100 ans de paysages - Entre bocage herbagé et coteaux viticoles

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ENTRE BOCAGE HERBAGÉ ET COTEAUX VITICOLES Une évolution des paysages ressources dans le Chemillois et le layon

Simon Desprat Ecole Nationale Supérieure d’Architecture et de Paysage, Bordeaux Mémoire personnel d’étude et de recherche 100 ans de paysages


A Jean, agriculteur, qui toute sa vie a arpentÊ ces paysages de bocages et de rivières.

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Avant propos Le travail de recherche que vous vous appretez à lire a été construit selon deux infléxions. En effet, je me suis attaché à prendre du recul sur les paysages étudié et j’ai tenté de traiter ce territoire de façon impartiale. Mais dans le même temps, mon ressenti, mon histoire avec ce territoire et mes convictions, tout cela transparait dans le document. Cette subjectvité est principalement dû au fait que je connaisse ce territoire depuis mon plus jeune âge. Je m’en suis construit des images fortes, liées à la typicité de ses paysages. J’y ai ancré des souvenirs de vie. Et c’est une terre profondément liée à qui je suis. Mais bien qu’ils aient rythmé une partie de mon enfance, je n’ai connu pendant longtemps que la surface de ces paysages. Le «100 ans» m’a donné l’opportunité, les moyens techniques et le temps d’approfondir ce territoire et de comprendre d’où venaient ces fermes, ces vaches, ces haies et ces arbres que j’avais si souvent vus plus jeune. De fait, tant dans sa méthodologie de construction que dans son rendu final, ce document destiné à imaginer un devenir collectif est finalement issu d’une mémoire individuelle. Et c’est de là que découle la spécificité du projet de paysage qu’il porte.

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Introduction

L

e mémoire de recherches «100 ans de paysages» s’inscrit dans le cursus de formation proposé par l’ENSAP de Bordeaux. Il doit permettre à l’étudiant de proposer une lecture fine des paysages, sur un territoire qu’il aura aupparavant définit. Il est tout d’abord amené à caractériser ces paysages dans leurs états actuels. Dans un second temps il lui appartient de définir des états paysagers, marqueurs d’une matérialité particulière à un moment donné. En parallele il lui faut comprendre pourquoi ces évolutions ont eux lieu, quelles sont les dynamiques sociétales, économiques et politiques qui ont pu porter ces transformations. Enfin, dans un troisième temps il convient d’envisager les évolutions paysagères de ce territoire. Sur la base des courbes tendancielles mises en évidence par ses précédentes recherches, la prise en compte de documents prospectifs et des échanges avec des acteurs du territoire, il doit tenter de comprendre quelle seront les principaux enjeux paysagers des années à venir. Nous verrons ici comment de tout temps les paysages du Chemillois et les vignobles du Layon ont été indissociables du système socio-économique présent, et comment ce système qui les a construit continu de les faire évoluer. Fortement impacté par l’agriculture et le besoin ancien de rentabiliser le moindre mètre carré de terre, ce sont des paysages ressources qui ont de tout temps existés. Par le biais de ces paysages, le territoire s’est construit une identité propre, ancrée dans les représentations des habitants. Aujourd’hui totalement bouleversée, cette identité est questionnée par des pratiques qui tendent à dégrader l’ensemble de la structure paysagère en place. Au vu de ces différents éléments, nous tenteront de comprendre quel peut être le futur de ces paysages ressources.

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J’ai abordé l’étude du territoire par le biais de l’Hyrôme, une rivière qui traverse les paysages étudiés. L’approche par cette rivière s’est imposée naturellement. Ses paysages bien spécifiques, aux multiples variations, dénotent par rapport à ceux plus régulier des plateaux bocager et des vignobles . J’ai ensuite «épaissi» ce transect pour chercher à comprendre ce qu’il se passait autour. De là j’ai défini deux unités paysagères, de façon transversales. L’Hyrôme est ensuite restée le lien physique, économique et culturel entre ces deux unités. Le travail de terrain a été primordial dans la construction de ce document. Cette recherche n’aurait pas pû être compléte sans cette présence au sein même des paysages. Toutes ces sorties de terrain ont été l’occasion de prises de notes, de dessins, de photographies, de rencontres et de discussions. Ces sorties ont aussi été l’occasion de nombreux questionnements. Dans le même temps j’ai conduit un travail de recherches bibliographiques qui m’a permis de construire une base de connaissances historiques liées au territoire. Enfin, ce travail de recherches est inscrit dans les réalités du terrain et de la profession de paysagiste. Comprendre les paysages d’un territoire et en tirer des hypothéses prospectives permet au paysagiste de conseiller élus et habitants de ce même territoire. C’est un aspect du métier présent dans de nombreux projets urbains ou de territoires. Ce travail permet de comprendre comment les décisions politiques, économiques et sociétales impacteront les paysages. Et dans le même temps comment des actions sur ces paysages peuvent à leurs tour impacter l’économie et la société ?

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SOMMAIRE Avant propos

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Introduction

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SOMMAIRE

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1. Situation de l’étude

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2. Un territoire au carrefour de grandes influences

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3. Des communes fortement ancrées dans leur territoire - Chemillé, commune agricole des Mauges - Chanzeaux, commune d’Anjou à l’articulation de deux territoires - St Lambert du Lattay, commune viticole du Layon

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I. Le Chemillois et le Layon, des paysages distincts bien qu’étroitement liés

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1. Un espace de transition comme territoire d’étude : présentation des séquences paysagères et précision quant au découpage - Les Chemillois : un paysage de plateau bocager tout en courbes - Le Layon : une vallée viticole abrupte - L’Hyrôme : Un val encaissé colonisé par la prairie et les boisements - Une toponymie explicite, reflet des réalités paysagères

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2. La diversité des sols et des sous-sol comme premier facteur de construction des paysages - Le massif Armoricain, l’un des socles géologique les plus ancien - Le bassin Parisien, une géologie opposée - Une diversité de sous-sols et de sols

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3. Les Mauges, un système de polyculture et d’élevage dynamique - Le bocage : une identité paysagère - Des paysages d’alternance, entre vues proches et lointaines - Habiter les Mauges : entre bourgs et hameaux - Un patrimoine historique bâti très présent - L’échangeur autoroutier de Chemillé : une entrée négociée pour l’économie du territoire

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4. Les coteaux du Layon, délimitation physique entre agriculture et viticulture - Le vignoble marqueur des paysages - Habiter les coteaux du layon

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5. L’Hyrôme, une rivière d’agrément aux paysages intimistes. - Une faille du plateau des Mauges jusqu’au Layon - Paysages de l’Hyrôme : Grands découpages - Ambiances et ressentis - Un patrimoine architectural prégnant - Un bassin versant constitué d’une multitude d’affluents - Une vallé riche en diversité floristique

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6. Synthèse

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II. Mise en place des paysages et rétrospective

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1. Le plateau des Mauges et son bocage, un système agricole ancien - L’évolution de la céréaliculture et de l’élevage indissociable de la haie bocagère - La société des Mauges : une structure sociale issue d’un système agricole féodal - La modernisation du confort de vie comme désenclavement des populations locales

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2. Le coteau du Layon et son vignoble - Epanouissement et évolution des vignobles du Layon - Une production de qualité reconnue - Les Clos : présence de la vigne dans le plateau bocager - L’extraction de la chaux à destination des Mauges

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- Le pastoralisme dans les coteaux du Layon

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3. L’Hyrôme et ses affluents - Une ancienne voie d’échanges, passage obligé pour relier Chanzeaux à Chemillé - Une rivière caractérisée par la présence d’une multitude de petites d’activités artisanales jusqu’au milieu du XXème siècle - Un val dédié à l’elevage

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4. Des éléments communs à l’ensemble des paysages - 1793 - Les guerres de Vendée, une crise politique et sociale cristallisée dans les paysages - 1991 - L’A87, une autoroute aux « étranges sinuosités », définie par les paysages qu’elle traverse - Actuellement - L’essor du tourisme dans le Chemillois et le Layon : vers des paysages d’agréments

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5. Synthèse des principales dynamiques et composantes paysagères

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III. Quant à l’avenir de ces paysages : des tendances encourageantes qu’il convient de consolider

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1. Des dynamiques agricoles et sociétale opposées

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2. Scénario tendanciel : Un paysage d’elevage à bout de souffle face à une économie viticole dynamique

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3. Vers une évolution contrastée des paysages : la mise en place d’un plateau céréalier par la disparition du bocage

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4. Vers une prise en compte de la qualité des paysages, le renouveau du système de polyagriculture et d’élévage

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Conclusion

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Annexes - Rencontre avec Jean-Claude Besnard, agriculteur laitier en bio, et sa femme, Rose-Marie - Entretien avec Jean Pierre Body, maire de Chanzeaux, membre de la commission environnement des Mauges, agriculteur laitier conventionnel.

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Ce travail n’aurait pas été possible sans eux

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Bibliographie

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1. Situation de l’étude Notre territoire d’étude se situe dans le Département du Maine-et-Loire, lui même localisé dans la partie nord ouest de la France, au sein de la région des Pays de la Loire, traversée par le fleuve éponyme. C’est une région fortement rurale. Le Maine-et-Loire confirme la vocation agricole prégnante dans la région. C’est un territoire d’une grande richesses de production agricole. Que ce soit en terme d’élevage ou de cultures, des bovins aux vergers en passant par le maraichage, les champignonières Saumuroises et la vigne, omniprésente. La Loire, aux lumières et aux villages si caractéristiques, fait le bonheurs des pécheurs et gourmets amateurs de poissons, des peintres et des touristes. Dans cette recherche qu’est le «100 ans de paysages» nous orienteront particulierement notre étude sur le territoire agricole des Mauges, bordé au nord par la limite abrupte des coteaux du Layon, terroir viticole d’excellence. Les mauges sont aujourd’hui un «pays» reconnu administrativement, géré par une communauté d’agglomération : Mauges Communauté, depuis 1978. Avant cela c’était une «région naturelle» dont les premières origines du nom remontent au XIIIème siècle. Caractérisée par des paysages et un système socio-économique spécifiques, ce territoire à su évoluer, s’unifier et se consolider au fil du temps. Même si la vallée du Layon, avec ses coteaux et ses vignes, marque une limite physique au territoire des Mauges, les deux paysages sont intimement lié dans leurs histoires et dans leurs matérialités. Au coeur de ces paysages coulent deux rivières, le Layon tout d’abord, un des affluents de la Loire qui la longe d’est en ouest. Et l’Hyrôme, petite rivière encaissée et bien moins connue, qui se jette dans le Layon à angle droit, remontant du sudest au nord-ouest. Ce sont ces deux cours d’eaux qui guideront nos pas dans l’exploration de ces paysages et tout au long de leur histoire.

Angers

St Lambert du Lattay

Chemillé Cholet

Plateau bocager Vignobles du Layon 10

Chanzeaux

Beaupreau

Limites du territoire étudié


2. Un territoire au carrefour de grandes influences Angers, capitale de l’Anjou, préfecture du maine et Loire, ancienne cité des Rois de France, important pôle national de recherches et de productions hôrticoles. La ville est située au milieu d’une campagne agricole et de nombreuses politiques environnementales y sont menées. Cholet, sous préfecture du Maine-et-Loire est la première des deux principales communes des Mauges. Située à la limite de la Vendée, la ville a de tout temps été réputée pour ses tissus et a fortement impacté l’économie du Chemillois. Située plus au sud, la Vendée s’annonce. On verra plus tard comment la Vendée, en 1793, a contribuée a unifier les Mauges en tant que société et a profondément impacté le territoire jusqu’au Layon. Saumur, et plus généralement tout le Saumurois, vient englober l’est du territoire. De son soussol et de ses coteaux l’on a extrait le Tuffeau, une pierre calcaire qui a servi à la construction du bâti environnant. Dans cette roche particulièrement friable ont a également construit des vilages troglodytes, et les carrières servent aujourd’hui de champignonières. Nantes, capitale de la région des Pays-de-la-Loire et du département de la Loire Atlantique, s’inscrit comme une porte vers la Bretagne. Juste avant, les Mauges sont ceintes par la Loire, fleuve emblématique de toute la région ouest de la France. Dans notre territoire d’étude le vignoble a entretenu une relation historique forte avec le fleuve royal.

MAINE-ET-LOIRE LOIRE ATLANTIQUE

Angers

Chemillé

Nantes

Saumur

Cholet

La Roche Sur Yon

VENDÉE

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3. Des communes fortement ancrées dans leur territoire Chemillé, commune agricole des Mauges. 1 Chemillé est une commune de 8 800 habitant, une des trois plus importantes localité des Mauges après Cholet et Beaupreau. C’est également le centre urbain du territoire étudié. Chemillé a toujours et est encore fortement caractérisée par la vocation d’élevages agricole alentour. Aujourd’hui la commune a évolué, rassemblant 13 nouvelles communes, se nomme désormais Chemillé en Anjou.

Chanzeaux, commune d’Anjou à l’articulation de deux territoires 2 Chanzeaux est une commune charnière. Si elle est profondément en lien avec l’élevage elle est aussi en limite de communes viticoles, et son aire administrative vient s’appuyer sur le Layon. On peut voir dans Chanzeaux, et plus largement dans le trait que trace l’Hyrôme, un lien tangible, physique et culturel, entre deux monde. L’herbage et le vignoble

St Lambert du Lattay, commune viticole du Layon 3

A87

Saint Lambert est profondément viticole. Dès que l’on passe la limite de la commune on se retrouve plongé dans le vignoble. Ici c’est lui qui régne en maitre. Symbole là aussi d’un village ancré dans sa pratique, de nombreux domaines viticoles sont situés dans le centre bourg de la commune.

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0 D1 6

L e Layon

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I - Le Chemillois et le Layon, des p qu’étroitement liés

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paysages distincts bien Le Chemillois et le Layon, réunis au sein d’un même territoire pour les besoins de cette études, se distinguent l’un de l’autre par la spécificité de leurs paysages. Le contraste produit par les vignes et le bocage herbagé fait que ces deux paysages s’opposent tant ils sont spécifiquement constitués. Dans le même temps la limite plutôt marquée entre vignes et herbages est atténuée par la promiscuité de chacune des communes avec les productions de ses voisines. On passe facilement et rapidement d’un paysage à l’autre et des élements de l’un se retrouve dans l’autre. Les vignes sont ponctuées d’arbre, et de même, on retrouve encore la vigne au pied d’un mur dans une exploitations agricole de Chanzeaux. Enfin, un lien fort vient se coudre entre ces deux entités : l’Hyrôme, qui serpente depuis les champs et les près, vient terminer sa course au milieu des vignobles. Ce lien physique de l’eau est un élèment paysager important qui a été un des fils conducteurs du travail de recherches.

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1. Un espace de transition comme territoire d’étude : présentation des séquences paysagères et précision quant au découpage Le vignoble

Carte des trois séquences paysagères définies Le bocage

N B A

La vallée fluviale

La limite entre herbages et vignobles se situe assez franchement entre Chanzeaux et St Lambert. C’est le dernier affluent de l’Hyrôme qui fait office de frontière. On change de paysage entre deux reliefs.

N

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I - Le Chemillois et le Layon, des paysages distincts bien qu’étroitement liés


Passage des prairies aux vignes, coupes de profil et disposition des communes sur le territoire

A

B

Vallon arboré

Vignobles

be am tL

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Herbage et céréale

15 kms Plateau herbagé Vignobles 17


Le Chemillois : Un paysage de plateau bocager tout en courbes Nous traiteront ici d’une partie spécifique des Mauges, les alentours de la ville de Chemillé, autrement dit, le Chemillois. C’est un paysage rural, de cultures et d’élevages implantés sur des plateaux vallonés entrecoupés de reliefs abruptes au fond desquels coulent des rivières. On y observe une structure semi-bocagère, alternant des espaces de grands champs ouverts et un maillage plus fin de parcelles bocagères. Ces lignes de haies et ces aplats de prairies viennent souligner le relief du plateau.

Le Layon : une vallée viticole abrupte On passe ensuite du plateau des Mauges aux coteaux du Layon. Le passage de l’un à l’autre est assez frappant, et se fait dès le passage de la commune de Chanzeaux à celle de St Lambert-duLattay. Cette zone de transition entre agriculture et viticulture représente aussi la fin du glacis des Mauges qui vient descendre en pente d’abord douce, finalement bien marquée, jusqu’au Layon. Puis arrivent les côteaux qui marquent une rupture physique forte avec le plateau Maugeois. 18

I - Le Chemillois et le Layon, des paysages distincts bien qu’étroitement liés


L’Hyrôme : Un val encaissé colonisé par la prairie et les boisements l’Hyrôme est une rivière d’environ 27 km de long qui prend sa source à St George des Gardes, une commune située au sud de Chemillé. Son lit suis le fond d’une vallée encaissée, une faille géologique du massif armoricain orientée N/E - S/O. Une multitude d’affluents vont la rejoindre tout le long de son parcours. Ils dévallent des pentes de vallons similaires plus petits. Les paysages de l’Hyrôme présentent des coteaux plus ou moins abruptes, où la roche affleure régulierement, quasiment tous sont recouverts d’arbres et d’arbustes. En fond de vallée se trouvent les prairies.

Une toponymie explicite, reflet des réalités paysagères Extrêmement riche, la toponymie du territoire vient conforter la description paysagère qu’on en a dressée plus haut. Citons «La roche», qui est parmi le nom qui revient le plus souvent, avec ses variantes. «la haute roche», «la basse roche», «la roche jeannette», «la pierre blanche»... Très présent aussi, «la lande», «la haute lande», «la basse lande», «la landaiserie»… qui confortent l’idée qu’en des temps très anciens, la lande couvrait le territoire. Le hameau «le vau» avec des variantes de lieux, du vieux Français : val. «le gué», en référence à la rivière. D’autres sont simplement poétiques, citons « le grand désir », « le point du jour » - situé juste au dessus du côteau de l’Hyrome, doit profiter d’une vue dégagé sur l’est. Ou encore « chanteloup », « le carrefour des mensonges », « le bois du brouillard » (à proximité d’un étang...) 19


2. La diversité des sols et sous-sols comme premier facteur de construction des paysages

Le massif Armoricain, l’un des socles géologique les plus ancien Le massif Armoricain vieux de 300 à 400 millions d’années, couvre tout l’ouest de la Bretagne et vient se terminer au sud est du Maine et Loire. Les Mauges et une partie du Layon sont situées sur ce socle. Ce sous-sol est constitué de granit et de schistes. La géomorphologie du territoire étudié est dû à ces roches particulièrement dures. Elles ont empéché une érosion trop importante, modelant ce relief caractéristique de vallons. Des failles géologiques de roches plus tendres ont favorisées l’apparition de vallées par creusement vertical. Le Layon lui, est situé sur un sillon houiller. Cette faille aux caractéristiques géologiques bien particulières sera exploitée par l’homme des millions d’années plus tard.

Le bassin Parisien, une géologie opposée Le bassin Parisien est la structure géologique prédominante que l’on retrouve depuis le nord de la France. Il constitue la partie est du Layon et c’est sur ce socle que s’est développé tout le Saumurois. On y retrouve un paysage de plaine, plus ouvert et avec plus de relief. C’est un sous-sol de roches sédimentaires calcaire blanches, le tuffeau.

Une diversité de sous-sols et de sols De par la diversité de leurs sous-sols, on observe dans les Mauges et dans la partie ouest du Layon une multiplicité de sols. Particulierement lourds, argileux et acides dans les Mauges, sec, léger et schisteux dans les coteaux. L’épaisseur de terre arable dans les Mauges peut aller de 10 cm à 1,5 m selon les endroits. Les sols des coteaux du Layon ne sont pas aussi épais, expliquant leur aridité. Nous verrons comment ces sols ont contribué à l’essort des territoires étudiés.

Massif armoricain

Angers

St Lambert du Lattay

Bassin parisien Saumur

Chemillé

Cholet

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I - Le Chemillois et le Layon, des paysages distincts bien qu’étroitement liés


3. Les Mauges, un système de polyculture et d’élevage dynamique

Parcelles de prairies

Routes départementales secondaires et communales

Champs céréaliers

N

Exploitation agricole Route départementale principale

Val encaissé et boisé Structure semi-bocagère

Le plateau bocager de nos jours

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Le bocage : une identité paysagère La haie, structure d’ensemble C’est le maillage de haies bocagères qui caractérise et structure l’ensemble du paysage. Ces haies délimitent soigneusement champs, prés, chemins, routes, fossés et fermes en serpentant dans la campagne. On les trouve de façon homogène sur le territoire. Il y a d’abord celles du plateau, qui entourent de larges parcelles de champs ou de prés. Puis celles aux abords des coteaux de l’Hyrôme ou d’un de ses affluents, qui bordent des parcelles souvent plus petites. Ces haies sont présentes sous une large diversité de formes. Beaucoup sont dégradées, complétées par des piquets en bois et du fil barbelé. A certains endroits ce sont de larges pans qui ont été arrachés, dégageant la vue. On retrouve des haies arbustives, comprise entre 1.5 et 2.5m, plus ou moins denses. Souvent ces haies basses sont plantées sur des petit talus de terre, bordés par un fossés. On trouve également des haies plus hautes (environ 5 ou 6 m) ditent «complétes» arbustives et arborées. Ici les vues se ferment totalement. On retrouve d’anciennes traces de ce parcellaire bocager aujourd’hui disparu. Ce sont des arbres isolés, en pointillés au milieu des parcelles qui viennent nous rappeller une ancienne haie aujourd’hui disparue. Ces arbres ont été gardés car ils apportent de l’ombre aux bêtes, des fruits à la famille, marquent une parcelle, un carrefour ou sont simplement rattachés à une histoire particulière de la ferme.

Un maillage de haie bocagères particulièrement dense

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I - Le Chemillois et le Layon, des paysages distincts bien qu’étroitement liés


Les routes permettent d’arpenter rapidement l’ensemble du territoire. Elles longent différentes typologies de haies

Premier plan : haie basse Arrière plan : arbres en pointillés, haie dégradée

Haie bocagère haute laissant apparaitre champs et bocage en filigrane

Passage clos par des haies arborées, vues restreintes

Route au niveau du champs, structure semi bocagère Des vues lointaine sur des champs remembrés Haie bocagère haute et basse sur chemin d’exploitation

Bocage dégradé, la haie a disparue, remplacée par des barbelés ou des clôtures éléctriques, vues dégagées

Route encaissé entre des haies basses sur talus

Route surélevée avec haie à 3 strates à droite

Haies basses avec fossé collecteur

Haie basse ponctuée d’arbre - route communale Haies aux bords d’une route departementale

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L’arbre tire-sève et tétard On trouve sur le territoire d’étude deux méthodes d’entretien de l’arbre. Il y a l’arbre tétard, qui consiste à couper toute les branches à partir d’une certaine hauteur, ne laissant qu’une trogne, et la technique du « tire-sève » qui consiste à n’en laisser qu’une seule, étirée vers le ciel. C’est cette branche qui permettra la repousse. Un ancien parcellaire de haie révélé Des arbres en pointillés attestent de la présence d’une ancienne haie Une différence de couleur au sol montre l’emplacement d’une haie disparue Ces architectures végétales participent a la création de paysages bocagers spécifiques. On retrouve ces arbres en haie, en isolés, sur le plateau et dans les vallées encaissées, caché aux bords des ruisseaux, dans des espaces aujourd’hui colonisés par des sous bois.

Nouvelles techniques d’entretien des haies. Le tire-sève

Le tétard

L’arbre isolé au milieu d’un champs permet au troupeau de s’abriter en cas d’intempérie. C’est également un élément marqueur des paysages et peu servir à définir toutes sortes de lieux ou d’évenements.

A noter que si certains sont toujours régulièrement taillés (au tracteur aujourd’hui là où l’on utilisait la scie autrefois) beaucoup sont aujourd’hui laissés pour compte, et créent de nouvelles silhouette très particulières avec un tronc large et des branches plus fines qui partent toutes du même point.

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I - Le Chemillois et le Layon, des paysages distincts bien qu’étroitement liés


Un élevage bovin dominant lié a la céréaliculture… Cet élevage structure et accapare le plus les paysages agricoles des Mauges. Près de 80% des exploitations agricole du territoire élevent des bovins. En été on les voit paitre dans les prairies et chercher un peu d’ombre sous une haie ou un arbre. On remarque d’abord celles bien connues, blanches à tâches noire, élevée pour leur lait. Puis les Charolaises, aux robes crème et brune, élevées pour leur viande. Leurs silhouettes massives, tout en muscles saillants contrastent avec celle un peu plus osseuses de leurs congénères laitières. Les champs de céréales, de maïs et de ray-gras sont pour elles. Récoltées sous forme d’ensillage, elles fermenteront et seront distribuées en ration. Plus loin ce sont les foin qui montent, qu’on verra ensuite coupé sous forme de bottes ronde ou carré disséminées dans les champs. Ces cultures sont indispensables et indissociables de l’élevage.

Parcelle ray-gras qui servira à faire du foin (Avril 2018)

Un troupeau de Prim’Holstein dans un près (Mai 2018)

… Suivi par une multitude de pratiques agricoles Maraichage

Plantes médicinales

Elevage divers

Des activités de maraichages sont aujourd’hui bien implantées sur la commune, et tendent à évoluer. On peut remarquer par endroit sur le plateau des champs de légumes variés.

Le Chemillois est un secteur important de production de plantes médicinales. Principalement la camomille romaine (Anthémis nobilis). Aujourd’hui c’est une économie fortement développée et ancrée dans les paysages.

Les porcs et les volailles sont présents dans les alentours. Principalement cantonné dans des élévages hors sols. On les repères par les grands baraquements de bétons et de tôles où s’allignent de petites fenêtres.

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Des paysages d’alternances, entre vues proches et lointaines Il y a un dialogue visuel important au sein du territoire. On se retrouve d’abord au creux d’un val puis au sommet d’une courbe. Si les vues sont contraintes par les points bas ou les haies, les routes situées sur les courbes hautes des vallonnements ouvrent des vues lointaines. Ces vues qui alternent sans cesse offrent une vision des paysages exhaustive, à des échelles complémentaires.

St George des Gardes - 20 km

Virage de la route - Une centaine de mètres

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Habiter les Mauges : entre bourgs et hameaux Une architecture vernaculaire historique L’habitat des Mauges a été construit avec les matériaux présent. Des pierres sombres de granite et de schiste constituent les murs, et de fines briques ocres aux joints de chaux encadrent portes et fenêtres. Sur les toits on trouve de petites tuiles en demi cercles appellé «tiges de bottes». Nombre de ces toits, aujourd’hui affaissés par le temps, suivent la courbe de la poutre charpentière qui les soutient, créant un squelette de tuiles arthritiques et avachies. Ce sont le plus souvent des maisons avec un rez de chaussé et un grenier. Les constructions sont basses, les ouvertures rares et étroites. Tout l’habitat temoigne de la vie difficile et laborieuse qui régnait autrefois dans ces campagnes. On notera que les toits de tuiles on longtemps couverts la plupart des bâtiments des Mauges. L’ardoise était réservée aux châteaux, demeures bourgeoises... et aux villages du Layon. Aujourd’hui ce matériaux s’est démocratisée et sont utilisé plus courament.

L’agencement de l’ancienne exploitation agricole caractéristique du Chemillois jardin Vivrier Chambre de l’ouvrier agricole Hangar Maison d’habitation composée d’une grande cuisine / pièce de vie et d’une chambre Etable, porcherie, écurie Marre

Cours / lieux de travaux et de stockage 27


Voies de communication, villages et hameaux : disposition et construction des paysages Les voies de communication sont nombreuses. Outre l’autoroute, située sur une échelle de déplacements très large, on retrouve la départementale 160. Pour ces deux routes on a aménagé le paysages (déblais/remblais). A contrario, les nombreuses routes communales s’adaptent au relief et permettent d’appréhender les paysages plus en finesse.

Historiquement il y a deux grands types d’habitations dans les Mauges. L’habitation de centre-bourg et l’habitation de hameaux disséminés dans la campagne. Rue des fontaines, Chanzeaux

Quatre typologies de routes, quatre échelles de flux, d’usages et de temporalités différentes Départementale 204

Départementale 160

1

4

2

Autoroute 87

4 3

3 1

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Bâti de Hameaux Les habitations de hameaux sont principalement celles d’agriculteurs. Elle est situées sur l’exploitation, à proximité des champs et surtout des bêtes. Maison d’habitation rénovée et bâti agricole récent

On retrouve des hameaux d’anciennes habitations et exploitations agricoles partout sur le territoire. Certaines sont en ruines, laissées à l’abandon ou utilisées comme batiments agricoles de fortune. La plupart de ces anciennes constructions ont été complétées par des batiments plus récents. Certains ont été rénovés et sont aujourd’hui habités en tant que résidence principale. Elles cotoient des constructions datant d’après 1970. De la même façon que l’habitat a évolué, les batiments agricoles ont mutés. Les anciens corps de ferme bas et sombre, de pierre et de bois, ont laissé leurs places à une multitude de hangars en fer et en tôles, à structure métaliques. Les hauteurs et les surfaces ont été démultipliées. Les cornadies en fer ont remplacé les mangeoires de bois et les tôles ont supplanté les tuiles.

Maison d’habitation et bâti agricole rénovés

Image google map

Image google map

Nouveaux bâtiments agricoles en acier et tôle

Maisons individuelle datant de la 2nd moitiée du XXème

Disposition des hameaux dans le bocage, formation d’un paysage agricole au bâti diffus Exploitation agricoles disséminées. Beaucoup de chemins d’exploitations ne mènent qu’aux fermes Image google map

Maisons individuelles datant de la 2 moitiée du XXème et bâti ancien. Au premier plan une marre, autrefois présente dans chaque ferme nde

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Bâti de Bourgs Ici ce n’est plus l’agriculteur ou le fermier qui y vit mais une population de village habituelle. Les employés d’entreprises alentours, d’anciens agriculteurs, des artisans, ou simplement des familles attirées par un immobilier moins cher qu’en ville.

Agencement des centres- bourgs : une construction radio-concentrique

Un bâti dense au centre, plus diffus en périphéri

Les parties les plus anciennes des villages de Chemillé, Chanzeaux et St Lambert sont principalement composées de maisons mitoyennes aux façades de crépis qui donnent directement sur la rue. Ces bâtis forment les centres les plus anciens, autour desquels les villages se sont développés, de façon radioconcentriques

Place du village : église, mairie

Rue principale

A noter qu’à St Lambert du Lattay l’église et la mairie ne se trouvent pas au même endroit.

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I - Le Chemillois et le Layon, des paysages distincts bien qu’étroitement liés


Un patrimoine historique bâti très présent De nombreuses églises parsément le territoire, chaque village à la sienne. Chemillé en a plusieurs. Les clochers se repèrent de loin dans le paysage alentours, signalant la présence des villages. Le clocher du village de Chanzeaux apparait dès qu’on s’approche de l’Hyrôme

Les chateaux font également parti du paysage bocager, même si moins visibles que les églises. Celui de Chanzeaux trône au milieu de son parc, et est aisement identifiable. Mais il n’en est pas de même pour les autres. Le chateau de l’écho par exemple est totalement caché derrière un haut mur de pierre, au milieu d’épais boisements. Il surplombe l’Hyrome depuis un coteau, et la seule manière de l’appercevoir reste depuis la rivière. Un rapide coup d’oeil sur une carte nous montre la présence régulières de châteaux sur tout le territoire. Si ces demeures ajoutent un cachet particulier au paysage, elles nous rappellent surtout le fort passé féodal de ces terres. Le château de Chanzeaux a été plusieurs fois reconstruit. Il a abrité jusqu’au début du XXème siècle le propriétaire des terres agricoles.

Le château de l’Echo à Chemillé, caché au dessus des coteaux de l’Hyrôme

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Les croix et les puits, petit patrimoine emblématique On en remarque énormément sur tout le territoire étudié, et plus globalement dans tout le territoire des Mauges. C’est un territoire Chrétien profondément attaché à ses racines. Ces nombreux signes de dévotions sont toujours entretenus et fleuris. Ces croix de granite ou de schiste jalonnent toutes les routes et les carrefours des Mauges. Elles structurent et scandent le paysages. Elles se remarquent que l’on soit à pied ou en voiture tellement leur nombre est important.

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Il y a une multitude de puits bien particulier sur tout le territoire, principalement aux abords des fermes. Ils sont couverts, rond avec une ouverture sur un des cotés afin de puiser l’eau. Ci-dessus : un puit caractéristique du Chemillois

Exemples des crois que l’on peut trouver le longs des routes

L’échangeur autoroutier de Chemillé : une entrée négociée pour l’économie du territoire Création d’un pôle de commerces hors centre ville La création de l’A87 dans les années 2000, ainsi que l’ouverture d’un échangeur au niveau de la commune de Chemillé a favorisé l’apparition d’une zone commerciale et industrielle. Pour des raisons évidentes de praticités d’imports / exports, la création de l’échangeur a conduit des entreprises à s’implanter. Certaines entreprises auparavant situées dans Chemillé s’y déplace. Ce dynamisme tend à concurrencer les commerces de centres villes qui diminuent de plus en plus.

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I - Le Chemillois et le Layon, des paysages distincts bien qu’étroitement liés


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4. Les coteaux du Layon, délimitation physique entre agriculture et viticulture Le vignoble marqueur des paysages

La vigne et les coteaux

Les coteaux

La vallée du Layon se décompose en trois parties. Il y a d’abord les première vignes là où se termine le glacis des Mauges. Assez abruptement, les paysages de bocages s’éffacent. Les vignes entourent St Lambert du Lattay et une pente plus ou moins raide les amènent finalement à proximité du Layon. La rivière est enfermé dans une ripisylve relativement dense. Cette partie du vignoble est orientée plein nord et forme le flanc de vallée le plus souple.

La fin du plateau des Mauges

Presque immédiatement de l’autre coté du Layon se dressent les fameux coteaux. La barrière géologique apparait dès qu’on passe St Lambert du Lattay. Les parties hautes des coteaux sont dénudées, exposant les angles saillants des feuillets de schiste. La vignes s’étale principalement aux sommets des coteaux, là où le travail est le plus simple. Mais on en retrouve jusque loin dans les courbes, et certaines peuvent atteindre 45°. Enfin, on remarque deux types de vignes, certaines conduites à à peine plus d’un mètre de haut et d’autres, palissés, qui atteignent 1,5 et 2 m haut.

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I - Le Chemillois et le Layon, des paysages distincts bien qu’étroitement liés


Vignobles à flancs de coteaux, plein sud

Des coteaux érodés et boisés

Plateau viticoles ponctués de halmeaux et demeures

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Un plateau en pente douce jusqu’au Layon, encore ponctué de prairie et champs au milieu des vignes Des vues qui portent loin

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Vergers et parcelles vivrières disséminées Autour des vignobles on apperçoit par moment des parcelles de vergers vivrier. Ce sont de petites parcelles, enfermées, cloturées, sur les espaces les moins propices à la vignes. Elles sont plus ou moins bien entretenues mais toujours présentes et ponctues sporadiquement le vignobles.

Les boisements cantonnés au bord du Layon Les boisements sont principalement présents au bord de la rivière. On y apperçoit des plantations de peupliers puis un peu partout s’entremèlent Frêne, Erable champêtre, à feuilles de platane, Aulne, Sureau, Merisier... Le fond de vallée est particulierement vert, irrigué par le Layon. Une route carrossable et un sentier permettent de longer coteaux et rivière.

Habiter les coteaux du layon Disposition du bâti, construction des paysages Les centres bourgs sont similaires à ce que nous avons déjà vu. Les hameaux différent un peu. Ce sont des petites concentrations d’habitations et de logements, avec le plus souvent une exploitations viticole ou deux. Historiquement il fallait beaucoup de main-d’oeuvre pour les travaux des vignes. C’est pour cela que les hameaux du Layon sont une masse compacte d’habitation. Là hameaux environnant de Chemillé et chanzeaux sont fait d’habitats dispersés : il faut que la main d’oeuvre soit regroupée pour les travaux des vignes. Un bâti et une architecture spécifiques On retrouve une architecure relativement similaire à celle des Mauges à certain endroits. Les toits par contre contrastent, ils sont tous en ardoises. 36

I - Le Chemillois et le Layon, des paysages distincts bien qu’étroitement liés


Domaines viticoles anciens A partir de St Lambert du Lattay on peut observer par endroit les façades d’anciens domaines viticoles, des demeures de bourgeois, propriétaires... L’architecture est très élégante, les parcs et les arbres (cèdres, Séquoia) attestent de la richesse de ses domaines. Domaines viticoles récents Cet ancien bâti contraste avec les domaines plus récent. La tôle, les parpaings et le métal ont remplacés la pierre et la brique. La plupart des façades sont recouvertes de vignes. Des panneaux des noms des domaines sont implantés le long des routes, les cours sont dégagées. Cette différence marquante avec l’exploitation des Mauges, beaucoup plus désordonnée, s’explique par l’absence d’animaux et l’accueil de clients.

Domaine des deux vallées, Saint Lambert du Lattay

Château du Breuil

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La cabane du vigneron, patrimoine historique toujours présent

De nombreuses petites cabanes de vignerons ponctuent le paysage des vignobles. Abandonnées avec l’arrivée de la mécanisation, elles servaient autrefois au vignerons pour ranger son matériel ou s’abriter en cas d’intempéries. Elles ponctuent le paysage, la plupart étant en ruine. Située à un carrefour d’entrée de Saint Lambert, une cabane a été remise en état, valorisant ce petit patrimoine architectural.

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5. L’Hyrôme, une rivière d’agrément aux paysages intimistes. Une faille du plateau des Mauges jusqu’au Layon Comme nous l’avons déjà vu L’Hyrôme est une rivière affluente du Layon qui serpente paresseusement au fond d’une vallée encaissée. De chaques cotés on observe une diversité des formes et des pentes des coteaux. Les coteaux ouest restent les plus abruptes. A certains moments ils peuvent être qualifiés de falaise. Ceux orientés est ont parfois une pente plus douce, qui permet de les utiliser en tant que prairie. On voit alors des prés s’étaler jusqu’à l’eau. Mais ce sont des bois qui couvrent principalement les coteaux de l’Hyrôme. Et selon l’exposition du coteau on remarque rapidement une différence de végétation. Les coteaux exposés sud sont recouverts d’espèces xérophiles, de broussailles, de taillis et d’arbrisseaux. Quant à ceux exposés nord, ils voient fleurir une végétation hygrophile, plus dense, verte et fraiche, aux arbres élancés, au sol de mousses et de fougères. Dans les deux cas la roche affleure, le sol très peu épais. Les barres schisteuse sont aisement reconnaissables, toujours visibles, entretenues par l’erosion des sols qui les laissent apparentes. Une ripisylve dégagée permet d’appercevoir la rivière quasiment tout le long du parcours. N

Coteaux orienté S/E, tendance sec et abrupte

Val secondaire au fond duquel coule un affluent de l’Hyrôme

Ancien moulin aujourd’hui en ruine ou reconvertit en habitation avec son pont en pierre

Parcellaire bocager dégradé en haut de plateau

Sentier de randonnée

Parcelles de près de différentes tailles

Ripisylve dégagée en bord de rives

Boisements denses et frais

Coteaux orienté N/O, tendance humide et pente plus douce

Près descendant des coteaux jusqu’à l’Hyrôme

L’Hyrôme de nos jours

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Paysages de l’Hyrôme : grands découpages Paysages de l’Hyrôme : Grands découpages Une rivière urbaine à proximité de Chemillé L’Hyrôme arrive à Chemillé par le sud. Elle longe la ville à l’ouest, juste sous ses anciennes murailles puis file sous le pont de pierre de la départementale pour finalement s’étaler à coté des prairies adjacentes à la ville. Ici les paysages différent du reste du parcours par la présence importante de l’urbanisation. Cette relation de visuel avec le bâti marque ici particulierement le paysage, en contraste avec le reste du parcours. Un entrelacement de fonds de vallées encaissées au sud et au nord de chanzeaux. Aux alentours de «la Roche Jeanette», l’Hyrôme emprunte une serie de petit valLe sentier, large de 3 lons étroits, aux coteaux abrupts, ou 4 m, donne par endroit qui coupent totalement du reste à voir des végétaux xérophiles des activités humaines. Ici les coteaux d’un côté, et juste de l’autre, séparé sont densément boisés et la différence entre d’à peine 4 m, des végétaux hygrophiles. Un ceux xérophile et hygrophile est particuliere- changement de végétaux radical sur une si pement visible. tite distance. On retrouve la même disposition dans le fond du coteaux du Layon. Une ouverture des paysages au niveau de Chanzeaux L’arrivé sur le bourg de Chanzeaux voit le fond de vallée s’ouvrir. Les coteaux sont plus étirés, moins visibles. A l’est le village s’étale le long de la pente. C’est sur cette partie la plus large du Val d’Hyrôme, qu’est construit le château de Chanzeaux. Ici l’Hyrôme passe sous plusieurs ponts. Le plus récent sert au passage de la route départementale actuelle. Après Chanzeaux le fond de vallée se ressert, les coteaux redeviennent à nouveaux abruptes et les boisements reprennent leur place. Une érosion des coteaux de l’Hyrôme à l’arrivé du Layon A la confluence du Layon, le Val d’Hyrôme, se termine par un évasement des coteaux et une ouverture sur la fin du plateau des Mauges. Les courbes sont de plus en plus souples. Les prairies herbacées laissent places aux vignes. Les vaches et les haies disparaissent progressivement. 39


Ambiances et ressentis L’Hyrôme est une rivière plus ou moins encaissée selon les endroits. La vallée et sa rivière induisent rapidement une sensation de quiétude. Ce resserement de l’espace permet de retrouver une échelle de déplacement plus intimiste. Elle procure cette impression si agréable d’être en pleine nature, et donne la sensation que le temps ralenti, se calquant sur celui des anciens rythmes de vies de la vallée

Une érosion des coteaux l’Hyrôme à l’arrivé du Layon.

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13 Un entrelacement de fonds de vallées encaissées après chanzeaux. 12

Une ouverture des paysages au niveau de Chanzeaux.

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Un entrelacement de fonds de vallées encaissées avant chanzeaux.

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Une rivière urbaine à proximité de Chemillé

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Découverte des paysages tout le long du Val d’Hyrôme

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Un patrimoine architectural prégnant Le chateau de Chanzeaux

Le parc du château est composé pour beaucoup d’espèces exogènes au territoire environnant. On notera la présence de séquoias, de cèdres, végétaux de châteaux caractéristiques rapportés des Amériques entre autres. Le parc est ceint d’un haut mur de pierre écroulé par endroit. Ruines, édifices conservés et bâtiments renovés L’Hyrôme est jalonnée de constructions tout le long de son cours. Elles sont relativement présentes, et chacune occupe un emplacement où le fond de vallée est un peu plus large. Ce sont principalement d’anciens moulins à eau qui ne fonctionnent plus. Beaucoup sont en ruines, certains ont été renovés en chambres d’hôtes, en salles Le moulin de Point a été également une auberge avant de tomber en ruine de réceptions ou en habitations. Juste à côté on distingue les biefs qui les alimentaient. On retrouve plusieurs ponts construis à intervalle régulier. Certains datent du XIVème siècle. Tous sont anciens et montrent l’importance qu’avait l’Hyrôme comme vallée de passage. Que ce soit pour rejoindre Angers par Pont-Barré ou Chemillé, il fallait traverser la rivière lorsqu’on partait de Chanzeaux. Le pont de Point, toujours en bon état, est encore utilisé

Le moulin d’Argonne, proche du viaduc de l’A87, est progressivement recouvert de lierre

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Le moulin de Chapitre est aujourd’hui un établissement de chambres d’hotes

I - Le Chemillois et le Layon, des paysages distincts bien qu’étroitement liés


Un bassin versant constitué d’une multitude d’affluents Le large bassin versant du territoire étudié permet de créer, en plus des affluents aux diverses rivières, un maillage dense de zones humides, mares, étangs… Ces entités écologique favorisent elles aussi la biodiversité de tout types. Insectes, mammifères, avifaune… De la micro faune aquatique à la macro faune terrestre.

Une vallée riche en diversité floristique Les coteaux orientés sud sont principalement des taillis, bas et sec. Ce sont les territoires des genêts, des ajoncs et des chênes communs, ces derniers sont petits, peu développés par rapport à ce qu’il peuvent être ailleurs. Des ronces et une herbe rase, éparses complétent l’ensemble. Les coteaux plus humides orientés nord sont parsemés de frênes, d’aulnes, de meurisiers et de saules, soutenus en strate arbustives par les cornouillers sanguins, les sureaux, les aubépines et les rosiers sauvages (rosa canina). On retrouvera la même végétation au bords du Layon. Citons aussi la garance et le troêne commun. On retrouve des haies nouvellement plantées composées d’essences locales existant à l’état sauvage, comme l’érable champêtre, l’aubépine, le prunellier (épine noire), la guigne (une cerise sauvage).

Coteaux xérophiles couverts de genêts et de végétation rase

Au printemps on voit s’étaler une multitude de Stellaire et de Jacinthe des bois. Leurs fleurs blanches et violettes viennent se mélanger aux couleurs plus chaudes des genêts et des renoncules. L’achillée millefeuille envahis les bords de chemins, les fossés et les talus. On distingue également des violettes timidement cachées dans les sous-bois. Les premiers coquelicots et les digitales à grandes hampes arrivent en mai. On notera l’impressionnantes quantité d’orchidées sauvages qui peuplent les prairies et les sous bois de l’Hyrôme à cette période. En automne et hiver toute cette multitude d’éclosions s’appaise en attendant le retour de températures plus chaudes.

Boisements ombragés plus frais, recouverts de tapis de stellaires et de jacinthes des bois

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Synthèse On a pu remarquer que l’élevage, la céréaliculture et la viticulture occupaient une place de quasi-monopole dans les paysages étudiés. On a également pu observer comment la géologie du territoire et les précédentes agricultures ont façonnées des paysages aux qualités physiques bien spécifiques : haies, coteaux rocheux, arbres tire-sève, rivière encaissées ... aux fonctions bien particulières : plateaux de cultures, fonds de vallées d’élevage, coteaux viticoles... La société s’est ensuite naturellement organisé au sein de ces paysages structurant. Que ce soit en terme de bâti (hameaux, bourgs...), de flux (ponts, chemins, routes, autoroutes...) et de culture (calvaires, croix, églises...)

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I - Le Chemillois et le Layon, des paysages distincts bien qu’étroitement liés


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II -

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Mise en place des paysage


es et rétrospective Ici nous reviendront 200 ans en arrière pour tenter de comprendre qu’elle a été l’évolution des paysages dont nous venont de parler. Nous verrons comment l’agriculture, autrefois de subsistance, peu rentable et contrainte à une échelle locale a évoluée au fil du temps. Comment elle a finit par se consolider et s’ordonner au sein d’un système de production intensif. Et par là même nous tenteront de saisir comment cette exploitation du territoire et cette occupation des sols a surtout été une exploitation et une occupation des paysages.

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1. Le plateau des Mauges et son bocage, un système agricole ancien Les Mauges ont vu se mettre en place une fermeture progressive de la structure bocagère. Les terres communes présentes au Moyen-Âge se sont individualisées, entrainant la fermetures des parcelles par de nombreuses haies. Cela a été pendant longtemps un paysage de bocage, enclavé et tourné vers lui même. Pendant longtemps on a été méfiant de ce qui venait de l’exterieur. Encore aujourd’hui le plateau des Mauges garde par certains aspects ce caractére autarcique.

L’évolution de la céréaliculture et de l’élevage indissociable de la haie bocagère Avant 1840 : Un système céréalier de subsistance dans lequel la haie joue un rôle primordial Jusqu’à la fin du XIXème on s’est obstiné à cultiver des céréales sur les terres des mauges. Elles permettaient plus de subsister que de vivre. En cause, des terres acides et lourdes qui ne conviennent pas du tout à ce type de culture. De fait, les terres des Mauges étaient autrefois très peu valorisé (16 anciens francs l’ha en moyenne, 19 fr à Chemillé, contre le double en moyenne pour les plaines du Saumurois.)

Valeur des terres agricoles

Dans le Chemillois Dans le Saumurois

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Icônes : thenounproject.com

La présence de la haie bocagère est dûe à une économie rurale particulièrement difficile. Comme nous l’avons vu avant 1840, les prix des terres sont relativement bas. Les paysans peuvent se permettre de « perdre » une partie de la surface du champ pour de la production non directement vivrière, tout en restant rentable. En effet, elle a été pendant des siècles un élèment vital pour les populations. Réparation des bâtiments, chaleur, cuisson... La haie permettait aussi la pratique de l’érussage qui consistait à compléter le fourrages des bêtes par des feuilles. II - Mise en place des paysages et rétrospective


Un réseau de déplacement densement arboré, totalement enclos...

... Le long des champs et des prairies

Au XIX eme siècle, les champs et prés sont entourés de haies de 1,8m à 2,5m de haut. Elles étaient plantées d’arbustes et d’arbres comme l’ormes, le chêne et le frêne. L’arbre de haut jet, produisant le bois de marmentaux, destinés à l’apparat d’un domaine, se retrouvaient aux alentours des chateaux. Le paysan n’avait pas le droit d’y toucher.

Le réseau de déplacement entre ces haies était étroit et encaissé. De part la structure de la haie, plantée sur talus, les chemins sont en creux et façonnent un paysage particulier. Il fût un temps où les paysans n’osaient pas trop s’éloigner de chez eux par peur de se perdre et de ne plus retrouver leur chemin tellement le bocage était dense. On ne dépassait pas les 10 km. On notera déjà une présence de l’élévage sur le territoire, mais très faible. Le cheval de trait est principalement présent, nécessaire aux travaux des champs. 49


Entre 1840 et 1950 : essor économique des Mauges et remise en question de la haie Le milieu du XIX voit un développement important de l’élévage sur le territoire et une première remise en question de la haie Le prix des terres augmente fortement. La valeur locative des terres bocagères passe à 62 fr l’ha en moyenne sur l’ensemble des communes des Mauges (65fr à Chemillé). Contre 44fr l’ha en moyenne pour les communes du Saumurois. Le bocage devient plus rentable que les terres agricoles voisines. Valeurs des terres agricoles

Dans le Saumurois Dans le Chemillois

Dans le même temps, la mise en herbage de terres arables transforme les paysages. Le canton de Chemillé augmente de 30% ses patures. C’est la même dynamique pour les communes alentours. Dynamiques des parcelles

Herbages

Terres arables

Nous avons déjà pu voir que le bocage a été un complément important à l’agriculture, lié à la faible rentabilité de cette dernière. Nous allons voir comment cette co-construction à évolué. Les haies sont présentes lorsque le prix de la terre est bas et permet de «perdre» en surface de production tout en ayant une contrepartie intéressante. Mais qu’est ce qui a donc permis à la haie de perdurer avec l’augmentation des prix des terres ? Pour répondre à cette question il convient de prendre le régime de la propriété sur le territoire. La grande propriété est surreprésentée, et ceci s’explique par l’importance des châteaux sur les terres des Mauges. Ces châteaux sont alors occupés par les propriétaires des terres environnantes, qui sont le plus souvent des nobles et qui y vivent à l’année. Le noble aime visiter ses terres et ses métayers. Il est constamment présent sur les terres qu’il afferme et qu’il surveille. « Il existe alors en ce temps des conditions de fermage très particulière, de caractère patriarcal et féodal, évoquant les redevances en nature de l’ancien régime » (L. Poirier). Là où le propriétaire bourgeois qui ne réside pas sur ses terres se contente d’un loyer, le noble aime être payé sur l’ensemble de que peut prélever le paysan. De fait, les paiements en nature ont une place très importante à cette époque. Et dans ces différents types de redevances, il y le bois de chauffage ou de charpente. Le fermier doit en fournir au propriétaire de sa ferme et de ses terres. Les haies apparaissent donc comme la seule exploitation possible de bois dans le pays. Tous les baux de fermage stipulent une clause de livraison de bois. Le paysan ne peut donc abattre aucune haies. Dans cette période de transition de l’agriculture qu’est la fin du XIXeme et le début du XXeme, c’est le propriétaire noble qui a empêché un arrachage trop important des haies. La haie survit d’un bout à l’autre du bocage. 50

II - Mise en place des paysages et rétrospective


L’évolution du plateau bocager entre le début du XIXème et le milieu du XXème siècle

Un réseau de chemins de terre creux, étroits et labyrinthiques

Domaine du noble propriétaire des terres Une multitude de petites parcelles céréalières peu rentables qui évoluent vers de plus en plus de prairies à plus fortes valeurs ajoutées

Carrefour avec croix en granit

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Val boisé non cultivé déboisé pour l’élevage

De nombreuses closeries et métairies dispatchées dans la campagnes et qui travaillent pour le compte d’un segineur. Elles évolueront vers de plus en plus de métairies et de ferme, entrainant la disparition des closeries.

Une structure de haies bocagères préservée très importante, dense, entretenue et exploitée pour son bois

L’ancienne route de Cholet à Angers

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De 1950 à 1990 : L’agriculture intensive d’après-guerre rend la haie contre-productive A partir de 1950, la tendance à l’enfermement des paysages par la haie s’inverse. On voit poindre la transformation de l’agriculture d’après-guerre. La dynamique d’alors est à la croissance. La haie devient un obstacle à la modernisation. On oublie son intéret écologique, sa production de bois n’est plus rentable. La mécanisation importante, l’abandon du métayage et du fermage, les prêts bancaires simplifiés pour la modernisation des exploitations sont autant de cause à l’évolution de l’agriculture et des destructions de haies dans le Chemillois. Le remembrement a été un des facteurs les plus importants de cette déstructuration. Par exemple, la haie n’est pas du tout prise en compte lors des redistributions des terres aux agriculteurs. Ainsi, avant de partir, chacun récupère son bois en arrachant les haies… De la même façon, les chemins sont trop étroits, il faut des routes. Les haies disparaissent. L’arrachage s’est amplifié, et avec lui l’arrasement des talus, le creusements des fossés collecteurs, modifiant durablement les paysages. Ce sont près de 25 à 50% de haies qui seront supprimées dans le Maine et Loire. Les facteurs du progrès agricole dans la 1ère moitié du XX ème sont multiples : création de la J.A.C (Jeunesse Agricole Catholique, mouvement qui tentait d’améliorer les conditions de vie des paysans), la guerre (responsabilisation de la jeunesse, plan Marshall), l’électrification et la modernisation des batiments, l’instruction... L’apparition des matériaux comme le fil électrique ou barbelé à également conduit à une dépréciation de la haie. Enfin, la charge de travail actuelle d’un agriculteur, son mode de vie fait que bien souvent il manque de temps pour s’occuper de ses haies. Certains ne savent simplement plus comment les entretenir… Haies bocagères hautes, et denses

Chemin de terre étroit Talus

Route en enrobé, élargie au détriment des haies

Haie dégradée et clôture barbelée

Fossé collecteur

Le bocage, dans sa nécessité agricole, a pendant longtemps été ponctué de mares. Beaucoup ont été ensevelies dans ces années là, trop peu utiles. Certaines ont pu évoluer en étang, on les retrouve principalement aujourd’hui. Ce sont des retenues beaucoup plus imposantes, moins naturelles. Les mares étaient utilisées pour les besoins de la maison, du jardin vivrier. L’étang sert à irriguer le maïs, aux grandes cultures. Deux échelles d’utilisation bien différentes. Etang : réserve d’eau collinaire pour la céréale

Mare : source d’eau pour le bétail et les jardins vivriers

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II - Mise en place des paysages et rétrospective


L’évolution de la haie bocagère dans le temps

Depuis 1950

... - 1840 1. 840 - 1950

1. 840 - 1950

L’évolution des paysages bocagers sur le plateau du Chemillois. En haut, vue du milieu du XIXème siècle retranscrites selon recherches.

En bas, vue actuelle.

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L’évolution du plateau bocager du milieu du XXème siècle jusqu’à aujourd’hui

Disparition des métairies et des fermes au profit d’exploitations indépendantes de plus en plus grandes

Domaine seigneurial Parcelles de champs céréaliers et de prairies 2 à 5 fois plus grandes qu’il y a 100 ans.

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Routes secondaires élargies qui permettent d’accéder aux hameaux et exploitations

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Route departementale (D160) reliant les principales villes

Fond de vallée en prairies Maillage de haies bocagère dégradées tendant vers une structure semi-bocagère.

II - Mise en place des paysages et rétrospective


L’arrivée de la Prim’Hollstein et de la Charolaise dans l’élevage des Mauges La Prim’Holstein est une race de Vache originaire des Pays-Bas. C’est aujourd’hui la vache à lait par excellence en France et dans d’autres pays. Si elle marque aujourd’hui les paysages de ses tâches noirs et blanches, il n’en a pas été toujours été ainsi. Rétrospective sur l’évolution des races de vaches qui ont peuplées le bocage.

Rapidement après on se rend compte que les vaches du continent Américain, bien plus sélectionnées, produisent plus que celles de France. On observera alors un rapatriement de la Holstein des Etats-Unis jusqu’à la France. La race est renommé Prim’Holstein. C’est cette vache là qui compose aujourd’hui les troupeaux laitiers.

En France, la Holstein a dès le début XXeme, supplantée les vaches locales dans le Nord de la France. Elle s’appelle alors « Frissone pie noir ». Elle est importée dans le même temps aux USA.

Auparavant les troupeaux étaient composés de race Maine-Anjou, à la robe marron et blanche. C’était des vaches à viandes. Aujourd’hui elles bénéficient d’une AOC et d’une AOP. (Appellation Origine Controlée et Appellation Origine Protégée)

Après la guerre de 39/45 la France manque de ressources alimentaire et cette race de vache Hollandaise est reconnue pour sa forte production de lait. Le gouvernement met en place des politiques visant à accroitre et fortifier la production de ressources alimentaires. Ces politiques passent par la spécialisation de l’élevage. La Holstein est choisie pour la production de lait, la charolaise pour la production de viande.

En plus de toutes celles citées précédement, on trouve aujourd’hui en petit nombre des vaches de race Montbéliarde (mixte lait et viande), à robe marron et blanche ainsi que des Jersiaise à la robe fauve nuancé de brun et gris. Cette dernière est une vache de petit gabarit, utilisée dans les élevages laitier.

La Holstein atteint le Maine-et-Loire aidé par le gouvernement ou simplement par des éleveurs qui les ont observé lors de leurs déplacements en tant que soldats dans le nord de la France.

Troupeau de Prim’Holstein aux prés

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Depuis les années 1990, tentative de réhabilitation de la haie dans un territoire de compromis, entre agriculture conventionnelle et durable Aujourd’hui la structure paysagère du Chemillois tend vers le semi-bocager. On ne peut en tout cas plus vraiment parler de bocage tant la haie a été dégradée. Les parcelles de cultures sont très larges. On en trouve une là où au siécle dernier il y en avait 4 ou 5. Cette dégradation a rapidement fait apparaitre d’importantes problématiques écologiques et économiques. Ruissellement et érosion des sols, manque de coupe vent pour les bêtes, débordement rapide des ruisseaux en cas de fortes précipiations, asséchement des cultures, perte de biodiversité... Pour palier à l’ensemble de ces dégradations certaines mesures sont mises en place.

Biodiversité Structure des sols Protection des cultures et prairies Le conseil général de Maine et Loire subventionne des implantations de haies. Présence d’arbre de hautes tiges obligatoire. Entre 1997 et 2008, 700 kms de haies ont été replantées, 80 kms par ans, dans tout le département. Des associations font également de la sensibilisation sur l’importance du bocage auprès d’agriculteurs. Un salon du bocage a même été créé afin de sensibiliser sur le rôle de la haie à l’intérieur du paysage agricole. En règle général, l’importance écologique du bocage se caractérise par une large diversité végétale, et par la présence homogène de l’ensemble des végétaux. Les haies sont le plus souvent constituées de trois types de strates : arborée, arbustive et herbacée. Elles peuvent être réalisées sur talus ou pas. Les haies sont d’excellent abris pour la faune. De fait, certaines associations, comme Horizon Bocage, sont épaulées par la fédération de chasse dans leur projet de conservation. On retrouve dans la haie tous les types zoologiques. De plus il n’existe pas de faune inféodée au bocage. De part son implantation et sa structure, elle abrite à la fois une faune de forêt et une faune de plaine. Il est interessant d’avoir différents types de bocage. Des haies à trois strates, densément maillées entre elles, ou au contraires moins denses, sans les trois strates, plutôt dégradées… Ces différents états du bocage permettent d’accueillir une faune variée, et offre donc plus de biodiversité qu’un bocage uniforme. 1 + 2 + 3 = milieu écologique riche et varié

Ecosystème forestier 1

Haie complexe : trois strates 56

Ecosystème intermediaire 2

Haie moins dense : la strate arborée tend à disparaitre

Ecosystème de plaine 3

Haie basse + prairie : les strates arborées et arbustives tendent à disparaitre II - Mise en place des paysages et rétrospective


Néanmoins, les replantations actuelles de haies restent problématique. On y fait du quantitatif, pas du qualitatif. Selon S. Sachot, formateur en arborcilture à l’ESA et en permaculture au sein de l’association Horizon Bocage «Les anciennes haies de plein champs peuvent se permettre d’être large. Mais en bord de route elles sont régulierement taillées. Elles se développeront moins et moins bien ; pour au final offrir une plus faible biodiversité. Ainsi, si on abat un arbre centenaire, en replanter un plus jeune ne remplacera jamais vraiment aussi bien.» Toute ces haies, replantées, dégradées, perennes... maillent un territoire agricole en pleine évolution. Depuis la fin de la guerre le système agricole conventionnel s’est largement développé. Un nouveau système voit le jour depuis le courant des année 90, plus en lien avec la terre sur laquelle il s’implante. C’est le système d’agriculture biologique. Il représente 10% des surfaces cultivées de la commune de Chemillé en Anjou. Ce qui reste une production de niche. Ils produisent moins, mais de meilleurs qualité, et son rentables. Depuis 2007 l’offre et la demande ne cesse de grimper, c’est une dynamique clairement positive. Plantée loin de la route, la haie bénéficie d’un meilleur épanouissement ... Route

Prairie / champ

Prairie / champ Route

Entre 4 et 6 m

Entre 1 et 3 m ...A contrario, trop près, elle ne se développera jamais très bien

Les plantes médicinales, une culture spécialisée à forte valeur ajoutée, pilier de l’économie du Chemillois Les plantes médicinales, mais également le tabac, ont permis à l’agriculteur de compléter ses revenus. Aujourd’hui la cutlure du tabac est anecdotique dans les environs. Par contre celle des plantes médicinales est bien présente. Elle est réellement développée entre 1840 et 1850. La paternité de cette expansion est attribué selon les sources aux deux bourgs de Saint Lambert du Lattay ou Chemillé. Cette culture des plantes médicinales a longtemps principalement donné du travail aux femmes et aux enfants. En effet, la camomille romaine - Anthe. nobilis, principale plante médicinale cultivée - demande beaucoup de main d’oeuvre. La période de récolte concorde avec celle des vacances scolaires d’été. De fait, la main d’oeuvre est longtemps resté familiale. La culture des plantes médicinales permet également aux habiChromolithographie de Chamaemelum nobile tants de la vallée du Layon de continuer à travailler et gagner leur (anciennement Anthemis nobilis) - Tiré de Köhler’s vie lorsque le Phylloxera ravage leurs vignobles. La Camomille Medizinal-Pflanzen, par Franz Eugen Köhler, 1997 (La Camo, comme disent les gens du coin) devient rapidement emblématique de la région Chemilloise. Aujourd’hui ces cultures sont à la fois exportées à l’international et sont une vitrine du Chemillois. La demande explose réellement. En cause la réglementation qui limite l’utilisation de produits de synthèses dans les médicaments, et une volonté de consommer plus sain. 57


Photo tiré du site internet du jardin des plantes médicinales de Chemillé, jardin-camifolia.com

La récolte de la camomille dans le Chemillois. Des travaux d’été réalisés en famille avec une main-d’oeuvre principalement enfantine.

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II - Mise en place des paysages et rétrospective


Photocomparaison aerienne le long de l’Hyrôme

Photo actuelle

remonterletemps.ign.fr

Photo de 1950 / 1960

Parcelles remembrées, plus larges

Augmentation et densification des boisements au bord de l’Hyrome

remonterletemps.ign.fr

Extension de Chanzeaux. De nouvelles maisons individuelles s’implantent sur des terres agricoles autour du centre bourg.

Photo de 1950 / 1960

Photo actuelle 59


La société des Mauges : une structure sociale issue d’un système agricole féodal L’évolution de la notion de propriété dans le milieu du XXème mène à l’émancipation de la paysannerie des Mauges Jusque dans la deuxième moitié du XXème siècle la paysannerie du Chemillois regroupait deux types d’exploitants. Les fermiers, qui exploitaient les terres d’un noble ou d’un bourgeoi, et les exploitants qui possédaient leurs propres terres. Chacun des deux systèmes avaient ses avantages et ses inconvénients. Un de ces avantages/inconvénient était que le fermier ou métayer exploitait des terres regroupées au même endroit. L’exploitant-propriétaire avait des terres dispersées, rachetées au grès des ventes ici et là. Au XIXème et XXème, on trouve beaucoup de parcelles agricoles découpées part les héritages au fil du temps. Jusqu’au début du XXème siècle, c’est le noble qui est propriétaire de la quasi-totalité des terres et prend les décisions relatives à leurs exploitations.

Il fallait, à la mort du père propriétaire, que chaque fils reçoivent la même part de près, de champs, de vignobles, de bonnes et de mauvaises terres. Si deux champs étaient éloignés l’un de l’autres, chacun d’eux prenaient non pas un champs,

mais bien la moitié de chaque champs. Les remembrements spontannés entre agriculteurs ne se sont que rarement fait, en cause la grande méfiance des gens et la peur de se faire avoir.

Petits propriétaires-exploitants : un système d’héritage qui morcelle les terres, les rendant inexploitables

A0 60

Parcelles de champs redécoupées par la seconde génération, plus personne ne peut vivre de ses récoltes

Parcelles de champs divisées une première fois entre les fils

Parcelles de champs du père

A + 20

A + 50 II - Mise en place des paysages et rétrospective


Dans le même temps, on assiste au morcellement des grands domaines agricoles des nobles. En cause, la législation du gouvernement sur l’assouplissement des baux de fermage et la baisse des prix des terres agricoles. Ne devenant plus rentables de posséder de la terre, les propriétaires Bourgeois et nobles vendent. L’emprise de l’ordre paternaliste se déssere enfin. Progressivement, les anciens métayers et fermiers rachètent alors les terres qu’ils louaient autrefois. A partir de la première moitié du XXème siècle l’agriculteur devient réellement maitre de son exploitation et de ses terres

A partir de là il faut attendre le remembrement et la mise en place de commission d’études pour voir les terres se regrouper. La procédure met en confiance et permet d’être certain d’échanger sans être floué. «Les gros travaux peuvent alors commencer : on rase les haies, on creuse les fossées, on supprime les chemins, on crée de nouvelles routes» (L. Wylie - Chanzeaux, village d’Anjou,1968)

Si cette évolution de la propriété permet une certaine émancipation de la société, l’adhésion aux valeurs chrétiennes reste très forte. «Si les structures autoritaristes traditionnelles ont aujourd’hui disparu, la mentalité propre au monde rural persiste, des valeurs comme la famille restent prégnantes». (La vie quotidienne du Chemillois, de 1900 à nos jours)

La modernisation du confort de vie comme désenclavement des populations En fonction des lieux, l’electricité apparait entre 1934 et 1959. La première moitié du XXème siècle voit donc apparaitre ce qui ponctue tous les paysages Français, le poteau éléctrique en bois, coiffé de son chapeau métallique, et son cable, sur lequel on voit régulierement un rapace à

l’affut. Progressivement remplacé par des pilliers en béton puis par les immenses structures d’aciers des lignes Très Hautes Tensions qui traversent le territoire. Ci-dessous : ligne éléctriques simple et Très Haute Tension.

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De la même façon l’eau arrivera tardivement. Retardée par la présence du puits dans les ferme. A Chanzeaux, l’eau se tirait à la pompe jusque dans les années 60. A chemillé, l’electricité arrive en 1903. Au même moment ce sont des bornes fontaines qui achemine l’eau dans la ville. Ces éléments, entre autres, ont fait que la société des mauges a plutôt eu tendance à vivre repliée sur elle même. Mais dans les années 60, l’évolution du mode de vie fait que les fermiers aspirent à plus de confort, l’habitation se modernise. Historiquement dans la société patriarcale de l’époque, le mari travaillait aux champs, la femme restait à la maison. Si elle s’occupait depuis toujours du jardin vivrier, elle jouera un rôle prépondérant dans l’arrivé du jardin d’agrément à la ferme, transformant les cours de terre battues destinés aux travaux de la ferme, avec leur tas de fumier et les fagots de branches, en espace de vie familiale, y implantant massifs fleuris, rosiers, pelouses, bordures...

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Entre la fin de la guerre et les année 60 la commune de Chemillé a doublé de superficie. Beaucoup de logements auront été construits. Un plan d’occupation des sols (POS) devra être mis en place pour éviter l’anarchie. En 56 on voit les premières Habitation à Loyer Modéré arriver, qui seront suivies par beaucoup d’autres. A Chanzeaux et St Lambert du Lattay également on voit apparaitre des lotissements, de nouvelles maisons individuelles ponctuent les alentours des centres bourgs. Ces nouvelles constructions sont moins denses : finit la mitoyenneté.

II - Mise en place des paysages et rétrospective


Ferme, métairie, closerie, quelle différence ? Le fermage et le métayage sont deux situations similaires. L’exploitant, fermier ou métayer, signe un bail avec le propriétaire de la ferme ou de la métairie et des terres qui vont avec. La différence réside dans le fait que le métayer paye ses redevances selon un nombre prédéfinit de ressource en nature (viandes, céréales, légumes, bois etc.) Le fermier lui paye ses redevances en numéraire. Mais bien souvent, le paiement est réalisé selon une équivalence en nature. De fait, les quantités des ressources livrées changent selon le cours de la devise de paiement. Les métairies se retrouvent principalement dans l’histoire de notre territoire d’étude. On retrouve d’ailleur des noms de familles attestant de cette pratique. Il y avait donc aux différentes époques, deux types de structures agricoles, les grandes, fermes et métairies, font de 20 à 60 ha. Les Closerie, ou borderies ne dépasse pas les 15 ha, et même rarement 10. Dans la première moitié du XIX ème Il faut également savoir que les parcelles agricoles des Mauges sont en moyenne de 1,5 ha. Celles du Layon et de l’est en général sont par contre plus petites, il y en a de 3 à 8 par hectare. C’est particulièrement vrai dans le Saumurois.

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2. Le coteau du Layon et son vignoble Epanouissement et évolution des vignobles du Layon Les coteaux du layon on toujours été particulierement intéressants pour les vignobles. C’est l’ensoleillement de cette partie du territoire et la présence de brouillard matinaux dû au Layon qui joue d’abord sur l’implantation de la vigne à cet endroit. C’est en partie pour ça que le Nord du vignoble, situé sur les coteaux orienté sud, concentre les vins les plus renommés. La géologie du sol a fortement impactée ce territoire. Les coteaux sont secs, rocailleux, on y observe presque un climat méditerannéen. C’est une terre aride qui convient aux vignes. Bien que moins sec, le même type de sol se retrouvent sur la fin du plateau des Mauges, au niveau de St Lambert. Il faut aussi savoir que la grande diversité des roches (schistes, schistes verts, quartz...) contribue a la création de ces vins aux aromes spécifiques. Une agave pousse dans un interstice rocailleux sur les coteaux viticoles, attestant des conditions favorables aux vignes. Développement des vignes du XVIeme au XIXeme siècle La réputation de ce vignoble vient des Hollandais qui l’ont développé au XVIème siècle. Le développement économique des vins du Layon est intimement lié à la Loire. Revenons rapidement en arrière pour mieux comprendre son développement. Dès le Ier siècle, favorisé par les Romains, la présence de la vigne est attestée en Anjou. Au VIIIème siècle les monastères favorisent l’essor des vins d’Anjou. Au XIIème siècle, les vins d’Anjou sont introduis à la cour d’Angleterre et c’est à l’époque du Roi René que le vignoble angevin fut le plus florissant. Pour transporter ces vins, la Loire - fleuve royal par excellence - fut un moyen précieux, car elle permettait de remonter les marchandises vers Orléans (ouverture sur la Seine) ou de les faire descendre vers Nantes (ouverture sur l’Océan Atlantique). Dans cette optique commerciale, le Layon est canalisé au XVIIIème siècle. 14 ponts et 24 écluses furent construits pour faciliter la navigation, le transport et la commercialisation des vins avec les négociants hollandais et de charbon plus largement. Le Layon canalisé fut utilisé jusqu’aux Guerres de Vendée lors desquelles les ouvrages du canal furent en grande partie détruits. Le vignoble est alors plantée de façon désordonnées, sur de petites parcelles. Les ceps repoussent par marcottage un peu partout et grimpent d’eux même sur les arbres présents. On retrouvait beaucoup de péchers au milieu de ces vignes chaotiques. Au fil du temps on remplace le tronc des arbres par des échallas de bois (des piquets plantés dans le sol le long desquels la vigne viendra grimper) joints par des lattes de bois également. Dans le courant du XIXème les lattes seront progressivement remplacées par des fils de fer. Son utilisation est facilitée par l’apparition du raidisseur, qui permet de tendre le fil. La modification des paysages est importante. De vignes anarchiques on passe à des alignements plus longs, rigides. 64

II - Mise en place des paysages et rétrospective


Direction Angers

Le

Layon

Direction Cholet

La vallée du Layon jusqu’à la seconde moitié du XIXème siècle

Parcelle fouragères et prairies au bord de l’eau Fortes présences de fruitiers, principalement des péchers Layon

N

Vignes desordonnées conduites sur des échallas ou des arbres

Boisements au bord de la rivière L’ancienne route de Cholet à Angers passant par Pont-Barré 65


1

La même vue, orientée nord sur l’église et le village de Saint Lambert du Lattay, à trois époques différentes 2

Saint Lambert du Lattay , photographe et date inconnue.. Vu la culture de Camomille au premier plan, on peut penser qu’elle a été prise pendant la crise du phylloxera, fin XIXème ou début XXème.

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II - Mise en place des paysages et rétrospective


1

Vue actuelle, mai 2018. Vignes non AOC Coteaux du Layon

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Vue aux alentours de 1900. Culture de camomille

3

Vue imaginée d’après recherches et possibilités. Vignes conduites sur des échallas de bois avec péchers entre les rangs.

L’arbre utilisé pour faire grimper la vigne. Une réalité au début du XIXème siècle dans les vignes du Layon.

3

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Le vignoble jusqu’a la crise du Philloxera en 1883 Sous l’impulsion économique liée au Layon, le vignoble s’étend et se construit. Même si ce ne sont alors pas des vins d’une très grandes qualités une stabilité liée au vignoble a été trouvée. Le phylloxéra (et plus précisement le Phylloxera vastatrix, un puceron jaune) vient frapper la région en 1883, l’entiereté du vignoble est détruit. Beaucoup de viticulteurs trouveront dans la cutlure des plantes médicinales le moyen de survivre. Puis commence un long et patient travail de replantation. Transformation et renaissance du vignoble au début du XXème siècle Le vignoble est finalement totalement reconstruit après guerre, en 1921. Pour contrer le Phylloxera on a greffé les anciens plans Français sur des portes-greffes Américains, résistants au ravageur. On replante principalement les vignes les plus qualitatives. Le vignoble recouvre de nouveaux les coteaux mais s’éloigne de l’eau. Les vignes s’allignent sur les pentes et en terrasses jusqu’au Layon. Quelques agricutlteurs de Chanzeaux en profiteront aussi pour transformer leurs parcelles de céréales en vignes, plus rentables. Le palissage généralisé permet l’introduction du cheval dans les travaux du vignoble.

Parcelles fouragères et prairies au bord de l’eau entourées de boisements. On replante principalement les meilleures vignes. Colonisation des coteaux exposés sud. Layon

N

Parcelles de plantes médicinales permettant aux viticulteurs de survivre en reconstruisant leur vignoble.

Terrasses en pierre aménagée sur la pente pour permettre la viticulture

Généralisation du pallissage grâce au raidisseur. Des rangs droits permettent l’arrivé du cheval dans les travaux de la vigne

La vallée du Layon au début du XXème siècle

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II - Mise en place des paysages et rétrospective


Les coteaux du Layon dans la première moitié du XXèmesiècle

Beaulieu sur Layon - Les vignes sur les coteaux - Photo M. Chrétien et fils, Angers

Sur ces deux photos on remarque la présence de la petite voie de chemin de fer. Mais c’est surtout l’imposante masse des vignobles recouvrant les coteaux qui impressionne le plus. On notera la présence sporadique de l’arbre.

Les coteaux viticoles vu de Rablay sur layon - 1910 - L. V. photographe

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Le vignoble d’après guerre : mécanisation et chimie mènent à l’abandon des parcelles les moins accessibles Le territoire était alors largement ouvert, l’arbres bien moins présents. L’arrivée de la mécanisation, des tracteurs et de la nécessité de traiter la vigne, transforment durablement ces paysages. Les vignobles s’extraient des coteaux, les pentes ne sont plus exploitées. Elles se recouvrent de pelouses séches, de genêts et d’ajoncs... A contrario certaines failles encaissées qui viennent entailler les coteaux restent plus fraiches, moins exposées au sud. Elles se recouvrent patiemment de boisements bien verts, d’arbres de haut jets, d’arbustes et d’arbrisseaux. La même dynamique d’enfrichement vient conquérir les bords du Layon autrefois abondament viticoles. Des plantations de peupliers rectilignes voient le jours, mélées à un fouillis de frênes, aulnes

1

et saules. Aujourd’hui ce sont toujours ces paysages qui sont présents. C’est aussi dans la seconde moitié XXème siècle que disparait définitivement l’agroforesterie et les pèchers entre les vignes. Disparition favorisée par une évolution des pratiques culturales. La mécanisation oblige les vignes à s’extrairent des coteaux

2

Une cabane de vigneron au milieu d’une prairie au bord du Layon. Symbole du désengagement de la vigne en fond de vallée

1

Janvier 2018

2

Mai 2018

3

Entre 1860 et 1880. Les vignes sont palissées sur échallas et planches. On distingue quelques péchers dans les rangs. Cette parcelle a sans doute été abandonnée lors de la reconstruction du vignoble car trop proche de l’eau, n’offrant pas les meilleures conditions climatiques pour la viticulture.

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3 II - Mise en place des paysages et rétrospective


Les Bonnes-Blanches et le Layon vus des coteaux - Première moitiée du XXème siècle - L. V. Photographe

Photo prise en mai 2018 L’ancienne voie férrée a été transformé en route

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Une production de qualité reconnue

même de la biodynamie. Si l’on prend l’exemple de la commune de Rablay sur Layon (située juste à coté du territoire d’étude) : 50% des Une économie du vin dynamique producteurs sont en bio, pour 1/4 des surfaces Dans l’ensemble la viticulture dans les coteaux cultivées. De nombreux domaines tout le long est dynamique et se porte bien. Quelques du Layon cultivent leurs vignes dans une optique exploitations qui n’ont pas pris les bonnes de développement durable. L’augmentation des décisions sont en difficultés mais ce n’est pas le coûts de production fait que ces vins s’adressent à un public relativement aisé. plus grand nombre. Lorsque l’on passe en haut des coteaux viticoles on peut appercevoir par endroits quelques fruitiers plantés. A peine plus d’une dizaine. Ce sont des arbres fruitiers de la famille des prunus. Si je n’ai aucune certitude sur leur présence, quelques idées peuvent être avancées. Ils se pourraient que ce soit à nouveau des pêchers, qui donnaient autrefois les fameuses pêches de vignes. Comme on l’a vu plus tôt, on trouvait alors de nombreux rangs de fruitiers au milieu des vignes autrefois. Le vignoble du Layon ayant beaucoup de cultures en bio, biodynamie, il est Les exportations sont plus larges, au national. possible que le propriétaire ai voulu faire un Certains exportent à l’international, même si cet essai de re-développement de l’agroforesterie exemple n’est pas à généraliser sur l’ensemble sur son vignoble. du vignoble. Certains imaginent même re-essayer de faire On remarque un second point interessant dans grimper de la vignes sur des arbres. Remettre au le vignoble du Layon, à savoir le développement goût du jour cet ancien principe d’agroforesterie. de la viticulture raisonnée et biologique, et L’intéret de cette combinaison de l’arbre et de la liane, G. Cocar, du domaine Python-Paillé, le résume bien : «La vie appelle la vie». C’est toute une alchimie particulière qui s’opère entre ces deux entités végétales. Pour la biodynamie, c’est un peu la même idée. Si un sol est vivant, Pages précédentes cela se ressentira dans le vin. La vigne qui en produit le raisin puise tous ses éléments dans En 1884 une petite voie de chemin de fer ce terroirs. Plus il est riche et vivant, plus le vin est ouverte, reliant la commune de Beaulieu l’est. De même la biodynamie s’interesse à la à Angers. Cette voie de chemin de fer ne relation qu’a la vigne avec le feuillage et le lien connaitras jamais un traffic de voyageur qu’entretien le viticulteur avec sa vigne. important mais permettra au viticulteurs et cultivateur de plantes médicinales Après avoir gouté trois vins d’un même viticulteur d’exporter plus facilement leurs produits. de Bourgogne, chacun mené respectivement en Elle a été transformée en une route qui conventionnel, bio et en biodynamie, Richard longe les coteaux et le Layon. Elle sera Leroy, viticulteur à Mont Benault (hameau à finalement démantelée après la guerre. proximité du site d’étude, sur le Layon) dira « On notera tout de même une évolution substanciel dans la production du vignoble. Avant il était surtout produit des vins moelleux et liquoreux, très sucrés. Ils étaient vendus plutôt localement et dépassaient peu les frontières des Pays de la Loire. Aujourd’hui les vins sucrés sont moins demandés (plus que 20 à 30% de la production), on passe sur des blancs plus secs, et la consommation est moins locale. On remarque également une expansion du crémant de Loire, moins qualitatif mais très demandé.

Presque 100 ans plus tard séparent ces deux photographies. L’arbre a aujourd’hui regagné du terrain. La vigne s’est largement retirée des coteaux. Ici une des exceptions avec le domaines des Treiles, classés RNR (Réserve Naturelle Régionale. 72

Moi, buveurs j’ai trouvé le troisième vin plus riche, plus vivant. Voila, j’ai été convaincu de façon empirique.» («Les Ignorants, récit d’une initiation croisée» E. Davodeau, édition futuropolis)

II - Mise en place des paysages et rétrospective


Valorisation du vignoble, création des AOC, appellations et des crus Les AOC «Bonnezaux», «Chaume», «Quart de Chaume» et «Coteau du Layon» donnent des vins blancs moelleux et doux renommés. C’est uniquement le cépage Chenin blanc qui peut être planté pour avoir droit à ces AOC. En plus bien sûr de la localisation géographique spécifique aux AOC précédement citées. Ce sont des vins liquoreux, moelleux et doux, avec un taux d’alcoométrie de 11% minimum par litre.

Il y a un rendement de 25 à 45 hectolitres / hectare maximum. Cela depend de l’AOC. Celle quart de Chaume par exemple est beaucoup plus qualitative que les autres, restreignant la production à 25 Hectolitre/ha. Il existe également une mention « grains nobles » qui existe, valorisant encore plus le vin mais soumis à plus de critères. On peut imaginer sans mal que ce litrage maximum est fixé pour éviter une trop grande production et une perte de valeur L’appellation « Coteau du Layon » peut être suivie du vin, entrainant baisse des prix voir crise de du nom des communes Beaulieu-sur-Layon, mévente. Faye-d’Anjou, rablay-sur-layon, Rochefort-surLoire, Saint-Aubin-de-Luigné et Saint-Lambert- Les rangs de vignes produisant l’AOC doivent du-Lattay. C’est l’appellation « Coteau du layon être espacés de 1 m, et chaque rang enherbé. village ». Pour les vins s’en revendiquant, il doit l’AOC autorise tout juste à désherber autour être clairement inscrit sur l’étiquette « coteaux du cep. Une densité minimale de 4 000 ceps / du layon » (suivi ou non de Val de Loire) ainsi hectares, ce qui est une densité assez classique qu’impérativement la mention « appellation par rapport à d’autres AOC. controlée ». L’AOC sur ces communes est définie au cas par cas parcelle par parcelle. L’aire Néanmoins, certaines parcelles de vignobles d’appellation comprend 17 viticulteurs et 19 autour du Layon ne se revendiquent pas de vivificateurs (en 2011) l’AOC. D’abord comme nous l’avons déjà vu parce que les vins ne sont plus uniquement des moelleux, mais aussi parce qu’il s’inscrivent dans une appellation plus large, «L’Anjou Village». de fait, au milieu des parcelles de Chenin, on trouve des cépages totalement différents, destinés à produire d’autres vins.

A l’oeil, un détail peut aider à faire un premier tri entre une parcelle de coteaux du Layon et une qui ne l’est pas, c’est la présence d’herbe entre les rangs. L’AOC Coteaux du Layon oblige à conserver des rangs enherbés. Sans pouvoir l’affirmer totalement, on peut fortement penser que la vigne de gauche n’est pas cultivée pour être de l’AOC Coteaux du Layon, alors que celle de droite si.

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Vendanges Après le climat et le sol, les vendanges sont le deuxième élément qui fait la qualité du vin du Layon. Elles se font par tries successives. Cela consiste à passer plusieurs fois dans la même parcelle de vigne. Ce afin de sélectionner à chaque passages les grains atteint de pourriture noble, à la main bien sûr. Seules les grappes « botrytisées » sont ramassées. Dans les siècles plus anciens, le seigneur recevait le quart des meilleurs productions de la région. La production Quart de Chaume serait donc le meilleur cru du Layon… Le méandre bien particulier de la rivère juste devant son aire de production vient favoriser les brumes matinales citées plus haut.

Le Botrytis cinerea est un champignon qui se développe sur des raisins mûr et intact. Cette pourriture noble est due aux conditions météorologiques bien particulières de la vallée du Layon : les brumes matinales et les journée chaudes et ensoleillées qui font la richesse du terroir. Il enrichit les raisins en sucres et en arômes et en diminue l’acidité.

Production totale de vins Prélevement du 1/4 de la meilleur production par le seigneur

Les Clos : présence de la vigne dans le plateau bocager Il existe une culture de la vigne particulière dans tout le Maine et Loire, autrefois bien présente dans tout le territoire, aujourd’hui quasiment disparue. Le phénomènes des clos (vient des «closeries», petites exploitations agricoles.) Chaque habitations avaient un pied de vigne (ou un peu plus) qui poussait contre un mur orienté sud. La vigne profite alors de la chaleur du mur, chaulé, ce qui avance la maturité des raisin. Ce raisin était un raisin de table, destiné au foyer. La vigne pousse depuis plusieurs décennies sur ce mur orienté plein sud.

On remarque la vigne qui grimpe sur la façade de la maison

Mai 2018

Photographie par Forest - Publiée dans l’ouvrage "Adieux à la vieille Église de Chanzeaux", par Mgr H. Pasquier, Angers, Lachèse et Cie, imprimeurs-libraires, 1897

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II - Mise en place des paysages et rétrospective


Pourquoi une délimitation aussi nette des vignes ? Explication d’une étrangeté cartographique Sur une carte on remarque que la présence des vignes est quasiment calquée sur les limites administratives des communes. En partant du Layon, sur une même largeur, on remarque qu’il y a beaucoup de vignes jusqu’à St Lambert, puis qu’elles diminuent de plus de la moitié au moment du passage dans la commune de Chanzeaux, avant de se re-développer sur les communes plus à l’est. Historiquement Chanzeaux est une commune d’élevage, et son orientation agricole vas principalement dans ce sens. Les villages de La Brosse et de La Jutière, les plus proches du Layon, font figure d’exception. A ce premier élément d’explication on peut avancer que le territoire de Chanzeaux aux abord du Layon est principalement caractérisé par l’Hyrôme. Et si le Layon apporte un climat parfait pour les vins, l’Hyrôme fait geler à de trop nombreuses reprises les vignobles sur ses coteaux. Le peu de vignobles qu’on remarque sur les coteaux de l’hyrôme sont orientés sud. On remarque très bien que tout les coteaux orientés nord sur la commune de Chanzeaux sont totalement vidés de vignobles. Ces deux éléments expliquent que des parcelles delimitées comme AOC sur Chanzeaux ne soient plus plantées de vignes. (250 ha en AOC, 100 ha de plantés). Plus à l’est, les vallées sont moins encaissées et donc moins fraiches, refavorisant la vigne.

fortes présence de vignes à St Lambert

Peu de vignes à Chanzeaux

Retour de la vigne à Rablay

Limites administratives de la commune de Chanzeaux

Vignes présentes sur la commune de Chanzeaux Vignes hors limites de Chanzeaux. Communes de Saint Lambert du Lattay , Beaulieu sur Layon et Rablay sur Layon

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L’extraction de la chaux à destination des Mauges L’on quitte ici l’aspect viticole du Layon pour s’nteresser à un point spécifique de sa géologie. Comme nous l’avons expliqué plus haut, la faille du Layon contient une réserve de calcaire enfermée au sein d’une gangue de schiste, le tout sur un sillon houiller. Cette faille à la géologie bien spécifique a été exploitée par l’homme pendant plusieurs décennies. Les fours à chaux du village de Pont Barré, aujourd’hui situés dans la commune de Beaulieu sur Layon arrivent au début du XIX ème siècle et ont fonctionnés jusqu’à la fin de la 1ère guerre. Pour produire la chaux, on entassait des couches de combustibles (charbons et bois) ainsi que de la roche calcaire provenant des coteaux proches. Pour plus de simplicité, toutes ces roches étaient amenées par le haut des four, construit à flanc de coteaux. Il en sortait de la chaux vive qu’il fallait manipuler avec la plus grande précaution... La

chaux produite a été utilisée pendant longtemps pour amender les terres acides des Mauges et tenter de les rendres plus propices aux céréales. Mais également comme scellement pour la construction. Au final ils connaissent une baisse d’activité importante dans le courant des années 50 avant de s’arrêter définitivement. Schéma du fonctionnement d’un four à chaux et positionnement par rapport à la géomorphologie du site.

Actuellement, un ancien four à chaux toujours existant situé là où la D160 passe Pont-Barré et grimpe les coteaux

Illustration par Denis Clavreul © 2005, mise en page Studio gRraphique, panneau présent le long d’un sentier de randonnée

Le pastoralisme dans les coteaux du Layon La LPO (Ligue de Protection des Oiseaux) a développé la pratique du pastoralisme dans les coteaux du Layon. Cette pratique permet à la fois de rentabiliser des espace abandonnés par l’homme, en terme de fourrage pour les bêtes par exemple. Et dans le même temps de préserver les paysages et les écosystèmes des pelouses séches, qui tendent à disparaitre en évitant de fait leur recouvrement par la végétation. Les troupeaux ovins sont des races Bretonnes abandonnées car considérées sans intérêt agronomique mais qui s’adapte bien aux espaces naturels. Elle est aujourd’hui protégée. 76

II - Mise en place des paysages et rétrospective


3. L’Hyrôme et ses affluents Une ancienne voie d’échanges, passage obligé entre Chanzeaux à Chemillé Chemin muletier Layon aux Mauges

du

La vallée est depuis toujours un passage obligé entre Chemillé et Chanzeaux. C’est par là que transite, à dos de mûles, de nombreux produits qui seront vendus au marché. Mais également la chaux, en provenance des fours du Layon. 1 Pont de Point, Chanzeaux - L. V. photographe, 1915

Photos 1 et 2 Le pont de Point en 1915 et 100 ans plus tard. On remarque que les boisements ont gagnés du terrain

Les nombreux ponts disposés tout le long permettaient de franchir l’Hyrôme en différents endroits. Citons le pont de Point (XIV ème ou XVème) qui fait face au moulin du même nom. Il indique le tracé de l’ancienne route principale reliant les communes Chemillé et Chanzeaux jusque dans la première moitié du XX ème siècle. Le pont du château de Chanzeaux a été jusque au milieu du XIXème siècle l’unique passage pour aller relier le bourg de Chanzeaux avec la route plus à l’ouest (l’actuelle D160).

2

Pont Antique (pont sur lequel passe aujourd’hui la D121), Chanzeaux - L. V. photographe, première moitié du XXème siècle

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Une rivière de détente et d’activités domestiques. Les bords de la rivière sont ponctués d’auberges et de guinguettes. On voit des gens se promener au bord de l’eau le dimanche après midi. La vallée a été pendant longtemps le lieu de nombreuses rencontres et fêtes. Dans le même temps, la rivière a permis l’implantation de lavoirs publics et privés. Chaque communes ou hameaux en possédait de même que de nombreux particuliers. Un ancien lavoir conservé et entretenu

Détente et pêche au bord de l’Hyrôme

Moulin Bretonneau, bords de l’Hyrôme. Date inconnue, estimée fin XIXème début XXème, photographe inconnu

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II - Mise en place des paysages et rétrospective


Une rivière caractérisée par la présence d’une multitude de petites activités artisanales jusqu’au milieu du XXème siècle Les moulins, qu’ils soient à vent ou à eau, ont été pendant des siècles l’activité artisanale la plus importante liée l’Hyrôme. Souvent, pour un moulin à eau, un moulin à vent était construit. Il permettait de compenser si la ressource hydrique venait à manquer. Si certains datent d’il y a plus de mille ans, la plupart datent du XIV ème ou XVème siècle. Moulin à vent en haut de coteaux ... Ces moulins étaient disposés en haut des coteaux de l’Hyrôme, de cette façon ils pouvaient profiter de l’encaissement de la rivière comme d’un point haut, et certainement de l’appel d’air créé par le val. Aujourd’hui plus aucun ne fonctionne. Certains sont en ruines, inaccessibles, recouverts d’un amas de feuillages, d’autres sont conservés comme éléments patrimoniaux et esthétiques. On retrouve deux types de moulin à vent qui avaient comme fonction exclusive la minnoterie. D’abord ceux construits d’un seul bloc et ceux construits en deux parties. Une base en pierres et une tête en bois, qui permet Ancienne base de moulin cavier conservée de bouger en fonction des vents. Ces derniers trouvent leurs origines dans le pays Nantais. Cette deuxième catégorie de moulin avaient la particularité d’être des moulins dit « caviers ». C’est à dire qu’ils étaient posés sur une cave, permettant de récupérer rapidement le grain moulu. Si ces caves en pierres ont survécues, les têtes en bois ont disparues. Moulin cavier Tête en bois pour mieux suivre le vent. Vieux moulin, Saint Lambert du lattay - Date et photographe inconnus

Moulin à vent d’un seul bloc La cave permet de charger directement le grain

Escalier d’accès

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... et moulin à eaux en fond de vallée En paralléle des moulins à vent, il y avait les moulins à eau. Implantés en fond de vallées, au milieu des méandres beaucoup plus secrets de la rivière. Il y a eu près d’une trentaine de moulins le long du cours d’eau et de ses affluents. Si beaucoup sont utilisés pour de la minnoterie, ils auront également de nombreuses autres activités. Dans tous les cas ils gardent plus ou moins la même forme, ce n’est que l’intérieur qui change. On assiste au fils des siècle à une transformation de l’usages des moulins. Il y a d’abord eu ceux pour moudre le grain en farine. C’est resté l’utilisation la plus classique. Puis se sont développés des moulins foulons, pour fouler les draps et les tissus (le foulage consistant à battre le tissus de lin, laine etc pour On distingue le bief du moulin, creusé à coté des l’assouplir et apporter aulnes et des frênes plus de confort), il y a également eu des moulins a tan (où l’on broie l’écorce de chêne necessaire au tanage des cuirs), à papier, à forge (la force hydraulique permettait de battre le fer).

Un paysan vient chercher du grain accompagné de son âne. Le moulin de l’Argonne au XIXème siècle et de nos jours.

Il a dû être habité un temps après avoir cessé son activité de moulin puis abandonné avec l’arrivé de l’autoroute. Un viaduc de l’A87 passe juste en face... Aujourd’hui les alentours sont des prairies pour les vaches

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II - Mise en place des paysages et rétrospective


Tannerie, Teinturerie, Blanchisserie, des activités qui ont fait vivre la vallée Chemillé et Chanzeaux accueillent dès la 2nd moitié du XVIIIeme une multitude de petites blanchisserie, teinturerie, tanneries et déchiteries (fabrique de mouchoirs en déchirant d’anciennes pièce de tissus). L’hyrôme a toujours apporté la force motrice et l’eau nécessaire à ce travail. Inutile de dire que ces activités ont largement contribuées à détruire les écosystèmes aquatiques. Pour ces travaux on utilisait de la soude, de la potasse, du chlore… le tout déversé et rincé dans la rivière. Pour toutes ces activités artisanales, un aménagement de la rivière est necessaire. Partout l’on voit apparaitre des biefs qui détourne l’eaux, des retenues et des barrages qui la canalisent. Ce n’est pas sans créer de nombreuses tensions entre les différents exploitants de la rivières, qui s’accusent réciproquement de tarir le cours d’eau. Cette quantité d’activité faisaient fourmiller la vallée de travailleurs, de clients, de livreurs ... La vie économique créée par l’artisanat permettait également une vie de société. L’hyrôme jusqu’au milieu du XIXème siècle

Pont nécessaire aux minoteries et aux déplacements

Petit parcellaire de champs en fond de vallée Coteaux largement boisés

Moulins à vent

Champs céréaliers N

Arbres utilisés pour leurs bois

Hyrôme Une vie économique et sociétale importante au bord de l’eau

Une multitude d’activitées artisanales au bord de l’eau. Moulins, teintureries, tanneries, blanchisseries...

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Evolution de l’artisanat en industrie dans la seconde moitié du XIX XX ème siècle

ème

siècle et la 1

ème

moitié du

La première moitié du XX ème siècle voit cette multitude d’artisanat se concurrencer. Nombreux sont ceux les artisants qui doivent arrêter faute de pouvoir se moderniser. Ce sont principalement quelques grosses activités qui subsistent et évoluent en industries, plus grandes, mieux équipés. Ces activités industrielles ont le méritent d’avoir favorisées l’emploi et ainsi permis à beaucoup d’agriculteurs et ouvriers de rester sur le territoire. C’est la fameuse «usine à la campagne» aux alentours du Chemillois qui a enrayé l’exode rural alors en cours dans toute la France. Abandon progressif de la rivière après la guerre. L’activité des moulins pérennisée pendant des siècles a finalement été contrainte de se modifier avec l’apparition de la machine à vapeur au XIXème puis de l’électricité au XXème siècle. Les éoliennes qui ponctuent les alentours de Chemillé ont remplacées les moulins à vent.

La rivière est peu à peu délaissée, même la plupart des industries ont dépéries, et celles qui ont évoluées sont sorties de la vallée encaissée pour s’installer sur le plateau.

Pour les rares activitées artisanales encore debouts après la guerre, c’est la fin. L’avènement des nouveaux textiles synthétiques conduit les dernières teintureries et blanchisseries à fermer. De même, la cavalerie militaire disparait. La selleries, les harnais n’ont plus lieux d’être. De même que les reliures de livres. Les petits ateliers de tanneries disparaissent.

decembre 1964, 3 janvier 1992 et 30 decembre 2006)

Jusqu’au début du XXème siècle

Aujourd’hui dans le cadre des problématiques écologiques définies par les lois sur l’eau (16 il est imposé de redonner aux rivières leurs cours naturel. Ceci pour eviter la stagnation des eaux et des déchets, permettre un meilleur écoulement, une meilleure oxygénisation. On voit donc quantité de barages et lavoirs détruits.

Depuis le début du XXIème siècle

La cheminé de brique de l’usine remplace la roue à aube : évolution de l’artisanat en industrie

Le vent, un élément omniprésent matérialisé dans les paysages par les moulins et les éoliennes.

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II - Mise en place des paysages et rétrospective


Un val dédié à l’elevage Si les bords de l’Hyrôme ont été pendant longtemps colonisé par l’artisanat, la vallée entière a également été utilisée pour l’elevage. Si il devait être présent depuis longtemps, on peut supposer que le bétail a vraiment dû investir le fond de la vallée en même temps qu’il s’est développé sur le plateau. Il a conservé le quasi-monopole de l’espace pendant plus de 150 ans. Depuis quelques dizaines d’année il y a toutefois moins de bétail présent. Et la tendance est plutôt à l’enfrichement. Mais de part sa morphologie accidentée, la vallée de l’Hyrôme n’a jamais et ne pourra sans doute jamais accueillir autre chose que de l’élevage. Ce n’est pas un lieu propice à la culture. On ne peut pas agrandir les parcelles, le déplacement des engins est compliqué. A contrario la proximité de l’eau permet des patures fraiches, assure au bétail de quoi s’hydrater et le relief sert de barrière naturelle au parcage. Des Prim’Holstein longent l’Hyrôme pour rejoindre leurs pâturages. L’évolution du système socio-économique et l’arrivé du bétail modifie les paysages du val d’Hyrome entre le début du XXème et aujourdhui.. Arbres tétards en bords de rives Les coteaux forment une barrière naturelle pour le bétail

La rivière apporte la fraicheur et l’eau pour les bêtes... et est pompée pour irriguer le maïs sur le plateau !

Ouverture de prairie de plus en plus larges

N

Sentier piéton, Des moulins reconvertit en chambre d’hotes, restaurants, habitations... 83


4. Des éléments communs à l’ensemble des paysages 1793 - Les guerres de Vendée, une crise politique et sociale cristallisée dans les paysages La guerre comme procéssus de construction d’une unité collective historique Si les plus jeunes sont moins touchés par cette Histoire, c’est encore vrai pour les plus anciens. C’est un sujet qui revient régulierement dans le paysage (monuments, vitraux, panneaux d’informations...) Le village de Chanzeaux a été presque entièrement reconstruit après les guerres de Vendée. Les villages, hameaux et églises sont rasés par les Républicains. Les constructions que l’on peut voir aujourd’hui datent quasiment toutes du XIX ème. Finalement, la guerre de Vendée aura surtout été la guerre des Mauges. Les paysages bocagers de 1793 sont bien connus comme « ayant été une composante essentielle de la réussite momentannée de la «guerilla» Vendéenne. Topographie accidentée peu favorable aux communications, champs clos, habitat dispersé, chemin creux et humidité stagnante l’hiver». Autrement dit, un paysage labyrinthique pour l’ennemi, parfait pour le guet-apens. Le Layon et Pont-Barré, limite entre Vendéens et Républicains Pont-Barré est un vieux pont à trois arches construit vers le XIII eme siècle qui traverse le Layon. Dans l’histoire locale, c’est ici que les troupes républicaines repousseront une utlime fois les armées Vendéenes. C’était aussi une ancienne limite entre le Poitou et l’Anjou. Aujourd’hui c’est un pont toujours en état utilisé par les randonneurs

Pont-barré, au pied des coteaux du Layon

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II - Mise en place des paysages et rétrospective


1991 - L’A87, une autoroute aux « étranges sinuosités », définie par les paysages qu’elle traverse L’A87 est construite en 2001, elle relie les Sables-d’Olonnes à Cholet puis à Angers. Son tracé a été définit selon plusieurs éléments, politiques et privés, bien précis : Développement de l’économie de la partie Nord et Ouest des Mauges On remarque que l’autoroute remonte depuis Cholet vers Angers en passant à l’est de la D160. Peu avant Chemillé elle se décalle et passe à l’ouest de la commune. Il semblerait que ce revirement ait été pensé pour permettre au territoire des Mauges de bénéficier de l’impact économique qu’apporte un échangeur autoroutier. Protection des vignobles L’autoroute passe donc à l’ouest de Chemillé et de sa départementale. Mais voila qu’elle passe au dessus de l’Hyrôme puis contourne Chanzeaux pour remonter sur le Layon, traversant la vallée au dessus d’un immense viaduc qui vient grossiérement barrer le paysage. Ici c’est le vignoble qui a décidé du tracé. Les plus prestigieux vignobles du Layon sont sur la partie ouest, sur les partie est ce sont de plus petites vignes, moins qualitatives et renommées. Les exploitants des vignobles ouest ne laisseront jamais l’autoroute s’approcher ou détruire leurs vignobles. Et l’INAO veille, il est très difficile de détruire des parcelles de cultures mises en AOC, surtout celles du Quart de Chaumes, du Chaumes et des Bonne Blanches.

Extrait de «Rural, chronique d’une collision politique», par Etienne Davodeau, préface de José Bové, édition Delcourt, 2017

Chemillé AOC Chaumes et Quart de Chaumes Comme on le voit juste en dessous, l’autoroute aurait dû passer, en plein dans les plus prestigieuses AOC du Layon si elle était restée à l’ouest de l’Hyrôme.

AOC Bonnes-Blanches Toutes vignes plantées confondues Echangeur autoroutier de Chemillé 85


Actuellement - L’essor du tourisme dans le Chemillois et le Layon : vers des paysages d’agréments Le tourisme est un élement qui se développe dans les alentours de Chemillé et Chanzeaux, c’est déjà quelque chose de plus présent dans le Layon, notament grâce aux villages très pittoresques qui bordent la rivière. Un réseau de chemins de randonnées importants, superposé aux Mauges et au Layon. Le long de l’Hyrôme il existe un chemin qui permet de rejoindre à pied Chemillé à Chanzeaux en passant dans le creux de la vallée. C’est un sentier régulierement emprunté, surtout à la belle saison. L’office du tourisme propose quelques tracés différents de chemin de randonnées principalement dans ces coteaux ou au niveaux du Layon. Le plateau, très agricole, s’y prête un peu moins.

La vigne mise à l’honneur à St Lambert du Lattay Un musé de la vigne à été construit à St Lambert du Lattay, permettant à tout un chacun de venir mieux comprendre la vigne en général et plus spécifiquement le vignoble qui s’étend aux alentours. Enfin, de nombreux domaines viticoles ouvrent leurs portes aux touristes lors de séance de dégustation. L’oenotourisme est bien développé dans les vignobles du Layon. Les plantes médicinales ont leur jardin à Chemillé La ville de Chemillé met elle aussi en avant les qualité de son territoire. Camifolia, un jardin sur le théme des plantes médicinales, est né en 2008 et compte 135 000 visiteurs à son actif, soit à peu près 13 500 tous les ans. Le jardin permet de découvrir l’histoire des plantes médicinales sur le territoire. L’office du tourisme, permet d’orienter le visiteur sur les potentialités touristiques du territoires.

Logo du jardin Camifolia, Chemillé

La Réserve Naturelle Régionale de Pont-Barré, un milieu écologique levier pour l’économie et le tourisme La réserve naturelle régionale des coteaux du Pont-Barré (RNR58) surplombe la vallée du Layon et ses vignobles, et s’étend sur plus de 8 hectares. C’est un paysage de coteaux recouvert de pelouses séches. A la faveur du même microclimat favorable aux vins, une flore exceptionnelle s’y est développée. Au milieu de ce site un

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vignoble a perduré pendant longtemps avant d’être oublié à la fin de la seconde guerre. Les parcelles se sont progressivement enfrichées, recouverte de broussaille et d’arbres. En 2000, la LPO (Ligue de Protection des Oiseaux) et Jo Python, un viticulteur de Saint Lambert, rachètent le vignoble des Treilles pour y restaurer la pratique de la vigne et perenniser ce milieu écologique riche «Le domaine

se distingue par une démarche de qualité, respectueuse de l’environnement, basé sur l’agriculture biologique». On peut ici observer des vignes plantées à flancs de coteaux, sur des pentes avoisinant les 45°, les pieds sont tous enherbés et au milieu des rangs de vignes on distingue une multitude de graminées et de fleurs méscicoles et méllifères.

II - Mise en place des paysages et rétrospective


Les coteaux sont finalement classé Réserve Naturelle en 2009. Lorsqu’on s’y aventure on peut emprunter une mutlitude de sentiers escarpés qui filent au milieu des vignes. Ont y trouve de petits escaliers se mélant bien au paysage qui permettent d’accéder aux terrasses supérieures. En haut des coteaux, sur une partie plus plane, on trouve des tables pour pique-niquer, là encore très bien agencées dans le paysage. Et tout le long des panneaux d’informations sur l’histoire du lieu, des QR code expliquant les milieux écologiques présent... Jo Pyhton devant les vignes du domaine des Treilles

QR code explicatif de la LPO

Table de pique-nique

Illustration par Denis Clavreul © 2005, mise en page Studio gRraphique, panneau présent le long d’un sentier de randonnée

Des coteaux recouverts de pelouse sèches

Le domaine des Treilles et ses vignes pentues Les orchidées sauvages recouvrent les coteaux au printemps

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5. Synthèse des principales dynamiques et composantes paysagères

1800

1850

1900

1950

2000

2018

La haie L’élevage Les vignes La céréale La propriété privée 1 L’artisanat L’agriculture biologique 2 Les plantes médicinales Le tourisme

1

Ici : propriété privée agricole

2

Même si elle n’avait pas ce nom là , j’ai considéré les agricultures paysannes d’autrefois comme telle.

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II - Mise en place des paysages et rétrospective


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III.

Quant à l’avenir de ces pays encourageantes qu’il convient de

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sages : des tendances consolider Nous avons pu remarquer que les vignobles du layon se portent globalement plutôt bien aujourd’hui, ils ont su saisir la demande changeante de leur clientèle et s’adapter. L’accueil au vignoble et les dégustations sont bien mises en place et permettent de recevoir le client et de se faire connaitre. La viticulture biologique vient également prendre sa place et valorise d’autant plus les vins du Layon. Enfin, les vignobles ont réussi à étendre leurs ventes sur tout le territoire national et s’affirme comme des vins de qualités, protégés par leurs AOC. A contrario, le secteur du Chemillois et des Mauges de façon plus globale est beaucoup moins stable. Le tournant productiviste qu’a pris le secteur de l’élevage au milieu du XX ème siècle arrive à bout de souffle. Il convient de le ré-interroger pour lui permettre d’éffectuer la transition qui s’impose vers un modèle ancré dans l’économie et les problématiques actuelles. Le secteur bovins affecte fortement les paysages. Quelle qu’elle soit, son évolution impactera de façon durable le plateau bocager des Mauges. Dans le même temps le territoire étudié posséde de nombreux atouts pour conserver la qualité de ses paysages. Les plantes médicinales, l’agriculture biologique, une dynamique constamment en hausse de nouveaux habitants, un tourisme et une économie locale avec un fort potentiel. Le tournant que prendra le Chemillois dans les prochaines années sera décisif pour la pérennisation ou la transformation de ses paysages.

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1. Des dynamiques agricoles et sociétale opposées D’un coté une agriculture en questionnement, PAC aide spécifiquement le bio avec l’Aide à de l’autre une société en pleine croissance l’Agriculture Biologique (à peu près 6 000€ par an). Dû à des complications de décentralisation démographique. des organismes gérant cette aide, elle est Aujourd’hui, l’élevage dans les Mauges aujourd’hui bloquée depuis 2015… Il existe peine à s’en sortir. Ce secteur économique également un crédit d’impôt de 2000€, attribué dominant du Chemillois est particulierement sous réserve de faibles revenus aux exploitations fragilisé. Les productions bovines, laitière et en bio. céréalières se demarquent mal dans l’économie mondiale actuelle. La moindre exploitation doit Le circuit court tend à se developper mais reste constamment investir pour se mettre au normes. encore embryonnaire. En terme de temps et La plupart ne peuvent plus suivre, toutes vivent d’investissements, c’est un coût important à crédit, suspendus aux aides de la PAC. Les pour une ferme de faire à la fois la production/ de son risques de banqueroute sont tellements élevé transformation/commercialisation que même les banquiers s’inquiètent. Pour produit. essayer de s’en sortir, beaucoup ont diversifié leur productions, par exemple avec une parcelle L’élévage participe à la préservation de milieux naturels. Principalement les différents types de plante médicinales, des porcs, volailles... de haies ainsi que les prairies naturelles et les Les exploitations font en moyenne 68 ha et prairies humides au bord de l’Hyrôme ou les jusqu’à 150 ha. Une exploitation sur deux est marres encore présentes. Un départ du bétail reprise par un jeune, et 1/3 des exploitants à verrait un enfrichement rapide et une perte de plus de 55 ans. Ce qui pose des questions sur la la biodiversité, aujourd’hui rendu possible grâce à la pluralité des milieux présents. pérennisation du système agricole. Il y deux dynamiques présentes, d’un coté une diminution du nombre total d’exploitations (près de 50% en 30 ans) de l’autre une augmentation des SAU1. Et corrélé à cette augmentation de la SAU, une augmentation de la surface des parcelles. Aujourd’hui la tendance est à la dégradation du bocage. Elus, habitants et agriculteurs la perçoivent et s’en préoccupe Les plantes médicinales devraient gagner du terrain. C’est une culture mécanisée, qui comme la céréale, a besoin de champs ouverts et larges. Mais elle profite d’une très bonnes dynamique d’offre et de demande. Et sur le territoire il y a à la fois le savoir faire et la filière de transformation. C’est la combinaison de ces deux aspects qui confère tout son dynamisme à la culture. L’agriculture biologique voit également de nouveaux exploitants arriver régulierement. Que ce soit en terme de lait, viande, bovins. De nombreuses aides de la PAC2 peuvent aussi expliquer cette dynamique. L’Aide à l’Hectare et l’Aide aux Bovins sont commune à toutes les exploitations, bios et conventionnelles. Mais la 92

Pour favoriser l’agriculture il convient de préserver le foncier agricole. La commune de Chemillé en Anjou ainsi que ses différents hameaux voient de nouvelles habitations régulierement construites. La demande de logements est en constante hausse depuis quelques années. Le SCOT3 du Pays des Mauges ainsi que le PLU4 de Chemillé en Anjou prévoient donc de densifier les dents creuses afin d’éviter la consommation d’espaces agricoles, bien trop necessaire à l’agriculture extensive des alentours. Les hameaux et les villages seront donc plus denses, avec un bâti tendant à augmenter en R+1 ou R+2 avec de la mitoyenneté. Ils est prévu 1680 nouveaux logements, sur 100 hectares de surfaces. Dans le même temps on verra apparaitre plusieurs anciennes fermes transformées en habitat principal. Restaurées, elles ont une grande qualité architecturale. Ce sont des logements qui sont déjà plébiscités. La commune a bien conscience de l’importance économique du tourisme sur son territoire. Elle veut développer ses chemins de randonnées et ses offres d’hébergements... II - Mise en place des paysages et rétrospective


Extrait du PADD de Chemillé en Anjou - Février 2017.

Extrait du PADD de Chemillé en Anjou - Février 2017.

On remarque le développement exponentiel de la commune de Chemillé depuis une soixantaine d’année. Aujourd’hui ce PADD5 prévoit d’arrêter l’étalement urbain pour préserver le foncier agricole.

La prise en compte des qualités paysagères est restreinte. L’aspect patrimonial et paysager tourne principalement autour du bâti.

Une ancienne ferme rénové en maison d’habitation. Ce type de réalisation sera de plus en en plus présent à l’avenir.

Exemple d’évolution à venir entre l’urbain et l’agriculture. D’après le PADD de Chemillé en Anjou

On notera tout de même le dernier paragraphe qui aborde l’idée de "sensibilité paysagère" sans entrer plus dans le détail. Le lien n’étant peut être pas assez fait entre préservation des paysages et préservation d’un système sociologique, écologique et économique de qualité.

Zone industrielle et commerciale Densification du bâti Terres agricoles préservées Extension de la zone d’activité Bâti déjà existant LEXIQUE : SAU : Surface Agricole Utile PAC : Politique Agricole Commune 3 SCOT : Schéma de cohérence territorial 4 PLU : Plan local d’urbanisme 5 PADD : Plan d’Aménagement et de Développement Durable 6 AOC : Appellation d’origine Contrôlée 7 LPO : Ligue de Protection des Oiseaux 1 2

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2. Vers une prise en compte de la qualité des paysages, le renouveau du système de polyagriculture et d’élévage Dans le plateau bocager : Le système conventionnel devrait peu à peu s’effacer.L’agriculture biologique et raisonnée doit s’inscrire dans une filière locale de qualité pour qu’il soit permis aux agriculteurs d’en vivre décemment. Il faut donc que cette économie soit soutenue et encouragée par les politiques. A l’échelle communale d’abord. Par des commercialisations locales qui pourront dans le même temps dynamiser les centres ville/ bourgs et résoudre une partie des problèmes de déplacement que connait le territoire. Il convient également de favoriser des partenariat avec les acteurs de l’alimentaire présent sur place. Mais également favoriser la présence des produits locaux dans la restauration scolaire et développer les ventes à la ferme Il convient également de former les futurs exploitants aux pratiques agricoles durables. L’enseignement agricole axe quasiment tout son enseignement sur le système conventionnel, les méthodes alternatives sont peu abordées et plutôt mal vues par beaucoup d’agriculteurs. Des formations spéciliasées peuvent être mises en place par les collectivités. On peut imaginer que cette transition conduira deux dynamiques. Le développement de grandes exploitations gérées à plusieurs continuera. Elles arriveront à rester concurrentielles dans l’économie qui se profile. La deuxième verra apparaitre une multitude de petites exploitations agricoles et maraichères en système biologiques ou raisonné. Elles s’implanteront sur les terres morcellées des anciennes exploitations conventionnelles.

Cette économie agricole tournée vers la qualité verra ses produits valorisés au milieu de la transition écologique et économique globale que la France doit prendre. Le rejet du système de croissance constante plébiscité aujourd’hui (production-modernisation-agrandissement) est la seule possibilité qu’a l’agriculture de survivre dans le Chemillois. Dans le même temps la dynamique de filière de bois local portée par l’association Horizon Bocage pourrait porter ses fruits. L’arbre et la haie retrouverait leur rôle économique. Ce changement d’agriculture et d’exploitations permettra une perennisation et une consolidation des paysages présents. Les exploitations de tailles humaines, aux parcelles plus petites, utiliseront la haie pour tous ses bienfaits écologiques et vivrier. L’élevage bovins sera pérénisé par une consommation du lait et de viande de qualité. Les cheptels veront leurs nombres diminuer. L’élevage sera de plus en plus extensif. L’abandon du maïs et de l’ensillage au profit des foins et des prairies naturelles favorisera des paysages moins uniformes, plus adaptés au bétail. La marre pourra faire son retour au milieu de certaines parcelles bocagères. Par la restructuration d’une agriculture à taille humaine, plus locale et respectueuse de l’environnement, on peut entrevoir la pérennisation et la consolidation des paysages de bocages sur les plateaux et en fond de vallée.

Ces paysages de qualités sont liés à l’histoire du territoire. Ils pourraient être mis en avant pour Le système d’agriculture bio est résolument la promotion du tourisme et d’un cadre de vie ancré dans une nouvelle génération. Le travail attrayant pour les néo-ruraux. Ils deviendraient est en groupe, favorisé par les GAEC. Cela à la fois valorisés par l’agriculture et valorisant permet entre autre avantages aux agriculteurs pour l’économie. de bénéficier de leurs week-ends ou de partir en vacances.

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II - Mise en place des paysages et rétrospective


Des ventes à la ferme ou en circuits cours Diversification des cultures. Diminution des champs céréaliers, augmentation des parcelles de plantes médicinales, de maraîchage, des prairies artificielles et naturelles.

Une augmentation des exploitations. Plus petites que celles d’aujourd’hui, gérée à 2 ou 3. Préservation et rénovation du bâti historique par les nouveaux habitants dans le respect des flux agricoles N

Diminution voir abandon des intrants chimiques dans les champs Une structure bocagère conservée et densifiée. Ancrée dans un système économique, écolgique et sociétal (cadre de vie)

Des éleveurs formés à une agriculture durable

Le bocage dans les années à venir

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Dans la vallée du Layon : Dans le même temps, le layon devrait voire ses vignobles continuer de s’adapter aux demandes économiques. Les vins vont tendre vers des blancs secs, tout en réduisant la présence de ceux plus moelleux. Il sera interessant de voir comment évolue l’AOC6 coteaux du Layon à ce sujet, car elle n’est pas prévue pour ce type de vins. Les AOC Grands Crus qui produisent des liquoreux devraient continuer de trouver une clientèle aisée amatrice de ce type de vin. Les flux de touristes continueront donc d’augmenter suivant la dynamique actuelle. Il est également possible que le dynamisme de ces vignobles se répercute en partie sur le territoire du Chemillois.

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La dynamique actuelle voit apparaitre beaucoup de domaines en bio. Il est possible que cette offre augmente. Mais encore largement dépendante d’une demande d’acheteurs plutôt aisés, elle ne devrait tout de même pas se généraliser. Les parcelles en bio et biodynamie impactent déjà les paysages, et elles pourraient le faire encore plus si cela venait à se généraliser. Les tracteurs beaucoup moins voir plus du tout utilisés permettent aux vignes de reconquérir les coteaux (comme sur le domaine de la Treille). Les rangs de vignes sont alors laissés plus longtemps en herbe. L’ancienne pratique de l’agroforesterie aura certainement tendance à se développer, encouragée par les essais des nouveaux pionniers qui re-découvrent son intéret. L’arbre fruitier, et principalement le pêcher, fera alors doucement son retour entre les rangs de vignes. Dans le même temps, l’agroforesterie remise au gout du jour par la LPO7 aux alentours du domaine des Treilles permettra la conservation des paysages dégagés de pelouse sèches des coteaux du Layon.

II - Mise en place des paysages et rétrospective


Des pratiques de viticultures durables en hausse concrétisées par un retour de la vigne à flanc de coteaux

Vers un retour des fruitiers dans les rangs des vignes

N

Une économie dynamique, renforcée par les nombreuses dégustation aux domaines

Des AOC qui conservent leur prestige

Des vins secs qui prennent le dessus sur les moelleux

Le Layon dans les années à venir

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3. La vallée de l’Hyrôme : des potentiels paysagers pour construire un projet de territoire

La vallée de l’Hyrôme a été façonnée par l’Homme et par l’agriculture. Néanmoins, elle est aujourd’hui la composante paysagère du territoire la moins soumise à la pression agricole et économique ambiante. La rivière et ses abords sont principalement colonisés par de l’élevage, et de façon plus sporadique, par de l’habitat principal et de la location touristique. Il convient de noter que sur le plateau, l’impact des activité agricole tend à être plutôt perçu négativement, alors qu’ici il est vu comme principalement positif. En cause, la présence exclusive de l’élevage qui permet un équilibre paysager. Le bétail préserve la structure arborée existante tout en créant des espaces de prairies. De par son caractére de lien, cette rivière et sa vallée représente un potentiel paysager important pour l’avenir des territoires et de leurs paysages. L’Hyrôme est commune aux deux paysages de bocages et de vignobles. Et si les dynamiques paysagères sont relativement claires et affirmées sur ces deux paysages, celles de l’Hyrôme semblent moins explicites. C’est dans cette vallée où l’agriculture intensive a peu de prises que de nombreuses cartes peuvent être jouées pour mettre en relation devenir paysager et avenir des territoires. Potentiel sociétal, économique et écologique, des pistes pour un projet de paysage durable : Les facteurs de cadre de vie, de développement économiques et de préservation écologique sont étroitement liés au seins des paysages de l’Hyrôme. Cette vallée se caractérise par des paysages à l’esthétisme particulier, créant une identité forte, appréciés des habitants du territoire. Nombreux sont ceux qui souhaitent préserver ces caractéristiques qui représentent en partie le Chemillois. Ces même paysages sont actuellement facteurs de développement touristiques. Par la quiétude que procure la vallée et sa proximité avec de nombreux sites et randonnées touristiques, elle offre un lieu de villégiature idéal, à l’année ou à 98

la saison. Ce tourisme devrait avoir tendance à augmenter au fur et à mesure. Ce flux pourrait être profitable à la fois au Chemillois et au Layon. On notera qu’un sentier de randonnée est déjà bien implanté le long de l’Hyrôme, entre Chemillé et Chanzeaux. Malheuresement, il disparait une fois passé cette dernière commune, rongé par les propriétés privées. Des initiatives de la part des élus tentent tant bien que mal de créer une continuité piétonne jusqu’a Saint-Lambert du Lattay et le Layon. A terme, cette continuité serait nettement profitable à la valorisation de la rivière et de ses paysages. Cela renforcerait la vallée comme composante importante du cadre de vie et du tourisme sur le territoire. Au final, cette identité du territoire qui se construit à travers l’Hyrôme et sa vallée est une identité paysagère. Pour pérenniser cette identité il convient de bien assimiler que c’est l’élevage plus que tout qui la façonne. Par le développement d’un élevage de qualité via une valorisation des produits on pérennise des paysages porteurs de potentiel économique et cadre de vie. Structures de conditionnement et de vente communes, distribution en circuits courts, races Maine-Anjou sous AOP, passage en élevage extensif avec des apport principaux en foin et diminution des céréales... sont autant de possibilités à développer. De la même façon, ces paysages ont un réel potentiel écologique qu’il convient de concilier avec le système socio-économique en place et à venir. Nous verrons ici quelques exemples de ce qui pourrait être mis en place pour inscrire ces paysages dans un système socio-écologique durable et pérenne. Restreindre les intrants sur les cultures à proximité des coteaux surplombant l’Hyrôme et plus largement sur tout le bassins versan permettrait de preserver la ressource hydrique et ses écosystèmes. De la même façon, préferer les prairies naturelles au lieu des cultures céréalières afin de diminuer les pompages dans la rivière. II - Mise en place des paysages et rétrospective


Valoriser l’inventaire ZNIEFF de la rivière en une protection plus efficace, comme un ENS ou une RNR (comme c’est déjà le cas sur la réserve de Pont Barré au niveau des coteaux du Layon) permettrait une protection des paysage dans le respect de leurs dynamiques et des écosystèmes qui les composent. Ils seraient surtout valorisé et mis en avant par le biais des labels.

attractif en lien avec la rivière. Ce serait à la fois un pôle d’information touristique et pédagogique. Cette idée se trouve confortée dans le fait que l’implantation et le développement de Chanzeaux s’est fait dans le creux de la vallée, en lien avec la rivière.

Organiser des sorties pédagogiques avec des groupes scolaires ou autres, accompagné d’un botaniste, d’un écologue ou autre permettrait de conscientiser face aux enjeux d’une agriculture et d’un mode de vie durable.

Le Layon a déjà bien compris que ses paysages pouvaient être facteurs de tourismes, valoriser un cadre de vie de qualité et dynamiser son économie. Le Chemillois prend également ce chemin mais de façon plus timide. L’Hyrôme est un élément paysager primordial dans la réussite de cet objectif tripartite. Par sa transversalité dans le territoire, la vallée diffuserais cette qualité paysagère de cadre de vie, écologique et touristique (et donc économique) sur l’ensemble du Chemillois.

Enfin, si Chemillé a son jardin des plantes Médicinales et Saint Lambert du Lattay le musée de la vigne, Chanzeaux pourrait installer sur sa commune une «maison de la nature» ou «maison de la rivière», qui créerait un pôle touristique

Devenir du territoire :

Sorties pédagogiques afin de faire découvrir les écosystèmes et la biodiversité présent dans ces paysages Diminution des cultures céréalières au profit des prairies afin de restreindre les pompages dans la rivière. Preservation du cours d’eau.

L’élevage pérennisé en fond de vallée entretien des paysages plébiscités par le tourisme et par les habitants du territoire.

N

Sentiers de randonnées préservés. Continuité des chemins et balisage de Chemillé à Saint Lambert du Lattay par Chanzeaux

Valorisation des inventaires ZNIEFF en classement ENS ou RNR. Valorisation des paysages et de la vallée dans son ensemble

Rénovation du bâti historique par les nouveaux habitants au milieu d’un cadre de vie attrayant 99


Conclusion `

La refonte du système agricole est impérative dans le bocage du Chemillois. C’est un fait qui ne saurait être occulté. Si pendant longtemps l’agriculture a construit les paysages bocagers, elle tend aujourd’hui à les détruire. Le bocage peut être vu comme le reflet physique de la santé économique, sociétale et écologique du territoire. La destruction de ce paysage par le système socio-économique en place ne renvois pas à un basculement de l’économie d’une production à une autre. Il est ici question de la déstructuration de toute une société et de tout un territoire. Les vignobles du Layon ont su plus facilement amorcer la transition que chaque système de production doit prendre aujourd’hui. Plus qualitatif, moins quantitatif, sachant s’adapter aux flux de demandes qui dépassent son territoire tout en conservant son histoire et sa typicité. Construisant leurs devenirs en prenant appuis sur leurs racines, le futur des vignobles du Layon est résolument axés sur la productions de paysages à l’identité assumé. De nombreux enjeux apparaissent dès lors quant à la préservation de ces paysages. Le plus important semble être l’éducation, la transmission des savoirs paysans et la sensibilisation des nouveaux agriculteurs aux problématiques d’agriculture durable. C’est par le questionnement du système «d’habitudes», ancré dans les esprits et dans les gestes, que l’agriculture pourra construire son futur. Si ces paysages ont été pendant longtemps vecteurs de ressources matérielles - de bois, de viande et de vin - ils apparaissent aujourd’hui sous un aspect différent. Ce sont des paysages sur lesquels ont peut s’appuyer pour construire un projet de territoire. Des paysages qui peuvent valoriser une société, construire une identité, dynamiser une agriculture de qualité et pérenniser une biodiversité importante. 200 ans plus tard, ce sont encore et toujours des paysages ressources !

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II - Mise en place des paysages et rétrospective


Mots-clés : paysage - bocage - haies - arbres tétard - arbre tire-sève - agriculture - élevage - bovins - céréaliculture - viticulture chenin blanc - coteaux - rivière - Mauges - Layon - Hyrôme - Chemillé - Chanzeaux - Saint Lambert du Lattay - rural artisanat - Histoire - devenir

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Annexes Rencontre avec Jean-Claude Besnard, agriculteur laitier en bio, et sa femme, Rose-Marie Lors de son installation en 1995, certains voisins ne se montrent pas particulièrement accueillants. « Vous vous en sortirez jamais. », « Dans quatre ans on reprend tout ». 20 ans après il est toujours là, et malgré quelques moments plus compliqués que d’autres, l’exploitation est rentable. Avec son associé, Etienne Cesbron, ils ont formé le Gaec du Kozon. En plus d’autres avantages à s’associer, notons qu’ils travaillent chacun qu’un weekend sur deux. Pour lui, travailler en bio c’est rapidement imposé, après avoir cultiver un temps en conventionnel. « Un choix de vie, le choix de regarder les choses autrement. Un choix d’alimentation, de production ». Il se souvient encore d’un article de journal, paru en 1981, qui expliquait comment l’on pouvait être rentable en produisant du lait juste en nourrissant son troupeau avec du foin. A l’époque de l’industrialisation à tout va, de la mécanisation, des engrais, des farines et de l’explosion de la production de maïs, c’était une aberration totale pour tout le monde. Avec ses deux exploitants, le GAEC produit 200 000 L de lait par an. Un exploitants seul en conventionnel produit entre 4 et 500 000 L / ans. Malgré cela le seuil de rentabilité est atteint. En effet, les sommes dépensées aujourd’hui pour les cultures conventionnelles sont bien plus elévée. « Ce n’est pas du tout la même conduite d’élevage, elle est plus simple, plus naturelle que le conventionnel ». Pour beaucoup cette méthode sort tellement du système qu’il la trouve bien plus compliquée. Il note une forte pratique d’exclusion de la part de celui qui fait différemment, qui ne rentre pas dans le moule du système agricole « classique ». Alors « qu’il y a autant de façon de faire qu’il y a d’agriculteurs. » Par exemple, il laisse ses vaches vêler selon des cycles naturels. Les veaux naissent donc de façon aléatoire. Dans le système conventionnel, il y a des périodes de vêlage, afin d’avoir des périodes de naissances groupées, pour ensuite garder une troupeau homogènes, donner les même médicaments, même quantité de foin et céréales à tous les veaux, etc.. J. C. Besnard doit s’adapter à ces différences, « c’est une habitude à prendre ». Cela lui permet aussi d’être plus attentif à chaque naissance. Toujours selon lui, la haie n’a jamais cessé d’être arrachée. Elle continue, encore et toujours de disparaitre. « Un fermier est décédé il y a quelque mois, il avait un champ avec des arbres au milieu. Ceux qui ont repris les ont immédiatement arrachés. »

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Entretien avec Jean Pierre Body, maire de Chanzeaux, membre de la commission environnement des Mauges, agriculteur laitier conventionnel. Pour lui, l’Hyrôme est une rivière de qualité. Et c’est vrai qu’elle est classée 1ère catégorie. « C’est une rivière sauvage, bien plus que le Layon, qui lui a été fortement canalisé au milieu du XXème, beaucoup trop. » De façon général l’élevage est plutôt en baisse sur le territoire. Mais l’Hyrôme à l’avantage d’être escarpée et n’a jamais été mises en culture. Pas de suppression des zone humides, pas de remembrement, pas d’ouverture de grands champs. C’est resté totalement dédié à l’élevage. « l’Hyrôme a un potentiel paysager important » même si « l’entretien » manque. Au risque que la vallée s’enfriche et redevienne une forêt. Comment perçoit-il les paysages alentours ? Il répond sans hésiter : « Ce sont des paysage exceptionnels. il y a tout les changements de couleurs en fonction des saisons. Ce sont des endroits parfaits pour s’imprégner de la nature, ils sont encore naturels. Il faut vraiment préserver l’élevage pour préserver les paysages, les vallées. Mais il faut aussi permettre à tout un chacun d’en vivre. » « Aujourd’hui c’est une agriculture pour produire et pour protéger [qui doit être mise en place] » affirme t’il. Lorsqu’on aborde les actions qui se mettent en place pour valoriser les productions du territoire, il regrette « que certaines actions en terme d’économie circulaire sur Chemillé en Anjou ne se mettent pas en place plus rapidement.» De la même façon : « le tourisme à sa place à jouer sur le territoire. Il faut plus de chambre et tables d’hôtes...» Il se souvient aussi de l’époque où les chevaux étaient une richesse. Des connaissances précieuses étaient nécessaires pour les guider dans les travaux des champs. La vigne demandait beaucoup de chevaux avant l’arrivé de la mécanisation. A l’évocation des fruitiers vu dans les rangs de vignes du Layon, il se souvient combien les pêchers d’autrefois pouvaient être génant: « On rouspétait tout le temps lorsqu’on passait avec le cheval et le soc, il ne fallait pas toucher au pêcher entre les rangs »

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Ce travail n’aurait pas été possible sans eux : Merci à Bernard Davasse, enseignant référent tout au long de ce projet, pour les conseils et remarques qu’il a su m’apporter. Merci à Hervé Goulaze, qui s’est rendu disponible tout au long du semestre pour m’accompagner dans la construction de ce document. Merci à Cedric Bourez, viticulteur à Beaulieu-sur-Layon, et Geoffroi Cocard, viticulteur à St Lambert du Lattay, qui ont tout deux interrompu leurs travaux pour prendre le temps de échanger avec moi. Merci à Jean-Pierre Body, maire de Chanzeaux et agriculteur, avec qui j’ai pu échanger à propos des paysages de sa commune. Merci à Jean-Claude Besnard, agriculteur, et sa femme Mme. Rose-Marie, pour leur accueil ainsi que pour la qualité de l’échange qui a suivi. Merci à Samuel Sachot, formateur arboriculture à l’ESA d’Angers et formateur en permaculture au sein de l’association Horizon Bocage, pour sa disponibilité et la pertinence des informations qu’il m’a communiquées. Merci à Vincent Brouard pour nos échanges sur l’histoire du territoire lors d’une promenade le long de l’Hyrôme. Merci à Etienne Davodeau qui m’a permis de joindre l’utile à l’agréable en lisant ses bd de grandes qualitées Merci à ma mère qui a été un soutien logistique indéféctible et m’a accompagnée par moments dans ces paysages de bocage et de vignes. Merci à mon père, pour l’aide qu’il a su m’apporter tout au long de cette realisation. Merci à Zacharie Chauvet, ami de longue date et ancien étudiant de l’école aujourd’hui diplomé, pour m’avoir conseillé tout au long de cette recherche. Et enfin, merci à mon amie, qui m’a soutenue et m’a supportée tout au long de ce travail.

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Bibliographie Ouvrages « ANJOU, Cadre naturel, Histoire, Art, Littérature, Langue, Economie, Traditions populaires ». Par R. Favreau J.-L. Marais, G.R.E.A., G. Guillaume, G. Cesbron, R. Brossé, J. Jeanneau, J.-R. Bertrand. Christine Bonneton editeur. Ouvrage traitant de l’Anjou en général, de façon quasi-exhaustive.

« Le bas-bocage Vendéen, au pays de la châtaigneraie ». Par Elodie Bétard. Médiathéque de l’ENSAP, Bordeaux, juin 2013. Un « 100 ans de paysages » traitant un territoire adjacent avec certaines caractéristiques similaires.

« Itinéraires de promenades et de randonnées du canton de Chemillé ». Collections « Les Mauges en marche » , tome 7. Conception/coordination : Carrefour des Mauges - CPIE Loire et Mauges. Texte de T. Charrier et photographies de D. Drouet Un livret recensant des itinéraires de marches sur le territoire

«La vie quotidienne du Chemillois, de 1900 à nos jours», Maryline Chassaing, 1998. Un ouvrage spécifique au Chemillois traitant de différents sujets

« Les ignorants. Récit d’une initiation croisée », Etienne Davodeau. Edition Futuropolis, 2011. Une bande dessinée / reportage à propos d’un viticulteur du Layon

« Rural ! Chronique d’une collision politique » par Etienne Davodeau. Edition Delcourt, 2001. Une bande dessiné / reportage à propos d’un GAEC d’agriculteurs en bio sur la commune de Chanzeaux.

« Au fil de l’Hyrôme et de ses affluents », par Victor Bouyer. Edition Hérault, 2003. Un ouvrage sur la vallée de l’Hyrôme et ses activités.

« Chanzeaux, village d’Anjou ».Par Laurence Wylie. Edition Gallimard, Collection Témoins. Une thèse de sociologie rédigée par un enseignant de Harvard à propos de Chanzeaux

« Réserve Naturelle - COTEAUX DU PONT BARRE. Sur les pas du chanoine Corillion » et «Les coteaux du Pont-Barré. Patrimoine naturel, géologique et historique». Par la LPO Anjou. Brochures explicatives des milieux écologique et de l’histoire de la RNR

Sites et documents internets Brouard, Emmanuel. « L’élevage dans le Maine-et-Loire au xixe siècle, Abstract ». Histoire & Sociétés Rurales 29, no 1 (2008): 95‑131. Augereau, Pierre-Louis. Les secrets des noms de communes et lieux-dits du Maine-et-Loire. Editions Cheminements, 2004. http://infoterre.brgm.fr/rapports/86-SGN-502-GEO.pdf http://ficheinfoterre.brgm.fr/Notices/0484N.pdf. 105


http://www.paysages.pays-de-la-loire.developpement-durable.gouv.fr « Archives départementales de Maine-et-Loire: Dictionnaire historique de Maine-et-Loire ». https:// www.archives49.fr/acces-directs/archives-en-ligne/dictionnaire-historique-de-maine-et-loire/. « Bocage Info09 - La haie des mauges un patchwork vegetal ».

https://missionbocage.fr/bocageinfo/Bocage%20Info09%20-%20La%20haie%20des%20mauges%20un%20patchwork%20vegetal.pdf.

« Carte d’identité de Chemillé ».https://www.chemille-en-anjou.fr/carte-didentite-de-chemille/. « Chemillé, capitale des plantes médicinales ». https://www.ouest-france.fr/pays-de-la-loire/chemille-capitale-des-plantes-medicinales-4423661.

« Mauges Communauté (49) - Site officiel du syndicat mixte ».

http://www.maugescommunaute.fr/index.php?module=Contenus&tid=2&filter=pub_category^sub^843&category=843.

« Conduite et exploitation de la vigne - Connaître - Val de Loire patrimoine mondial ». https://www.valdeloire.org/Connaitre/Decouvrir/La-vigne/Conduite-et-exploitation-de-la-vigne.

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« PLU-CEA_synthese-diagnostic.pdf ». https://www.chemille-en-anjou.fr/medias/2016/07/PLU-CEA_synthese-diagnostic.pdf. Poirier, Louis. « Bocage et plaine dans le sud de l’Anjou ». Annales de géographie 43, no 241 (1934): 22‑31. https://doi.org/10.3406/geo.1934.10384 « Essai sur la morphologie de l’Anjou méridional (Mauges et Saumurois) ». Annales de géographie 44, no 251 (1935): 474‑91. https://doi.org/10.3406/geo.1935.11159 « Portail de données communales DREAL Pays de la Loire ». http://www.donnees.pays-de-la-loire.developpement-durable.gouv.fr/

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« Projet-PAGD.pdf ». http://layonaubancelouets.fr/wp-content/uploads/2017/02/Projet-PAGD.pdf. « Projet-rapport-environnemental.pdf ». mental.pdf.

http://layonaubancelouets.fr/wp-content/uploads/2017/02/Projet-rapport-environne-

« Protections patrimoniales et archéologiques ». https://carto.sigloire.fr/1/n_sup_patrimoine_archeologie_r52.map. « race bovine Maine Anjou ». http://www2.agroparistech.fr/svs/genere/especes/bovins/Maineanj.htm. « Rapport-presentation.pdf ». http://layonaubancelouets.fr/wp-content/uploads/2017/02/Rapport-presentation.pdf. « Revues HSR ». http://www.histoire-et-societes-rurales.org/revues-hsr.php?search=true&annee=&mot_cle=maine+et+loire. ROCHELET, Séverine. « Appellation d’Origine Contrôlée COTEAUX DU LAYON ». Office de tourisme Saumur Val de Loire. https://www.ot-saumur.fr/Appellation-d-Origine-Controlee-COTEAUX-DU-LAYON_a16394.html. 107


Rousselle-Touchard, Mireille. « Viticulture et agriculture de six communes de la Vallée du Layon ». Norois 44, no 1 (1964): 460‑63. https://doi.org/10.3406/noroi.1964.1505. « Saint-Lambert-du-Lattay — Wiki-Anjou ». https://www.wiki-anjou.fr/index.php/Saint-Lambert-du-Lattay. « Schéma d’aménagement et de gestion des eaux ». http://layonaubancelouets.fr/wp-content/uploads/2017/02/AP-n%C2%B0-20-du-30-01-17.pdf.

« toponymie ». http://moulins-sur-le-meu.e-monsite.com/pages/toponymie.html. « Trie (vendanges par tries successives) ». Dico du vin, le dictionnaire du vin (blog), https://dico-du-vin.com/trie-vendanges-par-tries-successives/.

« UP_de_Maine-et-Loire.pdf ». http://www.paysages.pays-de-la-loire.developpement-durable.gouv.fr/IMG/pdf/UP_de_Maine-et-Loire.pdf.

« Vins du Layon — Wiki-Anjou ». https://www.wiki-anjou.fr/index.php/Vins_du_Layon. « zh_haies_chemille.pdf ». https://www.chemille-en-anjou.fr/medias/2016/07/zh_haies_chemille.pdf

Pour les scénarios prospectifs Bellanger, Camille Gillet et Elisa. « La consommation de viande en France baisse depuis la fin des années 1990, sauf celle de volaille ». Le Monde.fr, 11 septembre 2017. « Produits phytosanitaires : en commission, les députés enrichissent le projet de loi agricole ». Actu-Environnement. https://www.actu-environnement.com/ae/news/produits-phytosanitaires-loi-agricole-glyphosate-neonicotinoides-indemnisation-30960.php4.

« PROJET DE LOI ». http://www.assemblee-nationale.fr/15/textes/0627.asp#D_Article_14. « L’eau, une source de conflits entre nations ». https://www.cnrs.fr/cw/dossiers/doseau/decouv/mondial/05_eau.htm.

Cartographie Carte IGN Série Bleue 1/25.000 «Thouarcé-Valanjou» 1523 SB - Editée en 2017 Carte IGN Série Bleue 1/25.000 «Valanjou» 1523 ouest - Editée en 1986 www.geoportail.gouv.fr www.remonterletemps.ign.fr www.google.fr/map

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A noter :

Les photos et les dessins non-légendés ou sourcés dans le documents sont mes réalisations personnelles et doivent être considérés comme tels. Les cartographies ont été réalisées d’après les sources précédement citées.

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MĂŠmoire de recherche 100 ans de paysage - Simon Desprat - Juin 2018


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