automne 2011
#16 MARSEILLE-PROVENCE
ART & CULTURE FREEMAGAZINE
Oh! Tiger Mountain
Rock minimal à Marsatac Dj Oil
Black Notes et idées noires Art contemporain
Panorama sur la scène marseillaise
Boris Chouvellon au (mac)
Poétique de la zone P. 44
Du bateau à la cité L’enfermement à Marseille 18e-20e siècles
17 septembre 2011 - 21 janvier 2012
© Archives départementales 13
Archives départementales DES BOUCHES-DU-RHÔNE
ABD Gaston-Defferre 18-20, rue Mirès 13003 Marseille
04 13 31 82 00 www.archives13.fr - www.culture-13.fr
Entrée libre
du lundi au samedi 10h - 18h
Fermetures : 31 octobre, 1er, 11 et 12 novembre ; du 24 au 31 décembre
#16 MARSEILLE-PROVENCE
ART & CULTURE FREEMAGAZINE
Oh! TigER MOunTain
Rock minimal à Marsatac Dj Oil
Black Notes et idées noires aRT cOnTEMpORain
Panorama sur la scène marseillaise
Boris Chouvellon au (mac)
Poétique de la zone P. 44
Couverture : Boris Chouvellon Ma ruine avant la votre - Voir p. 44
#16 AIX - MARSEILLE
ART & CULTURE FREEMAGAZINE
La reproduction même partielle des articles et illustrations sans autorisation est interdite. 8e art décline toute responsabilité pour les documents et articles remis par les annonceurs. Dépôt légal à parution.
Impression : Azur Offset - Acropolis - 171bis, chemin de la Madrague-Ville - 13015 Marseille - 04 91 52 53 54
Conception et réalisation graphique / Direction artistique : Dix-Ein - 07 88 00 21 19 - infos @ dix-ein.com - www.dix-ein.com
Au printemps dernier, alors qu’il déménageait sa galerie vers Paris, Sam Dukan exprimait dans nos colonnes (8e art n°14) son « ras-le-bol de la scène marseillaise ». Dans le même temps, un jeune galeriste parisien faisait le chemin inverse : Didier Gourvennec Ogor a décidé de miser sur Marseille et d’y ouvrir une galerie « d’envergure nationale et internationale ». Deux cas extrêmes, deux parts de vérité ? Nous avons voulu en savoir plus. Des galeristes aux artistes, du PAC au MAC, de Art-O-Rama au Panorama, nous avons rencontré quelques-uns des acteurs qui font l’art contemporain à Marseille. Un petit monde, un peu à part. Dont il ne faut négliger l’importance. Les grandes expositions estivales de la Vieille Charité sont en perte de vitesse. L’Orientalisme en Europe (110 000 visiteurs) fut loin d’égaler le record de Van Gogh - Monticelli en 2008 (170 000 visiteurs). Du coup, une réflexion s’impose. Le public serait-il lassé par ces jolies petites peintures du XIXe siècle ? Cette esthétique, validée par le temps, rassure. Mais qu’en est-il du sens ? Ne passe t-on pas à côté des idées énoncées par ces artistes d’un autre temps ? L’art contemporain, par définition, est l’art de notre époque. S’intéressant aux problématiques de notre époque avec les outils de notre époque. En ce sens, il instaure un rapport plus simple et direct avec le public. On pourra le vérifier à l’automne, au MAC. Le Marseillais Boris Chouvellon exposera ses « ruines modernes » : un regard sur notre société, entre béton et ferraille, benne à ordures et friches industrielles… Une « poétique de la zone » selon nous bien plus pertinente que la peinture d’un sérail en 1830.
Édito
Service Commercial : 09 81 63 54 76 - contact@ le8art.fr
Rédacteur en chef : Sandro Piscopo-Reguieg - 06 71 62 49 81 - sandro.piscopo@ gmail.com
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8e art est une publication des Éditions Bagatelle - 19, avenue de Delphes - 13006 Marseille - 09 81 63 54 76
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Sandro Piscopo-Reguieg
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Édito
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Votez ! Vous avez jusqu’au 18 Novembre 2011 Et tentez votre chance pour gagner un week-end pour deux “offert par Villages Clubs du Soleil“
1
Prêt- à-porter
Allan Joseph 21, rue Sainte - (1°)
6
2
Salon de thé
Mina Kouk 21, rue Fontange - (6°)
7
3
Pâtisserie
Depuichaffray 66, rue Grignan - (1°)
8
4
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Restauration rapide
Restauration
Arigato Sushi 16, bd. Garibaldi - (1°)
Le Jeroboam 100, av. Jules Cantini - (8°)
9
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Fleuriste
Bar café
Décoration
Concept Store
Prêt-à-porter
Digitale 14, rue Breteuil - (7°)
Waaw 32, rue des Trois Rois - (6°)
Pangea Comptoir des Peuples 1, rue de l’Abbaye - (7°)
MB Création 3, bd. Notre Dame - (6°)
Karleenjo 47, bd. Édouard Herriot - (8°)
sommaire
Actu
p.
p.
24
p.
28
Small is beautiful
p.
50
ACtoral
p.
58
semaine de la pop philosophie
p.
62
rencontres d’averroès
p.
64
Klap
p.
70
dansem
p.
73
Marsatac
p.
78
Fiesta des suds
p.
82
jazz sur la ville
p.
86
focus
p.
90
p.
94
marseille 2013 off 9 la trocade
Dossier 9 art contemporain
9 visite
9 cabaret aléatoire
portfolio 9 Phot’aix
expos
p.
107
agenda
p.
115
Abonnement
p.
138
abonnement
Retrouvez-nous sur
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11 FoudRE
# coup dE
pouR zE il va ta ART & CULTURE FREEMAGAZINE vs vieille guer la charit é!
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#12
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AIX - MARSEILLE
P. 64
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Actuactu
Retour à Aix pour Cézanne et Zola
La communauté du Pays d’Aix vient d’acquérir sa première peinture à l’huile de Cézanne pour la somme de 400 000 euros. Elle a rejoint les cimaises du musée Granet le 17 septembre. On pensait le musée aixois riche en « Cézannes ». Mais jusqu’alors, toutes les peintures présentées étaient des dépôts de l’État. Le reste de la collection étant composé d’aquarelles et dessins. Œuvre de jeunesse, ce portrait d’Émile Zola n’a plus été montré depuis 1936. Il dormait parmi les « trésors du coffre Vollard », du nom du célèbre marchand d’art et galeriste, dont les joyaux ont été mis aux enchères par Sotheby’s.
plus de 500 artistes de moins de 30 ans provenant de 47 pays, la Biennale des Jeunes Créateurs d’Europe et de la Méditerranée (BJCEM) est en pleine mutation. Premier changement d’importance, elle investira en 2011 deux villes. Les expositions auront lieu à Thessalonique (Grèce) du 6 octobre au 7 novembre 2011. Les concerts, lectures, projections cinéma, à Rome (Italie) du 16 au 18 décembre 2011. Parmi les représentants français, citons les Marseillais Sandra Lorenzi, Jérémie Delhome, Younes Baba-Ali, Arnaud Kwiatkowski, Sophie Guerrive (arts appliqués) et les rockers niçois d’Hyphen Hyphen.
Gogh et Monticelli avaient su attirer près de 170 000 personnes à la Vieille Charité... Ce « record » revendiqué s’explique par le fait que L’Orientalisme est une exposition itinérante passée, avant Marseille, par Bruxelles (40 000 visiteurs) et Munich (90 000 visiteurs).
Concours artistique de la CCI : pronostics Les dix œuvres sélectionnées dans la short list du concours artistique de la CCI Marseille-Provence seront visibles
BJCEM
Thessalonique et Rome
Paul Cézanne (1839-1906) - Portrait d’Émile Zola (vers 1862-1864) - Huile sur toile - 25,8 x 20,8 cm
110 000 C’est le nombre de visiteurs de l’exposition star de l’été, L’Orientalisme en Europe, de Delacroix à Matisse. La Ville parle de « taux record d’affluence ». Même si en 2008, Van
Ancien grand festival pluridisciplinaire dédié à la jeune création réunissant
Boris Chouvellon, Infinita Riviera, 2011. Jet ski, béton (230 x 120 x 160 cm). Plaque de marbre de Carrare (100 x 100 x 60 cm)
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ACTU
au Palais de la Bourse à partir du 30 septembre. C’est d’ailleurs ce même jour, lors du vernissage de l’exposition, que seront annoncés les trois lauréats. Parmi les concurrents, on retrouve Boris Chouvellon, Émilie Perotto, et Sandra Lorenzi. Nos favoris.
Affaire Vasarely : L’épilogue La cour d’appel d’Aix a confirmé le 6 septembre que Pierre Vasarely, le petit-fils de Victor Vasarely était seul titulaire du droit moral de l’ensemble de l’œuvre de l’artiste, dont la succession déchire la famille depuis 20 ans. Ce nouvel épisode « vient aujourd’hui mettre un terme aux multiples dénis de justice
de Mme Michèle Taburno, veuve en secondes noces de Jean-Pierre Vasarely, mon père, qui, sans droit aucun, s’est autorisée à administrer pendant de trop nombreuses années l’œuvre de Victor Vasarely, dépouillant ainsi de ses œuvres une fondation reconnue d’utilité publique », relatait Pierre Vasarely dans un communiqué. Selon lui, des « œuvres majeures » de l’artiste, décédé en 1997 à Paris, sont « entreposées illégalement » depuis 2004 à Chicago où réside Mme Taburno. Seules 44 œuvres monumentales subsistent dans le bâtiment aixois de la Fondation. Celle-ci vient toutefois de recevoir les œuvres obtenues par André Vasarely (oncle de Pierre) à l’occasion d›un arbitrage en 1995 et 1997. Le 28 septembre, dans le cadre du quarantième anniversaire de la reconnaissance d’utilité publique de la Fondation, 102 multiples de Victor Vasarely appartenant à l’institution ont été mis aux enchères « à son profit exclusif ». Victor Vasarely et Pierre Vasarely, Paris, 1994
BD à Marseille du 29 septembre au 30 octobre. Programme détaillé sur : www.badamfestival.com
lire Julien Blaine, Mes âneries dans le Berry (Éditions Al Dante) Un livre écrit et réalisé lors d’une résidence de Blaine à Le Magny en Berry. Et comme ses poèmes sont souvent « en chair et en os », l’ouvrage est accompagné d’un DVD.
Jean-Laurent Cassely, Marseille, manuel de survie (Éditions Les Beaux Jours)
dernière minute Portzamparc à Aix L’architecte Christian de Portzamparc (prix Pritzker 1994 et Grand prix de l’urbanisme 2004) sera l’invité d’honneur de la 9e édition du festival Images de ville, qui se déroulera du 11 au 15 novembre à Aix-en-Provence et qui sera consacré à la Rue. Programme détaillé sur : www.imagedeville.org
BaDaM ! à Marseille Expos, rencontres, ateliers, concerts, le festival BaDaM !, c’est un mois de
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Quelles sont les différences entre Plus belle la vie et la vraie vie ? Y a-t-il des chants de supporters politiquement corrects ? Faut-il être Corse, syndiqué et membre de l’amicale bouliste pour décrocher un entretien d’embauche ? Un guide qui évite les clichés.
Dany Lévêque, Angelin Preljocaj, de la création à la mémoire de la danse (Éditions Les Belles Lettres / Archimbaud) Choréologue depuis près de 20 ans pour le Ballet Preljocaj, Dany Lévêque nous emmène dans les coulisses de la création, en dévoilant quelques méthodes de recherche du chorégraphe...
Le Corbusier . Pierre Jeanneret . Charlotte Perriand "Cassina I Maestri" Le Collection Corbusier . Pierre Jeanneret . Charlotte Perriand Collection "Cassina I Maestri"
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événement
Roussea vu
rouge
Sur l’invitation de la fondation Regards de Provence, Georges Rousse a investi cet été l’ancienne Station sanitaire de Marseille. Avant que le bâtiment ne soit entièrement réhabilité pour abriter le musée de la fondation en 2013, l’artiste en a capturé la mémoire. Par SPR
Georges Rousse explore les endroits en déshérence, abandonnés, ou voués à la destruction. Pour quelques jours, il prend possession de ces lieux et transforme l’espace au gré de son imagination. Cet été, le plasticien a installé son atelier dans l’ancienne Station sanitaire maritime de Marseille, édifiée par l’architecte Fernand Pouillon en 1947. Longtemps abandonnée, squattée, incendiée, elle fut même menacée de destruction jusqu’à ce que l’on décide d’y implanter le musée de la fondation Regards de Provence, qui ouvrira ses portes en 2013. Avant que les lieux ne soient entièrement réaménagés et réhabilités, Georges Rousse y a réalisé, du 29 août au 5 septembre, deux installations, deux œuvres éphémères qui ont chacune été immortalisées par une photographie matérialisant le rêve de l’artiste. La première, dans le hall d’entrée du bâtiment (qui sera également la future entrée du musée), ne sera visible qu’en 2013. La seconde (reproduite ci-contre) devrait être exposée très prochainement dans le bâtiment actuel de la fondation Regards de Provence, le palais Carli. n
3 questions à Georges Rousse
« La vision panoramique d’un lever de soleil sur l’horizon » En quoi ce projet vous tenait-il à cœur ? Avant tout, ce qui m’a attiré à Marseille, c’est l’architecte, Fernand Pouillon. Cela a évoqué quelque chose en moi... Je commence à être âgé, et c’est un nom que j’avais beaucoup entendu étant jeune ! De plus, ce bâtiment est situé sur le port, comme une invitation à regarder vers l’horizon... Quand je suis venu le voir, j’ai été très ému, même s’il était vraiment insalubre : il a été squatté, endommagé, détruit... Il y avait même une voiture calcinée à l’intérieur ! Qu’avez-vous voulu représenter dans votre œuvre ? Au plafond, les carreaux de verre étaient protégés par des parpaings qui empêchaient la lumière d’entrer. Les flammes ont noirci les murs... La suie, cette couleur noire, ça m’a beaucoup intéressé. Le sujet de ma photo, c’est donc la lumière et le feu. Le rouge, ça rappelle le soleil, l’incandescence de sa lumière. Ce grand rectangle qui traverse tout l’espace, c’est la vision panoramique d’un lever de soleil sur l’horizon. C’est la dernière image de ce lieu, avant son renouveau. Comment s’est déroulé votre travail ? J’ai pris les premières photos en octobre 2010. Elles m’ont permis de préparer le projet dans mon atelier à Paris. Pendant ce temps, il fallait aménager le bâtiment, par exemple en évacuant la voiture calcinée ! Quand je suis revenu, nous avons mis trois jours à réaliser l’installation. Nous avons d’abord peint une bande blanche sur les murs et les piliers, recouverte ensuite de rouge, pour que celui-ci soit plus lumineux et profond. La photo sera tirée à cinq exemplaires (120 x 160 cm), plus un exemplaire en très grand format (180 x 230 cm) : la photographie est une réduction de la réalité, et j’aime que les gens puissent se projeter physiquement dans un lieu !
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événement
Georges Rousse, Station sanitaire Marseille - 2011 Entre architecture, peinture et photographie, Georges Rousse se joue des lois de la perspective. Il utilise la technique de l’anamorphose (image déformée par effet d’optique) pour transformer une installation faite dans les trois dimensions de l’espace en une figure géométrique placée au centre de l’image (ici, la bande rouge peinte sur les murs et piliers). Jeu de superposition entre le plan et la profondeur, la forme géométrique parfaite n’est visible par le visiteur que d’un point unique, celui choisi pour la prise de vue. L’œuvre achevée est la photographie finale, seule trace de son installation.
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événement
Le Silo 2.0 Édifié en 1926, le silo à grains d’Arenc va connaître une deuxième vie. La nouvelle salle de spectacles a été inaugurée le 21 septembre. Par Bertrand Ors
À Voir au Silo Jamel Debbouze Le 2 octobre Barbara Hendricks Le 15 octobre Patti Smith Group Le 7 novembre
Les Montagnes russes Le 8 novembre
Anthony Kavanagh Le 18 novembre
M. Pokora Le 11 novembre
Stéphane Guillon Le 26 novembre
Pockemon Crew Le 13 novembre
Entre le Dôme (5 000 places) et le Palais des Congrès (800 places), Marseille se voit dotée d’un équipement culturel qui permettra désormais à de nouveaux spectacles de pouvoir faire un crochet par le Vieux-Port. Avec une capacité d’accueil de 2 000 places (ou 1 700 selon la configuration), le Silo se veut « complémentaire des autres lieux culturels de la ville ». La programmation sera variée, avec quelques pop stars internationales (George Michael, Patti Smith), la crème des humoristes (Jamel Debbouze, Stéphane Guillon, Anthony Kavanagh), du théâtre (Les Montagnes russes, avec Bernard Tapie) et des concerts lyriques (Barbara Hendricks, Le Boléro de Ravel). Aussi, une fois par mois, le Silo deviendra dancefloor géant avec les soirées electro de Marsatac Calling. Dans la salle des mamelles Mais c’est le plaisir de découvrir la métamorphose d’un silo céréalier édifié dans les années 1920 (il est en cours d’inscription au patrimoine mondial de l’Unesco), qui nous guidera d’abord vers le majestueux bâtiment d’Arenc. La salle de spectacles aménagée par l’architecte Roland Carta est distincte de la partie « bureaux », confiée à Éric Castaldi. Le Silo se veut « espace culturel et lieu de vie » : à l’entrée, dans la vaste « salle des mamelles » de 600 m2, vestige de l’architecture de l’époque conservée en l’état, seront organisées expositions et séances de dédicaces. L’édifice accueillera aussi un bar à vins, avec vue sur la mer. Bien d’autres propositions viendront avec le temps, quand le public aura su se réapproprier ce nouveau lieu symbolique de la Marseille culturelle. n
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le Silo 35, quai du Lazaret - Marseille 2e www.silo-marseille.fr
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Marseille Web Fest
médias
« Le festival suscite un buzz impressionnant
Marseille, capitale européenne de la web-série ? Expos, show-room, performances, concerts... La Citerne du Panier change de look selon les événements qu’elle accueille. Un réservoir à culture bouillonnant. Par SPR
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« Et à la fin de la projection, on se dit : ‘’Mais en fait, c’est une vraie série !’’ » Jean-Michel Albert nous l’assure : « La web-série présente un intérêt artistique évident. » Évident... Pas pour tout le monde. De format court (8 minutes maximum), souvent autoproduite (et donc suspecte d’amateurisme), diffusée sur internet (hors des circuits traditionnels), la web-série serait en effet victime de quelques injustes à priori. Pour y remédier, le producteur a fondé, avec l’association Imago, le tout premier « festival international de la web-série de fiction ». Il se tiendra à Marseille. Une proposition inédite en Europe. Comédie loufoque et histoire de vampires 22 web-séries seront projetées (sur grand écran) au Pôle média de la Belle de Mai. Web-série française, américaine, libanaise, israélienne ; comédie loufoque, histoire de vampires, animation, fantastique… Le meilleur de la production mondiale sera visible à raison d’un ou deux épisodes par série. « L’idée, c’est de donner envie au public de visionner l’intégralité de la saison une fois de retour chez lui », indique Jean-Michel Albert. Mais il sera aussi possible de participer au Marseille Web Fest sans bouger de chez-soi : sur le site Youtube, le festival aura sa chaine dédiée, où l’on pourra visionner les 22 web-séries de la sélection officielle, et même voter pour celle qui se verra décerner le prix du public. Une vingtaine de conférences et rencontres, animées par des professionnels américains et européens de l’audiovisuel et du multimédia, présenteront les enjeux et perspectives qu’offrent ces nouvelles formes pour un secteur en pleine mutation. Les étudiants issus des écoles de cinéma, des filières de l’internet ou des formations en marketing et communication sont vivement conviés. Leur avenir professionnel se jouera ici.
chez les professionnels internationaux »
De la web-série au transmédia Comme autrefois le clip vidéo ou le court métrage, la web-série permet aux jeunes réalisateurs de faire leurs armes. La qualité artistique du genre est ainsi en constante progression. « Beaucoup sont encore faites avec des bouts de ficelles, reconnaît Jean-Michel Albert. Mais elles sont en train de changer de visage, grâce aux nouvelles possibilités techniques qu’offrent le haut débit, la diffusion en HD, et bientôt en 3D. » Si aujourd’hui, Dailymotion et Youtube en sont les principaux vecteurs de diffusion, les chaines de télé « traditionnelles » à la recherche de nouveaux contenus pour leurs plateformes en ligne, commencent elles aussi à s’y intéresser. Enfin, aux Etats-Unis, la web-série est déjà entrée dans les mœurs. « Tous les grands studios en font », assure Jean-Michel Albert, qui s’est inspiré du LA Web Fest de Los Angeles pour son festival. Pragmatiques, les Américains utilisent ces formes courtes pour tester de nouveaux projets : « Au lieu d’investir des dizaines de millions de dollars pour produire l’épisode pilote d’une série TV, la web-série permet, à moindre frais, de mesurer la réaction du public. » Avec ses évidentes potentialités « virales », elle constitue aussi un moyen efficace de faire la promotion de la nouvelle saison d’une série TV (comme pour Dexter) ou d’une sortie
cinéma (le remake de Blade Runner par Ridley Scott), en créant des petites histoires parallèles spécialement imaginées pour ce nouveau format. Avec l’arrivée du « transmédia », la web-série devrait devenir incontournable : comme les films de la saga Star Wars déclinés en BD, jeux vidéos et dessins animés ; il sera bientôt courant de voir une fiction adaptée pour différents supports ayant chacun leurs propres publics et formes narratives. Dans ce contexte, la web-série présente de réelles perspectives. Pas étonnant, donc, que Jean-Michel Albert constate un « buzz impressionnant chez les professionnels internationaux » autour de son festival. Ce qui lui donne quelques idées : « Sans prétention, nous aimerions devenir le Sundance de la web-série ! Il s’agirait de faire du festival un lieu de rencontres, où le jeune auteur pourrait rencontrer son futur producteur… » Marseille, capitale européenne de la web-série ? Réponse dans 10 ans. n
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Marseille web fest Les 14 et 15 octobre Pôle média de la Belle de Mai Entrée libre mais réservation conseillée sur le site : www.marseillewebfest.com
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DESIGN design
DNA : phallique - fertile
Ce grenier à grains high-tech a été conçu par des designers marseillais dans le cadre d’un projet social dans le Pas-de-Calais... Par Bertrand Ors
« DNA », car ce meuble de rangement peut passer d’une position « linéaire » à une forme hélicoïdale évoquant celle de l’ADN. Ou d’une position masculine, dite « phallique » à une forme féminine, « fertile »... « Il s’agissait de représenter la chaîne de la vie », explique le designer Edouard Vincent, concepteur avec Manon Legros de ce drôle de projet mêlant design et questions sociales.
de timbres ou de cigares... Ou ceux qui ont 60 paires de pompes ! » Ce « meuble d’accumulation » constitue un système de rangement ingénieux mêlant espace, technicité, et esthétique. Dans sa forme initiale, il est composé de 15 unités en forme d’ellipse, superposées les unes aux autres. En son cœur, un mât vertical « évidé comme un tube » sert d’axe central autour duquel tournent les 13 tiroirs
DNA est le fruit d’une commande émanant des « Maisons des enfants de la Côte d’Opale », structure d’accueil pour jeunes en difficulté, située à Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais). Elle avait envoyé une centaine d’enfants dans plusieurs pays d’Europe et d’Afrique : un voyage initiatique au cours duquel ces derniers devaient collecter des graines d’espèces végétales spécifiques à chaque région traversée. Le duo de designers marseillais avait pour mission d’imaginer un meuble dans lequel ces graines pourraient être stockées... et conservées. « Cela nous a demandé deux ans de travail, nous apprend Edouard Vincent. La difficulté principale résidait dans l’élaboration d’un système de ventilation interne pour gérer l’hygrométrie. »
Ce meuble de rangement peut passer d’une position « linéaire » à une forme hélicoïdale évoquant celle de l’ADN. Ou d’une position masculine, dite « phallique » à une forme féminine, « fertile ».
Espace, technicité, esthétique Grenier à grain dans le Boulonnais, DNA peut être décliné en différentes variations et s’avérer très utile à « tous ceux qui ont besoin de mettre des affaires à l’abri de l’humidité : collectionneurs
autoportés. Il assure aussi la circulation de l’air. Une force invisible composée de puissants aimants cachés à l’intérieur des tiroirs structure et modèle le meuble dans ses deux formes de référence, « masculine » et « féminine ». Le 15 juillet dernier, DNA a pris place à Boulogne-sur-Mer. Dans un ancien pigeonnier, une salle lui est désormais spécialement dédiée. Il trône au centre, comme un totem en son temple. « Dans 20 ans, un jeune pourra revenir chercher sa graine, elle sera là, reprend Edouard Vincent. C’est une façon de dire à ces enfants qu’il y aura toujours ici une trace de leur passage dans la vie. » n
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découverte
Citerne du Panier
Réservoir à culture Expos, show-room, performances, concerts... La Citerne du Panier change de look selon les événements qu’elle accueille. Un réservoir à culture bouillonnant. Par SPR
C’est bientôt Concert Zoo Animal Quartet Jazz, afro-beat, rock expérimental et impros débridées... Le 5 octobre Expo Du noir dans l’œil Les travaux de 5 graphistes, photographes et illustrateurs marseillais. Du 15 octobre au 5 novembre Expo Avatar, mon double ? Les artistes de l’ère numérique questionnent le réel et son double virtuel. Du 7 au 14 novembre
Armé de flyers roses, Christophe Cluzel guète le chaland à l’entrée de la Vieille Charité : « Ça s’appelle la Citerne du Panier, c’est à deux pas d’ici. Nous accueillons en ce moment un collectif de créateurs... Mais non, ce n’est pas une boutique... » Ouverte en mars 2011, la Citerne est un peu excentrée des lieux de passage du labyrinthique Panier. Alors Christophe se démène pour détourner un maximum de curieux vers la rue Saint-Antoine : « C’est une ancienne citerne à eau du XVIIIe siècle, mais le lieu est occupé au moins depuis le XIe siècle... » L’argument historique fait toujours son petit effet.
« Un lieu alternatif et une plateforme artistique » « Je crois en l’humain, plus qu’au pognon », nous dit le jeune homme de 28 ans. Et s’il flye les touristes, il en va de même avec les artistes : « Les allemands qui exposent en ce moment à la Citerne, je les ai rencontrés comme ça, dans la rue... » Structure associative, la Citerne se veut « zone d’échange culturelle où se croisent les disciplines, les pratiques, les formes, et les publics ». Il s’y passe toujours quelque chose : expos, show-rooms, performances, concerts... Pour chaque événement, l’espace est entièrement réaménagé aux couleurs du « résident », si bien que la Citerne change de look à peu près chaque mois et se nourrit de la créativité des acteurs qui l’animent. « J’ai voulu faire un lieu alternatif, une plateforme artistique, résume Cluzel. On peut montrer des artistes marseillais, ou nationaux voire internationaux, ça dépend des opportunités. » Et des rencontres qu’il fera au Panier. n
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la citerne du panier 17, rue Saint-Antoine - 13002 Marseille 04 88 44 31 72 - www.laciternedupanier.com
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8e art pub sixfours-Cygne_Mise en page 1 14/09/11 16:06 Page1
ison du Cygne a M
V ILLE de
SIX-FOURS
S
LES-PLAGE
PÔLE ARTS PLASTIQUES / SIX-FOURS
10 ans d’aventures plastiques
Exposition collective
Maison du Cygne - Centre d’art Du 21 octobre au 20 novembre 2011
Comby - Eppelé - Cassar Garnier - Baviera chouvellon 185x128:Mise en page 1
14/09/11
11:29
Page 1
Maison du Cygne - Av.de La Coudoulière - Six-Fours-Les-Plages Tous les jours, sauf les lundis et jours fériés, de 9 h à 12 h et de 14 h à 17h30 Entrée libre. Tél : 04 94 10 49 90 - arts-plastiques@mairie-six-fours.fr
Boris Chouvellon
Boris Chouvellon, Sans titre, 2011
RUNNING ON EMPTY
14 octobre 2011 - 8 janvier 2012 [mac] musée d’art contemporain de Marseille
69, avenue d’Haïfa, 13008 Marseille / Renseignements 04 91 25 01 07 Métro Rond-point du Prado / Bus 23 ou 45 arrêt Marie-Louise - Haïfa Visite commentée de l’exposition chaque dimanche à 15h. Exposition ouverte de 10h à 17h / Fermée le lundi et les jours fériés
découverte
Party fine
au Lab.L Une soirée arty sous le signe de la sensualité avec sex toys design, installation tactile et menu aphrodisiaque sur fond de musique de films érotiques des années 70. C’est le troisième « Vernissage vivant » du Lab.L, un rendez-vous qui pourrait bien devenir incontournable. Par SPR
« C’est un cocon, un fauteuil suspendu dans lequel tu te glisses de design, d’art contemporain, de mode, de musique, et tous les à travers une fente. » LN Boul nous décrit l’une de ses dernières curieux ! » Recette imparable, qui fait des Vernissages vivants du Lab.L créations. Elle poursuit : « Mais d’autres designers présenteront leurs le nouveau point de ralliement de la jeune scène artistique locale. Il y a objets, comme ce kit de culture clitoridien... Chouette non ? » Heuu, ceux qui connaissent... et les autres. pardon ?... « Je vais aussi te montrer le plug anal qui épouse la forme Une petite soirée entre amis du nez... » On a censuré la suite. Entre sex toys de créateurs, installation tactile, menu aphrodisiaque Les plus belles aventures commencent souvent sur un malentendu. Au et musiques de films érotiques des années 70 (on en oublie plein), printemps dernier, LN Boul et la décoratrice Sarah K décident de fêter le troisième « Vernissage vivant » de l’atelier Lab.L sera, on l’aura la fin des travaux d’aménagement de l’atelier qu’elles partagent à deux pas de la Friche en organisant une soirée compris, placé sous le signe de la sensualité « En mixant les disciplines, on mixe d’inauguration mêlant expo, performance et et de l’érotisme. « Tout en gardant l’esprit des les publics. Se retrouvent chez petite restauration gastronomique. En toute deux premières soirées, nous voulions faire nous les amateurs de design, d’art simplicité. Elles convient leurs amis, les en sorte que cette fois, ça soit plus ‘’pro’’, plus contemporain, de mode, de musique, amis de leurs amis, et l’info circule, fait son construit, avec une thématique commune et et tous les curieux ! » chemin, jusqu’à attirer plus de 200 personnes une vraie commissaire d’expo ! » L’expo, c’est Lydie Marchi qui s’y colle. Elle baladera sa galerie nomade au au Lab.L. Les filles n’en reviennent pas : « Voir un tel engouement a Lab.L pour présenter les regards croisés de deux photographes sur eu sur nous un impact considérable, se souvient LN. De nombreuses lesquels le public ne manquera pas de s’égarer... « En mixant les personnes nous ont dit attendre la suite ! » Les deux créatrices ne disciplines, on mixe les publics. Se retrouvent chez nous les amateurs se font pas prier et décident de remettre ça quelques semaines plus tard. Là encore, ça marche fort : l’atelier est plein à craquer et la soirée déborde sur toute la rue. LN et Sarah se sont définitivement prises au jeu. C’est promis, les soirées Lab.L, ça sera chaque trimestre, toujours selon la même recette : on mélange les arts, les publics, les formes, les générations, et c’est gratuit. n
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sensualité Le 3 novembre de 18h à 22h Lab.L - Les ateliers du bd Leccia - 20, bd Leccia - Marseille 2e www.labl-marseille.com
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Leur truc c’est le troc
2013, c’est loin. D’ici là, l’équipe de Marseille 2013 Off compte bien occuper le terrain avec des événements toujours plus insolites et fédérateurs. En novembre, ils reviennent avec une nouvelle proposition. Nom de code : La Trocade. Par Michel Apicella
MARSEILLE 2013 OFF LA TROCADE8
Mode d’emploi Les artistes installent leurs œuvres à la façon d’une exposition collective. L’entrée sera gratuite. Une œuvre vous attire ? Il vous suffit de rédiger une offre de troc assortie de vos coordonnées sur un post-it et de le coller sur le mur à côté de l’œuvre convoitée. À la fin de l’événement, l’artiste choisira parmi ces propositions celle qui lui convient le mieux et prendra aussitôt contact avec l’heureux élu : « Allo ? La semaine à Barcelone, c’est toujours ok ? » Bon, et à part ça ? L’ambiance sera cool et festive, et on peut venir sans n’avoir rien à troquer. Pour voir l’exposition collective et surtout pour découvrir les propositions de troc et leurs surenchères sur post-it. L’événement prend ainsi des allures de performance participative. Mais qui se cache derrière cette mystérieuse Trocade ? Insolite, décalé, alternatif... Encore un coup des agitateurs de Marseille 2013 Off : « Pour qu’il y ait un Off de la capitale européenne de la culture, encore faut-il
« Si tu aimes l’art, tu as forcément quelque chose à échanger contre une œuvre ! » que les artistes puissent survivre d’ici 2013 ! », rappelle Éric Pringels, l’un des initiateurs du projet. L’événement est co-organisé avec l’association Mouv’art, qui apporte son réseau et son savoir-faire. Du coup, ça sera peut-être un peu moins bordélique que les précédents rendezvous du Off... Mais toujours aussi fun.
© Antonin Doussot
Je suis artiste, comment participer ? Le dossier de candidature est téléchargeable sur le site www.latrocade.fr. Il faudra le renvoyer avant le 30 octobre pour qu’il puisse être examiné par le comité de sélection. Comme quoi, ça rigole pas tant que ça. Le mot de la fin « Le Off c’est fédérer, la Trocade c’est fédérer ! Nous voulons que les artistes et le public se rencontrent. Si tu aimes l’art, tu as forcément quelque chose à échanger contre une œuvre ! » Éric Pringels, Marseille 2013 Off. n
Photo © malika mokadem
L’idée Troquons ! « Votre sculpture contre mon scooter » ; « Votre photo contre une semaine chez moi à Barcelone » ; « Votre dessin contre vingt séances d’ostéo »... Bon, dit comme ça, ça parait assez drôle (et ça l’est), mais l’enjeu est d’importance : dans un contexte difficile pour les artistes, il s’agit d’instaurer le troc comme nouvelle valeur économique de l’art contemporain, tout en démocratisant l’accès aux œuvres d’art pour le grand public. Et oui, c’est possible. Surtout si vous venez.
3 questions à
Gérard Traquandi, parrain de la Trocade 2011
« Je roule dans une voiture que j’ai troquée contre une de mes toiles » Pourquoi avez-vous accepté d’être le parrain de cette première Trocade ? Le troc a toujours fait partie des systèmes de circulation des œuvres d’art. C’est évidemment un moyen qui est souvent utilisé chez les artistes en devenir, mais cette pratique persiste également pour des artistes reconnus. Personnellement, en ce moment, je roule dans une voiture que j’ai troquée contre une de mes toiles. Aussi, quand on m’a expliqué le principe de cette manifestation, j’ai trouvé cela tout naturel de la parrainer. Qu’en attendez-vous ? J’espère que cette manifestation pourra permettre à certains artistes marseillais qui n’arrivent pas à exposer de faire connaître leurs œuvres. Et que de l’autre côté de la barrière, le public sera nombreux pour participer à cette Trocade dont le concept me paraît bien coller avec Marseille. Vous avez un projet pour 2013 ? Vu comment c’était parti, je m’étais juré de ne rien faire. Mais l’équipe du Off est venue me chercher et j’aime vraiment ce qu’ils font, leur côté pirate. Et puis mon ami Rudy Ricciotti est leur parrain, alors je ne pouvais vraiment pas refuser. On verra bien où cela nous mènera...
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la trocade Les 25 et 26 novembre 28, rue Fortia - Marseille 1er www.latrocade.fr
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Tatouages, design et sensualité
Retour au Daki Ling pour une Pecha Kucha Night 17e du nom qui s’annonce très pimentée, entre « néoloubard » tatoué, jeunes créatrices sensibles, et surprises croustillantes... Par Alexandre Lévêque
de tatouage « néo-loubard », le plasticien intègre le tatoo dans sa pratique artistique : il devient performance et se pratique en autodidacte, « n’importe où, n’importe quoi, n’importe quand ».
Sensu-elles Saffir & LN Boul : Dans ce monde de brutes, Lydie Marchi (galerie Saffir) et la designer LN Boul insuffleront charme et sensualité... La sensualité, c’est d’ailleurs le thème de la soirée organisée à l’atelier d’LN où Saffir présentera une expo... Et il se murmure que pour la PKN, les deux jeunes femmes préparent une petite surprise très croustillante...
Minutie poétique Olgajeanne : Styliste et designer textile, ses broderies, bijoux et accessoires sont d’une très grande finesse. Olgajeanne, c’est la délicate attention, le goût du détail, une minutie poétique. Même quand elle détourne des médailles militaires...
Théâtre d’images Hélène Göhring : Photos de mode, ou portraits, pièces de théâtre ou reportages, son style reste toujours épuré et maîtrisé. La photographe vient de quitter la Suisse pour Marseille où elle poursuit ses recherches sur la lumière et les matières.
Ma nuit avec un artiste
On rappelle le concept : une dizaine de créatifs se succède sur scène. Chacun dispose de 6 minutes 40 pour présenter son projet, sa création ou son idée. Une soirée orchestrée par Sarah Carrière-Chardon qui, pour cette édition, partage la programmation avec l’équipe du Waaw qui viendra accompagnée de ses trois coups de cœur. Pin-up et têtes de mort Lucky Bastards : Un nouveau shop autour de la culture tatoo : Bouquins, fringues, disques, bijoux, accessoires... Ici, le rock et la street culture prennent le pouvoir. Lucky Bastards, c’est aussi un salon de salon de tatouage et un lieu d’expo. Chaque mois, un artiste tatoueur est accueilli pour une exposition-résidence et quelques veinards pourront se faire tatouer par le maître himself.
Néo-loubard Antoine Capet : Photographe, musicien, vidéaste, il a fondé à Paris la revue Entrisme, « magazine culturel contemporain et transversal, abordant pêle-mêle et sur un ton subjectif les domaines de la musique, de la littérature, de la mode, de la culture ». Initiateur du « Superficialisme », mouvement parisien
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Au Vieux Panier : Les cinq chambres de cet « art hôtel » ouvert en juin 2010 sont entièrement habillées par des artistes issus d’univers différents. Mais l’idée, c’est de se renouveler chaque année. Pour la saison II, les lieux seront donc relookés par de nouveaux créateurs... Lequel choisirez-vous pour passer la nuit ?
Designer tout terrain Aïe Design : Maxime Paulet est un peu schizo. Au sein du collectif « la Designothèque », il devient Aïe Design. Aussi à l’aise dans le design d’objets que dans le design d’intérieur, il a par exemple dessiné les trophées du « Prix Commerce Design Marseille » en 2010... Qu’il risque bien de remporter cette année pour son travail au Waaw dont il a conçu l’aménagement intérieur.
Décidément trop Waaw Le Waaw : Le « bistrot culture infos » a ouvert ses portes il y a à peine un an... Mais le lieu est déjà incontournable. On y vient pour boire un verre, dénicher des infos culturelles ou assister aux nombreux événements (rencontres, ateliers, etc.) qui rythment la vie du Waaw... Un lieu qui fait bouger Marseille, la PKN aime ça. Du coup, le Waaw aura carte blanche pour proposer trois coups de cœur, trois créateurs qui viendront présenter leur univers. n
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Pecha Kucha Night #17 Le 27 octobre à 19h30 Daki Ling - 45 A, rue d’Aubagne - Marseille 1er www.pechakuchanight.fr
Š Corinne Malet
www.lesitedegertrude.fr
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Art contemporain
Panorama sur la scène marseillaise Dossier réalisé par Sandro Piscopo-Reguieg et Alexandre Lévêque
© Nicolas H. Muller - Photo : Jean-Pierre Bertrand
p. 30 p. 34 p. 30 : Galeries de portraits
p. 34 : locomotives par défaut
Une nouvelle génération de galeries privées a fait son entrée sur la scène. Portées par des passionnés, elles n’ont pas encore défini un modèle économique viable.
Pour dynamiser la scène et faire venir des collectionneurs, il faut de grandes expositions. Les acteurs se sont donc organisés pour concevoir les temps forts qui rythment la saison marseillaise. En attendant 2013.
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© Kader Attia, Sharjah Art Foundation, galerie Christian Nagel (Berlin & Cologne) © Serge Assier
p. 36 p. 42 p. 36 : Pourquoi les artistes aiment Marseille ?
p. 42 : MAC micmac
Si Marseille ne brille pas par la vigueur de son marché, elle reste une terre d’accueil pour les artistes. Ces derniers profitent encore des outils mis en place par Christian Poitevin...
En regard de son prestigieux passé, le musée d’art contemporain connaît aujourd’hui un spectaculaire déclin. Le MAC retrouvera-til un jour les moyens de ses ambitions ?
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Galeries de portraits Une nouvelle génération d’acteurs émerge sur la scène locale. Expérimentant des dispositifs originaux, ces galeries privées peinent à définir un modèle viable et doivent parfois allier démarches associatives et commerciales.
Les galeries associatives sont en difficulté. SMP, RLBQ et BuySellf Art Club sont les dernières victimes d’un mouvement de fond consacrant la fin d’une époque. Celle des années 1980 et 1990, quand les pouvoirs publics encourageaient le développement de ce type d’initiative par une généreuse politique de subventions. « Il y a deux ou trois ans, les collectivités ont décidé de faire une sélection et de ne concentrer leurs aides que sur quelques structures », « Ces nouveaux acteurs constate Camille Videcoq, investissent leur propre ex-directrice de la galerie argent et jouent à la fois RLBQ dont la fermeture en le rôle de galeristes et 2009 constituerait « l’exemple de mécènes : ils essaient emblématique de l’évolution de la scène locale : ces de trouver le juste milieu entre commercialisation et lieux apparus au milieu des années 1990, sur l’initiative ouverture à l’émergence » d’artistes qui trouvaient ainsi Camille Videcoq, commissaire d’expo et enseignante les moyens de produire et montrer leur travail, ont été confrontés à la baisse des subventions et donc à la nécessité de devoir se professionnaliser. Certains n’ont pas survécu... » Bien que fragilisées, les galeries associatives restent toutefois largement majoritaires. Mais le tissu local est en pleine mutation. « On assiste depuis peu à l’arrivée d’une nouvelle génération, observe Camille Videcoq, aujourd’hui commissaire d’exposition et enseignante aux beaux-arts d’Aix. Des gens qui investissent leur propre argent et qui jouent à la fois le rôle de galeristes et de mécènes : ils essaient de trouver le juste milieu entre commercialisation et ouverture à l’émergence, avec des propositions très risquées. » Portrait robot de ce galeriste des années 2010 : plutôt jeune (entre 35 et 40 ans), il a
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suivi un cursus universitaire aux beaux-arts ou en histoire de l’art. Proche du milieu artistique local avec lequel il entretient des liens très forts, il garde une activité professionnelle annexe pour financer sa galerie. À perte. « Au lieu de s’acheter une voiture ou un bateau, ils se sont payés un lieu, ajoute Camille Videcoq, qui estime que dans le contexte d’une politique culturelle dure, ces nouveaux acteurs prennent un vrai rôle. » Galeries de portraits. Saffir, galerie nomade et infiltrée Quand Lydie Marchi décide de se lancer en 2007, les réalités économiques l’incitent à imaginer une formule originale pour sa galerie Saffir, conçue « sur le modèle anglo-saxon des galeries nomades. C’est bien plus dynamique, on va chercher le client là où il est ». Comme il n’est visiblement pas à Marseille, elle promène sa galerie de Cannes à Miami en passant par Berlin, Paris, la Suisse... Avant le retour au bercail en 2009. Depuis, elle occupe un espace de 12 m2 aménagé sur la mezzanine d’une boutique du quartier des antiquaires, le Cabanon Design. Les amateurs de mobilier vintage se voient ainsi confrontés à l’art contemporain selon Lydie Marchi. Un vrai choc des cultures. Le bourgeois marseillais serait en effet plutôt branché peinture provençale : « Ils me demandent pourquoi je n’expose pas du Ambrogiani », note Lydie Marchi, qui apprend à connaître cette clientèle « capable d’acheter une chaise à 400 euros, mais rien en art contemporain, quel que soit le prix. » Si Saffir possède un noyau d’amateurs fidèles, si ses vernissages sont toujours pleins, le nerf de la guerre fait cruellement défaut. « Je me pose beaucoup de questions... Pourquoi suis-je venue à Marseille ? Il n’y a pas de marché ici. On ne vend pas. Je vois des gens ayant ouvert une galerie à Bruxelles en même temps que moi et qui aujourd’hui s’en sortent mieux. Les collectionneurs disent que les galeries locales manquent
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Didier Gourvennec Ogor
« Je mets toute ma vie dans cette galerie ! »
d’envergure ?* Ce sont plutôt eux qui manquent d’envergure ! Ils n’ont qu’à venir nous voir et acheter nos pièces, ainsi nous pourrons grandir ! » Lydie a décidé, il y a peu, d’opter pour le statut associatif. Ce qu’elle a « du mal à assumer ». Mais sa subvention annuelle de 3 000 euros lui permet de limiter les pertes. À l’automne, Saffir quittera le quartier des antiquaires pour redevenir nomade. La GAD : white cube à domicile Arnaud Deschin est une personnalité à part. Un matamore de l’avantgarde. Cet ancien des beaux-arts, passé par la foire Art Dealers de Roger Pailhas, a aménagé un white cube de 25 m2 dans son propre appartement en avril 2010. « Depuis, j’ai fait une dizaine « Les collectionneurs disent d’expos et vendu en tout et que les galeries locales pour tout trois pièces pour une manquent d’envergure ? Ce valeur globale de 1 000 euros. » sont plutôt eux qui manquent Pour continuer à promouvoir de jeunes artistes dans un d’envergure ! Ils n’ont qu’à esprit « pointu et conceptuel », venir nous voir et acheter il doit garder son job de nos pièces, ainsi nous visiteur médical... Deschin se pourrons grandir ! » sent pourtant conforté dans Lydie Marchi, Saffir galerie nomade ses choix artistiques. Ses vernissages attirent tout le petit monde de l'art contemporain local, et pas seulement « pour les chips et picoler gratos ». Toutefois, le collectionneur se fait toujours attendre : « Pour les faire venir, il faut un budget marketing, organiser des animations, et beaucoup de relationnel. C’est un long travail... » * Journal des arts n°351(été 2011)
Didier Gourvennec Ogor a débarqué à Marseille cet été avec l’ambition d’y ouvrir « une galerie de prestige au rayonnement national et international ». Rien que ça. Venu de Paris, il a inauguré sa galerie éponyme le 3 septembre, un espace de 210 m2 entre Joliette et Porte d’Aix : « Un lieu aussi immense et beau, je n’osais pas y croire. C’est un mini centre d’art. J’en suis très fier ! » Idéal pour mettre en valeur ses « artistes internationaux, jamais vus à Marseille », réunis grâce au réseau qu’il a patiemment bâti au fil de son parcours. Car à 36 ans, DGO est un pro. Et Marseille, il connaît : de 2003 à 2005, le Brestois Marseille, un choix y a effectué son apprentissage stratégique et un auprès de Roger Pailhas. Il prend challenge ensuite la direction de Paris où il rejoint la galerie d’Yvon Lambert puis celle de Georges-Philippe et Nathalie Vallois qu’il quitte l’année dernière pour préparer son grand projet. Sa première galerie sera marseillaise. Un choix stratégique et un challenge : « Je ne voulais pas être la énième galerie parisienne. Là-bas, j’habitais dans le Marais. Je voyais chaque jour des galeries ouvrir puis fermer. À Paris ils galèrent ! Pour moi aussi, ça sera difficile, je le sais bien... Mais au lieu de me retrouver dans un minuscule clapier parisien, je vais pouvoir profiter ici de bonnes conditions de monstration ! » Les jeunes cadres d’Euromed, les croisiéristes, la perspective de 2013, représenteraient un réel potentiel économique pour la ville et autant de débouchés pour sa galerie. « Il y a aussi quelques vrais collectionneurs, du niveau de ceux de Paris. Ils sont peut-être une dizaine dans la région, mais ça ne suffit pas. » DGO sera donc très actif sur les foires (Slick, Salon du Dessin Contemporain, Art Brussels). Des investissements forts coûteux qui, conjugués aux travaux d’aménagement de sa galerie, atteindraient la somme de 100 000 euros : « Je mets toute ma vie dans cette galerie : personnelle et financière ! » Incorrigible optimiste, il annonce : « Marseille peut devenir une place internationale ! » Pour ça, il en faudrait douze comme lui.
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Nicolas H. Muller, Vue de la fenêtre Nord de la Villa Caméline, 2010 (détail) L’artiste Nicolas Muller présentait une expo à la GAD dans le cadre du PAC 2011
Galerie of Marseille
Courtesy de l'artiste - Crédit photo : Jean-Pierre Bertrand
« On peut disparaître du jour au lendemain »
Loin d’être abattu, le fringant galeriste a encore quelques cartouches en réserve. Il ne renoncera pas, et promet déjà des « expos choc » pour 2012. La 3e Rue relie Marseille à Paris La 3e Rue Galerie a la particularité de jouer sur deux espaces en créant un pont entre Marseille et Paris. Dans un premier temps, Audrey Koulinsky-Courroy et son époux, jeunes collectionneurs, ouvrent une élégante galerie dans la rue commerçante (la 3e rue) de la Cité Radieuse en 2009. Elle se voit complétée dès l’année suivante par un second lieu situé dans le quartier Beaubourg à Paris : un petit espace de 20 m2 muni d’une vitrine. Les artistes exposés chez 3e Rue sont ainsi visibles au même moment à Marseille et Paris. Une ubiquité rendue nécessaire par la faiblesse du marché local et un certain sentiment d’isolement, comme nous l’explique Audrey KoulinskyCourroy : « Si vous croisez un collectionneur sur une foire et que vous lui dites que vous êtes à Marseille, il sait très bien qu’il ne viendra jamais. Quand on parle de Beaubourg, ça crée tout de suite des liens. » La 3e Rue tient peut-être la bonne formule : les deux espaces sont interdépendants, les ventes s’effectuent aussi bien à Paris qu’à Marseille. « Mais ça reste encore irrégulier et insuffisant pour que la galerie soit rentable. Chaque expo nous coûte de l’argent. » Les Courroy restent optimistes et Marseille, ils y croient : « Il y a une dynamique intéressante. Nous touchons beaucoup de primoacheteurs, des jeunes cadres qu’il faut éduquer. La pédagogie fait partie de notre métier, nous sommes des passeurs. » Ils projettent d’ouvrir un troisième espace dans leur propre appartement, au Corbusier. Il sera géré par une association. n
La Galerie of Marseille fait figure de leader sur la scène locale. Son directeur, Yannick Gonzalez, n’est pas vraiment un novice. En 1993, il est encore artiste quand il fonde une association, le Bureau des compétences et désirs, qui sait rapidement se rendre indispensable en développant le programme des Nouveaux commanditaires avec la Fondation de France (des commandes émanant de la société civile). Soucieux d’étendre ses activités à la diffusion, il fait le pari d’ouvrir une galerie privée en 2006. « Ça a marché dès la première expo : j’ai pu avoir trois œuvres de Michelangelo Pistoletto, que je connais depuis une vingtaine d’années. Deux d’entre elles ont été vendues, et j’ai réalisé un chiffre d’affaire indécent ! » Les acheteurs ? Le FRAC Corse et le FNAC, des collections publiques. Les réseaux et compétences du Bureau permettraient-ils à la Galerie of Marseille d’assouvir ses désirs ? « Depuis le temps que je suis dans le milieu, j’ai pu connaître beaucoup de monde, explique Gonzalez. J’ai des contacts, j’essaie de les bonifier, de les faire fructifier. Il faut bien vendre ! Sinon à quoi bon faire une galerie ? » La Galerie of Marseille Elles partagent le même lieu, est la seule à proposer défendent les mêmes artistes des artistes de et la même philosophie ; mais renommée internationale la galerie et l’association sont et à pouvoir participer à « complètement étanches au la Fiac. niveau financier » tient-il à préciser. En conciliant savoirfaire associatif et stratégie commerciale agressive, la Galerie of Marseille présente un modèle à part. Qui marche. Foires, collectionneurs français et européens, collections publiques... Yannick Gonzalez est sur tous les fronts. Dans le paysage local, sa galerie est la seule à proposer des artistes de renommée internationale et à pouvoir participer à la Fiac, la plus prestigieuse des foires parisiennes. L’année dernière, Gonzalez y a osé un coup de poker. Et même plus : « J’ai fait tapis ! J’ai investi tout l’argent de la galerie pour financer le stand et les œuvres de l’artiste Mathieu Briand, présenté en solo show. Si on se plantait, on fermait. » Le risque paye : tout a été vendu. La Galerie of Marseille constitue la preuve qu’il est possible, pour une galerie privée, de parvenir à l’équilibre financier et de rayonner à l’international depuis Marseille. Même si « tout cela reste extrêmement fragile, prévient Gonzalez. On peut rester six mois sans vendre et faire un gros coup. Mais on peut aussi disparaître du jour au lendemain... » Cet automne, la Galerie of Marseille sera d’ailleurs de retour à la Fiac...
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Art-O-Rama - Printemps de l’art contemporain
Locomotives par défaut
Le FRAC est en construction, le MAC fait défection et Marseille manque de grandes expositions “locomotives”. Art-O-Rama et le Printemps de l’art contemporain sont aujourd’hui les deux temps forts susceptibles de dynamiser la scène. En attendant 2013...
« Marseille n’est pas une place importante de l’art contemporain. Ce n’est pas une place tout court : Il y a peu de galeries et peu vendent. » Le constat est de Jérôme Pantalacci, co-directeur de la foire Art-ORama. « Nous avons besoin de locomotives. Une grande expo, ça fait venir des collectionneurs sur la ville, ce qui peut profiter aux galeries du territoire. » Le MAC n’étant plus capable d’assumer ce rôle, le FRAC ne l’étant pas encore ; les acteurs locaux ont pris les devants pour concevoir eux-mêmes les temps forts qui rythment aujourd’hui la saison marseillaise : Art-O-Rama à la rentrée, le Printemps de l’art contemporain en mai. La locomotive, c’est eux. Art-O-Rama : créer un marché
de personnes directement impliquées dans l’art contemporain qui se retrouvent à la foire, dont le format volontairement réduit incite à la rencontre et aux échanges. C’est le seul moment de l’année où l’on peut noter une telle concentration de professionnels à Marseille. Les galeries du territoire calent donc leur agenda sur celui d’Art-O-Rama et organisent leurs vernissages en marge de la foire. Toutes espèrent recevoir la visite de ces invités de marque. L’équipe d’Art-O-Rama a même conçu un « parcours privé » à l’attention de ces derniers. Promenés de galerie en galerie, ils ont par exemple pu visiter cette année la Galerie of Marseille, la GAD, la galerie Gourvennec Ogor, Porte Avion, 3e Rue, Saffir... En 2010, l’opération a ainsi rapporté entre 30 et 40 000 euros aux galeries locales. Quant à la foire, elle a, la même année, généré un volume de vente de 50 à 60 000 euros. Si durant ArtO-Rama, Marseille a des allures de petite place internationale de l’art, cela ne dure que le temps d’un week-end...
« Salon international de l’art contemporain », Art-O-Rama est devenu, en cinq éditions, la grand-messe régionale de l’art contemporain. Largement soutenue par les collectivités locales qui participent à son budget à hauteur de 60 %, la foire peut ainsi inviter les galeries PAC : les galeries associées participantes qui, ne payant pas leur stand, « peuvent se permettre de prendre un risque artistique en limitant le risque économique », comme C'est justement lors de l’ouverture d’Art-O-Rama que l'association le souligne Jérôme Pantalacci. Un vrai gage de qualité. Au mois de Marseille expos a organisé l’exposition inaugurale de son nouveau septembre, 14 galeries françaises et étrangères étaient présentées à « Nous avons besoin de locomotives. Une grande expo, ça fait venir des la Friche Belle de Mai. collectionneurs sur la ville, ce qui peut profiter aux galeries du territoire » Mais une foire, c’est un marché. Il faut des exposants mais aussi des clients. L’équipe d’Art-O-Rama doit local « H.L.M. - Hors les Murs » situé au Panier. « Avec ses 140 m2 donc déployer toute son énergie pour attirer quelques dizaines de de surface d'exposition, ce nouveau lieu est mutualisé pour tous les collectionneurs « connus et identifiés » dans la cité phocéenne. En membres de Marseille expos qui en assureront la programmation comptant les galeristes, les critiques (presse nationale et internationale) de manière individuelle ou groupée », nous apprend Céline Emas et les institutionnels (directeurs de musées), c’est en tout une centaine Jarousseau, chargée de développement de la « fédération » de galeries
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dossier ART CONTEMPORAIN 8
Dorothée Dupuis
« Nous avons grossi sur un vide »
Art-O-Rama 2011 Le module de Sandro Della Noce, artiste invité
regroupant aujourd'hui 26 adhérents. On mesure le chemin parcouru par Marseille expos depuis 2007, quand cinq acteurs (Sextant, Galerie of Marseille, RLBQ, Buy-Sellf, HO) décident de mutualiser leurs frais en créant des outils de communication communs (site internet, newsletter, dépliant). Dans un contexte économique difficile pour les lieux associatifs, l’initiative est rapidement suivie et Marseille expos absorbe une grande partie des structures locales dédiées à l’art contemporain. Si les lieux associatifs sont majoritaires, le réseau compte aussi quelques galeries privées et même une institution, le FRAC. Avec le Printemps de l’art contemporain (PAC), né en 2009, Marseille expos a inventé son propre « temps fort », moment de célébration collective de la scène artistique marseillaise : trois jours de vernissages et animations en nocturne dans une ambiance plutôt détendue et festive. Le public est invité à découvrir une vingtaine d’expositions en déambulant d’un lieu à l’autre, quartier par quartier. En 2011, le PAC a attiré 6 200 visiteurs, soit une augmentation de 30 % par rapport à l’année précédente. Les mauvaises langues chuchotent que l’événement met en valeur la pauvreté des moyens, que le grand public ne suit pas... La manifestation est encore jeune, elle monte en puissance. En 2012, la quatrième édition du PAC se déroulera sur 4 jours (du 17 au 20 mai) autour d’un fil conducteur, « Sous le sable ». « Ce titre donnera le ton du PAC 2012, explique Céline Emas Jarousseau. Il véhicule l'idée d'une réalité dissimulée, méconnue, qui va à l'encontre des idées reçues. Marseille ville du soleil, de la plage, certes, mais aussi ville d'une scène artistique riche et foisonnante. » On attend Abramovitch Bien que nés sous l’impulsion des acteurs, Art-O-Rama et le Printemps de l’art contemporain ne pourraient exister sans le soutien financier des collectivités. Une façon de maintenir une scène sous perfusion... Mais encore un peu de patience : les galeries locales devraient bientôt bénéficier de la nouvelle dynamique qui est en train de s’installer dans la perspective de 2013. La capitale européenne de la culture verra l’inauguration d’équipements majeurs comme le nouveau FRAC et son bâtiment high-tech ou le centre d’art Panorama à la Friche Belle de Mai. Sans parler du Mucem, « notre Guggenhein, notre Opéra de Sidney ! », comme le claironne Daniel Hermann, l’adjoint au maire en charge de la culture. Et à Marseille, on regarde avec envie du côté de... Metz : en mai 2010 l’annexe du Centre Pompidou fut inaugurée en Moselle. Résultat, 800 000 visiteurs en un an. Parmi eux, le patron de Google Eric Schmidt et le milliardaire russe Roman Abramovitch. On ne sait pas si les galeries locales ont vu pleuvoir les pétrodollars. n
Le ticket de tombola coûte 300 euros. Vous êtes tiré au sort en premier ? Vous avez le choix parmi les 40 œuvres mises en jeu. Vous êtes tiré en dernier ? Vous repartez avec celle qui reste... « Mais il n’y a jamais eu de mécontents », tient à préciser Dorothée Dupuis, directrice de l’association Triangle, à l’origine de cette levée de fonds, le « Gala », dont la quatrième édition s’est déroulée le 3 septembre au Château Ricard en marge d’Art-O-Rama. Une façon de soutenir l’association tout en faisant une bonne affaire : « Nous demandons à 40 artistes de nous donner chacun une pièce d’une valeur minimum de 300 euros. Mais certains nous cèdent des œuvres à des prix exorbitants, comme cette année, une toile de Farah Atassi à 9 000 euros ! » Précédé d’un dîner (100 euros le couvert), le Gala réunit chaque année une centaine de personnes, en majorité des collectionneurs, galeristes et artistes. Dorothée Dupuis est fière de son coup : « Les Cassandres s’élevaient pour dire que le “fund raising” ne marcherait « Nous avons reçu des pas en France ! Au final, en artistes aujourd’hui très quatre ans, le Gala a rapporté connus quand la seule près de 70 000 euros. » Mais chose qui était palpable, si l’événement est un succès, c’était leur talent. C’est c’est aussi parce que Triangle toujours notre ambition. » est l’une des structures qui comptent à Marseille. Basée à la Friche, l’association accueille des artistes en résidence depuis 1995. Elle dispose de trois ateliers et surtout, d’une vraie renommée à l’international : « Triangle est reconnu pour défendre une certaine ligne artistique. Nous avons reçu des artistes aujourd’hui très célèbres quand la seule chose qui était palpable, c’était leur talent. C’est toujours notre ambition. Du coup, les curateurs font clairement du repérage chez nous. » En développant des partenariats avec le monde privé (qui apporte à peu près la moitié du budget de fonctionnement de l’association), Triangle peut se permettre de faire des expositions « aux coûts démentiels » à la galerie de la Friche. « Ces trois dernières années, les expos événement, c’est Triangle, Sextant et Astérides qui ont pu les faire, car nous disposions d’un lieu assez spacieux. À Marseille, où peut-on voir des expos excitantes ? Le FRAC a fermé et le MAC privilégie le patrimonial à l’avantgarde. C’est donc une petite association comme la nôtre qui se retrouve à assumer ce rôle... C’est une blague ! Triangle a grossi sur un vide. Car la nature a horreur du vide. »
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Pourquoi les artistes aiment Marseille ? Si Marseille ne brille pas par la vigueur de son marché, elle reste une terre d’accueil pour les artistes.
« Deuxième ville de France, soleil, et mixité culturelle bordélique. » C’est ainsi que Yann Gerstberger résume son attrait pour Marseille, où le jeune artiste s’est fixé en 2005 pour terminer sa formation aux beaux-arts. Bien que diplômé depuis quatre ans, malgré ses « fantasmes et projets de voyages », Yann est toujours là : « Les loyers ne sont pas chers. Et puis il y a les ateliers municipaux : 180 m2, c’est assez confortable pour travailler. » Tout est dit. Une ambiance et des outils « Marseille est un lieu de référence pour les artistes. Ils la considèrent comme un bon point de passage », observe Camille Videcoq, commissaire d’exposition et enseignante aux beaux-arts d’Aix. Cité
au fort pouvoir évocateur, Marseille exercerait d’abord une certaine fascination : « C’est une ville assez extrême avec une vraie spécificité. Un cas particulier en France et même à l’international. Elle a un côté fatalement underground, et rejoint des aspects folkloriques de la ville du sud, pauvre, sale et métissée. Tout cela participe à créer une ambiance qui plait aux artistes. » Terre de tous les possibles, la cité phocéenne est, de plus, dotée d’un certain nombre d’outils pensés par des artistes pour les artistes. Citons les associations Astérides et Triangle à la Friche Belle de Mai. Pour ceux qui viennent de l’extérieur, elles peuvent constituer un premier point de chute. Sélectionnés sur dossier, les plasticiens français et étrangers invités en résidence pour quelques mois s’y voient attribuer gratuitement de vastes ateliers. « Ceux que nous accompagnons sont souvent relativement jeunes, souligne Dorothée Dupuis, directrice de Triangle. Ils viennent chez nous pour trouver des capacités de production, de la place pour travailler, de l’encadrement et de la mise en réseau. » Suite à leur résidence, il n’est pas rare qu’ils décident ensuite de s’installer durablement. Les nombreuses galeries associatives sont pour eux autant de relais de diffusion leur donnant la possibilité de monter des expositions. « Il ne faut pas oublier ceux qui ont fait une carrière, mais qui travaillent toujours ici, rappelle Dorothée Dupuis. Ils se font un peu moins remarquer, mais nous avons quelques figures tutélaires comme Gilles Barbier, Berdaguer et Péjus, Carlos Kusnir, Pierre Malphettes... De fait, entre artistes émergents et confirmés, il y a ici une scène artistique tout à fait intéressante. » Doubles vies
André Fortino, Hôtel-Dieu, 2009 (voir encadré)
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« J’ai toujours été obligé de trouver des activités annexes pour vivre, nous avoue tranquillement Yann Gerstberger. C’est le cas de la quasitotalité des artistes, jeunes et moins jeunes, à Marseille ou ailleurs.
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André Fortino
« Je me dis régulièrement que je vais partir... Et au final, je reste »
Excepté ceux qui sont soutenus par des galeries parisiennes, nous devons avoir des doubles vies, des doubles professions. » Cette année, Yann a pu bénéficier de l’aide à la création offerte par la Région PACA : « Elle est accordée pour un projet ‘’précis’’. Sauf que mon projet à moi, c’était le financement de ma vie d’artiste ! Payer mon atelier, acheter des matériaux... » Après avoir occupé officiellement (puis officieusement) l’un des 10 ateliers municipaux du boulevard Boisson (réservés aux plasticiens domiciliés à Marseille), cette somme lui permet maintenant de louer un petit espace de travail
« Entre artistes émergents et confirmés, il y a ici une scène artistique tout à fait intéressante » pour y concevoir ses « sculptures tropicales ». « Ici, les artistes sont relativement bien aidés par les collectivités, reprend Camille Videcoq. Mais est-ce que cela compense les problématiques liées à la périphérie ? Il existe en effet peu de mécanismes qui permettent à la jeune création d’avoir une vraie visibilité à l’extérieur. Au bout d’un moment, Marseille peut devenir un stigmate ! Après 10 expos ici, les artistes craignent qu’on leur colle l’étiquette d’artiste local. » Avec son association Rond-Point Projects, Camille Videcoq accueille des commissaires d’exposition en résidence à Marseille pour leur faire découvrir la scène locale. Ils visitent des ateliers d’artistes « pas une heure, mais une après-midi entière ! Ils doivent échanger, nouer des liens. Ainsi, quand de retour chez eux, les commissaires organiseront des expos, ils penseront aux artistes rencontrés à Marseille... » n
« Nous avons pensé à Londres, à Paris... Et puis on s’est dit : “Pourquoi pas Marseille ?” » C’est ainsi qu’en 2008, un trio de jeunes artistes tout juste diplômés des beauxarts d’Annecy s’installe rue d’Aubagne. « L’un des arguments, c’était la possibilité de vivre correctement, sans des loyers impossibles », explique André Fortino, né à Marseille mais ayant quitté la ville si longtemps qu’à son retour, il ignorait tout de la scène artistique locale : « Nous avions l’impression qu’ici, il était possible de créer, de monter des projets. » Ce qu’ils font dès leur arrivée : dans le « grand appart’ mais petit atelier » qu’ils occupent en coloc’, les trois transfuges d’Annecy organisent une exposition, Sonnez avant d’entrer, histoire de dire : « On est là, on existe, on veut faire des choses ! » Bien joué. Artistes, professionnels et même quelques institutionnels leur rendent visite et le trio fait une entrée remarquée sur la scène marseillaise. Ils pensaient avoir fait le plus dur, « mais ici, les places sont chères et certains artistes sont déjà bien installés ». Et André « Ça prend plus d’énergie qu’ailleurs, tourne en rond. De plus, il a mais en s’accrochant, du mal à se reconnaître dans c’est réalisable » « les pratiques artistiques trop confortables » montrées dans les galeries marseillaises : « Il y a un manque d’engagement, ça ne m’excite pas », estime celui qui aime « se mettre en danger » dans son travail mêlant vidéo, peinture et performances. L’une de ses œuvres majeures, Hôtel-Dieu (une vidéo performance de 45 minutes où l’on suit la déambulation d’un homme au masque de cochon dans les gravats de l’HôtelDieu - voir p.36), a été montrée à Paris (Beaubourg), Bruxelles, Madrid... À Marseille, personne n’a encore réagi. Dernièrement André a exposé à la galerie Territoires Partagés dans le cadre du Printemps de l’art contemporain, « mais ce type de lieu associatif n’a pas la surface financière pour soutenir un artiste dans la durée ». Alors aujourd’hui, à 34 ans, il ne peut vivre de sa pratique artistique et, comme beaucoup d’autres, André est à la recherche d’un job alimentaire. Il s’interroge, regarde vers Paris... Ou Bruxelles, une ville où l’on retrouverait les mêmes avantages qu’à Marseille (loyers et ateliers à prix corrects) à la différence qu’il y aurait là-bas un solide réseau de galeries privées et de collectionneurs. « Je me dis régulièrement que je vais partir... Et au final, je reste. Il y a quand même des possibilités ici. Ça prend plus d’énergie qu’ailleurs, mais en s’accrochant, c’est réalisable. »
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Davide Cascio
« J’aime les mauvaises villes » Le plasticien suisse Davide Cascio a été invité à Marseille pour une résidence de six mois. Ambiance.
aller si l’on veut avoir un bon CV ! » Cela ne l’a pas empêché d’exposer dans quelques places prestigieuses comme Londres, Genève ou Milan. Mais après une résidence à Paris (au Pavillon du Palais de Tokyo), il a voulu poursuivre son exploration des « mauvaises villes » par une (longue) escale à Marseille... Il arrive au mois d’avril, à quelques jours du Printemps de l’art contemporain et participe, dans le cadre de cette manifestation, à la conception d’un projet éditorial (un « Livre à géométrie variable ») en collaboration avec les autres résidents d’Astérides. Durant trois jours, il fait le tour des vernissages proposés par la vingtaine de structures du réseau Marseille expos. De quoi avoir un bon aperçu de la scène locale. « En arrivant de Paris où il y a très peu de galeries associatives, j’ai été surpris de voir qu’ici, il n’y a pratiquement que ça. Sans business, sans marché, tout repose sur l’initiative de ceux qui ont envie que ça bouge. » Un modèle dont il comprend rapidement les limites : « Les structures qui dépendent des financements publics parviennent à survivre... Mais j’imagine qu’il est difficile pour les artistes de trouver des moyens pour produire leurs œuvres. » Astérides
Maison d’artistes
« Il y a des villes qui stimulent. Il faut y vivre, en profiter, assimiler... Mais il faut aussi savoir en sortir, aller ailleurs, là où il y a des possibilités concrètes pour les artistes. » Marseille l’intrigue, Marseille l’inspire. Pour Davide Cascio, c’est pourtant l’heure du départ. Le plasticien suisse achève une résidence de six mois à la Friche Belle de Mai, où l’association Astérides avait mis à sa disposition un atelier de plus de 100 m2. Durant son séjour, il a pris le temps de découvrir la cité phocéenne, terre de contrastes, qui n’est pas sans lui rappeler ses propres collages et installations : « Mes pièces ont un aspect froid et minimal, mélangé à des éléments plus pop et colorés. Ça colle bien à Marseille, une ville à l’agressivité positive ! » Explorations Natif de Lugano, en Suisse italienne, Davide a choisi de faire les beauxarts à Rome et Athènes, là où d’autres privilégient les cités du nord de l’Europe : « J’aime les ”mauvaises villes’’, celles où il ne faut pas
Au cinquième étage de la tour de la Friche Belle de Mai, quatre ateliers accueillent des artistes pour des résidences temporaires pouvant durer jusqu’à six mois. Une proposition de l’association Astérides (portée par Mathilde Guyon et Nadine Maurice) qui œuvre depuis 1992 pour le soutien de la jeune création en art contemporain. Deux fois par an, un jury sélectionne les résidents sur dossier parmi une centaine de candidatures. Un atelier sera mis à leur disposition et ils recevront chacun une « bourse de recherche et de production » de 200 euros par mois. Parallèlement, Astérides organise des expositions, réalise des publications et produit des « multiples d’artistes », œuvres originales numérotées et signées. Enfin, Astérides vient de co-fonder un réseau national de résidences d’artistes, « Arts en résidence ».
À l’arrêt De retour à son atelier, Davide a pu se pencher sur ses projets personnels. Trois pièces créées à la Belle de Mai furent dans la foulée acheminées en Suisse pour être exposées dans une galerie bâloise. En juillet, il travaillait sur une installation pour le Kunstmuseum de Thun : imaginée à Marseille, elle fut montée et montrée en Suisse au mois de septembre. Malgré ces nombreux projets, il fallait cependant
« Les gens sont toujours dans l’attente. De quelque chose qui doit se passer… et qui ne se passe pas »
© Joël Assuied
trouver le temps de sortir de la Friche : « Comment connaître une ville en restant enfermé dans un atelier ? »
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Séduit par « l’une des dernières métropoles à avoir su conserver un centre populaire », Davide y a retrouvé une saveur toute particulière : « Un rythme très différent imposé par la mer et le climat, comme dans beaucoup de ports méditerranéens : des villes qui s’arrêtent. Les gens sont toujours dans l’attente. De quelque chose qui doit se passer... et qui ne se passe pas. C’est important qu’il y ait encore des endroits comme ça. Cela change de toutes ces villes dynamiques, où priment l’argent et la réussite. » Son téléphone sonne. Il décroche : « Tu vas à la plage ? Ok, on peut se rejoindre... » n
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À Vendre Une semaine après les Ouvertures d’ateliers, les artistes se retrouvent dans un même lieu où durant trois jours, leurs œuvres sont exposées et proposées à la vente.
Ouvertures d’ateliers d’artistes - À vendre
Dans les coulisses de la création
Soutenir la création locale et renouveler le public de l’art contemporain. C’est le pari de l’association Château de Servières : avec les Ouvertures d’ateliers d’artistes, on peut découvrir la genèse d’une œuvre... et l’acheter une semaine plus tard durant l’autre temps fort de l’événement, À Vendre. « On peut voir un lieu fermé toute l’année et comprendre lors des ‘’Ouvertures’’ qu’il s’agit en fait d’un atelier et que notre voisin est artiste ! Celui-ci nous invite à visiter son espace, nous parle de son travail... Passants et curieux se retrouvent pour discuter art contemporain, un verre à la main. » C’est avec enthousiasme que Martine Robin nous résume l’esprit d’une manifestation placée, comme son nom l’indique,
photo d’une œuvre, coordonnées... Diffusé à 5 000 exemplaires, ce document gratuit permet au public de planifier son parcours. Il s’avère aussi être une mine d’infos pour les professionnels de l’art en quête de nouveaux talents et grâce aux Ouvertures, certains artistes se sont vus proposer des expositions... Ouvertures sur l’Europe À Lisbonne, les « Aberturas de ateliers de artistas » sont nées en 2010. En juin 2012, c’est à Dublin qu’aura lieu un événement similaire. Des initiatives directement inspirées de l’exemple marseillais. Plusieurs artistes portugais et irlandais feront d’ailleurs le voyage à Marseille pour participer aux Ouvertures. Sur l’invitation du Château de Servières, trois d’entre eux effectueront une résidence d’un mois. Elle donnera lieu à une exposition visible du 21 octobre au 3 décembre dans la galerie de l’association.
Art contemporain à vendre « Les artistes ont parfois beaucoup de mal à vendre leurs œuvres ; ils ne sont pas commerciaux. Et pour certains, parler de vente est un tabou... » Avec « À Vendre », Martine Robin annonce la couleur. Une semaine après les Ouvertures, on réunit les œuvres des 144 artistes artistes pour les mettre en vente dans un lieu « insolite, spacieux, situé dans le centre-ville, et
« Passants et curieux se retrouvent dans les ateliers pour
sous le signe de l’ouverture. « C’est une offre de proximité discuter art contemporain, un verre à la main » qui vise un public de quartiers, explique la directrice de proche des axes commerciaux ». Il s’agit « d’interpeller les passants » l’association Château de Servières. Nous plaçons des flyers chez le en réaménageant un bâtiment fermé ou abandonné, transformé en boulanger, le boucher... Cela permet de drainer un nouveau public galerie d’art contemporain pour l’occasion. L’année dernière, plus vers l’art contemporain. Et aux artistes de se confronter à un regard de 1 000 personnes avaient visité la galerie éphémère de la rue différent de celui des professionnels de l’art. » Cette année, 47 Montgrand, et une quarantaine d’œuvres ont trouvé preneur (pour une ateliers disséminés dans toute la ville ouvriront leurs portes pendant valeur totale de 7 000 euros). « Les prix varient de 100 à 2 000 euros, trois jours. On pourra y rencontrer 144 artistes. Apéros, workshops, détaille Martine Robin. On peut avoir un budget restreint, ne pas être performances, et autres réjouissances complètent une manifestation connaisseur, mais craquer sur une œuvre d’art... C’est tout de même dont Martine Robin souligne l’aspect « convivial et festif ». mieux que s’acheter une paire de santiags ! » Vu comme ça. n Bible de l’art « Chaque année se pose la question de la sélection des artistes. Chaque année, nous décidons de rester ouverts au plus grand nombre. » En théorie, tous les artistes du territoire sont conviés à participer aux Ouvertures. Martine Robin veille cependant à poser quelques gardefous : « Pas d’artisanat ni d’amateurs. Leur pratique artistique doit reposer sur l’expérimentation, la recherche. » La « programmation » s’avère ainsi relativement cohérente. On peut s’en rendre compte en feuilletant le livret de poche édité par l’association : chaque artiste participant se voit consacrer une fiche avec texte de présentation,
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ouvertures d’ateliers d’artistes Du 23 au 25 septembre À Vendre Du 29 septembre au 2 octobre Association Château de Servières Ateliers d’artistes de la Ville de Marseille 11-19, bd Boisson - 13004 Marseille 04 91 85 42 78 www.chateaudeservieres.org
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Julien Blaine
« J’ai dit aux artistes : cette ville est à vous ! » Poète, performeur, plasticien, Christian Poitevin alias Julien Blaine fut, de 1989 à 1995, troisième adjoint au maire de Marseille en charge de la culture. Une période faste durant laquelle se sont multipliés ateliers d’artistes et galeries associatives, et qui a vu naître la Friche Belle de Mai, le MAC, et bien d’autres équipements. Si à cette époque, Marseille n’était pas encore capitale européenne de la culture, elle était assurément l’Eldorado des artistes. Julien Blaine nous conte sa petite histoire (subjective) de la scène marseillaise. Propos recueillis par Sandro Piscopo-Reguieg
Quand un artiste pilote la politique culturelle de Marseille, ça donne quoi ? De 1986 à 1995, nous avons connu dix années incroyables. Il y eut d’abord beaucoup d’usines abandonnées par les grands industriels marseillais. Mon plaisir fut de les occuper pour en faire des friches où les artistes pouvaient travailler. On a commencé par une petite friche - une minoterie dans le quartier des Crottes au nord de Marseille ; puis il
« Il n’y a jamais eu de marché à Marseille ! Jamais, jamais ! »
y eut la friche de la Belle de Mai, qui est encore là fort heureusement ; et aussi les friches abandonnées de la digue du large... C’était la première chose importante pour moi : que les créateurs aient à Marseille des terrains privilégiés. Un raz-de-marée d’artistes et de poètes a alors déferlé sur la ville. Car entre temps, j’avais également créé le musée d’art contemporain, le Centre international de poésie de Marseille, le musée des arts africains, océaniens et amérindiens, les galeries municipales du boulevard Boisson, le musée des Accoules, où les enfants pouvaient découvrir Marcel Duchamp et André Breton... Il se passait des tas de choses, et les artistes du monde entier ont su très
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vite qu’il y avait pour eux des opportunités à Marseille. Je leur ai dit : « Cette ville est à vous ! » Comment êtes-vous parvenu à financer cette politique ? Quand je suis arrivé, le budget de la culture s’élevait à un peu moins de 4 %. En quelques années, je l’ai plus que doublé, le faisant passer à 7,8 % ! Aussi, il faut savoir qu’à Marseille (comme à Nice, Montpellier ou Lyon, d’ailleurs), l’Opéra pompait 50 à 55 % des subventions ! Quand je voyais qu’une association avait besoin de trois sous espagnols, j’allais piquer 0,5 % sur le budget de l’Opéra. Ça me permettait de faire vivre une association entière ! J’ai pompé sans arrêt là-dessus ! Vous souteniez alors une approche transdisciplinaire de la création contemporaine... À partir de cette occupation des friches et autres territoires abandonnés, j’ai commencé à travailler sur un concept qui me paraissait très intéressant : l’art contemporain, c’est le mélange des disciplines culturelles et le mélange des origines culturelles. Marseille a cette chance d’avoir des artistes juifs, arabes, arméniens, corses, provençaux, et j’en passe... Ce mélange des disciplines et des origines fait que vraiment, à ce moment là, Marseille existait. J’ai été suivi par les deux galeries marseillaises qui travaillaient beaucoup sur l’art contemporain : celle de Roger Pailhas qui avait un espace magnifique sur le Vieux-Port et la
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Julien Blaine au MAC, lors de l’exposition qui lui a été consacrée en 2009.
d’artiste qui crée une association et la vraie galerie marchande, il doit y avoir un relais qui n’existe plus depuis la disparition de Pailhas et Alis. À Paris, New York ou Bruxelles, il y a des gens qui ont des moyens et qui vont piocher dans ce vivier pour piquer des artistes et les mettre sur le marché. Il y a toujours une histoire de fric dans l’art contemporain. Quand on est artiste on est artiste, on n’a pas envie d’être Johnny Hallyday. Mais pour monter une grande galerie ou une grande foire il faut beaucoup d’argent. Pailhas a quand même vendu son usine pour faire sa galerie. Ainsi, il a pu acheter des pièces importantes et être pris au sérieux au niveau international. Le marché local ne l’intéressait pas. Pourquoi ? Les collectionneurs marseillais n’ont jamais acheté sur la région. Roger Pailhas a vendu dans le monde entier, il a eu des galeries à New York et à Paris, il connaissait
« Quand je voyais qu’une association avait besoin de trois sous espagnols,
© Serge Assier
j’allais piquer sur le budget de l’Opéra »
superbe galerie Athanor de Jean-Pierre Alis. Ainsi, les artistes pouvaient non seulement venir créer à Marseille, mais aussi y montrer leur travail. Non pas dans une vision marseillaise, ou locale, ou provençale, ou nationale, mais dans une vision internationale car c’est de cette façon que ces deux galeristes considéraient le travail des artistes et des poètes à Marseille. La scène locale se caractérise aujourd’hui par son important tissu associatif. Il y a peu de galeries privées, si bien que les artistes ne parviennent pas à vivre de leur pratique. Le revers de la médaille de votre politique ? Roger Pailhas et Jean-Pierre Alis n’ont pas été remplacés. Il y a aujourd’hui des gens qui essaient de faire des choses, mais qui n’ont ni les moyens ni le désir fou qui occupait ces deux galeristes autour de l’art conceptuel, la performance et tout ce qui tournait autour. Les collectionneurs sont donc retournés acheter à Berlin, Tokyo, New York voire à Paris. Actuellement, il y a une ribambelle de petites galeries associatives comme Porte Avion, Où, Jean-François Meyer et toutes les nouvelles. Elles peuvent travailler, montrer, mais pas en vivre. Car pour ça, il faut vendre. On ne peut pas fonctionner uniquement sur les subventions, surtout actuellement, alors qu’elles sont en forte diminution. Entre le faisceau
les plus grands collectionneurs... Ici, il a vendu quelques pièces à Josée et Marc Gensollen qui ont, eux, toujours été de vrais collectionneurs. D’ailleurs, 3 ou 4 % de leur collection a du être achetée sur Marseille et quasiment tout chez Pailhas. Le marché marseillais, même du temps d’Art Dealers a eu un mal fou ! Regardez les enfants qui ont continué Art Dealers et qui se démènent pour faire exister Art-O-Rama à la Friche ; ils vous le diront : il n’y a jamais eu de marché à Marseille ! Jamais, jamais ! Le bourgeois marseillais n’a pas du tout envie d’investir dans l’art contemporain. En Italie, le mec qui a réussi commence d’abord par tripler la surface de son usine (pour que tout le monde voit qu’il a réussi) ; et tout de suite après, il se fait une collection. À Marseille, le signe extérieur de richesse, c’est s’inscrire au Cercle des nageurs, s’acheter de beaux costards et aller en vacances à Saint-Tropez. Moi, j’ai un seul collectionneur en France, Rudy Ricciotti. Les autres sont italiens, allemands, japonais ou américains. Quel regard portez-vous sur le MAC, que vous avez « inventé » en 1994 ? Aujourd’hui, Thierry Ollat fait ce qu’il peut. C’est un type remarquable mais il n’a plus un rond pour son musée. Je suis bien placé pour le savoir puisqu’en 2009, j’ai fait une exposition au MAC : elle devait durer deux mois et demi, mais comme il n’y avait pas de moyens, elle a duré neuf mois ! Et pourtant, dans les premières années, nous avons pu faire des expositions sublimes. Cela a même continué après la période Blistène (directeur des musées de Marseille de 1990 à 1996, ndlr) avec les expos Dieter Roth, Lygia Clark... Des choses absolument inimaginables aujourd’hui ! Le monde entier venait aux expositions. Les Parisiens, les Japonais, les Allemands, les voitures de luxe, les pauvres, les étudiants, les artistes, les artistes allemands... Et on y faisait des fêtes incroyables ! n
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[mac]mic-« La Ville a fait des choix. Moi, je fais le job... ». Thierry Ollat, directeur du MAC
Quel avenir pour le MAC ? Depuis quelques années, le musée d’art contemporain de Marseille connaît un spectaculaire déclin.
En 1996, le MAC est le musée le plus visité de Marseille. Avec l’exposition L’Art au Corps, il défie Paris. Quelques mois auparavant, le centre Pompidou avait en effet proposé une exposition sur le même thème : Masculin Féminin, le sexe de l’art. Un article publié dans Le Monde compte les points et juge la proposition marseillaise supérieure. Plus pointue et pertinente. Le MAC plus fort que Beaubourg ? Aujourd’hui, l’assertion prêterait à sourire... Thierry Ollat, lui, ne rit pas. « Le MAC n’est plus l’étendard qu’il était il y a encore cinq ans », reconnaît, lucide, le directeur du musée d’art contemporain. Ironie du sort, sa prise de fonctions en 2006 coïncide justement avec l’amorce du déclin d’une institution jusqu’alors louée pour ses expositions ambitieuses comme pour ses activités animant la vie culturelle locale (concerts, rencontres, projections, etc.). Depuis son arrivée, Ollat n’a pu que constater, impuissant, l’inexorable décrue budgétaire dont fut victime le MAC. Il était prévenu. Cela faisait déjà quelque temps que l’art contemporain n’était plus vraiment prioritaire dans la politique culturelle de la Ville. Mais pouvait-il imaginer l’ampleur des dégâts ? Le budget de financement des expositions du musée est passé de 400 000 euros en 2006 à... 25 000 euros en 2011. Ce qui correspond à la dotation de certaines structures associatives. « On ne peut pas descendre plus bas », lâche le directeur du MAC, résigné. Exit l’art contemporain. À Marseille, l’heure est à la (”grande“) peinture du XIXe siècle. Depuis 2005 et le succès de la rétrospective des « maîtres provençaux » Sous le soleil exactement, les moyens sont désormais concentrés sur l’organisation de grandes expositions didactiques du type Van Gogh - Monticelli ou L’Orientalisme en Europe. Des « blockbusters » aux armes de communication massive conçues dans le but avoué de développer le tourisme culturel dans la perspective de 2013. Bien que coproduites avec la Réunion des Musées Nationaux, leur coût faramineux
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nous mettons toutes nos forces (Julien Blaine en 2009, Zineb Sedira en 2010, Boris Chouvellon en 2011, ndlr) ; et un projet intermédiaire pour lequel nous faisons appel à des partenaires privés suffisamment puissants. » Ce fut Steiner pour L’aventure du design en 2008, la banque HSBC pour son Prix de la photo en 2010, et la compagnie d’assurance Neuflize Vie pour L’énigme du portrait, qui cette année, n’a pratiquement rien coûté au musée. Pour retrouver les moyens de ses ambitions, le MAC aurait besoin d’un budget annuel de 350 000 euros pour les expositions, « ce qui pourrait drainer 100 000 euros de financements extérieurs », précise Ollat, désormais rompu (il n’a pas le choix) aux partenariats public privé. Alors qu’on pourrait l’imaginer usé par les désillusions vécues depuis cinq ans, il garde espoir : « On ne fait pas tout ça pour rien. Après cette période de vaches maigres, nous changerons de rythme à partir de 2013. On m’a fait des promesses en ce sens. » Daniel Hermann n’a pas l’air au courant. Si l’adjoint au maire en charge de la culture juge que « ce musée n’est pas digne de la deuxième ville de France », s’il admet que « fatalement, il faudra augmenter la dotation du MAC », il ne peut rien garantir : « Il faudrait poser la question du côté du cabinet du maire... » Pas un lieu essentiel pour 2013
Même si le MAC retrouve un jour des moyens décents, l’accueil de grandes expositions nécessiterait un réaménagement complet du bâtiment (notamment en augmentant la hauteur des cimaises). Or, il a étrangement été mis à l’écart de l’ambitieux programme de rénovation muséale entrepris par la municipalité avant 2013. Daniel Hermann répond : « Lorsque j’ai pris mes fonctions, j’ai demandé a entrainé des coupes dans les budgets de fonctionnement des 12 à Bernard Latarjet, alors directeur général de Marseille-Provence 2013, quels étaient les lieux essentiels à ses yeux. Après m’avoir musées de Marseille. Le MAC ne s’en est pas remis. parlé du Mucem, du J1, et du Palais Longchamp, il a cité la Friche, « Je n’ai pas à me plaindre » considérant que cette dernière pourrait être un site moteur pour Prisonnier d’une politique culturelle le condamnant à devoir faire l’art contemporain en 2013. J’ai dit ‘’ok’’. » La Ville a donc décidé fonctionner une institution « d’envergure nationale et internationale » d’investir 9 millions d’euros (sur un budget global de 23 millions) pour (comme il le répète) avec le budget d’une association, on pourrait l’édification d’un nouveau centre d’art contemporain à la Friche Belle imaginer Thierry Ollat quelque peu frustré. « La Ville a fait des choix. de Mai, le Panorama. C’est là qu’auront lieu les grandes expositions Moi, je fais le job, répond-t-il, imperturbable. Je n’ai pas à me plaindre. d’art contemporain en 2013. « J’ai donc pensé qu’il était logique de On m’a attribué une mission de service public que j’essaie de réaliser déménager le MAC à la Friche », explique l’adjoint à la culture, qui juge le musée de Bonneveine trop excentré des grands axes culturels de la ville. Le projet de Daniel Hermann n’a pas été suivi, Le budget de financement des expositions du musée est
passé de 400 000 euros en 2006 à 25 000 euros en 2011. au mieux. » Quand on évoque un musée « en sommeil », le directeur du MAC défend son bilan : « L’exposition Zineb Sedira, c’est quand même 30 000 visiteurs annuels. Une fréquentation normale pour un Dominique Tian (maire du 8e arrondissement) s’y étant farouchement musée de ce type. Et un gros succès d’estime. » Surtout, il souligne opposé. On peut toutefois imaginer que les investissements consentis que depuis 2008, la collection permanente est visible toute l’année pour le Panorama conjugués au flou artistique régnant autour de (avant cette date, le MAC n’ouvrait ses portes que pour les expositions l’avenir du musée aient conduit à mettre la question du MAC entre temporaires), ce qui attire « un public quotidien », au point que le parenthèses. Qu’importe. En 2013, il profitera de la réouverture musée doit refuser 30 % des demandes de visites de groupe : « Pour de son splendide voisin, le Château Borély, futur musée « des arts faire face à cette affluence, nous devons augmenter notre capacité décoratifs, de la faïence et de la mode ». Ce que nous explique Daniel d’accueil. » La problématique financière revient irrémédiablement. De Hermann : « Un touriste qui reste deux jours à Marseille n’ira pas au même lorsqu’on évoque les acquisitions, suspendues depuis 2010 MAC, vu son emplacement. La restauration des musées a pour objet (une pièce de Julien Blaine). Il faut malgré tout continuer à proposer de fixer les touristes dans la ville au moins quatre ou cinq jours. Ainsi, deux nouvelles expositions par an. Le pragmatique Thierry Ollat a le MAC pourra bénéficier de la proximité du Château Borély. » Un mis au point une formule efficace : « Un projet prioritaire sur lequel cruel renversement de perspective... n
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Boris Chouvellon
Poétique de la zone Avec Running on empty, Boris Chouvellon expose sa vision poétique et critique du monde moderne. À voir cet automne, au MAC. Par Sandro Piscopo-Reguieg
Plan fixe. Un champ de salade recouvert d’une bâche en plastique. Au loin, des bâtiments industriels. Le vent vient s’engouffrer sous la bâche. Les ondulations deviennent vagues, et le champ devient mer, en plein terrain vague... Dans la vidéo RN 201 (terrain vagues), Boris Chouvellon « repoétise » l’insignifiant, le dérisoire. Le spectateur se prend à rêver dans la contemplation d’un champ de salade, devenu champ de tous les possibles. « Mon atelier, ce sont les zones industrielles, commerciales, agricoles... J’aime me balader en périphérie des villes. Si on doit chercher la beauté, moi je la trouve ici. » Ces lieux oubliés, laissés à l’écart des grands courants d’esthétisation urbaine, sont la matière première de l’écriture plastique de Boris
« Son humour noir et grinçant porte la dimension comique au niveau de la tragédie » Chouvellon. De son immersion dans cette réalité crue, l’artiste fait naître, par la sculpture, la vidéo ou la photo, un autre monde. Onirique et sarcastique. Questionnant les vanités individuelles et l’absurdité de la société de consommation, il tend un miroir inversé à ses contemporains. Une représentation de la ruine moderne. Cette « radicalité exemplaire » a séduit Thierry Ollat. Le directeur du MAC souhaitait consacrer une exposition à l’un des fleurons de la nouvelle scène locale. Il a choisi Boris Chouvellon, 31 ans, dont il surveille discrètement le parcours depuis quelques années et qu’il estime aujourd’hui « mûr pour soutenir un projet dans une institution nationale et internationale comme le MAC ». Diplômé de l’école des beaux-arts de Marseille en 2007, Chouvellon fut sélectionné
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Détournement de fond, 2010 Béton armé, métal (500 x 300 x 200 cm) Disposée verticalement, comme celles que l’on peut voir aux abords des zones commerciales, cette piscine, symbole d’une consommation à laquelle tout le monde veut accéder est ici « détournée » pour devenir vestige, fruit d’une fouille archéologique. Une ruine moderne.
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Sans titre, 2010 Vidéo, 7 min 41, projetée en boucle Sur une digue, face à la Méditerranée, un homme déplace des barrières. Un geste absurde, évoquant la frontière invisible élevée par nos sociétés pour se protéger de l’afflux d’immigrés en provenance du sud.
au showroom d’Art-O-Rama en 2010. Entre temps, résidences et expositions (en France et à l’étranger) ont jalonné sa progression. Une trajectoire linéaire et ascendante pour « un artiste voué à un bel avenir, prédit Thierry Ollat. Cette exposition devrait accélérer sa carrière ». « Déplacements et déconnexions » « Chouvellon est extrêmement rigoureux tout en restant rêveur et poète. Il y a du Tati dans son travail. » Ollat ose la comparaison. Il est vrai que le réalisateur de Traffic proposait déjà une interprétation très personnelle de l’évolution des sociétés modernes. « Comme lui, c’est un promeneur, un flâneur, un observateur, reprend le directeur du MAC. En moins émerveillé. Son humour noir et grinçant porte la dimension comique au niveau de la tragédie. » Boris Chouvellon va chercher son inspiration dans l’arrière boutique de la société de consommation. Dans les zones périurbaines où se mêlent friches, entrepôts, champs de salade et centres commerciaux. Au volant de sa voiture ou à pied, il circule, déambule, toujours armé d’un appareil photo. Le déplacement physique devient déplacement du regard. Le
impressions que je transforme ensuite dans mon atelier. Mon but est d’opérer des déplacements et des déconnexions qui en même temps qu’ils amènent des fragments du monde vers une dimension imaginaire, onirique, en révèlent aussi l’état. » Ruines modernes Plan fixe. Un homme sur une digue de béton. Devant lui, la Méditerranée. Il traverse le champ de gauche à droite, face à la mer, dos à la caméra, en déplaçant successivement deux barrières de chantier amovibles. Vision poétique ? Pas seulement. Dans cette vidéo (Sans titre, ci-dessus), la référence à Lampedusa est explicite. Déplacer des barrières, c’est déplacer une frontière invisible. Le geste n’en devient que plus vain et absurde. « Une lecture de mon travail est toujours possible en parallèle d’une actualité journalistique qui reste toujours la même », explique le plasticien qui s’est lui même mis en scène dans cette œuvre. Il assume d’ailleurs la dimension performative de son travail qu’on retrouve dans l’aspect brut et massif de ses sculptures. Détournement de fond (p.45) est une piscine en béton armé. Disposée verticalement, comme celles que l’on peut voir aux abords des zones commerciales, ce symbole d’une consommation à laquelle
À la manière d’un musicien qui fait des variations sur ses morceaux,
le plasticien va « rejouer » ses sculptures à partir des modèles originaux promeneur mitraille. Il accumule les images. Comme autant de filtres du réel, elles sont la base de données à partir de laquelle le plasticien va concevoir ses sculptures, vidéos, photographies et autres dispositifs. « Ma méthode de travail, explique-t-il, consiste à prélever dans le monde réel des objets, des formes, des
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tout le monde veut accéder est ici « détourné » pour devenir vestige, fruit d’une fouille archéologique. Une ruine moderne. Servi par un vocabulaire plastique éloquent, le discours acerbe du plasticien gagne en intensité. Dans ses sculptures, aspect « spectaculaire »
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Ma ruine avant la votre, 2009 Béton, fer à béton, treillis métal (350 x 350 x 250 cm) Bien que maintenue en lévitation, cette majestueuse étoile en béton nous paraît éteinte. Construction inachevée ou ruine ?
de son œuvre, la radicalité s’exprime par l’utilisation de matériaux rugueux, sans finition, comme le béton. C’est le cas de cette étoile, majestueuse, mais comme éteinte (ci-dessus) : est-elle en construction ou déjà abandonnée, en phase de dégradation ? Gloire éphémère, la « star » s’amuse de nous. Ma ruine avant la votre sonne comme la dernière expression d’une indécente vanité.
sculptures à partir des modèles originaux. Les repenser pour le white cube. « En retravaillant leurs formes, leurs dimensions, en procédant à quelques rectifications et ajustements... » Mais recréer ses propres œuvres, vouloir « tout refaire », n’est-ce pas là une entreprise chimérique, absurde, comble d’une sublime vanité ? n
Sublime vanité Le monde selon Chouvellon sera exposé cet automne dans les travées du MAC. Quelques travaux photo et vidéo rythmeront le parcours d’une exposition parsemée d’une demi-douzaine de sculptures dont quelques-unes inédites. Toutes seront réalisées pour cette échéance. Trop massives et fragiles pour être déplacées ou stockées, les sculptures de Chouvellon sont en effet démolies en fin d’exposition... Les pièces montrées au MAC seront donc assemblées pour et dans les salles du musée. « À la manière d’un musicien qui fait des variations sur ses morceaux », le plasticien va « rejouer » ses
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Boris Chouvellon Running on empty Du 13 octobre 2011 au 8 janvier 2012 Musée d’art contemporain [mac] 04 91 25 01 07 www.marseille.fr
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Holey Glory
« Un virus dans la machine de l’art contemporain » Holey Glory, c’est ce galion qui a jeté l’ancre à la Friche Belle de Mai. Une sculpture mobile et habitable, un projet utopique, un poste avancé dans l’entreprise de colonisation planifiée par Sophie Dejode et Bertrand Lacombe, duo d’artistes pirates. Par Michel Apicella
Après Lyon, Berlin, Genève, Oslo et New York, Dejode et Lacombe ont jeté l’ancre à Marseille. Depuis le 2 septembre, ils présentent Holey Glory, galion-résidence dans lequel les deux artistes vont vivre durant deux mois. L’affaire est d’importance. Ce trois-mâts aux allures de bateau de pirates s’avère être une nouvelle expansion d’un territoire indépendant, nomade et autogéré, « Floating Land ». Depuis 2001, Dejode et Lacombe travaillent à la constitution de cette micro-nation souveraine se voulant alternative radicale au marché de l’art. Un espace de vie pour une nouvelle communauté artistique se développant autour d’escales et d’extensions suivant une entreprise de colonisation des lieux de l’art contemporain en Europe (voir encadré). Dejode et Lacombe nourrissent leur projet par la création d’espaces habitables, de lieux de convivialité, d’outils de locomotion
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Holey Glory Sur l’invitation de l’association Sextant et plus, Dejode et Lacombe ont effectué une résidence de création à l’École des beaux-arts de Marseille, où durant tout l’été, ils ont construit leur galionrésidence. Le 2 septembre, Holey Glory est venu se poser à la Friche Belle de Mai, en marge de l’ouverture de la foire Art-O-Rama. Les artistes vivent dans leur galion durant les deux mois de l’exposition.
poétiques, à la fois absurdes et fonctionnels. C’est le cas d’Holey Glory. Si les artistes y résident durant le temps de l’exposition, c’est parce que son fonctionnement dépend de leur présence sur place. Dejode et Lacombe accueillent les projets et interventions d’artistes invités autour de rencontres et d’échanges. Holey Glory révolutionne la conception traditionnelle de « l’exposition » : il est un espace privé de création et de vie.
Ce trois-mâts aux allures de bateau de pirates s’avère être une nouvelle expansion d’un territoire indépendant, nomade et autogéré, « Floating Land » Si l’utopie désigne la représentation d’une réalité idéale en des lieux sans implantation réelle, il s’agit pour les artistes « d’instituer des lieux effectifs, localisés, découpés dans l’espace réel ». Après cette escale marseillaise, le projet de Dejode et Lacombe devrait prendre un nouveau tournant : « Nous vivons actuellement à Berlin et projetons d’acheter un terrain sur lequel baser Floating Land, expliquent-ils. Avec trente containers de transport maritime, nous voulons construire un gigantesque robot gisant qui servirait de base de travail et de vie pour accueillir des artistes (...) Un contexte pour générer des collaborations, des échanges de compétences et d’idées. » Artistes, mais aussi sociologues, philosophes, architectes, cinéastes, scientifiques, étudiants en arts seraient invités pour des sessions d’un à six mois afin de participer, non pas à l’institution d’une illusoire société idéale, mais à l’élaboration d’un projet commun : « Une occasion de se réapproprier la parole et de définir ensemble ce qui fait l’art. » n
Pirates de l’art « Floating Land est né d’une confrontation à la pénurie immobilière actuelle, rendant problématique la création d’espace d’expositions. S’est imposée l’idée de construire une micro-nation souveraine, indépendante de toute subordination aussi bien envers le système de l’art que la société. » Dejode et Lacombe revendiquent l’appellation de « pirates ». Le terme est ici entendu comme principe de résistance, de désobéissance et d’autogestion. Il s’agit de nuire de l’intérieur au rôle de l’institution comme autorité artistique. Le duo agit par exemple en remplaçant les critères de sélection esthétique ou politique par ceux de l’échange artistique et humain, parasitant ainsi le paradigme commercial de production rapide et lucrative, ou bien en négociant la présentation de Floating Land en échange d’un budget de production utilisé pour continuer à établir l’indépendance de leur État, rejetant lui-même les valeurs des institutions d’accueil. « Ce processus garantit l’expansion illimitée du Floating Land, dont les éléments se multiplient comme un virus dans la machine de l’art contemporain. »
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holey glory Jusqu’au 29 octobre La Friche Belle de Mai 04 95 04 95 94 www.sextantetplus.org
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Performance en carton !
Un « Phare d’eau » à Martigues, une « Abstraction géométrique » à Aubagne... Deux constructions monumentales en carton, édifiées et détruites dans la même journée. Deux performances participatives imaginées par le plasticien Olivier Grossetête. Mode d’emploi. Par Alexandre Lévêque
« En général ça mobilise une centaine de participants actifs... et une autre centaine qui regarde. Mais tous s’amusent, c’est un jeu ! » 50
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« À Martigues, on va essayer de battre mon record en montant jusqu’à 25 mètres ! » Olivier Grossetête va ériger un phare. Une construction monumentale... en carton. Passants, curieux, badauds ; tous sont invités à participer à l’édification de ce « Phare d’eau » imaginé par le facétieux plasticien. Rendez-vous le 5 octobre (14h30) Pointe de l’île Sant Crist, à Martigues. Vous devriez apercevoir quelques drôles d’« ouvriers », armés d’une ribambelle de rouleaux de scotch et de 500 kilos de cartons d’emballage. Vous proposez de donner un petit coup de main ? Vous voilà embarqués dans ce chantier improvisé, voyage en enfance où chacun se rêve architecte, équipier, ouvrier, et s’affaire, trois heures durant, à élever un édifice en carton. « Je lance le mouvement, après ça marche tout seul, explique l’artiste, rodé à l’exercice. Les gens viennent spontanément, ils s’impliquent. Certains prennent des initiatives, d’autres se contentent de suivre. En général ça mobilise une centaine de participants actifs... et une autre centaine qui regarde ! Mais tous s’amusent, c’est un jeu ! » Le plasticien ne renie pas l’aspect ludique de cette performance participative. Une façon de fédérer des énergies, de « créer du lien », en créant des situations : « Nous avons en nous une générosité qui n’attend qu’à être sollicitée. En demandant quelque chose aux gens, on leur donne beaucoup : une place au sein d’un collectif où ils se sentent indispensables. » Une fois le phare érigé, on goûte à la « soupe du chantier », moment convivial où chacun admire le fruit de son dur labeur. Devant ce monument éphémère, on se pose, on observe, on rêve... Puis vient le coucher du soleil. C’est déjà l’heure de la destruction. Personne ne verse une larme, bien au contraire. C’est le défoulement collectif : l’œuvre est mise à terre puis joyeusement piétinée, déchirée, saccagée. Le phare n’est plus qu’un tas de carton... qui sera bien évidemment recyclé.
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Élévation du phare en carton de Meschers en Charente-Maritime (Juillet 2011)
Pont flottant, réalisé en mai 2010 au parc de la Maison Blanche dans le cadre du festival de l’éphémère
Une ville en carton en 2013 « Tout ce chantier, ça génère pas mal d’énergie, et beaucoup de sons. 50 personnes en train de scotcher, vous imaginez le bruit ? J’aimerais bien que ça swingue un peu plus ! » Le 15 octobre, une « Abstraction géométrique » sera édifiée à Aubagne selon le même dispositif participatif que le phare martégal, à la différence que sa levée sera accompagnée d’une création sonore : « Je vais faire appel à deux musiciens pour transformer la performance en instrument de musique ! Ils vont sampler le bruit des scotchs pour les balancer en rythme. Et joueront de la guitare sur un rythme de scotch ! Ceux qui travaillent vont se caler sur ce rythme... » Une expérience inédite pour le plasticien. Il s’agit pour lui de tester en conditions réelles son projet pour la Capitale européenne de la culture. Il participera en effet au temps fort « Métamorphoses », à l’automne 2013, où l’on verra fleurir ce type d’installations participatives : « Mon projet, ça ne sera pas une seule construction en carton mais tout un quartier, une ville dans la ville ! Un lieu de vie avec animations, bals, soupes populaires, performances... Ça se déroulerait sur deux ou trois semaines, place Villeneuve Bargemon ou peut-être même sur le Vieux-Port. Ça serait pas mal, non ? » À coup sûr Olivier, ça va faire un carton. n
. © Georges Fontaine
phare d’eau Le 5 octobre à Martigues (Pointe de l’île Sant Crist) Élévation à partir de 14h30 - Destruction à 20h30 Le 15 octobre à Aubagne (Cours Voltaire) Élévation à partir de 14h30 - Destruction à 19h Dans le cadre du festival Small is Beautiful www.lieuxpublics.fr
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Small is Beautiful
Tout est permis !
Small is Beautiful, Quand les artistes ont carte blanche pour investir l’espace public, ça donne l’un des festivals les plus barrés de la saison. Performances, parcours, spectacles, tout est permis, tout est gratuit. Du 5 au 16 octobre à Marseille, Martigues et Aubagne. (Small) programme. A.N.P.U.
Psys fous L’Agence Nationale de Psychanalyse Urbaine poursuit la thérapie de notre territoire en s’attaquant au « cas Martigues ». Lors des « Opérations divan », les Martégaux sont invités à répondre à un questionnaire poétique sur leur ville. Ce qui donnera la matière d’une conférence au cours de laquelle l’A.N.P.U. dévoilera les névroses urbaines détectées et le traitement préconisé. Pour que la ville parvienne à son plein épanouissement d’ici 2013, si tout se passe bien...
Terres Tartare(s)
Une lecture du monde © Vincent Lucas
Il est le vent qui porte les histoires et les tempêtes. Sa parole est libre, impertinente, ironique, coléreuse. Il est le gourou de l’arbre à palabres. Tartar(e), le griot blanc, est de retour à Marseille après plusieurs tours de Terre. Non pas le corps couvert de cicatrices mais la tête farcie d’expériences. Au pied de son arbre, il contera ses récits de voyages dans de grands éclats de voix, de rire et de rage. Les 5 et 6 octobre à 19h Square Berthie Albrecht (Marseille 7e)
Opération Divan Le 5 octobre à 16h Place Jean Jaurès, Ferrières (Martigues)
Nuit Tartar(e) Le 7 octobre à 19h Petit bois de Corbières, parking de la plage (L’Estaque)
Conférence : Le cas Martigues Le 8 octobre à 18h Salle du Grès, boulevard Léo Lagrange (Martigues)
Marcher Commun
Danse avec les fontaines
© SC
Le 8 octobre à 15h et 19h Fontaine du Jardin de Ferrières (Martigues)
© SC
Après le thème des marchés de fruits et légumes, le réseau Marcher Commun propose un nouveau sujet d’écriture : la fontaine. Quatre compagnies venues de France et d’Italie vont proposer une pièce courte, solo ou duo, dansée sur ou dans une fontaine.
Le 9 octobre à 14h30 et 17h Fontaine des Danaïdes, Square Stalingrad (Marseille 1er)
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Un pépin pour deux
Tony Clifton Circus, Mission Roosevelt, Marseille 2011 © Fanny Broyelle
Espaces sonores © Ali Fekih
Gare à l’écoute
Écrite pour la gare Saint-Charles, cette promenade sonore en duo sous parapluie est adaptée à son contexte, aux espaces traversés, aux humanités rencontrées. Une écoute qui se superpose à la réalité ambiante et permet d’orienter la vision sur un détail, un invisible, un ailleurs... et d’offrir au promeneur des échappées nouvelles. Les 11, 12 et 13 octobre à 16h30 Esplanade Saint-Charles (Marseille 1er)
Mission Roosevelt
Holy VJ
Un parcours à travers la ville d’Aubagne en... fauteuil roulant. Chaque spectateur aura le sien, et pourra expérimenter l’espace et la rue autrement. Le public est à la fois acteur et cobaye : il s’agit de la première mondiale de cette création des clowns italiens du Tony Clifton Circus. Le 14 octobre à 18h Le 15 octobre à 11h et 16h30 Aubagne
Transports exceptionnels
Chorégraphie Performance pour skateboard pour pelleteuse Sur une rampe, des skateboarders font leurs figures avec une planche équipée de micros et de caméras. Traités en temps réel par un logiciel, les sons et les images sont diffusés sur grand écran. Holy VJ, c’est le point de vue de l’objet : une installation qui interroge le lien entre hommes et machines, conçue par l’artiste de l’ère numérique Adelin Schweitzer. Les 11, 12 et 13 octobre à 20h à 21h et 22h30 Escalier Saint-Charles (Marseille 1er)
Une pelleteuse et un danseur ? Une rencontre inattendue, un duo entre fer et chair. Presque aussi poignant que Roméo et Juliette. Le 15 octobre à 16h et 18h30 Place Grimaud, parking du 8 mai (Aubagne)
Beau Geste, Transports exceptionnels © Jean-Louis Fernandez
Adelin Schweitzer, Holy VJ, Marseille 2011 © Fanny Girod
Invasion de fauteuils roulants
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Le Concert de public
Le concert dont vous êtes le héros
Le 16 octobre à 17h Boulevard Salducci, Saint André (Marseille 16e)
© Aurélie Vigne
© Gilles Clément
Quatre chefs d’orchestre dirigent une œuvre collective interprétée par un public organisé en quatre pupitres. Tout le monde est musicien, chacun participe, tambourine, souffle, froisse, tintinabule, siffle, tournique, tape, claque, frotte... Mais attention, avec rythme et harmonie !
Turbo Clap Station
Transe exotique Inspirée des sound systems de rue indiens, la Turbo Clap Station est un énorme orchestre de 50 haut-parleurs dans lequel les musiciens, l’ingénieur du son et le public sont immergés, emportés dans une expérience de transe exotique. La lumière des néons colorés oscille entre des ambiances d’enseignes asiatiques et d’usines chimiques. Mazalda y interprète des chansons de fête psychédéliques inspirées de la dance music syrienne, du raï algérien, du huayno péruvien,
des tammurriata italiennes ou encore du forró brésilien. Un tour du monde hypnotique ultra-dansant. Le 16 octobre à 18h Place de l’église Saint-André (Marseille 16e)
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Small is beautiful Du 5 au 26 octobre 04 91 03 81 28 www.lieuxpublics.com
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Hubert Colas
« Montévidéo est dans l’impasse » Montévidéo est fermé au public depuis près d’un an. Son co-directeur, l’auteur et metteur en scène Hubert Colas, nous expose les raisons du blocage. Sans oublier d’évoquer le festival Actoral, qui se déploie dans la ville jusqu’au 13 octobre. Propos recueillis par Sandro Piscopo-Reguieg
Pourquoi Montévidéo est-il fermé au public ? Cela fait plusieurs années que nous étions conscients du problème. Notre autorisation d’ouverture était précaire, conditionnée à l’achèvement d’importants travaux de rénovation. Les collectivités nous ont toujours soutenu en nous permettant, en plus de notre budget de fonctionnement, de pouvoir chaque année améliorer progressivement les conditions d’accueil. Mais les subventions ont diminué et nous n’avons jamais pu terminer les travaux. Le 14 octobre 2010, la Commission de sécurité a décidé que Montévidéo ne pouvait plus être ouvert au public.
« Actoral, c’est un kaléidoscope des différentes facettes qui tissent le monde des arts aujourd’hui » Un an après, la situation a-t-elle évolué ? Les collectivités ont donné leur accord pour financer les travaux mais notre bail s’achève en 2013. Il faudrait qu’il soit prolongé jusqu’en 2018 ou 2019 pour que ces travaux puissent être amortis. Nous avons espoir, mais le propriétaire ne se positionne pas. Faute de perspective pérenne, les travaux ne peuvent débuter et nous sommes dans l’attente. Que dit le propriétaire ? Il ne nous propose pas de renouveler le bail jusqu’en 2018 mais il ne dit pas non plus qu’il ne le fera pas. Il attend.
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Ensemble, nous avons voulu faire de Montévidéo un lieu dédié aux écritures contemporaines. Nous accueillons musiciens, auteurs et metteurs en scène en résidence : il ne s’agissait pas de faire un théâtre de plus, mais un lieu de création et de recherche. Cependant, nous présentions pendant l’année un certain nombre de projets au public, dont la plupart étaient nés ici, durant les résidences. La fermeture nous ennuie, mais elle handicape davantage le GRIM car la diffusion fait partie intégrante de son cahier des charges. Les résidences se poursuivent ? Oui, Montévidéo ne désemplit pas. Nous continuons d’accueillir des artistes en résidence. Mais dès que nous voulons monter quelque chose, nous devons le faire à l’extérieur... Pour Actoral, et Nuit d’Hiver (le festival du GRIM), nous avons demandé une autorisation d’ouverture exceptionnelle. Nous attendons une réponse.
© Cyril Hiely
Les spectacles du festival Actoral auront toutefois lieu hors les murs. Oui. Mais c’est dans la continuité de ce que nous faisons depuis déjà plusieurs années. L’idée, avec Actoral, c’est faire un festival qui se déploie dans toute la ville pour créer une dynamique, un temps fort de la rentrée culturelle autour des écritures contemporaines. Et montrer qu’il se passe des choses très fortes à Marseille, ce qui n’est pas toujours reconnu. Nos généreux partenaires nous offrent un soutien plus important cette année : la Criée la Minoterie, la Friche continueront à accueillir nos spectacles, avec d’autres lieux comme le Gymnase ou les Bernardines.
La Ville peut racheter le bâtiment ? Le propriétaire n’ayant pas affirmé sa volonté de vendre, la Ville ne peut se positionner. Mais nous savons qu’il a reçu des offres... Les promoteurs s’intéressent beaucoup au quartier. Montévidéo est toutefois davantage tourné vers la création que la diffusion... Montévidéo est né en 2000 de la réunion de deux artistes : Jean-Marc Montéra du Groupe de Recherche et d’Improvisation Musicales (GRIM) et moi-même, qui recherchait un lieu pour ma compagnie Diphtong.
Chaque année, le festival prend plus d’ampleur... Actoral s’est transformé depuis 2008 et la candidature de Marseille au label de capitale européenne de la culture. Auparavant, il s’agissait de « rencontres », sur quelques soirées. Maintenant, c’est un vrai festival avec des artistes étrangers, des formes plus conséquentes. Actoral s’inscrit de manière pérenne. Au fur et à mesure qu’il grandit, il touche un public plus large et accueille des artistes plus confirmés. Sans perdre de vue l’émergence et les nouveaux regards artistiques : ce sont eux qui font les formes de demain. Actoral, c’est une « photographie » de la création contemporaine en 2011 ? Le cœur du festival, c’est les écritures contemporaines dans tous les domaines artistiques : cinéma, théâtre, littérature, danse, poésie, poésie sonore... On ne dit pas « la création contemporaine, c’est ceci », mais nous donnons quelques exemples en présentant des artistes qui travaillent dans différentes disciplines. Actoral, c’est un kaléidoscope des différentes facettes qui tissent le monde des arts aujourd’hui. Ce maillage des formes est très important. En même temps qu’il dissout les frontières entre les domaines artistiques, il permet d’aiguiser la curiosité du spectateur, de créer un climat particulier pour pousser les gens à aller vers des choses qu’ils ne connaissent pas. Actoral, c’est ouvrir et fédérer. n
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Actoral 9 Programme
Un avant-goût
d’actoral
© Jean-Michel Frodon
© DR
© Sylvain Couzinet-Jacques
Avec plus de 60 propositions, le festival international des arts et des écritures contemporaines se veut toujours aussi transdisciplinaire, multiple et foisonnant. Nous avons donc sélectionné quelques spectacles et une performance : ils vous donneront peut-être la curiosité de vous tourner vers les formes plus réduites et expérimentales...
Kolik
Castor & Pollux
Monologue introspectif
Spectacle vertical Médiateurs Deux corps évoluent là-haut, dans les menteurs cintres. Ces danseurs aériens, suspendus
Kolik met en scène l’individu face à luimême au moment de sa mort. Il boit et en même temps qu’il incorpore le liquide (vodka ? eau ?), il vide sa tête de tout ce qui l’encombre en une logorrhée ininterrompue. « Toutes proportions gardées, on pourrait comparer ce texte à un monologue hamletien contemporain » note Hubert Colas, qui a effectué cette mise en scène sur un texte de l’auteur allemand Rainald Goetz. La performance de l’acteur Thierry Raynaud, seul en scène, est particulièrement saisissante. Du 27 septembre au 1er octobre Théâtre de la Criée
par un jeu de poulies, rejouent le mythe des jumeaux Castor et Pollux, devenus constellation. Une chorégraphie astrale à la bizarrerie revendiquée, imaginée par Cécilia Bengolea et François Chaignaud. Un spectacle « vertical » que l’on découvre confortablement allongé sur la scène du théâtre... Du 28 au 30 septembre Théâtre du Gymnase
Le musée vivant
Une performance où l’on se propose de réinventer les œuvres de la collection du MAC en mettant à la disposition du public des médiateurs interprétés par des comédiens. À la demande du visiteur, l’œuvre lui est racontée par quelqu’un qui pourra évoquer un élément de son histoire, mais aussi en imaginer l’origine ou le hors-champ. L’objet décrit devient une nouvelle œuvre... Les textes portés par ces « comédiens - médiateurs - conférenciers » ont été commandés par Robert Cantarella à de nombreuses personnalités dont François Bégaudeau, Daniel Buren, Jean-Michel Frodon, Hubert Colas, Christophe Honoré...
Les 30 septembre et 1er octobre (17h-20h) Musée d’art contemporain
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actoral
Alexis, une tragédie grecque
Le temps nous manquera
Insurrection théâtrale
Deuil côte à côte
Alexandros-Andreas Grigoropoulos, un jeune de quinze ans, a été tué par un policier en décembre 2008 à Athènes. Cette mort met le feu aux poudres et l’adolescent devient icône, « Antigone moderne ». Pour la compagnie Motus, la création et le réel se percutent. En mêlant les mots des révoltés d’Athènes à ceux de l’Antigone de Brecht, en recréant l’embrasement de la rue sur le plateau du théâtre, elle bâtit une partition hybride, fulgurante et poétique.
Au lendemain de sa rupture amoureuse, un homme se suicide, laissant seuls, face au deuil, sa femme et son ami. La femme raconte la séparation. L’ami raconte la mort. Ils sont là, ensemble, mais chacun dans son propre temps. Construit de manière cinématographique, ce spectacle, en évoquant la mort, met en perspective la vie. Du 4 au 8 octobre Théâtre des Bernardines
Du 4 au 6 octobre Théâtre du Gymnase
© Giovanni Cittadini-Cesi
© DR
© Valentina-Bianchi
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La loi du Marcheur Entretien avec Serge Daney
État critique
Janvier 1992. Quelques mois avant sa mort, Serge Daney s’entretient avec Régis Debray sur son itinéraire de critique de cinéma. Rédacteur en chef des Cahiers du cinéma, journaliste à Libération, fondateur de la revue Trafic, il témoigne de ce que « voir des films » lui a offert au monde : « On ne devient pas critique de cinéma, dit-il, ça ne peut pas être une vocation, c’est à peine un métier. » Le spectacle créé par Nicolas Bouchaud et Éric Dridy, issu de la transcription exacte de ces entretiens, réactive la pensée de Daney sur le ton d’une discussion buissonnière. Une leçon de vie... et de cinéma. Du 4 au 8 octobre Théâtre de la Criée
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Actoral Festival international des arts et des écritures contemporaines Jusqu'au 13 octobre 04 91 37 14 04 - www.actoral.org
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pop philosophie 9 interview
Semaine de la pop philosophie
Kant, Jimi Hendrix, Batman, et les
extraterrestres... « Quand les super-héros philosophent », « Métaphysique du joystick », « Le rock et les drogues, un trip avec Jimi Hendrix et Michel Foucault »... Voilà quelques-uns des thèmes abordés lors des conférences qui rythmeront la saison III de la Semaine de la pop philosophie. Un événement conçu par Jacques Serrano. Rencontre. Propos recueillis par SPR
Commençons par cette fameuse « pop philosophie ». De quoi s’agit-il ? « Pop philosophie » est une expression empruntée à Deleuze, même s’il en a peu parlé. Il a eu l’intuition qu’il était possible de générer des concepts philosophiques à partir de références populaires. Durant toute une semaine, nous essayons donc de penser l’art et la culture autrement. L’année dernière, par exemple, la philosophe Sandra Laugier a réalisé un exposé très sérieux sur la série Buffy contre les vampires. Ou comment avoir une vraie réflexion à partir d’un sujet considéré comme mineur.
« Un jeune philosophe va illustrer sa conférence Il s’agit de « regarder TF1 avec les lunettes d’Arte et Arte avec les lunettes de TF1 », en jouant de la guitare électrique ! » comme l’exprime la formule d’Antoine Buéno ?
Oui, et ainsi, plein de surprises s’opèrent. La hiérarchisation entre hausse et basse culture est abandonnée. Et au travers d’une émission débile, on peut penser des choses intelligentes. En plus, c’est très drôle ! La Semaine de la pop philosophie, c’est une énième tentative de vulgarisation de la philo ? Il s’agit d’échapper au genre officiel de la philosophie. Il n’est pas question de faire de la vulgarisation. Nous voulons montrer qu’on peut avoir une réflexion tout à fait sérieuse à partir des cultures populaires. Mais je préfère parler de « culture pop ». Car le terme « populaire » est ambigu : l’éducation populaire, ce n’est pas du tout notre filiation ! Notre but n’est pas d’éduquer les gens mais plutôt de faire en sorte que le public éprouve du plaisir. Si en même temps il engrange des connaissances, alors tant mieux.
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Éprouver du plaisir en assistant à une conférence de philo ? Tout à fait. Il y a quelques années, j’avais assisté à une conférence de Deleuze à Paris. Je me croyais au théâtre ! J’en suis sorti dans un état comparable à celui du spectateur qui a pris son pied dans un concert ou un spectacle. Vous organisez des conférences spectacles ? Le mot « spectacle » est trop fort. Nous essayons de repenser l’échange intellectuel, de redéfinir cette forme en sortant de l’approche universitaire de la conférence. Parfois, ce n’est pas possible et on se retrouve, comme partout, avec des intellectuels autour d’une table. Mais cette année par exemple, le jeune philosophe Francis Métivier va illustrer sa conférence en jouant de la guitare électrique. Ça sera un vrai show ! Il démontrera que le lien entre Jimi Hendrix et Michel Foucault, c’est la drogue. On a en effet un artiste qui prend du LSD pour créer, et un philosophe qui essaye de mesurer l’apport des drogues dans le processus de création. Vous allez donc faire la promotion des drogues à des fins artistiques ? En ce qui me concerne, je ne pense pas que les drogues soient nécessaires à la création artistique ! Mais si le philosophe démontre que c’est le cas, la police peut venir, je m’en fiche bien ! Quelles sont les conférences aux thèmes les plus « fun » ? Nous aurons notamment « Quand les super-héros philosophent », où l’on verra comment ces personnages
totalement fictionnels peuvent avoir une influence sur le champ de la philosophie. Pour cela, on fera appel à Superman, Batman, Spiderman... Il y aura aussi une « métaphysique du joystick », où l’on réfléchira sur la place du joueur, point intermédiaire entre acteur et spectateur. Au cinéma, il n’existe aucune interaction entre les personnages d’un film et le spectateur. Dans un jeu vidéo, le joueur intervient sur le déroulement de l’action, ce qui lui donne un statut particulier, que nous essaierons de comprendre. Nous allons aussi inviter le philosophe et musicologue Peter Szendy qui a passé deux ans de sa vie à réfléchir sur « Kant et les extraterrestres ». Il projettera des extraits de films de science-fiction pour illustrer ses propos ! Quoi d’autre ? C’est un peu moins « fun », mais j’aimerais parler du premier débat, intitulé « philosophie et capitalisme immatériel » : il peut intéresser de nombreux artistes en apportant des pistes de réflexion sur le marché de l’art. Je les invite à venir, même si cela va se dérouler dans un lieu où ils n’ont certainement pas l’habitude d’aller, une école de commerce ! n
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semaine de la pop philosophie Du 17 au 22 octobre Marseille www.lesrencontresplacepublique.fr
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Thierry Fabre
« Une part significative de l’histoire du XXIe siècle est en train de s’écrire en Méditerranée » « L’Europe et l’islam : la liberté ou la peur ? » C’est le thème des 18e Rencontres d’Averroès, créées et conçues par Thierry Fabre. Il nous en expose les enjeux. Propos recueillis par Sandro Piscopo-Reguieg - Photo : Joël Assuied
Les tables rondes des Rencontres d’Averroès sont diffusées sur France Culture, disponibles sur le net, en DVD... Pourtant, les salles sont pleines... Oui, car il y a un côté spectacle vivant ! Aujourd’hui, on a besoin de sortir du virtuel et de voir qu’au fond, la pensée a un corps. Si vous avez déjà assisté aux Rencontres, vous savez ce qu’il se passe dans la salle. Cette interaction entre les intervenants et le public, on ne la retrouvera pas dans une retransmission radio ou sur internet. C’est comme un concert : sur place ou à la télévision, ce n’est pas pareil. On peut voir les intervenants s’engager, s’interroger, répondre aux questions... Et le public est là, présent, exigeant. Silencieux dans un premier temps, très vif voire tumultueux après. Je le sens bien quand j’anime les tables rondes : nous sommes portés par le public. Les intervenants le disent. Certains, qui ont l’habitude de faire des conférences un peu partout, sont parfois impressionnés quand ils observent la salle depuis les coulisses. Moi même, à chaque fois, ça me saisit. En quoi les Rencontres d’Averroès sont-elles si particulières ? Aujourd’hui, nous sommes dans un repli de tous les mondes : les intellectuels sont entre eux, les universitaires sont entre eux, les spécialistes de telle ou telle question sont entre eux... C’est le règne de l’entre-soi. Les Rencontres, c’est justement un moment de partage. Je crois que les intervenants sont heureux et surpris de voir cette écoute et cette attente. Et ainsi de pouvoir partager leur savoir. Marwan Rashed, un jeune philosophe qui
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« Les sociétés européennes ont un problème avec l’altérité. Ce sont des sociétés démographiquement vieillissantes et qui ont peur... » anime des séminaires à l’École normale supérieure est un jour venu me voir après les tables rondes en me disant : « Mais quelle expérience ! » Certaines questions l’avaient bousculé, si bien qu’au fond, cela a éclairé autrement son travail de spécialiste. Il m’a même dit que pour lui, il y avait un avant et un après. Après une thématique sur le développement durable l’année dernière, les Rencontres reviennent aux fondamentaux... Nous n’avions jamais véritablement traité ce type de question. Une partie du public a été désorientée... En effet, ça n’avait pas vraiment l’aspect « controverse » que nous ressentons d’habitude. En même temps, je ne regrette pas du tout d’avoir fait cette édition au cours de laquelle nous avons soulevé de vraies questions. Cette année, vous allez évoquer les rapports entre l’Europe et l’islam, en posant une question : « la liberté ou la peur ? » Quel fut le déclic ? Fin décembre 2010, j’ai lu un sondage dans le journal Le Monde sur la représentation de l’islam côté français et côté allemand. J’ai été assez stupéfait : il apparaît en
effet que « la présence d’une communauté musulmane en France et en Allemagne est plutôt une menace » pour 42 % des Français et 40 % des Allemands ; que « les musulmans et les personnes d’origine musulmane ne sont plutôt pas ou pas du tout intégrés » pour 68 % des Français et 75 % des Allemands ; que « le refus de s’intégrer dans la société française ou allemande en est la raison principale » pour 61 % des Français et 67 % des Allemands ; et enfin que « l’influence et la visibilité de l’islam en France et en Allemagne sont aujourd’hui trop importantes » pour 55 % des Français et 49 % des Allemands. Pour moi, ce sondage est un symptôme. J’ai suivi de près ce qu’il s’est passé en Suisse, avec la controverse autour du référendum sur la construction des minarets, au Danemark avec la crise des caricatures, au Pays-Bas après l’assassinat de Théo Van Gogh, en Allemagne avec le livre de Thilo Sarrazin… Cette question de la relation avec l’islam est comme un spectre qui entoure l’Europe. Les Rencontres d’Averroès, c’est « penser la Méditerranée des deux rives ». Nous sommes donc au cœur du sujet. Vous rappelez que l’histoire des relations entre islam et Occident est bien plus complexe qu’une simple série de confrontations... Quelle lecture de l’histoire privilégie-t-on ? On peut mettre l’accent sur le djihad, les croisades, les conquêtes
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coloniales, la notion d’empire, et tous les autres éléments de confrontation… On écrit ainsi une histoire de la Méditerranée à la façon d’Henri Pirenne, en opposant Mahomet et Charlemagne, en parlant de coupure et séparation. Même si ce paradigme historique est faux, il reste aujourd’hui dans l’imaginaire collectif. Les éléments de ce sondage montrent que nous sommes dans un imaginaire de la coupure, c’est à dire : « nous n’avons rien de commun ». C’est la lecture de la confrontation. Mais on peut faire une autre lecture de l’histoire, celle de l’interpénétration. Sur le temps long, elle fut extrêmement profonde. On en parle peu... L’histoire, ça se fabrique, comme le dit très bien le titre de l’émission d’Emmanuel Laurentin. À chaque génération, on réinterroge les sources du passé pour les relier. Le tropisme actuel de polarité (le terme d’islamophobie ne me plaît pas) et cette dynamique de la confrontation s’appuient sur une lecture de l’histoire disant : « il y a eux et nous, et rien entre ». Quand cet été, au mois de juillet, monsieur Anders Breivik s’est mis à assassiner froidement 78 personnes à Utoeya au nom d’un fondamentalisme chrétien et d’un discours délirant sur l’islam, on a vu comment cet imaginaire de la peur peut produire du réel.
joue à deux. Il n’y a pas les bons d’un côté et les méchants de l’autre. Le problème c’est que cela fait système. On entend des discours extrêmement violents au nom de la laïcité. De l’autre côté, on a un discours religieux tout aussi véhément. Mais entre les deux, il n’y a pas rien. Il y a un espace public et il serait temps que d’autres types de parole émergent. Cela implique un dialogue. Il faut sortir des passions collectives et des mythologies pour entrer dans la compréhension, l’intercompréhension, y compris en s’engueulant. La démocratie est faite de contradictions, d’affrontements... C’est comme cela qu’on construit des espaces communs. On le voit bien à Marseille : il y a des phénomènes de repli, de rejet, mais il y a aussi des espaces communs. Et ces espaces communs font la Cité. Vous évoquez la Méditerranée comme « monde commun » entre Occident et islam... La pensée crée du réel. Dans les mots, il y a une façon de lire le monde et d’être en relation avec l’autre. Les hommes se parlent. Ils se sourient ou ils se tuent. Pour moi, la Méditerranée est une métaphore de ce monde commun. Ce n’est pas un territoire « solidifié », je dirais que chacun a sa Méditerranée portative. Cette imbrication là est l’une des façons de tisser des liens. Mais cela vaut pour les trois strates de la culture. Il y a d’abord, sur le temps long, la strate des mémoires, avec la capacité de faire mémoire commune. Ce qui suppose que les mises en récit de l’histoire soient partagées. Regardez comme on en est loin, par exemple sur la relation entre la France et l’Algérie, ou le nœud de mémoire entre la Turquie et l’Arménie, ou encore entre Israël et Palestine... Faire monde commun, c’est faire un « travail de mémoire » pour sortir de l’enclavement presque narcissique conduisant à dire « c’est ma mémoire ! » La mémoire est singulière et l’histoire, collective. Il faut trouver des termes de lecture de l’histoire dans lesquels chacun peut se retrouver.
« Chacun a sa Méditerranée portative »
N’est-ce pas un acte isolé ? Je ne crois pas. Regardez les 1 500 pages qu’a produit Breivik, en citant un certain nombre de référents, d’intellectuels, de sources... Regardez la progression des mouvements nationaux-populistes dans toute l’Europe : ils sont focalisés sur l’immigration et l’islam. Ce n’est donc pas un acte isolé mais, au contraire, le symptôme révélateur d’une époque. D’un prisme de lecture extrêmement dangereux que nous devons affronter, c’est à dire, regarder bien en face. Un sondage, ce n’est que la photographie de l’opinion à un moment donné... Mais il y a une lame de fond. Il me semble important de la questionner.
Que voulez-vous dire quand vous parlez de « stratégie de la tension » ? Il y a des acteurs de tous ordres - médiatiques, intellectuels, politiques, religieux - qui soufflent sur les braises. Le magistère de la tension et de la peur est un élément catalyseur et mobilisateur. Regardez la Ligue du Nord ou Geert Wilders, quand il fait un film où il brûle un Coran... C’est de la politique mais cela a un effet dans l’espace public. Cette stratégie de la tension permet à certains acteurs d’être sur le devant de la scène. Les sociétés européennes ont un problème avec l’altérité. Ce sont des sociétés démographiquement vieillissantes et qui ont peur... Ces peurs sont-elles irraisonnées ? La tension n’existe en effet pas seulement du côté de l’extrême droite. Quand vous avez des gens qui veulent construire des minarets, faire des appels à la prière dans l’espace public, manifester des tenues très voyantes ; cela participe aussi à la stratégie de la tension. La tension, ça se
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Et au-delà de cette « Méditerranée des mémoires » ? On peut avoir une Méditerranée de ce que Michel de Certeau appelle « les manières de faire », ou les styles de vie : façons de manger, d’habiter, de courtiser, de faire l’amour... Tout ce qui compose les gestes du quotidien, ce qu’on appelle la dimension anthropologique de la culture. Les styles de vie impliquent des styles de consommation et donc des réalités économiques. Il y a pour moi ici quelque chose de très profond dans le rapport au temps, le rapport à l’autre, qui n’a pas encore véritablement pris forme et qui me parait, non pas être une vision du passé mais une perspective d’avenir. Enfin, il y a la dimension de circulation des œuvres : faire monde commun dans le syncrétisme musical, les échanges cinématographiques (la circulation des images et des imaginaires), la production des œuvres littéraires, et surtout la traduction des cultures à travers ces œuvres... Chacun peut là encore se fabriquer sa Méditerranée portative, son récit méditerranéen selon ses lectures, ses amis, ses relations familiales… Contrairement à ce qu’une partie des acteurs médiatiques,
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« Je ne crois pas qu’on puisse se satisfaire de l’état du monde » politiques, intellectuels veulent dire, nous ne sommes pas dans cette polarité nécessaire. Il y a un possible monde commun. Comment peut-il prendre forme ? Vous ne m’entendrez jamais parler d’identité méditerranéenne, ni même d’entité méditerranéenne. Mais d’imaginaire, de récits, de trajectoires, de mémoire, de manière de vivre, et d’œuvres. Ces strates de la culture ne sont pas isolées. Les mémoires inspirent les œuvres, les œuvres fabriquent de la mémoire, les manières de vivre jouent sur la mémoire et sur la lecture des œuvres... Tout ça, on a besoin de le mettre en mots, en images pour le comprendre. Il n’y a pas de l’informe, il y a une « possible » forme. D’ici une vingtaine d’années, quelles que soient les violences ou les tensions actuelles, je pense qu’une communauté culturelle méditerranéenne peut se dessiner. Je ne parle pas d’entité politique car je n’y crois pas vraiment. L’ensablement du processus de Barcelone le prouve. Je crois plutôt aux dynamiques des sociétés. Et ce qui s’est passé avec les révolutions arabes le montre plus encore. Quelle est votre analyse de ce phénomène ? Elles ont bien montré que les éléments de revendication n’étaient pas d’ordre religieux. La liberté, la citoyenneté, la dignité, le refus de la corruption sont des éléments du bien commun des démocraties. L’Islam ne fut pas le déclencheur mais un élément mineur, même si les Frères musulmans en Egypte ou le mouvement Nahda en Tunisie s’y sont raccrochés. Il y a un « 89 arabe » comme le dit très bien Benjamin Stora. Un phénomène historique d’une importance considérable dont les Français et les Européens n’ont pas pris toute la mesure. Ils n’ont pas compris que ce qu’il se passe est d’une ampleur comparable à la chute du mur de Berlin et de ce que cela a pu induire comme recomposition du monde. Vous estimez qu’en Europe, le monde intellectuel a fait défection ? Oui, en un certain sens. Il n’a pas été à la hauteur de l’histoire. L’expression de solidarité intellectuelle ou politique n’a pas été manifestée, de quelque bord que ce soit. Il y a plutôt eu d’abord de la peur, des phénomènes de rejet, d’incompréhension... Je n’ai pas vu d’effervescence, je n’ai pas vu les revues littéraires et les journaux se mobiliser... Cela s’est fait, mais six mois après ! Ce sont les diasporas de Tunisiens ou d’Egyptiens qui ont accompagné ces mouvements, par exemple en diffusant de l’information. Il me semble que ce qu’il s’est passé dépasse les lignes. Ainsi, quand nous posons la question « la liberté ou la peur ? », c’est parce qu’on voit bien se manifester des phénomènes de liberté et, en même temps, des phénomènes de peur. De part et d’autre.
Au « choc des civilisations », vous opposez le « rendez-vous des civilisations ». Dans le contexte actuel, il se précise ? C’est une hypothèse. Dans la perspective que je défends, oui. Mais c’est peut-être un leurre. Je me pose la question du mirage. Le printemps des peuples de 1848 a débouché en Allemagne sur Bismarck. Il n’y a pas de « sens de l’histoire ». On ne peut pas savoir ce qu’il va advenir. Mais ce dont je suis absolument sûr, c’est que la proximité liée à l’héritage du passé, à la réalité géographique et à l’interpénétration des populations fait que nous avons une histoire commune. Autant essayer de l’écrire ensemble. Pour certains, le rendez-vous des civilisations est une utopie creuse, une façon de ne pas regarder la violence, le tragique, la confrontation ; ils disent que de toute façon nous n’avons pas d’intérêt commun... Mais un ensemble euro-méditerranéen de 800 millions d’habitants, dans un monde avec la Chine, l’Inde, les États-Unis, le Brésil, ça a un peu plus de chances d’exister que si chacun est retiré dans son pré carré. Cet avenir commun, encore faut-il l’écrire, et pour cela on a besoin de coaliser de l’intelligence. Dans cette perspective, les Rencontres d’Averroès prennent tout leur sens... Je ne crois pas qu’on puisse se satisfaire de l’état du monde. Ainsi, ce qui me touche très profondément aux Rencontres, c’est voir les gens repartir avec des livres. Et donc partir avec des questions. Comme le dit très bien Kundera, « quand on est contemporain d’une époque, on est dans le brouillard ». Au fond, les Rencontres d’Averroès, c’est une tentative d’éclaircissement. Pour sortir de ce brouillard. Il y a heureusement ce désir ardent chez les hommes, ce besoin de comprendre. On a plus que jamais besoin de comprendre notre monde en général et le monde méditerranéen en particulier. Car une part significative de l’histoire du XXIe siècle est en train de s’écrire en Méditerranée. n Tables rondes À l’auditorium du Parc Chanot Entre Europe et islam : histoires de conquêtes ou passé commun ? Le 18 novembre de 15h à 17h Islams d’Europe : montée des tensions ou reconnaissance mutuelle ? Le 19 novembre de 10h à 12h Un rendez-vous des civilisations : utopie sans lendemain ou promesse d’avenir ? Le 19 novembre de 15h à 17h
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Rencontres d'Averroès Infos / Réservations : Espace Culture - 04 96 11 04 76 www.rencontresaverroes.net
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Sous le signe d’Averroès
Autour des Rencontres........ Exposition, débat, concert... En marge des tables rondes, une constellation d’événements permettent d’aborder autrement la thématique des Rencontres : c’est le programme « Sous le signe d’Averroès ». Chapelle syriaque orthodoxe à Damas
Exposition.....................................
Pèlerins à Tarsus en Turquie
La Méditerranée des Sept Dormants Dans une caverne, sept personnes se réveillent après plusieurs siècles de sommeil... Le mythe des « Sept dormants d’Ephèse » est commun au christianisme et à l’islam. Jeune docteur en ethnologie, Manoël Pénicaud a fait une enquête sur le parcours des sept dormants pour voir comment, tout autour de la Méditerranée, ce mythe avait été abordé. À travers cette « exposition anthropologique » principalement constituée de photographies, il réussit le pari d’associer contenu scientifique et forme esthétique. Icônes, miniatures, objets touristiques, rituels, légendes, nous permettent d’explorer une partie méconnue de ce que Thierry Fabre a appelé, dans le sillage d’André Malraux, « le musée imaginaire de la Méditerranée ». Du 20 octobre au 24 novembre Chapelle des Pénitents noirs (Aubagne)
Soirée « débat-lecture » autour des textes de Louis Massignon avec Thierry Fabre, Manoël Pénicaud, Henry Quinson et Michael Lonsdale (le 14 novembre). Projection du film Des Hommes et des Dieux, de Xavier Beauvois, en présence de Michael Lonsdale (le 15 novembre au cinéma Le Pagnol).
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© Manoël Pénicaud
Autour de l’exposition
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© Manoël Pénicaud
............................................. Rencontre...................................... Concert........................................... Tariq Ali
Titi Robin, Les Rives
© Louis Vincent
Une heure de débat avec Tariq Ali, écrivain d’origine pakistanaise et orateur hors pair. Il est l’auteur du « Quintet de l’islam », ensemble de cinq romans explorant chacun une période d’essor politique et culturel de l’islam. Avec Un sultan à Palerme (2007), il évoque la Sicile cosmopolite du XIIe siècle, où musulmans et chrétiens cohabitaient en paix. Le Livre de Saladin (2008) met en scène Salah al-Din, qui libéra Jérusalem des croisés en 1187. À l’ombre des grenadiers (2009) revient sur l’expulsion des Maures d’Espagne en 1499. La Femme de pierre (2010) est une chronique de la fin de l’empire ottoman. Le cinquième volume, La Nuit du papillon d’or, suivra le destin d’un peintre génial et truculent entre Lahore, Pékin et Londres, à notre époque.
Depuis plus de 30 ans, Titi Robin navigue aux confluences des cultures tziganes, orientales et européennes. Des rives de la Méditerranée à l’Asie centrale en passant par les contreforts de l’Inde, il a recherché puis construit patiemment un univers esthétique original. On ne peut réduire son art à un simple désir de mixer les sons et les styles : ce n’est pas un procédé mais un projet de vie. Le 7 novembre Le 8 novembre IEP d’Aix-en-Provence Cinéma Utopia, Avignon
Le 19 novembre Auditorium du Parc Chanot
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Klap KLAP
9 visite
La danse en partage
Le Grand studio du KLAP
Imaginé par le chorégraphe Michel Kelemenis le KLAP est une Maison pour la danse, ouverte aux artistes et publics d’ici et d’ailleurs... Par Marianne Van Willigen
S’il a lui même porté ce projet voué à accueillir sa compagnie, Michel Kelemenis prévient d’emblée : « Le Klap offre de nombreux chemins de partage : avec le voisinage, les amateurs, les professionnels, les amoureux de la danse, le jeune public... » La porte de cette toute nouvelle « Maison pour la danse » sera grande ouverte. Michel Kelemenis vous invite chez lui. Une habitude... Déjà, du temps où le chorégraphe était basé avenue des Aygalades, de nombreuses
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compagnies marseillaises avaient pu répéter dans son studio. Lorsqu’en 2007 la Ville décide de construire un collège sur le site, Kelemenis et ses danseurs se voient dotés en remplacement d’un équipement d’envergure : 3,5 millions d’euros sont investis pour réaménager une friche industrielle du quartier Saint-Mauron. La première pierre du Klap est posée en mai 2010. Consacré à la création chorégraphique, des compagnies locales, nationales et européennes seront invitées à l’investir pour y travailler leurs spectacles. Le public pourra assister à des répétitions publiques, avant-premières, rencontres, et présentations exceptionnelles. L’action culturelle, notamment à l’attention du jeune public, constituera l’un des autres « chemins de partage », tracés par Kelemenis, soucieux de « restituer à la société la chance qui (lui) a été donnée ». Un Klap, trois espaces « J’ai vécu la naissance des Centres chorégraphiques nationaux et des scènes conventionnées, nous apprend le chorégraphe. J’ai donc pensé un outil héritier de tout cela, pour répondre aux attentes des artistes, et même aller un peu plus loin. » Le Klap est articulé autour
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« J’ai voulu répondre aux attentes des artistes, en allant même un peu plus loin »
À voir au Klap
© Michel Kelemenis
© Agnès Mellon
Henriette et Matisse
La dernière création de Michel Kelemenis (pour le jeune public à partir de 5 ans). Les 11 et 12 octobre
Inauguration officielle Ballet du Grand Théâtre de Genève, Ballet National de Marseille, Ballet d’Europe, Cie Grenade, Ex Nihilo, Vincent Sekwati Mantsoe, Kelemenis&cie... Les 21 et 22 octobre
Question de danse Dans le cadre du festival Dansem (voir pages suivantes).
© Michel Kelemenis
Compagnie Grenade / Josette Baïz
de trois espaces ayant chacun leur spécificité. Les résidents pourront d’abord bénéficier de l’exceptionnelle « salle de création » (550 m2). Dotée d’un grand plateau (15 x 14 m), d’un réseau de passerelles techniques (à 8 m de hauteur) et d’un gradin de 240 places, elle permet aux compagnies de finaliser leurs spectacles, de répéter en conditions réelles, comme sur une « vraie » scène. D’ailleurs, c’est là qu’auront lieu les avant-premières et autres projets présentés au public. Le « Grand studio » (250 m2), équipé d’un gradin de 90 places, sera prioritairement consacré aux répétitions. Enfin, ateliers pédagogiques et visites scolaires se dérouleront au « Petit studio » (140 m2), aussi réservé à la formation professionnelle et à la pratique amateur. Kelemenis inscrit le Klap dans la longue idylle qui lie Marseille à la danse : « En 1972, il y eut la création du Ballet National de Marseille par Roland Petit ; en 1992, la construction du bâtiment du parc Henri Fabre. Depuis lors, c’est la première fois qu’un équipement structurant pour la danse est édifié dans cette ville. » Le Klap sera inauguré en octobre 2011. Dans son rendez-vous avec la danse, Marseille est un peu en avance... n
Avec 65 danseurs, dernier filage en scène du spectacle des 20 ans de la compagnie avant le Grand Théâtre de Provence (Gallotta, Maillot, Preljocaj, Kelemenis, Bel, Brown, Baïz).
10 places
pour la générale d’Henriette et Matisse le 10 octobre au Klap ! Téléphonez au Klap de la part du magazine 8e art : les 5 premiers gagnent 2 places ! 04 96 11 11 20
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KLAP - Maison pour la danse 5, avenue Rostand - 13003 Marseille 04 96 11 11 20 www.kelemenis.fr
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dansem programme8
Dansem en
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mou V EmE nTs Du 20 octobre au 9 décembre, Dansem se déploie en trois temps forts dédiés à la danse contemporaine en Méditerranée. En ouverture du festival, les Miniatures Officinae présenteront six façons d’aimer et Question de danse dévoilera les expérimentations de 12 chorégraphes. Enfin, une dizaine de spectacles constitueront le cœur du festival. Nous en avons choisi quelques-uns.
Miniatures Officinae
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6 façons d’aimer
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Question de danse
La création en 12 étapes
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Michaël Allibert (Trucmuche Compagnie), Je ne suis pas une prostituée, j’espère le devenir (projet)
© Andrea Abbatangelo
Andrea Abbatangelo, Unconfessed (the feel of think)
Entre ébauches, explorations et expérimentations, 12 chorégraphes dévoilent une partie de leurs travaux, inachevés, en cours d’élaboration. Des monstrations d’une vingtaine de minutes seront suivies de discussions animées par Michel Kelemenis. Le public est encouragé à questionner, interroger, sonder ces artistes qui tenteront de mettre en mot la réflexion qui les guide durant leur processus de création.
Du 20 au 23 octobre Lieux à définir (Aubagne et Marseille)
Du 25 octobre au 5 novembre Klap - Maison de la danse et théâtre des Bernardines
© Nathalie Sternalski
Comment les artistes, tout autour de la Méditerranée, voient-ils l’amour ? Miniatures Officinae est un projet porté par L’Officina-atelier marseillais de production, en partenariat avec plusieurs structures du bassin méditerranéen. Il s’agit de proposer à des artistes de sexes et d’horizons différents de travailler sur un thème commun : l’amour et le rapport à l’autre. Chacun d’entre eux bénéficie d’un temps de résidence d’une semaine au cours duquel il crée une « Miniature » (pièce chorégraphique, exposition, vidéo...) dont la durée ne doit pas excéder 15 minutes. En 2013, tous les artistes participants présenteront l’ensemble des Miniatures dans le cadre d’un projet commun. En ouverture du festival Dansem, L’Officina dévoile une étape de ce processus de création en présentant six Miniatures.
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Spectacles
La pensée a un corps
Nei Volti
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Transe hypnotique
Le temps scellé
Virgilio Sieni décortique le geste pour en extraire l’essence et, par une mystérieuse alchimie, une parole. Dans Nei Volti (Dans les visages), le geste se construit avec l’image. Virgilio Sieni s’inspire des visages. Du père et de la mère, des frères, du paysan, du prêtre, du partisan, de la grand-mère, du cordonnier, du poète, du maître... Ils prêtent leurs poses, leurs figures, leurs regards, et Virgilio en dégage une pensée qui anime son corps... Les 17 et 19 novembre Théâtre du Merlan
© Compagnia Virgilio Sieni
Ce n’est pas l’absence de décor, les costumes gris informes ou la lumière tamisée qui viennent envouter le spectateur... N’est-ce pas plutôt la quête incessante de spiritualité de la chorégraphe Nacera Belaza qui transforme cette danse en transe hypnotique ? Donner au mouvement une puissance émotionnelle égale à celle de la musique est l’une des clés de ce mystère scellé à même les corps. Dans ce nouveau projet, la chorégraphe réinterroge son propre geste en le confrontant à celui d’artistes-interprètes issus d’une autre conception du mouvement. Une expérience sensible, profonde et sans fard. En première partie, une création pour 16 danseurs avec 3 danseurs algériens et les danseurs de la formation professionnelle Coline, chorégraphiée par Nacera Belaza. Le 8 décembre Théâtre du Merlan
Peindre le geste
Révolutions corporelles
Visitation
Exposition universelle
Un parcours dans la bastide de la Magalone et dans la Cité radieuse du Corbusier en plusieurs « tableaux » chorégraphiques, composés par Virgilio Sieni. Avec le corps comme palette de couleurs, il investira ces lieux choisis pour leur beauté, leur lumière et leur capacité à être les réceptacles des gestes poétiques « perdus » et « oubliés ». Dans le cadre du projet L’art du geste dans la Méditerranée, appelé à se poursuivre jusqu’en 2013.
© Patrick Imbert
Visitation a été inspiré par les peintures de Pontormo (1494-1556, ci-contre) et de Beato Angelico (1395-1455)
Rachid Ouramdane nous invite à « voyager dans l’histoire des rapports entre corps et pouvoir ». Qu’il soit tour à tour ou dans un même mouvement, maître ou esclave, objet et matière, le corps délivre ici un langage physique des différentes idéologies qu’il épouse, endosse, affronte puis traverse. Les révolutions dans lesquelles il progresse, chute, et recommence sont autant de possibles impossibles. Une danse documentaire. Le 9 décembre Théâtre de la Minoterie
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festival DANSEM DU 20 octobre au 9 décembre www.officina.com
Les 26 et 27 novembre Bastide de la Magalone
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Oh! Tiger Mountain, c’est un songwriter génial, Mathieu Poulain. Un projet solo devenu duo, depuis que Kid Francescoli l’accompagne en live. Le 1er octobre les Marseillais seront sur la grande scène de Marsatac. Rencontre avec deux talents de la nouvelle scène rock. Par Sandro Piscopo-Reguieg
Éloge du Une guitare, une voix, des chansons... Faire du rock minimaliste en anglais est un exercice plutôt casse gueule. Surtout quand on est Marseillais. Pourtant, Oh! Tiger Mountain met tout le monde d’accord. Rengaines imparables, Little Red Cells, Or The Drugs, ou el Tigre, sont déjà des « classiques » de la scène rock underground. Mais à Marsatac, « Tiger » devra changer de dimension. Sur la scène principale du festival, il faudra faire face à 4 000 personnes. Sans batteur charismatique. Sans bassiste tatoué. Sans guitariste surdoué. Oh! Tiger Mountain, c’est Mathieu Poulain. Il sera là avec sa voix, sa guitare, et ses chansons.
Compos en solo, concerts en duo
« Je ne voulais plus être l’artiste seul sur scène. Ça faisait ‘’performance’’ et les gens venaient pour ça. Cela les détournait de la musique. Je veux que le live serve mes chansons. C’est ce qui importe le plus : les chansons »
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Cette quête de simplicité a paradoxalement amené Mathieu « Tiger » Poulain à demander à son pote Mathieu « Kid Francescoli » Hocine de l’accompagner en live. « Je ne voulais plus être l’artiste seul sur scène, explique Tiger. Ça faisait ‘’performance’’ et les gens venaient pour ça. Cela les détournait de la musique. Je veux que le live serve mes chansons. C’est ce qui importe le plus : les chansons. » Depuis 2010, Oh! Tiger Mountain a trouvé la formule : compos en solo, concerts en duo. « Kid a la particularité de savoir un peu jouer d’à peu près tous les instruments. C’est pratique car dans mes morceaux, on joue beaucoup ‘’un peu’’. » Les ballades de Tiger reposent en effet en grande partie sur sa voix, qu’il accompagne lui même de quelques accords de guitare. Sur scène, Kid Francescoli distille claviers et percus... Enfin, « un peu ». « Je suis un chanteur. Quand je trouve une mélodie, pour pouvoir avancer, il me faut un texte, aussi bref soit-il. » Le songwriter de 29 ans, fan de littérature et de poésie américaine vient d’abandonner son mémoire sur « la Beat Generation et les romantiques anglais ». Quand on l’interroge sur ses paroles, il fait profil bas. « En général, j’écris et
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Mathieu “Tiger” Poulain, un tigre, et Mathieu “Kid Francescoli” Hocine.
après je vois de quoi ça parle. Mais c’est souvent un peu con con. » Ne le croyez pas. Le tigre est du genre modeste.
Petite consécration « Tiger et moi, c’est une symétrie parfaite, un miroir inversé, analyse Kid Francescoli. Ma musique, c’est tout le contraire de l’épure : en solo, je fais de l’electro-pop. J’aime bien les arrangements, ajouter tel son de synthé ou tel sample... Chez moi, les textes viennent en dernier. Et puis je suis fan de l’OM. Lui, il s’en fout ! » Le Kid de Marseille sévit depuis une dizaine d’années. Il a un nombre incalculable de concerts à son actif dont un passage à Marsatac en 2007. Pas son plus grand souvenir : « Nous étions sept sur scène, je n’entendais rien, ne maitrisais rien... Un vrai cauchemar. » Aucune chance que ça se passe de la même façon avec Tiger. Le duo est déjà bien rodé. Et depuis cet hiver, tout s’accélère. Quelque chose est en train de prendre... Oh! Tiger Mountain enchaîne les dates : « Déjà une cinquantaine cette année, précise Mathieu Poulain. On joue à peu près chaque mois, dans toute la France : le plus haut qu’on ait fait, c’est Roubaix. » En avril dernier, ils vivent une petite consécration : les deux Mathieu sont en une des Inrockuptibles. Bon, c’était l’édition régionale, mais tout de même... Le buzz fut énorme.
« Faire plutôt qu’attendre que les choses se fassent » « Dans la région, pas mal de gens nous suivent, remarque Mathieu Poulain. Nous sommes soutenus, quoi qu’il arrive, par tout le monde : ceux du rock, ceux de l’electro, ceux du punk, et ceux d’autres univers, même quand ça n’a rien à voir avec ce qu’on fait. » Ils ont écumé toutes les salles de la cité phocéenne, pu compter sur le soutien de
structures comme le GRIM ou l’AMI... Et désormais, avec leur label Microphone Recordings, ils comptent bien prendre les choses en main et contribuer à l’émergence d’une scène rock à Marseille. « L’idée, c’est faire plutôt qu’attendre que les choses se fassent, disent-ils d’une même voix. Nous voulons défendre, promouvoir, diffuser des projets sans être dans la sollicitation. On ne veut pas attendre qu’un beau jour, quelqu’un trouve ça génial et fasse quelque chose pour nous. » Asso à fonds propres, le label Microphone, qui réunit déjà plusieurs groupes, n’a absolument aucune velléité commerciale : « Tout ce qu’on enregistre est téléchargeable gratos sur le blog, revendique Mathieu Poulain. Ce n’est pas en pressant 300 disques pour les mettre en vente qu’on va y arriver. Je préfère développer un projet, faire en sorte que de plus en plus de personnes entendent parler de Kid Francescoli, Tiger, Johnny Hawaii... La musique, c’est la Chine. Il y a les très riches, les très pauvres, et entre les deux, pas grand chose. » Oh! Tiger Mountain prépare la sortie imminente de son premier album. On y retrouvera les « classiques » cités plus haut, réenregistrés et réarrangés : « Sur 10 morceaux que je compose, j’en jette 8. Mais ceux qui restent, je peux les jouer encore 10 ans ! » Quant au second album, il est déjà prêt, « écrit, composé et maquetté ». Avant ça, Tiger va rugir à Marsatac. Et qu’on se le dise : il ne porte plus son masque de tigre sur scène. Le gimmick a fait son temps. L’essentiel, ce sont les chansons. o
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Oh! Tiger Mountain Le 1er octobre Marsatac www.marsatac.com microphonerecordings.blogspot.com
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Marsatac :
les incontournables Rock, hip hop, electro, techno… Les musiques urbaines squattent la Friche Belle de Mai pour une quarantaine de concerts sur trois nuits. Un programme dense dans lequel nous avons repéré quelques pépites, à ne pas manquer. Applause
Anthony Joseph
Des deux mains
Poète funk
Un rock lyrique aux accents soul et electro. Glissant entre les genres, le quatuor franco-belge ne perd jamais de vue la mélodie. Un moment de délicatesse dans un Marsatac de brutes. Brillant.
Le 30 septembre à 23h20 Scène Cabaret aléatoire
Theophilus London
Le 29 septembre à 21h30 Scène Seita
Rappeur Crooner
The Shoes
© Gavin Watson
Grosses pointures Entre pop revigorante et envolées dancefloor, leur dernier EP a fait un buzz énorme, et le set du duo champenois sera particulièrement attendu. Célébrés en Angleterre, adorés au Japon, les Shoes marchent enfin sur Marseille !
© Jonathan Mannion
Le 29 septembre à 22h Scène Cabaret aléatoire
Xzibit
Pimp ton flow
Un rappeur ? Pas seulement. Theophilus est un bidouilleur de génie qui mixe les genres et les époques, un apprenti sorcier capable de mêler avec brio un rap atmosphérique aux beats frénétiques de l’electro... En plus, l’homme au look dandy et à la gracieuse nonchalance a du style.
Le 30 septembre à 22h20 Scène Cartonnerie
Le 30 septembre à 23h40 Scène Cartonnerie © D.R.
Avant d’être reconnu mondialement pour l’émission custom de MTV, Pimp My Ride, Xzibit était surtout l’un des meilleurs rappeurs de la West Coast. On verra si le lascar a customisé son flow.
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© D.R.
© Antoine Legrand
Figure de la littérature britannique mais aussi musicien, son écriture est racée, sa poésie est musique. Carburant aux black musics des 70’s, Anthony Joseph est le digne héritier de Gil ScottHeron, autre grand poète funk disparu cette année.
© Cat Stevens
Death in Vegas
© Clementine Crochet
Rock électrocuté
Chinese Man
Direct from Mar-Zheï Premier album du trio basé à Marseille, Racing with the Sun est une petite merveille d’ingéniosité. Un mélange revigorant de hip hop, d’orientalisme drôle et de beats baile funk dansants. Entre Kung Fu Panda et Gorillaz, quoi.
Les Britanniques ont posé les fondements de l’electro-rock dans les 90’s... Après sept ans d’absence, leur comeback passera forcément par Marsatac. Le 1er octobre à 0h15 Scène Cartonnerie
Modeselektor
Branchés
Le 30 septembre à 1h Scène Cartonnerie
The Death Set
© D.R.
Un cocktail Molotov qui fait mal, à base de riffs punk violents agrémentés de stridences digitales, de samples hip hop doublés de hurlements destructeurs... On ne peut pas vous raconter ce dont sont capables ces furieux Australiens en live. Il faut le voir pour le croire. Le 1er octobre à 23h20 Scène Cabaret aléatoire
© Ben de Biel
Bande de sauvages ! Les Berlinois se définissent comme « un dragon du son gourmand et infatigable qui crache de la distorsion à la place du feu »... En français, ça donne : « Duo qui voyage sans complexe d’un hip hop electro à une techno brûlante et groovy. » Vous avez une autre traduction ? Le 1er octobre à 4h05 Scène Cartonnerie
Et aussi...
Hyphen Hyphen
Electro-rock galactique
The Creators Project
Aires Libres
En traversant la rue intérieure, les festivaliers risquent bien de vivre de drôles d’expériences visuelles... L’allée sera en effet investie par The Creators Project, communauté d’artistes utilisant le numérique et les nouvelles technologies pour repousser les limites de leur expression créative.
Marsatac ferme le dimanche à 6h... Mais dès 13h, le festival joue les prolongations au Parc Longchamp avec Aires Libres. Le rendez-vous bien connu des fans d’electro change une nouvelle fois de lieu, mais pas de formule : tranquillement allongé sur l’herbe, en famille ou entre amis, on recharge les batteries pour un pique-nique assaisonné de musiques électroniques...
© D.R.
L’hallu
Les Niçois distillent une musique magique à base d’« electro-rockdisco-punk-galactique ». Leur stratégie d’invasion planétaire a débuté par la sortie de l’EP Chewbacca, I’m Your Mother : 5 tubes imparables et le gros carton de l’année. Mais c’est en live qu’ils révèlent l’étendue de leurs pouvoirs... Le 1er octobre à 23h35 Scène Seita
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L’after
marsatac Les 29, 30 septembre et 1er octobre Friche Belle de Mai www.marsatac.com
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Black Notes et idées noires Après sept ans de silence, l’ex Troublemakers Lionel Corsini aka. Dj Oil revient avec un live à la Fiesta des suds et un album solo, Black Notes. Un retour... Et une revanche. Par Sandro Piscopo-Reguieg
« Mis à part le succès d’estime, ça reste une sale expérience. » Les propos sont durs. Mais c’est ainsi que Lionel Corsini résume spontanément son aventure avec les Troublemakers. Malgré deux albums cultes (150 000 copies vendues), une soixantaine de dates en Europe et aux États-Unis, un contrat avec un label légendaire ; le rêve est devenu cauchemar. En 2004, d’obscurs problèmes contractuels conduisent Blue Note à « virer » le groupe de son catalogue et interrompre sa tournée. Les Troublemakers n’y survivront pas. C’est le début d’une longue traversée du désert pour Lionel Corsini. Son salut, il ira le trouver très loin, à plusieurs milliers de kilomètres du Vieux-Port. Un voyage initiatique vers les musiques des origines...
Dj en terre inconnue En 2005, l’Alliance française de Nairobi l’invite au Kenya pour un set en terre inconnue. L’occasion était trop belle. C’est le moment de s’extirper du carcan marseillais. Le set devient résidence : une semaine de collaboration avec des musiciens locaux pour créer un son commun mêlant musiques électroniques et traditionnelles. Le projet le passionne. Avec le musicien « La musique, pour moi, ce Jeff Sharel, qui l’a n’est pas une partition avec rejoint entre temps, des notes. C’est un ensemble il parcourt l’Afrique, de textures » l’Amérique centrale et l’Amérique du sud, pour une série de 39 résidences dans autant de pays. Nom de code : Ashes to Machines. « À chaque fois, on composait de nouveaux morceaux à partir des répertoires locaux, remis au goût du jour. Il s’agissait de confronter l’ordinateur aux musiciens de chaque pays, qui ont chacun
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leurs caractéristiques, leur son, leur background. » Quatre ans de projets purement créatifs, sans but discographique, sans contrat, ni argent à la clé. Idéal pour un artiste en pleine remise en cause : « Ces résidences m’ont permis de m’occuper, de me changer les idées... Sans ça, je n’aurais jamais pu faire mon album. »
Hip hop rugueux et basses profondes « C’est mon premier testament musical. » Avec Black Notes Lionel Corsini a voulu rendre hommage aux musiques afro-américaines, qu’il idolâtre depuis son adolescence. Parmi ses quelques 15 000 vinyles et 5 000 CD, il nous sort ses pépites favorites : Sun Ra, Madlib, Funkadelic, Leon Thomas, James Brown... Et des compositeurs de musiques de film comme François de Roubaix et Michel Magne. Autant d’influences présentes dans son disque. Mais à l’écoute, un autre nom vient immanquablement à l’esprit : Troublemakers. « Au niveau son, c’est beaucoup plus abouti, coupe Lionel Corsini. J’ai passé autant de temps sur le mixage et la production des morceaux que sur leur composition. La musique, pour moi, ce n’est pas une partition avec des notes. C’est un ensemble de textures. » Hip hop rugueux, basses profondes, instrumentaux mélancoliques... Black Notes est un disque sombre. « Une sorte de marron d’automne, décrit Lionel. C’est la couleur musicale qui me correspond le plus. Sur les disques des Troubles, c’est aussi le cas. » Pour ce premier album solo (« Tu peux dire premier album tout court ! »), Oil a fait appel à quinze musiciens, d’horizons divers. Citons le rappeur américain Gift of Gab (Blackalicious), les Sud-Africains de Kwani Expérience, le flûtiste Magic Malik, ou encore les « locaux » Sam Karpienia et Nasser Soltani. Enregistré à Marseille parallèlement à ses résidences africaines, il a mis trois ans à en venir à bout. « Je n’ai pas démarré en me disant que j’allais faire un album. J’ai voulu enregistrer des morceaux pour avoir mes propres productions, mon propre son. Et pouvoir les jouer en live. »
Sept ans d’attente Tourner, faire des dates, jouer sa musique, rattraper le temps perdu... Voilà tout l’enjeu de ce Black Notes, né dans la douleur. « Après les Troublemakers, je n’ai jamais eu ce que je devais avoir. J’étais le vrai DJ du groupe mais ça ne m’a pas aidé. Je n’ai jamais eu l’élan qui aurait pu booster ma carrière, jamais eu de manager, ni de boîte de booking... Et je refuse de jouer dans un bar du coin pour 100 euros ! » Pour sortir son disque, encore fallait-il trouver un « Je sors d’une sale période » label... « J’ai eu beaucoup de mal ! C’est comme recommencer la musique de zéro. Les Troublemakers, c’était il y a tellement longtemps... Dans le milieu, plus personne ne s’en souvient. » Il a finalement signé chez Discograph. Cet automne, Oil effectuera son grand retour. Dans les bacs, mais aussi en live sur la scène de la Fiesta des suds. Il a conçu un spectacle « scénarisé » avec masques géants, projections 3D et une flopée d’invités. « Ça me démange... Sept ans que j’attends ça ! Je sors vraiment d’une sale période... » n
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dj oil Le 22 octobre Fiesta des suds www.dock-des-suds.org
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fiesta des suds 9 programme
10 raisons de faire
la Fiesta
!
Pour ses 20 ans, la Fiesta des suds réunit un plateau exceptionnel avec plus de quarante concerts pour huit rendez-vous sur deux semaines. Et un final étourdissant...
Kid Creole and the Coconuts
Dissonant Nation
Funky Kitsch
August Darnell a ressorti son personnage de Kid Creole du placard des années 80. Inséparable de son trio de Coconuts blondes et gainées, ce Cab Calloway latino mixe les rythmes disco, funk, latino ou hip hop avec un style et un univers délirants, toujours aux frontières du kitsch. Le 14 octobre Saul Williams
Génie volcanique
Musicien, acteur, poète, Saul Williams est juste un génie. Énergie rock, rythmes hip hop, textes revendicatifs, sons electro, Saul va trop vite, sa créativité est sans limite et en live, il devient volcanique. Le 14 octobre
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Baby Rockers
Le power trio dynamite la scène rock garage à coup de riffs énergiques et concerts hystériques. Plus rien ne résiste aux kids d’Aubagne. Le 14 octobre CesÁria Évora
En famille
La diva aux pieds nus sera accompagnée de quelques-uns des plus grands artistes lusophones et de la nouvelle scène cap-verdienne. Le 15 octobre
Catherine Ringer
Retour flamboyant
La divine Catherine fait son come-back en solo accompagnée de Raoul Chichin (petit frère de) à la guitare. Oui, elle jouera du Rita... Le 18 octobre Groundation
Spiritual, man
Les Californiens ont inventé un nouveau style musical : le « Spiritual Roots Reggae », subtil mélange entre le plus authentique reggae roots et un jazz à la fois cool et halluciné, soulignés par des dubs envoûtants.
Nasser
Cheikh your booty
Une grenade rock dégoupillée dans la mêlée electro. Les Marseillais ont des arguments simples : kicks surpuissants, amplis poussés à fond et hymnes dancefloor imparables. Le 22 octobre
Le 20 octobre Seun Kuti & Egypt 80
L’héritier
Another Honest Jon’s Chop Up
Damon Albarn is red hot!
Le dernier fils de Fela possède la grâce, l'énergie et la furie de papa. Il a aussi ses musiciens, le légendaire groupe Egypt 80. De quoi faire revivre la plus originelle incarnation de l’afrobeat. Le 21 octobre Raphael Saadiq
Soul vintage
Dans la lignée d’Otis Redding et Marvin Gaye, le showman nous replonge dans les sixties avec une soul vintage aux forts accents hip hop. La grande classe. Le 22 octobre Le nouveau projet de Damon Albarn (Blur, Gorillaz) réunit un line-up aussi prestigieux qu’improbable : Flea des Red Hot Chili Peppers à la basse, le pape de l’afrobeat Tony Allen à la batterie, la chanteuse malienne Fatoumata Diawara, l’alchimiste techno Theo Parrish et la redoutable fanfare funk de Chicago, l’Hypnotic Brass Ensemble. Une date unique en France. Le 30 octobre
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fiesta des suds Du 14 au 30 octobre Dock des suds 04 91 99 00 00 www.dock-des-suds.fr
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JAZZ SUR LA VILLE 9 interview
Raphaël Imbert
« Le jazz ne choque plus personne! » Saxophoniste iconoclaste, Raphaël Imbert s’est lancé dans une entreprise ambitieuse : étudier l’influence de la spiritualité chez les musiciens de jazz, sujet ignoré par la critique. L’affaire est d’importance : il s’agit de retrouver « l’esprit » de cette « musique de l’esprit »... Dans le cadre du festival Jazz sur la ville, il exposera sa thèse lors d’une conférence à l’Alcazar, et l’illustrera en musique avec un concert mêlant musiciens marseillais et new-yorkais, le projet USuite. Propos recueillis par Sandro Piscopo-Reguieg
Cela fait une dizaine d’années que vous prêchez la bonne parole du « spirituel dans le jazz ». Qu’est-ce qui vous a amené à vous pencher aussi sérieusement sur ce sujet ? Je n’ai pas de croyance particulière, je suis agnostique. Mais j’ai une trinité : Ellington, Ayler, Coltrane. Ce sont mes références. Je me suis rendu compte que la spiritualité tenait un grand rôle chez eux et j’ai voulu approfondir le sujet : c’était un excellent moyen de mieux comprendre leur musique. Coltrane est un mystique : il a créé une œuvre autour de sa rencontre avec Dieu. Ayler, lui, est plus religieux, prophétique. Quant à Ellington, il est davantage métaphysique. Si les formes sont très différentes, le mot « spirituel » peut englober tout ça. En ignorant ce sujet, les critiques et journalistes omettent une source d’inspiration essentielle pour les musiciens. Pourquoi ? On privilégie les aspects chronologiques, discographiques... Au lieu de réfléchir à ce qu’a voulu exprimer un musicien avec un titre d’album, on fait des intégrales et tout est noyé dans la masse... Longtemps, le jazz était une musique populaire qui avait une fonction sociale de divertissement. Armstrong et Cab Calloway parlaient de sexe et de drogue mais disaient aussi : « J’ai une croyance ! » Exactement comme le font aujourd’hui les rappeurs ! Vous proposez une réécriture de l’histoire du jazz par le prisme du spirituel ? Ce n’est pas une réécriture. Mais plutôt une autre vision. Il s’agit d’entrevoir « l’esprit » du jazz. Cette musique est un caillou dans la chaussure de l’histoire de la musique ! Il faut essayer de la définir, savoir d’où elle vient et où elle
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prouve qu’il est très fin et pointu. Cela tranche avec l’image d’Épinal du bon sauvage qui joue une musique naïve... Certains musiciens parlent de l’improvisation comme acte spirituel par essence… Improviser, c’est créer quelque chose qui n’existe pas et qui n’existera plus. Un acte de composition spontané et collectif, une musique de l’instant. Cela a un côté miraculeux. En perdant son esprit, le jazz perd sa raison d’être ? On peut toujours jouer quelque chose qui ressemble au jazz en reprenant des standards, en faisant des solos... Mais sans la compréhension de l’esprit de cette musique, c’est comme si elle était morte, disparue. Je suis allé à New York il y a peu. J’y ai entendu la même chose tous les soirs. Mêmes phrasés, mêmes niveaux sonores... Le jazz est une musique très complexe qui ne choque plus personne. C’est devenu une musique de l’entre-soi.
« Avant, le jazz, c’était imiter d’abord, créer ensuite. En n’imitant plus personne, tout le monde fait la même chose ! » va. Le spirituel n’est pas flagrant au premier abord mais en fouillant un peu, on voit que c’est fondamental. Par exemple, j’ai découvert que la plupart des jazzmen d’avant-guerre étaient francs-maçons. Ils étaient dans une obédience afroaméricaine qui prônait la mise en avant de l’identité noire : des choses qu’on retrouve bien plus tard chez Malcolm X ! Le paradoxe, c’est que les musicologues ne s’intéressent pas du tout à cette question car il n’y a pas de musique à la clé. Pourtant, les francs-maçons organisaient de nombreux bals et concerts au début du XXe siècle. Ce sont eux qui donnaient du boulot aux musiciens de jazz, ils étaient très actifs aux niveaux social et culturel. Count Basie, Ellington... Ils étaient tous maçons ! Pour aller au fond des choses, pour expliquer ce que représente cette musique, il faut donc aller au-delà des simples aspects chronologiques et discographiques. Dans l’historiographie traditionnelle, le jazz des origines serait un acte primitif, naïf, instinctif... Cela renvoie à la question : « Pourquoi aime-t-on le jazz ? » Dans les années 1920, l’avant-garde intellectuelle française appréciait cette musique sauvage qui venait gêner le bourgeois. Dans les années 1940 et après-guerre, c’était lié à la révolution sexuelle, à la libération des mœurs et à la libération du pays : les Américains avaient débarqué avec leurs disques ! Dans les années 1960, le jazz (avec le rock), c’était la libération politique en marche... Il y avait toujours une certaine incompréhension quand les jazzmen américains rencontraient leurs fans français. Par exemple, les critiques étaient complètement perdus et désarçonnés face à un prophète illuminé comme Albert Ayler. Armstrong, dans sa biographie,
Cette monotonie serait aussi liée aux méthodes d’enseignement ? On est passé d’une musique transmise oralement à une musique enseignée dans les conservatoires et universités. Regardez les gammes : un alphabet universel généralisé pour tous les élèves du monde. Du coup, ils sonnent tous pareil ! On n’a plus la joie de piquer les idées des autres ! Avant, le jazz, c’était imiter d’abord, créer ensuite. En n’imitant plus personne, tout le monde fait la même chose ! Longtemps, aux USA, chaque ville avait son propre son, ses particularités... Aujourd’hui, que tu ailles à Paris ou New York, tu entends toujours la même musique, académique et formelle. Pourtant, le public est là. Les salles sont pleines. Et on voit de plus en plus de jeunes, contrairement à la musique classique où le vieillissement est flagrant... Alors oui, le jazz, malgré son image floue et intello attire encore du monde. Mais nous n’avons aucun poids dans le milieu culturel français. Quand il y a débat, pas un jazzman n’a ici la voix qui porte autant qu’un Tavernier, un Preljocaj ou un Boulez. Comment jugez-vous l’évolution de la scène locale ? La nouvelle génération a bien compris que le jazzman qui joue chaque soir dans les clubs, c’est fini. Aujourd’hui, pour exister, il faut se démarquer des autres, avoir un discours, se positionner... Contrairement au rock ou à la pop, le jazz a toujours cru qu’il pouvait se payer le luxe de ne pas le faire. Aussi, la nouvelle génération est stylistiquement beaucoup plus ouverte. Les jeunes passent sans problème du New Orleans à l’expérimental. À mon époque, les chapelles étaient encore très fortes, il fallait choisir son camp. Je pense qu’à Marseille, le jazz va prendre une importance capitale... Comme dans les années 1920 : il y avait alors une vraie scène marseillaise ! n
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Raphaël Imbert Le spirituel dans le jazz : conférence le 1er octobre (15h) Bibliothèque de l’Alcazar Projet USuite : concert le 3 octobre (21h) Auditorium de la Cité de la musique Dans le cadre du festival Jazz sur la ville. www.raphaelimbert.com - www.ninespirit.org
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JAZZ SUR LA VILLE 9 programme
Jazz sur la ville Quelques notes de
Jazz classique ou jazz d’impro, free jazz ou electro-jazz, le festival Jazz sur la ville, c’est plus de 30 concerts et événements dans autant de lieux à Marseille. 8e art vous joue sa partition. Zoo Animal Quartet
On vous aura prévenu
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Entre jazz-world psychédélique et improvisations vocales, ce tout nouveau groupe marseillais détonne avec une musique acrobatique et originale, plongée dans un univers théâtral décalé. Attention, impro sans filet.
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Rencontre du 23 type
Un piano, un ordinateur. Laurent de Wilde joue de son piano, tape dessus, fait résonner chacune de ses parties. Otisto 23 enregistre, modifie et fait ressortir de son ordinateur des rythmiques rauques, des frottements synthétiques. La rencontre est industrielle, métallique, dure. Le piano virevolte tandis que les machines cognent...
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Le 4 octobre - Espace Julien Farenji
Expérience visuelle et sonore Un documentaire en ciné-concert. Entre cinéma, expression musicale et slam, Farenji s’appuie sur un carnet d’images tournées en super 8 entre Marseille et l’Éthiopie. Un film éclairé par la voix de son auteur, Jean-Marc Lamoure, anthropologue de l’image, en constant dialogue avec quatre musiciens en live. Une expérience.
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Le 4 octobre - Cinémathèque de Marseille
Il a grandi et joué avec les futurs Gipsy Kings. Mais le guitar hero du mythique groupe de jazz-rock Sixun s’est fait un nom. Avec son projet Marseille Marseille, il rend hommage à sa ville natale et ses métissages, en mariant jazz, flamenco, slam et musiques maghrébines. Le 10 octobre - Cité de la Musique
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jazz sur la ville Du 1er au 16 octobre www.myspace.com/jazzsurlaville
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designinsitu.com. © Succession Picasso 2011 pour les œuvres de Picasso - © ADAGP pour les œuvres de ses membres.
E R B M E V O N 6 U A ’ U Q S U J N O I T A G N O L O R P
focus 9 cabaret aléatoire
Bien plus qu’un Cabaret ... Salle de concerts atypique, le Cabaret aléatoire joue les défricheurs à la Friche. Et affirme son soutien à la scène locale avec un label et une agence de communication. Indispensable. Par Michel Apicella
On connaît le Cabaret aléatoire, salle de concerts capable de faire venir des légendes du hip hop US ou la dernière sensation rock à la Friche Belle de Mai. On sait moins qu’autour du Cabaret s’est constitué un « pool » rassemblant depuis 2008 un label (Division aléatoire) et une agence de communication (Seconde Version). Ils forment une seule et même entité, consacrée au soutien de la (jeune) scène locale (voir encadré). « Quand tu t’occupes d’une salle de concerts, tu interviens dans le processus de découverte des artistes, observe Pierre-Alain Etchegaray, directeur et
Un label et une agence de com’
Pour faire grandir les artistes locaux Créé en 2008, le label Division aléatoire a déjà signé trois groupes : Dandolo (rock indé), Markovo (rock électro) et Splash Macadam (« rock power trio »). Tous originaires de la région marseillaise, ils ont vu aboutir leurs projets discographiques grâce à la division « label » du Cabaret. En 2010, le premier album de Dandolo a bénéficié d’une sortie nationale et fut remarqué par la presse (Les Inrocks, Tecknikart). Markovo et Splash Macadam, déjà auteurs d’un EP, préparent leur album pour le dernier trimestre 2011. « Il s’agit de construire un environnement professionnel autour de ces artistes, explique Pierre-Alain Etchegaray. Nous les prenons pour ce qu’ils sont et nous essayons de les amener vers une dimension nationale. » Pour cela, ils peuvent compter sur le savoir-faire de Benjamin Gauthier et Claire Tourette, co-directeurs de l’agence de communication Seconde Version, l’autre émanation du Cabaret : « Les groupes d’ici, quand ils grandissent, se tournent naturellement vers Paris, ce qui est plus cher et pas forcément plus efficace, analyse Benjamin. Nous, on leur propose un plan de développement cohérent, et nous leurs consacrons des moyens : une salle, des résidences scéniques pour travailler le live, un attaché de presse... » Parallèlement Seconde Version s’affranchit du Cabaret en diversifiant ses activités. L’agence compte parmi ses clients le Théâtre du Centaure et le festival Couleurs urbaines. Aussi, elle a conçu le Culture Pub On Tour, un festival itinérant mêlant diffusion de pubs piochées dans l’émission culte et concerts rock. Cet automne, il passera par Rennes, Toulouse, Lille, Lyon, Montpellier, Nancy, Paris... Et Marseille ? « Le partenaire principal a refusé... »
« Notre métier, ce n’est pas de faire du Christophe Maé ! Amoindrir le risque pour agrandir la jauge, on ne le fera pas. programmateur du Cabaret aléatoire. Les styles musicaux que nous défendons manquent d’opérateurs (tourneurs, labels), tout est concentré à Paris. Avoir l’ambition de soutenir et développer des artistes depuis Marseille devient un acte politique ! » Un acte politique... Pas étonnant, pour une salle à la programmation engagée.
« 10 curieux, c’est gagné » Depuis 2003, le Cabaret garde le cap d’une direction artistique téméraire, orientée vers le rock, l’électro, le funk... Des genres sous-représentés dans la cité phocéenne et des artistes qui, sans les activistes de la Friche, ne passeraient jamais par Marseille. Alors qu’importe si les concerts n’attirent parfois qu’une petite poignée de fans : « On prend des risques... mais si on arrive à faire
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venir 10 curieux, c’est gagné », assure Pierre-Alain Etchegaray, rejoint par son acolyte Benjamin Gauthier, en charge de la com’ : « Notre métier, ce n’est pas de faire du Christophe Maé ! Il y a parfois un manque de fréquentation mais on ne lâchera pas l’affaire : amoindrir le risque pour agrandir la jauge, on ne le fera pas. Nos choix artistiques, nous les assumons, c’est notre marque de fabrique. Nous avons créé ce projet pour ça. » Du coup, la salle de la Friche a ses fidèles, et a connu quelques grands moments comme les sets de Justice, Puppetmastaz, Gonzales, Aloe Blacc... « Tête chercheuse à l’affut des courants artistiques qui feront la tendance musicale de demain », le Cabaret est parfois un peu trop en avance sur son temps : « En 2006, Sébastien Tellier a joué devant 30 personnes, se souvient Benjamin. Il est revenu deux ans après : c’était sold out ! » Avec une affluence moyenne de 450
personnes par concert (sur une capacité maximale de 900), les défricheurs de la Friche se sentent encouragés dans leurs choix. Pour 2013, ils préparent un projet d’envergure.
Cultures urbaines et Super 8 « Le Cabaret est en train de passer d’un projet underground à une salle qui a les moyens de ses ambitions », nous apprend Pierre-Alain Etchegaray. Et pour cause : Marseille-Provence 2013 va s’appuyer sur le Cabaret pour l’un des temps forts de l’année capitale, This is (not) Music, « concept global » consacré aux cultures urbaines. Concours de sports de glisse, concerts de
(…) Nos choix artistiques, nous les assumons. » groupes de rock et de hip hop mythiques, exposition au centre d’art Panorama (en construction à la Friche)... Et bien d’autres surprises. « This is (not) Music correspond bien à notre façon d’aborder le Cabaret, souligne Benjamin Gauthier. Nous sommes pour le croisement des disciplines, nous avons toujours eu cette volonté de promouvoir d’autres champs artistiques par le prisme de la musique. » En ce moment, le Cabaret accueille un artiste en résidence, Olivier Lubeck. Il y a installé son « laboratoire d’images » et bidouille de vieilles vidéos Super 8 : remixées en courtes boucles, elles seront projetées sur 8 écrans durant les concerts de This is (not) Music. Benjamin Gauthier en profite pour lancer un appel à contribution à tous les Marseillais : « Fouillez dans vos caves et vos greniers, et donnez-nous vos films Super 8... On va en faire un projet artistique ! » n
C’est bientôt au Cabaret Hip hop Un week-end hip hop avec deux poids lourds américains : Raekwon du Wu-Tang Clan (le 29 octobre) et DJ Muggs de Cypress Hill (le 31 octobre). Rock Trois concerts dans le cadre du festival Les Inrocks Black XS, avec Concrete Knives, Timber Timbre et le rock garage testostéroné des Américains de Mona (le 6 novembre). Reggae - Dub Avec le Télérama Dub Festival, on assiste à la rencontre de Hightone et Brain Damage, High Damage (le 18 novembre), et on plane avec les bidouillages du grand Mad Professor (le 24 novembre).
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Cabaret aléatoire Friche Belle de Mai 41, rue Jobin - 13003 Marseille www.cabaret-aleatoire.com
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Philippe Leroux
Un air de famille... Philippe Leroux expose ses photos de famille au musée des tapisseries d’Aixen-Provence. Travail sur le temps et l’universel, Réminiscence sera visible du 19 octobre au 30 novembre dans le cadre du festival de la photo Phot’Aix. Par Sandro Piscopo-Reguieg
s’enclenche : « Que laisse t-on derrière soi ? Quelles traces ? La photo permet de fixer des moments et de les partager, en créant une passerelle entre les époques. » Aussi, une évidence lui saute aux yeux : « La photographie de famille porte en elle un caractère universel : récentes ou anciennes, elles se ressemblent, on retrouve les mêmes procédures, les mêmes dispositifs, les mêmes attitudes. » Une forme de « plastique involontaire » sur laquelle reposera la première étape de Réminiscence (2005-2006) : un « livre-objet » rassemblant textes courts, et images d’archives associées à des photos contemporaines.
Des diptyques, des rencontres Dans un second temps, qui fait l’objet de l’exposition au musée des tapisseries, Philippe Leroux fait dialoguer ses photos de famille avec des objets, plantes ou paysages. « Car ils peuvent être associés à un paysage intérieur. Comme les odeurs, on est dans l’évocation permanente. » Leroux, lui, est dans l’observation permanente. Celle du quotidien, de la vie dans ce qu’elle peut avoir de plus banal : « Je photographie les miens, comme vous, pendant « À l’origine, c’est une théorie platonicienne selon laquelle nous avons dans notre esprit des images « Je photographie les miens, les vacances... et je m’aperçois ensuite que ces images portent des messages. » Qu’il découvre comme vous, pendant les innées. Elles apparaissent sans qu’on ne cherche à s’en rappeler. C’est quelque chose qu’on ne contrôle vacances… et je m’aperçois bien plus tard, une fois ses photos sorties du labo (oui, il travaille en argentique) : « Prenez la ensuite que ces images pas. » En allant trouver le sens premier du mot photo de ma grand-mère qui peigne sa chevelure portent des messages » « réminiscence », Philippe Leroux ne fait que décrire blanche, je voulais la faire dialoguer avec autre la démarche qui le guide depuis qu’il a entrepris son projet artistique, Réminiscence : ses photos de famille, réalisées sans chose. Mais cela a nécessité un temps long, il fallait que ça décante. mise en scène, se retrouvent associées à d’autres photographies Je voyage dans mes archives, dans les photos stockées depuis dix avec lesquelles elles dialoguent et s’emmêlent, comme une évidence. ans... Une quête sans plan de travail. Et puis je trouve quelque chose. « L’idée, ce n’est pas de faire une photo, puis une deuxième, tout de Ici, le détail d’une baleine de parasol. Un peu cassée, déglinguée... suite après, dans le but de créer artificiellement un binôme, explique Elle vient rencontrer l’image de ma grand-mère, elle-même un peu Leroux. Ces rencontres se mettent en place d’elles-mêmes, sans fatiguée... Ces diptyques sont des rencontres qui se font dans le calcul. » Travail sur le temps, la famille, et l’universel, l’exposition temps. » Mais les membres de sa famille, de quelle façon vivent-ils le Réminiscence sera visible cet automne au musée des tapisseries fait d’être devenus modèles, de surcroit exposés ? « Pour quelquesd’Aix-en-Provence dans le cadre du festival Phot’Aix. Avec ses uns, la démarche peut paraître obscure, reconnaît le photographe. photos de famille, Leroux expose ces petits moments qui constituent Mais cela nous rassemble et c’est ce dont je suis le plus fier. nos vies. Et à côté desquels on passe, le plus souvent... Pourtant, Dans l’ensemble, ils sont très contents. Bon, hormis pour l’attrape mouche... Mahée l’avait bien cherché, en restant tanquée tout l‘été tout est là. sur sa serviette ! » n
« Plastique involontaire »
Photographe professionnel, le Marseillais travaille depuis une vingtaine d’années pour la presse et les institutions. « Une photographie ‘’d’application’’, où prime la notion de compétence pure sur la démarche artistique », précise t-il. Mais depuis une dizaine d’années, il a entamé avec Réminiscence un travail plus personnel. Le déclic ? L’une de ces boîtes à chaussures poussiéreuses, renfermant quantités d’images, qu’il retrouve par hasard dans les affaires de son grand-père. Elles le fascinent. Par soucis de mémoire, il entreprend de les collecter minutieusement et de les numériser. Une réflexion
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Philippe Leroux Réminiscence Phot’Aix Du 19 octobre au 30 novembre Musée des Tapisseries - Aix-en-Provence www.fontaine-obscure.com - www.philippeleroux.org
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Hélène
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Nanine
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expositionse
galeries
S VERNISSAGesV
expos
3e rue galerie Sara Maia Mathilde Pénicaud
Galerie Seize 16 x Seize
Galerie paradis Julien Chesnel Françoise Sémiramoth
Galerie d'art du conseil général Voyage en Orient
Galerie Maison Dauphine Valérie Gho, Dominique Mulhem, J.-P. Chauvat Nolwenn Samson
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Sara Maia, born to be alive Jusqu’au 29 octobre Du mercredi au samedi de 10h à 13h et de 15h30 à 19h30 Volontiers ironique et provocatrice, Sara Maia, jeune artiste lisboate, met en scène dans ses tableaux peints et ses dessins muraux, le grand désordre des passions humaines. Usant dans son œuvre des ressorts critiques du grotesque et du symbolisme, elle représente le monde comme un théâtre. Et il n’est pas anodin que l’artiste puise la trame narrative de ses œuvres dans les contes populaires de son pays et les mythologies antiques, véritables creusets de l’inconscient collectif.
Mathilde Pénicaud novembre-décembre Récemment invitée par Jean-Louis Deniot à créer une console-sculpture, dans le cadre d’Intérieurs 2011 - AD/Artcurial et par Odile Texier pour la Paris Design Week, Mathilde Pénicaud continue de cheminer entre formes archétypales et épure contemporaine. Sans titre, 2010 - Acier et béton - 110 x 25 cm
O aconchego (confort), 2009 - Acrylique sur toile - 250 x 200 cm Console (sur l’espace créé par J.-L. Deniot), 2011 - Acier et béton - 240 x 90 x 45 cm
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Galerie
Galerie
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seize
Paradis
16 x Seize
Julien Chesnel
jusqu’au 8 octobre Pour sa troisième rentrée et sa seizième exposition, les 8 membres de la galerie Seize se plient en quatre et se prennent la tête au carré ! Seize fois 16 oeuvres sur les murs, fruits d’un travail collectif et inédit où 256 carrés de seize centimètres de côté constitueront l’ensemble d’une méta-oeuvre unique et modulable en seize couleurs. Visible jusqu'au samedi 8 octobre, cette performance murale viendra habiter les murs de cette adresse qui a déjà accueilli de nombreux artistes français comme internationaux. En contrepoint de ces 256 fragments de Seize, un cadavre exquis élaboré au fil de l’été par l’ensemble des membres de l’équipe ainsi qu'une mise en espace de la galerie complètent la célébration de cette première exposition collective.
du 8 septembre au 8 octobre La Galerie Paradis accueille les visages de Julien Chesnel. Pour la première fois, cette série de très grands formats quitte l'atelier du peintre et rencontre d'autres yeux. Affaire de regards, faussement vides, de seuils et de miroirs où Julien Chesnel, Profil, huile et acrylique sur toile, 200 x 180 cm se concentre la présence. Affaire de figures et de visages, de formes qui se font concentrations de matière. La Galerie Paradis fait silence autour de ces portraits mutiques et hiératiques, où palpite une irréductible et fragile humanité.
Françoise Sémiramoth
Du 13 octobre au 13 novembre Le vernissage aura lieu à la galerie le jeudi 13 octobre 2011, à partir de 18h30 « Je voudrais être de plus en plus humble et plus bas Toujours plus grave sans vertige ni vestige Jusqu’à me perdre tomber Dans la vivante semoule d’une terre ouverte » Aimé Césaire, Corps perdu Françoise Sémiramoth, Always the sun, acrylique sur toile, 195 x 130 cm
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Mister de Philippe Starck. Le design d’abord.
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Voyage en Orient
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conseil général
Du 7 octobre 2011 au 29 janvier 2012 La France a toujours eu le goût de l’exotisme, d’une mixité culturelle, d’une fascination pour la culture de l’Autre, cet étranger oriental ou arabe qui pendant des siècles a cultivé le fait de recevoir le voyageur comme un art de vivre à part entière avec un raffinement poussé à son paroxysme. Les plus grands artistes ne s’y trompèrent pas, de Delacroix à Matisse, tous furent fascinés par les couleurs des souks et des foundouks, l’élégance de l’architecture des mosquées, des jardins ombragés et H. Guillaume - La Rue du Caire à paradisiaques, la dignité des l’exposition de 1889 - aquarelle sur papier - Collection privée femmes drapées dans des tissus mystérieux et des hommes au port de tête rehaussé par des turbans bleu nuit ou d’un blanc étincelant. L’exposition, le Voyage en Orient, entend restituer cette fascination. Dans le microcosme de la galerie du Conseil général, quatre sections vont reconstituer toutes ces images de l’Orient tel un kaléidoscope de visions fantasmées ou réelles. Pierre Loti déguisé en Ramsès II, Album de photographies - 1880-1930 - Photographie noir et blanc - Collection Bernard Laplaud
Nan Goldin - Jabalowe sleeping under his mosquiti net - Luxor, 2003 - Cibachrome Collection Lambert
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Maison dauphine
Exposition permanente à la galerie Du mardi au samedi de 14h à 18h30
La Galerie Maison Dauphine met à l’honneur les quatre artistes qui ont retenu l’attention du public depuis son ouverture en décembre 2009 : Valérie Gho et ses tableaux miroirs, les impressions sur plexi de Scarpa, l’hyperréalisme pop de Dominique Mulhem, et l’imagerie urbaine du photographe Jean-Pierre Chauvat. À découvrir. Scarpa, Love
Nolwenn Samson
Du 15 Septembre au 16 octobre L’Épicerie - Place des Trois Ormeaux - Aix-en-Provence Tous les jours de 10h à 22h - Dimanche de 11h à 15h
Royal Fish!
Si le physique déformé et disgracieux de ses personnages étonne autant qu’il séduit, c’est que ce petit théâtre de gueules cassées en dit long sur la personnalité atypique de l’artiste : à 20 ans, Nolwenn Samson se destinait à la thanatopraxie avant de finalement opter pour une école d’arts appliqués à Marseille. Mais la mort est toujours présente dans ses toiles, de façon insidieuse : la couleur violente du poison sur les lèvres des buveurs, le sourire tordu des visages ravagés, la discrète (mais abstraite) disparition des mains ou des pieds des personnages...
expos
Galerie
l’entrepot 13, rue Pastoret - 13006 Marseille 04 91 92 61 81 www.brems.fr
Brems exposition permanente
Julie Pelletier 73, rue Sainte - 13001 Marseille 06 68 39 79 42 www.julie-pelletier-art.com Artiste diplômée de l’École supérieure des beaux-arts de Tours, Julie Pelletier, 31 ans, vit et travaille aujourd’hui à Marseille. Par la création de volumes « mis en scène », Julie Pelletier nous offre des propositions d’habitation d’un espace, elle ne travaille pas un matériau isolé, mais en interaction avec un espace intérieur ou extérieur qu’elle s’approprie. Au travail positif de l’espace, par remplissage, tramage... se joint le travail négatif de l’évidage, du déchirement de la substance. Sur le plan de la thématique, on verra que les œuvres de Julie Pelletier partent toujours de l’idée de l’origine d’une vie, d’un travail autour de l’organique.
Détail installation
Artiste peintre et plasticienne autodidacte, Brems est née en 1966 dans le sud de la France, où elle vit et travaille. Son style peut varier de l’art conceptuel au figuratif, et pour réaliser ses toiles, elle emploie librement différentes techniques. L’opposition des densités confère à ce travail une identité unique. Quand elle créé, un chiffre, une phrase peuvent s’imposer à son esprit, la conduisant de l’abstrait à l’impressionnisme, du coloré au demi-ton ; suivant son inspiration...
Sans titre, latex et tulle, 99 cm, 2011
Allegria, assemblage d’anneaux de cuivre, 103 cm, 2011
automne 2011
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Ecoutez
N O S LE K C O R P PO ,
a Marseille
FABRICE DALED TOUS LES JOURS
13H /17H
EN DIRECT DE MARSEILLE marseille.rtl2.fr
agenda
Théâtre Musique art Lyrique Danse 9 automne 2011
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AGENDA
théâtre Le Malade imaginaire De : Molière Mise en scène : Renaud Marie Leblanc Avec : Richard Mitou, Roxane Borgna, Anne Lévy... “Les anciens, Monsieur, sont les anciens et nous sommes les gens de maintenant.” Pour sa mise en scène, Renaud Marie Leblanc a fait sienne cette réplique du Malade imaginaire... Du 30 septembre au 8 octobre Théâtre du Jeu de Paume 0 820 000 422 www.lestheatres.net
De toutes beautés
Quoi ? C’est quoi ?
De et avec : Edmonde Franchi Entre humour, tendresse et férocité, la nouvelle création d'Edmonde Franchi est une fois de plus consacrée aux femmes. Les 14 et 15 octobre Théâtre Toursky 0 820 300 033 www.toursky.org
Conception et mise en scène : Ester Bichucher et Denis Fayollat Avec : Marie Salemi, Ester Bichucher ou Louisa Amouche Deux comédiennes sur le plateau, avec chacune sa maison, son territoire, son identité, sa culture, ses goûts, ses différences, ses histoires à raconter... Pour tenter de rencontrer l’autre... Du 20 au 22 octobre Théâtre Massalia 04 95 04 95 70 www.theatremassalia.com
Bérénice De : Racine Mise en scène : Jean-Claude Nieto “Bérénice n’appartient pas en propre au XVIIe siècle : elle est aussi des siècles à venir qui ont vu la femme poser l’exigence d'une parole vraie et refuser qu’on lui impose ses choix.” Jean-Claude Nieto. Du 18 au 22 octobre Théâtre Gyptis 04 91 11 00 91 www.theatregyptis.com
L’Île des esclaves De : Marivaux Mise en scène : Paulo Correia Avec : Clément Althaus, Gaële Boghossian, Félicien Chauveau
Psy Compagnie Les 7 doigts de la main Prise de risque, virtuosité et innovation se conjuguent pour vous offrir un grand moment de cirque.
© Adrian Althaus
D’Éric Assous Mise en scène : Jean-luc Moreau Avec : Roland Giraud, Maaike Jansen... Il y a 20 ans, Séverine Chapuis s’est fait plaquer par Jean Pierre son mari, un flamboyant homme d’affaires sans foi ni loi. Aujourd’hui, il revient demander pardon en quasi-SDF... Le 25 octobre Auditorium du Palais des congrès 04 96 12 52 70 www.marseille.fr
Une traversée sans histoire
Nono
© Marcel Hartmann © Getty image
© Peggy Faye
De : Sacha Guitry Mise en scène : Michel Fau Avec : Julie Depardieu, Michel Fau...
Une comédie virevoltante du jeune Sacha Guitry et l’occasion pour Julie Depardieu de composer un très beau portrait de femme. Du 14 au 22 octobre Théâtre du Gymnase 0 820 000 422 www.lestheatres.net
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De : Jean Anouilh Mise en scène : Michel Fagadau Avec : Anny Duperey, Sara Giraudeau Le combat du désir contre la peur de vivre, de la frivolité contre l’esprit de sérieux, de la vie contre la mort. Les 21 et 22 octobre Théâtre Toursky 0 820 300 033 www.toursky.org
Le technicien
L’intérêt de Marivaux pour les questions politiques et sociales s’affirme avec cette comédie qui a pour cadre “l’utopie”. Du 12 au 15 octobre La Criée 04 91 54 70 54 www.theatre-lacriee.com
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Colombe
Du 19 au 23 octobre Théâtre du Merlan 04 91 11 19 20 www.merlan.org
Hamlet De : Shakespeare Traduction et adaptation : Daniel Mesguich Hamlet accompagne Daniel Mesguich depuis ses premiers pas au théâtre. Fasciné par cette pièce et son héros, il la met en scène pour la quatrième fois ! Du 19 au 22 octobre La Criée 04 91 54 70 54 www.theatre-lacriee.com
De : Michel Dossetto Mise en scène : Isabelle Faillard-Pancol Avec : Astrid Veillon... Une création tragicomique à rebondissements, servie par des dialogues succulents. Le 4 novembre Théâtre Toursky 0 820 300 033 www.toursky.org
2084 Un futur plein d’avenir Texte : Philippe Dorin Mise en scène, musique : Ismaïl Safwan Avec : Vincent Eloy, Vanessa Rivelaygue, Marie Seux Marionnettes : Michel Klein Ici, le Big Brother de George Orwell, c’est votre voisin. Du 3 au 5 novembre Théâtre Massalia 04 95 04 95 70 www.theatremassalia.com
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Dans la compagnie des hommes (création)
Influences
De : Edward Bond Mise en scène : Sélim Alik Avec : Arnaud Apprédéris, Dominique Richard, Laurent Ziserman...
De : Thierry Collet La magie, art populaire par excellence, se renouvelle et évolue pour devenir un art du spectacle vivant à part entière. Elle interroge nos croyances, notre appréhension du réel et révèle, comme dans ce spectacle, les procédés qui nous manipulent et dont nous ne sommes plus vraiment conscients... Les 9 et 10 novembre Théâtre du Merlan 04 91 11 19 20 www.merlan.org
monde. Le fil qui sépare la vie “normale” de la “folie” est tellement mince. Fantasmer sur la vie, son siècle, l’amour... » Andonis Vouyoucas. Du 15 au 26 novembre Théâtre Gyptis 04 91 11 00 91 www.theatregyptis.com
Ubu enchaîné D’Alfred Jarry Mise en scène : Dan Jemmett Avec : Éric Cantona, Valérie Crouzet, Giovanni Caló
Un mari idéal D’Oscar Wilde Mise en scène : Isabelle Rattier Avec : Caroline Silhol, Cyrielle Clair, ... Une comédie de quiproquos divertissante, adaptée avec finesse et légèreté. Le 15 novembre Auditorium du Palais des congrès 04 96 12 52 70 www.marseille.fr
© DR
Fous dans la fôret : Shakespeare’s song
Une quête de sens dans un monde déshumanisé. Du 3 au 9 novembre La Criée 04 91 54 70 54 www.theatre-lacriee.com
L’Avare De : Molière Mise en scène : Pierre Laneyrie et Alexis Moati Avec : Carole Costantini, Sophie Delage, Pierre Laneyrie... Obsédé par l’argent, l’avare devient aveugle à tout ce qui l’entoure : à sa famille, à ses enfants, et à lui-même. Du 8 au 12 novembre Théâtre du Gymnase 0 820 000 422 www.lestheatres.net
Trois poètes libertaires : Prévert, Vian, Desnos Avec : Jean-Louis Trintignant Trois poètes du XXe siècle, trois hommes libres, ressuscitent grâce à Trintignant. Du 8 au 12 novembre Théâtre du Jeu de Paume 0 820 000 422 www.lestheatres.net
De : William Shakespeare Conception : Cécile Garcia-Fogel Avec : Cécile Garcia-Fogel, Pierrick Hardy, Thierry Péala Une traversée poétique et musicale des sonnets de Shakespeare sous la forme d’un rêve éveillé, d’une errance mélancolique, accompagnée des Songs de John Dowland. Du 15 au 17 novembre Théâtre du Jeu de Paume 0 820 000 422 www.lestheatres.net
Un personnage devenu mythique, le Père Ubu, incarné par un comédien lui aussi mythique : Éric Cantona. Du 18 au 26 novembre Théâtre du Gymnase 0 820 000 422 www.lestheatres.net
Il n’y a pas de cœur étanche De et avec : Julie Rey et Arnaud Cathrine
Un soir, une ville… De : Daniel Keene Mise en scène : Didier Bezace Avec : Patrick Catalifo, Sylvie Debrun, Daniel Delabesse Il fait froid, un père enlève sa veste et la pose sur les épaules de son fils. Une vieille dame sans mémoire cherche obstinément à son doigt la bague qu’elle n’a plus. Deux hommes s’étreignent dans la nuit pour conjurer leurs solitudes et signer l’aveu d’une possible tendresse... Un soir, une ville... Du 15 au 19 novembre La Criée 04 91 54 70 54 www.theatre-lacriee.com
Le Journal d’un fou
De septembre 2009 à juillet 2010, l’écrivain Arnaud Cathrine et la musicienne Julie Rey se sont rendus régulièrement au Centre hospitalier de la Chartreuse de Dijon, où ils ont rencontré une douzaine de patients. Les deux artistes souhaitaient faire de ces entretiens un spectacle musical. Les patients le savaient. Ce spectacle raconte leur rencontre.
De : Gogol Mise en scène : Andonis Vouyoucas « Le rêve éveillé peut mener jusqu’à la folie. Mais le rêve éveillé concerne tout le
Du 22 au 26 novembre La Criée 04 91 54 70 54 www.theatre-lacriee.com
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Celui qui croyait au ciel, celui qui n’y croyait pas Avec : Richard Martin et Michael Lonsdale Un moment unique où deux figures emblématiques du théâtre nous invitent à redécouvrir l'univers intime de la poésie. Les 24 et 25 novembre Théâtre Toursky 0 820 300 033 www.toursky.org
dont on rêvait, et la meilleure reformation rock depuis celle des Stooges. Le 11 octobre Le Poste à Galène 04 91 47 57 99 www.leposteagalene.com
Corneille
Festival de la chanson française Cette neuvième édition se déroule à Aix, Gardanne, Trets, Puyloubier, Éguilles et Venelles. Au programme : Zaz, Carmen Maria Vega, les Ogres de Barback et les Fatals Picards. Du 1er au 8 octobre 06 82 78 11 65 www.festival-chanson-francaise.com
Avishai Cohen
Après un intermède musical aux USA chez La Motown, son prochain album verra le jour à l'automne. Le 12 octobre Le Poste à Galène 04 91 47 57 99 www.leposteagalene.com
Axelle Red Report du concert du 9 novembre 2010.
L On voit en L la nouvelle Barbara... Le 6 octobre Le Poste à Galène 04 91 47 57 99 www.leposteagalene.com
Contrebassiste virtuose, compositeur, pianiste et arrangeur, vocaliste intense et délicat... Le jazzman israélien sait mêler avec subtilité les cultures hébraïque et arabo-andalouse, héritages de sa ville natale, Jérusalem. Le 18 octobre Grand Théâtre de Provence 08 2013 2013 www.grandtheatre.fr
Joe Louis Walker Vainqueur du meilleur album aux Blues Music Awards en 2010, il est reconnu comme l'une des étoiles les plus importantes du “blues contemporain”. Le 8 octobre Espace Julien 04 91 24 34 10 www.espace-julien.com
Bad Music Rob Younger, leader de The New Christs, et Deniz Tek de Radio Birdman se sont réunis pour fonder Bad Music, le super groupe
Conan Mockasin
© Lucille Reyboz - Seven Seas 4
musique
En concert “unplugged” : acoustique et intimiste... Le 14 octobre Espace Julien 04 91 24 34 10 www.espace-julien.com
À l'instar du regard surréaliste de David Lynch, ce petit génie néo-zélandais résidant à Londres, concocte une musique déstabilisante, fascinante et hypnotique. Le 15 octobre Le Poste à Galène 04 91 47 57 99 www.leposteagalene.com
Une nuit arabe / Le Dragon d’or De : Roland Schimmelpfennig Mise en scène : Claudia Stavisky Avec : Jean-Claude Durand, Agathe Molière, Christophe Vandevelde, ... Un seul décor, une même distribution pour ce diptyque sur le déracinement. Du 29 novembre au 3 décembre La Criée 04 91 54 70 54 www.theatre-lacriee.com
Aaron
Grégoire
Le 14 octobre Pasino d’Aix 04 42 59 69 00 www.casinoaix.com
Révélé grâce aux internautes de MyMajorCompany, il vole désormais de ses propres ailes. Le 2 novembre Le Dôme 04 91 12 21 21 www.marseille.fr
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PatriCia Barber Auteur-compositeur, chanteuse et pianiste, l’Américaine de Chicago, préserve un certain classicisme tout en ménageant les ruptures et les surprises. Le 9 novembre Grand Théâtre de Provence 08 2013 2013 www.grandtheatre.fr
Bonaparte Les déjantés de Bonaparte ont été l’une des sensations de La Fiesta des suds 2010. Armés de cette réputation, ils reviennent à l’assaut du Poste. Le 10 novembre Le Poste à Galène 04 91 47 57 99 www.leposteagalene.com
Jean-Louis Aubert Dans le cadre de la tournée qui suit la sortie de son dernier album, Roc’ éclair. Le 10 novembre Le Dôme 04 91 12 21 21 www.marseille.fr
Shaka Ponk Un groupe à l’énergie impressionnante, qui prend toute sa dimension en live.
artisans de la French touch, Philippe Zdar et Florent Livet. Meltones sonne comme une superbe déflagration rock sublimée par la finesse de ses mélodies. Le 19 novembre Le Poste à Galène 04 91 47 57 99 www.leposteagalene.com
Lisa Ekdahl
La Fouine Il s’est beaucoup calmé depuis la sortie de son dernier album, Papa... Le 17 novembre Espace Julien 04 91 24 34 10 www.espace-julien.com
Charles Aznavour Cette année, des rumeurs sur internet annonçaient son décès. Au Dôme, il montrera qu’à 87 ans, il reste une bête de scène. Les 17 et 18 novembre Le Dôme 04 91 12 21 21 www.marseille.fr
Didier Lockwood & The Jazz Angels Le violoniste sera accompagné d’un groupe multi-générationnel, comptant dans ses rangs les meilleurs éléments de son école, le Centre des Musiques Didier Lockwood installé en Seine-et-Marne. Le 18 novembre Théâtre Toursky 0 820 300 033 www.toursky.org
La chanteuse d’origine suédoise a enregistré de nombreux albums dont le dernier en 2009, Give Me That Slow Knowing Smile, petit miracle de délicatesse et d'authenticité. Le 6 décembre Espace Julien 04 91 24 34 10 www.espace-julien.com
art lyrique Danza ! Jorge Luis Prats
Kyle Eastwood Le fils de Clint est aujourd’hui un musicien de jazz reconnu. Le 20 novembre Espace Julien 04 91 24 34 10 www.espace-julien.com
Debout sur le zinc
Le 11 novembre Espace Julien 04 91 24 34 10 www.espace-julien.com
Meltones Leur premier album, paru sur MyMajorCompany, a été produit par les
Hubert-Félix Thiéfaine Après son seizième album, il enchaîne avec un Homo Plebis Ultimae Tour... qui passe évidemment par Marseille. Le 25 novembre Le Dôme 04 91 12 21 21 www.marseille.fr
® Jan Willem Kaldenbach
Un groupe un vrai, qui depuis une décennie parcoure la France et l’Europe et cultive une variété alternative loin des poncifs de la chanson. Le 23 novembre Espace Julien 04 91 24 34 10 www.espace-julien.com
D’un tango débridé à la Valse de Ravel, le cubain Jorge Luis Prats, longtemps confiné
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sur son île pour raisons politiques, propose aujourd’hui un programme dominé par la danse, l’Espagne et l’Amérique du Sud. Le 1er octobre Grand Théâtre de Provence 08 2013 2013 www.grandtheatre.fr
Roméo et Juliette De : Charles Gounod Mise en scène : Arnaud Bernard Direction musicale : Luciano Acocella Avec : Patrizia Ciofi, Eduardo Melo…
La route fleurie
Bastien et Bastienne
De : Raymond Vincy Mise en scène : Jack Gervais Direction musicale : Bruno Conti Avec : Alain Tournay, Amélie Robinault, Charlotte Filou, ... Une opérette en deux actes, créée en 1952 par Annie Cordy et Bourvil... Le 6 novembre Auditorium du Palais des congrès 04 96 12 52 70 www.marseille.fr
Cantates comiques Porté par un Dominique Visse époustouflant, allié à un Café Zimmermann turbulent, ce programme de cantates et concertos comiques est très représentatif
De : Mozart Mise en scène : Frédéric Bélier-Garcia Direction musicale : Pascal Verrot Avec : Olivia Doray, Julia Kogan, ... Pour cette première production lyrique voulue et portée par le Grand Théâtre de Provence, le metteur en scène Frédéric Bélier-Garcia revient à l’opéra, après une Traviata très remarquée aux Chorégies d’Orange en 2009 et un récent Don Giovanni à l’Opéra de Marseille. Les 25 et 27 novembre Grand Théâtre de Provence 08 2013 2013 www.grandtheatre.fr
danse Octopus
® DR
Chorégraphie : Philippe Decouflé Une variation de huit tableaux, empreinte d’une étonnante jubilation et d’une étrange gravité. Le 1er octobre Grand Théâtre de Provence 08 2013 2013 www.grandtheatre.fr
Un opéra en cinq actes créé en 1867. Et le retour à Marseille de la sublime Patrizia Ciofi (photo) après son triomphe dans Hamlet en 2010. Les 11, 14, 16 et 19 octobre Opéra de Marseille 04 91 55 11 10 opera.marseille.fr
Mignardises : petites pièces à usage gourmand Philippe Fournier et les musiciens de l’Orchestre Symphonique Lyonnais proposent un voyage gourmand pour se familiariser avec la musique. Que ce soit pour expliquer le rôle des cordes, les vents ou les effets orchestraux, ils trouvent toujours une œuvre appropriée... Les 14 et 15 octobre Théâtre du Jeu de Paume 0 820 000 422 www.lestheatres.net
de la musique française du 18e siècle. Entre musique savante et musique populaire, on joue tous les registres comiques, de la satire à la parodie, en passant par la comédie et le burlesque. Le 7 novembre Théâtre du Jeu de Paume 0 820 000 422 www.lestheatres.net
Chorégraphie : Michel Kelemenis La relation entre inspiration et création. La muse, le peintre et ses outils sont les protagonistes fonctionnels de la narration. Du 11 au 13 octobre Théâtre Massalia 04 95 04 95 70 www.theatremassalia.com
Angelin Preljocaj : soirée duos Annonciation, Centaures, Blanche Neige
Roberto Devereux De : Gaetano Donizetti Direction musicale : Alain Guingal Avec : Marielle Devia, Béatrice Uria-Monzon, ... Ici, pas de mise en scène car c’est une version « concertante » qui nous est proposée. Pour le seul amour du bel canto... Avec deux des plus grandes cantatrices au monde qui nous démontreront l’étendue de leur art. Les 22, 24, 27 et 29 novembre Opéra de Marseille 04 91 55 11 10 opera.marseille.fr
® JC Carbonne
La mezzo-soprano interprètera des mélodies russes (Moussorgski, Borodine, Chostakovitch, etc.), accompagnée au piano par Dmitri Yefimov. Le 13 octobre Opéra de Marseille 04 91 55 11 10 opera.marseille.fr
® DR
Récital : Olga Borodina
Henriette et Matisse
Mystique, guerrier, amoureux. Trois facettes d’Angelin Preljocaj miroitent dans ce programme mixte. Du 13 au 15 octobre Pavillon noir 04 42 93 48 00 www.preljocaj.org
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Medea
® JC Carbonne
Sakhozi says “non” to the Venus Chorégraphie : Nelisiwe Xaba
Chorégraphie : Carlotta Ikeda Texte : Pascal Quignard La rencontre entre un écrivain et une danseuse, entre deux traditions différentes, qui s’accordent pourtant comme une évidence. Le 25 novembre Pavillon noir 04 42 93 48 00 www.preljocaj.org
Vistaar Chorégraphie : Madhavi Mudgal S’appuyant sur des textes de la mythologie indienne, Madhavi Mudgal réussit à faire surgir des scènes pétries de mystère et
La Boîte blanche 1.2.3.4. Chorégraphie : Hervé Chaussard Quatre séquences chorégraphiques, du solo au quatuor, déploieront des danses contrastées imaginées par Chaussard dans le cadre d’une résidence au Pavillon noir. Les 17 et 18 novembre Pavillon noir 04 42 93 48 00 www.preljocaj.org
Grenade, les 20 ans
Corps et Âmes Compagnie Julien Lestel Dans un style néoclassique allié à un esprit de modernité, ce ballet composé pour onze danseurs nous plonge dans un univers rempli d’émotion et de virtuosité. Le 27 octobre Opéra de Marseille 04 96 11 04 61 www.espaceculture.net
® Leo Ballani
La Vénus hottentote revient dans son pays, l’Afrique du Sud, après plusieurs années passées en France. Elle ne reconnaît plus son environnement et ne trouve plus ses marques. Pire, retourner en France s’annonce difficile. Sakhozi lui refuse l’entrée, sauf celle d’un musée où elle peut s’exhiber... Du 25 au 27 octobre Pavillon noir 04 42 93 48 00 www.preljocaj.org
® DR
® Suzy Bernstein
Chorégraphies : Josette Baïz, Philippe Decouflé, Jean-Claude Gallotta, Michel Kelemenis, Angelin Preljocaj...
Josette Baïz mène depuis plus de vingt ans un travail exceptionnel avec les enfants et les jeunes des quartiers sensibles. Pour les vingt ans du Groupe Grenade, sept chorégraphes majeurs ont chacun offert une pièce de leur répertoire aux 68 danseurs du Groupe et de la Compagnie Grenade. Les 18 et 19 novembre Grand Théâtre de Provence 08 2013 2013 www.grandtheatre.fr
d’élégance tout en inscrivant la finesse abstraite de la danse indienne dans l’énergie du groupe. Du 30 novembre au 3 décembre Pavillon noir 04 42 93 48 00 www.preljocaj.org
Stomp Les artistes de Stomp utilisent et détournent les objets de la vie quotidienne (couvercles, balais, bidons, tubes, allumettes, etc.) pour orchestrer des chorégraphies qui s’enchaînent à un rythme endiablé et créer une musique jubilatoire. Du 6 au 11 décembre Grand Théâtre de Provence 08 2013 2013 www.grandtheatre.fr
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publi-reportages
Pour nous les hommes 45, avenue du Capitaine Dessemond - 13007 Marseille - 04 91 59 25 62 Ouvert du mardi au samedi de 9h30 à 20h 20 ans déjà que Pierre Florio prend soin de sa clientèle. Sa passion lui a permis d’affiner ses choix pour faire perdurer ce temple de l’élégance. Ambassadeur de « Valentino Fashion Group », fleuron de la mode italienne contemporaine et souvent avantgardiste, lui permet de vêtir chaque silhouette pour tous les instants de la vie. Un grand choix de costumes, pantalons et vestes y est proposé, le tout agrémenté de ce qui se fait de mieux en chemises (Delsiena) en mailles (Gran Sasso) cuirs et peaux (Vinci & Marini). Ces mélanges bien pensés mettent en avant élégance, discrétion et raffinement. Cet hiver il nous surprendra encore avec l'arrivée d'une nouvelle griffe florentine metrosexuelle « Danièle Fiesoli »...
Boutique SNATCH 14, rue Sainte - 13001 Marseille - 04 91 90 53 11 Ouvert du lundi au vendredi : 10h30-12h et 14h-19h et le samedi : 10h30-19h non-stop Dans un cadre typiquement « English », la boutique Snatch propose un ensemble de marques à la fois casual et élégantes sans perdre de vue l’esprit « tendance ». Un veritable espace « confort » où « l’homme » pourra trouver son bonheur quelque soit son âge et ses envies. Pour cela la boutique Snatch reste à l’affut des marques qui montent comme des valeurs sûres telles Scotch and Soda, Junk de luxe, G.Star Premium ou G.Star Army.chic. Et d’autres à venir... Il ne vous reste plus qu’à venir dans cet écrin créé pour vous messieurs, afin de satisfaire toute vos envies.
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publi-reportages
Karleenjo 47, boulevard Edouard Herriot - 13008 Marseille - 04 91 23 38 95 Ouverture lundi 14h30-19h - Autres jours de la semaine : 10h-13h et 14h-19h Côté shopping la première émotion de l'automne risque de vous surprendre. Ouverte au printemps dernier, la petite dernière de la famille Rutily allie design épuré et savoir-faire... Le savoir-faire c'est Georges Rutily ; les marques du moment c'est Thibault Rutily et le design c'est Stéphane Rutily (atelier Toa). Une affaire de famille donc... Un design industriel mais léché qui lui donne une ambiance enveloppante et totalement intimiste. Un soin particulier a été donné aux éclairages, volontairement tamisés pour mettre en beauté hommes et femmes. Boutique multimarques : Femme : Bellrose, Swildens, Paul and Joe sister, Lalla Chiffon, Fillipa k, Surface To Air, Chaussure Pantanetti, Shine Homme : Fillipa k, Surface To Air, Bellrose, Joseph, Chaussure Pantanetti
urban lodge 1, boulevard de la Corderie 13007 Marseille 04 91 33 00 14 Créé en 2002, le fleuriste Urban Lodge se lance dans les bougies parfumées. De fabrication 100% française et d’une cire 100% naturelle, la gamme présentée dans des verres sérigraphiés se décompose en 13 senteurs fruitées et fleuries.
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publi-reportages
Étapes gourmandes
La gourmandise ne connait pas la crise ! Grand établissement gastronomique ou petit resto sympa, le 8e art s’est armé de sa fourchette et a déniché pour vous quelques petites étapes gourmandes à découvrir absolument ! 9 automne 2011
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le péron
entre parenthèses
56, Corniche Kennedy - 13007 Marseille 04 91 52 15 22 Là, nous avons affaire à une véritable institution datant de 1880 ! Depuis la réouverture en 2001 avec une décoration très années 40 (teck, cuivres, acajou et marbre), Peron est resté un lieu d’exception que l’on savoure de génération en génération. Le point fort étant évidemment une vue merveilleuse sur la baie. L’endroit romantique par définition. La carte, haut de gamme, fait évidemment la part belle aux poissons. Un établissement étoilé au guide Michelin en 2008.
12, rue Jean Mermoz - 13008 Marseille 04 91 57 02 27 - entreparentheses.restaurant@gmail Au cœur du 8e arrondissement de Marseille, se niche un petit restaurant intimiste et chaleureux : Entre Parenthèses. Venez succomber à une cuisine savoureuse… Façonnée au gré du marché et des inspirations du chef la carte est renouvelée chaque jour, valorisant les produits frais et de grande qualité. Ainsi, on y retourne toujours avec l'assurance de faire de nouvelles découvertes… Le chef puise ses influences dans la cuisine traditionnelle française. Venez découvrir cette adresse incontournable marseillaise. Ouvert le midi du lundi au samedi Le soir du jeudi au samedi
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les 3 forts
restaurant michel
Sofitel Marseille Vieux Port 36, boulevard Charles Livon - 13007 Marseille 04 91 15 59 56 Situé au dernier étage de l’hôtel Sofitel Marseille Vieux Port, le restaurant Les Trois Forts, rénové en août 2011, bénéficie d’une vue à couper le souffle, avec une ligne d’horizon qui s’étend de Notre-Dame de la Garde à l’Estaque. Dans une ambiance sobre et élégante, aux tons de bleu marine et de blanc, la décoration intérieure s’inspire du monde marin. C’est ici, autour de tables qui semblent postées sur le pont d’un navire, que l’on déguste la cuisine méditerranéenne version « haute couture » de Dominique Frérard, Maître Cuisinier de France et membre de l’Académie Culinaire. Sa nouvelle carte est une invitation pour les épicuriens à venir savourer des produits d’exception et de saisonnalité à chaque moment de l’année.
6, rue des Catalans - 13007 Marseille 04 91 52 30 63 Où manger une bouillabaisse vraiment authentique ? Question sensible à Marseille, à laquelle 8e art vous répondra sans aucune hésitation : chez Michel ! Sur la rue des Catalans, en face du cercle des nageurs, ce restaurant a été créé en 1946 par Michel Visciano. Depuis 3 générations, la famille Visciano perpétue ainsi la tradition des bons petits plats à base de poisson. Le secret de cette longévité exceptionnelle ? “Amabilité, savoir recevoir et... poisson frais !” selon Michelle Visciano elle-même, héritière des secrets de fabrication d’une cuisine qu’on peut, pour une fois, qualifier sans crainte de vraiment “familiale”.
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TRATTORIA DI MARCO
le comptoir marseillais
2, rue de la Guirlande - 13002 Marseille 04 91 90 60 08 Un resto italien. Un vrai. Nous sommes ici chez Marco, originaire de la côte amalfitaine. En cuisine, ce véritable artisan de la restauration travaille ses produits avec passion. Qualité et authenticité sont ses maîtres mots, et tout ce qui compose la carte est préparé maison : de l’entrée au dessert, en passant bien évidemment par les gnocchi, ravioli, cannelloni... sans oublier le pain. Sa cuisine est un savant mélange entre tradition et créativité. Tradition, car Marco applique les secrets de préparation de « la mamma » qu’il regardait attentivement cuisiner durant son enfance. Création car il aime apporter sa touche personnelle, imaginer de nouvelles recettes, si bien qu’à la trattoria, il y a des plats qu’on ne trouve nulle part ailleurs.
5, promenade Georges Pompidou - 13008 Marseille 04 91 32 92 54
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Fermeture hebdomadaire les dimanches soir et lundis midi et soirs
Installé sur la Corniche, avec vue sur la mer de la terrasse ou de la salle, Le Comptoir Marseillais vous reçoit pour déguster une cuisine méditerranéenne. Les cartes évoluent au gré des saisons pour vous proposer à midi un déjeuner simple et rapide et le soir un diner plus élaboré, des vins à choisir dans une magnifique cave en verre. Les week-ends les coquillages (d’octobre à mai) et les brunchs viennent compléter nos cartes. Et tous les soirs des apéritifs ou digestifs dans nos espaces bars. Si vous avez besoin d’un lieu pour vos événements : www.lecomptoirmarseillais.com
AU BOUT DU QUAI 1, avenue de Saint-Jean 13002 Marseille
04 91 99 53 36 06 86 52 16 96
Au Bout du Quai, pour retrouver le goût simple des bonnes choses. Situé comme son nom l’indique, tout au bout du Quai du Port, cet établissement (l’ancien San Francisco) vous proposera de savoureuses spécialités marseillaises et provençales à déguster en face d’une vue imprenable sur l’abbaye de Saint-Victor, le Fort Saint-Jean, et Notre Dame de la Garde. À côté des plats de tradition typiquement marseillais, à base de poissons et coquillages, vous pourrez aussi découvrir des créations exclusives, mises au point par le chef tel le filet de daurade en croûte de foie de lotte au miel ou le tartare de veau aux huîtres. La décoration intérieure imaginée par la designer Manon Gaillet, moderne et tout en tons rouges et gris, a été primée par le Prix Commerce Design Marseille 2007. Un beau restaurant où l’on mange bien. C’est Au Bout du Quai...
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chez cocotte
le sixième sens
11, cours Honoré d’Estienne d’Orves - 13001 Marseille 04 91 33 51 22 Au cœur de l'historique Cours d'Estienne d'Orves, derrière le Vieux-Port, se font rôtir allègrement poulets fermiers Label Rouge pour le plus grand plaisir des gourmets. Chez Cocotte, petit établissement haut en saveurs, propose ses viandes grillées, poulets rôtis à déguster sur place ou à emporter, Cheeseburgers - frites maison et petits déjeuners savoureux. Un décor agréable où l'on se sent comme chez-soi et lorsque la saison se fait d'humeur estivale, les convives se régalent sur la plaisante terrasse. A tester : les Brunchs goûteux servis sous le soleil de Marseille.
23, avenue de Corinthe - 13006 Marseille 04 91 41 51 06 - www.lesixiemesens.com Cinq ans que cet établissement à l’esprit « lounge » est l’une des adresses favorites des Marseillais. Et pour cause, tous nos sens y sont mis à contribution : la vue, c’est la déco très design ; l’ouïe et le toucher, c’est la musique et la danse dans une ambiance « after work », les jeudis, vendredis et samedis soir ; le goût et l’odorat, c’est bien évidemment la restauration midi et soir avec plats du jour et spécialités maison comme la « Pariada du sixième sens », une plancha de plusieurs poissons et crustacés. Et désormais, on se retrouve entre amis après le boulot tous les jeudis soirs, à partir de 19h, pour les soirées « Urban chic », où l’on peut boire un verre en écoutant un bon mix…
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© Paul Ladouce © Paul Ladouce
au falafel
44, rue Sainte - 13001 Marseille 04 96 11 03 11 La renaissance d’une adresse mythique ! Depuis trois mois, Françoise de Lorenzo (aidée de Johann, Ghislain et toute leur équipe), fait revivre Les Echevins, établissement légendaire, sis à la rue Sainte depuis plus d’un demi-siècle. Et remet au goût du jour quelques valeurs oubliées : le sens de l’accueil, la convivialité, le coeur... Surtout, Les Echevins propose une carte qui fait la part belle à la cuisine provençale, mais aussi aux plats du sud ouest. Aiguillettes de canard, Cabécou au miel, bourride, bouillabaisse authentique, foie gras maison, foie gras poelé... Un lieu à la décoration raffinée, où l’art a toute sa place. Une grande fresque de Jean-Claude Campana dispute la vedette aux oeuvres d’artistes marseillais, régulièrement renouvelées. Enfin, on peut aussi réserver le savoureux salon privé pour réunions et dîners d’affaire.
352, avenue du Prado - 13008 Marseille - 04 91 78 89 48 5, rue de Lulli - 13001 Marseille - 04 91 54 08 55 www.aufalafel.com On connait l’adresse de l’Opéra, incontournable pour ceux qui veulent déguster des spécialités israéliennes avec ses assiettes aux saveurs typiques de houmous, tehina, schawarma, falafels, keftas… et ses traditionnelles pitas garnies de crudités, viandes et sauces… Depuis la rentrée, un second Au Falafel a ouvert ses portes au Prado avec toujours la même exigence de qualité et la même passion pour cette cuisine cacher rigoureuse mais si savoureuse. La carte reste inchangée mais la nouvelle équipe, passionnée, perpétue ce choix de préparer et d’offrir quotidiennement les meilleurs produits frais du marché pour satisfaire sa clientèle. Un restaurant spacieux et design, une terrasse ombragée, un autre Au Falafel où la convivialité reste une évidence.
© Joël Assuied
les échevins
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* VIVRE POUR LA GRANDEUR
CHAQUE ROLEX EST SYMBOLE D’EXCELLENCE. EMBLÉMATIQUE DEPUIS SA CRÉATION EN 1963, LE COSMOGRAPH DAYTONA FUT PENSÉ POUR RÉPONDRE AUX EXIGENCES DES PILOTES PROFESSIONNELS. ÉQUIPÉ D’UNE LUNETTE GRADUÉE SERVANT DE TACHYMÈTRE ET D’UN MOUVEMENT ENTIÈREMENT CONÇU ET RÉ ALISÉ PAR ROLE X, CE CHRONOGR APHE EST L’INSTRUMENT IDÉ AL POUR MESURER UN TEMPS ET CALCULER UNE VITESSE MOYENNE. LE COSMOGR APH DAY TONA EST ICI PRÉSENTÉ EN OR GRIS 18 CAR ATS.
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