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Compagniesélectriqueset États face àunchoix cornélien

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Malik Rebrab

Malik Rebrab

Prises en étau entreles conséquences de l’explosion de la factureénergétique et la montée de la colère sociale face àl’augmentation des prix,les compagnies nationales avancent en terrain miné.

BILAL MOUSJID

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L«es gouvernements sont dans une situation difficile»,concède d’entrée de jeuHeba Samir, directrice régionale desventes chez ElsewedyElectric,legéant égyptien deséquipementsélectriquesprésent dans dix-neufpaysafricains. Et pour cause: l’envoléedelafactureénergétique due àlapandémie puis àla guerreenUkraineafortementrenchéri le coûtdeproduction de l’électricité. Lescompagniesnationalessont dès lorsfaceàundilemme: maintenir les prix inchangés au risque de voir leur déficit–déjàtrèsélevé–secreuser,ou répercuterlahaussesurlesconsommateursetrisquer d’alimenter la colèrede la population, déjà éprouvéepar une inflation galopante desproduitsde consommation.

Uneéquation difficileetunchoix politique sur lequel n’ont que peude prise lescompagniesd’électricitédont lesactions sont tributaires du feu vert du régulateur ou parfoisdirectement d’une commission gouvernementale.

Plusieurspaysontchoisidetrancher lenœudgordienenrévisantàlahausse lestarifs. C’estlecas par exemple du Cameroun,quiadécidé,pourlapériode allant de 2023 à2025, d’augmenter les prixappliquésparlacompagnied’électricité Eneoà ses clientsmoyenne tension,toutenfixantdes«seuilsminimumsdenégociationdestarifspourles clientsditsgrandscomptes»,annonçait l’Agence de régulation du secteur de l’électricité(Arsel) dans une décision publiée le 12 décembre2022.

Sitôtentréeenvigueur,elleasuscité l’iredecertains industriels, àl’image de l’Organisation camerounaisedes industriesdetransformationdel’acier (Ocita), qui s’estinsurgée en janvier contreune décision dont elle juge lesconséquences« très graves» pour l’économie.

Atténuer les effets de l’inflation

Ilenestdemêmedel’AfriqueduSud,où lestarifs vont bondir de 18,65% àpartir du 1er avril. Plongédans une crise de l’électricitéaupoint de pousserleprésidentCyrilRamaphosaàdéclarerl’état decatastrophenationale,l’Étattentede sauverdel’effondrementlacompagnie nationale Eskom, dont la dettes’élève à23milliards de dollars. Là encore, la décision n’apas tardé àfaireréagir lessyndicats, telleNehawu,syndicat du servicepublic le plus important du pays, qui s’estdit, dans un communiquépubliéenjanvier,« irrité»parcette augmentationquiintervientàanseulement de la précédente(+9,6 %).

C’estlecas également du Sénégal, qui adécidé,à partir du 1er janvier,de réduirelasubvention en faveur des consommationsdépassant150kilowattheures.« La subvention de l’État continue d’êtreeffective pour toutes lestranchesdeconsommation de la Senelec[Sociéténationale d’électricité du Sénégal]. Seulement,pour qu’elle devienne pérenne et efficiente, elle aété réajustée, ce qui reflètemieux la volontésocialeetsolidaireduprésident de la République », atempéré le directeurdelaSenelec,PapeMademba

Classement 2023

ESKOM 3e ELSEWEDY ELECTRIC 40e ONEE 45e SENELEC 140e ENEO CAMEROON 228e

Biteye. «Nous avons réajusté la répartitiondetelle sorteque plusvous consommez, moins vous bénéficiez de la subvention. […] Ces ajustements donnent en moyenne une hausse de 16,62% pour la clientèle basse tension tout en préservant la couche sociale la plus vulnérable,qui n’estpas concernée[près de 1,2 million de clients] », assurait-il.

D’autrespaysdevraient suivre, comme le Congo-Brazzaville,qui s’apprêteà augmenter lestarifs de l’électricité,selonuneannoncefaitele 21 février par le ministredel’Énergie et de l’Hydraulique,Émile Ouosso. Le 7février,Neila Nouira Gonji, la ministretunisienne de l’Industrie, desMinesetdel’Énergie aquant à elle annoncé qu’une hausse destarifs de l’électricitéétait programméepour 2023,sans toutefois préciser la date de sonentrée en vigueur.LePaysdu jasmin, dont lesbesoins en électricité sont en partie combléspar sonvoisin algérien,affiche destarifs parmi les plusbasd’Afrique,avec3 euros(moins de2000 FCFA)pour75 kWhparmois, selon une récenteétude du cabinet Deloitte,bienloindesprixpratiquésau Congo, au Sénégal, en Côte d’Ivoireou au Maroc(entre5000 et 7000 FCFA pouruneconsommationéquivalente).

Épargner le pouvoir d’achat

Un choixque n’ont pas fait d’autres pays. Au Maroc, où lestarifs sont réglementéspar une commission interministérielle,aucunehausse n’a étéappliquée malgrélasituation alarmante de l’Office national de l’électricitéetdel’eau potable (Onee). Le 12 avril 2022, le directeur général de l’Onee, Abderrahim El Hafidi,avait déclarédevantunecommissionparlementaireque,sans une aide de l’État, l’établissementpublic,dontladernière augmentationdes prix pratiquéedate de 2017,devrait enregistrer un déficit de plus de 2milliards d’euros.Untrou qui nécessiteraitune hausse de 40 % du prixpour lesconsommateurs, selon lesdéclarationsduporte-parole du gouvernement, Mustapha Baïtas, quelquessemaines plus tôt.

Pourépargner le pouvoir d’achatde la population, déjà érodépar l’envolée desprix desproduits de consommationcourante,legouvernementd’Aziz Akhannouchavaitprévudedébloquer une aide de 14 milliards de dirhams (1,3 milliardd’euros)auprofit de l’Office.Enoctobredernier,l’exécutif a finalement annoncé l’octroide5 milliards de dirhams àl’Oneepour main- hausse destarifs. Du moins pour le moment.«L’Étatdoitvenirchaquefois en aide àla population, car lescoûts sont de plusenplusélevés. Mais l’État ne peut pas tout supporter. C’estpourquoi nous appelons àl’aide lesbailleursdefonds internationaux », nous dit Idesbald Chinamula Vuningoma, directeurgénéraldel’Agencenationale del’électrificationetdesservicesénergétiquesenmilieuxruraletpériurbain (Anser RDC).

Des projets ralentis tenirles prix inchangés. Outrel’aide de l’État, l’office aégalement lancé en févrieruneopérationdetitrisationdes créancesportantsur un montant de 2,1milliards de dirhams.

DucôtédelaRDCongo,legouvernement esttout aussi hermétique àune

Mais, dans le contexteactuel,unautre facteur vient encore compliquer la donne :les producteursd’électricité indépendants(IPP), investisseurs privés, n’entendentplus subirseuls leseffetsdelacrise.« Nous avons négocié lestarifs avant la guerre en Ukraine et même avant la pandémie de Covid-19.Depuis, tous lesprix ont augmenté,entraînantunefortehausse descoûts»,décritàJeuneAfriqueHeba Samir,précisant, de fait, que de nombreux projetsd’ElsewedyElectricsur le continent (25% de sonchiffre d’affaires)sont désormais en stand-by. Même constat du côté de Globeleq, premier producteur indépendant d’électricitéenAfrique.DansunentretienaccordéàJeuneAfrique,sonPDG, MikeScholey,reconnaîtque«lahausse du prix desmatièrespremières,dela main-d’œuvreetdutransport»affecte aujourd’hui «laviabilitédes projets»

«Ilya,d’uncôté, la nécessitéd’accélérer l’électrification de l’Afrique et, de l’autre, lescontraintes liées àla montéeenflèchedesprixdesmatières premières.Hélas,les gouvernements ne peuvent pastoujoursrépercuter la haussesurlestarifsfinaux.Entantque producteursindépendants,nousnous retrouvonsaumilieu,sanspouvoiragir autrement qu’enralentissant certains projets»,regretteunopérateur énergétiquerencontréle7 février àl’Africa Investment Forum &Awards, àParis.

De soncôté, Mike Scholey voulait croireenune issue favorable pour les IPP :« Avec unegestionprudentede la partdes entreprises concernéeset desorganismes de réglementation, je suis convaincu que dessolutions àce problème peuventêtretrouvées. Mais ilfaudradutemps,del’attentionetune volontédefairepreuvedecréativité desdeuxcôtés.»

Totalenergies

Henri-Max Ndong-Nzue

Problèmes sécuritaires, transition énergétique, appel d’offres en RD Congo, part du continent dans les profits du groupe

Le nouveau directeur

Afrique subsaharienne de la multinationale n’élude aucun sujet.

Classement 2023

Purproduit,oupresque,dela multinationale dirigée par Patrick Pouyanné, le successeur de Nicolas Terraz à la tête de la direction Afrique subsaharienne de TotalEnergies exploration-production (E&P) sent venir le vent du changement autant qu’il souhaite l’accompagner, après quatre-vingts années de présence de l’énergéticien français en Afrique.

Rencontré au siège de l’entreprise quelques jours après la publication des résultats records du groupe – bénéfice de 20,5 milliards de dollars au titre de 2022 –, Henri-Max NdongNzue s’est montré concerné autant par les griefs de la société civile et des ONG envers les projets controversés Tilenga et Eacop en Ouganda que par les résultats du rapport d’audit sécuritaire sur le projet gazier de Cabo Delgado au Mozambique ou par les possibilités de reprise totale d’activité au Nigeria. L’ingénieur franco-gabonais nous livre ainsi sa lecture des enjeux auxquels le groupe est aujourd’hui confronté. Un géant mondial des hydrocarbures dont l’ambition est désormais de se muer en leader multi-énergies, à la faveur delaclassificationdugazdanslacatégorie « énergie de transition » et des moyens colossaux mis en œuvre par la major cotée à la Bourse de Paris en vue de réduire ses émissions de gaz à effet de serre et de s’inscrire davantageencoredansladurée.Rencontre.

JeuneAfrique:Vousavez prisladirectionAfriquede

TotalEnergiesE&Pen2021,dans uncontextedereculdesinvestissementsdanslepétrole,entre transitionénergétiqueetsortiede criseliéeauCovid-19.Quelleétait alorsvotrefeuillederoute?Et a-t-elleévoluédepuis?

Henri-Max Ndong-Nzue : Au cours des dix-huit derniers mois, la direction Afrique a déployé la nouvelle ambition du groupe : produire de l’énergie à bas coût avec moins d’émissions. L’année 2022 a été une bonne année. Sur le plan de la sécurité, nous avons obtenu de bons résultats, sans accident mortel, et des statistiques sur la sécurité au travail en amélioration. Concernant l’environnement, nous avons réduit de manière sensible nos pertes de confinement[fuites,ndlr]etnosémissions de gaz à effet de serre par rapport aux années précédentes.

Angola,Nigeria,Mozambique, vousavezamorcéplusieurs projetsdansdespayshistoriques, etallouédenouvellesressources, dontcertainesd’ampleur… les autorités un projet de plantation d’arbres pour la capture de CO2 sur les plateaux Batéké, ou encore au Gabon, avec le développement d’un partenariat avec la Compagnie des bois du Gabon (CGG). Enfin, en Ouganda et en Tanzanie, nous avons signé des protocoles d’accord pour des projets solaires et éoliens. Et nous étudions également des opportunités dans d’autres pays, l’hydroélectricité au Mozambique par exemple.

En effet, nous comptons de nombreuses réalisations cette année. Si l’on se limite aux principales d’entre elles : en Angola, nous avons mis en production deux champs à cycle court, Clov phase 2 et Clov phase 3, et lancé de nouveaux projets. Celui de Begonia, un développement sous-marin raccordé à un navire flottant de production existant, celui de Pazflor, le projet NGC (Natural Gaz Consortium), qui nous permettra d’alimenter l’usine de GNL de Sovo, et, enfin, nous lançons la première phase d’un projet solaire photovoltaïque AuNigeria,nousavonsmisen production avec succès un nouveau champ:Ikike,unebelleréalisationde nos équipes Au Gabon et au Congo, nous avons conclu des accords avec les États hôtes qui nous permettent d’avoir aujourd’hui de la visibilité sur nos licences et de poursuivre nos investissements.

Les problèmes de sécurité du Nigeria lui ont fait perdre son statutdeleaderdespaysproducteurs de brut. Comment cela s’est-il traduitpourTotalEnergies,quiopère danslepays?

Effectivement, l’année 2022 a été difficile au Nigeria à cause des problèmes de sécurité, qui ont eu un impact sur la production de nos champs à terre. Nous avons discuté de ces difficultés avec les autorités, notammentnotreministèredetutelle et notre partenaire, la société nationalenigériane[laNNPC].Desmesures ont été prises Nous espérons que la situation va s’améliorer et nous permettre de relancer nos opérations en toute sécurité.

Est-ilplusdifficilequ’auparavantdetravaillersurdesprojets pétrogaziersenAfriquecompte tenudesnouvellescontraintesdu secteur?

Qu’enest-ildesnouveauxpays danslesquelsvotregroupeapris piedenexploration-production?

Pour ce qui est du développement de nouveaux relais de production, l’année 2022 a été marquée par la prise de décision finale d’investir en Ouganda sur le projet Tilenga (extractiondepétrole)etsurEacop(transport des hydrocarbures), en partenariat avecles Étatsougandais ettanzanien. Par ailleurs, TotalEnergies a fait une découverte majeure en Namibie, avec le puits Vénus sur le permis 2913B. En 2023, nous allons mettre en branle un programme ambitieux d’exploration-appréciation dans ce pays.

Quellessontlesambitionsde TotalEnergiesdanslegaz,le solaireouencorel’éolien?

Nous avons commencé à mettre en place l’année dernière un réseau de 20 chasseurs d’affaires (renewable explorers) – rattachés aux responsables pays – pour dénicher les opportunités dans l’hydroélectricité, l’éolien, les biocarburants et les puits naturels de carbone. Les premiers résultats sont déjà visibles. Avec le projet solaire angolais Quilemba, au Congo, où nous avons démarré avec

Nous vivons dans un monde où les entreprises sont de plus en plus interpellées par la société civile En particulier le monde de l’énergie, qui doit répondre à un double défi. Celui, d’abord, de fournir de l’énergie au plus grand nombre. Or, rien qu’en Afrique,plusde600millionsd’individus n’ont pas accès à l’électricité. Une demandeàlaquellenousnousdevons de répondre. En même temps, nous avons à résoudre le défi du changement climatique, ce qui signifie forcément moins d’émissions de gaz à effet de serre.

Commentcomptez-vousrelever cedoubledéfi?

Notre stratégie s’inscrit dans la droite ligne de l’accord de Paris et viseàapporteruneénergieabordable, fiableetpropreauplusgrandnombre. C’est la raison pour laquelle nous avons consacré plus de 4 milliards de dollarsd’investissementen2022dans lesénergiesbascarboneet,pour2023, ce budget devrait être de 5 milliards. TotalEnergiesfiguredéjàdansletop5 mondial des investisseurs dans le domaine des énergies renouvelables.

Aprèsleretraitpourraisons sécuritairesdelalocalité d’AfungideséquipesduconsortiumMozambiqueLNG,dont TotalEnergiesfaitpartie,leprojet CaboDelgadoa-t-ildeschancesde redémarrer?

Les autorités mozambicaines ont faitappelàdespaysamis,notamment le Rwanda, pour restaurer la sécurité danscetteprovince.PatrickPouyanné s’est rendu dernièrement dans le Cabo Delgado et a pu constater que la situationsécuritaires’étaitaméliorée. Mais, pour redémarrer les travaux, il faut d’abord que la sécurité revienne demanièredurableetquelesservices publicssoientrétablis.Enplusdecela, Mozambique LNG – le consortium international chargé du projet GNL –a mandaté un audit humanitaire, qui a été confié à Jean-Christophe Rufin [ancien ambassadeur de France au Sénégal et en Gambie]. En fonction de la situation sécuritaire, du rapport humanitaire et des discussions avec lescocontractants,MozambiqueLNG prendra la décision de faire repartir ou non le projet.

Quandcerapportdoit-ilêtre remis?

Dans les prochains jours. Mais je rappelle l’importance des coûts du projet. Il faut que ceux-ci restent raisonnables [le coût d’investissement initial avait été estimé à 15 milliards de dollars]. Il n’est pas question d’accepter une hausse substantielle du coût du projet.

QuelsenjeuxleprojetCabo Delgadoreprésente-t-ilpourla divisionE&PAfriquedugroupe?

Le projet GNL Mozambique est un projet dans lequel nous avons une participation de 26,5 %. C’est un projet dont la phase 1 est d’une capacité de 13,1 millions de tonnes par an. C’est donc tout à fait significatif. Il présente en outre plusieurs atouts : c’est un projet de production de gaz, uneénergiedetransition,idéalement situé pour desservir le marché asiatique et l’Europe.

Qu’enest-ildel’Ougandaetdes projetsTilengaetEacop,dontla datedemiseenproductionest toujoursattenduepour2025?Où enestlefinancement?

Pour la partie amont, le projet Tilenga, dans lequel TotalEnergies possède 56,7 % de participation, la société chinoise Cnooc 28 %, et la société nationale ougandaise Unoc 15 %, le financement se fait sur fonds propresdeTotalEnergiesetdeCnooc. Pour la partie transport des hydrocarbures sur la côte tanzanienne, dont le projet est dénommé East

African Crude Oil pipeline (Eacop), une société a été créée dans laquelle TotalEnergies détient 62 %, Cnooc, 8%,lessociétésnationalesougandaise Unoc et tanzanienne TPDC, chacune 15 %.Cettesociétéfinancerapourpartie le projet sur fonds propres et, pour l’autre, par emprunt. Aujourd’hui, les discussions progressent à la fois avec les banques internationales et les banques africaines.

LaRDCongoalancé,enjuillet 2022,unappeld’offrespourla miseenventede30blocspétrogaziers.Pourquoiaucunemajor,pas mêmeTotalEnergies,nes’est-elle encorepositionnée?

TotalEnergiesesteffectivementsortie de RD Congo après avoir rendu le bloc 3 en 2019. Nous avons décidé de ne pas participer à l’appel d’offres qui aétéproposépourunequestiond’opportunité. Nous ne pouvons pas être partout. Pour le reste, il m’est difficile deparleràlaplacedesautressociétés

La production du groupe devrait retrouver ses niveaux de 2020 à l’horizon 2027, avec un mix énergétique dans lequel le gaz va gagner en importance.

Dernièrement,ilestapparuque lapartducontinentafricain danslaproductionglobalede TotalEnergiesavaitdiminué. Commentl’expliquer?

L’Afrique est un continent majeur pour l’entreprise, qui y est présente depuis plus de quatre-vingts ans. En 2020, l’Afrique subsaharienne représentait environ 20 % de la production de TotalEnergies. Aujourd’hui, la contribution de l’Afrique est passée à 17 % à cause du déclin naturel de nos champs en production et des difficultés rencontrées en matière de sécurité sur nos champs à terre, au Nigeria. Grâce aux développements en Angola, en Ouganda et au Mozambique, la production du groupe devrait retrouver ses niveaux de 2020 à l’horizon 2027, avec un mix énergétique dans lequel le gaz va gagner en importance

Cettebaissederevenusa-t-elle corresponduàunebaisseproportionnelledelacontributionde l’Afriqueauxrevenusglobauxdu groupe?

Avant de parler des revenus, je tiens à rappeler l’effort d’investissement de TotalEnergies en Afrique. Le continent représente à peu près le tiers de l’effort d’investissement réalisé au niveau de l’exploration-production. Et donc, juste retour des choses, notre contribution en matière de cash-flow généré par nos opérations est à peu près de 30 %. Il y a donc un équilibre entre les capitaux investis par l’exploration-production en Afrique et, en retour, les revenus qui sont générés par nos activités sur le continent.

En2022,lesdécouvertesd’hydrocarburesontététrèsimportantesdanslemonde.Et,sil’on encroitunrécentrapportde WoodMacKenzie,ellesontétéen particulierportéesparl’Algérieet parlaNamibie.Celavousinspiret-ildenouveauxprojets?

Tout à fait, puisque nous sommes concernés. Nous poursuivons notre effortd’explorationenAfrique.Surles trois dernières années en moyenne, nous avons foré un peu plus de deux puits par an. Cette exploration a été couronnée de succès en Afrique du Sud : sur le même permis 11B/12Bn, nous avons foré deux puits positifs – les puits Luiperd, en 2019, et Brulpadda, en 2020. En 2022, nous avonssollicitélepassagedecepermis en licence de production, et nous travaillons actuellement à identifier un débouché pour valoriser cette découverte de gaz à condensats.

En Namibie, nous avons foré l’an dernier un puits sur le permis 2912, où nous avons découvert de l’huile légère. Nous lancerons cette année un programme ambitieux d’exploration et d’appréciation pour nous assurer que cette découverte peut déboucher sur un développement économique.

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