ses relations familiale, amicale et professionnelle. Métisse, Gloria Mika l’est au propre comme au figuré. Alliage de la beauté physique à la beauté des idées, elle s’est battue pour la mise sur pied de la plateforme ADYNE pour les jeunes de la diaspora africaine. A travers la caméra d’Apis, on la voit dans ses différents combats battant le pavé contre le système. Elle fait partie de ces jeunes africaines de la diaspora qui luttent pour les droits humains, l’éducation et le

développement. De New York à Paris en passant par Athènes, c’est un portrait réaliste de la belle métisse gréco gabonaise qu’il nous a été permis de voir. Une sorte de citoyenne du monde dont la noblesse du combat et le courage sont à saluer. Une globe-trotter que les frontières naturelles des pays ne peuvent contraindre. Sans fard et avec une sincérité doublée par moment de naïveté, l’icône paraît iconoclaste devant l’objectif de la caméra. Ses peurs, ses colères, ses doutes, ses frustrations mais aussi ces espérances, ses aspirations sont exposés au regard des spectateurs, à leurs interprétations aussi. Des compagnons de route, de lutte de Gloria meublent le film de leur témoignage. Ils s’ex-

priment sur l’engagement spécial de la « vénus » version téké qui illumine de son teint et par sa présence le champ ténébreux et martial de ces révolutions inachevées. Ainsi, au clap final de la projection, c’est un public conquis, émerveillé qui a salué l’œuvre d’Apis Ondo ainsi que son héroïne Gloria Mika. Pour ma part, une question m’est passée à l’esprit : celui de savoir ce qui motive réellement cette belle femme dans un combat qui semble perdu d’avance. Iconoclaste ? idéalisme ? La séance de question-réponse après la projection a permis de se faire une idée avant que tout cela se termine par une collation. Il est bon de signaler que ce film documentaire est en cours de finition et cherche d’éventuels diffuseurs. Félix Boni NIANGORAN


juridique

Discrimination ou moquerie à cause de votre nom ou prénom Le changement c’est possible !

Votre nom ou votre prénom est un handicap pour votre intégration dans la société Votre nom ou votre prénom vous empêche de trouver du travail Vous voulez obtenir la nationalité française et avez envie de franciser votre nom Vous avez changé de sexe et souhaitez porter un autre prénom

L

e samedi 27 avril 2013 entre 10 h et 18 h , l’association IJE organise une journée de consultation juridique gratuite et individualisée en présence de juristes spécialisés pour répondre à ces questions et vous aider à former une requête en changement de nom ou de prénom.

Qui peut demander à changer de nom ? Ce sont les articles 61 à 61-4 du Code civile qui donnent la possibilité de changer de nom à toute personne qui justifie d’un intérêt légitime • Les personnes majeures : lorsque plusieurs personnes majeures souhaitent changer leur nom, il faudra que chacune constitue un dossier personnel. • Les personnes mineures : la personne mineure représentée par son tuteur ou ses parents peut demander à changer de nom. Lorsque le mineur a plus de 13 ans, il doit donner son consentement au changement de nom.

Quels sont les motifs valables du changement de nom ? Le changement de nom doit répondre à la preuve d’un motif légitime. L’association IJE vous aidera à démontrer ce motif légitime à l’aide des documents probants. Plusieurs possibilités existent : • Un nom à consonance ridicule, et donc difficile à porter,

• Un nom à consonance étrangère,

également nécessaire.

• Un nom éteint ou menacé d’extinction,

Quels sont les motifs légitimes ?

• La consécration de l’usage continu et constant d’un nom….

Comment changer de nom ? Il faut adresser une requête motivée adressée soit au Garde des Sceaux, soit au Procureur de la République, accompagnées de l’ensemble des pièces qui doivent être jointes à peine d’irrecevabilité de la demande. Une publication est obligatoire et devra être faite aux frais du demandeur. L’avocat est fortement recommandé pour cette procédure. Si la demande est accordée, un décret signé par le Garde des Sceaux est publié au journal officiel. Si aucune opposition n’est faire dans le délai de deux mois suivant cette publication, le demandeur pourra alors s’adresser au Procureur de la République afin d’obtenir la rectification des actes d’état civil le concernant.

Qui peut demander un changement de prénom ? Toute personne justifiant d’un intérêt légitime peut demander à changer de prénom. Si le demandeur est mineur ou un majeur en tutelle, la demande sera faite par son représentant légal, et s’il s’agit d’un mineur de plus de 13 ans, son consentement sera

Les motifs légitimes permettant de changer de prénom peuvent être les suivants : • Un prénom ridicule ou qui porte préjudice, • Une volonté de franciser son prénom, • Une volonté d’adjonction ou de suppression de prénom…

Comment obtenir un changement de prénom ? La demande est faite par requête adressée au juge aux affaires familiales. L’assistance d’un avocat est obligatoire dans cette hypothèse, et il peut être octroyé une aide juridictionnelle en fonction des ressources du demandeur. Lorsque le jugement est rendu, le Procureur de la République le transmet directement à l’officier d’état civil afin de mettre à jour l’acte de naissance. Il sera ensuite possible de faire modifier la pièce d’identité. • La francisation : La francisation du prénom est un des cas de motif légitime du changement de prénom. Les conditions sont les mêmes que celles du changement de prénom évoqué ci-dessus. La francisation peut être demandée en même

temps que la demande de naturalisation. Elle peut également être demandée dans le délai d’un an suivant l’acquisition de la nationalité française ou sa réintégration dans la nationalité française. Dans tous les cas l’association IJE vous informera, en entretien individuel, des procédures existantes et vous aidera à rassembler les pièces nécessaires à la modification de votre nom, de votre prénom le samedi 27 avril 2013 entre 10 H et 18 H dans nos BUREAUX à Ivry. Le nombre de places étant limité, nous vous conseillons de prendre rendez-vous dès maintenant au secrétariat en téléphonant au 06 47 76 51 33 ou 01 46 70 48 32 ou par mail : contact@ije-asso.fr Nous vous rappelons qu’au quotidien l’association IJE spécialisée dans la défense des droits informe et accompagne les personnes pour les problèmes liés à la régularisation des sans-papiers, au divorce ou à la séparation, aux violences intrafamiliales ou sur le lieu du travail, au licenciement, ou droit au logement, etc. Cécile DIMOUAMOUA Présidente -fondatrice Association Intégration juridique et économique

Permanences sur rendez-vous Bureau Immeuble SOFRADOM: 12 avenue Maurice Thorez 94 200 Ivry sur Seine Métro : pierre et marie curie ou porte d’Ivry Site www.ije-asso.fr 27 N°40 Avril 2013

Diasporas News

Cécile. D.


santé

LA CAMPAGNE DE FORMATION DES SAGES FEMMES AFRICAINES Le suivi médical pendant la grossesse diminue le risque de complications maternelles et fœtales. Pour réduire le taux de mortalité maternelle, les Nations-Unies ont formulé l’objectif n°5 des OMD*. Depuis 2011, l’AMREF, la 1ère ONG africaine de santé publique a lancé la campagne Stand Up For African Mothers. Diasporas-News a interviewé Marion Cambriens, Responsable Communication et Partenariats de l’AMREF France. Diasporas-News : Quels sont les objectifs de la campagne STAND UP FOR AFRICAN MOTHERS ? Marion Cabridens :

Chaque année en Afrique, 162 000 femmes meurent pendant la grossesse ou l’accouchement. Pourtant, 80 % de ces décès pourraient être évités grâce à du personnel de santé comme des sages-femmes. L’AMREF a donc lancé en 2011 la campagne Stand Up for African Mothers, avec un objectif concret : former 15 000 sages-femmes africaines d’ici 2015. Chaque sage-femme formée peut aider 500 mamans chaque année, et sauver ainsi des milliers de vies.

D-N : Quels sont les pays cibles de la campagne ? M.C : Les programmes de la campagne Stand Up For Mothers visent 15 pays d’Afrique subsaharienne où les besoins de formation de sages-femmes sont les plus importants. Actuellement, près de 3 000 sages-femmes sont en formation dans 6 pays : Kenya, Ouganda, Mozambique, Ethiopie, Sud-Soudan et Tanzanie. Les formations commenceront également au Sénégal en septembre 2013. D-N : Comment se déroulent les formations ? M.C :

Elles diffèrent selon les dispositifs et les besoins de chaque pays : formation continue avec des cours en présentiel en Ethiopie et au Sud-Soudan, formation à distance en e-Learning en Ouganda et bientôt au Sénégal, pour des cours de remise à niveau. Dans d’autres pays, nous employons une méthode

28 Diasporas News N°40 Avril 2013

mixte avec à la fois des cours en présentiel et en e-Learning.

D-N : Quelle coordination existe-t-il entre les écoles publiques de formation des sages-femmes des pays et la formation proposée par l’AMREF ? M.C :

Les programmes de formation de sages-femmes de l’AMREF sont tous menés dans

le cadre de conventions avec les ministères et les gouvernements des pays concernés. Il s’agit donc d’un véritable partenariat entre l’AMREF et les gouvernements. Au Sud-Soudan d’ailleurs, l’AMREF est le seul acteur qui forme des sages-femmes dans le pays. Marcelle KPAN Marcelle KPAN * OMD : Objectifs du Millénaire pour le Développement


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HOROSCOPE BELIER :

BALANCE :

TAUREAU :

SCORPION :

GEMEAUX :

Ce sera votre Ve maison solaire (amour et créativité) qui sera valorisée par le cosmos au mois d’avril. De nombreuses planètes vous invitent à valoriser vos dons, promouvoir vos qualités, vous mettre en avant pour séduire ou pour convaincre de nouveaux clients. Vous y mettrez de votre personne et vous ne le regretterez pas. Votre motivation portera ses fruits au fil du mois.

Une concentration planétaire dans votre signe vous projette sur la scène céleste. Canalisez votre nervosité, vous manquez sérieusement de self-control. Du 1er au 14 avril, Vénus se balade dans votre signe, accompagnée jusqu’19 avril par Mars, votre planète. Un duo amoureux certes, mais aussi assez éruptif, avis de coup de foudre, mais aussi de disputes avec des réconciliations dans l’intimité.

La première quinzaine du mois sera entre parenthèses. Tout vous semblera compliqué. La vapeur s’inverse ensuite, car une ribambelle de planètes se rallie à votre cause céleste. Le 15 avril, Vénus, votre planète s’installe dans votre signe rejoint le 20 avril par Mars, astre du désir.

C’est votre XIe maison solaire (appuis, projets) qui est valorisée par le cosmos. Vos projets sont à l’ordre du jour. Recentrez-vous sur l’essentiel, car une certaine fébrilité vous envahit, qui pourrait se traduire par de la dispersion chronique.

CANCER : Sur le plan professionnel, foncez la première quinzaine, Mercure, la planète de la communication facilite les échanges, soutient vos démarches commerciales et vous souffle de bonnes idées. Vous auriez bien tort de faire la sourde oreille. Mais, il vous est vivement conseillé de vous calmer, car vous risquez d’être assez soupe au lait.

LION : C’est un mois harmonieux, vous avez de l’énergie à revendre,

une farandole de planète se donne rendez-vous dans votre IXe maison solaire (étranger, études). N’hésitez pas à voyager, et à vous déplacer, c’est le bon moment. De belles opportunités seront au rendez-vous alors, ce serait dommage de laisser passer le coche céleste.

VIERGE : La première quinzaine, Mercure, vous fait face dans le

cosmos, ce qui peut susciter des problèmes relationnels. Il y aura du recadrage à faire au bureau, et aussi des problèmes financiers à régler. À partir du 15 avril, Vénus met un peu de douceur dans votre vie. Il y a de la passion au programme, tous les ingrédients nécessaires pour que votre romance prenne une autre tournure.

Au mois d’avril, c’est votre VIIe maison solaire (couple, association) qui est valorisée par le cosmos. De nombreuses planètes s’y invitent alors, c’est dans ce secteur que vous aurez des choses à faire. Prenez garde, tout de même, Mars, la planète de l’action et de la vitalité vous titille les nerfs, vous risquez d’affronter des confits relationnels qu’il faudra gérer avec habilité. Du 1er au 13 avril, Mercure, la planète de la communication investit votre Ve maison solaire (créativité, enfants, amour). Vous débordez de nouvelles idées, votre mental carbure à 100 à l’heure. Vous en avez des choses à faire, des gens à rencontrer. Vous êtes en phase de préparation.

SAGITTAIRE :

CAPRICORNE :

Vos activités professionnelles seront au coeur de vos préoccupations au mois d’avril. Vous focaliserez tous vos efforts dans une seule direction, celle de votre plan de carrière. Du 1er au 13 avril, Mercure, la planète de la communication vous rend plus relationnel, plus ouvert aux idées des autres.

VERSEAU :

C’est votre IIIe maison solaire (contacts, entourage) qui est valorisée au mois d’avril. Il est question de contacts, de communication, de relations et de rencontres tous azimuts. De plus, du 1er au 19 avril, Mars, la planète de l’action met un tigre dans votre moteur.

POISSONS :

Faites vos comptes au mois d’avril, vous éviterez ainsi les problèmes financiers désagréables à gérer avec vos débiteurs ou avec votre banquier. Vous avez une aide céleste de taille pour vous y aider, car Mercure stationne dans votre signe du 1er au 13 avril, ce qui vous permet de nouer des contacts intéressants, de solliciter les bonnes personnes pour vous aider.

Gastronomie : PINTADE GRILLEE SAUCE MOYO Préparation 20 min / Cuisson 35 mn / Difficulté * / Pour 4 Personnes

INGREDIENTS 1 Pintade de 1,5 kg Huile d’arachide Sel, poivre Pour le nokos 2 gousses d’ail 1 cube de bouillon 3 piments oiseau 1 cuillerée à café de poivre noir en grains

PREPARATION Préparez le nokos : mixez l’ail, les piments oiseau, le poivre noir et les bouillons de cube. Lavez, coupez la pintade en morceaux puis incisez-les en plusieurs endroits. Insérez du nokos dans chaque incision. Salez, poivrez et huilez un peu l’ensemble. Allumez le four, mettez les morceaux de pintade à cuire 30 minutes. Terminez 5 minutes en position gril. 30 Diasporas News N°40 Avril 2013

Pour la sauce moyo : 6 tomates 2 oignons 1 poivron vert 1 cube de bouillon 2 Cuillerées à soupe de moutarde 5 cl d’huile d’arachide Le jus d’un citron Sel, poivre

Pour la sauce moyo, épépinez les tomates. Coupez-les en petits morceaux, ainsi que les oignons et les poivrons. Mélangez puis assaisonnez en ajoutant le cube de bouillon effrité, l’huile, la moutarde, le jus de citron et le sel. Laissez marinez 15 minutes avant de servir. Dressez la pintade sur un lit de sauce, accompagnez, de bananes plantains (Aloko) ou d’atiéké. Recette originaire d’Afrique de l’Ouest et principalement du Bénin et du Togo pour la

sauce moyo. La sauce moyo accompagne souvent le poisson ou le poulet frit. Astuce / Cuisson: Vous pouvez aussi faire cuire cette sauce 10 minutes à feu vif sans ajoutez d’eau en mélangeant bien puis servir chaude. Bon appétit Danielle EBENGOU


B.D.

BD – Humour : Quand les BLONDES se moquent d’elles-mêmes ! Babinette ressemble beaucoup à sa créatrice, Anna Joffo, une jeune auteure et dessinatrice de BD de 26 ans.

A

l’âge de 10 ans, elle découvre le dessin en participant par hasard à un cours de dessin pour adulte dans un centre artistique. Depuis lors le dessin n’a cessé d’accompagner sa vie. Après le lycée, et un bac option arts plastique en poche, elle intègre l’école Penningen pour entrer l’année suivante à l’ECV de Paris et découvre alors la peinture, le graphisme, la pub et l’illustration... Entre expositions de peintures et graphisme freelance, Anna se lance peu à peu dans la bande dessiné et commence alors à créer des personnages et des univers LES BABILLAGES DE BABINETTE bénéficient d’une diffusion particulière : Outre la diffusion habituelle (librairies, Fnac.com, Amazon, etc. Ce petit livre sympathique est en vente dans les concepts stores et est déjà référencé chez ANTOINE & LILI – éd 10€ LES BABILLAGES DE BABINETTE – www.lesbabillagesdebabinette.com Grrr Art éditions – http://grrrart.free.fr

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