Marché de l’argent: Les artisans bijoutiers s’éteignent doucement

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Marché de l’argent: Les artisans bijoutiers s’éteignent doucement En plus d’une forte concurrence, la filière confinée au stade traditionnel met les artisans au chômage La cherté de la matière première conduit à l’approvisionnement via les intermédiaires Une convention tutelle-Managem pour «revitaliser» coopératives et artisans

D

ésœuvré, Lahcen, artisan bijoutier, occupe ses journées à faire la tournée des vendeurs de bijoux en argent à Agadir, espérant trouver des petites bricoles à faire pour survivre. A part réparer quelques bracelets, colliers ou autres boucles d’oreilles quand la journée est bonne, il ne peut plus aspirer à créer ses propres modèles dans son petit atelier de manière régulière. Parfois, quand la chance lui sourit, il arrive à acquérir quelque 500 ou 250 grammes de matière première pour travailler durant tout le mois. Le fait est que les fournisseurs, en manque de confiance, ne «lâchent» plus la marchandise facilement. Ils exigent d’être payés d’abord suite aux difficultés rencontrées avec les artisans qui, n’arrivant plus à joindre les deux bouts, deviennent de mauvais payeurs malgré eux. Ainsi, depuis quelques années, les gros commerçants ne s’aventurent plus à remettre de la matière première aux artisans «qui ne ramènent que la moitié de ce qu’on leur a donné», nous explique-t-on à Souk Al Had d’Agadir. Ils préfèrent importer, de manière légale, des bijoux de Turquie et de Thaïlande qui sont très demandés localement. Une opération avec laquelle, certes, ils réalisent un bon retour sur investissement une fois les taxes douanières honorées. Mais en même temps, cela met sur la touche des centaines d’artisans dont le maillon devient inutile et le service pratiquement pas nécessaire. Comme Lahcen, ils sont aujourd’hui nombreux

Édition N° 4457 du 2015/02/06

Dans le Souss, un musée a été totalement dédié à la mémoire du patrimoine amazigh. Des tapis, poteries et portes rustiques y sont exposés ainsi que quelques outils utilisés par les anciens artisans dans la fabrication des bijoux... Et bien sûr et principalement des bijoux en argent. Des pièces d’une beauté rare, bracelets, fibules, boucles d’oreilles, colliers traditionnels... dont certaines remontent aux XVIe et XVIIIe siècles.

à souffrir de cette situation. «A mon âge avancé, je ne peux même plus me reconvertir dans un autre métier, je ne sais rien faire d’autre», déplore Lahcen. Le marché local se passe ainsi, de plus en plus, de leurs services car il est pratiquement «noyé» dans la marchandise provenant de Turquie et de Thaïlande, et ces bijoux importés ont tout pour eux: diversité des modèles, finesse


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