Amélioration acoustique du gros œuvre
✍✍ B. Ingelaere, C. Crispin, L. De Geetere, M. Van Damme et D. Wuyts, division Acoustique, CSTC
1
INTRODUCTION
Entrée en vigueur en 2008, la norme NBN S 01-400-1 [8] définit des exigences performantielles en matière d’acoustique, que l’on peut assimiler à des règles de bonne pratique. Celles-ci s’appliquent à tous les immeubles d’habitation situés sur le territoire belge, dont le permis de bâtir a été introduit après la date de parution de la norme. Les exigences concernent l’isolation aux bruits aériens et aux bruits de choc, mais portent également sur l’isolation acoustique des façades et la réduction du bruit produit par les installations techniques. Bien que ces prescriptions concernent le bâtiment achevé, elles peuvent également
au moyen de murs doubles entre appartements et maisons mitoyennes
être utilisées en amont pour élaborer un projet de construction; elles ont donc un impact aussi bien au stade de la conception et de l’étude des détails que durant la mise en œuvre. La norme distingue deux niveaux de qualité : • le confort acoustique normal (CAN), c’est-à-dire un niveau de qualité minimal destiné à une large majorité d’utilisateurs. On estime dans ce cas que plus de 70 % des occupants seront satisfaits de l’isolement aux bruits aériens et aux bruits de choc lorsqu’ils sont exposés à des nuisances sonores normales • le confort acoustique supérieur (CAS), qui est le niveau de qualité le plus élevé de la norme. Les exigences qui y sont as-
sociées ont pour but d’assurer un confort acoustique amélioré sur un ou plusieurs points de la construction (façade, transmission des bruits aériens entre habitations, bruits de choc, bruit des installations techniques, ...). Ce niveau de confort est censé procurer un isolement aux bruits aériens et aux bruits de choc satisfaisant plus de 90 % des occupants exposés à des nuisances sonores normales. De telles exigences ne sont d’application que si l’initiateur du projet (maître d’ouvrage, acquéreur, etc.) exprime des souhaits spécifiques en ce sens ou si le vendeur ou le bailleur s’engage à fournir ce niveau de qualité aux futurs occupants. Les tableaux 1 et 2 (p. 2) résument les exigences d’isolation aux bruits aériens
Tableau 1 Exigences d’isolation aux bruits aériens et aux bruits de choc entre appartements (*).
Local d’émission situé en dehors de l’habitation
Local de réception situé à l’intérieur de l’habitation
Confort acoustique normal (CAN)
Confort acoustique supérieur (CAS)
Tout type de local
Tout type de local, sauf un local technique ou un hall d’entrée
• Isolement aux bruits aériens : DnT,w ≥ 54 dB • Isolement aux bruits de choc : L’nT,w ≤ 58 dB
• Isolement aux bruits aériens : DnT,w ≥ 58 dB • Isolement aux bruits de choc : L’nT,w ≤ 50 dB
Local d’émission situé à l’intérieur de l’habitation
Local de réception situé à l’intérieur de l’habitation
Confort acoustique normal (CAN)
Confort acoustique supérieur (CAS)
• Isolement aux bruits aériens : DnT,w ≥ 35 dB • Isolement aux bruits de choc : pas d’exigence
• Isolement aux bruits aériens : DnT,w ≥ 43 dB • Isolement aux bruits de choc : L’nT,w ≤ 58 dB
Chambre à coucher, cuisine, living ou salle de bains indépendante de la chambre à coucher ou du local de réception
Chambre à coucher, bureau
(*) Si le bâtiment voisin n’est pas affecté au logement, des exigences particulières sont à respecter selon le niveau de nuisances sonores émis dans les locaux contigus (voir la norme NBN S 01-400-1 pour des informations plus détaillées) [8]. Dans le cas du confort acoustique normal, l’exigence de l’isolement aux bruits de choc doit être majorée de 4 dB si le local de réception de l’appartement considéré est une chambre à coucher et que le local d’émission du logement voisin est une pièce autre qu’une chambre à coucher. Lorsqu’on contrôle les performances d’un bâtiment achevé, on considère le résultat comme satisfaisant s’il est inférieur à l’exigence de la norme diminuée de 2 dB. Cette marge est liée aux incertitudes du modèle de prévision et à l’imprécision des techniques de mesure.
Les Dossiers du CSTC 2012/2.18 | 1
CT Acoustique
P
Plusieurs concepts de gros œuvre permettent de construire des maisons et des appartements mitoyens dont le confort acoustique répond aux critères normaux ou supérieurs de la norme NBN S 01-400-1. La réglementation PEB joue un rôle important dans ces principes constructifs. La solution la plus courante pour satisfaire aux exigences de la PEB consiste à ériger un double mur entre les logements mitoyens et à remplir la coulisse avec un isolant thermique. Le présent article explore les différentes solutions acoustiques qui permettent de réaliser un mur mitoyen constitué de deux parois portantes et d’une coulisse isolée thermiquement. Ces concepts sont décrits en fin d’article dans des tableaux distincts (un prochain article présentera d’autres possibilités constructives telles que les parois de doublage). Au préalable, nous passerons en revue quelques points sur lesquels il convient de s’attarder lors de la conception et de l’exécution. Nous expliquerons également les raisons pour lesquelles certains principes se révèlent plus performants que d’autres sur le plan acoustique.