Disparates La gueule de bois
NumĂŠro 04 / Mars-Avril 2015
03
Édito
04
Poésie - Guayabo céleste
06
Poésie - Au poil de la bête
08
Poésie - Somos sanas
10
Poésie - Pieds nus
12
Micronouvelle - Et quand il se réveilla...
14
Prose - Guayabo mor(†)al
16
Prose - Toc, toc !
19
Prose - Nuits de capitale
23
Prose - El final (II)
30
Prose - L’épicentre du mal (VI)
36
Prose - Contre Toulouse
44
Collaborateurs
Édition, maquette et rédaction : Camilo Rodríguez Traduction : Mathilde Vildamné, Anaïs Laguens & Camilo Rodríguez Illustration de couverture : Thomas Deudé
2|
Édito
La gueule de bois ne se réduit pas qu’aux symptômes qui
viennent avec. Plus qu’un simple mal de tête, la gueule de bois comporte toute une mise en scène de la décadence moderne : le son du réveil martelant le crâne ; la chasse d’eau revêtue par plusieurs chapes de vomis (sauf à l’intérieur bien entendu) ; un théâtre d’assiettes cassées et de bouteilles vides, et puis une odeur particulière à fumée qui ne part pas (même si, naturellement, toutes les fenêtres de la maison sont ouvertes). La gueule de bois (qu’en Colombie est appelée guyavier, au Méxique la crude et chuchaki en Equateur) est, avant tout, un état d’esprit. Le plus ironique de cette affaire c’est que derrière toute la saleté et la répulsion, derrière tout ce chaos se cache une énorme action hygiénique de santé mentale. Ce n’est pas pour rien que la gueule de bois nous montre une enfilade de restes et déchets, signes d’une libération intérieure, d’un exorcisme social. Soit une peine de cœur, une dispute personnelle au boulot ou avec des copains, ou tout simplement un débordement de stress cumulé dans la semaine. La gueule de bois ne nous fait pas oublier, certes, mais la culpabilité qui vient avec nous pousse à chercher un nouveau commencement. Et on connaît tous le goût rafraîchissant d’une seconde opportunité, l’odeur d’un nouvel habit. Cependant, pour recommencer il faut avoir fini avant, ou en d’autres mots, pour pouvoir se lever il faut d’abord être tombé. Pour cette raison, l’ivresse est la chute vertigineuse qui débouche sur le marais de la gueule de bois. Le propos de ce numéro est de montrer comment, justement, ce marasme existentiel peut-être fécond pour de belles récoltes. C’est pour cela qu’on est contents du travail réalisé (tellement contents que la langue nous pique juste en l’appelant « travail »). Pour un fanzine littéraire qui n’a ni de la publicité ni des subventions officielles, ce n’est pas rien de faire sa cinquième livraison. En plus à chaque fois il y a plus de personnes, plus d’amis et de passants curieux qui écrivent, d’autres qui illustrent et d’autres qui se plaisent en lisant Disparates. La bière est la preuve que Dieu nous aime et veut nous voir heureux. |3
Poésie
GUAYABO CéLESTE Gueule de loup, vas-y gueule ! Arrache ta tête sur le parapet, c’est râpé tout est rappé, les carottes sont rappées et ta tête est ton témoin. cassée de bois la gueule en vrac, j’ai trop de pot-pourri, d’odeurs mal dormis, mangé du bois, je sors de la forêt les yeux embués, je sors je suis sortie, au loup, je peux crier je suis sortie ! je ne marche pas je marche des pas de boite, je boite je suis restée pliée si longtemps ! et ma tête lourde tombe je la tiens sur mon flanc, la tête gonflée, portée comme un ballon sur le côté. Pourvu que l’enfant ne shoote pas, pourvu que l’enfant tienne soin de la gueule pourvu qu’il ne souhaite pas jouer au bowling, au football, au basketball et que de ses mains il tape de sa basket dans cette gueule de stère, vol planté dans les airs, envolé, jeté filé en étoile disséminée, rai de lumière, gueule parsemée, partout tête éclatée en lucioles scintille du grand air de l’univers, c’est ici que ça se voûte et se céleste. Criblé de nuit, de nidouillet et de cri, c’est ici que ça gît dans le sang, dans le noir, dans le bleu, voir ce qu’ils ont fait de ma gueule de feu, l’air en grand soin rappe, rabote des copeaux de Pinocchio, c’est une porte qui naît, un plein ciel d’humanité sur le fil du rabot, chante petit enfant chante et que de tes deux mains de ta basket et de ta tête naisse le plus beau lancer de feu de tout bois le plus beau lancer jamais parsemé de gueule d’humanité. Vas-y shoote !!!! céleste toi enflamme, brûle toutes tes peaux de copeaux de trop, arrache toi, tire ta gueule à ton visage, ton image à ton bois brut et BUUUUUUUTT !!! écrit par Jill Devaux 4|
L’autre soir j’ai lu un truc sur les méfaits de la boisson. Du coup, j’ai arrêté de lire.
Poesía
GUAYABO CELESTE Vamos, aúlla, jeta de lobo ! Arranca tu cabeza sobre el parapeto ! Raspado, todo esta rallado, las zanahorias están ralladas y tu cabeza lo siente. Rota de madera , la jeta en desorden, Yo cargo un revoltijo1 , olores mal dormidos, trago madera, salgo del bosque con los ojos empañados, salgo, salí, ¡puedo gritar, por fin salí ! no camino, camino pasos de cojo, de caja, estoy doblado desde hace tanto tiempo! y mi pesada cabeza cae, la sostengo sobre mi costado, la cabeza inflada, como quien carga un balón al lado. Ojalá que el niño no chute el balón, Ojalá que el niño cuide la cabeza Ojalá que no tenga ganas de jugar a los bolos, al fútbol o al baloncesto con ella y que con sus manos o su tennis golpée en esta jeta de maderos, vuelo clavado en los aires, volada, lanzada, hilada en estrella diseminada2 rayo de luz, jeta sembrada, por todas partes cabeza explotada en luciérnagas del gran aire universal, aquí y ahora todo se vuelve bóveda celeste. Perforado por la noche, por el nido holgado y el grito, Ahora es que yaces en la sangre, en lo negro, en lo azul, veo lo que hicieron de mi rostro en fuego, el aire bien cuidado rapea, cepilla el aserrín de Pinocho, es una puerta que nace, un cielo lleno de humanidad sobre el hilo fino del cepillo. Vamos, dispara !!! Celestea ! Inflámate, quema todas tus pieles de cepillo, arráncate, Quítale esa jeta a tu rostro, a tu imagen, a tu madera en bruto de sol y ¡¡¡GOOOOOL!!! illustré par Cristhian Pineda 1. Pot-pourri en francés entraña un juego de palabras. Pot significa “copa de licor” ; pourri significa “podrido”, pero pot-pourri viene a ser más bien un “revuelto de cosas diferentes (una mezcla de olores diferentes)”. 2. Hay un juego de palabras entre filé (hilado, fugado, volado) y étoile disseminée. De hecho, étoile filante significa estrella fugaz.
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Poésie
Au poil de la bête
Face à face
Dos à dos Face à son dos Ombre chinoise elle cisaille son portrait En dentelle sa chevelure costume un monstre soyeux
tant répété qu’elle sait en jouer C’est réconfortant C’est plaisant La douceur du songe qui s’allonge
La lumière s’allume Le masque éclate elle recommence à rire
écrit et illustré par Agnès Duroyaume 6| Advertisement: la consommation 6|
d’alcoool est la première cause de grosesse dans
Poesía
La resaca de la vida (Al Pelo de la bestia) Frente a frente Espalda a espalda De frente a su espalda Sombra china ella corta su retrato como el encaje su cabello viste un monstruo sedoso
tan repetido que ya conoce su papel Es reconfortante Es plácido El dulzor del sueño que se recuesta
La luz se enciende La máscara estalla vuelve a reír
le monde.
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Poésie
nous sommes saines Nous sommes saines, sanes nous sommes La tête en terre et les pieds dans les étoiles, nous possédons des libellules de celles qui mangent les peines. Nous possédons des bulles magiques qui entourent de protection, les bonnes ondes te pénètrent et les mauvaises s’en vont. Nous vivons de sourires et de fous rires, le feu nous alimente de la force nécessaire. Ainsi nous plantons des graines, nous révélons les talents, nous faisons taire les pleurs, nous insufflons la confiance pour que les gens réussissent. Connectées à la terre mère, le vent nous pousse et parfois nous freine mais cela ne fait rien : nous nous battons contre l’adversité, nous sautons les obstacles. Dans l’âme règne la simplicité parce le flot de l’eau nous guide. Cicliiiiique, porteuses de vie, cicliiiiiique, parce que rien ne perdure, tout renaît. écrit par Aurélie Dacharri 8|
Le sourire est une arme de construction massive.
Poesía
SOMOS SANAS Somos sanas, sanas somos la cabeza en la tierra y los pies en las estrellas tenemos libélulas de las que comen las penas tenemos burbujas mágicas que de protección te rodean ya conoces la vibración la buena onda te penetra y la mala se te aleja vivimos de sonrisas y de puras carcajadas el fuego nos alimenta de la fuerza necesaria así plantamos semillas revelamos talentos callamos los llantos insuflamos confianza luego la gente acierta conectados con la pacha el viento nos empuja y a veces nos frena pero no pasa nada peleamos la adversidad pasamos obstáculos en el alma reina la simplicidad porque el fluir del agua nos guía cíclicaaa portadoras de vidaaa cíclicaaaa porque nada perdura porque todo se renueva. ilustrado por Liuna Virardi La sonrisa es un arma de construcción masiva. |9
Poésie
PIEDS NUS Pieds nus, Teints, gluants, visqueux, Noircis, avec les traces d’une humidité déjà disparue. Pieds nus avec une mémoire, au découverts car ils brulent, en silence, car des choix il n’y en a pas d’autres. Accablés, harassés, maquillés sans faire exprès. Exténués et un peu engourdis, avec des caresses ils se touchent solidaires. J’ouvre les yeux. Première constatation : mes pieds tous nus. Ils sont finis les verres Elle est fini la danse, Il n’y a plus d’air, On a perdu les fringues. Il ne reste que des pies nus, sur la froideur du marbre.
écrit et illustré par Maria Angélica Usta
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D’abord tu prends un coup, après le coup prend un autre coup, puis le coup te prend.
Poesía
PIES DESCALZOS Pies desnudos, Teñidos, empalagosos, viscosos. con fuertes trazos de una humedad ahora extinta. Pies desnudos con memoria, descubiertos porque hierven, y en silencio porque no hay de otra. Consumidos, derrochados, dibujados, accidentalmente maquillados. Exhaustos y algo encalambrados, con un roce se acarician solidarios. Abro los ojos. primera constatación: mis pies descalzos. Y no hay más baile, Y no hay más copas. No queda aire, Y tampoco ropa, Solo pies desnudos, sobre frías baldosas.
Primero tomas un trago, luego el trago toma otro trago, luego el trago te toma a ti. |11
Micro-récit
Récits retenus dans le défi d’écriture Histoires de gueule de bois.
Et quand il se réveilla, la première chose qu’il vit
fut son meilleur ami qui dormait tranquillement face à lui. Sûrement il ignorait qu’il lui manquait un sourcil et que ses copains avaient utilisé de la colle industrielle pour lui coller la joue au sol. On aurait dit un bébé, un petit ange dormant.
ET QUAND IL SE RéVEILLA... 12|
Roberto Galván
Et quand il se réveilla, le froid faisait acte de présence.
Il ouvrit les yeux. Il se retrouva tout nu, attaché de pieds et mains, le sexe tartiné de confiture. Il se vit lui même, puis sortit un cri aigu qui ne contenait que la lettre « E » lorsqu’il vit un chien complètement noir et de race innombrable qui rôdait autour du pénis en le reniflant, en l’investiguant, comme si se demandait par la nature de cette saucisse qu’il commençait à lécher. Soudainement, le souvenir de la nuit d’avant surgit des profondeurs de la mémoire. ¡Ouf ! Du Jagger, la sauce, le vodka, et puis ce maudit pari : Si je ne baise pas ce soir, qu’un chien me la suce ! Iván Blanco
Et quand il se réveilla, un rai de lumière blanche tellement
profonde entra dans ses yeux qu’il a dû se servir du tact pour reconnaître l’endroit. Les doigts retrouvèrent un liquide froid et gluant d’un côté et, de l’autre, une clé. Sa pulsation vitale s’accéléra et, à ce moment là, se vit soi même galopant en libre cours par Le Radeau avec son frère, à poil, comme ils apprirent depuis tous petits. Et voici Edu estompé lui proposant un verre du whisky le plus pur parce qu’on dit que c’est comme ça que l’on récupère la vue après d’avaler un mauvais coup. María Posada
L’inceste est le fruit déféndu de l’arbre généalogique.
Microrrelato
Relatos escogidos del desafío de escritura Historias de resaca.
Y
cuando se despertó, lo primero que vio fue a su mejor amigo durmiendo tranquilamente frente a él. Seguramente ignoraba que le hacía falta una ceja y que habían usado pegante industrial para pegarle la mejilla al suelo. Parecía un bebe tonto, un angelito. Roberto Galván
Y CUANDO SE DESPERTó...
Y
cuando se despertó, el frío hacía acto de presencia. Abrió los ojos. Se encontró desnudo. Atado de pies y manos. Con el pene untado en mermelada. Se miró como pudo y soltó un grito que solo contuvo la letra “E” cuando vio a un perro negro de raza innombrable merodeando alrededor del pene, olisqueándolo, investigándolo, como preguntándose por la naturaleza de aquella longaniza que comenzaba a lamer. De repente, el recuerdo de la noche anterior surgió de las profundidades de la memoria. ¡Uh! Jagger. La salsa. El Vodka. Y aquella maldita apuesta: ¡Si hoy no follo, que me la chupe un perro! Iván Blanco
Y cuando se despertó, una luz blanca tan profunda le entraba
a los ojos que tuvo que usar el tacto para reconocer el lugar. Los dedos se encontraron con un líquido frío, pegajoso y del otro lado, con una llave. El pulso vital se le aceleró y ahí se vio a sí mismo galopando a rienda suelta por La Balsa con su hermano, a pelo, como les enseñaron desde niños. Y ahí está Edu desdibujado, ofreciéndole un vaso de whisky, del más puro, porque dicen que así se recupera la visión después de los malos tragos. María Posada
El incesto es el fruto prohibido del árbol genealógico. |13
Prose
GUEULE DE BOIS MOR(†)ELLE1 « Jouons à être dieux, tétons de la vie pour nourrir nos
corps morts ! », disait l’ivre ce soir de tours, danses et tournées de bière et d’eau de vie, sans considérer que rentrer à la maison serait revenir au chaos primordial de son lit défait. Il était presque neuf heures d’un matin pâle et malsain, et le soleil du dimanche s’abattait sur cette masse humaine qui se cachait de la lumière comme celui qui fuit les reproches d’un dieu implacable. Cette nuit lui avait été révélé le ciel ouvert et ses délices, mais bientôt serait le brouillard et la chute ; et cette lumière que le jour d’avant l’avait paraît parue la splendeur même de la gloire, maintenant mâchait dans sa conscience. Là, sous la couverture, lui arrivait ce qu’arrive à celui qui transgresse les lois du bonheur de la liqueur : il refusait ouvrir les yeux face à la réalité, il refusait vivre. Ce qui lui était propre c’est la gueule de bois mor(†)elle. Néanmoins, fidèle aux sacres libations du peuple, on retrouverait notre personnage le samedi d’après dans la même taverne de quartier. d
écrit par Domingo
1. En espagnol, il y a un jeu de typographique sur le titre: Mor(†)al fait appel à “mortel” mais aussi à “moral”.
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Á la mort il faut lui faire face avec courage, puis l’inviter boire un coup.
Prosa
GUAYABO MOR(†)AL
¡Juguemos a los dioses, mamemos de la vida para alimentar nuestros cuerpos muertos! », decía ebrio aquella noche de vueltas, bailes, rondas de cerveza y guaro, sin considerar que volver a casa sería volver al caos primordial de su cama deshecha. Ya eran las nueve de una mañana pálida y enferma, y el sol dominguero se abatía sobre ése bulto de hombre que se escondía de la luz como quien huye de las recriminaciones de un dios implacable. Esa noche se le había revelado el cielo con sus delicias, pero pronto sería la niebla y la caída; y aquella luz que el día pasado le hubiera parecido el esplendor mismo de la gloria, ahora le masticaba la conciencia. Allí, bajo sus cobijas, le ocurría lo que a todo aquél quetrasgrede las leyes de la felicidad del licor: se rehusaba a abrir los ojos a la realidad, se rehusaba a vivir. Lo suyo era un guayabo mor(†)al. «
Sin embargo, fiel a las sacras libaciones del pueblo, a nuestro personaje lo encontraríamos el siguiente sábado en la misma tienda de barrio. d
ilustrado por Laura Ortiz
A la muerte hay que hacerle frente con valor y luego invitarla a beber una copa. |15
Prose
TOC, TOC !
Taillé d’un bloc.
Au détour d’un lever au zénith, le masque ne tombe pas. Pas cette fois. Cette fois… il est, fixé. Comme serti à ma peau. « Une dernière, un dernier ! » Du sapin, de l’ébène ou du châtaignier, pour la gueule de bois, il y en a pour tous les goûts. Aujourd’hui c’est de l’agglomérée. Arrosée de mauvais alcool, de bière de comptoir, bien trop chère et servie dans un verre sale. Loin des bois luxueux, des gueules propres et soignées, que l’on peut trouver à Versailles. Alors… en me réveillant, j’épluche mes tickets de carte bancaire. Et lors de mes comptes d’apothicaire, la note est bien trop salée. Comme à chaque fois… Ma tête est creuse, mais étrangement lourde. La sonnerie de mon réveil affreuse mais étrangement sourde. Ça résonne, ça tangue, ça lance et ça s’y plait. « Ça » : c’est mauvais, et ça ne veut pas te lâcher. C’est… pernicieux ! Plouf !! L’effervescence… Un sachet, un cachet : produit illusoire et trompeur, anti-douleur, mais pas antilourdeur. Lourdeur, qui, malgré le mal chassé, persiste et te surine, d’un air de dire : « Ah ! Tu l’as bien cherché, petit crevard ! » Mais malgré ça, tu recommenceras. Tôt ou tard. Souvent tôt. Et le surin, surine. Sectionne ta chair flasque, et engueule ton foie. Et le burin, burine. Te façonne ton masque, ta gueule de bois… taillée d’un bloc. d écrit par Guthio
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Un barman connaît sûrement plus de secrets qu’un prêtre.
Prosa
TOC, TOC !
Tallado de un bloque.
Al desvío de un sol naciente en cenit, la máscara no cae. No cae esta vez. Esta vez… está, clavada. Como incrustada en mi piel. La jeta enharinada, la jeta rota. Tuve la jeta del empleo para que me atrapen en la boca del lobo. « Una última, un último. » Pino, Ébano, Castaño; resacas hay para todos los gustos. La de hoy está conglomerada. Bañada de mal alcohol, de cerveza de barra1 , demasiado cara para estar servida en un vaso sucio. Lejos de los bosques lujosos, de las caras limpias y cuidadas que pueden encontrarse en Versailles . Entonces… al despertarme, recorto las facturas de mi tarjeta bancaria. Y en curso de mis cuentas de apotecario , la nota está demasiado salada. Como todas las veces… Mi cabeza está vacía pero, extrañamente, pesada. El timbre de mi despertador es aterrador pero, extrañamente, sordo. Eso se lanza y se deleita. « Eso » : es malo y no quiere soltarte. Es… pernicioso ! Plouf ! La efervescencia… Una bolsilla, una pastilla: producto ilusorio y engañoso, anti-doloroso, pero no anti-peso. Peso que, pese al dolor cazado, persiste y te apuñala como diciendo: « Ajá ! Tu lo buscaste, pequeño roñoso ! » Pero a pesar de esto, tu lo harás más adelante. Temprano o tarde. Seguramente temprano. Y el puñal, apuñala. Secciona tu carne tierna , y madrea a tu hígado. Y el buril , burila. Te forma tu máscara, tu resaca, tu jeta de madera… Tallada de un bloque. d 1. Barra de bar. 2. El parque de Versailles es conocido por la perfecta disposición de sus jardines, pero también por sus turistas y residentes bien vestidos.
illustrado por Yannick Meric Un barman conoce seguramente más secretos |17 que un cura.
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Nuits de capital(e) noches de
Logro sentarme y siento cómo mi cerebro rebota en el interior de mi cráneo. Je parviens à m’asseoir et je sens comme mon cerveau rebondit à l’intérieur de mon crâne.
escrito por écrit par
ilustrado por illustré par Ivan Sierra
Janaleta
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Prose
J
e passe ma main entre mes jambes et je sens cette sensation collante, propre au dimanche matin. Je monte encore un peu la main et, comme je le soupçonnais, mon haut a disparu. ¿Qu’est-ce que je portais ? Une jupe et un top à bretelles. J’ouvre les yeux pour la première fois et en tâtant je cherche au moins ma culotte. Je refuse de regarder à droite et de rencontrer celui que je ne veux pas rencontrer (ou reconnaître ?). Alors je tourne la tête à gauche et je vois pour la énième fois ce tableau, ce paysage kitsch au-dessus du chevet. Je cherche à nouveau ma culotte mais je ne retrouve que mes collants… déchirés. Merde ! Encore une fois je sortirai habillée comme une salope qui vient de se faire baiser… sans collants. Le type à côté de moi bouge et j’espère seulement qu’il ne se réveille pas. Je parviens à m’asseoir et je sens comme mon cerveau rebondit à l’intérieur de mon crâne. Je retrouve mon haut près du lit, dès que je retrouve ma jupe je me casse. Mon nez est bouché et lorsque j’y fouille, des petites traces de coke restent collées à mon ongle. Merde ! Qu’est-ce que j’aurais pris d’autre ? Je me déplace lentement pour ne pas faire de bruit et puis je vais au salon, où, j’en suis sure, j’ai laissé l’autre moitié de mes habits. J’y trouve une chaussure, l’autre chaussette, et quelques briques de Nectar vert (qui ne fait pas grossir). Je vais aux toilettes et je lave mon visage. Mon mascara n’est pas waterproof, et quand je me regarde dans le miroir je vois un raton-laveur qui s’est payé la fête et la baise de sa vie. Elle est où ma putain de jupe ? J’essaie de reconstruire ma nuit mais je ne me souviens pas comment je suis arrivée chez lui. Je me rappelle qu’on s’est rencontré dans ce club et tout ça… et après tout a foiré ! Lorsque je retrouve enfin ma jupe, je me rends compte que quelqu’un m’observe mais j’ignore son regard, je mets le reste de mes habits et je marche vite vers la sortie (sans culotte et juste avec une chaussure). Je sors et je claque la porte en disant : Putain de gueule de bois de merde ! d
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Pour ne pas avoir la gueule de bois, il faut rester bourré.
Prosa
P
aso mi mano entre mis piernas y siento esa sensación pegajosa, propia de domingo en la mañana. Subo un poco más la mano y, como sospechaba, la parte de arriba de mi pinta de anoche ya no está. ¿Qué llevaba puesto? Una falda y un top de tirantas. Abro los ojos por primera vez para buscar aunque sea mis calzones. Me rehusó a mirar a la derecha y conocer a quien no quiero conocer (¿o reconocer?). Así que miro a la izquierda y veo por enésima vez ese cuadro, ese paisaje cliché en la cabeza de la cama. Busco nuevamente mis calzones pero solo logró encontrar una media… velada…rota. ¡Mierda! Otra vez voy a salir con pinta de puta recién tirada…sin medias. El individuo a mi lado se mueve, y yo solo espero que no se vaya a despertar. Logro sentarme y siento cómo mi cerebro rebota en el interior de mi cráneo. Encuentro mi top a un lado de la cama, y si encuentro la falda, me largo. Mi nariz está congestionada, y cuando la hurgo pequeños rastros de perico se quedan en mi uña. ¡Mierda! ¿Qué más habré metido? Me muevo despacio tratando de no hacer ruido y me voy a la sala donde, seguro, dejé la otra mitad de mi atuendo. Encuentro un zapato, la otra media, más unas cuantas cajas de Nectar verde (que no engorda). Voy al baño y me lavo la cara. Mi pestañina no es a prueba de agua, característica que se hace muy real cuando me veo en el espejo como un mapache, que tuvo la fiesta y la tirada de su vida. ¿Dónde putas está mi falda? Trato de rehacer la noche, pero no recuerdo llegar hasta su casa. Sé que nos encontramos en ese club y ahí todo se fue a la ¡mierda!... Cuando por fin encuentro mi falda, me doy cuenta que estoy siendo observada, pero ignoró su mirada, me pongo lo que hacía falta de mi pinta y camino rápidamente hacia la salida (sin calzones y con un solo zapato). Salgo golpeando la puerta y diciendo: ¡Hijueputa guayabo de mierda!d
La boca reseca y la resaca evoca. |21
EL FINAL (II)
テゥcrit par Arnulfo Carazo illustrテゥ par
ilustrado por Illustrテゥ par テ]gela Gonzalez
Prosa
E
CApitulo iv: la fiesta de arturo
milie se quedó sola bajo la tormenta observando como el coche de Stéphane desparecía a lo lejos. Miraba fijamente al horizonte con una expresión de decepción monolítica. El agua goteaba desde sus pestañas pero no perturbaba su mirada opaca, envilecida por un desprecio que no habría de sentir nunca más. De repente, la soledad le produjo una crisis de pánico. Cabizbaja, comenzó a sollozar antes de abandonarse a un llanto histérico, nutrido de pensamientos macabros. Se dijo a sí misma: — No me quedé para esto, me quedé para ayudarlos. Hizo el gesto inútil de limpiarse las lágrimas (cientos de gotas de agua volvieron a cubrir su cara al instante), respiró profundamente y se dirigió con determinación hacia la casa de Arturo.
bailando y riéndose a carcajadas. Se divertían como siempre, como si fuera la última fiesta de sus vidas. Emilie vio a Arturo destapando una botella de vino tinto y se dirigió hacia él.
fffff
—Yo puedo manejar— replicó Emilie secamente, al borde de la exasperación
El agua cubría completamente sus zapatos, así que tuvo que caminar a zancadas hasta la puerta abierta. Al subir las escaleras, quedó sorprendida nuevamente por la alegría de la fiesta. La gente seguía
—¡Emilita! ¿qué te pasó? ¿te caíste de cabeza en la Garona? —… Arturo, no los puedo abandonar así, en cualquier momento se va a inundar todo el barrio, ¡tenemos que salir de aquí! —Yo sé… pero míranos: nadie está en estado de conducir —dijo Arturo con descaro, la botella recién descorchada en la mano—lo mejor es llamar a los bomberos para que vengan a rescatarnos y, mientras tanto… ¡ a disfrutar nuestro encierro! —agregó levantando la botella con actitud burlona.
— Dime quién puede prestarme un coche y los sacaré de aquí en varios viajes. — Rodrigo vino en coche, pero hay que convencerlo…
El éxito de una fiesta se mide en aspirinas tomadas al día siguiente. |23
Prose Rodrigo aceptó de inmediato, sin prestar mucha atención a lo que decía Emilie. Decidió no ir en el primer viaje porque tenía que terminar un “duelo retórico de gran importancia”, pero dijo que iría en el segundo, que le reservaran un cupo. Emilie comenzó una cruzada para rescatar fiesteros descarriados. Recordó a los testigos de Jehová que predican el fin del mundo al lado de la Place Wilson.
Emilie encendió el coche para iniciar su segundo viaje, pero a los pocos metros fue detenida por una patrulla de policía que cerraba el paso a la autopista. — Disculpe, señor agente, me dirijo hacia la autopista. Hay civiles bloqueados en la rue de la Digue y los estoy trayendo en varios viajes.
Después de un momento, desistió de sembrar el pánico y logró convencer a un par de borrachos preguntándoles simplemente: “¿Te llevo a casa?”. A parte de ellos, los dos practicantes indios que habían venido con ella fueron presas fáciles de su retórica apocalíptica. Así pues, se armó el grupo de rescatados.Llegaron a Tolosa no sin penar. Las condiciones meteorológicas hacían el viaje difícil y Emilie, en su nerviosismo, se equivocó de salida en la autopista, lo que prolongó considerablemente el trayecto. Finalmente, lograron entrar al casco urbano. Emilie condujo a los tripulantes hasta la estación de tren en donde la alcaldía había abierto refugios para los damnificados.
— El trayecto que quiere hacer es peligroso para usted y para las personas que pretende traer. Le recomiendo que se refugie en un lugar seguro y que llame a los bomberos. — Es que… — ¡Todo el sector de la diga está inundado y es inaccesible en coche! Diríjase al centro de la ciudad por favor. Gracias.
La ola llegó con tanta fuerza que, de un golpe seco, partió la casa de Arturo en dos.
24| La
— Lo siento mucho señorita, la autopista está cerrada. Prohibido el paso. — Pero…
El a-gente le dio la espalda y Emilie se quedó inmóvil, con los argumentos atascados en la garganta. La luz azul de las patrullas iluminaban su desconcierto. Después de una larga reflexión, Emilie tomó su móvil :
verité à cent pourcent est aussi rare que l’alcool à cent pourcent.
Prosa — Arturo, todo el sector de la diga está inundado, es imposible entrar en coche. Mira… dale mi número a Rodrigo … y llamen a los bomberos con prontitud, la situación es realmente peligrosa. — Bien. Gracias Emilita. Eso haremos— una carcajada reveladora del buen ambiente en la casa cortó la frase de Arturo, haciéndole sentir vergüenza ante la seriedad de Emilie – Ciao linda, gracias. Arturo puso su teléfono en la mesa, fue a servirse más vino y en cinco minutos olvidó la conversación.
El agua cubría casi un tercio de la llanta cuando decidieron bravear la tormenta. fffff
fffff
Al llegar a la autopista, el nivel del agua bajó considerablemente y Felipe aceleró sin temor hasta alcanzar una buena velocidad. Un pequeño duende sonriente, con una piel arrugadísima de color caramelo brillante, estaba sentado sobre la señalización de límite de velocidad y los saludaba frenéticamente, moviendo sus manos de un lado a otro.
A eso de las cuatro de la mañana, cuando algunos músicos invitados sacaron sus instrumentos para amenizar la fiesta, Santiago recordó que tenía que ir al aeropuerto. Su vuelo salía en dos horas. Después de revisar su reloj, llamó con enojo a la agencia de taxis exigiendo una explicación por la demora de su servicio. La operadora perdió paciencia ante los reclamos de Santiago: el taxi había sido anulado por el diluvio. Insistió tanto en que perder ese vuelo sería como “perder su destino”, que Felipe, con quién había llorado abrazado horas antes, aceptó llevarlo al aeropuerto en su moto. Salieron ante la mirada atónita de los bailarines.
—Son los hongos— pensó Felipe. Tuvo el triste reflejo de sacudir su cabeza para espabilarse y perdió el control de la moto. La rueda delantera se frenó en seco y Santiago fue a parar quince metros adelante. Felipe se quedó enredado en la moto, dio dos vueltas y terminó contra el separador de la autopista. Más asustado que adolorido, Felipe se levantó y vio a su amigo boca abajo, más adelante. Al acercarse, lo vio emerger de las aguas lentamente con la gracia de un semidiós recién nacido. Cuando terminó de pararse comenzó a reír mirándolo fijamente.
Recordar es beber. Olvidar es beber mucho.|25
Prose La risa se fue amplificando hasta convertirse en una carcajada espeluznante, que llegó a su clímax con un relámpago majestuoso que gravó ese instante en la retina de Felipe: las gotas suspendidas, la expresión de demencia de Santiago, sus brazos levantados hacia el cielo y la mitad de su cara roja, cubierta por una abundante hemorragia que era lavada con sigilo por las aguas celestes. En ese instante, Santiago selló un nuevo pacto con la vida. No, no iría a Colombia en ese avión. No, su destino estaba en Tolosa. Felipe llamó a una ambulancia y fueron rescatados a los pocos minutos. Estaban prácticamente ilesos, un verdadero milagro.
De repente, a unos cien kilómetros de allí, en el corazón de la Montagne Noire el embalse de Cammazes estallaba ante la inhabitual presión del agua y la falta de mantenimiento, debido a los dos años de huelgas contra el dique de Sivens. El estallido creó un tsunami que se liberó en la Garona y doce minutos más tarde devastaba Tolosa.
La ola llegó con tanta fuerza que, de un golpe seco, partió la casa de Arturo en dos. Después de dar dos vueltas mortales y de ver el edificio reducirse a escombros, los músicos se encontraron milagrosamente intactos sobre un armario de madera que flotaba en el río. La fffff música, que se seguía moviendo en sus entrañas, comenzó a Hacia las seis de la mañana se mover sus dedos y retomaron la detuvo la tormenta. Después del canción que cantaban justo antes ruido de lluvia de los días anteriores, sin perder el tempo. El sonido de el silencio del amanecer era una guacharaca surgía en medio exquisito. La Garona había crecido de otra montaña de escombros tanto que el lugar era absolutamente flotante, para acompañar el tema irreconocible. Un rayo de sol salía que tocaban. La voz de Ana Ángela entre las nubes y se difractaba sobre gritando “weepajééé” se escucho de las burbujas del agua. Parecía como repente y todos pudieron verla más si el río arrastrara semillas de arco hacia el centro del río avanzando iris y sembrara pactos de nueva era velozmente sobre un escritorio, en su recorrido. Algún canto de sentada con la cabeza hacia atrás, pájaro rebotaba sobre el agua desde con las manos abiertas y moviendo la lejanía. los hombros con sabrosura. 26|
Les ex c’est comme la prison. Si tu y reviens c’est que tu n’as pas compris.
Prosa Montados en una mesa que parecía una piragua, los invitados seguían cantando el coro de la canción como si nada hubiera pasado. Cuando el río se lleva la fiesta, es mejor seguir gozando que nadar contra la corriente: la disidencia del salmón.
Al llegar la media noche escuchaban la música ancestral del caribe colombiano en honor a sus profetas y se libraban a ritos orgiásticos en los que alcanzaban una locura mística. Afirmaban poder atravesar el umbral de la materia y gozar fffff de la fiesta única del cosmos, en donde no hay tiempo, ni El agua arrastró los parranderos hasta espacio, ni vida, ni muerte. Sólo un lugar aún desconocido. A pesar el placer de la conciencia. de las búsquedas intensivas que se llevaron a cabo durante dos semanas, El trágico desenlace de la fiesta no se logró establecer su paradero. de Arturo tuvo un impacto La investigación se reanudó un mes increíble sobre Tolosa. A la después cuando descubrieron una conmoción nacional por las guitarra flotando cerca de Agen, pero victimas del tsunami, se unió rápidamente se descartó esa pista. el duelo binacional por los El instrumento fue identificado juerguistas desaparecidos. por el cómplice de un fugitivo gitano, avistado por última vez Al acercarse, lo vio emerger en las vendimias bordelesas. de las aguas lentamente con Misteriosamente, una la gracia de un semidiós guacharaca de caña brava recién nacido. apareció en la ciudad de Bougarach, tres meses después de la tragedia. En torno a esa aparición, se fundó una secta de neo-Dionisiacos que veneraban a nuestros parranderos como profetas, como anunciadores del regreso de Dionisio a la dimensión de los mortales. En las noches de luna nueva bebían vino sagrado sin medidas, al alegre son de la música de aulós3.
La alcaldía de Tolosa utilizó el suceso como una cortina de humo para ocultar malas gestiones y para hacer alarde del ambiente cosmopolita y festivo de la ciudad. 3. Flauta doble de la antigua Grecia. 4. Ciudad costera del Caribe colombia no donde se celebra el segundo carnaval más importante de América latina.
Los ex son como la cárcel. Si vuelves es porque no aprendiste la lección. |27
Prose Fue tanta la conmoción, que Tolosa hizo un pacto de hermanamiento con Barranquilla4 y en ambas ciudades se erigieron estatuas de bronce en honor a los mártires de la fiesta, santos patronos de los rumberos empedernidos. La tradición oral perpetuó el suceso a través de un sinnúmero de mitos y leyendas en los dos países. fffff Emilie retomó todos los hechos y los adaptó con un estilo bastante propio en su primera novela, La disidencia del salmón. Fue un éxito absoluto que propulsó su carrera literaria a nivel mundial. Hubiera olvidado por completo la existencia de Stéphane de no haberlo cruzado en las calles de Burdeos casi una década más tarde. Llevaba una barba larguísima y una pancarta que decía “Ayuda. He perdido mi trabajo por razones existenciales”. Se reconocieron de inmediato. Lo que ocurrió enseguida con la vida de estos dos personajes es una historia magnífica que relataré en un futuro, si el destino me permite conjurar tal disparate. d
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Le monde entier a plus ou moins trois verres de vin de retard.
EL EPICENTRO DEL MAL
Capítulo VI
Prose
CHAPITRE VI: UNE VILLE SOUS LES PLANCHES Ça faisait longtemps que Viole se servait de ses seins pour lutter contre
l’ennui, et Rafael, qui était un homme sensé, a profité des panneaux lumineux et des bières évaporées pour préparer son coup, pour lécher les jouets de Viole toute la nuit. Sans complainte, Viole se faisait une idée de ce que Le Maudit avait pu faire la nuit précédente. En attendant, Viole se posait à coté de Rafael sans sentir une once de culpabilité tandis qu’elle tenait son pénis de sa main gauche. Rafael avait été très sage tout au long de la soirée, il avait bien su gérer les fins fils de la toile d’araignée. Malheureusement, il n’était pas aussi maladroit que Le Maudit et ça mettait Viole de mauvaise humeur. Distraite, Viole regardait le plafond de sa chambre alors que Rafael bougeait sa ceinture infatigablement. Cependant, elle ne le lâchait pas de sa main. Il y avait à travers les planches un petit espace obscur où se formait une sorte de serre. Cet espace évitait l’évaporation des idées et les mauvais souvenirs, surtout les plus récents. Rafael fermait les yeux et augmentait l’intensité dans le mouvement de son cul. La main de Viole se fixait encore plus fermement. Rafael respirait agité, alors que Viole, qui tenait le regard hypnotisé sur l’espace noir entre les planches marrons, criait de temps en temps pour ne pas couper l’élan de Rafael. Les spasmes sociaux des petites personnes décoraient les villes imaginaires de Viole en petites lumières. Le « crick » du lit ne suffisait pas à Rafael, alors que Viole regardait une fissure dans laquelle rentrait toute une Ville imaginaire sans aucun problème. La main de Viole, les doigts, la ceinture, et puis deux spasmes encore pour que, enfin, Rafael puisse jouir. fffff — Tu as faim, Vale ? — Je ne sais pas… 30|
La verité à cent pourcent est aussi rare que l’alcool à cent pourcent.
Prosa
CAPITULO VI: UNA CIUDAD BAJO TABLAS Viole llevaba muchos años usando sus tetas como armas contra el abu-
rrimiento y Rafael, que era un hombre sensato, aprovechó los letreros luminosos y las cervezas evaporadas para maquinar su movida, para lamer los juguetes de Viole toda la noche. Sin quejas, Viole se hacía una idea sobre cómo la habría pasado El Maldito la noche anterior. Mientras tanto, se acomodaba al lado de Rafael sin sentir un ápice de culpa mientras sostenía su pene con la mano izquierda. Durante toda la velada Rafael había sido muy sensato y flexible con los hilos de la telaraña. Desgraciadamente él no era tan brusco como El Maldito y eso dejaba a Viole insatisfecha y de mal humor. Distraída, Viole miraba el techo de su habitación mientras Rafael movía la cintura incansablemente. Sin embargo, ella no aflojaba la mano. Debajo de las tablas, el espacio hacía las veces de invernadero : evitaba la evaporación de las nociones del día y los malos recuerdos, sobre todo los últimos. Rafael cerraba los ojos mientras aumentaba la revolución de su culo, contra la mano rígida de Viole que no le daba tregua. Rafael respiraba agitado, mientras Viole, —que no paraba de mirar las vetas hipnóticas de los maderos marrones—, hacía uno que otro ruido para no dañarle el jaleo a Rafael. Los espasmos sociales de pequeñas personitas adornaban las ciudades imaginarias de Viole con pequeñas luces. El « crick » de la cama no lograba conformar a Rafael, mientras Viole veía una grieta donde cabía una ciudad sin ningún problema. La mano de Viole, los dedos, la cintura, y luego dos espasmos más que se unieron al cuarto mientras Rafael lograba, finalmente, venirse. fffff — Vale, ¿tienes hambre? — No sé… La verdad a cien porciento es tan rara como el alcohol a cien porciento. |31
Prose — On se fait livrer quelque chose peut-être ? Une pizza ? — Pas de souci — trois mots pour comprendre que Viole n’avait pas faim. Rafael maudit son bon sens, se rhabilla lentement et puis ferma la porte après être sorti. Viole resta au lit, les jambes ouvertes et les mains barbouillées. Viole avait certaines obsessions. Parfois, elle se voyait dans ses villes en miniature. Là elle avait beaucoup plus de chance. C’est pour ça qu’elle pensait à la mini-Viole lorsqu’elle se masturbait. Les pétards de la nuit d’avant l’avait motivée à faire une liste mentale des imperfections de tout l’appartement, tout d’abord les murs rosudos qui quelques fois avaient été faits à la force du poignet. —Putain de tables ! —Souvenirs qui ne s’évaporent pas !— Toutes les tables refusaient de couvrir les fissures du plafond et la minuscule banlieue où habitait la mini-Viole. Toute l’amertume continuait à flotter dans le nocif musc des souvenirs, c’est-à dire dans l’air de la mini-ville où habitait un mini-Maudit lui-aussi. Les souvenirs ne se volatilisaient pas, même si Viole fermait ses yeux de toutes ses forces. Le mieux était d’arrêter de réfléchir, prendre une douche pour s’enlever l’odeur de Rafael.
écrit et illustré par Ivan Sierra 32|
Tue-moi, ô gueule de bois, vu que l’amour n’y a pas réussi.
Prosa — Tal vez pido algo a domicilio, ¿una pizza? — No se preocupe. —Tres palabras para darse cuenta de que lo de Viole no era un problema de hambre. Rafael maldijo su propia sensatez, se vistió lentamente y cerró la puerta al salir, dejando a Viole agitada en la cama con las piernas abiertas y las manos embadurnadas. Viole tenía ciertas obsesiones. En ocasiones, se veía dentro de sus ciudades miniatura. Allí contaba con mejor suerte, por eso pensaba varias veces en la mini-Viole antes de tocarse. Los dobladitos de la noche anterior la motivaron a hacer una lista mental del resto de las imperfecciones de todo el apartamento, empezando por los muros arrozudos que alguna vez se hicieron a pulso. –¡Malparidas tablas!– recuerdos que no se evaporaban– Todas se negaban a cubrir las grietas del techo en el minúsculo suburbio donde vivía la mini-Viole. Todas las amarguras se quedaban volando entre el nocivo almizcle de los recuerdos, que a su vez, eran la atmósfera de la minúscula ciudad donde también vivía un minúsculo-Maldito. No se esfumaban por más que Viole cerrara las cejas con toda su fuerza. Lo mejor era dejar de pensar, tomar un baño y quitarse de encima el olor de Rafael.
escrito e ilustrado por Ivan Sierra ¡ Mátame guayabo, ya que el amor no pudo ! |33
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CONTRe TOULOUSE CONTRA
Un día empezaste a hablar de Toulouse. Irse para no volver, te decías. Un jour tu as commencé à parler de Toulouse. Y aller pour ne plus revenir, tu te disais.
escrito por Adrià Rodríguez écrit par
__________________________________ ilustrado por illustré par Juan Manuel Blanco
Prose La France est perdue, la France n’est plus l’emblème de rien, un drapeau de rien, la France s’est enfoncée dans la médiocrité.
Tu ne vas pas être honnête. Tu ne veux plus passer par là.
Jorge Losada
Un jour tu as commencé à parler de Toulouse. Y aller pour ne plus revenir, tu te disais. Tu manipulais l’idée de retour comme si c’était une menace. Tu as commencé à lire seulement en français. Tu as essayé avec Nothomb et tu te sentais Dieu. Tu as arrêté de penser aux barrières de la langue. Tu aimais penser que le français était une robe qui pouvait t’aller bien. Tu parlais de la France comme si là-bas se trouvaient toutes les réponses. Et c’était en grande partie comme ça, mais c’était une réponse à une autre question. Tu découvres une pensée de Céline qui te subjugue : C’est peut-être ça qu’on cherche à travers la vie, rien que cela, le plus grand chagrin possible pour devenir soi-même avant de mourir. C’est une phrase tout à la fois déchirante et mystérieuse. Tu te sens désemparé. Secrètement tu as toujours poursuivi ça. Tu te dis : cette vie réconfortante et confortable, monotone jusqu’à la nausée, cette vie ne cesse d’être un simulacre édulcoré de ce que serait supporter un mal propre, d’avoir un ennemi. Une fois dedans, il faut aller au bout. Tu te plains et tu en as pitié d’une manière morbide et névrotique. Tu cherches à sentir que tu t’en vas d’une manière totale et incorruptible, que tu t’en vas d’une manière historique, qu’il n’y a pas de retour en arrière, ou bien seulement depuis la mémoire et l’invention, que tu crèverais plutôt que revenir. Il fallait partir pour tout couper. fffff Tu te répètes que tout va bien, qu’il ne se passe rien alors que, en réalité, il se passe toute sorte de choses. La France est une question personnelle. Si la France s’en sort mal tu ne sais pas ce qu’il adviendra. Qu’est-ce qu’il pourrait se passer ? Que tu retournes à Barcelone. Ce serait une situation 36|
Mieux vaut être bourré qu’être con, ça dure moins longtemps.germaniques.
Prosa Francia está perdida, Francia ya no es bandera de nada, Francia está hundida en la mediocridad.
No vas a ser justo. No quieres pasar por ahí.
Jorge Losada
Un día empezaste a hablar de Toulouse. Irse para no volver, te decías. Manipulabas la idea del regreso como una amenaza. Empezaste a leer sólo en francés. Probaste con Nothomb y te sentiste Dios. Dejaste de pensar en las barreras del idioma. Te gustaba pensar que el francés era un traje que te iba a sentar muy bien. Hablabas de Francia como si allí estuvieran todas las respuestas. Como si Francia fuera la respuesta. Y en parte lo era, pero a otra pregunta. Descubres un pensamiento de Céline que te subyuga: Quizá sea eso lo que buscamos a lo largo de la vida, nada más que eso, la mayor congoja posible para llegar a ser uno mismo antes de morir. Es una frase a la vez desgarradora y misteriosa. Te sientes desamparado. Secretamente siempre has perseguido eso. Te dices: esta vida reconfortante y cómoda, monótona hasta la náusea, no deja de ser un simulacro edulcorado de lo que sería soportar un mal propio, tener un enemigo. Una vez dentro, hasta el fondo. Te quejas y te compadeces de una manera mórbida y neurótica. Buscas sentir que te vas de una forma total e insobornable. Que te vas de una forma histórica. Que no hay vuelta atrás, o sólo desde la memoria y la invención. Que antes revientas que volver. Irse para cortar. fffff Te repites que todo va bien, que no pasa nada cuando en realidad está pasando de todo. Francia es una cuestión personal. Si Francia sale mal no sabes qué va a pasar. ¿Qué podría pasar? Que regresaras a Barcelona. Esa sería una situación incómoda. Pensar en esa posibilidad te toca los Es mejor ser un borracho que un idiota, lo primero por lo menos tiene cura. |37
Prose inconfortable. Penser à cette possibilité te casse les couilles. La rage prend dans tes veines. Un mois s’est passé est quelque chose se tord en toi. Tu as commencé à chercher ton propre appartement, mais tu te sens ridicule : Il y a le type qui ne vient pas au rendez-vous et qui ne répond pas à tes appels, et puis l’autre, celui qui te guette depuis la fenêtre, caché derrière les rideaux et qui ne t’ouvre pas la porte. Il y a cette chère femme qui, le jour convenu, te demande qui tu es et te dit que l’appartement est déjà loué. Celle qui t’appelle cinq minutes avant pour te dire qu’elle aura une heure de retard, et puis il pleut, il fait froid et tu en as ras-le-cul. Et il y a cette propriétaire méfiante qui doute que tu lui payes le loyer et qui assure avoir refait tout l’appartement bien que l’endroit paraisse avoir été habité par un orque1. Ces petits épisodes, répétés les uns après les autres tous les jours, te minent et te
La France est une question personnelle. Si la France s’en sort mal tu ne sais pas ce qu’il adviendra. Qu’est-ce qu’il pourrait se passer ?
Mais dans la rue tu ne vois que des oiseaux. Tu crois vraiment cultiver quelque chose de terrible en toi. Tu regardes les offres d’emploi pour faire plongeur.
fffff Toulouse titube vasouille, ivre, aux bords de la Garonne. Tu vas mal. Tu es un être éminemment triste qui lutte pour cacher du monde cette insidieuse vérité. Tu te sentirais tu mieux si tu te laissais emporter par ta nature ? Si tu faisais la paix avec toi et avec Toulouse. Tu as commencé du mauvais pied. Si tu te rendais… Tu postules dans quinze librairies. D’entrée, on te dit que tes goûts littéraires ne sont pas très raffinés. Tu sens que ce que tu cherches ressemble clairement à une collision. Tu désires commencer à te conduire comme le barbare du Sud que tu es. Tu sais que le corset de la courtoisie frigide ne te va pas. Tu ressens une 38|
1. L’orque est une créature imaginaire inspirée du gobelin des légendes
Prosa huevos. La rabia prende en tus venas. Ha pasado un mes y algo se va torciendo en tu interior. Has empezado a buscar tu propio apartamento, pero te sientes ridículo: está el tipo que no se presenta a la cita y que no responde a tus llamadas, y el otro, que te espía desde una ventana, agazapado detrás de las cortinas sin abrirte la puerta. Está la entrañable señora que te pregunta el día convenido que quién eres, te dice que el piso ya está alquilado. Está ese que te llama cinco minutos antes para decirte que llegará una hora tarde, y llueve y hace frío y estás a tomar por culo. Y esa propietaria recelosa de que no le pagues el alquiler, que asegura haber reformado el apartamento aunque el sitio parece haber sido habitado por un orco1. Estos episodios, repetidos uno detrás de otro cada día, te vienen minando y te contaminan.
Francia es una cuestión personal. Si Francia sale mal no sabes qué va a pasar. ¿Qué podría pasar?
Estos episodios, repetidos uno detrás de otro cada día, te vienen minando y te contaminan. Sólo ves cagarros por la calle. Crees de verdad estar cultivando algo terrible en tu interior. Sopesas ofertas para fregar platos.
fffff Toulouse se tambalea, borracha, a orillas de la Garona. Te encuentras mal. Eres un ser eminentemente triste que lucha por ocultar esa insidiosa verdad al mundo. ¿Mejorarías si te dejaras llevar por tu naturaleza? Si hicieras las paces contigo y con Toulouse. Has empezado con mal pie. Si te rindieras. Te postulas a quince librerías. De una te restriegan que tus gustos literarios son poco exigentes. Sientes que lo que empiezas a buscar se parece claramente a un encontronazo. Ansías empezar a comportarte como el bárbaro del sur que eres. Sabes que el corsé de la fingida cortesía no va contigo. Sientes 1. El orco es una criatura imaginaria inspirada del goblin de las leyendas. |39
Prose compassion infinie pour les chiens de Toulouse. On critique souvent ta génération pour avoir peu de résistance devant l’adversité, surtout si on la compare avec la génération de tes grands parents. On dit de vous que vous n’êtes pas très courageux. Avant Toulouse, tu as reçu des conseils de personnes qui ne se rappellent pas ce qu’est le vertige car ils vivent sur une confortable plateforme de couleurs chaudes, avec un grand voyage par an et des cours de développement personnel. Les conseils de personnes qui sont arrivés en France en ayant un endroit où rester et qui affrontaient avec émotion et joie le fait de ne pas regarder en arrière. Les conseils de personnes qui sont tenues par la main par des gens aisés en bonne situation, ou d’artistes qui vivaient de leur art et des aides qui leurs permettaient de continuer à utiliser leur langue pendant qu’ils s’exerçaient à un métier qui leur faisait voir Toulouse de cette autre façon. La langue est alors un jeu, jamais une lutte. Tu aimes bien laisser aller ton coté le plus injuste, méprisable et corrosif. Tu as rencontré à beaucoup de personnes qui sont arrivées depuis longtemps, qui parlent ta langue parce qu’elle est aussi la leur et qui disent comprendre ta situation, mais qui te regardent comme s’ils étaient derrière d’un écran. Tu aimes penser que Toulouse est une ville ennemie et que tu conspires à l’ombre. Tu erres dans la rue et tu sens que ce n’est plus toi qui marches. C’est toujours un autre. Tu te postules en cachette pour un poste de porteur funéraire. fffff Tu réfléchis à haute voix sur cette tendance qui t’entraine à répéter certains cercles vicieux qui se ferment toujours avec l’image de toi en train de retourner, vaincu, à Barcelone. Tu le vois d’une manière nette et douloureuse. Tu commences à compter les pas qui te séparent des différents endroits. Un corbeau prémonitoire défile sur un toit à quelques mètres de ta fenêtre. Un clavier qui t’empêche d’accentuer les insultes. Une fête dans laquelle tes connaissances paraissent t’éviter avec préméditation. La vie comme un mouvement en boucle que tu refuses de déchiffrer. 40| Mieux vaut un verre sur le zinc qu’un verre sur l’ardoise.
Prosa infinita compasión por los perros de Toulouse. Se critica a menudo a tu generación por tener poco aguante para la adversidad, en comparación, sobre todo, con la generación de tus abuelos. Se dice de vosotros que no sois luchadores. Antes de Toulouse recibiste consejos de personas que no recuerdan lo que es el vértigo porque llevan tiempo viviendo sobre una plácida plataforma de colores cálidos con un gran viaje al año de fondo y cursos de crecimiento interior. Consejos de personas que al llegar a Francia tenían un sitio donde dejarse caer y que encaraban con emoción y alegría no mirar atrás. Consejos de personas que llegaron de la mano de personas con recursos, o de artistas que vivían de su arte y de ayudas que les permitían seguir utilizando su propia lengua mientras se dedicaban a una profesión que les hacía ver Toulouse de esa otra manera. El idioma entonces es un juego, nunca una lucha. Te gusta dar rienda suelta a tu lado más injusto, despreciable y corrosivo. Has conocido a personas que llegaron hace tiempo, que hablan tu lengua porque es también la suya y dicen entender tu situación, pero que te miran ya desde una pantalla. Te gusta pensar que Toulouse es una ciudad enemiga y que tú conspiras en la sombra. Vas por la calle y sientes que ya no eres tú quien camina. Que siempre es otro. Te postulas a escondidas para un puesto de porteur funéraire . fffff Reflexionas en voz alta sobre esa tendencia que te arrastra a repetir ciertos círculos viciosos que siempre se cierran contigo regresando, derrotado, a Barcelona. Lo ves de una manera muy nítida y dolorosa. Empiezas a contar los pasos que te separan de los sitios. Un cuervo premonitorio desfilando por un tejado a pocos metros de tu ventana. Un teclado que te impide acentuar los insultos. Una fiesta en la que tus conocidos parecen esquivarte de manera premeditada. La vida como un bucle macabro que te niegas a descifrar. Más vale un vaso medio lleno que un vaso medio vacío. |41
Prose Tous les refus passent sur toi sans laisser de traces visibles de douleur. Tu sais que tu mens. Quand tu étais petit, tu imaginais le rejet constant comme une pathologie qui n’allait jamais t’attraper. Et te voilà. Tu te dis qu’il n’y a pas de rancœur visible en toi. Si quelqu’un te surprend en t’interrogeant sur ton intégration après cinq mois, tu te considères étranger à ça. Un sourire malsain, très fugace. Ça fait mal. Néanmoins, tu veux toujours t’intégrer, pour toi-même et personne d’autre. Tu ris mais tu ne trouves pas ça drôle. Tu te résignes à l’humeur de la tragédie lorsqu’en allant à un entretien, tu marches sur l’énorme crotte d’un chien (d’un chien, mon dieu !). fffff Tu n’aurais jamais imaginé que tes lectures pouvaient arriver à te nuire dans une librairie. Et non plus que dans une librairie ils cherchent quelqu’un de moins introverti. Tu n’aurais jamais cru que laisser les gens se promener tranquillement entre les étagères pouvait être un problème. Tu penses, dirait Losada, que dans une librairie on désire, voire exige secrètement la liberté totale pour fouiller entre les bouquins. Qu’ils t’appellent t’a quand même surprise, mais tes conseils sont beaucoup trop recherchés (Tabucchi, Sharpe2 ). Ils te disent de même que ton français est problématique. Un jour tu as avoué à ta patronne que tu ne connaissais pas Marc Levy, et ça a été la fin. Tu n’as jamais aimé son rire (le sien, celui de Marc Lévy tu t’en tamponnes). Tu penses à Dostoyevski. Tu te dis : Tu es un homme malade, un homme méchant. Cependant, tu te sens en paix au moment de ton licenciement. Toulouse s’éloigne. La ville te paraît de plus en plus floue. La sensation, très fausse, que moins argent tu as, plus indestructible tu es. Ta vie ne ressemble plus à une vie. Tu vie c'est des pages. T'ouvres une bouteille de vin et écris : contre toi. d
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2. Antonio Tabucchi (1943) est un écrivain et traducteur italien passionné par l’oeuvre de Fernando Pessoa. Tom Sharpe (1928-2013) est un écrivain satyrique anglais.
Prosa Todas las negativas pasan por ti sin dejar signos visibles de dolor. Sabes que mientes. De pequeño imaginabas el rechazo constante como parte de una patología que nunca te atraparía. Y aquí estás. Te dices que no hay un rencor visible pendiendo de ti. Si alguien te sorprende preguntándote por tu integración después de cinco meses, te consideras ajeno a la pregunta. Una sonrisa malsana, muy fugaz. Duele. Y sin embargo, te sigues queriendo integrar, por ti y para nadie. Te ríes, pero no te hace gracia. Te resignas al humor de la tragedia cuando pisas, camino de una entrevista, el zurullo descomunal de un perro (de un perro, por favor). fffff Nunca hubieras imaginado que tus lecturas pudieran acabar perjudicándote en una librería. O que en una librería buscaran a alguien menos introvertido. Que prefieras dejar a la gente demorarse tranquilamente por las estanterías no te lo hubieras imaginado como un problema. Piensas, diría Losada, que en una librería uno desea y hasta exige secretamente total libertad para husmear libros. Que te llamaran fue una sorpresa. Pero tus recomendaciones son demasiado elevadas (Tabucchi, Sharpe2). Te dicen que tu francés es problemático. Un día confesaste a la jefa que no conocías a Marc Levy, y ese fue el fin. A ti nunca te gustó su risa (la de ella; Marc Levy te la sigue sudando). Piensas en Dostoyevski. Te dices: Eres un hombre enfermo, un hombre malo. Sin embargo, mientras te despiden te sientes en paz. Toulouse se va alejando. Ves la ciudad cada vez más borrosa. La sensación, muy falsa, de que cuanto menos dinero tienes más indestructible eres. Tu vida no se parece a una vida. Tu vida son páginas. Abres una botella de vino y escribes: contra ti. d
2. Antonio Tabucchi (1943) es un escritor italiano apasionado por la obra de Fernando Pessoa. Tom Sharpe (1928-2013) es un escritor satírico inglés.|43
COLLABOS Cristhian Pineda (1982) : dessinait des tortues ninja à l’age de 6 ans. Après avoir fait des études à Seville, Barcelone et Toulouse, il continue à les dessiner actuellement. http://cristian-pineda.blogspot.com/ Gauthier Borremans (1992) : Après une première rencontre avec l’écriture au collège, il se tourne rapidement vers une écoute intensive du rap et ce pendant de longues années, jusqu’à le pratiquer lui-même assez tardivement. Relativement actif dans le rap depuis environ un an, il est en recherche d’autres formes d’écritures et d’autres expériences. Il ne ne veut me cantonner ni à la musique, ni à la rime. self-destruct@hotmail.fr Roberto Galván (1988) : Né sous le funeste ciel de Bogota (Colombie), Galván dort le jour et vit la nuit, lorsque seulement les hiboux ululent, les amants s’étreignent et les lucioles sonnent. Sous prétexte d’étudier et travailler, il a passé beaucoup d’après midis de grisaille dans le labyrinthe de la bibliothèque et tant d’autres dans les grottes du cinéma. Actuellement il se dédie à procrastiner jusqu’à des heures indues et de temps en temps il fait une pause-clope. https:// lamaquinadecoserpajaros.wordpress.com/ Iván Sierra (1984) : Artiste visuel spécialisé en son et musicien amateur, Ivan a travaillé en publicité et dessin de pages web à Bogotá, Colombie. Il habite à Toulouse depuis trois ans, où il se dédie à l’illustration et la musique. Il fait partie du groupe Los Guayabo Brothers & su pachanga mohánica, ainsi que du collectif artistique Guayabo Colectivo. http://Sierraivan24.wix.com/camilosierra Juan Manuel Blanco (1988): Plasticien colombien residant à Berlin, Juan Manuel dedie son temps à regarder et copier des images. http://juanblanco.hotglue.me/ Arnulfo Carazo (1983) : Né à Bogotá, Arnulfo habite en France depuis 12 ans, dont 3 à Toulouse. Co-fondateur du groupe “Los Guayabo Brothers y su pachanga mohánica”, Arnulfo combine sa passion musicale et son travail en tant qu’ingénieur acousticien dans le secteur aéronautique. A part la composition e l’interprétation musicale, Arnulfo écrit des textes courts. arnulfocarazo@ hotmail.com Thomas Deudé (1977) : Né à Paris en 1977, diplômé de l’école des Beaux-Arts 44|
de Toulouse. Artiste et graphiste indépendant à Toulouse depuis 2003, son travail s’articule essentiellement autour de l’illustration et de la lettre (typographie et calligraphie). Spécialisé dans le graphisme culturel, il développe, en parallèle de ses travaux de commandes, le concept Do not eat. Ce projet aspire à une meilleure alimentation visuelle et milite contre une imagerie de masse souvent indigeste. www.donoteat.fr Maria Angélica Usta (1981) : Née à Bogota, elle s’installe à Toulouse depuis 2008. Ingénieur chimiste de profession, dans l’actualité elle réalise une thèse à l’INSA dans le domaine du génie de procédés. Passionnée de la danse dès très jeune âge, elle participe dans la fondation du groupe « La Guaïra Cinética » avec qui depuis 2 ans ont réalisé plusieurs performances sur Toulouse et ses entourages. Maria Angélica est aussi une fervente amatrice du dessin, de la peinture à l’huile et de la poterie. angelicausta@hotmail.com Jil Devaux (1981) : artiste protéiforme, donne à “voir” la pluralité des états d’interdépendance d’un sujet à travers différents médiums : écriture, lecture, théâtre... dans le désir d ‘aller se placer derrière l’apparence de l’image pour mieux saisir son sujet, désir d ‘exprimer le non verbale par le verbal, le non visible par l’image. Expansion et appropriation du “je” vers l”autre”. Jeu de rôle, jeu de la vie, jeu des yeux, jeu des corps, jeu des symboles accompagnent le “je” de l’artiste. www.jildevaux.book.fr Gonzalo Cubas (1983) : Cubas est un artiste péruvien né à Lima qui vit désormais à Barcelone. Fan de la culture surf & skate californienne des années 80’s, son univers graphique retranscrit largement cette époque. On y retrouve également des éléments qui laissant transparaître son goût prononcé pour la musique punk&rock. Cubas est un artiste autodidacte qui a su créer son univers graphique dans un style qui lui est propre. https://www.behance.net/cubas Fernando Corzo (1986): Né à Bogotá, Fernando est diplomé en études littéraires de la Pontificale Université Javeriane de la même ville. Actuellement, il vit dans une maison de campagne et travaille, de temps en temps, en tant que correcteur de style. fcorzo12@hotmail.com Adrià Rodríguez (1985): Né à Barcelone, la vie d’Adrià suit la norme : une enfance et jeunesse desesperée mais de bonheur modéré. Après il fait des études de turisme et s’est diplomé en langues et littératures modernes. A mi chemin |45
entre la jeunesse et la maturité, Adrià aterrit en France. Son premier roman, L’île de l’air cumule des refus éditoriaux. pons.ar@gmail.com Liuna Virardi (1983) : Née à Bologne, Liuna a étudié Dessin graphique et communication visuelle à l’école ISIA d’Urbino, ainsi que illustration à l’école Massana de Barcelone. Elle travaille souvent sur des projets éditoriaux et fait aussi des ateliers de dessins pour enfants. http://liuna-virardi.blogspot.fr/ Iván Blanco (1981) : Iván Blanco naquit le 6 Août à Valence (Espagne), puis il a été élevé et allaité par une femme-loup jusqu’à atteindre l’âge de raison. Iván adopta une forme humaine dans sa puberté lorsqu’il chevauchait une jument nommée Alfonsa, avec la quelle il voyagea par divers cantons du plateau espagnol jusqu’à ce qu’il trouva sa place dans une ville gris mais pleine de vie. A ce moment là, Iván commença son périple de métamorphose dont le processus continue même aujourd’hui : il se transforme en homme invertébré et couvert d’écailles. autodidactainfo@hotmail.es Yannick Meric (1992) : Yannick est né à Saint-Godens et habite à Toulouse. Dit idem. yannick.meric@isdat.fr María Posada (1987) : Artiste audiovisuelle et scénariste diplomée en Arts de l’Universtité des Andes (Colombie), María a travaillé pour diverses boîtes de production audiovisuelle en tant que scénariste. Passionnée par l’écriture, María a participé à plusieurs ateliers de création littéraire et, actuellement, travaille comme curatrice de projets chez Ideame. (www.idea.me) Angela Gonzalez (1985) : est née à Bogotá en Colombie en 1984, elle est diplômée en design de produit de l’École des Beaux Arts de Toulouse puis de l’iup Couleur, Image, Design. Dans son travail en tant que designer, elle est amenée à dessiner régulièrement, pour autant, elle ne se considère pas comme une dessinatriceillustratrice en tant que telle. Cela ne l’à pas empêchée cette fois-ci de se plonger dans l’imagination d’une illustration représentative du “Guayabo” dans tous les sens du terme. www.presentcomposedesign.fr Laura Ortiz (1986) : Illustratrice de temps en temps et voyageuse d’occasion, Laura s’est diplomée en littératura à Bogota et flirte avec les livres et les paysages. lortiz.gomez@gmail.com 46|
La gueule de bois est plus épaise pour celui qui paie l’addition.
Agnès Duroyaume (1981) : Née en banlieue parisienne en 1981, Toulousaine d’adoption, elle est amoureuse de la culture d’Amérique latine. Diplômée d’école d’art et de l’ESAV, Agnès réalise des films d’animation (‘Trou de Mémoire’ et ‘Les naufragés’ ont été projetés dans divers festivals), des carnets de dessin, quelques textes et expositions (photos, dessins, collages). http://agnesduroyaume. blogspot.fr/ Aurélie Dacharry est un animal née en (1985) dans le sud ouest de la France et se recherche toujours. dach.aurelie@orange.fr
El guayabo más le asienta a aquél que paga la cuenta.|47
...................................... Appel à contributions ...................................... Proposez-nous vos textes – Format « .doc », 1200 mots maximum. Précisez le nom de l’auteur et le pseudonyme (si souhaité), une biographie de 4 lignes, ainsi que le titre du texte. Proposez-nous vos illustrations – Noir & blanc, format .jpg en 300 dpi à la taille de l’impression (A5, 21 x 14,8 cms). DATE LIMITE D’ENVOI : 5 Juin 2015 disparatesrevista@hotmail.com Le thème pour le prochain numéro est :
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GUAYABO LITERARIO - GUAYABO COLECTIVO 26 rue du capitaine ESCUDIE Toulouse, France. www.guayabocolectivo.com