OCEANS
Le film évènement de Jacques Perrin
���������������������������
les plus belles images les coulisses les secrets du tournage
Les animaux marins comme vous ne les avez jamais vus!ESKENAZI Un reportage d’Henri
EN COUVERTURE
2 EAU Mag
OCEANS, le film évènement
de Jacques PERRIN
Au-delà des frontières océanes, s’ouvre un univers méconnu et indompté où évoluent d’étranges créatures qui se côtoient, s’affrontent, se chassent, s’apprivoisent en une symphonie sauvage. Récit d’un fascinant voyage au coeur des océans.
EAU Mag
3
EN COUVERTURE I Océans le film
Page de droite, le sardine run, un banquet impressionnnt qui se déroule chaque été en Afrique du Sud. Les fous du Cap percutent la surface à plus de 100 km/h et plongent jusqu’à 15 mètres de profondeur pour capturer les sardines.
D
ans le film OCEANS qui montre la majesté du monde sous-marin, c’est aux côtés des animaux marins que que le spectateur ressent les blessures que l’Homme inflige à l’océan. L’emprise de l’Homme sur la Planète s’accroît à une vitesse vertigineuse. C’est cette accélération qui déstabilise les écosystèmes. Car l’homme ne laisse plus aux êtres vivants le temps de s’adapter aux changements qu’il impose. Non seulement il bouleverse la biosphère, mais il épuise les ressources naturelles et minérales de la Planète. L’homme s’installe partout, il n’y a plus de lieu inaccessible. Le tourisme de masse va dans les lieux les plus reculés, autrefois réservés aux seuls explorateurs. Il y a 50 ans, la mer semblait une corne d’abondance inépuisable qui pourrait nourrir l’humanité. Aujourd’hui, on sait que la mer ne nourrira jamais l’humanité et que l’on a atteint les limites de ce qu’elle peut nous donner. L’océan inépuisable est épuisé. Nous raclons les fonds de tiroirs et 75 % des espèces commerciales sont surexploitées. Les populations de poissons des grands fonds ont même été déjà exploitées et décimées en moins de dix ans.
Les grands poissons ont disparu et les baleines sont de retour
En 1956 lorsque Cousteau tournait Le Monde du Silence, il y avait encore beaucoup de grands poissons âgés. Aujourd’hui dans les populations de thons géants, espadons, morues, merlus et requins de toutes sortes, 90% des prédateurs adultes ont disparu. Ne subsistent que des petits poissons juvéniles qui ont à peine le temps d’arriver à maturité sexuelle pour se reproduire tant le rythme effréné de la pêche industrielle est intense. Les requins sont parmi les plus vulnérables. Leur fécondité est faible, leur croissance lente et leur maturité sexuelle tardive. Et il est de plus en plus difficile de filmer de grands requins. Plus grave, les espèces côtières de cétacés, de pinnipèdes, de tortues ont subi de plein fouet le développement humain et sont toutes menacées. L’extinction en 2007 du dauphin du Yang Tsé-Kiang, bien que les scientifiques aient tirés le signal d’alarme il y a 20 ans, en est l’exemple le plus tragique et définitif. En revanche, les grandes baleines, les cachalots sont plus nombreux et plus faciles à approcher qu’il y a 40 ou 50 ans. Ils sont protégés depuis 1982. L’efficacité du moratoire sur la chasse aux grands cétacés démontre que les mesures de protections sont formidablement efficaces lorsqu’on les prend à temps ! On découvre l’impact sur la vie marine des polluants chimiques
4 EAU Mag
A gauche, un labre à tête de mouton. Ile Sado, Japon. Ci-dessus, ce banc de poissons chinchards est si dense qu’il forme une boule impressionnante pour ses prédateurs.
EAU Mag 5
Le caméraman disparaît au milieu d’un banc de superbes méduses dorées. Monterey Bay, Californie.
EN COUVERTURE I Océans le film
8 EAU Mag
EN COUVERTURE I Océans le film que nous rejetons directement en mer ou que les fleuves emportent jusqu’à l’océan. Conséquence des rejets atmosphériques, le réchauffement des océans pourrait modifier globalement la courantologie marine, l’acidité des eaux de surface et donc tous les écosystèmes et renforcer en retour le dérèglement climatique. 2010
Les animaux marins sont les meilleurs océanographes !
Pour être poisson parmi les poissons, Jacques Perrin et son équipe ont mise au point de nouvelles techniques de prises de vues. A gauche, Thetys, une caméra stabilisée pour filmer au ras des vagues sans bouger. Ci-dessous, Birdy Fly, un hélicoptère électrique radiocommandé pour filmer les animaux depuis les airs.
La science a fait des progrès considérables. Les satellites scrutent la surface pour en déduire le relief des profondeurs. Les sous-marins d’exploration capables de descendre jusqu’à 6000 mètres explorent régulièrement les sources hydrothermales et les volcans sous-marins jusqu’alors inconnus. Des plongeurs professionnels travaillent par 500 m de profondeur ! Depuis plus de 10 ans, des milliers de chercheurs de plus de 80 pays coopèrent pour faire l’inventaire des connaissances et des espèces marines au sein du plus ambitieux programme océanographique de tous les temps le Census of marine life (www.coml.org). Ces scientifiques ont offert leurs connaissances, leurs expériences, leurs expertises aux équipes du film pour mieux comprendre les espèces et mieux aller à leur rencontre. Les animaux euxmêmes portent des balises émettrices qui nous renseignent presque en temps réel sur leurs migrations, les masses d’eau qu’ils traversent, ce qu’ils mangent… Enfin dans le sillage des plongeurs de la Calypso, des milliers de plongeurs amateurs éclairés sillonnent les océans. Ils découvrent chaque jour des espèces que nul n’aurait pu imaginer, offrant grâce à leurs caméras et leurs appareils photographiques des témoignages époustouflant au grand public comme aux scientifiques. Jacques Perrin et Jacques Cluzaud font une oeuvre de cinéma qui donne à ressentir. La caméra vit avec les animaux. Les réalisateurs donnent de l’émotion aux spectateurs et avec le caméraman se mêlent aux sujets.
Page de gauche, le musée imaginaire des espéces disparues d’Océans. La rhytine de Steller a été reconstituée par un sculpteur en taille réelle, 8 m de long. Une maquette unique au monde qui sera exposée au Muséum d’Histoire Naturelle de Paris. Ici Jacques Perrin en compagnie de son fils dans le musée.
Les animaux sont les héros du film0
Pour approcher et filmer les animaux marins comme ils ne l’ont jamais été , Jacques Perrin et son équipe ont créés de nouveaux engins de tournage pour être poisson parmi les poissons et rester avec eux quelle que soit leur vitesse. Jacques Perrin veut être dans leur mouvement même avec les plus rapides ! Etre poisson parmi les poissons, se poser sur la nageoire du plus petit d’entre eux et l’accompagner entre les branches de corail, et surgir à 10 noeuds au milieu d’un banc de thons.
EAU Mag
9
EN COUVERTURE I Océans le film Farceuse, l’otarie de Californie posséde une grâce inouie et une curiosité incroyable qui la pousse à venir observer les plongeurs de très près.
Pour cela, les ingénieurs mettent au point Thetys, une caméra stabilisée au bout d’une grue qui permet de suivre au ras de l’eau les cétacés à pleine vitesse, tout en conservant l’horizon et sans vibrations quel que soit l’état de la mer. Deux caméras sousmarines logées dans des torpilles tractées, Jonas et Siméon, permettent de rester au milieu d’un banc de thons en migration qui filent à près de 20 km/h. Dérivée de ces techniques, la « polecam », fixée à un bateau rapide, filme sous l’eau à pleine vitesse les créatures marines. La caméra, protégée par une sphère d’acrylique, peut faire, malgré la formidable pression de l’eau, des mouvements de rotation et filmer les animaux de dos, de profil et de face ! L’utilisation de la vidéo haute définition a révolutionné la prise de vue sous-marine car elle offre au caméraman une autonomie considérable. Et le film met en relief les chants des cétacés, des pinnipèdes, tous les bruits des animaux qui marchent dans le sable, claquent des pinces, broutent les algues, ou croquent des coraux. Le monde sous-marin se révèle extrêmement bruyant
De la dénonciation à l’espoir
C’est en s’appuyant sur une scène très forte de mutilation de requins que Jacques Perrin et Jacques Cluzaud dénoncent les massacres insoutenables de la faune marine. Forts de leur exploration dans plus de 50 sanctuaires exceptionnels, ils soulignent également que l’océan de demain peut être plus riche que celui que
10 EAU Mag
nous connaissons aujourd’hui. En effet, les réserves marines, dans lesquelles les équipes du film ont tourné et dont certaines ont été autrefois lourdement exploitées, ont vu revenir une vie aussi abondante et variée qu’avant l’exploitation industrielle. On ne connaît pas les relations qui unissent les espèces entre elles. En fait, nous ne savons rien de l’océan et du monde vivant. Nous comprenons seulement aujourd’hui qu’une espèce ne se résume pas à sa morphologie, ni même à son génome. Une espèce se définit par ses comportements et surtout par les relations qu’elles tissent avec ses congénères, avec les autres espèces et avec le milieu ! Et nous sommes bien loin de comprendre l’incroyable enchevêtrement de ces relations indispensables qui unissent tous les êtres vivants… relations qui tissent l’écosystème planétaire dont nous dépendons tous. Dans l’océan, tout reste à découvrir.201 OCEANS, le film de Jacques Perrin et Jacques Cluzaud, en salle le 27 janvier 2010 www.oceans-lefilm.com Photos: Pascal Kobeh, François Sarano, Roberto Rinaldi, Mathieu Simonet, Richard Hermann - GALATEE Films