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La chaîneArt de vivre
La chaîne généraliste culturelle francophone mondiale
Aujourd’hui en Afrique, TV5MONDE offre 3 chaînes disponibles sur SES5 ! Et aussi une offre numérique :
afrique.tv5monde.com Téléchargez l’appli dès maintenant !
DISBOOK #12 - MAI 2018
SOMMAIRE 8
Pour prendre la mesure du potentiel de l'Afrique francophone, vous devez connaître vos chiffres.
14 Les acteurs-clés du développement de l'industrie de l'audiovisuel en
Afrique francophone partagent un but commun, mais avec des manières assez différentes d'y arriver: 14
Partenariat mode d'emploi (TV5MONDE)
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Ambitions internationales (RTI)
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Cap sur le multi-culturel (Côte Ouest)
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La formation au coeur (Lagardère Studios/Keewu Production)
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3,5 millions d'abonnés, c'est chic! (Canal+)
44 L’évolution de la filière audiovisuelle passe aussi par... 44
des femmes qui sont à leur juste place dans les médias (hé oui!) ;
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la sécurisation des droits d'auteur avec une technologie adaptée à la problématique africaine ;
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la connaissance du B.A.-BA des systèmes de financement par la publicité ;
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de la bonne musique - de préférence africaine ;
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des petits personnages animés qui exportent les valeurs de l'Afrique au-delà des frontières
76 Soyez au courant: à lire, à voir, à savoir 86 Liste des participants à DISCOP ABIDJAN 2018
REDACTRICE EN CHEF FRANÇOISE LAZARD francoiselazard@basiclead.com DIRECTION ARTISTIQUE SHARON HALEVI-KORIN sharonkorindesign.com CONTRIBUTEURS SÉVERINE LAURENT (AFRIKA KOM) afrikakom@gmail.com RENÉ SAAL (ADWEKNOW) rene@adweknow.com EDITEUR BASIC LEAD LOS ANGELES, Californie IMPRIME PAR Hooda Graphics Imprimerie (Abidjan) www.hoodagraphics.com
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PRODUCTION
Fiction / 60x3’ Rendez-vous au Discop Abidjan stand A5 Laetitia LEVERT +33 (0)7 76 11 73 99 laetitia.levert@francetv.fr
DISBOOK #12 | MAI 2018
L'AFRIQUE EST UN CONTINENT OÙ L'ON RACONTE DES HISTOIRES Feyi Olubodun, le CEO d'une grande agence de publicité d’Afrique de l’Ouest basée au Nigéria, s’exprimait récemment sur la communication des grandes marques internationales en Afrique. Selon lui, cette communication est déconnectée des attentes des consommateurs africains. Dans un livre qu’il vient de publier, "The Villager", il explique que les marques devraient mieux prendre en compte tout le spectre de la psychologie africaine, dans lequel les notions de religion et de valeur humaine occupent une place très importante. Il constate que les grandes marques stéréotypent le consommateur africain, selon le postulat que, puisque la classe moyenne africaine connaît tout ce qui vient de l’international (elle a voyagé), elle est sensible aux références occidentales. Grosse erreur selon Feye. Si les Africains se modernisent, dit-il, pour autant ils ne s’occidentalisent pas. Pour lui, le futur du numérique et de la publicité en Afrique c’est le contenu. Pourquoi? Parce que l’Afrique est un continent où l’on raconte des histoires. “Je soutiens fortement que nous devons nous définir par rapport à notre identité culturelle et non par rapport à l'Occident. C’est ainsi que nous évoluerons et que nous jouerons un rôle de premier plan sur la scène internationale. C'est à travers leur identité culturelle que les Africains pourront acquérir un sentiment de singularité et d’authenticité." Des propos à méditer, alors que vous allez participer à la quatrième édition de DISCOP ABIDJAN. Toute l'équipe de BASIC LEAD (de Los Angeles à Abidjan), se joint à moi pour vous souhaiter 3 jours très réussis et pour vous remercier de votre fidélité. Françoise Lazard - Rédactrice en chef francoiselazard@basiclead.com 6
PHOTOGRAPHIE : © YASUYOSHI CHIBA / AFP
1ère chaîne d’information internationale en Afrique francophone* 29 M de téléspectateurs hebdomadaires en Afrique subsaharienne et 12,2 M au Maghreb 16,5 M de visites mensuelles sur france24.com et 22 M de fans Facebook dans le monde * Abidjan, Bamako, Dakar, Douala, Kinshasa, Libreville, Ouagadougou, Yaoundé, Brazzaville, Lomé et N’Djamena Sources : Gallup - Ipsos - Kantar - TNS - Africascope 2017 Digital analytix, comScore et AT Internet, communautés Facebook
CONTACT : jean-Marc.belchi@francemm.com sylvain.beletre@francemm.com
@FRANCE 24
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CONNAISSEZ-VOUS VOS CHIFFRES? +3,3%
c’est le pourcentage estimé de l’accélération de la croissance en Afrique subsaharienne en 2018
(Source : FMI et Banque Mondiale)
N°2
c’est la taille du marché africain dans le monde pour les usagers du smartphone
12% des abonnés
à la téléphonie mobile sont en Afrique (725 millions)
1,3 Md
c’est le nombre de cartes SIM en 2020 en Afrique
66,8%
c’est le taux de possession de smartphones à titre individuel dans la ville de Dakar
(Source: Médiamétrie 2017 – 2nd semestre)
46%
c'est le nombre d’internautes en Afrique francophone (Source: Africascope 2017)
58%
c’e s t l e pourcentage d’internautes au Gabon
(Source: Africascope 2017)
Pourquoi se connecte-t-on à Internet en Afrique francophone? 69% pour les réseaux sociaux 61% pour communiquer via l’utilisation de messageries instantanées 36% pour le téléchargement de musique 33% pour l’information via la consultation de sites d’actualité 20% pour s’informer sur des prix, produits ou services 13% pour consulter des sites de marques 9% pour réaliser des transactions financières ou acheter des produits en ligne. 8% pour regarder des vidéos en ligne ou consulter des sites sportifs. (Source: Africascope 2017)
+11% c’est la progression du +250 M€ c’est la taille du marché nombre d’internautes au Cameroun
publicitaire en Afrique francophone subsaharienne en 2016
entre 2016 et 2017
(Source Africascope 2017)
(Source : Estimation Adweknow)
16,4 millions
c’est le nombre de personnes qui regardent la télévision quotidiennement en Afrique francophone (Source: Africascope 2017 )
N°1
c’est la position de la RTI dans le palmarès des chaines TV nationales les plus suivies sur les réseaux sociaux en Afrique francophone subsaharienne. (Source : Adweknow)
+74%
c’est l’augmentation du nombre d’abonnés à la télé payante entre 2017 et 2023 en Afrique subsaharienne qui vont atteindre 40.89 millions (versus 23.5 millions fin 2017) (Source: Institut Digital TV Research)
+11%
c’e s t l a h a u s s e moyenne estimée du marché publicitaire en 2018 en Afrique francophone subsaharienne, selon les professionnels du secteur
58%
c’est l’audience cumulée de la chaine Télé Futurs Médias au Sénégal en 2017. Chaque jour plus de la moitié de la population sénégalaise regarde TFM
4,3 M€
c’est la somme dépensée par les 10 plus gros annonceurs en télévision au Sénégal en 2016 (Source Omedia)
+41% c'est la progression des revenus provenant de la télé payante en Afrique subsaharienne d’ici 2023 ( pour atteindre $6.64 milliards, versus $4,2 milliards en 2016
(Source: Institut Digital TV Research)
Informations collectées par René Saal, Adveknow 8
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WESTERN & CENTRAL AFRICA REGIONAL MARKETING OFFICE | Kathryn Peterson, Director | Tel: +233-302-741-457 | kpeterson@bbg.gov SOUTHERN & EAST AFRICA REGIONAL MARKETING OFFICE | Joyce Ngoh, Director | Tel: +27-11-290-3264 | Cell: +27-79-111-1631 | jmngoh@bbg.gov
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F U X
Savo’s Productions, booth #9 www.savosproductions.com | www.thesavior.net | www.thesin.info
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PARTENARIAT MODE D’EMPLOI Le partenariat de TV5MONDE avec la production africaine se décline dans tous les genres: des séries aux programmes jeunesse d'animation, avec une accélération récente en direction du flux et des magazines. Un seul mode d'emploi: que tous les programmes soient effectivement produits en Afrique francophone, qu'ils reflètent une réalité africaine, et qu'ils répondent à des critères de qualité exigeants. Yves Bigot, Directeur Général de TV5 Monde, le soulignait il y a quelques mois à l’occasion des 25 ans de TV5MONDE AFRIQUE: la chaîne dirigée par Denise Epoté s’est désormais véritablement africanisée et s’implique considérablement dans la production africaine. TV5MONDE est bel et bien le partenaire historique de la production africaine. Quels sont les programmes soutenus, acquis, préachetés et mis à l'antenne par TV5MONDE, et selon quels critères le sont-ils? Comment évoluent les liens de TV5MONDE avec la production africaine francophone et quelles sont les nouvelles directions données à la programmation de la chaîne? Marjorie Vella, directrice adjointe des programmes et directrice des acquisitions de TV5MONDE, prend ici la parole pour nous détailler les implications de ce partenariat : “Pour TV5MONDE et TV5MONDE AFRIQUE, l’un des engagements est d’assurer la diffusion du meilleur de la production d’Afrique francophone - car nous sommes une chaîne culturelle, multilatérale et francophone. Quelle que soit leur forme, nous tenons à ce que les contenus d’origine africaine correspondent à une réalité africaine. A l’instar des productions françaises, belges, suisses canadiennes ou québé-
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coises, les productions africaines doivent conserver leur identité. C’est un critère primordial dans nos sélections. On soutient la production africaine pour autant qu’elle soit africaine! L'année 2018 est une année productive et créative pour TV5MONDE sur le continent africain et nous sommes fiers de le rappeler! Ceci reflète d’ailleurs le dynamisme exponentiel de la production africaine et l’amélioration de la qualité des projets et des productions. Tout comme le numérique, l’Afrique francophone est au cœur du plan stratégique de TV5 MONDE et à ce titre, nous contribuons et travaillons à l’amélioration de la production, à travers un partenariat rigoureux avec les producteurs, les chaînes nationales, et l’ensemble des acteurs de la production. Nous poursuivons notre stratégie qui consiste à impulser de nouveaux projets et à accompagner au quotidien la production audiovisuelle sous toutes ses formes: le cinéma, le documentaire (un format historique pour nous et que nous continuons de soutenir), mais également les séries, la jeunesse, et les programmes de flux que nous avons considérablement développés ces dernières années. La série africaine est pour moi un exemple de réussite. Depuis le début 2018, nous avons déjà
lancé sur notre antenne, en tant que premier diffuseur exclusif, une dizaine de séries africaines dont nous reconduisons les saisons - pour votre information, plus de 95 % d'entre elles sont cofinancées par TV5MONDE. Ces séries ont été produites en Côte d'Ivoire, au Togo, au Burkina Faso, au Sénégal, au Mali, au Gabon, en RDC ou encore au Cameroun. Elles sont à la fois une belle vitrine de la production africaine, tout en respectant les valeurs de la Francophonie et les spécificités culturelles de chaque pays. Je voudrais citer :"Brouteur.Com" saison 3 (produite en Côte d'Ivoire en janvier 2018), "Hospital IT" (produite au Togo en janvier 2018), "Fabiola" saison 3 (produite au Burkina Faso en février 2018), "Zem" saison 3 (produite au Togo en février 2018), "C'est la Vie" saison 2 (produite au Sénégal en mars 2018), "Bamako la Ville aux Trois Caïmans" saison 2 (produite au Mali en avril 2018), "Mpangi'Ami" saison 3 (produite en République Démocratique du Congo en avril 2018), "Parents Mode d'Emploi" Saison 3 (produite au Gabon en mai 2018). Début juin, nous diffuserons notre série événement "River Hotel"tournée en RDC et à laquelle ont participé de nombreuses personnalités issues du monde du cinéma, de la musique ou de la mode, comme par exemple Fally Ipupa, Charlotte Dipanda, Eric Ebouaney, Majid
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La famille Ndong de "Parents Mode d'Emploi", la série humoristique gabonaise, adaptée d'un format français. Avec : Aisha Yamav (la mère) , Omar Defunzu (le père), Jardelle Angue (la fille), Désiré Bekale Mba (le fils cadet), Chris Eyogho (le fis ainé) - la série est coproduite par Princess M Production et Watara Productions. Ell est distribuée par France TV Distribution.
Photo: On est Ensemble Productions
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Michel, Habi Touré, Eebra Tooré, Nadège Beausson-Diagne, Alix Bénézech ou encore Princess Esther Kamatari. Un vrai défi à relever ! Et enfin, pour faire suite à notre annonce commune faite avec la RTI lors du DISCOP 2017 à Abidjan, nous proposerons dès la rentrée de septembre une programmation spéciale pour mettre à l'honneur les jeunes talents ivoiriens au travers des séries "Blog", "20.30.40" et "Top Radio" - toutes coproduites avec succès par la RTI et accompagnées par TV5MONDE. Sur le plan de la jeunesse, vous savez que nous avons lancé sur le continent africain la chaîne thématique Tivi5 qui est entièrement dédiée aux 3-13 ans. Ceci nous conduit à nous intéresser de près à la production jeunesse d’Afrique francophone, et en particulier à l’animation, qui est le genre le plus prisé par les enfants en Afrique, comme partout dans le monde. TV5MONDE a commencé il y a quelques années par des acquisitions ("Kassa le Messager" d’Arobase Studio et Spécial Touch ; "La Petite Pokou" d’AfriKa Toon). Nous avons rapidement intensifié nos investissements en Afrique par le pré-achat des saisons suivantes et par d’autres projets - en particulier issus de Côte d’Ivoire, pays très dynamique dans ce domaine - comme par exemple "Nubu et Yara" et "Bouyou" avec Studio 6, "Le Roi Keita" avec AfriKa Toon, "Les Contes de Raya" avec Voyelles Editions, "Api !" avec Sinanimation et Diffa,… Nous avons également préacheté au Gabon "Le journal de Rémy", saisons 1, 2 et 3, "Gabaö"(avec Mbindzou Divertissement et Trace Global), et en Algérie les "Tales of Africa : Papa N’zenu Conte l’Afrique", saison 2 (produit par Dynamic Art Vision / AARC et distribué par Diffa). Tous ces programmes africains s’exportent très bien, ce que
l’on constate à travers la présence de Tivi5 aux USA. Ces programmes ludo-éducatifs ont un double impact: faire découvrir des choses aux enfants africains et faire découvrir l’Afrique à ceux qui vivent en-dehors de l’Afrique. Nos efforts ne s’arrêtent pas là car nous voulons aussi montrer sur nos antennes une Afrique qui bouge, une Afrique moderne, l’Afrique d’aujourd’hui au quotidien, et pour la famille.
“Nous voulons montrer sur nos antennes une Afrique qui bouge” Nous avons lancé l’année dernière "Ça Roule!", un magazine hebdomadaire de 26’ autour de l’automobile et de la découverte. Présenté par Juliette Ba et produit par Galaxie Africa, c’est un magazine qui s’adresse à tous et à toutes. Par le biais de l’automobile, le téléspectateur part avec la présentatrice à la découverte de l’Afrique et à la rencontre de personnages qui partagent la même passion au quotidien. Nous avons décidé cette année, avec Galaxie Africa, d’en faire une collection de 52’, tant la matière à découverte est importante. Contrairement à ce que l’on pourrait penser à priori, le public de cette émission est également très féminin.
Pour nous rapprocher davantage du quotidien des téléspectateurs, nous allons également lancer une nouvelle case magazine hebdomadaire de 26’ à la rentrée prochaine, à destination de la famille. S’alterneront dans cette case deux nouveaux magazines que nous développons. Le premier magazine est "Les Maternelles d’Afrique" (avec Yobo Studios et Tétra Média Studio). Tourné exclusivement en Afrique, le magazine est présenté par Angela Aquereburu de Yobo Studios, qui est également la maman d’une fille et d’un garçon de 6 et 3 ans. "Les Maternelles d’Afrique" est un magazine qui répond aux questions que les familles africaines se posent, du désir d’enfant à son entrée au collège. A l’écoute de toutes les familles (nucléaire, traditionnelle, monoparentale, recomposée, polygame, etc. ), qu’elles soient citadines ou rurales, nous n’apportons pas de réponses générales toutes faites mais permettons à chacun et chacune de trouver ce qui convient le mieux à son type de famille et à son mode de vie. Le second magazine est "Bonne Santé!" (produit par On est Ensemble Productions et Tétra Média Studio), actuellement en cours de casting pour la présentation. C’est un magazine de santé publique de prévention qui s’appuie sur les communautés de malades et leurs médecins référents. Sans tabous, le magazine sensibilise et informe tous les publics sur tous les sujets de santé. "Bonne Santé !" renforcera l’idée que la santé est l’affaire des professionnels de santé bien sûr, mais aussi l’affaire de tous, et que chacun peut, en adoptant de bonnes pratiques, mieux se porter s’il prend soin de son corps. Enfin, quoi de plus populaire et rassembleur que la musique ? Suite page 22
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De haut en bas et de droite à gauche: Julio Teko et Nastya Hunlede, les deux acteurs togolais, stars de la série "Hospital It". Réalisée par Angela Aqueruburu et Jean-Luc Rabatel (Yobo Studios), coproduite par Côte Ouest et Yobo Studios, la première saison a remporté le prix de la meilleure série télé au Festival Vues d’Afrique 2017, a été nominée parmi les meilleures fictions étrangères au Festival Fiction TV de la Rochelle 2017 et a remporté a remporté le Fonds Image de la Francophonie en 2017. Elle est distribuée par Côte Ouest. "Mpangi'Ami" - saison 3 (série politique produite en RDC, réalisée par Didace Kawang), avec de g. à d.: Bavon Diana, Patrick Kabundi, Didace Kawang, Anny Tshonga, Beni Kawang Les acteurs principaux de "River Hotel", la série dramatique événement de TV5 MONDE AFRIQUE réalisée par Didier Ndenga et produite en RDC, avec de g. à d.:Eebra Tooré, Nadège Beausson-Diagne, André Durand, Majid Michel, Eric Ebouaney, Charlotte Dipanda, Mi Kwan Lock, Alix Bénézech, Fally Ipupa et assise au premier plan Habi Touré. Angela Aquereburu, productrice (Yobo Studios) et présentatrice du nouveau magazine de TV5MONDE, "Les Maternelles", explique son objectif: “J’aimerais profiter de cette plateforme pour aborder des questions que nous, africaines, nous nous posons mais que souvent nous n’osons pas poser à des personnes qui ont surement une réponse. J’aimerais montrer à travers ce magazine qu’il n’y a pas UNE réponse ou UNE solution mais plusieurs vérités selon le contexte.”
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De g. à d.: Ichiaka Coulibaly, Oulématou Sidibé, Jeanne Diama, dans la saison 2 de "Bamako la Ville aux Trois Caïmans", une saga urbaine malienne réalisée par Aida Diallo, produite par Afribone-Mali en partenariat avec TV5 MONDE AFRIQUE. La série met en lumière les codes de la société d’un point de vue féminin. Tous les sujets y sont abordés: famille, travail, amour. Plus de 150 acteurs ont collaboré! Distribuée par FranceTV Distribution.
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Brouteur - saison 3 (série policière ivoirienne réalisée par Alain Guikou) avec de g. à d. Landry Gnama, Aurélie Eliam, Franck Vlehi. Marjorie Vella, directrice adjointe des programmes et directrice des acquisitions de TV5MONDE, considère que la qualité de la production de cette série s'est considérablement améliorée dans la saison 3.
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Nous travaillons actuellement sur plusieurs projets, mais nous venons entre autres de finaliser l’émission pilote de DJ Battle (avec Luis Marquès et Jean Claude Tapay Yao, pour Alama Productions et Africa DJ), le premier télé crochet de DJ’s africains. Il s’agit d’un concours télévisuel pour sélectionner le meilleur DJ de tout le continent. Plusieurs émissions éliminatoires de 26 minutes mettront à chaque fois face à
face deux DJ’s, pour un duel dans un décor de discothèque original, avec un public de danseurs et danseuses urbains de haut niveau. Pour les autres projets, avec la Côte d’Ivoire également… Il faudra patienter!” Tous les programmes africains de TV5 Monde et TV5 Monde Afrique sont visibles sur la nouvelle offre numérique 100% Afrique 100% gratuite et accessible dans le monde entier : afrique.tv5monde.com.
COMMENT UN FORMAT HUMORISTIQUE FRANÇAIS PEUT-IL FAIRE RIRE EN AFRIQUE? Si la version gabonaise partage beaucoup de ressemblances avec l'originale, un gros travail d'adaptation a été fait pour que le programme “parle” aux Africains. “Il a fallu deux scénaristes et plusieurs heures pour réécrire l’intégrale de la première saison”, a déclaré la réalisatrice et scénariste franco-gabonaise Samantha Biffot (Princesse M Productions). CE QUI A ÉTÉ CONSERVÉ DU FORMAT FRANÇAIS: un format court, du rythme, le déroulement de l’action à l’intérieur de la maison familiale, un jeu d’acteurs drôle et souvent décalé, et l’histoire d’un couple de quadragénaires et parents de trois enfants, qui tente d’être à la hauteur de sa tâche et qui jongle comme il peut entre grands principes et contradictions et une bonne dose de mauvaise foi. "Parents Mode d’Emploi" dans sa version gabonaise, illustre l'engagement réussi de TV5MONDE, pour que tous les contenus diffusés correspondent à la réalité africaine. Il n'était pas évident a priori d'adapter un format humoristique français pour les téléspectateurs africains. Comment rester fidèle aux codes de la version originale qui ont fait son succès sur France 2, tout en étant crédible aux yeux des Africains?
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LA TOUCHE AFRICAINE: Gaby Martinet devient Magloire Ndong, Isa Martinet devient Fatou Ndong ; Paul, Laëtitia et Jules deviennent Hypolite, Gladys et Junior. L’accent est mis sur une réalité africaine: l'affrontement entre tradition et modernité. Les travers des deux types d'éducation sont incarnés par les valeurs traditionnelles du père, qui vient de Mouila au sudouest du Gabon, et les valeurs modernes de la mère, qui a fait ses études en France.
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LA VISION INTERNATIONALE DE LA RTI Entretien avec Ahmadou Bakayoko, Directeur Général de la RTI
Disbook: Il y a 4 ans, sous votre impulsion était créée RTI Distribution pour promouvoir la production audiovisuelle ivoirienne à travers le monde. Quel bilan en faites-vous? Êtes-vous satisfait ? Quels sont les leviers pour conquérir le marché africain et international? Ahmadou Bakayoko : La création de RTI Distribution en 2014 est effectivement intervenue dans le cadre d’une stratégie globale de développement de la fiction Made In Côte d’Ivoire. Dans cette optique, nous avons dans un premier temps agrégé plus d’une trentaine de productions ivoiriennes dans le catalogue de RTI Distribution, ensuite nous avons coproduit plus d’une dizaine de séries TV avec des producteurs locaux et internationaux pour un investissement de plus de
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750 millions FCFA et enfin, nous avons participé à dizaine de salons en Afrique, au Moyen-Orient et en Europe, ce qui nous a permis de développer un vaste réseau, avec un portefeuille de clients diversifié. Nous sommes donc très satisfaits des résultats obtenus à ce jour. D: Le marché ivoirien de l'audiovisuel est en pleine mutation avec le passage à la TNT qui s'annonce imminent, les nouvelles plateformes comme le mobile, la SVOD et surtout la création de nouvelles chaines de TV. Comment la RTI se prépare-t-elle à affronter ces différents challenges et quelle est votre vision pour la réussir, en termes d’organisation, de ressources humaines, de technologie, …?
A.B.: En tant que groupe de media, nous nous réjouissons de l’arrivée imminente de la TNT en Côte d’Ivoire qui favorisera une meilleure réception des signaux du groupe RTI dans les ménages, en termes de qualité d’image et de son ; toute chose qui facilitera notre mission de service public. Depuis bientôt cinq ans, nous avons pris conscience de l’importance du numérique et notre stratégie mise en œuvre depuis lors nous permet aujourd’hui de totaliser plus de 3 millions d’abonnés sur l’ensemble de nos pages de réseaux sociaux, plus de 4 millions de visiteurs sur notre site Internet et plus de 4 millions de sessions sur nos applications dédiées.
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Pour faire face aux différents défis que représentent ces mutations technologiques, nous avons créé en février 2018, une nouvelle direction, dénommée RTI Digital, qui se chargera de répondre aux problématiques suscitées par ces changements. D: Avez-vous les moyens de votre ambition: celle de devenir le leader de l'audiovisuel en Afrique francophone subsaharienne? A.B.: Pour atteindre nos objectifs, nous avons noué depuis quatre ans des alliances stratégiques de coproduction avec des producteurs locaux, internationaux et des grands groupes. Et l’actualité récente nous démontre que les alliances stratégiques sont l’une des voies réelles de survie dans notre économie des médias. C’est cette logique d’alliances et de coproduction qui permettra au groupe RTI de se positionner comme leader de l’audiovisuel en Afrique francophone subsaharienne.
“Soeurs Ennemies”, est la première série de la RTI à avoir été distribuée dans les pays anglophones. Le casting inclut des stars ivoiriennes, comme I s a b e l l e B é k é ( l’e x Miss météo), Marie Christine Beugré, Guy Kalou, Clémentine Papouet (la célèbre Clémentine dans “Ma Famille”), Jean Jules Porquet, Alain Azerot, Ray Rebou,… Une coproduction RTI Production et Originale Entertainment Réalisation Erico Séry 2018 - Saison 2 - 20x26’
RTI DISTRIBUTION: SUR TOUT LE CONTINENT ET AU-DELÀ Ana Ballo est la nouvelle directrice de RTI Distribution. Elle est dans la profession depuis plus de vingt ans en tant que productrice, réalisatrice et directrice de chaîne (Bogolan TV). C’est dire si le contenu “Made in Africa”, elle le connait! A l’occasion de DISCOP Abidjan 2018, l’ambition d’Ana est de renforcer la position de la RTI en tant que distributeur incontournable de contenus ivoiriens et africains originaux. “Après seulement quatre ans d’existence, nous avons une politique ambitieuse en termes de volume de contenus et d’investissements en coproduction.” L’un des objectifs de RTI Distribution est aussi de se déployer en Afrique anglophone. La série “Soeurs Ennemies”, par exemple, a été vendue à des plateformes de SVOD en Afrique du Sud et aux US. “Cette série fonctionne à l’international, car elle répond aux attentes des diffuseurs en termes de scénario, explique Ana Ballo. L’histoire développe une thématique qui est proche des Africains: celle de l’opposition entre tradition et modernité - qui est d’ailleurs à la base des grands succès de Nollywood.” Ana a également l’ambition de développer RTI Distribution au-delà de l’Afrique. “Nous voulons produire pour tous les marchés et devenir un distributeur de contenus africains (ou “made in Africa") de qualité et originaux. Pour cela nous allons produire plus, tout en améliorant le travail d’écriture et les processus de production."
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L’acteur pakistanais Javed Sheikh, avec l’acteur ivoirien Ahmed Souané (“Dr Boris”), font une pause pendant le tournage de “Au Milieu d’un Rêve”. La série, une coproduction entre la RTI et le groupe indien Zee Media, représente une première étape dans la stratégie de la RTI de déploiement à l’international, à travers des alliances stratégiques avec des partenaires de premier plan. Le tournage de la série a eu lieu à Abidjan et à Dubaï. 2017 - 26x26’
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CÔTE OUEST: CAP SUR LE CONTENU MULTICULTUREL Dès 2013, Côte Ouest réévaluait sa stratégie de contenus, en décidant d’investir une part significative de son budget d’acquisitions dans la production originale. Cinq ans plus tard, aguerrie d’une expérience dans le domaine, la société annonce un plan ambitieux de séries produites aux quatre coins du continent, ainsi qu’un renforcement de son partenariat avec le géant brésilien GLOBO TV, second plus grand producteur de contenu au monde. Voici qui assied mieux encore son slogan et sa mission d’entreprise :"United Content Of Africa". Côte Ouest avait anticipé la course au contenu que le numérique et la TNT ont entraînés. C’est pourquoi, dès 2013, le distributeur a diversifié sa stratégie d’acquisitions et commissionné des productions avec les producteurs les plus talentueux de leur génération. Ont suivi les lancements de la série “The Gateway”, produite par Emem Isong, et la collection “Femme de Courage” avec le Kényan Philippe Bresson. Ces aventures n’ont pas été sans difficultés ni sans déboires. Mais ce processus courageux et difficile a permis à Côte Ouest de grandir, de se familiariser avec le monde de la production et de revendiquer aujourd’hui une meilleure connaissance et compréhension de l’industrie et du marché. La série “Hospital IT”, produite en 2017 en est un bon exemple puisqu’elle a remporté le Fonds Image de la Francophonie en 2017, et reçu le prix de la meilleure série au Festival Vues d’Afrique en 2017.
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En 2018 , Côte Ouest annonce des projets encore plus ambitieux. En Afrique francophone il s’agit des series “21” et “Les Bobodiouf, le Retour saison 3 ”. Du côté anglophone des séries “40 and Singles” et “Gospel”. “Les Boboudiouf, le Retour Saison 3”: Après le succès des deux saisons précédentes, Côte Ouest avec le soutien de TV5MONDE produit la 3eme saison de ce classique de la comédie burkinabé. Réalisée par Patrick Martinet, cette saison se veut plus panafricaine en introduisant pour la première fois une touche ivoirienne. En effet, ce sont trois acteurs ivoiriens, dont Viateur (Allo Prézi) issu de Studio CO2 - l’incubateur à talents de Côte Ouest - qui feront leur entrée dans le monde mythique de Souké et Siriki. Ce qui répond à l’un des axes de la stratégie de contenus de Côte Ouest : développer des formats multiculturels à succès. «Depuis 1980, les Bobodiouf n’ont cessé de ravir le cœur des africains. Faire un nouvel opus de cette série 20 ans plus tard est un pari qui a porté ses fruits. Y inclure des acteurs de la sous-région devient finalement un développement tout simplement logique. Nous sommes convaincus que cette nouveauté saura plaire aux fans de la série, tout en nous permettant de toucher un nouveau public» ajoute Patrick Martinet. La série “21”, la deuxième production francophone de Côte Ouest, raconte le difficile passage d’une jeune fille à l’age adulte. L’auteur, la
jeune et talentueuse Marina Niava, en sera également la principale réalisatrice. Dans un traitement empreint du film noir, “21” représente une réelle innovation pour le cinéma ivoirien. Elle est l’adaptation du court métrage éponyme, réalisé également par Marina Niava, lauréat du Fonds Image de la Francophonie en 2016. La production exécutive de “21” est assurée par Original Entertainment ("Sœurs Ennemies"). Actuellement en cours de production, la série est prévue pour le début de l'année 2019. Côté anglophone, Côte Ouest finalise la production de “40 & Single”, une série coproduite avec Urban Movie Channel (UMC) et réalisée par la talentueuse Leila Djansi ("Like Cotton Twines"). “40 & Singles” est une coproduction ivoiro-ghanéo-américaine, sur fond de féminisme. Le personnage principal, Ebaner, est une femme bouleversante qui approche la quarantaine et qui est aussi belle qu'intelligente. Elle possède un réel talent et sait dessiner la parfaite robe de mariée pour ses clientes - futures mariées. Mais derrière ce talent se cache une jeune femme qui fuit les vraies questions: en première place, son propre mariage. Dans la trempe de "Being Mary Jane”, la réalisatrice aborde la réalité d'une femme de 35 ans non mariée, dans l'Afrique d'aujourd'hui. Côte Ouest a lancé le développement de “Gospel”, une série d’action de 13 épisodes, sur une idée originale d’Erico Sery. Cet ambitieux projet sera tourné entre la Côte d’Ivoire et l’Afrique du Sud.
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“Gospel” c’est l’histoire bouleversante de trois femmes aux passés troubles, qui uniront leur force pour arrêter leur ennemi commun. Choristes le matin dans l’église du quartier populaire Hillbrow de Johannesburg, elles se battent le soir pour démanteler un important réseau mafieux. Erico Séry, l’auteur, explique: « Nous n’avons pas l’habitude dans le cinéma africain de voir les femmes se battre au sens propre, et être les héroïnes d’une série d’action. Et pourtant, toutes nos sociétés africaines reposent sur elles, sur nos mères, nos femmes.
“Gospel” c’est une série d’action qui mêle les évènements historiques de plusieurs pays, dont la Côte d’Ivoire et le Libéria, à un sujet d’actualité qui est la montée en puissance du crime organisé dans les mégalopoles africaines. » Côte Ouest, partenaire exclusif de Globo Tv depuis près de deux decennies, est fière aujoudhui de presenter à ses clients, non plus seulement les telenovelas de son partenaire (lesquelles, comme chacun sait, ont toujours occupé en Afrique la première place du podium), mais aussi désormais les séries et films produits par Globo.
La force principale de Globo, premier producteur de contenus en Amérique latine, est de raconter des histoires brésiliennes qui transcendent toutes les barrières géographiques, mais aussi qui parlent vraiment aux cœurs des populations africaines, tant la parenté entre les societés brésilienne et africaine est grande et leurs ressemblances extremement fortes. Ce sont donc pas moins de cinq series Globo, qui seront presentées par Côte Ouest à DISCOP Abidjan. Il y a la série “Under
de g. à d.: les comédiens brésiliens Ramos Lazaro et Tais Araujo, dans "Raw" (une production Globo TV). La sitcom raconte l’arrivée d’un couple d’afro-bresiliens excentriques dans un immeuble occupé par des familles wasp conservatrices. Distribuée par Côte Ouest.
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Pressure”, qui raconte la routine difficile d’une équipe d’ambulanciers de l’hôpital public de Rio de Janeiro, qui vit à 100 à l’heure pour sauver les vies de leurs patients. “Under Pressure” a été nominée dans la catégorie de la meilleure performance d'une actrice aux Emmy Awards 2017.
MIP Drama Screenings en 2017, comme meilleure série dans la catégorie Full Episodes. C’est une série poignante qui nous plonge dans la peau d’Adriano, un gardien de prison honnête et au grand cœur, qui tente son possible pour faire régner l’ordre et la justice dans une prison de Rio de Janeiro.
Puis il y a la série “Jailers’’, reconnue lors de la deuxième édition de
La série “Above Justice”, nominée aux International Emmy Awards dans la catégorie meilleure série dramatique, possède une narration provocatrice et originale, qui pousse le téléspectateur à s’interroger sur les notions de morale et de justice, lorsque quatre individus vivront chacun une situation profonde d’injustice. E n f i n l’ h i l a ra n te s i t com “Mr Brau”, qui dépeint l’arrivé d’un couple d ’a f r o - b r e s i l i e n s e xcentriques (Tais Araujo et Ramos Lazaro, mari et femme à la ville comme à l’écran), dans un immeuble
occupé par des familles wasp conservatrices. Globo, acteur majeur, traditionnellement centré sur son marché domestique, croit en la richesse du partage des connaissances. Les leçons apprises grâce à cinquante ans d’histoires produites, plus un studio de production d’une dimension unique au monde, permettent à Globo de s’orienter dans une stratégie internationale qui l’amènera à prendre la place qui lui revient naturellement dans le paysage de la production internationale. La récente production de la série “Supermax”, en partenariat avec Oficina Burman (Argentine), TVP (Argentine), Mediaset (Espagne) , TV Azteca (Mexique) et Teledoce (Uruguay), en est une illustration. Cette ouverture à la coproduction du géant Globo, constitue une opportunité que Côte Ouest entend bien exploiter pour le plus grand profit de l’industrie audiovisuelle africaine. Des discussions sont déjà en cours, tant pour adapter des formats Globo à la production locale, que pour coproduire du contenu original.
Par mi les ambitieux projets de Côte Ouest actuellement en production, on trouve: "21" de Marina Niava (Côte d'Ivoire) ; "Gospel", tourné entre la Côte d'Ivoire et l'Afrique du Sud ; "40 & Singles", une coproduction ivoiro-ghanéo-américaine.
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POUR ALEXANDRE RIDEAU, SI LE CONTENU EST ROI, LA FORMATION DES JEUNES TALENTS AFRICAINS EST REINE
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Avec Alexandre Rideau Directeur de RAES et de Keewu Production
Alexandre Rideau a créé le label Keewu Production en 2012 au Sénégal, devenu depuis 2015 une filiale de Lagardère Studios dans le cadre de leur stratégie de déploiement en Afrique francophone. Il nous parle ici de sa conception de la filière audiovisuelle. Entretien avec un visionnaire! Disbook : Vous êtes passé d'une mission dans une ONG au Sénégal, à la production audiovisuelle. Votre parcours est original. Alexandre Rideau : A l’origine, je suis venu au Sénégal pour deux ans en 2004 afin de lancer le projet African Network for Health and Education porté par les universités de Californie Los Angeles (UCLA) et de Californie du Sud (USC). L’objectif de ce projet était d’utiliser les médias numériques pour promouvoir la santé et l’éducation dans les pays francophones d’Afrique de l’Ouest. Nous avons été les premiers, par exemple, à utiliser la formation à distance pour former les infirmiers. Nous avons ensuite déployé l’opération sur les médias de masse, afin d’informer le public, sur la radio d’abord, puis sur la télévision avec une puissance démultipliée. C’est ainsi que Keewu a été créée en 2012 pour produire des contenus audiovisuels divertissants qui apportent au public un éclairage sur les enjeux contemporains du continent.
et à de nouvelles manières de raconter des histoires est la clé de la réussite artistique et économique. Les médias numériques apportent l’interactivité et donnent une voix, c’est à dire qu’ils sont participatifs. Le transmédia est très prometteur et c’est pourquoi nous souhaitons explorer toutes ses possibilités dans les mois à venir. Sans aucune promotion, et en français, nous avons enregistré plus de 2 millions de vidéos vues sur Youtube avec "C’est la Vie" et suscité des milliers de commentaires. Notre groupe Facebook a cumulé en moins d’un mois de campagne plus de 100k fans, notre communauté est très active. En travaillant avec des célébrités et en invitant des jeunes de toute l’Afrique à nous rejoindre, notre objectif est de multiplier par dix le nombre de personnes qui nous suivent en ligne, et surtout, qui interagissent. La websérie en version bêta a rencontré son public et c’est pourquoi nous allons produire la suite cet été, avec des épisodes pour le mobile et le web, traitant des thèmes liés à la jeunesse, mais sur un ton léger et décalé. Nous projetons d’expérimenter tout cela
Tous les deux ou trois ans je me dis qu’il est temps de tenter une nouvelle aventure mais à chaque fois les défis proposés sont de plus en plus intéressants. J’étais arrivé au Sénégal pour cette première mission et finalement j’y habite toujours ! D : Vous semblez accorder beaucoup d’importance au transmédia? Quels sont les résultats de la web série, du site Internet, des réseaux sociaux, de l’application mobile, déployés pour la série "C'est la Vie"? A.R. : Le transmédia permet d’innover en matière de storytelling. Sur un continent comme l’Afrique, aux cultures aussi riches et variées, à la population aussi jeune et connectée, réfléchir à de nouveaux formats
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Alexandre Rideau, membre fondateur et directeur depuis 2005 du RAES (Réseau Africain pour l'Éducation, la Santé et la Citoyenneté), est aussi à la tête de Keewu Production (Lagardère Studios). A travers les projets qu’il développe, ses objectifs sont la production, la formation de talents africains, et l’émulation de la filière audiovisuelle africaine. Photo Keewu Production
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aussi en anglais pour aller titiller le plus grand marché de la région, le Nigéria, et mieux comprendre son fonctionnement. D : Vous avec beaucoup de projets en développement. Quels sont ceux dont vous pouvez nous parler ? A.R. : Plusieurs productions sont en cours de diffusion, de production ou de développement au sein de Keewu : "C’est la Vie", évidemment, dont les deux premières saisons ont été diffusées sur A+ et TV5MONDE et dont deux nouvelles saisons sont en préparation; "Area Daddy", une web création Jeunesse en développement. On pourrait aussi parler des alliances/coproductions que nous développons avec "Taxi Tigui" pour parler de sécurité routière, ou de santé, ou avec "Lodgers" pour traiter de l’émigration. D : A propos de votre engagement dans la formation: combien de scénaristes et de techniciens estimez-vous avoir formés et être prêts à voler de leurs propres ailes? A.R. : Après plus de deux ans, certainement plusieurs dizaines d’auteurs et autant de techniciens. La formation est au cœur de notre travail, non par philanthropie mais parce qu’elle est l’enjeu central de la structuration de la filière audiovisuelle en Afrique francophone. Cette filière a la capacité d’offrir de nombreux jobs bien rémunérés. Il est à ce jour encore difficile de faire travailler en même temps plusieurs équipes de tournage car les auteurs, techniciens, acteurs etc. manquent dans cette filière. Pour pallier à ce déficit, nous organisons sur chacune de nos productions des ateliers de formation. Nous mettons en place des mécanismes de mentoring sur les tournages et nous recevons des stagiaires de toute l’Afrique. Près de 20% de nos investissements sont consacrés à des actions associées à de la formation. Cet effort est loin d’être suffisant mais nous progressons d’année en année. L’aide de structures de formation publiques et privées, comme CFI ou l’OIF, est encore vitale aujourd’hui. Il est temps de renforcer le tissu éducatif sur la région. En d’autres termes, chaque capitale africaine devrait avoir son ESAVM (Ecole Supérieure des Arts Visuels de Marrakech). D : Est-ce vous qui avez convaincu Lagardère Studios de s'engager dans la formation ? A.R. : Le groupe Lagardère a toujours été très engagé dans les processus de formation. Il n’avait pas besoin de moi pour comprendre que la formation est le
maillon essentiel du succès sur le long terme. Mais c’est, en revanche, ce qui a cimenté notre collaboration. Nous avions en effet, dès l’origine, la même vision des actions à mettre en œuvre. Aujourd’hui, nous réfléchissons à l’étape suivante qui serait la création de centres de formation d’excellence pour toute la chaîne de fabrication : les auteurs, techniciens, acteurs, musiciens, chefs décos, maquilleurs, etc. Il n’existe pas un modèle de production. On voit bien à travers le monde que chaque continent ou culture a développé sa propre industrie, avec ses propres caractéristiques et règles. En revanche, il existe des compétences de base sans lesquelles il est impossible de développer une industrie. Ces compétences sont embryonnaires en Afrique francophone, elles ne demandent à présent qu’à être généralisées et pérennisées. D : Pouvez-vous nous dire quelques mots de l’étude que vous menez avec le Timbuktu Institute (*)? A.R. : Il est intéressant que vous soyez au courant de cette étude. Nous conduisons ces recherches formatives avant de lancer l’écriture de nos séries afin de collecter des récits de vie sur lesquels les scénaristes pourront s’appuyer pour inventer des histoires crédibles. Par exemple, pour la première saison de "C’est la Vie", nous avons invité des sages femmes d’Afrique de l’Ouest et du Centre à nous raconter des anecdotes sur leur travail quotidien. Vous pouvez être surpris, mais 100% des histoires racontées dans "C’est la Vie" sont vraies et viennent de la vraie vie de ces sages-femmes. C’est ce qui fait le succès et le réalisme de la série. L’ étude conduite pour notre série jeunesse a fait ressortir toute sorte de témoignages surprenants. Par exemple, celui de ces jeunes ados qui trouvent le collège inutile car ils voient que ceux qui ont arrêté l’école au primaire et appris en tant qu’apprentis un petit boulot (plomberie, menuiserie, etc.) réussissent généralement mieux dans la vie que ceux qui ont fait la fac et reviennent travailler comme gardiens de villas. Ce genre de récits en dit beaucoup sur le décalage entre les messages institutionnels et la réalité. D : Quels sont les modèles de production les plus adaptés aux réalités du continent? Quels sont les défis principaux liés aux spécificités du continent? Le financement est-il le premier défi? A.R. : Il n’y a pas de recettes miracles ou exclusives. Chaque production reste un prototype. Les contenus les plus rentables ne sont malheureusement pas les meilleurs, mais est-ce une raison pour ne pas poursuivre notre effort et contribuer à structurer la filière
(*) Le Timbuktu Institue – Africa Center for Peace Studies, est un think-thank africain mis en place par des intellectuels, universitaires, acteurs de la société civile, autorités politiques et diplomatiques. www.timbuktu-institute.org
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audiovisuelle ? Le premier défi n’est pas celui du financement mais celui du contenu. Je reste persuadé que si le contenu est de qualité et populaire, le financement suivra. L’inverse n’est pas nécessairement vrai. Nous devons nous astreindre à réfléchir au contenu avant toute autre considération. Et pour développer le juste contenu, nous devons nous interroger sur nos publics : que cherchent-ils ? Jusqu’où sont ils prêts à nous suivre ? D : Plus largement, quelle est votre vision de la production africaine à moyen terme? Comment jugez-vous la créativité africaine dans le contexte mondial d'accélération de production de séries télé?
A.R. : Les histoires du continent africain ont une portée universelle. Aujourd’hui, il en faut peu pour que s’enclenche durablement un mécanisme vertueux qui permettra l’achat de programmes de qualité et qui engendrera la production croissante de contenus professionnels. Keewu et Lagardère Studios font partie des premiers à croire à la nouvelle génération de scénaristes africains devenus incontournables dans l’évolution de l’industrie audiovisuelle mondiale. Cette révolution est au coin de la rue et les producteurs ont tout intérêt à s’y préparer. La créativité africaine est pleine de richesse, elle a sa place sur la scène mondiale du storytelling qui est devenu une industrie à part entière.
Les personnages de Area Daddy, le Simpson africain produit par Keewu Production. Cette web série d’animation a été créée au Nigéria par Ayodele Elegba, l’un des 5 lauréats de la 1ère édition en 2016 du DIGITAL LAB AFRICA (DLA). Keewu Production a aussi l'ambition de se positionner sur le marché nigérian.
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En haut: Le réalisateur, producteur, scénariste, peintre et musicien sénégalais, Moussa Sene Absa (Madame Brouette, Tableau Ferraille) entouré des jeunes scénaristes qu’il a encadré pour développer la bible et les scénarios de la série jeunesse Popenguine (26x26’). La série raconte l’été d’une bande de jeunes passé sur la plage d’une station balnéaire africaine.La formation a été organisée avec le soutien de CFI. Photo: Keewu Production A droite: Tournage de C’est la Vie saison 2 avec Fatou Touré (script, Sénégal) et Salimata Tapily (réalisatrice, Mali). Photo Raphaël Fournier En bas: Les participants de la formation Talents de Scripts organisée par Lagardère Studios/Keewu à Dakar. Les 5 meilleurs ont écrit la série policière Sakho et Mangane, dont le pilote et la bible ont été écrits par Philippe Niang (Toussaint l’Ouverture, Joséphine Ange Gardien), qui a aussi encadré cette équipe panafricaine de jeunes auteurs. Photo Keewu Production
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Les actrices de "C'est la Vie", avec, de g à d: Ndiaye Ciré Bâ, Awa Djiga Kané, Fatou Jupiter Touré, Christiane Amélie Dumont. Fort du succès de la première saison, diffusée sur Canal+ Afrique en 2015 et sur TV5 MONDE en 2016, puis sur plus de 40 chaînes africaines, la série écrite par le duo Marguerite Abouet-Charli Beleteau, est devenue culte avec une audience potentielle de plus de 100 millions de téléspectateurs en Afrique francophone. Le tournage de la saison 2 a démarré début 2018. La saison 3 est en prépa (Keewu Production). "C’est la Vie" plonge dans la vie d’un centre de santé de Ratanga, quartier imaginaire de Dakar, en plein cœur de la société africaine, avec ses tabous, ses traditions, mais surtout, et c’est la volonté des scénaristes, des sujets graves traités avec humour sur le ton de la comédie. Première du genre en Afrique de l’Ouest et du Centre, cette série panafricaine est entièrement produite sur le continent. L'Afrique se retrouve concentrée autour d'un sujet africain. 100% des histoires racontées sont vraies et viennent de la vraie vie de sages-femmes. Photo Keewu Production
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Akissi Delta en plein tournage de la grande série panafricaine "Ma Grande Famille". Les premiers épisodes sont programmés pour début 2018 sur A+
CANAL+ AFRIQUE : 3,5 MILLIONS D'ABONNÉS, C'EST CHIC!
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Avec Clémentine Tugendhat Directrice des Chaînes Internes, Canal+ International
Selon les chiffres officiels les plus récents, Canal + Afrique est passé de près de 2,8 millions d’abonnés fin décembre 2016, à près de 3,5 millions d’abonnés un an plus tard. Fort de sa croissance vigoureuse en Afrique subsaharienne au quatrième trimestre 2017 où il a engrangé plus de 650. 000 nouveaux abonnés, Canal + projette en 2020 un objectif de 8 millions de décodeurs installés, avec au moins 5 millions d’abonnés actifs. Clémentine Tugendat, Directrice des Chaînes Internes de Canal+ International depuis le 1er favrier 2018, nous dévoile quelques uns des aspects de la refonte éditoriale d'A+ pour booster les audiences, et nous parle de l'arrivée tant attendue de "Ma Grande Famille". 38
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Disbook : Quels sont vos constats depuis votre prise de fonction pour A+? Clémentine Tugendhat: J’hérite d’une chaîne qui a quatre ans d’existence mais qui a un peu de mal à trouver sa place. A+ a été pensée comme une mini-chaîne généraliste panafricaine, avec une programmation qui proposait un peu de tout : du programme court, des concerts, des films, des séries, du divertissement, … Mais ce positionnement est compliqué à tenir. J’ai par ailleurs identifié plusieurs problèmes et difficultés. Si faire du panafricain est un pari très ambitieux (ce n’est pas parce que vous avez une langue commune que vous voulez regarder les mêmes programmes), faire du divertissement est très compliqué. Le divertissement coûte cher à produire et le succès n’est jamais garanti. Prenez un téléspectateur sénégalais. Et bien à choisir, il ira plutôt vers un programme sénégalais plutôt que vers un divertissement panafricain. Quand vous leur donnez le choix, les gens vont choisir un programme 100% local. Ceci étant dit, il ’était nécessaire d’en passer par là pour bien comprendre ce qui plaît. D : Et donc, qu’est-ce qui plaît le plus selon vous ? C.T. : Le genre qui parle le plus aux différents pays d’Afrique est la fiction ! A partir de septembre prochain, nous avons donc décidé de recentrer A+ sur la fiction et de la positionner comme une chaîne 100% séries africaines francophones. A terme, je souhaite qu’A+ devienne LA chaîne des séries d’Afrique - et surtout d’Afrique francophone. Ceci passera par le développement des coproductions. D : Les producteurs d’Afrique francophone vont être aux anges ! C. T. : Il y a déjà eu beaucoup d’investissement faits dans la coproduction, mais nous allons renforcer cela. Dans un premier temps, A+ ne programmera pas 100% de contenu francophone car il n’y a pas suffisamment de contenu disponible aujourd’hui. Nous allons donc continuer à diffuser aussi des programmes anglophones, notamment avec les séries venant de la SABC en Afrique du Sud.
Clémentine Tugendhat , est la créatrice pour THEMA des chaînes à succès Novelas TV et Nollywood TV (ainsi que de la dernière-née : Nollywood Epic). Depuis le 1er février 2018, elle est la Directrice des Chaînes Internes à Canal+ International.
D : Pouvez-vous nous nous en dire plus sur la nouvelle programmation d’A+ ? C. T. : Tout le monde a entendu parler de “Ma Grande Famille”, la séquelle du feuilleton à succès d’Akissi Delta “Ma famille”. Je peux vous annoncer que nous finalisons le tournage et que nous diffuserons les premiers épisodes début 2019. Mais nous avons d’autres projets francophones en cours de tournage ou de développement pour A+. Pour la programmation de Canal+ Afrique, nous continuons à coproduire. Je voudrais citer une série coproduite avec l’Afrique du Sud et le Maroc, tournée en anglais, et qui sera diffusée en 2019. Et bien que Canal+ ne diffuse pas majoritairement de contenu d’Afrique francophone, nous investissons tout de même beaucoup en coproduction sur des séries premiums qui seront diffusées en 2018. Il y a par exemple "Sakho & Mangane" et "Forces Spéciales Africaines" qui sont des coproductions à gros budget. D : Quelle analyse faites-vous de la qualité de la production en Afrique francophone ? C. T. : Sur Canal, les productions sont de plus en plus qualitatives. Des producteurs sont en train d’émerger, avec des projets très prometteurs, et il y a de plus en plus de bonnes séries. Nous soutenons cette production. “Ma Grande famille” illustre cela, mais il y a aussi “Capitales Africaines”, une autre série qui devrait être diffusée sur A+ fin 2018, et “Les Coups de la vie” actuellement en tournage.
Fabrice Faux, Directeur Général Chaînes et Contenus & THEMA, à propos des ambitions de Canal+ en Afrique: "Nous visons d’équiper un foyer électrifié sur deux en Afrique francophone, sachant que le Groupe Bolloré auquel nous appartenons est très actif pour aider les pays africains à faire progresser le taux d’électrification grâce à ses BlueZones. L’Afrique de l’Est, anglophone, ne fait pas partie de nos projets à ce stade. Pour ce qui concerne Canal+, les deux piliers de la croissance sont la distribution (nouveau décodeur HD, densification du réseau de vente, etc.) et les contenus, qui sont de plus en plus riches et localisés. Nous allons bientôt pouvoir diffuser nos premières créations originales, que ce soit sur A+ (“Ma Grande Famille”), ou sur Canal+ (“Invisibles”, “Sakho & Mangane”, “Forces Spéciales Africaines”, etc.). Et bien sûr nous continuons à investir au même rythme, en développement et en production. 39
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L’A.F.P. INNOVE SUR LE LIVE Les journalistes d’AFPTV filment la conférence de presse “70 years of Mashall Plan”, à Berlin le 21 juin 2017. PHOTO John Macdougall
Première agence à avoir proposé à ses clients des vidéos en Haute Définition, l'AFPTV offre toute la palette de formats éditoriaux, allant des images brutes au reportage monté et entièrement commenté, via son réseau mondial de journalistes reporters d’images qui assurent une production vidéo 24h/24, avec une grande exigence de qualité d’image, de valeur ajoutée éditoriale et de script. En 2018, l’offre innovante de l’AFP, AFPTV Live Select, se démarque par sa richesse, la diversité des angles et la qualité de l’expérience utilisateur. En 2017, les abonnés de l’AFPTV ont eu accès à des milliers de lives, couvrant les dominantes de l’actualité internationale, les grands moments de sport et de la vie culturelle, ainsi qu’à une sélection des flux institutionnels les plus importants. L’AFP a permis de suivre de grands événements tels que les manifestations au Venezuela, la destitution de Robert Mugabe au Zimbabwe, l’interview de l’astronaute Thomas Pesquet depuis la station spa-
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tiale internationale ou, plus récemment, les élections en Russie et l’élection de George Weah au Liberia.
"NOUS APPORTONS À NOS ABONNÉS PLUS DE SOUPLESSE" Avec AFP Live Select, il est désormais possible de sélectionner un flux vidéo en direct parmi quatre disponibles. Au sein de la nouvelle plateforme dédiée à la couverture live, afptvlive.com, l'utilisateur peut piloter la réception de ses flux, livrés via une solution IP sécurisée répondant aux plus hauts standards du marché. De Lima à Johannesburg, de Pyongyang à Washington, l'AFP permet ainsi aux médias du monde entier de bénéficier d’images en
direct sur tous les sujets qui intéressent leurs publics. Les fonctionnalités d'agenda en temps réel et de planification de cette nouvelle plateforme sont également mises à la disposition des clients d'AFPTV Live Essential, offre de vidéos en direct par satellite couvrant les dominantes de l’actualité internationale. Les clients bénéficient d’une ligne directe avec l’équipe éditoriale de l’AFP pour répondre à toutes leurs questions sur la couverture. Juliette Hollier-Larousse, Directrice de la Vidéo, détaille les principaux bénéfices d'AFPTV Live Select:“Notre plateforme permet au client de choisir le live qu’il veut recevoir parmi plusieurs événements couverts en direct par l’Agence, sur les cinq continents. Nous apportons à l’abonné plus de souplesse qu’avec la méthode de réception par satellite et la possibilité d’avoir jusqu’à quatre flux simultanément. Ainsi, une transmission n'est pas interrompue parce qu’un autre événement démarre. Si on commence une couverture, elle ne sera pas coupée par un autre su-
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jet. L’interface de navigation permet de choisir son ou ses flux avec une grande simplicité d’utilisation.
tout était communiqué par courriel, ce qui, à l’usage, s’est révélé lourd pour l’utilisateur.
Autre nouveau bénéfice, l’agenda et les prévisions accessibles sur la plateforme. Le client peut ainsi savoir avec précision quels événements AFPTV prévoit de couvrir en live et indiquer son intérêt pour les flux programmés. Jusqu’à présent,
Avec nos nouvelles fonctionnalités le service live d’AFPTV répond aux besoins de médias digitaux et de télévisions qui souhaitent une offre plus souple, au-delà de la livraison d’un flux par satellite.
Mais l’innovation ne s’arrête pas là. AFPTV a poursuivi le déploiement dans les bureaux de ses capacités de transmission live pour ses équipes de JRI (Journaliste Reporter d'Image), y compris avec des téléphones mobiles, en particulier en Afrique."
Obsèques de Winnie Mandela, Orlando Stadium, Soweto, le 11 avril 2018. Photo Marco Longari Capture d’écran de la nouvelle plateforme dédiée à la couverture live afptvlive.com. L'utilisateur peut piloter la réception de ses flux, livrés via une solution IP sécurisée répondant aux plus hauts standards du marché.
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SANS TABOU : ÊTRE FEMME DANS LES MÉDIAS EN AFRIQUE Par Séverine Laurent Lundi 28 mai à 12h, Séverine Laurent (Afrikakom) animera une table ronde NEXT GEN sur la place des femmes dans les médias en Afrique francophone. Les intervenant(e)s tenteront d'aborder sans tabou les difficultés auxquelles les femmes du continent sont confrontées dans l'exercice de leur métier. Séverine nous fait partager ici son regard personnel et engagé sur le sujet. AAAAHHHH Les femmes ! Elles ont fait parler d’elles cette dernière année, partout dans le monde ou presque elles se sont levées, d’un élan solidaire, pour faire prévaloir leurs droits à être entendues. Le phénomène n’a pas laissé l’Afrique indifférente, et dans les médias on commence timidement à percevoir quelques signes du changement. En Afrique francophone, les femmes occupant des postes à responsabilité dans le secteur de l’audiovisuel restent rares. Pour elles, le chemin est certainement semé de catégories d’embûches auxquelles les messieurs sont peu confrontés. Car il faut se dire la vérité : ces derniers ne font pas toujours preuve d’élégance face aux pagnes, fussent-ils largement compétents et diplômés. De l’avis de nombreuses dames, les premières années d’une carrière sont les plus compliquées : la jeunesse et la fraîcheur qui va avec, constituent parfois une invitation au débordement dans la tête de dirigeants. Ainsi, cette journaliste sénégalaise qui préfère garder l’anonymat, nous confiait récemment que son patron lui aurait très vite proposé une partie de jambes en l’air. Face à son refus, elle fut remisée au placard de nombreux mois, avant de s’en aller faire carrière ailleurs. Cette responsable de la communication d’un média bien connu, quant à elle, expliquait que ses premiers rendez-vous professionnels se soldaient
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systématiquement par des propositions indécentes. Au terme de quelques mois, elle trouva la parade : elle s’arma d’un homme à ses côtés. Qu’il soit chauffeur ou comptable, peu importe, il parlait à sa place. Il était sa caution, son protecteur ou son porte-voix. Dans la voiture, elle lui expliquait la stratégie et durant le meeting elle se contentait de sourire et de présenter les produits. Avoir un homme avec elle constituait son gilet pare-balles. Jusqu’à ce jour il lui arrive d’user de ce subterfuge lorsqu’elle rencontre des interlocuteurs à la réputation sulfureuse. Fort heureusement ces catégories de difficultés tendent peu à peu à s’estomper. Le courage et les compétences professionnelles des femmes africaines sont, depuis plusieurs années maintenant, largement loués tant sur les scènes continentales que sur les scènes internationales. De nombreuses associations féminines se sont créées, à l’instar de cette Association de Femmes Journalistes en Côte d’Ivoire dirigée par la dynamique Agnès Kraidy. Au Maroc ou en Guinée, les hautes autorités de régulation sont dirigées par des femmes. Mais ici aussi le spectre de la suspicion allongée tarde à disparaître : les femmes qui réussissent sont souvent accusées, parfois à raison souvent à tort, d’avoir grimpé les échelons hiérarchiques grâce à leurs compétences personnelles. Il faut être très disgracieuse ou très masculine pour échapper à ces accusations jamais formulées clairement, et encore… Comment réagir face à ces injustices ? La responsable d’un média public propose : « Le mieux est de laisser croire, de ne pas s’en défendre. Ils pensent que vous êtes là parce que le boss détient vos faveurs ? Laissez croire que vous disposez de toute son attention, que votre pouvoir sur sa pensée dépasse
tout ce qu’ils peuvent imaginer… Ne mentez pas, mais surtout ne démentez pas car de toutes façons, personne ne vous croira. » Laisser croire pour être tranquille… Quelle ironie du genre ! Mais ne dressons pas non plus un portrait catégorique de ces profils. Ils sont nombreux les hommes qui sont convaincus de l’intelligence féminine au-delà des jupons et des rouges à lèvres. Abdourahamane Ousmane, Président du Conseil Supérieur de la Communication du Niger, est certainement l’un des précurseurs de la défense des intérêts de ces dames. Dès son arrivée à la tête du CSC, il a impulsé les premiers accords de représentation équitable des femmes dans les médias. Au sein de différentes associations ou représentations de hautes autorités de régulation il se fait porte-parole de ses sœurs. Au cours de Discop Johannesburg 2017, le Président de Côte Ouest Bernard Azria a expliqué que 60% de ses employés sont des femmes. Pourquoi ? Lui a-t-on demandé. Parce que les femmes bossent davantage a-t-il répliqué. Le groupe Canal+ a également choisi de confier la direction de sa jeune pousse Iroko TV à une jeune femme, Claire Soustiel. Au Bénin, la chaîne nationale est désormais dirigée par la productrice et réalisatrice Jemina Catraye, juriste et journaliste de formation. Ainsi donc le monde change petit à petit et c’est tant mieux. Mais ce changement ne se fera qu’en douceur, apanage typiquement féminin croit-on, et au prix du support de messieurs qui sauront voir en nous nos attributs professionnels au-delà des préjugés qui nous précèdent. Mais aussi, au prix de la solidarité féminine qu’il reste à renforcer au-delà des frontières et des océans.
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"IL N'EXISTE PAS DES DROITS MASCULINS D'UN CÔTÉ ET DES DROITS FÉMININS DE L'AUTRE"
QR &
Avec Abdourahamane Ousmane Ancien Président du Conseil Supérieur de la Communication du Niger, et ancien Président des Instances Africaines de Régulation de la Communication
Abdourahamane Ousmane est un précurseur de la défense des droits des femmes et de leur représentation équitable dans les médias. Il revient ici sur sa vocation et les raisons qui font que les femmes doivent rester optimistes. Disbook: Pourquoi êtes-vous devenu le porte-parole des femmes? Est-ce un sujet qui vous préoccupe depuis toujours? Comment est née cette “vocation”? Abdourahamane Ousmane: Je suis plus qu’un porte-parole des femmes ; je suis un défenseur des droits des femmes, parce que les droits des femmes sont des droits humains. Les femmes sont des êtres humains au même titre que les hommes ; il n’existe pas des droits masculins d’un côté et des droits féminins de l’autre. Par conséquent, il n’existe que des droits inhérents à la personne humaine, sans distinction de sexe. Cette vocation est née depuis bientôt un quart de siècle, quand j’ai décidé d’embrasser le métier de journaliste, en 1994. Jeunes diplômés sortis de l’université de Niamey, nous avions décidé de créer un journal au titre assez évocateur : Alternative. Notre objectif de départ était de contribuer à consolider le processus démocratique entamé au Niger, en 1990. En tant que journaliste débutant, je m’occupais de tous les sujets d’actualité – politique, société, sport, culture, économie etc. Mais chemin faisant, je me suis davantage intéressé aux questions sociales, notamment les luttes des travailleurs, des étudiants et des femmes pour la défense de leurs droits. S’agissant spécifiquement des organisations féminines, les revendications portaient sur leur plus grande représentation dans les postes électifs (Parlement) et nominatifs (Gouvernement et administration centrale). L’idée était d’instituer, à travers un texte, un quota de postes électifs et nominatifs réservés aux femmes, afin d’assurer leur représentation a minima dans les sphères de décision, alors qu’elles constituent plus de la moitié de la population nigérienne.
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En 1996, j’ai participé à un séminaire sur les droits de l’Homme dans les pays africains en transition démocratique, organisé par le Centre Danois des Droits de l’Homme et l’Association Nigérienne de Défense des Droits de l’Homme. Ce séminaire a renforcé ma conviction que les journalistes ont un rôle important à jouer dans la promotion et la protection des droits humains fondamentaux en général et dans la lutte contre les discriminations en particulier, notamment celles basées sur le sexe. Cette conviction s’est traduite par la création, en 1998, du Réseau des Journalistes pour les Droits de l’Homme dont j’assurais la présidence. Pendant une décennie, ce Réseau a contribué à renforcer les capacités des journalistes nigériens et africains en matière de droits humains, à travers les formations, les publications, les productions et le plaidoyer. En 2010, arrivé à la tête de l’instance de régulation des médias du Niger, j’étais déjà suffisamment outillé et engagé pour aborder la question de la représentation des femmes dans les médias suivant une approche basée sur les droits. En 2013, mon élection à la présidence du Réseau des Instances Africaines de Régulation de la Communication (RIARC) a donné une échelle continentale à ce combat. D: Dans votre vie professionnelle, avez-vous eu souvent l’occasion de travailler avec des femmes à responsabilité? Quelles sont les femmes dans les médias qui vous ont le plus marqué? A. O.: En tant que journaliste, j’ai travaillé exclusivement sous la responsabilité des hommes. Les femmes n’occupaient pas des postes de responsabilité, surtout au niveau du secteur privé des médias. En revanche, au niveau de la régulation des médias j’ai connu des femmes, présidentes d’instances dans plusieurs pays africains. A commencer par Mme Mariama KEITA, élue dès 2003 présidente du Conseil Supérieur de la Communication (CSC) du Niger. J’ai également eu l’occasion de travailler avec Mme Nancy N’GOM, ancienne présidente du CNRA du Sénégal ; Mme Béatrice DAMIBA, an-
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cienne présidente du CSC du Burkina Faso ; Mme TOGOLA, ancienne présidente du CSC du Mali ; Mme Margaret MUYAGI, ancienne présidente de la TCRA de Tanzanie ; Mme Martine CONDE, actuelle présidente de la HAC de Guinée-Conakry ; Mme Amina LEMRINI, actuelle présidente de la HACA du Maroc ; Mme Nathalie SOME, actuelle présidente du CSC du Burkina Faso. Toutes ces femmes m’ont marqué par leurs convictions et leurs engagements pour l’égalité Homme/Femme dans et à travers les médias. D : Quelle place accorde-t-on aux femmes dans les médias au Niger? Voyez-vous la situation évoluer? A. O.: Comme dans plusieurs pays africains, les médias nigériens ont été pendant longtemps « des espaces masculins, avec quelques présences fémi-
nines. » Les femmes ne sont pas très nombreuses au sein des rédactions, a fortiori au niveau des directions des médias. A titre illustratif, sur treize télévisions privées, une seule a pour promotrice une femme. Sur la quarantaine des journaux de la presse écrite qui paraissent régulièrement, un seul a une Directrice de publication. Aucune femme n’a été Directrice Générale de l’Office de Radio et Télévision du Niger (ORTN), de l’Office Nigérien d’Edition et de Presse (ONEP) ou de l’Agence Nigérienne de Presse (ANP). Un récent rapport de monitoring sur l’équité de genre dans les médias au Niger, publié par l’Association des Professionnelles Africaines de la Communication (APAC-Niger), en collaboration avec l’Observatoire Nigérien Indépendant des Médias pour l’Ethique et
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la Déontologie (ONIMED) et le Conseil Supérieur de la Communication, a fait ressortir les constats généraux suivants : - La femme est objet et non sujet dans l’information : même sur les questions la concernant directement, l’homme a plus voix au chapitre que la femme ; - L’image de la femme est dévalorisée, en la présentant comme une actrice secondaire, voire une éternelle assistée incapable de se prendre en charge elle-même ; - La femme ne fait pas autorité en tant que source d’information ou experte ; - La femme est absente ou très faiblement représentée dans les grands débats de société. Cette situation va certainement évoluer de manière positive, car le même rapport fait ressortir que certains médias se détachent du lot par les places qu’occupent les femmes journalistes dans le personnel d’encadrement ; par le temps et l’espace accordés aux questions sur la femme et par le nombre de femmes invités au cours des débats. D : Quels rôles jouent les médias auprès du grand public pour faire évoluer la situation des femmes dans la société? A. O.: Dans le contexte africain, la radio a une très forte influence sur le grand public du fait d’une part, de la tradition dominante de l’oralité et d’autre part de la facilité de transmettre des messages aux citoyens, y compris dans les zones rurales, dans leurs langues. En outre, l’acquisition d’un poste radio n’est pas onéreuse et les batteries servant de source d’énergie à la radio sont disponibles partout et à moindre coût également. A titre illustratif, au Niger, 95% des ménages disposent d’au moins un poste radio. Pour moi, le développement de la radio et l’accessibilité de ce média constituent une opportunité pour faire évoluer la situation de la femme dans les sociétés africaines. Mais à deux conditions : premièrement la radio doit cesser d’être, à travers ses programmes, un instrument de reproduction des préjugés et stéréotypes défavorables à la femme. Deuxièmement, la radio doit être un moteur de changement social à travers la lutte contre ces préjugés et la promotion d’une nouvelle culture plus sensible au genre. Toutefois, l’importance de la radio ne doit pas exclure les autres médias – presse écrite, télévision, réseaux sociaux – dans le combat pour le changement de la situation de la femme. C’est un mouvement d’ensemble pour l’instauration d’une nouvelle culture médiatique favorable à l’égalité Homme/Femme. Dans ce mouvement, les professionnels des médias et les instances de régulation ont un rôle important à jouer.
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D : Au sein du Conseil Supérieur de la Communication du Niger, quelles sont les mesures prises pour assurer une représentation équitable des femmes dans les médias ? A. O.: De par ses attributions constitutionnelles, le CSC doit veiller au respect de l’accès équitable et effectif des citoyens aux médias publics et au respect de l’expression pluraliste des opinions dans les médias privés. Il doit aussi veiller à la protection des groupes sociaux vulnérables, notamment les enfants, les adolescents et les femmes. Dans ce cadre, le CSC a adopté trois délibérations : la première pour déterminer les conditions d’accès des partis politiques, des syndicats, des associations et des citoyens aux médias publics ; la deuxième pour garantir les principes de pluralisme dans les médias privés ; et la troisième pour assurer la protection du jeune public. La direction du pluralisme, de la déontologie et de la publicité du CSC est chargée de veiller au respect strict de ces délibérations par les médias. Pour ce faire, elle produit un rapport semestriel de monitoring à l’intention du collège des Conseillers. Ce dernier utilise ce rapport, notamment dans sa partie relative à l’accès équitable des femmes aux médias, dans le cadre de la répartition de l’aide publique à la presse. Il s’agit pour le CSC, à travers cette émulation, de favoriser une plus grande représentation des femmes dans les médias au Niger. D : Êtes-vous satisfait du travail accompli? Quelles sont les prochaines étapes? A. O.: Oui, le travail accompli par le CSC est satisfaisant, puisque des changements qualitatifs commencent à s’observer dans les médias nigériens, aussi bien sur le plan de la gouvernance que de la programmation. Les femmes journalistes commencent à assumer des responsabilités managériales et éditoriales ; les contenus sont de plus en plus diversifiés ; une prise de conscience sur la nécessité d’aller vers l’égalité prend forme. Dans les années à venir, il faut consolider les acquis et se fixer de nouveaux défis. Dans tous les cas, l’égalité Homme/Femme dans et à travers les médias est un travail de longue haleine. Elle ne se décrète pas et elle ne s’obtiendra pas comme on prépare du café instantané. D : Avez-vous des exemples de situations qui vous ont paru particulièrement choquantes? A. O.: Plusieurs situations m’ont choqué durant ma carrière de journaliste et de régulateur des médias. Mais la plus choquante a été le buzz provoqué sur
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les médias et les réseaux sociaux par les propos du Président Mahamadou Bohari du Nigeria, qui a soutenu dans une interview que « la place de son épouse est à la cuisine. » Cette phrase a été prononcée par le Président nigérian en réaction à la mise en garde publique que son épouse lui a faite sur la nécessité de tenir sa promesse électorale en matière de lutte contre la corruption, s’il veut briguer un 2ème mandat. En termes clairs, ces propos signifient : « la place de la femme est au foyer et son rôle est de préparer à manger pour la famille ; et non dans la sphère publique où elle n’a pas droit à la parole sur les questions politiques. » C’est dommage de constater que plusieurs médias classiques et en ligne ont reproduit à l’identique ce stéréotype sexiste, malheureusement très vivace en Afrique. La leçon à tirer, c’est que même avec l’avènement des nouveaux médias, les défis restent anciens en matière de traitement des femmes. D : En Afrique francophone, y-a-t-il selon vous un pays plus avancé que les autres sur le plan du traitement équitable des femmes dans les médias? A. O.: Le Maroc a fait des avancées par rapport aux autres pays africains francophones. De mon point de vue, cette situation n’est pas étrangère à la politique de « modernisation sociale » mise en œuvre dans ce pays ces dernières années, qui garantit plus de droits aux femmes à travers le Code du Statut Personnel. Elle est aussi due au travail remarquable accompli par la Haute Autorité de la Communication Audiovisuelle (HACA). En la matière, la HACA du Maroc a servi de locomotive aux autres instances africaines de régulation des médias. Personnellement, je reconnais l’engagement et la détermination de Mme Amina LEMRINI EL OUAHABI, Présidente de la HACA, dans l’élaboration et l’adoption par le RIARC, de la Déclaration de Cotonou relative à l’égalité Homme/ Femme dans et à travers les médias en Afrique. D : En mars dernier, vous avez participé à la 62ème session de la Commission sur le Statut des Femmes (CSW) au siège des Nations Unies à New York. Quelle a été votre contribution ? A. O.: Pendant la 62ème CSW, cinq Réseaux d’instances de régulation des médias (RIARC, RIRM, REFRAM, PRAI et Plateforme UEMOA) ont organisé, en partenariat avec l’OIF et la GAMAG, un side-event sur le thème : « Liberté de la communication et Egalité Homme/Femme. » L’objectif poursuivi est de questionner les concepts, les approches, les outils d’analyse et d’action pour une meilleure compréhension
de la question de l’Egalité Homme/Femme, appliquée au domaine particulier des médias en pleines mutations à cause des évolutions technologiques. Il s’agit aussi pour nous, de partager nos réflexions et nos expériences, en tant que régulateurs des médias provenant de zones géographiques et culturelles différentes, en vue de promouvoir la culture de l’égalité. Cet événement a été un grand succès, au vu du nombre de régulateurs, de ministres, d’ambassadeurs, de journalistes et d’activistes des droits des femmes qui y ont pris part. Il a été aussi l’occasion pour les Réseaux de régulateurs des médias de rendre publique une déclaration dans laquelle ils ont appelé les Etats membres des Nations-Unies à : (1) mettre en place des lois et mécanismes consacrant le principe de l’égalité entre les hommes et les femmes dans et à travers les médias et veiller à leur effectivité, parallèlement au respect de la liberté d’expression et de l’indépendance des opérateurs ; (2) garantir une représentation équilibrée des hommes et des femmes dans les processus de nomination/élection des organismes médiatiques, y compris les diffuseurs et les régulateurs ; (3) inscrire l’égalité de genre dans et à travers les médias dans le cadre des politiques globales et intégrées ciblant la lutte contre les stéréotypes sexistes, les discriminations et les violences fondées sur le genre, ainsi que la promotion de l’égalité en tant que culture et pratique. D : Les jeunes femmes qui veulent travailler dans les médias en Afrique francophone doivent-elles être optimistes quant à leurs chances de réussite? A. O.: Absolument ! Il existe des raisons d’être optimiste, car la prise de conscience est générale, tant au niveau du politique, des professionnels, que de la formation. Au Niger, depuis 2010, six ministres de la communication se sont succédé dont trois hommes et trois femmes. L’Institut de Formation aux Techniques de l’Information et de la Communication (IFTIC) du Niger est dirigé par une femme. C’est le cas aussi du CESTI de Dakar au Sénégal, l’une des plus anciennes et prestigieuses écoles de formation en journalisme de l’Afrique francophone. Des cours et des modules sur le genre sont enseignés aux étudiants en journalisme. De plus en plus de filles intègrent les écoles de journalisme, partout en Afrique francophone. Je suis certain qu’elles vont contribuer à changer la culture et la pratique journalistique dans les prochaines années.
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DIGITAL LAB AFR Le Digital Lab Africa est le premier dispositif de soutien à la production de contenus nouvelle génération (réalité virtuelle, animation, jeu vidéo, musique en ligne, web création) à l’échelle de l’Afrique subsaharienne (anglophone et francophone). Il a pour objectif de soutenir les talents africains émergents (artistes, producteurs, start-up...) en accélérant le développement de leurs projets grâce à l’expertise d’opérateurs français et d’Afrique subsaharienne leaders du secteur des industries créatives. Pour sa deuxième édition, DLA a reçu entre le 25 octobre et le 25 février, 730 candidatures (200 de plus que l’année dernière) issues de plus de trente pays d’Afrique sub-saharienne - c’est dire la pertinence de ce programme dans l’accompagnement aux talent émergents. Les comités de sélection ont choisi 30 projets finalistes qui, pour la première fois, ont participé à une compétition en ligne. Startuppers, entrepreneurs, créateurs du continent - Afrique du Sud, Cameroun, Côte d’Ivoire, Ethiopie, Ghana, Kenya, Malawi, Mozambique, Nigeria, Sénégal, Tanzanie, Zambie, Zimbabwe - ils représentent les meilleurs talents de la création de contenus nouvelle génération. Le nombre de projets reçus, leur qualité et leur diversité illustrent avec force le dynamisme et la créativité des marchés audiovisuels du continent africain. Pour cette deuxième édition, la catégorie Animation a été ajoutée, car le DLA avait reçu énormé-
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ment de projets d'animation dans la catégorie web création l'année dernière. Le DLA s'est en outre associé à la compétition de ptich africain Animation Network/ Mifa – partenaire du DISCOP. Pour Erika Denis, attachée audiovisuelle régionale et directrice du Digital Lab Africa, "L’animation est un secteur en ébullition sur le continent, participer à la dynamique des écosystèmes locaux, renforcer les synergies entre les différents marchés africains et les échanges avec l’industrie de l’animation française font partie des objectifs du Digital Lab Africa."
Digital Lab Africa. Ce choix nous permet également d’utiliser pleinement les atouts de la communication digitale pour permettre une fenêtre de visibilité à l’image du programme Digital Lab Africa : multisectorielle, panafricaine, interactive, ciblant a la fois professionnel et grand public."
Du 26 avril au 9 mai, les pitch vidéo des 30 candidats ont été mis en ligne sur une plateforme dédiée (vote.digilabafrica.com). Cette plateforme a permis aux internautes de faire connaître anonymement leur pitch préféré.
Pour la MUSIQUE EN LIGNE: Ali Dennis (KENYA), Tafadzwa Sharaunga (ZIMBABWE).
"Pour la 2e édition du Digital Lab Africa, explique Erika Denis, nous avons décidé de totalement dématérialiser la compétition de pitch finale. Notre partenaire QWANT a développé une plateforme de vote en ligne (vote.digilabafrica. com) sur laquelle les internautes peuvent visionner les pitch vidéo des 30 finalistes et voter pour leur pitch favori, sans avoir à communiquer leurs données personnelles. Cette plateforme offre une vitrine de visibilité durable pour l’ensemble de projets finalistes, quant aux internautes, la plateforme leur permet d’exprimer leur intérêt pour un concept/un projet et permettre à un des 30 projets finalistes de remporter le « Prix du Public » aux côtés des 10 autres lauréats sélectionnés par les membres du Comité de Sélection
Les 10 gagnants sélectionnés par les membres du comité DLA, viennent d'être annoncés. P o u r l ' A N I M AT I O N : F e b e n Elias (ETHIOPIE), João Graça (MOZAMBIQUE).
Pour les JEUX VIDÉO: Alex Robert Ynclan & Thuso Terence Sibisi (AFRIQUE DU SUD), Mwaaba Alec Mugala (ZAMBIE). Pour la RÉALITÉ VIRTUELLE: Roxanne Dalton (AFRIQUE DU SUD), Naomi van Niekerk & Arnaud van Vliet (AFRIQUE DU SUD). P o u r l a W E B C R É AT I O N : Jepchumba (KENYA), Jabulile Nadia Newman (AFRIQUE DU SUD). A la clé, pour les vainqueurs, un prix de 3.000 euros et la mise en place d’un programme d’incubation et d’accélération de leur projet, avec : l’attribution de deux mentors, un français et un d’Afrique subsaharienne, professionnels du secteur des industries créatives (producteurs, distributeurs, diffuseurs, experts, institutionnels, artistes...), un temps de
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RICA 2.0 résidence en France au sein de clusters/hubs numériques et la participation à des évènements de référence en France et en Afrique subsaharienne. Le Digital Lab Africa est une initiative de l’Ambassade de France et de l’Institut Français d’Afrique du Sud, organisée avec le soutien de DISCOP AFRICA, TRACE, LAGARDERE STUDIO, T S H I M O L O G O N G D I G I TA L INNOVATION PRECINCT, la SACEM et en partenariat avec une série d’acteurs français et d’Afrique subsaharienne (mentors, lieux d’incubation, événements et partenaires écosystème). Mentorat : ARTE, Keewu Production, Camera Lucida, Triggerfish Animation Studio, Deep VR, VR-Connection, Wits Digital Arts, Electric South, Afrika Toon, Sakifo, Le Game, Dailymotion Afrique, Nef Animation, Ciclic, Black Major... LIEUX D’INCUBATION: Pictanovo, Commune Image, Nurserie, Pôle Media Grand Paris, Gaité Lyrique, Tshimologong Digital Innovation Precinct...
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Panasonic est un leader de l’industrie électronique dans le monde et l’une de ses plus grandes sociétés. Le groupe Panasonic adresse aussi bien les marchés grand public que professionnel et compte plus de 250.000 employés à travers le monde. Connu pour ses produits innovants et sa puissance de R&D, Panasonic est naturellement présent sur les marchés de pointe, comme l’audiovisuel professionnel. L’une des activités de Panasonic Marketing Europe est ainsi de commercialiser des produits audiovisuels professionnels destinés au monde de la captation et de la diffusion. CONTACT Youssef AGUENI Key Account Manager AFRICA +49 173 6282757 youssef.agueni@eu.panasonic.com
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Les solutions Dalet permettent aux diffuseurs et aux professionnels des médias de créer, de gérer et de distribuer des contenus plus rapidement et plus efficacement. Basées sur la plateforme Dalet Galaxy five pour la gestion des contenus multimédia (MAM) et l’orchestration des flux de travail, les solutions Dalet couvrent l’ensemble de la chaîne de valeur pour la gestion des programmes d’informations, de sports et de divertissement, ainsi que les opérations d’archivage. Les outils Dalet sont utilisés dans le monde entier par des milliers de producteurs de contenus, y compris des opérateurs publics de télévision et de radio, les plus grands réseaux et opérateurs privés et des organismes gouvernementaux. CONTACT
Yannick AGAËSSE Sales & Business development Manager +33 6 75 64 00 66 yagaesse@dalet.com
Site web www.dalet.com Visitez notre page YouTube https://www.youtube.com/user/DaletDMS Visitez notre page Facebook https://fr-fr.facebook.com/DaletDigitalMediaSystems/ LinkedIn Dalet Digital Media Systems
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ORCHESTRE EKO Ekoulé, Dooh Émile, Féfé Priso, Fotso Messack au Cinéma Le Wouri (Douala), en 1978 - © Analog Africa
Parce que la musique est aujourd’hui au cœur du succès des productions télé et cinéma, pour la première fois DISCOP Abidjan consacre une journée de son programme NEXT GEN à la musique (mercredi 30 mai). Les intervenants de DISCORE débattront notamment de la montée en puissance de la musique venue d’Afrique dans l’industrie audiovisuelle mondiale. Autant vous mettre tout de suite dans le "Beat".
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APPELEZ-MOI COUPÉ-DÉCALÉ Une fable originale écrite pour DISBOOK par Mike Danon et illustrée par Kan Soufflé
Salut, je me présente. Coupé-Décalé. Pas la peine de chercher dans les registres administratifs, je ne suis pas humain. Je suis une danse, un style de vie, un courant musical, le plus grand de ces vingt dernières années. Je suis beau, fort, riche. Quand j’arrive dans une assemblée, j’y mets le feu. Anniversaires, mariages, matinées, soirées privées ou populaires, funérailles, j’y suis à mon aise. Personne ne me résiste. Je suis une arme de cohésion massive, un hymne populaire. J’ai traversé des monts et des cimes, habité des suites et des palais, fait l’amour à des reines et des déesses, roulé des sports et des berlines, brassé des Francs et des Euros, oui j’ai eu cinquante nuances de blé. Le blé, le flouze, l’argent est mon moteur principal. Il m'en faut plus, toujours plus, pour maintenir mon rang au sein de la Jet-set. Mais ne vous y méprenez pas, avant de croquer le bon coté de Madame Belle Vie, mes créateurs ont vécu dans la Jet-sec. Entre Abidjan et Paris, les réalités africaines ont toujours eu le même tempo, alors ils ont dû adapter le leur en: 3615-Coupé-dans-la poche-d’autrui-et-Décalé-quandla-police-débarque, il faut bien survivre Monsieur. Chut… Du roi il ne faut dire que du bien, alors retenez que je suis beau, fort et riche. Je ne suis pas né dans une maternité de Yamoussoukro ou de New-York. J’ai vu le jour à l’Atlantis, une discothèque parisienne très prisée des communautés africaines. À l’adolescence j’ai un mal être, je supporte difficilement le dictat de la musique et la sape congolaise. J’entreprends donc de me trouver une identité. Je la trouve chez les grands couturiers qui, face à mon pouvoir d’achat, m’ouvrent grand leurs portes. Versace, Dolce & Gabanna, Louis Vuitton… Griffé de la tête aux pieds, je commence à faire tache d’huile dans la cité. Il faut battre le fer quand il est chaud et l’Atlantis est le meilleur endroit pour me déployer. Entre le N’dobolo congolais et les hits ivoiriens, sur la piste il me vient une idée de génie. M’exprimer différemment. Je ne vais pas chercher loin, je puise dans le quotidien de mes Pères Fondateurs. Allez, levez-vous et faites comme moi. La main en l’air et de façon gracieuse, imitez un coupe-coupe, le DJ criera « coupé, coupé, coupé ». Ensuite faites semblant de courir, il dira « décalé, décalé, décalé ». De votre poche sortez des liasses de billets et faites sensation en les jetant sur qui veut bien les prendre. Vous entendrez « travaillement, travaillement, travaillement ». Après il n’y a plus de règle et vous pouvez ajouter ce que vous voulez : un petit vélo, 54
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du patinage, un tapis volant, des gestes de foot, un pigeon volant, tout ce qui vous passe par le corps. Vous êtes déjà dans la Sagacité. « Quand, il pleut à Paris, Abidjan est mouillée », a-t-on coutume de dire. Au pays, l’écho de mes exploits est visible. 2002 : dans un début de crise politico-militaire, la jeunesse, prise par surprise, a besoin d’air frais. J’ai le bon profil, je viens de Paris, je suis forcément "frais". A peine arrivé, je suis moi-même un peu surpris de la vitesse à laquelle je me propage. Dans le milieu de la nuit on ne parle que de moi, dans les rues le jour, on ne parle que de moi, en moins d’un an, je fais la pluie et le beau temps. La musique congolaise est prise de court et s’éloigne peu à peu du ring. Je jubile. J’ai du succès, la demande se fait tellement forte que je fais plier tous les médias nationaux qui n’ont d’autres choix que de me donner un canal unique pour m’exprimer. Je deviens l’Identité Musicale Nationale. Mais Nationale ne me suffit plus, je traverse les frontières, je contamine les sous-régions ouest-africaines : Coupé-Décalé, pas besoin de savoir parler la langue, ma magie opère. Afrique de l’Ouest, Afrique Centrale et bientôt le continent tout entier ne parle que de moi. Mission accomplie, j‘attaque les Antilles, avec la caution des pionniers. Je fusionne avec le Zouk et je laisse parler les gens. Même formule avec le Raï, je deviens international. Au sommet de ma gloire pourtant, je commence à manifester des signes d’une maladie que je croyais pourtant contenir : la guerre intestine. 2005 : mes pères se disputent ma paternité. Né de l’audace et de la créativité de chacun d’entre eux, je ne peux en choisir un. Les clans se créent, mon mur se lézarde. Au-dessus d’une montagne, il y a toujours un sommet. Les enchères, les injures, les menaces ne se font pas attendre. Triste dans une ville joyeuse, je vais vers une mort certaine. 12 octobre 2006: Stéphane Doukouré, alias Douk Saga, l’un de mes pères les plus emblématiques, s’éteint au Burkina Faso. Cause du décès ? Silence… Un président meurt toujours d’une mort naturelle. Molare Omar, Lino Versace, Boro Sanguy, Chacoule, Solo Beton, Serge 2falet, Abou de Bamba , Bedel Patassé mettent le drapeau en berne, le héros national s’en est allé. Cette disparition est un coup dur. Pour la Jet-set mais aussi pour tous les fans. On se demande si je vais survivre. Mais comme un phénix, je renais de mes cendres. Si en danse je deviens ringard, mon style de vie et ma musique sont programmés pour se réinventer. Je suis presque éternel. Ainsi tu peux m’entendre dans la Naija musique, l’Afro Trap, du Stromae ou même dans “Black Panther”. Appelez moi Coupé-Décalé. Je suis l’ADN de la Musique Urbaine Africaine.
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“AUJOURD'HUI, BEAUCOUP D'ARTISTES INTERNATIONAUX VIENNENT PUISER LEUR INSPIRATION EN AFRIQUE”.
David Monsoh
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Disbook a échangé par téléphone avec l’Ivoirien David Monsoh, monstre sacré de la production musicale africaine et grand patron de BBLACK TV Africa. Ancien directeur artistique de Sono Disc (devenue ultérieurement Next Music, maison de disques aujourd’hui disparue), David est l’un des grands noms de la production musicale africaine. A son actif : feu Doug Saga, Lino Versace, Boro Sandji, le Molare, Dj Arafat, Fally Ipupa, et plus récemment Héritier Watanabe. Il a aussi fait connaître le groupe Magic System et dispose dans son écurie, Obouo Music, de la fine fleur du Coupé-Décalé. Disbook: David, quelle est pour vous une bonne bande-son? David Monsoh: Une bonne bande son doit être capable de vous transporter, de vous donner la chair de poule. Elle doit aussi pouvoir vous raconter une scène, une séquence sans avoir besoin de dialogue. Une bonne bande son enrichit un film. D: De puis le succès planétaire du film “Black Panther” et de sa bande-son africaine, estimez-vous que les talents africains sont bien placés dans le secteur de l'audiovisuel? D. M.: Oui! Tout simplement parce que la musique africaine est en train de prendre une autre dimension. Les artistes et les producteurs prennent conscience de la puissance de nos sonorités, de notre riche culture et de nos valeurs. D: En quoi votre chaîne BBlack TV contribue-t-elle a faire émerger les nouveaux talents musicaux d'Afrique? D. M.: La chaine BBLACK TV est visible dans le monde entier et notre
ligne éditoriale est faite de telle sorte que nous décomplexons la musique. Tous les talents sont bienvenus chez nous. Si vous faites de la bonne musique avec un beau clip, il n'y a pas de raison que vous ne soyez pas diffusé chez nous. Grâce à son large réseau de distribution, la chaine BBLACK accompagne au quotidien les nouveaux talents musicaux d'Afrique. Il suffit juste de jeter un coup sur ma playlist et vous verrez à quel point elle est vraiment riche et diversifiée. Par ailleurs, après Clap, le magazine 100% cinéma et télévision africain (qui en est à sa deuxième saison), nous avons récemment lancé un nouveau programme intitulé The Heat, c'est un JT 100% divertissement. Et grâce à ce programme, beaucoup d'artistes peuvent venir faire connaitre leurs travaux à travers les différentes rubriques (News, Inside Me, Hot place) qui composent cette émission. Nous faisons le nécessaire pour accompagner nos nombreux talents d'Afrique. Je tiens à vous rappeler que The Heat est diffusé tous les mercredis à 21h sur BBLACK AFRICA et rediffusé les samedis à 11h et le dimanche à 14h. C’est l'occasion aussi pour moi de remercier ma jeune équipe qui bosse d'arrache pied tous les jours pour satisfaire nos millions de téléspectateurs via nos différents programmes. D: Avez-vous déjà produit de la musique pour le cinéma ou la télévision? D. M.: Je n'ai pas encore produit pour le cinéma ni pour la télévision, mais j'aspire à ce nouveau challenge. Et la participation de BBLACK au DISCOP me permet déjà de me frotter à ce monde et voir dans quelle mesure je pourrai véritablement me lancer, car il faut l'avouer, les productions africaines notamment les séries télé
sont en pleine expansion. Il serait peut être grand temps que je fasse le grand saut! D: Peut-on définir la scène musicale africaine d’aujourd’hui? Y-atil une “Africa vibe”? D. M.: En ce qui me concerne la musique est universelle, maintenant chaque pays voire chaque continent y apporte sa touche personnelle qui fait son originalité. Mais il y a une Africa Vibe, que l’on peut définir par toutes ces sonorités qu'on ne retrouve nulle part ailleurs que chez nous. Aujourd'hui, beaucoup d'artistes internationaux viennent puiser leur inspiration en Afrique. Le producteur américain Timbaland fait sans cesse un clin d’œil à l'Afrique à travers ses productions. C'est dire à quel point notre continent est riche et qu'il est temps que les producteurs et musiciens africains commencent réellement à puiser dans leurs racines. L'immense artiste Salif Keita definit la musique tel un arbre : le tronc, c'est le jazz, les branches et les fruits sont le rock, le funk, le reggae et autres musiques. Mais les racines, elles, représentent la musique africaine. D: Les artistes que vous écoutez en ce moment? D. M.: Héritier Watanabe, Justin Bieber, Djadju, Davido, Wally Seck, Debordo DjBebi Philip Charlotte Dipanda. D: Où allez-vous à Abidjan pour écouter de la bonne musique i? D. M.: Je vais d'abord au VIP, puis au cigare lounge chez Zino en zone 4 le temps d’aimer, et je finis à la Case d’Ebène.
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CONGOLESE VIBES Heritier Watanabe, une vedette éphémère de plus dans le livre d’or de la musique congolaise ? Rien de moins sûr ! Héritier, il l’est, c’est vrai. Héritier à part entière de cette immense et prestigieuse histoire sonore qui se déroule de Wendo Kolosoy à la Génération Wenge en passant par Franco, Tabu Ley, Zaïko Langa-Langa, Koffi Olomide et autres Papa Wemba. Mais Héritier est aussi le futur, il est aussi Watanabe, surnom que le jeune chanteur s’est donné en hommage à Junya Watanabe, célébrissime et modernissime styliste japonais qui officia pour la griffe Comme des garçons. Oh, certes, Bondongo Kambeya Héritier, de son état-civil, né un beau jour d’août 1982 dans une famille modeste de Kinshasa, a suivi en partie la route de nombreuses stars congolaises. Il a, lui aussi, débuté le chant à 10 ans dans une chorale d’église. Et comme beaucoup d’autres avant lui, alors qu’adolescent, il sent confusément percer en lui un destin de rossignol, il se verra opposer une fin de non-recevoir par maman : "Passe ton bac commerce et informatique d’abord !" Il obéira puis passera aux choses sérieuses, au plaisir de la rumba et du ndombolo. Comme les autres donc, mais pas que... Sur la scène effervescente de Kin, la voix de Héritier Watanabe résonne de manière originale. Dans un pays où encore récemment des fans s’étripaient pour un oui à JB Mpiana ou pour un non à Koffi Olomidé, tout artiste se doit
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de proclamer un amour mélomaniaque sans bornes. Pas Héritier. "J’aime plus le football que la musique, affirme-t-il, mais Dieu a fait que je suis plus doué pour chanter que pour taper dans un ballon." Sur la scène locale, tout chanteur débutant passe par une myriade de groupes de quartier avant de percer. Pas Héritier. Il lui suffira, un jour, pour le fun, de s’emparer d’un micro au cours d’une répétition de musiciens amis, pour être repéré. JB Mpiana veut qu’il intègre son groupe, Wenge BCBG «Les Anges adorables», mais c’est une autre star, Werrason, qui récupère le petit prodige de 15 ans. Kinshasa , ton univers impitoyable... On y forme un groupe qu’on dissout aussi vite qu’on mange un saka-saka - le délicieux plat national - et un chanteur est "transféré" d’un combo à un autre en moins de temps qu’il n’en faut pour composer un ndombolo. Pas Héritier. Pendant plus de 15 ans, il va faire les beaux jours de Wenge Musica Maison Mère, la légendaire formation de Werrason, le musicien qui sait détecter les talents. Sous l’aile protectrice de celui qu’on surnomme "le Roi de la forêt", le "petit" va grandir, il participera à toute l’aventure WMM parsemée d’albums monuments comme «Solola bien» (1999), «A la queue leu leu» (2002)... Et ce jusqu’à «Flèche Ingeta» (2014). Il a désormais entamé une carrière solo. La voix virtuose d’Héritier, haut perchée, dotée d’un léger voile velouté, fait mouche, remplit les salles et touche les mélomanes du continent. Ce qui suffit souvent
à un chanteur qui débute une carrière sur les berges du Congo. Pas à Héritier. "Je ne suis pas convaincu de la dimension internationale des artistes congolais. Je veux que les Européens m’acceptent et m’aiment. " Pour un premier album solo, peuton rêver mieux que deux ou trois ndombolos pour les ambianceurs et de la rumba à tous les étages? Pas le style d’Héritier ! Wata fait bouger les lignes dans «Carrière d’honneur (Retirada)» qui devrait sortir à la rentrée. Il y a de la rumba dans l’air, bien sûr, mais de la nu-rumba. Et puis, histoire de dribbler l’auditeur, le malicieux jeune homme moderne nous délivre deux titre chantés en français et deux autres en anglais, dont l’un avec Wally Seck, la vedette sénégalaise en featuring, entre dancehall, musique nigeriane et R’n’B ‘. Il marque enfin le but en or, appelé «Cala Boca» : de la dynamite kuduro-électro, chantée en portugais, de la graine de tube qui devrait faire trembler les clubs, dans les semaines à venir. "Maintenant, elle est fière de moi !", avoue la star en herbe à propos de sa mère. On la comprend...
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Héritier Watanabe.
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DROITS D’AUTEURS NUMÉRIQUES : LA BLOCKCHAIN, UNE TECHNOLOGIE ADAPTÉE AUX PROBLÉMATIQUES AFRICAINES Par Séverine Laurent, Afrikakom
S’il existe bien une richesse incommensurable en Afrique, c’est celle de la créativité. Le continent foisonne d’artistes et de créateurs en tous genres : musiciens, peintres, écrivains, réalisateurs… C’est le continent de l’innovation, de l’inventivité. Pourtant peu de producteurs d’arts vivent des fruits des ventes et exploitations de leurs œuvres. Le système tout entier est coupable. A l’ère du numérique, cela peut changer. Douala, décembre 2017. Mory Touré, journaliste-producteur de Radio Afrika, a rendez-vous avec Petit Pays, un éminent auteur-compositeur-interprète-producteur camerounais. L’artiste fait danser toutes les mamans et tous les papas en Afrique centrale et de l’Ouest depuis la fin des années 1980. Il a produit et réalisé la plupart de ses albums et a remporté quatre disques d’or. Aujourd’hui encore, il peut remplir un stade de 5.000 personnes au Cameroun et il détient le record des ventes de disques de son pays. Sa musique circule à la radio, dans les maquis et surtout dans les marchés où des CD sont proposés par la plupart des bons revendeurs de copies illégales. Côté numérique, la
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majorité de ses albums est disponible sur les plateformes de streaming comme Deezer ou Spotify, mais aussi sur de nombreux sites internet pirates. Youtube et Dailymotion diffusent ses opus via des chaînes monétisées à qui il n’a jamais donné d’autorisation, et ses titres totalisent environ trois millions de vues. Bref, Petit Pays est également une star de l’ère digitale. Pourtant, l’artiste explique à Mory Touré : en sa qualité d’auto-producteur, il n’a jamais cédé les droits de sa musique à quiconque. Mais alors, qui profite des fruits de son travail ? Probablement un illustre inconnu qui, ayant décelé la faille, propose aux agrégateurs en ligne tels que Beleive des albums complets. Ce voleur non identifié de droit d’auteurs doit certainement jurer par tous ses saints et ses totems qu’il en détient les droits, et l’agrégateur doit le croire : une simple signature, une copie de carte d’identité lui suffisent pour se dédouaner de toute responsabilité juridique. Beleive et les autres revendent ensuite les droits aux plateformes légales… Tandis que Petit Pays ne perçoit toujours pas un cauris pour l’exploitation numérique de son travail…
Petit Pays n’est pas une exception en Afrique francophone ; beaucoup d’artistes majeurs retrouvent leurs œuvres exploitées sur le net sans qu’ils n’aient donné d’autorisation à qui que ce soit. Ailleurs dans le monde on se rappelle l’appel au boycott de la plateforme Spotify par certaines superstars de la chanson, comme Madonna ou Jay Z : ils l’accusaient de ne pas rémunérer assez les artistes et de ne pas gérer convenablement les droits d’auteurs. Tarek, leader du groupe marocain Five Stars, grande star de la musique châabi qui totalise une bonne dizaine de millions de vues sur YouTube, explique que lui non plus n’a jamais donné l’autorisation à quiconque pour monétiser ou exploiter les musiques de sa formation sur Internet. Et pourtant, ses tubes sont disponibles sur toutes les grandes plateformes de musique arabe. Il explique même que certaines de ses créations ont été proposées par de grands opérateurs téléphoniques de la place marocaine en ring back tone (musique d’attente), et qu’il n’a pas touché un sous ! Ainsi, de nombreux artistes chanteurs d’Afrique apparaissent comme les laissés pour compte
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de l’industrie digitale : le système classique de collecte et de redistribution des droits d’auteurs fonctionne avec grandes difficultés. En Afrique francophone, il n’existe pas d’acteur millionnaire en Euros. Encore moins de milliardaire. Quelques rares multinationales mises à part, il est presque impossible de rencontrer un scénariste riche ou un réalisateur opulent. Pourtant, ce ne sont ni les talents, ni les créations qui manquent. Conscient de ces problèmes, et après quelques houleux démêlés avec des ayant-droit sur cette question, la plateforme Spotify a annoncé début avril le rachat de la jeune start up Mediachain. Mediachain se base sur la technologie de la blockchain pour authentifier l’auteur d’une œuvre numérique et protéger ses droits d’auteurs et le contrôle de son œuvre. Dans le domaine de l’image, de l’art ou de la photographie, la start-up a développé un moteur de recherche permettant de lier les contenus et images à ses auteurs. Concrètement, ces startup, à l'image de Storj, Ascribe, Mycelia ou Bittunes proposent aux artistes d'enregistrer via une transaction sur une blockchain
“En Afrique francophone il n'existe pas d'acteur millionnaire en Euros”
modèle de protection efficace quand on sait toute la difficulté pour l’art numérique de trouver un business modèle viable. La blockchain pourrait donc apporter de la transparence à cette chaîne de valeur particulièrement opaque, dans la gestion et la répartition des droits et des paiements. Car au-delà de sa capacité à sécuriser les œuvres des artistes, la blockchain peut également, et surtout, fournir des solutions aux artistes pour faciliter et augmenter leur niveau de rémunération. Le prochain défi des artistes et créateurs en Afrique semble donc s’annoncer : se former à l’utilisation de ces nouvelles technologies.
un morceau de musique ou un document, comme un roman ou un scénario par exemple. Une démarche qui peut se faire via leurs applications en quelques clics, et à des coûts réduits. De l'ordre de quelques centimes d'euro, de dollar ou de cryptomonnaies. Grâce à ce système, la traçabilité des œuvres des artistes est garantie et réputée infalsifiable. Un
Séverine Laurent (Afrikakom) afrikakom@gmail.com
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LE DROIT DES AUTEURS A TRAVERS LES ÂGES Epoque Médiévale: Absence de propriété intellectuelle L'étroitesse du lectorat et la faiblesse des moyens de reproduction et de diffusion ne favorisent pas l'émergence d'un droit des auteurs sur leurs œuvres. 1440: L’invention de l’imprimerie En offrant désormais la possibilité de reproduire un ouvrage à faible coût et à un grand nombre d'exemplaires, Gutenberg modifie radicalement les conditions dans lesquelles une œuvre peut être publiée, diffusée et exploitée. La dimension économique nouvelle que prend l'exploitation des productions de l'esprit s'accompagne de l'essor d'une nouvelle profession, celle des imprimeurs,
Gutenbeg
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é g a le m e n t a pp e lé s « libraires », et parallèlement, du développement de la contrefaçon. 1686: En France, la loi sur les « privilèges perpétuels » Cette loi accorde aux libraires des monopoles d'exploitation pour compenser leurs investissements. La reconnaissance d'un droit des auteurs sur leurs œuvres n’apparaît pas encore. 10 avril 1710: La loi de la Reine Anne en Angleterre Cette loi reconnaît aux auteurs un droit exclusif de reproduction pour une durée déterminée ainsi que la possibilité d'enregistrer leurs œuvres en leur nom personnel et non plus à celui d'un éditeur. En France, la jurispru-
dence du Conseil du Roi recentre progressivement sur la personne de l'auteur le privilège conçu dans l'intérêt des imprimeurs 30 août 1777: Deux arrêts du roi Louis XIV. Ces arrêts consacrent tout à la fois les droits des libraires et ceux des auteurs, mais en prenant bien soin de les distinguer. Ils reconnaissent à l'auteur un privilège perpétuel pour récompenser son travail, et au libraire un privilège temporaire pour lui assurer le remboursement de ses avances et l'indemnité de ses frais. Nuit du 4 août 1789: Abolition des privilèges Les privilèges d'auteur et de librairie disp a ra i s s e n t . D u ra n t
Reine Anne d'Angleterre
près d'un an et demi, les auteurs ne bénéficient plus d'aucune protection. 13 janvier 1791: Une nouvelle loi consacre le droit de représentation des auteurs dramatiques. 19 juillet 1793: Nouvelle loi Cette loi pose, dès son article 1er, le principe que « les auteurs d'écrits en tout genre, les compositeurs de musique, les peintres et les dessinateurs qui feront graver des tableaux ou dessins, jouiront durant leur vie entière du droit exclusif de vendre, faire vendre, distribuer leurs ouvrages dans le territoire de la République et d'en céder la propriété en tout ou en partie. » La loi consacre donc
Louis XIV
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un droit de reproduction aux auteurs pour la durée de leur vie, puis à leurs héritiers pendant cinq ans. Cette volonté de concilier le droit des auteurs sur leurs œuvres, avec l'existence d'un domaine public, conduit donc à le limiter dans le temps, le séparant ainsi du droit de propriété qui est, par nature, perpétuel. 1810: La durée de protection reconnue aux héritiers après la mort de l’auteur est portée à 20 ans. 1854: La durée de protection reconnue aux héritiers après la mort de l’auteur est portée à 30 ans. 1866: La durée de protection reconnue aux héritiers après la mort de l’auteur est portée à 50 ans (depuis 1997 elle est portée à 70 ans). 1883: La Convention de Paris Cette convention pour la protection de la pro-
priété industrielle, est la plus vieille convention administrée par l’OMPI (Organisation Mondiale de la Propriété Industrielle, ou WIPO pour les anglophones) en matière de propriété industrielle. Elle comptait à l’origine onze pays membres, mais aujourd’hui, elle est ratifiée par près de deux cent pays. Elle pose les grands principes et régit la protection internationale de la propriété industrielle. Son texte a connu plusieurs modifications dont la dernière a eu lieu le 14 juillet 1967. 1887: Convention de Berne. La convention de Berne, plusieurs fois révisée, reste le texte fondamental ; elle est gérée par l'OMPI. Cette convention régit le droit de l’auteur sur son œuvre. Elle pose les grands principes et régit la protection internationale de la propriété littéraire et artistique. Elle fixe les règles
minimales de protection des auteurs que les parties contractantes ont l’obligation d’intégrer dans leur législation interne. 1910: La loi du 9 avril Elle précise que la cession de l’œuvre par son auteur n'entraîne pas la cession du droit de reproduction de la dite œuvre, et fonde juridiquement la distinction de l’œuvre et de son support. 1925: La loi du 29 mai. Pose le principe que l’œuvre est protégée du seul fait de sa création : le dépôt légal ne constitue désormais plus une condition indispensable à la poursuite des contrefacteurs. 1957: Loi sur la Propriété littéraire et artistique La protection du droit d'auteur résulte aujourd'hui en France, pour l'essentiel , de cette loi (complétés plus tard). Celle-ci a en outre créé des « droits voisins », au profit des
artistes interprètes, des producteurs de phonogrammes et de vidéo-grammes, ainsi que des entreprises de communication audiovisuelle. 1985: Sont inclus les logiciels d'ordinateur dans la liste des œuvres protégeables. Une redevance sur les supports d’enregistrement est instituée pour compenser le préjudice subi par les auteurs et les titulaires de droits voisins du fait de l'extension de la copie privée sonore et audiovisuelle. 1992: La protection de la p ro p r i été l i t té ra i re et artistique revêt une dimension internationale essentielle. Le code de la propriété intellectuel est écrit (CPI).
Révolution française
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DROITS D’AUTEUR EN AFRIQUE Avant les années 70 et 80: les États africains (hormis la Tunisie et le Liberia) ne se soucient pas de la notion de droit d’auteur (ils ont bien d’autres difficultés…) Ils donnent la priorité à l’économie. La législation des pays nouvellement indépendants est celle du colon. A l’aube des années 60, la Société des Auteurs Compositeurs et Editeurs de Musique en France (SACEM) reprend le mandat qu'elle avait confié en 1944 au Bureau Africain du Droit d'Auteur (BADA), lui-même société française. A l’indépendance, la Côte d'Ivoire,par exemple, va demander à la SACEM de poursuivre son action de défense des droits des artistes. 1962: L’Accord de Libreville Les pays africains s’unissent au sein d’une organisation commune afin de promouvoir le développement du droit d’auteur et l’harmonisation de leurs législations. Accompagnés par certains organismes internationaux comme l’Ompi (Organisation mondiale de la propriété intellectuelle) ou l’Unesco, douze États africains francophones, réunis au sein de l’Ocam (Organisation commune africaine et malgache), adoptent un régime commun en matière de propriété littéraire et artistique. C’est à partir de cet accord qu’a été institué l’Oampi (Office africain et malgache de la propriété industrielle). 1977: Création de l’Oapi (Organisation africaine de la propriété intellectuelle) regroupant, cette fois, une quinzaine d’adhérents membres (il y en a 17 aujourd’hui). Le siège de Yaoundé (Cameroun) est commun à tous les Etats membres et l’organisation centralise toutes les procédures. De nombreux pays sont parallèlement dotés de "sociétés d’auteurs", qui sont en majorité des organismes publics ou semi-publics, mais aussi parfois privés (telle la Soneca en République Démocratique du Congo). Le Bureau Ivoirien du Droit d’Auteur (Burida) est une société de gestion collective des droits d’auteur. D'après l'information publiée sur son site Internet, il gère environ 6.000 auteurs, producteurs et artistes interprètes, et plus 72.000 œuvres. Les 17 état membres de l'Organisation Africaine de la Propriété Intellectuelle: Bénin, Burkina Faso, Cameroun, Centrafrique, Comores, Congo, Côte d'Ivoire, Gabon, Guinées Bissay, Guinée Equatoriale, Mali, Mauritanie, Niger, Sénégal, Tchad, Togo. LE CAS DU FOLKLORE Un courant très fort, issu du Sud de même que des pays anglo-saxons, commence à s’exprimer en faveur d’une véritable protection du folklore par la propriété intellectuelle. De telles revendications visent aujourd’hui aussi bien ceux qui entreprennent un commerce avoué sur fonds de dessins animés ou de recueil de contes et légendes, que les publications scientifiques d’ethnologues et anthropologues qui exploitent in extenso le fruit de leurs collectes. De plus en plus de textes internationaux font désormais référence à ce nouvel aspect du droit d’auteur et ces intentions affichées commencent à prendre forme. Seule l’Afrique anglophone semble pour l’heure avoir nettement emprunté cette voie, imitant en cela ce qui se produit déjà dans certains États américains, canadiens ou en Australie. Cette nouvelle rhétorique ne manque pas de susciter des difficultés majeures, notamment pour ce qui concerne la titularité des droits sur des œuvres qui ne sont pas toujours dues à un seul créateur, mais sont inspirées "par la tradition et le milieu social où s’inscrit l’auteur".
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QU’EST-CE QUE LE DROIT D’AUTEUR? Depuis le XIXème siècle, la propriété littéraire et artistique fait l’objet d’une réglementation mondiale. La Déclaration Universelle des droits de l’Homme énonce que toute personne a droit à la protection des intérêts moraux et matériels découlant de toute production scientifique, littéraire ou artistique dont elle est l’auteur. Un "copyright" est un droit exclusif accordé au créateur d'une œuvre littéraire, musicale, audiovisuelle ou artistique qui lui confère le droit exclusif de reproduire et de distribuer cette œuvre. L'instauration du droit d'auteur vise à rendre l’œuvre de l’esprit exclusive, en octroyant à l’auteur un monopole d'exploitation sur sa découverte. Le monopole de l’auteur a une durée limitée, fixée généralement à 50 ou 70 ans post mortem.
LES 2 ORGANISATIONS INTERNATIONALES OMPI (Organisation Mondiale de la Propriété Intellectuelle). Cette organisation a pour mission de stimuler la créativité et le développement économique en promouvant un système international de propriété intellectuelle, notamment en favorisant la coopération entre les États. UNESCO (Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture): assiste les pays en développement dans la protection du droit d’auteur, notamment au travers de l’action de l’Alliance Globale pour la Diversité Culturelle
LE SAVIEZ-VOUS? Les réalisateurs audiovisuels et les show runners sont soumis à des cas particuliers. Les réalisateurs sont considérés à la fois comme auteurs (rémunérés en droit d’auteur pour la partie création de leur activité ) et techniciens (rémunérés en salaire). Chacun de ces aspects doit faire l’objet d’un contrat spécifique ou d’un contrat en deux parties. Les show runners ou les directeurs d’équipe ont une part de rémunération en salaire pour leur activité relevant de la production, et, s’ils sont par ailleurs auteur, une part en droit d’auteur.
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ANNONCEURS/MARQUES : CONCOURIR AU FINANCEMENT DES PROGRAMMES AUDIOVISUELS. Par René Saal Co-fondateur, Adweknow La télévision, en Afrique francophone vit une période de transition : l’avènement de la TNT, la libéralisation et la croissance économiques, la montée en puissance de la classe moyenne, le développement du digital, vont multiplier les opportunités de développement pour les chaines et par conséquent pour la production africaine. La connaissance des différentes formes de financement et la compréhension des besoins spécifiques de chacun des acteurs peuvent contribuer à fluidifier le dialogue, à susciter de nouvelles collaborations et à accélérer le développement de la production audiovisuelle en Afrique. Les 3 modèles de financement des contenus Il existe historiquement 3 façons de financer les chaines de télévision et la production audiovisuelle. Dans le modèle public, l’état finance les chaines de télévision publiques soit au moyen de dotations financières, soit grâce au fruit d’une redevance audiovisuelle payée par chaque foyer équipé d’un téléviseur. Les programmes ne génèrent pas directement de revenus mais ont pour objectif de créer du lien social et participent à l’éducation, à la culture, au divertissement et à l’information du public au sens le plus large. Dans le modèle publicitaire, les chaines cherchent à diffuser les programmes qui génèrent le plus d’audience auprès des cibles les plus utiles aux annonceurs. Cette audience utile est vendue aux
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marques dans des espaces publicitaires spécifiques (écrans) ou autour des émissions (billboards). Les sommes ainsi récoltées alimentent le système et permettent à la chaine de financer de nouveaux programmes dont le contenu répond principalement à cet objectif d’audience. Le modèle payant a commencé à émerger lorsque les téléspectateurs ont souhaité accéder à un plus grand nombre de chaines ou à des programmes différents ou de meilleure qualité. Ils ont alors accepté de payer pour voir des programmes le plus souvent exclusifs. Le cash généré par les abonnements est utilisé pour acheter de nouveaux droits ou créer des programmes inédits, et ainsi générer de nouveaux abonnements. La nature des programmes générés par les 3 modèles est, on le voit, assez différente. Pourtant loin d’être exclusives, ces 3 formules, tout en conservant leur caractère d’origine, sont devenues au fil du temps, de plus en plus souvent mixtes. En effet, à l’exception notable du Royaume-Uni et de la BBC, la plupart des chaines publiques ont la possibilité d’accueillir des publicités commerciales sur leurs antennes. Par ailleurs, les chaines payantes complètent également leurs revenus grâce aux recettes publicitaires et depuis peu, certaines chaines gratuites ont demandé et obtenu une rémunération de la part des opérateurs de télévision.
Les autres formes de revenus pour les chaines et les producteurs Par rapport à toutes les autres formes d’échanges financiers entre annonceurs et chaines, la publicité présente 2 particularités qui expliquent l’intérêt que lui porte l’ensemble des acteurs : • elle est produite directement par les annonceurs et leurs agences qui en contrôlent ainsi totalement le contenu, • et elle est diffusée dans des espaces de durée limitée, isolés des programmes, laissant à la chaine toute sa liberté éditoriale. Ainsi les 2 mondes, celui de la publicité et celui des contenus contrôlent totalement leurs univers qui coexistent mais ne se confondent pas. Cette caractéristique essentielle de la publicité présente néanmoins une limite: pour donner plus de chair et de crédibilité à leurs marques, les annonceurs ont souvent intérêt à sortir du ghetto des écrans publicitaires et à bénéficier au maximum des valeurs liées au contenu des programmes.
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Avec le sponsoring les marques peuvent ainsi s’associer plus fortement à un programme déjà existant et bénéficier de la notoriété, de l’image ou des valeurs véhiculées par le programme. En se rapprochant du producteur du programme, les marques peuvent sélectionner très en amont les programmes correspondant le mieux à leurs objectifs. Autre moyen de communiquer en dehors des écrans publicitaires, le brand content ou contenu de marque existe depuis de nombreuses années en télévision sous différentes formes comme par exemple: • le publi-reportage de plusieurs minutes qu’on trouve sur les chaines d’information en continu, réalisé pour valoriser une entreprise et diffusé dans un contexte éditorial adéquat ; • le programme court de 1 ’à 2’ diffusé en prime time autour d’un thème cher à l’annonceur et correspondant à la ligne éditoriale de la chaine. Dans ces 2 cas l’annonceur est totalement impliqué dans le contenu réalisé par la chaine qui assure la diffusion du programme moyennant finances. Avec l’avènement du digital, le brand content représente aujourd’hui une nouvelle opportunité de développement pour les producteurs, les agences et les marques : une fois le contenu produit selon la stratégie et les besoins de la marque, Internet et le marketing social se substituent quasi-gratuitement au media de diffusion qu’est la télévision. Les contraintes éditoriales, liées au coût de l’espace disparaissent et la créativité peut s’exprimer pleinement. Bien sûr la marque perd la puissance du media télévision mais elle y gagne en qualité de ciblage et en richesse du contenu. De leur côté les chaines sollicitent
les marques pour participer au financement de leurs programmes au travers par exemple : • des dotations en cadeaux qui permettent de faire baisser le coût de production d’un programme en demandant à un annonceur d’offrir ses produits en échange de son exposition dans le programme; • le placement de produit qui permet de compléter les revenus d’une production en échange d’une visibilité contextualisée à l’intérieur d’un film ou d’une fiction. Rendu célèbre en télévision grâce aux soaps opéras, ces feuilletons quotidiens diffusés en journée et commandités par des fabricants de savon et autres produits d'hygiène comme Procter, Colgate ou Unilever, le bartering, la forme de financement qui fait le plus fantasmer, consiste à échanger le financement d’un programme contre des minutes de publicité. L’annonceur prend le risque financier et décide, en lieu et place de la chaine, du contenu du programme, de la somme qu’il est prêt à mettre pour produire le programme, de l’heure de diffusion, et des produits qui seront présents dans les écrans publicitaires. Un très petit nombre d’annonceurs sont capables de gérer et de financer de tels dispositifs car pour être vraiment efficaces il faut investir dans des programmes qui s’inscrivent dans la durée. L’avènement de nouvelles chaines privées nationales, la nécessité pour les chaines panafricaines de développer encore plus de contenu africain pour résister à la concurrence locale, la mesure plus systématique de l’audience, vont faire exploser la demande des annonceurs. Les moyens proposés pour mettre en avant leurs marques en télévision, seront à n’en pas douter, à la hauteur de leurs besoins.
DISCOP ABIDJAN 2018 NEXT GEN PROGRAM Lundi 28 mai, de 14h à 16h30
"LES MÉCANISMES DE FINANCEMENT PAR LA PUBLICITÉ" Une Master Class animée par Séverine Laurent, Directrice Générale, Afrikakom & Présidente de la Commission Francophone pour l'Observatoire de la Transformation Audiovisuelle
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"Mon Horizon Rêvé", un programme court en 10 épisodes parrainé par Emirates, invite le spectateur au voyage et à la découverte.
DISPOSITIF CRÉATIF POUR CAMPAGNE ORGINALE Au premier trimestre 2018, TV5MONDE Afrique et TV5MONDE Maghreb-Orient ont diffusés en prime time, 10 épisodes d’un programme court parrainé par Emirates et conçu par FranceTV Publicité et Havas Media International. “Mon Horizon Rêvé” présente le quotidien et les aspirations de 10 influenceurs (chorégraphe, créateur, blogueur, designer, cuisinier…) venant de toute l’Afrique et du Maghreb. Chacun d’entre eux présente une destination desservie par Emirates en lien avec leur univers. Ces reportages sur mesure invitent le spectateur au voyage et à la découverte via un échange inspirationnel. Ce programme a été conçu main dans la main avec Emirates et TV5MONDE. La régie FranceTV Publicité International revendique de pouvoir proposer des dispositifs brodcasts et numériques créatifs et sur mesure pour faire émerger les marques et optimiser l’impact de leurs campagnes de communication.
LES PLUS ET LES MOINS DU PLACEMENT DE PRODUIT, SELON LAURENT VANESON, DIRECTEUR DÉLÉGUÉ DE FRANCETV PUBLICITÉ
La boisson énergisante XXL (groupe Castel) placée dans le programme court humoristique "Parents Mode d’Emploi".
“Le placement de produit fait généralement l’objet d’un partage de revenus entre producteur et diffuseur. Il contribue directement au financement du programme. Le placement de produit consiste en l’intégration d’un produit dans un programme, souvent une fiction. Les annonceurs préfèrent le placement scénarisé, lorsque le produit est utilisé par un personnage de la fiction plutôt qu’un placement passif (produit en arrière-plan ou sur une affiche). Les annonceurs apprécient cette visibilité car elle diffère du traditionnel spot de 30 secondes dans un écran publicitaire. Il permet également de s’associer à l’image du programme et des acteurs. Un autre avantage est lié aux rediffusions : généralement seule la 1ère diffusion et une rediffusion sont valorisées. Le principal inconvénient est lié à la durée de vie du programme : le placement d’un téléphone flambant neuf dans une série en 2018 peut donner une image ringarde de la marque lorsque le programme est rediffusé 10 ans plus tard. Enfin, les annonceurs prennent un risque lorsqu’ils associent leurs marques à un programme en développement. Certains préfèrent attendre la 2ème saison avant de s’engager. Ce type de précaution est moins indispensable lorsque le programme est destiné à un diffuseur renommé, exigeant sur la qualité de ses programmes.”
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PERSONNAGES À LA CONQUÊTE DU MONDE
Ils s’appellent Kassa, Boyou, Pokou, ou Keita et sont les héros de films ou séries télé d’animation, secteur dans lequel la Côte d'Ivoire sait qu’elle a des cartes à jouer. Dans les dernières années, on a vu émerger des producteurs, des réalisateurs et des créatifs enthousiastes et pugnaces, qui se battent pour se faire une place et imposer leur style, leur ton et leur imaginaire. Les personnages qu’ils ont créés font aujourd’hui le bonheur des jeunes, d'Abidjan à Paris, en passant par Yaoundé et Dakar - et au-delà. Signe de la vitalité du secteur de l'animation, le lancement en Afrique francophone de deux festivals consacrés à l’animation. En 2017, le Cameroun a lancé à Yaoundé le Festival Africain du Film d’Animation (CANIMAF, prochaines éditions: 18, 19, 20 octobre à Yaoundé, et 27 & 28 octobre 2018 à Douala) et la première édition du Festival du Film d’Animation d’Abidjan (FFAA) verra le jour au Palais de la Culture d’Abidjan les 6, 7, 8 juillet prochain. Le Cameroun et la Côte d’Ivoire veulent prendre la place de pionner dans le secteur de l’animation en Afrique francophone et faire de leurs festivals des rendez-vous culturels importants. Dans un secteur marqué par la mondialisation et la surabondance des contenus jeunesse, les programmes créés en Afrique, non seulement fédèrent un large public et font découvrir à la jeunesse locale sa propre culture, mais exportent les valeurs de l’Afrique au-delà du continent. Le secteur de l’animation a en outre un rôle à jouer dans la création d’emploi.
SIMON ADAE AROBASE STUDIO SON PARCOURS: Simon est dans l’animation depuis une dizaine d’années. Il a été formé à l’école des Beaux Arts d’Abidjan. Il est à l’origine de la série “Kassa le Messager”, distribuée à l'international par France TV Distribution. "Kassa n’était pas un projet panafricain à l’origine, explique Simon, mais exclusivement dédié aux richesses culturelles de la Côte d’Ivoire. Et puis les choses ont évolué. Dans la saison 1, Kassa sillone toute l'Afrique, ce qui permet de valoriser les cultures de chaque pays. Je suis convaincu que l'on doit informer la nouvelle génération sur les valeurs culturelles locales et les traditions de l'Afrique." 22 personnes travaillent à plein temps à Arobase Studio où tout est fait en interne, y compris les voix. SUR QUOI IL TRAVAILLE EN CE MOMENT • La saison 2 de “Kassa le Messager” qui sera prête pour 2019. • Un long métrage 3D.
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ABEL KOUAME Afrika Toon SON PARCOURS: Diplômé de l’École des Beaux-Arts d’Abidjan, Abel Kouamé aka Kan Soufflé, est l’un des piliers du journal de BD et d’humour, Gbich! Il est l’auteur de deux albums de BD, “Gbassman” et “Les Sorcières”. Abel est aussi l’un des fondateurs et le directeur associé du studio d’animation Afrika Toon et le président de l’AIFA (Association ivoirienne du film d’animation). Il est auteur des deux premiers longs métrages d’animation ivoiriens “Pokou Princesse Ashanti” et “Soundiata Kéïta, le Réveil du Lion”. Abel a été président et/ou membre de jury de festivals et de marchés professionnels comme les Trophées Francophones du Cinéma ou le Festival d’Animation de Meknes au Maroc. Il est un “habitué” des compétitions de Pitching de Discop. Il vient de sortir son 4ème long métrage, “Dia Houphouet”. SUR QUOI IL TRAVAILLE EN CE MOMENT •
Plusieurs séries télés:“Roi Keita” et la saison 2 de la “Petite Pokou” (26 x 13’). "Les personnages ont gagné en profondeur, explique Abel, ce qui étoffe l’histoire et rend l’action encore plus intense.”
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La préproduction du 5ème long métrage d’Afrika Toon,“Ekoua”, qu’Abel écrit et va réaliser, et dont il nous livre en avant-première quelques éléments:“Le film se déroule dans un univers afro futuriste, et en ce sens se démarque de nos précédentes productions, qui ont soit relaté la vie d’un personnage historique à une époque passée, soit raconté les aventures d’un personnage fictif à une époque contemporaine. Nous nous lançons dans la science fiction!
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Le lancement de la première édition du festival d’Animation d’Abidjan au Palais de la Culture, les 6, 7, 8 juillet 2018.
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HONORE ESSOH Studio 6 SON PARCOURS: Il a une quinzaine d’années d’expérience en radio, cinéma, télé et web journalisme. Il a étudié la réalisation dans une école de télévision de Côte d’Ivoire et dans des ateliers de formation en Tunisie, au Sénégal, en France et en Egypte. Il y a quelques années, Honoré commence l'ébauche d'un scénario dont l'histoire se déroule dans une radio africaine. L'histoire est inspirée de la dizaine d'années pendant laquelle lui-même a fait à peu près tous les métiers possibles ou imaginables à la radio. Son scénario “Top Radio” gagne le concours de Jeunes Talents organisé par la RTI en 2015. Un an après le pilote sera tourné, puis présenté au Fespaco, puis diffusé sur la RTI et TV5Monde Honoré a écrit les scénarios des deux premiers long-métrages d’animation de Côte d’Ivoire, “Pokou Princesse Ashanti” et “Soundiata Kéïta, Le Réveil du Lion”, produits par Afrika Toon. En 2016, son projet de série d’animation éducative, “Nubu et Yara” a remporté une compétition et a obtenu un financement aux Etats-Unis (YALI-USADF), qui a permis la formation de 15 jeunes gens, la production de la série, puis un pré-achat de TV5 MONDE grâce à un meeting au DISCOP Abidjan. La série a été diffusée en décembre sur TV5MONDE. “Nubu et Yara” est en cours de doublage en Anglais pour pouvoir être distribuée sur les territoires anglophones. Honoré a également produit “Boyou”, une série d’animation (26 x 7’) qui vient d’être pré-achetée par TV5Monde. CE SUR QUOI IL TRAVAILLE EN CE MOMENT • La finalisation de la bible de “Music King” (26 x 26) et la recherche d’un producteur. L’histoire de cette série est centrée sur deux jeunes mariés, rentrés d’Europe après leurs études, qui lancent une startup musicale à Abidjan. Le succès inespéré finit par leur sourire avec son lot de joies mais aussi de conflits, de trahisons et de choix difficiles. • Trouver des diffuseurs pour les séries d’animation "Nubu et Yara" et "Kito et Kati”, deux projets qui parlent de l'Afrique d'aujourd'hui avec un point de vue africain et beaucoup d'humour.
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à LIRE, à VOIR, à SAVOIR PREMIER WESTERN AFRICAIN "Five Fingers for Marseilles" (littéralement Cinq Doigts pour Marseilles), est le premier western africain jamais réalisé. Sorti en salles en Afrique du Sud en avril dernier, le film a recueilli des critiques enthousiastes et est passé en tête du box office dès le premier weekend - après avoir reçu des prix dans tous les festivals où il a été sélectionné. Le journal The Sunday Times l’a qualifié de “Avengers sud-africain”. Le film constitue un nouveau modèle de production: il est réalisé par un sud-africain (Michael Matthews), tourné en Xosa, la langue locale, financé par des fonds sud-africains (National Film & Video Foundation et le Department of Trade and Industry) et co-produit par des Américains, pour une audience mondiale (le film va sortir aux USA, en France, au Japon, etc.). Le producteur américain Yaron Schwartzman de Game 7 Films (oscarisé pour le film "Precious"), a déclaré: “Le film témoigne de la puissance, de la fraîcheur et de l’inventivité de ces nouveaux récits qui nous arrivent de tous les coins du monde. L’heure est venue pour ces récits d’être racontés.” Dans une Afrique du Sud post-apartheid, le film raconte l'histoire d'un groupe de jeunes hommes qui s'opposent à l'oppression policière brutale dans Marseilles, une ville rude et désolée de la région des badlands de l’Eastern Cap. www.facebook.com/fivefingersformarseilles/videos
NOUVELLE SUPERPRODUCTION AMÉRICAINE OÙ LES AFRICAINS SONT LES HÉROS Tomi Adeyemi, jeune auteure nigériane, vient de publier son premier livre, “Children of Blood and Bone” (littéralement, Enfant de Sang et d’Os), le meilleur roman fantastique de l’année et le plus noir, selon les critiques. Depuis sa sortie il y a un mois, le livre est en tête de liste des meilleures ventes aux USA. Dans la foulée, Fox Studios aux USA a négocié les droits d’adaptation (on parle de plus d’un million de dollars), pour une superproduction à la ‘Black Panther’, où le récit est raconté par une Africaine, avec des Africains comme personnages centraux. Le roman est le premier tome d’une trilogie, dont les tomes 2 et 3 sortiront en 2019 et 2020. Il faudra attendre 2019 pour lire le premier tome en version française.
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DEUX NOUVELLES CHAINES CONSACRÉES À NOLLYWOOD, À LA MUSIQUE AFRICAINE ET AUX FILMS DU GHANA Multichoice Africa (Afrique du Sud) et ROK Studios (basé au Nigéria) lancent ROK2 et ROK3 sur les bouquets DStv et GOtv. L’objectif pour ROK est d’étendre la présence de sa marque en Afrique, en investissant dans la production de contenu, l’écriture de scénarios, et la découverte de nouveaux talents. ROK 2 va programmera le meilleur des films et séries de Nollywood et ROK 3 diffusera le meilleur des films et des séries venant du Ghana, en Anglais et en Twi, ainsi que le meilleur de la musique venant d’Afrique de l’Ouest. Un représentant de Multichoice a confirmé que les spectateurs veulent de plus en plus voir du contenu qui leur “parle” à travers des histoires et des talents locaux.
LES GUERRIÈRES DU DAHOMEY Sony Pictures Television (USA) vient de signer 3 projets à developper avec une société nigériane, EbonyLife (propriétaire du groupe Black TVA au Nigéria). L’un des projets est une série télé inspirée par les Guerrières du Dahomey. Mo Abudu, Présidente d’EbonyLife a déclaré: “Depuis notre lancement en 2013, notre vision a toujours été la même: vouloir changer la manière de raconter l’Afrique et raconter nos histoires avec notre propre perspective”.
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Vuyo Dabula dans "Five Fingers for Marseilles" de Michael Matthews
La couverture de "Chlidren of Blood and Bone" de la Nigériane Tomi Adeyemi, roman qui va faire l'objet d'une superproduction aux USA.
Mo Abudu, Présidente d’EbonyLife
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CÔTE OUEST ET THE AFRICA CHANNEL FORMENT UNE ALLIANCE STRATÉGIQUE The Africa Channel, le premier diffuseur et le premier producteur de contenus audiovisuels africains d’Amérique du Nord et Côte Ouest, le premier distributeur de contenus audiovisuels en provenance et à destination du continent Africain, viennent d’annoncer la signature d’un partenariat stratégique qui porte sur la distribution de contenus audiovisuels, la coproduction, et la cession de licence de diffusion. Côte Ouest devient le principal fournisseur de contenus de la chaîne linéaire The Africa Channel. Le catalogue comprend un large éventail de séries premiums produites en Afrique, telle que "Shampaign", une série télévisée unique en son genre qui traite des manigances et des scandales entourant la campagne électorale de celle qui pourrait bien être la première femme présidente du Ghana. Cet accord de distribution concerne également la plateforme de Vidéo à la Demande de The Africa Channel, Demand Africa, qui enrichira sa programmation grâce aux contenus haut de gamme fournis par Côte Ouest. Cette alliance fait de Côte Ouest le distributeur exclusif du catalogue de The Africa Channel, et cela sur l’ensemble des territoires francophones du monde. Enfin, les deux géants de l’industrie audiovisuelle africaine s’engagent à travailler étroitement dans le développement et la coproduction de nouveaux contenus. Selon Narendra Reddy, Vice-Président Exécutif et Directeur Général de The Africa Channel: « Cette alliance stratégique réunit deux des principaux fournisseurs mondiaux de contenus africains, au profit des audiences aux États-Unis et dans le monde entier. Nous avons hâte de démarrer nos projets de coproduction avec Côte Ouest, de diffuser à nos téléspectateurs le meilleur des contenus africains, et d’exposer au monde francophone nos productions ». Pour sa part, Bernard Azria, Président Directeur Général de Côte Ouest, a affirmé: « Africa Channel et Côte Ouest partagent une vision commune du continent africain et de la production d’origine africaine. Pour nous, il est crucial de montrer au monde et aux communautés au-delà du continent africain, la beauté du mode de vie africain. Nous sommes convaincus que les résultats en termes de production et d'exposition bénéficieront à l'ensemble de l'industrie audiovisuelle africaine ».
THE LAST O.G. The Last O.G., retrace l’histoire de Tray (Tracy Morgan), un ancien détenu choqué de voir à quel point le monde a changé lorsqu’il est libéré de prison pour bonne conduite après 15 ans de réclusion. De retour dans son quartier de Brooklyn, métamorphosé par la gentrification, il apprend que son ex-petite amie, Shay (interprétée par la nouvelle actrice montante Tiffany Haddish), a épousé un homme blanc, bien sous tous rapports, à la brillante carrière (Ryan Gaul) qui l’aide à élever les jumeaux dont Tray ignorait l’existence. Désireux de se rapprocher de ses enfants, mais sans le sou pour subvenir à leurs besoins, ni même aux siens, Tray doit mettre à profit tout ce qu’il a appris derrière les barreaux pour joindre les deux bouts et apprendre à survivre dans un univers qu’il ne reconnaît pas. La diffusion de la première saison de cette comédie produite par Turner a atteint une audience cumulée multiplate-forme de 25 millions de personnes aux USA. La deuxième saison est en préparation. Produit et distribué par TURNER
SUCCÈS DU PREMIER SPECTACLE D’HUMOUR 100% AFRICAIN À PARIS ! Organisé par Gondwana-City Productions et Dark Smile Productions, un grand gala a réuni plus de 1.000 personnes à Paris le 20 avril dernier, inaugurant un programme de spectacles à venir en Europe et aux Etats Unis. La soirée a rassemblé des stars de la blague made in Côte d’Ivoire, Cameroun ou encore Gabon. Michel Gohou, Digbeu ou Charlotte Ntamack : des quasi-inconnus en France, mais adulés par des millions de spectateurs francophones chez eux via Canal+ Afrique. Les spectateurs étaient conquis: du jamais-vu à Paris. Selon Mamane, humoriste nigérien à l’origine du projet : « Aujourd’hui, dans l’art contemporain, la musique, la mode, l’Afrique est partout. L’humour, c’est la suite logique, partout où la diaspora est présente, les gens sont en demande. On parle tous français, et, une fois la barrière culturelle franchie, le public se rend compte qu’on rit tous des mêmes choses. C’est ce qu’il y a d’extraordinaire avec l’humour, c’est universel. »
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Les humoristes d'Afrique francophone sur scène à Paris. Photo Gondwana-City Productions
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UN DRAME AUTHENTIQUE SUR LA VIE DU CHRIST Contrairement à tous les autres films sur Jésus qui ont été écrits, interprétés ou produits, “Le Sauveur” a été produit et dirigé à l’Est et il est interprété par des grands acteurs palestiniens d'origine arabe. Il a été filmé en qualité cinéma (16: 9) avec un surround sound et présente de très hautes valeurs de production pour la télévision. Il a été doublé en 32 langues et a été vu par des centaines de millions de gens - du Liban au Maroc, de l'Allemagne à la Jordanie, de la Turquie à l'Indonésie et de la Namibie au Nigeria, jusqu'en Russie et en Amérique centrale et du Sud. Savos Productions qui distribue "Le Sauveur" à DISCOP Abidjan, propose de nombreuses langues pour les publics africains, ouest-africains et nord-africains: Français, Haussa, Swahili, Arabe, Amharique, Anglais, Portugais et d’autres encore.
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"The Remix" est un format musical de téléréalité en direct proposé par Global Agency
"Broken Pieces", l'un des grands feuilletons turcs à succès
POUR MIROSLAV RADOJEVIC DE GLOBAL AGENCY (TURQUIE), L'AFRIQUE FRANCOPHONE EST UN MARCHÉ D'AVENIR. Quand Global Agency se lance dans la distribution de contenu en 2006, il a un seul projet en catalogue et une équipe de deux personnes. Avec aujourd’hui un catalogue de plus de 150 contenus et une équipe de 28 personnes (installées en Turquie, en France, au Royaume-Uni et en Espagne), Global Agency est le premier distributeur indépendant au monde de séries et de formats pour les marchés internationaux. Sa connaissance de l'industrie mondiale du divertissement lui permet de trouver et de vendre des contenus qui sont à la pointe du marché et qui peuvent être adaptés dans le monde entier - Afrique francophone comprise. Miroslav Radojevic est le Directeur des ventes pour le Moyen-Orient et l’Afrique chez Global Agency. Il est présent à DISCOP Abidjan pour la deuxième année consécutive, car il est convaincu que l'Afrique est un marché très important. “Après l'Amérique latine, l'Afrique sera le prochain grand marché non seulement pour Global Agency, mais aussi pour toutes les séries turques - et tous les distributeurs turcs en général - dit-il. C’est aussi une région où la concurrence est grande. Vous avez les contenus américains pour les pays anglophones qui dominent, et les contenus français pour les pays francophones qui dominent. Mais c’est le défi que nous voulons relever avec notre catalogue. Le niveau de production de nos séries est si haut, et les histoires si fortes, que les diffuseurs africains vont être sensibles à ce que nous pouvons leur apporter.”
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L’UN DES CENTRES NÉVRALGIQUES DU CINÉMA AFRICAIN EST À BERLIN Compte rendu du Africa Hub qui a eu lieu lors l'édition 2018 du Festival Européen du Film de Berlin (EFM). Plus que n’importe où ailleurs en Europe, se sont les institutions culturelles allemandes qui aident et soutiennent le plus, et depuis longtemps, le développement de l’industrie du film en Afrique. Le World Cinema Fund Africa (WCFA) est le bras armé de ces institutions. L’objectif de ce fond est d’apporter un soutien aux réalisateurs pour que le cinéma africain puisse rester indépendant et autonome. L’an dernier, c'est après avoir été programmés au Festival Européen du Film de Berlin), que les films “Félicité” d’Alain Gomis et “The Wound” (La Blessure) du réalisateur sud-africain John Trengove, ont été nominés aux Oscars dans la catégorie films étrangers. Cette année, c’est une coproduction Soudano-Egypto-Qatarie (You Will Die at Twenty - Tu mourras à 20 ans, du soudanais Amjad Abu Alala) qui a bénéficié du soutien de WCF Africa. L’EFM 2018 a poursuivi pour la deuxième année consécutive l’initiative AFRICA HUB - en coopération avec le World Cinema Fund, avec Berlinale Talents, Berlinale Coproduction Market, et le German Federal Foreign Office. L’objectif de cet événement est notamment de consolider les liens entre les industries sud-africaine et allemande qui on des accords de coproduction.
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Cette année, le Hub s’est agrandi. Il a accueilli une douzaine de producteurs indépendants accompagnés par les institutions impliquées dans le développement du secteur du film en Afrique (FilmMart de Durban, Film Commission de Namibie, Film Center du Burundi, Kwety Film Institute du Rwanda, Afridocs, Docubox, Tosala Project du Congo, Cultural Video Production du Kenya, Sisters Working in Film and Television d’Afrique du Sud, Hot Docs-Blue Ice Group du Canada, Rushlake Media de Cologne, Trace en France et le distributeur panafricain Diffa). Des présentations et des discussions ont permis d’explorer
le financement de l’industrie en Afrique. La réalité virtuelle africaine a été mise en valeur pour démontrer combien les Africains sont créatifs dans ce domaine. Pour le directeur de l’EFM, Matthijs Wouter Knol, “Il ne s’agit pas pour l’Afrique de faire du copier-coller de ce qui se fait ailleurs dans le monde. Le potentiel de spectateurs en Afrique est là, mais il faut les toucher par de nouvelles approches. L’objectif principal c’est d’aider au financement, aux ventes et à la distribution du contenu Made in Africa. A terme, le cinéma africain fera partie intégrante de l’EFM. Le Africa Hub ne sera alors plus nécessaire.”
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