PRESS BOOK (Ceci n’est pas un livre)
PRESS BOOK Erreur Système présente
(Ceci n’est pas un livre)
de Mathieu Goguel © Erreur Système, 2009 Dépôt légal : mars 2009 ISBN : 978-2-9532800-0-5 En application de la loi du 11 mars 1957, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’éditeur ou du Centre français d’exploitation du droit de copie est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle. www.erreursysteme.fr
DU MEME AUTEUR
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.Déjà parus aux Editions Terre de Brume. .Dans la collection Granit Noir. .Danger public ! (mars 2003). .Roulez jeunesse ! (mars 2004). .Délivre-moi du mal ! (septembre 2005).
Plus d’informations sur www.erreursysteme.fr
Merci à tous ceux qui m’ont aidé à écrire ce livre – si tant est que cela en soit un : Françoise Ben Zenou, Thierry Brun, Alix Delamarre, Fabrice Del Taglia, Esope le chat, Cécile Etienne, Isabelle Fiemeyer, Stéphane Fougère, Jean-Christophe Lépissier, Pierre Méon, Christophe Parat, Rachel Pfleger, Dominique Poisson, Assia Quetin, François Raoul-Duval, Sébastien Ripari. Mention particulière à ma première lectrice, Sophie Ruch-Henné, sans l’aide de laquelle je ne serais jamais arrivé au bout de ce projet sans fin, ainsi qu’à pour la création graphique de cet ouvrage qui va bien au delà de mes rêves les plus ous.
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À FRANÇOIS CORCKET , VINCENT GEANTY, JEAN-BAPTISTE LE HUCHER & PASCAL SAVINI, FONDATEURS D’AVANCENET EN TEMOIGNAGE DE MA GRATITUDE
Un auteur discute avec son double.
L’auteur :
Qu’est-ce qui est mieux qu’un livre ? Son double :
Deux livres ?
AVANT PROPOS THE
L’auteur :
Non, un livre qui fait parler de lui.
(The Doors, 19
END
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Et qu’est-ce qui est mieux qu’un livre qui fait parler de lui ? Son double :
Deux livres qui font parler d’eux ? L’auteur :
Non, un seul, mais qui ferait parler de nous jusqu’à la fin des temps .
This is the end Beautiful friend This is the end My only friend, the end Of our elaborate plans, the end Of everything that stands, the end No safety or surprise, the end I’ll never look into your eyes... again
ESPRIT LIMIN
AIRE
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L’Auteur Néant (19
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Au commencement Il n’y avait rien Ni Dieu, ni maître Zéro avant l’heure Rien que le verbe D’un avenir radieux Pas encore écrit Mais envisagé Par le tout-Puissant Qui le précédait Au fond du trou noir De ses origines Signé
Auteur Anonyme - Collection privée – Reproduction interdite
.. . . .
Divine surprise ! Bien
rangé dans sa boîte, l’égo jaillit comme un beau diable !
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re. Entre êtaraître,. et ne p choix.. c’est le ie qui. d’une vchappe !. nous é
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L’iNCONNU( E) d e l a re n t r é e en reconnaissan t avoir investi «une somme d’a rgent à plusieurs zéro s dans l’acquisition d’u n manuscrit explosif signé pa r un auteur prometteur», d ont il entend cependant prés erver l’anonym at jusqu’à la sortie de son livre, pr ogrammée à la prochaine re ntrée. Un message fort adressé aux marchés qu i n’a cependant écemment pas suscité l’ent housiasme nommé à la tête du personne l de la maison, des Editions apparemment éc hau Alpha, la drastique rédu dé par Pierre-Alain D ction des coûts esrives n’aura opérée par le no pas attendu long uveau directeur temps pour d’Alpha depuis réaliser l’un de son arrivée. ces «coups éditoriaux» don t il a le secret. Alors qu’on pen sait sa marge de manoeuvre réduite par la mauvaise situat ion financière d e la maison, l’édit eur parisien vient de prendre tous les observateurs à contre-pied
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t r a ’ l e D du ou hon ?TE A coc BE ONRT GCOU
De quelle ma est constitu tière inédite é d’un jeun dont les E le manuscrit e rom ditions Alp d ébutant, in ancier ha viennent time du n d’a directeur ouve Et pourqu cquérir les droits ? d e s Editions A au oi un tel m N o lpha ? mmé il y ystère autour de a quelque l’identité la s m tê ois à te d d e son e la maiso auteur ? L n d’éditio e montan P ie r r e n, -Alain t de l’à-valoir consenti à aujourd’h Desrives semble ce dernier serait si é u i cristallis levé (on p er su lui toutes arle d’une somme à le s inquiétud r cinq zéros s e es de s salariés ) qu suppositio qui lui re ns vont bo e les p par l’inte n train, y compris rmédiaire rochent, au sein de de leurs s y n d ic ats, sa str la maison A a té lpha où le gie éditoriale se est soigne à haut ris usement g cret que. « C ompte ten ard S’agit-il d u de la so ’un écriva é. v mm ersée», com in réputé, importan mente l’un e t transfug de leurs r e d’une maison co eprés ncurrente fa taliste, «il entants, , d’une ex-star de n’y a plus la téléréa prix littér qu lité ou, comme ce a ir e qui puis ’un rtaines m a s id e nous er à renta auv langues l’ biliser affirment, aises l’investiss em seulement ent ! Et encore, si le livre est bon !»
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t i a f i u q e Un livr i u l e d r e parl s i o m s r u e i plus e i t r o s a s t n ava e r t ê l i t u e p s i a v u a m aussi qu’attendu
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SI 100% DES AUTEURS ONT TENTE LEUR CHANCE, RARES SONT CEUX QUI ONT GAGNÉ i u q t i r c s u UN PRIX n a m Un ! x i r p e d s a p a ’ n 14
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U N Z E TR P ? R O D E Interrogé
hier par nos confrères de Buzz FM , Pi er re -A dressé un pr la in De sr iv emier bilan es a positif de so des Editions n action à la Alpha. «Nous tê te av ons mangé no a-t-il notamm tre pain noir ent déclaré po », ur justifier le tats de l’anné s mauvais résu e écoulée, impu ltables selon lu heureux de se i aux choix ma s prédécesseur ls, à une mauv économique ai aise conjonct nsi qu’à l’im ur e po rtant effort tion entrepri de restructur s dès son ar ari vé e. Convaincu que velles méthod es ne tarderon «ses nout pas à porter Pi er re -A la in leurs fruits», De sr iv es af fic he un gr an d l’année à ve op ti mi sm e po nir, dont il ur annonce qu’e d’un nouveau lle sera «l’a départ» et ve nnée rr a «l a maison Alph plus d’un ti a innover à tre». Une pe tite phrase laquelle pers sibylline de onne n’aura rrière manqué de di my st ér ie ux ma scerner l’ombr nu sc ri t à 10 e du 0. 00 0 eu ro s qu d’être qualifi i lu i a va lu é en privé de «z ér o de trop» par actionnaires. l’un de ses A peine arrivé , aussitôt déba voilée d’évic rqué ? Une mena tion qui n’a ce pa s empêché l’éd plus détermin iteur parisien é que jamais , à faire entend donner rendez re sa voix, -vous à tous de le s am ateurs de li la prochaine ttérature à rentrée litt éraire, «où sur pièce de l’on pourra la pertinence juger de son invest issement».
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zér e u q s i moin n , s u l Ni p
! e l i g a r F ! Attention se n e p s u s à t i Manuscr r e i n a m À ! éjectable ! n o i t u a c é r avec p
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i-mêm u l e t s ! Ju
Erreur Système ? Vaste programme ! Coup de théâtre aux Ed itions Alpha ! Bien que fraich ement no mmé à la têt e de la pre sti gieuse maison d’édition , PierreAlain Desrives a surpris tous les observateurs en démissi onnant de ses foncti ons à l’o cca sio n du conseil d’administrati on qui se tenait hier à Paris. S’e stimant incapable de redresser un e maison contre le gré de ses actionnaires et de ses syndicats unis da ns le mê me ref us du chan gement, l’éditeur parisie n a jugé qu’Alpha n’était plus le cadre idéal pour accomplir son destin de «passeur de mots» et a fait jouer l’une des clauses lib ératoires de son contrat. À l’or igine de la discorde, le coûteux investissement réalisé en cat imini dans le manuscrit jugé inv endable d’u n au teu r inc on nu qu i
aurait paru à certains incompatible avec la réalisatio n de ses objectifs de rentabilité. S’il n’a pas demandé à toucher de prime de départ, Pierre-Alain De srives ne part pas pour autant les mains vid es de la ma iso n Al ph a puisqu’il emporte dans ses bagages le fameux manuscr it-mystère qui lui a tant coûté. Décidé à off rir sa ch an ce à ce tex te autant qu’à son auteur, il serait, d’après nos sources, sur le point de monter sa propre str ucture d’édition, baptisée Erreu r Système en référence aux conditions de sa création. C’e st sous ce tte no uv ell e ap pe lla tio n contrôlée que les deux ho mmes devraient effectuer la pro chaine renrée littéraire… sauf err eur système ou autre bug admi nistratif bien entendu.
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SECRET-DEFENSE D’EN PARLER À un mois de sa publication, le mystère le plus complet continue de régner autour du fameux et coûteux manuscrit qui a amené Pierre-Alain Desrives à quitter les Éditions Alpha pour monter sa propre maison d’édition, baptisée Erreur Système. Qualifié «d’ultra-sensible», le projet fait l’objet en interne de mesures de sécurité draconiennes. Un seul mot d’ordre : «Rien ne doit filtrer à l’extérieur !». Un black-out total sur l’information justifié, selon son éditeur, par le «contenu du livre, qui aurait beaucoup à perdre si le moindre extrait était publié en avantpremière dans la presse». Un silence radio qui «devrait même se poursuivre au-delà de sa sortie», nous prévient Pierre-Alain Desrives, son auteur ayant d’ores et déjà décrété – et fait spécifier dans son contrat d’édition – qu’il «ne se prêterait à aucune interview afin de ne pas tomber dans la démagogie à laquelle la teneur de son propos littéraire pourrait facilement le conduire s’il était tenté de l’expliquer en détail» (sic). Reste donc à savoir de quoi il parlera pour exprimer une telle crainte que l’on déforme ses propos.
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nnu o c e r t ê à t n a t ne au g a g i u q r dans u e é t h u c a c r Un a e t s e r e de r t t e m r e p e s l i peut vre ? i l n o s e d e r b l’om Livre en
impression /// Éditeur sous pression /// Auteur sous tension
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Anticipez sur la rentrée CHERCHEZ L’ERREUR ! Trouvez le système ! littéraire !
Tirez sur la corde raide et la bobinette cherra !
Est-il possible de parler d’un livre dont le Lui ! sujet n’est autre que l’accueil réservé par la critique à un livre dont le Henri ! Encore ! sujet n’est autre que l’accueil réservé par la critique à un livre dont le sujet n’est autre que l’accueil réservé par la critique à un livre dont le sujet n’est autre que l’accueil réservé par la critique à un livre dont le sujet n’est autre que l’accueil réservé par la critique à un livre dont le sujet n’est autre que l’accueil réservé par la critique à un livre dont le sujet n’est autre que l’accueil réservé par la critique à un livre dont le sujet n’est autre que l’accueil réservé par la critique à un livre… sans se répéter ? «Absolument ! Et même plutôt deux fois qu’une !», nous affirme Mathieu Goguel dans son quatrième ouvrage intitulé Press Book (Ceci n’est pas un livre) dont le sujet n’est autre que l’accueil réservé par la critique à son livre dont le sujet n’est autre que l’accueil réservé par la critique à son livre dont le sujet n’est autre que l’accueil réservé par la critique à son livre dont le sujet n’est autre que l’accueil réservé par la critique à son livre dont le sujet n’est autre que l’accueil réservé par la critique à son livre dont le sujet n’est autre que l’accueil réservé par la critique à son livre… que vient de publier Erreur Système, la nouvelle - et bien nommée -maison d’édition de Pierre-Alain Desrives. Prix public : 19,68 euros
Prenez la critique de court !
Exercice de rentrée
LECON DE CRITIQUE SOMMAIRE Jouons avec les mots ! Saurez-vous relier chacun des 24 adjectifs suivants à sa proposition d’origine sans commettre de contresens ?
Nouvel avis de décès prématuré ou essai prématuré d’une vie nouvelle ?
Il est...
de parler...
absurde aisé autorisé choquant dangereux défendu délicat difficile étrange facile illogique impossible interdit inutile légitime logique marrant mensonger possible prématuré rigolo toléré trompeur utile
du sujet de l’accueil d’un livre par la critique d’un livre dont l’accueil de la critique est le sujet de la critique d’un sujet dont l’accueil est le livre du sujet de la critique de l’accueil d’un livre d’un livre dont la critique de l’accueil est le sujet de la critique d’un livre dont l’accueil est le sujet d’un livre dont le sujet est l’accueil de la critique d’un livre dont le sujet est la critique de l’accueil de l’accueil du sujet dont la critique est le livre d’un livre dont l’accueil est le sujet de la critique de l’accueil du sujet dont le livre est la critique d’un livre sur la critique dont le sujet est l’accueil de la critique d’un livre dont le sujet est l’accueil de l’accueil de la critique dont un livre est le sujet du sujet de la critique d’un livre est l’accueil de l’accueil d’un livre dont la critique est le sujet de la critique de l’accueil du sujet d’un livre du sujet d’un livre dont la critique porte sur l’accueil du sujet de l’accueil par la critique d’un livre de l’accueil de la critique dont le sujet est le livre de la critique de l’accueil d’un livre dont c’est le sujet de la critique d’un sujet du livre dont c’est l’accueil du sujet d’un livre dont l’accueil est la critique de l’accueil d’un livre dont le sujet est la critique
Réponse dans Press Book (Ceci n’est pas un livre) de Mathieu Goguel à paraître chez Erreur Système ou sur www.erreursysteme.fr
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LE NON-EV ENEMENT DE LA RENTREE Ceux qui étaient venus assister à la conférence de presse de rentrée de Pierre-Alain Desrives pour en apprendre plus sur le fameux manuscrit acheté à prix d’or qu’il s’apprête à publier, en ont été pour leurs frais. Intitulé Press Book (Ceci n’est pas un livre) en hommage à la célèbre formule de René Magritte «Ceci n’est pas une pipe», l’ouvrage se situerait, d’après son éditeur, «à mi-chemin entre une fiction réalité, une autobiographie imaginaire, un essai romancé et un témoignage fantasmé». Un programme vaste et flou que l’ancien directeur des Éditions Alpha et fondateur de la nouvelle maison Erreur Système a sagement choisi de ne pas commenter, préférant renvoyer chacun des journalistes présents à la lecture de l’ouvrage. «Press Book vous parlera bien mieux de lui que je ne saurais le faire», a-t-il du reste conclu, énigmatique, sa conférence de presse, laissant l’assemblée méditer seule sur le mystérieux – et désormais illustre – inconnu de la rentrée : Mathieu Goguel.
ATTENTION , UN DOUBLE PEUT EN C ACHER UN AUT
RE !
Un livre qui ne ressemble à aucun autre ? Pas très original comme concept ! Espérons que son auteur se montrera plus inspiré lors de sa sortie !
U n a u te u r q u i n’a p d e co m m e n ce r à esas fin i s d e fa i re p a r l e r d e l uaye r i!
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C
APRÈS GOOGLE / FACEBOOK , VOICI GOGUEL / PRESSBO OK !
SSE P I P E
Mathieu Goguel avait-il toute sa tête lorsqu’il a décidé de soustitrer son quatrième ouvrage «Ceci n’est pas un livre »? Si elle est prise au pied de la lettre, la formule risque en effet de se retourner contre lui en détournant les lecteurs de son ouvrage. Parce «qu’un livre est un suicide différé» (Cioran), il n’y a que deux façons d’interpréter son double titre : soit il s’agit d’un suicide littéraire en bonne et due forme de son auteur, soit celui-ci n’a avenir dans le métier. inexactitude ou Car, que son texte révèle la approximation et la foudre de la critique s’abattra aussitôt sur lui. Déjà, dans l’ombre, échaudés par le bal médiatique artificiellement créé autour du livre avant même sa sortie, les gardiens du temple surréaliste aiguisent leur plume, se préparant à croquer tout cru cet auteur qui s’apprête à vampiriser la pensée du maître pour alimenter la veine de son propos. Espérons qu’il se montrera à la hauteur, sans quoi c’est un lynchage médiatique en règle qui attend Mathieu Goguel.
fort
aucun
moindre
inconnu
Press Book (Ceci n’est pas un livre) de Mathieu Goguel, Erreur Système, 19,68 euros.
Si cela n’est pas de la récupération, je ne sais pas comment il faut l’appeler !
GOGOL PREMIER LE SECOND GOGOL SECOND LE PREMIER ?
OU
JOURNAL D’UN FOU REVISITE PAR SON AUTEUR
OU
?
JOURNAL D’UN AUTEUR REVISITE PAR SON FOU
P U
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Surtout, Surtout, ne ne jamais jamais laisser laisser passer passer une une occasion occasion de de dire dire du du mal bien de de soisoimême. Sinon, perles même. Sinon, journalistes sonne n’y s’en penchargeront à votre sera. place.
E T I C I LSUBLIMINABLE 0
E C N A R E L AV IS 2 TO t, M Déc idém e n
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a it pa rle r a ieu Gogu el s
u x c o n som m
vertu re de er su r la cou
ateu rs,
son quatrièm
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«Ceci n’est ent suivant : m se is rt ve u rs de ook l’a re r les lecte tulé Press B u ti ss in e ra i g o ra u v q u o e qui a de h ez Te rre d Une formule rds p a ru s c ta o pas un liv re». m e d déchiffre r des m ie rs p o la rs s habitués à lu p ses tro is p re n, to re b r liv res sans este éditeu er dans des u q s ri Brume, mod se à u’ nq nt les signalisatio inte rp réte ro i c xu e c t panneaux de n mme o n o e u v re. à savo ir c o ra m m e d e s g ro p ima g e. R este xri p t le ntièm e i c o n stitu e n re r le q ua ra b lé cé e d 19,68 ¤ q u t ée e s nti o n a ffic h Ca r, s i l’ inte
qui a choisi d
e précis
l o s b z é ro a
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le p ri xt o u v rière, e te n ia d tu lte é à desservir e d e la révo tôt de natu re lu a n n ive rsa ir p it ra se e rieux son ouvrag prendre au sé se à il matraque de itra ence e par l’achat Goguel comm ent populair m son propos. ve lè u so u euple et un nouvea u de cas du p e p n qui appelle à ie b e ir t fa ou rtant pas ? Si oui, c’es Ce ne sont p de son liv re t. n a n li c dé t h isto ire ir d’a c ha u e nt da n s l’ q n a de son pouvo m i u q s e ire r un ta rif es h isto ri q u nt pu lui insp les référe n c ie ra u a i u q t pas sûr roléta ria 8 ¤, il n’est ,6 19 récente du p à r, a C . re ur pou r son liv comptoir po plus citoyen n masse au e t n e it p ci re enco ts se p ré ¤ ou -mieux 9 que les clien ,8 17 , ¤ 1 rs qu’à 18,9 re qu’on peut! l’achete r alo ! On a la cultu ré u ss a n o rt it le ca 16,64 ¤, c’éta (Ceci Press Book
livre) n’est pas un
de Mathieu
68 ¤ Système, 19, Goguel, Erreur
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Déjà, ça commence mal, le livre ne démarre pas au quart de page !
De la lecture qui va vite ! 30
CECI N’EST PAS UNE PLAISANTERIE
Signé Mathieu Goguel, auteur confidentiel de romans policiers, Press Book (Ceci n’est pas un livre) que s’apprête à publier Erreur Système pourrait bien venir jouer les outsiders de la rentrée littéraire et de sa traditionnelle course aux prix. Telle semble en tout cas être l’ambition de son éditeur Pierre-Alain Desrives qui n’a pas hésité à présenter l’œuvre de son nouveau protégé comme une «véritable performance artistique qui dépasse le simple cadre de la littérature et fait voler en éclat le format traditionnel du roman contemporain». En témoigne la formule choisie par son auteur, directement inspirée du célèbre «Ceci n’est pas une pipe» du peintre surréaliste René Magritte (La trahison des images, 1928-29) pour offrir un étonnant et contradictoire double titre à son ambitieux – et coûteux – projet littéraire. Press Book (Ceci n’est pas un livre)
Attention, terrain Trop glissant ! vite ?Risque de dérapage
de Mathieu Goguel, Erreur Système, 19,68 €
incontrôlé Accès réservé aux auteurs confirmé
r, u e t u a l’ r u ie s n «Non, Mo davres ne sont pas tous les ca me réchauffés au exquis ! Mê e la critique ! » feu nourri d
LA N O S I H A R T DES MOTS
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Press Book (Ceci n’est pas un livre) de Mathieu Goguel, Erreur Système, 19,68 euros
titres pour ridicule ! Deux le us pl te rê ar On n’ ené Magritte quels titres ! R Et ! re liv ul un se be en apprer dans sa tom ne ur to re se a dû eci n’est pas bre formule «C lè cé sa e qu nant servir de sous adaptée pour it ra se i » ec pe pi (C une s Book e intitulé Pres ag vr ou ez un à ch titre paraître re) qui vient de n’est pas un liv intre surréape le Peut-être e. èm st Sy ur Erre provocateur précié le côté ap il itra au liste oie au décaciation qui renv so as lle te e d’un entation qu’il et et sa représ bj l’o e tr en lage s son œuvre. cliner à traver dé de é it ss ce n’a rtain qu’il aura il n’est pas ce , he nc er va m re m En tation co uteuse exploi do la n vé so ou r pr ap effectue ble décidé à en ciale que sem – en se serie rt so t même sa an av s – ur ite éd pour vanter le exte littéraire ét pr ce un de d’ n nt va la faço n «produit» à mérites de so itaire. vulgaire public
Dites 33
Du Caf é d u C o au Café mmerce il y a plde Flore, barrière us d’une difficile culturell e à f r a nchir si l’on ne du pass dispose eport ad pas équat. G a r s e e a n ux s interdit s! e trôlté ! n o C enti z d’id s pouveter Vouprésenes, me s polic laît vo vous p s’il ?
el ? u g o G u e Mathi d’un l n’a rien sauf les . ittéraire.. ractère a traits de c ance ! v écrits d’a
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igine du bug informatique qui a entraîné de nombreux dysfonctionnements dans le référencement du livre auprès du réseau des libraires. «Déjà qu’il y a près de 800 livres qui sortent à chaque rentrée littéraire», se plaint l’un d’entre eux, confronté à d’importants problèmes de stockage, «si en plus, ils se mettent tous à porter deux titres et que leurs éditeurs nous les envoient systématiquement en double exemplaire pour qu’on les expose dans plusieurs rayons à la fois, le métier va vite devenir impossible !». «Heureusement», tente de relativiser avec humour l’un de ses collègues,
à l’or
Book (Ceci n’est pas un livre), le quatrième opus de Mathieu Goguel, à paraître chez Erreur Système, n’est pas encore sorti en librairie qu’il suscite déjà la polémique. En cause, le refus de son éditeur de cataloguer l’œuvre dans l’une des deux catégories de classement existantes – «romans & fictions» ou «essais & documents» – au prétexte que «Press Book ne saurait se réduire à un genre en particulier puisqu’il emprunte à chacun». Un non-choix
Press
INQUALIFIABLE ! «la demande sur cette référence est déjà très forte ! Tout le monde veut savoir à quoi correspond un tel engouement».
t i a t i r é m e n e t t i r g a M ! a l e c pas 36
Arnaque caractérisée manifeste
Si les mots sont le fluide de la vie, Mathieu Goguel donne un coût sacrilège au prix de la sienne, dont le quatrième ouvrage autobiographique qui est sur le point de paraître chez Erreur Système porte celui d’une révolution, et pas n’importe laquelle: 19,68 euros, s’il vous plaît!!! Provocation gratuite ou emprunt déplacé? Certes, l’étiquette est bien pratique, surtout lorsqu’elle est associée à un double titre aussi provocateur que nihiliste pour former un contreslogan publicitaire de nature à capter l’attention des consommateurs de culture confrontés à un hyper-choix en inversant les codes promotionnels habituellement utilisés dans les grandes surfaces.
Mais réduire la révolte étudiante et ouvrière à un simple prix, tel un Beigbeder de seconde main, relève de la publicité abusive, voire quasiment mensongère. Car, s’il est vrai que «l’aboutissement de toute forme de pensée, c’est le pavé» (slogan de l’époque), l’inverse n’est malheureusement plus aussi vrai depuis que les auteurs se font rémunérer au feuillet rédigé, et non plus à l’idée exprimée. Reste qu’en annonçant la couleur d’entrée de jeu et en prêtant aussi facilement le flanc à la critique par la démesure annoncée de son propos, l’individu pourrait bien faire l’unanimité contre lui dès la sortie de son livre et donner naissance à une nouvelle forme de contre-pensée de masse à son endroit, susceptible de déranger l’ordre établi. A surveiller de près au cas où il se révélerait trop encombrant. Press Book (Ceci n’est pas un livre) de Mathieu Goguel, Erreur Système, 19,68 euros
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PLAIS SOLIT IR A PAR AIRE ENTR TAGER E AM IS
«Le m on de lec de se divis teurs» e en d ,é e année s le ro crivait il y ux catégori es a que manc roi inc ier lqu o réguli ntesté du b Bernard W es èr ox erber, littéra ement érei -office, nté pa ire : «c r la cr eux q et ceu ui itiq x des li qui écoute lisent des l ue vres». nt ceu ivres x qui o Deux aujou cat rd nt autou ’hui suscep égories de lu r du q t l i ecteu b l es de ua rs Gogue l, iron trième ouvr se rassem iquem age d (Ceci b e Mat ler n’ en hi pour c est pas un t intitulé P liv ress B eu e ook de pre qu’il utilise re) s l choix se pour dév e format de narrat elopp la rev er i f u lecteu r, mai visant à n’e son propos e s . x de rat isser qui pourrai clure aucu Un large n auteu – se t bien – à re serait n n’étant l retourner force -c u co homm e d’ailleurs par person ntre son ne. N age q p a s l e e plus ue l’o pensé np be e à prop de René M uisse rendr l e ag o fameu s de sa cél ritte, lequ à la èbre f el affi se pip rmait o e, me rmule reproc l’a :« h bourre ée ! Et pou -t-on asse La rta z r, n’est ma pipe ? nt, pouvez qu’un Non, -vous n e la ’est-c j’avai représ ep sé e une p crit sous m ntation. Do as, elle ip n o lire l’o e", j’aurais n tableau " c si ceci e menti uvrag st e de G !» ? E moye nd ts og surréa e donner r uel était le i ne pas ai li m de s’e ste, ce sera son au pein eilleur n priv it un v tre e rai ga tous l r. Aprè ch es s euros jours que tout, ce n’ is que de tel est pa s’offre sp s nt gra Press tuitem laisirs à 1 Bo 9,68 ent à Gogue ok (Ceci n’e nous ! l, Erre s ur Sys t pas un liv tème, r 19,68 e) de Math ieu euros
Si vous avez compris le début de ce livre, refermez-le, sinon tournez la page !
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U IN D E Q U O B N U R E T ACHE V A U T -I L M IE U X
CONNU
RESSE P E D R U E T U A T CE UTEUR A T E C E D K O O B OU DEUX PRESS
INCO NNU
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PRESSE CITRON Press Book (Ceci n’est pas un livre) de Mathieu Goguel, Erreur Système, 19,68 euros
livres, S’il s’agit d’une manipulation, elle est franchement maladroite. Son éditeur croitil les journalistes suffisamment naïfs pour tomber dans le piège manifeste que constitue le choix du double titre d’inspiration surréaliste du livre de son auteur ? Pierre-Alain Desrives devrait pourtant savoir que ce ne sont pas les titres qui font les
mais les livres qui font les titres lorsque leur qualité est reconnue par les critiques littéraires, ce qui n’est précisément pas encore le cas du premier ouvrage de sa nouvelle maison d’édition. Et pour cause, une erreur semble s’être glissée dans sa liste d’envois presse qui nous a privés – ainsi que nombre de nos confrères – du plaisir de sa découverte. Faut-il donc pour le critiquer,
que nous soyons obligés de l’acheter en librairie ? Ce serait certes une excellente façon d’expérimenter son prix rédhibitoire en conditions réelles, mais faut-il pour autant céder à une telle provocation gratuite de la part d’un éditeur qui semble prêt à tout pour faire parler de lui ?
LE SECRET D’UN LANCEMENT RÉUSSI : NE JAMAIS LAISSER PASSER UNE OCCASION D’IGNORER LES MÉDIAS IL Y AURA TOUJOURS UN JOURNALISTE POUR S’EN OFFUSQUER !
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«Ni lu, ni connu» ?
Rien que du déjà vu ! «Ni paru, ni vendu» aurait été moins attendu !
CECI N’EST PAS UN POLAR DE MOTARD
perd, crée,
C’est bien connu, rien ne se rien ne se tout se
recycle, Comment Mathieu Goguel peut-il se permettre de critiquer le livre qu’il est en train d’écrire dans la revue de presse qui le constitue ? Non seulement il ne dispose ni du recul, ni de la distance nécessaires à l’analyse objective de son œuvre, mais il jette également le discrédit sur notre profession en laissant croire que si aucun journaliste n’a trouvé le temps de parler de ses trois premiers romans, c’est parce qu’ils étaient trop occupés à écrire les leurs et à chroniquer ceux de leurs confrères. Pure calomnie qui n’incite guère à la clémence de la critique de son quatrième ouvrage intitulé Press Book (Ceci n’est pas un livre), ni même d’ailleurs à sa critique tout court. Reste qu’il nous était difficile de vous mettre en garde contre la tentation de l’acheter sans vous informer de sa présence sournoise dans les rayons de vos librairies. Vous ne pouvez pas le rater ! Sur son élégante couverture grise figure l’inscription «Ceci n’est pas un livre». Surtout, ne vous laissez pas abuser par cette affirmation mensongère ! Non seulement Press Book est bel et bien un livre, mais il est aussi et surtout le résultat d’une incroyable opération de promotion des trois «polars de motards» de son auteur, passés inaperçus lors de leur parution. Press Book (Ceci n’est pas un livre) de Mathieu Goguel, Erreur Système, 19,68 euros
surtout le publicitaire!
S’il croit que c’est avec le titre passepartout de son livre générique qu’il va s’ouvrir les portes de la gloire littéraire et se faire un nom, alors Mathieu Goguel s’est trompé de vocation !
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un livre délire
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Il ne faut pas confondre
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Press Book (Ceci n’est pas un livre) de Mathieu Goguel, Erreur Système, 19,68 €
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des livres à lire
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Comment parler d’un livre que l’on n’a pas écrit soi-même ? Tel est le pain quotidien du critique littéraire. Plus qu’un métier, un art difficile, délicat… et risqué tant les réactions des auteurs concernés sont parfois vives. Dès lors, comment ne pas être reconnaissant à Mathieu Goguel de jeter dans son quatrième ouvrage une passerelle entre ces deux mondes qui, souvent, ne se comprennent pas ? Car, auteur se faisant critique, Goguel ne se contente pas de parler d’un livre qu’il n’a pas écrit, non, il va plus loin en osant parler d’un livre qui n’existe pas. Un exercice de style à haut risque, dont le résultat final –un livre– rappelle l’absolue nécessité de la critique en nous démontrant à quel point elle peut être constructive pour son auteur lorsqu’elle est maîtrisée.
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Houellebecq peut aller se rhabiller !
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Un livre surg i de nulle par t : jamais aucun auteu r n’avait songé à l’éc rire auparavant !
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44
AUTOPORTRAIT D’UN LIVRE EN CREUX `
Press Book (Ceci n’est pas un livre) de Mathieu Goguel, Erreur Système, 19,68 ¤.
Que diable raconte ce livre à peine sorti pour susciter autant de réactions indignées? Peut-on d’ailleurs, au vu de son double titre provocateur, le qualifier de livre? Tandis que la polémique gonfle, l’auteur, lui, compte les points et fait de l’accueil réservé par les critiques à son livre l’objet même de son récit. Faisant office de miroir, la revue de presse qu’il en tire lui permet de s’interroger sur lui-même autant que sur les dérives de notre société d’hyperinformation.
r e i l i c n o c é r it a r U n l iv re q u i d ev rna l istes ! u o j t e ls e u t c e l l e i nt
D E I P E R T CON Z E N DE-
stre u l l i et uel, c xes, g o o d G a r a u p e re des Mathi u t chez , l t u n c n o i e a t l u m r r é Décid e la pa e aime l d b i n’en n m u o e i Q s s , a … c u c e livre e à l’o inconn m l è u i r itre en m t t u a e c u l c q b a de son on dou qui les s e e pas un m t è s t t e s s t e y t ’ S a n r u (Ceci me en Erreu k m o o ire ? O o c a B , r é n s t s u t s otoe : Pre ture li r s n est pa o o e p d m y m e I d ’ ox manqu tique ? n a i e ment forme d e r l é u b i e m t s i u Coup mble v d’un a e s n dans e o i livre). é n t h a r c c u a o e c p r ov on aut ester s r e t tes à u s n q i s i m pl e l a t r a a é n b f r é Un dé er, pr les jou h r c e pont n é i r riété ? a c r s n t r i ’ u d e cidé à ons à l re afin i t v Vous s u . e pas dé t œ u n q n e s o r e re de s consac êmes l i m u l x s l’omb u l alisme i e é ’ r r u r e q u h s e c s her e pres nté, le d e s athieu e aller c b u M a v e t e i d r a e a t é ns l ersonn S’il s’ p ! a adoxe, ses da l s r i a n r p e p r n m u ’u z co de reto rien d a n urrait ’ e l’aure i o n b p – t i p e u u l q o be urant ur le c o o c er les p semble s – e a r i t r u n t q o e e c e l, c ritiqu nsée à c e Gogue p a l e n e u sion d out d’ é t h s d i a a ’ l m orter p uros m sage. e s a 19,68 e n p e i n b tème, s o y s S r u l, Erre rs sur Gogue athieu M e lecteu d ) n livre pas u i n’est ok (Cec o B s s Pre
t, n e lem mets b i n pé s som n le so vers la chan e de nçais fra
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comme un lego avec du sang
te ten lever s’é n de ur so e, s pèz tra
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un auteur dans sa bulle sur le fil du rasoir
C’est à l’impossible défi de critiquer un livre en même temps qu’il l’écrit que Mathieu Goguel s’attaque dans son quatrième ouvrage intitulé Press Book (Ceci n’est pas un livre) qui vient de paraître chez Erreur Système (19,68 euros). Tel un funambule évoluant sans filet au dessus du vide de son postulat initial, l’auteur fait progresser son récit pas à page, sur le fil ténu que lui procure son improbable concept narratif. Bien que risquant à tout moment de perdre l’équilibre et de sombrer dans le ridicule, il nous livre en temps réel le récit de sa périlleuse traversée, dont la chute finale pourrait bien ne pas être celle prévue par la plupart des spécialistes qui l’attendent de pied ferme au tournant.
Sur le fil du rasoir
re de mal. Hélas…» di en s pa ne à r ue in , nous aurions pu cont re liv n so re ri éc s pa gesse de ne «Ah, s’il avait eu la sa
CHUT ! NUMÉRO LITTÉRAIRE EN COURS D’EXÉCUTION ! MERCI DE RESPECTER UNE MINUTE DE SILENCE
Press the eject and give me the tape !
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Leçon d’anglais sommaire TRADUISEZ...
THIS IS A BOOK Ceci est un livre
THIS IS A PRESS BOOK Ceci n’est pas un livre
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17,21 £ 19,68 euros
Nouvel avis d’être parfait ou faire-part d’une vie nouvelle ?
EXTRAIT DE PRESS BOOK (CECI N’EST PAS UN LIVRE) DE MATHIEU GOGUEL, ERREUR SYSTÈME En vente sur www.erreursysteme.fr
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Enfin u n l i v re q u i j u s t i f ie s a c r i t iq ue ! UES Q I T I K CR AUTO EN STOC e) de n livr
pas u 8 ¤. i n’est tème, 19,6 c e C ( s k y o S o r B ue Press guel, Erreu critiq la Go a l u t e i e h e e Mat ifficil l’art d
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Peut-on légitimement affirmer, lorsqu’on referme un livre sans l’avoir terminé, qu’on ne l’a pas aimé ? D’un autre côté, pourquoi le commencer si on ne l’aime pas ? B Press
st pas eci n’e ook (C
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Ce pas it t s e g n’ s’a u’il rs que à q ce e roi par re à ti mod r de m i v i o vro nl tc qui d’u ok es , l’OU enté te ! o nt té inv train r ! ss B me e Pre reuse le a é lle con dopt a l u ’ e l e t e i st e H nt rir ! POte r d’un er, c’e v u e o re u ay ratu e jo ess LItté t de s o ? L’ me ’OuLiP per L
Braquage de la critique C’est à la quadrature du cercle que Mathieu Goguel s’attaque dans son quatrième ouvrage intitulé Press Book (Ceci n’est pas un livre), paru chez Erreur Système. Un auteur solitaire peut-il dénoncer dans son livre la toute puissance prescriptrice des médias et des journalistes littéraires sans risquer de se prendre un sévère retour de bâton de leur part ? La qualité d’une critique étant directement reliée à celle de l’œuvre qu’elle traite, il s’avère en effet impossible de l’analyser pour ce qu’elle est sans rentrer dans le débat sur la qualité de l’œuvre. Et quand bien même se risquerait-on à un tel exercice que se poserait alors un problème de légitimité ou, tout du moins d’objectivité.
Un auteur dont l’œuvre vient d’être descendue en flammes par la critique est-il crédible lorsqu’il s’insurge contre le traitement reçu et tente de décrédibiliser ses détracteurs ? Pour autant, c’est aussi le seul moment où son avis sur le sujet est susceptible d’intéresser les médias, trop heureux d’alimenter la polémique au nom du sacro-saint droit à l’information. Seule solution pour dénoncer la dérive d’un système dans lequel l’auteur prétend s’inscrire : avancer masqué et développer plusieurs niveaux de lecture en mettant son propre personnage en scène dans une imposture littéraire censée le discréditer.
Un prétexte qui permet à Goguel d’illustrer la formidable capacité des journalistes à s’écouter écrire sans réaliser que leurs critiques meurtrières ne font jamais que servir la cause des oeuvres qu’elles prétendent assassiner en leur offrant une formidable vitrine. Une technique qui n’est pas sans rappeler le concept de hold-up mental, jadis théorisé et mis en oeuvre par le groupe de rap marseillais IAM pour investir le monde de la musique afin de le changer de l’intérieur. Tentative d’effraction caractérisée à l’intérieur de nos cerveaux contre laquelle il n’existe qu’une seule parade possible – mais heureusement efficace : en dire le plus grand bien. Press Book (Ceci n’est pas un livre) de Mathieu Goguel, Erreur Système, 19,68 euros
L’homme qui murmurait à l’oreille des
P E T I T E S C
O U P U R E S D E P R E S S E
Press Book (C eci n’est pas un liv re ) de Ma thieu Goguel, Erreur Systèm e, 19,68 euros
L’excellent ac cueil réservé à ses trois premiers romans policie rs par la communau té motarde n’ a visiblement pas suffi à leur auteur pour se faire un nom en dehors de son milieu d’origine. N’a yant pas fait l’o bjet du moindre com mentaire – né gatif ou positif – de la presse généra liste, culturelle et littéraire, le s trois polars de m otards de M athieu Goguel sont pa ssés totalemen t inap er çu s d u gr and public, co mpteur
rest é ir ré m éd ia blement bloq ué à 4.000 exempl aires vendus / livre. Un scor e pl us qu ’h on orable dans no tre pays, mais qu i s’avère mal heureusement insuff isant pour un auteur indépendant qui envisage de vivre de sa plume. Dès lors, on co mprend mieux les ra isons qui on t amené Mathieu Gogue l à choisir le format de la revue de presse comm e cadre narratif de so n quatrième ou vrage. Laquelle n’es t sans doute guère
él oi gn ée – p ar la forme et l’ intensité – du batt age médiatiqu e dont il a se cr èt em en t rêvé pour se s trois premiers roman s… sans jamai s l’obte ni r. Un fo rm at-refuge qui se transforme malheur eusement en paradis ar ti fi ci el po ur son auteur et le fait passer à cô té de son qua trième rom an . Ca r à fo rc e de se croire déjà parvenu, Gogu el finit par se perdre en chemin et , trop occupé à nous faire la démon stration de so n talent
d’auteur publ ié, oublie de nous en apporter l’in dispensable preuve matérielle. Une absence de liv re qui le condamne – de facto – à végéter qu el qu es an né es de plus au purgatoire des aute urs inconnus de leur vi va nt , to m bé s au champ d’ honneur de la critique anonyme. A m oins b ie n en te nd u - que son cinq uième livre ne lui pe rmette de co rriger le tir.
m ot ar d,
Esprit. . ? à l u t es 52
mme peu co n u t s e der ure, c’ e s’éva d L’écrit t e m er ges o, ça p uteilla o b la mot m e des et» et, pou u o p « ant e n fa i s
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Thi s is the Thi firs s is t ve the rse Thi f irst s is ver t h se e fi Thi rst s is ver the 54 se And firs t ve this r s is t e... Or he per cho hap rus s it Or ’ just sa brid ano the ge the son r par g th t of Thi at I s is ’m the sing Or sec ing it m ond a y th ver Thi se e la s is st v the ers sec Or e ond it m ay t v e r And se he last this one is t Or he per c h hor a Or p s u just s it’s ab ano ridg Nev the e er m r ke y ch ind ang It d It o e oes nly n ’t h m e l ur t ost ans ’Cau fait tha se i h in tI tw this Press Book (Ceci n’est pas un livre) de Mathieu Goguel, on’ son t he Erreur Système, 19,68 € g lp m e re ach you Ne cherchez pas le livre de l’auteur, il n’existe pas. ...
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Plus show q u’ livre, s un couver a tu presse re !
AUTOSAT ISFECIT, mode d’emploi
un d’ le ina rig eO nd Ba
e ivr el rd ai
Sign ed Paro Curtain les e ( t mu Matchin siqu g Mo e de le, 1 Rob 9 ert W 72) yatt
Tout ce que vous trouverez, c’est la revue de presse (Press Book) que Mathieu Goguel a patiemment constituée en imaginant les réactions critiques qu’auraient pu avoir les journalistes à la lecture de son livre… s’il avait pris la peine de l’écrire. Mais, à quoi bon perdre son temps à pondre un pavé de plusieurs centaines de pages quand on sait que les journalistes n’en retiendront, dans le meilleur des cas, que la petite et unique phrase maladroite pour appâter leurs lecteurs. Tant qu’à être lu, analysé, déchiffré, évalué, autant donc s’en charger soi-même, ce qui préserve de toute mauvaise surprise et garantit une certaine profondeur à la critique qui en sera faite. Après tout, le créateur n’est-il pas le mieux placé pour parler de son œuvre ?
«Person nellemen t, je ne l’a i
pas lu, m ais
j’ai adoré !»
Il y a ceux qui font les succès littéraires et ceux, qui les défont, il y a ceux qui les obtiennent et ceux qui les envient et il y a Mathieu Goguel qui fait tout cela à la fois dans ses rêves de gloire sans éclat.
ANONYMATH GARANTI PAR L’A UTEUR Press Book (Ceci n’est pas un livre) de Mathieu Goguel, Erreur Système, 19,68 €. Imaginez un livre dont le sujet ne serait autre que les réactions qu’il suscite dans la presse. Se glissant dans la peau des journalistes chargés de le chroniquer, l’auteur, un certain Mathieu Goguel, s’amuse à reproduire
leur style, si aisément reconnaissable, pour évoquer l’accueil réservé à un livre qui n’existe pas encore puisque c’est de l’agrégation même de ces articles que va naître sa revue de presse (en anglais, press book) qui vient de paraître chez Erreur Système.
À la fois contre – et méta – livre, mais aussi et surtout, authentique work in progress d’un auteur qui tente de forcer son destin en déclinant son talent sur le mode de la critique littéraire dans l’espoir – évidemment déçu – de se voir offrir une couverture presse digne de ce nom en retour.
Le critique littéraire étant,
comme chacun sait,
un écrivain raté qui
passe ses frustrations dans
ses chroniques de livres,
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comment interpréter le fait
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LE PORTRAIT CRACHÉ DE SON AUTEUR !
is it a BOOK ? st pas un livre) Press Book (Ceci n’e Erreur Système, uel, Gog u thie Ma de 19,68 euros.
jeu de mots Derrière le double se cache e titr son que recèle nnant, sorte un objet littéraire éto tasmée par fan sse pre de de revue s reçues ue tiq son auteur des cri ais existé jam n’a i qu re par un liv son ailleurs que dans l’empêche imagination. Cela ne sur le sujet r de nullement de bro ent à em ibl vis nt tie – qui lui
n que les coeur –, tant et si bie ccumulent s’a sse pre de coupures ent par iss fin i dans son book qu me et le for la nt do it réc former un yés plo em es style journalistiqu ins dans mo du t tou s, dit sont iné ssier de un livre. Ce que le do guel finit Go eu thi Ma presse de de son plein su par devenir... à l’in raté ? re liv , ué nq ma gré. Acte
qu’un écrivain veuille
se faire critique littéraire
le temps d’un roman ?
i.. Les critiques ne lu . disent pas merci !. QUESTION SANS REPONSE
U
n écrivain peut -il encore aujo urd’hui envisa pratique de so ger la n art sans teni r compte de la puissance pres toute cr ip tr ic e de critiques litté raires ? Évidem s médias et de leurs ment, non ! dirait-on si le Mais que même auteur s’avisait d’écri dans le seul et re un livre unique but d’in téresser les jo ou, tout du moi urnalistes ns, de ne pas leur déplaire ? sa manœuvre Sans doute serait-elle au ssitôt dénonc critique vigila ée par la nte qui ne dé teste rien ta auteurs qui n’ nt que les écrivent que po ur séduire un la troublante public. D’où question posé e par Mathieu G son quatrièm oguel dans e ouvrage : «Q ue doit écrire aspire nature un auteur qui llement et si ncèrement à critique de la faire de la critique le suje t central de sa Vous le saurez réflexion ?» en découvrant Press Book (C un livre) de Mat eci n’est pas hieu Goguel, Er reur Système, 19,68 euros.
Cet auteur a un grain > grain de sable > sable mouvant > vent de la critique > critique impuissant > sang pour sang > cent à l’heure > l’heure du thé > thé ou café ? > café frappé > frappez avant d’entrer > entrez dans son livre > livre de fou > fou de mots > maux d’égo > égaux face à la mort > mort de la culture > culture en stock>stock en baisse > baisse ta garde > garde à vue > vu à la télévision > vision trouble > trouble du moi > moi et pas toi > toi, t’es nul > nul à chier > chier des bulles > bulles de savon > savon gras > gras du bide > bide public > public chéri, mon amour > mon amour, c’est toi>toi sous mon toit > toit, toit, mon moi > moi, je > je suis cet auteur > cet auteur a un grain > grain de sable > sable mouvant > > > > > > > > >> > > > > > > > > > > > > > > > > > > > > > > > > > > >> > > > >>>>>>>>>>>>>>>>>> > > > > > >> > > > > > > > > > > >>>>>>>>>>>>>>>> >>>>>>>>>>>>>>> >>>>>>>>>>>>>> >>>>>>>>>>>>> >>>>>>>>>>>> >>>>>>>>>>> >>>>>>>>>> >>>>>>>>> >>>>>>>> >>>>>>> >>>>>> >>>>> >>>> >>> >> >
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que l’on er d’un livre rl a p n o tPeu affirme Oui», nous « ? lu s a p n’a cré un qui a consa rd a y a B e rr Pie 04 aux paru en 20 – er ti en re liv à cette e Minuit – Editions d irée par la sp uestion in q se eu in ép ar Wilde : tion d’Osc a it c re èb cél re dont je mais un liv ja s li e n e J « ; la critique dois écrire fluencer.» t tellemen in se , is la se n o it possible yard, il sera a B s s, rè e p u ’a ç D es re ent aux idé contrairem ionnant ss a p e échang n u ir o v ’a d ue l’on ’un livre q d s e o p ro p à et peut-êtr y compris, , lu s a p ’a n n ec quelqu’u surtout, av s. lu p n o as lu n qui ne l’a p
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MOT SO IT DIT - IL !
R U E T O M S N O I T C A E R A r la ent acquéri e Mais comm de l’ouvrag e ll ie rt a p e c n faire connaissa omment se C ? s a p te ore s’il n’exis e peut enc livre qui n ’a n l ’i u l’écho d’un uisq moindre p ? en avoir le uparavant a e n erson t, n e m été lu par p ple nt, tout sim En l’écriva og u e l d a n s G u ie th a M d n o nous rép ress Book e intitulé P é c h ez son ouvrag livre) publi n u s a p st (Ceci n’e
tôt, ème ou plu Erreur Syst , la caisse re t de l’écri n ta je ro p en ue choisie e médiatiq c n a n so ré de de son de narratif co m m e m o ’amplifier d t hargean c se e en g ra v ou rt jusqu’à on de dépa ti n te s in e n so les autr re comme faire un liv sprits. dans nos e Goguel, ) de Mathieu pas un livre (Ceci n’est Press Book 8 euros ,6 19 e, m Erreur Sy stè
E N I A H C N E
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FAST BOO
n ’o u q s i a v u a Tellement m âte : le qu’une seerumleinher au plus t
Press Book (Ceci n’est pas un livre) de Mathieu Goguel, Erreur Système, 19,68 €
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peu la sauce n u st ’e c k, o o B Press câpres de Pierre s le s n sa s re p â c aux la littérature. Dac transposée à ire Pas de quoi en fa
un plat !
QU’EN
n’a
Press Bo ok
Quand u n auteu r en ma socient, l de rec cela don onnaiss ne Pres ance et duisent s Book un édite bien la / Ceci n ur sur la duplicit ’e imagine st pas u é de l’e brèche pour le n livre. n s’astr e p Deux ti livre qu r is ses prop e . R tres qui evue d e ’il est e res crit n trap r tr e iq a s u s in e que s es. Une riger et d’écrire on aute mise en d’améli , Press ur orer son abyme B o même te o k s e no qui perm oeuvre mps qu urrit de au fur e et à son ’il l’écr techniq t a à uteur d it, jusqu mesure ue, mais e cor’à attein – et peu l’oblige substan t-être a dre une égalem ce d’au ussi – e s o r e te de fr nt à s’a teur et n l’exercic oide pe utocens lui enle e de sty rfection urer jus ver tou le, com q te u propos ’à s aveur. C le vider ment n d’entrée ar, s’il c de sa e pas re de jeu ? onvient sentis n lever la Noircir de salu e suffit te r r ib d e le er s p a p fa s a ges de je ille qui à faire d’une â me et G de vous mine so ux de m oguel se n un écriv o ts son pro e t de bille mble bie ain. Pou jet littéra ts bien n incapa r vivre, ire sur le ment de u b n le li d’en off vre a be fantasm s critiqu rir une soin e de son es qu’ils au sien, Or, ce n passage légitime qui fond ’est pas à n t a poste l’acte e e ainsi qu pas.Tou t attend riori son ’on le d t le reste visibleprojet d evient. – le qu’e e O d n e venir éc s’affirm n dira-t rivain. e écriva -on – n’e in ou on st que p ne l’est ure litté rature.
K
vite
Après le roman de gare cher à San Antonio, l’humour de prétoire défendu par le procureur de la république Pierre Desproges et la philosophie de comptoir distillée par son pilier Jean-Marie Gourio, la restauration rapide semble avoir trouvé en Mathieu Goguel son digne représentant littéraire, dont la revue de presse prémâchée s’inscrit dans la même logique de consommation au pied levé. Un nouvel avatar de la littérature jetable, genre périssable immortalisé par le regretté JeanEdern Hallier, qui paraîtra sans doute pesant, voire indigeste, aux tenants de la tradition littéraire, mais pourrait bien attirer à la lecture grâce à sa structure narrative morcelée un nouveau public affamé de connaissances et trop intimidé par le support livre pour oser en consommer de vrais. Formé d’une compilation d’articles légers, faciles et rapides à picorer indépendamment les uns des autres, Press Book n’en constitue pas moins dans son ensemble un objet textuel fini, dense et compact dont l’épaisseur rendra jaloux plus d’un hamburger américain. Gare cependant à ne pas dépasser la dose de lecture quotidienne soulevée par son auteur, faute de quoi ses choux gras pourraient bien vous presser sur l’estomac jusqu’à la nausée !
DIR A-T -ON ?
(Ceci n’e st
pas un livre) de Mathieu Goguel, Erreur Système , 19,68
euros
Du j a m a i s v u
en littératu re !
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je est un autre sujet Press Book (Ceci n’est pas un livre) de Mathieu Goguel, Erreur Système, 19,68 euros
Aide-toi et le ciel t’aidera. Voilà ce qu’a du se dire Mathieu Goguel, auteur de trois polars dont la notoriété n’a jamais dépassé le cercle étroit de la communauté motarde. Victime de l’indifférence des médias généralistes, Mathieu Goguel décide de prendre son destin médiatique en main en se livrant lui-même à l’analyse et au commentaire de son quatrième livre en même temps qu’il l’écrit. D’où le format de la critique littéraire qui lui permet de se démultiplier en autant de journalistes que sa revue de presse comporte d’articles et de porter sur son livre autant de regards qu’il trouve de dimensions à son oeuvre en construction. Un exercice de dédoublement de la personnalité répété tant de fois qu’on finit cependant par craindre qu’il se retourne contre son auteur, lui faisant perdre toute lucidité, et par rendre Mathieu Goguel totalement schizophrène avant la fin de son livre.
Point de hauteur d e vue sans aute de vu ur e!
De deux choses l’une, Soit ce livre est bon et lire ses critiques nous privera du plaisir de sa découverte, soit il est mauvais et dans ce cas, rien ne sert de l’acheter.
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nstruction esse o c e d je un pr L’égo est e des barons de la quilibr é l’ r u auteur o p x perchés en dangereu © C. Parat
L’objet d’un livre sans matière Prêt à tout pour se faire remarquer par les médias, un jeune auteur, apprenti alchimiste, se lance le défi insensé de parler – par journalistes interposés – d’un livre qui n’existe pas encore, jusqu’à ce qu’il finisse par s’incarner, bien réel, sous nos yeux ébahis, et même, objet concret entre nos mains incrédules. Privé de matière première, Goguel parviendra-t-il à donner suffisamment de volume à sa revue de presse artificielle ? Saura-t-il éviter le piège de l’extrême platitude qui caractérise ce type de livre-concept ? Réussira-t-il enfin, comme il l’annonce dès les premières pages de son ouvrage, à transformer le souffle de la critique en pure énergie littéraire ? Vous le saurez en achetant Press Book (Ceci n’est pas un livre) qui vient de paraître chez Erreur Système, un livre qui, comme son titre l’indique n’en est pas vraiment un, mais dont la lecture pourrait bien – si la magie de ses mots opère – vous amener à revoir votre rapport à notre société matérialiste. Press Book (Ceci n’est pas un livre) de Mathieu Goguel, Erreur Système, 19,68 €
INTELLIGENCE ARTIFICIELLE DE LA CRITIQUE Press Book (Ceci n’est pas un livre) Mathieu Goguel, Erreur Système, 19,68 euros
Composer son livre à partir de critiques imaginaires évoquant son propre contenu n’avait jusqu’à présent jamais été tenté en littérature, tout du moins pas sous la forme d’une revue de presse. Formulée comme cela, l’idée paraît pourtant aussi simple que le cadre narratif choisi par son auteur pour développer son propos. Mais ne vous fiez pas aux apparences de cette revue de presse ! L’exercice auquel se livre Goguel en imaginant l’accueil réservé à son livre fantasmé par la critique littéraire est bien plus complexe qu’il n’y paraît de prime abord. Car, si l’on considère que son ouvrage a été rédigé progressivement, au même rythme que chacune de ses chroniques voyait le jour, plusieurs questions se posent.Premièrement, comment l’auteur a-t-il pu écrire la première critique de son ouvrage alors que celui-ci n’existait pas encore, même de façon embryonnaire ? Se serait-il fait la courte échelle à lui-même pour franchir le premier obstacle ? Et que dire de la deuxième critique émise par l’auteur ? Ne porte-t-elle que sur la première déjà écrite ou ouvre-t-elle une nouvelle piste de réflexion, au risque de rendre la première obsolète ? Autrement dit, si l’on admet que les cent critiques qui composent l’ouvrage ont été ajoutées successivement et que chacune le constitue également à hauteur de 1/100 ème, cela signifie nécessairement que chacun des 99 ajouts auxquels s’est livré l’auteur a modifié l’équilibre général de l’ensemble, l’obligeant à réécrire ou ajuster 99 fois chacune des critiques précédemment rédigées, chaque mise à jour de l’une d’entre elles entraînant évidemment une nouvelle révision de l’ensemble. D’où la question qui rend fou: combien de versions différentes de ces cent critiques l’auteur a-t-il dû écrire pour parvenir au résultat final que vous avez sous les yeux ? Problème ardu, certes, mais qui a le mérite d’expliquer pourquoi il s’est limité au nombre de cent articles. Car, logiquement, faire du commentaire du livre qu’il est en train d’écrire le sujet de son livre aurait dû s’avérer être une tâche sans fin, le 100 ème article constitutif de Press Book en appelant naturellement un 101 ème, chargé de le commenter à son tour et ainsi de suite jusqu’à la fin des temps. Son ouvrage se trouvant présentement entre nos mains à l’état de livre, on peut donc supposer que quelqu’un, probablement son éditeur, a mis fin à cette spirale infernale en jugeant l’objet suffisamment abouti pour être publié en l’état. À moins qu’il se soit agi d’une décision strictement médicale, destinée à préserver la santé de son auteur. Reste qu’on se demande bien comment l’un et l’autre ont pu offrir, sans trahir l’esprit de l’œuvre, une conclusion digne de ce nom à cette revue de presse, par essence interminable ?
«Livre : quel qu’il soit, toujours trop long», disait Gustave Flaubert qui n’avait pourtant pas lu Press Book. BOOK ?
PRESS TES QUI S I L A N R U O J CE SONT LESPARLENT LE MIEUX ! EN
Dès le débu t,. on n’en voit
pas la fin !.
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Press Book (Ceci n’est pas un livre) Goguel, Err de Mathieu eur Systèm e, 19,68 eur os
Coup d’éclat d’un auteur sans éthique ou écho médiatique d’un auteur sans éclat ?
Le quatrièm e ouvrage de Mathieu Goguel intit ulé Press Book (Ceci n’est pas un livre) et récemment paru chez Erreur Système se raitil la premiè re déclinaiso n littéraire de la célèbre théorie de la relativité d’Einstein ? Jamais livre n’aura en to ut cas auta nt mérité le qu alificatif d’OL NI (Objet Litté raire Non Identifié) do nt l’écho no us parvient ap rès un long voyage dans l’espacetemps. Telle l’étoile lointaine qu i a disparu depuis quel ques millio ns d’années lo rsque nous captons son éclat, le livre de Mathieu Go guel est invi sible à l’œil nu. Au ssi ne pouvons-no us l’appréhend er que de fa çon indirecte à travers le rayonnemen t médiatique
Il ne faut pas dire : Ceci est un sous-livre Ceci n’est pas son titre
LISEZ-LE JUSQu’AU BOUT ! VOU S n’EN qui nous pa rvient longte mps après qu’il ait cessé d’exister da ns le cervea u de son auteur. Ce qui en fa it à la fois le tém oignage d’un passé non av éré et le compte-rend u d’un futur pas encore publié, c’es t-àdire un livre d’une brûlan te actualité po ur ce que la question ce ntrale en es t: «Mathieu Go guel est-il un auteur dépa ssé par son époque ou un artiste en avance sur son temps ?»
REVIENDREZ PAS !
Il faut dire : Ceci n’est pas un livre Ceci est son sous-titre
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Bienvenue au
GOGOLAND PASSÉ LE SEUIL,
LA CRITIQUE
N’A PLUS DE LIMITE ! Prétendre rédiger lui-même la revue de presse de son propre livre en même temps qu’il l’écrit témoigne bien de l’immense prétention de son auteur: ne devient pas journaliste qui veut !
De la critique de l’exercice de la critique à l’exercice illégal de la critique, il n’y a qu’une frontière étroite que Mathieu Goguel franchit allégrement en faisant l’autopromotion de son livre dans ses propres pages. Une pratique douteuse qui a cependant le mérite de justifier le titre de son ouvrage en forme de catalogue exhaustif de ses savoirs-faires éditoriaux : Press Book, le support habituellement utilisé par les professionnels de l’image pour vendre leurs services. Mais Goguel cherche-t-il vraiment à vendre les siens qui profite également des pages de son Press Book pour effectuer son autocritique ? Chercherait-il à nous dissuader de le lire ? En vérité, il est bien trop tard pour réagir lorsque le pot-auxroses nous est dévoilé puisque son livre se trouve alors déjà ouvert entre nos mains qui ne nous laisse que deux options, aussi risquées l’une que l’autre. Soit le refermer séance tenante, sans même chercher à en savoir plus sur lui, au risque de passer à côté d’un grand livre. Soit assumer notre achat et poursuivre sa lecture jusqu’au bout dans l’espoir d’y trouver quelques raisons de l’aimer avant de mourir d’ennui. Press Book (Ceci n’est pas un livre) de Mathieu Goguel, Erreur Système, 19,68 euros
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NEVER SAY NEVER HAS BEEN AGAIN ! R A T S e ll ? e v u Y o n M E D A C A
e l a i ss e d n t ra i rol l e e n s cè n e sa p e t i a re se r e m ett re e n d u j o u r e n u t a r é t , l a l i tt te ntati o n d m i s a u g oû n q u e u r d e n o i s i v i la re ré , v a l a té l é a m p, u r pa r » sur A p rè s e r à s o n t o a r c e l D u c h e J u l i e n D o u v e l l e S t a r s e o d M es gn s e r g a i té ? A p rè s u t a t o u a g e r c h e d e l a N c o n d e j e u n s s e l e d re h a s p re ré a r l a g râ c e i té «À l a re c t o ffri r u n e g e i n ti tu l é P l e p al oi ra mu 2 0 0 7 n d e té l é ré i tte q u i se v e d’u n o uv cé l èb re fo r u r te a gr sio èm l’é m i s t R e n é Ma rre u r Syst m m a g e à s b l i c, so n a u à s E o u e i té ’ h z M6, c ru ti o n c h e n l i v re) e n d u g ra n d p e sa c a p a c ns d pa da su nu p a r l a e c i n’e st p a i p e». I n c o n ra n d p u b l i c à p ro pose r ap t g in (C n B o o k e s t p a s u n e n va i n c re l e m p o s é v i s a e l l e s e t o r i g e u i hi n’ co nn «Ce c i e te n te d e u n exe rc i ce ti o ns p e rso a i s e » , M a t rnç ns de ta rb e n h e éc ri va i n. Da d’i n te rp ré i re à l a fra j u s q u’à l a o n. e a e n r r i ti i i n d eve n k u n e ce n ta r i t i q u e l i tté rs e n ha l e i l a co m p ét o de eu . «c so n b o fa m e u s e n i r se s l e c t a tu ré m e n t d éc ro c h e r à a e l t m e 8¤ l e s d e ’e ffo rc e d e é l i m i n é p ré d e so n l i v r e, 19,6 m s è e e l t t r i s e t Sy Go g u n n e p as ê o ti o n g ra tu rre u r g u e l, E fi o m a G o u r e h ie ni èr a la p e Ma t é, i l y li v re) d l c n u a s l À t pa c i n’e s Bo Pre ss
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24 CRITIQUES / JOUR SUFFISENTELLES À DONNER L’IMPRESSION D’UN LIVRE EN Cent
papiers
font-ils
une
identité ?
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Press Book ? Beaucoup l’ont commencé, peu l’ont terminé. Et vous, ferez-vous partie des zélés lecteurs de Goguel ?
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ur ne Royal po s de Ségolè e d ce o la th p é m sa s e faire S’inspirant d ditions et se s, oids des tra tes de livre n ve s e d vaincre le p s rè a lm re a liv p mier ns le nte le pre au soleil da ancier inve m dit qui lui é ro in e n n o u ti un je de narra e tes d o m n u u par jo rnalis participatif, ire son livre es u cr iq é n e ro ir fa ch e n de leurs permet d tio ila p re, m liv co De la e de son interposés. le programm e nt n a a rt m o é p s ire mais l’im contradicto applicable, n ’in u co q t re n la re é a fait de i u aussi incoh q r u te u so pal de n ur un a est-il là po bjectif princi l’o t n nt le ta n e so ue l’importa naissance d nt intégré q e n m o ti ite a a ri rf p a p e l’appro oeuvre et a u’il écrit qu q ce t n ta n’est pas ecteurs ? ,68 euros ront ses (é)l Système, 19 que s’en fe livre), Erreur
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IZNOGOUD
Dans le monde de Mathieu Goguel, tout le monde, il est très méchant, surtout les méchants journalistes qui ne parlent jamais de ses livres et l’empêchent de réaliser son rêve. «Je veux devenir n°1 des ventes de livres à la place du n°1 des ventes de livres, je veux devenir n°1 des ventes de livres à la place du n°1 des ventes de ventes», ne cesse pourtant de marmonner dans sa barbe naissante le jeune auteur ambitieux à qui veut l’entendre. Hélas, personne ne le prend au sérieux, à part son fidèle homme de main chargé de recueillir ses pensées les plus illustres, Ink’Allah, personnage inculte, mou et ignorant, mais dévoué et toujours prêt à s’effacer sur le passage de son maître pour mieux servir sa cause perdue d’avance. Et c’est ainsi que, croyant écrire un livre qui lui permettrait de devenir n°1 des ventes de livres à la place du n°1 des ventes de livres, Mathieu Goguel ne fit malheureusement qu’offrir à son fidèle serviteur l’occasion de s’illustrer en effaçant son livre au fur et à mesure qu’il l’écrivait et qu’il perdit tous ses lecteurs. Une bévue qui l’empêcha certes de devenir n°1 des ventes de livres à la place du nouveau n°1 des ventes de livres, mais conforta néanmoins son ambition à le devenir un jour tant le livre de ce dernier déçut ses lecteurs quand celui qui aurait pu être le sien continuait à faire rêver ceux qui auraient pu devenir les siens. Mais comment devenir n°1 des ventes de livres à la place du n°1 des ventes de livres lorsque l’on n’a rien d’autre que son livre à raconter ? Un livre peut-il seulement se raconter lui-même ? Press Book (Ceci n’est pas un livre), Erreur Système, 19,68 euros
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GRILLE DE LECTURE
P E U T O
Press Book (Ceci n’est pas un livre) de Mathieu Goguel, Erreur Système, 19,68 €
Présenté comme l’analyse critique de l’ouvrage qui est en train de s’écrire, Press Book constitue une nouvelle illustration de la grande porosité qui existe aujourd’hui entre les deux métiers d’écrivain et de critique littéraire. Alors qu’on ne compte plus les romans publiés par des journalistes, ni les écrivains qui arrondissent leurs fins de mois en s’improvisant chroniqueurs littéraires pour le compte de journaux, il n’est guère surprenant de voir un auteur s’approprier les formats de la critique littéraire et de la revue de presse pour développer son propos. À plus forte raison si celui-ci se veut critique à l’encontre de la… critique. Ce n’est après tout qu’un juste retour à l’envoyeur en même temps qu’un moyen détourné pour l’auteur d’adresser un message à ses confrères adeptes d’un tel mélange des genres. Comprenez par là que le travail qu’il effectue sur luimême à l’occasion de cette revue de presse artificielle est aussi emblématique de la littérature alimentaire qu’il cherche à dénoncer que du journalisme réducteur qui pourrait bien s’abattre sur les livres de ses confrères s’il se laissait à son tour emporter par la tentation de la critique et de l’argent faciles. A bon entendeur...
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Attention, lire Press Book d’une seule traite peut provoquer des effets secondaires indésirables prolongés
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Croiser le fer, c’est bien.
Croiser les mots, c’est mieux !
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A bas le sommaire organisé !
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T èm n t é, i ua érit vien uss us e ! » y st ivr ur S nd q en v par s. A dess ’il l le rre lafo ar, t ne opo au qu s r è n l z E n p !» C u e n p ndu ires de u s pa j’en che nt so helle ng fe e so uspe ttéra cher ce à t s , e u d k i n s i o n’ n oo par epe l’éc ait l ion eur ts l pla me ttes eci (C u b age ui r nlève vre f tent aut me rne com s pa ible ok a o r q j’e e i i pré on som o -ci B a ui s uv p e , m ess nl i rs af - to Pr he cet o u ty ceau de so ar la ssant aux t le celu r su de s eur q rs c , o u e d u t pin me ie p l, lai me -ha per mb on au ujo r ccr de ue «A ique blag oi au ntas lourd u so e plu e là chap reto rais eune ra to utou . n a un èbre che-t le fa ler, a ser a seul ant d su é voir avoir ce j pour sser ctio r r cél ccro e su écol s’écra r sa mpl a pas pou par pou qu’il dre estru ’ s «A pres t à d as à é pa onte l il n bien nira dur hec ine à tod n e p ch . C ue a e e fi nce n éc ’éch l’au d im ell r s o U cro er uq l v ité vra de-t- , ac ôtoy on d nt i grav s’ann iles. qu’il pou é e i e c r o ta vid ait ract mm e la alité s ét urs firm du tend à l’att r co loi d la ré ns le les m nt af a é pr hes ande ure ur à te d ntre cha n ê c va dem la d reto s la t nt co n pe se sque e. Le alor tapa e so r lor roch sque se la isfai c t u j c a n a ait r e e s viv ine fin d m ru lui a de
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G ieu ath M e d re) liv ve
Vive la presse éphémère !
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RO E Z R E I P PA N O rait pu Z I R n livre au orso e u q HO s e u p nstitue le s les critiq aook en co gine toute
dég ss b ima Goguel y té, son pre tant par se Parce que vait réellement exis possibles finit pour sur la matière n es il a recevoir s’ . De cette somme d re, véritable réflexio notre rapport x è e u ti ll n e re e c p t r n r te a e strait pier in aire à p a r p é t tt r li tégorie cla o e p p vr e u s quell ca suffisamn sur su n o a ti ger une œ a D c li s. b o u p n pro Est-il ont la p du livre d nt qu’elle illustre so raire le rattacher ? utreé ables» ? A e ? ta tt u ss a li la t c e r je in n b « e o g s l’ e l à t-ell nd que présentegé au rayo vre» ? À ser le «li orme pour être ran ui la fixe ? Et que re n malin plain tq el prend u ent à toument hors- lle est la norme ? E e de Gogu vr e u li ssivem q , n it o d n t sant succe ituent. Façon men que le fu s e r n io se st n e e u q const utre ble Autant de e après l’a les critiques qui le n u l’ r son ensem te n uvre dans ulu œ sir à démo ttes envisagées par l’ vo l r e ia r c é mmer ue consid o q c à ti é r ti e s n c le r a s s fo te us faire un ropo teur de no ire. Un p ur et le critique à u d é r la e pour l’au d te ntenu, lige le lec mpêchant de son co en nous e ur pour ce qu’il ob se faire une idée hyperde ciété de l’ ute par son a ture prolongé afin e lire que notre so que geste litlec utant mps d t aux effort de olitique a ndre le te e p r p te c à A it s fréquen d s. lu t lu p n p e n e e m d s e r autr évitade plu r acco ure et l’in les on ne leu oge sur le recours lt ti u a c m e r n u fo in rr uer ue, r se fabriq ivés d’esprit critiq des i nous inte r téraire qu dus de lecture pou p res t v tô li n is . Bie s v ra ren comptes- mation qui s’ensuit s de distinguer le iront-ils euxr able té itiques écr ble désinfo nt-ils encore cap ales, les cr l est le cas, la liber in o r ig r se o s s r e u te vr u i u ie S ’œ lecte ? th d a i s ue M mplo ntôt sevré ent leur e ypothèse glaçante q ouvrage, ifi st faux ? Bie ju i u h e s livres q quatrièm os,dont faire. Une mêmes le souci à se conjurer dans son u eur d 8 a ,6 n 19 io tème, ant à d ys d’express S n e r p u e c re r e E herch s un livre), ecommandée Goguel c ci n’est pa r e t n (C e k m o o ve s est vi Press B u vo e u iq crit la lecture
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Révolution ès prix
C ’est parce que toute ré volution a u Press Book n prix que le (Ceci n’est p quatrième ou as un livre), fait autant vrage de M est mis en ve allusion à la athieu Gogu n te au tarif d m ar beder dans chandisatio el, e 19,68 euros. son célèbre n de notre Un tarif qu culture dén 99 F que ré célébrons ce i on fé re cé n e par Frédér ce à la révo tte année le lte étudian ic Beigquarantièm 19,68 euros: te et ouvriè e anniversa le symbole re dont nou ire. des contrad lution comm s ictions d’un uniste sur le e gé n ér s ba at libérale qu’il ion, capable rricades pou s critiquen d’appeler à r, une fois le t aujourd’h la révocalme reven nouvelle ré ui par méd u, construir volution des ia s e la société in terposés. Q idées serait clamait un uarante an -elle nécessa célèbre sloga s après, un ire? «Il est n de 1968. Goguel en 2 e interdit d’in «Peut-on cr 008 dans le terdire !», p it iq u er s p la ag critique ?», ter à nous roes d e P re ss s’interroge libérer de la Book (Ceci Mathieu n’est pas un pensée uniq construit le livre) afin d ue de ces in système m e nous invi te édiatique à llectuels dev vent domin leur image enus patro ant - pour ar de penseurs n s q u i ont river au tris révolutionn gi ro u te résultat qu ettes -dans aire pour ce le sens du e l’on sait ! U qu’elle oblig sans pour au ne question e à penser p tant nécessi doublemen ar soi-même p ter l’achat, tant refus t our tenter ni même la de la sociét d’y répondre lecture préal é marchan n’est pas bon ab d le de son te e que refus à vendre, n xte. Non pas de son syst i à acheter, de son livre ématisme. surtout lors -programm Preuve que qu’il s’agit d e pour la m tout choix perm ’idées ! Reste odique som et d’éviter me de 19,6 que si l’ach de verser d soixante-hu 8 at eu ros chez le lib u sang et d itards, conve raire de votr ’épargner le nez que la ré pas été cher e s re tr volte à laqu aites de no payée ! elle il nous s ancêtres appelle dan s son livre n ’aura
COMING OUT D’UN POSTERIEUR EN MARCHE OU COMING BACK D’UN PASSÉ RECOMPOSÉ ?
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P O R P T I G A SANS NT COLORA
Sachez aller au-delà des apparences de ce livre en trompe-l’œil ! Ce qu’on appelle utiliser une
doublure : sous couvert de tailler un costume à la critique, son auteur se met à nu !
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Chronique de la presse ordinaire Press Book (Ceci n’est pas un livre) de Mathieu Goguel, Erreur Système, 19,68 euros
Qu’importe l’orientation de la critique, le plus important est que l’on parle du livre, libre ensuite au public de ne pas l’acheter pour vérifier qu’il est bien aussi mauvais, scandaleux et sulfureux qu’annoncé. Telle est la dérive médiatique que cherche à dénoncer l’auteur de Press Book (Ceci n’est pas un livre) en recréant de toutes pièces un phénomène d’emballement médiatique sur un livre qui n’existe qu’à travers les articles que lui consacrent les médias. Nous posant ainsi la question : «qu’est-ce qui aujourd’hui est le plus important ? Les livres qui sortent ou ce que la presse nous en dit ?» Une question qui s’avère évidemment incongrue pour son livre-objet dont le contenu n’est composé que de coupures de presse imaginaires, mais permet à l’auteur de nous mettre en garde contre leur discours. La forme aboutie qu’il donne à son Press Book se veut en effet la démonstration concrète qu’il est possible de nous faire croire à l’existence d’un livre à partir de quelques articles bien sentis.
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9,68 $. tème, 1 rreur Sys E l, e u g thieu Go re ) de Ma un livre sous-tit ’est pas n ci e ien d’un cherche r (C ok ’a o n B e ss r Pre un liv ok ne
Bo n pas e Press te notio ci n’est Non, ce r car l’auteur d rrasser de cet mettre ba ge per menson é qu’à nous dé jet pour nous laisir. Au b it r -o e é r e v r u ct -p en e liv rante d r sur sa seule le ’on a lu si on a b m o c n e qu à tre concen -il de savoir ce uoi s’embêter s u o n e -t q r, r d e t e u r s o o s P p la ? er, c la im ent fond, ce é un bon mom étiqueter, rang risque de er, pass courir le ée , qualifi ommer jet littéraire et éduire la pens n , ir n fi r b , dé r o l’ e e r u fi ev de pli ue catalog nsformer, sim uffit de lire la r e une a s r u’il n fair er, t déform auteur alors q e rêvé pour s’e ender les r h de son e son liv ux pour appré ue de se q idéale d presse e ? Quoi de mie s de son texte n action t s o n s io ju t s e n n idé s dime pour leineme multiple r à ressentir p Encore faut-il et e ? r ure all laisser tre for intérieu à sa vraie mes tion o l n e ogu e en explora littérair r la plume de G isir intime à l’ lier tous la ub ie appréc uver certain p âme savoir o rières de e r t ar o b épro n s e o n ser n tue d c is a fe f b opositio e a r e qu’ell et ose tion, juste la pr auteur s é g ju nos pré . Nulle obliga e vous fait un sprit e qu ion protect bienveillante d’exercer votre esser t c s e e is r le t a a t es le amic s jam . r de bell eux san endroit amateu son livre en cr osition à son -vous sur tre p urez critique ire évoluer vo tentation ? Sa rès qu’il fa a a s de ux p sà rez-vou erez-vous mie de penser ? e b m o c Suc ou l’aim isante liberté que lui u dire pire itiée à sa séd in it a s u vo
Un livre plat et sans relief : idéal pour caler son armoire !
PRO CE QU MO I S’A PPE ART TIO N LLE ICL D E F E... ET SON AIRE L INV L ERS IVRE E A EM ENTsN i uel ama ! an ra j iel. m e C re tific u c pro ir ar se, s u rit ou lais c a v é c ne un p pour nt e ’ m qu Et tière in ! en a ma t s àl il e
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ie éc qu à Avec la r lassable de Math ent de curiosité eut voir c m e in monde v ont le v t u le o t u m o le T d dumen . ab o u v r a ge ttérature r un vérit à suscite es amateurs de li omble p.our un es d ’un des pag ujet, c d l a e e r r L é d . a id c s le ter ple ue s semb le vide in à un seul et uniq t pour bjet res t o l’ tô i lu o p u é q ait tou acr é vo q u e r ché cons le prêt à à contenu e presse bon mar sique qui semb compris y , e u is d q c r e ti a ia in n z d la r a é p mag auteu nce m our se je» d ’un onnaissa à la littérature p anonyc i, e o r m e « d le in e e son beso la revue de press scène son propr ontriassouvir e ic en d u e t q r a tt e m e ll r m ie le fo et à artific té e li r a tu tu adapter s c n auteur o a o p s e de l’ üe de . Une tr s n ig o e a : p c o ia u r o a p n cer para son livre r son r illustre nt à renforcer la tiel pour vicieux u n o e s p s t e a l’ m e er le it néglig eureusem ’un cerc bue malh s médias et lui fa ’est le début d adie de jour naC e r d t. pa vis-à-vis e digne d ’intérê vre et la ue toujours plus ir de son li t log to n ui is ia a s d h is e n d u n u le livre q e gr an etenir tr id n v e le n si c’est le fi it u . o la te c n à é e d s r a qui vo n lu ue qui e n qu’on ne sait p se qui est transp iq it r c e lism pres si bie x.Tant et ui est creux ou la 19,68 € fructueu q r u te Système, t, l’au , Erreur el u og G est absen thieu
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tonnant exercice de style auquel se prête Mathieu Goguel dans son quatrième livre, dont le thème principal semble être le vide ou plutôt la meilleure façon de l’occuper puisque, en réalité, son livre n’existe pas, qui a été remplacé par ce que les journalistes auraient pu en dire s’ils avaient eu à en rendre compte dans leurs journaux respectifs. D’où les nombreux qualificatifs qui lui sont successivement accolés par l’auteur en personne comme s’il cherchait à s’autoanalyser à travers ses écrits. «Au fond, qu’est-ce que ce livre ?», ne cesse-t-il jamais de nous interroger au fur et à mesure qu’il avance dans l’écriture du sien. Lequel semble prendre un malin
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Press Book (Ceci n’est pas un livre) de Mathieu Goguel, Erreur Système, 19,68 euros
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plaisir à changer de registre à chacune de ses pages comme pour mieux faire courir son auteur derrière sa propre pensée, obligé de commenter a posteriori les revirements de son œuvre d’un point de vue extérieur comme si elle avait échappé à son contrôle. De fait, on sent bien que la prose de Goguel n’aspire qu’à se libérer définitivement de la tutelle de son créateur et à s’affranchir au passage de toutes les conventions de la narration classique. Hélas, obsédé par son désir de plaire et de vendre, Goguel finit par la brider et l’enfermer dans un schéma connu, qui le condamne à la répétition éternelle de la même critique. Un tel objet ne s’était peut-être jamais vu en littérature, mais l’effet de répétition suscité par la lecture de la revue de presse imaginée par son auteur est malheureusement tel qu’on a vite la désagréable impression de l’avoir déjà lu quelque part.
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JEUX DE MOTS MAUX D’EGO Press Book (Ceci n’est pas un livre) de Mathieu Goguel, Erreur Système, 19,68 €
C m a u va i ss a méri te apc re s con t ! mo
ment reprocher à Mathieu Goguel de ne pas avoir écrit le sien alors que chacun sait qu’il vaut mieux aujourd’hui faire savoir que savoir faire pour en tirer quelque bénéfice? Au reste, sa revue de presse ne le remplace-t-elle pas avantageusement qui nous en esquisse les grandes lignes tout en nous épargnant ses grandes longueurs ? Il aura fallu 38 ans et trois polars de motards, restés confidentiels jusqu’à ce jour, à Mathieu Goguel pour enfin se mettre en phase avec son époque et produire une littérature à son image. Mieux vaut tard que jamais, diront probablement ceux qui le découvrent aujourd’hui. Vieux motard que j’aimais, semblent pourtant déjà le regretter ses lecteurs historiques, issus du milieu motard. Il est vrai que Goguel aura perdu au passage la naïveté et le romantisme qui faisaient le charme de ses premiers livres. Faut-il voir là l’une des conséquences de son récent passage au scooter ?
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L L E H s r u o y n i e d Hi
,68 ¤ tème, 19 rreur Sys E , el u og ieu G un ) de Math s un livre son titre, e d i n’est pa t ec la (C k tu oo Press B rait pas bable pos
pro n se ouble et im re et un livre qui n’e n chaîne d le r u s t liv ne C’es forme de la réactio n e e h c k n o o le b c rme de é press l’auteur d récit en fo e dit e n u o q s , n r u e t t chaîn ’alimen vraimen action en eu à peu rmettre d é e r p i it d lu i a u v qui ais q rme p . presse. M rticles, qui transfo in de croix m revue de ’a e d h c e é le it b n illim se est un vérita productio ue la cau n livre en q o s s r e lo d a n t io acer le comba la rédact inuer à tr e t r n iv o u c s e r d u po rcé oguel se Obligé de puis longtemps, fo épuisé, G t s e t e d je u e ébut s entendu épais au d s que son r n lo ie a b s n a lo p il de s cessent sens. Déjà le même e n n o s s e e d ir u a pe essitent s imagin vide peu à s, qui néc e es ar ticle g s a , p e r s v e li s plus ld de son e toujour g ance au fi t la il is s b n a o ’h c d u’au perdre en un travail igne jusq r d u r e t e t u s a e l’ r t de ntend if qui l’a de la par pt narrat i Goguel e e s c is n a o c M . le t ésente r p nier e r e s n éreintan lu i p u n q e peut no ivre pilièlugi doit. Aussi se voit- z l bout, il ne n u t s e k n ress Bquoeolà tant il sait combie cul de sac. Éve ilete P , n o i t n Atte ine enla lie et de nous fair e porté jus m r e t e s d t ’à e finaéldee eboire la coupe jusqu littéraire ! résctitique t u h c e n li se aucu il oblig te impanasstrahir l’esprit jourenrade toute t e c s n a ngagearprdopre décrépitude Osbligé de se débarrassla plus crue, s de vous e rité sse. ans sa vé ue de pre d s r trop de lo a ît de sa rev , mais a para e p ir a r s c u ’é o d n e c son pudeur, il ui souffr sinés ave q s a e b m ir m o o v h a tà près nous alors qu’on se me celle d’un a r e t ê r r r s’a t c’est que son fierté pou crivain. E quement é s ru ir b n e e v s li e a ment rêve de d son avenir qu’on ré aradoxale p t s ’e c r r a ou auteur. C ême. craindre p ujet : lui-m trouvé son s e n tr o ê s tr u e e v livre a p par trou t qu’il finit n ra a g ’é s en
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ALRE MAD ADYPRO E-ING R E S S
Qui n’a Rêver d’une jamais critique pour son rêvé d’écrire livre sur la critique, c’est un livre prendre ses rêves pour la d’auteur àréalité de son succès ? livre !
Star maniaque «J’aurais voulu être un artiste / pour pouvoir faire mon numéro» Souvenezvous, c’était en 1978. Claude Dubois chantait «Le Blues du Business Man» dans la comédie musicale Starmania. Une chanson que Mathieu Goguel a sans doute trop écoutée étant jeune, qui lui donne trente ans plus tard l’idée de passer à l’acte. Déjà trois romans policiers à son actif, parus chez Terre de Brume Éditions, dont personne n’a entendu parler en dehors de quelques motards à qui ils semblaient s’adresser. Et maintenant cet ambitieux projet de vouloir écrire, sous l’influence de Magritte, un livre surréaliste (?) qui n’en serait pas un afin de dénoncer les dérives médiatiques et journalistiques de notre société de consommation. Le problème, c’est que, derrière la posture désintéressée de l’artiste, on ne perd pas de vue un seul instant le «business man» – qu’il a jadis été. Trop distant de son œuvre pour nous faire croire un seul instant que son personnage et lui partagent le même «blues». Trop ancré dans la réalité matérielle de notre monde pour nous faire gober qu’il n’espère pas pour lui-même le succès qu’il rejette par moments pour son œuvre. Et pas assez cultivé pour se souvenir que le projet qu’il cherche à développer en livre existe déjà en chanson, dont l’évocation constitue de fait la meilleure description que l’on puisse en faire et l’écoute vous épargnera une bien fastidieuse lecture. Souvenez-vous, c’était en 1978 (décidément !) et Daniel Balavoine chantait : «Je m’présente, je m’appelle Henri / J’voudrais bien réussir ma vie, être aimé / Être beau, gagner de l’argent / Puis surtout être intelligent / Mais pour tout ça, il faudrait que j’bosse à plein temps». On connait la suite. «Le chanteur» Paroles et Musique : Daniel Balavoine (1978) © Editions Barclay-Morris / Editions musicales Paledi. Press Book (Ceci n’est pas un livre) de Mathieu Goguel, Erreur Système, 19,68 €
ANTEMEMOIRES
D’OUTRE-TOMBE
’était l’un des outsiders de la rentrée littéraire: le quatrième roman prétendument novateur de Mathieu oguel, auteur de trois premiers polars de motards passés complètement inaperçus lors de leur sortie. Mais voilà que Press Book (Ceci n’est pas un livre), livre-concept tentant d’assembler les articles de ournaux de façon à créer une histoire, finit par exclure le lecteur à force de s’afficher expérimental. arement, campagne de presse aura été aussi bien orchestrée qui avait presque fini par nous onvaincre qu’il y avait derrière Press Book un vrai livre-concept jouant à la fois sur le fond et la orme, les polices de caractère, la mise en page, comparable au génial La Maison des Feuilles de Mark Z. Danielewski, paru voici quelques années, labyrinthe conceptuel au service d’un propos xistentiel, sensible et profond, bref incarné, sorte d’encyclopédie de tous les délires littéraires e Borges à Lawrence Sterne, parfaitement digérés. On avait beau se dire que ce type de miracle ne e produit guère plus d’une fois par décennie dans la vie d’un critique, on s’était pris à rêver pour chapper au morne quotidien d’une rentrée qui se répète, année après année. Son éditeur semblait sûr de lui. La déception n’en est que plus importante. Sans doute Mathieu Goguel a-t-il surestimé es capacités d’écrivain, aveuglé par la terrible soif de succès et de reconnaissance médiatique, et crit au dessus de ses moyens. Si «La faim fait sortir le loup du bois et l’écrivain de l’art», elle ’excuse cependant pas la prétention qui transpire de chacune de ses lignes. Quelle mouche a donc iqué ce modeste auteur de trois romans policiers de médiocre qualité pour qu’il perde tout sens es réalités et se croie subitement devenu l’héritier de Magritte, le successeur de Debord et audrillard et tombe dans tous les écueils de la performance pour la performance ?
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U E I H T MAOGUEL G EST-IL I T ANOL H R WA ?
ress Book n’est qu’une carcasse conceptuelle vide, avec force jeux de mots, contrepèteries, llitérations, aphorismes, syllogismes, contradictions, contresens et autres figures de style qui bligent en permanence le lecteur à se demander qui «parle». Est-ce l’auteur ou l’homme, celui ui écrit ou celui qui se met en scène, l’écrivain qui rédige son livre ou le critique qui l’assassine? moins bien entendu qu’il ne faille voir la patte de son éditeur venu cautionner la dérive émagogique de son auteur en l’habillant d’un concept marketing. N’est hélas pas Andy Warhol qui eut qui savait intégrer en les sublimant ces deux disciplines antinomiques que sont l’art et le marketing dans ses créations.De son oeuvre majeure, Goguel n’aura finalement assimilé que la ortion congrue qui l’amène à revendiquer pour son livre le fameux quart d’heure de célébrité jadis romis par le Maître à chacun d’entre nous, ce qui constitue ni plus, ni moins que la négation de on livre, en tant qu’oeuvre d’art censée s’adresser à la postérité, mais aussi et surtout à lui-même. trop jouer sur les mots et multiplier les niveaux de lecture pour jouer au livre qui se mord la queue t n’existe qu’à travers le regard des autres, Press Book finit par exclure le lecteur et, pire encore, ar se recroqueviller sur lui-même, broyant son auteur qui a le malheur de se placer en son centre usqu’à le ramener à un état d’intention qu’il n’aurait jamais du quitter. Dans un pays, le notre, où ne vraie tradition expérimentale s’est établie depuis des décennies à travers le roman ou la poésie ontemporaine (Perec, Roubaud, Heidsieck, Cadiot, et beaucoup d’autres…), il rejoindra bientôt e long cortège des auteurs oubliés, égarés sur le chemin de leur connaissance avant de tomber au hamp d’honneur de la critique. Car comment imaginer que Goguel survive à un tel massacre ? Quel diteur pourra encore le prendre au sérieux après la sortie de son ouvrage aux allures de testament ttéraire ? N’est-il pas l’erreur système qui a généré un tel chaos ? Ne l’incarne-t-il d’ailleurs pas
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WHiTE LiGHT WHiTE HEAT
itique pas une cr / ceci n’est re v li e livre / d e e critiqu critique d el, st pas une ’e athieu Gogu n M ci de juste ) ce / / re pas un liv de livre ue de livre (Ceci n’est une critiq as Press Book p quelet st / ’e € ceci n ème, 19,68 n à paroles Erreur Syst st une chanso ’e d’ n / des ci n er io ce / at ad l’adapt age au le e de livre / en homm e une critiqu s n n u as up io éd as it st p n ét ’e p st n so ’e Ceci ques ré ns firent re / ceci n e t les chanso u n ique de liv t iq it ti do it / cr pe cr / ls e e n to u n on pas Sex Pis sa mutati n’est pas u pagnèrent e vre / ceci m vr li li rd co e n d bo ac u e ’a d’ et u d / / iq t e crit nlan cation e chroniqu and / s’ébra n ais la simpl t/ t devenu gr / imitant u le r to u de livre / m mouvemen is te p en au e n r se mettr écrit par u eu / ou p isp es e p / u t ir qu iq el it en en de cr gentim / pour dev er nier / qu gentiment su siècle d t d gi n as / re p ra r n u lé st l’e te ’e cé r n chan puis ac lon / Ceci présent / su s le panta ue ais encore in an it m ti d / n cr h é e co as n od u cl et dém ton / n’est pas fectué / ’il en a ef ’il livre / ceci e e qu qu d d / rs e e t u u lo iq / iq en it it ce trem une cr pas une cr re le silen de ceci n’est / pour romp / / / re ce r re v te v en li u li e oc e d co n d’é que d critique ps de l’in de st pas une eler / le tem ’e st et pp n ’e / n ra s ci oi te se ce x in t / u m ve livre ité / son te de son joli t, cle est lim ur passée / ntenu 83 / Bientô is, cet arti sa sa splende 19 je en mage / du co it ta ais il est à l’i m une e voix / C’é / ll as ic be p ch st ès ’e ès tr n sa pas tr roi / Ceci serait plus l’enfant ne
of frir / ur souhaite que l’aute / ge as une ra p v de l’ou / Ceci n’est e de public st re i lu cr i e itique à ce qu ’est pas un re / ceci n v li e d e livre / e u critiq e critique d ’est pas un n ci ce / re re de liv ique de liv as une crit ceci n’est p
. » e r u t fu o n « . x u u d e l i a d v . i a r r i v r o e i r p n s e e L e v l a l’ erne n. u t o o é s n n d’u a cha l . e e s i d ça rf an
Qu’il rêve de son livre en l’écrivant ou qu il l’écrive en rêvant, ce n’est pas avec ces paradoxes artificiels qu’il va se faire un nom 95
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Aspirant à la reconnaissance médiatique, un jeune écrivain ambitieux décide de monter un dispositif littéraire, dont l’unique but
illusion d’ semble être de faire parler de lui. Misant sur la propension des médias à s’emballer et à se précipiter, Mathieu Goguel a l’ingénieuse idée de faire parler de son livre par journalistes interposés avant de commencer à l’écrire. Cette étincelle suffit à déclencher une réaction en chaîne qui vient aussitôt l’approvisionner en matière textuelle illimitée. Devenu spectateur du projet littéraire qu’il a initié, l’auteur n’a plus qu’à se baisser pour collecter les feuillets qui se ramassent à la pelle, si nombreux qu’ils finissent par offrir à sonœuvre une existence réelle tout en satisfaisant son désir initial de reconnaissance médiatique. Dès lors, pour-
optique quoi s’embêter à écrire son livre ? Puisque ses contours nous sont clairement apparus au travers des instantanés que nous en révélaient les journaux, l’auteur n’a aucune raison d’exposer leurs négatifs, ce qui l’obligerait à se dévoiler. D’où le soustitre de l’ouvrage : Ceci n’est pas un livre pour ce que son auteur ne l’a effectivement pas développé, se contentant de sa simple projection médiatique dans la presse. Ce qu’on appelle un simple effet d’affichage. Press Book (Ceci n’est pas un livre) de Mathieu Goguel, Erreur Système, 19,68 €
!
De ombre l’o à la lumière Press Book (Ceci n’est pas un livre) de Mathieu Goguel, Erreur Système, 19,68 euros
Après le speed-dating, voici le speed-booking, nouveau mode de rencontres organisées, rapides et en série entre un livre et ses lecteurs par l’intermédiaire des journalistes chargés d’en faire la critique. Présenté sous la forme d’une revue de presse, l’ouvrage intitulé Press Book (Ceci n’est pas un livre) incite autant au papillonnage de sa lecture qu’il en dénonce les limites en reproduisant sur lui-même un phénomène d’emballement médiatique tel qu’il s’en produit régulièrement autour de certains événements, lorsque tous les médias, obnubilés par la crainte de se faire doubler par leurs concurrents, braquent leurs projecteurs sur le même sujet d’actualité qui a le malheur de passer sous leurs fenêtres tandis que tout le reste de la ville reste plongé dans le noir. Mais, de la ville sombre, Mathieu Goguel n’a visiblement plus rien à faire, lassé par l’écriture de ses trois premiers polars de motards qui la sillonnaient de nuit en long, en large et en travers. Seul lui importe désormais d’apparaître en pleine lumière et d’exercer le métier d’écrivain au grand jour. Un cadre narratif qui permet certes à son auteur de jeter un regard sans concession sur son propos au fur et à mesure qu’il le développe et de multiplier les angles d’analyse sur son travail en même temps qu’il l’approfondit, ce qui en fait un authentique work in progress, mais voue aussi par la même occasion son entreprise de séduction des lecteurs à l’échec en nous offrant l’image trouble d’un auteur secret et lunatique qui semble prêt à tout pour rester caché derrière son oeuvre, y compris à négliger le fond au profit de la forme au nom du réalisme de son écriture journalistique.
ou
d’un
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he arc vé m en che nir e ina onnu e v a livr inc eur tt ur fut prome p u f nd ur Sta king o ut ute a o Ma ing Com t of Bes
Le long film d’un livre en cours… toujours On comprend mieux après l’avoir lu les difficultés rencontrées par son éditeur pour qualifier le quatrième ouvrage de Mathieu Goguel. Non seulement Press Book (Ceci n’est pas un livre) n’est assimilable à aucun genre littéraire actuellement connu, mais il se dérobe à toute analyse approfondie en changeant régulièrement de registre et de point de vue. Une prouesse rendue possible par le format de la revue de presse choisi par l’auteur pour développer son propos qui lui permet d’exprimer autant d’avis sur son livre qu’il invente de journalistes chargés de le chroniquer – dont il limite heureusement le nombre – et nous oblige – au-delà de tout suspense – à lire son ouvrage jusqu’à la dernière page si l’on veut s’en faire une première représentation, et même à le relire plusieurs fois d’affilée et dans le désordre pour prendre la mesure de ses contours mouvants. La diversité de ton et d’approche qui en résulte est en effet poussée si loin par son auteur qu’elle finit par devenir la matrice principale de son ouvrage ainsi que son principal élément d’identification et de différenciation. Livre inclassable, par excellence. Archétype de l’OLNI (Objet Littéraire Non Identifié). Projet littéraire qui ne ressemble à aucun autre. Véritable défi lancé aux critiques littéraires chargés d’en renvoyer une image la plus fidèle possible à leurs lecteurs… s’il s’agit seulement d’un livre. Press Book (Ceci n’est pas un livre) de Mathieu Goguel, Erreur Système, 19,68 euros
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fort en math, nul en theme
mal en droits d’auteurs. Que n’envisage-t-il une reconversion professionnelle dans un secteur qui reconnaitrait à sa juste mesure sa capacité à se répandre en logorrhée sur n’importe quel sujet et alignerait le montant de sa paie sur le nombre de signes produits. Vivre libre et délirer sans penser au lendemain fait certes de lui un écrivain maudit, mais incapable d’assurer son quotidien, alors qu’il lui suffirait de lire des livres et de vibrer pour retourner la situation à son avantage et faire fortune dans la critique. Chacun en conviendra : tant qu’à écrire pour ne pas être lu, ni pris au sérieux, mieux vaut le mot-dire en étant bien payé que le bien-dire en étant mal payé.
Si Goguel possède un talent, c’est celui de s’en prêter de multiples et variés, qui justifient qu’autant de journalistes s’intéressent à son quatrième livre en forme de revue de presse à lui-même consacrée et en font un succès médiatique avant même sa contente e s e n l e u g o G sortie en librairie. Malheureusement, dans cette bulle de crédit gratuit est trop pas de cracher a artificielle pour durer, qui ne tarde pas soupe, il essaie ussi à éclater et le laisse sans ressource, la urguer fo re s u o n e d incapable de subvenir de façon pérenne dant aux forts besoins médiatiques que la sienne en l’accomo nécessite la poursuite de son activité utes les sauces, to à d’auteur de best-sellers à venir. À quoi aussi d n re la i u q e c bon écrire qu’on écrit si personne ne vous t chronique ? À quoi bon promettre, le indigeste qu’il es. meilleur comme le pire, si personne ne imbuvable vous publie, ni ne vous lit jamais ? Si l’espoir fait vivre, les promesses, elles, n’engagent que ceux qui les écoutent. Privé de lecteurs dès ses premiers romans par la seule force de son talent, on comprend mal pour quelle obscure raison – autre que le masochisme, s’entend –, Goguel s’entête à vouloir écrire des livres qui le rémunèrent si Press Book (Ceci n’est pas un livre) de Mathieu Goguel, Erreur Système, 19,68 euros
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L’occupation illégale d’un livre vide par cent papiers d’un auteur en quête se re qui ne repo v li n U d’identité sur rien à part l’imagination de son auteur, c’est vous dire son fragile équilibre !
u
A
Press Book (Ceci n’est pas un livre) de Mathieu Goguel, Erreur Système, 19,68 euros
début, on n’y croit, on se dit que l’auteur ne va pas tenir sur la longueur. Pensez ! Ecrire un livre sur rien qui n’aurait ni histoire, ni suspense et pour personnage central qu’un écrivain falot se mettant lui-même en scène dans une tentative désespérée d’attirer sur lui l’œil des médias. Pas de quoi captiver les foules, mais page après page, force est de reconnaître que l’auteur parvient progressivement à combler le vide de sa pensée et de son existence en brodant dans un style journalistique élémentaire qui satisfera le plus grand nombre. Plus press book se remplit, plus ses articles s’allongent. Comme si l’auteur prenait peu à peu confiance dans sa capacité à habiter le vide, à l’incarner même par son discours. On est alors obligés de penser, toutes proportions gardées bien entendu, à ce monument de la littérature française qu’est L’Éducation Sentimentale de Gustave Flaubert. Immense roman sur le rien à travers le récit de l’échec d’une vie, dont Goguel nous offre
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Une
sorte de pendant, moins littéraire certes, mais tout aussi abyssal, qui vise à livre aussi parfaitement inutile faire réfléchir les lecteurs sur leur rapport à que nécessairement génial l’information. Ce que cherche à dénoncer puisqu’il parvient à sublimer la médiocrité de son Goguel, ce n’est pas tant l’exercice de la propos pour en faire la matière de ses critiques les plus critique littéraire, certes extrêmement subtiles et justifie pleinement la couverture médiatique facile à émettre au regard de la dont il est l’objet ainsi que la formule d’inspiration difficulté de la création, que surréaliste qui lui tient lieu de sous-titre «Ceci n’est pas un l’importance démesurée que notre livre». Une affirmation négative qu’il convient de «lire» société lui accorde, faute de autrement en la détachant de son titre – dont elle constitue de trouver le temps de s’intéresser fait un doublon inutile – pour appréhender les multiples aux œuvres originales. Parce dimensions de la démarche littéraire en creux de Mathieu qu’il ne s’agit pas de décrire Goguel. Imaginez seulement que l’existence et le contenu son une situation établie, mais ouvrage n’aient pas été évoquées dans ses propres colonnes. un dysfonctionnement Certes, il ne fait aucun doute que personne n’en aurait jamais structurel, son ouvrage entendu parler, mais que n’aurait-on alors pas dit pour justifier un prend la forme d’une tel silence médiatique ? Combien d’hypothèses fantaisistes démonstration réelle et n’aurions-nous pas été amenés à formuler pour identifier les causes absurde de sa propre d’un tel échec ? Simple oubli ou ignorance délibérée des médias ? mécanique de livre Renoncement de l’auteur à écrire un livre qu’aucun éditeur n’accepte qui n’existe qu’à de publier ? Refus du libraire à vendre un livre dont personne ne parle ? travers les critiques Incapacité du lecteur à acheter un livre qu’aucun libraire ne vend ? qui en sont faites. Frilosité du critique à lire un livre qu’aucun lecteur n’achète ? Etc., etc. En vérité Goguel aurait-il voulu attirer notre attention sur les innombrables livres géniaux qui sortent chaque année et dont la presse ne parle jamais, faute d’espace disponible, qu’il n’aurait pas procédé autrement. Quelle meilleure illustration pouvait-il en effet offrir à cette regrettable sous-exposition médiatique que la surexposition artificielle dont bénéficie le sien ? Au-delà des vases communicants, c’est toute la question de la représentation de l’absence qui est ici posée par l’auteur. Comment parler de tous ces livres passés sous silence ? Comment rendre dignement hommage à leurs auteurs oubliés par la critique ? Tout simplement en nous invitant à ne pas tenir compte de ce que nous en disent ou pas les médias et à les aller les découvrir par nous-mêmes dans dans les bibliothèques où ils nous attendent depuis quelques dizaines, voire les rayons centaines d’années ou – pour les plus récents – dans les librairies. de votre libraire Non, Mathieu Goguel a bien raison de l’affirmer préféré en sont, eux, de vrais. sur la couverture de son ouvrage, Press Book Pour autant, c’est aussi le plus n’est bel et bien pas un livre parce que tous bel hymne à la littérature que celle-ci a les objets qui sont vendus autour de lui produit depuis longtemps.
Un
Pavé de c ulture
À l’heure où le mar ché semble de la renc s’imposer ontre entr comme le e l’offre et pose de fa mode d’or la deman ire rentre ganisation d e, l’auteur r sa vie d talent et sa absolu de ce livre a n s un Press prose… q -concept se Book afin u’on vien amène à prot pourtan de nous « réfléchir su t d’achete vendre» so r les raiso euros pou r. n U ns qui no r en faire us ont con n paradoxe qui no l’acquisitio l’acheter, us duits à dé n. Avonsà l’essaye bourser 1 nous pensé r en cond convenait 9,68 à tester ce itions rée bien ? Et q ll livre avan es pour v uel rôle la ner une te é t de r ifi e critique a r que sa le lle envie d -t-elle bien cture nou e le lire ? en dévelo p s Une réflex u jouer po ppant luiur nous d ion que l’ même l’a journalist auteur no onrgumenta es interpo us aide à ire produ sés. En im bénéficié s’ initier it de son aginant la il l’avait é p ropre livr co uverture p crit, Math paradoxe e par resse dont ieu Gogue , il comm celui-ci au l ne produ et égalem nous inter rait it e p n as seulem t un vérit roge sur le ent un seco able acte s rapports de l’art av nd d ec de plus en ec celui du plus ambig réation littéraire q commerce ouvrage, ui us et de l’ind qui se veu ustrie. Com qu’entretient le mo t à la fois duite et ve nde ment en e objet-livr ndue en sé ffet qualifi e, simple rie, et créa auteur, et er son marchand tion artist nous inte is e conçue, ique origin rpelle sur Œuvre si proa notre rap le et perso complexe port à la nnelle de qu’il faud facettes. E so son rait un liv ciété de co t dont le ti re entier p nsommati tre officie résumé qu o our en déc n? l choisi pa e le critiqu rire les m r l’auteur e objectif p «Press Bo u lt ip e le st s u fi is ok», tout nalement se en prop simpleme le meilleu oser sans constitue u n r t. r isq Un «non-l n nouveau ivre» si in uer de le dénaturer ge moins sou : novant qu haiter qu’i nre littéraire à lui ’il invente tout seul, l reste l’un règle, pour genre don et ique repré ce que sa m t on peut n sentant, l’ ultiplicatio éanexception n sonnera Press Boo q ui confirm it le glas d k (Ceci n ’est pas un e la e la critique in livre) de Mathieu dépendan Goguel, E te. rreur S ystème, 1 9,68 euro s
On con naissa it le livre autosu l’auteur suffi de per ffisant sant, G sonne : littéra oguel i d’autr l nvente ement e que l , q u i n’a be uison au soin teur qu même pour et ses convai ’il a eu lecteur ncre raison s qu ’ i l de l’éc s ont e rire u tort de l’ac heter.
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«C’est triste à dire, mais Mathieu Goguel se réduit 101 dans Press Book à ce simple axiome “je critique, donc j’existe”. Pas très constructif pour un auteur qui prétend apporter sa pierre au grand oeuvre littéraire».
Si la qualité d’un livre se mesure au nombre d’articles qui lui sont consacrés, alors Press Book sera sans conteste élu produit de l’année.
T I O D T S JU YOURSELF OR DIE !
Goguel Mathieu i tout urs à lu est un o qui singe seul des la totalité on es articles d ine g ma az pseudo- érature. de litt
Comment s’écrit
GOGUEL Press Book (Ceci n’est pas un livre) de Mathieu Goguel, Erreur Système, 19,68 euros
C’est sur l’improbable postulat de départ qui découle de son double titre, un Press Book en forme de livre et un livre qui n’en serait pas un, que l’auteur déclenche la réaction en chaîne qui sert de fil conducteur et de trame à sa narration. Une fois le concept amorcé, Mathieu Goguel peut se laisser porter par la polémique et se glisser dans la peau de ceux qui ont le pouvoir de faire et défaire les livres. Ayant revêtu leurs masques, il s’approprie leurs personnages et leurs modes de pensée pour évaluer les multiples composantes de son oeuvre avec une certaine objectivité. Bien sûr, chaque avis est porteur d’une déformation, mais leur multiplication induite par le concept de la revue de presse oblige Goguel à envisager toutes les hypothèses, de la pire à la meilleure. De ce large éventail de points de vue finit par se dégager une oeuvre complexe aux allures aussi changeantes que les humeurs de son auteur désincarné, dont les nombreuses contradictions finissent cependant par faire ressortir l’humanité enfouie.
Avec Press Book, Goguel invente le succès à crédit ! Leasing garanti !
NO BOO NO GOOK, ONE GO D, D
Press Boo k (Ceci n’ est pas
un livre) d e Mathie u Goguel,
Erreur Sys S’inscriva tème, 19,6 8€ nt dans la continuité tionniste de l’Intern de G uy D atio eb Chomsky et de la b ord (1957), des éc nale Situaible alterm rit Tyrannie ondialiste s de Noam d e s M a rq N u décide de s’attaquer es de Naomi Kle o Logo : La à l’influen in, un au dans un n ce gr teur on la réflexio -livre, véritable br andissante de la pre n collectiv ûlot politi sse es qu Intitulé P ress Book ur la nature même e et appel à de (C artistique s’inspire d eci n’est pas un liv son propos. r e e menées p ar une po s actions médiatiq ), son projet ignée d’as ues récem anti-pub) sociations m po (RAP, la B ent notre env ur résister à l’invas r ig ade ion de tou ironneme t nt menta Day, Buy l et physiq ce qui pollue Nothing Day ue livre qu’il est précis , No Sarkozy Day). (No Music ément en Consacré presse qu e au train d ’éc ’il e rire, la re d’un systè n tire se veut en e vue de ffet l’illus me média tration viv tique qui finit par d tourne si a onner l’il bien à vid nte lusion de vous, que e produire qu’il l crédit ac de corderezvous à son la richesse. Et propos ?
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polé
dire sur lui qui n’a pas déjà été écrit par son auteur ? Bien que ce dernier ne soit pas journaliste, son choix d’évoquer le contenu de son livre au moyen de critiques littéraires imaginées de toutes pièces n’est pas contestable. Il n’empêche que cela complique singulièrement la tâche du critique chargé d’en rendre compte à son tour à ses lecteurs, obligé de le lire in extenso pour trouver un angle d’analyse original qui n’a pas été utilisé par l’auteur lui-même et de s’intéresser aux articles que lui ont déjà consacrés ses confrères pour ne pas risquer la redite. Après tout, pourquoi pas ? L’auteur a bien le droit d’exiger des journalistes qu’ils étudient son œuvre en profondeur avant d’en rédiger la chronique. C’est pourtant là que le bât blesse.
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littér prix e, ni
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Etendard haut en couleurs d’un livre noir à étendre
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ANN IER E B A Comment L T parler efficacement en E T quelques lignes d’un livre qui ne R cesse de parler de lui-même tout au long L’A de ses cent quatre-vingt douze pages ? Et que
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I R E Car D R I E N si notre déontologie nous
impose de lire les livres que nous sommes chargés de critiquer, elle nous commande aussi d’en faire l’analyse la plus objective possible, c’est à dire d’évaluer la qualité de l’œuvre pour ce qu’elle est et non en fonction des commentaires qu’elle a déjà inspirés à nos confrères, tâche évidemment impossible dans le cas présent. Mais que faire pour résoudre cette contradiction ? Le critique littéraire doit-il seulement parler de Press Book à ses lecteurs ? L’ignorer ne serait-il pas la meilleure façon de résoudre son conflit intérieur ? Évidemment non, puisque cela reviendrait à exercer un non-journalisme sous influence tout en donnant raison à son auteur paranoïaque, déjà convaincu de l’existence d’un complot médiatique dirigé contre lui.
En vérité, il n’existe aucune issue, ni aucune pirouette qui permette au critique de se sortir indemne de ce traquenard littéraire. Aussi le critique n’a-t-il d’autre choix que de s’avouer vaincu et de s’effacer devant l’auteur afin de laisser la parole à son oeuvre qui, si elle n’est pas livre, en possède néanmoins l’étrange s uro et fascinant pouvoir : celui de faire parler 8e 9,6 e, 1 m tè les hommes quand bien même ils Sys ur rre l, E e n’auraient rien d’intéressant, ni de u g Go eu thi nouveau à en dire. La preuve ! Ma de ook ss B Pre
e) livr un as p ’est ci n (Ce
WO R K H A R D ! WOR K ART ! ARTWOR K
Jamais rentrée n’aura été aussi chargée pour les critiques littéraires. Dès cette semaine, ce sont près de 500 nouveautés qui vont inonder les rayons des librairies. Un nouveau chiffre record dont on ne sait toujours pas s’il témoigne de la vitalité de la création littéraire dans notre pays ou de la fébrilité des éditeurs français, prêts à tout pour se voir décerner l’un des sacro-saints prix qui clôturent la saison. Y a-t-il trop ou pas assez de livres qui sont publiés ? Éternel débat qui ressurgit chaque automne, aussi sûrement que les marronniers perdent Edouard leurs marrons et que les journalistes s’en servent pour récompenser les auteurs les plus méritants. m’a tuerParmi eux figure un illustre inconnu qui mériterait de se voir décerner à l’unanimité le gland d’or de la critique pour son ouvrage dont le propos illustre malheureusement à merveille une thèse inquiétante récemment développée par un universitaire américain dans un court et cinglant essai (L’Éclipse du Savoir, Éditions Allia, 2008). Selon Lindsay Waters, ce seraient l’accroissement de l’exigence de productivité et de rentabilité dans le secteur de l’édition et l’inflation de mauvais livres qui en découle – parmi lesquels se noient les bons – qui seraient directement à l’origine de la disparition de la pensée critique. Un propos alarmiste que Mathieu Goguel ne fait paradoxalement que conforter au fil des pages utilitaires de son Press Book, qui semblent uniquement destinées à nous «prouver» son talent d’auteur au lieu de nous en faire la démonstration par les faits. Comme si le talent se décrétait par journalistes interposés. Comme si les livres s’affirmaient au lieu de s’écrire. Comme si la révolution se programmait à l’avance. En vérité, il ne manque qu’une seule chose à Press Book (Ceci n’est pas un livre) pour prétendre au statut de livre réussi que Mathieu Goguel revendique pour lui dans chacune de ses pages : un auteur conscient, tout simplement. Alors, peut-être, ses propos seront-ils entendus pour ce qu’ils disent et non pour ce qu’ils sont, à savoir de simples effets de manchette. Press Book (Ceci n’est pas un livre) de Mathieu Goguel, Erreur Système, 19,68 euros
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Ce p vérit ress bo a Ne ble es ok est u c v Mat ous y t roqueri ne r e h d’un ieu Go ompez ! p prét journal guel n’a as, e i da ndus ste ! A rien n u s c un sa artic l e d r s d e e e a v p s u ffi c h pub resse n e é s ’ l jour ié dans a jama n i ex al ! T le mo s été o t i r n u a d s its re s o d n e t d s o n liv e sim r p e l e ! s
suicide d’un livre par son auteur
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Press Book ? Pourquoi lire aujourd’hui
un livre dont l’auteur n’aspire
Qu’il commence par mourir,
qu’à l’éternité ?
on aura toujours
le temps de s’y mettre !
Un livre stupé fiant dont on a beaucoup de mal à décroch bientôt plus de lui que ses intentions artistier ! ques. Le piège se referme alors sur les jour109
Le feu de la critique Quel meilleur cobaye Mathieu Goguel pouvait-il trouver pour mener son expérimentation que lui-même, dont les trois premiers romans policiers n’ont fait l’objet d’aucune couverture presse lors de leur sortie, et qui aspirait, pour son quatrième ouvrage, à un meilleur destin ? Il lui suffit d’une étincelle pour déclencher le feu nourri de la critique, celle née de la rencontre choc entre les deux titres de son ouvrage qui constituent un point de départ si improbable pour son ouvrage que les médias s’en emparent aus-
sitôt. Une fois la polémique amorcée, Mathieu Goguel n’a plus qu’à l’alimenter de quelques provocations bien senties et de fragments de sa personne qu’il offre en pâture aux journalistes chargés de le lire et de le critiquer. Épousant leur cause, s’appropriant leur mode de pensée, imitant leur style, il imagine et s’auto-administre le traitement de choc que ceux-ci lui auraient certainement fait subir s’il avait commis l’imprudence de signer un livre au programme aussi ambitieux que Ceci n’est pas un livre. Bien que descendu en flammes par la critique, Goguel continue néanmoins de souffler sur les braises et de jeter de l’huile sur le feu qui le consume, tant et si bien qu’il ne reste
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nalistes, rendus complices d’un emballement ayant dégénéré en lynchage médiatique, qui se voient condamnés en pénitence à ériger eux-mêmes un autel littéraire à la gloire de celui qu’ils ont contribué à tuer : Press Book. Enfin reconnu pour ce qu’il est, l’auteur fumeux peut alors renaître de ses cendres et parader en arborant fièrement son œuvre et sa certification officielle. Le voici devenu écrivain puisqu’un livre porte son nom et – mieux encore – artiste à part entière puisque «c’est écrit dans le journal». Press Book (Ceci n’est pas un livre) de Mathieu Goguel, Erreur Système, 19,68 euros
Tel le phénix qui renait de ses cendres, Goguel écrit en fumant clope sur clope !
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n u ’ d e Livr sans auteurire ou histo stoire hi e r v i l d’un sans Un livre illisible ? r u e t u de la première a à la dernière page !
! e é r t n e r a l e d t i écr
Excusez du peu !
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Livre dans le livre À la recherche du livre qui lui ouvrira en grand les portes du succès et de la renommée, un jeune auteur décide d’adapter à la littérature un concept qui a fait ses preuves au cinéma, lui procurant quelques uns de ses plus grands chefs d’œuvre, le film dans le film. Mais comment procéder à une telle mise en abîme lorsqu’on n’est pas un romancier célèbre et qu’on n’a qu’une confiance limitée dans sa plume ?
Narrer la lente et difficile genèse de son livre ? Raconter le doute grandissant de l’écrivain face aux murs infranchissables qui se dressent devant lui ? Pragmatique, Goguel opte pour une solution nettement plus simple à mettre en œuvre. En décidant de ne pas écrire son livre, Goguel laisse au lecteur le soin d’imaginer ce qu’il aurait pu être à partir des commentaires des journalistes chargés de le critiquer. Autrement dit, Ceci n’est pas un livre
s i a m a j n a m o r r u e l l i le me parce qu’il ne s’agit que de sa revue de presse hypothétique.
Press Book (Ceci n’est pas un livre) de Mathieu Goguel, Erreur Système, 19,68 ¤
EST-CE LE DR MABUSE QUI AIME LE MOT DIT ?
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Entrelignes de vie
Press Book (C eci n’est pas un livre) de Mat hieu
Goguel, Erreur
Sy
stème, 19,68 € En n’écrivan t que le com pt e-rendu de so interposés, Mat n livre par jo hieu Goguel n’ urnalistes en produit pa a l’immense m s m oins œuvre litt érite de rester éraire qui accessible à to ode à la lecture us. Son livre es instructive et t à la fois une u n reniement de car l’essentiel se la littérature trouve précisém po m peuse ent entre ses ar écrit. Libre au ticles, dans ce lecteur d’imag qu’il n’a pas iner à partir d livre au compt es information e-gouttes dans s qu’il nous la revue de pres celui-ci aurait se de son livre virt bien pu ressem uel à quoi bl er s’il avait réelle donc de s’écrir ment existé. À e son propre li vr chacun e à partir de ce éveillent en lu que les propos i de la même fa d e l’auteur çon qu’on se fa faits, paroles et it parfois un fil autres événem m à partir de ents plus ou m oins avérés.
OU M LE MAUDIT QUI ABUSE LE DOCTEUR M?
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EST-CE LE MOT DIT QUI ABUSE LE DOCTEUR M? Notice de lecture u Goguel,
thie t pas un livre) de Ma Press Book (Ceci n’es euros 68 19, e, tèm Sys Erreur
son livre n’existe plus Ce n’est pas parce que esla multitude de compt et a été supplanté par ut au long de sa to rendus qui en sont faits que la pensée de ée m as nt revue de presse fa reste présente et est le l’auteur a disparu. El déformée, par les ent véhiculée, probablem t rlent. Si l’auteur avai pa en i jour nalistes qu r ses lecteurs, la l’intention d’interroge au profit de son press disparition de son livre et. Les jour nalistes proj book n’annule pas ce rel. Mieux, ils la tu na is la s’en font le re es and nombre de personn diffusent à un plus gr et ce faisant, – encore en fragmentant os en une centaine r simplifiant – son prop lire pour en reconstitue d’articles qu’il suffit de premier livre en kit le l’image, ce qui en fait x lecteurs rêveurs au vé jamais publié. Réser
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OU LE DOCTEUR MAUDIT QUI AIME LES ABUS ? ires, paradoxes littéra et autres amateurs de s’abstenir. donc. Esprits étroits,
Press Book ? Plus on en parle et plus il y a de choses à en dire ! Son auteur ne cessera-t-il donc jamais ?
The sound of silence Press Book (Ceci n’est pas un livre) de Mathieu Goguel, Erreur Système, 19,68 euros
Où s’arrête la fiction ? Où commence la réalité ? Quelle est la part réellement autobiographique de cette revue de presse fantasmée que l’auteur consacre à son livre qui n’existe prétendûment pas? L’exercice d’autocritique auquel il se livre dans ses pages est-il aussi sincère qu’il le prétend? Ne s’autocensure-t-il pas inconsciemment à force d’autosuggestion et d’autopersuasion? Quelle part de spontané peut-il rester dans un exercice d’autoévaluation aussi systématique? Pourquoi se livrer à une autopromotion aussi forcée et outrancière de son propre ouvrage si ce n’est pour masquer certains aspects de sa personnalité, socialement mal acceptés, tels que son attirance pour certaines substances illicites et sa forte proprension à sortir des pistes trop bien tracées? Entre CV travesti et vérité masquée, tout semble bon pour dresser l’autoportrait d’un homme sans défaut et dissimuler les conséquences de ses erreurs passées. Son auteur chercherait-il à se voiler la face afin d’échapper à ses responsabilités ? Combien de temps l’artifice sera-t-il efficace ? À force de rester aussi centré sur lui-même, ne risque-t-il pas de lasser ses lecteurs qui assistent impuissants à la lente et longue déliquescence de son cerveau ? Face à ce qui ressemble fort à un processus d’autodestruction lente, son esprit finira-t-il par avoir le dessus et par conduire son auteur à l’auto-psy de son oeuvre? Ou ce dernier choisira-t-il au contraire de rester passif, sous assistance artificielle jusqu’à son dernier souffle afin de pouvoir autocélébrer en toute innocence son prétendu parcours sans faute? Tant d’excès en auto-, convenez que cela devrait normalement l’amener à se prononcer sur la question, voire à définir sa position officielle. Hélas pour ses lecteurs, celui-ci ne semble pas pressé de remonter jusqu’à la source de ses ennuis qui se contente de soulever toutes ces questions relatives à son sujet sans leur apporter de réponse, trop occupé qu’il est à effectuer d’incessants allers-retours entre lui-même et son double pour créer sa légende en même qu’il l’écrit. Point n’est cependant besoin d’être un grand expert de la psychanalyse pour remarquer qu’après la moto, mode de locomotion auquel il a consacré trois romans policiers, l’auteur semble avoir fait une fixette sur sa grande soeur à quatre roues motrices. Ce que certains considéreront comme un passage à l’âge adulte quand d’autres y verront au contraire une fermeture au monde extérieur, voire un repli sur soi dans la grande tradition de l’auteur français souffreteux qui expulse son mal-être dans le paraître (au sens d’être publié). Auto-moto, une constante néanmoins : le mouvement en avant d’un homme qui semble mettre la critique littéraire au défi de le rattraper dans son échappée belle hors des sentiers battus de la littérature : «catch me if you can !» Chiche ?
ht t a ê om r t r u Aans a s
os eur n,68 olo , 19 e m e pr a î t r e r stè y d S r M s ten reu , Er pré v e c l e l i c i e r uel a ble, po Gog
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n u ua gal ns jeu . thie n lo Ma àé ma un ) de age ntio ’ é g a l o i s r o core r vre e v i t l ou in tr se en rd s un ces t pa eux une l o g u e u r d e u être n’es b i t i u ’ i l n e ette e est a a eci t i C m e e ( u d t a b c a q it , t t, ook a g r a i s a n . D é j à g u e l a i è m e e i t i v e – ement p i r e ss B Pre f o é éM d r e ét
i t G en ce rép min re l eu ui qua Rap à R e et, a i n M a t h i r s o n e – c a r rage. c r a i n d , c e q ge r u a r q i e v v m e u , t t t e, i r s s i u s s m u i c un ho t i o n i p è s e e x c e s e son o o u s f a é d i o c r i t i q art s u r e Edi dre x i o n m o u n n … d t n q r o r t r t i e u e e i t e m c l’a len ca en ébu Si r a r é f l e e n t u r ent ena Bru t ud stifi n t a à d e v t pour lim s s ’ a v r r e d e e r l a m e l a j u llue a d e s o mp i q u e . E n s o e à ger a c l o p r e t a t t o u t p o e T t s k n e q i i n e o i u l n e z d i l u o Bo s’a na r e v é s c h e p e u t i g u i e x p tive q o n i d é e t a r de s ess uà our s q li e éa t e n r a t i o n ouvea s t y l e j r i s , P r r avec x p u b r , i l n u t e c e che cr u e d e e t n p e t o nt nce r s eu o n s ge de ar atiq com t, l e illa ava ém a u t s a n s d a dém s t é m s e m e n e l a d l l’obli r e t b r l ’ a u r a , pour x t r a v t s y s s e e r i d u t u ’ n i ir u C’ n e t e u u a e O p o r r r f b s r. n tq air pa ati l fa eu de f c é l é b r i t e . H d e n o u l a g r a n a n s u l ’ a u t e u n s e t i e s n o m e n t à d i f o s r su lem aut s si o c h e r e n t d e de mo d é r e r teu seu r la r oin ’au t n s i e c’est p o u e t à l éanm l e r e p p u i s e m plus e o c u n s m p e r el est i t ô t s e q u ’ à é as, de j a m a i p u i s q s b , lequ r a u s s i t e j u et de r e , n e n i t i f s u u ts éfi p o u si de s lect hau et d a i n fait de a n s s a i t o i r e s est i s i r d é d h i b r pla me du com mo men con to tr nou ecarr ù ils s er e ont vea t av u lect eur sur s chang érés d o , er d a n l’ou l’ob o euv e r ns son lig vr pr rat age, t eant à r e . U e g i s t r ion and n e et opre r é is q effect e m é t j a m quas uer hod en no cit qu u’el i-ill ais e l’a u e l u e i so n m q ap pr e u u défi i f len e r c e v tée. D’ ocure lectur i ne la frant teur p eut t o o e un i à i s ù l’ àg r c s san s r e le o l i é e b é t ran s fi o u t trang n aute ique e a u c u n c l a i r a s de n? ge vite e im ur t do de me Ou r é p une sse son nta nc pre Gog act i t a u ir s s s l ive cas e p e r p uel no o u s n o i v r e a s i o n r o u r c e de , on e u d l étu s e l d s aura y e u x o r s q s s e n t i ’ i n s p i p ue ed e so it-il c e n eut m ébe e ses alh no r e so p a g ne eur e u v conda l u é s . it m e S ma que le usem re ? Da nés a erait e s -il r de ent uc ns d o c l livr ébut d ’ u raind e s d e u meà r n x lire e éve cauch que illé e.
Mieux que l’écriture automatique, l’inspiration automatique ?
Variations critiques sur le même livre Press Book (Ceci n’est pas un livre) de Mathieu Goguel, Erreur Système, 19,68 euros
Press Book (Ceci n’est pas un livre) de Mathieu Goguel. Deux titres pour le prix d’un. On se souvient de la polémique suscitée par la révélation de ce second titre d’inspiration surréaliste. Leur cohabitation sur la couverture du même ouvrage s’avère pourtant largement justifiée par son contenu et se révèle même indispensable à sa construction. Car c’est de la confrontation entre ces deux concepts antinomiques – livre et (press) book – que jaillit la réflexion centrale de l’ouvrage «Qu’est-ce qu’un livre ?» dont les multiples déclinaisons servent de fil rouge à sa narration. De fait, qu’est-ce que c’est que ce livre qui ne ressemble à rien de connu et se cherche lui-même en même temps qu’il s’écrit. S’agit-il... D’un recueil de chroniques littéraires sans livre, ni objet ? De la négation par sa critique de l’existence d’un livre ? Du récit de la genèse d’un livre impossible à écrire ? De l’auto-apprentissage par son auteur d’un livre en cours ? Du récit-vérité par lui-même d’un livre qui échappe à son auteur ? D’un vide médiatique masqué par la couverture de son livre ? De la confession éclairée d’un écrivain qui cherche la lumière ? D’un récit mort-né dans le cerveau de son auteur stérile ? D’une illustration avortée de la méthode Coué ? D’un traité détaillé sur les limites de l’autosuggestion ? De la multi-représentation d’un livre à sens unique ? De la représentation unique d’un livre multi-usages ? D’un reportage impartial sur lui-même par un auteur intéressé ? De la démonstration de force d’un auteur impuissant ? D’une publicité mensongère pour une manipulation littéraire ? Du récit bidonné par les médias d’un livre n’ayant jamais existé ? D’un trafic de faux-papiers organisé sous couvert de livre ? D’un pamphlet réactionnaire contre l’ordre médiatique établi ? D’un contre-manuel engagé de journalisme indépendant ? D’un épanchement sans livre de son auteur âpre au gain ? D’un méchant penchant pour le livre de son auteur sanguin ? Du sombre autoportrait que dresse de lui-même un auteur illuminé ? D’un exercice d’autocritique à vocation commerciale ? D’un catalogue publicitaire d’autopromotion critique ? De l’autobiographie d’un livre fantasmé par son auteur ? De la vaine quête d’identité d’un roman autobiographique ? De l’autofiction réaliste d’un délire d’auteur ? d’autopromotion ? de son auteur en livre CV travesti Du De l’autofiction-vérité d’un auteur qui se ment à lui-même ? De l’autopromotion déguisée de son livre par son guignol d’auteur ? D’une incarnation littéraire des bienfaits de l’autodestruction ? D’un avis de savoir-faire pour valoir ce que de droit ? de faire-savoir adressé à qui de droit ? D’un manifeste
Je de l u mière noi re tu e l e vi d e d e l a
, 19,68 € Erreur Système athieu Goguel, M de ) re liv eci n’est pas un r Press Book (C urner en rond su
luito de on si es pr m os de son nne parfois l’i cteur sur le prop le le r Si Press Book do ire la éc ntes telle que pour mieux ttes réfléchissa ce fa à e ul même, ce n’est bo e les feux de sert comme d’un it. En braquant nu de s îte auteur, qui s’en bo s le mettre en dans toutes le tant en effet à s pa e ch er qu’on en trouve ch ne lumière que n livre, Goguel nt – les rayons de ta en m ag l’actualité sur so fr s le boîte de nuit us renvoyer – en Tel le patron de s. ue tiq ia lumière qu’à no éd m s dre scintillant i les projecteur et humide en ca e br m so projettent sur lu ve ca guel se fait la nuit venue sa ire la fête, Go fa de e vi qui transforme en e sans nous i stimule notr osphère de livre m at e et féérique qu un e fr of aginaire. ves qui nous e de presse im vu re sa marchand de rê à e âc anquera lecture gr ière qui ne m m lu contraindre à sa de u je forme de nseurs de l’objet Un ar tifice en daliser les défe an sc de ns s io pa at t ns pures se évidemmen les amateurs de enivrer livre quand tous nt ront au co raire se is la se s ire ra litté pétitive jusqu’au par sa prose ré petit matin.
s ou s s ros. a i u d mé 9 e les 14,9 s n à da re er n liv d ra e so pa ’à ent d u q se nem en yon p e u ra ln ue ge d g o sa , G as 9 F au p 9 e rive rd be ous p e igb t n Be elle e u r d rtifici sta ’in nce a l À lue inf
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moi r u o p e n la p ça
pa g e b l a n c h e
Un livre hors-sujet du début à la fin ! 118
t, a i lag e !»,ck p t o s t y l Hitchco u a « L ’ s t l e disait p i e , o !», c c’e s to antés chinois u a «L’ t la stendent le , n ré s p o cti !», l c’e fi t o l i t é Gogue u a « L ’ a r é aa j o u t e m t s c’e
Le Masque et la Plume Press Book (Ceci n’est pas un livre) de Mathieu Goguel, Erreur Système, 19,68 €
Press Book (Ceci n’est pas un livre) de Mathieu Goguel est un livre renversant à plus d’un titre. Son auteur n’ayant pas jugé utile de l’écrire pour en parler, ce sont les commentaires des journalistes qui lui offrent toute sa matière. Pour autant, il n’en reste pas moins le livre de son auteur puisqu’il en reflète tous les rêves, délires et autres fantasmes littéraires. À ce titre, Press Book nous en apprend probablement autant, si ce n’est plus, sur la personnalité et la démarche de son auteur que si celui-ci l’avait réellement écrit. Car, au sein des articles qui constituent son book imaginaire, l’auteur s’ausculte jusqu’à l’os, un peu plus profond à chaque page, chaque article, prenant soin de fractionner son propos pour ne s’offrir qu’aux plus attentifs de ses lecteurs qui auront la patience de le lire jusqu’au bout. Certes, le point de vue de Goguel est ici véhiculé à travers le prisme déformant des journalistes fictifs qu’il charge d’analyser le livre qu’il est en train d’écrire, mais au moins le biais est-il affiché au grand jour et la règle de décryptage connue de tous, qui permettra à chacun de redresser ses propos à l’aune de sa propre perception des médias pour en extraire ce qu’il pense être sa pensée véritable. En cela, Press Book s’approche beaucoup plus près des vérités de Goguel que ne l’aurait fait une autobiographie – au reste, prématurée pour un auteur, certes prometteur, mais encore jeune et surtout totalement inconnu. Un genre qu’il contribue cependant à renouveler, son récit personnel en mode journalistique pouvant même être considéré comme l’autofiction absolue pour ce qu’elle ne semble destinée qu’à le convaincre lui-même de son propre talent et qui sait, peut-être aussi, quelques lecteurs compatissants.
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ABSURDUS DELIRIUM Rarement auteur aura confessé aussi humblement son irrépressible et vital besoin d’être lu et reconnu. Une dépendance forte à ses hypothétiques lecteurs qu’il trouve heureusement le moyen d’assouvir artificiellement sans heurter personne par le récit de son propre livre par journalistes interposés. Entre être et paraître, Mathieu Goguel n’aura donc finalement pas eu à choisir. Et pour cause. Press Book (Ceci n’est pas un livre) lui permet d’unifier ses nombreuses parts et aspirations contradictoires, qui se situe à mi-chemin entre pur exercice de style journalistique et autopromotion de son talent d’auteur, entre parodie de notre système médiatique et revanche personnelle d’un homme qui n’a pas su y trouver sa place, entre quête éperdue de reconnaissance et exercice d’autocritique au vitriol, entre performance artistique d’inspiration situationniste et catalogue commercial de ses savoirs-faires, et sans doute, plein d’autres possibles encore que ne manqueront pas de relever les spécialistes qui s’empareront bientôt du sujet. Car développer plus avant l’analyse de ce projet global serait présomptueux tant il semble que ses multiples composantes ne sauraient être appréhendées justement par un seul individu et dans un nombre de mots limité. En vérité, l’oeuvre de Mathieu Goguel joue sur tant de registres, fait appel à tant de notions qu’il faudrait un livre entier et plusieurs fins connaisseurs pour les identifier, disséquer et approfondir sans risque de se tromper. En attendant qu’un éditeur soit assez fou pour financer un tel projet littéraire, je ne peux qu’inviter ceux d’entre vous qui désirent en savoir plus sur Press Book (Ceci n’est pas un livre) à la lecture de son texte original qui vaudra toujours mieux que cent interprétations journalistiques mises bout à bout. Press Book (Ceci n’est pas un livre) de Mathieu Goguel, Erreur Système, 19,68 euros
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Peu d’auteurs vous l’avoueront, Moi, je mais beaucoup ont secrètement je est un autre rêvé de ce livre pour eux-mêmes je critique, donc je suis sans jamais oser l’écrire.
+ + =
c’est çui qui dit qui y est !
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la recette du succès
Formé d’une compilation de parodies de critiques littéraires assemblées dans un objet au nom porteur de rêve pour ce qu’il fait explicitement référence à l’univers de la mode, Press Book (Ceci n’est pas un livre) constitue, d’après son éditeur, la performance littéraire d’inspiration surréaliste d’un auteur situationniste qui tire de l’autocritique de son livre en cours d’écriture une réflexion en boucle – sorte de work in progress– censée incarner –jusqu’à la matérialiser– la formidable capacité de notre système médiatique à tourner à vide et interroger notre époque. Convenez que cela fait beaucoup d’ingrédients pour un seul livre, dont la recette nous ferait plutôt penser au cahier des charges d’une application marketing. Entre livreconcept – idéal pour les cadeaux de Noël –, confession intime qui vire au règlement de compte personnel et délire d’auteur paranoïaque sur fond de complot médiatique. D’où la désagréable impression qui ne nous quitte jamais durant sa lecture de ne pas nous trouver en présence d’un livre, mais plutôt face à une entreprise d’édition à caractère commercial menée de façon consciente et réfléchie par un auteur calculateur et démagogue, dont le contenu ne semble avoir été conçu que pour répondre aux besoins et attentes d’un marché ausculté sous toutes les coutures afin d’en conquérir la part la plus importante. Envisagé froidement comme une fin en soi, le succès envisagé de Press Book ne saurait donc être interprété comme un gage de sa qualité littéraire – si tant est que l’on puisse encore parler de littérature à ce stade avancé de stratégie éditoriale–, mais plutôt comme un nouveau signe inquiétant de l’appauvrissement de la réflexion collective et de la disparition de la pensée critique qui en découle. Comme si la fiction avait définitivement renoncé à combattre –ou sublimer– la triste et dure réalité telle que nous la retranscrivent les médias dans leurs journaux d’actualité. Comme si l’auteur avait d’ores et déjà accepté l’échec de son entreprise et abandonné tout espoir d’élever les masses laborieuses par la hauteur de son propos. C’est à ce double titre que Press Book (Ceci n’est pas un livre) incarne –mieux que tout autre– la disparition programmée de la littérature par non-lecteurs interposés. Et c’est pourquoi il est –aujourd’hui plus que jamais – indispensable de l’acheter ! Car demain, il sera trop tard !
Comme ces images tridimensionnelle s qui nous révèlent des motifs cachés dès lors que l’on accepte de les regarder
OREILLER «CECI N’EST PAS UN LIVRE» Ceci est un oreiller. Si vous vous êtes déjà réveillé avec l’empreinte d’un livre sur le visage, vous aimerez sûrement un de ces oreillers qui ressemblent comme deux gouttes d’eau à un gros livre bien épais. Mettez un de ces livres/oreillers sur votre bureau et votre patron pensera sûrement que vous être trop lettré et il vous pardonnera de vous être endormi sur le lieu de travail. pêché sur le net
autrement, Press Book (Ceci n’est pas un livre) laisse apparaître sous son double vernis de revue de presse d’un livre qui n’existe pas et de parodie d’un système médiatique qui tourne à vide la personnalité attachante d’un auteur sensible qui se sert autant des mots pour tenter d’inverser le cours de sa vie programmée d’avance qu’il se réfugie dans ses rêves de grandeur pour échapper à ce triste et inéluctable destin qui ne cesse de vouloir le
LA VIE RÊVÉE EN LIVRE D’UN AUTEUR
PARADOXAL
rattraper. Le double comme échappatoire de sa paranoïa aigüe, qu’il multiplie à l’infini, se créant autant de masques que nécessaire pour fuir l’oppressante réalité de ce monde matérialiste qui l’épuise à ne cesser de lui courir après. Comme dans ces hallucinations hypnagogiques dans lesquelles on se rêve en train de dormir sans entendre la sonnerie – pourtant bien réelle – du réveil qui sonne, l’auteur se sert donc de son sommeil paradoxal, avec lequel il semble entretenir une relation privilégiée, pour justifier son retard à l’allumage qui l’a vu passer à côté, et dans le désordre, du succès, de la gloire et de la reconnaissance médiatique. Est-ce à dire qu’il dort trop ? Sans doute, mais de là
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à tout mettre sur le dos sur la maladie du sommeil qui semble l’affecter, il y a un pas que beaucoup se refuseront à franchir, faute de lui reconnaître le moindre intérêt littéraire. Car n’est-ce pas le seul résultat final qui compte aux yeux du lecteur ? Qui se soucie de savoir sous l’emprise de quelles boissons et autres drogues les Baudelaire, Balzac et autres Gourio ont commis leurs forfaits littéraires, ni le prix qu’ils ont payé, du moment que leur oeuvre nous reste accessible sans rien laisser transparaître du mal qui leur a donné naissance ? À quoi bon s’attarder sur les souffrances intimes que ces
auteurs torturés ont cherché à exorciser à travers leurs dérives littéraires si c’est pour en souffrir à notre tour ? À chacun son métier, à chacun ses ennuis qu’il convient mieux de ne pas partager pour vivre caché et rester heureux jusqu’à la mort. Une posture de «père tranquille» que semble pourtant décidé à remettre en cause Goguel en étalant ses rêves de gloire sur la place publique au mépris des règles de décence les plus élémentaires. Qu’imagine-t-il donc ? Que la seule force évocatrice de son cauchemar de livre éveillé suffira à nous le faire préférer au silence de plomb de nos sommeils
sans rêve ? Que nous nous voilerons la face sur l’ineptie de son propos afin de ne pas assister à sa chute finale ? Que nous l’aimerons mieux après l’échec programmé de son entreprise ? C’est trop demander au lecteur qui a aujourd’hui, plus que jamais, besoin de se changer les idées plutôt que de revivre par procuration ses échecs passés. Le succès, pas plus que l’amour ou le respect, ne se décrète, il se gagne à la force du poignet, se mérite, s’obtient. Il n’est certes pas une fin en soi, mais il faut un début à tout si l’on souhaite un jour être pris au sérieux. C’est malheureusement ce que n’a pas compris Goguel qui imagine dans ses rêves celui de son quatrième ouvrage avant même de l’avoir écrit et alors que ses trois premiers romans ont été
des échecs avérés. Car, à force de se croire déjà parvenu au sommet sans avoir pris le temps de gravir la montagne, il finit inévitablement par se perdre – et nous avec – en chemin dans sa vaine et dérisoire tentative de rattraper le temps perdu dans les bras de Morphée en se dépouillant par écrit du superflu de ses rêves. Press Book (Ceci n’est pas un livre) de Mathieu Goguel Erreur Système, 19,68 euros,
AU T OU OFIC TIO FIC N TIO MO N BIL AU E TO MO BIL E
Un coup m arketing qu i ne devrai t PAS faire long FEU !
, on s i t ca uro o v ro 68 e ens, p e 19, tres é ! n u d’ tuit ! con pay t i g gra de her a ’ c ls fé S’i en de e truf c’est Sous-livre ? ri livr Personnellement, a ’ un n j’aurais plutôt évoqué elle pour un problème de surbooking
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LE MAL DE VIVRE + LA VIE D’UN LIVRE = LE LIVRE D’UNE VIE ?
?
Et un Et deux, Et trois-zéro
qui voit le livre démarrer en laissant 95% de ses lecteurs sur le carreau !
Press Book (Ceci n’est pas un livre) de Mathieu Goguel, Erreur Système, 19,68 €
Un livre, deux titres, trois bonnes raisons de s’énerver car de livre, il n’y en a pas, malgré tous les efforts de son auteur et de son éditeur pour nous le faire croire. Au-delà des apparences, il n’y a rien. Strictement rien. Nada. Zéro. Le vide absolu. Le néant incarné. Le rien raconté. Et le pire, c’est que ça se lit aussi facilement qu’un bon vieux magazine people alors qu’il n’y a pas une seule photo croustillante à se mettre sous la dent. Reste qu’au prix-choc de 19,68 €, cela fait cher le kilo de lecture. Ce qu’on appelle le poids des mots ?
ECHEC ET MATH
AU JE DE GO À quoi bon émettre une nième critique de Press Book (Ceci n’est pas un livre) puisque toutes les raisons d’aimer et de détester son livre figurent déjà dans la revue de presse que son auteur a la bon goût de nous en offrir? À chacun donc d’établir son propre palmarès parmi la centaine de critiques qui la composent pour tenter d’établir une correspondance avec l’oeuvre dans son ensemble. Une mission évidemment vouée à l’échec puisque celle-ci n’est composée que la somme de ces critiques et ne saurait donc en contredire, ni favoriser aucune, mais piège définitivement le lecteur. Parce qu’il est obligé de le lire jusqu’à la dernière page pour en arriver à la même conclusion, celuici ne peut en effet que constater à ce stade que la manipulation littéraire a parfaitement fonctionné en dépit du double avertissement affiché en gros sur sa couverture. S’il ne s’agit pas d’un livre, il est pourtant en train de le lire et connait désormais son auteur, Mathieu Goguel. Une entourloupe qu’il n’est pas près d’oublier, ne serait-ce que pour ne pas se faire piéger par ses prochains forfaits littéraires.
Chroniques d hachée pres e tranches de vie sé de vie hach es en chroniques de tra ée pressées en chroniqu nches es de tranch es de
Press Book (Ceci n’est pas un livre) de Mathieu Goguel, Erreur Système, 19,68 euros
196q8ue DÉSORDRE
criti que a r t a m de la Tous ceux qui prétendent que Press Book (Ceci n’est pas un
ORGANISÉ
2008ue
livre) n’est qu’une œuvre simpliste, simple revue de presse fantasmée par son auteur sur le livre qu’il n’a pas réussi à écrire ne semblent pas l’avoir lu jusqu’au bout. Que Press Book ne soit qu’un collage désordonné d’articles hétéroclites ne semble pas contestable. De même qu’il est impossible de nier que la multiplicité des points de vue qui y sont exprimés rend souvent le décryptage du propos de son auteur difficile. Difficulté accrue par le grand nombre de masques derrière lesquels il s’abrite pour exprimer ses idées. Pour autant, ce qui semble de prime abord n’être qu’un pur exercice de style sans âme finit par se transformer en un véritable récit personnel lorsque, ayant tourné autour du pot pendant la première moitié du livre, l’auteur commence à mettre en relation la forme de l’objet et son contenu. On réalise alors que ce pêle-mêle hétéroclite d’articles pour le moins disparates obéit à une logique supérieure, que ce qu’on croyait être les pièces éparpillées d’un puzzle sont en réalité les pièces déjà assemblées du patchwork de sa personnalité. Non pas «livre-caméléon» qui changerait de couleur pour se fondre dans le décor et échapper à ses prédateurs, mais portrait-kaléidoscope de lui-même par son auteur multiple qui rendra fou le premier critique qui se risquera à le cataloguer pour en offrir une image précise à ses lecteurs. Car comment rendre justement compte d’une pensée en mouvement permanent dans un texte écrit et – par définition – figé ? En vérité, il s’agit là d’une tâche proprement impossible… sauf à remonter à l’image originelle qui a marqué l’auteur de façon indélébile.
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Press Book (Ceci n’est pas un livre) de Mathieu Goguel, Erreur Système, 19,68 euros
Livre noir pour nuit blanche ou livre blanc pour écran noir ?
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© Rachel Pfleger
ANTIMATIERE À REFLEXION
À force de nous parler de son livre-concept dans les articles qu’il imagine à son propos, Mathieu Goguel finirait presque par nous faire croire qu’il l’a réellement écrit. Car enfin, toutes ces critiques, tous ces commentaires sont bien issus d’une réflexion, qui se suivent, se complètent, se superposent et finissent par former un véritable propos. Le foisonnement d’idées et de concepts est même tel qu’il semble impossible que l’auteur n’ait pas cherché à les consigner dans un premier livre qu’il aurait pris soin d’effacer pour ne nous en offrir que le seul commentaire. Tel n’est pourtant pas le cas. Et pour cause :
le texte de Goguel et son analyse ne font qu’un. Comprenez que de livre originel, il n’y a pas, lequel a été remplacé par les brouillons successifs que son auteur a sans nul doute été obligé de noircir pour parvenir au résultat que vous avez sous les yeux. Fragile édifice intellectuel qui ne repose que sur un simple agencement de mots et qu’un simple coup de vent pourrait certainement mettre à bas si son bâtisseur n’avait intégré cette donnée physique dans ses plans, lui offrant une base tournante à l’image de l’œuvre évolutive de ces fameux penseurs girouettes qui ont marqué le débat intellectuel de ces trente dernières années. Objectif de l’auteur : dénoncer le mécanisme d’emballement médiatique qui se concentre régulièrement sur quelques ouvrages littéraires «en vue» (sans que l’on sache exactement définir cette notion) et ignore nombre d’ouvrages pourtant fort recommandables d’auteurs plus rigides. Tel le roseau, son press book se plie à toutes les exigences du critique, mais ne rompt pas grâce à son propos en creux.
Et si le meilleur moyen d’avoir raison aujourd’hui n’était pas d’avoir raison, mais de ne jamais cesser d’avoir tort tout en prenant soin de le faire savoir ? Après tout, tant qu’il y aura des médias assez idiots pour relayer ces propos vides de sens et des lecteurs assez naïfs pour les gober, pourquoi le débat s’ouvrirait-il à d’autres qui n’ont pas l’expérience des erreurs de leurs aînés ? s’interroge Mathieu Goguel dans son livredémonstration afin de nous mettre en face de notre responsabilité de lecteurs, consommateurs et citoyens. Puisque lui a été capable de donner de la consistance à un propos vide de sens en l’enrobant dans un discours journalistique plus vrai que nature, comment interpréter l’information officielle que nous délivrent chaque jour les médias ? Une invitation au décryptage de leur discours qui passe évidemment par l’examen critique de son livre-manuel de désinformation-en creux pour la modique somme de 19,68 euros dont l’intérêt réel est volontairement laissé à votre libre interprétation.
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TROI S FOIS RIEN
Press Book (Ceci n’est pas un livre) Après la société du spectacle de Mathieu Goguel, Erreur Système, de Guy Debord 19,68 euros. Après la société de consommation de Jean Baudrillard Difficile de reprocher à l’auteur le creux Voici de son oeuvre puisqu’il place la question la société du vide au centre de se réflexion, prétende l’information dant apporter un regard critique sur vue par notre société de l’information et la forMathieu midable capacité de ses médias à brasGoguel ser de l’air. Avec Press Book, il entend
nous démontrer que l’on peut, avec un peu de talent et beaucoup de mauvaise foi, créer un tout à partir de trois fois rien. Raymond Devos en avait tiré en son temps un sketch absurde, léger et hilarant. Vingt ans plus tard, Mathieu Goguel en tire une revue de presse qui tourne à vide, aussi creuse et dénuée de sens que notre époque.
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LE PIRE DU MEIL Rêve LEUR
de critique critiqueou de rêve ?
Press Book (Ceci n’est pas un livre) de Mathieu Goguel, Erreur Système, 19,68 €
Frappé de mégalomanie, un auteur imagine l’accueil critique réservé à un livre imaginaire qu’il n’a jamais écrit et utilise le format de la revue de presse pour nous livrer un récit morcelé en mode journalistique à la gloire de son propre talent, injustement reconnu à ses yeux par les médias. En témoigne son Press Book, recueil de ses meilleures chroniques littéraires, qui n’a cependant rien d’un best of tant le pire y côtoie régulièrement le meilleur. Autant Goguel est brillant lorsqu’il s’agit de dénigrer son propre travail, autant les compliments qu’il s’adresse sonnent creux, parfois même faux, ce qui décrédibilise fortement son propos en remettant sa posture d’auteur mégalo en doute. Mathieu Goguel croit-il seulement à l’histoire improbable qu’il nous raconte article après article ? On aimerait le croire. Car, si tel n’est pas le cas, alors son livre n’est absolument pas drôle.
DELIVRE-MOI DE LA CRITIQUE Press Book (Ceci n’est pas un livre) de Mathieu Goguel, Erreur Système, 19,68 $
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Mathieu Goguel aspirerait-il à se délivrer de la critique, lui dont le quatrième ouvrage se présente sous la forme d’un long réquisitoire à charge contre les journalistes littéraires, coupables d’avoir unanimement ignoré son troisième et dernier polar motard intitulé… Délivre-moi du mal ? Cela pourrait expliquer pourquoi son nouvel opus suit un itinéraire aussi tortueux que la journée du coursier parisien qui était le héros de son précédent. Si on est loin de la fulgurance de ses trois premiers polars de motards, Goguel ne donne pourtant jamais l’impression de forcer la cadence, ni de rouler trop vite. Cela ne l’empêche pas de délivrer avant la fin de son livre tous les messages voulus aux destinataires de son choix, amis, proches, famille, relations, auteurs, journalistes, critiques et lecteurs. Une efficacité nouvelle que l’on sent directement issue de son expérience dans ce métier de dur labeur. Où il faut savoir s’affranchir du critère de la vitesse pure et faire confiance à son analyse des conditions de circulation et à ses choix d’itinéraire. Car seuls compteront en fin de journée le fait d’être encore en vie et le nombre de plis délivrés. Au fond, nous dit Goguel dans son livre, que m’importe d’être critiqué en cours de livre pourvu qu’à la fin, je sois récompensé de mes efforts. Une récompense qui prend la forme d’un statut d’auteur, sûr de sa pensée et de son écriture, qui n’a désormais que faire de ce que la critique peut dire de lui puisqu’il a déjà envisagé toutes les possibilités, y compris les pires. Et tant pis si elles étaient avérées. Au moins aura-t-il pu se décharger au passage de quelques lourds fardeaux et continuer de progresser sur le chemin de la vie... En attendant le jugement dernier.
L’HOMME À LA TÊTE DE FEUILLE DE CHOU Étonnant portrait en forme de chou que dresse de lui-même l’auteur de ces petits papiers, comme autant de feuilles de presse qui le constituent et qu’il convient d’arracher une à une pour parvenir jusqu’à son cœur. Lequel s’avère au bout du compte ne pas exister ou, tout du moins, pas sous la forme concrète attendue, qui n’est que la dernière feuille repliée sur elle-même. En dessous, il n’y a rien, le vide, le néant. Fin de la matière et retour à l’antimatière qui lui a donné naissance. Du livre effeuillé, il ne subsiste que l’âme de son auteur vaporeux, le souvenir ballonné de son propos nauséabond, le ventre gonflé de son propos en creux, les relents de son odeur à venir, mais n’est-ce pas précisément là tout ce qu’on demande à un livre que l’on vient de dévorer ? Demande-t-on à un chou que l’on vient de manger de réapparaître dans notre assiette pour nous offrir l’image de ce qu’il était avant de nous importuner l’estomac avec ses gaz ? Cycle naturel de la digestion qui symbolise parfaitement le message que Mathieu Goguel cherche à nous délivrer dans son quatrième ouvrage intitulé Press Book (Ceci n’est pas un livre). Dont ce n’est pas tant l’inéluctable résidu final qui importe le plus, vents plus ou moins favorables selon les organismes, que son cheminement dans notre corps et la matière critique dont il aura alimenté notre intellect endormi au passage. Un caractère «chiant» auto revendiqué par l’auteur qui ne manquera pas de déplaire aux pisse-froids de la critique, plus habitués à décréter les tendances qu’à les suivre, mais fait indubitablement souffler un air nouveau sur la littérature contemporaine, dont ne devrait pas tarder à s’emparer la presse de caniveau par l’odeur du scandale alléchée pour ce que cela ne fait que verser de l’eau à son moulin.
Un teur au i se Douteux qu pète commerce la ave !de perles d’un gr égo chiant
Press Book (Ceci n’est pas un livre) de Mathieu Goguel, Erreur Système, 19,68 euros
défroqué
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ceci était une page blanche
LA DISPARU TION SELON GOGUEL t ons pourtan nous les av lire un e u q rs lo a souvenir st-ce que ut-il u reste, qu’e lus, non ? A de le commencer ou fa il ndre tte ffi ré u p ur livre ? S terminer po le t en em ir nécessa que, s un livre lors u l’avoir lu ? o lu n a , » n ? ’o re u v q li alise dire ’un Et peut-on la der nière page, on ré ’il qu’est-ce qu oie de sa , d n fo u A « tà ce qu la v le referman ement rien compris à d’être auteur par t l’ es e g n o io rr ct te n in fo rict vres qu’on n’a st inverse, combien de li sation. Si sa ’établir une li a ri té a ém d d oire À l’ pas racontait ? ment en mém on iendrait-il v le ts n el je n co b o e er n s, ét , s lu lu nou res otre possessi garderonsentre les liv on, et les livres nt plus en n uestions so distinction e ti n a is ls il ’i v u ci q de q alors notre ps ? Autant re de m essentiels à de notre société de te g n lo is depu e uts t du non-liv cture non lus, reb ? À partir de quel stad nsparaissen a s tr n i a n u ue sa le o d q ti e a g el pour ce q à son propos. u un ouvra consomm g o er g G n u ra ie rs s r Math illeu s» ? Certain ous les pose ous peut-on d’a vres non lu bligera à v li o « ev s s u u o es q o n d v e ce e d e ri o u es othèqu n’être q la catég li l a ib n b fi s u le s a s r lé n dire. da rpel Pou en faire et en livres cachés e nous ont-ils pas inte à z re d n ie parv es n grands-mèr elques dizaines, voire livre) ’est pas un 8 euros ¤ n u o q ti se ca ri li b ook (Ceci n rreur Système, 19,6 u B p r ss u re par surp le P s E rè , p el a u s og ée G ’ann de Mathieu centaines d nne ne les avait encore s er li so il er p m s e u e de ce alors q ? Et que dir u pilon moins ais ouverts m és ja y o Non p d’invendus env isa après leur mo a un livr s un livrdee trodis sortie en librairie e d’ eM faute
pourra !
après a Mathi thieu Gog eu Go uel, m vé d’avoir trou g re u co en e ce l. Com ais ntou si in a lecteur ? So it ru prenn ue l’on dét s feuilles e qui des livres q e de simple u q s lu p à déj ne sont-ils recycler ? livres de de papier à nombrables in s ce e d r se nu que Et que pen es de conte id v s er ll se plage, best- s achetés un jour pour tou rniente nous avons urnées de fa jo es u g n lo occuper nos le de nous en ? Impossib il le so le s sou
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MON AUTOFICTION À MOI
De cette revue de presse fantasmée sur le livre qu’il est en train d’écrire se dégagent à la fois le portrait en creux d’un auteur à la poursuite de son œuvre et le récit de sa construction en cours par journalistes interposés. Un projet littéraire global qui ne cesse d’entremêler les rêves et la réalité et fait alternativement émerger l’œuvre de son auteur et l’auteur de son œuvre. Lesquels ne forment bientôt plus qu’un et un seul, être littéraire autant que pensée vivante, entreprise artistique et homme-catalogue, incarnés et rassemblés dans un même et unique objetlivre qui s’inscrit dans le prolongement du génial
Un auteur
et hallucinant Lunar Park de Bret Easton dont il pousse encore plus loin le principe de la manipulation du double. Une autofiction donc, à mi-chemin entre fiction et autobiographie, qui lui permet d’exprimer toutes ses vérités intimes – y compris les plus inavouables – sans tomber dans le didactisme chronologique et justificatif qui caractérise de trop nombreux récits autobiographiques. Non seulement Goguel n’est pas mort, mais il est bien vivant qui s’inscrit parfaitement dans notre époque, dont il reproduit parfaitement – sans même les caricaturer – les dérives journalistiques, à commencer par leur prose absconse, si caractéristique.
surpris en flagrant délire de plagiat !
Press Book (Ceci n’est pas un livre) de Mathieu Goguel, Erreur Système, 19,68 €
Lorsque Victor Hugo croise Gogol Premier, C’est le chantage affectif assuré Sur un air de Gavroche et un ton de reproche. Tous en choeur, reprenez avec moi ce couplet enchanteur
: Je n’ai aucun talent, c’est la faute à Maman, Pas de science littéraire, c’est la faute à mon frère, Si j’emmerde le lecteur, c’est la faute à ma soeur, Et que mon livre est plat, c’est la faute à Papa.
r sur e y o t i p a ’ es À force d t de s’écouter e lui-même athieu Goguel écrire, M transformer finit par yeurs o v n e s r ses lecteu -spectacle ! re de son liv
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Derrière ce double titre provocateur se cache un objet littéraire étonnant, sorte de livre-caméléon dont la vocation semble être de se conformer à tous les qualificatifs que son auteur lui accole page après page en se projetant dans la peau de journalistes chargés de le commenter au fur et à mesure qu’il l’écrit. De tous ces avis contraires, antinomiques, voire contradictoires, on pourrait facilement déduire que l’auteur se cherche, qui ne tient pas en place et s’agite désespérément à la recherche d’une échappatoire. Mais peut-on affirmer que le caméléon a bougé parce que, soudain, on ne le distingue plus ? N’est-ce d’ailleurs pas en disparaissant de notre champ de vision qu’il affirme son identité ? Autrement dit, ce n’est pas parce que Press Book suit, page après page, le vent changeant de la critique et épouse ses contours fluctuants que l’auteur s’égare. Bien au contraire, c’est dans ces revirements permanents qu’il nous révèle sa vraie nature, celle d’un auteur qui a aussi peur de la critique que son livre en a besoin pour exister. Une posture statique bien craintive pour un auteur qui prétend venir bousculer la hiérarchie littéraire avec son méta-livre. Goguel aurait-il à ce point honte de ce qu’il écrit pour rougir ainsi dès que le sang coule sous sa plume assassine ?
LA HONTE
DU CAMELEON Press Book (Ceci n’est pas un livre) de Mathieu Goguel, Erreur Système, 19,68 euros
De Press Book son auteur a pour l’instant refusé de parler, estimant que son œuvre remplirait bien mieux cet office que lui.
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Un argument difficilement contestable au vu de son concept narratif revendiqué jusque dans son titre.
Un livre-puzzle que le lecteur est invité à recomposer pour faire la connaissance de l’auteur.
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tchwo rk Revue de presse fantasmée de son livre imaginaire, dont les articles constituent autant de fragments éparpillés de son œuvre rêvée.
Une oeuvre complexe et exigeante qui réclame une lecture active tant le chemin qui mène jusqu’à lui est semé d’embûches, de chaussetrappes, de fausses pistes, autant d’obstacles qui, une fois franchis, vous donneront l’impression d’avoir lu une œuvre majeure… sans que son auteur l’ait écrite.
C’est sans doute là le plus beau tour de force réussi par son auteur : avoir su créer par ce jeu de miroirs une mise en abyme telle qu’elle rejaillit directement sur ses lecteurs.
Au fond, peut-être n’en apprendrez-vous pas beaucoup sur Mathieu Goguel en lisant son Press Book, mais nul doute que vous vous connaîtrez mieux en le refermant pour ce que sa lecture vous aura amené à réfléchir sur l’impossibilité – pourtant résolue – d’écrire un tel livre.
Press Book (Ceci n’est pas un livre) de Mathieu Goguel, Erreur Système, 19,68 ¤
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de exp erni u cœur ls, ce d es. Une a r e t r v i n u l t a l s v i u e sc s de s l’inscr gazine s vente iver en t e i l s r des ma o u p s rrd’hui à silence é d’info u r t o r u j e e u l b a i e l e d rch ais la fait u’il che . Où jam uée, mais ne . e r u u q e t o reuse q u p é ’a porratiq arche d doxe de notre es com mée, p d r , fi f » sa dém a a s r , e s a e «uniqu grand p s en plu ndiqué s u e e l l u v l p t e s p e r ’e d n t C an us e roons» été aut s de pl sélecti tre le p « n e s e s d e mer n’a à des pensée l , b urna eurs, gaires utir escript inconto lus gré r s p p e n r s qu’abo i t e a n i s d el. ta s de plu ées. Intermé u Gogu présen e e i r h t s a r u s tement uri de et le re de M s et séc monde médias ème liv e i s l r t e t l a n , u réduite e é q i h u ituantret le marc nt au centre d mode s us qu’e g a i l duit et b o à s m r , a e » t son pro pports itiques de trai t a t r e i s s t i a e o l b h «les cr sur u dé uel c traflexion cœur d ue Gog lysé à u a q a n s a e a r i t Une ré v d e i l é il bservé c les m propre vre qu’ o i e l n , v o e a e r s l t v r t r u l’a laçan nique uson œ te en p age d’a tre de de chro n n s n e é c o g s r u r tionnis a a h proson pe nnage istes c me de pper sa y o e perso d d e s j o u r n a l l b r e a p v é n ise e acéré s de d ous gar ique et . Une m cependant pa rs le re t ue de n e i e r n r i i v c r t c n d r o ’é de c e ntrôle train d on rega nt qui mpêch o la célè s n a c , ’e e e v l e i d d l t r v e s n a – n t e e o rest plus e e de tre m ail qui n livre agritte n form t pas un au trav ngt ans r sur no s de so e i s M r e p v e t u ’e t é m e e n s j n e t e i i r t r e e t c et d renié te Ce quilib ntint – le m o r t , R n œuvre. Qua pensée éro d’é urréalis ent pas cupéra -29) co s e m é r Même m o 8 r e u s p e 2 r n n t n 9 s i e r 1 n e i a l ( t e t pre u à trav e du pe véritab images rait cer sa pro moigne vain to m n i u s é r e U t e m ’a c d . d a n n r ’é parler e n e é e g d u t o ro is u tinui ias qu pasomme publiq mule-p ableau La trah la con Mathie pirer c ux méd elle au image s s a p é n n n p n é bre for o t ’i a a s g s r i d d s n l s e t o i z adr situe ger e dont ress vrage ée de s d de ne mage, u’il se ’interro ème d’un ou titre : P e ’i q i pipe tir l d n p r , e o r u c s e s s r n pou fasci Syst e dan eintre agritte e jusqu Erreur nue de on du p c i M z t n e c e h u ’a c l fl r tion nité. on su ompa e son in la paru ,68 ¤ moder réflexi ipe acc e endiqu p t v ème, 19 n e . e ) a r n i e i n u s r u n t n eur Syst v i q o i rr o l t E a l c t l, e n e ’é à n u l u Gog Gogu pas u vitait sage prése Mathie vre) de iste re ci n’est nous in ion l t l e a i c C as un li , é n ( p r e o r st k f p ’e u i o n ci Bo une p ook (Ce pas en intre s Press B hoi’est pas et non e le pe c n u e n i i t q c a s è e r r v i C c o L mule e l’écr ité con vite e la for Lorsqu . ne réal e u r i e nous in a l r gnée d m i t i , m b e o r r c a v i ait et s un l ’objet s celle dérer l is abstr n’est pa et, mai o j i f c b a e l ’o C l à le e e rme ouvrag ction d ant sur u n n o o o j d’un te f s n r a l E e r r . Book idére erroous-tit as cons l, Press te s’int sit de s p a t i p e i r c n g n a à i r raire tre p on, M été de sentati au cont e son ti re soci é d t r – o p n e e r u s a q n ne s a omi bjet et strielle age. D o u m – antin d n ’i n l u i r e e st venu tre su e entr njeu n’e age de du pein ’e m décalag l ’i n , l l o , i e n t u c o r Gog ur l’a si vite ormati geait s ux. Pou es, aus et d’inf fl g n n a o i ’e m t i u a q s sur nic rroger idérée tion de s e a t commu n c i n o r ’i c b s e a e de us êtr er la f d’une ées, qu peut pl analys éficier ’ m n d m é t o b n s à a n i. s lus t sont co s l’oubl tre elle n s n a e ’e l donc p d l d t ’e s n u çus rtaine tombe cées q inaper nent ce nd les autres t è rempla n m e a m i le a qu és tota que qu aisons
E T S I T R A ’ L E D N O I T C A ’ L E G A M I ’ SUR L
Le syndr ome de la page blanche enfin va incu ?
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Press Book / Ceci livre. n’est pas un jet utilitaire D’un côté, un ob utre, merciale. De l’a à vocation com mouvement référence au une évidente transposition te à travers la lis éa rr su ue t pas une artistiq lèbre «Ceci n’es cé du re tu ra ces deux à la litté De l’union de e. tt ri ag M é e pipe» de Ren omiques éman proches et antin is fo et la à es ts tt ep conc e, multi-face téraire inédit t à chacun une oeuvre lit successivemen te un pr em i qu fiction, protéiforme (roman, essai, us nn co s ire ra té , autocfiction, des genres lit autobiographie e, ag gn oi m achée à aucun. récit, té uvoir être ratt po ns sa ) ce son ar t ou correspondan aux limites de é nt ro nf co ue iq catalogué, Défaite du crit ur ne pas être po ut to à êt pr teur t d’identité ? victoire d’un au uvre en la privan oe n so er rd bo tion surréaliste y compris à sa gative d’inspira né e tt ue ro pi la press book, En choisissant us-titre de son so e m m co re rpelle sur un liv ore, il nous inte Ceci n’est pas ym ox un r ée cr en pas que pable – au moy l’auteur ne fait que lui a été ca is Pu té s. ti ot en m e ux un de ns le sens de ces ire cohabiter da fa s le s de ur – le ue tistiq face de d’un procédé ar s critiques en le e ac pl il Si l. e, ai cohérent fruit de son trav unique, finie et de nommer le t an m re ? Un m so s le , la peut-il bien êt ce e qu responsabilités e -c st ’e t pas un livre, qu a-livre», Press Book n’es -objet», «un mét re iv «l un », re «contre-liv «non-livre», un , il est difficile , etc. ? En vérité n» éo él am -c re «un liv ot livre allusion au m de ne pas faire
fu t u re
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définition Goguel tant sa eu hi at M de n blage de la créatio atériel. «Assem m pour qualifier ct pe as n quoi ? aitement so Larousse. Alors tit Pe recouvre parf le t di us on entre elles», no ysique ou doitfeuilles reliées seule réalité ph sa r ’il pa l qu t-i s eis ée s id ctér Un livre se cara qu’il raconte, le ire to is l’h s e le pt e, procur en com s émotions qu’il aussi prendre le , le cu hi vé Le ’il ncepts qu qu’il suscite ? exprime, les co , les réactions tir r, en ss re it fa ’il de de le publie sentiments qu e l’éditeur déci qu rs lo un re e liv ss il pa enteur, lorsqu’il dé manuscrit devi mains d’un lect s le ns da tisfaction de e ss e le taux de sa lorsqu’il pa qu rs lo ou es ieux placé e de vent Et qui est le m ? l certain nombr ui se n ai rt passe un ce liste ? Autant de ses lecteurs dé eur ou le journa ct le le n , ur te au ? L’ s répondre afi pour le qualifier force de ne pa ef s’ r s eu ut no l’a er s port uelle questions auxq obligeant à y ap us no En r. ét le à la soci é interpel notre rapport de mieux nous de e bl em ns n – que es, c’est l’e ion, informatio at ic un propres répons m m co consommation, chaque article d’aujourd’hui – s son livre, dont er av tr à e og rr , jusqu’à ce el inte Mathieu Gogu ou hypothétique ée ér av , es riv onde en ses dé mage d’un m l’i incarne l’une de s it pr es s aussi e dans no ias. Une vision éd m que se form s ul se s t régi par le ment pas le refle décomposition i n’est heureuse qu n se tio eu ta ru st en mon eux de la représ fascinante que rait-robot en cr rt po le s ai m . , ur de la réalité en fait son aute ,68 € ssimiste que s’ pe ns ur Système, 19 oi re m Er l, le ue ur og G po u hie at M de livre)
!
é t n i o p o r é z L’avenir du in ?
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fo reve r
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Le moin s que l’ on puis se dire est que son aut eur est difficile à suivre ! 144
ROAD BOOK… TO NOWHERE Press Book (Ceci n’est pas un livre) de Mathieu Goguel, Erreur Système, 19,68 euros
Exit les bécanes, les motards, les meurtres et les flics de ses premiers romans noirs ! Pour son quatrième ouvrage, Goguel nous invite à le suivre dans une exploration encore plus effrayante, celle de son propre univers mental, torturé, angoissé, hanté par ses échecs, travaillé par son passé et sa terrible soif de reconnaissance, au travers de la revue de presse fantasmée de son livre en cours.
Pas facile de suivre Mathieu Goguel dans son parcours sinueux d’auteur tant l’homme – en bon motard qu’il est – semble vouer un culte particulier aux virages, avec une préférence marquée pour les épingles à cheveux, lui qui aime tant les couper en quatre. Trois ans après le troisième tome de sa trilogie motarde, le voici de retour en littérature avec un livre qui ne fait qu’effleurer – de très loin – le thème de la moto, mais ne s’en éloigne paradoxalement jamais vraiment beaucoup tant le sujet de la mort – de sa mort – y occupe une place centrale.
D’abord, il y a l’humo ur motard en face po , souvent n ur la tenir oir, qui re à l’écart. C e t o n n e se garde la m ertes, ce n gondole ja ort ’est pas le mais vraim a suffisam Joe Bar Te ent en lisa ment d’auto am n t P r e ss B dérision d souvienne ook, mais ans ses pa q u e Go g u e il y ges pour q l a débuté «polars de u’on se sa carrièr motards». e d’écrivain La faucheu motard, do avec des se, insépar nt il nous able comp offre une vivante en agnon du représenta mettant so tion aussi n p ro p re p d e pre s s e s y m bolique qu e rs o n n a g e e qui constitu e n scène da e son livre d’écrire le n s la revue , tour à tou livre qu’il r auteur en critique et auquel il c train journaliste ontribue. U c r itiquant le n v a-et-vient seulement livre p e r m ane n à Goguel d t qui perm e mettre e travail, re e t non n abîme la plié sur lu figure de l’ i-même, ro parfois au écrivain a ngé par le ssi – satisfa u doute et – it de son te personnell h e ureusemen xte, mais a ement en n t ussi de s’y ous livran méandres projeter t de ci, de de sa pens là , au détour ée tortueu parcours. des se quelque Il s’agit do s v érités sur n c là d’une m autre histo s on écanique q ire que ce ui tourne à lle sans in motards te térêt de sa vide, sans lle que vou vie d’auteu s parviend assemblan r d e r e polars de z peut-être t les bribe s d’inform à la recon goutte sur stituer en ations qu’i sa personn l nous livr e. Un choix judicieux, e au comp de sujet qu non pas ta tei s’avère p n t q u e G og de lui-mêm ourtant for uel soit le e, mais pa t mieux plac rce que le nos yeux, s é p ou r p a r faible inté ’entend – l’ le r r ê t a priori de oblige à dé verbaux et sa vie – à velopper d rhétorique e multiple s pour pié le suivre ju s a r g ti er les lecte fices squ’au bou urs et les t de l’explo effectue de per s ua der ration toujo son univer de urs plus p s mental a Nous voici rofonde qu u fil des p donc emb a ’il ages de so r qués dan nouveau g n Press Bo s une cour enr e , do n t o k. se-poursuit n o us n e s o romans pr e d’un mmes plus écédents – – c o mme da n les spectate développem s s es urs passif ent final n s , p our ce que ’e n dont la pen est pas plu le sée erratiq s connu à l’avance d ue tourne recherche e l’auteur, en boucle de la lumiè dans son c re, que de dans l’esp erveau à la ses lecteur oir qu’il fi s, qui lui c nisse par tr plus alléch ollent au tr ouver la so ante qu’en ain rtie. Invita ces temps répression ti on d’autan de crise éc routière, u t o nomique e n voyage à dans des c t de 19,68 eur ontrées au o s , assuranc s s i vierges et son auteur e comprise lointaines , c’est pres , que l’incon que cadea scient de u!
Autoanalyse surprise par son auteur ? Autobiographie par anticipation ? Autocritique par procuration ?
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Autoapprentissage d’un manuel ? Autosuffisance sous dépendance ? Autodestruction avant l’heure ? Automédication sous influence artificelle ? Autovernissage d’une exposition littéraire ? Autocensure sans saveur, ni sincérité ?
Autopromotion d’une publicité ? Autoévaluation d’un inconscient ? Autosatisfaction sans conviction ? Auto-école d’un livre en cours ?
para st n sujet ègle n’e s de so é n ig lo nt ! La r é a d n , e le p n ce issab Attentio atique ! Insais m é ue de t q s pas sy n tant ie r ns e n’aim fin – sa cteur a Goguel fin le n o ’à s squ la dre surpren le conserver ju ation e terprét e – de u t in q u e t o n d je U u s e. nt son t son ouvrag ficile n égara de son trouvan n dant dif e n u r son e o p Est-ce e e e c v t u s o la sant su e r i t a l S b ’i e u s ? e q s r e r u n a l’aute enter e ur s’ég mble tà e l’aute d’argum qu’il se usemen is u ie s en p r é it sujet qu s c pose our nou re ré e de p p e g o s e a i r r ir n p v fa io u t nt «Cec tout me o t ques us-titra lement quatriè qu’il es o a s e u g n c d é le r e s a n s o p t nou la prop ignés e el, c’es is pour inguer tenir élo u Gogu de dist re», pu v e li il e iques c n Mathie d it fi u r e if t les c ent d st pas phiqu n a ’e m a r n e li g rit m ip io ê lt b mu extr Un esp auto comme cter en ropos. ement u je p ll n é e n n é o o r c s l t e te par – et r ires à ion é à un it conçu ure manipulat incendia n pouss io t ic son réc p d a le e e r n r ch de cont mme u n révéle l débou ux tel – co ée à n’e me qu’i es s in s y t nombre ais s x e e o e d r d d x a r e u p u ir e s c a r t é n ’à litt iel, m me x qu it son m tion évitable en creu ntre les fa in e it il a e t r r t li n r o t po truc es d ui uron sa cons aradox aires q r p s qui sa u r in s u g i e a s t s c le au ce type les im on terroge se de s es ar tic r enfin, in s d a e C r s . e e p e n e u ! g li plus logiq cesse d vue d qui ne n jetez psycho nt la re ’e l, le a t en N p u ! u m o r e p t p é. Sto utres le pas no a m b t s s s m a e ’e t e d n s n our eur ’à lui livre fa er l’am r jusqu t ne ue l’aut e e m q d la z fs é c e r c n é n e c r e n ’a os td tofictio Compr pêchan r avec n er que une au e m g u e e n a jo ir s r u e t à le d é it ro si tra décidé ais aus ient à p il sousluiste jam et parv ent de sé dont m o e p eront t r s r e i e t nous re i v u auss vre in tes q rle ou li s s t a li r a p je a r l n u p r ’i s u u x jo à vre pou lorsq nt des riture, iture au r son li c r e aborda c é u é l’ n l’ iq e à e n e t agin r por chro mêm son rap eurs l’im c’est rgés de t e a c u h le q c s s e e s ue grav l’ar t. laisser renez q Qu ue ou à mieux . Comp s e and n m la critiq ê io t -m nsulta bra un par eux ’une co sse au u es q t s t li e écia son de teur clinique s de sp è r p livr l’air u a ose dire e par , s’imp nre. s du ge ct e t u n o c e nu Mathie r n vre) de live as un li p t s ! ’e n ci
s n a s o i r a n Scé sue is
Autosuggestion déléguée à son propos ? Autopersuasion sous assistance ?
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Debord à Baudrillard en passant par le centre de l’univers, Duchamp au contrechamp de sa pensée en partant de son nombril, A dada sur son Queneau, à Dali sur son navet, Goguel accumule les kilomètres s u o ux n ues our mie e quau p de son scooter elqcompteur e u q t urs d o t Ce n’es é d x u et fait le tour du monde a i r e r io r ît sap appara anodin s sans faire le tour du problème. e l. a h r p t a gr cen
Autoscopie sans concession ? Autoexpérimentation sous X ? Autoréaction à son propos ? Autodafé arrosé à sa santé ? Audoédition mal assumée ? Autolivre sans conducteur ? Autoexamen d’une leçon ? Autofiction sans artifice
Il y a un hic dans l’automath Autoportrait sans sujet ?
Autoconfession en creux
Autocentre sans véhicule ?
Autoroute sans passager ? Autostop à l’arrêt ?
tant ? u o r é d ,68 ¤ ook (Ce aussi e Press B r tème, 19 s y v S i r l u Erre n Goguel, ans u d e r rd se pe s a p nt ne mme
e l i t u r e In g n o s de us s s o e v r P à r e m u s ré ! e k t s o i l o a B n r u o j Un
Un livre à son image : plus négatif que son auteur
tu meurs !
y ’ n r e i t en ! s a p t i a r fi f su
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AUTO-PSY D’UN LIVRE VIVANT sadique. Quand il ne vide pas purement et simplement les mots de leur sens à force de les malaxer et triturer compulsivement, Goguel les prend, les retourne et les enfile jusqu’à leur faire dire exactement ce qu’il veut. Puis, aussitôt son forfait accompli, recommence avec d’autres dont il noircit la page suivante sans se préoccuper Mathieu Goguel encule les de la continuité, ni de la mouches comme d’autres vacuité de son discours. enfilent les perles, avec un Seul compte le plaisir naturel désarmant et une immédiat que lui procurent facilité déconcertante. Une les jeux douteux tendance affirmée pour la qu’il leur administre contre masturbation intellectuelle leur gré. Les mots ont beau qui n’est cependant tenter de résister et d’opposer que le symptôme le plus apparent – et pour cause – du leur bon sens à ses tentatives mal qui le ronge de l’intérieur. répétées de les détourner du Car enfin, la violence verbale droit chemin, Goguel finit toujours par tromper leur dont l’auteur fait preuve – y compris contre lui-même – vigilance, ne se privant pas dans son quatrième ouvrage, d’utiliser nombre d’artifices verbaux et de figures de ne peut être que l’expression rhétorique pour parvenir à d’une véritable souffrance, dont les mots venimeux qu’il ses fins. Une pathologie lourde qui exige expulse en nous les crachant malheureusement un public – littéralement – à la figure sont évidemment les porteurs. – le lecteur – pour s’exprimer Faut-il que Mathieu Goguel tant il semble avoir un besoin maladif d’être lu et écouté, ait souffert du – ou par – le autrement dit reconnu. Mais langage pour aujourd’hui le maltraiter avec un tel plaisir efface-t-on jamais pareille souffrance ? Dans son corps d’adulte, Mathieu Goguel n’est encore que ce petit
Ou l’auto confession excessive d’un délinquant textuel caractérisé
garçon en souffrance qui vient défier la critique sur son propre terrain avec ses jeux de mots cruels et gratuits, espérant sans doute se voir fixer les limites qu’aucune autorité n’a pu ou n’a su, jusqu’à présent, lui imposer. Est-ce à dire qu’il cherche une nouvelle famille de cœur ? Si oui, on peut malheureusement douter de sa capacité à accepter les règles collectives qui régissent le milieu. Car, à 38 ans passés, l’auteur a eu le temps de faire de ses failles un mode de fonctionnement. En choisissant de devenir écrivain, ce n’est du reste pas en marge de la société qu’il s’est placé, mais au contraire dans le seul modèle qui lui est parfaitement naturel : celui de l’auteur masqué solitaire, seul et contre tous. Même qu’à la fin, qu’il gagne ou qu’il perde, il demeure toujours pauvre et solitaire. Press Book (Ceci n’est pas un livre) de Mathieu Goguel, Erreur Système, 19,68 euros
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Comment ne pas établir de lien entre cette revue de presse imaginaire d’un livre en cours d’écriture et la crainte ressentie par son auteur de ne pas se montrer à la hauteur des attentes suscitées par l’annonce de son écriture ? Une peur si présente dans le cerveau de Mathieu Goguel qu’elle finit malheureusement par envahir l’ensemble de son ouvrage jusqu’à en devenir le sujet central et déteindre sur ses lecteurs en les remplissant d’effroi à chacune de ses pages jusqu’à dissuader nombre d’entre eux d’en achever la lecture. De là à affirmer que l’auteur a réussi dans son entreprise d’intoxication littéraire, il n’y a qu’un pas d’autant moins difficile à franchir que l’on a violemment rejeté son propos. Un argument convaincant mais qu’il revient cependant au critique d’étayer sur la base d’une lecture
ANTIBIO SANS PRESCRIPTION exhaustive afin de prévenir ses acheteurs suivants du danger encouru. À quoi bon se laisser envahir par la peur et les doutes de Goguel quand tant d’auteurs connus suffisent à nous rassurer en nous confortant dans notre croyance d’un avenir meilleur ? À quoi bon, du reste, se projeter dans un futur aussi sombre que celui de l’accueil réservé au livre de Goguel quand le présent de sa page blanche mobilise déjà toute notre énergie de lecteurs et que sa peur du jugement à venir l’empêche de s’en construire un, personnel ? Goguel souffre d’écrire, emprisonné qu’il est dans le schéma répétitif de la même critique de son livre impossible à terminer, et nous, nous souffrons de ne jamais voir de fin à la lecture de son ouvrage perpétuel qui le rend de facto impossible à critiquer et à aimer. Une fois les grandes lignes de l’ouvrage présentées à ses lecteurs, ne reste donc plus au critique impuissant qu’à s’interroger sur les raisons qui ont conduit l’auteur à choisir une contrainte aussi lourde pour développer son propos. Il faudra pourtant bien qu’un jour, Goguel se dépouille de ces masques encombrants pour affronter ses démons en face et se libère de leur influence pour se mettre au service de la seule littérature. Alors, peut-être, on commencera à s’intéresser à ses livres pour ce qu’on y sentira enfin l’auteur à succès percer sous l’homme avide.
avés p s e l s Sou guel o G e u q e à la c n a l a b n’y a l i , e u q criti ent m e s u e r malheu e plage vre d i l n u ’ u prits s q e r u o p nces. a c a v en
L i v re n o i r d ’ u n j o u r n a l i sme abse n t o u l i v re b l a n c d ’ un jo ur n a lis te t r a n s p a re n t ?
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La représentation d’un livre
LIFE SECOND
Qui n’a jamais rêvé de devenir célèbre, ne seraitce que la durée du fameux quart d’heure de gloire jadis promis à chacun d’entre nous par Andy Warhol ? Pas Mathieu Goguel en tout cas qui n’hésite pas, pour parvenir à ses fins, à écrire en guise de livre une ode à la gloire de son génie d’écrivain, passé inexplicablement inaperçu jusqu’à ce jour. Un propos nombriliste dont l’excès assumé n’est destiné qu’à attirer l’attention de quelques journalistes en quête d’un sujet de téléréalité bien corsé. A ce petit jeu là, le talent de composition dont Goguel fait preuve, jouant successivement et crescendo sur tous les registres de la dérive mégalo, parano et schizophrène jusqu’à refuser d’apparaître publiquement sur le petit écran pour y parler de son livre, installe son personnage d’auteur jusqu’au-boutiste dans une pseudo-myhtologie de la résistance, qui fait de lui le candidat idéal de ce type d’émission racoleuse, celui qu’on brûle de voir renier sa foi pour mieux le placer en face de ses contradictions.
Si ce livre Press Book (Ceci n’est pas un livre) de Mathieu Goguel, Erreur Système, 19,68 € n’est pas espérons pour son au moins ’il sera auteur qu ... lu à la TV
«Deux en un», ont ironisé certains à la sortie du livre. Deux titres pour un seul livre, formant une sorte d’oxymore, effectivement, cela faisait trop pour quelques esprits étroits. Car, en vérité, non seulement les deux titres ne se contredisent pas, quoi qu’aient pu en dire, mais ils se complètement harmonieusement pour offrir une image exacte de ce que sera la création : exercice de dédoublement de la personnalité de son auteur, un livre (qui n’existe pas) et son négatif (qui fait l’objet d’un press book), le tout inscrit dans une démarche assurément artistique qui n’a de cesse de renvoyer à d’illustres prédécesseurs, qu’ils soient peintres ou écrivains, de Magritte à Duchamp en passant par Queneau, Derrida et surtout Andy Warhol, dont l’oeuvre 50% peinture, 50% littérature semble l’avoir particulièrement influencé. Si le premier réflexe est d’établir un parallèle entre la quête de renommée médiatique qui amène Mathieu Goguel à rédiger lui-même les articles à sa propre gloire et le fameux quart d’heure de célébrité jadis promis par le maître à chacun d’entre nous, on ne peut en effet ignorer au vu de l’accumulation de coupures de presse qui constitue sa revue de presse artificielle la peinture sérielle de Warhol (ses boites de soupe Campbell, ses Marylin, etc…), pour ce qu’elle relève de la même stratégie artistique consistant à détourner l’objet de sa fonction première dans le but de faire passer un message à caractère politique (une protestation contre
la société d’information). Destiné à la simple lecture, fonction utilitaire, son livre devient press book, objet esthétique nous invitant à la réflexion sur le thème «qu’est-ce qu’un livre ?» et, partant de là, «qu’est-ce qui fait la matière du livre ?» et «qu’est-ce qui fait que nous pensons que c’est un livre ?» lui offrant une seconde fonction qui cohabite avec la première. Deux-en-un donc, à la fois oeuvre-marchandise industrialisée, composée de papiers recyclés, et collageproduit artistique constitué par son auteur afin d’interroger la fonction de la presse, objet vendu et service-après-vente assuré par l’auteur lui-même dans le cadre d’une relation fusionnelle avec ses lecteurs qu’il semble vouloir étreindre en masse, oeuvre et commentaire de l’oeuvre. Entreprise littéraire déconstructiviste que n’aurait sans doute pas reniée Andy Warhol qui avait pour habitude de dire : «Parler est mon métier». Une phrase qui va bien plus loin qu’un simple acte de communication destiné à soutenir la commercialisation de ses tableaux comme en témoignent les huit livres dont il est l’auteur et qu’un livre paru en 2008 chez Grasset nous a permis de redécouvrir (Warhol spirit de Cécile Guilbert). Il y a bien chez Warhol un propos, une vraie parole comme il y a bien chez Goguel une vraie volonté de nous représenter son livre, tant graphiquement que mentalement au moyen d’«images littéraires» censées enterrer le «genre» du livre, afin de se faire à son
tour fossoyeur de la littérature et prolonger le geste littéraire contemporain fondé par son aîné. Pour autant, il ne se laisse pas envahir par son influence revendiquée et sait rester à l’écoute de la qualité littéraire «journalistique» induite par son sujet qui lui impose parfois de prendre la voie opposée. Là où Warhol avait évacué lyrisme, imagination, subjectivité et passé simple de son écriture, Goguel en fait un usage régulier dans ses textes travaillés au cordeau, n’hésitant pas à les charger de jeux de mots et figures de style variées pour nous donner l’impression de lourdeur recherchée. Reste qu’il se dégage de l’ensemble, c’est à dire de la compilation de tous ces articles en revue de presse, une sorte de littératureenregistrement, encore plus objectivante que le Nouveau Roman, sans que l’on sache jamais – cadre narratif oblige – si Goguel adhère vraiment à son propos, s’il met son égo en avant en retrait, s’il se prend au sérieux lorsqu’il décrit son livre par journalistes interposés. Comme si les deux hommes étaient réunis par la même ironie candide qui leur permet de dire les choses sans se soucier d’avoir l’air idiot, ni mystique, et la même absence de désir et d’égo qui permet de se laisser envahir par le monde pour mieux s’exprimer à travers lui. Comme si Andy Warhol avait trouvé en Mathieu Goguel son disciple de demain, le nouveau Pape de l’Art Populaire... de rien. Press Book (Ceci n’est pas un livre) de Mathieu Goguel, Erreur Système, 19,68 ¤
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L’HOM
ME DE LA
MANCHETTE Tout le monde connaissait L’Homme de la Mancha, célèbre personnage de Cervantes, il faudra désormais compter avec l’homme de la manchette, dont le combat perdu d’avance contre les moulins à vent de la critique, dépositaires officiels de la pensée politiquement correcte, pourrait bien tourner à son avantage pour peu que les lecteurs suivent son propos jusqu’à la dernière ligne. Il est certaines défaites plus glorieuses que la victoire. Des morts héroïques qui valent triomphe. Car au-delà des siècles, c’est leur souvenir qui façonne l’histoire et nous reste en mémoire. Sans préjuger de la carrière de son quatrième livre, souhaitons à Mathieu Goguel d’entrer un jour au Panthéon de la littérature française. «Au moins,
j’aurai essayé !», pourra-t-on alors écrire sur sa tombe d’auteur tombé au champ d’honneur de la critique, dont le sacrifice prendra aussitôt valeur d’exemple pour la jeunesse de notre pays. Une reconnaissance dont on peut malheureusement craindre qu’elle soit posthume au vu de la frilosité intellectuelle qui caractérise notre pays depuis une quarantaine d’années, soit approximativement l’âge de Mathieu Goguel, né en 1970. Lequel fait partie de cette génération sacrifiée qui a subi de plein fouet les répercussions de l’après 68 et vécu avant ses vingt ans les deux premiers chocs pétroliers, la fin des trente glorieuses, l’apparition du SIDA, la fin des idéaux communistes avec la chute du Mur de Berlin, le début de la déliquescence de la cinquième république ainsi que l’amorce de la dérive ultralibérale du modèle capitaliste – auquel il a du reste versé sa quote-part en commençant sa carrière comme chargé d’études marketing. Pas étonnant que le garçon soit resté bloqué au stade adolescent, à un âge où il n’avait pas encore conscience du «monde de merde» dans lequel il allait devoir s’accomplir et – pire encore – s’épanouir. Pas étonnant non plus qu’il s’en prenne aujourd’hui au symbole et plus fidèle représentant de la dérive de notre société de consommation, dont
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l’hypocrisie conjuguée au cynisme ont visiblement eu sur lui un effet traumatisant : les médias. Coupables non pas tant de l’avoir bercé d’illusions à un âge où il était encore naïf, ni d’avoir brisé ses rêves alors qu’il s’apprêtait à les accomplir, mais coupables à ses yeux de s’être voilés la face pour ne pas voir – et encore moins analyser – la triste réalité du monde qui se construisait sous leurs fenêtres et d’avoir contribué non seulement à ce que rien, ni personne ne bouge, mais aussi – et c’est bien là le pire – à ce que personne ne puisse plus jamais le faire en nous isolant dans notre individualisme jusqu’à éradiquer en chacun de nous toute forme de croyance dans une éventuelle intelligence collective. Ce n’est pas un hasard si Mathieu Goguel s’inspire ouvertement du personnage de Don Quichotte pour véhiculer son propos rebelle, lequel n’a semble-t-il jamais été aussi actuel comme en témoigne le récent combat mené par l’association de ses amis pour reloger les sans-abri. A sa façon, Mathieu Goguel, auteur sans livre, en est un. Sans papier, également, qui ne trouve pas sa place dans la société et n’a d’autre arme que son activisme pour exister, quitte à forcer la main à ceux qui ne veulent pas lui reconnaître son droit fondamental à la critique de son livre en utilisant les mêmes
stratagèmes qu’eux. Dans ce domainelà, Mathieu Goguel ne semble avoir de leçon à recevoir de personne qui manie si adroitement le langage journalistique qu’il parvient à lui faire dire tout et son contraire dans la même phrase élégante tout en donnant l’impression au lecteur d’avancer tandis que lui-même recule. Plus réaliste que cela, tu meurs ! Pour autant, conscient qu’il ne suffit pas de s’offrir en victime expiatoire d’un système à la dérive pour susciter son intérêt, Goguel ne s’arrête pas là et s’attache à magnifier le vide de son propos afin d’offrir une nouvelle dimension, plus artistique, à son oeuvre en creux. Là encore le parallèle avec le personnage de Don Quichotte s’impose qui a inspiré à Terry Gilliam l’un des plus beaux films… jamais réalisé, L’homme de la Mancha, dont Press Book est une sorte de pendant littéraire puisqu’il est le making of du livre que Goguel n’a pas voulu écrire en hommage à son héros préféré. À quoi cela lui aurait-il d’ailleurs servi alors que sa revue de presse nous en offre une vision parfaitement claire qui suffit à l’inscrire dans la légende populaire ? Press Book (Ceci n’est pas un livre) de Mathieu Goguel, Erreur Système, 19,68 euros
disait re le e m m Si, co aurois, un liv un ’ André M urcissement d , d » est «un de la pensée ou, t momen guel bande m en o ’ alors G xplique qu’il n son e ce qui s montre dans ntal. a fasse p de retardé me ouvrage
L’ETERNITE AVANT L’HEURE... et plus si affinités
«C’est en forgeant qu’on devient forgeron» affirme le dicton populaire. «C’est en écrivant qu’on devient écriveron» avait ajouté le populaire Raymond Queneau en son temps. «Et en dix ans qu’on devient dicton populaire?»
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s’interroge aujourd’hui Mathieu Goguel.
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Au silence assourdissant des médias généralistes qui ont ignoré ses trois premiers romans, Mathieu Goguel répond par le vacarme silencieux que produit l’emballement médiatique suscité par la sortie de son quatrième livre. Mais s’agit-il seulement d’un livre qui s’intitule Press Book (Ceci n’est pas un livre) et se présente comme la revue de presse de son ouvrage inachevé? Au delà du work in progress se cache une réflexion sur l’art et ses liens de plus en plus étroits avec les médias. Comment se faire remarquer de la critique sans tomber dans les excès et provocations qu’elle prétend combattre, mais ne fait malheureusement que relayer au plus grand nombre... si ce n’est en les retournant contre soi-même pour les mettre au service d’un double langage. En se projetant personnellement dans son oeuvre, en y dévoilant de nombreux aspects de sa vie intime, en s’y auscultant parfois jusqu’à l’os, l’auteur cherchet-il à capter notre attention ou à susciter notre pitié ? A moins qu’il ne s’agisse que d’un simple habillage destiné à enrober les idées contestataires qu’il cherche à nous faire avaler. La correspondance qu’il établit avec les oeuvres d’artistes aussi prestigieux que Magritte, Duchamp, Debord et Warhol est en tout cas bien réelle qui débouche sur une performance situationniste qui réconcilie surréalisme et dadaïsme par la grâce du Pop Art et va bien au-delà du simple processus d’écriture puisque, après avoir été l’auteur et le sujet de son livre, Mathieu Goguel n’hésite pas à en devenir l’objet même. Lorsque, parvenu au seuil de son propos, au lieu de nous abandonner avec les interrogations qu’il n’a pas manqué de soulever, il nous invite à poursuivre le débat à son «propos». Comme s’il nous demandait de continuer à lui prêter vie au-delà de sa dernière page. Comme s’il voulait prolonger son existence en nous, ses lecteurs, et plus loin encore, dans toutes les personnes qui entendraient un jour parler de son livre, même succinctement. Car, vous l’aurez compris, point n’est besoin de lire Press Book pour faire vivre son auteur. Parce que Goguel «est» son livre, l’acheter et en parler autour de vous suffiront à assurer son bonheur d’écrivain «vivant» et peut-être même au-delà… Press Book (Ceci n’est pas un livre) de Mathieu Goguel, Erreur Système, 19,68 euros
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THE STORY OF MY BOOK ou l’illustration vivante d’une légende en cours
ou l’illustration en cours d’une légende vivante
Si «ce sont ceux qui en parlent le plus qui en font le moins», comment ou l’illustration courante interpréter le fait qu’un auteur se contente de «dire» son livre au d’une légende en vie lieu de l’écrire et d’affirmer son talent d’auteur au lieu de nous en
ou l’illustration en vie
d’une légende courante
faire la démonstration ? Si encore son livre n’existait pas, la réponse serait toute trouvée, mais que dire de ce livre qui n’existe pas et que nous venons pourtant de lire ? Car s’il s’agit vraiment de l’imposture littéraire que son titre explicite laisse présager, que l’avons-nous ouvert, puis lu jusqu’à la dernière page pour vous en faire la présente chronique alors qu’il suffit de lire les vingt premières pour décrypter le piège dans lequel son auteur souhaite nous faire tomber? Il faut donc croire que celui-ci a fonctionné ou alors qu’il s’en cache un autre derrière lui, plus subtil, qui établit peu à peu une relation de dépendance avec ses lecteurs en transformant sa lecture en un véritable jeu interactif dont nous serions à la fois les acteurs principaux et les victimes consentantes. Entre labyrinthe de miroirs, galerie des horreurs et jeu de massacre, c’est à une véritable attraction de fête foraine que l’auteur nous convie à travers la lecture de son ouvrage en s’adressant à la part d’enfant – plus ou moins assumée – qui subsiste en chacun d’entre nous. Pour autant, son propos n’a rien d’enfantin qui trouve d’étonnantes correspondances avec une certaine actualité dite «sérieuse» de notre monde d’adultes. L’exercice de style léger et aérien auquel Goguel se livre sur le format de la critique littéraire finit en effet par se transformer en édifiante leçon de communication politique moderne. Lorsque la multiplication de ses articles de presse finit par atteindre, puis dépasser dans notre esprit critique
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le «point endémique extérieur». Lorsque, à force de nous voir rabâcher le même discours sur son livre qui n’existe pas et le talent injustement reconnu de son auteur, nous entérinons de guerre lasse ces postulats pour nous intéresser aux suivants qui ne sont jamais que les mêmes, mais voient peu à peu, l’auteur affirmer avec un peu plus d’assurance l’existence de son talent et l’immensité de son livre. Tant et si bien qu’on ressort de la lecture de Press Book (Ceci n’est pas un livre) totalement convaincu de leur existence à tous les deux. Démonstration faite et illustrée d’une technique de communication récemment importée des Etats-Unis avec succès par quelques politiciens français pour tisser leur propre légende d’homme d’état – le Story Telling Management – qui permet à Goguel de se construire de toutes pièces un personnage d’écrivain contesté, dont le livre contestable interroge autant notre époque que son avenir. Car si la chance sourit souvent aux audacieux, si le hasard favorise parfois l’éclosion de quelques artistes décalés, le succès, lui, ne s’offre qu’à ceux qui savent le saisir lorsqu’il passe à portée de main. Comprenez par là qu’il faut y penser du soir au matin – et pas seulement en se rasant – et qu’audelà de la qualité intrinsèque d’un livre, c’est aussi la réussite de sa communication qui fait la différence.
Au moins pend que l’on parle d Press Book, on parle pas de
Press Book (Ceci n’est pas un livre) de Mathieu Goguel, Erreur Système, 19,68 euros
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AUT
N O I T OFIC
nar vant Lu faisait a n Ellis à le n o to me re t E as on com utoficti s du livre de B ans plus tard, la ’a d is a m is e po a plus ja née. Tro e à p ro ’un jeun n n’écrir magazine Lir ur livre de l’an me ouvrage d o le l’ e n u e q le s ille triè me «Parion rivait en 2005 au titre de me r au qua l’épure suprê n, c n pplique imensio d e ll Park», é de son électio urrait bien s’a genre jusqu’à e v u s o e s n n po nt de e une e le l’occasio rase définitive i pouss sque et lui offr ccomplisseme u q h u p n l’a ne incon même ue roma t mê me français Ellis. Il te intrig on livre l’obje u to auteur e Easton d t s t s n e t e r a d s B t s t pas iers son débarra iste, en faisan uel n’es romans polic uteur g o v ti G c u a iers athie plus nd l’a toire. M a . ois prem ys , q u a lecteurs auteur, son his sé, dont les tr on propre pa rature quand il o e é t s p u n tt p q s e li da n e la rtem À cha xac t o ompris rs mondiales d as avoir été fo llis a ême l’e c m y t , s e ls en u’E ep ntie s sta façon q ne cach confide déjà partie de restés Goguel é, de la même ilip Roth pour it t, a n is ta fa u a h in în américa nar Park. Pour livre de son a n Shylock de P ble. Mais du o u u u ti o L d a d é r e e li n r p b o pas . u s tu ’O p it de nce d r la lec e fa a qu’un le a u y p fl ’y l é n in ’i ir l’ u il q é , r u – e insp n iq s n é s d o et g ia d é pa s reven la manipulati double n veut la o toujour l’ r t u e ais en e u to – q tion teur –, m opre e à son odèle u ir m a u u d n l’utilisa a o o r s pr admiré as à rep du livre et de nt de sa double ’hésite donc p rk – se serva e dimension a n P e r n a l in n e de Lu Gogu plus lo ter un se abyme r encore pour lui rajou acquis à sa cau mise en t de la pousse u à t n t a r n r lecto ouve r inco an s’efforç dition d’auteu art d’un f à sa prose et arfaite p is ll E ti p co n . Là où s, atten e u ne activiste du moin qui lui offr i ainsi t lu u e to d , u , r o s le e r r a li de p é r se s d liberté ité pou légitim ne totale a d ris ns qu’u , y comp création lisation d’un l’uti pour double parler
E V I T C E L
de el u lui, Gog n o s r justifie doit, lui, emières pr dès les de propos uvrage afin o , teur à d e so n on lec son s r pag e s e v r co ns e publier c re e t tera de convain iteur qui accep is, son double ’Ell e r l’éd de cess verse d ncer pa comme crée-t-il, à l’in quel il n’aura Lunar le e i c s e qu rit. Aus stre» av r. Alors œuvre manusc sorte de «mon e se réconcilie e, u iq s s , d u de je être – hie cla tp e u a é r e uvante, tr g p o n – p io ’e d n d’é her et autob o c ti e o k r c n p fi u p e a n mm ress Boo er e de se r ence co se transform e son auteur, P lité de m m o c a d Park , p ou r scient opre ré pection r l’incon de sa pr ée sur tous d’intros orte ouverte su que fantasmé n c p tre dé li En listi véritable le récit journa rner à force d’ê e son auteur. d r a ia c x lu p n u ’i s e par s u ver en cr débute e u à p e . D e ux qui finit er le portrait p , e e r g iv r e -l non ssin conv e rg e r es et de G o gu e l tà is de div les mod pourrait dire ne cesse jama aire consistan n r o i, é e , tt s et s s somme dis que Ellis, lu e démarche li e s p eu r x s e s t n n m ê ta ta e m je mê m à mieu , s d’une voiler tout en re nd re e p p o sé e faces o oi sans rien dé blic afin d’app t qu’à se perdr s u en p e e m s d u r a i, le le e lu ib r r pa âtu uel, e vis ns e n p ne song e trouver, Gog ésultat. io is s ll s e E s ù b s o r o là de e re. Mais e façon e garantie d dans les connaît t jamais qu’un n e u u c q u o a v é ’es ’il ns ce qui n éellement sa jet littéraire qu texte, ni même r o n r p à so ue, cherche z par là que le ête pas ce hypothétiq ne ne s’arr e n r k a ge p o s o o r is m r B a o s n te C in on res ue qu’il e son P e la rec pages d . Qu’au-delà d tème médiatiq décrié et traité sys tre vre ment – à son li mble de notre s tant d’ê e , non pa ment et simple il ne s e n e im l’ lt t s u c’e xte, ure que e son te ’être – p ant le ris en pren s noms que d mis la qualité d cun contrôle le or ’au de tous celui-ci. Et qu’h rise littéraire d r le succès. Et r p re a e u p tr s é s n r a e o lle ign d’en ur qui ans sa fo s susceptibles cteurs s d le e s s o e s p r dis vie que ôtre. cipaux le qu’il n’a peu la v des prin ément parce n est aussi un o écis autoficti c’est pr s ,68 euro ue cette q r stème, 19 te p Erreur Sy com Goguel,
L O C
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égolène Royal ne s’attendait certainement pas à recevoir un tel hommage littéraire. Il faut dire qu’en général, ce sont les intellectuels qui inspirent aux politiciens leurs méthodes de communication et non l’inverse. Mais qui aurait imaginé il y a quelques années encore une femme présente au second tour de l’élection présidentielle ? C’est donc a posteriori que Mathieu Goguel offre un pendant littéraire au concept de débat participatif que
S
de sa pensée, la démagogie de son propos, la lâcheté de sa posture et même l’absence de son livre. Le fait est Press Book prête le flanc à la critique. D’autant plus – en vérité – que la littérature n’est pas la démocratie et que l’auteur est censé être le maître absolu de son œuvre. C’est pourtant en se dépouillant de son livre que Goguel accomplit l’acte fondateur de sa littérature, commet le geste ultime qui véhicule son véritable propos. Lequel n’est rien moins que politique. Car quoi de plus révolutionnaire en France
Autrement dit, le livre en tant qu’objet n’a qu’une seule véritable fonction : être édité afin de permettre l’échange entre l’auteur et ses lecteurs. Plus important que l’objet final, réceptacle réducteur de sa pensée, est donc le dialogue, fait d’écoute autant que de parole, que développe avec «l’autre» celui qui prétend exercer une responsabilité publique. En cela, Press Book constitue une parfaite illustration de la thèse sur la communication littéraire développée par Pierre
PARTICIPEZ AU LIVRE ! la candidate du PS a développé au cours de la campagne 2007. Comme son titre l’indique, Press Book (Ceci n’est pas un livre) s’inscrit au cœur de notre société de l’information, dont il se sert des ressorts artificiels pour exister. À l’instar de Royal, Goguel n’écrit pas son livre lui-même, mais le laisse écrire par d’autres, en l’occurrence les journalistes chargés de le chroniquer, ce que nombre de critiques littéraires n’ont du reste pas manqué de condamner, lui reprochant en vrac le vide
que de renoncer au statut d’auteur omniscient ? Quoi de plus provocateur que d’oser affirmer au pays de l’exception culturelle que l’auteur n’est et ne peut rien sans la participation active de ses lecteurs ? Le livre est un objet figé qui réduit la pensée de son auteur dès lors que celui-ci est en mouvement, nous démontre Goguel à travers son livre, de la même façon qu’un programme électoral, dont chacun sait bien qu’il ne sera jamais respecté, ne sert qu’à faire élire son candidat.
Bayard dans son livre paru en 2004 aux Éditions de Minuit «Comment parler des livres que l’on n’a pas lus ?» Un essai qui justifie exemplairement les vertus du paradoxe pour ce que son propos concerne au premier chef le livre dans son rapport à la parole du lecteur et la lecture en tant qu’objet d’une communication. Que nous dit Bayard ? Que le livre n’est pas tant l’objet de la communication littéraire qu’il en est le résultat : «le livre est moins le livre que
l’ensemble d’une situation de parole où il circule et se modifie». Et que, par conséquent, la littérature peut se définir comme l’ensemble des relations que l’on entretient avec les livres. Le livre, c’est donc le livre tel qu’on le parle, tel que les discours oraux ou écrits lui donnent existence, et tel qu’on (se) le représente (pour les autres ou pour nous-mêmes). Or la multiplication de ces livres virtuels dont on parle sans les avoir lus donne à voir la communication littéraire sous un jour nouveau. De quoi parle-t-on quand on parle d’un livre si «ce que nous prenons pour des livres lus est un amoncellement hétéroclites de fragments de texte [ceux que la mémoire a retenu, ceux que notre culture a sélectionnés], remaniés par notre imaginaire et sans rapport avec les livres des autres» ? C’est ici que le livre de Goguel épouse les thèses de Bayard, auxquelles il contribue à prêter vie en mettant à mal nos modèles de lecture et nos illusions d’objectivité. Nous voici invités à repenser en profondeur les conceptions et les modalités de la communication littéraire entendue comme rencontre avec les livres et dialogue avec autrui à propos des livres. La communication réussie et féconde sur un livre tient en effet moins à la qualité de la lecture qu’à la qualité du discours qu’il provoque. À l’inverse de la conception aujourd’hui admise selon laquelle seule la connaissance approfondie
d’une œuvre nous rend capables d’en parler avec pertinence, Mathieu Goguel nous apporte la preuve matérielle de ce que Pierre Bayard ne faisait que démontrer théoriquement, à savoir que la compétence requise se développe au contraire dans la pratique de la communication et que, de ce point de vue, poser
de faire avancer la réflexion sur les deux sujets largement co-dépendants que sont l’enseignement de la littérature et la place du livre dans la société. Plus importante que son livre est la communication littéraire qu’il tente d’établir avec ses lecteurs en les invitant à émettre à leur tour un avis
En vérité, en vérité, je vous le dis, Press Book est un ouvrage si miraculeux qu’il devrait se vendre comme des petits pains.»
«
la lecture comme condition de participation a pour conséquence d’appauvrir le dialogue. C’est sans doute ce qui explique la formidable adhésion populaire rencontrée par Ségolène Royal lors de la récente élection présidentielle, qui en donnant la parole aux citoyens quels que soient leur milieu, leur origine ou leur compétence a su réveiller l’envie collective de restaurer un lien social – aujourd’hui disparu – pour dessiner ensemble un avenir radieux. De sa défaite au second tour de l’élection présidentielle, Goguel ne conclut d’ailleurs pas à l’échec de sa méthode, qui se l’approprie dans son ouvrage afin de nous inviter à transformer notre relation aux livres, à commencer par le sien, dans le but
argumenté sur son œuvre, mais aussi et surtout à aller le comparer avec celui de leurs voisins, proches et amis. Etant précisé que personne n’aura jamais totalement raison, ni totalement tort, l’auteur lui-même n’excluant pas que son livre soit mauvais, voire carrément illisible, ni que Ségolène Royal ait été une mauvaise candidate, mais rêvant ouvertement que la parole échangée à leur propos contribue à réveiller l’esprit critique qui fait aujourd’hui tant défaut à notre pays. Press Book (Ceci n’est pas un livre) de Mathieu Goguel, Erreur Système, 19,68 euros
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ELOGE DU LIVRE EXAMEN Enfin un auteur qui tient ses promesses ! Il critique ce qu’il écrit et il écrit ce qu’il dit !
n o i t u l o v é r e n Parce qu’u le b i s s o p m i t s e e r populai , s é m r o f n i s n e sans citoy r e l u p i n a m à z apprene ez n e v e D ! s a i d é les m ! e t s i l a n r u o j e votre propr
C’est à un véritable acte de résistance individuelle en forme d’appel à l’intelligence collective que se prête Mathieu Goguel qui fait de la revue de presse fantasmée du livre qu’il est en train d’écrire l’objet même de son récit. De la même façon que Goguel critique le livre qu’il décrit et qu’il décrit le livre qu’il critique, il est impossible pour le lecteur de dissocier la critique de l’ouvrage de celle de son auteur. Au-delà de la réflexion en boucle sur notre société de l’information que son méta-livre constitue, Goguel se sert en effet de cette structure de narration pour établir une correspondance avec son destin personnel et se prêter au libre examen de son parcours cahotique d’auteur non reconnu par les médias. Une double expérimentation littéraire qu’il cherche visiblement à mener dans la plus grande transparence malgré l’opacité de son propos, comme en témoigne le double titre provocateur de son ouvrage, Press Book (Ceci n’est pas un livre), qui se révèle être le reflet exact de
son contenu. Non seulement l’auteur ne cherche pas à nous «survendre» son livre, comme beaucoup le lui ont reproché, mais il se fait un devoir de respecter la «promesse lecteur» induite par ce titre controversé jusqu’à la dernière ligne de son propos. Non, Press Book n’est effectivement pas un «vrai» livre parce qu’il n’en est que la couverture presse virtuelle imaginée par son auteur dans le but d’assurer la promotion de son talent. Certes, une approche aussi pragmatique nous éloigne de la grande littérature, mais reproche-t-on à un guide de voyage de n’être qu’une interminable succession d’adresses, d’horaires et d’itinéraires ? Parce que Goguel ne s’offre qu’à ceux de ses lecteurs qui seront capables de le lire jusqu’au bout sans rechigner, ce n’est donc pas tant son livre qui se mérite que notre droit à sa critique qui se gagne, qu’il nous encourage au reste vivement à émettre pour peu qu’elle soit personnellement ressentie et argumentée, deux conditions sine qua non
de sa recevabilité. Car quoi de plus insignifiant, quoi de moins constructif pour un auteur qui ne cherche qu’à progresser sur le chem de la vie que ces critiques sans âme, médiocres photocopies de la pensée «originale» en vogue telle que nous la manufacturent quotidiennement les médias bien-pensants de notre époque ? Une domination de la pensée unique contre laquelle Goguel s’élève en instrumentalisant son propr ouvrage, dont il multiplie volontairement les niveaux de lecture pour ne se dévoile que partiellement à chacun de ses lecteurs et mieux les inciter à faire eux-mêmes l’autre partie du chemin qui les sépare de leur frères d’incompréhension. Dont le combat n’est autre que celu jadis édicté par le Conseil National de la Résistance : «Résister, c’est créer. Créer, c’est résister». Et s’y engage pleinement en nous obligean à prendre parti à notre tour – pour ou contre lui – dans la lutte – désormais collective – pour la survie de son âme. Press Book (Ceci n’est pas un livre) de Mathieu Goguel, Erreur Système, 19,68 euros
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i u q e c t s Qu’aes (déjà) été n’aitps u r ce l ivre ? d
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Extrait de Press Book (Ceci n’est pas un livre) de Mathieu Goguel (19,68 euros, Erreur Système) En vente sur erreursysteme.fr
L’infiniment ZER Au-delà du pamphlet contre les dérives médiatiques de notre société, Press Book (Ceci n’est pas un livre) de Mathieu Goguel est un ouvrage étonnant à plus d’un titre qui voit son auteur expérimenter sur lui-même et en conditions réelles le développement de sa condition de créateur. Revue de presse imaginaire d’un livre qui se construit progressivement au fil de ses articles, Press Book constitue à la fois le compte-rendu journalistique de son élaboration et l’autoportrait suivi de son auteur en cours de progression. Car l’expérience de son écriture permet non seulement à ce dernier de s’étudier, de se découvrir, de s’analyser et de se comprendre, mais aussi – et surtout – de franchir la frontière qui le sépare de la réalité afin de s’y accomplir. Ce n’est donc pas le simple récit fantasmé de sa propre histoire que Goguel nous livre à travers Press Book (Ceci n’est pas un livre) – quoi que son titre puisse laisse penser –, qui fait également de son press book l’instrument de sa reconnaissance littéraire en assurant lui-même la promotion de son livre et son service après-vente. Une oeuvre autobiographique parfaitement maîtrisée dont le double titre ne saurait être contesté pour ce qu’il témoigne de sa volonté d’y afficher au grand jour ses contradictions. Comme si c’était par les seules qualité et cohérence de son œuvre qu’il entendait nous prouver qu’il avait réconcilié ses deux parts contradictoires et trouvé son unité dans le métier d’écrivain – qu’il revendique du reste largement dans ses pages. Autofiction devenant autoexpérimentation et réciproquement dans un va-et-vient permanent entre les deux notions qu’il reviendra aux lecteurs de prolonger au delà du texte figé qu’ils ont sous les yeux en continuant d’imaginer l’ouvrage que l’auteur a projeté d’écrire à partir de l’interprétation et de l’analyse critique, non pas seulement des quelques cent critiques qui constituent l’oeuvre initiale, mais aussi de tout ce que pourront en dire et écrire ses futurs lecteurs. Entre tout et rien du tout jusqu’à la fin des temps, ultime autofiction qui ne racontera jamais à ces derniers que leur propre vision de l’histoire, autrement dit leur histoire et ne s’éteindra donc qu’avec leurs derniers descendants. En cela, on peut d’ores et déjà prédire qu’il fera date dans l’histoire de l’humanité. Il y aura désormais un avant et un après Press Book, le livre zéro par excellence. Press Book (Ceci n’est pas un livre) de Mathieu Goguel, Erreur Système, 19,68 euros
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La nouvelle bible du journalisme ! La vérité si je mens !
Si vous ne trouvez personne autour de vous à qui en parler, c’est que vous êtes mal entouré
!
Si l’un des principaux intérêts de cet ouvrage réside dans l’écriture qu’en effectue son auteur, sa lecture, elle, est malheureusement plombée par l’incertitude qu’il laisse involontairement planer sur son issue finale. Car, passé le point critique de l’ouvrage, seuil à partir duquel on décide de le lire jusqu’au bout, ce n’est plus tant le sort de Mathieu Goguel qui nous préoccupe que l’aggravation de notre propre santé mentale à la lecture de sa folie communicative. Car comment interpréter la longue succession de paradoxes qui caractérise Press Book (Ceci n’est pas un livre) qui se présente sous la forme d’une revue de presse virtuelle que celui-ci imagine pour son livre en même temps qu’il l’écrit ? Livre-concept qui voit l’auteur multiplier les commentaires sur son oeuvre en construction afin de nous guider sur le chemin de sa connaissance, mais aussi, de son propre aveu, «objet littéraire certifié
L’écrit en
protestant
non identifiable» tant il mélange les genres et s’emmêle les pinceaux dans ses innombrables références auto-revendiquées. Est-ce à dire que Mathieu Goguel n’était pas pleinement conscient de ce qu’il était, ni de ce qu’il faisait lorsqu’il écrivait ces lignes ou qu’il cherche au contraire à reproduire par les divagations de son récit en creux le cheminement de son inconscient jusqu’à la lumière de son propos actuel ? Le texte lui-même peut-il seulement nous aider à répondre à cette question qui nous offre tout au long de son récit des indices contradictoires sur l’évolution de l’état de conscience de son auteur au fur et à mesure qu’il se présente et se découvre sous sa plume enregistreuse ? Certes, si l’on se réfère au principe fondateur de l’autofiction, genre dont il se revendique , la réponse ne fait guère de doute : Goguel est ce qu’il écrit qu’il est, ni plus, ni moins. Il se définit par rapport à son écriture en mouvement. Au delà de sa nature changeante, c’est donc son rapport au langage que l’auteur interroge à travers l’écriture de son ouvrage qui décrit le livre qu’il constitue au fur et à mesure qu’il constitue le
livre qu’il décrit. Une formule que n’aurait pas reniée Lionel Jospin pour ce qu’elle traduit une transparence absolue vis-à-vis de ses lecteurs et un certain rigorisme intellectuel – certains appelleront cela de l’honnêteté – qui l’amènent à toujours privilégier la vérité crue dans ses propos, quand bien elle pourrait s’avérer blessante pour son entourage et faire le vide autour de lui. A ce détail près que Goguel choisit, lui, d’exorciser son mal avant qu’il ne finisse par l’isoler définitivement de la société des hommes. Une catharsis qu’il ne pouvait cependant envisager, en bon protestant éduqué au travail et au mérite qu’il est, sans le mettre au service de la collectivité au prix d’une véritable réflexion politique directement inspirée des valeurs de sa religion pour ce qu’elle nous prône le retour au libre examen de notre conscience comme déterminant principal de nos actions et décisions. Mais plutôt que nous infliger un cours théorique sur ce libre examen, Goguel se contente de nous offrir la matière pour aiguiser notre esprit critique : son livre ou plutôt son non-livre qui se refuse à toute appellation, toute catégorisation et sur lequel il développe tant et tant d’arguments contraires et absurdes par coupures de presse interposées qu’aucun journaliste ne parviendra jamais à le résumer à ses lecteurs et obligera tous ceux qui souhaitent en parler autour d’eux à trouver leur propre voie, sans pouvoir se référer à l’opinion générale formatée par les médias. Qu’on ne s’y trompe pas cependant, bien qu’il ne se prive pas de le tourner en ridicule, ce ne sont pas tant les médias, ni les journalistes que Goguel critique dans sa parodie de revue de presse littéraire, que l’importance que nous accordons à leurs propos, trop heureux de trouver quelqu’un qui «pense» à notre place. Entre dire la pure, simple et stricte vérité au peuple– quitte à tuer toute part de rêve en lui – et le bercer de fausses illusions en multipliant ouvertement les promesses non tenables, il est un juste milieu à trouver que Goguel nous aide à mieux cerner au travers du propos évolutif de son ouvrage.
!
Press Book (Ceci n’est pas un livre) de Mathieu Goguel, Erreur Système, 19,68 eurosos
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Le retour du zéro masqué ou la résurrection d’un mort-vivant De quel monde inconscient débarque cet auteur inconnu qui se permet de venir nous administrer une leçon de journalisme contemporain ? Comme si déjà il y avait un journalisme contemporain et un autre, plus ancien, peut-être même plusieurs qu’on ne saurait d’ailleurs très bien identifier et encore moins nommer. Le monopole du papier ? L’âge d’or de la radio ? TV on Hertz ? Vive la radio libre ? Fréquence Câble ? Planète Internet ? Explosion de la TNT ? Global World ? Allons, soyons sérieux ! S’il est vrai que les médias ont connu une spectaculaire évolution de leurs supports au cours des deux cent dernières années, s’il est vrai que l’information est devenue un bien de consommation comme un autre, le journalisme, lui, n’a rien perdu de ses valeurs fondatrices, voire y a gagné en liberté et en indépendance, contribuant même fortement à l’avènement de la démocratie occidentale comme référence mondiale de la société-modèle. Allez dire après cela qu’un bon journaliste est un journaliste mort, comme le suggère
à demi-mot Goguel. Et passons sur la médiocrité de la formule pour nous intéresser à son propos en tant que tel puisque Monsieur veut des faits, rien que des faits. Dans la famille des livresconcepts, je demande donc le petit dernier. Mais s’agit-il seulement d’un livre qui s’intitule Press Book (Ceci n’est pas un livre) ? Si ce double titre est provocateur, convenons qu’il n’a rien de contradictoire. Reste que cela interroge sur l’identité exacte de celui qui prétend s’y exprimer à l’intérieur de ses pages. Est-ce le professionnel de la plume qui cherche à vendre ses services ? L’écrivain qui ne s’assume pas ? Le critique refoulé qui perce en lui ? L’homme trop timide pour exprimer ouvertement un avis personnel ? L’auteur de la promotion de son livre ? Autant de points de vue si étroitement imbriqués les uns dans les autres, qu’il est parfois difficile de les rattacher à un seul personnage. Et pourtant… Il s’agit bien du même homme qui signe tous ces articles et du même sujet, lui-même. Lequel semble aussi mouvant que les contours de son press book. Soyez donc prévenus, amis lecteurs qui achèterez peut-être cet ouvrage pour la seule beauté de sa couverture : il n’est jamais simple de s’y retrouver dans la pensée de son auteur qui progresse aussi péniblement dans l’écriture de son livre que nous dans sa lecture, ce qui n’est pas peu dire. Un pilotage à vue qui explique, mais n’excuse pas les nombreuses contradictions de sa pensée erratique. Car l’homme n’en est visiblement pas à son coup d’essai qui revendique la paternité de trois romans policiers passés inaperçus parus chez Terre de Brume, un petit éditeur pourtant fort recommandable, ainsi qu’un passé mal digéré dans la presse, secteur dans lequel il avait pourtant toutes les qualités requises pour s’imposer. On comprend alors que ce n’est pas tant Goguel qui est venu à la littérature que la littérature qui s’est imposée à lui à son corps défendant.
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Que s’est-il passé pour qu’il renonce un jour à mettre sa plume bien pendue au service d’un magazine grand public ? Pourquoi a-t-il cessé d’inventer les improbables concepts éditoriaux dont il a le secret et qui auraient pu lui assurer gloire et fortune pour se reconvertir dans l’écriture avec le peu de succès que l’on sait ? Aussi pudique que discret, l’auteur n’évoque que fugitivement cet épisode – apparemment douloureux – dans son quatrième ouvrage, et ne nous fournit comme seul indice que l’incroyable mépris dans lequel il tient les journalistes qu’il rend responsables de tous ses maux d’auteur. Un jugement volontairement excessif qu’il convient de ne pas prendre au pied de la lettre pour ce qu’il ne semble destiné qu’à le priver de toute possibilité de revenir en arrière et de la tentation de renouer avec son ancien métier. Une politique de la terre brûlée ou table rase (tabula rasa) qui entre en résonance avec l’affirmation négative de son sous-titre, Ceci n’est pas un livre, et offre un éclairage nihiliste à son propos. C’est parce que mon livre repose sur du vide, nous dit-il en substance, que son absence de contenu trouve dans le format de l’article et du dossier de presse l’écrin idéal pour l’héberger et véhiculer son idée. Plus qu’à une moquerie sur les journalistes «pisseurs de copie» à la démagogie rampante, c’est donc à une critique de notre société d’hyperinformation que l’auteur se livre. Où plus important que le livre en lui-même, il y a ce que l’on en dit. Une démonstration par l’absurde de son propre ouvrage dont l’objectif affiché est d’inciter ses lecteurs à redéfinir leurs rapports avec les médias, relais de l’information préfabriqué et du bonheur artificiel.
Mais aussi et surtout pour son auteur, la sublimation d’un traumatisme ancien qui lui permet enfin d’opérer la jonction entre ses deux vies sans en avoir trahi aucune et de se présenter la tête haute, le regard droit, devant ses lecteurs. Pas sûr que la nouvelle fasse plaisir à tous les prétendus journalistes qui ont jadis croisé sa route, condamnés à vivre sous la menace d’une pique bien sentie de celui qu’il convient désormais d’appeler Le Zéro Masqué. Press Book (Ceci n’est pas un livre) de Mathieu Goguel, Erreur Système, 19,68 euros
«Et enfin, pour donner envie à nos lecteurs de découvrir votre livre, pourriez-vous le résumer en un seul mot ?», demanda le journaliste à l’auteur, visiblement excédé par ses questions à répétition.
«Impossible !», répondit ce dernier en se levant de son siège afin de prendre congé. Le message était clair. L’interview était terminée. Pas grand-chose à en tirer. «Et dire qu’il va falloir que je donne un sens à tout ça !», était déjà en train de maugréer le journaliste en remballant son matériel lorsque l’auteur le prit de court en quittant la pièce sans même lui adresser la parole.
«Au revoir !», eut-il tout juste le temps de lui lancer alors qu’il franchissait la porte, n’obtenant qu’un vague signe de main en retour. Et ce fut tout. «Et la politesse, ducon !», ajouta-t-il pour lui-même en reportant son regard vers la place laissée vide. C’est alors qu’il remarqua, posé bien en évidence sur son siège, le petit bout de papier sur lequel l’auteur avait fait mine de prendre quelques notes durant leur entretien. Le cœur fébrile, il s’en empara aussitôt, rêvant déjà d’y trouver de quoi alimenter sa chronique littéraire. Hélas, ce qu’il lut ne fit qu’épaissir un peu plus le mystère autour de l’identité de l’homme qu’il venait d’interroger. Une seule phrase y était griffonnée à la main d’une écriture tellement enfantine qu’il ne sut jamais si c’était l’auteur en personne qui l’avait écrite, ni si son énigme avait un quelconque rapport avec son livre. Sur le bout de papier était inscrit
«Le zéro masqué a encore frappé !»
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Mathieu Goguel se prend-il pour le guide éclairé de l’humour noir de ses glorieux aînés qui tente de capter dans son quatrième ouvrage le fluide essentiel de leur vie passée ? Car dans ses rêves de gloire littéraire, Mathieu Goguel ne se contente pas de revisiter en les détournant les oeuvres de Pierre Dac, Raymond Devos, Pierre Desproges et Serge Gainsbourg, maîtres à penser de l’absurde de son «faux-parler de lui», qui se croit également – et dans le désordre – Astérix, le gaulois qui résiste à l’envahisseur médiatique, le grand vizir Iznogoud, l’éternel second qui ne pense qu’à prendre la place du numéro un, Gaston Lagaffe, le tire-au-flanc narcoleptique inadapté au monde du travail, Lucky Luke, le cow-boy solitaire qui dégaine sa plume plus vite que son ombre, le Petit Nicolas, le petit garçon qui se croit différent des autres, mais n’est que le plus commun de sa bande – à ce détail près que c’est lui le narrateur –, sans oublier la fameuse coccinelle de Gotlib pour le regard qu’elle porte sur l’oeuvre en cours de son père. Hommage inconscient aux bulles de rire silencieux qui ont marqué sa prime enfance ? Synthèse impossible dont il est pourtant le résultat avéré et improbable, à mi-chemin entre le Gros Dégueulasse de Reiser, dont il revendique l’humour bitetrou-poil de cabinet, et le Capitaine Flam, super-héros du début des années 80, plus connu pour la chanson de son générique, devenu l’hymne officiel du revival «adulescent» dont il ne semble pas – de fait – encore totalement revenu. Mais n’est-ce pas précisément dans cette part d’enfant que Goguel ose aujourd’hui assumer publiquement pour lui-même dans son quatrième ouvrage que réside son humanité première ? «Peut-on encore – à 38 ans passés – se réfugier dans ses
Critiques à gogo
rêves pour ne pas affronter la dure réalité du monde qui nous entoure ?» Telle est au fond la question unique autour de laquelle Goguel ne cesse de tourner, en la déclinant sur tous les modes possibles et imaginables, tout au long des articles qui constituent sa fausse revue de presse, et même au-delà puisqu’il en revendique ouvertement l’autoédition, façon pour lui non pas tant d’affirmer son propos que de nous interroger au travers de son statut d’artiste sur la part que notre société doit laisser au rire et à l’utopie comme porteurs d’espoir et vecteurs de progrès. Bien que «le rire soit le propre de l’homme», dixit Rabelais, ce n’est malheureusement pas à un «métier sérieux» que l’on puisse raisonnablement envisager de nos jours alors que le monde court à sa perte. Au reste, ne s’improvise pas humoriste le premier drôle venu, quand bien même il chercherait désespérément à l’être pour réveiller un rire enfoui depuis longtemps dans nos mémoires. Parce qu’un bon rire est forcément communicatif, un humour sans public doit à l’inverse interroger son auteur sur sa vocation ratée au lieu de l’encourager à persévérer dans sa «voix» de garage sans autre issue finale que le silence poli de la critique. Car s’il est vrai que le véritable humour noir prend racine dans la tombe qui nous attend, le comique, lui, doit s’inscrire dans le présent pour continuer à sévir. Entre insulter l’avenir en se référant systématiquement au passé – tellement mieux, comme chacun sait – et sacrifier aux règles simplifiées de l’humour télévisé d’aujourd’hui, qui impose de faire rire à chaque réplique, de préférence courte et lapidaire pour ne pas être zappé du paysage, il est donc un juste milieu difficile à trouver pour celui qui prétend en faire son métier sans renoncer à son identité, ni trahir ses idéaux. Peut-on être
sombre et transparent à la fois ? Flou, clair et opaque en même temps ? Oui, à condition d’être translucide, ce que s’attache précisément à devenir Goguel en se servant de la puissance évocatrice du contrechamp pour nous faire ressentir la terrible noirceur de ses souvenirs et de pensées d’enfant au travers de l’évocation de leurs conséquences sur sa vie d’adulte qui constituent autant qu’elles justifient la matière de son livre. Dis-moi ce que tu écris, je te dirai qui tu es, mais aussi ce que tu as été et, par voie de conséquence, ce que tu deviendras… ou plutôt ce que tu étais destiné à devenir avant que l’histoire s’enraye et peut-être même ce que tu peux encore espérer être, maintenant que tu en es parvenu à ce triste constat d’échec professionnel. Après tout, tant qu’il y a du rire, il y a de la vie et tant qu’il y a de la vie, il y a de l’espoir, lesquels s’expriment chez Goguel par l’écrit de ses maux d’enfant dont il meuble et décore le vide intérieur de son existence. A défaut d’avoir été l’architecte de sa vie rêvée, le voici donc qui tente de lui donner un sens au travers de cette revue de presse plus creuse que nature, pâle reflet de sa réalité d’auteur qui s’est trompé d’époque pour pratiquer son humour et tente d’inverser le cours de l’histoire par ses contre-sens à deux balles. Tellement mauvais qu’ils nous auraient sans doute fait rire aux éclats s’ils avaient écrits ou prononcés par des artistes plus renommés. Comprenez qu’au-delà de la prose – consternante – de Goguel, c’est sa posture naïve et enfantine qui doit retenir notre attention pour ce qu’elle interroge notre acceptation collective d’un humour toujours plus bas. De fait, la question est posée de savoir lesquels des deux est le plus enfantin.
Eh, dis, K., pourquoi tant de haine ?
Etonnant objet littéraire que ce Press Book qui n’est pas seulement un livre, mais aussi le récit que fait son auteur de son écriture sous couvert de revue de presse à charge et à décharge contre lui-même ainsi que le portrait en creux qu’il dresse de lui-même en train d’accomplir sa métamorphose professionnelle à travers sa
L’ANTIPROCES DE KAFKA OU LA MÉTAMORPHOSE DE GOGUEL
laborieuse rédaction. Où celui-ci en bon auteur Oulipien qu’il n’est pas (encore ?) s’échine à creuser lui-même le labyrinthe dont il se propose de sortir… sans jamais y parvenir. Et pour cause, le cadre narratif que lui offre le postulat d’un auteur en train de rédiger la revue de presse d’un livre en même temps qu’il l’écrit l’amène à aller encore plus loin que ses prédécesseurs en folie littéraire tels que Nabokov, Queneau, Borges et autres Ellis et à aller se frotter au maître absolu du cauchemar de l’écriture emprisonnée, Joseph Kafka en personne, dont il semble reproduire la quête identitaire à travers le procès qu’il fait dans son quatrième ouvrage non pas tant de son double, que de sa personne réelle, coupable de l’avoir écrit, puis édité, dans le seul but d’exister à la face du monde. Un délit d’outrecuidance généralement puni par les médias d’un black-out total sur l’information, une perspective qui ne semble toutefois guère
effrayer notre homme, qui, n’étant déjà rien, ne peut donc descendre plus bas. A l’instar de Kafka, Goguel semble faire partir de ces êtres «non-nés» à la «destinée éternellement solitaire» qui cherchent à se sauver en se réfugiant dans l’exercice de leur art, lequel s’avère aussi nécessaire à leur survie qu’il constitue un long et inéluctable chemin de croix pouvant les mener jusqu’à la mort, le plus souvent d’épuisement. Certes, Goguel est encore vivant qui continue d’écrire, mais il se fatigue consciencieusement à
Est-ce mond Mathieu Go e g d’enfa d’adultes uel qui int errog avec s nt ? O en face p o u 176 our ne le systèm n regard c otre A a il s’ap e n p v q d o a u id u s is s e v p de vo d’en décid Mathi rête à se c oir le mur d e voile la s éco eu Go rashe a n s nomie er en fonct leque guel e pièce r à ple banqu l ion s s s i n i à en t jaunes que ou – à défa du niveau mond er pour pro t-il moins c e vitesse ? irer lo e parc rédibl ut – d nostiq restan v ous r de sa e dans t voir le sque la fin parviendre u rire en un sy e qu’il refus uer l’aveni qu’un sera v z peu r du quel d stème d’avo le ban e de s t ir véc e ’i q q u san es deux es nue et qu -être Press foncti uier qui as u’il réprou nsérer Book ’i t mor s com (Ceci on off ve ou sure d n’est t le pl l s’agira pter. pas u ic à tout e n livre u s ) de M e soc ielle de co ésormais l st-ce heure athieu iété o a Gogue ux l, Erre rgani mique esse ur Sys tème, sée ? ntielle 19,68 euros
explorer la voie de celui qu’il ne parvient pas à être pleinement, incapable d’assumer son corps, sa corporalité qui se rabat sur la corporéïté de substitution que constitue ce livre qui parle de lui. Une apparente solution de continuité entre l’écrit et le vécu qui l’oblige cependant à effectuer un va-et-vient permanent entre lui et luimême, masturbation intellectuelle qui l’épuise autant qu’elle vide sa sexualité. A quoi bon enfanter lorsqu’on n’est rien depuis l’origine ? «S’il y a une transmigration des âmes», écrivait Kafka, «la mienne n’a pas encore atteint
le plus bas. Ma vie est hésitation devant la naissance.»Peut-on être plus explicite ? Mais qui est assez «singulier» pour l’entendre ? Car naître rien, c’est n’être rien. Dès lors, pourquoi en parlerait-on dans les chaumières ? Si Goguel choisit de ne pas nommer ouvertement les forces auxquelles il tente de s’opposer dans son livre, les englobant dans le terme générique de «critiques littéraires», on comprend donc qu’il se bat par ses écrits contre le silence qui a entouré son existence et ne cherche par ses propos excessifs à sa
propre gloire qu’à exorciser l’absence de reconnaissance qu’un tel non-dit n’a jamais cessé de lui faire ressentir de façon aussi insidieuse que douloureuse. Qu’à défaut d’être écouté, il n’a eu d’autre choix que de se mettre à écrire, presque contre son gré, comme si c’était par ce seul moyen qu’il pouvait atteindre ceux dont il aurait tant aimé susciter l’écoute jadis. Mais en a-t-il encore besoin aujourd’hui qui s’est construit au travers de l’écriture de son livre un personnage capable de suppléer à leur présence et remédier à leur silence ? Peut-on seulement effacer ses problèmes métaphysiques avec l’aide d’un alter-égo, d’une alter-héroïne ? C’est l’illusion commune, largement partagée, y compris par Kafka, qui rêvait de résoudre sa vie impossible dans un monde impossible dans et par un livre, le livre qui serait entre tous les livres, «Le Livre» qui pourrait le soigner et par là-
même, pensait-il, soulager l’humanité entière. Quête impossible d’un livre panacée qu’il n’écrivit jamais, mais dont certains considèrent sa fameuse Lettre au Père comme la version la plus aboutie. A ce détail près qu’elle ne parvint jamais à son destinataire – faute d’avoir été expédiée – et ne fit qu’empoisonner un peu plus son auteur de sa propre inhibition à «tuer le père» au sens freudien et l’amena à retourner sa violence retenue contre lui-même en tentant d’instruire son propre Procès. Ce qui ne lui fut non seulement d’aucune utilité, mais précipita aussi sa mort, un an avant sa publication. On ne peut pas en dire autant de Goguel qui a visiblement étudié de près l’oeuvre inachevée de son aîné et s’attache à lui donner corps pour s’offrir une seconde naissance par son book interposé. Une véritable métamorphose qu’il accomplit comme Joseph K. sans sortir de sa chambre d’auteur et le voit successivement régler ses comptes avec chacune des grandes périodes de sa vie, depuis sa gestation même dans le ventre de sa mère jusqu’à la catharsis que constitue le difficile accouchement de sa nouvelle identité littéraire.
l’erreur, c’est-à-dire l’incarnation des dérives et dysfonctionnements autant que l’ange annonciateur de la dissolution anticipée. Bien que sarevue de presse Une perte programmée des puisse ressembler à un procès repères fondateurs de notre par la multiplication des société capitaliste qui n’est pas témoins qui sans rappeler la Mort des se succèdent à la une pour Pères annoncée par Kafka dire ce qu’ils pensent d en son temps car après Dieu, e son oeuvre et de son auteur déclaré mort, ce fut réunis, celui-ci est plus l’Empereur qui mourut, transparent que celui auquel puis les autres monarques qui a droit Joseph K. dans suivirent pour laisser place Le Procès, et nettement au temps des parâtres : celui plus équilibré, qui voit même des dictateurs. Certes, Goguel certains thuriféraires crier n’est pas Kafka et il n’a pas sa au génie incompris. Un réputation lorsqu’il écrit ces propos qui peut paraître lignes. Mais précisément, excessif de prime abord, mais s’avère parfaitement justifié pour contrebalancer la violence dont Goguel fait parfois preuve contre lui-même et l’empêcher de basculer du coté obscur de la force. L’autoédition assumée et revendiquée qu’il effectue de son ouvrage n’en constitue pas pour autant un geste moins «suicidaire» que parce qu’il est condamné à celui de son aîné, qui le voit rester aussi désincarné dans tenter un stupéfiant tout son propre corps qu’ignoré pour le tout professionnel par les médias qui régissent et engager l’ensemble de sa désormais notre monde, cela carrière d’écrivain, sans filet, fait de lui le réceptacle idéal ni possibilité de retour de toutes les névroses de notre en arrière. Un risque qui époque, l’éponge qui absorbe n’est cependant rien au vu tous les maux de notre société, du bénéfice escompté de la et conf ère à son livre un libération de soi par l’écriture caractère universel de son livre. Laquelle revient qu’il semble urgent d’inscrire ni plus, ni moins à rejeter au coeur du questionnement le système incarné par humain avant qu’il ne soit celui qui l’a renié, dont il se trop tard, pour lui comme prétend désormais pour nous.
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Et si la disparition de son livre au profit de son Press Book était le premier signe annonciateur de la fin du monde ?
la s a p e m r o f ne ré se donner n o ’ u q e c r a P e sans qui r è p u d n o i relig acle, l’enfant à en spect en riant est condamànléa proteste en pleurant jusqu’ droit l’écrire temps. Au nom dumen ! fin des au saint-esprit, a du fils Press Book (Ceci n’est pas un livre) de Mathieu Goguel, Erreur Système, 19,68 €
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PASSAGE amer à l’orange EPHEMERE C’est bien connu ! Qui court deux lièvres à la fois risque bien de rentrer bredouille à la maison ! C’est malheureusement ce qui arrive à Mathieu Goguel, jeune écrivain, dont le quatrième ouvrage fait les frais de son ambition dévorante et de son énorme besoin de reconnaissance médiatique, projet si «global» qu’il finit, à force de vouloir ressembler à tout, par ne plus ressembler à rien. Les propos énigmatiques tenus par son éditeur fantoche à la sortie de son livre étaient pourtant sacrément alléchants. Vouloir remettre en cause la ligne de partage traditionnelle – et un peu simplette, reconnaissons-le – entre «romans & fictions» d’un côté et «essais & témoignages» de l’autre aux moyens d’un seul livre qui appartiendrait à chacun de ces genres à la fois nous avait tout d’un coup paru envisageable, mieux encore souhaitable à une époque qui n’aime rien tant que le mélange des genres. C’est tout juste si on n’avait pas ressenti à l’annonce par son éditeur de l’invention imminente de ce «nouveau genre» par un auteur totalement inconnu au bataillon le même enthousiasme teinté d’espoir qui avait saisi un grand nombre de français en 2007 lors de la campagne présidentielle lorsque François Bayrou était parvenu à les convaincre que désormais il n’y avait plus ni gauche, ni droite et que l’avenir politique de la France passait par lui. Bref, le programme avait du sens, ne restait plus qu’à l’incarner et à le mettre en pratique. Hélas, bien que Mathieu Goguel écrive aussi mal que François Bayrou parle, ce qui n’est pas peu dire, sa tentative de putsch littéraire fait chou blanc qui ne parvient à nous offrir qu’une interminable succession d’articles et de manchettes de journaux ainsi que d’aphorismes et de figures de style variées, dont la lecture nous fait rapidement perdre tout repère littéraire. On ne sait plus où on est, dans un roman réalité, dans un docu-fiction, dans un essai existentialiste ou un reportage situationniste. Impossible en revanche d’oublier la teneur de l’ouvrage, dont le propos répétitif nous est martelé en boucle par son auteur jusqu’à l’abrutissement et finit d’anesthésier en nous toute velléité de résistance et d’analyse critique vis-à-vis de son ouvrage. Que lui importent au reste nos commentaires négatifs puisque leur seule diffusion ne ferait que contribuer à légitimer un peu plus ce qu’il déclare désormais être, un écrivain candidat au succès. Le fait est qu’il sera toujours temps d’en devenir un bon lorsqu’il l’aura obtenu, une hypothèse qu’il convient de ne pas exclure afin de ne pas insulter l’avenir. Il y a, après tout, bien pire que lui sur la scène littéraire française contemporaine. Press Book (Ceci n’est pas un livre) de Mathieu Goguel, Erreur Système, 19,68 euros
100% zéro papier Cent papiers suffisent-ils à se créer une identité lorsque l’on les rédige soimême ? Car alors ils sont faux et ne sauraient résister longtemps à l’analyse approfondie qu’en feront les experts assermentés. Mais ces derniers disposent-ils d’un pouvoir quelconque pour dénoncer efficacement l’imposture manifeste que constitue l’autoédition suicidaire de cette revue de presse artificielle par son auteur issu de nulle part et inconnu au bataillon, obligé de recourir à des subterfuges littéraires pour se faire un nom ? Que son livre soit nul et en parler ne ferait que servir sa cause. Mais qu’il soit bon et c’est l’ensemble de notre système qui serait alors interrogé pour ce qu’il n’a pas su faire une place à son auteur. Vous l’aurez compris : le propos de Goguel est politique. Car qui produit les exclus toujours plus nombreux si ce n’est notre société et l’individualisme croissant qui caractérise son évolution récente ? Auteur sans renommée et autre arme que sa force d’écriture, Goguel s’identifie à tous ces êtres en quête d’identité et de terre d’accueil pour nous sensibiliser à leur combat, mais a l’ingénieuse idée de transposer leur combat dans sa propre réalité pour ne pas nous encombrer de leur terrible détresse dont nous ne saurions pas quoi faire. À leur différence, Mathieu Goguel a les moyens de mener son combat, si ce n’est à armes égales, avec les mêmes références culturelles. C’est ainsi qu’il base son système de pensée sur la révolution de 1968 dont il salue autant les apports qu’il dénonce les travers qu’elle a contribué à installer dans notre société en remarquant que la dérive libérale que connait actuellement notre pays n’a d’égale que la violence des slogans anticapitalistes de l’époque. Et d’esquisser l’idée que si la victoire idéologique que continuent de proclamer en paradant dans les médias ses principaux acteurs aujourd’hui âgés de 60 ans est à ce prix, peutêtre conviendrait-il aujourd’hui de leur en interdire l’accès afin d’entériner la défaite de leur pensée qui s’en est suivie. Sans prétendre renier, ni juger le passé, ne serait-il pas judicieux, suggère Goguel au nom de sa génération de trentenaires, de prendre la parole afin de rabattre le caquet à nos glorieux
aînés qui ne cessent de nous donner la leçon ? Un propos quasi-suicidaire dans un pays aussi conservateur que le notre. C’est pourquoi, afin de ne pas être pris de court, ni suspecté de conflit d’intérêt, il organise sa propre disparution par livre interposé auquel il donne la mission de le représenter tant auprès de ses lecteurs qu’auprès des médias qui daigneront relayer son propos. Lui a fait la moitié du chemin avec son livre-proposition, à nous, journalistes, de faire l’autre moitié… Ou pas, en sachant passer pardessus ses propos extrêmement critiques sur notre profession, coupable de focaliser son attention sur quelques événements au détriment de ce qui fait la vraie actualité. Ce qui revient à vous interroger directement par notre intermédiaire, vous, lecteurs de ces lignes et acheteurs de ces prétendus magazines d’information auxquels nous collaborons, sur les raisons qui nous amènent à continuellement simplifier notre propos pour continuer de trouver grâce à vos yeux. Car si tout le monde s’accorde à cracher, par exemple, sur la presse people, c’est bien vous, lecteurs-consommateurs, qui l’achetez en masse! Certes victimes d’un marketing conçu pour exploiter vos failles, mais encore libres, si ce n’est de vos comportements d’achat, tout du moins de votre liberté de penser et de réfléchir. Laquelle, c’est bien connu, «ne s’use que si l’on ne s’en sert pas». Qu’attendez-vous ? Réagissez ! Car demain il sera trop tard ! Press Book (Ceci n’est pas un livre) de Mathieu Goguel, Erreur Système, 19,68 €
r u e t c e l n ’u u q e c Par x i d à e l r a p n e t insatisfai e n i a h c o r p a l , i autour de lu era s e u q i t a i d é m n révolutio e r i a l u p o p m i s è un succ ! s a p a r e s e n u o
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LA NEGATION CONSTRUCTIVE Ce n’est pas un hasard si l’auteur fonde son projet littéraire Press Book sur une affirmation négative (Ceci n’est pas un livre), dont la revue de presse relève d’une véritable entreprise déconstructiviste. Mais là où il avait fallu 52 aphorismes à Jacques Derrida pour produire son seul Avant-Propos, il ne faut qu’une petite centaine d’articles à Mathieu Goguel pour achever son livre. Curieux paradoxe en vérité que celui qui fonde Press Book (Ceci n’est pas un livre) – un livre qui n’en est pas un tout en se présentant comme tel – que l’auteur ne cesse de décliner tout au long de ses pages pour aboutir à un incroyable final en forme de retour à la matière brute. Son livre est à la fois une marchandise manufacturée et une œuvre originale, un bien de consommation et un objet dématérialisé, un texte figé et une pensée en mouvement, un livre de, mais aussi d’après son auteur, une création littéraire en même temps que son analyse critique, une mécanique intellectuelle qui ne semble pas avoir de fin. Véritable défi lancé aux lois de l’apesanteur comme aux tenants
de l’ordre littéraire, ce «texte suspendu» au-dessus de son postulat de départ ne repose en vérité sur rien d’autre que le mouvement permanent que cherche à lui insuffler son auteur en se servant des médias pour créer cette boucle répétitive d’un livre qui s’autoalimente en même temps qu’il s’écrit. Et dont la lecture oblige à un tel mouvement de va et vient qu’elle devient elle-même philosophie à l’œuvre, travail d’écriture qui poursuit la lecture qui l’a initiée. Ici, point de système clos, mais un questionnement permanent, aucune conclusion, mais de multiples portes de réflexions ouvertes par l’auteur, qui nous livre un commentaire interminable sur le texte, la langue et les notions de philosophie induites par son sujet, qui finit par devenir son propre texte, sa propre langue et sa propre philosophie à force de voir son auteur multiplier les allers-retours entre l’origine et la fin en s’intéressant aux causes profondes qui peuvent les relier et non aux seules fondations visibles de l’édifice, qui – du reste – n’en a pas. C’est précisément parce que Press Book est une critique, non pas négative, mais productive de lui-même
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qu’il peut être considéré comme une entreprise déconstructiviste. «La déconstruction est inventive ou elle n’est pas», écrivait Jacques Derrida, figure de proue de ce mouvement littéraire, «sa démarche engage une affirmation.» Elle veut inventer l’impossible, «réinventer l’invention même, une autre, inventer ce qui ne paraissait pas possible». Une méthode d’analyse et d’interprétation du discours, directement inspirée des recherches sur le langage de Freud, que Goguel reprend à son compte en se servant de l’analyse de son propre discours pour traquer et faire ressortir ce que dissimulent ses propres écrits, idées réprimées, sujets occultés et tout autre élément qui aurait pu remettre en cause la cohérence générale de son propos. Procédant par couches successives, il nous révèle peu à peu, sous les arguments lisses et bien construits de son discours, l’exigence d’une personnalité complexe et torturée. Un exercice de mise à nu poussé si loin par son auteur qu’il finit paradoxalement par le désincarner pour n’en conserver que l’humanité contradictoire, désormais affichée – et assumée – au grand jour. Ce n’est plus tant l’auteur qui nous intéresse en tant que tel, mais ce que l’homme laisse – volontairement et involontairement –
transparaître de lui tout au long de son analyse littéraire qui va nous permettre de recomposer son œuvre, mais délivrée de son emprise et selon une nouvelle règle du jeu qu’il nous appartient de définir. Une perte de contrôle délibérée de la part de Goguel qui n’a cependant rien d’un renoncement. Car c’est paradoxalement de son effacement volontaire d’auteur que Goguel tire la matière de son œuvre. Comme s’il lui avait fallu se libérer du regard et du jugement des autres pour enfin oser être lui-même sur le papier et laisser sa juste place au lecteur. Comme s’il lui avait fallu se débarrasser de son immense et encombrant besoin de reconnaissance pour assumer sa pensée et nous la proposer – et non l’imposer – sans rien attendre en retour. Mathieu Goguel est désormais sûr de sa pensée et de son discours et s’avance sereinement vers nous, pleinement conscient de ce qu’il est : la pensée en mouvement permanent d’un libre esprit critique. Press Book (Ceci n’est pas un livre) de Mathieu Goguel, Erreur Système, 19,68 €
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erreur 404 Ou alors si peu. Comme si le système avait définitivement échappé à tout contrôle extérieur et n’était plus capable d’écouter les mises en garde que lui adressent certains observateurs indépendants. Généralement taxés de «rétrogrades», de «passéistes», «d’éternels pessimistes», de «frustrés» et aussitôt renvoyés d’où ils viennent, c’est-dire hors-système, à l’isolement de leur réflexion. Le nombre n’a-t-il pas toujours raison ? Difficile, voire impossible, aujourd’hui de faire entendre sa voix lorsque celle-ci est critique vis-à-vis du système. Une défaite de la pensée qu’il est difficile d’accepter tant elle constitue une insulte à l’intelligence de l’homme et constitue une grave menace pour l’avenir de l’humanité. Car c’est justement lorsqu’on pense avoir raison envers et contre tous que l’on commence généralement à commettre des erreurs. Face à ce danger, il convient donc de réinstaurer le doute permanent comme socle de la réflexion collective. Autrement dit, l’écoute et le dialogue. «Le débat participatif», se risquerait-on presque à dire si l’expression avait du sens. Encore faut-il pour cela prendre le temps du recul et de l’analyse qui permettent de faire les bons choix. Erreur Système, donc.
livre introuvable Où est passé le temps de la réflexion ? Peut-être dans l’erreur système qui interrompt brusquement le programme en cours et offre une pause bienvenue au travailleur pressé qui peut reprendre son souffle, le temps de réinitialiser la machine. Erreur Système, donc. Une signature en forme de marque-identité autant que de fonction-programme ! Un nom d’artiste resté curieusement inutilisé et libre de droits jusqu’à lui Goguel. Comme un signe du destin. Car il est l’erreur système. Celui qui l’interrompt pour l’interroger. Celui qui interpelle séparément chacun de ses composants afin de leur rappeler leur appartenance à un collectif ainsi que leur responsabilité individuelle dans son évolution aléatoire. Car c’est le grand paradoxe de notre époque. Où jamais la liberté d’informer n’a été aussi grande. Où un nombre croissant de citoyens s’inquiète de l’évolution de notre société. Sans que son développement effréné s’en trouve ralenti pour autant.
Ou plutôt «Erreur 404», une interruption volontaire de votre programme de vie bien rangée que l’auteur se propose d’installer au coeur de votre quotidien afin de réinitialiser votre intellect. A défaut de livre, quelques minutes de réflexion sur ce qui fait aujourd’hui le succès populaire d’un livre vide et creux dans une société de l’information qui ne jure plus que par l’image. Imaginez un livre qui n’existe pas. Sauf que s’il n’existait pas, personne n’en parlerait... sSauf à commettre un terrible contresens.
Dieu est mort dépassé! Vive l’erreur système ! Press Book (Ceci n’est pas un livre) de Mathieu Goguel, Erreur Système, 19,68 ¤
UN BOUCHE-À-OREILLE QUI SE TERMINE EN TÊTE-À-QUEUE ! FAUT-IL ÊTRE TORDU, CASSE-COU OU SIMPLEMENT OBSÉDÉ POUR IMAGINER PAREILLE CONCLUSION À SON ENTREPRISE DE SÉDUCTION LITTÉRAIRE ?
p. 7 : les paroles présentées en bas de page sont le début de la chanson The End des Doors qui figure sur leur premier album éponyme paru chez Elektra en 1967. p. 51 & p. 176 : L’OuLiPo (acronyme de OUvroir de LIttérature POtentielle) est un atelier de fabrication de littérature en quantité illimitée fondé en 1960 par Raymond Queneau et François Le Lionnais. Plus d’informations sur le site des Oulipiens : www.oulipo.net p. 54 : le morceau «Signed Curtains» figure sur le premier album éponyme (1972) de Matching Mole, le groupe fondé par Robert Wyatt après son départ de Soft Machine. Merci à JeanPierre Lentin de me l’avoir fait découvrir sur Radio Nova et à Stéphane Fougère de Traverses, Musiques nouvelles et progressives (http://www.rythmescroises.org/traversesmag/) de m’avoir permis de retrouver ses références. pp. 92-93 : l’article intitulé «Ceci n’est pas une critique de livre» est une pâle imitation de la chanson «(This is not a) Love Song» de Public Image Limited – PIL pour les intimes –, groupe de Johnny «Rotten» Lydon, ancien chanteur des Sex Pistols. Paroles et musique de Public Image Ltd – IPS Music / April Music ©1983 PiL Records Inc / Virgin Music Inc. pp. 122 : la représentation de l’oreiller «Ceci n’est pas un livre» est la reproduction d’une gravure d’Albrecht Dürer. Le véritable oreiller, lui, est disponible en trois couleurs sur le site japonais www.bytrico.com. Vous pouvez le commander pour la modique somme de 12.600 yen (110 euros !) à l’adresse http://www.bytrico.com/onlinesho p/item_html/ranchbox/ra01.html pp. 128-129 : le graphisme HateLove est une reproduction de
Bulle de crédit gratuit l'ambigramme imprimé sur T-shirt : "Psy-shirt". Création et conception graphique originale : Rachel Pfleger. Editeur : Pa-Design. Merci de leur aimable et gracieuse autorisation. Pour acheter le «Psy-shirt», une seule adresse : http://www.pa-design.com/ pp. 162-163 : l’article intitulé «Participez au livre !» est largement inspiré d’un article intitulé « Où l’on apprend que le compte-rendu d’un livre (de P. Bayard) est plus important que le livre lui-même » publié par Dominique Vaugeois le 12 avril 2007 dans le volume 8, numéro 2 de la revue Acta Fabula (http://www.fabula.org/revue/docu ment2982.php), dont il reprend quelques courts extraits sans les guillemets nécessaires. Grâce soit donc rendue à son auteur : le pompage assumé de son article m’aura économisé la lecture d’un livre aussi moins aussi fastidieux que Press Book (Ceci n’est pas un livre), le bien-nommé «Comment parler des livres que l’on n’a pas lus ?» de Pierre Bayard, paru en 2004 aux Editions de Minuit, dont le présent ouvrage s’efforce d’illustrer et de prolonger la réflexion. Parmi les autres livres ayant inspiré l’écriture de Press Book (Ceci n’est pas un livre), citons en vrac : Lunar Park de Bret Easton Ellis (Robert Laffont, Littérature Etrangère XXIe siècle, 2005), Storytelling : La machine à fabriquer des histoires et à formater les esprits de Christian Salmon (Editions La Découverte, Cahiers Libres, 2007), Warhol Spirit de Cécile Guilbert (Grasset & Fasquelle, 2008), 99 F de Frédéric Beigbeder – précédemment intitulé 14,99 ¤ – qui vient de retrouver son titre original à l’occasion de son passage en poche (Gallimard, Folio, 2004), L’éclipse du savoir de Lindsay Waters (Editions Allia, 2008),
œuvres de Edouard Levé, dont je salue la mémoire encore vive (POL, Fictions, 2002) et quelques autres que j’ai déjà oubliés (sans doute parce que je les ai lus). Pp. 180-181 : l’article intitulé «L’anti-procès de Kafka ou la métamorphose de Goguel» est largement inspiré, non pas tant de l’œuvre de Kafka – que je n’ai pas souvenir d’avoir lue de mon vivant, cf. point précédent – que de la lecture de deux articles pêchés sur le net : «Franz Kafka & les postmodernes» de Jean-Louis Cloët, publié le 10 septembre 2007 sur le site de la revue polaire http://www.revue-polaire.com/, l’article étant disponible à l’adresse http://utopiktulkas.free.fr/polaire/ spip.php?article35, et «L’énigme de la loi – Le paradoxe de l’écriture emprisonnée dans Le Procès de Kafka» de Elisabeth ChalierVisuvalingam, paru en avril 2007 aux Cahiers de la Nouvelle Europe, Université de Paris III et disponible sur son site à l’adresse suivante : http://www.svabhinava.org/French/ ElizabethVisuvalingam/KafkaEnigme Loi-frame.php. Index des auteurs, artistes et personnalités cités à leur insu dans cet opus : Laurent Baffie, Daniel Balavoine, Honoré de Balzac, Alain Bashung, Charles Baudelaire, Jean Baudrillard, François Bayrou, Frédéric Beigbeder, Jorge Luis Borges, Olivier Cadiot, Louis-Ferdinand Céline, Emile Michel Cioran, Pierre Dac, Salvador Dali, Mark Z. Danielewski, Guy Debord, Pierre Desproges, Raymond Devos, Julien Doré, Claude Dubois, Marcel Duchamp, Edika, Bret Easton Ellis, Gustave Flaubert, Franquin, Serge Gainsbourg, René Gosciny, Gotlib, Jean-Marie Gourio, Jean-Edern Hallier, Bernard Heidsieck, Hergé, Alfred Hitchcock, Michel Houellebecq, Lionel Jospin, Franz Kafka, René Magritte, Morris, Friedrich Nietzsche, Christophe Parat, Georges Perec, Raymond Queneau, Reiser, Jacques Roubaud, Gaëtan Roussel, Ségolène Royal, Sempé, Lawrence Sterne, Tabary, Uderzo, Andy Warhol, Lindsay Waters, Bernard Werber, Robert Wyatt et moi, et moi, et moi, et moi, et moi, et moi, et moi,
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