LIBRAIRIE LARDANCHET
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Beaux livres Anciens et modernes
13 - ronsard
Beaux livres Anciens et modernes
Paris 2002
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1. [...]. HEURES à l'usage de Rome. Ces présentes heures a l'usaige de Romme furent acheuees le viii iour de Aoust lan Mcccc… pour Simon Vostre Libraire. Paris, Simon Vostre, 7 aôut 1497, in-8° gothique de 90 ff. sur vélin, non ch., sign. a-k8 et l10, maroquin prune, dos à nerfs, doublure de vélin blanc, tranches dorées (Holloway). L'un des quatre ou cinq exemplaires connus de cette édition dite édition à la date effacée, datée du 7 août 1497 par Lacombe et Goff. 14 grandes figures, non compris l'homme anatomique, au dessin élaboré illustrent l'ouvrage. Elles sont encadrées de colonnettes feuillagées et de voussures flamboyantes. Toutes sont de la seconde manière de Pigouchet. Elles sont d'une composition originale et s'inspirent pour certaines des gravures de Martin Schongauer, comme l'a fait remarqué M. Galichon dans son article paru dans la gazette des Beaux-arts en 1860 (t. III, p. 329 et 330). Ces gravures représentent : le Martyre de Saint-Jean, le Baiser de Judas, la Salutation Angélique, la Visitation, le Calvaire..., et Lazare dans la maison du Riche. On compte également 36 petites vignettes dans le texte représentant des Saints. Outre ces illustrations, des cycles entiers de sujets tels la Légende de la Vierge.... Ia Vie de Jésus et de la Vierge en 108 gravures ou encore la Parabole de l'Enfant Prodigue, ornent en bordure le texte. La dernière de ces séries est celle de la Danse des Morts, composée de 66 bois, plusieurs fois répétés, sur fond criblé, technique si caractéristique du travail français de cette époque. Précieux exemplaire dont les initiales et les bouts de lignes ont été finement rehaussés de couleurs et rubriqués à l'époque. Notre volume a été daté manuscritement 1498. Un mors légèrement fendu. Probablement le seul dans une collection privée. Provenances : CV Dyson Perrins (Cat., 1946, n° 436) ; Estelle Doheny (Cat., 22 nov. 1987, 1925). Lacombe 41-42 ; Goff H-387 ; BMC, VIII, 188 (I A, 40338) ; Proctor 8195 Bohatta 646 ; Didot, Cat. raisonné, n° 767 ; Renouvier, pp. 6-12.
2. [...]. HEURES à l'Usage de Rouen. Ces présentes heures à lusaige de Rouan tout au long sans rien requérir... ont este imprimées pour S. Vostre. Paris, Simon Vostre, s.d. (15061520), in-8° de 100 ff. sur vélin, maroquin fauve, plats et dos ornés d'un décor à la fanfare composé de compartiments quadrilobés, de volutes à queue et de fers azurés, tranches dorées (reliure ancienne). Edition inconnue de Lacombe, Ales et Frère de ce livre de prières, sorti des presses de l'atelier de Simon Vostre, l'un des grands centres parisiens de production de livres d'Heures, actif de 1486 à 1521. Ces livres destinés aux laïcs, dont l'architecture s'apparente à celle des Heures manuscrites, connurent une grande vogue au XVIème siècle. Généralement imprimés sur peau de vélin, permettant ainsi un usage répété, ils sont abondamment illustrés. 21 grandes figures (ici un peu courtes de marges) à pleine page, y compris la planche de l'homme anatomique, appartenant aux diverses séries de bois exécutés pour Simon Vostre . L'iconographie se complète par un cycle de bordures variées représentant des scènes religieuses de l'Ancien et Nouveau Testament, la danse macabre, des scènes populaires, des jeux, des grotesques... Exemplaire frais dont les bouts de ligne et les initiales sont rubriqués en or, rouge et bleu. Il est parfaitement pur et conservé. Elégante reliure à la fanfare exécutée dans les années 1580. Elle a subi quelques légères restaurations. Bohatta, 1219 ; Morgand, 49, Février 1900, n° 37770. 4
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1 - Heures à l’usage de Rome
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3. V ITRUVE (P.M.). De architectura libri decem nuper maxima diligentia castigrati, atq ; excusi, additis, Julii Frontini de aqueductibus, libris propter materiae affinitatem. [A la fin : Florence, P. de Giunta, 1522], in-8° (156 x 101 mm.), vélin à rabats, dos lisse avec nom et date calligraphiés, lacets (reliure de l'époque). Edition portative illustrée du texte de Vitruve, destinée à un large public. Complété par le traité de Frontin sur les aqueducs, ce texte a été revu par le moine véronais Fra Giacondo (1433-1515), qui le publia pour la première fois en 1513. Fra Giacondo fut en même temps architecte, sculpteur, hélléniste, exégète et éditeur de Vitruve. Vers 1495, il se rendit à Paris où il oeuvra pour Charles VIII et Louis XII. Il semble qu'il ait participé à la construction du pont Notre-Dame à Paris et qu'il ait été l'auteur de la célèbre rampe pour cavaliers du château d'Amboise. A la mort de Bramante en 1514, il fut chargé de continuer les travaux de la Basilique Saint Pierre par le pape Julius II, qui le nomma architecte du Vatican. L'ouvrage est illustré de 140 figures gravées sur bois, peut-être par Fra Giacondo lui-même. Ce sont des réductions de celles de l'édition de 1511, excepté quatre d'entre elles. Le texte est imprimé en italiques. Superbe exemplaire en reliure de l'époque. Fowler, 396 ; Berlin Katalog, 1800 ; Adams, V-904 ; Dinsmoor, p.59, note 25.
4. CHARTIER (A.). Les Œuvres. Paris, Galliot du Pré, 1529, in-12 réglé, maroquin rouge, plats ornés au centre d’une couronne de laurier, dos à nerfs orné, doublure de maroquin bleu entièrement décorée d’ovales de feuillages contenant une fleur, tranches dorées (ThibaronJoly). Première édition en lettres rondes des Œuvres d'Alain Chartier (1385-1433), considéré en son temps comme le père de l'éloquence française. Secrétaire du roi Charles VII, Chartier tenta de mobiliser les français en faveur de celui-ci. Sa renommée fut considérable jusqu'à la fin du règne de Henri III. L'édition, la dernière publiée au seizième siècle, s'intègre dans la petite collection des poètes anciens, publiée par Galliot du Pré. Son économie s'inspire fidèlement de celle de l'édition donnée par le même en 1526. Elle contient son oeuvre en prose et en vers. Le volume débute par Curial, pièce en prose décrivant les misères de la vie à la Cour, puis suit le Quadrilogue, dialogue entre le peuple, le clergé et la France, montrant ainsi l'état de la France à la veille de l'épopée de Jeanne d'Arc. On trouve ensuite les poèmes : Petit Libelle au roy, Bréviaire des nobles, Réveille-matin, la Belle Dame sans Mercy, poème qui fut contredit, débattu et imité, le Livre des quatres Dames, cantate funèbre sur le désastre d'Azincourt, l'Hopital d'amours, faussement attribué à Chartier, ainsi que la Pastourelle de Granson. Le reste de l'oeuvre poétique consiste en complaintes et ballades, dont le Régime de Fortune. 8 jolies vignettes gravées sur bois et initiales sur fond criblé. Le titre, imprimé en caractères rouges et noirs, porte la marque de Galliot du Pré. Superbe exemplaire, très grand de marges (142 x 83 mm), dans une élégante reliure dont le décor de la doublure est à l'imitation de ceux qui étaient réalisés pour P. Duodo. Provenance : ex-libris de la bibliothèque du baron Double (Cat., Cabinet d'un Curieux, 1892, n° 160, “… un des plus grand qui se puisse voir… ”). Tchemerzine, III, 300 (cite cet exemplaire) ; Rothschild, I, 441 ; Barbier, Ma Bibliothèque Poétique, I, 17 (2 exemplaires, hauteur 136 et 133,5 mm.) 6
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3 - vitruve
5. E STIENNE (F.). Les principes et premiers élémens de la langue Latine par lesquels tous ieunes enfants seront facilement introduicts à la cognoissance d'icelle… Avec les accens. Paris, de l'Imprimerie de Regnauld Chaudiere, & Claude son filz, 1546, in-8° de 8 ff. sign. A8, maroquin janséniste rouge, dos à nerfs, roulette dorée intérieure, tranches dorées (Trautz-Bauzonnet). Edition rare de cette grammaire latine destinée à initier les écoliers à l'étude du latin, que l'on doit à François Estienne (1502-1550), le frère aîné de Robert Ier. La fin du XVème et la première moitié du XVIème virent proliférer un grand nombre de petits traités éducatifs qui à cause de leur usage, sont aujourd'hui conservés en peu d'exemplaires, des éditions entières ayant certainement disparu sans laisser de trace. Nous avons recensé pour cette grammaire pas moins de cinq éditions, deux sortant des presses de Simon de Colines, respectivement en 1539 et 1543, la nôtre datant de 1546 dont on rencontre des exemplaires à l'adresse de l'auteur, et celle de Robert Estienne imprimée en 1549. Renouard, Simon de Colines, p.315 ; Buisson, Répertoire des ouvrages pédagogiques du XVIème siècle, p. 261 ; Renouard, Annales de l'imprimerie des Estienne, p. 74, n° 10 et p. 100, n° 1 ; Brunet, II, 1073 ; Fr. Huguet, Les livres pour l'enfance et la jeunesse de Gutenberg à Guizot, 361. Est relié avec : a) [ESTIENNE (R.)]. La manière de tourner toutes espèces de noms latins, en nostre langue Francoyse… à l'utilité des ieunes enfans. Avec les accens. Id., id., 1546, in-8° de 12 ff. sign. a8 et b4. Robert Estienne, qui avait acquis sa réputation de lexicographe avec le Thesaurus linguae latinae et le Dictionarium latino gallicum (1531), nous livre ici un petit dictionnaire à l'usage des enfants, dont Brunet recense quatre éditions : 1537, 1540, 1546 et 1547. Renouard, Les Annales de l'imprimerie des Estienne, p. 97, n° 5 et p. 99, n° 10 ; Brunet, II, 1072-1073. 7
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b) [ESTIENNE (R.)]. La manière de tourner en langue française les verbes actifs, passifs, gerondifs… & participes, aussi les verbes impersonnels, avec le verbe substantif nommé sum, & le verbe habeo… Avec les accens. Id., Id., 1546, in-8° de 16 ff., sig. a-b8. Publié pour la première fois en 1526, cet opuscule grammatical est le premier livre de Robert Estienne. Il fut de nombreuses fois réédité par ses soins, mais aussi par Simon de Colines, Guillaume Auvray et Regnauld Chaudière. Renouard, Annales de l'imprimerie des Estienne, p.25, n° 7 (ed. de 1526) ; Moreau, III, 995 (ed. de 1526) ; Renouard, Imprimeurs & Libraires Parisiens du XVIème, I, Auvray, n° 648 ; Brunet, II, 1072-1073. Intéressant recueil d'opuscules pédagogiques, de toute rareté. Il est cité par Brunet. Prestigieuses provenances : Clinchamp (Cat., 1860, n° 142) ; Solar (Cat., 1860, n° 775) ; De Ruble (Cat., 1899, n°99) ; Backer (Cat., 1926, n° 20).
6. [ ...]. Doctrinal (Les) de fille pour aprendre a estre bien saige. Lyon, [J. Moderne, circa 1530-1540], petit in-8° (135 x 94 mm.) de 4 ff. n. ch. à 27 lignes par page, maroquin rouge janséniste, dos à nerfs, roulette dorée intérieure, tranches dorées (Trautz-Bauzonnet). Edition inconnue aux bibliographies de référence, elle a échappé à Baudrier. Seul Sybil von Gutlingen la cite d'après cet exemplaire, et confirme l'attribution du catalogue Lignerolles. Le titre est illustré de bandeaux en encadrement et de trois petites vignettes. Une grande fleur de lys gravée sur bois occupe la dernière page, marque employée par plusieurs imprimeurs au seizième siècle dont les Giunta. S.F. Pogue suppose qu'il existe un lien de parenté entre cette célèbre famille d'imprimeurs et Jacques Moderne. Par son format, sa présentation et sa langue, ce petit livret appartient à une catégorie bien connue d'ouvrages, répondant au nom de "plaquette gothique", désignation employée par les bibliophiles et les libraires depuis le dix-neuvième siècle. Ce terme désigne un certain nombre de livres, généralement de petit format, imprimés en français avec la bâtarde parisienne, variante française de l'écriture gothique. Publiés entre 1490-1540, ils sont rarement signés par leur imprimeur, et presque jamais datés. Ils firent les beaux jours de quelques maisons d'édition, comme les Trepperel, Janot et Lotrian à Paris ou les Marechal-Chaussard et Nourry à Lyon. Ces textes, souvent anonymes et destinés à un large public, sont soit de courtes pièces en vers, soit des almanachs, des pronostications, des traités de vulgarisation médicale, des vies de saints nécessaires pour les pélerinages, ou encore des sotties, des farces, des mystères… Devenus rares, terme judicieusement employé, Dominique Coq estime que les neuf dizièmes ont disparu durant les deux siècles qui ont suivi leur publication. Longtemps oubliés, ils sont devenus depuis le dix-huitième siècle, l'objet de convoitise de quelques grands collectionneurs, Chastre de Cangé, Guyon de Sardière, Lignerolles, Rothschild, Th. Dobrée et plus récemment, Edmée Maus. Le Doctrinal de Fille…, pièce de 34 quatrains, est un manuel de civilité destiné à l'éducation des femmes. Il leur enseigne la réserve, la modestie, et leur explique le comportement qu'elles doivent avoir à table, à l'église et dans leur rapport avec les hommes. Faut-il rappeler que la Renaissance a conservé la grande masse des femmes à l'écart de l'instruction et de l'éducation, d'où peut-être l'engouement pour ce type de littérature : Doctrinal de filles à marier, Doctrinal des filles utile et profitable…, Doctrinal des filles à elles très utile… On recense quatre éditions incunables, la plupart connues à un ou deux exemplaires, et une dizaine d'éditions au seizième siècle. En 1887, Harisse en répertoriait neuf dans sa Bibliotheca Colombiana. Exemplaire parfait, à belles marges, peut-être le seul connu de cette édition. Il s'agirait d'un unicum. Provenances prestigieuses : Lignerolles (Cat., 1894, n° 1118 : " l'édition paraît sortir des presses de Jacques Moderne à Lyon ") ; Edmée Maus, dont la bibliothèque, dispersée en 1971, contenait environ 200 plaquettes gothiques. Gay, Bibliographie de l'amour et des femmes, II, 27 : " il existe au moins six éditions anciennes de cet opuscule mais il n'y a pas de différences réelles dans les textes " ; Rothschild, I, 556-558 (ed. circa 1490, 1492 et 8
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7 - marguerite de navarre 1504) ; Fairfax Murray, Cat. of a collection of early french books, n° 129 (circa 1530) ; Brunet, II, 781, (cite 6 éditions) ; D. Coq, Les tribulations des plaquettes gothiques, R.B.N., n° 33, pp. 47 à 53 ; Sybil von Gutlingen, T. VI, n° 129 ; S.F. Pogue, J. Moderne, Genève Droz, 1969.
7. M ARGUERITE de NAVARRE. Marguerites de la marguerite des princesses, très illustre reine de Navarre - Suyte des Marguerites… Lyon, Jean de Tournes, 1547, 2 parties en un vol. in-8° (166 x 104 mm.), maroquin vert, jeux de filets dorés autour des plats, dos à nerfs orné, doublure de maroquin rouge sertie de filets et roulette dorés, gardes de vélin, tranches dorées (Bauzonnet). Edition originale des oeuvres poétiques de Marguerite de Valois (1492-1549), première poétesse française à avoir été publiée selon Madeleine Lazard. Elle chargea son escuier valet de chambre, Simon Silvus, de s'occuper de la publication de ses poésies. Ce dernier les fit imprimer par Jean de Tournes, à Lyon, ville qui jouissait alors d'un climat favorable au développement d'un certain féminisme culturel autour d'un groupe formé de Pernette du Guillet, Jacqueline de Suart, Marguerite du Bourg, mère de Maurice Scève, Marie de Pierre-Vive, dame Du Péron… En publiant Marguerite de Navarre, puis Pernette du Guillet et Helisenne de Crenne, J. de Tournes participa à cet essor culturel. 9
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Peu de femmes de son époque ont été aussi encensées que Marguerite de Navarre. Maïté Albistur la place au rang de la plus célèbre des femmes de lettres de la Renaissance ; pour Madeleine Lazard, elle est la figure de proue de la littérature féminine à l'aube de la Renaissance française, apparaissant comme la messagère de l'épanouissement culturel que le royaume allait connaître. Elle fut à la fois femme de lettres, mécène généreuse par l'aide et les faveurs qu'elle dispensait aux écrivains, femme de cour par l'influence politique qu'elle exerça sur son frère, le prince des lettres, François Ier, et enfin protectrice des femmes, en les libérant des idées préconçues qui pesaient sur elles. Seuls Le Miroir de l'Ame pécheresse et l'Histoire des Satyres et des Nymphes de Diane avaient fait l'objet d'éditions antérieures. Le corps de ce recueil poétique est formé d'épîtres, d'oraisons, de comédies, de pièces lyriques proches des mystères médiévaux, de farces, qui sont également un dialogue lyrique, de débats sur des questions d'amours, comme la Coche, et de chansons spirituelles, poèmes “mesurés à la lyre”, c'est à dire destinés à être chantés sur un air donné. Avec les Psaumes de Marot, ces chansons sont un des premiers essais de lyrisme qui préludent à la révolution ronsardienne, d'après J.B. Barbier. 11 ravissantes figures, interprétées sur bois par Bernard Salomon, dit “Le Petit Bernard”, illustrent la seconde partie. Elles sont ainsi réparties, 10 pour la Coche et une pour l'Histoire des Satyres. Le dernier feuillet de la première partie porte au recto une marque de Jean de Tournes et au verso un beau fleuron typographique que l'on retrouve au verso du dernier feuillet de la seconde partie. Exemplaire à belles marges, dans une reliure de Antoine Bauzonnet, réalisée entre 1831 et 1840. Un petit papillon de papier vient combler un manque en pied du feuillet de titre de la première partie. Le relieur a malencontreusement interverti les derniers cahiers de la première partie avec ceux de la seconde. Néanmoins l'exemplaire est désirable. Provenance : Louis Michaud. Tchemerzine, VII, p.382-383 ; Rothschild, I, 626 ; J.B. Barbier, Ma Bibliothèque Poétique, I, 45 ; Cartier, I, 105 ; Maïté Albistur, Histoire du Féminisme Français, p. 106-109 ; M. Lazard, Les Aventures de Femynie, p. 275-281 ; P. Jourda, Margueritte d'Angoulème…, reine de Navarre, 1930.
8. [ENTRÉE de Henri II à Lyon]. La magnifica et triumphale entrata del Christianiss Re di Francia Henrico secondo… antiqua citta di Lyone à luy & a la sua serenissima conforte Chaterina alli 21 di Septemb. 1548. Lyon, Gulielmo Rouillio, 1549, in-4° (198 x 141 mm.), maroquin rouge, plats sertis d'un décor aux petits fers formant une réserve centrale quadrilobée, dos à nerfs orné, roulette dorée intérieure, tranches dorées (Belz Niedrée). Edition originale de la traduction italienne de cette relation, publiée afin de faire perdurer le souvenir de l'entrée du couple royal, Henri II et Catherine de Medicis, à Lyon en 1548. L'année précédente avait été marquée par l'avènement de Henri II. Le seizième siècle fut l'âge d'or des entrées royales, instrument essentiel de l'ordre monarchique. Conçues à la façon des anciens triomphes romains, elles étaient l'objet de longues et couteuses préparations. Ces fêtes se déroulaient dans un décor éphémère, réalisé à partir de structures de bois sur lesquelles étaient tendues des toiles ornées de figures en trompe-l'oeil, création due à un nouveau type d'artiste qui se faisaient à la fois peintre, sculpteur et architecte. Elles furent un laboratoire d'essais révélateur de l'évolution générale de l'art. La ville de Lyon, qui emprunta 2000 écus pour l'occasion, fit appel à Maurice Scève, assisté de Claude de Taillemont, G. du Choul et Barthelemy Aneau, pour établir le programme des festivités : défilés d'enfants vétus à la turque portant d'impressionnants cimeterres dorés, naumachie, pièces de théâtre… La rédaction de la relation fut assurée par les mêmes. Seule l'édition en italien fait état de la représentation de la comédie Calandra du cardinal Bibbiena, jouée à la demande de l'importante communauté florentine installée à Lyon depuis le début du seizième siècle. Les 15 bois gravés qui accompagnent le texte, sont l'oeuvre de Bernard Salomon, "conducteur de l'oeuvre de paincterie", et dont on reconnait le style à l'allongement et à l'élégance des personnages. Ils représentent une vue en perspective de la place de la bourse, les galères de la naumachie, des portes et colonnes, un arc de triomphe… Le reste de l'ornementation consiste en une série d'initiales à fond criblé. Exemplaire de qualité, cuirassé d'une reliure de Belz-Niedrée, praticien ayant exercé sous ce nom de 1860 à 1880. Provenances : P.G. Conti ; Edward Arnold ; Feltrinelli. 10
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8 - [Entrée de Henri II à Lyon] Mortimer, n° 201 (“These French and Italian editions are the first of the "entrée" volumes to be fully illustrated”) ; Fairfax Murray, I, n° 151 ; Vinet, 470 (“Une traduction italienne… fut publiée simultanément”).
9. B ILLON (F. de). Le fort inexpugnable de l'honneur du sexe féminin… Paris, Jean d'Allyer, 1555, in-4°, maroquin vert olive, filets dorés autour des plats, dos à nerfs orné, tranches dorées (reliure du XVIIIe siècle). Edition originale de ce panégyrique, le plus enthousiaste, le plus passionné qui ait été jamais écrit en l'honneur des femmes. Avec Guillaume Postel, François de Billon est, au milieu du seizième siècle, le principal théoricien du féminisme. Composé à Rome pendant que l'auteur était au service de Jean du Bellay en qualité de secrétaire, ce livre est d'une lecture difficile car imprégné d'une culture peu accessible et écrit sur le mode de l'allégorie. Il évoque Martin le Franc, Gratien du Pont, Rabelais qu'il associe au courant gaulois misogyne, rappelle la querelle des Amyes, dresse une liste de femmes remarquables depuis l'antiquité citant ainsi Pernette du Guillet, Louise Labé, Hélisenne de Crenne, relève les noms des auteurs qui les ont défendues, Vauzelles, Héroët, Salel, les poètes de la Pléïade, et utilise le vocabulaire militaire pour développer son argumentation. Ainsi compare-t-il l'honneur des femmes à un château fort imprenable et pourtant menacé, leurs qualités étant représentées par quatre doubles et bien emparés bastions : force et magnanimité, chasteté et honnêteté, clémence et libéralité, dévotion et piété. Chacun est dédié à une grande dame de la cour de France. 11
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L'illustration comprend un portrait de l'auteur, alors âgé de trente-trois ans, répété, une figure à pleine page, six fois répétée, représentant un château défendu par des femmes, et une autre, l'Allocution à la plume que l'on trouve en trois endroits du texte. En regard de ces images, est imprimée une bordure gravée sur bois, formée des attributs militaires. D'autre part, chaque point important du texte est souligné en marge, par un canon surmonté du mot canonade. Séduisant exemplaire, en maroquin vert olive du dix-huitième siècle. Très légère et petite mouillure aux pp. 156 à 158 et 182 à 186. Rothschild, 1837 ; Gay, II, 945 ; Brun, Livre illustré en France au XVIe siècle, p.156 ; Erdmann, Women in the Mirror of the 16th Century printing in Western Europe, p. 159 ; Albistur, Histoire du Féminisme Français, pp. 102-106.
10. WOERIOT (P.). Pinax iconicus antiquorum ac variorum in sepulturis rituum ex Lilio Gregorio excerpta… Lyon, Clement Baudin, 1556, in-8° oblong (163 x 118 mm.), maroquin vert foncé, plats orné d'un décor à froid serti de jeux de filets, dos à nerfs orné de même, roulette dorée intérieure, tranches dorées (Bauzonnet). Le premier beau livre publié en France orné de figures gravées sur cuivre. L'illustration, entièrement dessinée et interprétée par Pierre Woeriot, se compose d'un titre orné de squelettes et d'anges, joueurs de tibicines, d'un autoportrait de l'artiste, d'un feuillet de dédicace, de 9 planches à pleine page, et de la marque à l'éléphant de l'éditeur. L'ensemble est ici en premier tirage. Le thème des funérailles fut l'un de ceux qui mobilisèrent les esprits à l'époque de la Renaissance. L'homme, et par excellence le prince, son parangon, organisa la mise en scène de sa mort afin de pérenniser sa destinée, à travers une succession d'un ensemble de rites se terminant par le dépot du corps dans un monument de pierre, édifice devant fixer l'image du défunt pour les générations suivantes. La création de ces monuments funéraires mobilisa alors l'attention des plus grands architectes. “L'Ars Moriendi” suscita une abondante littérature. C'est vraisemblablement sous l'impulsion de Barthélémy Aneau, que Pierre Woeriot entreprit d'illustrer des extraits du livre de Lilio Gregorio Giraldi, De Sepulchrie et vario sepeliende retu, libellus. Publié à Bâle en 1539, l'ouvrage n'avait pas encore connu d'édition illustrée. L'artiste s'intéressa aux chapitres décrivant les rites romains, grecs, indiens, egyptiens, scythes et barbares qu'il interpréta à travers une suite de 9 gravures, fines et étranges, dans lesquelles il associa des scènes de pures fictions à des décors réel tels que les quartiers Saint Jean et Saint Paul, la colline de Fourvières à Lyon ou la villa de la Mothe et Ferrandière aux environs de cette même ville. C'est cette juxtaposition d'images qui donne un aspect fantastique à ces gravures. La dernière planche, figurant des cadavres abandonnés aux chiens et aux bêtes sauvages, un banquet anthropophagique ou des cadavres suspendus aux arbres, forme la première représentation décrivant de telles scènes. Beau nombre de graveurs des XVI et XVIIe siècles s'inspirèrent de ce cycle iconographique notamment Porro, lorsqu'il illustra les Funerali Antiche de Porcacchi, G. Angelieri, A. Ronca ou encore l'artiste anonyme des Opera Omnia de Giraldi, publiées en 1696. Le Pinax Iconicus, dédié au jeune duc Charles III de Lorraine, se situe au début de l'oeuvre gravé de l'artiste. Bien qu'âgé seulement de 24 ans, Woeriot (1532-1599) fait preuve déjà d'une grande maitrise stylistique et d'une virtuosité époustouflante, qu'il dut à sa formation d'orfèvre reçu de son père, et à son séjour en Italie. Il avait alors déjà intégré les canons de la culture maniériste, et l'apport de l'école de Fontainebleau. Superbe exemplaire, à grandes marges et d'un beau tirage, d'un ouvrage rare. Baudrier ne cite que 3 exemplaires en Europe (BNF, Lyon, Saint-Petersbourg) et trois aux Etats-Unis (Harvard, University of Virginia, New-York Public Library). Provenances : ex-libris manuscrit du XVIe siècle Guillaume Mouret ; G. Chartener, bibliophile Messin dont la collection de livres fut dispersée en 1885 ; Damascène Morgand (Cat., 1900, n° 39695, décrit comme étant un très bel exemplaire). Mortimer-Harvard, French Sixteenth Century Book, n° 555 ; Baudrier, Bibliographie Lyonnaise, V, 24 avec reproduction de cinq planches ; Marie-Madeleine Fontaine, Antiquaires et rites funéraires, p.339-355 ; Bibliothèque nationale de France, La Gravure française à la Renaissance, p. 394-395. 12
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11. D ANEAU (L.). Deux traitez nouveaux, tres utiles pour ce temps. Le premier touchant les Sorciers, auquel ce qui se dispute auiourd'huy sur cette matiere, est bien amplement resolu & augmenté de deux proces,… Le second contient une breve remontrance sur les ieux de cartes et de dez. S.l. [Gien ou Genève], Jaques Baumet, 1579, in-12 (155 x 94 mm.), maroquin rouge, filets dorés autour des plats, dos lisse orné en long du titre de l'ouvrage, tranches dorées (reliure du XVIIIe siècle). Seconde édition, réunissant pour la première fois ces deux traités de Lambert Daneau. Ils avaient été imprimés séparément en édition originale, sous des titres différents, par J. Bourgeois à Genève en 1574 et 1575. Son lieu d'impression reste incertain. Bien que le Répertoire Bibliographique des Livres Imprimés en France au Seizième Siècle ne mentionne pas d'imprimeur du nom de Jaques Baumet, le catalogue de la bibliothèque nationale, lui assigne comme lieu Gien, alors que Haag et Yve-Plessis penchent pour Genève. Dans la seconde moitié du seizième siècle, la prédication évangélique, révéla que les masses et pas seulement elles, étaient peu chrétiennes et rendaient un culte au sorcier par diverses pratiques. Face à ce phénomène, et sous prétexte d'un essor de la sorcellerie, protestants et catholiques s'accordèrent dans les années 1570-1580 pour le réprimer. S'inscrivant dans ce courant, Lamber Daneau, ministre calviniste, publie ici, sous forme d'un dialogue, une histoire de la sorcellerie. Il la condamne et s'étonne de la clémence de certains juges à l'égard des sorciers et des sorcières. Ce petit traité annonce la Démonomanie des Sorciers de Jean Bodin, publiée en 1580. Le second s'intéresse aux jeux de cartes et de dés, sous forme de questions : S'il est permis de jouer à l'argent pour embourser, de ceux qui iouent pour boire, qui sont les ieux de sort & d'hazard défendus,… L'auteur de ces deux textes, naquit en 1530 à Orléans, l'un des centres de la réforme. Après des études de jurisprudence, il partit en 1560 à Genève pour se consacrer à la théologie. Il y devint docteur et ministre. Puis il enseigna à Leyde et Gand, rentra vers 1582 en France, et s'installa définitivement à Castres en 1593, où il occupa la double fonction de ministre et de professeur, et ce jusqu'à sa mort en 1596. Auteur prolifique, il publia principalement en latin des ouvrages de théologie. On conserve également de lui un Traité des danses. Exemplaire de qualité, dans une élégante reliure du dix-huitième siècle au dos lisse finement orné, comme les aimaient le duc de La Vallière. Provenances : Damascène Morgand ; Stanislas de Guaita (Cat., Bibliothèque Occulte, 1899, 14
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12 - MONTAIGNE
n° 205 “Ouvrage rarissime dans une très belle et très fraîche reliure ancienne en maroquin”), qui a annoté le dernier feuillet de gardes. Caillet, I, 2778 (“Ouvrage rarissime d'un des plus savants théologiens du XVIe siècle”) ; Yves-Plessis, 836 ; Haag, La France Protestante, T. IV, P.192-198 ; Brunet, II, 484.
12. MONTAIGNE (M. de). Essais de Messire Michel, Seigneur de Montaigne, Chevalier de l'Ordre du Roy, & Gentilhomme ordinaire de sa Chambre, Maire et Gouverneur de Bourdeaus. Edition seconde revue et augmentée. A Bourdeaus, par S. Millanges, 1582, in-8°, maroquin rouge, filets dorés autour des plats, dos à nerfs orné, roulette dorée intérieure, tranches dorées (Duru, 1855). Seconde édition, contenant les deux premiers livres revus et corrigés auxquels Montaigne n'ajouta le troisième qu'en 1588. Plus revue qu'augmentée, elle n'en présente pas moins une étape de la pensée de Montaigne, un état de son oeuvre selon Françon (Les Essais de 1582, Harvard, 1969). Ce dernier a relevé plusieurs centaines de corrections portant sur le style, le texte, l'orthographe, la ponctuation et sur des additions ou suppressions de mots. Apparaissent notamment, pour la première fois, quelques réflexions sur le voyage en Suisse et en Italie que Montaigne venait d'effectuer. Publiée à compte d'auteur, cette édition, plus rare encore que la première, dont on connait 50 exemplaires, fut mieux imprimée. Les caractères sont fins et nets. Elle fut réimprimée telle quelle en 1587 à Paris, par Jean Richier. Superbe exemplaire. Hauteur : 154 mm. Sayce & Maskell, A descriptive bibliography of Montaigne's Essais, 1580-1700, 2 ; Desgraves, Simon Millanges,51. 15
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13. RONSARD
(P. de). Les Oeuvres de P. de Ronsard Gentilhomme Vandomois. Revues, corrigées et augmentées par l'Autheur. Paris, Gabriel Buon, 1584, in-folio de 6 ff., 919 pp. et (6) ff., maroquin rouge, double filet doré autour des plats, chiffre entrelacé aux angles et au centre, dos lisse orné de même, tranches dorées (reliure du XVIIe siècle). Sixième édition collective, en partie originale. Trente-deux pièces apparaissent ici pour la première fois. De format in-folio, cette édition, premier recueil de poésies qui ait été publié en France dans ce format royal, constitue le testament poétique du Prince des Poètes, qui décèdera l'année suivante. On l'a qualifiée de diverses manières : " un complet examen de conscience littéraire ", " une bible de la poésie de son temps ", ou encore " un cadeau suprême à la postérité ". Les pièces inédites ainsi que son important travail de remaniement, donnant à ses poèmes la forme sous laquelle Ronsard voulut que la postérité les lût et les récitât, ne firent pas alors l'unanimité. A cet égard, on cite souvent le jugement sévère d'Etienne Pasquier. Au contraire, Paul Laumonier et la critique moderne ne lui reconnaissent aucune faiblesse. " Les pièces composées dans les derniers mois de sa vie sont aussi brillantes que les précédentes, et c'est en pleine possession de ses moyens que Ronsard, jamais satisfait, cherche une nouvelle "œconomie" à ses Œuvres, une "œconomie" vraiment royale. " (Daniel Menager, Ronsard, La trompette et la lyre, n° 269).
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ARBRE GÉNÉALOGIQUE DE LA FAMILLE DE PIERRE RONSARD
Louis de Ronsard () Jeanne Chaudrier (1475 - 1544) (? - 1545)
Charles de Ronsard, Abbé de Tiron
Pierre de Ronsard, le poète
Antoinette de Crevant
Louise de Ronsard () François de Crevant (1532)
François de Ronsard, resté inconnu
Louis de Crevant () Jacquette de Reillac (1561)
Louis de Crevant
René de Crevant
Françoise de Crevant () Imbert de Rochefort [F. de Crevant sa nièce] (1588)
Hélène de Rochefort () Jean de Barville (1626)
Madeleine de Rochefort
Desgranges, Nobiliaire du Berry, St-Amand, 1965-1969. Saint-Venant, Dictionnaire topographique, historique, biographique du Vendômois, Blois, 1912-1917. La Chesnaye-Desbois et Badier, Dictionnaire de la noblesse, Paris, 1980.
Portraits de Ronsard, Muret, Charles IX et Henri III, gravés sur bois. Ici le portrait de Ronsard est accompagné de la mention manuscrite :
qu'il faut lire : F. de Crevant sa nièce. Il s'agit de la petite nièce du célèbre poète (1524-1585) dont la sœur Louise de Ronsard épousa en 1532 François de Crevant. De cette union naquit Louis de Crevant, qui après un mariage en 1561 avec Jaquette de Reillac, eut trois enfants : Louis, René et Françoise de Crevant. L'exemplaire a ensuite appartenu à Hélène de Rochefort, fille de Françoise de Crevant, dont l'ex-libris manuscrit bien que légèrement effacé, mais très lisible, apparait sur la page de titre. Pour une meilleure lecture de cette descendance, nous joignons un arbre généalogique de cette famille, reconstitué à partir du Dictionnaire du Vendômois, du Nobiliaire du Berry, et du Dictionnaire de la Noblesse de La Chesnaye-Desbois. L'exemplaire est revêtu d'une reliure du XVIIe siècle, dont la disposition du décor rappelle ceux qui ornaient les reliures faites pour Henri IV. Le chiffre entrelacé qui orne le dos et les plats, n'a pu être identifié. Quelques habiles restaurations. Barbier, Ma Bibliothèque Poétique, n° 59 ; Seymour de Ricci, Edition Originale de Ronsard, n° 54 ; R. de St Venant, Dictionnaire du Vendômois, T.3, pp.226 et suivantes ; La Chesnaye-Desbois, Dictionnaire de la Noblesse, pp. 319-320 et 499-500 ; Hugues Desgranges, Nobilaire du Berry, T.2, p.440. Voir reproduction en frontispice 17
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14. MONTAIGNE (M. de). Essais de Michel Seigneur de Montaigne. Cinquiesme édition, augmentée d'un troisième livre et six cens additions aux deux premiers. Paris, Chez Abel L'Angelier, 1588, in-4° de (4) ff. et 504 ff. mal chiffrés 496, veau moucheté, dos à nerfs finement orné, roulette dorée intérieure, tranches rouges, boîte (reliure du XVIIIe siècle). Dernière édition publiée du vivant de Montaigne. Cinquième édition, contenant les deux premiers livres, très profondément revus (600 additions) et le troisième livre en édition originale. Beau titre-frontispice gravé, comme presque toujours très légèrement atteint par le couteau du relieur. La faute est ici corrigée. Annoncée au titre comme étant la " cinquiesme edition ", c'était en réalité la quatrième de l'oeuvre, ce qui pose une enigme non résolue : on ne connait pas de quatrième édition. L'hypothèse retenue par le Dr Sayce est la suivante : “The substitution of fifth for fourth edition may have been prompted by the desire to suggest that the book was selling better than it was, a trick not unknown even today.” Exemplaire de choix dans une reliure que l'on peut dater du début du dix-huitième siècle, au dos élégamment orné d'une fleur de lys et de fers animaliers plusieurs fois répétés. L'exemplaire est à belles marges (242 x 182 mm.). Provenance : ex-libris imprimé Charles de La Haut, Charleville. Sayce & Maskell, A descriptive bibliography of Montaigne's Essais, 1580-1700, n° 4 ; […], Printing and the Mind of Man, 95 (Ed. de 1580). 18
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15. F RANÇOIS de SALES (Saint). Introduction à la vie devote du bien-heureux François de Sales, Evesque de Genève, Instituteur de l'Ordre de la visitation de Saincte Marie. Paris, Sébastien Huré, 1629, in-8°, maroquin vert olive, plats ornés d'un riche décor aux petits fers dorés, dos à nerfs orné de même, tranches dorées (reliure du XVIIe siècle). Des livres de civilité, destinés à alimenter la spiritualité des fidèles, trois livres, par leur valeur et leur diffusion, émergent de cette littérature abondante : l'Imitation de Jésus-Christ de Thomas a Kempis (1380-1471), dont on recense pas moins de 3056 éditions, les Combattimento spirituale de Lorenzo Scupoli (1530-1610), dont l'originale a été publiée à Venise en 1589, et l'Introduction à la vie dévote de Saint François de Sales (1567-1622), qui fit l'objet de plus de 300 éditions depuis 1609 à 1963. L'Introduction à la vie dévote, un des beaux exemples de prose française préclassique, est un bréviaire à l'usage des laïcs, ou l'auteur s'efforce de donner aux lecteurs les notions d'une piété véritable pour les former à une solide vertu s'accordant aux exigences temporelles et aux conventions sociales. L'originale date de 1609, elle n'est connue qu'à deux exemplaires conservés à la Bibliothèque nationale de Vienne et à la Visitation d'Annecy. Exemplaire reglé, dans une riche reliure du dix-septième siècle. Coins et coiffes très légèrement et habilement restaurés. Alain Arnaud, En Français dans le texte, 1990, n° 83. 19
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16. H EIDEN (J. van der). Beschryving der nieuwlyks uitgevonden en geoctrojeerde SlangBrand-Spuiten… Amsterdam, Jan Rieuwertsz, 1690, in-folio (430 x 253 mm.) de 4 ff., 50 pp., et un f. (recto "Naberigt" ; verso : blanc), vélin ivoire, jeux d'encadrement de filets à froid sur les plats, grand écoinçon central, fer à froid en angles, dos muet à nerfs, tranches mouchetées (reliure de l'époque). Edition originale du plus beau livre consacré aux incendies. Les van der Heiden, Jan (1637-1712) et Nicolaas (1640-1682), hydrauliciens de talent, furent successivement responsables du service de lutte contre l'incendie de la ville d'Amsterdam. Utilisant jusqu'alors un matériel rudimentaire, ils créérent en 1672, une pompe portative munie dans sa partie aspirante et refoulante d'un " boyau " ou tuyau, permettant dans un premier temps de pomper depuis n'importe quel point d'eau (canaux, réservoirs,…) et donc de ne plus avoir recours au sceau de cuir, et deuxièmement, de pouvoir accèder avec plus d'efficacité aux foyers éloignés des feux. Leur invention fut saluée dans l'Europe entière. François du Mouriez des Periers en introduisit l'usage en France au début du XVIIIe siècle, lorsqu'il fut chargé de créer et d'organiser le premier corps de pompiers à Paris. 19 fantastiques planches gravées, ici en premier tirage, accompagnent le texte. A simple ou double page, elles mettent en scène les différents incendies qui ravagèrent certains quartiers et édifices d'Amsterdam entre 1652 et 1684, donc avant et après l'invention de cette fameuse pompe. Les planches sont légendées en hollandais et en français. Bien qu'anonymes, Hollstein les attribuent à Jan van der Heiden, qui fut également un peintre d'architecture resté célèbre, et reconnu pour l'intelligence de la couleur de ses clairs-obscurs. Au moment de la reliure, son premier propriétaire a enrichi l'exemplaire des pièces suivantes : 1- “De Nieuw Geinventeerde Slang-Brandspuyten”, “Les Pompes a Boyaux”. Placard publicitaire (circa 1680 ?), gravé par Stoopendael d'après Jan van der Heyden. Privilège par Jean van der Heyde, le Père et le Fils. Texte sur deux colonnes à 39 lignes, français et hollandais. 56,4 x 45,7 cm. Gravure : 35,5 x 45,8 cm. Petite déchirure consolidée. Hollstein, XXVIII, p. 136, n°1. 2- “De Nieuw Geinventeerde Slang-Brandspuyten”, “Les Pompes a Boyaux”. Placard publicitaire. Privilège par Jean van der Heide, le Père et le Fils. Texte sur deux colonnes à 37 lignes, français et hollandais. 56,4 x 43,1. Gravure anonyme : 31,9 x 42,1 cm. Déchirure restaurée atteignant la gravure. 3 - “Albeelding van der DAM,… en de Oude-Kercks-Toonen Van Amsterdam”. Gravure de Jan van Vianen d'après Jan van der Heiden. 58,7 x 69,5 cm. Petites cassures dans les plis. Hollstein, XXXV, P.182 n° 10 et IX, p. 25, 15. 4 - 2 gravures, réenmargées au format du livre, de Laurens Scherm, ayant servi à l'illustration de l'édition de 1735. Hollstein, XXIV, p. 168, n°1 et p. 169, n°2 (Etat avant la lettre). 5 - Une gravure non-signée, au format de celles du livre. “ …Brood-bakery op Vloonburg… 13 april 1682… ”, “… boulangerie à Vloonburg… ”. Elle est placée après la pl.12. 6 - 4 gravures (“… van verscheyde brandspuyten…”, “…exercitie der Slangbrandspuyten…”, “… Amsterdam, aan de Wester Tooren…”, “… torren Van Andwerpen…”). Elles sont réenmargées au format du livre. La dernière est signée Scherm. 7 - Une planche, non-signée, figurant un matériel de lutte contre l'incendie. 13,1 x 19,4 cm. Exemplaire de choix, réunissant deux des rarissimes placards publicitaires édités par la firme Van Heiden, ainsi que certaines des planches de la seconde édition. Petite déchirure consolidée en marge de la planche 6, et des pages 5, 15 et 19. Un mors restauré. Provenance : F.C. Koch. Hyatt Mayor, Prints & People, Metropolitain Museum of Art, 1971, 447 (“The first manual of fire fighting”) ; Hollstein, IX, p. 24, n°1 à 19 ; H. Wagner, Jan van der Heyden, Amsterdam, 1971 ; Benezit, VII, p.26. 20
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16 - HEIDEN 21
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17. RACINE (J.). Andromaque. Paris, Cl. Barbin, 1668, in-12 (146 x 88 mm.), maroquin bleu, sur les plats armes au centre, en angle chiffre entrelacé, dos à nerfs orné du même chiffre plusieurs fois répété, doublure de maroquin rouge sertie de filets et roulette dorés, tranches dorées (Cuzin). Edition originale de l'un des chefs-d'oeuvre de l'auteur. C'est avec Andromaque que nait véritablement la tragédie racinienne, rompant ainsi avec la tradition cornélienne. Représentée pour la première fois à l'Hotel de Bourgogne le 18 novembre 1667, la pièce connut un succès éclatant, qui n'est pas sans rappeler celui du Cid. Quatre personnages principaux se partagent la scène. Ils sont étroitement liés, selon le principe de la “chaîne amoureuse de la pastorale” : Oreste aime Hermione qui aime Pyrrhus qui aime Andromaque laquelle, fidèle à son mari défunt, n'aime personne. Le texte de l'originale présente des passages qui furent remaniés dans les éditions suivantes. L'un des rares exemplaires du tout premier tirage (A), dans une élégante reliure de Cuzin, frappée sur les plats des armes et chiffre de Racine, et sur la doublure, de celles d'Albert de Naurois, descendant du célèbre tragédien. Provenances : Albert de Naurois ; Ch. Hayoit. Guibert, Oeuvres de Jean Racine publiées au XVIIe siècle, pp. 27 à 34 ; Tchemerzine, IX,338.
18. VAUBAN (S. Le Prestre, marquis de). Traité de l’attaque et de la défense des places. [Circa 1718], manuscrit in-folio (383 x 251 mm.) de 1 frontispice peint, 1 f. de dédicace, 414 pages, 1 f. bl. et 33 planches dépliantes aquarellées, maroquin rouge, double encadrement doré autour des plats avec écoinçons aux angles, armes au centre, dos à nerfs orné, roulette dorée intérieure, tranches dorées sur marbrure (reliure de l’époque). Manuscrit de première importance du Traité de l’Attaque et de la défense des places, offert à Claude Le Blanc, Secrétaire d’Etat à la Guerre de Louis XV. Ce célèbre traité de fortification bastionnée a joui d’une fortune considérable jusqu’à aujourd’hui, en raison de son apport à l’art de la guerre et au patrimoine urbain. Rédigé à la demande de Louis XIV pour l’instruction du duc de Bourgogne, son petit-fils, Sébastien Le Prestre de Vauban (1633-1707) présenta son traité au Roi en 1704. Il s’agit d’un remaniement et d’une prolongation complets du Mémoire pour servir d’instruction à la conduite des sièges que lui avait commandé Louvois vers 1670. Vauban livre dans son traité toute son expérience acquise par sa participation à de très nombreux sièges. Il rend compte de ses innovations scientifiques et techniques en les rationalisant et, par le même coup, fait de son traité une des premières grandes œuvres militaires didactiques, préfigurant ainsi les encyclopédistes. Avec son traité, on peut dire que Vauban s’affirma comme un véritable architecte militaire, doublé d’un homme de guerre qui sut mettre au service du pouvoir politique ses choix stratégiques. Louis XIV, Louvois et Colbert purent compter sur ce poliorcète de talent qui sut œuvrer sans relâche pour les guerres de sièges et pour la conservation de l’Etat en protégeant les frontières. Sa solide formation se fit sur le terrain et, après avoir sillonné la France, il fut promu, à quarante-cinq ans, Commissaire général des fortifications. Il s’imprégna des travaux de ses prédécesseurs (Errard, Marolois, Fritasch, Stevin, Dogen, Sardy, Fabre, Du Tertre, le Père Bourdin). En réalité, il fut surtout en contact, tout comme son maître le chevalier de Clerville, avec les travaux d’Antoine de Ville, du comte Blaise de Pagan et d’Allain Manesson-Mallet, dont les célèbres Travaux de Mars (Paris, l’auteur, 1671) l’influencèrent beaucoup. Les théories du maréchal de Vauban furent très tôt discutées, notamment par l’abbé Du Fay, auteur d’une Manière de fortifier selon la méthode de M. de Vauban (Paris, Coignard, 1681) et aussi par Leonhard Christoph Sturm dans Le véritable Vauban se montrant au lieu du faux Vauban… (La Haye, Wilt, 1708). On trouve également une traduction anglaise précoce de sa Manière de fortifier (The New Method of Fortification, London, printed for Abel Swall, 1691). Mais l’homme qui lui opposa le plus de rivalité fut son homologue flamand, Menno van Coehoorn (16411704), qu’il combattit au siège de Namur, en 1692. Coehoorn, lui aussi, montra son aptitude didactique en publiant, deux ans après le Traité de Vauban sa Nouvelle fortification (La Haye, Van Bulderen, 1706). 22
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Enfin, en 1737, Pierre de Hondt reçut l’autorisation du pouvoir royal d’imprimer le fameux manuscrit, jusqu’alors resté en partie confidentiel pour des raisons stratégiques. Il connaîtra des traductions dans pas moins de quinze langues différentes. Le manuscrit s’ouvre sur une préface adressée à Claude Leblanc signée de Mairon Demonfort : " Voici un Traité…que j’ay recueilly sur celui de Monsieur le maréchal de Vauban ". Il se permet de lui présenter " comme les prémisses de [son] travail dans le genre de la fortiffication… ", puis suivent les deux textes distincts : De l’Attaque des places (page 1 à 363) et De la Défense des places (page 365 à 414). Le livre de l’Attaque des places compte au total 25 chapitres : I/ De la résolution… (page 1) ; II/ De l’investiture… (page 6) ; III/ Des choses… (page 10) ; IV/ Des préparatifs… (page 17) ; V/ Des observations… (page 38) ; VI/ De l’ouverture… (page 67) ; VII/ De la sape… (page 83) ; VIII/ Des lignes (page 95) ; IX/ Moyen de prévenir… (page 108) ; X/ Des batteries… (page 131) ; XI/ Des batteries… (page 153) ; XII/ Continuation… (page 160) ; XIII/ De la prise… (page 164) ; XIV/ De la descente… (page 182) ; XV/ De la prise… (page 186) ; XVI/ Du passage… (page 196) ; XVII/ Des mines… (page 217) ; XVIII/ De la poudre… (page 218) ; XIX/ Manière de… (page 230) ; XX/ De l’attachement… (page 244) ; XXI/ Des différentes… (page 255) ; XXII/ De l’attaque… (page 271, en 8 exemples) ; XXIII/ Des fonctions… (page 314) ; XXIV/ De la manière… (page 322) ; XXV/ Récapitulation… et Règles ou Maximes (page 346) ; Table (pages 360363). 23
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Le livre de la Défense des places est la seconde partie du Traité des sièges. Il est attribué à Guillaume de Lafon de Boisguérin, alias Deshoulières (1621-1693). Ingénieur ordinaire du Roi en 1644, il devint gentilhomme ordinaire du Prince de Condé, alors que Vauban était à cette époque cadet dans le régiment de ce même prince. Deshoulières servit à Belle-Île, dans les places des Pyrénées occidentales et de la Méditerranée, à Bayonne, Rochefort et jusqu’à Toulon. Ce discours contient 7 chapitres : I/ Des précautions… (page 367) ; II/ De la ligne… (page 376) ; III/ Des sorties… (page 379) ; IV/ De la défense… (page 386) ; V/ De la défense… (page 397) ; VI/ De la défense… (pages 403 à 414). L’iconographie est composée d'un frontispice peint et de 33 planches dépliantes hors-texte finement aquarellées. Au regard des autres exemplaires connus, ces planches ont conservé une fraîcheur peu commune. Le soin apporté à l’illustration, notamment dans les paysages (cf. pl. XVIII) et pour les légendes (cf. pl. XXII) ne se retrouve dans aucun autre manuscrit consulté. Comparativement à ces derniers, les planches sont plus soignées et les couleurs plus diversifiées. Pratiquement toutes les planches bénéficient de toises et de légendes détaillées. Certaines d'entre elles sont divisées en plusieurs parties représentant les différents aspects d’une même opération (cf. pl. XIV, XV, XVIII, XIX). Bien qu'anonymes, on peut supposer qu’elles ont été exécutées par un ingénieur-géographe de renom, comme cela était la coutume. En voici le détail : I/ Partie d’un camp retranché ; II/ Profils généraux pour toutes les lignes ; III/ Portes et barrières des lignes ; IV/ Machines et outils qui doivent se trouver dans le parc ; V/ Attaques régulières en terrain uni ; VI/ Attaques régulières. La tranchée ouverte ; VII/ Les sapes ; VIII/ Les places d’armes ; IX/ Batteries de canon ; X/ Batteries de mortiers ; XI/ Suite attaques (pl. V et VI) ; XII/ Les traverses ; XIII/ Cavalier de tranchée ; XIV/ Descentes des fossez ; XV/ Des effets de la poudre ; Supl. pl. XV/ Vue de front d’une mine. Profil en travers d’une mine ; XVII/ Profil pour faire voir l’attachement du mineur ; 24
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XVIII/ Différentes sortes de mines ; XIX/ Différentes sortes de mines ; XX/ Attaque d’un ouvrage à corne sur la capitale d’un bastion ; XXI/ Suite des attaques d’un ouvrage à corne placé sur un bastion ; XXII/ Deux exemples. Attaque d’un ouvrage à corne placé sur une courtine ; XXIII/ Suite des attaques d’un ouvrage à corne placé sur une courtine ; XXIV/ Attaque d’une place entourée de fausses brayes ; XXV/ Trois exemples. Attaque d’une place entourée de fausses brayes ; XXVI/ Attaque d’une vieille place ; XVII/ 4ème exemple. Attaque d’une place entourée d’une vieille enceinte couverte de dehors à la Moderne ; XXVIII/ 5ème exemple. Attaque d’une place située dans un marais ; XIX/ 6ème exemple. Attaque d’une place située à une hauteur qui n’est accessible que par une avenue étroite et difficile ; XXX/ Attaque de Clermont ; XXXI/ 7ème exemple. Attaque d’une place fortifiée de tours bastionnées ; XXXII/ Suite de l’attaque d’une place fortifiée de tours bastionnées ; XXXIII/ Profils pour servir à la construction des lignes contre les secours. Localisations : on recense une quinzaine d’exemplaire du Traité de l’attaque des places dans les collections publiques françaises (SHAT, Vincennes ; ESG, Ecole militaire ; Arsenal, Paris ; Sénat, Paris ; Musée de la Marine, Paris ; BM de Lyon ; BM d’Angers ; BM de Versailles). Parmi ces manuscrits, deux seulement sont datables de la même époque. Le manuscrit officiel, conservé au château de Vincennes, signé de la main de Vauban, aux armes de France, est comparable au nôtre en qualité. En France, un peu plus de six manuscrits datant de la même époque que la nôtre sont passés en vente durant les cinquante dernières années. Exemplaire de présent pour Claude Le Blanc (1699-1728), membre du conseil de la guerre en 1716, Secrétaire d’Etat à la Guerre de Louis XV de 1718 à 1723, puis de 1726 à 1728. Impliqué dans une affaire d’extorsion de fonds à cause de La Jonchère, trésorier de l’extraordinaire des guerres, Le Blanc dut donner sa démission et fut embastillé le 1er juillet 1723. Après la chute du duc de Bourbon, il fut réhabilité et reprit ses fonctions jusqu’à sa mort. Provenance : de la bibliothèque du baron William August Fraser (1826-1898), homme politique britannique. Vente de Londres, Sotheby’s, 22-30 avril 1901. Le dos a été refait à la fin du XVIIIe ou au début du XIXe siècle. British Biography Index, Munchen, KG Saur, 1998, vol. 3 ; B. Pujo, Vauban, Paris, Albin Michel, 1991 ; Catalogue général des manuscrits des bibliothèques publiques de France, Paris, Plon, 1894 ; Plans de fortifications et de batailles. Catalogue de la collection Auclair, Bourges, Conseil général du Cher, 2000 ; Portefeuilles de plans : projets et dessins d’ingénieurs militaires en Europe du XVIe au XIXe siècle, Bourges, Conseil général du Cher, 2001 ; Anne Blanchard, Dictionnaire des ingénieurs militaires 1691-1791, Montpellier, s.n., 1981 ; Bruno Colson, L’art de la guerre de Machiavel à Clausewitz, Namur, Bibliothèque universitaire Moretus Plantin, 1999 ; Pierre Rocolle, 2 000 ans de fortification française, s.l., Lavauzelle, 1989 ; André Corvisier (dir.), Dictionnaire d’art et d’histoire militaire, Paris, PUF, 1988 ; Geneviève MazeSencier (dir.), Dictionnaire des maréchaux de France, Paris, Perrin, 1988 ; Lucien Bély (dir.) Dictionnaire de l’Ancien Régime, Paris, PUF, 1996 ; Vauban, sa famille et ses écrits, Paris, Berger-Levrault, 1910 ; Vauban, sa vie, son œuvre, Saint-Léger-Vauban, Association des amis de la Maison Vauban, 1984.
Nous remercions Nicolas Hacquebart Desvignes pour la rédaction de la fiche du manuscrit
19. PERRAULT (C.). Histoires ou contes du tems passé. Avec des Moralitez. Nouvelle édition augmentée d'une nouvelle, à la fin. Amsterdam, Jaques Desbordes, 1742, in-12 de 4 ff. n.ch. dont un frontispice et 184 pp., veau moucheté, dos à nerfs orné, tranches dorées (reliure de l'époque). Rarissime édition, inconnue de Brunet, Tchemerzine, et M.E. Storer. Selon Gumuchian, c'est une contrefaçon inconnue de l'édition de la Haye (Paris, Coustellier) de 1742, certainement beaucoup plus rare que celle-ci. Un frontispice en taille-douce et 8 figures à mi-page, illustrent ces contes : le Petit Chaperon rouge, les Fées, la Barbe Bleue, la Belle au bois dormant, le Maître Chat, Cendrillon, Riquet à la Houpe, et le Petit Poucet. Exemplaire en reliure de l'époque, condition rare. Restauration à l'angle inférieur droit du frontispice sans atteinte à l'image. Gumuchian, Les livres de l'enfance du XVe au XIXe siècle, 4411. 25
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20. C HABERT de COGOLIN (J.-B., marquis de). Voyage fait par ordre du roi en 1750 et 1751, dans l'Amérique Septentrionale pour rectifier les cartes des côtes de l'Acadie, de l'Isle Royale & de l'Isle de Terre-Neuve ; et pour en fixer les principaux points par des observations astronomiques. Paris, Imprimerie Royale, 1753, in-4°, maroquin rouge, triple encadrement doré autour des plats, armes au centre, dos à nerfs orné des pièces d'armes, tranches dorées (reliure de l'époque). Edition originale de cette importante expédition scientifique le long des côtes de l'Acadie jusqu'au détroit de Fronsac, couloir maritime donnant un accès au Golf du Saint-Laurent, de l'isle Royale, aujourd'hui Ile du Cap-Breton, et de Terre-Neuve. Terrain d'enjeux politiques et économiques, cette région vécut depuis le XVIIe siècle au rythme des relations franco-anglaises. Le traité de Ryswick en 1713 restitua à l'Angleterre les territoires de la baie d'Hudson, l'Acadie, et Terre-Neuve, la France conservant uniquement l'île Royale, qui devint un lieu stratégique pour le fabuleux commerce du poisson. Etape nécessaire pour sa conservation et son transport, les français choisirent un havre qu'ils fortifièrent et baptisèrent Louisbourg. Perdu et repris de multiples fois, Louisbourg dut se rendre définitivement en 1758. Ordonnée par Louis XV et son ministre de la Marine Rouille (1689-1761), cette expédition s'inscrit dans le programme mis en oeuvre par le gouvernement visant à renouveler les cartes existantes, souvent très imprécises, grâce à l'évolution des techniques de navigation. Le rôle de Rouillé, qui assura son portefeuille de 1749 à 1754, était prédominant dans cette commande. Pour lui, l'essor d'une nouvelle cartographie favoriserait les succès d'armes de Louis XV et le développement du commerce, et assurerait une meilleure sécurité aux gens de mer. Il fonda l'Académie de Marine en 1752. Après avoir présenté un projet à ce dernier, Chabert de Cogolin reçut l'ordre en mars 1750, de se rendre à Paris, afin d'y préparer son voyage, aidé dans sa tâche par le comte de La Galissonière, chargé du dépot de cartes et plans, Mairan et La Condamine. Il reçut son instruction du Roi, puis s'embarqua à Brest pour Louisbourg le 29 juin 1750 à bord de la Mutine, commandée par le marquis de Choiseul-Praslin. A son retour, il présenta son ouvrage à l'Académie Royale des Sciences ainsi qu'à l'Académie de la Marine, qui le jugèrent digne de l'impression. Publié la même année que le Nouveau traité de Navigation de Bouguer, le livre comprend deux parties, l'une qui est un abrégé de son Journal, la seconde présentant ses observations astronomiques. Il valut à son auteur d'être membre de l'Académie de Marine. Après de nombreux travaux sur la cartographie de la Méditerranée et sur les horloges marines, Chabert devint en 1776 inspecteur en chef du service hydrographique de la Marine qui connut à son époque un grand essor. 6 cartes dépliantes gravées, signées de Guillaume Dheulland, une planche de figures géométriques, un tableau "Calcul des lieux du Soleil & de la lune à Paris…", et un en-tête gravé par J.-D. Gobin d'après Flotte de Saint-Joseph, constituent l'illustration. Exemplaire offert par l'auteur à Jean-Etienne Bernard de Clugny (1729-1776), baron des Nuits qui en 1770 fut nommé intendant général de la Marine et des Colonies, d'ou la mention manuscrite portée sur la première garde : donné par l'auteur en 1771 Membre de l'Académie de Marine, il succèda en 1776 à Turgot au contrôle des Finances. Provenances : J.E.B. de Clugny, baron des Nuits, avec ses armes ; J.B. Stetson avec son ex-libris. Leclerq, 307 ("Ouvrage estimé sous le rapport des observations astronomiques qu'il renferme, et qui sont de la plus grande exactitude") ; Poggendorf, I, 415 ; Brown, 995 ; Sabin, 11723 ; Horblit, Early Science Navigation & Travel, I, n° 200 ; Taillemite, Dictionnaire des Marins Français, p. 66.
21. LA FONTAINE (J. de). Contes et nouvelles en vers. Amsterdam, [Paris, Barbou], 1762, 2 vol. in-8°, maroquin rouge, filets dorés autour des plats, dos lisses ornés, roulette dorée intérieure, tranches dorées (reliure de l'époque). L'une des plus célèbres illustrations du XVIIIème siècle. Cette édition, dite des Fermiers Généraux car publiée à leur dépens, vantée par les Goncourt, fut avant tout l'oeuvre d'un artiste, Eisen. 26
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20 - CHABERT DE cogolin "Originaire de Valenciennes, ce graveur, bénéficiant de la faveur du marquis de Paulmy et de celle de la marquise de Pompadour, était aussi très engagé dans les milieux financiers. Brutal, faisant volontiers scandale, il avait la réputation d'être fort voluptueux et mourut à Bruxelles dans le dénuement". (Louis XV, Hôtel de la Monnaie, 1974, n° 348). L'illustration, quelque peu légère, comporte deux portraits représentant La Fontaine et Eisen, interprétés par Ficquet d'après Rigaud et Vispré, et 80 figures gravées par Aliamet, Baquoy, Choffard, de Longueil… 4 vignettes et 53 culs-de-lampe par Choffard complètent l'iconographie. Exemplaire à belles marges, présentant les particularités suivantes : 1 - La figure pour le conte Le Cocu Battu et Content (I, p.23) est gravée par de Longueil, marque de premier tirage. 2 - Les figures pour Le Cas de Conscience (II, p.143) et Le Diable de Papefiguière (II, p.149) sont en épreuve découverte. Elégantes et sobres reliures de l'époque en maroquin rouge. Quelques feuillets uniformément jaunis. Provenance : Sir David Salomons Bart. Cohen, I, pp. 558-570 ; Gordon N. Ray, The Art of the french Illustrated Book 1700 to 1914, The Pierpont Morgan Library, n° 26. 27
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22. R ACINE (J.). Œuvres. Paris, 1760, 3 vol. in-4°, maroquin rouge, filets dorés autour des plats, dos à nerfs ornés, tranches dorées (reliure de l'époque). L'un des plus beaux livres illustrés du XVIIIe siècle. Un portrait par Daullé, 3 fleurons sur les titres, 12 figures, 13 vignettes et 60 culs-de-lampe, tous par de Séve, gravés par Aliamet, Baquoy, Chevillart, Flippart, Legrand, Lemire, Lempereur, Sornique et Tardieu. " De Séve a été l'un des collaborateurs les plus actifs de la belle édition des Œuvres de Buffon... mais son illustration de beaucoup la plus importante est celle qu'il a dessinée pour la belle édition des Œuvres de Racine en 3 volumes in-4° (1760). Les grandes figures y sont traitées dans le goût, un peu théâtral des de Troy et des Boucher, mais avec beaucoup d'aisance et tout à fait en peintre... Les vignettes et les fleurons sont pleins d'invention et de mouvement ". (Portalis, Les dessinateurs d'illustrations au dix-huitième siècle, p. 620). Exceptionnel exemplaire, grand de marges. Provenance : de la bibliothèque Sir David Lionel Salomons. 28
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23. CARLET de La ROZIÈRE (L.-F.). Campagne de Louis, Prince de condé, en Flandres en 1674. Paris, Merlin, 1765, in-12, veau marbré, armes au centre des plats, dos lisse orné, tranches rouges (reliure de l'époque).
Edition originale. A visée didactique, l'ouvrage relate l'une des plus célèbres campagnes de Louis XIV. En 1674, pendant la guerre de Hollande, le roi demanda au Prince de Condé de se mettre à la tête de l'armée des Pays-Bas, pour contenir et attaquer à la frontière les Hollandais, les Espagnols et les Impériaux, sous les ordres de Guillaume d'Orange. Carlet de La Rozière (1733-1808), rend compte de la campagne mois par mois et camp par camp, pour donner une vision exacte et détaillée des manoeuvres. Pour lui, cette campagne a été un modèle d'art militaire qui doit être suivi pour la formation des officiers. C'est aussi pour lui un prétexte pour instruire les militaires sur la topographie du lieu, car c'est un point stratégique capital pour la progression et pour la victoire d'une armée. Deux cartes dépliantes, l'une de la bataille de Seneff et l'autre des PaysBas catholiques, servent à l'intelligence de la relation. L'auteur, Louis-François de La Rozière, formé à l'Ecole du génie de Mézières, s'engagea dans le régiment de Conti en 1745, et prit lui-même part aux campagnes d'Italie et de Flandres. Puis, vers 1750, il fut envoyé aux Indes orientales comme ingénieur des fortifications. Revenu en France, il participa, aux côtés du duc Victor de Broglie (17181804) et de Soubise (1715-1787) à la guerre de Sept ans où il se distingua à plusieurs reprises, notamment à Rossbach (1757) où il fut fait prisonnier. Précieux exemplaire aux armes du Général La Fayette (1757-1834), héros de la guerre d'indépendance des Etats-Unis. Intéressante provenance, réunissant ainsi deux personnages, au glorieux passé militaire. Bien que plus jeune de 24 ans que son ainé, La Fayette et Carlet de La Rozière ont fréquenté le même cénacle de grands personnages dont le duc de Broglie. Les ouvrages aux armes de La Fayette sont rarissimes. Provenances : de la bibliothèque du Général La Fayette ; traces de cachets illisibles. E. Charavay, Le Général La Fayette, Slatkine, 1977 ; E. Taillemitte, La Fayette, Fayard, 1989 ; A. Bardoux, Etudes sociales et politiques. La Jeunesse de La Fayette, 1892 ; Guigard; II, 273 ; G. Maze-Sencier, Dictionnaire des maréchaux de France, Perrin, 1988, Tulard, Dictionnaire Napoléon, Fayard, 1989 ; F. Bluche, Dictionnaire du Grand Siècle, Fayard, 1990 ; Guigard, II, 273. 29
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24. S AINT-AUBIN (A. de). Mes gens ou les commissionnaires ultramontains au service de qui veut les payer. Paris, Basan-St Aubin Graveur, s.d. [1766-1770], in-4°, maroquin rouge, filet doré autour des plats, dos à nerfs orné, roulette dorée intérieure, tranches dorées (Rivière & Son). Premier tirage. Belle suite d'Augustin de Saint-Aubin représentant des petits savoyards en attente d'une commission soit dans la rue, soit à l'intérieur d'un appartement. Malgré la détresse et l'épuisement de ces marchands ambulants, contraints de quitter leur montagne faute de subsides, Augustin de Saint-Aubin a su parfaitement conserver dans leurs visages l'innocence propre aux enfants. Ces estampes sont non seulement intéressantes d'un point de vue artistique, mais aussi comme document sur les moeurs du dix-huitième siècle. Un frontispice, figurant les attributs des commissionnaires et 6 planches, non légendées, chiffrées un à six, forment cette suite. L'ensemble a été interprété à l'eau-forte par J. B. Tilliard. Epreuves de choix, avant la lettre, sur papier de Hollande, élégamment réunies en album. Provenances : L. de Montgermont (Cat., 1913, n° 164, alors en demi-reliure de Pagnant) ; Rahir ; Sir David Lionel Goldsmid-Sterne Salomons, qui fit établir l'exemplaire par Rivière & Son. Beall, F-19 ; Colas, 2614 ; Hilaire, 771 ; Lipperheide, Fd 8 ; Pitsch, 583 ; Vincent Millot, Les Cris de Paris…, p. 418, n° 65.
25. CERVANTES (M. de). Histoire de l'admirable Don Quichotte de la Manche, 6 vol. Nouvelles de Michel de Cervantes, 2 vol. Amsterdam-Leipzig, Arkstée & Merkus, 1768, 8 vol. in-12 (167 x 99 mm.), maroquin rouge, filets dorés autour des plats, dos lisses finement ornés, roulette dorée intérieure, tranches dorées (reliure de l'époque). Traduction restée anonyme, illustrée d'un portrait d'après Kent, d'un faux-titre gravé, de 6 vignettes de titre et de 31 figures interprétées par Fokke et Folkéma. Cette série de 31 figures prend sa source dans la suite des 31 estampes gravées par Picard, Tanjé, Stokke et J. Van Schley d'après les dessins de Coypel, Boucher, Trémolière… qui fixèrent pour un siècle environ l'iconographie de l'oeuvre. Les Nouvelles, dont trois sont inédites selon l'éditeur, sont accompagnées de 12 estampes dessinées et gravées par Folkéma. L'ensemble des 33 figures forme son oeuvre la plus importante et la plus connue. Exemplaire de choix, dans d'éclatantes reliures de l'époque. Cohen, II, p.217 ; Portalis, Les Dessinateurs d'illustration au dix-huitième siècle, p.214-215 ; Ford-R. Lansing, Cervantes, a tentative bibliography of his work, p.61. 30
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25 - CERVANTÈS
26. R OUBO (J.A.). L’Art du menuisier. S.l., [Paris], 1769-1775, 4 parties en 6 vol. in-folio (470 x 305 mm.), vélin blanc, dos à nerfs, non rogné (reliure ancienne). Edition originale et premier tirage. Composé de 4 sections l’ouvrage forme l’une des parties les plus importantes de la Description des Arts et Métiers, publiée par l’Académie royale des sciences de Paris entre 1761 et 1788. L’auteur tente, et ce avec succès, de décrire tout ce qui se fait en matière de menuiserie depuis le mobilier jusqu’à la carrosserie en passant par l’art du treillageur. C’est un traité complet sur le sujet dont il n’a pas été publié d’équivalent depuis. Les meubles et sièges représentés appartiennent à l’époque Louis XVI. 383 planches numérotées de 1 à 382, plus une planche 107 bis précédant la planche 338, interprétées par Berthault, Laurent, Milsan, Michelinot… illustrent l’ouvrage. Bel exemplaire à toutes marges, bien complet de l’Art du Treillageur. Les reliures datent du début du XXe siècle. Etiquettes de titre et de tomaison épidermées, certaines avec manques. Berlin Katalog, 1263 ; Guilmard, I, p. 209. 31
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27 - PLAN DE VENISE
27. B ELLIN (J.N.). Description du golfe de Venise et de la Morée. Par M.B… ingénieur de la Marine. [Paris, Didot] 1771, in-4°, maroquin rouge, filets dorés autour des plats, armes au centre, dos à nerfs orné, tranches dorées (reliure de l'époque). Edition originale de ce pilote, dédié au secrétaire d'état à la Marine, Monseigneur De Boynes. La création en 1720 d'un “Dépot légal des cartes et plans, journaux et mémoires concernant la navigation”, futur Service Hydrographique de la Marine, la naissance en 1752 d'une Académie de Marine, société de pensée où se rassemblaient astronomes, hydrographes et marins, l'évolution des techniques de navigation, avec notamment les horloges marines de Le Roy et Harrison qui permirent de déterminer avec exactitude la longitude du lieu où l'on se trouvait, et enfin l'amélioration de la formation des officiers de marine, concoururent au grand rayonnement de la France dans le domaine de la cartographie. Bellin (1703-1772), membre du Dépôt, fut l'un de ses plus célébres hydrographes avec Jean-Nicolas Buache de la Neuville et Charles François Beautemps-Beaupré. Leurs travaux consistaient à archiver les meilleures cartes existantes et à superviser l'établissement des nouvelles, complétées à l'aide des journaux de navigation et des mémoires rapportés par les navigateurs, ces derniers n'ayant pas le droit de les conserver. Devant cette somme d'informations, le Dépôt développa donc assez tôt une activité éditoriale en imprimant et vendant cartes et atlas intitulés Neptunes ou Pilotes. Ainsi Bellin commença à publier les recueils de l'Hydrographie française, puis en 1764 son Petit Atlas Maritime, considéré comme un chef-d'oeuvre de clarté et de précision, et des Pilotes décrivant la Guyane, les Antilles françaises et anglaises, le Golf de Venise, la Corse, … Un titre-frontispice gravé par Arrivet et 49 cartes et plans : Carte du Golfe de Venise, Plan de la ville et port de Brindisi, Plan de la Ville de Venise, Cartes des lagunes de Venise,… Plan de Trieste… Carte de l'isle et canal de Corfou,… Carte de la Morée, Plan des rades d'Athènes,… Carte de l'Isthme de Corinthe… 32
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28 - HANCARVILLE Bel exemplaire aux armes de J.E.J. Lambert Deschamps de Morel, conseiller-auditeur à la Cour des comptes de Paris, charge qu'il occupa de 1761 à 1790. Il semblerait que le titre-frontispice soit suivi d'un feuillet de titre, qui ne figure pas ici. Provenance : Charles Filippi (Cat. I, Oct. 1994, n° 112). Phillips, A list of Geographical Atlas in the Library of Congress; 3973 ; Tooley, Maps and Map-Makers, p. 44 ; Polak, 592 ; non cité par Blackmer.
28. [ HANCARVILLE (F. Hugues, dit)]. Monumens de la vie privée des Douze Césars, d'après une suite de pierres gravées sous leur règne - Monumens du Culte secret des dames pour servir de suite aux monuments de la vie privée des XII Césars. Chez Sabellus, 17801784, 2 vol. in-4°, maroquin rouge à grains longs, autour des plats roulette dorée à décor de vases, de branches de fleurs et de fruits, sertie de filets dorés et d'une grecque à froid, dos à nerfs orné d'un très beau décor à feuilles de vigne sur fond criblé, roulette dorée intérieure, doublure et gardes de tabis bleu céleste, tranches dorées (rel. P[ar]. Bozérian). Edition originale et premier tirage. Publiés sous le voile de l'anonymat à Orléans par l'imprimeur Leclerc, ces ouvrages sont dus à l'antiquaire P.F. Hugues, dit d'Hancarville (1719-1805), le collaborateur du célèbre archéologue William Hamilton. On soupçonne Hancarville d'avoir employé comme modèle pour ses gravures, non pas des camées comme il le prétend, mais ses propres dessins. 33
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Chaque livre s'ouvre sur un frontispice, puis suivent 50 gravures d'un genre spintrien. Bel exemplaire dans d'élégantes reliures de J.Cl. Bozérian, dont le décor est semblable à celui du Voyage du Jeune Anacharsis en Grèce, décrit par Paul Culot dans son ouvrage consacré au maître. Quelques habituelles et légères rousseurs dans le premier volume. Provenance : Sir David Salomon Bart. Cohen, I, 475 ; Vinet, 1633 ; Pia, Livres de l'enfer, II, 883 ; P. Culot, J. Cl. Bozérian, p. 74-75 n° 32 et pl. XXXV.
29. M OLIÈRE (J.-B.). Oeuvres de Molière avec des remarques grammaticales, des avertissements et des observations sur chaque pièce, par M. Bret. Paris, La Compagnie des Libraires Associés, 1773, 6 vol. in-8°, veau blond, filets dorés autour des plats, dos à nerfs ornés, tranches dorées (reliure de l’époque). Texte établi après une révision soigneuse des éditions originales des comédies de l'auteur, contenant la célèbre Vie de Molière par Voltaire. Ce dernier avait été chargé en 1734 d'écrire cette biographie par M. de Chauvin pour l'édition in-4° illustrée par Boucher. Refusée par le censeur de la librairie occupé à la publier, il fallut attendre 1739 pour qu'elle soit éditée. Elle est ici augmentée. L'illustration comporte un portrait de l'auteur d'après Mignard et les 33 célèbres figures de Moreau gravées par les meilleurs artistes de cette époque. Elles sont ici en premier tirage. Chaque page de titre est ornée d'un beau fleuron. Superbe exemplaire dans une fraîche reliure de l'époque. Il contient bien en double les pages 66-67 et 80-81, caractéristiques des exemplaires recherchés. Cohen, II, 716-718 ; Portalis, Les dessinateurs d'illustrations au dix-huitième siècle, p. 428 (“il entreprend ceux des Comédies de Molière, où il a compris d'une façon si intelligente dans ces personnages… la pensée de notre grand comique) ; Gordon N. Ray, The art of the French illustrated Book, 1700-1914, Pierpont Morgan Library, n° 50.
30. BRAND (J. Ch). Zeichnungen nach dem gemeinen volke besonders : der Kaufruf in Wien… Etudes prises dans le bas peuple et principalement les cris de Vienne. Vienna, 1775, in-folio (520 x 338 mm.), broché, couverture d'origine, non rogné. Premier tirage de l'une des plus célèbres et rares séries de Cris, la plus belle du XVIIIème siècle. Formée d'un titre et de 40 planches gravées à l'eau-forte par J. Feigel, Q. Mark, C. Conti, F. Brand, J. E. Mansfeld, C. Schutz… cette suite illustre les manifestations bruyantes et publiques des plus humbles représentants du peuple viennois avec ses commerces ambulants, ses trafics et ses habitudes de vie. Elle connut une réédition en 1798 et en 1924. Chacune de ces planches, légendée en allemand et en français, met en scène un crieur isolé, accompagné de ses rares instruments, certains avec, comme toile de fond, un simple paysage (mur, souche, abri…) Peintre et graveur, Johann Christian Brand (1722-1795), fut l'élève de son père à l'Académie de Vienne, puis nommé peintre de la cour en 1766, et enfin professeur à l'Académie, après le départ de Weirotter. Exemplaire à toutes marges, d'un tirage lumineux, dans sa condition d'origine. Il est bien complet du titre qui manque à presque tous les exemplaires connus. Les pl. 1 et 29 sont non numérotées, tandis que les 4 dernières l'ont été à la plume. Le dos de la couverture est fragile. Colas, 423 ; Lipperheide, 898 ; Vinet, 2167 ; Beall, Cries and Itinerant travels, 1975, pp. 445-446, Ö1 ; Jonghe, Catalogue d'une très belle collection de recueils de costumes, n° 9 (recueil d'une grande rareté) ; Rahir, La bibliothèque de l'amateur, 342. 34
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30 - Brand
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31. S AINT-NON (abbé R. de) & VIVANT-DENON (D.). Voyage pittoresque ou description des royaumes de Naples et de Sicile. Paris, Clousier, 1781-1786, 4 tomes en 5 volumes in-folio, veau marbré, filets dorés autour des plats, dos à nerfs ornés de fleurons et roulettes dorés, roulette dorée intérieure, tranches dorées (reliure de l'époque). Edition originale et premier tirage de ce grand guide encyclopédique sur le Royaume de Naples et de Sicile, alors peu décrit et surtout peu connu. Il constitue l'une des plus belles réussites de l'édition française du dix-huitième siècle. La deuxième partie du dix-huitième, prise dans l'élan des encyclopédistes, vit se multiplier des recherches archéologiques, topographiques et géographiques. Témoin de cet engouement, le Voyage pittoresque…, fut initié par Benjamin de La Borde, l'auteur de la Description de la France. Il parvint à convaincre en 1776 Saint-Non, lui-même influencé par l'esprit éclairé et universel de ses amis encyclopédistes, de s'associer à lui pour la publication d'un ouvrage luxueux et le plus complet possible. Saint-Non était l'homme providentiel : ami et protecteur de nombreux artistes en vue et suffisamment fortuné pour prendre en charge l'entreprise. Le projet initial devait traiter l'Italie dans son ensemble : devant le gigantisme de l'ouvrage, Saint-Non limita le travail au Royaume de Naples et de Sicile. Cette entreprise éditoriale le ruina, mais lui valut le titre d'amateur honoraire à l'Académie de peinture. Rédigé entre 1781 et 1786, l'ouvrage relate le voyage entrepris entre 1777 et 1780 par la brillante équipe dirigée par Vivant Denon, diplomate et artiste, qui avait été chargé par Saint-Non de rapporter les éléments nécessaires à la rédaction du texte. Les autres participants, tous éminents spécialistes étaient : Deodat de Dolomieu, géologue et minéralogiste, à qui l'on doit l'étude sur le Vésuve, référence à l'époque sur ce sujet ; Barthélemy Faujas de Saint-Fond, géologue ; Romé de l'Isle, spécialiste d'histoire naturelle ; Châtelet, paysagiste ; Després et Renard, architectes et pensionnaires du roi à l'académie de Rome. On trouve ainsi une des premières descriptions des sites d'Herculanum, Pompeï et Paestum, un article sur le tremblement de terre de Messine en 1783, et un état précis des découvertes géologiques de Dolomieu aux îles Lipari. La partie iconographique fut confiée aux tous premiers artistes dessinateurs et graveurs du siècle. Pierre-Adrien Paris, dessinateur et architecte de Louis XVI, Després, Hubert Robert et Fragonard, ont dessiné la plus grande partie des compositions, gravées par Fessard, Saint-Aubin, Choffard, Berthault… Ces illustrations sont de deux sortes : soit des plans et des relevés de sites ou d'objets, soit des vues d'ambiance plus évocatrices pour le lecteur. Les dessins de Hubert Robert et Jean-Honoré Fragonard, alors jeunes artistes de l'Académie de Rome, furent rapportés de leur voyage en Italie qu'ils firent en compagnie de Saint-Non en 1759. Le cycle iconographique comprend : 5 vignettes de titre, une épître dédicatoire à Marie-Antoinette, 284 planches, 15 vignettes en tête, 96 culs-de-lampe dont un grand nombre tirés en bistre, 6 cartes, un plan, une planche de phallus et 14 planches de médailles. Bel exemplaire, bien complet de la planche dite "des phallus" et des 14 planches de médailles des villes de Sicile. Quelques habiles restaurations aux reliures. Cohen, Guide de l'amateur de livres à gravures du XVIIIe siècle, 929-930 : " On rejettera la médiocre réimpression de cet ouvrage publiée en 1829. " ; Ray, The art of the French illustrated book 1700 to 1914, n° 34 : " This one of the most ambitious and successfull of travel books. " ; Blackmer, Greece and the Levant, n° 1473.
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32. GRÉGOIRE (H.B.). De la litterature des Nègres, ou recherches sur leurs facultés intelectuelles, leurs qualités morales et leur littérature… Paris, Maradan, 1808, in-8°, demibasane mouchetée à coins, dos lisse orné, tranches jaunes (reliure de l'époque). Edition originale. L'abbé Henri Grégoire (1750-1813), l'" ami et protecteur des noirs ", membre de la Société pour l'abolition de la traite des Nègres, société fondée par Brissot et Clavière en 1788, fut le principal artisan du décret proclamant l'émancipation des Noirs en février 1794, décret annulé par Napoléon en 1802. Pour faire écho à l'abolition de la traite des Noirs votée en 1807 en Angleterre, il publia, De la littérature des nègres ou recherches sur leurs facultés intelectuelles…, qui lui assura reconnaissance et célébrité. L'ouvrage fit l'objet en 1809 d'une traduction allemande et en 1810 d'une version anglaise publiée à Brooklyn par Thomas Kirk. Il y expose que " les recherches les plus approfondies prouvent invinciblement que l'organisation humaine, malgré les différences de couleurs jaune, cuivré, noir et blanche, est une et que les nègres constituent sous une peau différente une espèce identique à la nôtre ", constat difficile à admettre par l'Empire. Le livre lui valut quelques inimitiés, notamment de la part de Richard de Tussac qui publia anonymement, sous le titre Le Cri des Colons, une violente critique dirigée contre l'ouvrage. Est relié avec : MILIZIA. De l'art de voir dans les beaux-arts. Paris, Bernard, An 6, in-8° de 4 ff. et 316 pp. Bel exemplaire. Provenance : L.M. Waille ; Mr. Lieffroy. Sabin, 7-8, 288727 ; Monglond, “La France Révolutionnaire et Impériale”, VII, 1808 ; Grégoire, Œuvres, 1977, préface d'Albert Soboul.
33. S TAËL (Madame de). Corinne ou l'Italie. Paris, A la librairie Stéréotipe, chez H. Nicolle, 1807, 2 vol. in-8°, veau raciné, roulette florale et filet au pointillé dorés autour des plats, dos lisses ornés à fond criblé, tranches mouchetées (reliure de l'époque). Edition originale. 38
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"Portée par le succès de ses précédents ouvrages De la littérature et Delphine, Corinne ou l'Italie aura un retentissement considérable ; roman d'amour servant de fil directeur à un guide artistique et littéraire, à une étude sociale et politique, il attendrit ou fit réfléchir, il enchanta ou heurta. Mme de Stael ne se contenta pas d'admirer les vestiges d'un passé grandiose ; elle pressentit dès lors le réveil de l'Italie ; son livre est une incitation à la liberté dans l'indépendance qui devait choquer Napoléon." A l'exception de ce dernier et de Prosper de Barante, Corinne eut la faveur du public et valut à son auteur une renommée presque internationnale. Le destin de Corinne a ému les coeurs et fixa l'image floue du romantisme en montrant que l'on pouvait mourir d'amour et qu'une femme d'esprit supérieur rencontre rarement un homme capable de la comprendre, idée qui séduira les femmes et ranimera leur amour-propre. C'est en ça que Corinne s'inscrit dans l'histoire littéraire du féminisme français. Bel exemplaire dans d'élégantes reliures strictement d'époque. Rare dans cette condition. Provenance : Feltrinelli.
34. V IGNY (A. de). Le More de Venise. Othello. Paris, Le Vasseur, 1830, in-8°, demi-veau parme, dos à nerfs orné de fers romantiques, tranches marbrées (reliure de l'époque). Edition originale. Jouée pour la première fois le 24 octobre 1829 à la comédie française, cette pièce revêt un caractère particulier dans l'histoire du théâtre français, puisqu'elle est la première apparition sur la scène française du théâtre de Shakespeare. D'autre part elle occupe une place prépondérante dans l'oeuvre de Vigny, ce dernier la présentant comme le premier manifeste du théâtre moderne. Accueillie avec succès par le public et la presse, la pièce suscita néanmoins une vive bataille entre Classiques et Romantiques. On peut lire dans les Mémoires de Dumas le compte rendu de cette soirée : " malgré une violente opposition, Othello réussit ". Vigny créa le rôle d'Othello pour Johanny, celui de Iago, après avoir été aidé par Charles M. Young, pour Periez, et celui de Desdemona pour Mademoiselle Mars. Il confia la réalisation de la pièce au Baron Taylor. Exemplaire offert par Vigny à Mademoiselle Mars (1779-1847). Il porte sur le feuillet de garde cet envoi autographe : Mademoiselle Mars Témoignage d'une admira[tion] sans bornes. Pressentie déjà dans le rôle de Juliette dans Roméo et Juliette, pièce qui ne vit pas le jour, Vigny confia à la grande actrice, celui de Desdemona, car elle était la seule à ses yeux capable d'assurer la victoire de la pièce. Sa belle guerrière, ainsi prénomme-t-il affectueusement Mlle Mars, remporta les suffrages de tous les journaux, même de ceux qui n'étaient pas favorables aux Romantiques. Malgré ce franc succès, Marie Dorval l'éclipsa l'année suivante aux yeux de Vigny. Sociétaire de la Comédie-Française dès 1795, Anne-Françoise Boutet, dit Mademoiselle Mars, y créa 109 rôles, aussi bien dans l'ancien répertoire que dans le nouveau. Séduisante et spirituelle, elle était animée d'un goût certain qui donna à Paris pendant trente ans, le ton de la mode aux femme élégantes. Nous avons retrouvé deux autres ouvrages offerts par Vigny à Mademoiselle Mars, l'un ayant figuré à la vente de la bibliothèque Guérin (Cat., 1985, n° 105), puis Sickles (Cat. I, 1989, n° 226), le second provenant des bibliothèques Von Hirsh (Cat., 1978, n° 280) et Sickles (Cat. I, 1989, n° 221). Notre exemplaire est cité par Vicaire (VII, 1056-57), et par les auteurs de la correspondance de Vigny (T.I, 1816-juillet 1830, p.374, note 1). Un petit compte rendu de l'époque, dans lequel est cité le livre, a été inséré dans le volume. Petit défauts à la reliure, qui n'altèrent en rien l'intérêt de l'exemplaire. Exposition : Bibliothèque Nationale, Le Romantisme, 1930. Provenances : Mademoiselle Mars (Cat., 1874, n° 68) ; Lecouturier ; Gillet. 39
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35. D AUMIER (H.). Emotions Parisiennes - Vulgarités - Sentiments et Passions. Paris, Aubert-Bauger, s.d., [1839-1842 ; 1841-1842 ; 1841], gr. in-4° (343 x 265 mm.), demibasane prune à la bradel, à coins, plats de papier chagriné avec étiquette de titre, dos lisse muet, tranches lisses (reliure du XIXe siècle). L'interdiction de la caricature politique en septembre 1835 entraîna la reconversion de Daumier (1808-1879) vers la caricature de moeurs. Parmi ces scènes de genre, plusieurs suites dont Emotions Parisiennes, présentent “des tableaux parisiens qui se rattachent à la tradition littéraire, toujours vivace, du Tableau de Paris de Louis Sébastien Mercier, tout en annonçant l'inspiration des poèmes en prose baudelairiens”. Les épreuves avant la lettre n'existent en général qu'à un ou deux exemplaires, exceptionnellement trois. I. Emotions Parisiennes. Suite de 51 lithographies originales en noir, sur blanc, publiées dans le Charivari (2 juin 1839 - 26 novembre 1842) sauf la planche 2 parue antérieurement dans le Figaro, et les planches 34 à 40 dans la Caricature. Les planches 41 à 46, avant d'être insérés dans les Emotions Parisiennes, ont fait partie d'une autre série : Les Parisiens. Cet ensemble ne semble pas avoir été l'objet d'un Album. Delteil, III, 684-728 ; 754-759. Les planches sont du tirage final, excepté celles que nous décrivons : 8. Cabriolet là M'sieu… 1839. 2e état/3. 20. Ah bas !… le locataire… 1839. 2e état/3. Rare. 24. Ah !… excusez. 1840. 2e état/3. Rare. 26. Chapeau Ballon de la fabrique… 1840. 2e état/2. Très rare. 40
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28. En te v'la mon pauvre fieu ! Comme te vla… 1840. 2e état/2. Rare. 30. Le Médecin et la garde malade… 1840. Etat intermédiaire (2 et 3), non décrit. 31. Saisissement. 1840. 2e état/3. 33. Nouveau parapluie, par Brevet d'invention. 1840. 3e état/4. 34. Un Monsieur au dessous de ses affaires. 1841. 4e état/5. 35. Ingrate patrie, tu n'auras… 1840. 5e état/6. 47. Ma patrie, à moi ? … 1842. 2e état/3. 48. Le président, vous avez eu des… 1842. 2e état/3. 49. Cocher, êtes-vous loué ?… 1842. 2e état/3. 50. Une victime des Factions. 1842. 2e état/3. II. Vulgarités. Suite de 10 lithographies originales en noir, sur blanc, numérotées et publiées dans le Charivari (février 1841- mai 1842) et dans La Caricature (février 1841 - septembre 1841). Delteil, III, 905914. 1. Onze degrés centigrades. 1841. 3e état/4. 2. Cré nom ! elles… 1841. 3e état/3. 3. Allons ! Mon jeune ami, une bonne poignée… 1841. 2e état/3. 4. Ne laissez donc pas votre ami… 1841. 3e état/3. 5. Ah ! Fouchtrrrra !… Ma femme. 1841. 3e état/3. 6. Est-ce vous ou monsieur votre frère… 1841. 3e état/4. Rare. 7. Vous viendrez dîner, ma femme soupe en ville… 1841. 4e état/4. 8. Ne m'en parlez pas, ça fait pitié… 1841. 3e état/3. Assez rare. 9. Où ça bourgeois ? C'est-il à l'heure ou… 1841. 3e état/3. 41
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10. Vous mon ami ! Comment vous savez… 1842. 3e état/5. III. Sentiments et Passions. Série de 4 lithographies originales en noir, sur blanc, numérotées et publiées dans le Charivari (juin 1840- mai 1841), seule la première figure ici. Delteil, III, 799-802. 1. Ce monsieur au sortir de l'Estaminet. 1841. 2e état/2. Recueil de 62 planches à belles marges et d'un très beau tirage. Petite restauration en marge des pl. 8, 9, 9 bis et 47 (Emotions Parisiennes) et pl. I (Vulgarités). Provenance : Au verso de la pl. 9bis (Emotions Parisiennes), figure le cachet noir [AB]de André Bloch, qui avait réuni l'une des plus importantes collections d'estampes de Daumier, d'environ 2000 lithographies dont 200 épreuves d'essai sur papier mince. Il décèda en 1947. [...], Daumier, 1808-1879, Musées nationaux, 2000, n° 86 ; Adhemar, H. Daumier, p. 26 (“l'année 40 est pour lui une année de production intensive, et un des sommets de son oeuvre lithographiée. Il est en pleine forme, en pleine maîtrise de son talent”.) ; Lugt, Marques de Collections, Supplément, 68a.
36. CUSTINE (A. de). La Russie en 1839. Paris, Amyot, 1843, 4 vol. in-8°, demi-veau vert, dos à nerfs finement ornés, tranches mouchetées (reliure de l'époque). Edition originale de ce livre essentiel dans l'histoire de la littérature politique. Il constitue en quelque sorte le pendant de La Démocratie en Amérique, plaidoyer pour la démocratie absolue. L'ouvrage, itinéraire à travers la Russie de Nicolas premier, décrit le terrible et singulier gouvernement du Tsar et sa discipline de fer appliquée par la police. Un tableau généalogique replié hors-texte, “Princes et princesses de Brunswick”. Bel exemplaire. Les dos sont très légèrement plus clairs.
37. VERLAINE (P.). Fêtes galantes. Paris, Lemerre, 1869, in-12, maroquin havane, en marge des plats un jeu de chevrons dorés, dos lisse orné, bordure intérieure de même maroquin, couverture et dos, non rogné (J. Anthoine Legrain). Edition originale. Publié à compte d'auteur, ce deuxième recueil de poèmes rend hommage aux poètes galants du XVIIIe siècle. Peu apprécié du public, il suscita l'enthousiasme de Banville, qui le qualifia dans le National d'avril 1969, de “petit livre de magicien ”. Bel exemplaire, relié sur brochure. 42
36 - CUSTINE
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38. V ERLAINE (P.). Sagesse. Paris, Société générale de librairie catholique, 1881, in-8°, maroquin janséniste bleu, dos à nerfs pincés, doublure de maroquin bleu ciel sertie d'un filet doré, gardes de soie moirée bleue, tranches dorées sur témoins, couverture et dos, chemise, étui (P.L. Martin). Edition originale de ce recueil capital dans l'oeuvre du poète, constitué de 47 poèmes d'inspiration mystique. Sept furent écrits durant son emprisonnement à Mons. Il n'y a pas eu de tirage sur grand papier. D'après une confidence de Verlaine, seuls huit recueils furent vendus lors de la mise en librairie d'où la très grande rareté des exemplaires reliés à l'époque. Superbe exemplaire, à grandes marges, dans une élégante reliure doublée de P.L. Martin.
39. TOULOUSE-LAUTREC (H. de) & CLEMENCEAU (G.). Au pied du Sinaï. Paris, Floury, 1898, in-4°, broché, couverture illustrée, boîte. 10 lithographies originales en noir à pleines pages, une en quatre couleurs pour la couverture, cinq culs-delampe en simili d'après des dessins. Ce recueil de nouvelles, qui paraissent ici en édition originale, prêtèrent à confusion. Toulouse-Lautrec fut le premier à s'y méprendre. La lecture des deux premières histoires lui laissa un sentiment étrange dont il s'entretint avec sa mère. Dans une lettre adressée à cette dernière, vers mai 1897, il lui annonça qu'il travaillait à un projet d'illustration d'un texte dirigé " contre les Juifs ", qu'il corrigea plus tard par " sur les Juifs " après que Clémenceau lui ait confié les quatre autres nouvelles où l'auteur manifeste sans ambiguité un intérêt et une sympathie pour la communauté. Faut-il rappeler que le futur homme d'Etat fit paraître entre novembre 1897 et novembre 1901, pas moins de six cent soixante articles de presse en faveur d'Alfred Dreyfus, demandant notamment une révision de son procès. Toulouse-Lautrec afin de s'imprégner de l'ambiance de ces nouvelles, arpenta les trottoirs du quartier de la Tournelle. L'artiste s'en inspira pour dessiner ces planches au ton sombre. Tirage limité à 380 exemplaires ; celui-ci est sur vélin d'Arches avec deux suites des lithographies, sur papier de Chine en couleur, et sur vélin en noir. Provenance : David P.Becker. W. Wittock, Catalogue complet des estampes, Paris, 1985, n° 187-201 ; Chapon, Le Peintre et le Livre, p. 43 ; Rauch, Les Peintres et le Livre, 16 ; Coron, Des Livres rares depuis l'invention de l'imprimerie, 210.
40. JACOB (M.) & GRIS (J.). Ne Coupez pas Mademoiselle ou les erreurs des P.T.T. Paris, Galerie Simon, 1921, in-4°, broché, couverture. Premier livre illustré de gravures originales par Juan Gris, et premier ouvrage publié par Kahnweiler contenant des lithographies. 4 lithographies en couleurs accompagnent ce conte philosophique ici en édition originale. Tirage limité à 110 exemplaires, tous sur vélin de Hollande, signés par l’artiste et l’auteur. Couverture légèrement jaunie. D.-H. Kahnweiler, Centre Georges Pompidou, p. 180 ; Chapon, Le livre et le Peintre, pp. 108-110 ; A Century of Artists Books, Museum of Modern Art, New York, p. 173. 43
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41. DINSDALE (A.). Television Seeing by Wireless. London, Sir Isaac Pitman & Son, 1926, in-12 (181 x 122 mm.), broché, couverture, jaquette illustrée. Edition originale du premier livre consacré à la télévision. L'auteur décrit les problèmes techniques auxquels furent confrontés les premiers chercheurs comme Jan van Szczpanik, Boris Losing, Denoys von Mihaly… et ce jusqu'en 1926. Mais il s'intéresse surtout aux travaux de l'écossais John Logie Baird (1888-1946), qui fut le premier à produire des images télévisées. En poursuivant ces recherches, ce pionnier de la télévision, ouvrit des voies qui amenèrent à la télévision radiodiffusée dont les débuts pour le grand public se firent à Londres en 1936 sur la BBC, sous la direction d'Isaac Shoenberg. Un portrait de Baird et 11 planches hors-texte, dont l'une représente "the first photograph ever taken by television". La fragile jaquette, qui est ici doublée, présente comme toujours quelques défauts.
42. ESNAULT-PELTERIE (R.). L'exploration par fusée de la très haute atmosphère et la possibilité des voyages interplanétaires. Paris, Société Astronomique de France, 1928, in-8°, plats de carbone-kévlar ton sur ton, pièces angulaires de même matière, jaunes et noires, pièces de lanières noir et rouge rivetées, dos moulé de kevlar rouge et noir, lanières en tissage de carbone et cuivre, gardes de nubuck rouge, couverture et dos, étui (J. de Gonet, 2001). 44
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42 - ESNAULT-PELTERIE
Edition originale de ce texte qui avait fait l'objet d'une prébublication dans le Bulletin de la Société Astronomique de France de Mars 1928. L'auteur présente ici ses travaux sur les fusées comme moyen d'exploration de la très haute atmosphère et la possibilité de voyages interplanétaires, étape préfigurant sa théorie sur la navigation par inertie, qu'il publiera en 1930 dans l'Astronautique. Le texte fit au préalable l'objet d'une conférence prononcée le 8 juin 1927 devant l'assemblée de la Société Astronomique de France. Il est ici précédé d'une préface du Général Ferrié, membre de l'Institut, qui se livre à un rapide travail de biographe, présentant les écrivains et scientifiques qui, comme l'auteur, ont caressé le doux projet du voyage interplanétaire : Lucien, Cyrano de Bergerac, Wells, Jules Verne, Eyraud, le docteur Bing, le professeur américain Goddard… puis conclut sur les travaux précurseurs d'Esnault-Pelterie : invention du “manche à balais”, monoplan à moteur à l'avant, … Hommage de l'auteur en tête de la page 1. Innovante reliure de Jean de Gonet. Norman, I, 714 ; Leys, Rockets, pp.117 ; Von Braun & Ordway, p. 75 ; Falque, En Français dans le texte, 362. 45
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43. HOUVILLE (G. d'). Le Diadème de Flore. Paris, Société d'Edition Le livre, 1928, in-8°, maroquin vert clair, semis de roses mosaïquées de maroquin de même couleur sur fond de filets à froid et dorés, décor se prolongeant au dos, bordure intérieure de même maroquin, doublure et gardes de soie moirée vieux rose, couverture et dos, tranches dorées sur témoins, chemise, étui (Georges Cretté). Edition originale. Recueil de textes en prose, un peu à l'imitation des blasons de fleurs du XVIe, où l'auteur Marie de Heredia, connue sous le pseudonyme de Gérard d'Houville, célèbre à chaque page l'une d'entre elles : tulipe, ancolie, iris noir, coquelicot, lilas de Perse, iris mauve, aubepine, lys, tulipe perroquet… Le Blason tel qu'on l'entend au seizième siècle est un genre poétique ou l'auteur s'attache à décrire un être ou un objet sur le ton de l'éloge ou du blâme. Marie de Hérédia fit de nouveau appel à l'illustrateur Marty, avec lequel elle avait déjà travaillé en 1926 à une édition du Séducteur. Ils réalisent ici leur plus beau livre. Marty dessina pour l'occasion 40 illustrations en couleurs dont il confia l'interprétation sur bois à Georges Beltrand. Tirage limité à 280 exemplaires ; celui-ci est l'un des 25 exemplaires sur Hollande van Gelder Zonen contenant : - une suite des bois en couleurs sur Japon impérial, soit 40 pl. - une suite d'épreuves de la décomposition des couleurs du frontispice sur Japon blanc à la forme, soit 9 pl. Seule et unique reliure sur cet ouvrage de Georges Cretté. Provenances : Blaizot ; Sutton Place Foundation. M. Garrigou, Georges Cretté, n° 237. 46
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44. P HILIPPE (Ch.-L.). Bubu de Montparnasse. [Lyon], Les XXX, 1929, in-4°, plats et dos ornés de bandes de box bleu, crème, noir et anthracite, et de maroquin noir, disposées obliquement et parallèlement, sur les bandes de box crème motifs concentriques de box noir et gris anthracite, dos orné du titre en lettres de box crème souligné de filets palladium, doublure de daim bleu roi, gardes de daim bleu nuit, couverture et dos, chemise, étui (Creuzevault). 68 eaux-fortes originales de Dunoyer de Segonzac. Tirage limité à 130 exemplaires, tous sur vélin d'Arches ; celui-ci est enrichi : - d'un dessin original à la plume, rehaussé au lavis, signé. "Etude pour Bubu". 12,5 x 14,9 cm. - d'une des 60 suites des eaux-fortes. Intéressante reliure mosaïquée de Creuzevault, dont le décor évoque l'accordéon et les bals populaires. Elle fut probablement exécutée dans les années 40. A notre connaissance, le praticien en réalisa une seconde mais sur le thème de la bouteille. Elle est reproduite dans l'ouvrage de Duncan (La Reliure en France, Art Nouveau-Art Déco, 1880-1940, p. 80). Non-citée par Colette Creuzevault, elle est en parfaite condition. Provenance : collection privée. [...], Henri Creuzevault, Relieur, Musée des Arts Décoratifs de Bordeaux, 1984, p. 27. 47
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45. DAUDET (A.) & DUFY (R.). Aventures prodigieuses de Tartarin de Tarascon. Paris, Picta et Scripta, 1931, in-4°, maroquin fauve, plats et dos ornés d'un décor à répétition superposant des fers dorés et à froid figurant une tête de lion, dos lisse orné, doublure et gardes de soie à motifs végétaux sur fond or, couverture et dos, tranches dorées, chemise, étui (G. Cretté, succ. de Marius Michel). Premier livre important, illustré par un peintre, de lithographies originales en couleurs. L'illustration se compose de 107 figures de Dufy dans le texte, et de 34 lettrines historiées. Tirage unique à 130 exemplaires, tous sur vélin de Rives ; celui-ci est enrichi de l'épreuve d'essai des pages 5 à 12. Reliure exécutée dans les années 45 par Cretté avec des fers spécialement dessinés par Raoul Dufy. Cretté réutilisa à quatre reprises ces fers pour des commandes. Les soies de la doublure et des gardes ont été réalisées dans les ateliers de Bianchini Férier d'après les cartons du peintre. Provenance : collection privée. 48
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46 - Morand
Exposition : [...], Cinquantenaire de la société des bibliophiles et iconophiles de Belgique, Bibliothèque Albert 1er, 1960, n° 182. Artist & The Book, 94 ; Perez-Tibi, Dufy, 141-142 ; Rauch, 48 ; Skira, 109 ; Garrigou, Georges Cretté, n° 129 ; Esmérian (Cat. V, 1974, n° 31).
46. M ORAND (P.). Paysages méditerranéens. Paris, F.L. Schmied, 1933, in-4° (262 x 185 mm.), maroquin havane, premier plat orné d'un décor géométrique de filets dorés et de bandes de maroquin vieux rose, l'ensemble s'entrecroisant, réserve centrale évidée encadrant un laque de Dunand, second plat divisé horizontalement par un listel de maroquin vieux rose, dos lisse, bordure intérieure de maroquin orné de même, doublure et gardes de soie moirée prune, couverture, tranches dorées sur témoins, chemise, étui (F.L. Schmied Del., Jean Dunand Laqueur, G. Cretté Succ. de Marius Michel). Edition originale de ce recueil de textes, récits de voyages décrivant les principaux sites et îles de la Méditerranée : Marseille, Toulon, Nice, Villefranche-sur-Mer, La Corse, Barcelonne, Les Baléares, Cadix, Tanger, Alger, Oran, Tunis, Syracuse, Naples, Gênes, Brindisi, Le Pirée, Athènes, Egine, Mont-Athos, Nauplie, les côtes de Beyrouth à la Palestine et d'Alexandrie au Caire. 49
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La réunion de deux voyageurs, Schmied et Morand, ne pouvait donner naissance qu'à un livre réussi et lumineux. Schmied, en associant une mise en page et une typographie aérées et classiques, avec des illustrations aux couleurs vives, a su parfaitement rendre cette lumière si propre au monde méditerranéen. L'iconographie, dessinée et interprétée sur bois par Schmied, avec l'assistance de son fils Théo, se compose de 55 illustrations en couleurs, de 10 bandeaux et 3 bout de lignes. Tirage limité à 110 exemplaires ; celui-ci a été enrichi : - d'une aquarelle de Schmied, à réhauts argentés. "La Vague". 10,2 x 6,2 cm. - d'une des rares suites en couleurs sur japon mince, soit 62 planches. - d'une des rares suites en noir sur japon mince, soit 57 planches. - d'un E.A. de Schmied au docteur Lucien-Graux, daté 1937. Selon son habitude, Schmied confia l'exécution de cette reliure à Cretté, et à son ami Jean Dunand le soin de réaliser, d'après un de ces dessins, un laque avec incrustation de coquille d'oeufs, que le praticien a enchassé sur le premier plat. Provenance : Lucien-Graux (Cat., I, 1956, n° 248) ; Sutton Place Foundation. Comme Henri Vever, Amedée Baumgartner, Louis Barthou ou Jacques André, le docteur Lucien-Graux fut l'un des premiers bibliophiles de l'époque à acquérir des ouvrages illustrés par Schmied, reliés d'après ses maquettes et ornés de laques de Jean Dunand. Nasti, Schmied, p.189 ; Fr.-L. Schmied, Le Texte en sa splendeur, pp. 29-33 ; Marcilhac, Jean Dunand, Vie et Oeuvre, pp.185-186 ; Duncan & de Bartha, La Reliure en France, Art nouveau-Art déco, 1880-1940, n° 86 avec reproduction.
47. F AUTRIER (J.) & GANZO (R.). Lespugue. [Paris, Les Auteurs], 1942, in-4° oblong (290 x 355 mm.), en ff., couverture, cristal d'origine. Premier livre illustré par Fautrier, précédé d'un projet qui ne vit jamais le jour. Dans les années trente, Malraux, qui travaillait pour Gallimard, proposa au peintre d'illustrer un ouvrage de son choix. Fautrier choisit les Illuminations de Rimbaud, mais y renonça et se prononça pour l'Enfer de Dante. L'ouvrage ne fut finalement jamais édité, seuls les lithographies firent l'objet d'une exposition à la galerie de la NRF. L'année 1940 marqua le retour du peintre à Paris. Il se lia alors avec Paulhan, Char, Ganzo, Ponge et Eluard dont il illustra les oeuvres. Dans ce premier livre, Ganzo et Fautrier établissent un dialogue sur le thème de la femme, inspiré de la “Vénus de Lespugue” ou “Dame de Lespugue”, statuette féminine en ivoire de mamouth, découverte en Haute-Garonne et aujourd'hui conservée au musée de l'Homme. Pour accompagner ces poèmes, le peintre dessina 11 lithographies en couleurs, la plupart représentant des nus allongés. Il en confia l'impression à Mourlot. Tirage limité à 123 exemplaire, tous signés par Ganzo et Fautrier ; celui-ci est l'un des 90 sur papier de Chine. Yves Peyré, Peinture et Poésie, p.134 et 174 ; Mason, Cabinet des Estampes, Genève, 1986, 74 à 84 ; Musée d'art moderne de la Ville de Paris, Fautrier, 1898-1964, p.184, n° 213 ; Musée de la vie romantique, André Malraux et la Modernité, pp.73-77.
48. ALBIN-GUILLOT (L.) & MONTHERLANT (H. de). La déesse Cypris. Paris, Colas et Rousseau, 1946, petit in-folio, en ff., couverture, étui. Edition originale. 12 études de nus par Laure Albin-Guillot. Tirage limité à 250 exemplaires, tous sur vélin blanc des papeteries de Lana ; celui-ci est l'un des 190 comportant les photographies gravées sur cuivre et tirées à la presse à bas. Les nues sont donc imprimés en taille-douce comme des eaux-fortes, technique donnant aux noirs une qualité, que nul autre procédé permet d’obtenir. A. Sinibaldi-Couturier, Regards sur un siècle de photographie à travers le Livre, 86. 50
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47 - Fautrier
49. DUBUFFET (J.) & BENOIT (P.A.). Oreilles gardées. Paris-Arles, PAB, 1962, in-4° carré, en ff., couverture illustrée. Edition originale. L'année 1962 marqua le début de la collaboration entre Dubuffet et Pierre André-Benoit qui établirent un programme de quatre publications : la Lunette Farcie en utilisant des lettres de caoutchouc, Tremolo sur l'oeil, Mordicus, recueil de poèmes de Kay Sage, et Oreilles gardées. Composée comme Mordicus en lettres de caoutchouc, l'impression de ce texte de Pierre André Benoit fut confiée à l'Imprimerie Union. Dubuffet réalisa pour l'occasion 13 illustrations. Tirage limité à 350 exemplaires ; celui-ci est l'un des quelques attrape-oreilles, signés par l'éditeur. Imprimé sur papier polychrome, il fut offert par l'auteur-éditeur à l'imprimeur :
S. Webel, L'oeuvre gravé et les livres illustrés par Jean Dubuffet, II, 918 à 932 ; Antoine Coron, Le Fruit donné, p. 44 et 45 ; D. Abadie, Catalogue de l'exposition “Jean Dubuffet”, p. 389 ; Arenthon, J. Dubuffet, Les livres illustrés, 28. 51
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50.
D UBUFFET (J.) & PAULHAN (J.). La métromanie ou les dessous de la capitale. Paris, E. et J. Desjobert, 1949, in-8° (220 x 209 mm.), reliure en toile sable, sur le premier plat titre de l'ouvrage en lettres dorées, non rogné. Edition originale. Le texte et les 59 illustrations de Dubuffet ont été tracés au roseau taillé et à l'encre lithographique sur du papier report, puis reportés sur pierre. De septembre à décembre 1949, Dubuffet réalisa ces dessins sur le thème du métro pour accompagner le texte de Paulhan, La Métromanie ou les dessous de la capitale, inspiré des gouaches réalisées par le peintre en 1943. Envouté par l'atmosphère du métro parisien, il élabora cette série d'illustrations avec un regard différent et neuf : " Je travaille assidûment à calligraphier entièrement et orner le texte de Jean Paulhan sur le métro… Ces dessins m'intéressent beaucoup et je les fais avec grand entrain… Je rôde souvent dans le métro avec grand enchantement. Quel lieu étrange. " (Lettre à J. Berne, 6 nov. [1949], Notes P II, p.434). Le livre sera présenté à la galerie Nina Dausset, du 4 au 24 février 1950. Tirage limité à 150 exemplaires, numérotés. Exemplaire relié dans un cartonnage d'édition recouvert de toile de couleur beige. Il est très frais et non rogné. Il s'agit d'un exemplaire non annoncé à la justification, peut-être imprimé sur papier de chiffon à la main A.G. Chabrol, teinté de jaune. Joint : Affiche photolithographiée sur papier rose, pour l'exposition à la galerie Nina Dausset, du 4 au 24 février 1950. Sophie Webel annonce un tirage à nombre restreint d'exemplaires, tous sur même papier. Webel, L'oeuvre gravé et les livres illustrés par Jean Dubuffet, I, 174 à 264 ; Arenthon, J. Dubuffet, Les Livres Illustrés, 9.
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