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La revue des papiers électroniques et des médias intelligents la
dossiEr : lE saVoir-FairE FranÇais CONVERGENCE ET MOBILITÉ
Numéro zéro • spécial salon • octobre 2009
SOMMAIRE Éditorial – Éric Le Ray Ph.D. Présentation du papier électronique : Révolution de société, révolution de support Présentation de notre société EPC @ Partners Le programme du colloque du 12 mars 2009 au CNAM Tables rondes du colloque du 12 mars 2009 Le forum E-PaperWorld du 30 septembre et du 1er octobre 2009 à Montréal Le Forum professionnel de Montréal face à un double défi – Aline Santin De l’imprimé au papier électronique – Éric Le Ray Ph.D. Le livre meurt-il ? – Yvan Carel L’avenir du papier dans le papiel ? – Éric Le Ray Ph.D. Livres électroniques : la France en pôle position en europe – Lorenzo Soccavo L’économie au fil du rasoir – Guy Millière Sommaire du numéro 1 de la revue Placement publicitaire et tarifs
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édito Création d’unObservatoire international des papiers électroniques et des médias intelligents (OPEMI) Éric Le Ray Ph.D. En juin 2007, quelques mois avant la fin de mon second post-doctorat au nouveau Centre intégré en pâtes et papiers (CIPP), à la Chaire de recherche industrielle Quebecor sur l’impression et la communication graphique de l’Université du Québec à Trois-Rivières, j’ai décidé de fonder une société individuelle Papier électronique et Communication, EPC @ Partners, afin de poursuivre mes recherches de veille autour de l’émergence d’un nouveau support de communication révolutionnaire : le papier électronique. Ce papier ou « papiel » a l’ambition de remplacer le papier bois qui depuis le XIXe siècle domine le marché et la civilisation de l’imprimé qui est apparue au XVe siècle. Celle de l’électronique avec l’informatique, Internet et l’ordinateur individuel, a émergé après la Seconde Guerre mondiale grâce à l’électricité, une source d’énergie apparue, elle, au XIXe siècle. Elle se prolonge naturellement vers des interfaces de lecture intelligentes, mobiles et convergentes afin de servir l’évolution sociale, conséquence de l’expansion des valeurs de la modernité. En 2009, à peine plus de trente ans nous séparent des premières recherches autour du papier électronique. La progression de ce secteur et de ses lecteurs sur le marché des communications et des nouveaux médias est estimée à 30 ou 40% par année depuis 2007. Depuis les premières applications industrielles associées au journal Les échos en France en septembre 2007, en Europe, ou à Amazon aux États-Unis en octobre de la même année avec son lecteur Kindle, la progression de ce secteur est fulgurante. Nous assistons en effet à une guerre des lecteurs et des standards avec en perspective le remplacement du papier comme support de lecture dans l’édition et la presse, [qui seront ?] les premières
victimes de ce nouveau support de connaissance et de savoir ou simplement véhicule de données ou d’informations. Le modèle de la presse Gutenberg, où l’on imprime et l’on diffuse l’information, se fait remplacer par le processus inverse. On diffuse pour imprimer ensuite. C’est le secteur de l’impression numérique qui devrait récupérer plus de 50% du marché de l’impression traditionnelle d’ici 2020 et non 2050. Mais alors, que l’impression traditionnelle autour de l’offset, qui remplaça la typographie, se fait remplacer inexorablement par l’impression numérique, un troisième modèle apparaît qui ne laisse pas le temps aux deux premiers de se stabiliser. Le cycle des révolutions et des changements s’accélère au contraire du modèle de la presse de Gutenberg qui mis plus de cinq cents ans pour évoluer vers la rotative et les médias de masse au XIXe siècle. Cette évolution est à l’image de la révolution individuelle qui a ses racines dans la période gréco-romaine, de l’apparition de la philosophie, avec les conséquences technoscientifiques que l’on connaît en Occident. Trois révolutions industrielles : celle du Moyen Âge, celle du XIXe siècle et celle d’aujourd’hui qui s’oriente vers une société post-industrielle où la connaissance, les ressources humaines et l’individu sont au centre de notre société et des révolutions technologiques. Nous entrons dans une autre dimension et c’est cette dimension que nous voulons explorer en créant un Observatoire international des papiers électroniques et des médias intelligents (OPEMI). Avec EPC @ Partners, cet observatoire prendra en charge, grâce à la création d’une maison d’édition, EPC édition, la publication d’ouvrages, de rapports, notre revue E-PaperWorld magazine et l’organisation du salon professionnel E-PaperWorld associé à des rencontres ponctuelles ou des colloques.
Membres (par cooptation) : • Éric Le Ray (AE) - EPC • Franck Ferrandis (AE) EPC Europe • Pascal Delepine (AE) L’Express / EPC Europe • Bruno Santin (AE) Groupe Les Echos • Olivier Delteil Groupe Les Echos • Patrick Duchemin (AE) École Estienne • Jacques Angelé - Nemoptic • Michael Irzyk - Nemoptic • Lorrenzo Soccavo Prospectiviste • Herve Bienvault (AE) - Aldus • Clément Monjou - ebouquin.fr • Charles Tijus - Lutin • Thierry Baccino - Lutin • Hamid Bessaa - Lutin doctorant • Juergen Luedorf EPC Allemagne • Abraham Alvarez EPC Amerique du sud • Gilles Lucas - EPC Canada • Ivan Carel - EPC Canada • Pascal Genet (AE) - EPC Canada • Patrice Mangin - CIPP - UQTR • Jean-Paul Lafrance - UQÀM • Pierre Léonard Harvey - UQÀM • Éric Lampron - SpinPartners • Guy Millière - économiste La septième dimension • Guillaume Monteux - Milibris • Olivier Marteaux - EPC Europe • Jian Yan Wang - EPC Asie • Qingzhou Yang - EPC Asie • Yijia Ouyang - EPC Asie
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E-PaperWorld Présentation du papier électronique :
RÉVOLUTION DE SOCIÉTÉ, révolution de support L’arrivée du papier électronique (papiel) fait en sorte que toute la chaîne graphique est désormais numérisée. Le papier était le dernier maillon de cette chaîne à passer au numérique. C’était le dernier goulet d’étranglement à empêcher l’apparition d’un système technique entièrement numérique, capable de répondre à l’émergence de nouveaux usages de communication reliés à la convergence des supports autour d’Internet. Un nouveau système technique se met donc en branle, avec un nouveau modèle économique, une nouvelle culture dotée d’un nouveau langage et de nouveaux métiers. Ce processus a débuté au niveau du secrétariat et de la photocopieuse, pour ensuite donner naissance à la reprographie puis à l’impression numérique, parallèlement au développement de l’offset par rapport à la typographie, et enfin à l’informatisation de la société. L’imprimé sous forme analogique coexiste donc avec le processus de numérisation issu de la révolution du « tout en un « numérique. En fait, trois modes de production coexistent avec trois temps technologiques différents : celui de l’imprimé traditionnel ; celui de l’imprimé associé au numérique et à Internet, avec impression sur demande et le zéro stock ; enfin celui du « tout électronique «. Dans le temps, on imprimait et on diffusait les données. Aujourd’hui, on diffuse et on imprime « éventuellement « ces données. Le papier électronique annonce la fin de la nécessité d’imprimer et devient l’interface finale d’un processus entièrement électronique. Ce nouveau support entraînera la disparition de la forme traditionnelle associée à l’impression, mais pas celle de la diffusion des données. La forme changera, mais le fond, lui, ne changera pas. Comme le dieu de la mythologie grecque Hermès, dieu du commerce, messager des dieux, un médiateur sera toujours nécessaire. Tel le Phénix, il meurt pour renaître sous une forme différente constamment, éternellement. Le besoin d’information, qu’il s’agisse d’en recevoir ou en diffuser, est le moteur de l’innovation, de l’adaptation de l’homme par rapport à la nature, et aujourd’hui à la culture, c’est-àdire dans ces relations avec les autres individus.
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Les imprimeurs, pour rester dans le tempo, doivent d’abord redéfinir leur fonction et y intégrer l’évolution des supports de communication. À chaque étape dans l’histoire, indépendamment du contexte social, économique ou politique, toute nouvelle situation provoque l’émergence de nouvelles fonctions, de nouveaux
métiers et de nouvelles ruptures technologiques. Le pouvoir du geste, de la parole et de la mémoire orale, associé à la communication directe, a laissé place au « Maître d’écriture « et à la communication indirecte. C’est la naissance de l’histoire et de la mémoire sans les hommes, associée au « Maître imprimeur » et au « Maître de l’image » aujourd’hui. Le « Maître de l’image» doit pouvoir gérer toute la diversité des supports de communication et d’expression « multimédiatique « et remettre l’homme dans les conditions de la communication directe orale. L’écriture est aussi une image, mais le sens qu’on lui donne a évolué. Aujourd’hui, l’hypertexte, l’interaction symbolique, Internet, le son, tout comme la vidéo, s’approchent du modèle ultime de communication, soit celui de la reproduction de la communication humaine et des capacités naturelles de l’homme à communiquer. La convergence et la mobilité tenteront d’imiter l’homme et sa capacité à contrôler ou à maîtriser le temps et l’espace en même temps, spontanément. Le modèle ultime reste celui du cerveau humain et des différents sens qu’il réunit autour de la conscience, en fonction d’objectifs précis. Ce modèle se traduit techniquement aujourd’hui par une convergence technologique, permise par l’émergence du numérique. Celui-ci abattra les frontières entre les métiers, les savoir-faire et les technologies, tout en tentant d’acquérir cette capacité naturelle de l’homme à communiquer.
LE PAPIER ÉLECTRONIQUE ENTRE LE PAPIER IMPRIMÉ ET L’ÉCRAN PLAT « Ce que l’on cherche à obtenir du papier électronique, nous explique Jacques Angelé1, directeur des programmes technologiques chez Nemoptic, société fondée en 1998, c’est qu’il conserve l’information indéfiniment sans nécessiter d’alimentation électrique, comme pour le papier classique ». La société E-Ink est la plus connue, mais depuis les premiers essais de Nick Sheridon, qui a inventé au début des années 1970 pour Xerox le premier papier électronique réutilisable, le Gyricon, plusieurs papiers électroniques ont vu le jour. D’autres technologies ont cependant suivi et se développent rapidement.
Il existe en fait, pour l’instant, deux familles technologiques de cette mécanique virtuelle pour procédé d’affichage. La première, associée à la société E-Ink, est celle des technologies à particules (dites électrophorétiques) utilisées par Bridgestone (Japon), SiPix (Taïwan), Plastic Logic (Royaume-Uni), le lecteur de Sony et celui d’iRex en France (pour le journal Les Échos et la société Orange), et aux États-Unis le lecteur d’Amazon, Kindle 1, 2 et DX. L’autre est fondée sur les cristaux liquides et est utilisée par Nemoptic (France) et l’américain Kent Displays (États-Unis). Elle est, en grande partie, le résultat des travaux de Pierre-Gilles de Gennes avec le Groupe d’Orsay, des chercheurs de l’Université d’Orsay et du CNRS, qui ont établi l’essentiel de la physique des cristaux liquides. Les chercheurs ont déposé les brevets à l’origine de la technologie BiNem, menant à la création de Nemoptic. Celle-ci est la seule société française à élaborer son propre lecteur interactif, muni d’un écran e-paper Nemoptic, destiné à la lecture de journaux ou de livres, nommé SYLEN. Contrairement à E-Ink qui, nous explique Jacques Angelé, doit encapsuler le matériau électrophorétique pour conserver une bonne résolution, au prix d’ailleurs d’une certaine baisse de contraste, Nemoptic utilise une couche uniforme de cristal liquide « bistable » déposée entre deux substrats. L’originalité de cette technologie, c’est qu’elle dispose d’un effet mémoire, obtenu grâce au développement par Nemoptic de cristaux liquides et de matériaux d’alignement bistables spécifiques. Le cristal liquide peut présenter deux textures (uniforme ou tordue), que l’on fait commuter à volonté pour afficher du noir ou du blanc. L’affichage persiste quand on coupe l’alimentation : c’est le principe de base du papier électronique. Chaque technologie a ses avantages et ses inconvénients, en particulier en ce qui a trait aux proces-
sus industriels. Les enjeux sont considérables, car d’après une étude d’iSuppli2 parue le 9 juin 2008, Kindle est seulement le commencement3. Le commerce des écrans flexibles va exploser d’ici 2013. Les analystes avancent que le Global Flexible Display Revenue Forecast passera de 80 000 000 $US en 2007, à 2 800 000 000 $US en 2013. Pour Fernand Baudin4, peu après la Seconde guerre mondiale, Louis Moyroud et René Higonnet (19021983) ont introduit dans l’écriture mécanisée un bouleversement comparable à celui que Gutenberg provoqua vers 1440, en remplaçant l’encre et la plume par l’encre et le plomb. Ils ont remplacé la plume et le plomb par la lumière, soit un système fondé sur le mariage de la photographie ultrarapide et du calcul binaire. Cette véritable révolution a amorcé dans l’histoire de l’écriture mécanisée un processus que les physiciens nucléaires connaissent depuis 1938 sous le nom de « dématérialisation ». Pour Henri-Jean Martin(5), cette invention marque le passage de la mécanique à l’électronique dans le domaine typographique. Toutefois, selon nous, les racines de cette dématérialisation remontent au XIXe siècle, soit au début de l’application de la photographie à la lithographie. Maximilien Vox, visionnaire et fondateur des « Rencontres internationales de Lure » en 1952 et du magazine Caractère en France, avait alors annoncé la « mort de Gutenberg ». Nick Sheridon, ingénieur au centre de recherche de Xerox à Palo Alto vers 1970, et Pierre-Gilles de Gennes, avec le Groupe d’Orsay de 1990 à 1995, vont peut-être lui donner enfin raison en donnant à la lumière un nouveau support. (1) J érôme Bouteiller, interview, Jacques Angelé, l’essor du papier électronique est inéluctable [www.neteco.com], 19 janvier 2007. (2) « Flexible Display Market to Expand by Factor of 35 from 2007 to 2013 » [http://www.isuppli.com/news], 9 juin 2008. (3) David DeJean, « The future of e-paper : The Kindle is only the beginning », ibid. (4) F ernand Baudin, « L’effet Johnston », dans Elly Cockx-Indestege, F. Hendrickx et C. Coppens, E Codicibus Impressisque : Opstellen Over Het Boek In de Lage Landen Voor, Louvain, Peeters, 2004, p. 601-630. (5) H enri-Jean Martin, « Préface », dans Alan Marshall, Du plomb à la lumière, Paris, Éditions de la Maison des Sciences de l’Homme, 2003, p. 19.
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Le Bureau des anciens d’Estienne depuis avril 1999 : Franck Ferrandis (VP), Bruno Santin, Dominique Garrigues, Claude Dervailly, Cyril Ponti, Pascal Delepine, Claire Quinard, Éric Le Ray
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Présentation de la société EPC @ Partners
E-PaperWorld NOTRE MÉTIER, NOS SERVICES LA VALORISATION TECHNOLOGIQUE EPC @ Partners est une société fondée autour du papier électronique et de l’évolution des médias, de l’imprimé à l’écran électronique, vers la convergence et la mobilité. L’objectif est d’accompagner l’évolution industrielle de ces divers médias vers la nouvelle économie post-industrielle. Nous voulons en comprendre les mécanismes et les implications, afin d’expliquer cette évolution aux professionnels de l’édition et de la presse, aux professionnels de l’imprimé et des médias traditionnels, aux institutions publiques et privées, et enfin aux particuliers. EPC @ Partners est une société qui offre des services de veille technologique, de recherche et de développement scientifique et technique. Par ailleurs, grâce à une expertise relative aux métiers de la chaîne graphique, elle propose des services d’analyse quant au processus de dématérialisation des données, du support imprimé au support électronique. EPC @ Partners propose également l’organisation d’événements, tels des colloques ou des salons professionnels, offre des services de régie publicitaire et/ou connexes (relations publiques, agences d’achat de médias, représentants de médias, publicité par affichage, publipostage, distribution de papier et de livres électroniques, de matériel publicitaire, distributeurs de publicité), mais aussi des services de représentation de produits liés aux secteurs des industries et des communications graphiques. Elle offre enfin tous les autres services liés à la publicité, ainsi que la création de supports d’information par rapport à l’évolution du papier électronique sur les marchés nationaux et internationaux.
SERVICES ET PÔLES DE VALORISATION TECHNOLOGIQUE 06
EPC @ Partners, entreprise de l’ère du numérique et des réseaux, met à votre disposition les
compétences de son fondateur mais aussi celles d’un réseau étendu de consultants associés dans le domaine de l’imprimé et du papier électronique, qui peuvent contribuer à votre adaptation aux nouvelles règles du marché.
CONSEILS SUR ÉVOLUTION DE LA CHAÎNE GRAPHIQUE, DE L’IMPRIMÉ AU NUMÉRIQUE •A ccompagnement dans la dématérialisation de la chaîne graphique et le transport des données • Spécialistes et experts de la chaîne graphique, de l’imprimé au papier électronique • Étude sur demande
REPRÉSENTATION DE MARQUES POUR COMMERCIALISATION • Distribution de livres électroniques • Représentation de produits pour le secteur des industries et des communications graphiques
ÉVÉNEMENTS ET SALONS •C oncepteur de salons professionnels, ayant pour objet le papier électronique et le processus de numérisation : E-PaperWorld, Assises internationales de l’imprimé et du livre électronique • Animateur et concepteur de manifestations, portant sur le papier électronique
PUBLICATIONS • Éditeur, Création de supports multimédia d’information électronique, Revues, Magazines, Infolettres
VEILLE, RECHERCHE & DÉVELOPPEMENT, RECHERCHE DOCUMENTAIRE SUR LES THÉMATIQUES ÉMERGENTES PORTANT SUR LE PAPIER ET LES ÉCRANS ÉLECTRONIQUES • Veille technologique (e-paper, papiel, papier électronique) • Marchés, zones géographiques, constructeurs de papier et de livres électroniques • Documentation
NOS PROJETS • Réaliser des études sur l’évolution des technologies de l’information et des communications, sur les discours épistémologiques sur les médias, en fonction des évolutions technologiques • Tracer le portrait d’entrepreneurs de médias et d’entreprises médiatiques • Rencontres professionnelles et universitaires dans l’espace francophone • Développement d’un site Internet dédié au papier et au livre électroniques • Création d’une revue E-PaperWorld Magazine, de lettres spécialisées périodiques (par abonnement) et d’une infolettre associée à une démarche de veille technologique régulière • Accompagnement de la diffusion du papier électronique et de ses différentes déclinaisons dans l’espace francophone et au niveau international • Étude de l’impact sur l’industrie du papier et le monde des publications, édition, presse quotidienne, magazines • Étude sur les applications dans le monde scolaire et de l’éducation • Développement d’une expertise sur le nouveau modèle économique et de gestion
NOS RÉALISATIONS • Recherche post-doctorale : Chaire de recherche du Canada en histoire du livre et de l’édition à l’Université de Sherbrooke, Chaire de recherche industrielle Quebecor sur l’impression et la communication graphique du nouveau Centre intégré en pâtes et papiers de l’Université du Québec à Trois-Rivières • Colloque franco-canadien : La Bataille de l’imprimé à l’ère du numérique (septembre 2006) et le futur du média imprimé , dans le cadre du carrefour de la recherche forestière (septembre 2007), au Palais des congrès de Québec • Livre sur La bataille de l’imprimé à l’ère du papier électronique, aux PUM (novembre 2008) • Organisation du colloque La Bataille de l’imprimé à l’ère du papier électronique, convergence et mobilité (12 mars 2009) au CNAM à Paris • Livre sur Le fondateur de la presse moderne, Marinoni (1823-1904), à Paris, chez l’Harmattan (2009)
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Colloque
LA BATAILLE DE L’IMPRIMÉ À L’ÈRE DU PAPIER ÉLECTRONIQUE CONVERGENCE ET MOBILITÉ - 12 mars 2009 au CNAM LANCEMENT DU LIVRE « LA BATAILLE DE L’IMPRIMÉ À L’ÈRE DU PAPIER ÉLECTRONIQUE » (PRESSES DE L’UNIVERSITÉ DE MONTRÉAL)
organisé par
Disponible chez votre libraire (diff. : TOTHEMEs). Pour s’inscrire au colloque : 01 40 19 05 36 ou par courriel : pascaldray@gmail.com
EPC @ Partners-Canada – siège
Papier électronique & Communication Président fondateur, CEO : éric Le ray ph. d.
Publicité - R & D - Valorisation technologique 8559, Av. Henri Julien - MOntréal, QC,CANADA, H2P 2j6 Tél. : (001) 514 383 68 68 - Cell. : (001) 514 605 03 92 Courriel : electronicpapercom@sympatico.ca Blog : http://electronicpapercommunication.blog.20minutes.fr
Programme
• André Guillerme, directeur de la Chaire en histoire des techniques du CNAM • Gérard Emptoz : prof. émérite d’histoire des techniques de l’Université de Nantes • Minh-Son Nguyen, consultant en nouveaux médias et édition numérique, ancien directeur du projet Livre Electronique chez Havas/Vivendi Universal Publishing de 1999 à 2003.« L’arrivée du papier électronique en France, de E-Ink au e-paper
9h30 – 11h45
1ère TABLE RONDE : LE LIVRE DANS LA TOURMENTE ÉLECTRONIQUE • Président : Lorenzo Soccavo, Prospectiviste du livre et de l’édition • Frédéric BARBIER, historien du livre, EPHE, IV section Histoire et civilisation du livre • Michael Dahan, directeur du développement, fondateur, Le Cybook de Bookeen • François Gerber, directeur des activités numériques pour la FNAC • Constance KREBS, éditrice multimédia (Constance Krebs éditions) • Fred GRIOT, auteur, co-directeur des éditions Publie.Net « le contemporain s’écrit numérique ». • Pierre-Henri Colin, responsable de l’offre e-paper - 4Dconcept diffuseur produits iRex en France • Stéphanie van DUIN, directeur Business
Courriel : pascaldray@gmail.com
développement chez Hachette livre, présidente de la commission sur le numérique pour le Syndicat National de l’Edition
9h00 – 9h30
INTRODUCTION : éRIC LE RAY Chercheur associé au laboratoire de communautique appliquée au département de communication sociale et publique et de l’UqAM
EPC @ Partners - Europe C/O Pascal Dray Directeur des finances et du développement 16, rue Hénard - 75012 Paris Tél. : 01 40 19 05 36
11h45 – 12h00
Session de découverte : technologies orientées lecteurs • Guillaume MONTEUX, Président fondateur miLibris (outils logiciels et plateforme de diffusion multicanal et multi terminal à valeur ajoutée)
12h00 – 14h00
2e TABLE RONDE : LA PRESSE DANS LA TOURMENTE ÉLECTRONIQUE • Président : Patrick Eveno, historien de la presse, Maître de conférences Institut d’histoire économique et sociale • Philippe Jannet, Président directeur général, Le Monde interactif, (ancien Directeur Général Internet et développement numérique à l’origine du projet e-paper des Echos ) • Olivier Delteil, responsable du Business Development – Groupe Les Echos • Bérengère Arnold France Télécom Orange, Read&Go • Corinne Denis, Directrice des éditions électroniques, Groupe Express ROULARTA • Pierre Haski, directeur de la publication Rue89 Pause entre 14 h 00 et 14 h 30
14h30 – 16h00
3e table ronde : l’imprimé dans la tourmente électronique • Président : Philippe Queinec ancien
CNAM
292, rue Saint Martin - 75003 Paris Tél. : 01 40 27 23 15 (Loge) Métros : Arts et Métiers ou Réaumur Sébastopol
secrétaire général du SICOGIF, actuel président de l’observatoire du Hors Média • Ghislaine G. Bléry, Directeur des éditions des Mares Fleuries société éditrice de Pap’Argus • Jean-Paul Maury – PDG Groupe Maury imprimeur S.A.S. • Pascal Lenoir – Président de la CCFI, directeur de production - Éd. Magnard– Vuibert, Groupe Albin Michel • Jean François Porchez, créateur de caractères typographiques, typofonderie.com
16h00 – 17h30
4e table ronde : le nouveau modèle économique et les perspectives de développement • Président :Daniel DUSSAUSAYE Directeur de la rédaction, Presseedition.fr • Guy Millière, économiste : le nouveau modèle économique vers la 7e dimension • Jacques Angelé VP Technology Programs, directeur des programmes technologiques, co-fondateur de la société Nemoptic : Projet SYLEN & perspectives de développements • Romain POULET, chef de produit partenariat business, Sony France • Charles Tijus (univ. Paris 8) Projet LUTIN, Utilisabilité et lisibilité : axes de recherches et usages • Marc-François Bernier, Titulaire Chaire de recherche sur la francophonie canadienne en communication, spécialisée en éthique du journalisme (CREJ) Université d’Ottawa Conclusion : Jocelyn Saint-Pierre (Avec la collaboration des ANCIENS D’ESTIENNE)
, ae
AMPHI R. FAURE (Z) DE 9H00 À 17H30 Entrée à 35 euros 10 euros pour les enseignants et les étudiants Gratuit pour les demandeurs d’emplois
En collaboration avec le CDHT, le SeaCDHTE & le LCA de l’UQàM
CDHTE Centre d’Histoire des Techniques et de l'Environnement
Partenaire Média :
Retour sur l’actualité de l’année 2009, programme du Colloque LA BATAILLE DE L’IMPRIMÉ À L’ÈRE DU PAPIER ÉLECTRONIQUE CONVERGENCE ET MOBILITÉ - 12 mars 2009 au CNAM (PARIS)
Lien vidéo
Le programme du colloque du 12 mars 2009 au CNAM
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E-PaperWorld Tables rondes du colloque du 12 mars 2009 INTRODUCTION André GUILLERME, directeur de la Chaire en histoire des techniques du CNAM ; Gérard EMPTOZ, professeur émérite d’histoire des techniques de l’Université de Nantes ; Minh-Son NGUYEN, consultant en nouveaux médias et édition numérique
Le livre dans la tourmente électronique (de gauche à droite)
François GERBER, directeur des activités numériques pour la FNAC, Pierre-Henri COLIN, responsable de l’offre e-paper pour 4D Concept, Michael DAHAN, directeur du développement, fondateur, Le Cybook de Bookeen ; Président : Lorenzo SOCCAVO, prospectiviste du livre et de l’édition ; Stephanie Van DUIN, directrice Business développement chez Hachette livre, présidente de la commission sur le numérique pour le Syndicat National de l’Édition ; Frédéric BARBIER, historien du livre, EPHE, IV section Histoire et civilisation du livre ; Constance KREBS, éditrice multimédia ; Fred GRIOT, auteur, co-directeur des éditions Publie.Net ; LA PRESSE DANS LA TOURMENTE ÉLECTRONIQUE (de gauche à droite)
Pierre-Henri COLIN, responsable de l’offre e-paper pour 4D Concept ; Olivier DELTEIL, responsable du Business Development – Groupe Les Echos ; Président : Patrick EVENO, professeur, historien de la presse ; Corinne DENIS, Directrice des éditions électroniques, Groupe Express ROULARTA ; Pierre HASKI, directeur de la webpublicati on Rue89 ; Philippe JANNET, président directeur général, Le Monde interactif.
L’IMPRIMÉ DANS LA TOURMENTE ÉLECTRONIQUE (de gauche à droite)
Ghislaine G.BLÉRY, directrice des Éditions des Mares Fleuries société éditrice de Pap’Argus ; Jean-Paul MAURY, PDG Groupe Maury imprimeur S.A.S ; Président : Philippe QUEINEC ancien secrétaire général du SICOGIF, président fondateur de l’Observatoire du Hors Média ; Jean-François PORCHEZ, créateur de caractères typographiques, typofonderie.com ; Pascal LENOIR, président de la CCFI, directeur de production édition Magnard-Vuibert, Groupe Albin Michel.
LE NOUVEAU MODÈLE ÉCONOMIQUE ET LES PERSPECTIVES DE DÉVELOPPEMENT (de gauche à droite)
Romain POULET, chef de produit partenariat business, Sony France ; Charles TIJUS directeur du laboratoire LUTIN ; Président : Daniel DUSSAUSAYE, directeur de la rédaction presseedition.fr, Guy MILLIERE, économiste, Jacques ANGELÉ VP Technology Programs, directeur des programmes technologiques, co-fondateur de la société Nemoptic : projet SYLEN ; Marc-François Bernier, Chaire de recherche sur la francophonie canadienne en communication, spécialisée en éthique du journalisme (CREJ) Université d’Ottawa.
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«La 7e dimension» par Guy Millière lors de son intervention le 12 mars 2009 au CNAM.
Nous travaillerons actuellement à l’élaboration des actes du colloque, avec le compte rendu de chaque intervenant associé à la vidéo réalisée par la société I-Shooting pour la société d’éditions EPC@Partners.
Actes du Colloque
Le tout sera commercialisé prochainement.
LA BATAILLE
DE L’IMPRIMÉ À L’ÈRE DU PAPIER
ÉLECTRONIQUE
CONVERGENCE ET MOBILITÉ - 12 mars 2009 au CNAM LANCEMENT DU LIVRE « LA BATAILLE DE L’IMPRIMÉ À L’ÈRE DU PAPIER ÉLECTRONIQUE » (PRESSES DE L’UNIVERSITÉ DE MONTRÉAL)
Par éric Le Ray et Franck ferrandis avec la collaboration de i-Shooting
éditions
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Salon professionnel • Tables rondes • Conférences 30 septembre et 1er octobre 2009 UNIVERSITÉ DU QUÉBEC À MONTRÉAL Salle Marie-Gérin Lajoie -
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ORGANISÉes PAR :
Tél. / Cell. : (001) 514 605 03 92 - Courriel : info@epcpapierelectronique.com
Information et papier intelligent
Intelligent Paper service
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Le forum professionnel de Montréal face à un double défi E-PaperWorld 2009, qui s’est tenu à Montréal du 30 septembre au 1er octobre 2009, a eu deux ambitions : présenter toutes les applications du papier électronique et réunir professionnels et grand public. Alice Santin
Par Alice Santin Ce forum est le fruit du travail de longue haleine d’Eric Le Ray, chercheur associé au département de communication sociale et publique de l’UQÀM et consultant sénior au CSMO-CGQ depuis trois ans. Apres avoir réalisé un premier post-doctorat à la Chaire de recherche du Canada en histoire du livre et de l’édition à l’Université de Sherbrooke et un second à la Chaire de recherche industrielle Quebecor sur l’impression et la communication graphique au Centre intégré en pâtes et papier de l’UQTR, il crée sa société en juin 2007, EPC @ Partners, Papier électronique et Communication. En 2008, son ouvrage collectif « La Bataille de l’imprimé à l’ère du papier électronique » est édité aux Presses Universitaire de Montréal. Ce livre, auquel ont collaboré plus d’une vingtaine de spécialistes, annonce une révolution du support de lecture. Après le lancement de cet ouvrage à Montréal en novembre 2008 et un colloque organisé en France, en mars 2009 au CNAM, à Paris, avec l’ensemble des acteurs de la chaîne graphique et des lecteurs électroniques sur le marché français, Eric Le Ray réaffirme sa volonté d’accompagner les professionnels dans cette évolution numérique. L’organisation d’un forum professionnel apparaît alors comme la suite logique des projets d’EPC @ Partners. Les neuf tables rondes du forum ont aspirées à faire avancer le débat et la réflexion sur un thème donné et faire émerger des idées innovantes. Les conférences d’une durée d’une heure ont mis à l’honneur une so-
ciété, une technologie ou le point de vue d’un expert afin de provoquer un échange entre l’intervenant et le public. Les discussions se sont poursuivis après la conférence dans l’espace média. Certains participants et partenaires de l’événement ont été représentés au niveau des kiosques d’exposition répartis dans tout l’espace du forum. Le public a ainsi pu rencontrer des professionnels et dialoguer avec eux. Ce forum, unique en son genre, à voulu relever un double défi. Le premier est de couvrir toutes les applications – présentes et futures – du papier électronique. De l’auteur au lecteur, le forum vise à évoquer toutes les étapes de la chaîne numérique. Il faudra faire mieux sur ce point à la prochaine édition. Cette diversité de sujets implique donc une multitude d’acteurs dans des domaines très différents. Chaque participant a enrichiri le débat en donnant son point de vue d’expert. Eric Le Ray est parvenu à rassembler un panel de professionnels de tous horizons engagés de maintes façons dans cette révolution : des économistes, des enseignants chercheurs, des experts en jeux vidéo, des éditeurs de logiciels, des éditeurs de presse, des distributeurs de livres électroniques, des journalistes... Le deuxième défi : la volonté de rassembler et d’informer professionnels et grand public. Le forum veut mettre à la portée de tous cette nouvelle technologie et présenter les enjeux qui en découlent. Véritable passerelle pour tous les secteurs gravitant autour de la chaîne numérique, ce forum international était attendu avec intérêt et marque le changement qui s’opère dans ce domaine non seulement au Québec mais aussi dans le reste du monde.
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DE L’IMPRIMÉ AU PAPiER ÉLECTRONIQUE à la SOURCE DE LA DÉMATÉRIALISATION DE LA CHAÎNE GRAPHIQUe Éric Le Ray, Ph.D. Président EPC @ Partners
Éric Le Ray Ph.D Président-fondateur Société EPC est l’auteur de La Bataille de l’imprimé à l’ère du papier électronique, 2008, Éd. les PUM,
Cet article a pour objectif de cerner l’émergence de la dématérialisation dans la chaîne graphique et son évolution à partir de la première application de la photographie à l’imprimerie. Il veut aussi resituer cette dématérialisation par rapport aux trois évolutions de l’imprimerie de la naissance de la typographie au Moyen âge jusqu’à l’impression numérique à la demande d’aujourd’hui. Cette présentation du processus de dématérialisation des modes et supports de représentation et de l’évolution de leurs caractéristiques physiques annonce, à notre sens, l’apparition de l’actuelle rupture sociale, culturelle et technologique, celle de la révolution de support associée au papier électronique, un support de l’écriture et de la connaissance sans écriture ni impression. Face à cette lente transition du monde de l’imprimé vers celui de l’écran soutenue par le bit puis le photon, Nicholas Negroponte souligne dès 1995 que « le média a cessé d’être le message ». De même Michel Serre, vers 1997, annonce qu’« à chaque révolution de société correspond une révolution de support ». L’adaptation et l’adoption de la photographie au monde de l’imprimé, annonça aussi, à son époque, l’apparition d’une rupture, celle de l’émergence des médias de masse populaire dans le contexte d’une troisième république émergente des cendres de la guerre de 1870. Nous sortons à peine aujourd’hui de ce modèle. Première application de la photographie à l’imprimerie : naissance de la photogravure
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Nicéphore Niépce (1765-1833), entre 1816 et 1827, découvre la propriété que possède le bitume de Judée (dissous dans les essences) de refuser de se laisser ensuite dissoudre par ces mêmes produits après avoir été exposé à la lumière. En fait, Nicéphore Niépce a été conduit à fixer une image de chambre noire sur une surface sensible parce qu’il désirait pratiquer la lithographie alors qu’il ne savait pas dessiner. Il eut l’idée d’appliquer cette propriété à la gravure. Après avoir recouvert une plaque métallique d’une couche de bitume dissoute dans l’essence de lavande, il plaça sur cette plaque une gravure rendue transparente. Les traits noirs de la gravure ayant protégé de l’action de la lumière les
parties de la plaque qu’ils recouvraient, l’inventeur dut dissoudre le bitume ainsi protégé à l’aide de l’essence de lavande. Il se trouva en possession d’une plaque sur laquelle le dessin se trouvait reproduit en creux. Niépce soumit cette plaque à la morsure de l’eau-forte pour que le creux s’accentuât. Il obtint alors une planche propre au tirage en taille-douce au moment où un creux suffisant put retenir de l’encre afin de tirer des épreuves sur papier à l’aide d’une presse litho. Ce sera la première application du principe photographique à la lithographie dans l’histoire des industries graphiques. Cette première invention de Nicéphore niépce, le « père de la photographie », concernera en fait les débuts de la photogravure. Elle utilisait la lumière (du jour), non pour faire une image originale, mais pour préparer une forme imprimante, une plaque de cuivre, puis, à partir de 1826, une plaque d’étain gravée en creux, capable de reproduire en plusieurs exemplaires une image existante inversée gravée sur une plaque. « Niepce, explique Stephen C. Pinson dans le catalogue de l’exposition qui eut lieu du 13 mai au 17 août 2003 sur « Le Daguerréotype français — Un objet photographique», au Musée d’Orsay, recherche en fait constamment dans ses expériences la possibilité de multiplier les images par la gravure. » La plus ancienne connue aujourd’hui serait une eau-forte représentant un cheval tenu par la bride, obtenue sur plaque de cuivre au mois de juillet ou d’août 1825. C’est au début de l’année 1827 que Niépce entrera en correspondance avec le graveur parisien Lemaître, qui va lui permettre de développer ses recherches. La photographie va naître quand Niépce aura l’idée de placer la surface sensible qu’il avait créée, une feuille métallique revêtue de bitume de Judée, dans le fond d’une chambre obscure, une idée qui fut reprise après sa mort par Daguerre. En solutionnant le problème de la reproduction rapide des illustrations, les travaux de Niépce porteront dès le début en germe la découverte de nouveaux procédés, l’héliogravure et l’offset, et seront le signe d’une mort annoncée de la typographie. Nicéphore Niépce, en 1829, s’associe avec LouisJacques Mandé Daguerre, un ancien peintre, pour commercialiser sa découverte qu’il baptise « héliographie ». Cette association, quatre ans plus tard, aboutira au daguerréotype, alors que Niépce meurt sans avoir pu mettre son propre produit sur le marché. En fait, Louis-Jacques Mandé Daguerre (17871851) participe à la création de la photographie mo-
derne en adoptant comme substance photosensible l’iodure d’argent sur ses plaques de cuivre (positif en creux) pour obtenir une épreuve prise grâce à l’aide d’une chambre noire. Mais il oppose son choix à celui de Niépce, explique Dominique Planchon de Font-Réaulx dans le même catalogue de l’exposition sur « Le Daguerréotype français - Un objet photographique », car « à la reproductibilité, il préférait l’aspect lisible de l’image, son rendu de la lumière et des masses (…) », des images qui se formaient seules au foyer d’une chambre noire, sur lesquelles on applique des vapeurs de mercure comme agent révélateur appliqué au plaqué d’argent sensibilisé aux vapeurs d’iode. Daguerre donne son nom au procédé qu’il décrira dans son manuel de 1839 communiqué par François Arago (1786-1853) le 7 janvier 1839 devant l’Académie des sciences, puis le 3 juillet devant la Chambre des députés. Le fils de Niépce, Isidore, qui succède à son père après sa mort dans son association avec Daguerre, recevra de l’État, ainsi que son associé, une rente à vie votée en juillet 1839 par la Chambre des pairs en échange de la diffusion et de la libre utilisation de la méthode héliographique de Niépce, ainsi que pour la divulgation des explications de la daguerréotypie. Mais, comme le souligne Françoise Reynaud dans le catalogue de l’exposition sur « Le Daguerréotype français — Un objet photographique », « la pratique de la technique daguerrienne a eu, tout compte fait, une durée assez courte en plein milieu du XIXe siècle, particulièrement en Europe, avec une production massive entre 1845 et 1855. La mode passe assez brutalement, grâce à l’utilisation généralisée du négatif sur verre, qui donne une image relativement fine et qui, surtout, permet la multiplicité des tirages sur papier. » Ce développement fut rendu possible en France grâce à l’aide de la Société d’encouragement pour l’industrie nationale. Le support de la société d’encouragement pour l’industrie nationale à la photographie sur papier. Les deux premiers concours de photographie proposés, à l’initiative du baron Pierre-Armand Séguier, par la Société d’encouragement durant sa réunion du 11 mars 1840 concernèrent les deux problèmes fondamentaux les plus pressants à résoudre : le premier porta sur la mécanisation de la lithographie et le second fut de départager les procédés opposés, celui de Louis-Jacques Mandé Daguerre sur plaque, et celui de William Henry Fox Talbot sur papier. Le premier prix qui concerne la mécanisation de la lithographie a pour objectif d’ atteindre une multiplication de l’image photographique jusqu’à un tirage de 200 exemplaires au moins. Il sera attribué en 1848 au constructeur mécanicien Perrot pour sa presse à imprimer. La Société d’encouragement insista sur
le fait que « ces reproductions, pour mériter le prix, devront être comparables à de bons produits des arts graphiques ». Les procédés de la reproduction photographique, ajoute Rozen, furent définis tels que nous les connaissons aujourd’hui : « Les moyens de reproduction demandés devront être à la portée de tous ceux qui recueilleront les images et n’exiger de leur part aucune connaissance préliminaire de la chimie et du dessin. » Dans le cadre de l’application de la photographie à la lithographie, le second prix concerna l’invention du papier sensible standard. Les chercheurs furent invités à trouver le moyen de conserver l’image photographique tirée sur papier ou sur un support semblable. Ce concours arriva à point pour encourager l’industrie naissante de la photographie, qui serait restée, sans l’aide de la Société d’encouragement et des organisations des lithographes, pendant longtemps encore au stade de l’artisanat. Elle fut le résultat de nombreuses recherches et associations de chercheurs. « L’histoire de la photographie s’explique par le biais des associations industrielles, et non pas seulement à travers les conventions stylistiques particulières à une époque. » Le second prix de la Société d’encouragement fut donné à Rose-Joseph Lemercier pour diverses améliorations au procédé « litho-photographique », conçu pour aider les artistes et l’impression de leurs œuvres. Entre autres choses, la possibilité de reproduire des dégradés de ton fut citée comme l’exploit le plus frappant de Lemercier. Ce procédé permit de mettre au point par la suite la chromolithographie, un principe inventé par Engelmann vers 1837. Du verre à la photographie sur papier, entre Hippolyte Bayard et William Henry Fox Talbot Les deux méthodes rivales, la daguerréotypie et la calotypie, analysées par la Société d’encouragement, trouveront chacune des applications particulières. Mais ce sera le procédé sur papier qui l’emportera et qui sera appliqué à la zincographie, puis à la roto-calco et enfin à l’offset, procédé d’impression cylindrique à plat, puis à deux et trois cylindres. La daguerréotypie trouvera, elle, des applications en typographie (relief) et surtout en héliogravure, procédé d’impression cylindrique en creux, avant d’être complètement abandonnée pour être remplacée par la photogravure. La mise en forme des illustrations fut très tôt permise grâce à ces méthodes photomécaniques. Elle s’est traduite en typographie par la substitution de clichés métalliques aux gravures en bois de bout. On le voit, l’effort de la Société d’encouragement pour le développement de la photographie et son adaptation à la lithographie fut couronné de succès. La Société donna cependant une dernière impulsion à ce secteur en 1848, et le choix
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E-PaperWorld presque visionnaire envers cette industrie nouvelle du support papier fut décisif. En fait, elle décerna les prix les plus importants de son histoire pour les concours de la mécanisation de la lithographie et de l’adaptation de la photographie à la lithographie. Ces prix furent les derniers des années 1840 à être attribués à ces deux disciplines . Il faudra attendre l’Exposition publique des produits de l’industrie française, organisée à Paris en 1849 au « Palais de l’industrie », sur les Champs-Élysées, sous le haut patronage royal, pour assister au chant du cygne de la daguerréotypie à cause de l’émergence en France de la photographie sur papier. Ce dernier procédé fut soutenu, comme nous l’avons vu, par la Société d’encouragement. L’exposition de 1849, explique Quentin Bajac dans le catalogue de l’exposition sur Le Daguerréotype français — Un objet photographique, apparaît bien comme la revanche d’Hippolyte Bayard. « C’est lui, l’inventeur oublié de 1839, qui est honoré d’une médaille d’argent et dont les efforts persévérants des dix dernières années pour faire reconnaître son procédé sur papier sont récompensés. » De l’autre côté de la Manche, on commence aussi à reconnaître les travaux sur « l’héliogravure sur papier » de l’Anglais William Henry Fox Talbot (brevet n° 38178), travaillant sur le chlorure d’argent qui a produit, dès 1840, ses « calotypes » sur papier (système dit positif direct à plat). Daguerre donna donc le moyen de reproduire toutes les images naturelles sur plaque d’argent, et Bayard et Talbot, sur papier. Un amateur lillois, Louis-Désiré Blanquart-Évrard, au mois de janvier 1847, présentera devant l’Académie des sciences un procédé original de photographie sur papier qui va améliorer le principe de Talbot. S’affranchissant, pour partie, de la méthode Talbot, explique PaulLouis Roubert dans le catalogue de l’exposition sur Le Daguerréotype français — Un objet photographique, et mettant l’accent sur la reproductibilité et l’intervention décisive de l’opérateur au tirage du positif, Blanquart-Évrard propose une sensibilisation du papier par immersion, et non plus par une simple application au pinceau. À partir de 1847, on sait donc reproduire les photographies sur un support papier, ce qui permet de coller les reproductions dans les livres à illustrer. Développement industriel de la photogravure : les travaux de Firmin et Charles Gillot
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Mais, comme le précise Paul-Louis Roubert, tous n’abandonnèrent pas l’idée d’une photographie qui aurait les avantages du calotype (Talbot) en termes de reproductibilité et la perfection du daguerréotype en termes d’exactitude. Les premiers perfectionnements de la photographie allant dans ce sens seront le fait du propre neveu de Nicéphore Niépce, Abel
Niépce de Saint-Victor. Il expérimente, toujours en 1847, une préparation à l’albumine qui vise à remplacer la feuille de papier négative par une plaque de verre. Mais son procédé reste aussi lent que les autres procédés. Malgré cela, la grande médaille d’honneur que le jury décerna en 1855 à Niépce de Saint-Victor fut la récompense non seulement de ses travaux, mais aussi de son désintéressement. En effet, l’inventeur n’a jamais voulu prendre de brevet et a toujours publié très libéralement tous les détails de ses découvertes. Les procédés qu’il employait furent industrialisés et repris par Nègre, Bayard, Martens et Firmin Gillot en 1850. Après la daguerréotypie et la calotypie, dans un premier temps, Firmin Gillot (brevet n° 9673), met au point la panéiconographie, sorte de gravure à l’acide de planches en zinc portant les images à reproduire. Ces images n’étaient pas photographiques, mais obtenues par transfert sur le métal de dessins exécutés à l’encre grasse sur des pierres lithographiques (ou sur des papiers reports). Le procédé, breveté sous le nom de « Paneiconographe », a été très vite connu sous celui de « gillotage ». Dans un second temps, pour passer au mode photographique, Charles Gillot, le fils de Firmin, eut l’idée de déterminer les régions des planches métalliques appelées à subir la morsure de l’acide en faisant agir la lumière. Cette lumière fut modulée, projetée, par passage à travers un document transparent portant l’image à reproduire, sur une substance photosensible susceptible d’être « insolubilisée » par insolation, une substance placée sur la plaque métallique. Il inventa ainsi la photogravure. La première substance photosensible utilisée fut la gélatine bichromatée, déjà exploitée par Poitevin avec sa « Collotype ». Les premiers documents transparents ont été des dessins exécutés sur du papier huilé ou sur du papier calque. Ils sont devenus des films photographiques lorsque le procédé au collodion humide est entré en application. Il est certain que dans l’ordre de succession des différentes tentatives qui ont amené la lithographie à la zincographie ou les presses mécaniques plates à celle de la rotative, l’utilisation des procédés du gillotage et des techniques photographiques a été déterminante. La véritable innovation viendra du procédé de l’Anglais Scott Archer grâce à une préparation à base de collodion humide. « Le procédé au collodion trouvera son partenaire parfait lorsque les tirages seront effectués non plus sur un papier salé, héritage direct de la méthode Talbot, mais sur le papier albuminé inventé par Blanquart-Évrard, dans lequel l’image s’imprime non pas dans les fibres du papier mais à sa surface, mettant ainsi en valeur la finesse et la transparence du verre. » De la plaque au papier ou au verre, les applications de ces différents procédés dans l’industrie poly-
graphique furent nombreuses et très encouragées aussi par la Société d’encouragement de l’industrie nationale. En photographie, on attribua respectivement des prix de 2 000, 1 000 et 500 francs à Niépce de Saint-Victor, Fizeau et Poitevin, pour leurs tentatives en photogravure. Blanquart-Évrard et Martens, pour le développement de la photographie sur papier sensible, reçurent 500 francs chacun. Les premières applications furent liées aux travaux d’Hippolyte Fizeau et Alfred Donné, lesquels trouvèrent le moyen de reproduire en taille-douce l’image du daguerréotype. Comme le support utilisé par Daguerre et Niépce est précisément une plaque de cuivre, l’idée se développera bientôt d’utiliser celleci directement en imprimerie pour l’illustration en lui appliquant une technique dérivée de l’eau-forte. La plaque photographique, renforcée par galvanoplastie, est attaquée à l’acide, et passe ensuite sur les presses à imprimer. La photo-lithographie de Poitevin et Lemercier : la suppression du report manuel Abel Niépce de Saint-Victor (le neveu) et Hippolyte Fizeau parachevèrent leurs procédés de photogravure ; celui de Niépce fut adopté dès 1855 par un grand nombre d’imprimeurs. En 1851, la fabrication en série d’imagerie photographique commença avec l’ouverture de la première imprimerie héliographique de Blanquart-Évrard. En l’espace de deux ans, Blanquart-Évrard fut suivi de Lemercier, qui utilisera de son côté le procédé photographique dit au collodion adopté par Niépce de Saint-Victor. Il permet de supprimer l’exécution préalable du motif à reproduire à la main sur papier report. Jadis, en effet, les lithographes copiaient ou décalquaient sur pierre les contours des sujets à reproduire. La photo rendra les mêmes services avec beaucoup plus de précision. En fait, l’amélioration majeure apportée dans la seconde moitié du XIXe siècle par la photographie dans le secteur de l’imprimerie sera cette suppression du report manuel . En 1855, après des essais non concluants de Bareswi et Davanne, Poitevin (brevet n° 25592) découvre la propriété que possède le bicarbonate de potasse de s’impressionner à la lumière. Dès 1854, il reporta sur des feuilles de gélatine les clichés obtenus en chambre noire. Sa découverte comprend autant la phototypie que la photolithographie, développées en 1852 par Rose-Joseph Lemercier. Ce dernier réalisa ainsi l’union tant souhaitée des deux modes d’expression, ou d’impression. En 1857, Lemercier acheta le brevet d’invention d’Alphonse Poitevin, dont le procédé de photolithographie était supérieur à l’impression et plus adapté à la production industrielle. La découverte de Poitevin vint prouver la possibilité d’opérer le tirage de la photographie au moyen des encres d’imprimerie, ce qui débouchera
sur la photo-zincographie (1859). La photolithographie n’eut pas de succès en province. La plupart des industriels reculèrent devant l’investissement et la nouveauté. Paris, seul, eut des innovateurs, et, à quelques rares exceptions, tous les travaux d’art proprement dits se sont faits à Paris (Lemercier, Didot, Engelmann, Dupuis, Becquet, Testu, Massin). L’image et la couleur par superposition puis par complémentarité Poitevin se servait d’une pierre lithographique comme support. Tessier, Motay et Maréchal y substituèrent le cuivre en 1867. À son tour, le docteur Albert de Munich, en 1869, donna au procédé son plus grand développement en remplaçant la plaque de cuivre par la dalle de verre. La photographie a donc, depuis Niépce et Daguerre, permis de fixer, par la seule action de la lumière, des images sur une plaque de verre. Si, dans les premières années, elle est gênée par le temps de pose, les procédés au gélatino-bromure lui permettront bientôt de faire des instantanés sur papier, sur film et en quadrichromie. À la fin du XIXe siècle, les premiers films photographiques seront inventés (sous la marque Kodak) par l’Américain Eastman, en substituant le celluloïd au verre. La difficulté majeure inhérente aux différents procédés d’impression à l’époque réside dans l’impossibilité d’obtenir des dégradés, de sorte que ceux-ci doivent toujours être reportés après coup à la main. On sait que le problème sera résolu par l’invention de la trame (industrialisée en 1893 par Lévy) : celle-ci décompose la lumière. Cette possibilité de représenter un objet en polychromie fut décisive pour le développement industriel de la presse quotidienne et, par la suite, avec les procédés d’impression comme l’héliogravure ou l’offset qui adopteront ce procédé, pour la presse magazine et l’édition. C’est en novembre 1890 que paraîtra le premier numéro en couleur du supplément illustré du Petit Journal (sur une rotative chromotypographique Michaud-Marinoni). Cette rotative polychrome utilisera un dérivé de ce procédé originel par superposition avant de passer au système des trames par complémentarité pour la quadrichromie avec la roto-calcographie dit offset en anglais qui signifie report ou reporter d’un support sur un autre. De la rotocalcographie à l’offset L’offset, trouva d’abord son essor avec des rotatives à feuilles. Ce procédé d’impression à plat est jugé plus apte que les rotatives à bobines à fournir des travaux de qualité et est apprécié pour sa capacité à imprimer sans perte des papiers de dimensions inférieures dans les deux sens. Et il devient évident bientôt que ce procédé, qu’il soit à feuilles ou à bo-
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E-PaperWorld bines, pour petit ou grand format, va accroître sa vitesse au point de franchir la limite au-delà de laquelle le contrôle manuel est inopérant. Après avoir été pendant 50 ans l’instrument relativement lent d’un artisanat motorisé, il atteint au cours des années 1980 et 1990 le stade du contrôle électronique, où l’intervention humaine se borne à l’affichage sur un écran des valeurs numériques qui seront automatiquement respectées pendant l’impression. En fait, rien n’a vraiment changé, sauf que l’intervention de l’homme disparaît peu à peu. Dans cette évolution convergente les pressiers deviennent des opérateurs comme pour les presses numériques. La priorité de l’innovation reste toujours la vitesse et l’automatisme pour une meilleure rentabilité financière. Aujourd’hui l’exemple le plus étonnant est une machine de la série Sunday, de la Société Heidelberg, avec une technologie sans gorge qui peut atteindre une vitesse de 100 000 exemplaires à l’heure. L’encrage, la densitométrie, le calage, la finition et la vitesse…, tout est automatisé. Il n’y a pas si longtemps, quels que soient leur type, leurs dimensions et les travaux produits, les presses offset utilisaient des plaques préparées en trois temps : « montage, copie et développement ». Mais le temps nécessaire à la préparation était trop long, et on mit à l’étude des chaînes automatiques destinées à la production de plaques prêtes pour l’impression : elles se trouvent aujourd’hui sur le marché (en continu, une plaque toutes les trois à quatre minutes). La presse quotidienne, moins exigeante quant à la qualité et la durée de la plaque au cours de l’impression, adoptera la plaque pré-sensibilisée : on obtient aujourd’hui une plaque toutes les 15 à 20 secondes. L’entreprise Komori a su être une des première à sortir une technologie de ce type, que l’on nomme CTP « computer to plate ». Mais l’actualité est au tout numérique, et au « computer to press » puis au « computer to paper » avec le papier électronique. Ce qui présupose une reproduction directe sur support sans intermédiaire, sans impression. De l’imprimé au papier électronique : vers une nouvelle révolution de support
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L’histoire des techniques graphiques, explique Alan Marshall, se divise selon lui en trois grandes périodes : une première, qui s’étend de l’invention de l’imprimerie typographique par Gutenberg jusqu’à la fin du XVIIIe siècle, pendant laquelle on employa des techniques manuelles ; une deuxième, placée sous le signe de l’industrialisation, qui s’étend de l’introduction des premières presses mécaniques, de la machine à papier et de la photographie, jusqu’au milieu du XXe siècle ; et une troisième, enfin, qui s’ouvre, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, avec l’avènement de la photocomposition, qui
se poursuit avec l’informatisation et dont les horizons se confondent aujourd’hui avec ceux de la révolution numérique et du papier électronique. En fait cet aboutissement est le résultat du renouveau des industries graphiques qui eut lieu pendant la période 1955-1975. Il a été accompli grâce à trois techniques distinctes mais complémentaires nous dit Alan Marshall: la photocomposition de deuxième génération avec Higonnet et Moyroud. Ils ont été les premiers à réussir la rupture par leur Lumitype avec les techniques héritées de Gutenberg ; l’informatique vers 1962 ; et enfin l’offset qui prolonge ce même mouvement de dématérialisation, résultat d’une rationalisation de l’organisation de la production pour ouvrir de nouveaux marchés. Nous aimerions, cependant, rectifier ou compléter son analyse car si pour Alan Marshall la photocomposition ouvre la troisième révolution de l’imprimerie après la Seconde Guerre Mondiale, car elle entraine une dématérialisation de la chaine graphique avec l’électronisation et l’informatisation qui vont avec cette dématérialisation, nous considérons que cette dématérialisation débute avec la naissance de la photogravure qui est l’association de la photographie avec la lithographie. Nous considérons ainsi que la seconde période commence avec le processus de la naissance de la rotocalcographie, devenu en anglais l’offset, et l’apparition de l’électricité qui annonce déjà la dématérialisation de la chaîne graphique avant l’apparition de la photocomposition. Higonnet et Moyroud n’ont pas été les premiers à réussir la rupture par leur Lumitype avec les techniques héritées de Gutenberg. C’est plutôt à nos yeux les constructeurs de machines à imprimer, Jules Michaud, le gendre de Marinoni, avec sa rotative photo-zincographique, « La diligente », et Henri Voirin et son fils Jules Voirin en association avec Champenois, Trottier et Missier des forges d’Hennebon en Bretagne, inventeurs du principe de la rotocalcographie, qui deviendra en anglais offset, qui sont les premiers à avoir effectué cette rupture dès la fin du XIXe siècle. L’offset ne prolonge pas ce mouvement de dématérialisation, résultat d’une rationalisation de l’organisation de la production pour ouvrir de nouveaux marchés. Il en est le précurseur, le déclencheur, qui va aboutir à l’émergence de la photocomposition qui en devient ainsi le prolongement. C’est avant tout l’adaptation de la rotative à la lithographie, associé à la photographie et à la photogravure, qui va être déterminant. En typographie la mécanisation de la composition est la conséquence de l’apparition de la rotative et non l’inverse. La production de masse crée, en effet, un goulet d’étranglement au niveau de la composition manuelle qui ne peut plus suivre le rythme de l’impression de la rotative. La linotype et la monotype seront des réponses à cette demande. De même,
c’est l’application des principes de la photographie et de la rotative à la lithographie, un procédé d’impression indirect à plat et non plus direct en relief, comme avec la typographie, qui annonce la dématérialisation de la chaîne graphique et entraîne la naissance de la photocomposition. Cette troisième évolution complète la première période, celle de la « Galaxie Gutenberg » avec la mécanisation de l’écriture qui débute dès le Moyen Âge, et le développement de la rotative au cœur de la modernité et de la révolution industrielle du XIXe siècle qui pour nous n’est que la poursuite et le prolongement de cette mécanisation. Elle permettra, par ailleurs, le développement d’une presse d’information de masse dynamique au dépens d’une presse politique partisane. Incontestablement, il s’agit là d’une révolution plus que d’une évolution, d’une mutation radicale des conditions matérielles qui sous-tendaient la production de l’imprimé. Silencieuse parce qu’elle n’entraîne pas de changement du personnel politique et qu’elle ne fait pas couler de sang, cette révolution culturelle est probablement l’événement le plus important qu’ait connu l’Europe entre le XVIIIe et le XXe siècle, nonobstant la révolution industrielle qui devait transformer à terme les paysans en citadins. Sans le changement technique, l’introduction de la vapeur dans la presse puis de l’électricité dans l’ébranlement des rotatives et des grosses linotypes de la fin du XIXe siècle, la naissance de l’édition moderne eût été retardée ou, en tout cas, n’aurait pu produire tous ses fruits. Sans l’alphabétisation de toute la population, cependant, comme le montrent les exemples de l’Italie et de l’Espagne, c’est la naissance des littératures populaires nationales qui prend du retard, de même que la démocratie qui souffre du faible nombre des lecteurs de journaux. Indépendants tout en étant étroitement liés, ces deux phénomènes ont bouleversé l’attitude des populations par rapport au divertissement et fait naître, à la fin du XIXe siècle, une industrie des loisirs appelés à un bel avenir . À la fin du XXe siècle, l’association de la photocomposition avec l’informatique, l’ordinateur individuel et Internet, va aboutir effectivement à la révolution numérique contemporaine, la troisième, où le goulet d’étranglement devient le ou les procédés d’impressions analogiques, en particulier l’offset, puisque la typographie à déjà en grande partie disparu, et le support papier. Cette pression technologique sur les procédés d’impressions analogiques mais aussi sur le support de cette impression qu’est le papier, dans la chaîne graphique, permet l’apparition de l’impression numérique au début des années 1990 avec les produits de la Société américaine Xerox et les produits de la Société israélienne Indigo (aujourd’hui
HP) en 1993. Aujourd’hui, à peine quinze ans plus tard, en 2007 l’enjeu industriel est devenu le papier électronique développé, entre autres sociétés, par la firme anglaise Plastic Logic ou la firme française Nemoptic. Ce nouveau développement, cette nouvelle révolution de support, n’a pu se faire que grâce à l’invention de l’encre électronique par la société Xerox dans les années 1970, une invention reprise et développée par la société Ink du MIT de l’Université de Havard dans les années 1996. Pour l’impression numérique, il n’y a plus de montage ni de copie ni de développement : chaque exemplaire est le bon. Il peut être personnalisé, c’est donc l’impression à la demande qui explose avec Internet. Dans cette technique numérique, le texte (ou l’image) à reproduire, établi sur support informatique, est multiplié sans être concrétisé sur un film. Il peut donc être diffusé grâce à l’électronique en étant imprimé et façonné à la réception partout à travers le monde. Avant on imprimait puis on diffusait l’imprimé. Aujourd’hui on diffuse d’abord les données, l’impression étant devenue une option parmi d’autres possibilités de garder une trace ou de recevoir de l’information. On reste cependant dans la civilisation de l’imprimé. Pour chaque exemplaire, l’image est reconstituée et la représentation ou la projection se fait soit par impression à laser, soit par jet d’encre, soit par xérographie ou électromagnétisme. En 1993, l’Indigo E.Print 1000 qui utilise de l’encre liquide électrique avec un procédé électronique, mais qui reste proche de l’offset dans son principe, fut le premier matériel offert sur le marché impliquant une rupture avec le principe xerographique de la Société Xerox. Dans les deux cas, il y a de moins en moins de contact physique entre une forme encrée et le support papier car la forme disparaît ainsi que le support papier au profit de l’écran électronique ou du papier électronique. L’écriture, le graphé, la trace, sans Gutenberg Depuis le début des années 2000 la Société Xerox propose sa iGn3 qui utilise un procédé électrostatique. Il se fonde sur l’envoi d’une poudre d’encre chargée électriquement sur un support, également chargé électriquement, de l’image ou des données à obtenir ou à représenter sur un support. La poudre est ensuite fixée par cuisson. C’est un principe dérivé de la xérographie, dont la mise au point date de 1946, mais dans ce denier cas il n’y a plus de cylindre de transfert. La machine E-Print 1 000 comporte un cylindre blanchet (le « digital offset colour » de Beeny Landa) qui transfère l’image au support, qui lui-même, contrairement à ce qui se passe en xérographie, peut être sur n’importe quelle sorte de papier. En fait, la seule chose en commun avec la
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E-PaperWorld xérographie est le tambour, tout le reste est basé sur le procédé offset. L’histoire devrait retenir que ces deux technologies, celle de la « galaxie Landa » et celle de la « galaxie Xerox » annonçèrent, dans le cadre d’une transition post-industrielle de l’imprimé vers l’écran et le papier électronique, la fin du contact entre le procédé d’impression et son support, voir la fin de l’impression et de l’imprimerie tout simplement. Le fonctionnement industriel repose sur la production de marchandises matérielles et implique une utilisation importante de main-d’œuvre dans le secteur produisant ces marchandises matérielles. Le fonctionnement post-industriel repose sur une production immatérielle (vente de brevets, de services, de savoir-faire) et implique un glissement graduel de la population active vers le secteur correspondant à cette production immatérielle (…). La logique économique du fonctionnement post-industriel (…) a pour matériau essentiel et presque unique l’innovation, la création et la connaissance ; les sociétés post-industrielles sont dans une situation de dépendance matricielle par rapport à l’efficacité des institutions d’enseignement et à la performance des moyens d’information.
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En fait, nous sortons juste du modèle « Galaxie Gutenberg » et de la société du XIXe siècle avec son modèle type « rotative Marinoni » qui ouvrit, nous l’avons vu, à la dématérialisation des moyens de production, en particulier avec l’invention de la rotocalcographie (offset), mais aussi à l’apparition des médias de masse hiérarchisés. C’est à cette période, que vont être aussi jeté les bases d’un rapprochement entre deux domaines de production et de reproduction des documents jusqu’alors distincts : le bureau et l’imprimerie. Ce rapprochement va aboutir à la naissance de la reprographie lors de son informatisation d’où va émerger l’impression numérique. Ce changement, qui va se prolonger aujourd’hui à travers la révolution numérique « du tout en un », en associant le pré-presse avec la presse et la finition, annonce l’apparition d’une nouvelle société avec des rapports plus individuels au monde et aux gens. Elle exprime aussi une nouvelle rupture et une nouvelle accélération économique et politique fondée sur une société post-industrielle. Cela se traduit par l’apparition de réseaux de communications électroniques développés par Internet en association avec le papier électronique et la technologie Wi-fi qui devient l’interface central pour l’usager dans tous les domaines où l’imprimé et l’écran d’ordinateur dominait. La priorité pour ces médias de masse individuels aujourd’hui est de permettre et de reproduire la portabilité, la mobilité, et les capacités de lecture propre à l’imprimé mais sous forme électronique.
Après la rupture de l’ère de l’écriture mécanique avec la presse dite de Gutenberg en opposition à l’écriture manuelle, qui se poursuit avec la mécanisation et l’apparition de la rotative type Marinoni propre aux médias de masse et se prolonge avec l’offset associé à l’électricité et à la photocomposition d’Higonnet et de Moyroud, les pères fondateurs des industries graphiques modernes pour Alan Marshall, la troisième rupture se fonde sur la révolution numérique contemporaine et annonce une quatrième révolution de support sur une grande échelle. Cette évolution, ou cette révolution, montre que ce passage, du monde de l’imprimé numérique et de l’impression à la demande vers l’écran électronique sans Gutenberg, exprime et est la réponse technique à un changement de mentalité et de société car comme le disait Michel Serre, « à chaque changement de société correspond un changement de support ». Le papier électronique:entre l’écran plat et le papier imprimé Ce que l’on cherche à obtenir du papier électronique, nous explique Jacques Angelé, directeur des programmes technologiques chez Nemoptic, fondée en 1998, c’est qu’il conserve l’information indéfiniment sans nécessiter d’alimentation électrique comme pour le papier classique. La société E-Ink est la plus connue, car depuis les premiers essais de Nick Sheridon, qui a inventé dans les années 1970 pour Xerox le premier papier électronique réutilisable, plusieurs papiers électroniques sont apparus. Il existe en fait deux familles technologiques de cette mécanique virtuelle. La première famille associée à la société E-Ink est celle des technologies à particules (dites électrophorétiques) utilisées par Bridgestone (Japon), SiPix (Taïwan), Plastic Logic (Royaume-Uni), le lecteur de Sony pour la FNAC et d’iRex avec le journal Les Échos et Orange et le lecteur d’Amazon. L’autre est fondée sur les cristaux liquides et est utilisée par Nemoptic (France) et l’américain Kent Displays (États-Unis). Elle provient en grande partie des travaux de Pierre-Gilles de Gênes avec le Groupe d’Orsay, des chercheurs de l’Université d’Orsay et du CNRS qui ont établi l’essentiel de la physique des cristaux liquides. Les chercheurs ont déposé les brevets à l’origine de la technologie BiNem, et donc de la création de Nemoptic. Celle-ci est la seule société française à élaborer son propre lecteur interactif,muni d’un écran e-paper Nemoptic pour la lecture de journaux ou de livres nommé SYLEN. Contrairement à E-Ink qui, nous explique Jacques Angelé, doit encapsuler le matériau électrophorétique pour conserver une bonne résolution, au prix d’ailleurs d’une certaine baisse de contraste, Nemoptic utilise une couche
uniforme de cristal liquide «bistable» déposé entre deux substrats. L’originalité de cette technologie, c’est qu’elle dispose d’un effet mémoire; pour obtenir cette propriété, Nemoptic a développé des cristaux liquides et des matériaux d’alignement bistables spécifiques. Le cristal liquide peut prendre deux textures (uniforme ou bien tordue),que l’on fait commuter à volonté pour afficher du noir ou du blanc. L’affichage persiste quand on coupe l’alimentation:c’est le principe de base du papier électronique. Chaque technologie a ses avantages et ses inconvénients,en particulier en ce qui a trait aux processus industriels. Les enjeux sont considérables, car d’après une étude d’iSuppli parue le 9 juin 2008, Kindle est seulement le commencement12, et le commerce des écrans flexibles va exploser d’ici 2013. Les analystes avancent que le «Global Flexible Display Revenue Forecast» passera de 80 000 000$ US, en 2007 à 2 800 000 000$ US en 2013. Peu après la Deuxième Guerre mondiale, explique Fernand Baudin, Louis Moyrond et René Higonnet (1902-1983) ont introduit dans l’écriture mécanisée un bouleversement comparable à celui que Gutenberg avait provoqué vers 1440 en remplaçant l’encre et la plume par l’encre et le plomb: ils ont remplacé la plume et le plomb par la lumière, un système fondé sur le mariage de la photographie ultrarapide et du calcul binaire. Cette véritable révolution a amorcé dans l’histoire de l’écriture mécanisée un processus que les physiciens nucléaires connaissent depuis 1938 sous le nom de dématérialisation. Pour Henri-Jean Martin, cette invention marque le passage de la mécanique à l’électronique dans le domaine typographique, mais selon moi, les racines de cette dématérialisation sont plongées au xixesiècle, comme je viens de le démontrer. Maximilien Vox, visionnaire et fondateur des Rencontres internationales du Lure en 1952 et du magazine Caractère en France, avait alors annoncé la «mort de Gutenberg». Nick Sheridon, ingénieur au centre de recherche de Xerox à Palo Alto vers 1970,et PierreGilles de Gênes,avec le Groupe d’Orsay de 1990 à 1995, vont peut-être lui donner enfin raison en donnant à la lumière un nouveau support. Je me propose de reconstituer, dans mes recherches à venir, les étapes de cette invention majeure de la fin du xxe siècle, étroitement liée à des facteurs organisationnels et aux pratiques culturelles de nos sociétés, tout en identifiant l’impact de ces facteurs et de ses pratiques sur les différentes applications possibles de ce nouveau support de l’écriture. Cet article provient d’une synthèse de mes recherches dans le cadre d’un DEA en histoire des techniques, sur « L’histoire de l’offset de l’analogique au numérique », une
recherche dirigée par François Caron à l’Université Paris IV Sorbonne et dans le cadre de ma thèse de doctorat sur Hippolyte Auguste Marinoni (1823-1904), un des fondateurs de la presse moderne, dirigée par Frédéric Barbier directeur de la IV section Histoire et civilisation du livre à l’École Pratique des Hautes études. DAUMAS Maurice, Histoire générale des techniques (5 vol.), éditions PUF, Paris, 1996. Vol. 5 : « Les techniques de la civilisation industrielle : transformation. Communication. Facteur humain. » 600 pages, p. 262. PINSON Stephen C., « Nicéphore Nièpce », dans le catalogue de l’exposition Le Daguerréotype français. Un objet photographique, ouvrage collectif sous la responsabilité scientifique de BAJAC Quentin et PLANCHON-DE FONTRÉAULX Dominique, Musée d’Orsay, Paris, 13 mai - 17 août 2003, éditions de la Réunion des Musées Nationaux, 2003, 431 pages, p. 134. Op. cit., PLANCHON-DE FONT-RÉAULX Dominique, « Splendeurs et mystère de la chambre noire. Le daguerréotype sous l’œil des critiques, », Le Daguerréotype français. Un objet photographique,p. 58. Op. cit., REYNAUD Françoise, « Le Daguerréotype comme objet », Le Daguerréotype français. Un objet photographique,p. 88-89. ROZEN J., « La photographie et l’estampe industrielle en France dans les années 1840 », in Nouvelles de l’estampe, n° 92, mai 1987, p. 1050, p. 4 et 5. Ibid. cit., J. Rozen, p. 4 et 5. Idem. J.Rozen Idem. J.Rozen Op. cit., J. Rozen, p. 10. BAJAC Quentin, « Une branche d’industrie assez importante. L’économie du daguerréotype à Paris, 1839-1850 », dans le catalogue de l’exposition Le Daguerréotype français. Un objet photographique, ouvrage collectif sous la responsabilité scientifique de BAJAC Quentin et PLANCHON-DE FONT-RÉAULX Dominique, Paris, Musée d’Orsay, 13 mai -17 août 2003, éditions de la Réunion des musées nationaux, 2003, 431 pages, p. 53. Ibid. cit., ROUBERT Paul-Louis, « Le Daguerréotype en procès. Le déclin de la pratique du daguerréotype en France », Le Daguerréotype français. Un objet photographique, p. 122. MARTIN Gérard, l’Imprimerie d’aujourd’hui, éditions du cercle de la librairie, Paris, 1992, 252 pages, p 56. Op. cit., ROUBERT Paul-Louis, Le Daguerréotype français. Un objet photographique, p. 126. Mise au point en 1850, cette méthode utilise une émulsion très photosensible d’halogénure d’argent et de collodion, préparée juste avant d’être couchée sur une plaque de verre. Après avoir été exposée, dans un appareil de prise de vue, aux lumières réfléchies par un document ou un objet, la plaque est développée dans un bain de sulfate ferreux. La reproduction photographique, ainsi obtenue avec une grande rapidité, est parfaitement copiable en contact sur la surface sensible d’une plaque de métal destinée à être gravée par exemple. « Report lithographique », in La Lithographie, mars 1852, p. 207. La théorie des reports repose entièrement sur les principes même de la lithographie, c’est-à-dire que tout l’art consiste à fixer sur la pierre un corps gras, capable de résister au tirage, qu’il importe peu que cette substance soit appliquée sur la pierre de telle ou telle manière et que les traits à reproduire soient dessin ou écriture. C’est à
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E-PaperWorld cet endroit stratégique que se bloquera l’évolution de l’offset jusqu’à la création de la « lumitype » de Hygonnet et Moyroud. L’imprimerie numérique y apporte une réponse révolutionnaire en supprimant tout intermédiaire manuel ou mécanique, dans le transfert au support papier. Mais jusqu’aux années 1950, les formes imprimantes continueront d’être préparés en typographie, la différence étant que les documents originaux sont photographiés au lieu d’être dessinés, grâce aux découvertes majeures de Poitevin. Lire les travaux d’Alan Marschall. Photocollographie est le nom scientifique du procédé phototypie. Cette désignation, photocollographie, a été indiquée par le Congrès international de photographie de 1885, mais malgré cela le terme phototypie est resté le plus employé. La technique du procédé est la suivante : une dalle de verre recouverte d’une couche de gélatine est insolée sous un négatif. Après son insolation, la dalle est longuement lavée à l’eau froide, séchée, et de nouveau humectée au moyen de glycérine étendue d’eau à laquelle on a ajouté quelques gouttes d’ammoniaque. Cette opération fait que les endroits du dessin non exposés à la lumière gonflent, tandis que les parties insolées refusent l’eau et deviennent en état de recevoir l’encre à l’impression qui va suivre. Sous l’action du mouillage, la gélatine non insolée s’est gonflée et forme maintenant comme un bas-relief dont les parties les plus élevées sont les grands noirs du sujet. c’est sur cette gélatine que s’opère l’impression qui se fait soit à la presse à bras, soit à la machine lithographique, celle-ci cependant un peu modifiée en ce sens qu’elle a double jeu de rouleaux et un appareil dit de cache, nécessaire pour garantir les marges du papier. Le celluloïd, très inflammable, a progressivement reculé devant l’acétate de cellulose, auquel ont succédé après la Seconde Guerre mondiale des matériaux dimensionnellement plus stables, les polyesters et les polycarbonates. BRUSATIN Manlio, Histoire des couleurs (1983), éditions Flammarion, Paris, 1986 (pour la traduction française), 118 pages. Elle permit aussi d’appliquer par le tramage, la quadrichromie, d’après les principes établis par Newton en 1704 et Clerk Maxwell en 1857. Procédé dit de trois couleurs : selon la découverte de Newton, le rouge, le jaune, le bleu, mélangés en proportions convenables, suffisent à reproduire toutes les couleurs de la nature. Ce principe fut appliqué aux arts graphiques par le Français Le Blon, lequel produisait, en 1740 à Francfort, des estampes polychromes au moyen de trois planches de cuivre gravées à l’aquatinte. La méthode tomba dans l’oubli jusqu’à la fin du XIXe siècle, époque à laquelle la photomécanique s’empara du principe. Les Français Ducos du Hauron et Charles Cros, reprenant le principe de Newton, imaginèrent de décomposer par la photographie les couleurs d’un original, de manière à obtenir trois clichés portant chacun une des couleurs fondamentales, rouge, jaune et bleu. Ces clichés, imprimés ensuite dans la teinte qu’ils représentent, devaient reconstituer, par superposition des tirages, l’original photographié. « Chromolithographie, similigravure en couleurs », Bulletin officiel de l’Union syndicale des maîtres imprimeurs de France, n° 19, janvier 1909. La décision d’imprimer, soit en machines à feuilles, soit sur des rotatives à bobines est fonction de l’ ampleur des tirages, les longs tirages étant en principe confiés aux rotatives à bobines, les petits aux machines à feuilles. MARSHALL, Alan, Du plomb à la lumière, éditions de la
Maison des sciences de l’homme, Paris, Éditions de la Maison des sciences de l’homme, Paris, p. 19. MARSHALL, Alan, Ruptures et continuités dans un changement de système technique. Le remplacement du plomb par la lumière dans la composition typographique. Thèse, mars 1992, 500 pages. Voir Mc Luhan Voir à ce sujet La Revue française d’histoire du livre, n° 106-109, actes du colloque « Les Trois Révolutions de l’imprimerie », qui s’est tenu à Lyon en novembre 1998, Droz, Genève 2000. MOLLIER, Jean-Yves, La lecture et ses publics, à l’époque contemporaine. Essais d’histoire culturelle, Paris, Éditions PUF, 2001, 186 pages, p. 173. GILMONT, Jean-François, Le Livre, du manuscrit à l’ère électronique, Éditions du Céfal, Liège, 1993. MILLIERE, Guy, « l’information dans l’ère post-industrielle », MEI « médias et information », n° 2, 1994, pp. 75-80, 111 pages. Voir Mc Luhan Op.cit, MARSHALL, Alan, Du plomb à la lumière, p. 21. L’ABC daire de tous les Savoirs du monde, exposition organisée par la Bibliothèque nationale de France « Tout les savoirs du monde, l’aventure des encyclopédies, de Sumer au XXIe siècle » , du 20 décembre 1996 au 6 avril 1997. Jérôme Bouteiller,interview,«Jacques Angelé,l’essor du papier électronique est inéluctable»,[www.neteco. com],19janvier 2007. «Flexible Display Market to Expand by Factor of 35from 2007to 2013», [http://www.isuppli.com/news],9juin 2008. David DeJean, «The future of e-paper: The Kindle is only the beginning», ibid. Fernand Baudin,«L’effet Johnston»,dans Elly CockxIndestege,F.Hendrickx et C.Coppens,E Codicibus Impressisque: Opstellen Over Het Bœk In de Lage Landen Voor,L ouvain,Peeters,2004,p.601-630. Henri-Jean Martin,«Préface»,dans Alan Marshall, Du plomb à la lumière, Paris, Éditions de la Maison des sciences de l’homme,2003,p.19.
“Le livre meurt-il?...“
(sur un air connu)
par ivan Carel Ah, la douceur et la finesse d’un Pléiade, les pages écornées d’un vieux dictionnaire, ces manuels annotés à chaque paragraphe, les doigts plein d’encre après avoir feuilleté le journal du jour, l’odeur des archives jaunies (surtout si l’ancien propriétaire était un fumeur de pipe, ce qui nous renvoie là encore à une époque révolue). Et je ne parle pas des livre de photographies aux tirages barytés, de ces ouvrages glacés de reproduction artistique, des bandes dessinées aux couvertures cartonnées, … C’est que chacune de ces impressions tactiles, olfactives, situe le contenu du livre : on y est attaché car le livre est un objet non neutre, non aseptisé. On le donne, on le reçoit, on se l’approprie, il fait partie de nos vies et chaque bibliothèque est le miroir de notre être sensible et rationnel à la fois. Lorsque Éric m’a parlé la première fois des lecteurs numérique, j’ai eu un mouvement de recul. Non qu’il parlât trop fort, mais ses mots m’effrayaient. Je sentais mon royaume s’évanouir entre mes doigts car je devinais l’ampleur du bouleversement à venir. Ainsi, les livres vont mourir ? La bibliothèque d’Alexandrie risque-t-elle donc de disparaître une deuxième fois ? Débat maintes fois remis sur le tapis, suscitant toutes les craintes apocalyptiques depuis l’apparition du micro-processeur. Il vous l’expliquerait mieux que moi : chaque révolution de support est inextricablement liée à une révolution de contenu, à une façon différente de voir la vie, le monde qui nous entoure. Si les parchemins ont été les premiers vecteurs de la science, des techniques, d’une diffusion planétaire du savoir permettant à la philosophie occidentale de prendre son essor, c’est l’apparition de l’imprimerie qui mit fin au Moyen-âge et permit à la pensée des Lumières, à l’humanisme, de toucher chaque être humain. À présent, la numérisation est en cours et touche déjà d’autres pans de la production culturelle. La musique a été la première touchée par sa transformation en succession de 1 et de 0.
N’importe quel mélomane vous le dira : rien ne vaut la qualité sonore d’un enregistrement analogique sur large bande ou sur microsillon, à partir du moment où on possède le système de son capable d’en retransmettre toutes les subtilités. Certes. Mais voilà, c’est fait : la compression accomplit son œuvre, toute l’œuvre des Beatles tient dans le poing fermé d’un adolescent ; sa discothèque le suit partout. Le destin du livre est-il là ? Car ce à quoi la musique nous a préparés, c’est à une dématérialisation de l’œuvre, à une rupture du lien jadis intrinsèque entre elle et son support (rappelez-vous les sublimes pochettes de King Crimson !...) Mais le contenu en tant que tel change-t-il ? Ou assistons-nous à une bataille n’affectant que les distributeurs, les constructeurs, les spécialistes du métier, bref, les marchands du Temple? Une chose est sûre : si la technologie nous permet maintenant de transporter une bibliothèque dans notre poche et de la consulter dans un relatif confort, la numérisation du processus d’écriture est en cours depuis que les premiers ordinateurs personnels ont remplacé les machines à écrire. Et aucun écrivain sur la planète ne voudrait revenir à la dactylo. La qualité du contenu a-telle diminué pour autant? Non, mais sa quantité a été démultipliée et nous assistons à une démocratisation de l’écrit et de la production artistique en général qui bouleverse les anciennes structures de production et de distribution. Là est le défi : maintenir, malgré une offre sans cesse croissante, une qualité qui saura continuer à satisfaire les plus exigeants. Après tout, les nouveaux disques de Radiohead ou d’Arcade Fire ne paraissent-ils pas autant en vinyle qu’en fichiers numériques téléchargeables (et parfois gratuits!...) ? Le livre ne va pas mourir de sitôt. Il restera le lieu obligé, au moins pour un temps, de la diffusion des connaissances. Ce constat fait, il nous faut à présent affronter lucidement l’émergence d’un nouveau paradigme de communication basé sur l’Internet et la dématérialisation des savoirs, paradigme dont les finalités nous sont en grande partie inconnues, mais qui promet de nous en faire voir de toutes les couleurs et de considérablement bouleverser nos modes de vie.
Yvan Carel xxxxx
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L’AVENIR DU PAPIER DANS LE PAPIEL ? ENTRE COPIAGE ET COMPLÉMENTARITÉ, PAS ENCORE UN MODÈLE DE REMPLACEMENT par éric Le Ray, Ph.D
Éric Le Ray Ph.D Président-fondateur Société EPC est l’auteur de «La Bataille de l’imprimé à l’ère du papier électronique», 2008, Éd. les PUM,
Souvent en observant l’évolution d’une entreprise on se rend compte de l’évolution de la société où celle-ci est implantée. À regarder de plus près l’évolution de Quebecor inc. on constaste que cette société vient de vivre une transformation radicale. Répartit auparavant sur deux pôles Quebecor World1 et Quebecor Média, l’année 2008-2009 a vu ce groupe recentrer ses activités autour du Pôle Quebecor Média détenu à 54,7% par la maison mère Quebecor inc. Dans ce pôle on retrouve les activités de câblodistribution devenue aujourd’hui celui des télécommunications avec Vidéotron qui va lancer son réseau de téléphonie sans fil en 2010 au Québec avec l’aide de Rogers pour le reste du Canada, TVA, le réseau Internet Canoé. L’imprimerie et l’imprimé n’ont cependant pas disparu de cette antité puisque que l’on y retrouve le secteur des journaux, devenu le secteur médias d’information, avec Le Journal de Montréal, les journaux de Sun Média et le secteur de l’édition avec Archambault. On y retrouve aussi le Réseau Quebecor Média pour la distribution. On sent cependant que les supports électroniques prennent de plus de plus de place dans ce groupe de communication vis à vis du support papier et de l’imprimé. Un secteur où Quebecor inc, était, il n’y a pas si longtemps encore, le leader mondial, avant de décider de se séparer de ce pôle en 2008. Ce dernier lui procura, depuis les origines, vers 1950, les moyens de devenir le groupe que l’on connaît.
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Aujourd’hui, à l’inverse, c’est son secteur télécommunication qui devient l’élément moteur du groupe en permettant à Quebecor d’enregistrer un bénéfice net global en hausse de 33,6% au début du mois d’août 20092. Vidéotron, par exemple, avec son service illico télé numérique est devenu chef de file au Québec après avoir atteind plus d’un million de foyers. Selon Myrianne Collin, vice-présidente, Marketing, secteur consommateurs de Vidéotron, « (…) Les besoins du consommateur en matière de télédistribution ont connu une véritable révolution ces dernières années. Il
est essentiel de constater que le téléspectateur ne veut plus être prisonnier de la grille horaire. Il veut avoir le plein contrôle sur la programmation et choisir le moment de regarder ses émissions tout en ayant le loisir de faire une pause, revoir un extrait aussi souvent qu’il le désire et reprendre le visionnement quand bon lui semble (…) »3. Cette flexibilité, et la possibilité de s’offrir des forfaits sur mesure, explique cette popularité. Le secteur des médias d’information, comme avec Sun Média, frêne cependant ce développement et pause plus de problème. Les revenus du Câblodistributeur ont grimpé de 17% (233M$), alors que les revenus de Sun ont reculé de 24% (56M$)1. Une situation de déséquilibre en faveur de l’électronique, au dépend du papier que l’on retrouve, pour l’instant, surtout en Occident.
Gratuité, instantanéité et médias sociaux La fabrication traditionnelle et la mise en forme de l’information est remise en question par la gratuité et par l’instantanéité. En outre le journaliste doit partager son rôle de plus en plus avec le public ou chaque citoyen peu devenir producteur d’information et non plus seulement récepteur d’information. Cette nouvelle situation oblige à redéfinir la fonction du journaliste, son travail et ce qu’il est. Une réflexion au cœur de la FPJQ qui regroupe au Québec plus de 2000 journalistes depuis plusieurs années2 car il est de plus en plus difficile pour le public mais aussi pour les professionnels de distinguer les journalistes des autres professionnels de la communication ou des simples citoyens. Mais alors qu’Internet, les blogues, et les nouveaux médias prennent de plus en plus de place, les médias traditionnels restent cependant toujours la source d’alimentation de ces nouveaux médias même si la notion d’entreprise de presse est elle aussi en transformation confrontée aux gratuits et à ces nouveaux médias. Les réactions sont multiples. Murdoch veut faire payer les journaux sur Internet1 alors que les agrégateurs de nouvelles (comme google News) qui livraient chaque minute, gratuitement, toutes les informations du jour, veulent faire payer dorénavant les journaux en ligne2 confronté à une baisse des revenus publicitaires ce qui influe directement sur
les moyens de payer les journalistes et d’assurer une couverture de qualité. Comme l’indique Poulet, « La crise du journalisme a moins à voir avec l’endroit où les gens vont chercher leurs informations qu’avec la manière dont ils les paient »3. On assiste en même temps que cette démocratisation du rapport à son environnement à une baisse de qualité par manque de moyen financier. On ne fait plus de longues enquêtes, de reportages à l’étranger. On élimine les postes de vérificateurs ou de correcteurs. D’un côté la presse gratuite est peu fouillé alors que la presse payante sera plus approfondie, ce qui pour Poulet, risque de développer une information à deux vitesses. Cependant, malgré le passage de l’imprimé à l’écran électronique, les principes de base du métier journalistique persistes comme la vérification des faits, l’indépendance, l’esprit critique, la rigueur, la déontologie. C ‘est la structure de la réception et de la diffusion de l’information trop coûteuse aujourd’hui qui évolue et qui explique les difficultés de Quebecor World, de CanWest Global ou la crise du Journal de Québec ou celle du Journal de Montréal qui semble s’éterniser depuis janvier 2009. Gesca qui voulait vendre sept de ses journaux, à Transcontinental, sans succès, en ne voulant conserver que La Presse, menace de fermer le journal d’ici le 1er décembre 2009 si la direction de trouve pas un terrain d’entente avec les syndicats pour une nouvelle convention collective pour réduire ses coûts d’opération de 13 millions de dollars4.
Baisse des revenus publicitaires Cette évolution d’une concentration des médias, qui inquiétait les journalistes5 à l’éclatement de ces mêmes médias6 s’accompagne d’une baisse des revenus publicitaires confronté à la culture de la gratuité. Dans le modèle de média de masse mis en place au XIXe siècle les sources de revenu viennent des ventes (unité et abonnement) et de la publicité. En France, le nombre de pages de publicité a diminué de 32,5% dans les quotidiens depuis dix ans. En Amérique, les petites annonces d’ici cinq ans devraient avoir migré sur Internet et auront totalement disparu de la presse écrite dont les dépenses publicitaires sont en chute libre. Le marché publicitaire dans ce pays y a enregistré au premier semestre 2009 un recul de 15,4% sur un an. Tous les médias y ont essuyé une nette baisse de leurs recettes publicitaires en particulier à cause de la crise du secteur automobile qui a réduit ses dépenses de 31,4%, mais pas
seulement7. Les suppléments dominicaux de la presse locale ont été les plus durement touchés (-45,7%), suivis des magazines locaux (-25,4%). La presse nationale avec les magazines (-21,2%), les journaux (-22,8%) et les suppléments dominicaux qui leur sont associés (-22,4%) vive des baisses de revenus ainsi que les journaux locaux avec -13,2%. Viennent ensuite les affichages publicitaires en extérieur (-14,9%), les réseaux radio (-9%) et de télévision (-7%). On constate aussi une baisse sur internet de 1%. Seule la télévision par câble dans la radiodiffusion enregistre une progression de 1,5%. Depuis 2002 au Canada8 il y a une croissance régulière des revenus de publicité en ligne. On est passé en effet de 176 millions $ en 2002 à 1337 millions $ avec une augmentation de 80% entre 2005 et 2006 pour passer de 562 à 1010 millions $. En 2006 Internet se classait au septième rang dans les dépenses en publicité mais pendant la période de 2002 à 2007 Internet à vu sa part augmenter de 58%, dont 37% rien qu’en 2007, ce qui en terme de progression permet à Internet d’occuper la première place. Le premier investissement publicitaire reste, dans l’ordre, celui de la télévision puis celui dans les journaux et enfin celui de la radio qui devrait être dépassé par celui sur Internet à partir de 2010. D’après le CRTC les revenus de publicité à la télévision traditionnelle ont commencé à décliner au Canada en 2009 (passant de 2,4 milliards de dollars en 2007 à 2,25 milliards en 2011), tandis que les revenus dans les radiodiffuseurs vont augmenter comme nous l’avons constater chez Quebecor Médias. Au Québec seul Le Devoir semble tiré les marrons du feu car ses revenus ont progressé en 2009 par rapport à 2008 de 4% même si l’objectif était de 7%. La stratégie du journal repose sur l’association du papier et du web9. Le Devoir, par ailleurs, dépend moins de la publicité d’après son rédacteur en chef actuel, Bernard Descôteaux, que ses grands rivaux puisqu’il tire environ la moitié de son chiffre d’affaires de son tirage alors que pour les autres journaux cela s’approche des 25%. Pour finir ses annonceurs sont davantage institutionnels et culturels que liés au secteur automobile ce qu’il l’a rendu beaucoup moins sensible à l’évolution du marché publicitaire. D’apres Poulet c’est cependant l’ensemble du modèle économique des journaux qui est maintenant brisé car pour la première fois depuis la fondation de la presse moderne au XIXe siècle avec Émile de Girardin ou Marinoni10 en France, les annonceurs peuvent se passer des médias
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E-PaperWorld traditionnels grâce à Internet et aux nouveaux réseaux sociaux de communication comme Facebook ou Twitter. Poulet cite en exemple IKEA, qui a créé plusieurs sites Internet de communautés d’intérêts. L’entreprise atteindrait ainsi quelque 90 millions de consommateurs potentiels sans utiliser de budget publicitaire.
racheté par le MIT qui va créer en 1996 la société E-Ink qui fournit 90 % des lecteurs électroniques dans le monde. On y trouve des applications pour le secteur du livre comme de la presse. Cette société vient d’être racheté à son tour par la société tawanaïse PVI qui fournit les écrans de ces mêmes lecteurs.
De l’imprimé au papier électronique
Au Québec, après les expériences de la Fondation littéraire fleur de lys (300 livres numérisés), et celles de la maison d’édition Robert ne veut pas lire, l’étude enfin sur « Les enjeux de l’édition du livre dans le monde numérique »1 en juillet 2007, l’ANEL a mis sur pied un entrepôt de livres numérisés, qu’on appelle un « agrégateur de contenus numériques » mis au point par la firme québécoise De Marque qui permettra aux éditeurs d’offrir leurs livres, soit sous forme numérique, soit en format papier, par l’entremise des services de librairies en ligne. Au Etats-Unis, explique Clément Laberge, vice-président de cette société pionnière au Québec dans le secteur des entrepôts numériques2, la vente de livres en format papier, vendus en ligne a désormais atteint les 12% alors qu’en France, elle se situe entre 6 et 8% et qu’au Québec elle se tient sous la barre des 3%. La vente de livres numérisés atteint aux Etats-Unis seulement 1% alors qu’en France et au Québec elle est pratiquement inexistante. On ne compte au Québec que 1000 à 2000 titres numérisés.
Cette transformation du marché publicitaire et l’apparition de ces nouveaux médias sociaux à un impact sur les médias traditionnels. En France, 59% des habitants de plus de 15 ans lisaient un quotidien en 1967. Ce chiffre est passé à 34% en 2005 nous explique Paul Cauchon en analysant le livre de Bernard Poulet sur « La fin des journaux et l’avenir de l’information ». Au USA, le chercheur Jeffrey Cole11 fait remarquer que, chaque fois qu’un lecteur de journal papier meurt, il n’est pas remplacé par un nouveau. Vin Crosbie12 prédit, lui, que dans dix ans plus de la moitié des 1439 quotidiens américains n’existeront plus. Toujours aux USA le nombre d’exemplaires payants de journaux était de 353 pour 1000 habitants il y a 50 ans. Il est aujourd’hui de 183. Les trois grands newsmagazines américains, eux, ont perdu 26% de leurs lecteurs depuis 15 ans. Pour finir 39% des 18-24 ans y lisaient un quotidien en 1997. En 2006, ils n’étaient plus que 22%. Au Québec en 2009, La Presse a lancé LaPresseSurMonOrdi.ca1, une version électronique qui présente un contenu, une mise en page et des publicités identiques à la version papier du quotidien. Le Devoir s’essaye avec Papier virtuel pour être lu sur le Web et sur différente plateformes et après 30 ans d’existence, la Gazette des femmes2 a annoncée abandonner le papier pour publier uniquement sur Internet à l’image des précurseurs comme Le Québécois Libre. Rue Frontenac s’inspirant de l’expérience française de Rue 89 et de Médiapart s’impose par défi face à Quebecor. Survivra t-il a cette réaction syndicale intelligente au profit d’une vision à l’imâge de ce nouveau média Quebec 89 fondé par Rue 89 et Branchezvous ? La naissance de ce nouveau média sera lancé officiellement au forum professionnel EPaperWorld 2009 qui aura lieu le 30 septembre et le 1er octobre 2009 à l’UQÀM.
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Le marché de l’édition au Québec, depuis quelques années, se prépare aussi au grand saut vers le numérique et les écrans électroniques de lecture utilisant la technologie du papier électronique inventé par Xerox vers 1974 dans son centre de Palo Alto par l’ingénieur Sheridon. Le brevet fut
Une situation qui a commencé à changer entre 2007 et 2008 peu avant le salon du livre de Montréal. Le livre, un ouvrage collectif, La Bataille de l’imprimé à l’ère du papier électronique, sort le 7 novembre édité par les Presses de l’université de Montréal. La librairie Monet fait venir Bruno Rives au Salon du livre pour faire une démonstration et parler des nouveaux livres électroniques présents sur le marché international et francophone en particulier. Bruno Rives interviendra aussi dans le colloque organisé par la Fédération professionnelle des journalistes du Québec (FPJQ). Ce dernier est venu aussi au Québec à l’invitation d’infopresse quelque temps plus tôt et a organisé ses rencontres Tebaldo à partir de mars 2007 au Québec. Une rencontre qu’il organise régulièrement en France à Paris depuis quelques années. Ce spécialiste français, ancien de chez Apple, a participé dès septembre 2007, un mois avant la sortie du premier Kindle d’Amazon, à la première expérience française d’application d’un livre électronique dans le secteur de la presse avec le journal Les Échos avec un lecteur de marque iRex et le propre lecteur de la société Ganaxa développé par Bruno Rives lui-même.
En Novembre 2008, alors qu’en France, la FNAC et Numilog, racheté par Hachette, qui est l’équivalent québécois de la société québécoise De Marque, lance la première offre de livre numérisé en liaison avec un lecteur électronique Sony dans un grand centre de distribution, l’équivalent québécois d’Archambault, ce dernier décide de distribuer un lecteur de livres numériques, le Cybook Gen 3 de la société française Bookeen, au coût de 350$. Le choix de littérature francophone restant très limité le groupe Archambault à donc décidé d’offrir un nouveau service pour aider à développer une offre massive de livre francophone. Annoncé dès le 3 mars par la journaliste Carine Salvi sur le blogue QuébecTech de Branchez vous3, cette annonce s’est concrétisée le 26 août dernier par la création d’un site Internet JeLis.Ca en association avec la société Numilog pour avoir les 20 000 titres francophones annoncés et la société De Marque pour l’entreposage des livres numériques. Ce lancement s’est fait en association en avant-première mondiale avec le lancement du nouveau lecteur PRS 600 de Sony. Denis Pascal d’Archambault , le responsable de la mise en place de cet ambitieux projet, annonce 50 000 titres pour la fin de l’année 2009 ce qui positionne Archambault (Groupe Quebecor Média) comme leader du marché francophone dans le monde dès le lancement de leur site Internet. L’accord entre sa filiale Sogides, la division livres de Quebecor, que vient de signer cette société avec le deuxième éditeur français Éditis29, pour développer sa plateforme, devrait lui permettre d’atteindre cet objectif même si le groupe Éditis ne propose que 500 titres numérisés pour l’instant. Cela donne aussi des débouchés supplémentaires pour les nouveaux lecteurs électroniques comme ceux de Sony ou de Bookeen. Cette dernière société, entre-temps, depuis le 4 juillet 2009, à sortie son nouveau lecteur de 4ème génération, le Cybook Opus. Ces deux constructeurs, avec la société française Nemoptic, qui développe une technologie de papier électronique différente à cristaux liquide, ont été les trois sociétés présente au forum sur la quinzaine de constructeurs qui existent dans le monde. Un forum professionnel, celui des Assises internationales de l’imprimé et du livre électronique, convergence et mobilité, le E-PaperWorld 2009, qui s’est tenu le 30 septembre et le 1er octobre à l’UQÀM. L’avenir du papier dans le papiel ? entre copiage et complémentarité, par encore un modèle de remplacement Le magazine Esquire, en octobre 2008, pour ses 75 ans d’existance intégra à sa couverture papier,
du papier électronique. Le papier évolue lui aussi beaucoup face à cette révolution technologique électronique dans le secteur de la presse comme dans celui du livre grâce en particulier aux applications du RFID avec le flashcode par exemple. En France Orange et les éditions Robert Laffont lançent un nouveau concept autour de la lecture, l’hyperlivre4, avec l’aide du visionnaire Jacques Attali qui fonda Cytale (actuel Bookeen) et qui à dirigé pour l’occasion un ouvrage collectif Le sens des choses…L’hyperlivre à la caractéristique de pouvoir être lu mais aussi écouté, visionné et surtout actualiséé éventuellement. Dans la recherche fondamentale aussi les applications de la nanotechnologie dans ce secteur de pointe, malgré les apparences, sont nombreuses comme dans le désencrage, le recyclage, le respect de l’environnement, les essences d’arbres. La société américaine, ArboGen filiale de Paper, veut commercialiser par exemple, un eucalyptus modifié dès 2010. L’arbre génétiquement modifié préserverait la forêt et la biodiversité, selon ce numéro un mondial de l’industrie papetière. Grâce à des arbres à croissance rapide qui nécessiteraient moins d’eau et seraient résistants aux maladies, on relèverait le défi du changement climatique, on aurait du bois de chauffe et de la pâte à papier en abondance, une matière renouvelable, ce qui n’est pas le cas du pétrole à l’origine du papier électronique. Au nouveau Centre intégré en pâtes et papiers de l’Université du Québec à Trois-Rivières, suite à des recherches post-doctorales d’Éric Le Ray, sous la direction de Patrice Mangin, son directeur, on réfléchit même à l’idée de remplacer l’interface de lecture en plastique du papier électronique par du papier naturel transformé par la recherche scientifique d’aujourd’hui. Celle-ci permet d’avoir des papiers très performants avec des applications dans l’aérospatiale au Japon ou dans l’automobile avec les batteries aux État-Unis. Patrice Mangin, rappelle aussi qu’ « une analyse plus macro-économique globale que régionale qui tient compte des types de papier, journaux, impression, papier en feuilles, magazines, etc, indique une croissance régulière et continue de la production mondiale, ce qui fait davantage craindre un manque de ressources fibreuses pour produire du papier que sa disparition prochaine (…) »5. Le papier électronique qui veut copier, voir remplacer le papier naturel à base de bois, veut surtout égaler le papier dans ses rôles, celui de la lecture la transmission et l’archivage et ses caractéristiques, fin, plat, flexible et léger et peu donc être relié en cahier ou un livre. Il peut être plié, roulé il est conviviale avec une belle ergonomie. On peu imprimer dessus en noir et blanc
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E-PaperWorld ou en couleurs en offrant un excellent contraste. Le papier fonctionne sans pile et tombe rarement en panne. Il est aussi la matière qui semble la moins chère à produire à partir de fibres naturelles renouvelables. On peu aussi effacer ce papier et surtout entièrement le recycler ce qui n’est pas encore le cas du papier électronique et des différents lecteurs. Sur ces derniers terrains les supports électroniques gagnent de plus en plus de terrain même si Patrice Mangin rappelle que « (…) 82% de nos activités impliquent l’usage de documents, dont 70% requièrent de la lecture de textes. Les activités de lecture se font à 85% sur support papier, et 13% seulement sur support écran (lecture en ligne), sur télévision et sur écrans électroniques de toutes sortes. En outre, pour ce qui est des activités professionnelles, dans 75% des cas, la lecture est combinée a l’écriture, le tout s’effectuant sur support papier ». On le voit c’est plutôt la force de la combinaison électronique-papier qui s’impose. Les secteurs cependant à donnée variable comme la presse périodique seront les plus touchés et risque de disparaître sous forme uniquement papier. Là où l’information transmise est temporaire, à durée de vie limitée, où il n’y a pas forcément besoin d’archivage ou de recherche documentaire sélective, ces médias traditionnels seront les victimes des nouveaux supports de lecture mobile, convergent et électronique. Patrice Mangin nous explique que depuis 1999, en Amérique du Nord la consommation
Quebecor World est redevenu World Color Presse après s’être affranchi, le 21 juillet 2009, du régime
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de papier journal est en baisse régulière, avec 7 à 10% de décroissance par année, voir 11% en 2006. Il est prévu une baisse cumulée de 30% supplémentaire de la demande d’ici 2020. Dans le même temps d’après une étude diSuppli6 parue le 9 juin 2008 le commerce des écrans flexibles explose. D’ici 2013 les analyses avancent que le « Global Flexible Display Revenue Forescast » passera de 80 000$US, en 2007 à 2 800 000 000 $US, près de trois milliards, en 2013. Les nouveaux médias copient les anciens comme Gutenberg copia la culture et les réalisations des maîtres calligraphes avant que cette nouvelle industrie, l’imprimerie, ne fonde son propre style, ses propres règles et son propre univers. C’est un peu la même chose avec le papier électronique et les lecteurs électroniques aujourd’hui. Les lecteurs électroniques portables comme les cellulaires iPhone ou Google phone, ou comme les lecteurs de Sony, le Cybook Opus de Bookeen, copié par le Pocketbook ukrainien, ou encore le Kindle qui est arrivé dans plus 100 pays, le 19 octobre pour la France et le 17 novembre pour le Canada, et enfin le Nook, de Plastic Logic pour Barnes and Noble, arrivé le 30 novembre sur le marché et qui se présente comme le concurrent directe du Kindle, sont dans une phase de copiage du papier mais pas encore dans un modèle de remplacement. Cependant il faut souligner que l’Association des éditeurs américains a fait état de ventes de 63 millions de dollars dans le secteur des livres électroniques pour le premier semestre 2009, soit une hausse de 149,3% sur un an.
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de protection de la Loi sur les arrangements avec les créanciers des compagnies au Canada et du cha-
Le Devoir, lundi 23 mars 2009-09-10
pitre 11 du Bankcruptcy Code des Etats-Unis, sous lesquels il s’était placé en janvier 2008. Le 20 août
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Philippe Brassard, La Presse « papier » sur votre écran, infopresse 16 avril 2009.
2009 cette société a réintégré la Bourse de Toronto sous le sigle WP. World Color Press est le nom de
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Paul Cauchon, La Gazette des femmes cesse progressivement sa publication papier,
l’entreprise américaine avec laquelle imprimeries Quebecor avait fusionné en 1999. La Presse canadienne, « Quebecor enregistre un bénéfice net en hausse de 33,6% »,
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Le Devoir, 5 mai 2009. 20
Le Devoir, vendredi 07 août 2009. 3
4
François Pouliot, Les analystes : le point sur Quebecor, Canadian Tire et Couche-Tard, Argent, jeudi 06 août 2009.
5
Paul Cauchon, Média – « Le blues du journaliste », Le Devoir du 24 novembre 2008
6
AFP, Médias – Murdoch veut faire payer les journaux sur Internet, Le Devoir, Lundi 11 mai 2009
7
AFP, Google veut faire payer les journaux en ligne, Technaute.ca, 10 septembre 2009
8
Bernard Poulet, La fin des journaux et l’avenir de l’information, Paris, Gallimard, 2009
9
RCI - Radio Canada International du 3 septembre 2009
10
Marc-François Bernier, Journalistes au pays de la convergence, Presses de l’Université Laval, 194 pages, 2009. Préface de Bernard Landry.
11
Stephane Baillargeon, De la concentration à l’éclatement,
avec les auteurs suivants : Gérard Boismenu, Magali Simard, Karim Benyekhlef et Éric Le Ray. 21
AFP, Les dépenses publicitaires en chute libre aux Etats-Unis, lapresseaffaires, le 2 septembre 2009.
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22
14
Michel Munger, Le Devoir s’épanouit malgré la crise des médias, Argent, 4 septembre 2009.
15
Éric Le Ray, Marinoni, le fondateur de la presse moderne, 1823-1904, L’Harmattan, 2009.
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Ibid-cit, Bernard Poulet, in Paul Cauchon, Média – R.I.P. l’imprimé ?
Carine Salvi, « Archambault vendra des livres électroniques cet été », Blogue QuébecTech, Branchez-vous, mardi 10 mars 2009.
23
http://www.ebouquin.fr/2009/09/09/hyperlivre-retour-sur-le-concept/ Éric Le Ray, Jean-Paul Lafrance, La Bataille de l’imprimé à l’ère du papier électronique,
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2008, Éd les PUM, Patrice Mangin, « Le papier aujourd’hui et demain », pp. 37-47, 252 pages. 25
« Flexible Display Market to Expand by Factor of 35 from 2007 to 2013 », http://www.isuppli.com/news, 9 juin 2008.
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Carine Salvi, « Archambault vendra des livres électroniques cet été », Blogue QuébecTech, Branchez-vous, mardi 10 mars 2009.
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2008, Éd les PUM, Patrice Mangin, « Le papier aujourd’hui et demain », pp. 37-47, 252 pages.
CRTC, Perspective sur la radiodiffusion canadienne par les nouveaux médias, compilation d’une recherche et des points de vue des parties intéressées, mai 2008, (révisé en juin 2008).
Carole Montpetit, « Nouvel entrepôt de livres numérisés à l’ANEL », Le Devoir, samedi 28 février et
du dimanche 01 mars 2009
Le Devoir, Samedi 05 et dimanche 07 septembre 2009. 12
Les enjeux de l’édition du livre dans le Monde numérique, étude réalisée pour le compte de l’Association nationale des éditeurs de livres, sous la direction de Guylaine Beaudry
Canoé Techno-sciences, « Le premier client numérique est récompensé, Vidéotron : illico télé numérique dans plus d’un million de foyers », Canoé, 26 août 2009.
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Ibid-cit, Bernard Poulet, in Paul Cauchon, Média – R.I.P. l’imprimé ?,
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« Flexible Display Market to Expand by Factor of 35 from 2007 to 2013 », http://www.isuppli.com/news, 9 juin 2008.
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Isabelle PARÉ, « Entente entre Quebecor et un géant de l’édition pour la distribution de livres numériques », Le Devoir, vendredi 30 octobre 2009.
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Livres électroniques : La France en pôle position en Europe par Lorenzo Soccavo L’année 2009 a confirmé l’ouverture française aux marchés émergents des nouveaux dispositifs de lecture et des livres numériques. Mais la volonté politique et les investissements ne suivent pas toujours. L’interprofession reste légitimement encore réservée, tandis que les générations natives du numérique poussent à l’innovation. La décennie 2010-2020 s’annonce comme décisive pour l’avenir du livre francophone et de son marché. Le pays de Molière, de la famille Estienne et de Claude Garamond aux XVIe et XVIIe siècle, a toujours été précurseur dans l’innovation éditoriale. En 1892, Albert Robida dans La vie électrique avait l’intuition géniale que les livres seraient un jour diffusés par téléphones. Aujourd’hui nous y sommes presque. Le premier éditeur numérique, les éditions 00H00, voit le jour en 1998 à Paris. Dès 1996 l’@Folio imaginé par l’architecte designer strasbourgeois Pierre Schweitzer et en 1997 l’idée d’un lecteur français de livres électroniques, qui allait devenir le Cybook de la société Cytale de Jacques Attali, témoignent de cet esprit d’innovation. Mais si en 2009 le rêve continue avec le projet SYLEN (Système de lecture nomade) de la société Nemoptic [www.nemoptic.fr] force est de constater que la France ne semble guère en mesure de concurrencer la R&D et la puissance économique des pays d’Asie de l’Est. Quand un petit français concurrence Sony Depuis 2003 sous le nom de Bookeen [www.bookeen.com], une société parisienne commercialise de nouvelles générations de lecteurs Cybook. Un Cybook Gen.3 depuis 2007 et depuis juillet 2009 un Cybook OPUS. Avec un système ouvert aux principaux formats de lecture numérique et une politique de diffusion volontaire, ces lecteurs d’origine taïwanaise ont pu concurrencer leurs compétiteurs sur le marché hexagonal. Le Néerlandais iRex Technologies, avec ses tablettes iLiad Book Edition et le Digital Reader 1000S au format A4, seulement distri-
buées en ligne par la société 4DConcept orientée BtoB [www.4dconcept.fr]. Le Japonais Sony avec son PRS-505 dont la diffusion dans le réseau Fnac en partenariat avec Hachette n’a pas suscité l’enthousiasme des consommateurs. Malgré ce relatif échec et le retrait du PRS-700 aux États-Unis, les nouveaux modèles de Sony vont sans doute contrarier le développement de Bookeen. Malheureusement trop d’entreprises françaises innovantes se soumettent à l’attraction exercée par le marché anglo-saxon. Le marché francophone leur apparaît moins porteur, alors que la vitalité de secteurs comme l’édition et la presse repose en partie sur les langues nationales. Comparée aux autres pays européens la France fait encore office d’éclaireur. Les recherches sur la lecture électronique du Laboratoire des usages en technologies d’information numérique du CNRS en sont une preuve parmi d’autres. Mais l’arrivée du reader Kindle d’Amazon au Royaume-Uni, facilitée justement par la communauté linguistique, va changer la donne. Une année 2009 sous le signe de la préparation Les signes d’une mutation de la chaîne du livre française en vue d’une réorganisation de son marché se multiplient. Depuis 2008 la diffusion distribution se réorganise. Un signe en est l’acquisition de Numilog, principale plateforme de distribution de livres numériques en France par Hachette Livre, filiale du groupe Lagardère. Mais on aurait tort de négliger l’accord Fnac Cyberlibris, ou le lancement d’Éden-Livres (Entreprise de distribution de l’édition numérique) qui rassemble les trois groupes Gallimard, La Martinière et Flammarion. De nouveaux venus comme miLibris [http://milibris. com], Nuxos Group et sa plateforme IziBook [www. izibook.com] se positionnent. Les opérateurs de téléphonie mobile et fournisseurs d’accès à Internet français, dont SFR et Orange Telecom également. La couverture Wifi et 3G du territoire et l’équipement des consommateurs deviennent des éléments à prendre en compte pour la diffusion des livres et de la presse.
Lorenzo Soccavo Prospectiviste du livre et de l’édition Consultant pour EPC @ PARTNERS
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E-PaperWorld Dans ce contexte le Syndicat de la librairie française se mobilise et annonce son portail de la librairie pour 2010, tout en se rapprochant de la principale société d’auteurs (SGDL). La multiplication des colloques et tables rondes, la pérennisation de l’espace Lectures de demain au Salon du livre de Paris attestent la prise de conscience de l’interprofession. Sur le Web francophone les blogs sur le devenir du livre et de son marché se multiplient, même si la plupart se contentent de relayer et commenter l’actualité anglo-saxonne. Les natifs du numérique poussent à l’innovation
Le prototype Sylen de Nemoptic
Les jeunes générations bousculent les idées reçues sur le livre et la presse. Elles ont acquis avec le Web 2.0 de nouvelles pratiques de recherche d’informations et de lecture. Une étude TNS-Sofres sur Les Français et la lecture réalisée en mars 2009 pour le quotidien La Croix, contredit quelques idées reçues. Le nombre de lecteurs ne décroit pas véritablement et concernant les critères de choix d’un livre, les conseils du libraire n’arrivent qu’en 10e position, bien loin après le sujet et l’auteur. Pour beaucoup, remplacer le papier revient à scier la branche sur laquelle ils sont assis. Le lancement en mai 2009 de la Fondation Culture Papier sous l’impulsion de l’Union nationale de l’imprimerie et de la communication graphique témoigne bien des inquiétudes de la filière. Le Syndicat national de l’édition a créé l’émoi en déclarant qu’un ebook coûtait autant à produire qu’un livre papier. Dans ce contexte la création de l’Association des professionnels de l’édition [www.proedition.fr] ouvre un nouvel espace de réflexions. La migration à l’horizon 2020 de la communication imprimée sur d’autres supports apparaît inévitable. Le temps pour l’industrie papetière de se tourner vers de nouveaux débouchés. Les plus importants bouleversements sont devant nous Malgré la crise on observe ces derniers mois un élargissement de l’offre de nouveaux dispositifs de lecture avec une baisse des prix public de vente. Notons aussi l’arrivée d’importants acteurs de l’électronique, comme le Coréen Samsung.
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Le marché de l’édition numérique se construit encore en référence au livre papier. Mais dès que des machines à lire performantes seront disponibles à des prix abordables les grands groupes
de communication migreront sur ces nouveaux supports. L’ingénierie d’affichage est en pleine effervescence, mais la technologie de l’encre électronique a encore toutes ses chances. Elle est caractéristique d’une disruptive innovation. Une innovation perturbatrice, sous performante à l’existant et aux besoins du marché, mais porteuse d’un tel potentiel de développement qu’elle peut à court terme s’imposer. La concurrence la plus sérieuse vient de Mary Lou Jepsen et de sa société Pixel Qi [www.pixelqi.com]. Un écran hybride à bas coût, proposant un mode LCD rétro-éclairé et un mode transflectif équivalent au e-paper. Un nouvel écosystème du livre et de la presse se met donc en place, que la pensée collective appréhende difficilement et pour lequel l’interprofession n’a pas encore trouvé de modèle économique. Dans les prochaines années la France n’aura ni la puissance économique ni les capacités technologiques de prendre le leadership, ou de concurrencer sérieusement les États-Unis et les puissances asiatiques. Mais si elle affirme aujourd’hui une réelle volonté politique, soutenue par l’interprofession du livre, appuyée sur la francophonie et l’ensemble des partenaires de la chaîne graphique, elle pourrait rester dans la course en initiant les modèles éditoriaux du XXIe siècle. 2010 pourrait être l’année charnière. L’écran papier à cigarette de Samsung épais de 0,05 mm (FPD International 2008)
l’économie au FIL DU RASOIR par Guy Millière La « crise » que nous vivons et dont on parle depuis des mois doit être analysée, si on la met en perspective, comme une simple péripétie dans une mutation plus vaste dont nous avons à peine commencé à prendre la mesure. Nous ne vivons pas une remise en question du capitalisme planétaire qui impliquerait de « refonder » celui-ci ou de le considérer comme obsolète. Nous vivons une évolution du capitalisme planétaire qui n’a été fondé par personne et ne sera « refondé » par personne, et cette évolution est l’accomplissement et le prolongement de ce qui s’est joué dans et depuis les avancées de ce que Michael Novak a appelé le « capitalisme démocratique » dans son livre The Spirit of Democratic Capitalism. Nous ne vivons pas une remise en question de notre mode de vie découlant d’une « destruction de la planète » ou d’émissions excessives de dioxyde de carbone qui provoqueraient un « réchauffement global créé par l’être humain ». Nous sommes à l’aurore de révolutions technologiques porteuses de potentialités sans précédents en matière de productivité, de création de richesses et de diminution des externalités négatives découlant des activités humaines. En fait, les soubresauts et les effets de choc que nous avons connu depuis 2007 sont les fruits amers non pas du capitalisme, mais d’interventions étatiques perverses qui sont venues susciter des dysfonctionnements, et qui montreront, lorsque les leçons seront tirées, que les interventions étatiques perverses sont plus coûteuses que jamais : des décisions politiques telles celles qui ont mené à créer les prêts subprime aux Etats-Unis ont eu des conséquences non seulement pour l’économie américaine, mais pour les économies mondiales, et des décisions ineptes prises dans un bureau à Washington ont eu des effets jusqu’à Londres, Tokyo ou Sidney. Les divers discours réglementaristes en matière de finance ou d’environnement qui se font entendre ont pour effet d’égarer ceux qui les entendent, de tromper ceux qui les écoutent et de susciter des peurs irrationnelles sur lesquelles des gens très mal intentionnés entendent greffer des moyens de reconstituer diverses formes et modalités de servitude. Ce qui se déploie, plus loin, bien plus loin que soubresauts, effets de choc, discours réglementaristes,
peurs irrationnelles est la continuation de l’économie de marché telle qu’elle a pu renaître en Europe voici huit siècles, de la vision de l’être humain qui la soustendait et qui s’est affirmée dans l’humanisme, des revendications de ce que des philosophes du droit ont appelé le « droit d’avoir des droits », et des innovations scientifiques, techniques et technologiques qui ont pu émerger dans le contexte résultant. Ce qui se déploie s’est trouvé accéléré par les innovations qui se sont cristallisées au cours des trente dernières années. Celles-ci ont servi de catalyseur pour qu’émergent d’autres innovations et ont impliqué la grande mutation dans laquelle nous sommes. Ces innovations sont venues vérifier et continuent à vérifier ce que Paul Romer, dans « Endogenous Technological Change », a appelé l’amélioration simultanée des biens complémentaires». Une découverte dans un domaine peut se trouver donner des idées à un autre découvreur, qui ellemême donnera des idées à un autre découvreur. De fil en aiguille, ces découvertes et idées changeront les façons de faire d’une manière de plus en plus vaste et de plus en plus profonde. Lorsque William Shockley, John Bardeen et Walter Brattain ont inventé le transistor pour les Bell Laboratories en 1947, aucun d’entre eux n’imaginait que d’autres qu’eux utiliseraient le transistor pour créer des semiconducteurs : c’est William Shockley qui eut cette idée, sept ans plus tard, en 1954, lorsque Gordon Tiel, de Texas Instruments, inventa le premier transistor en silicone. Gordon Tiel ne savait pas que sa découverte donnerait à un autre chercheur de Texas Instruments, Jack Kilby, en 1957, l’idée de créer les premiers microprocesseurs. Kilby lui-même ne savait pas que onze années plus tard, en 1968, Gordon Moore, Andy Grove et Robert Noyce fonderaient Intel. Gordon Moore avait défini dès 1965 ce qui s’appelle depuis la loi de Moore, mais nul n’y avait prêté attention et, surtout, nul n’avait pensé qu’elle se vérifierait. Une trajectoire conduit de l’invention du transistor en 1947 jusqu’aux smartphones, aux ultraportables, aux livres électroniques. Cette trajectoire s’entremêle à celle qui a permis la naissance du world wide web, d’internet, de la Wi-fi, de l’ethernet ou du cloud computing. Elle est inachevée, proliférante, potentiellement infinie. Ses seules limites tiennent à la matérialité et à la vitesse de la lumière, et la dématérialisation gagne du terrain.
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E-PaperWorld Tout au long de cette trajectoire, les modalités de production, d’échange et de traitement de l’information ont radicalement changé, et ces changements ont suscité des bouleversements qui se poursuivent. La gestion des entreprises sous tous ses aspects se trouve sans cesse optimisée et peut être opérée en de multiples points de la planète, très loin de son siège et de ses unités de conception, de vente et de production. Conception, vente et production peuvent elles-mêmes se trouver disséminées planétairement. Le modèle d’organisation entrepreneuriale qui vient prédominer est le réseau, et celuici fonctionne sur le mode de ce que George Gilder a appelé l’hétérarchie. Ce qu’on appelle quelquefois les « délocalisations » n’est qu’un effet des gains de productivité qui découlent. Une entreprise où ne se comprend pas que les activités entrepreneuriales sont désormais planétaires est une entre prise condamnée. Une société où les détenteurs d’autorité politique et les citoyens ne comprennent pas cela est elle-même une société condamnée. Le changement économique en cours s’accompagne d’un changement politique qui explique luimême les difficultés croissantes des Etats providence : le capital essentiel est désormais le capital humain et intellectuel et les détenteurs de capital humain et intellectuel élevé choisissent souverainement sur la carte du monde l’endroit où ils vivent et travaillent en fonction des opportunités et des prestations de services qui leur sont offertes. Maintenir des détenteurs de capital intellectuel et humain élevé à l’intérieur des frontières d’un État contre leur gré, en leur demandant de payer beaucoup pour des prestations de service déficientes va se révéler toujours davantage impossible. Ce changement politique s’accompagne de changements culturels et sociaux. Les médias d’information doivent changer : chacun peut se créer pour lui-même son journal ou sa chaîne de télévision en faisant son marché informationnel sur la planète entière et en prélevant des articles et fragments sur des journaux, magazines, blogs et chaînes situés sur les cinq continents. Journaux, magazines, chaînes de télévision ne peuvent qu’en tenir compte s’ils entendent survivre.
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Le secteur de la musique est lui-même confronté à la nécessité de changer pour ne pas disparaître. L’ère du CD a commencé en 1982. Elle est en train de s’achever sous l’effet du téléchargement et, pour avoir mal anticipé, les maisons de disque se trouvent confrontées à des difficultés graves, tout comme nombre d’artistes.
Le secteur du livre est en train de se confronter à la nécessité du changement. On ne peut prévoir à court ou à moyen terme la disparition du livre papier, et celle-ci n’est pas vraiment à l’ordre du jour. Néanmoins, considérer que le livre électronique ne représentera qu’une part de marché très marginale constituerait une très grave erreur d’appréciation. Si le livre électronique ne remplacera vraisemblablement jamais le livre papier, il n’en est pas moins en croissance forte, tout particulièrement dans les pays qui ont toujours été à la pointe de l’innovation et de l’ouverture à ce qui émerge, tels les États-Unis. Les enfants qui ont dix ans ou moins appartiennent à une génération pour laquelle l’écran électronique est un élément aussi évident dans le quotidien que le papier et pour laquelle se placer devant un écran électronique est un geste plus logique que de prendre du papier entre ses mains. Le livre électronique présente, qui plus est, des caractéristiques qui le rendent, sous de nombreux aspects, plus optimal que le livre papier. Il est vecteur de dématérialisation puisqu’il remplace potentiellement des centaines de livres papiers et permet ainsi à chaque instant d’avoir avec soi une bibliothèque entière. Il est vecteur de mobilité, de flexibilité et de nomadisme puisqu’il permet à celui qui le possède de se déplacer, de lire n’importe où, même dans un lieu obscur, mais aussi de changer la taille des caractères, de passer de l’écrit à l’oralité grâce aux systèmes de lecture audio intégrés et d’être en n’importe quel lieu de la terre ou des airs avec une bibliothèque dont le volume occupe, dans une poche, celui d’un portefeuille assez mince. Le livre électronique permet, de surcroît, de télécharger articles, journaux, magazines. Le smartphone pouvant intégrer des fonctions de livre électronique, on peut concevoir pour bientôt des livres électroniques incluant les fonctions de smartphone, l’interpénétration fonctionnant dans toutes les directions imaginables. Les changements sont, en réalité, bien plus immenses. George Gilder a noté dans Microcosm que les frontières allaient devenir de plus en plus poreuses, et c’est une remarque qui semble chaque jour plus pertinente. Les frontières qui deviennent poreuses sont toutes les frontières auxquelles on peut songer : les frontières géographiques, bien sûr, puisque, économiquement, le marché est planétaire. Les frontières séparant les activités aussi : le travail et les loisirs ne sont plus dissociés. Se cultiver, de détendre, jouer, cela est aussi stimuler son imagination et entretenir son capital humain et intellectuel, donc se donner les moyens de mieux travailler.
Les changements concernent d’autres secteurs aussi. Les innovations techniques, technologiques et scientifiques ont donné naissance à la réalité virtuelle et à l’intelligence artificielle. La biologie débouche sur les biotechnologies, la création et la recréation de la vie. La physique débouche sur les nanotechnologies. Comme l’a noté George Gilder encore, l’esprit l’emporte toujours plus nettement sur la matière et la transcende. La création et la recréation de la vie ou de la matière ouvrent à la création ou recréation de l’énergie ou du climat. L’un des secteurs les plus mal déchiffrés et expliqués et, dès lors, les plus diabolisés, est la finance. Celle-ci repose sur la dématérialisation de la monnaie, sur des flux financiers planétaires incessants et cryptés, sur des interventions de millions d’acteurs qui vont des brokers de grande banques aux spéculateurs individuels usant de leur ordinateur portable, de leur smartphone et, toujours plus, de leur e book. L’économiste Frederic Mishkin définit la finance comme le « cerveau de l’économie », et explique qu’elle permet l’optimisation, donc la minimisation des risques. Cela ne permet pas toujours d’éviter les accidents. Cela a permis, au cours des trente dernières années, la création de millions d’entreprises et de centaines de millions d’emplois. Les problèmes essentiels sont venus d’interventions gouvernementales et pas de la finance ellemême. Comme l’a écrit David Smick, la finance est un grand système de traitement de l’information. Si des informations fausses y sont glissées, le système traite de mauvaises informations et produit de mauvais résultats. La nécessité de distinguer la bonne information de la mauvaise est plus importante que jamais. Les producteurs les plus délétères de mauvaises informations sont les gouvernements et leurs divers organes. Ce qui se déploie s’est trouvé accéléré par les innovations qui se sont cristallisées au cours des trente dernières années, disais-je. Regarder le monde aujourd’hui oblige à dire, si on veut bien se défaire de dogmes qui rendent myope ou aveugle, que jamais autant de richesse n’a été créée qu’au cours des trente dernières années, que jamais autant d’êtres humains n’ont bénéficié de ces richesses, que les perspectives de création de davantage de richesse encore n’ont jamais été aussi amples, et que jamais autant de connaissance n’a été produite et n’a été disponible. On peut regarder le monde tel qu’il est et tel qu’il devient, se donner les moyens d’analyser : je le disais en commençant. On peut aussi se crisper sur la répétition de dogmes.
Se livrer à la première activité est contribuer à permettre à un plus grand nombre d’êtres humains de vivre plus pleinement leur vie en prenant des décisions et en faisant des choix en effective connaissance de cause. Se livrer à la seconde est, fondamentalement, se conduire d’une manière malhonnête. Il est certes, des gens qui sont malhonnêtes de bonne foi. Nombre de gens sont malhonnêtes de mauvaise foi. J’écris en conclusion de mon dernier livre que nous sommes sur le fil du rasoir, et que nous pouvons glisser d’un côté ou de l’autre. J’écris, pour ce qui me concerne, aux fins de donner les moyens à ceux qui me lisent de regarder le monde tel qu’il est et tel qu’il devient. Se pencher sur les technologies qui sont au coeur de ce qui se déploie est, en soi, et par voie de conséquence, au cœur de ce qui conduit à regarder le monde tel qu’il est et tel qu’il devient. Je l’ai écrit et je le rappellerai en concluant : nous vivons dans un univers à six dimensions. La cinquième est bien connue et constitue les déplacements à l’intérieur de l’univers constitué par les quatre dimensions qui définissent l’espace temps. La sixième est, selon moi, celle, encore mal explorée, où nous sommes lorsque nous nous situons dans l’univers virtuel, le très haut débit. La septième est celle où il faut se situer pour analyser l’entrelacs complexe des six autres. Parce que la sixième dimension est encore mal explorée et, donc, mal comprise, elle est le nouveau terrain de dissémination de dogmes parfois anciens, de phobies et de discours d’égarement. Le travail intellectuel à mener impérativement est celui situé dans la septième dimension. C’est à celui-ci que j’entends me consacrer désormais. Références Michael Novak, The Spirit of Democratic Capitalism, Madison Books, rééd. 2000. Paul Romer, « Endogenous Technological Change », Journal of Political Economy, octobre 1990. George Gilder, Microcosm, Free Press, 1990. Frederic Mishkin, The Next Great Globalization, Princeton University Press, 2008. David Smick, The World Is Curved, Penguin, 2008.
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Numéro 01 Février 2010
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équipe technique Directeur de la publication : Éric Le Ray Directeur de la création et de la fabrication : Franck Ferrandis
Sommaire Édito Le Marché américain Nord/Sud •L e point sur l’arrivée de Sony et de Bookeen au Canada • L’arrivée du Kindle au Canada •L e nook de Plastic Logic pour Barnes et Nobel • L’arrivé de HP dans le papier électronique Le marché européen Est / Ouest • L’arrivé du Kindel en France • Le Trx allemand • Le Pocketbook ukrainien, • Le projet Sylen de Nemoptic ! Et après ? • Le Digibook AB 106 des pays bas • Les lecteurs électroniques français • L’aventure Cybook, du Cytale à Bookeen • L’application dans le secteur de l’édition • Sony avec la FNAC - Numilog - Hachette • L’application dans la presse • I rex et l’experience avec le journal Les échos • Le Monde interactif •L e monde merveilleux du cellulaire et des téléphones portables • SFR - HTC - Google phone • Oranges (Google phone) • Mobilire • Smartnobel • Milibris •L ’Angleterre / Plastic Logic Plastic Logic & Barns & nobels • L’Allemagne •L es pays scandinaves iRex en Hollande • Les Pays de l’est Le marché asiatique Chine, Taïwan, Japon, Corée • Le marché indien s’ouvre grâce à la presse • Le Shanghaï Daily en Chine sur Kindel
Production : Pascal Delepine et Betty Ruel Rédacteur en chef : Ivan Carel Rédacteurs : Juergen Luedorf, Abraham Alvarez, Lorenzo Soccavo….
•L e journal indien de langue anglaise Hindustan Times sur le Kindle (1,14 millions abonnés, un lectorat de 6,6 millions à travers le monde) sur Kindel •L ’aide de Taiwan au marché de 40 millions de dollars Les différentes applications • Design intérieur • Affichage • Étiquette • Armement • Automobile • Aviation/Aérospaciale Les différents impacts • Ergonomie • Usages • Social • économique • Culturel • Technologique •É volution des métiers et des savoirs faires • Les auteurs • Les lecteurs et leurs pratiques • Les standards (pdf, ePub) Veille technologique • Portrait du mois •T ableau récapitulatif : http://wiki.mobileread. com/wiki/E-book_Reader_Matrix Forum E-PaperWorld 2010 •P rogramme des 6, 7 et 8 mai
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