Pékin Infos Le journal des Français & francophones à Pékin
N°58 - Décembre 2014
VOYAGE
Les 10 destinations de rêve depuis Pékin
WEEK-END PÉKIN ACCUEIL
Les vendanges en Mongolie Intérieure
INTERVIEW EXCLUSIVE
Son Excellence M. Gourdault-Montagne, Ambassadeur de France en Chine
les Fêtes
© Lemon Photographie
La Fête,
Pour être ACCUEILLIS !
Pour PARTAGER, DÉCOUVRIR, APPRENDRE… Pour faire enfin
CE QUE VOUS AVEZ TOUJOURS VOULU FAIRE… Pour avoir une vie sociale
RICHE ET ÉPANOUISSANTE ! VOUS ÊTES FRANÇAIS OU FRANCOPHONES,
REJOIGNEZ-NOUS ! ADHÉSION SUR LE SITE www.pekin-accueil.com
ou les « Lundis de Bienvenue », permanence tous les lundis de 10h30 à 12h30 à l’Institut Français, Gongtixilu 18.
Cotisation : 220 rmb par an pour la
famille.
Renseignements : www.pekin-accueil.com
Pékin Infos Le journal des Français & francophones à Pékin
N°58 - Décembre 2014
Edito 58
C
hers Amis, Noël, Nouvel An… Les fêtes, la fête, on ne se lasse pas de ces moments où la lumière rend la nuit scintillante et fait briller les yeux des petits et grands… Entre vos mains le nouvel opus de Pékin Infos « Spécial Fête » concocté, mitonné, préparé par Nathalie et nos amis qui ont tenu à cœur de nous mettre dans l’ambiance. Certains d’entre nous vont rentrer pour retrouver famille et amis restés au pays, d’autres vont rester ici à Pékin ou ailleurs en Chine ou en Asie. Pour tous, notre magazine vous donne quelques clefs pour mieux comprendre les traditions chinoises. Et puis avant la fête attendue, petit retour en arrière sur les moments festifs passés avec Pékin Accueil et plus particulièrement en Mongolie pour les vendanges. Ce fut un moment particulièrement amical au cœur des vignes chinoises dans un environnement chaleureux et magnifique non loin du désert… Notre Ambassadeur, Monsieur Maurice Gourdault-Montagne, nous a fait l’honneur de nous accorder quelques mots pour répondre à nos questions. Nous pouvons ainsi mieux le connaitre et partager ses impressions et son engagement. Et puis toujours les aventures du petit peuple de Pékin qui nous réjouissent et nous permettent de comprendre notre pays d’accueil. Et…et…je vous laisse le soin de découvrir la suite. Aussi, place à la lecture et préparez-vous à vous à la Fête! Soyez joyeux ! Amicalement. Marie-Nöelle Hottelart, Présidente de Pékin Accueil
Comité de rédaction Rédactrice en chef : Nathalie Morin Directeur artistique & réalisation : Didier Péron (didier.peron2@free.fr) Rédacteurs : Flore Delourme, Charles Lagrange, Laurence Masson, Eric Meyer, Julie Thézé. Rejoignez-nous au Comité de Rédaction et réalisons ensemble Pékin Infos ! Mail : 2756193423@qq.com Retrouvez dès à présent Pékin Infos en version téléchargeable sur le site de Pékin Accueil : Rubrique L’Association ➜ Publications ➜ Pékin Infos.
Tous les détails sur notre site Internet :
www.pekin-accueil.com
Activités, agenda, permanences, photos et bien d'autres informations. Chaque semaine, "Les Lundis de Bienvenue" de 10h30 à 12h30, à l'Institut Français, 18 Gongti Xilu. Pékin Infos, bimestriel de Pékin Accueil. Association régie par la loi de 1901. Affiliée à la FIAFE. www.fiafe.org
04 PÉKIN ACCUEIL EN MOUVEMENT Week-end vendanges............................................................................ 04 L'art de vivre avec Liz............................................................................. 06
08 VIVRE À PÉKIN Interview de M. Maurice Gourdault-Montagne, Ambassadeur de France en Chine..................................................................................... 08 L’expatriation : les aspects psychologiques de l’adaptation................10 Shenyang - La mariée était trop belle… (2e partie)................................13
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14 SPÉCIAL FÊTES ★★
Le premier jour de la nouvelle année chinoise : avec ou sans pétards ?...........................................................................14 Ambiance festive au Tibet !....................................................................16 Suzhou, le père Noël et la jeune fille......................................................19
21 BILLET D'HUMEUR Un petit roux en Chine - Un Noël en or massif......................................21
23 PÉKIN HISTORIQUE Article 36 : Là où se manifeste la Perfide Albion.................................. 23
24 PÉKIN CULTURE Black is beautiful.....................................................................................24 Ye Ying ou Le promeneur d’oiseau........................................................26 Retour sur les événements importants de la rentrée............................28
30 PÉKIN PRATIQUE Coup de cœur lecture de Julie.............................................................. 30 Les bonnes adresses de Flore...............................................................31 Paroles d'experts : 10 destinations de rêve depuis Pékin................... 32
35 PÉKIN CUISINE Soufflé au Grand Marnier et coulis Chocolat....................................... 35 Pékin Infos # 58 ❘ Décembre 2014 03
WEEK-END VENDANGES Les 11 et 12 octobre dernier une poignée de nos adhérents est partie en Mongolie intérieure pour un « week-end vendanges » organisé par Pékin Accueil au Château Hansen. Au programme : dégustation, vendanges, petit cours d’œnologie, soirée « Mongole », promenade dans les dunes en buggy, à dos de dromadaire ou à pied, le tout en compagnie de la charmante Emmanuelle et de l’irremplaçable Bruno Paumard, Maître de Chai au Château Hansen. A voir l’ambiance qui régnait sur place, nul doute que le seul mot qui qualifie ce week-end soit : Génial !
04 Pékin Infos # 58 ❘ Décembre 2014
PÉKIN ACCUEIL EN MOUVEMENT
Pékin Infos # 58 ❘ Décembre 2014 05
L’ART DE VIVRE AVEC LIZ ! Je m'occupe de l'activité Art de Vivre depuis le mois de juin 2014, où j'ai organisé une dernière séance de cuisine dans les hutongs (pour faire les jiaozi) avant les grands vacances; j'avais six participants (dont deux hommes!)
D
epuis la rentrée, on a fait une soirée dégustation de vins chez Imre Toth (au Xiao Ju Bar), là Imre voulait nous présenter des Rieslings du Monde, accompagnés des supers plateaux de charcuterie et de fromage. Au mois de septembre/octobre, on a fait deux séances "jiaozi" chez Carlyle au Beijinger Kitchen (auparavant Fangjia Kitchen, il pensait que le nom était trop "chinois" par nous les étrangers, donc il l'a changé à Beijinger Kitchen, car lui-même il est Beijinger!) Deux séances très réussies, beaucoup de nouvelles adhérantes de Pékin Accueil. Les deux prochaines séances auront lieu les jeudis 20 novembre et 4 décembre, consacrées à trois plats: GongBao Chicken (plat du Sichuan), Pine Nut & Beef Stir Fry (plat de Shanghai) et Boiled Chinese Kale (plat végétarian).
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La prochaine dégustation chez Imre aura lieu le vendredi 28 novembre; Imre va nous présenter des bon vins français (blanc et rouge) pouvant accompagner des plats chinois épicés (accompagnés de plats chinois épicés!!) En janvier je crois qu'on va consacrer nos séances à fabriquer des nouilles chinoises, c'est très rigolo comme atelier, car vraiment pas évident à faire!! J'essaie d'organiser deux séances cuisine par mois (tous les deux jeudis) de 10h à 14h à peu près. Carlyle a baissé ses prix, maintenant on paye: 250 yuan par personne si on est moins de six participants, 220 pour plus de six participants, et 150 yuan par personne si la personne revient une seconde/troisième/quatrième fois! Normalement on se donne rendez vous devant le LFIP à 9h30 et nous partons dans les hutongs avec deux voitures (ou taxi).
Pour l'instant, j'organise la dégustation des vins une fois par mois, un vendredi soir en général, à 20h. Le prix de 150 yuans par personne comprend les vins et des plats accompagnants. Chacun se retrouve au Xiao Ju Bar directement. J'ai d'autres idées... une promenade culinaire dans les hutongs, organisée par un dame néerlandaise, c'est chouette, on va de café à café, à pied, dans les hutongs et on déguste des spécialités locales. Je vais l'organiser au printemps. Ou bien une ballade à vélo autour du lac Houhai et des hutongs, suivie d'un déjeuner sympa.... Toutes les inscriptions se font auprès de moi, soit par e mail, soit par sms. Mes infos sont affichées sur les flyers envoyés à peu près deux semaines avant l'évènement.
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Pour apparaître juste sur "ma liste" il faut
écrire un mail à :
pekinaccueil@gmail.com qui fera suivre.
Pékin Infos # 58 ❘ Décembre 2014 07
Interview
M. MAURICE GOURDAULT-MONTAGNE AMBASSADEUR DE FRANCE EN CHINE
E
n dehors de vos fonctions diplomatiques visà-vis du gouvernement chinois, comment voyez-vous vos relations avec la communauté française établie en Chine ? Ce que vous appelez fonctions diplomatiques concerne le rôle d’une ambassade vis-à-vis du gouvernement chinois dans toutes ses composantes : politiques, économiques, culturelles, scientifiques. Mais cela n’est pas exclusif, bien au contraire, de la relation que nous entretenons avec la communauté française, où chacun dans son secteur porte aussi une partie de la relation franco-chinoise. L’Ambassade est ouverte à la communauté française et souhaite continuer à apporter son aide et son soutien dans de nombreux domaines qui concernent la vie des Français, tant professionnelle que pour faciliter la vie de nos compatriotes qui vivent dans le pays. La France souhaite faciliter l’éducation de ses enfants. C’est le cas avec le nouveau campus scolaire dont la première pierre a été posée par le ministre des Affaires étrangères et du Développement international, M. Laurent Fabius, en octobre dernier. Par ailleurs, des lieux comme l’Institut français rénové, dont la mission est de faire connaître notre culture et notre langue aux Chinois, sont également ouverts à la communauté française qui y est la bienvenue. Cet espace offre des facilités aux activités des Français à Pékin et à leurs associations. Je me réjouis d’ailleurs de la visibilité de ces associations et de l’engagement de celles et ceux qui les animent et je voudrais citer en premier lieu Pékin Accueil. Et puis, vous noterez que dans l’ensemble du pays, notre réseau consulaire n’a cessé de s’étendre au fil des ans afin d’être au plus près de nos intérêts et de rendre un meilleur service à nos compatriotes. Nous
08 Pékin Infos # 58 ❘ Décembre 2014
avons ouvert trois consulats généraux en un peu plus de quinze ans : Wuhan en 1998, Chengdu en 2006, Shenyang en 2008 sont venus compléter Shanghai, Canton et Hong-Kong. C’est une belle illustration de l’importance qu’attache la France à sa relation de qualité avec la Chine mais aussi être aussi proche que possible de ses citoyens qui ont fait le choix d’y travailler et de s’y installer. Notre communauté a-t-elle un rôle diplomatique à jouer en Chine ? La communauté française de Pékin compte aujourd’hui près de 4300 personnes inscrites au Registre des Français de l’étranger de cette ambassade. Sans doute peut-être le double de Français y sont établis et je les invite d’ailleurs à s’enregistrer pour être connus, si nécessaire, des services consulaires. Naturellement, chaque Française et chaque Français est un représentant de son pays. Par vos actions, vous contribuez à mieux faire connaitre la France auprès de vos interlocuteurs et vos amis chinois. C’est d’autant plus vrai dans cette année du cinquantenaire de l’établissement des relations diplomatiques entre la France et la Chine. Alors que plus de 800 évènements célèbrent en Chine comme en France ce jubilé dans tous les domaines où les deux pays excellent et se retrouvent, nos deux gouvernements ont lancé pour la première fois un dialogue sur les échanges humains. Sa première session s’est tenue à Paris en septembre en présence de M. Laurent Fabius, ministre des Affaires étrangères et du Développement international, et de la vice-Premier ministre Mme Liu Yandong. Cette nouvelle plateforme nous permet de discuter ensemble du soutien à apporter à la promotion des contacts entre nos sociétés, à travers l’éducation, la culture, le tourisme.
VIVRE À PÉKIN
© ADAGP – Noëlle Hoeppe
Mais surtout, c’est la reconnaissance que tous les liens, individuels et familiaux, contribuent à tisser un partenariat durable. La relation franco-chinoise, c’est aussi une relation entre étudiants, chercheurs, touristes, et expatriés des deux pays, et vous en êtes des acteurs autant que moi. C’est par une politique adaptée de visas pour l’établissement en Chine des stagiaires, de jeunes professionnels, des VIE mais aussi de visas de circulation, qu’il faut continuer à améliorer sur une base réciproque, que nous progresserons dans les relations humaines et la connaissance les uns des autres. Les associations françaises en Chine contribuent à l’intégration et au bien-être de nos compatriotes, et Pékin Accueil, la plus grande d’entre elles, en particulier. Que pensez-vous de leur action ? J’attache une grande importance à la vie associative. Les associations jouent un rôle fondamental dans l’animation des communautés françaises à l’étranger. Je voudrais vous remercier pour le travail que fait Pékin Accueil, la première association de Pékin avec plus de 300 familles adhérentes. Et je tiens à remercier ici ses responsables. Pékin Accueil joue un rôle majeur dans l’accueil et l’intégration des Français et des francophones nouvellement arrivés. Elle les accompagne tout au long de leur séjour en leur proposant des activités hebdomadaires ludiques, sociales, sportives ou culturelles, et en organisant de nombreuses visites de Pékin et de ses environs. Tous ceux qui y participent en sont ravis. Je sais aussi que vous travaillez dans un environnement difficile puisqu’il n’existe pas en Chine de vrai statut associatif et que les associations étrangères n’y sont pas reconnues.
« L’Ambassade d’un côté, la communauté de l’autre »… c’est souvent le sentiment que l’on a. Pourtant vu des Chinois nous sommes une seule entité : la France. Comment réduire ce sentiment ? Qu’en pensez-vous ? Je ne crois pas que ce sentiment soit fondé car l’Ambassade fait partie de la communauté dont elle accompagne les succès et les difficultés. Je le répète, l’Ambassade est ouverte à la communauté française et ses services sont là pour apporter leur appui. Il y a par ailleurs de nombreuses occasions de rassembler la communauté française notamment lors des visites en Chine des membres du gouvernement, et bien sûr pour la fête nationale le 14 juillet, moment d’union pour tous les Français, en France et à l’étranger. Etes-vous heureux d’être en Chine ? Quelle espérance placez-vous dans les relations FranceChine ? Je suis très heureux d’être à Pékin, pour développer la présence de la France, représenter notre pays, soutenir et défendre les intérêts de nos entreprises et de la communauté française de Chine. Je considère que c’est une chance de pouvoir être en Chine en ce moment. Nos relations sont à un niveau de confiance historique en cette année de cinquantenaire. Nous voyons loin : le plan de coopération à moyen et long terme pour les relations franco-chinoises défini en mars lors de la venue du président Xi Jinping en France, fixe le cadre pour nos collaborations futures : sujets globaux comme le climat, le développement, le G20 et les relations euro-chinoises avec la négociation de l’accord sur les investissements, l’environnement des affaires comme l’accord de sécurité sociale, le
développement de Paris comme la place financière pour le yuan, et enfin les secteurs d’avenir comme l’agro-alimentaire, la santé, le développement urbain durable. Mais nous pouvons encore, toujours faire mieux. A titre d’exemple, j’évoquerai : Le dialogue politique, car la France et la Chine peuvent travailler plus étroitement sur tous les sujets globaux, en tant que membres permanents du Conseil de sécurité. Je pense en particulier à l’Afrique où il y a de nombreuses possibilités de coopérations par exemple dans le domaine de la santé avec la lutte contre le virus Ebola. Ce sujet a été abordé lors de la récente visite du Ministre Laurent Fabius. Il existe une communauté d’intérêts de nos deux pays dans cette région, et un potentiel pour du partage d’expérience et des projets communs. Mais je pense aussi et surtout au dérèglement climatique, dans la perspective de la conférence sur le climat COP21 qui se tient à Paris en décembre prochain. C’est une priorité de la diplomatie française qui présidera la conférence. La Chine est un partenaire incontournable dans cette négociation, et le récent accord entre la Chine et les Etats-Unis sur la réduction de leurs émissions est un signe prometteur à cet égard. Mais l’essentiel, c’est je pense que notre dialogue respectueux et confiant se poursuive dans tous les domaines de manière franche et amicale, pour continuer de renforcer la compréhension et la confiance mutuelles et perpétuer l’esprit ainsi d’avant-garde et d’audace qui a animé la décision du général de Gaulle de reconnaître la République populaire, il y a cinquante ans. n Pékin Infos # 58 ❘ Décembre 2014 09
L’EXPATRIATION LES ASPECTS PSYCHOLOGIQUES DE L’ADAPTATION Maëlle Hector psychologue clinicienne international SOS Pékin
10 Pékin Infos # 58 ❘ Décembre 2014
Au-delà des motivations professionnelles qu’elle soustend, l’expatriation est un projet de vie familial excitant qui peut s’avérer plus déstabilisant que prévu, a fortiori en Chine, où les défis d’adaptation sont peutêtre plus prégnants que dans d’autres pays.
I
l est donc important d’être au fait des différents mouvements psychologiques qui peuvent surgir, pour mieux les identifier et les appréhender. Savoir que l’adaptation ne se fait pas de manière linéaire peut être rassurant. La « théorie de l’adaptation » de Black et Mendenhall explique en effet que l’expatrié traverse plusieurs phases consécutives à l’arrivée dans un nouveau pays. Selon eux, le premier temps est celui de la « Lune de miel » : on se laisse surprendre, on s’émerveille de ce nouvel environnement à la fois étrange et exotique, et les sentiments éprouvés sont positifs, le regard porté sur le nouveau pays et ses potentiels est enthousiaste. Puis vient le stade de la « désillusion », où la réalité des différences culturelles et le barrage de la langue apparaissent progressivement insurmontables. Le choc culturel est alors le plus vif, et il s’ensuit parfois jusqu’à un rejet de cette culture étrangère, accompagné d’un malaise grandissant d’impossibilité d’adaptation à cet environnement, pouvant susciter chez l’expatrié angoisse, colère, isolement. Heureusement, cette seconde phase est généralement transitoire et mène finalement à la « réconciliation ». Les compromis entre représentations issues de la culture d’origine et la réalité du nouveau pays d’accueil aboutissent à un nouvel équilibre, où les besoins personnels et les attentes liées à cette expatriation sont posés de manière plus précise. Pour que la seconde phase ne se cristallise pas, il est indispensable de ne pas rester dans une attitude passive face à ses propres éprouvés et au monde environnant. L’expatriation, pour être réussie, nécessite d’aller au-devant des autres, de dépasser ses angoisses, de déployer ses ressources d’adaptation. Mais face à une perte de sens, de repères, d’attaches familiales et sociales, il n’est pas toujours aisé de rebondir et de trouver les bénéfices de cette nouvelle vie. Le système familial est souvent remis en question : chaque membre arrivant en expatriation
VIVRE À PÉKIN avec des enjeux différents à surmonter, il faut être attentif au bien-être de chacun. De manière générale, les enfants sont ceux qui s’adaptent le mieux. Ils évoluent dans un nouvel environnement scolaire, porteur de diversité culturelle, qui les ouvre à l’international. Il ne faut pas sous-estimer néanmoins les difficultés d’adaptation liées à chaque âge. Les enjeux ne seront bien entendu pas les mêmes pour un tout petit que pour un adolescent, pour qui son cercle d’amis est primordial. Il faut donc pouvoir être attentif aux éventuels changements d’humeur ou de comportement, qui, s’ils deviennent trop « bruyants », peuvent être le signe d’un malaise difficile à verbaliser pour les enfants. Être à l’écoute, favoriser le dialogue pour que l’enfant se sente autorisé à exprimer sa tristesse, ses frustrations, sa colère parfois tournée vers les parents, ne pourra que l’aider à surmonter ses difficultés, dans un climat familial sécurisant et non culpabilisant. Lorsque seul l’un des deux conjoints est professionnellement actif, c’est souvent à celui qui ne travaille pas – car il est le parent le plus présent – que revient ce rôle de contenir les émotions parfois débordantes des enfants. Cette charge peut d’ailleurs fragiliser indirectement le couple, dans la mesure où un déséquilibre parental se creuse, qui vient s’ajouter à des vécus de l’expatriation très différents de part et d’autre. En effet, le conjoint qui travaille, au-delà de l’intérêt intellectuel et humain que revêt cette expérience à l’étranger, doit faire face à une pression professionnelle, une responsabilité financière, des déplacements répétés, une difficulté à déchiffrer les codes relationnels chinois au travail. Combiner ce développement de carrière avec la vie de couple et de famille n’est pas toujours aisé. L’impression d’être débordé, de ne pouvoir être sur tous les fronts est fréquente. Celle-ci est toutefois compensée par le sens et la valeur que le travail apporte à l’expérience de l’expatriation, alors teintée positivement.
Pour le conjoint qui ne travaille pas, en revanche, l’adaptation peut s’avérer plus complexe sur le long terme. Après des débuts intenses et une énergie dépensée à tisser le réseau social de la famille, apprendre la langue, s’assurer de la bonne intégration des enfants, créer ses repères, apprivoiser ce nouvel environnement, succède souvent une perte de sens, un sentiment de ne pas se réaliser, et une frustration qui se répercute sur l’ambiance conjugale, familiale. L’entourage social peut, après un temps, paraître superficiel ou limité, et c’est l’absence d’attaches qui se fait sentir. Il n’est pas rare, alors, d’observer un repli sur soi, une tendance à l’isolement, voire une perte de confiance en soi. Même chez les plus motivés et enthousiastes, une impression d’essoufflement peut survenir et accentuer le besoin d’un équilibre.
Il est important, dans ce cas, que ce conjoint – qui a mis parfois sa carrière entre parenthèses pour ce nouveau projet – définisse clairement ses attentes personnelles concernant cette expatriation, et s’investisse dans des activités pour soi, en dehors de la famille, du couple. L’expatriation peut être l’occasion de redéfinir son orientation professionnelle. Il faut donc être ouvert, créatif et oser tenter de nouvelles expériences. En résumé, gardez à l’esprit qu’il est normal, dans le cadre de l’adaptation à l’expatriation, de ressentir de la frustration, de l’anxiété, d’être envahi par le découragement. Il est également fréquent d’éprouver des sentiments de solitude, de nostalgie ou de tristesse face aux pertes des repères habituels, à l’éloignement de la famille et de son réseau social. Savoir que ces sentiments vous envahiront certainement de manière transitoire permet de les anticiper et de les accepter sans trop s’en inquiéter. Il est important de faire confiance en sa capacité d'adaptation, surtout lorsque l’on comprend qu’elle est mise à rude épreuve lors de l’expérience de l’expatriation. Pensez enfin à utiliser les leviers que constitue la communauté expatriée : les relais sont nombreux, les soutiens existent, il ne faut pas avoir peur de les mobiliser. S’il arrivait par contre que les difficultés ressenties soient trop importantes ou perdurent, et que des symptômes plus sérieux émergent, type dépression par exemple, il ne faut pas hésiter dans ce cas à consulter un psychologue, avant que les troubles ne s’installent durablement. n Pékin Infos # 58 ❘ Décembre 2014 11
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SHENYANG - LA MARIÉE ÉTAIT TROP BELLE… (2 partie)
VIVRE À PÉKIN
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Eric Meyer
Résumé de la première partie : Jian Feng, mari de Hong Lanping, ne comprend pas la laideur de leurs trois enfants. Sous la pression elle lui avoue qu’avant leur union, elle s’est fait refaire le visage en Corée du Sud…
L
oin d’être ému par l’aveu déchirant que lui faisait son épouse, Jian ayant pris conseil d’un avocat, la força sur le champ à signer la déposition, trouva des clichés d’elle d’avant leur mariage (cf photo) comme pièces à conviction, et se précipita au tribunal, accusant Hong d’avoir abusé de sa bonne foi. De la sorte, elle s’était rendue coupable de la mise au monde de trois enfants d’une laideur incommensurable. Si elle n’avait pas dissimulé sa vraie nature par ces opérations de chirurgie esthétique, ou bien si elle avait avoué la manigance, il aurait peut-être eu la chance de se détourner à temps, et de partir dans la vie conjugale du bon pied, avec une vraie beauté. Tandis que là, parce qu’elle lui avait vendu « du chien pour de l’agneau »(挂羊头卖狗肉 (guà yáng tóu mài gǒu ròu), Jian réclamait des dommages et intérêts. Or, quelques semaines plus tard, après avoir entendu les deux parties, réfléchi et délibéré, le juge, en sa « grande sagacité » décida que : pour avoir dissimulé sa disgrâce physique, pour être née laide et avoir voulu jouer la belle, Hong (entretemps divorcée et retournée chez ses parents avec mômes et bagages) était condamnée à dédommager son ex-mari de 750.000 ¥ ! Tel qu’évalué par la Cour, le montant de la compensation au mari mérite réflexion. Il dévoile un mode de pensée juridique unique (voire inique). Dans le calcul du pretium doloris, le juge a repris les factures de la clinique coréenne et les a requalifié de détournement du patrimoine du mari, même si l’union n’avait été célébrée qu’ ultérieurement.Pour lui, l’argent versé à la clinique par Hong (ou ses parents) était, en puissance, propriété du mari, qui était donc « spolié ». Pire, cet investissement générait l’effet pervers, cette
beauté mensongère par laquelle le scandale était advenu. Aussi, à ces 620.000¥ d’honoraires chirurgicaux dont il ordonnait « restitution » à Jian, le juge ajoutait 20% d’intérêts au fil des années du mariage. Lors de sa délibération, on peut imaginer que le juge ait été influencé par une enveloppe rouge, confortablement rembourrée. Mais on devine aussi une forme de parti-pris ou de solidarité masculine. Le verdict ignorait superbement quelques vérités simples, telles que : - le droit de tout être humain à se montrer à son avantage, y compris sur base d’un effort financier et d’un travail sur soi ; - les devoirs d’épouse auxquels Hong n’avait jamais failli, le ménage, l’éducation des enfants... toutes choses dont Jian ne s’était jamais plaint ; - enfin, la soi-disant laideur des héritiers n’altérerait pas leurs chances de réussite sociale. Au contraire, elle les forcerait à compenser en cultivant leurs vertus et talents, faisant d’eux d’excellents artistes, avocats, professeurs
ou médecins. Ils éblouiraient leur entourage, non pas par un brillant superficiel -produit du hasard mais par leur beauté intérieure ! L’histoire toutefois se termine de façon aussi ambiguë qu’elle n’a débuté. Sur internet, ce procès et son issue choqua ou éblouit, selon les cas, des millions d’hommes et de femmes à travers les cinq continents. La société trouva motif à admirer, ou bien à railler une justice nationale capable de forcer une femme à dédommager son mari pour son physique disgracieux. Par milliers, s’accumulèrent les commentaires hilares. Suite à quoi les autorités s’inquiétèrent : il y allait de l’image du pays, l’affaire était sérieuse, pensèrent ces censeurs sans malice… Bientôt, avec discrétion, des mesures furent prises. Un rideau fut imposé sur cette scabreuse affaire. Le jugement fut discrètement annulé, ce qui, pour l’épouse, signifia l’annulation de la choquante amende. Enfin, les ex-conjoints furent invités à « trouver un accommodement » qui, selon la loi, devrait plutôt ressembler à une pension alimentaire versée par Jian, au titre des frais d’éducation des enfants. Cette insolite affaire aura émis sa moisson d’enseignements sur le mode dont fonctionnent certains couples, ainsi que sur le jeu complexe de pouvoirs -et de contrepouvoirs - judicaires au Céleste empire. n
Extrait du Vent de la Chine N° 9, du 3 au 9 mars 2014 www.leventdelachine.com
Pékin Infos # 58 ❘ Décembre 2014 13
LE PREMIER JOUR DE LA NOUVELLE ANNÉE CHINOISE AVEC OU SANS PÉTARDS ? www.cri.cn
Au moment du Nouvel An Chinois, toute la Chine sera plongée dans de grandes festivités. Mais les pétards, jadis considérés comme indispensables pour effrayer les mauvais esprits, sont en train de susciter de vifs débats. Car ces pétards et leurs émanations gazeuses aggravent la pollution, un sujet sensible en Chine, notamment dans la capitale chinoise. 14 Pékin Infos # 58 ❘ Décembre 2014
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n Chine, la Fête du printemps est considérée comme la plus importante fête de l'année, c'est le jour du grand rassemblement familial. C'est aussi la période où les routes, les aéroports et les gares sont les plus fréquentées, puisque tout le monde rentre chez soi. Selon les estimations, 3,6 milliards de trajets devraient être effectués au cours de la période du Nouvel an chinois. « L'envie de retrouver la famille est très forte à ce moment, on cherche par tous les moyens à surmonter les difficultés. Ce n'est pas grave s'il fait froid. Ce n'est pas grave si on doit se contenter d'une place debout. Le plus important, c'est de rentrer à la maison. Personne ne peut l'empêcher. Je fais mes études loin de ma famille, à plusieurs milliers de kilomètres. Je veux rentrer voir mes parents, je pense beaucoup à ma famille. » Le moment fort du Nouvel an chinois est sans doute le grand repas du réveillon. Tous les membres de la famille se regroupent. Et ce qu'on mange lors de ce repas diffère d'une région à une autre. Dans le Nord, ce sont les raviolis. Et dans le Sud, pour beaucoup de Chinois, des « ciba », réalisées à partir de riz glutineux. Selon la tradition, les ciba du nouvel an sont colorées en rouge, pour symboliser une vie prospère. Au centre de la Chine, dans la province de l'Anhui, la spécialité incontournable est une sorte de boulette fourrée de légumes et de viande. Une habitante : « La boulette symbolise le rassemblement familial. Cette boulette doit être faite ensemble avec la famille. C'est aussi un moment de prière, pour souhaiter une vie meilleure. » Pendant la Fête du printemps se déroulent toutes sortes d'activités culturelles. Les plus populaires sont sans doute les « foires du temple ». A Pékin, par exemple, on peut assister à de nombreuses foires, où sont présentés divers arts traditionnels, comme le théâtre d'ombres chinoises ou encore les sculptures en argile. Liu Chunsheng est le responsable de la foire du parc Longtan : « En plus des spectacles, de la gastronomie, nous présentons également des arts immatériels de Chine, en invitant des artisans du musée Baigong. Un musée qui a été surnommé par le président de la Fédération internationale du tourisme le « Louvre de Chine ». Il est réputé pour ses collections d'arts traditionnels chinois. » Toutes ces festivités sont une bonne occasion pour les étrangers en Chine de satisfaire leur besoin d'exotisme. Dans une foire, nous avons ainsi rencontré une Américaine en train de manger une spécialité de Beijing : un tanghulu, une brochette de fruits caramélisées au sucre : « C'est vraiment sympa, toutes ces représentations, c'est très intéressant. Toutes ces activités et
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traditions pour fêter le Nouvel an sont géniales. C'est délicieux, ça. Je n'en avais jamais goûté. C'est fait avec quoi...des cerises ? Ou des tomates ? C'est vraiment délicieux. » Pendant la Fête du printemps, faire claquer des pétards et des feux d'artifices constitue également une partie importante de la tradition. Pour beaucoup, un Nouvel an chinois sans pétards sera trop fade et pas assez authentique. Mais les Chinois se soucient également de plus en plus de l'environnement. Alors cette année, les pétards, qui dégagent des gaz nocifs lorsqu'ils explosent, sont la cible de nombreuses critiques. Beaucoup de Chinois avouent ainsi qu'ils laisseront cette année tomber cette habitude. Selon une enquête, 60% des sondés affirment qu'ils achèteront moins de pétards. Et 24% affirment qu'ils n'en achèteront aucun.
« C'est vrai que c'est plus festif avec les pétards, mais ils ont aussi des mauvais côtés. Ce n'est pas sain, et en plus ça aggrave la pollution de l'air. Donc je pense qu'il vaut mieux arrêter. A mon avis, il faut interdire les pétards. Le temps est déjà mauvais, avec beaucoup de pollution, les pétards vont aggraver la situation.. Chaque année, il y a davantage de monde et davantage de voitures. Si en plus, on fait claquer des pétards, la qualité de l'air sera encore pire. » Selon des statistiques, le nombre de stands de vente de pétards à Pékin diminue de 10% chaque année. D'après Fang Li, directeur du Bureau de la protection de l'environnement de Pékin, les gens sont plus sensibilisés, aujourd'hui, à la protection de l'environnement : « Je crois que de plus en plus de gens sont préoccupés par
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la qualité de l'air. Tout le monde est à présent conscient qu'il faut assainir l'air et réagir à la pollution. Ce n'est pas qu'un sujet politique, affiché dans l'agenda du gouvernement. » Selon l'office météorologique de Chine, le taux de particules très fines –les fameuses PM 2,5- n'a pas explosé lors du dernier réveillon. Le niveau de pollution était de léger à moyen au moment du pic, donc beaucoup moins grave que l'année passée. n Pékin Infos # 58 ❘ Décembre 2014 15
AMBIANCE FESTIVE AU TIBET ! www.cri.cn
Le Tibet fête aussi le Nouvel An, mais se base sur le calendrier tibétain. Notre ami Kunsang Lhamo nous raconte comment il a passé le Nouvel An et compare le Nouvel An tibétain et la fête du Printemps chinoise.
Des Tibétains offrent des sacrifices au dieu de la montagne dans les hauteurs proches de leur village, priant pour un climat propice à la récolte de l'année prochaine.
N
ous pouvons presque célébrer une fête chaque mois ! Tous les jours sont pour nous comme des fêtes », disent souvent les Tibétains. Les bergers et paysans du district de Burang, dans la préfecture de Ngari au sudouest du Tibet sont très fiers de leurs traditions. Le 2 janvier 2014 , c'était le Nouvel An Burang selon le calendrier tibétain. Je suis arrivé la veille chez Pasang, une amie tibétaine dans le district de Burang. Dans la maison, toute la famille était occupée à faire le ménage. Pasang m'explique qu'en raison des différences historiques, régionales, climatiques et saisonnières, la date du Nouvel An diffère dans chaque région du Tibet : par
16 Pékin Infos # 58 ❘ Décembre 2014
exemple, dans la préfecture de Nyingchi, le premier jour du dixième mois du calendrier tibétain est ce qu'on appelle le Nouvel An Kongpo ; dans la préfecture de Ngari, le Nouvel An Burang, c'est le premier jour du onzième mois du calendrier tibétain ; pour la préfecture de Xigaze, le Nouvel An agricole est le premier jour du douzième mois ; dans les autres endroits représentés par Lhassa, le Nouvel An est le premier jour du premier mois, qui est aussi la fête du Printemps selon le calendrier lunaire.
LE NOUVEL AN, UN NOUVEAU COMMENCEMENT
Pasang me fait remarquer que le Nouvel An au Tibet signifie non seulement célébrer le passage à la nouvelle
année, mais aussi le passage à une nouvelle vie. Ainsi, toutes les familles du district de Burang se doivent de nettoyer leur maison, de changer les housses des fauteuils, et de dessiner de nouvelles peintures porte-bonheur avec de la farine d'orge sur les murs de celle-ci. Après tous ces préparatifs, à la tombée de la nuit du dernier jour de 2013, les locaux se préparent à passer la nuit de « gutu » : « gu » signifie "nouveau" en tibétain et « tu » la soupe ou les nouilles de farine d'orge. Selon les anthropologues, manger le « gutu » serait sensé écarter les démons. Le rituel en est donc assez solennel. En effet, la maman, Kelsang m'explique que lorsqu'on prépare le « gutu », on prépare également des pâtes de farine farcies de piment fort, de poils de mouton, de charbon de bois, de pierres, de ginseng et de pois. Il faut savoir que les pâtes farcies avec des ingrédients non comestibles ne doivent pas être mangées mais juste croquées. Ces ingrédients ont tous une signification particulière : être sarcastique, avoir le cœur sensible, avoir des mauvaises intentions, être impitoyable, être chanceux et intelligent. Pour la famille de Konchog Tenzin dont les trois générations sont réunis pour le réveillon, la nuit « gutu » est un moment joyeux ! Le grand-père, Konchog Tenzin a mordu dans la pâte contenant le piment fort. Ce qui a fait rire ses petits-enfants, ils me disent en rigolant que cela signifie que leur grand-père est devenu la personne « la plus sarcastique » de la famille, alors que Rigzin Kangco, la fille cadette chérie par toute la famille, a pris deux bols de « gutu », et elle a mordu dans ceux avec le ginseng et le pois faisant d'elle la plus chanceuse et la plus intelligente. Nouvel An tibétain et fête du Printemps chinoise Il existe beaucoup de similitudes entre le Nouvel An tibétain et la fête du Printemps chinoise. Le « gutu » que l'on mange le 29e jour du douzième mois du calendrier tibétain ressemble un peu au repas du réveillon de la fête du Printemps et signifie comme les raviolis qu'on dit au revoir à l'année qui s'achève et qu'on fête l'arrivée du Nouvel An. Que ce soit lors du Nouvel An tibétain ou pendant la fête du Printemps, on accroche dans les deux cas des lanternes et des nœuds tressés porte-bonheur, ainsi que des calligraphies le long des portes pour souhaiter le bonheur et la prospérité, l'ambiance est vraiment festive ! Au Tibet, au moment du Nouvel An tibétain, les gens vont aussi au marché pour acheter les différents ingrédients nécessaires pour la préparation du « gutu » et ils achètent aussi les calligraphies citées plus haut qui sont très demandées. Les citadins, les paysans et les commerçants en achètent tous. Le « Nangkang » du Nouvel An du district de Burang est
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LES « ZIZHA », FLEURS DE BEURRE
Le 2 janvier du calendrier tibétain, c'est le moment pour les habitants de rendre visite à leurs parents et amis.
l'équivalent de la veille de la fête du Printemps, le dernier jour de l'année. Dans la journée, les habitants tibétains peuvent encore aller au marché faire des achats pour la fête. Ce matin-là, Dawa Dorje venant du village Doiyoi dans le district de Burang emmène en tracteur sa famille au marché pour faire des achats pour la fête. Un étal de costumes tibétains attire l'attention de la famille. Dawa essaie de nouveaux vêtements, sa femme l'aide à choisir. Leurs visages rayonnent de joie. Dans un autre village, la famille Migma a aussi acheté des sucreries, des boissons, de l'alcool et des fruits secs. Ils attendent le retour des autres membres de la famille pour passer ensemble le réveillon.
MARCHÉS AMBULANTS ET ARTISANAT
« Le marché des produits du Nouvel An du district de Burang est le moment de remplir leur compte pour les commerçants », s'exclame Lhamo Tsomo, patronne d'une boutique. Elle profite de cette période pour faire les marchés de Lhassa à Burang. Comme elle a un bon stock de marchandises, ses affaires marchent bien. Chaque jour, elle peut gagner jusqu'à environ 3 000 yuans. Avant que les personnes dans les endroits tels que Lhassa ne passent le Nouvel An traditionnel tibétain le premier jour de janvier du calendrier tibétain, les Tibétains dans la préfecture de Xigaze célèbrent leur Nouvel An agricole du calendrier tibétain, qui est aussi animé
et joyeux que le Nouvel An Kongpo ou Burang. Comme la préfecture de Xigaze n'est qu'à moins de 300 km de Lhassa, capitale régionale du Tibet, à l'approche du Nouvel An, un grand nombre de Tibétains de Xigaze se rendent à Lhassa pour faire des achats pour la fête. Au moment du Nouvel An du calendrier traditionnel tibétain, on les retrouve sur les marchés pour vendre de la viande et des produits laitiers qu'ils produisent chez eux. Les habitants de Xigaze viennent aussi à Lhassa pour vendre les objets d'artisanat qu'ils fabriquent euxmêmes.
Lors du Nouvel An du calendrier tibétain, toutes les familles tibétaines doivent acheter un porte-bonheur que l'on appelle le « Qiemahe » : une sorte de boîte rectangulaire en bois, remplie de grains de blé sautés et de farine d'orge, parmi lesquels on insère les épis de blé et les « Zizha » qu'on appelle aussi les fleurs de beurre. Cela signifie la longévité, la bonne récolte et la prospérité. Les « Zizha » sont faits à partir du beurre par les bergers de Xigaze. Selon les artisans locaux, le beurre est facile à sculpter. Ainsi, au moment du Nouvel An, les familles tibétaines et les temples préparent du beurre pour faire des « Zizha » et s'en servir comme offrandes. Le processus de fabrication des « Zizha » n'est pas une partie de plaisir. Avant la fabrication, les artisans doivent ajouter d'abord des colorants minéraux différents dans le beurre blanc et le mélanger avec eux. Quand le beurre s'est solidifié, il faut encore sculpter les morceaux de beurre pour en faire toutes sortes de formes. Les « Zizha » sont de toutes formes et de toutes les couleurs. Selon Tashi Phuntsog, artisan local, ces fleurs de beurre sont belles mais ne sont pas faciles à conserver. Si la température est un peu élevée à l'intérieur de la maison, elles fondent. C'est évidemment pour cela que l'on ne les fabrique qu'en hiver, et les artisans doivent se tremper régulièrement les mains dans l'eau froide lors de la fabrication des fleurs de beurre pour éviter de les faire fondre à cause de la température de leur corps. C'est une dure épreuve pour ces artisans. Les décorations des « Zizha » sont très riches : on trouve des soleils, des lunes, des étoiles, des fleurs, des plantes, des oiseaux, des animaux, des pavillons, des terrasses, des personnages historiques, etc. Le plus fréquent sont les décorations qui symbolisent les bonnes augures et la longévité. Phurjung, artisan tibétain, a expliqué que les « Zizha » se vendent par deux et que chaque paire est décorée d'un dessin porte-bonheur. Cette année, un mois seulement sépare le Nouvel An du calendrier tibétain traditionnel de la fête du Printemps chinoise. Les Tibétains qui vivent à Lhassa et ses environs pourront donc passer successivement ces deux fêtes. Que ce soit le Nouvel An du calendrier tibétain ou la fête du Printemps, ils les considèrent comme les deux fêtes les plus importantes à célébrer. Le Nouvel An tibétain dure environs deux semaines. Deux semaines de danses, de chants, de festins qui leur permettent d'accueillir dans la joie et la chaleur de leur famille la nouvelle année, qui pour eux symbolise aussi le début d'une nouvelle vie ! n Pékin Infos # 58 ❘ Décembre 2014 17
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SUZHOU, LE PÈRE NOËL ET LA JEUNE FILLE
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Eric Meyer
Le Vent de la Chine nous propose ce conte de Noël, aux allures de roman à l'eau de rose, à ceci près qu'il est authentique.
A
u printemps 1972, Huimin et Yueying ouvriers en usine chimique à Suzhou, tombèrent amoureux, chose bien normale, à leur âge (19 et 18 ans), et en ce royaume célèbre des jardins et des amours… C'était une erreur pourtant, et pas petite: à l'époque, seul l'amour révolutionnaire était licite, et les idylles ne pouvaient fleurir que sous la serre stricte et rêche du socialisme. On se fréquentait, passée la vingtaine, après le vote de l'assemblée populaire de l'usine, point. Quant au mariage, c'était pour bien plus tard et sous conditions plus dures encore. Aussi à leur amidonnerie municipale n°2, nos tourtereaux évitaient de se parler et de se regarder (soucieux de ne pas trahir leur secret) : ils roucoulaient en silence et délicieux émoi -confiants en l'avenir, aux lendemains qui chantent et s'embrassent. Leur patience devait pourtant s'avérer vaine: En 1974, Yuejing fut renversée par un camion et il devint bientôt clair que la colonne vertébrale détruite, elle ne remarcherait plus jamais ! Durant ces mois de convalescence, Huimin fut admirable d'amoureuse abnégation. Il passa ses jours et ses nuits à l'hôpital, dans son dortoir à son chevet, lui donnant la becquée, s'occupant de ses soins d'hygiène - se substituant aux infirmières rares et débordées. Une fois de retour chez elle, il lui bricola un pupitre pour qu'elle puisse bouquiner allongée, et vint tous les soirs après le turbin, la voir chez ses parents, dont le soulagement n'avait d'égal que la stupéfaction. La consoler et la distraire. Et lui donner la force de vivre par son amour. La ville finit par s'émouvoir pour ce beau garçon qui s'étiolait si énergiquement. De la famille, de l'usine, du Parti, 1000 proches lui présentèrent des filles, afin de ne point laisser se perdre inemployé un si beau matériel. Yuejing elle-même fit campagne pour qu'il fonde un foyer, fasse sa vie -après tout, elle-même ne pouvait plus lui
offrir un héritier, ce qui en culture chinoise, est "une des trois manières d'insulter à ses parents", et donc d'interdire un mariage. Mais dur comme le diamant, Huimin réagit à la chinoise, lâchant l'accessoire pour tenir sur l'essentiel: il épouserait une autre, d'accord. Mais seulement que celle qui accepterait de partager avec lui les soins de sa malade. C'était une recette gagnante s'il en était, pour faire fuir toutes ses prétendantes : quelle femme accepterait de se mettre du matin au soir, au service de la reine du cœur de son mari? Pourtant six ans plus tard, il s'en trouva une du genre qui savait voir avec le cœur : en 1980, patiente et simple, Minfang écouta leur histoire, rencontra l'invalide, qu'elle trouva souriante et affable. Elle releva le défi, et passa avec Huimin au Bureau des mariages.
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Depuis, ils ont vécu 28 ans ensemble, à s'ingénier à rendre la vie de Yueying plus supportable, plaçant l'hiver un brasero sous son lit, un pain de glace aux mois chauds, la massant et lui mitonnant des plats…La paralytique leur rend ce sacrifice par tous ses moyens, notamment en acceptant de ne pas se laisser dépérir, à seule fin de ne pas les décevoir, ou en jouant la 2de mère pour leur fille, jour après jour, et l'éduquant en leur absence. En un mot, Huimin et Minfang se sont faits l'outil de vie de Yueying - mais elle, est devenue le sens de leur existence. Si cette histoire touche ces jours-ci des millions de lecteurs chinois, c'est parce que Huimin et Minfang forment un exemple tangible de ceux qui «portent de la braise aux autres quand il neige » (雪中送炭 xǔe zhōng sòng tàn), capables de compassion. Elle annonce aussi que ce sacrifice apporte sa récompense - la félicité loin du confort, l'harmonie hors de l'espoir. Racontée par le « Quotidien du Yangtzé », cette parabole chinoise digne de la Bible s'inscrit en faux contre le principe directeur de la vie des Chinois modernes, le chacun-pour-soi ! n Pékin Infos # 58 ❘ Décembre 2014 19
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UN NOËL EN OR MASSIF unpetitrouxenchine.jimdo.com
Marie Portal a vécu à Shanghai avec son mari et ses fils. Elle raconte dans « Un petit roux en Chine » magnifiquement illustré par Mélanie Abellan, les aventures de Pierre, 11 ans. Au travers des anecdotes très drôles, dont certaines seront à découvrir dans Pékin Infos, vous vous retrouverez sûrement !
A
près mon anniversaire, le deuxième moment fort de l’année, c’est Noël. Et c’est encore mieux depuis que je suis en Chine. Dans la rue il n’y a ni neige, ni illuminations, ni Père-Noël, ni crèche et ni rois mages. Mais côté cadeaux, c’est grandiose ! Toute notre famille souhaite nous gâter car elle pense : « Les pauvres, c’est tellement triste de fêter Noël loin de la France ! » Bien que ma mère, chaque année, propose des idées de cadeaux, rien n’y fait: les grands-parents, parrains et marraines, préfèrent nous envoyer de l’argent ! « Un colis ça pèse lourd, ça se perd, alors que de l’argent c’est plus pratique ! », dit notre Grand-Maman. Et c’est comme ça, que chaque année, à Noël, c’est le jackpot ! Je reçois de l’argent de tout le monde et leurs petits euros se transforment en énormes yuans (c’est le nom de la monnaie chinoise. On peut dire aussi renminbi.) Avec l’argent pour un beau cadeau français, je peux obtenir, au moins, quatre cadeaux chinois. Je déclare ravi aux frères : « Rien qu’avec l’argent de Grand-Maman, je peux m’acheter tout à la fois ; Un hélicoptère télécommandé, une planche de skate, un ballon de foot et même une copie de DVD. » Beaucoup de produits sont fabriqués en Chine, leur prix est donc moins élevé qu’en France. En plus, il y a partout des contrefaçons qui coûtent dix fois moins cher. Mais en France, personne ne le réalise vrai-
ment et mes parents nous menacent : « Vous finirez “pourris-gâtés“ ! » Avec mes frères, je vais au “marché du faux“. On l’appelle comme ça car on y trouve toutes les copies de produits électroniques, de jouets et de vêtements du monde entier. Tout est très bien organisé, il y a
BILLET D'HUMEUR un parking devant l’immeuble, au rez-de-chaussée il y a des distributeurs d’argent et un grand panneau qui avertit les clients : « Attention, ici tout est faux », et ils donnent la liste des marques qui sont copiées. Alors il faut faire attention à ne pas acheter trop cher et surtout, à bien choisir car comme dirait une voisine pour rire : « achetez chinois, achetez trois fois ! » On entre dans le premier magasin. J’aimerais bien acheter un casque “Beats by Dr. Dre“ pour écouter de la musique et avoir l’air “stylé“. J’en trouve un qui ressemble à l’original. Commence alors le jeu habituel avec le vendeur. Il nous annonce un prix exorbitant : « Six cents yuans ! dit le marchand, mais attention ajoute-t-il, c’est parce qu’on est de bons amis. » Comme d’habitude on est “ses premiers clients de la journée“ et il souhaite qu’on lui porte chance. « Cent cinquante yuans ! », je réponds sans me laisser attendrir. Alors là, le vendeur fait semblant de se mettre très en colère, et nous, on fait semblant de partir. On s’éloigne du magasin, il nous rattrape et on fait affaire. Souriant, il nous salue : « A la prochaine fois ! Revenez me voir surtout, je vous ferai encore un meilleur prix ! » « Zut, je me suis quand même fait arnaquer ! », je dis. « Mais non, me consolent les frères, l’important c’est que tu aies mis le prix que tu voulais y mettre. Tu as un beau casque et le vendeur est content. » Ma mère, en nous voyant rentrer à la maison, les bras chargés de cadeaux s’écrie : « Je confisque le reste de l’argent, je vous le rendrai quand vous serez plus raisonnables. Vous n’auriez pas pu acheter des vêtements à la place ? » C’est vrai qu’avec l’argent de Grand-Maman, j’aurais aussi pu m’acheter un faux sweat Abercrombie ou Hollister, de fausses chaussures Converse et en prime, un faux jean Levis. Mais moi, je trouve qu’acheter des vêtements de marque, ça fait vraiment ringard : on sait tous, que ce sont des faux. Il n’y a que les nouveaux pour tomber dans le panneau. Nous, on préfère acheter des tee-shirts chez H&M, Zara ou Uniqlo. C’est plus cher, mais ça c’est “classe“ ! Alors pour rassurer nos parents, on leur promet que, l’an prochain, on demandera des livres en cadeaux… Ça fait bien…et puis, comme c’est ce qui pèse le plus lourd, avec un peu de chance, la famille de France, préfèrera nous envoyer de l’argent ! n Pékin Infos # 58 ❘ Décembre 2014 21
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Quel que soit votre projet de voyage en Chine ou dans le reste de l’Asie, les conseillers de voyages Asia mettront à votre service passion et connaissance du terrain pour construire le voyage de vos rêves. Ils partageront avec vous leurs coups de cœur et de nombreuses anecdotes personnelles. Contactez votre conseiller de voyage : Huiling REDON hlredon@asiabj.net ou hlredon@hotmail.com ASIA VOYAGES BEIJING OFFICE Room 603, Tower 1, Kunsha Center No.16 Xinyuanli, Chaoyang District 100027 Beijing
PÉKIN HISTORIQUE L’HISTOIRE DE LA PRÉSENCE DES EUROPÉENS À PÉKIN ET AU NORD DE LA CHINE
ARTICLE 36 : LÀ OÙ SE MANIFESTE LA PERFIDE ALBION Charles Lagrange
CANTON, POINT FOCAL DU COMMERCE AVEC LES ÉTRANGERS
Dès 1683, l’empereur avait ouvert les ports de Amoy (Xiamen), Canton et Ningbo au commerce avec les étrangers. Ce fut à Canton que l’East India Company (EIC), crée en 1601 par la Reine Elisabeth I, loua un entrepôt afin d’y faire commerce avec la guilde des marchands chinois. En 1719, l’Empereur de Chine décida que Canton serait le point focal de tout le commerce international. Il y était représenté par un Commissaire des Douanes, connu des Européens comme le « Hoppo », déformation du mot « Hubu » qui désignait le Ministère des revenus à Pékin. Le Commissaire avait nommé une assemblée de marchands, le « Cohong », dont le rôle était d’assurer la gestion journalière des échanges commerciaux avec les étrangers. Le Hoppo avait rendu le Cohong responsable de chaque navire arrivé à Canton et toute mauvaise conduite d’un étranger entrainait la perception d’une amende. Sous la pression du Hoppo, certains marchands firent faillite et les sommes dues aux étrangers montèrent vite à des chiffres astronomiques, provoquant à de nombreuses reprises des plaintes officielles auprès des autorités locales. Dès les années 1730, les étrangers réussirent à résider aux alentours de leurs entrepôts et factoreries. En 1776, les anglais, les français et les hollandais installèrent des consulats, au grand dam des autorités locales. Ils furent suivis par les danois, les prussiens, les suédois et les américains. Les autorités de Canton établirent alors ce qui fut connu comme les « 8 règlements », qui visaient essentiellement à restreindre les mouvements des étrangers.
LES ANGLAIS PRENNENT LE LEADERSHIP
Dès 1763, à l’issue de la Guerre de 7 ans, l’Angleterre se positionna très nettement comme la puissance dominante pour tout ce qui concernait le commerce avec l’Extrême Orient. En 1773, la EIC voulant protéger son monopole, institua des licences aux commerçants anglais voulant faire
commerce avec la Chine. Les échanges qui dans la première moitié du siècle consistaient dans l’achat de soieries et de porcelaine, furent très vite dominés par l’achat de thé. En 1783, un total de 2500 tonnes de thé de Chine fut importé en Angleterre. A ce fructueux commerce se coupla
celui de l’opium venant des Indes, mais ceci fera l’objet d’articles ultérieurs. Le développement de l’activité commerciale à Canton entraina une attitude quelque peu assertive des anglais qui exigèrent un traitement de faveur dans l’enceinte de ce qui devenait un établissement permanent. D’autre part, l'insuccès des ambassades de Macartney et de Titsingh, leurs guerres avec Napoléon, leurs relations incertaines avec les États-Unis, et la pacification douteuse de l'Inde, furent autant d’événements qui rendaient les anglais très agressifs dans la défense de leurs privilèges. En 1803, les hostilités éclatèrent entre l'Angleterre et la France; lord Whitworth, ambassadeur d'Angleterre, quitta Paris le 18 mai 1803 et le Cabinet de Londres donnait l'ordre de saisir, dans les pays les plus lointains, tous les navires français sans exception. L’année suivante le roi d'Angleterre, George III, qui s'arrogeait le titre de Haï Long, (Dragon de la Mer), écrivit une lettre à l'empereur de la Chine pour le prévenir de se méfier des français. Dans sa lettre il y fustigeait le désordre qui régnait depuis dix ans, le caractère « sans loi » et « sans aucune impulsion de leur conscience » de la République Française. Il y soulignait à l’Empereur le danger de voir cette doctrine « insidieuse » répandue dans l’Empire. L’Empereur de Chine, dans sa réponse, mentionna: « […] Quant à ceux des sujets de Votre Majesté qui, pendant de nombreuses années, ont eu l'habitude de faire commerce avec notre empire, nous devons faire observer que notre gouvernement céleste regarde toutes les personnes et toutes les nations avec des yeux de charité et de bienveillance……[…] » ….. et donc renvoyait au roi d’Angleterre une fin de non recevoir. L’ agressivité croissante des étrangers, et la crainte de voir se propager l’influence de ceux-ci dans l’Empire aiguisa la xénophobie du successeur de Qianlong. C’est ce que nous verrons dans un prochain article…... Restez branchés ! n Pékin Infos # 58 ❘ Décembre 2014 23
Zhang Junling
Zhang Baogang
Anne de Chalvron
Wu Yunhong
Liu Shihao
Li Chevalier
Simon
BLACK IS BEAUTIFUL Jean-Yves Simon
Il faut une certaine dose de culot ou d'inconscience pour peindre le monde en noir et blanc - uniquement. C'est ce que font les Chinois, à quelques touches de couleur près, depuis 2000 ans.
24 Pékin Infos # 58 ❘ Décembre 2014
Chen Dehong
PÉKIN CULTURE
D
e culot, de folie, de rêve. Ou de ce quelque chose de fou qui s'appelle souffle. Deux mille ans de paysage avec le seul concours de l'encre. Evidemment, le paysage chinois, de facture figurative, est d'abord spirituel. Les poètes et les peintres n'ont eu de cesse de le dire : peindre est capter les souffles et les courants à l'œuvre dans la nature. Le noir, le gris et le blanc y ont suffi. En occident, histoire inverse, il ne serait jamais venu à l'idée de Giotto, de Brughel, de Turner ou de Monet de peindre une colline d'oliviers, un champ de blé ou une mer - même déchainée - avec du noir ! C'est la couleur qui disait la gloire du paysage, - l'huile ! bien sûr, d'essence solaire - et le noir et blanc était l'apanage des petites formes : dessin au crayon, fusain ou plume. Et du monde de l'estampe. Il est extraordinaire de penser que les Orientaux et les Occidentaux n'aient connu, et croisé, leurs outils respectifs qu'au vingtième siècle. Aujourd'hui encore, quand je dessine sur le motif, ma plume sergent-major intrigue les Chinois ! L'exposition que j'ai conçue se situe à ce croisement : au lieu où les disciplines du pinceau à l'huile ou l'encre, du crayon, du burin, du fusain se regardent et s'échangent. Les dix peintres, graveurs et photographes invités sont tous des amis, de près ou de loin. Certains, rencontrés en montagne, sont des peintres qu'on dit traditionnels : Wu Yunhong travaille le shan-shui (montagne/eau) avec une excellence classique qui m'a enchanté lorsque je l'ai vu peindre à Huang Shan : à la difference de l'occident, ou l'on fait souvent monter les valeurs, il commencait par des traits au noir pur ! L'os du paysage. Pour faire ensuite vibrer la chair des gris.
Li Chevalier est une poétesse de l'espace nu, à l'abandon, silencieux ; ses paysages qui frôlent l'abstraction semblent en attente d'un événement qui ne viendra pas. Une attente où les signes d'une catastrophe déjà venue ou à venir se résorbent dans la mélancolie d'encres qui s'écoulent, se diluent, s'arrêtent, et, elles aussi, attendent - le regard du spectateur.
Zhang Baogang fait de la calligraphie très raffinée et des toiles véhémentes, où des tempêtes de signes blancs et noirs créent un paysage psychique à la fois fougueux et apocalyptique. Bien qu'il travaille parfois longtemps, parfois épais sur une toile, il sait garder jusqu'au bout l'énergie première du geste : la toile cingle l'oeil et fouette l'esprit !
Dans les gravures sur bois d'Anne de Chalvron la franchise du noir et blanc parle aussi de silence; ce sont (souvent) des intérieurs chinois, déserts et paisibles; les habitants sont présents par les traces qu'ils laissent, les objets dont ils usent, leurs meubles ; des pots, des murs, des fenêtres, des chambres habitées de présence/absence. Un art grave et contemplatif, qui inspire la sérénité.
Sun Ziyao est un jeune peintre qui se confronte aussi bien au corps qu'au portrait, à la scène de couple qu'au paysage. Les influences qu'il a reçues de l'occident, perceptibles dans ses nus et ses visages, sont indétectables dans ses paysages monochromes fortement charpentés et écrits, ou montagnes et eaux se stylisent jusqu'à la rudesse du signe, avec une puissance juvénile qui fait éclater le format carré.
Je suis un peintre français et je vis parmi des artistes chinois : les trois artistes qui suivent sont mes compagnons de village à Heiqiao. Leur univers, ancré dans le local, se compromet néanmoins avec la culture de l'autre ; ils ont tous les trois fréquenté la peinture occidentale, et leur art est en dialogue avec le nôtre.
Francesca Mitterrand mixe l'huile et l'encre : le dialogue est-ouest prend son élan dans le différend entre la technique à l'huile et la technique à l'eau. Le geste, son allant, sa vigueur, sa vitesse, ses directions, le souffle qui l'anime - est à l'origine de chaque toile, et continue d'agir, à l'arrivée, dans l'oeil de celui qui regarde. Fulgurance fixée, dynamique intacte.
Zhang Junling peint à l'huile depuis toujours. Aujourd'hui engagé dans une série "blanche" abstraite, il a consacré un long moment de son art à une "série noire" ; des nocturnes urbains et campagnards, des ambiances de polar ou le personnage principal est la solitude: animaux esseulés, arbres, marcheurs de minuit, ombres errantes, c'est une peinture ou le noir (jamais tout à fait noir du reste) est au service - de la noirceur.
Liu Shihao, coréen, déjoue les clichés du "paysage chinois" : c'est un maitre du noir; il a un art très à lui de noircir le papier, lentement mais implacablement : le noir de l'encre se condense chez lui jusqu'à la nuit "en plein jour" ! Et luisent d'autant plus les minces filaments de blanc qui sinuent au sein des noirs : sentiers, rivières ou escaliers, qui mènent vers un infini à conquérir. Chen Dehong est un peintre de bientôt 80 ans toujours vert, qui a vécu de nombreuses années en France; ses multiples carnets de voyage, quand je les ai découverts, m'ont enchanté : une mine de croquis, de portraits, d'esquisses sur le motif à la façon des voyageurs européens, qui font de la liberté technique une règle d'art, et disent en dessin les émotions de chaque jour.
Francesca Mitterrand
Julien Lardeau est un ami peintre qui a fait une escale de trois jours à Pékin sur le chemin de la Mandchourie ; il n'a pas voulu voir la Cité Interdite ni le Palais d'Eté; il a tenu à rester en banlieue, vagabondant à Heiqiao avec son appareil photo. "J'ai détesté cette Chine banlieusarde, cette laideur, les maisons grises, cette crasse, ces légumes qui sèchent au milieu des hydrocarbures, cette absence de civisme, de couleur... Voilà ; j'ai fait quelques photos, fais-en ce que tu veux." J'ai trouvé pertinent d'exposer ce travail photographique austère mais attentif, qui restitue avec rigueur ce village de Heiqiao. Le noir et blanc, là, dit le négatif de la Chine. Pour ma part, la ville. Pékin où je vis depuis deux ans, une capitale qui me passionne, m'irrite, me charme... J'y ai fait de nombreux croquis, je lui ai consacré une année de peinture à l'huile. Pékin est un collage architectural (hutongs et HLM Mao, pavillons Ming et gratte-ciel up to date, etc) un patchwork d'époques, un concentré d'énergies : c'est ce caractère hybride que j'ai voulu capter, en panachant collage, technique sèche (fusain) et technique mouillée (encre). Cette exposition d'art que l'amitié préside se tiendra dans l'atelier galerie de Heiqiao, du 30 novembre au 14 décembre inclus. n Pékin Infos # 58 ❘ Décembre 2014 25
YE YING OU LE PROMENEUR D’OISEAU www.faguowenhua.com
Le film représentera la Chine dans la catégorie « Meilleur Film Étranger » lors de la cérémonie des Oscars en 2015.
D
euxième co-production officielle francochinoise après le film Onze Fleurs de Wang Xiaoshuai et première réalisée par un français, Philippe Muyl, « Le promeneur d’oiseau » est sorti dans les salles de cinéma chinois le 31 octobre. Sorti via le réseau UGC DISTRIBUTION le 7 mai dernier en France, le film a déjà réalisé le très beau score de 115 000 spectateurs sur 58 copies. « Le promeneur d’oiseau » tourne actuellement sur une dizaine de copies en France et a été élu « Coup de foudre » du public avec 69 % de haute satisfaction et 100% de satisfaction d’après l’Observatoire de la satisfaction. Il a été sélectionné dans une trentaine de festivals de films internationaux et notamment : ☻ Avant première mondiale lors du Festival international du film de Busan 2013 (Corée du Sud). ☻ Clôture du festival du film asiatique de Deauville mars 2014. ☻ Prix du public au festival international du film de River Run (USA). ☻ Prix du jury au festival international du film de Zlin (République Tchèque). ☻ Prix du meilleur acteur au 1er festival sino-australien novembre 2014 pour Li Baotian (le grand-père). ☻ Prix du meilleur acteur au festival de Minsk en Biélorussie novembre 2014 pour Li Baotian (le grand-père).
QUELQUES COMMENTAIRES DANS LA PRESSE FRANÇAISE : « Un pur bonheur. Dépaysant, malicieux, émouvant, apaisant. On en sort le cœur heureux, ouvert comme ces pivoines qui connaissent ces jours-ci leur moment de gloire chez les fleuristes. » Le Parisien. « Philippe Muyl filme joliment les deux visages de la Chine : urbaine et occidentalisée, rurale et traditionnelle, et autant de paysages immenses que les personnages traversent… » Télérama.
« Le jeune public trouvera matière à méditer sur la dislocation de la famille et le retour aux origines, à l’heure des grands chambardements technologiques et économiques. » Le Monde. « Le tandem sert une fable écolo pleine de tendresse ancrée dans les paysages verdoyants de la Chine profonde. Le réalisateur décline une palette de contraires : jeunesse-vieillesse, vie-mort, villecampagne, individuel-collectif, pour faire l’éloge de la transmission. À voir en famille. » Le Figaro. A voir absolument ! 26 Pékin Infos # 58 ❘ Décembre 2014
PÉKIN CULTURE
SYNOPSIS Afin de tenir la promesse faite à sa femme, Zhigen décide de retourner dans son village natal pour y libérer son oiseau, unique compagnon de ses vieilles années. Il prévoyait de faire ce périple en solitaire, mais on lui confie Renxing, sa petite-fille, jeune citadine gâtée, contrainte de partir avec lui. Au cours de ce voyage aux confins de la Chine traditionnelle, dans une nature magnifique, ces deux êtres que tout sépare vont se dévoiler l’un à l’autre, partager des souvenirs et des aventures. La petite fille va découvrir de nouvelles valeurs, et particulièrement celles du cœur. Réalisateur : Philippe Muyl (Cuisine et dépendances, Tout doit disparaître, Le papillon, Magique) Avec Li Baotian, Li Xiaoran, Qin Hao, Yang Xinyi
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RETOUR SUR LES ÉVÉNEMENTS IMPORTANTS DE LA RENTRÉE Cérémonie de la pose de la première pierre du Lycée Charles de Gaulle en présence de M. Laurent Fabius. Les 10 ans de l’Institut Français © Photos Longma : Matjaz Tancic / Ambassade de France en Chine
Cérémonie de la pose de la première pierre du futur lycée Charles de Gaulle de Pékin en présence de M. Laurent Fabius Ministre des Affaires Etrangères. Exposition Li Shuang "La vie est un collage", Lou Ye nous parle du "Roi et l'Oiseau", "Long Ma" ou "L'esprit du Cheval Dragon" de Nantes à Pékin, création originale de François Delarozière et de la compagnie La Machine.
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PÉKIN CULTURE
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COUP DE CŒUR LECTURE de Julie LES MILLE AUTOMNES DE JACOB DE ZOET 2011 David Mitchell (Éditions de l’Olivier)
1799, Dejima, baie de Nagazaki. Jacob de Zoet est clerc chargé de la comptabilité et des finances sur le comptoir le plus éloigné de la Compagnie néerlandaise des Indes orientales. Sur cet îlot de commerce à quelques encablures des terres nippones, une poignée d’Européens côtoie sans s’y mêler une société codifiée à l’extrême qu’ils observent sans chercher à comprendre. Récemment arrivé, De Zoet passe pour ingénu et inoffensif auprès de ses supérieurs. Lui découvre, mi horrifié, mi résigné, un lieu rongé par la corruption et la débauche. A l’extérieur, le monde nippon, ses traditions, ses retenues, son hermétisme, aussi. Seule passerelle, miraculeuse, les traducteurs qui, patiemment, étudient avec de Zoet, articulant courageusement, discutant des
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subtilités et des différences de perception entre un néerlandais, chrétien et roux de surcroît, et des Japonais. De ces rencontres naitront des amitié fortes et immuables. Lors d’une leçon d’anatomie, De Zoet fait la connaissance de Orito Aibagawa, sage- femme au visage à demi défiguré par une brûlure, dont il s’éprend. Troublé par cette femme, il s’accroche à l’espoir d’une rencontre impossible. De Zoet veut contrer le destin, mais Orito est brutalement enlevée et emmenée loin de Dejima, séquestrée dans un couvent administré par un seigneur-abbé aussi fou que cruel. Là-bas, la violence qui s’y perpétue n’a d égale que l’absurdité qui l’a faite naître. Avec cet incomparable talent de narrateur qui est le sien, David Mitchell nous embarque dans le récit des aventures d’un jeune homme à la poursuite de son destin devenu malgré lui le protagoniste d’une machination politique, le poussant face à des ennemis aussi dangereux à l’intérieur qu’à l’extérieur. L’auteur de Cloud Atlas n’a pas son égal pour nous plonger dans des univers où les êtres se croisent, influent les uns sur les autres à la manière impalpable d’un battement d’aile de papillon, un monde où les destins se croisent, où l’amour éclot, mais où les miracles n’arrivent jamais. Mais si David Mitchell nous séduit autant, c’est aussi par la justesse de ses personnages, leurs aspérités, leurs tiraillements, leurs déchirures. Dans ce roman d’aventures aux accents de thriller politique, l’auteur, qui a vécu 8 ans au Japon, nous offre une narration ciselée, nous tenant en haleine au gré des intrigues dont il noue et dénoue les fils sans jamais perdre en intensité dramatique. n
PÉKIN PRATIQUE
LES BONNES ADRESSES de Flore Touch Africa
Mingxiang Living
Adresse : Maizidian Xilu, Chaoyang District et 朝阳区麦子店四路,莱太 - Ouvert de 10h30-18h30 tous les jours
A
mbiance de la brousse garantie pour les audacieux qui poussent la porte de ce loft : accueillis par un couple de lions empaillés, plus vrais que nature, les pattes posées sur des rochers et des touffes d’herbe séchée, le dépaysement est complet. On se croirait revenu au temps de Out of Africa, et pour peu, Robert Redford et Meryl Streep conversent à l’écart, amoureux sourds et indifférents aux allées et venues des peuples de la jungle ; les murs sont parés de majestueuses têtes d’animaux sauvages, zèbres ou gazelles. Le roi de la savane avoisine un paisible animal rayé, saisi entrain de bondir, et de magnifiques masques africains viennent compléter le décor mural de cette boutique, du jamais vu à Pékin. Toute la panoplie africaine se trouve ici : cornes de gazelle, objets d’art et de décoration, statuettes et tabourets, peaux de bête, tamtam ou tambours, bracelets ethniques ou porte-clefs… Plus au fond, un troupeau de girafes en bois observe la situation, à côté d’un toit de paille rappelant les huttes africaines telles qu’on les imagine ; pour peu, elles brouteraient les brindilles qui dépassent ; tout est plus vrai que nature, on bascule malgré soi sur un autre continent. Prix Couple de lions : 1.200.000 ¥ ; Cornes de gazelle : 3.000 ¥, Masques africains : 6.000 à 8.000 ¥, Girafes en bois : de 345 à 4.000 ¥
Adresse : Laitai Flower, Tian Zi lu, Chaoyang District et 朝阳区天泽路莱太花街 - Tel 6468 8362
C
’est un magasin à l’allure vraiment chic, qui vient d’ouvrir face au Laitai, dans ce petit quartier où chiner est un vrai plaisir… Une savante alchimie de matières, céramique et métal mat, cohabite dans cet espace où les tons sont de bon aloi : grèges, beiges, taupes, crèmes et blanc se mélangent harmonieusement sous la forme d’objets divers, tous plus plaisants les uns que les autres. Le plateau est compartimenté par de grands panneaux de bois, qui donnent du volume à la pièce tout en articulant des ambiances ; ils ajoutent même de la légèreté à un ensemble déjà aérien. Les photophores à suspendre, ou sous forme d’appliques murales, ont un charme fou tout végétal ; une grande collection de vases ajourés en céramique, de tailles diverses, décline agréablement pour l’œil le motif de la feuille de bananier enroulée sur elle-même ; enfin, de magnifiques pièces de décoration, ornementales, sont proposées sur les murs ; fleurs ou feuilles, danse de papillons, finement ciselées dans un métal mat et foncé, elles ont un fort effet décoratif accentué encore par le volume de ces sculptures. L’ambiance du magasin est complétée par de belles plantes en pots qui, vraies ou fausses, renforcent ce sentiment végétal et reposant. Un loft où il fait bon évoluer, et où l’harmonie des couleurs, des matières et des objets est une vision apaisante pour le corps et l’esprit. Prix Vase en feuille de bananier 760 ¥, Photophore à suspendre 1080 ¥, Grande feuille ciselée 1600 ¥.
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PAROLES D'EXPERTS
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DESTINATIONS DE RÊVE DEPUIS PÉKIN
Emilie Chaudouard - www.travel-stone.com - travelguide.travel-stone.com
VIETNAM
QUE FAIRE : Hanoi et son quartier colonial. Evidemment la baie d’Halong, à ne manquer sous aucun prétexte. Si vous avez du temps, vous apprécierez un tour dans le nord vers la Chine, au milieu des minorités : Sapa est devenu un peu touristique mais il y a encore de jolis marches à faire autour. Au centre, Hoi An et Nha Trang présentent de superbes plages. Ou plus exotiques, les îles de Phu Quoc et de Cong Dao. Enfin au sud, vous découvrez la capitale économique, le Vietnam qui bouge et un peu plus loin, le delta du Mékong, pour les amoureux des larges fleuves rouges qui serpentent au milieu de la jungle vert vif. Le petit plus : une nuit sur une jonque au milieu de la baie d’Halong. Ou se mettre au kite-surf à Mui Ne. 32 Pékin Infos # 58 ❘ Décembre 2014
BALI-LOMBOK TAIWAN QUE FAIRE : profiter des beaux hôtels et des plages. Attention ce n’est pas Phuket, la mer est souvent agitée et les plages sont de grandes étendues, souvent de sable noir, parfaites pour le surf. Le sud de Bali a des plages plus accueillantes. Lombok a également de superbes plages. Bali, ce sont aussi de magnifiques paysages, de jungles, de rizières et de temples un peu partout avec des processions religieuses quasi quotidiennes. Et de belles marches jusqu’au sommet des volcans, à Lombok en particulier.
Le petit plus : prendre un speedboat et aller passer une journée sur les iles Gili, au milieu d’une eau turquoise. Et y rester plusieurs jours et ne jamais rentrer. Ou apprendre le surf, certains clubs vous remboursent si vous n’arrivez pas à sortir de l’eau à la fin du séjour.
PHILIPPINES QUE FAIRE : on ne pense pas toujours à Taiwan quand on habite en Chine, et c’est dommage car c’est une grande île intéressante, avec une histoire différente : des aborigènes, des colonisations hollandaise et japonaise, une autre voie depuis 1949…. Tout d’abord il faut visiter Taipei, une ville plaisante, avec de grands espaces et où se trouve le plus beau musée de Chine, plein des trésors emportés par Chiang Kai Shek. Des villages anciens longent la côte et vous pourrez profiter de beaux paysages comme les Gorges de Taroko ou le Sun Moon Lake. Enfin si vous avez du temps, aventurez-vous jusqu’au Sud, vers Kenting, où vous pourrez vous baigner. Le petit plus : pour les sportifs, de nombreux sentiers de randonnée, de pistes cyclables, de canyoning et kayaking.
QUE FAIRE : c’est un peu comme Phuket mais avec des hôtels de charme moins chers. Le service ne sera en revanche pas à la hauteur de celui de la Thaïlande. Une des plus belles régions pour la plongée. Et on peut aussi découvrir des sites historiques et naturels qui sortent des sentiers battus : les rizières en terrasse de Banaue (sur l’île principale), l’architecture coloniale de Manilla et Cebu ou les Chocolate Hills sur Bohol. Le petit plus : c’est le lieu rêvé pour faire un baptême de plongée ou même passer le PADI si vous passez au moins 5 nuits sur place.
PÉKIN PRATIQUE
CAMBODGE BIRMANIE PHUKET (MYANMAR) KOH SAMUI QUE FAIRE : une évidence, Angkor. Phnom Penh a aussi son charme avec ses quelques bâtiments Art Deco le long du Mékong. Vous pouvez faire un stop à la plage autour de Sihanoukville. Le petit plus : la campagne cambodgienne est méconnue, c’est une excellente occasion de s’aventurer chez l’habitant en faisant des trekkings ou des tours en vélos.
LAOS QUE FAIRE : Luang Prabang est la ville à voir absolument : des temples et le palais royal avec des cascades et des grottes autour de la ville. Le Laos est un pays préservé de la modernité, dès que vous êtes sortis de la ville, vous êtes transportés plusieurs siècles en arrière et la nature règne en maître. Un paradis pour les yeux, en voiture ou en trekking : par exemple Muang La, Nong Khiaw ou les environs de Pakse. Le petit plus : allez passez quelques jours loin de tout, dans les 4000 Iles au milieu du Mékong, et ne faites rien…
QUE FAIRE : une riche culture à découvrir avec des étapes obligées : Yangon (ou Rangoon) et son architecture coloniale un peu délabrée mais qui fait encore rêver, le lac Inlé, un superbe site (avec de très beaux hôtels) et une civilisation lacustre : des marchands sur l’eau, un monastère sur l’eau etc., Mandalay, une ancienne capitale royale, et surtout Bagan, le « Angkor » birman : une plaine au bord de l’Irrawaddy, couverte de plus de 10 000 pagodes. Enfin vous pouvez finir votre séjour en beauté à Ngapali, de grandes plages blanches bordées de palmiers, on se croirait à Phuket il y a 20 ans. Le petit plus : descendre l’Irrawaddy de Mandalay à Bagan et voir surgir les pagodes de Bagan.
QUE FAIRE : plage, plage, plage. Et plongée. De très beaux hôtels à toute sorte de prix. Avec une expérience dans le tourisme de plusieurs décennies donc un vrai service et très souvent des kids clubs. Si vous ne saviez pas où aller pour vous reposer et voir vos enfants heureux sans ne rien faire… Le petit plus : jouer au mahout sur un éléphant, cela enchante toujours les enfants. Ou prendre un cours de cuisine Thai. Ou de boxe Thai pour les plus rebelles.
JAPON
QUE FAIRE : une des grandes cultures de l’Asie, on peut y retourner de nombreuses fois et découvrir de nouvelles choses à chaque fois. Tokyo, pour son passé (capital de fait depuis plus de 4 siècles) mais aussi le symbole de la modernité japonaise. Kyoto et Nara, anciennes capitales impériales, semblable au Japon fantasmé. Mais le Japon c’est aussi une nature préservée avec de nombreux parcs naturels, une belle côte, des îles moins connues (Kyushu ou Shikoku) ou encore des stations de ski. Le petit plus : on y pense rarement, mais au Japon vous trouverez les meilleurs stations de ski d’Asie (mais elles sont chères). Si c’est la saison, allez voir un combat de sumos. Ou simplement allez faire un tour dans les onsens, les sources d’eau chaude japonaises, les enfants adorent.
NÉPAL
QUE FAIRE : tout d’abord visiter Katmandou, où l’on plonge dans l’Inde, les religions, la densité, la frénésie, les couleurs. C’est aussi une ville ancienne avec de nombreux bâtiments historiques. Ensuite Pokhara, à la base de l’Annapurna : vous verrez, les montagnes de plus de 7000m, c’est autre chose… Et si vous le pouvez, prenez le temps de faire un trekking d’au moins une semaine (ou plus), la seule façon de s’approcher de ces sommets majestueux. Le petit plus : prenez un « micro-flight » (un ULM avec un nom ronflant) et flirtez avec l’Annapurna Pékin Infos # 58 ❘ Décembre 2014 33
PÉKIN CUISINE
SOUFFLÉ AU GRAND MARNIER ET COULIS CHOCOLAT Pour 6 personnes, par le Chef Stéphane Laurens Brasserie Flo
INGRÉDIENTS INGRÉDIENTS DE L’ÉTAPE 1 25 cl de lait demi-écrémé 2 jaunes d’œuf 30 g de farine de blé 10 g de fécule de maïs 50 g de sucre en poudre 1 gousse de vanille (ou 1 sachet de sucre vanillé) INGRÉDIENTS DE L’ÉTAPE 2 90 g de blanc d’œuf 50 g de jaune d’œuf 75 g de sucre en poudre 10 g de fécule de maïs 3 cl de Grand Marnier LE COULIS DE CHOCOLAT 150 g de chocolat noir 60 g de beurre 20 cl de crème fraîche LES MOULES 30 g de beurre doux 30 g de sucre en poudre 20 g de sucre glace
PRÉPARATION DE LA RECETTE ÉTAPE 1 : RÉALISATION DE LA CRÈME PÂTISSIÈRE • Faire Bouillir le lait avec la vanille. • Dans un cul-de-poule, mélanger les 2 jaunes d’œufs avec 50 g de sucre, puis ajouter la farine et 10 g de fécule. Enlever la gousse de vanille du lait bouillant et verser celui-ci sur le mélange. • Mélanger, puis reverser le tout dans la casserole et porter à ébullition sans cesser de remuer.
ÉTAPE 2 : LA MERINGUE • Dans un batteur, monter les blancs d’œufs en neige, puis ajouter progressivement 75 g de sucre pour réaliser la meringue. • Prélever 240 g de crème pâtissière et mettre 50 g de jaunes d’œufs dedans, puis mélanger. • Ajouter 10 g de fécule et le Grand Marnier, mélanger. • Incorporer 1/4 de la meringue à cette préparation et mélanger. Verser ensuite le tout dans le reste de meringue et mélanger délicatement. ÉTAPE 3 • Préchauffer le four à 240 °C • Beurrez les moules dans le sens de la haute et les sucrer. • Verser votre préparation à souffler dans les moules et enfourner à 240 °C pendant 8 mins. ÉTAPE 4 : LE COULIS DE CHOCOLAT • Faire fondre le chocolat cassé en morceaux avec la crème fraîche à feu doux • Incorporez le beurre froid coupé en morceaux et en le fouettant. ÉTAPE 5 : SERVIR LES SOUFFLÉS Saupoudrer les soufflés de sucre glace et faites une ou deux fentes sur votre soufflé. Laisser couler le coulis de chocolat dans la fente.
Pékin Infos # 58 ❘ Décembre 2014 35