CEVIPOF
LÉGISLATIVES 2012 L’UMP PIÉGÉE
LE PS PLÉBISCITÉ
LE FN BRIDÉ
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Tous les ministres ont ÊtÊ Êlus ou rÊÊlus. La vague rose s’enrichit de nombreux quadras et de femmes.
Sa poussÊe est entravÊe par la faiblesse de son implantation locale et limite la portÊe de son retour à l’AssemblÊe.
Les dissidences Êlectorales de la droite et du centre ont dynamisÊ le PS qui gagne la majoritÊ absolue en sièges, rÊÊditant l’exploit de 1981. PASCAL PERRINEAU
Directeur du Centre de recherches politiques de Sciences Po (Cevipof)
A A
vec 44,6 % des Êlecteurs inscrits, l’abstention de ce second tour des Êlections lÊgislatives a encore battu un record. Ces Êlections qui existent dans l’ombre de l’Êlection prÊsidentielle ne mobilisent pas et sont considÊrÊes comme des Êlections secondes qui reçoivent leur logique de fonctionnement de la première. Mais, encore plus qu’en 2002 (39,7 % d’abstentions au second tour) et 2007 (40 %), l’abstention s’est envolÊe. Cet envol est largement dÝ à une campagne d’entre-deux-tours particulièrement mÊdiocre oÚ, entre l’affaire du tweet de la compagne du prÊsident et le gag humoristique dont a ÊtÊ victime Nadine Morano, on pouvait avoir l’impression que rien ne se disait et que le pays continuait à ignorer superbement les en-
jeux Êconomiques et financiers d’une Europe en crise grave. Pour ceux qui ont surmontÊ cette faible attirance des urnes lÊgislatives, la logique de confirmation du choix prÊsidentiel a jouÊ à plein. Comme en 1981, mais sur un mode mineur, le Parti socialiste, qui avait gagnÊ l’Êlection prÊsidentielle, a remportÊ une majoritÊ absolue de sièges à l’issue du second tour des Êlections lÊgislatives. En 1981, François Mitterrand avait attirÊ 51,8 % des suffrages et le PS et ses alliÊs directs, quelques semaines plus tard, 58 % des sièges. Cette fois-ci, François Hollande a rassemblÊ 51,6 % des suffrages et le PS et ses alliÊs immÊdiats, cinq semaines plus tard, 54 % des sièges. Même si la dynamique est moins importante qu’en 1981, elle est bien rÊelle et la gauche a dÊpassÊ, lors de ce second tour, la barre des 50 % de suffrages exprimÊs (51 %), la droite modÊrÊe n’en rassemblant que 44 % et la droite extrême 3,8 %. Avec un tel rapport de forces, l’UMP et ses alliÊs ne pouvaient empêcher la dynamique unitaire autour du PS et la capacitÊ de ce dernier à dÊgager une majoritÊ absolue de sièges en sa faveur. Le sondage Ipsos (1) rÊalisÊ dans les 414 circonscriptions oÚ il y avait un duel entre gauche et droite au second tour, montre que la première a bÊnÊficiÊ de très bons reports de voix entre forces de gauche (78 % des Êlecteurs qui avaient choisi le Front de gauche au premier tour ont votÊ en faveur de la gauche au second, 83 % des Êlecteurs d’Europe Écologie Les Verts ont fait de même) alors qu’à droite et au centre les reports laissaient à dÊsirer (49 % seulement des Êlecteurs du FN ont choisi le vote à droite au second tour, 52 % des Êlecteurs proches du Modem ont fait le même choix). Du fait de cette très bonne discipline à gauche, les candidats socialistes et leurs alliÊs ont fait le plein des voix et ont pu bÊnÊficier ici et là de l’apport d’Êlecteurs centristes ou frontis-
tes : 42 % des Êlecteurs qui avaient choisi François Bayrou à l’Êlection prÊsidentielle ont votÊ en faveur de la gauche dans l’ensemble des circonscriptions oÚ il y avait un duel lÊgislatif entre droite et gauche, il en a ÊtÊ de même pour 29 % des Êlecteurs qui avaient votÊ pour Marine Le Pen. Ces dissidences Êlectorales en provenance du centre et de la droite extrême ont beaucoup contribuÊ à la dynamique Êlectorale d’une gauche qui ne rassemblait que 44 % des voix au premier tour de l’Êlection prÊsidentielle et 48 % à l’issue du premier tour des lÊgislatives dans les circonscriptions en ballottage.
Pour la première fois sous la Ve RÊpublique, un même parti contrôle l’ensemble des dispositifs du pouvoir du plan national au plan local Au lendemain de ces Êlections lÊgislatives, la gauche contrôle ainsi 59 % des sièges à l’AssemblÊe nationale (plus de 340 sièges), le PS et ses alliÊs se taillant la part du lion (314 dÊputÊs soit plus de 9/10e des effectifs de la gauche), Europe Écologie Les Verts rassemblant 17 Êlus et le Front de gauche Êtant ramenÊ à la portion congrue de 10 dÊputÊs. Cette victoire socialiste va rendre la tâche plus facile au gouvernement chargÊ de mettre en œuvre les propositions de François Hollande. Les nÊgociations du PS sur ces deux flancs, Êcologiste et communiste, seront plus aisÊes. Cependant, on sait que les victoires larges peuvent avoir leurs effets pervers en crÊant un phÊnomène de  majoritÊ introuvable  oÚ la surenchère peut venir de son propre camp. NÊanmoins, pour la première fois sous la Ve RÊpublique, un même parti
contrôle l’ensemble des dispositifs du pouvoir du plan national au plan local. Le Parti socialiste dirige les deux branches du pouvoir exÊcutif, les deux AssemblÊes lÊgislatives, la quasi-totalitÊ des rÊgions, la majoritÊ des dÊpartements et des grandes villes. Même le gÊnÊral de Gaulle et le mouvement gaulliste avaient face à eux un SÊnat plutôt hostile et des pouvoirs locaux rÊticents. Il faudra donc que François Hollande parvienne à maÎtriser cette victoire et que le PS ne cède pas aux tentations du parti hÊgÊmonique. L’efficacitÊ et la cohÊrence sont des attributs importants de cette victoire, mais l’absence de diversitÊ et de contre-pouvoirs en prÊcise les limites. Le PS a presque un devoir de rÊussite : tout repose sur ses Êpaules et il lui sera difficile, à l’avenir, de faire reposer la responsabilitÊ d’Êventuelles difficultÊs sur le comportement d’alliÊs rÊcalcitrants ou d’opposants bornÊs et encombrants. Un des dÊfis du prochain gouvernement Ayrault sera d’introduire une ouverture vers d’autres horizons que ceux du seul Parti socialiste ou de la seule gauche. Tout gouvernement portÊ par une forte majoritÊ sait que l’engouement ne dure qu’un moment, que les  lunes de miel  sont ÊphÊmères : le PS l’a constatÊ très vite après sa victoire de 1981, l’UMP aussi après ses victoires de 2002 et 2007. Le mode de scrutin majoritaire à deux tours et la logique de ratification propre aux lÊgislatives qui suivent directement une Êlection prÊsidentielle amplifient la victoire du courant politique dominant et peuvent donner l’impression d’un mouvement irrÊsistible. Cette  ivresse  de la victoire ne doit pas cacher l’ampleur du retrait abstentionniste (presque 20 millions d’abstentionnistes au second tour sur un corps Êlectoral de 43 millions d’Êlecteurs), la rÊsistance d’une droite modÊrÊe qui rassemble plus de 44 % des suffrages, l’Êvanescence d’un centrisme
indÊpendant mais la pÊrennitÊ d’un centre droit (20 dÊputÊs appartenant à cette mouvance ont ÊtÊ Êlus) et le maintien, là oÚ il Êtait prÊsent, d’un Front national à un haut niveau. Même battue dans la onzième circonscription du Pas-de-Calais, Marine Le Pen a augmentÊ son capital Êlectoral, du premier au second tour, de plus de 7 points. Il en a ÊtÊ de même pour les deux dÊputÊs frontistes Êlus dans la 3e circonscription du Vaucluse (+7,4 pour Marion MarÊchal-Le Pen) et la deuxième circonscription du Gard (+8,2 pour Gilbert Collard). Cette sÊquence de l’Êlection prÊsidentielle et des Êlections lÊgislatives qui l’ont suivie ont marquÊ un assez profond renouvellement du paysage politique. Les premiers rôles qui s’Êtaient imposÊs en 2007 ont quittÊ la scène : Nicolas Sarkozy a pris du champ, SÊgolène Royal a disparu dans un obscur règlement de comptes interne à la famille socialiste, François Bayrou n’a plus d’ancrage territorial, Marine Le Pen a fait oublier la figure tutÊlaire de son père. Des cohortes de nouveaux dÊputÊs oÚ les femmes, les nouvelles gÊnÊrations et les Français issus de la diversitÊ sont plus nombreux, entrent à l’AssemblÊe nationale. La sociÊtÊ française a changÊ, le système politique Êvolue, les grandes questions sur l’avenir Êconomique et social du pays demeurent. Les rÊponses politiques appropriÊes de demain, d’oÚ qu’elles viennent, devront prendre en compte ces trois paramètres. (1) Sondage Ipsos pour France TÊlÊvisions, Radio France, Le Monde et Le Point rÊalisÊ du 14 au 16 juin auprès d’un Êchantillon de 3092 personnes inscrites sur les listes Êlectorales, reprÊsentatif de la population française âgÊe de 18 ans et plus PAGES COORDONNÉES PAR JOSSELINE ABONNEAU ÉTUDES POLITIQUES DU FIGARO
JEAN-CHRISTOPHE MARMARA/LE FIGARO
L’ex-majoritÊ a ÊtÊ frappÊe par la multiplication des candidats dissidents et la banalisation du Front national.
12 le figaro l cevipof
mardi 19 juin 2012 LE FIGARO
LĂŠgislatives
La grève des urnes se singularise par l’Êmergence d’un Êlectorat jeune intermittent. contre 42,8 %). Le choix de la nouvelle AssemblÊe s’est donc fait sans compter les 20 millions d’abstentionnistes qui sont restÊs en dehors de la dÊcision Êlectorale. Comment interprÊter cette grève des urnes ? La rÊforme du quinquennat et l’inversion du calendrier Êlectoral depuis 2000 ont crÊÊ des conditions propices. Les Êlections lÊgislatives sont devenues des Êlections secondes, dans l’ombre de l’Êlection prÊsidentielle. Elles sont devenues des Êlections de ratification du choix prÊsidentiel considÊrÊ comme dÊcisif. L’enjeu des lÊgislatives est pourtant crucial. Sans majoritÊ au Parlement, le prÊsident de la RÊpu-
ANNE MUXEL Directrice de recherche CNRS/Sciences Po (Cevipof)
LA SÉQUENCE Êlectorale du printemps 2012 se clôt par une large victoire de la gauche à l’AssemblÊe nationale, mais aussi par une abstention record pour des Êlections lÊgislatives sous la Ve RÊpublique. Le second tour des Êlections lÊgislatives amplifie encore la dÊmobilisation des Français pourtant dÊjà forte au premier tour (44,4 %
blique est un prÊsident sans pouvoir. Le diffÊrentiel de participation aux premiers tours de la prÊsidentielle et des lÊgislatives organisÊs dans la foulÊe est devenu la règle : – 7,5 points en 2002, – 23,4 points en 2007, – 22,3 points en 2012. Le dÊbat sur la nÊcessitÊ de trouver un autre dispositif et un autre calendrier Êlectoral est lancÊ. Celui-ci est complexe : une fusion complète du temps prÊsidentiel et du temps lÊgislatif pourrait encore renforcer la logique prÊsidentielle des institutions.
1er tour
42,8 44,6
2d tour 39,7
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1993
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Source : ministère de l’IntÊrieur
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2007
2012
moins de contenus et qui sont de plus en plus arrimĂŠes aux vicissitudes d’une politique spectacle traversĂŠe par des conflits liĂŠs Ă des affaires d’ordre privĂŠ (affaire DSK, l’affaire du tweet de ValĂŠrie Trierweiler, le coup de fil de Nadine Morano). Quoi qu’il en soit, l’abstention de ces deux derniers dimanches confirme bien l’installation dans le paysage ĂŠlectoral d’un ĂŠlectorat devenu intermittent. Il s’agit lĂ d’un modèle de participation qui s’impose et, tout particulièrement, dans les nouvelles gĂŠnĂŠrations. Les deux tiers des 18-24 ans (66 % au premier tour et 63 % au second) sont restĂŠs en dehors du scrutin lĂŠgislatif alors que seul un petit tiers s’Êtait abstenu au premier tour de l’Êlection prĂŠsidentielle. Ce nouveau modèle, marquĂŠ par l’hĂŠsitation et la perplexitĂŠ jusqu’au dernier moment, presque un ĂŠlecteur sur quatre se dĂŠcide le jour mĂŞme du scrutin, par l’intermittence du vote selon l’enjeu du scrutin, et par une abstention qui devient de plus en plus une rĂŠponse ĂŠlectorale en tant que telle, redĂŠfinit non seulement la place et le sens du vote dans nos dĂŠmocraties, mais aussi plus largement les usages contemporains du civisme et de la citoyennetĂŠ. â–
 L’utilisation d’une abstention de nature critique et politique vise à sanctionner les partis au pouvoir 
Politique spectacle
Évolution de l’abstention aux lÊgislatives EN % DES INSCRITS
porteuse de mÊcontentement à l’encontre du pouvoir en place. Lors de ces Êlections lÊgislatives, les Êlecteurs proches du Front national ont ÊtÊ plus nombreux que les autres à rester dans l’abstention au premier comme au second tour : 46 % des Êlecteurs de Marine Le Pen au premier tour de la prÊsidentielle et 58 % au second tour (Son-
L’ampleur de l’abstention doit être remise dans le temps long de la crise de la reprÊsentation politique depuis la fin des annÊes 1980. La classe politique suscite la mÊfiance des Français et nombre d’entre eux se sentent mal reprÊsentÊs par les grandes forces de gouvernement. Cette situation favorise les votes protestataires pour des forces antisystème ou en marge du système politique, mais cela renforce aussi l’utilisation d’une abstention de nature critique et politique visant à sanctionner les partis au pouvoir. Les Êlections intermÊdiaires du dernier quinquennat ont toutes battu des records d’une abstention
dages Ipsos). Un malaise à l’Êgard de l’ordre bipolaire se manifeste dans l’Êlectorat de François Bayrou à la prÊsidentielle : 47 % se sont abstenus au premier tour et 49 % au second tour (Sondages Ipsos). Enfin, à l’heure oÚ la conjoncture politique et sociale est particulièrement grave en France comme en Europe, l’abstention peut aussi traduire un certain dÊsarroi des Français devant des campagnes Êlectorales qui ont de moins en
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Évolution de l’abstention entre les deux tours 1ER TOUR DES LÉGISLATIVES Moyenne 42,78 %
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2D TOUR DES LÉGISLATIVES Moyenne 43,71 %
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N -CalĂŠdonie
PolynĂŠsie fr.
St-Martin et St-BarthĂŠlemy
Les grands corps de l’État aux commandes, les dÊputÊs s’inscrivent dans la routine de soutien au gouvernement. LUC ROUBAN
A
Directeur de recherche CNRS/Sciences Po (Cevipof)
LA MAJORITÉ obtenue par le Parti Socialiste est Êcrasante. Le gouvernement pourra donc compter sur le  fait majoritaire  pour faire voter les principaux chantiers lÊgislatifs (notamment la rÊforme fiscale) dès l’ouverture de la session extraordinaire du Parlement. Les alliÊs du PS ne vont pas peser lourd. Le Front de gauche va moins souffrir du nombre de ses Êlus que de l’Êchec de Jean-Luc MÊlenchon, hautement significatif du dÊcalage entre la rÊalitÊ sociale et son analyse politique. Le PS peut ainsi se protÊger de surenchères en matière sociale. Quant aux Êlus Europe ÉcologieLes Verts (EELV), ils savent bien que leur siège dÊpend d’un accord Êlectoral. Ils n’auront pas le poids nÊcessaire pour inflÊchir la politique ÊnergÊtique d’autant plus que le ministère chargÊ de l’Environnement leur a ÊchappÊ. Seule la rÊforme constitutionnelle (introduction de la propor-
tement de la personnalitÊ des candidats et s’associe de manière très variable au vote partisan, comme l’a montrÊ l’affaire de La Rochelle. Autant l’Êlection prÊsidentielle s’est inscrite dans le rejet d’un candidat, autant les lÊgislatives ont produit un simple rÊsultat arithmÊtique oÚ l’on trouve des parachutÊs, des notables vivant de leur rente Êlectorale et des trublions locaux‌ mais oÚ
Le taux record d’abstention a montrÊ que le malaise dÊmocratique Êtait loin d’avoir ÊtÊ rÊglÊ par l’Êlection de François Hollande l’Êlecteur garde toutes ses chances d’être bernÊ, surtout lorsqu’il vote Front national. La crise de confiance historique dans le personnel politique ne va pas se dissiper. Là , rÊside sans doute un vrai danger pour la prÊsidence Hollande qui, finalement, va rester seule devant l’opinion, sans fusible. Reste la fonction de contrôle. La grande nouveautÊ des campagnes Êlectorales de 2012
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64 tionnelle, limitation du cumul des mandats) et la rÊforme territoriale (que faire des dÊpartements ?) pourraient susciter d’âpres nÊgociations‌ au sein même du PS dont le cœur est constituÊ d’Êlus locaux. Bien que majoritairement à gauche, le SÊnat ne va pas tout entÊriner. Enfin, la pression de l’Allemagne conduit à aller vers davantage de fÊdÊralisme budgÊtaire, une condition sine qua non posÊe par Angela Merkel pour accepter le pacte de croissance. Même le vote du budget sera encadrÊ. Si la fonction lÊgislative ordinaire de l’AssemblÊe va s’inscrire dans une routine de soutien au gouvernement, sa fonction reprÊsentative reste bien compromise. L’AssemblÊe a ÊtÊ mal Êlue. Le taux record d’abstention a montrÊ que le malaise dÊmocratique Êtait loin d’avoir ÊtÊ rÊglÊ par l’Êlection de François Hollande. L’AssemblÊe est l’expression appauvrie de la sociÊtÊ française et semble prisonnière des règles dictÊes par les partis politiques. Le vote lÊgislatif est cependant un vote sur les politiques publiques (l’emploi, l’Êducation, la santÊ, l’immigration), souvent lues et interprÊtÊes à l’aune d’une rÊalitÊ locale Êtroitement circonscrite. Il dÊpend for-
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Source : ministère de l’IntÊrieur Cartographie rÊalisÊe avec Philcarto (philcarto.free.fr)
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Infographie LE FIGARO
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DÉPARTEMENTS ET COLLECTIVITÉS D’OUTRE-MER
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En gris : absence de second tour dans la circonscription (candidat Êlu dès le premier tour)
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FRANÇAIS DE L’ÉTRANGER
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Toulouse tient à la volontÊ de vÊrifier la crÊdibilitÊ budgÊtaire de toutes les propositions des candidats. La crise appelle la restauration d’une fonction de contrôle forte. On a pu dÊjà constater le rôle nouveau jouÊ par la Cour des comptes dans le dÊbat public.
Fracture sociale entre l’exÊcutif et le lÊgislatif Or force est de constater qu’il existe une fracture sociale entre l’exÊcutif et le lÊgislatif. Si l’AssemblÊe reste fermÊe aux ouvriers et aux employÊs, la majoritÊ des dÊputÊs PS provient de la petite et moyenne fonction publique alors que les rouages ministÊriels sont aux mains de hauts fonctionnaires. Fait nouveau, ces derniers, à l’image du prÊsident et de plusieurs ministres, ont fait des Êcoles de commerce et l’ENA. Une sociologie rapide des directeurs de cabinets et de leurs adjoints nommÊs depuis le 6 mai montre que 58 % d’entre eux viennent de
Montpellier l’ENA (43 % sous les gouvernements Fillon) et que 14 % sont passĂŠs par une ĂŠcole de commerce (14 % ĂŠgalement entre 2007 et 2012). De ce point de vue, rien n’a changĂŠ. Tout est rĂŠuni pour que ces hauts fonctionnaires expĂŠrimentĂŠs (de nombreux jeunes socialistes ont ĂŠtĂŠ indignĂŠs d’être ĂŠcartĂŠs ainsi des ĂŠtats-majors) prennent les choses en main, ce qui permettra au gouvernement de dire ÂŤ non Âť et d’imposer des coupes sombres dans les dĂŠpenses. Le retour des hauts fonctionnaires avec la prĂŠsidence Hollande signifie que la classe politique va perdre le terrain gagnĂŠ pendant les annĂŠes Sarkozy. Le système ĂŠlitaire français retrouve son mouvement de balancier en direction des grands corps de l’État. La dĂŠception risque donc d’être au rendez-vous pour tous les dĂŠputĂŠs de gauche et une politique des ÂŤ territoires Âť qui n’aura pas un sou vaillant. â–
Marseille
l
des voix de droite a empĂŞchĂŠ l’UMP de franchir le seuil des 12,5 % des inscrits nĂŠcessaires pour accĂŠder au second tour. Car le troisième handicap qui fera sans nul doute date dans l’histoire de l’UMP est la rupture de la digue qui devait selon ses fondateurs assurer l’isolement du Front national. Dix ans après, c’est la banalisation du parti lepĂŠniste qui prĂŠvaut pour une fraction des ĂŠlecteurs de la droite qui ont rejoint le FN. Le reflux de l’UMP le 10 juin hors de ses zones de force du pourtour mĂŠditerranĂŠen, du sillon rhodanien et du Nord-Est contraste en effet avec le renforcement du FN dans ces mĂŞmes territoires (cf. cartes UMP et FN). La prĂŠsence du parti de Marine Le Pen le 17 juin dans 57 circonscriptions ne se solde certes que par deux victoires frontistes mais contribue Ă l’affaiblissement de l’UMP : elle est ĂŠvincĂŠe dès le premier tour de 19 circonscriptions oĂš le FN affronte seul la gauche et gagne moins de la moitiĂŠ (13 sur 29) des triangulaires qui l’opposent au FN et Ă la gauche. Au total, l’UMP et ses alliĂŠs comptent 229 ĂŠlus au lieu des 313 sortants. La recomposition de la droite entre un pĂ´le centriste fidèle Ă ses valeurs libĂŠrales et europĂŠennes, condamnant les ÂŤ dĂŠrives droitière Âť de l’UMP et un pĂ´le droitier sĂŠduit par les valeurs nationales du FN est-elle en marche ? â–
Candidats dissidents et banalisation du Front national ont fragmentĂŠ son ĂŠlectorat.
LE 6 MAI 2012, Nicolas Sarkozy est battu mais laisse l’UMP forte d’un capital politique de plus de 16 millions d’Êlecteurs. Le 10 juin, les candidats de l’UMP n’obtiennent qu’à peine plus de 9 millions de suffrages, soit 27,5 % des suffrages, un recul de 12,5 % par rap-
les sondages nous avaient appris durant la campagne que les Français ne voulaient pas d’une quatrième cohabitation.
DÊmobilisation Dans les 470 circonscriptions oÚ l’UMP prÊsente ses propres candidats, la corrÊlation significative entre leurs scores et les niveaux de l’abstention (-0.40) confirme que plus cette dernière a ÊtÊ ÊlevÊe, plus le score de l’UMP a flÊchi. Car c’est bien de la dÊmobilisation des Êlecteurs de l’UMP et non de ceux
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Vote UMP AU 1ER TOUR DES LÉGISLATIVES Moyenne 27,12 % 29
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EN % DES SUFFRAGES EXPRIMÉS PAR CIRCONSCRIPTIONS
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Comment un centrisme sans alliance devient fragile.
Guadeloupe
Professeur de l’universitÊ FrançoisRabelais (Tours)
FRANÇOIS BAYROU a perdu un triple pari : celui de son destin prÊsidentiel, celui de son ancrage parlementaire. Il a aussi perdu le pari du choix stratÊgique d’autonomisation de son parti le Mouvement dÊmocrate (MoDem), crÊÊ en 2007 dans la foulÊe de l’entredeux-tours prÊsidentiel. L’asymÊtrie des scrutins prÊsidentiel et lÊgislatif de 2007 se reproduit en 2012, mais en mode majeur : François Bayrou, qui avait recueilli au soir du premier tour prÊsidentiel 9,1 % des suffrages exprimÊs (soit une contreperformance par rapport à son score prÊcÊdent de 18,6 %) perd
son mandat parlementaire, dÊtenu depuis seize ans dans la deuxième circonscription des PyrÊnÊes-Atlantiques. Il fait les frais d’une triangulaire, Êchoue significativement (à 13 points derrière la candidate socialiste Êlue, Nathalie Chabanne). Mais il Êvite de trois points l’humiliation d’une troisième place (30,1 % des exprimÊs contre 27 % à Eric Saubatte, le candidat UMP). La sÊquence Êlectorale de 2012 se clôt en peau de chagrin, avec seulement deux dÊputÊs à l’AssemblÊe nationale (Jean Lassalle rÊÊlu dans la 4e circonscription des PyrÊnÊes-Atlantiques, et Thierry Robert Êlu à la RÊunion). Au premier tour des lÊgislatives, le MoDem avait recueilli moins de 2 % des suffrages. Sur 400 candidats prÊsentÊs sous l’Êtiquette  Centre pour la France  seulement 7 se sont qualifiÊs au second tour.
DÊjà en 1965, Jean Lecanuet voulant  sortir des classifications  avait tentÊ l’aventure d’un centrisme indÊpendant, mais les successives dÊconvenues Êlectorales du Centre dÊmocrate avaient rÊvÊlÊ les fragilitÊs d’un centre sans alliance (41 Êlus aux lÊgislatives de 1967, 34 à celles de 1973).
Bipolarisation confirmÊe En 2012, le MoDem n’est pas le seul à faire les frais de la domination renforcÊe des deux grands partis de gouvernement sur le système politique français, puisque le Front de gauche et le Front national ont ÊtÊ, eux aussi, rabotÊs par une bipolarisation gauche droite une fois encore confirmÊe. Sans oublier ici les effets spÊcifiques du mode de scrutin uninominal majoritaire à deux tours, les deux partis prÊsidentiels remportent avec leurs alliÊs directs autour de 90 % des sièges.
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AU 1ER TOUR DES LÉGISLATIVES Moyenne 1,77 %
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78 92
Paris
Vote MoDem
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Lyon
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Martinique
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Bordeaux
OUTRE-MER
 La fragmentation prÊvaut (‌) Deux millions de voix de droite se sont ÊparpillÊes hors candidatures UMP
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Strasbourg 68
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De 3,1 à 20 En gris : absence de candidat Source : ministère de l’IntÊrieur Cartographie rÊalisÊe avec Philcarto (philcarto.free.fr)
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De 20 Ă 37
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De 37 Ă 58,1
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Mayotte
93 94
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Pour 502 candidats EN % DES SUFFRAGES EXPRIMÉS PAR CIRCONSCRIPTIONS
75
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Paris LilleRoubaixTourcoing
de la droite tout entière qu’il s’est agi, les scores des candidats des partis de centre droit se rÊvÊlant quasi indÊpendants du niveau de l’abstention. Le second handicap dÊcoule justement des difficultÊs rencontrÊes par l’UMP pour faire rÊgner l’ordre Êlectoral dans son camp. C’Êtait pourtant un des objectifs qui avait prÊsidÊ à sa crÊation en 2002. Aux termes de dix ans d’efforts de Jacques Chirac puis de Nicolas Sarkozy pour restaurer l’unitÊ de leur camp, c’est sa fragmentation qui prÊvaut aujourd’hui. Un peu plus de 600 candidats appartenant à des formations centristes et des personnalitÊs locales en dissidence avec leur parti ont concurrencÊ le 10 juin les candidats de l’UMP. Ils ont rassemblÊ 7,2 % des suffrages (au lieu de 5,8 % en 2007) au dÊtriment d’un vote utile en faveur de l’UMP. Dans un nombre non nÊgligeable de circonscriptions, la droite a comptÊ jusqu’à 5 candidats‌ et 2 millions de voix de droite se sont ÊparpillÊes hors candidatures UMP. Sur les 19 duels gauche-FN de second tour, on peut estimer que dans 7 cas au moins la dispersion
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La RĂŠunion
Mayotte
Guyane
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Marseille
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Infographie LE FIGARO
Directeur de recherche honoraires, chercheur associĂŠ au Cevipof
Nelle-CalĂŠdonie
13
FRANÇAIS DE L’ÉTRANGER 1 Nelle-CalÊdonie
PolynĂŠsie fr.
En revanche, le MoDem paye le prix d’un double choix stratÊgique de son prÊsident, dont les inconvÊnients se sont cumulÊs : en prônant l’indÊpendance du parti et en rompant les amarres historiques d’avec la droite au risque de la  minorisation  et de la marginalisation ; en affichant un soutien  personnel  à François Hollande, mais sans appel à voter pour le candidat de gauche au risque de l’incomprÊhension et de
Wallis-etFutuna
St-PierreSt-Martin et et-Miquelon St-BarthĂŠlemy
l’Êvaporation d’une partie de ses ĂŠlecteurs (et de soutiens ĂŠventuels au-delĂ de ses bases). La machine Ă gagner de 2007 s’est muĂŠe en machine Ă perdre. DĂŠsormais se pose la question du devenir du centre en situation de bipartisme imparfait, de la reconfiguration stratĂŠgique de formations centristes ĂŠmiettĂŠes, du destin d’un parti marginalisĂŠ et de l’avenir personnel de François Bayrou. â–
ÂŤ
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Le MoDem paye le prix d’un double choix stratÊgique de son prÊsident, dont les inconvÊnients se sont cumulÊs
Âť
A
port au score lÊgislatif de 2007. La dÊfaite confirmÊe du second tour sanctionne les difficultÊs rencontrÊes par l’UMP pour surmonter trois handicaps. Le premier rÊsulte du moment politique dÊfavorable oÚ s’est jouÊ le scrutin lÊgislatif. DÊmoralisÊ par l’Êchec de Nicolas Sarkozy, l’Êlectorat UMP se rÊvèle sans surprise dÊmobilisÊ. Et les appels de ses chefs pour installer une cohabitation sont d’autant plus inaudibles en pÊriode  d’Êtat de grâce  du nouveau pouvoir, que
ELISABETH DUPOIRIER
La RĂŠunion
mardi 19 juin 2012
le figaro cevipof
LĂŠgislatives
Guadeloupe
LE FIGARO
14 le figaro l cevipof
mardi 19 juin 2012 LE FIGARO
LĂŠgislatives
Les succès ministÊriels soulignent l’Êtat de grâce de la gauche au pouvoir. circonscriptions, 60 Êtant rÊservÊes pour un candidat Europe Écologie-Les Verts (EELV), 32 pour un Parti radical de gauche (PRG), 9 pour le Mouvement rÊpublicain et citoyen (MRC). Une quarantaine de ces circonscriptions rÊservÊes Êtaient considÊrÊes comme gagnables. Mais ces accords, ainsi que certains parachutages ont ÊtÊ parfois contestÊs localement, ce qui a conduit à 53 scrutins avec un socialiste dissident. Au soir du premier tour, 23 dÊputÊs PS avaient ÊtÊ Êlus contre un seul en 2007. Pratiquement tous les ministres candidats Êtaient en bal-
Professeur Ă Sciences Po Grenoble
COMME on l’a pratiquement toujours observÊ lorsque des lÊgislatives suivent une prÊsidentielle, les Êlections des 10 et 17 juin ont confirmÊ le rÊsultat du scrutin prÊcÊdent et donnÊ au prÊsident Êlu le 6 mai la majoritÊ parlementaire dont il a besoin pour mettre en œuvre son programme. Le PS prÊsentait des candidats dans 459
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Vote PS
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LilleRoubaixTourcoing
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91 77 AgglomĂŠration parisienne
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Pour 472 candidats
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Paris
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Infographie LE FIGARO
Toulouse
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FRANÇAIS DE L’ÉTRANGER 1 Nelle-CalÊdonie
PolynĂŠsie fr.
Wallis-etFutuna
St-PierreSt-Martin et et-Miquelon St-BarthĂŠlemy
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L’extrême gauche (NPA, LO) disparaÎt du paysage Êlectoral.
45
A
Chercheur CNRS au Cevipof, enseignant Ă Sciences Po
LES RÉSULTATS obtenus par la  gauche de la gauche  lors des lÊgislatives se rÊduisent assez fortement à ceux du Front de gauche. Ces scrutins se sont inscrits pour le Nouveau Parti anticapitaliste (NPA) et Lutte ouvrière (LO) dans le droit fil de leurs maigres rÊsultats à la prÊsidentielle, voire ils ont amplifiÊ cette tendance jusqu’à la quasi-disparition Êlectorale. Avec moins de 1 % des votes exprimÊs, les deux formations de l’extrême gauche (pourtant fortement prÊsentes dans quasiment toutes les circonscriptions), signent un très mauvais rÊsultat en 2012. Au sein du Front de gauche, le PCF dominait largement les candidatures puisqu’il avait investi 418 candidats, le Parti de gauche reprÊsentant le Front de gauche uniquement dans 102 circonscriptions. Les autres composantes du Front de gauche n’Êtaient de fait que très faiblement prÊsentes. Les rÊsultats du Front de gauche doivent s’apprÊcier par rapport à trois critères. Le premier est celui
Le PC voudra mesurer le  rendement  d’une stratÊgie Front de gauche par rapport à la traditionnelle union de la gauche pour le Front de gauche. Le fougueux candidat MÊlenchon est-il un  joker  qu’il ne faut sortir que dans des Êlections oÚ son impact personnel peut donner à plein ? Le fait que Jean-Luc MÊlenchon n’ait pu rÊussir son pari, audacieux car le  parachutage  Êtait de trop fraÎche date, est d’autant plus frappant si l’on tient compte de la sociologie de la cir-
conscription très touchÊe par les difficultÊs et inÊgalitÊs sociales. Le second critère est celui des rÊsultats par rapport aux Êlections lÊgislatives de 2007. En 2007, les candidats du PC avaient rÊuni au premier tour 4,29 % des exprimÊs, soit lÊgèrement moins qu’en 2002 (4,91 %). Comparaison faite avec le score du Front de gauche en 2012, il s’agit d’une progression. Mais celle-ci est en trompel’œil car le Front de gauche rassemble d’autres composantes (dont le Parti de gauche de JeanLuc MÊlenchon). Le cumul des voix de l’extrême gauche et celles du PC en 2007 reprÊsente 6,57 % des exprimÊs. En 2012, dans le contexte d’une quasi-disparition Êlectorale de l’extrême gauche, ce total est de 7,95 % des exprimÊs, soit une faible progression. Ces ÊlÊments permettront-ils à JeanLuc MÊlenchon de se positionner comme celui qui a enrayÊ l’Êrosion du PC et rÊussi la fusion des diffÊrentes familles d’Êlecteurs de la  gauche de la gauche  ? Il pourrait en être tentÊ, une fois digÊrÊ sa dÊfaite. Il n’est toutefois pas certain qu’il pourra en convaincre si l’on prend en compte le troisième critère : les sièges de dÊputÊs obtenus et l’implantation locale. On a re-
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Guadeloupe
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Bordeaux
En gris : absence de candidat Source : ministère de l’IntÊrieur Cartographie rÊalisÊe avec Philcarto (philcarto.free.fr)
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La RĂŠunion
Mayotte
2A
Guyane
Toulouse de la dynamique d’ensemble de la sÊquence Êlectorale de 2012. Avec 6,95 % des voix au premier tour des lÊgislatives, le Front de gauche ne prolonge pas la dynamique prÊsidentielle de Jean-Luc MÊlenchon. L’Êlimination de ce dernier (moins de 12,5 % des inscrits dans la 11e circonscription du Pas-deCalais au premier tour) face à Marine Le Pen et son arrivÊe en troisième place derrière le candidat socialiste (finalement Êlu) sonnent comme un rappel aux rÊalitÊs
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De 10 Ă 46,57 De 7 Ă 10
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EN % DES SUFFRAGES EXPRIMÉS PAR CIRCONSCRIPTIONS
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BRUNO CAUTRĂˆS
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Guyane
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LilleRoubaixTourcoing
Pour 557 candidats
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Paris
AU 1ER TOUR DES LÉGISLATIVES Moyenne 6,91 %
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65 La RĂŠunion
PRG en totalise 12. Les socialistes n’auront donc pas besoin de nÊgocier avec les 17 Êlus EELV, ni avec les 10 Front de gauche pour mettre en œuvre leur programme. Tous les ministres en compÊtition sont Êlus, y compris Marie-Arlette Carlotti à Marseille (51,8 % de suffrages exprimÊs) et StÊphane Le Foll dans la Sarthe (59,5 %). Ces succès ministÊriels sont signe de l’Êtat de grâce dont bÊnÊficie la nouvelle majoritÊ, ils montrent aussi la volontÊ de certains Êlecteurs de droite de garder un
Vote Front de gauche
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34 64
Lyon
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82 32
Martinique
Cette progression se faisait aussi en attirant des voix qui s’Êtaient portÊes sur Jean-Luc MÊlenchon et François Bayrou. Souvent, les partis de gouvernement rÊalisent de meilleurs scores aux lÊgislatives qu’à l’Êlection prÊsidentielle. Les rÊsultats du 10 juin le montraient clairement aussi bien pour l’UMP que pour le PS. Mais le PS a bÊnÊficiÊ aussi d’une prime au parti vainqueur à l’Êlection centrale du système politique. Le deuxième tour confirme et accentue même la victoire socialiste que le premier tour laissait prÊsager. En pourcentage des suffrages exprimÊs, le Parti socialiste totalise
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Guadeloupe
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OUTRE-MER
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En gris : absence de candidat Source : ministère de l’IntÊrieur Cartographie rÊalisÊe avec Philcarto (philcarto.free.fr)
Rajeunissement
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De 2,2 Ă 30
Le PS a bÊnÊficiÊ d’une prime au parti vainqueur à l’Êlection centrale du système politique
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17
ministre dĂŠfendant les intĂŠrĂŞts de leur circonscription. Par rapport Ă 2007, les socialistes et divers gauche gagnent une centaine de sièges. Leur victoire s’accompagne d’une entrĂŠe importante de femmes Ă l’AssemblĂŠe (106 ĂŠlues socialistes sur 280, soit un pourcentage de fĂŠminisation jamais atteint) et d’un rajeunissement, avec l’arrivĂŠe de nombreux quadras. La comparaison des cartes des ĂŠlus socialistes en 2007 et 2012 montre que les zones de force de la gauche modĂŠrĂŠe se sont ĂŠtendues du Sud-Ouest vers le nord du Massif central jusqu’à la SaĂ´ne-et-Loire, et vers le sud le long de la MĂŠditerranĂŠe jusqu’aux Bouches-duRhĂ´ne. Les gains de circonscriptions sont aussi très nombreux dans tout l’Ouest et le long de l’Atlantique en remontant vers le Nord. Les gains sont aussi manifestes dans les grandes agglomĂŠrations, confirmant une poussĂŠe sociologique favorable Ă la gauche modĂŠrĂŠe. Enfin, la crĂŠation de circonscriptions reprĂŠsentant les Français de l’Êtranger n’a pas donnĂŠ le rĂŠsultat prĂŠvu lors du redĂŠcoupage ĂŠlectoral de 2009. Les socialistes y obtiennent 7 ĂŠlus, les ĂŠcologistes 1, l’UMP seulement 3. â–
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71
86
40,9 %, les divers gauche 3,1 %, le PRG 2,3 %, soit une gauche modÊrÊe à 46,3 % à laquelle il faut ajouter 3,6 % d’Êcologistes et 1,1 % de gauche radicale, soit un total gauche à 51 % (contre 44,1% pour la droite). La rÊpartition des sièges est tout aussi parlante. Le PS obtient la majoritÊ absolue avec 302 Êlus socialistes, divers gauche et MRC, le
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25
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De 50 Ă 67,2 De 40 Ă 50
Strasbourg 68
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28
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22
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27
lottage favorable, même dans des circonscriptions normalement ancrÊes à droite comme celle de François Fillon dans la Sarthe ou de Renaud Muselier à Marseille. Le PS recueillait 34,4 % des suffrages exprimÊs avec ses alliÊs du PRG et divers gauche, contre 29,3 % en 2007. Il obtenait 5,8 points de mieux que François Hollande au premier tour prÊsidentiel, progressant tout particulièrement dans ses zones de force, oÚ son Êlectorat est probablement restÊ plus mobilisÊ.
Marseille
Montpellier
FRANÇAIS DE L’ÉTRANGER 1 elle
N -CalĂŠdonie
PolynĂŠsie fr.
marquÊ que sa gÊographie Êlectorale prÊsentait de nombreuses similitudes avec la gÊographie historique du vote communiste. Le PC voudra sans donc doute mesurer le  rendement  Êlectoral d’une stratÊgie Front de gauche par rapport à la traditionnelle union de la gauche au plan local.
Groupe parlementaire En 2007, le PC avait obtenu 15 sièges de dÊputÊs, dont certaines figures emblÊmatiques en SeineSaint-Denis (Marie-George Buffet, Jean-Pierre Brard, Patrick Braouezec, François Asensi) ou dans le Nord (Alain Bocquet, Marc Dolez). En 2012, plusieurs d’entre eux ont ÊtÊ devancÊs par des candidats PS lors du premier tour (en Seine-Saint-Denis pour Patrick Braouezec, qui s’est finalement maintenu et a ÊtÊ battu, ou JeanPierre Brard), ont rÊalisÊ de moins bons scores qu’en 2007 (Marc Dolez dans le Nord) ou n’ont pas profitÊ à plein de la dynamique de la
Wallis-etFutuna
St-PierreSt-Martin et et-Miquelon St-BarthĂŠlemy
gauche. La rĂŠcolte 2012 est donc plus maigre que celle de 2007 en nombre de sièges, seulement 10. Les succès de Marie-George Buffet, Marc Dolez, AndrĂŠ Chassaigne ou Alain Bocquet ne compensent pas le manque Ă gagner. Le Front de gauche ne peut obtenir de groupe parlementaire, sauf se regrouper avec quelques dĂŠputĂŠs de gauche ĂŠlus mais sans groupe ou Ă obtenir un abaissement du seuil Ă 10 dĂŠputĂŠs. Dans la perspective d’une lĂŠgislature marquĂŠe par les rĂŠformes voulues par François Hollande, par la question de la dette publique et de la crise de l’euro, le positionnement du Front de gauche vis-Ă -vis du gouvernement sera une donnĂŠe intĂŠressante Ă suivre. Le PS n’en a pas fini avec le Front de gauche si la question europĂŠenne occupe une place importante dans l’agenda du nouveau pouvoir. La voix de JeanLuc MĂŠlenchon trouvera Ă s’exprimer en dehors des bancs de l’AssemblĂŠe nationale. â–
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Infographie LE FIGARO
PIERRE BRÉCHON
l
39,2 % au second en moyenne : cette progression avait dĂŠjĂ ĂŠtĂŠ de 13,6 points en 1997 dans la mĂŞme configuration (23,8 % au premier tour et 37,4 % au second). Le report d’Êlecteurs de droite sur le FN pour faire barrage Ă la gauche s’effectuait donc dĂŠjĂ dans des proportions très proches en 1997. De surcroĂŽt, dans les 9 cas de duels FN-droite, la hausse du FN entre les deux tours a ĂŠtĂŠ cette annĂŠe de 16,7 points, soit un gain de mĂŞme ampleur que face Ă la gauche. Ces chiffres relativisent l’idĂŠe que les rĂŠserves de voix du FN ne se situeraient qu’à droite‌ Et dans la mĂŞme configuration, la poussĂŠe frontiste dans l’entre-deux-tours avait ĂŠtĂŠ bien moindre en 1997 : 8,9 points Ă l’Êpoque. Ces chiffres illustrent bien la capacitĂŠ de progression du FN dans l’entre-deux-tours en cas de duel, Florian Philippot gagnant 20points face Ă la gauche en Moselle (46,3 % au second tour) et Lydia SchĂŠnardi 22 points face Ă la droite dans les Alpes-Maritimes (pour atteindre 44,8 %), par exemple. On relèvera que les deux sièges gagnĂŠs par le FN, un des principaux enseignements de ce scrutin, ont ĂŠtĂŠ obtenus dans des triangulaires, la victoire dans le cadre de duels apparaissant encore très difficile, mĂŞme si, avec 49,9 % des suffrages, Marine Le Pen ĂŠchoue de très peu Ă HĂŠnin-Beaumont (Pasde-Calais). â–
La poussĂŠe frontiste est entravĂŠe par la mauvaise implantation locale du parti.
En dÊpit d’une bonne dynamique en sa faveur en avril dernier, le mouvement frontiste a pâti d’une dÊcote de 4 points au premier tour des lÊgislatives : 13,7 % contre 17,9 % pour Marine Le Pen à la prÊsidentielle. Ce tassement dÊjà observÊ en 2007 et en 2002 s’expli-
taliser sur leur image personnelle. Compte tenu de l’abstention et du score moyen du FN, 61 candidats frontistes Êtaient nÊanmoins en mesure de se maintenir au soir du premier tour. Le pouvoir de nuisance du parti de Marine Le Pen apparaÎt donc bien rÊel cependant, il est nettement moindre qu’en 1997 (133 candidats prÊsents au second tour) mais aussi qu’en 1993 (95 cas). À droite, le souvenir des lÊgislatives de 1997 et de ces 76triangulaires qui s’Êtaient soldÊes par 47 victoires pour la gauche reste cuisant.
95
Vote FN
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Paris
AU 1ER TOUR DES LÉGISLATIVES Moyenne 13,6 %
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LilleRoubaixTourcoing
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Pour 571 candidats
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Toulouse
PolynĂŠsie fr.
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St-Pierreet-Miquelon
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St-Martin et St-BarthĂŠlemy
EN % DES SUFFRAGES EXPRIMÉS PAR CIRCONSCRIPTIONS
FRANÇAIS DE L’ÉTRANGER
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Guadeloupe
De nouvelles personnalitÊs locales Êmergent avec l’appui du PS. DANIEL BOIS Directeur de recherche (FNSP) au Cevipof, le Centre de recherches politiques de Sciences Po
ÂŤ
En moyenne, dans la soixantaine de circonscriptions ÂŤ rĂŠservĂŠes Âť, les candidats du parti ĂŠcologiste recueillent 24,8 % des suffrages
Âť
Sortis affaiblis de la sÊquence Êlectorale de 2007, oÚ les succès des environnementalistes et en particulier de Nicolas Hulot, avaient monopolisÊ l’attention des mÊdias et des acteurs politiques, les Verts conviennent en 2009 de renouveler leur appareil politique. Une nouvelle organisation, Europe Écologie-Les Verts (EELV), regroupe l’ancien parti des Verts avec des militants des associations environnementales qui ont fait leurs premières armes lors de la campagne de 2007. Cette nouvelle donne permet à l’Êcologie politique d’engranger une sÊrie de victoires lors des Êlections europÊennes de 2009 (16 %), puis au cours des rÊgionales de 2010 (12 %), rÊussites confirmÊes en 2011 par une entrÊe
au SÊnat, grâce à l’appui du Parti socialiste. Fort de ces succès, EELV nÊgocie à l’automne 2011 un accord Êlectoral très avantageux avec le Parti socialiste : 60 circonscriptions seront rÊservÊes aux candidats Êcologistes tandis que le Parti socialiste admet une très sÊrieuse rÊduction du programme nuclÊaire Français. Au printemps 2011, les adhÊrents Verts ont aussi choisi, non sans hÊsitation, leur candidat(e) à l’Êlection prÊsidentielle : au très populaire, mais pas très  Vert , Nicolas Hulot, ils ont prÊfÊrÊ la très rigoureuse Eva Joly, aurÊolÊe de son passÊ de magistrate anticorruption. Ce choix va malheureusement s’avÊrer peu judicieux. Très rapidement, Eva Joly perd la confiance du public, parfois en raison de dÊclarations Êtranges (l’idÊe de supprimer les cÊlÊbrations du 14-Juillet), le plus souvent par une attitude peu amène, qui lui aliène assez vite le capital de sympathie dont elle disposait à l’origine. De sondage en sondage,
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Paris LilleRoubaixTourcoing
AU 1ER TOUR DES LÉGISLATIVES Moyenne 5,46 %
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Bordeaux
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Vote Europe Écologie-Les Verts
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Certains ĂŠlus de droite parviennent Ă contenir sur leur nom et dans leur territoire la poussĂŠe frontiste
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Il a par ailleurs ĂŠtĂŠ beaucoup question de la porositĂŠ entre l’Êlectorat de droite et celui du FN durant cette campagne, ce phĂŠnomène devant notamment se manifester par de bons reports des ĂŠlecteurs de droite sur les candidats frontistes restĂŠs en lice au second tour. Dans les 21 cas de duels FN-gauche, le parti frontiste enregistre effectivement un gain de 16,2 points, passant de 23 % au premier tour Ă
ÂŤ
Strasbourg 68
70
21
De 0,7 à 10 En gris : absence de candidat Source : ministère de l’IntÊrieur Cartographie rÊalisÊe avec Philcarto (philcarto.free.fr)
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Dans les 28 triangulaires oÚ le FN Êtait reprÊsentÊ cette annÊe (4triangulaires annoncÊes n’ayant pas eu lieu du fait du retrait de candidats dans l’entre-deux-tours), le bilan est nettement moins lourd pour la droite qu’en 1997. En effet, on dÊnombre 14victoires pour la gauche contre 12 pour la droite mais aussi, fait majeur, 2 succès pour le FN avec Gilbert Collard et Marion MarÊchal-Le Pen. Dans cette configuration de triangulaire, le FN est passÊ en moyenne de 24,5 % au premier tour à 22 % au second, soit une baisse de 2,5 points seulement alors qu’il avait reculÊ de 5 points en 1997.
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04
84 13
83
11 2B 66
La RĂŠunion
Mayotte
Guyane
2A Toulouse
Marseille
Montpellier
Infographie LE FIGARO
Directeur du dÊpartement opinion et stratÊgies d’entreprise de l’Ifop
Nelle-CalĂŠdonie
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FRANÇAIS DE L’ÉTRANGER 1 Nelle-CalÊdonie
PolynĂŠsie fr.
son potentiel ĂŠlectoral est rĂŠvisĂŠ Ă la baisse. Le verdict ĂŠlectoral du 22 avril confirme son ĂŠchec : 2,3 %.
RÊsistance de certains Êlus PS Bon grÊ mal grÊ, le Parti socialiste va formellement respecter son accord Êlectoral avec EELV : environ 60 candidats Verts ne trouvent en face d’eux aucun concurrent officiel du PS. Mais les socialistes locaux font souvent preuve d’indiscipline. Ainsi à Lyon, oÚ le radical de gauche Thierry Braillard, activement soutenu par le maire de Lyon, GÊrard Collomb, maintient sa candidature au dÊtriment du candidat Vert Philippe Meirieu. Ce cas de figure est la règle plus que l’exception : au total, il se reproduit dans deux tiers des circonscriptions concernÊes, avec des rÊsultats variables selon que le candidat bÊnÊficie ou non d’une notoriÊtÊ locale. Le bilan du premier tour des Êlections lÊgislatives tÊmoigne
Wallis-etFutuna
St-PierreSt-Martin et et-Miquelon St-BarthĂŠlemy
que, là oÚ ils bÊnÊficient de l’appui du Parti socialiste, les candidats d’Europe Écologie-Les Verts obtiennent des rÊsultats honorables. En moyenne, dans la soixantaine de circonscriptions  rÊservÊes , les candidats du parti Êcologiste recueillent 24,8 % des suffrages. Les rÊussites de leaders des Verts dÊjà reconnus peuvent être notÊes : la victoire, dès le premier tour de NoÍl Mamère dans son fief de Bègles (Gironde), les succès leur assurant la victoire au second tour de François de Rugy à Nantes (Loire-Atlantique) (47,8 %) ou de CÊcile Duflot à Paris (48,7 %). Cette Êlection fait aussi apparaÎtre de nouvelles personnalitÊs locales telles que Michèle Bonneton dans l’Isère (37,2 %) ou Éric Alauzet à Besançon (Doubs) (36,8 %). Mais la concurrence maintenue par la prÊsence de candidats qui ne respectent pas l’accord entre EELV et le Parti socialiste occasionne des dÊgâts : à Lyon, Philippe Meirieu est ÊliminÊ dès le premier tour. PrÊsents dans près de 40 cir-
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3
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7
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9 10 11
5
6
conscriptions au second tour, les candidats d’EELV obtiennent au total 17 ĂŠlus, et donc la possibilitĂŠ de disposer d’un groupe Ă l’AssemblĂŠe. RĂŠsultat qui confirme le succès de leaders connus (CĂŠcile Duflot avec 72,2 %, Denis Baupin avec 64,7 %, François de Rugy avec 58,9 %), mais aussi l’Êmergence d’autres personnalitĂŠs : Michèle Bonneton (Isère), Eva Sas (Essonne), Paul Molac (Morbihan), Danielle Auroi (Puy-de-DĂ´me) ou encore Sergio Coronado (Français de l’Êtranger, deuxième circonscription AmĂŠrique latine, centrale et CaraĂŻbes). Pour tempĂŠrer ce rĂŠel succès des ĂŠcologistes, il faut cependant noter que, lors du premier tour des ĂŠlections lĂŠgislatives, les candidats d’EELV n’ont recueilli qu’environ 4 % des suffrages dans les circonscriptions oĂš ils n’Êtaient pas soutenus par le Parti socialiste. Ce qui tend Ă montrer que, pour les ĂŠcologistes, sauf adoption d’une dose de proportionnelle, hors du Parti socialiste, point de salut. â–
A
que à la fois par la forte abstention, qui touche plus particulièrement l’Êlectorat populaire, mais aussi par le fait que près de 20 % des Êlecteurs lepÊnistes s’Êtant dÊplacÊs lors du premier tour des lÊgislatives ont votÊ UMP. Cela dÊmontre la capacitÊ de certains Êlus de droite à contenir sur leur nom et dans leur territoire la poussÊe frontiste et illustre inversement le dÊficit d’implantation dont souffre le FN, qui ne parvient pas encore à aligner un nombre significatif de candidats connus et reconnus pouvant capi-
JÉRÔME FOURQUET
La RĂŠunion
mardi 19 juin 2012
le figaro cevipof
LĂŠgislatives
Guadeloupe
LE FIGARO
16 le figaro l cevipof
mardi 19 juin 2012 LE FIGARO
LĂŠgislatives
Orientations culturelles, urbanisation, tertiarisation modèlent une nouvelle gÊographie Êlectorale. PASCAL PERRINEAU Directeur du Centre de recherches politiques de Sciences Po (Cevipof)
Paris Lille-Arras
La France de gauche qui se dessine au lendemain du deuxième tour des Êlections lÊgislatives renoue avec une gÊographie traditionnelle que l’on connaÎt bien : celle d’un grand Sud-Ouest qui se retrouve dans une gauche rÊpublicaine depuis la fin du XIXe siècle, celle d’une France centrale très laïque et dÊtachÊe de la religion, celle du Midi rouge du Languedoc-Roussillon jusqu’aux Bouches-duRhône et celle d’une France du Nord oÚ la gauche s’Êtait enracinÊe dans un vieux tissu industriel. À ces vieux bastions, se sont ajoutÊs, au fil des ans, des pans entiers de l’Ouest oÚ le socialisme pÊnètre de vieilles rÊgions de droite oÚ la culture catholique est en fort recul. Cette avancÊe commencÊe il y a plusieurs dÊcennies se poursuit avec des percÊes Êtonnantes de la gauche dans des dÊpartements comme le Maine-et-Loire, la
Infographie LE FIGARO
AgglomĂŠration parisienne
Strasbourg
Lyon Bordeaux
Nice
Mayenne, l’Ouest sarthois ou encore l’Orne. Ă€ l’Est, des terres comme la Savoie, la Meuse ou les Vosges voient d’anciennes contrĂŠes de droite cĂŠder Ă la poussĂŠe socialiste. La droite rĂŠsiste dans l’Ouest intĂŠrieur, le grand bassin parisien, l’Est de tradition rĂŠpublicaine et patriote, les dĂŠpartements de tradition catholique qui vont de la Haute-Savoie au sud du Massif Central ainsi que dans nombre de terres de la Provence et de la cĂ´te mĂŠditerranĂŠenne orientale. Les glissements des valeurs religieuses et des orientations culturelles ainsi que les ĂŠvolutions sociologiques des populations de ces divers territoires contribuent Ă ĂŠclairer ces recompositions de la carte ĂŠlectorale. SĂŠcularisation, libĂŠralisation des prĂŠfĂŠrences culturelles, tertiarisation et urbanisation sont autant de vecteurs de la poussĂŠe de la gauche et de son inscription dans l’espace national. â–
Paris
Val-d’Oise SeineSt-Denis Paris
Hautsde-Seine
Lille-Arras
Yvelines
Val-de-Marne
Nord Pas-deCalais
Essonne
AgglomĂŠration parisienne
Toulouse
CIRCONSCRIPTIONS QUI ONT VOTÉ POUR FRANÇOIS HOLLANDE,
CIRCONSCRIPTIONS QUI ONT VOTÉ POUR NICOLAS SARKOZY,
en % des surages exprimÊs
en % des surages exprimÊs
Plus de 60 De 55 Ă 60
Plus de 60
Somme
Marseille
Montpellier RĂŠsultats au 2 tour de la prĂŠsidentielle dans les circonscriptions de la MĂŠtropole d
Seine-Maritime
Manche
Val-d’Oise
Eure
Calvados
Ardennes
Meuse
Marne
Finistère
Ille-etVilaine
De 55 Ă 60 De 50 Ă 55
LoireAtlantique
Loiret
Vosges
DeuxSèvres
HauteMarne
Yonne
Côte-d’Or
Indre-etLoire
Nièvre
Cher
Allier Creuse
HauteVienne
Charente
RhĂ´ne
Isère
Dordogne
Cantal
De 55 Ă 60 De 50 Ă 55*
Gironde
Lot
De 55 Ă 60 De 50 Ă 55* *Dans le cadre des triangulaires, le score obtenu peut ĂŞtre infĂŠrieur Ă 50 %
Tarn
Gers
Ardèche
DrĂ´me
Hautes-Alpes
Gard
Vaucluse
Alpesde-HauteProvence
HĂŠrault
Bouches-duRhĂ´ne
HauteGaronne
PyrĂŠnĂŠesAtlantiques HautesPyrĂŠnĂŠes
Ariège
PyrĂŠnĂŠesOrientales
Circonscription remportĂŠe par le Modem
AlpesMaritimes
Var
Aude
Marseille
HauteCorse Corsedu-Sud
Circonscription remportÊe par le FN ou l’extrême droite Source : ministère de l’IntÊrieur Cartographie rÊalisÊe avec Philcarto (philcarto.free.fr)
Nice
Aveyron
en % des surages exprimÊs
Plus de 60 (ou candidat ĂŠlu au 1er tour)
Savoie
HauteLoire
Tarn-etGaronne
Landes
Lyon
Haute-Savoie
Lozère
Lot-etGaronne
Circonscriptions gagnÊes par la droite TOTAL DES SCORES DES CANDIDATS DE L’UMP, NOUVEAU CENTRE, ALLIANCE CENTRISTE, PARTI RADICAL, DIVERS DROITE ET DEBOUT LA RÉPUBLIQUE
Ain
Puy-de-Dôme Loire Corrèze
Bordeaux
Jura
SaĂ´ne-et-Loire Vienne
en % des surages exprimÊs
Plus de 60 (ou candidat ĂŠlu au 1er tour)
Terr.-de-Belfort Doubs
Indre
CharenteMaritime
Strasbourg Haut-Rhin
HauteSaĂ´ne
Loir-etCher
Maineet-Loire
VendĂŠe
TOTAL DES SCORES DES CANDIDATS DU PS, DU PARTI RADICAL DE GAUCHE, DIVERS GAUCHE ET EUROPE ÉCOLOGIE - LES VERTS,
Aube
Mayenne Sarthe
Circonscriptions gagnĂŠes par la gauche
Meurthe-et-Moselle
Seine-etEure-et- Essonne Marne Loir
Côtes-d’Armor
Rapport gauche-droite au second tour des lĂŠgislatives en France mĂŠtropolitaine
A
Moselle Bas-Rhin
Yvelines
Orne
Morbihan De 50 Ă 55
Aisne Oise
Toulouse
Montpellier