Un homme profondément attaché à l’Afrique

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Un homme profondément attaché à l’Afrique C’est en compagnie de Michaël Delvaux, ami fidèle des débuts et homme clé des structures de SDA et de SDAI, que nous découvrons le parcours exceptionnel de Philippe de Moerloose, qui a hissé une petite pme au rang de holding rivalisant aujourd’hui avec les grands noms de la distribution internationale. À la tête des holdings SDA et SDAI, Philippe de Moerloose a développé en plus de vingt ans une entreprise présente dans plus de vingt-sept pays avec trois secteurs d’activités principaux : la distribution automobile, la distribution d’équipements de construction, de machines minières et forestières ainsi que la distribution de tracteurs agricoles. Principalement tourné vers l’Afrique, il a su saisir les opportunités que le continent pouvait offrir pour les transformer en un business exceptionnel. SDA regroupe des entreprises actives dans la représentation exclusive de marques automobiles et d’engins en Afrique. Plus largement, le consortium SDA/SDAI (2008/2012), il offre une gamme complète de produits et de solutions de haute qualité et surtout un service après-vente qui n’a rien à envier aux réseaux européens. Les investissements dans des structures répondant aux exigences internationales des constructeurs et le recrutement de collaborateurs talentueux sont les clés de ce succès.Mais plus encore que sa connaissance approfondie de l’Afrique acquise au cours de deux décennies de présence sur le continent, c’est la capacité de son dirigeant à transmettre son savoir-faire qui a fait du consortium un véritable atout pour ses partenaires, clients et fournisseurs. Le début d’une aventure Après avoir passé sa jeunesse au Katanga, Philippe de Moerloose est envoyé en Belgique afin d’assurer la poursuite de ses études universitaires. Mais c’est avec appréhension que ce dernier retrouve son pays d’origine et, dès les premiers instants, l’Afrique lui manque. Homme de contact et surtout culturellement africain, il est déterminé à retourner au Zaïre après avoir pris le meilleur de ce que la Belgique peut lui offrir. Car c’est là-bas, en Afrique, que son coeur se trouve.


En 1991, il a vingt-trois ans et fonde une société coopérative baptisée Demimpex (acronyme pour de Moerloose Import Export), une société de services spécialisée dans l’import-export de pièces détachées automobiles entre la Belgique et le Zaïre, le Rwanda et le Burundi. Pas d’étude de marché, ni de business plan mais trois raisons dont chacune est suffisante : rendre service aux personnes rencontrées lors de ses jobs d’été dans les mines du Katanga, une passion dévorante pour l’automobile et l’intuition qu’il y a là une demande à laquelle un entrepreneur sérieux, débrouillard et travailleur peut répondre et grâce à laquelle il pourra gagner sa vie. Service, intuition, passion et travail vont être les fondements de sa réussite. Et ce n’est pas un hasard tant ces éléments sont indissociables de l’Afrique où la coutume du don de soi à la communauté, la valeur de l’effort et l’incertitude du lendemain sont des éléments caractéristiques de la culture. Entre 1995 et 2010, il se réalise pleinement en accélérant la croissance de son entreprise par le rachat de nombreuses sociétés. Ces acquisitions contribuent à élargir son champ d’activités, à travailler avec des équipes venues d’horizons très différents, et à faire évoluer son groupe en obtenant la représentation en Afrique de nombreuses marques de premier rang (telles que Nissan, Mercedes, Volkswagen, Ford…) mais aussi celle d’équipementiers industriels (comme John Deere, Hitachi, Volvo Construction Equipment et Volvo Trucks). Au-delà de simples rachats, Philippe de Moerloose rachète un savoir-faire et crée progressivement un réseau inestimable ; il s’en servira pour optimiser les ventes et agrandir la structure afin d’offrir à ses clients le service qu’il estime leur devoir : “le même que celui dont monsieur Tout-le-monde bénéfice en Europe.” Un succès sans cesse croissant Rapidement, Philippe de Moerloose développe sa clientèle auprès de compagnies minières, de sociétés commerciales, de sociétés de transport et des gouvernements africains. Fort de ses succès, il aurait pu s’arrêter là. Mais c’est contre sa nature : il ne supporte pas l’échec, le gâchis et voit dans les déroutes et les abandons des autres des opportunités et des idées mal mises en oeuvre. Depuis une dizaine d’années, il s’est fait une spécialité de reprendre et redresser des entreprises en difficulté pour cause de mauvais management ou de manque de persévérance. “On atteint un objectif lorsqu’il est clair et à force de travail”, martèlet- il à ces équipes. C’est ainsi qu’il a créé un 54 | regards sur la société pôle hôtelier et un pôle industriel en reprenant des actifs que d’autres n’avaient pas eu la force de rendre rentables.


Intuitif, Philippe de Moerloose a également rajouté un nouveau relais à son groupe, vu la demande constante et les résultats engrangés : il a en effet créé des bases logistiques à Dubaï et à Anvers ainsi qu’en Chine. Toutes s’inscrivent dans une stratégie commerciale toujours axée sur la notion de services. D’aucuns se résignent à perdre du terrain devant la puissance commerciale de la Chine ou du Moyen-Orient. Lui y investit pour apprendre et en tirer profit comme le jeune étudiant qu’il était l’avait fait en Belgique. Comprendre les besoins des clients et y répondre demeurent ses seules obsessions. Les marges étant peu élevées et la concurrence féroce, la force du consortium consiste dans la disponibilité et le stock important des véhicules et machines. Ainsi, au lieu d’être livré en deux ou trois mois en provenance des usines, l’entreprise peut livrer en trois ou quatre semaines. Il dispose d’importants entrepôts lui permettant de stocker 2500 véhicules et machines ; idem pour les pièces de rechange. Aujourd’hui le groupe compte près de 3 000 employés à travers le monde et affiche une croissance entre 15 et 20 % par an lors des dix dernières années. L’humilité face à un marché complexe Si le succès produit chez certains maints étourdissements, Philippe reste quant à lui un homme discret dont on parle peu et qui ne tire pas de bonheur à être flatté. Il a gardé un goût prononcé pour les défis, le dépassement de soi et un attachement profond pour le continent africain. Il parle d’ailleurs couramment le swahili et se sent d’ailleurs plus que jamais lui-même lorsqu’il s’exprime dans cette langue. L’Afrique est pourtant un continent difficile pour travailler lorsqu’on n’est pas africain. Il faut être patient et approcher les gens en comprenant leur culture sans toutefois perdre sa propre personnalité. L’Afrique peut effrayer les investisseurs occidentaux d’autant plus que la presse ne parle généralement que d’instabilité politique, de guerre ou de pratiques commerciales douteuses. “C’est une image réductrice transmise par certains médias, dit-il. L’Afrique est une zone de croissance extraordinaire avec des multiples opportunités dans tous les secteurs, notamment dans les infrastructures, l’agriculture ou les services. Une population jeune, pleine d’énergie et de talent qui ne demande qu’un leadership bienveillant et des moyens pour s’exprimer. C’est mon credo et ma conviction profonde. C’est pour cela que j’ai confiance et que j’investis. Le monde des affaires en Afrique change positivement, et c’est aussi grâce à cela que nous pouvons nous exprimer pleinement. Les entreprises qui réussissent sont celles qui créent de la valeur, pas celles qui les confisquent.”


Homme de défi, Philippe de Moerloose a-t-il atteint son but ? Il n’en est rien. Le vrai businessman en veut toujours plus. Non plus pour lui, mais pour ses 3 000 collaborateurs et ses clients. L’expérience aidant, il a appris que le vent peut tourner et que le marché bouge très vite. Il a vu des entreprises sombrer dans l’oubli ou être incapables de rebondir. Il en a racheté certaines. Partir de rien et être aujourd’hui une valeur sûre du marché, une entreprise performante, loyale et reconnue par ses clients, ses employés et ses fournisseurs ne constituaient pas un but en soi ; c’est aujourd’hui devenu une fierté. Aujourd’hui, le capitaine d’industrie garde une nostalgie du temps où il découvrait les mines lors de ses jobs estivaux et de sa période où, bien que patron de pme, il était avant tout un exceptionnel vendeur. Petit déjà, il avait acquis ce talent devenu l’autre secret inestimable de son groupe : sa capacité à mettre en place des comités de direction passionnés et compétents dans chacune de ses affaires, développant en chacun de leurs membres, hommes et femmes, les qualités de vision, de stratégie et de persévérance nécessaires à l’émergence du groupe. Peu de gens réussissent à transmettre leurs qualités à leurs équipes, mais ceux qui y parviennent en tirent sans doute plus de profit que tous les dividendes du monde peuvent offrir. À une époque où les holdings financières sont tant décriées du fait de leurs courtes vues opérationnelles, Philippe de Moerloose tend à prouver, l’Afrique aidant, qu’il est encore possible de concilier objectifs financiers à moyen terme et objectifs industriels à long terme. Il s’en étonne lui-même mais il est à nos yeux un exemple du modèle entrepreneurial de demain. Liens Externes : www.philippedemoerloose.com http://issuu.com/philippe-de-moerloose/docs/l-echo-interview-de-philippe-de-moe


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