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AIDES À LA BIO Les chiffres des régions
ÉLEVAGE Soigner avec l’aromathérapie
GRANDES CULTURES À la reconquête de l’avoine
ARBORICULTURE Planter son verger bio
Fertilité des sols Des solutions innovantes N° 6 5 • JU I L L ET/ AO ÛT 2009 • 10 €
SOMMAIRE
BP 16, rue Menez Caon, 29560 Telgruc-sur-Mer (France) Tél. 33 (0) 2 98 27 37 66, fax 33 (0) 2 98 27 37 65 e-mail : com@fitamant.fr Gérant, directeur de la publication, principal associé Jacques Fitamant Directrice Hélène Loudéac Tél. 02 98 98 01 40 e-mail : helene.loudeac@fitamant.fr
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EDITO
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INDICATEURS Aides à la conversion : y en aura-t-il pour tout le monde ?
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Rédactrice en chef Christine Rivry-Fournier Tél : 02 41 38 82 99, fax : 02 41 38 25 06 e-mail : biofil@free.fr
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Secrétaire de rédaction Gaëlle Poyade e-mail : sr@fitamant.fr
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Ont également participé Gilles Billon, Philippe Caldier, Martine Cosserat, Yann Kerveno, Frédéric Ripoche, Guy Laluc, Jean-Luc Petit, Jean-Martial Poupeau, Chantal Urvoy. Charte graphique : Christophe Hudelot
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AILLEURS 26
Hongrie : de nouvelles aides plus stimulantes
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REVUE DE PRESSE
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RÉGLEMENTATION Le point avec Qualité France. Modifications du guide de lecture
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GRAND ANGLE La Ferme de Ventabren (26) ouvre ses portes
Mise en page : Sonia Seznec Impression Cloître-Imprimeurs - Saint-Thonan (29) Biofil est imprimé sur du papier sans chlore, issu des forêts gérées durablement.
Publicité et diffusion 2, rue Félix Le Dantec - 29000 Quimper Chefs de publicité Gaëlle Allain et Nicolas Bihan Tél : 02 98 98 01 42 - e-mail : pub.biofil@fitamant.fr Assistante commerciale Laurence Pochic Tél. 02 98 98 01 40 - e-mail : com@fitamant.fr Abonnement & vente au numéro Élodie Artero et Katell Fouron Tél : 02 98 27 37 66 - e-mail : abo@fitamant.fr Développement abonnement & diffusion Emmanuelle Le Meur Tél : 02 98 98 01 47 e-mail : dev.com@fitamant.fr Biofil est édité par les Éditions Fitamant, SNC au capital de 7 623 €, 29560 Telgruc-sur-Mer, France Registre du commerce de Quimper : B 388019820 Numéro de TVA intracommunautaire : FR 11 38 80 19 820
34 38 40
En couverture : Plant de pomme de terre Crédit photographique : Watier-Visuel ; p7 : Maison de la bio (29) ; p8, p21 : Y. Kerveno ; p9, p12 : M. Cosserat ; p13 : Commission européenne ; p14 : Triballat ; p15-18 : Adocom ; p19 : F. Collin ; p10, p30, p31-33, p36g-37, p43, p60-62 : C. Rivry-Fournier ; p22-25 : C. Urvoy ; p26-27 : P. Caldier ; p38b : Fotolia ; p38h, p55 : G. Poyade ; p36d, p40, p48-51 : J.-M. Poupeau ; p42 : Jardins de l’avenir ; p46 : Isagri ; p52-54 : J.-L. Petit ; p56 : Pais (IBB) ; p34, p58-59 : F. Ripoche ; p64 : MFR Grand Mas (Uzès).
DOSSIER FERTILITÉ DES SOLS Des démarches innovantes Lombricompost : allez les vers ! Bois raméal fragmenté : copier le travail de la forêt
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PRODUCTIONS ANIMALES Aromathérapie : le pouvoir des huiles essentielles L’homéopathie en bovin lait : de la méthode, de l’observation et du temps Tech Ovin, Space, Sommet de l’élevage : les rendez-vous de l’automne
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GRANDES CULTURES A la reconquête de l’avoine
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ARBORICULTURE Implanter un verger bio, une belle aventure
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MARAÎCHAGE Production de courges : une culture aisée et un marché demandeur
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VITICULTURE Lutte contre le mildiou : ensemble à la recherche de solutions
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Toute reproduction interdite sans l’autorisation expresse de l’éditeur et des auteurs Commission paritaire : 0511 T 78091 ISSN : 1286 5508 Juillet-août 2009 n°65
ACTUALITÉS Actualités régionales Actualités nationales en bref Jean-Marc Levêque, vice-président du Synabio : “Encore plus de technique” La bio, un autre rapport qualité-prix Production de semences bio : le savoir-faire de la Cocebi La bio aux Culturales d’Arvalis : privilégier l’approche système
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SALON Tech et Bio, le salon des techniques performantes Le programme complet des 8 et 9 septembre
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NOUVEAUTÉS MATÉRIELS
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FORMATION
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BIBLIO / RENDEZ-VOUS
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PETITES ANNONCES
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Encart jeté Natexpo JUILLET / AOÛT 2009
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BIOFIL
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ÉDITO
L’innovation au cœur de la bio L’été se poursuit, au rythme des moissons, récoltes de légumes, fruits, plantes à parfums, aromatiques et médicinales. Bientôt se profile la rentrée, au fil des vendanges… et des salons. Côté pile, cette rentrée, annoncée d’ores et déjà sous le signe de la crise, non seulement économique mais aussi sanitaire avec la recrudescence prévue de la grippe A, n’est pas franchement réjouissante. Côté face, les énergies mobilisées par tous les rendez-vous professionnels pour développer l’agriculture biologique sont porteuses d’espoir. L’automne 2009 se conjuguera avec la bio, au Space, Sommet de l’élevage et bien sûr Tech et Bio, le salon européen des techniques innovantes. L’occasion pour la filière bio, longtemps marginalisée, de montrer son savoir-faire et ses atouts. S’il intéresse d’abord les agrobiologistes qui souhaitent améliorer leurs systèmes ou diversifier leurs productions et leurs marchés, ce rendez-vous cherche aussi à séduire les conventionnels. Car ce sont eux qui seront aussi les bio de demain. Qu’elles que soient leurs motivations, écologiques ou/et économiques, ils en constituent le vivier. Les conversions, plus que jamais nécessaires pour répondre à une demande – une vraie tendance de fond –, doivent aller de pair avec un accompagnement technique et commercial efficace.
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BIOFIL
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Partenaires de Tech et Bio, tous les acteurs de la filière, au-delà de leurs divergences internes, vont dans le même sens. Celui de crédibiliser et de pérenniser l’agriculture biologique. Alors merci aux pionniers, qui contre vents et marées, parfois au prix de gros sacrifices économiques et de manque de considération professionnelle, ont réussi à imposer ce mode de production. Tant pis si certains, ralliés à la cause tardivement, en oublient parfois, dans leurs logiques, d’en rappeler les valeurs profondes, qui dépassent les seules considérations de rentabilité. Il est vrai que le monde agricole peine encore à reconnaître les vertus de la bio en faveur de l’environnement, de la santé humaine et de l’équité sociale. Face aux attaques encore trop virulentes, enrichir les références scientifiques et techniques crédibles est nécessaire. Professionnalisme et ouvertures s’imposent plus que jamais. Telle est l’ambition de Tech et Bio, et de toutes les interventions prévues dans les salons de la rentrée. Filière encore jeune, la bio doit rester enthousiaste. Si le contexte économique tendu de la rentrée risque de la perturber, pas question pour autant de baisser la garde. Elle doit être plus innovante que jamais. Christine Rivry-Fournier
INDICATEURS Aides à la conversion
Y en aura-t-il pour tout le monde ? La vague des conversions touche toute la France et toutes les productions. Mais les enveloppes distribuées en régions pour la financer sont-elles suffisantes, sachant que les déplafonnements totaux ou partiels sont légion ?
E
n juin dernier, l’exministre de l’Agriculture Michel Barnier a annoncé l’augmentation des aides à la conversion pour les arboriculteurs et les maraîchers, passant à 900 € par hectare et par an. Si ceux qui déposeront leur dossier au 15 mai 2010 sont assurés d’en bénéficier, qu’en est-il pour les autres ? “Il y a un flou concernant les agriculteurs qui se sont engagés en mai 2009”, remarque Élisabeth Offret, de Bio Corse. La rétroactivité a été demandée sur le plan national mais, en l’absence d’officialisation, les monteurs de dossiers de conversion ne savent pas sur quel pied danser. “Il faudrait que la circulaire du ministère de l’Agriculture qui doit trancher cette question nous parvienne avant septembre pour que les dossiers soient instruits en octobre”, recommande Patrick Lemarié de la Cab Pays-de-la-Loire. Faute de quoi les paiements seront retardés. Mais le calendrier n’est pas tout. La rétroactivité sera aussi fonction de l’enveloppe, dont le montant global, augmenté de 6,7 M€, ne paraît pas suffisant. En Rhône-Alpes, Marinette Feuillade de Corabio évoque une “enveloppe conversion disponible de 3,07 M € quand les besoins sont supérieurs à 5,25 M€ !” D’autres régions pressentent aussi une répartition tendue entre les nouveaux arrivés. Par manque de crédits et de visibilité, certains agriculteurs de la région
L’aide par hectare et par an pendant 5 ans Ancien montant
Nouveau montant
Conversion
Maintien
Conversion
Maintien
Arboriculture
350 €
150 €
900 €
590 €
Maraîchage Cultures légumières de plein champ, PPAM, viticulture Cultures annuelles, prairies temporaires Prairies et châtaigneraies
600 €
350 €
900 €
590 €
350 €
150 €
350 €
150 €
200 €
100 €
200 €
100 €
100 €
80 €
100 €
80 €
Centre, notamment des céréaliers candidats à une demande d’aide à la conversion, se sont rétractés.
Les conversions hors Cab Toutes les conversions ne se tournent pas vers la mesure financière Conversion à l’agriculture biologique (Cab), comme le distingue le tableau page suivante. En Bretagne, “une grande partie des agriculteurs qui sont passés au bio a demandé la MAE Système fourrager polyculture-élevage économe en intrants (SFEI) car elle est cumulable avec le crédit d’impôt, contrairement à la Cab”, note Emmanuelle Gauthier, de la Fédération régionale des agrobiologistes de Bretagne (Frab). Choisir entre Cab et crédit d’impôt n’est pas qu’une question de gain financier. Dans le premier cas, non seulement il faut monter tout un dossier mais aussi se soumettre à quelques astreintes, par exemple la mise aux normes de son pulvérisateur… souvent inutilisé en système d’élevage. À cela s’ajoute l’obligation, pour les maraîchers par exemple, de ne planter que des fruits
ou des légumes sur les surfaces aidées pendant 5 ans, ce qui peut poser problème dans la rotation. “De fait, certains demandent, sur une partie de leurs terres, l’aide Cultures annuelles pour faire face à l’impossibilité d’ajuster a posteriori le montant de l’aide en fonction du type de production”, regrette Jérémie Fitoussi, animateur au Gabnor en région Nord-Pas-de-Calais. D’autres enfin optent pour le cumul des deux mesures, Cab et crédit d’impôt. Dans ce cas, ils sont tenus de circonscrire la demande d’aide Cab à moins de la moitié de leurs superficies. Reste ceux qui ne convertissent qu’une faible surface. En Alsace par exemple, la tradition viticole fait perdurer de petites entités, héritages familiaux. “Dans notre région, au moins 40 apporteurs de raisins en conversion travaillent sur moins d’un hectare, détaille Joseph Weissbart de l’Organisation professionnelle de l’agriculture biologique en Alsace (Opaba). Il s’agit de doubles actifs qui ne sont pas exploitants à titre principal.” Ces producteurs ne sont alors pas éligibles à la
mesure Cab, ce qui explique que 107 conversions sont annoncées au 15 mai 2009 pour seulement 39 dossiers Cab. Enfin, les agriculteurs qui optent pour une conversion progressive pourraient se voir pénalisés. L’aide Cab ne serait guère intéressante et le crédit d’impôt impossible car au moins 40 % du chiffre d’affaire doit être issu d’activités engagées dans une démarche de certification bio.
L’aide au maintien À ce jour, 6 régions ont activé l’aide au maintien : Auvergne, Bretagne, Champagne-Ardenne, Ile-deFrance, Nord-Pas-de-Calais et Picardie. Dans d’autres régions, certaines exceptions se font jour comme en Aquitaine où seules les exploitations girondines peuvent en bénéficier ou encore en Bourgogne où les zones de captage y ont droit. Les autres régions attendent la mesure nationale qui, dès 2010, accordera 50 M€ pour cette aide. Reste que la profession craint un effet de vase communiquant, le crédit d’impôt pouvant en pâtir. Gaëlle Poyade
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INDICATEURS L’agriculture bio et les aides en région (Métropole)
Région
Nombre d’exploitations bio *
Nombre de conversions (1)
Nombre d’hectares bio *
Nombre d’hectares en conversion (2)
Plafond (3)
Aide au maintien (3)
Alsace
378
107 (dont 38 Cab)
12 058
1 880 (dont 1 445 ha Cab)
Déplafonnement
Non
Aquitaine
1 125
NC
26 657
NC
20 000 €
Non, sauf département de la Gironde
Auvergne
525
environ 100
27 020
NC
22 800 €
Oui, 3 000 €
BasseNormandie
495
100
27507
3 500 ha
Déplafonnement
Non (mais inscrite)
Bourgogne
511
83 Cab
29 080
3 523 ha
20 000 €
Non, sauf zones de captage d’eau (3 exploi– tations concernées)
1 057
89 Cab
36 977
NC
15 200 €
Oui, 7 600 €
Centre
426
93 Cab
21 071
3 600 ha
20 000 €
Non
ChampagneArdenne
172
30 (dont 24 Cab)
7 577
1 234 ha
Déplafonnement
Oui (montants nationaux anciens)
Corse
152
35 (dont 29 Cab)
5 788
1 050 ha
9 000 €
Non (mais inscrite)
FrancheComté
328
60 (dont 41 Cab)
22 435
1 680 ha
15 200 €
Non
HauteNormandie
87
27
4 133
780
Déplafonnement
Non
Ile-de-France
89
9
4 504
247
Déplafonnement
Oui
1 323
290
47 538
6 267 ha
9 000 €
Non
Limousin
303
60 (dont 45 Cab)
16 311
2 500 ha
15 000 €
Non
Lorraine
238
24
19 290
1 412
20 000 €
Non
1 329
NC
67 822
NC
15 000 €
Non
Nord-Pas-de Calais
148
27 (dont 6 Cab)
3 534
800 ha
30 400 €
Oui, 15 200 €
Pays-de-laLoire
1 181
230 (dont 220 Cab)
65 884
9 367 ha
15 200 €
Non (mais inscrite)
Picardie
122
19
5 485
631 ha
30 400 €
Oui, 15 200
PoitouCharentes
461
115 (dont 74 Cab)
23 082
3 800 ha
15 000 €
Oui (nouveaux montants) (sur les reprises d’exploitations hors cadre familial)
Provence Alpes Côte d’Azur
1 171
154 (dont 107 Cab)
51 556
2 737 ha
10 000 €
Non (mais inscrite)
Rhônes-Alpes
1 586
213
53 648
5 000 ha
15 200 €
Non
Bretagne
LanguedocRoussillon
Midi-Pyrénées
TOTAL
13 207
578 957
1- Nombre de conversions depuis le 15 mai 2008 à partir notamment des demandes d’aides Conversion à l’agriculture biologique (Cab). 2- D’après le nombre de demandes d’aides Cab. 3- Par exploitation/an pendant 5 ans NC : informations non communiquées * Chiffres 2009 de l’Agence bio (données 2008)
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ACTUALITÉS RÉGIONALES BRETAGNE
Restauration collective : les acteurs autour de la table
E
n Finistère, la demande en produits bio pour alimenter les restaurants collectifs est en très forte augmentation. En 2008, près de 2 millions de repas ont été servis avec des ingrédients bio et une soixantaine d’établissements en introduit régulièrement dans ses menus.
“Officialiser” la coopération Afin de gérer et d’encourager cette croissance, les professionnels locaux de la filière fruits et légumes ont décidé de s’organiser en signant une convention de coopération pour les approvisionnements de la restauration collective. L’association des producteurs de fruits et légumes biologiques de Bretagne (APFLBB), les grossistes et expéditeurs Poder et Le Saint et la Maison de l’agriculture biologique du Finistère ont ainsi “officialisé”, en avril dernier, des relations nouées depuis longtemps. Les buts sont multiples. Il s’agit, bien sûr, en planifiant encore mieux les besoins et en favorisant l’introduction de produits bio locaux et de saison dans les cantines scolaires, d’augmenter les surfaces agricoles dédiées au bio dans le département. L’APFLBB a
Les signataires de la convention de partenariat en restauration collective dans le Finistère : De gauche à droite : Anthony Jaouen de la société Le Saint, Jean-Luc Poder, expéditeur de fruits et légumes bio, Marc Paugam, président de l’APFLBB, Florence Busson chargée du dossier restauration collective à la Maison de l’agriculture biologique du Finistère, Michel Talabardon, son trésorier et Denis Le Saint.
bien montré son intention de privilégier cette voie-là. Pour les nouvelles filières, pas au détriment de celles déjà existantes. “Avant, 70 % de la production de notre département partait à l’export (Allemagne, Suisse) ; aujourd’hui, c’est plutôt l’inverse”, témoigne Florence Busson, de la Maison de la bio.
Offrir des produits locaux… ou des explications Du côté des collectivités, cette convention garantit un raccourcissement des circuits d’approvisionnements, basés sur une filière
Outil de désherbage mécanique avec la houe rotative Yetter
légumes bio de proximité. Quand c’est possible. Cette convention a aussi pour objectif de rapprocher les acteurs et d’expliquer pourquoi certains approvisionnements sont plus lointains, en raison, par exemple, des aléas climatiques, ou des délais de conservation trop longs. Enfin, “cela se traduit par des prix de campagne, fixés par les producteurs. A priori, le prix de la carotte, qu’elle soit sortie en septembre ou en mars, ne variera pas”, explique Florence Busson. Pour démarrer, 1 hectare de carotte est cadré par cette
convention. À terme, tous les légumes bio finistériens destinés à la restauration collective le seront. Le but est d’assurer d’octobre à mars-avril l’achalandage en carotte, pomme de terre, salade, betterave, oignon, poireau et céleri, sachant que juillet-août est une période creuse en restauration collective. Gaëlle Poyade
8 & 9 sept. 2009 Valence - Drôme
SALON EUROPÉEN DES TECHNIQUES AGRICOLES ALTERNATIVES ET BIO
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ACTUALITÉS RÉGIONALES
PYRÉNÉES-ORIENTALES
“Si t’es bio”, la marque des bio-coopérateurs
L’
engagement des coopératives du secteur conventionnel dans la bio tient souvent aux personnalités mêmes des producteurs qui la composent. C’est le cas d’Ille Fruits, l’un des acteurs majeurs de la pêche et de la nectarine des Pyrénées-Orientales dont le président, Pierre Giovanelli, a embrassé l’agriculture biologique en 1999, passant de 800 tonnes de pêches en conventionnel à une production de 350 à 400 tonnes en bio. Avec lui, d’autres coopérateurs du département ont sauté le pas pour créer une section bio à l’intérieur de la coopérative, mais aussi dans les autres structures du département. De ce groupe est née une marque, “Si t’es bio”, apparue dès cet été chez les distributeurs spécialisés et
destinée à défendre tant les valeurs de la bio que celles de la coopération.
Pêche nectarine en premier “Ce projet est porté et abondé par les producteurs bio de trois coopératives”, précise Didier Bailey, directeur général du groupe Saveurs des Clos, union de deux coopératives (Ille Fruits et Plaine du Roussillon – 30 0000 tonnes de fruits et légumes). “Nous commençons cette saison avec les pêches et nectarines, puis avec des légumes dès cet automne avant les abricots, les cerises, les pommes, les amandes en 2010. À terme, d’ici trois ans, nous devrions pouvoir ainsi commercialiser 2 000 tonnes de fruits et légumes bio sous cette
marque.” Plus qu’une simple opération de marketing commercial, “Si t’es bio” doit aussi servir, en interne, d’outil de développement des productions bio dans le territoire des coopératives. “Pour nous, la bio n’est pas une autre forme de business, c’est un engagement, et si nous offrons des garanties à nos consommateurs, il faut aussi en offrir à nos producteurs”, poursuit Didier Bailey. Être bio dans son organisation en somme. “Si l’objet était uniquement de faire du commerce de produits bio, alors nous aurions pu nous lancer en allant acheter des produits dans d’autres pays. Nous avons fait un choix différent en offrant des produits locaux puisqu’une de nos vocations est aussi de participer à l’aménagement de notre territoire.”
Marges plafonnées L’un des engagements fort et symbolique du dispositif porte sur les marges commerciales, plafonnées à 3 %. “Pour abonder les frais de gestion de la structure de commercialisation, nous allons appliquer le même taux que pour les produits du conventionnel alors que les volumes sont nettement moindres. De même, pour les avances de trésorerie avant récolte, le calcul sera effectué sur 20 % du chiffre d’affaires moyen des trois dernières années, et 30 % pour les jeunes agri-
“Pour nous, la bio n’est pas une autre forme de business, c’est un engagement”, souligne Didier Bailey, directeur général du groupe Saveurs des Clos, union de deux coopératives, Ille Fruits et Plaine du Roussillon.
culteurs, dispositif qui prévaut aussi pour les producteurs en conversion”, détaille encore Didier Bailey. La marque doit également servir au développement des cultures bio chez les producteurs. Une démarche qui va de pair avec la demande de labellisation Biosolidaire, un cahier des charges de commerce équitable Nord-Nord, effectuée cette année pour les pêches et nectarines et qui pourrait être étendue aux autres produits. 25 producteurs sont directement concernés pour la première saison, totalisant une centaine d’hectares en arboriculture et une vingtaine en maraîchage. Ils pourraient être une cinquantaine d’ici trois ou quatre ans. Yann Kerveno
Les garanties Vers les coopérateurs : transparence des transactions et marges commerciales maximales de 3 % sur les ventes, avance de trésorerie avant récolte, appui financier et aide à la gestion des exploitations, appui technique (avec le Civam Bio), limitation des intermédiaires. Vers les consommateurs : ne commercialiser que des produits locaux issus de la coopération, préserver la biodiversité et l’environnement.
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ACTUALITÉS RÉGIONALES
AQUITAINE
Les vins bio flirtent avec Vinexpo
B
ordeaux, capitale mondiale du vin, du 21 au 25 juin, garde encore ses distances avec la bio : pour preuve, l’absence de pavillon bio. Cela n’a pas empêché de nombreux producteurs bio de présenter leurs gammes, leur présence dans les pavillons régionaux ne e passant plus inaperçue ! Le 5 salon “Expression des Vignerons Ce rendez-vous incon- bio”, tenu à quelques encablures de tournable, qui attire les Vinexpo, est l’émanation du syndicat des professionnels du monde Vignerons Bio d’Aquitaine. entier, avec près de 47 000 visiteurs, ne peut plus, désormais, ignorer ce mode de production. En outre, deux événements professionnels, dédiés au bio, se sont inscrits en parallèle de cet énorme rassemblement professionnel. D’une part, le 5e salon “Expression des Vignerons bio” organisé, à quelques encablures de Vinexpo, par le syndicat des Vignerons Bio d’Aquitaine, a regroupé pendant 2 jours 66 vignerons venus de 11 régions françaises. Ce salon, également bisannuel et auparavant strictement régional, a pris une ampleur nationale, s’ouvrant aux vignerons de la France entière. Son succès est grandissant (450 visiteurs cette année contre 250 lors de la dernière édition), avec la visite de plus en plus intéressée de la grande distribution. L’occasion de déguster les crus primés lors du concours d’Aquitaine des vins bio 2009. Côté production, l’Aquitaine, à l’instar de l’élan national, connaît une belle progression. 2008 enregistre une hausse des surfaces de vignes de 23,8 %, l’équivalent de la croissance des 5 années précédentes, pour atteindre 3 763 ha, dont 1 600 ha en conversion
La Renaissance des Appellations au rendez-vous L’autre manifestation des vins bio, très prisée également et qui a eu lieu pour la 2e année, est orchestrée par le groupe des biodynamistes de “La Renaissance des Appellations”. Celuici a concocté une grande dégustation au Palais des Congrès, c’est-à-dire dans l’enceinte même du salon Vinexpo. L’incontournable Nicolas Joly, viticulteur de la Coulée de Serrant dans le Maine-et-Loire, cheville ouvrière de cette journée, a donné deux conférences pour communiquer sa passion. L’occasion de faire connaître et comprendre les subtilités de la biodynamie aux professionnels présents. Ce rendez-vous a attiré 104 producteurs, dont une forte représentation française (64), ainsi que de nombreux domaines étrangers, venus d’Italie (12), d’Espagne (8), de Géorgie, Slovénie, Australie, Nouvelle Zélande, Autriche, Allemagne. L’association La Renaissance des Appellations regroupe aujourd’hui 175 viticulteurs de 13 pays différents (www.biodynamy.com). Martine Cosserat
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ACTUALITÉS RÉGIONALES
LORRAINE
Source de Vittel : la bio au service de l’eau
L
a bio peut-elle améliorer la qualité des eaux ? L’expérience menée depuis plus de 20 ans sur le bassin d’alimentation des eaux de Vittel dans les Vosges en est la preuve. En 1987, la Société Générale des Eaux Minérales de Vittel (SGEMV), dans le giron du groupe Nestlé Waters, s’alarme de l’envolée du taux de nitrates des eaux alimentant la source d’eau minérale. Celui-ci atteint parfois plus de 50 mg/l en zones de cultures intensives, sachant que les normes maximales en nitrates autorisées sont de 50 mg/l et de 10 mg/l pour l’eau minérale. “L’enjeu est de taille, Vittel SA est la plus grosse entreprise de l’ouest vosgien, avec 1 300 salariés… et aucune solution curative n’est envisageable en eaux minérales”, commente Marc Benoît, directeur de recherche à l’Inra-Sad de Mirecourt, à l’occasion des rencontres de l’Agence Bio, le 9 juin à Paris (lire p. 16 et 18).
Une situation préoccupante L’état du bassin d’alimentation de Vittel, occupé en grande partie par une quarantaine d’exploitations agricoles, notamment des producteurs de lait et céréales, est à l’époque préoccupant. De 1988 à 2004, les chercheurs de l’Inra Mirecourt, ainsi que 8 autres équipes de recherche sont mobilisés pour proposer des solutions. “Toutes les eaux sont des jus de sols”, résume Marc Benoît. D’où l’importance de la qualité de ces sols pour améliorer celle de l’eau. Le diagnostic réalisé éclaire sur les usages en cours dans les exploitations, qui épandent plus de 30 t/ha de fu10
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mier, cultivent du maïs de façon intensive avec des pesticides, pratiquent un chargement en vache laitière supérieur à 1,6. Un cahier des charges est proposé. Proche de la bio, il réduit les pratiques à risques : il est plus sévère sur les épandages de fumier interdisant plus de 15 t/ha, mais autorise un maximum de 40 unités/ha d’azote minéral. “Le fumier et même le compost peuvent être une pratique à risque, explique le chercheur. En effet, les matières organiques se débobinent à un rythme qui n’est pas toujours celui de la captation des végétaux.”
Modifier les pratiques Une société, Agrivair, filiale de Nestlé Waters France et dédiée à la protection des sources Vittel, Contrex et Hépar, soit un périmètre de 10 000 ha, est créée pour soutenir ceux qui acceptent d’adhérer au cahier des charges : 23 conventions sont ainsi signées dont 7 sont actuellement en bio (c’est-à-dire qu’elles renoncent aussi aux 40 U azote minérale à l’ha), 4 ont préféré déménager, 3 n’ont pas adhéré. L’objectif est de modifier les pratiques. L’agriculteur qui s’engage dans la démarche a aussi l’obligation d’abandonner tous les phytosanitaires issus ou non de molécule naturelle. La culture de maïs doit être remplacée par de la luzerne pour nourrir les vaches, des céréales (blé, mais aussi chanvre et sorgho) et des prairies permanentes en rotation sur 9 ans. Pour lutter contre les mauvaises herbes, le sur-semis est préconisé et, contre les maladies, la lutte biologique et la remise en état de la biodiversité par
En France, 42 % des surfaces sont concernées par ce problème de pollution. La bio peut apporter une solution territorialisée.
l’intermédiaire de haies, réintroduites sur 46 km, sont recommandées. Tout est très calculé, même l’alimentation, “car une mauvaise ration peut doubler la quantité d’azote dans la bouse produisant localement de 7 à 14 unités d’azote par hectare, explique Philippe Pierre, directeur d’Agrivair. Si le taux est trop fort, les nitrates traversent le sol sans être absorbés par les plantes et se retrouvent dans l’eau !”
Des avocats pour l’eau En 5 ans, de 1999 à 2004, les résultats s’améliorent : le taux de nitrate baisse sensiblement. Il est vite tombé à 21 mg/l en situation de culture, à 17 mg/l en prairies pâturées et 7 mg/l en situation fauchées. Actuellement, le taux dans l’eau de Vittel est à 4,2 mg/l. Autre bénéfice : les résidus phytosanitaires ont disparu, mais cela a nécessité plus de patience pour l’atrazine. Bénéfice collatéral, les revenus des exploitations ont augmenté, en raison de la réduction des intrants. Cette démarche a été pos-
sible grâce au fort engagement d’Agrivair qui, entre autres, a doté chaque exploitation de 1,5 M d’euros afin d’accompagner les changements de pratiques, notamment en matériel. Des baux à long terme sur 18 ans minimum ont été proposés. Une démarche qui, pour Agrivair, revient à 0,10 €/ m 3 /an. “Passer tout en forêt aurait certainement permis de baisser plus rapidement les taux, mais l’implication de Nestlé dans les filières alimentaires ne lui permettait pas de le faire”, note Marc Benoît. En France, 42 % des surfaces sont concernées par ce problème de pollution. “Il faut donner sa chance au préventif mais il manque des avocats de l’eau sur le long terme, les élus ne réagissent qu’à court terme”, regrette le chercheur. Et de conclure : “force est de constater que l’empilement de lois successives sur l’eau n’a pas donné de résultats escomptés. D’où la nécessité de territorialiser les démarches” Christine Rivry-Fournier
ACTUALITÉS NATIONALES EN BREF Marché bio français de 2,6 Md d’euros Le chiffre d’affaires du marché alimentaire bio se monte à 2,6 milliards € en 2008, soit 1,7 % du potentiel national. La consommation a fait un bond de 25 % entre 2007-2008. Source : évaluation de la consommation alimentaire biologique ANDInternational/Agence Bio, 2009
Les biocarburants ont la vie dure Le terme “biocarburant” a été réintroduit dans la loi de programmation du Grenelle de l’environnement (Grenelle 1) qui vient d’être adoptée définitivement le 23 juillet, après plus de 2 ans et demi de réflexions.
Bruno Le Maire, nouveau ministre Suite au remaniement ministériel, Bruno Le Maire, 40 ans, succède à Michel Barnier en tant que ministre de l’Alimentation, de l’Agriculture et de la Pêche. Il s’est prononcé en faveur d’instruments de régulation pour la production laitière, mais pas des quotas.
…Concours national “Les Trophées de l’Excellence Bio” En partenariat avec le Crédit Agricole, l’Agence Bio lance le concours “Les Trophées de l’Excellence Bio” le 15 septembre prochain. Il récompensera les démarches innovantes d’acteurs et d’entreprises bio exerçant dans les domaines de la production, de la transformation ou de la distribution. Les candidats auront jusqu’au 1er décembre pour envoyer leur candidature à l’Agence Bio. La remise des prix se déroulera au Salon International de l’Agricul-
ture 2010, le 4 mars, à l’issue du séminaire international de l’Agence Bio. Les lauréats seront sélectionnés par un jury composé de représentants du ministère de l’Environnement, du Crédit Agricole et de professionnels de la bio. Les dossiers de candidatures pour “Les Trophées de l’Excellence Bio” sont disponibles à partir de septembre sur internet www.credit-agricole.fr et www. agencebio.org ou par voie postale auprès de l’Agence Bio, 6 rue Lavoisier, 93100 Montreuil-sous-Bois.
La météo des plages est bio Durant tout l’été, jusqu’au 2 septembre, l’agriculture biologique et ses partenaires parrainent la “Météo des Plages” sur France 2. Diffusé plus de 200 fois, le message est vu du lundi au vendredi, vers 8h35 et 19 h 45, et le week-end vers 13 h 40.
Nouveaux examens pour le cuivre La réinscription du cuivre à l’annexe I de la directive européenne 91/414/CEE est liée à une réduction des effets sur l’environnement (sol, animaux) des produits cupriques. En France, l’Afssa est chargée d’émettre un avis sur des conditions d’utilisation acceptables. http://www.afssa.fr/Documents/DIVE2008sa0335.pdf
…4e appel à projets pour la structuration des filières L’Agence Bio vient de lancer son quatrième appel à projets visant à soutenir des entreprises et des producteurs s’engageant pour un développement harmonieux de l’offre et de la demande en agriculture bio en France. Ce nouvel appel à projets, qui sera clôturé le 14 septembre, s’inscrit dans le plan de développement de l’agriculture et de l’alimentation biologiques à horizon 2012. Celui-ci vise à tripler les surfaces consacrées à l’agriculture biologique, donc à passer des 2 % actuels à 6 % en 2012. En 2008, 13 projets ont déjà 12
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été retenus. Les dossiers du 3e appel sont en cours d’instruction. Le fonds de structuration des filières, géré par l’Agence Bio, est doté de 3 millions d’euros par an pendant 5 ans. L’ambition est d’encourager les professionnels investis dans le développement de l’agriculture bio en France, afin de satisfaire les attentes des consommateurs et des collectivités publiques. L’appel à projets est consultable sur www.agencebio.org ou sur simple demande à contact@ agencebio.org.
…Le règlement européen pour l’aquaculture est adopté Voté fin juin en Comité Permanent de l’Agriculture Biologique à Bruxelles, le règlement européen relatif à la production aquacole entrera en vigueur en juillet 2010. Compte tenu de la multiplicité des cahiers des charges à la fois publiques et privés préexistants, un consensus réunissant l’ensemble des États membres a été difficile à trouver. La Fnab s’est fortement opposée à ce texte mettant en avant des insuffisances importantes : pas de distances minimales entre élevages bio et conventionnels, pas de pourcentage minimum d’alimentation bio pour les
poissons omnivores, pas de seuils maximums de polluants, etc. Les densités trop faibles pour les modèles d’élevages français de truites et de saumons, souvent de petites unités, essentiellement en rivière ont été également dénoncés. Le cahier des charges adopté n’a pas été modifié dans le sens demandé, excepté pour les densités en élevage de truites qui ont été revues à la hausse (25 kg/m3). Sinon, une période dérogatoire sur les densités est instaurée jusqu’en juillet 2013, ainsi que le principe d’une révision du texte à cette date à la demande des États membres.
ACTUALITÉS NATIONALES EN BREF
…Dernière étape pour le nouveau logo bio avec Miguel Induráin
Plan de relance en faveur des protéagineux En 2010, les soutiens versés aux producteurs de protéagineux devraient être multipliés par quatre, passant de 55,57 euros/ha en 2009 à plus de 200 euros/ha en 2010. Un sérieux coup de pouce dû à l’effet conjugué des politiques française et européenne.
La France, toujours mauvais élève en pesticides L’Agence européenne de l’alimentation et de la santé met encore une fois en évidence, dans son nouveau rapport, les dépassements de résidus de pesticides en hausse de la France, en fruits, légumes et céréales. www.mdrgf.org
Les membres du jury : à droite en bas à gauche, Rob Vermeulen (président) aux côtés de Miguel Induráin, Riitta Brusila, Élisabeth Mercier, Urs Niggli, Craig Sams, Szymon Skrzypczak, Erik Spiekermann, Tom Václavík, Agnieszka Bodera, Victoria Petrova, Julien Mousnier et Christiane Kirketerp.
La Commission Européenne a choisi l’ex-champion cycliste espagnol, Miguel Induráin, pour promouvoir les produits bio en Europe, et participer à l’avant-dernière étape de sélection du futur logo bio européen, le 20 juillet dernier. Le quintuple vainqueur du Tour de France, de 1991 à 1995, a été sollicité car il est fils d’agriculteur et “n’a eu de cesse d’affiner ses connaissances en matière nutritionnelle”. La commission salue en plus “l’esprit sportif dynamique” du champion et “son alimentation saine”. Comme on peut l’imaginer, cette présence a suscité une polémique liée aux présomptions de dopage portées sur ses exploits sportifs. Le jury rejoint par Miguel Induráin se compose d’experts en production bio ainsi que de professionnels réputés dans le design : l’Allemand Erik Spiekermann, directeur de la création et associé-gérant de la société Edenspiekermann, la Finlandaise Riitta Brusila-Räsänen, professeur de design graphique à l’Université de Laponie, le Polonais Szymon Skrzypczak, jeune designer primé, la Française Élisabeth Mercier,
directrice de l’agence Bio, le Suisse Urs Niggli, directeur de l’Institut suisse de recherche de l’agriculture biologique (FiBL), le Tchèque Tom Václavík, expert en marketing bio et président de l’Association internationale des distributeurs biologiques (International Organic Retailers Association) et le Britannique Craig Sams, président de la Soil Association. Le jury est présidé par Rob Vermeulen, ancien président de la PanEuropean Brand Design Association (Association paneuropéenne du design de marque). Les logos sélectionnés seront soumis au public européen afin que celui-ci désigne le vainqueur. Ils seront publiés sur le site www. ec.europa.eu/organic-logo. Ce nouveau logo devra être apposé sur tous les produits bio vendus dans l’Union européenne dès juillet 2010. Si l’utilisation du logo actuel est facultative, il n’en sera pas de même pour le nouveau qui sera obligatoire sur tous les produits bio préemballés originaires des 27 États membres. http://www.ec.europa.eu/ organic-logo
Le MDRGF assigné en justice Une association de défense a été constituée en faveur du Mouvement pour les droits et le respect des générations futures assigné en justice par la Fédération nationale des producteurs de raisins de table. Le motif : avoir dénigré le raisin de table par la publication d’analyses sur les résidus de pesticides dans ce fruit. http://www.generations-futures.org/actu_generations_futures.html
Marché des grains Le marché des céréales et oléoprotéagineux bio enregistre des cours assez soutenus, alors que la récolte s’annonce correcte. Cette tendance est due à la multiplication de nouveaux élevages de volailles, ainsi qu’à la forte hausse de la demande en farine meunière.
…Plus de 5 600 préparateurs de produits bio certifiés En 2008, la France recense 5 626 entreprises de transformation de produits agricoles bio, de conservation et/ou de conditionnement, soit +12 % par rapport à 2007. Seules 9 % d’entre elles sont spécialisées en bio. Ce sont essentiellement des Très Petites Entreprises (TPE) ou PME, tournées vers la qualité et des marchés émergents. Le secteur végétal domine largement, concernant 87 % de ces entreprises. Cette forte proportion s’explique en partie par l’obligation de tous les opérateurs de cette filière d’être certifiés et contrôlés, depuis l’organisme stockeur jusqu’aux boulangers artisanaux en passant par les coopératives, les fabricants d’aliments du bétail, les moulins
mais aussi les biscuitiers et les entreprises de panifications. Leur atomisation explique également cette forte proportion. La part des productions animales ne pèse que 12 % de l’agroalimentaire bio. Cette moindre proportion s’explique par la réglementation européenne plus récente (fin des années 90) et une demande en produits carnés jusqu’alors moins forte chez “les consommateurs bio traditionnels”. Néanmoins, la transformation laitière, bovine et porcine, toute comme la volaille et les ovo produits se développent, à l’écoute d’une demande croissante en produits d’origine animale de qualité. www.synabio.com
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ACTUALITÉS NATIONALES
Jean-Marc Levêque, vice-président du Synabio
“Encore plus de technique” Jean-Marc Levêque, créateur du Printemps Bio, est l’une des chevilles ouvrières de la bio française. Son engagement depuis plus de 20 ans l’a conduit à la direction du syndicat des transformateurs Setrabio (il a participé à la rédaction des 1ers cahiers des charges bio). Depuis 2003, il est chargé de la bio et du développement durable à la laiterie Triballat.
E
n 10 ans, le chemin accompli par le bio est-il satisfaisant, sachant que la surface peine à progresser ? Sur le plan de l’ouverture du marché et de notre aptitude à communiquer positivement vers les consommateurs, le bilan est satisfaisant. Il l’est moins côté production et, avec le recul, j’ai le sentiment que le résultat est le strict reflet de nos modestes ambitions nationales antérieures et proportionnelles Jean-Marc Levêque est à l’initiative aux moyens mobilisés, à leur du Printemps Bio. pertinence, à leur dilution. Nous devrions poser la question de l’efficacité de nos actions aux producteurs bio et non bio. Il faudrait moins de politique et plus de technique et surtout… l’abonnement à Biofil obligatoire pour tous les producteurs de France et de Navarre de moins de 45 ans !
nomiques peu ou pas artificielles. Aussi, tous les moyens supplémentaires favoriseront son essor, mais nous devons veiller à ne pas trop diluer, ou saupoudrer ces derniers sur une multitude de structures et chercher l’efficacité. Une grande partie de la production bio actuelle a été suscitée et accompagnée par des acteurs privés, de collecte, de vente d’agrofourniture ou de transformation, qui sont au quotidien sur le terrain. Leur dynamisme, leurs compétences et leur expérience sont sous-utilisés comme levier. Les fonds de structuration de filières “Avenir bio” sont là pour les stimuler le développement ? Oui, il est un peu tôt de préjuger de leur impact, qui va être certainement positif. Tout ce qui contribue au développement de la bio française ne peut être accueilli que favorablement.
Ne risque-t-on pas, très vite, d’assister à un retournement de marché, notamment en lait en raison de l’envol des conversions, attisé par un contexte difficile du conventionnel ? L’inadéquation entre l’offre française et la demande nationale est liée pour partie à l’inertie des productions agricoles amplifiée par les deux années de conversion, mais encore plus par la volatilité de certains opérateurs aval et notamment la Le Printemps Bio répond-il encore aux besoins de distribution sur le marché. Il n’est pas impossible que nous promotion de la filière ? revivions ces moments d’instabilité avec ses conséquences À l’époque de sa création, faute d’être en capacité de comsur le développement des filières. L’arrivée des discounters muniquer de façon permanente et d’émerger dans le paysage qui surfent sur la vague avec leurs marques médiatique, nous avions concentré nos risque de faire se succéder modestes moyens sur ce rendez-vous Comparées aux productions distributeurs des périodes de croissance et des paliers, et provoqué ce coup de projecteur. étrangères, “nos filières au rythme de l’investissement de ces opéAujourd’hui, la problématique est différente. Il existe une communication françaises peuvent être très rateurs. Difficile de contrer ce phénomène mais il faut en avoir conscience. “produits” privée omniprésente, mais compétitives à garanties néanmoins nous devons poursuivre la environnementales Les 20 % de bio en restauration colleccommunication collective sur les printive pour 2012, est-ce faisable ? Quels cipes et les objectifs de l’agriculture bio. et sociales égales” sont les principaux verrous à lever ? Le Printemps Bio est encore en 2009 une Le marché de la restauration, c’est à la fois beaucoup et peu opportunité pour réaliser des opérations tests ou découverte comparé à celui de la GMS. Le problème majeur ne sera pas sur des lieux de production, de vente ou de restauration qui les volumes, mais les niveaux de prix de ce secteur du fait ne peuvent communiquer régulièrement sur la bio. de son histoire et les coûts de distribution. Une approche globale sera nécessaire et non une simple substitution. EnEstimez-vous que l’impulsion actuelle, stimulée par core trop peu d’initiatives s’accompagnent d’une démarche les aides, va suffir pour atteindre 6 % de la surface pédagogique et de la formation des professionnels de la cuibio en 2012 ? sine, paramètres pourtant indispensables à la pérennisation Les soutiens financiers directs contribueront assurément à de la bio en restauration collective. Ce secteur a également développer la production bio française qui, par obligation pris l’habitude de s’approvisionner à moindre coût, et n’est et pour son plus grand bien, est restée sur des bases éco14
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ACTUALITÉS NATIONALES tée à une distorsion de concurrence avec la bio étrangère ? La distorsion de concurrence sera proportionnelle à notre retard en matière de développement de nos productions nationales bio. Je reste néanmoins optimiste sur la recherche de proximité géographique des consommateurs.
Les 10 ans du Printemps Bio fêtés autour de Jean-Marc Lévêque par les présidents successifs de l’Agence Bio lors des rencontres du 9 juin à Paris : Claude Monnier, Didier Perréol, Elisabeth Mercier, directrice et Pascal Gury (absent, le 1er président, Benoît Canis).
pas tout à fait prêt à payer au juste prix. Comment les entreprises bio (de l’amont à l’aval) se situent-elles vis-à-vis des attentes sociales et environnementales (commerce solidaire, approvisionnements locaux en matières premières et étiquetage carbone par exemple) ? Par nature, les entreprises bio cheminent déjà depuis des années sur la voie de la responsabilité sociétale et démontrent au quotidien une réelle sensibilité et volonté de faire mieux. Beaucoup y travaillent et mutualisent leurs expériences. Cela passe d’abord par le bilan carbone, mais aussi la mesure de la pollution de l’eau, du phosphore notamment, de la consommation d’eau, de la production de déchets non recyclables. Un groupe de travail au Synabio se penche sur ces questions, pour anticiper la contribution climat-énergie en préparation. Déjà, quelques entreprises sont leaders sur ces plans, présentant des résultats économiques, sociétaux et environnementaux exemplaires, avec de rapides retours sur investissements. Que pensez-vous de la création d’une marque privée qui incorporerait ces exigences ? La priorité est de faire individuellement plutôt que de dire collectivement. Idem pour les moyens et l’énergie mobilisée. La bio française ne risque-t-elle pas d’être confron-
Le système de contrôles et de certification européen est-il, à votre avis, suffisamment fiable, pour éviter toute dérive de la bio en ces temps de très forte demande ? Les orientations nouvelles du contrôle, depuis la mise en place du nouveau règlement telles que je les ressens au contact de l’Inao me semblent de bon augure. Je ne veux pas douter de la volonté des professionnels bio de respecter les garanties promises aux consommateurs. La bio pas chère sera-elle forcément celle importée ? Ce raccourci est trop réducteur et je pense que nos filières françaises peuvent être très compétitives à garanties environnementales et sociales égales. La bio ne résoudra pas malheureusement toutes les disparités existantes.
En bref…
Propos recueillis par Christine Rivry-Fournier
…Analyse du cycle de vie : comparez, c’est pesé ! Quels sont les bénéfices environnementaux de la bio ramenés à l’unité produite ? En raisonnant à l’hectare cultivé, ils sont indéniables, des études le prouvent. La prise en compte d’un kilo de viande ou de tomate ne change-t-elle pas la donne ? Les professionnels de la filière veulent en savoir plus, avec des données fiables, scientifiquement établies. Plusieurs partenaires se penchent sur la question : Bio Intelligence Service, Synabio, Casino, Inra-Aliss, Triballat, Biocoop, La Vie Claire et Pro Natura. Un site internet vient d’être lancé pour suivre la méthodologie. Le projet vise à comparer l’analyse de cycle de vie (ACV) de deux paniers, l’un d’un consommateur français classique, l’autre d’un bio, pour prendre en compte les différents comportements de consommation. Il est cofinancé par l’Agence Nationale de la Recherche dans le cadre du programme Alia 2008. http://acv-bio.net/accueil.php
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Faire connaître les spécificités de la bio
Un autre rapport qualité prix Le succès remporté par la bio, dans tous les circuits de distribution, ne va-t-il pas provoquer des tentations à baisser le niveau des exigences, dans le but de réduire les coûts ? Ce, au détriment de la qualité et au risque de banaliser le produit. Les rencontres de l’Agence Bio, le 9 juin à Paris, ont revendiqué pour la bio un autre rapport qualité prix.
“L
a valeur d’un aliment bio est le reflet de ses qualités nutritionnelle, environnementale et sociale”, rappelle Élisabeth Mercier, directrice de l’Agence Bio. Or, l’élan dont bénéficie le secteur de la bio provoque l’arrivée sur le marché de nouveaux opérateurs, – producteurs, transformateurs, distributeurs –, pas forcément au courant des spécificités des produits bio. D’où l’intérêt de faire se rencontrer les anciens et les nouveaux opérateurs de la filière. La forte participation au colloque organisé par l’Agence Bio à l’occasion du Printemps Bio, à Paris, révèle l’ampleur des besoins en informations et en échanges. Des pionniers de la bio y ont côtoyé les nouveaux venus ou des porteurs de projets. La vague verte nourrie par le Grenelle touche tous les secteurs : aux côtés des circuits spécialisés qui pèsent 40 % de la distribution (13 % en indépendant et 27 % en réseau), les grandes surfaces, avec 43 %, sont très demandeuses. Sans oublier
la restauration collective stimulée par la circulaire “État exemplaire”, où tout, ou presque, reste encore à faire.
Le frein du surcoût “Il faut un développement le plus harmonieux possible”, martèle Élisabeth Mercier. En RHD, qui promet d’immenses débouchés, un travail de fond est déjà engagé pour construire des passerelles avec la production. Mais le frein le plus évoqué est celui du surcoût, “même si 14 % de ceux qui ont introduit la bio en restauration collective n’en ont pas eu, ce qui prouve que c’est possible,” note la directrice. Une étude émanant de CSAGressard-Agence Bio 2009 montre qu’il faut limiter le gaspillage, s’organiser différemment, remplacer certains produits par d’autres moins coûteux, réduire les coûts de logistique… (lire en encadré). Mais pas au détriment de la qualité. Certains opérateurs récents en bio, à la recherche de nouveaux marchés, se montrent capables de
Le prix de la bio - 39 % des Français estiment normal que les produits bio coûtent plus cher : ils se déclarent prêts à payer 12 % plus cher. - 48 % des consommateurs de produits bio estiment normal que les produits bio coûtent plus cher : ils se déclarent prêts à payer 14 % plus cher. Source : Baromètre CSA/Agence BIO de perception et de consommation des produits biologiques réalisé en octobre 2008.
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De gauche à droite : Jean-Luc Villain, Monique Jonis, Luc Mary, Jean-Yves Fouché, Carine Maret, Pascal Gury, Elisabeth Mercier, Diego Garcia.
proposer des prix défiant toute concurrence. C’est ce que dénonce Jean-Yves Fouché, PDG de Biofournil : “nous avons perdu un appel d’offres en pain, car nous proposions un boulot de 400 g à 1,85 €, alors qu’un concurrent conventionnel converti au bio le faisait à 0,85 €. Cherchez l’erreur”, s’indigne le patron de cette PME spécialisée dans le pain bio depuis 30 ans. Selon lui, cette différence de prix se justifie : “notre process dure 18 heures au total, à base d’un levain-chef rafraîchi et de pétrissage lent, celui de notre concurrent, à base de levure, n’en totalise que 2 heures 30. Au final, la qualité n’a rien à voir”, souligne-t-il. “Il faut exiger une redéfinition de l’offre que l’on doit aux consommateurs bio, car je veux répondre aux marchés en gardant mes valeurs, tant au niveau des aspects nutritionnel, social et environnemental.”
Avantages nutritionnels Quelle stratégie faut-il déployer pour rester compétitif ? Pour Jean-Yves Fouché, “nous sommes condamnés à accélérer l’industrialisation du concept, tout en alliant qualité, respect des personnes, réduction du bilan carbone, gestion des déchets et productivité.” Un vrai défi ! Biofournil consacre chaque année plus de 5 % de sa valeur ajoutée à la recherche-développement et l’usine est automatisée, avec de nombreux prototypes. “La main de l’homme reste néanmoins essentielle, c’est pourquoi nous faisons en sorte d’adapter l’outil de production aux postes de travail et de favoriser la formation continue.” Chez Biofournil, si le prix de la baguette est 43 % plus élevé qu’une conventionnelle basique, l’écart s’est resserré ces dernières : “depuis 2000, notre produit n’a augmenté que de 15 %, alors que la
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ACTUALITÉS NATIONALES conventionnelle a fait un bond de 32 % !” Quant aux avantages nutritionnels, ils sont à mettre en avant, surtout si la farine est complète. Dans ce cas, outre la garantie d’absence de pesticide, le pain bio offre une richesse supérieure en minéraux, la présence d’acides gras polyinsaturés en cas de mouture à la meule de pierre et un taux de sel moindre. Autant de raisons qui justifient un prix plus élevé.
Procédés de transformations différents À l’instar du pain, l’huile est également un produit phare de la bio, avec ses spécificités et ses qualités intrinsèques indispensables à faire connaître. “Outre les procédés d’extraction différents, la gamme bio d’huile compte une vingtaine d’huiles inexistantes en conventionnel”, souligne Diego Garcia, PDG de Brochenin. Huiles de carthame, sésame, chanvre, cameline, pépins de courge, sont autant de produits inconnus dans les rayons généralistes et très prisées en bio. Au total, les huiles bio ne représentent que 2 % du marché. Pourtant, le prix des huiles d’olive, palme, coco, extraites en bio et en non bio par simple centrifugation, n’enregistre pas de gros écarts. Ce n’est pas le cas pour les huiles vierges bio de colza, tournesol pressées à froid, qui se
Revaloriser l’humain
La forte participation à ces rencontres révèle l’ampleur des besoins en échanges et en informations.
vendent jusqu’à 200 % plus chères. “Le procédé bio n’a rien à voir, il interdit l’extraction avec des solvants à base d’hexane, l’hydrogénation source d’acides gras trans, le raffinage chimique avec de l’alcali, de la soude caustique ou de l’acide sulfurique, ainsi que les additifs de toutes sortes”, résume Diego Garcia. Mais le rendement aussi n’est pas comparable : 99 % d’huile extrait de graine conventionnelle, 16 à 20 % en bio. Quant aux avantages nutritionnels conférés aux huiles bio, ils sont à promouvoir, notamment ses richesses en oméga 3 et en antioxydants, éléments qui disparaissent au raffinage conventionnel.
Règles de production exigeantes Les œufs et les volailles font partie des produits bio les plus en vogue. “Mais les contraintes d’élevage sont
Gérer les surcoûts - 14 % des établissements scolaires ayant introduit des produits bio ne constatent pas de surcoût. - Parmi les 86 % qui ont constaté un surcoût, 60 % ont cherché à le réduire, limitant celui-ci à 16 % en moyenne (13 % des établissements ont enregistré un surcoût de plus de 50 %, 17 % de 5 à 10 %). - 60 % ont cherché à limiter le surcoût : en limitant le gaspillage (67 %), en remplaçant certains produits par d’autres moins coûteux (60 %), en optimisant les frais logistiques (44 %), en formant le personnel (31 %), en réduisant le grammage (24 %), autre 15 %. Source : Étude CSA/Gressard/Agence Bio – 2009.
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fortes”, explique Carine Maret de l’Ufab, fabricant d’aliment breton. Le surcoût se justifie aisément : un prix de l’aliment plus élevé, dû aux rendements plus faibles et moins réguliers des matières premières, une densité moins poussée dans les élevages donc un coût d’amortissement des bâtiments plus important, l’obligation d’un parcours donc des terres non cultivées, un âge d’abattage deux fois plus élevé, donc deux fois moins de bandes par an. Côté viande bovine ou ovine, le chargement à l’hectare allégé, ainsi que le souci du bien-être de l’animal, l’un des principes fondateurs de la bio, rend les animaux plus résistants : “la mortalité de la fièvre catarrhale est inférieure chez les bio”, précise Luc Mary, directeur de l’abattoir Sicaba. Mais la durée d’engraissement est plus longue, que ce soit pour un bœuf ou un porc, d’où une immobilisation financière supérieure. Le tarif de l’aliment pèse aussi davantage. D’où un prix de carcasse plus cher de 15 à 20 % pour les bovins, à 30 à 40 % pour les agneaux, à 100 % pour le porc. “L’arrivée de la restauration collective permet néanmoins d’améliorer notre équilibre matière, et de réduire nos coûts”, note la société de transformation.
Saisir toute la dimension de la valeur ajoutée fournie par la bio nécessite de connaître les rouages d’une ferme qui a choisi ce mode de production. Le témoignage de Jean-Luc Villain, agriculteur à la Tiérache, dans le nord de l’Aisne, montre que la démarche des bio ne s’arrête pas à l’approche financière. “Les bio sont des entrepreneurs épanouis, qui privilégient l’autonomie et les valeurs humaines, avec des résultats économiques satisfaisants”, résume-til. Ex-producteur de lait conventionnel en intensif converti en 1999, il a découvert une nouvelle approche de son métier. En Gaec avec 2 associés sur 200 ha dont 170 ha en herbe et 10 km de haies, il ne cesse de développer de pistes innovantes, s’affranchissant des méthodes classiques. 80 % des pathologies de ses vaches sont, par exemple, soignées par l’homéopathie et la phytothérapie. Bientôt, un nouvel arrivant va se joindre au groupe pour installer un atelier de transformation. “C’est une chance d’être à plusieurs, nous n’avons pas le nez dans le guidon et notre travail est de meilleure qualité.” Le surcoût engendré s’explique par la main-d’œuvre nécessaire à certaines tâches, comme l’arrachage des rumex dans les céréales. “C’est aussi le constat réalisé en viticulture, reprend Monique Jonis de l’Itab. La conduite des cultures réclame, outre le travail du sol, beaucoup d’attentions et de surveillance et une prise de risque supérieure, car l’approche sanitaire est surtout préventive, grâce à la recherche d’équilibre.” Christine Rivry-Fournier
ACTUALITÉS NATIONALES
Production de semences biologiques
Le savoir-faire de la Cocebi Multiplier de la semence certifiée bio impose des compétences pointues, car les normes sont strictes. En blé tendre, les risques de carie intensifient encore les difficultés. Les rencontres organisés par la Fnams et l’Itab le 9 juin à la Cocebi en Bourgogne ont fait le point sur les techniques à privilégier.
M
algré la forte utilisation des semences fermières, la poussée des surfaces bio en grandes cultures dope la demande en semences bio certifiées. L’offre commerciale s’étoffe, et de nombreuses espèces et variétés sont disponibles sur le marché, répertoriées dans la base de données www. semences-biologiques.org. Pourtant, le nombre des dérogations ne faiblit pas (2 898 demandes en céréales en 2008, en hausse de 808 par rapport à 2007), laissant supposer que l’offre est loin, très loin d’être suffisante ou non adaptée à ce marché en forte progression. Les fourragères surtout sont concernées par ce déficit de disponibilité, leur production étant encore plus délicate. Pour faire le point sur les itinéraires techniques, une cinquantaine de techniciens, producteurs et obtenteurs se sont retrouvés dans l’Yonne, bastion de la coopérative bio de Bourgogne, la
La production de semences nécessite une forte technicité : une cinquantaine de participants ont voulu en savoir plus lors de la journée annuelle semences de la Fnams et de l’Itab.
Cocebi. Cette journée technique dédiée aux semences bio en grandes cultures, organisée par la Fédération nationale des agriculteurs multiplicateurs de semences (Fnams) et l’Institut technique de l’agricuture bio (Itab), visait “comme chaque année, à échanger, en direct sur les parcelles, avec les producteurs à haut niveau de technicité”, rappelle Frédéric Rey, chargé des semences à l’Itab qui, en lien avec François Col-
lin de la Fnams, a orchestré quelques visites.
Compétences pointues Cette rencontre a mis en lumières les spécificités de la multiplication qui nécessite des compétences pointues. “C’est déjà vrai en conventionnel alors, qui plus est en bio, où il n’y a aucune solution de rattrapage en cas de problèmes sanitaires”, rappelle François Collin. D’où une prise de risque
supplémentaire des producteurs qui passent des contrats de multiplication, notamment parce que la semence de base est chère (10 à 15 €/q supplémentaire). “La Cocebi possède aujourd’hui un bon savoirfaire dans ce domaine, explique Cédric Cap, responsable de l’appro semences à la coopérative bourguignonne. Pour répondre à une demande croissante, nous augmentons notre production et élaborons un
Les outils polyvalents p qui savent respecter une structure…
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ACTUALITÉS NATIONALES
Surfaces multipliÊes en cÊrÊales Espèces
2008
2009
BlĂŠ tendre
148,98
111,46
Triticale
108,7
111,5
0
6
Orge
44,15
70,72
Avoine
36,2
33,5
338,03 ha
333,18 ha
Seigle
Total cĂŠrĂŠales Ă pailles
planning, visant Ă satisfaire les besoins.â€? Les surfaces que la Cocebi consacre aux semences certifiĂŠes ont fait un bond de 25 % cette annĂŠe, passant de 400 Ă 500 ha. La coopĂŠrative, qui a lancĂŠ cette production en 1998, est devenue l’un des principaux acteurs sur le sol français, avec 1 000 t en 2008, produites par une trentaine de ses 90 adhĂŠrents rĂŠpartis sur 10 dĂŠpartements. “Globalement, les techniques sont maĂŽtrisĂŠes en cĂŠrĂŠales et en olĂŠoprotĂŠgineux, prĂŠcise le technicien. C’est plus difficile en fourragères, en raison de la gestion des adventices qui doit ĂŞtre encore plus rigoureuse, pour ĂŠviter les mĂŠlanges des graines qui se ressem-
blent. Ce afin de garantir la puretÊ spÊcifique, aspect qui, avec le taux de germination, est l’un des deux critères devant rÊpondre à des normes strictes.�
Des variÊtÊs rÊsistantes Avec une dizaine d’annÊes d’expÊrience dans le domaine, CÊdric Cap a accompagnÊ les dÊbuts de la multiplication à la Cocebi. Faux semis avec de multiples passages, notamment pour ceux qui pratiquent le non-labour – et ils sont quelques-uns –, semis de lÊgumineuses, trèfle ou luzerne, sous couvert de tournesol en prÊcÊdent sont autant de techniques mises en place pour rÊpondre aux impÊratifs de la bio : maÎtriser au
Une production encore marginale Avec 95 722 ha de cÊrÊales cultivÊes en 2008, les besoins en semences bio se montent à plus de 19 000 t (avec une moyenne de 200 kg/ha de semences). Aujourd’hui, la disponibilitÊ n’est pas au rendez-vous (voir tableau des surfaces). En 2008, 2 898 dÊrogations ont ÊtÊ enregistrÊes en cÊrÊales à paille (dont 890 en blÊ tendre et 587 en orge), 176 en maïs, 484 en protÊagineux, 8 020 en fourragères (dont 1 464 en trèfle blanc).
maximum l’enherbement et assurer une fertilisation suffisante et efficace sans intrant. En cĂŠrĂŠales Ă paille, la production de blĂŠ tendre (Renan, PirĂŠnĂŠo, Saturnus, Capo‌), soit 8 variĂŠtĂŠs au total, est majoritaire ; en protĂŠagineux, le pois fourrager d’hiver Assas est semĂŠ en mĂŠlange avec de l’orge qui assure son tuteurage, ce qui impose un tri supplĂŠmentaire. La lentille quant Ă elle est associĂŠe avec de la cameline pour la mĂŞme raison. “Nous sĂŠlectionnons les variĂŠtĂŠs les plus rĂŠsistantes afin d’Êviter les soucis, car cette production, très rĂŠglementĂŠe, ne tolère aucun dĂŠrapageâ€?, souligne CĂŠdric Cap qui est agrĂŠĂŠ par le Gnis pour effectuer les contrĂ´les obligatoires en culture. Sur cĂŠrĂŠales, ils sont rĂŠalisĂŠs au stade de l’Êpi et, sur protĂŠagineux, sur la plantule et la fleur. Ils consistent Ă vĂŠrifier la puretĂŠ variĂŠtale. Le technicien est ĂŠgalement habilitĂŠ Ă certifier les semences de cĂŠrĂŠales, le Gnis se chargeant de celles des protĂŠagineux et des fourragères. “Les protĂŠagineux sont très sensibles Ă la germination et très fragiles, d’oĂš la nĂŠcessitĂŠ de surveiller le taux d’humiditĂŠ et de prendre d’importantes prĂŠcautions Ă la rĂŠcolteâ€?, note-t-il.
MaÎtriser la carie La gestion des adventices est l’une des prÊoccupations des producteurs.
Rumex, chardons, mais surtout folle avoine sont sans cesse traquĂŠs. “Pour les semis, nous privilĂŠgions d’abord les parcelles rendues propres grâce Ă la rotationâ€?, continue le technicien. Mais le principal souci reste la carie du blĂŠ, un champignon certes non toxique mais nuisible. “Il faut ĂŞtre vigilant, nous devons respecter la norme du zĂŠro spore.â€? Tous les lots sont analysĂŠs avant et après le tri, pour un coĂťt de 60 â‚Ź par analyse de lot. “Mais nous nous refusons Ă traiter, les lots contaminĂŠs sont dĂŠclassĂŠsâ€?, explique CĂŠdric Cap. L’an dernier, 3 lots se sont avĂŠrĂŠs touchĂŠs par le champignon, soit un peu moins de 10 %. “Nos semences mises sur le marchĂŠ sont indemnes, c’est une garantie pour l’utilisateur et la filière. Les seuls problèmes sont des contraintes et des coĂťts supplĂŠmentaires.â€? En sols profonds et grâce Ă leurs pratiques, les producteurs adhĂŠrents de la Cocebi obtiennent des rendements moyens en blĂŠ de l’ordre de 40 Ă 60 q/ha, en protĂŠagineux de 35 Ă 40 q/ ha et en trèfle et luzerne, de 5 Ă 10 q/ha. “Des rĂŠsultats très satisfaisants et bien valorisĂŠsâ€?, conclut le technicien. Christine Rivry-Fournier www.semences-biologiques.org.
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ACTUALITÉS NATIONALES
Rencontres Renabio : échanges de savoir-faire paysans Fin juin, dans le Lot-et-Garonne, les rencontres européennes des paysans boulangers ont attiré plus d’une cinquantaine de participants venus de la planète entière, du Moyen-Orient au continent américain, en passant par l’Union européenne et ses confins orientaux. Paysans boulangers, agriculteurs, transformateurs se sont donné rendez-vous pour échanger sur leurs expériences d’utilisation de variétés anciennes de céréales. Organisées par le réseau Semences paysannes et accueillies chez Jean-François Berthellot, à PortSainte-Marie, les rencontres ont été l’occasion de confronter expériences pratiques pendant près d’une semaine. Il fut notamment question des variétés anciennes de blé – celles présentes sur l’exploitation à travers la collection européenne vivante entretenue par Jean-François Berthellot – de la conservation et de la circulation de ces variétés ou population. Les ateliers de fabrication ont occupé deux journées entières pendant lesquelles les paysans ou artisans boulangers ont pu faire montre de leur savoir-faire, de la confection des pains jusqu’au boulgour en passant par les pâtes, les galettes, la polenta, le tout réalisé à partir de blé mais aussi d’épeautre, de maïs, de seigle, de blé dur. “Le but de ces journées était d’échanger sur nos pratiques de cultivateurs et de transformateurs”, explique Patrick de Kochko, animateur du réseau Semences paysannes. “Il est très intéressant de voir comment chacun d’entre nous cultive chez lui ces variétés ou populations mais aussi quelle valorisation nous pouvons tous en tirer afin de préserver la biodiversité.” Les échanges d’expériences, – nombreux sont ceux qui ont mis la main à la pâte lors des ateliers pour se familiariser avec le tour de main de leurs confrères et consœurs –, ont été complétés par des conférences. Celles-ci ont abordé notamment les questions réglementaires à propos de la sélection partici-
2 journées ont été consacrées à la visite de la collection vivante de quelque 150 blés et céréales du Centre d’Étude Terre d’Accueil des Blés (Cetab) ; les 2 autres journées se sont focalisées sur les ateliers pratiques de transformation : pains divers de tous pays, pâtes, semoules, boulgour, ateliers maïs (polenta, talo, pain au maïs). pative. Plusieurs chercheurs depuis longtemps engagés sur ces sujets s’y sont exprimés. Enfin, une large ouverture a été faite à destination du grand public, invité à visiter la collection de plus de 250 céréales de l’exploitation de Jean-François Berthellot. Yann Kerveno Nous reviendrons plus en détail sur cette rencontre dans notre prochain numéro.
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ACTUALITÉS NATIONALES
La bio aux Culturales d’Arvalis
Privilégier l’approche “système” Un village bio et la découverte des essais longue durée ont permis aux visiteurs des Culturales, rendez-vous annuel d’Arvalis-Institut du végétal à Boigneville, dans l’Essonne, d’appréhender les contraintes d’un système céréalier bio sans élevage et les solutions possibles. Une première dans le bastion de l’innovation en grandes cultures.
L’
édition 2009 des Culturales, en juin dernier, a accentué nettement la place réservée à l’agriculture biologique. “Les filières bio le souhaitaient”, souligne Philippe Viaux, en charge de l’agriculture biologique à Arvalis. “D’où trois stands, Arvalis et ses partenaires, Biocer et Agralys Bio, contre un seul les années précédentes. On aurait aimé en avoir un supplémentaire avec des meuniers. Ce sera peut-être pour la prochaine édition. Notre objectif est d’amener les agriculteurs conventionnels à s’intéresser à la bio.” Côté expérimentation, des résultats peuvent être présentés car le travail sur l’agriculture biologique a évolué progressivement au sein d’Arvalis en partenariat avec l’Itab et les Gab. “La priorité avec l’Itab est d’harmoniser les démarches pour les rendre plus efficaces grâce à l’apport de méthodologie”, souligne Philippe Viaux, qui s’apprête à passer la main
Après dix années passées à promouvoir la bio au sein d’Arvalis et en dehors, Philippe Viaux passe le témoin.
à Jean-François Garnier après dix ans de travail.
La difficulté de l’approche système “La difficulté est qu’en institut, nous avons une approche très analytique qui ne fait pas bon ménage avec l’approche système nécessaire en agriculture biologique, reconnaît Philippe Viaux. J’ai essayé de
développer les essais de rotations à Arvalis : nous en avons un depuis 1995 à Villarceaux (95) et un deuxième à Boigneville depuis 1990. Il est cependant difficile d’impliquer les services analytiques sur les aspects systémiques car c’est beaucoup plus compliqué. Mais c’est en train de changer lentement. Bien que nos essais systèmes aient vingt ans, c’est la première fois que nous les faisons visiter dans le cadre des Culturales.” À Boigneville, le dispositif expérimental permet de tester cinq systèmes de cultures innovants : conduite intégrée (le moins d’intrants possible), Mach II (optimisation de la productivité du travail), bio (depuis 2008), raisonnée et monoculture de blé. Dans le système bio, la rentabilité est basée essentiellement sur la valorisation des productions. La rotation sur six ans comprend une luzerne (semée sous couvert du blé au printemps) sur deux ans, un blé, du lin, de la
féverole et à nouveau du blé. “Sans élevage, nous devons résoudre deux problèmes : la fertilisation azotée et la maîtrise des adventices”, précise Philippe Viaux.
Casser le cycle des adventices Pour maîtriser le développement des adventices et notamment des vivaces (chiendent, chardon, rumex), le désherbage est abordé sous deux stratégies. En préventif, Arvalis a donc misé sur une rotation longue (six à huit ans) et multifonctionnelle avec en tête une culture compétitive vis-à-vis des adventices : c’est le rôle de la luzerne pendant deux ans. Les chardons sont ainsi coupés en même temps que la luzerne avant d’avoir pu réaliser leur cycle. Suit une alternance de cultures d’hiver et de printemps pour casser le cycle des adventices. Malgré tout, on constate une maîtrise insuffisante des adventices (matricaires, chardons) par la luzerne.
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ACTUALITÉS NATIONALES
Une référence pour une agriculture fiable et durable. Blé tendre d’Hiver Attlass, variété productive, est implantée derrière une luzerne pour profiter de l’azote présent dans le sol.
Toujours en préventif, en interculture, l’objectif est de maîtriser un maximum d’adventices avec de nombreux déchaumages et un labour systématique pour enfouir profondément les graines de graminées. Le choix des variétés de blé est également important en privilégiant celles à fort pouvoir couvrant derrière luzerne (Renan, Pyrénéo, Attlass, Caphorn).
Désherbage mécanique En curatif, le désherbage est réalisé de façon mécanique exclusivement avec un outil adapté au sol. La herse étrille, qui permet un bon débit de chantier (10 km/h en moyenne), donne des ré-
sultats satisfaisants à Boigneville en sol limono-argileux. Mais en sol limoneux battant (à Villarceaux), son utilisation est difficile et son efficacité insuffisante sur chiendent et rumex notamment ; sur ce type de sol, il vaut mieux privilégier la houe rotative. La bineuse se révèle plus polyvalente. “Mieux maîtriser les adventices, notamment les vivaces, est un réel souci aujourd’hui sur les systèmes céréaliers bio ; mais cela reste indispensable à leur réussite”, conclut Arvalis. “Une stratégie préventive à l’échelle du système est primordiale. Le désherbage mécanique en culture est un complément toujours nécessaire.”
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TRITICALE : Des freins techniques à la conversion Dans le Nord de la France en système céréalier sans élevage, les deux difficultés sont bien l’apport d’azote et la gestion des adventices. Les légumineuses solutionnent en partie l’azote. Mais le pois est à proscrire en pur car la plante est peu étouffante et le désherbage mécanique impossible. “La féverole est très développée mais elle a ses limites (échaudage en féverole de printemps, maladies en féverole d’hiver)”, souligne Gille Renart d’Agralys Bio. “Et avec une seule usine dans le Loiret pour notre zone, la luzerne a un problème de valorisation. Quant au soja, c’est plus une culture méditerranéenne.” En matière de gestion des adventices, la météo ne facilite pas la tâche. “Le blé est peut-être la culture la plus difficile en bio notamment dans le Nord de la France en raison de la météo qui laisse peu de fenêtre d’intervention pour désherber mécaniquement”, estime Philippe Viaux. “La différence de rendement entre conventionnel et bio dans le Nord explique aussi le faible développement de la bio en grandes cultures dans nos régions.”
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ACTUALITÉS NATIONALES Des légumineuses pour l’azote
des blés panifiables sans apports organiques. Des légumineuses (luzerne, féverole) sont alors intro-
L’objectif de la fertilisation azotée est de produire
duites dans la rotation. À Villarceaux, le pois a également été implanté mais en mélange avec une céréale.
La luzerne est plus efficace en apport d’azote que les protéagineux eux-mêmes plus efficaces que le mélange protéagineux-céréales. Résultat, derrière deux ans de luzerne, on obtient plus fréquemment de bons rendements et de bonnes teneurs en protéines. En fin de rotation, les rendements en blé sont faibles car le sol est carencé en azote.
Des variétés adaptées
La féverole permet également d’apporter de l’azote au système.
Résultat des essais longue durée d’Arvalis sur 2001-2008 Système Intégré
Système Mach II (1)
Système bio (Villarceaux-2003 à 2008)
Rendement blé (q/ha)
65,9
80,4
38,6
Produit brut exploitation (hors aide Pac) €/ha
659
739
805
287
338
335
55 %
49 %
59 %
59
66
83
Indicateurs technico-économiques
Marge nette exploitation (avec aides Pac) €/ha Variabilité interannuelle Indicateurs environnementaux Indice de couverture du sol (%)
+12
+31
-13
Impact énergétique (MJ/ha)*
10 090
11 369
4 442
Énergie brute produite (MJ/ha)**
69 710
86 660
56 380
1,47
1,83
0,32
Balance azotée (kg N/ha)
Émission Gaz à effet de serre (t éq CO2/ha)
Source : Arvalis *Quantité d’énergie primaire non renouvelable nécessaire pour produire les intrants et équipements utilisés sur l’exploitation. **Énergie potentielle contenue dans les parties récoltées des cultures au moment de la récolte (hors paille). (1) Optimisation de la productivité du travail.
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Deuxième levier pour obtenir une meilleure adéquation entre le degré de carence azotée et la tolérance au stress azoté des blés : choisir des variétés adaptées selon le précédent légumineuse. C’est ainsi qu’une variété productive (Attlass par exemple) sera implantée derrière une luzerne tandis qu’en fin de rotation sur sol carencé, Arvalis a opté pour une variété ayant une très bonne teneur en protéines (Renan). De cette façon, tous les blés ont pu être valorisés en boulangerie depuis la mise en place du dispositif mais les rendements pourraient être améliorés s’il y avait plus d’azote disponible dans le système. L’interculture permet également d’enrichir le système en azote avec l’implantation des luzernes sous couvert de blé (la luzerne implantée six mois plus
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ACTUALITÉS NATIONALES
Grenelle : un impact perceptible “Nous avons beaucoup de demandes de conversion suite au Grenelle de l’Environnement et ce malgré la crise car le consommateur confirme son intérêt pour des produits meilleurs pour la santé”, souligne Gilles Renart, directeur général d’Agralys Bio qui voit ses adhérents augmenter (165 en 2007, 189 en 2008 et 200 en 2009) et une quinzaine de conversions en cours. “Pour leur offrir une meilleure visibilité sur l’avenir, nous proposons désormais des contrats pluriannuels, également sur le C2, pour 20 % de notre collecte. Celle-ci s’est élevée à 12 000 t en 2008, avec une prévision à 14 000 t cette année”, précise Gilles Renart qui, en phase de prospection, tenait à être présent aux
Culturales. L’occasion pour lui d’y rencontrer une vingtaine de producteurs conventionnels très intéressés par ce mode de production. “En dehors des adhésions à la coopérative qui progressent tranquillement, le Grenelle a bougé les consciences des agriculteurs conventionnels et les a amenés à se poser des questions”, constate de son côté Yves Vanhoecke, président de Biocer. “Certains sont lassés des produits phytos car ils sont d’abord dangereux pour eux applicateurs – on n’entendait pas cet argument avant le Grenelle – et cherchent une autre façon de produire.” Cela tombe bien, la filière bio est demandeuse…
Agralys Bio, avec son directeur Gilles Renart, était présent sur le village bio des Culturales à Boigneville les 3 et 4 juin derniers, à la rencontre des producteurs.
Yves Vanhoecke, président de Biocer, se félicite de l’effet positif du Grenelle sur les agriculteurs conventionnels qui se posent de plus en plus de questions sur leurs pratiques.
tôt fournit plus d’azote), l’enfouissement de la dernière coupe de luzerne et l’implantation de trèfle en interculture longue (avant le lin par exemple). En sol battant, il est cependant difficile de semer une luzerne sous couvert. “L’azote est le premier facteur limitant du rendement et de la qualité en système céréalier bio”, constate l’institut à la lumière de ces essais longue durée. “Les légumineuses (en culture ou en interculture) constituent la seule source d’azote. La carence en azote du système s’accentue au cours de la rotation.”
de l’azote, d’autres sujets mériteraient également des recherches. “Il faut absolument que l’on travaille sur le problème “ravageurs” contre lequel il n’y a pas vraiment de solutions aujourd’hui et sur l’impact de la biodiversité sur les cultures”, souligne Philippe Viaux. “Côté matériel, il y aurait également des choses à faire pour permettre notamment de biner plus vite grâce à un autoguidage très performant et ainsi être aussi compétitif en terme de débit de chantier que l’agriculture conventionnelle.”
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Ravageurs, biodiversité et autoguidage Tandis que les deux essais longue durée se poursuivent avec l’objectif d’adapter la rotation au fur et à mesure pour optimiser le système notamment au niveau de la gestion des adventices et
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AILLEURS La bio en Hongrie
De nouvelles aides plus stimulantes Après une forte croissance des surfaces et du nombre de producteurs bio jusqu’en 2004, l’élan s’est légèrement affaibli en Hongrie. Le nouveau régime de subventions, mis en place en 2009, pourrait fortement le faire redémarrer, comme l’explique Léa Bauer de Biokontroll, le principal organisme de certification.
E
n Hongrie, la bio représente aujourd’hui 2 % des surfaces et 0,3 % des exploitations, la majorité de petites tailles (moins de 6 ha), avec quelques spécimens très étendus (plusieurs fermes ont plus de 1 000 ha). Les premiers pas de l’agriculture biologique hongroise démarrent au milieu des années 1980 avec la création, en 1986, de l’association Biokultura. “Lancée à l’initiative de petits jardiniers, cette structure n’a cessé de croître et s’est ensuite réorganisée au niveau régional”, rapporte Léa Bauer, responsable du département international de Biokontroll, situé à Budapest. L’association Biokultura chapeaute dorénavant pas moins de 13 secteurs professionnels allant de l’élevage à la transformation et la distribution. Biokontroll, qui certifie aujourd’hui 95 % des producteurs bio hongrois, a été créée en 1996, dix ans après la naissance de Biokultura dont elle est l’émanation, afin d’apporter une certaine rationalisation dans le travail d’inspection et de certification. Un deuxième organisme de certification, Hungaria öko Garancia, voit ensuite le jour en 2001-2002, initiative soutenue par des Allemands et des Autrichiens.
Près de 100 000 ha certifiés Les rapports d’activité de Biokontroll, notamment celui publié courant 2008 sur l’année 2007, renseignent sur la dynamique du bio hongrois depuis dix ans. Les surfaces inspectées par Biokontroll augmentent de plus de 100 000 ha de 1998 à 2004, année où elles culminent à plus de 128 000 ha (voir tableau 2). Suite à l’adhésion de la Hongrie à l’Union européenne (le 1er mai 2004), une politique de soutien nettement plus défavorable aux producteurs explique la baisse régulière des surfaces et du nombre d’opérateurs dédiés à l’agriculture biologique de 2004 à 2008. “De nombreux agriculteurs abandonnent alors la certification bio pour se tourner vers une agriculture intégrée permettant d’utiliser certains pesticides ou produits chimiques selon des règles bien définies”, rappelle Léa Bauer. Sur les 111 873 ha inspectés par Biokontroll en 2007, près de 100 000 ha (99 637 ha) étaient déjà certifiés bio, Léa Bauer, (Biokontroll) : “Nous et 12 236 ha en conversion. avons de plus en plus de demandes Un peu moins de la moitié de la part du terrain”. des surfaces en conversion 26
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sont en prairies (6 816 ha), un tiers en grandes cultures (4 426 ha). Les terres certifiées bio sont consacrées pour plus de la majorité (57 %) aux prairies, 36 % sont des grandes cultures, avec par ordre d’importance décroissante les céréales (18 369 ha, surtout du blé, maïs), les cultures fourragères (8 245 ha), puis les cultures industrielles (6 406 ha, dont 2 535 ha de tournesol, et une part de plus en plus importante en colza). Les animaux ne sont pas en reste, avec 134 élevages certifiés bio en 2007, dont près de 80 % en bovins (13 046 animaux). La bio concerne tous les secteurs de l’élevage, des moutons aux chèvres en passant par les Subventions en hausse pour les cultures bio hongroises 2004-2009 (€/ha)*
À partir de mars 2009 (€/ha)*
Grandes cultures (en conversion)
176,47
162,06
Grandes cultures (certifié)
125,49
113,79
Légumes (en conversion)
325,49
296,55
200
158,62
Culture
Légumes (certifié) Prairies permanentes
58,82 (en conversion et certifié)
Prairies permanentes pâturées
96,55 (en conversion et certifié)
Prairies permanentes destinées à la production de foin
55,17 (en conversion et certifié)
Fruits et raisins (en conversion)
396,08
Fruits et raisins (certifié)
278,43
Pommes (en conversion)
806,9
Pommes (certifié)
537,9
Prunes, cerises, abricots, pêches (en conversion)
744,8
Prunes, cerises, abricots, pêches (certifié)
472,4
Baies (en conversion)
651,7
Baies (certifié)
300
Raisin (en conversion)
713,8
Raisin (certifié)
444,8
* sur la base 1 € = 290 HUF
AILLEURS chevaux. À noter la croissance de la production de miel bio, surtout destinée à l’exportation.
Des subventions plus avantageuses Tous secteurs confondus, Biokontroll a délivré 833 certificats en 2007 et, sur un total de 1 750 certificats délivrés à ce jour, 1 058 le sont pour des agriculteurs, 286 pour des transformateurs, 223 pour des traders et 151 pour des apiculteurs. On compte aussi 14 certificats pour des ramasseurs de plantes sauvages, 8 pour des fermes aquacoles et 2 pour des producteurs de champignons. Leur nombre devrait augmenter très rapidement. En effet, le système hongrois de soutien à l’agriculture bio vient de changer début 2009. Il devrait doper le secteur, avec des subventions beaucoup plus attractives pour les producteurs (voir tableau 1). “Le gouvernement hongrois est plus ouvert et motivé, et il a accepté que les producteurs soient de réels acteurs économiques”, explique Léa Bauer qui s’attend à un petit raz de marée de nouveaux producteurs. “Rien que la journée d’hier, nous avons eu 25 appels d’agriculteurs qui voulaient s’informer des nouvelles subventions”, explique Léa Bauer dont la société est membre d’Ifoam (International Federation of Organic Agriculture Movements). Par rapport à l’existant, le nouveau système de subventions est particulièrement avantageux pour le secteur des fruits, avec davantage de classes de produits et une période de conversion qui passe de deux à trois ans.
85 % à l’export Sur le plan de la commercialisation, Léa Bauer estime que “85 % de la production hongroise est exportée contre 95 % il y a cinq ans”. Les pays d’exportation sont principalement l’Europe de l’Ouest, dont la France, mais aussi les USA. “Nous avons des relations traditionnelles avec l’Italie et l’Allemagne”, lance aussi notre interlocutrice qui ajoute qu’une bonne part des produits exportés (comme les céréales, le tournesol ou le colza) le sont à l’état brut sans transformation. “Depuis notre création en 2004, notre chiffre d’affaires a été multiplié par huit”, affirme Zsofia Vargha, responsable des achats pour la France auprès de la société franco-hongroise Tradisco. Avec un bureau à Budapest et un capital majoritairement français, Tradisco exporte deux types de produits : des céréales biologiques hongroises et slovaques (environ 6 000 t/an à destination de l’Allemagne, de l’Autriche, de la France et des Pays-Bas) et des semences. Sur 2 000 ha de multiplication, 600 ha sont en bio, principalement pour des obtenteurs français de maïs hybride, de vesce, moutarde et radis.
Bio Centrum est un petit supermarché dédié aux produits bio dans le centre de Budapest.
Une demande intérieure encore faible Que dire de la demande hongroise en produits bio ? Il n’existe pas, pour le moment, de chaînes de petits magasins, mais la consommation hongroise croît régulièrement. Le magasin Bio Centrum, qui trône au deuxième étage de la galerie marchande Mammut au centre de Budapest, vient attester de cette réelle demande intérieure. Enfin, les grandes chaînes de supermarchés (Auchan, Cora, DM) proposent de plus en plus souvent des produits bio dans leurs rayons. Quels sont les projets de Biokontroll pour 2009 ? “Nous devons nous préparer à une forte croissance d’activité tout en continuant nos programmes de recherches menés de front avec différentes universités hongroises ou étrangères”, affirme Léa Bauer. Ces recherches visent notamment à trouver des variétés de maïs et de blé les plus adaptées à l’agriculture bio et à développer des standards pour la sélection des plantes. Philippe Caldier
Évolution des surfaces et du nombre d’opérateurs contrôlés en Hongrie 1998
2000
2002
2004
2006
2008
Surfaces contrôlées 21 565 47 221 103 672 128 690 116 197 122 270 (ha) Nb opérateurs
330
471
995
1 420
1 249
1 250
Source : Biokontroll
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REVUE DE PRESSE vend les semences, les engrais et les fongicides voit son chiffre d’affaires diminuer. Et la coopérative à laquelle le céréalier est éventuellement affilié est également perdante, car ce blé ne sera pas vendu plus cher qu’un blé “intensif”. Les économistes appellent cela un système verrouillé : de lui même, le système n’a aucun intérêt à changer. La seule solution, c’est donc une intervention des pouvoirs publics.
Les importations sur la sellette
Le retour des paysans Dans sa chronique dans Le Monde-18/05/09, Hervé Kempf prévient du retour des paysans que l’on annonçait pourtant en voie d’extinction il y a peu encore. D’ailleurs, d’après le journaliste, les politiques ont jusqu’ici encouragé l’agrandissement sans se soucier de la diminution du nombre des paysans et des effets sur l’environnement d’une “agriculture ultraproductiviste”. Ce temps serait révolu et “nous pouvons créer un million d’emplois en Europe, 500 000 en France – des emplois de paysans”. Si la productivité d’un paysan est 26 fois supérieure à ce qu’elle était en 1950, elle s’est accompagnée d’“effets externes” tels que “érosion des sols, pollution des nappes phréatiques, baisse de la biodiversité, utilisation de masses énormes de pesticides et d’antibiotiques”. La réduction de ces effets passe par une baisse de productivité et donc une augmentation de l’emploi agricole. “Il nous faut bousculer nos schémas mentaux : l’agriculture est un secteur d’avenir”, lance le journaliste qui s’inspire d’un texte intitulé “L’agriculture : un projet européen pour sortir des crises”, réalisé par des associations comme Frères des Hommes, Nature et progrès et Minga (échanges équitables).
Libérer l’agriculture des pesticides Le titre de La recherche-juin est accrocheur. Directeur de recherche à l’Inra, Philippe Lucas explique que la réduction de 50 % des traitements phyto passe par des changements de systèmes de culture. La sélection variétale sera la clef de voûte de ce programme en mettant au point des variétés moins exigeantes en intrants. Cela signifie pour le chercheur qu’il faut faire évoluer les critères retenus pour l’inscription de variétés au catalogue officiel. Ainsi, l’expérience avec des blés rustiques a permis de réduire de 10 à 15 % l’apport d’engrais azotés, de 40 % la dose de semences et de 50 à 70 % celle des fongicides. “En termes de marge, l’agriculteur n’est pas perdant. En revanche, le distributeur qui
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Pour France soir-1/06/09, le marché vert est “en plein boom”. Les Français sont de plus en plus demandeurs de produits bio et tous les circuits de distribution connaissent l’embellie. D’autre part, 30 % des produits bio viennent de l’étranger et 1/3 d’entre eux ne peut être produit en France comme le café ou les produits exotiques. Toutefois, assure le journal, le poids des produits importés devrait baisser à terme… 60 Millions de consommateurs-juin estime que les garanties sur les produits importés “semblent moins solides que pour les denrées françaises”. Le mensuel s’intéresse notamment à Ecocert qui n’a pas décelé la mélamine dans le soja bio importé de Chine. Le magazine rappelle que la Cofrac, organisme qui surveille les organismes certificateurs, “a suspendu l’accréditation d’Ecocert pour l’international pendant 3 jours, inquiet d’un manque de suivi de la direction centrale sur les bureaux à l’étranger”. Le journal estime que la Cofrac n’effectue pas assez de contrôles sur les organismes certificateurs présents dans les pays étrangers qui nous fournissent. Le magazine épingle également “l’autre face de l’entreprise verte”, relatant ses ennuis internes avec certains de ses salariés. La journaliste suppute qu’ “appât du gain et qualité” ne font pas bon ménage. Titrant “L’incroyable faillite du bio français” car la France ne parvient à répondre à la demande, Le Point-21/05/09 constate que, s’il faut importer des pommes ou des carottes bio, le bénéfice environnemental est amoindri. Ainsi, l’entreprise de surgelés Picard, en recherche de “beau bio”, ne se fournit qu’en brocolis français, “tout le reste est acheminé par route depuis l’Italie, mystérieusement capable, elle, de produire du beau bio”, s’indigne l’hebdo. Si la France est à la traîne, c’est parce que “l’idéologie productiviste de la FNSEA n’a pas fait de place au bio”, assure celui-ci notant au passage le changement brusque lors du Grenelle de l’environnement. Le ministère voudrait inciter “les grands réfractaires”, les céréaliers, à se convertir au bio. Car, “sans céréales bio, pas d’alimentation bio pour le bétail, et donc pas d’élevage bio. La défection des céréaliers, qui ne jurent que par les hauts rendements, pénalise toute la chaîne de l’élevage bio français”, tonne le journal. Celui-ci ajoute que les grandes enseignes de distribution françaises ne peuvent trouver une offre suffisante en France et sont donc obligées de s’approvisionner auprès “des immenses coopératives bio du sud de l’Europe”.
AUX LECTEURS… Notre revue de presse se veut un éclairage utile sur ce qui se dit sur la profession, en bien ou en mal, mais ne représente pas nécessairement l’opinion de la rédaction de Biofil sur les sujets traités.
REVUE DE PRESSE
Les OGM sont-ils incontournables ? “Comment les OGM conquièrent le monde ?”, s’interroge en couverture Alternatives internationales-juin. Le trimestriel commence par expliquer pourquoi ils ne percent pas en Europe où les consommateurs y sont plus réticents qu’ailleurs, où de puissantes associations opposantes sont “légitimes auprès d’une grande partie de la population” et où les institutions sont démocratiques. Quant aux agriculteurs qui les adoptent, c’est par recherche de simplification du travail et de réduction des coûts de production. Jacques Gasquez (Inra) prévient néanmoins du risque de développement des herbes résistantes au glyphosate. La revue s’inquiète de l’évaluation de ces OGM dont “les autorisations, pour la consommation humaine et animale, se fondent sur des tests sur des rats de laboratoires limités à… 3 mois”. À l’issue d’un tour du monde objectif des avis émanant de pays pro ou anti OGM, le magazine se demande si le monde pourra se passer des OGM. Michel Griffon (Cirad) fournit une réponse très claire et surtout fort argumentée : “avant de songer à la transgénèse pour améliorer les performances d’une plante, il faut développer les voies classiques que sont la sélection et le croisement […] Bien plus important est l’apport que peut représenter l’usage intelligent et combiné de l’ensemble des ressources naturelles : agroforesterie, engrais verts, etc. La base d’une agriculture viable et productive est à chercher davantage du côté de l’écologie et de la biodiversité que du génome”. À noter le hors-série de Politis-mai-juin qui consacre tout un numéro aux alternatives aux OGM et pesticides et les méthodes classiques pour résister (commerce équitable, Amap,
etc.). La revue explique bien comment l’association Terre de liens et la société financière Nef permettent la production bio locale. En ayant collecté 4 millions d’euros en 5 mois auprès de 2 200 actionnaires, ces deux partenaires peuvent acheter des terrains qu’ils louent ensuite à des maraîchers bio…
Stop aux élevages industriels ! Pour Marie-Christine Blandin, sénatrice verte et rapporteur du rapport sur la grippe aviaire, et José Bové, les élevages industriels sont des bombes sanitaires directement responsables de la grippe A. Une étude de l’Inserm (Aubry-Damon) a montré “récemment la présence de bactéries résistantes aux antibiotiques chez les salariés d’élevages industriels de porcs”. Dans un papier pour Le Monde-21/05/09, le duo expliquent que la barrière entre l’homme et le porc est mince comme celle séparant volailles et porcs. Ainsi un virus aviaire peut se transmettre aux porcs puis vers l’homme. “C’est la raison pour laquelle l’Union européenne a édicté des règles interdisant une trop grande proximité entre un élevage hors sol de volailles et un élevage hors sol de porcs”, relèvent les deux auteurs. Ceux-ci en profitent pour dénoncer l’attitude irresponsable voire criminelle des groupes industriels comme Smithfield dont l’usine porcine mexicaine serait vraisemblablement à l’origine du foyer de grippe A. Pour eux, les tentatives de vouloir incriminer des petits élevages de plein air comme sources d’épidémie de la grippe aviaire “se sont révélé des impostures”. “À moyen terme, les usines de porcs et de volailles doivent être interdites”, conclut le duo.
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RÉGLEMENTATION Le point avec Qualité France
Modifications du guide de lecture Des points d’application et d’interprétation des règlements 834-2007 et 889-2008 ont été débattus lors de la dernière commission permanente de l’Inao du 24 juin dernier. Des modifications apparaissent dans les nouvelles versions des guides de lecture et d’étiquetage.
P
Chaque bâtiment ne peut compter plus de 3000 poules pondeuses mais il est possible d’avoir plusieurs bandes de même âge dans des bâtiments accolés (ou salles d’élevages) sous les conditions suivantes : cloison allant du sol au plafond, pleine et étanche en partie basse entre les bandes ne permettant pas le passage de poules d’une salle à l’autre ; le même principe s’applique pour les parcours dédiés. Le sas peut être commun, ainsi que le circuit d’eau et d’alimentation, sous réserve qu’il s’agisse de bandes du même âge. Les interventions vétérinaires sont comptabilisées systématiquement pour les 2 salles.
Une 3e voie est désormais possible : l’article 21 du RCE 889/2008 permet de démarrer une conversion des animaux dès les 13e mois de conversion des parcelles et de les nourrir avec un maximum de 30 % de C2 venant de l’extérieur de l’exploitation, un maximum de 20 % de C1 issus de l’exploitation (pâturage, prairies permanentes, fourrage, pérenne) et le reste de la ration composé de C2 de l’exploitation ou d’aliments bio venant de l’extérieur. Une telle situation doit être validée par l’organisme de contrôle au cas par cas. Dans ce cas, quelques rappels : - La règle de conversion des 3/4 de la vie pour la production de viande (bovins et équins) s’applique dans cette situation : les éleveurs perdent le bénéfice de la conversion simultanée (en 2 ans) pour la valorisation en viande de leurs animaux. - Les éleveurs peuvent commencer à engager les animaux au plus tôt le jour où les terres passent en C2 mais attention aux stocks d’aliments conventionnels ou en C1 (autres que les fourrages de cultures pérennes) car ils devront être écoulés avant le démarrage de la conversion des animaux (sauf pour les monogastriques qui peuvent avoir 10 % de non bio en 2009 puis 5 % à partir de 2010) - Les producteurs demandant des aides à la conversion doivent s’adresser à leur DDAF pour connaître les incidences de cette démarche (engagement des prairies sans les animaux).
Nouveau schéma de conversion chez les éleveurs.
Porcs : les courettes extérieures
Initialement, les schémas de conversions prévoyaient 2 possibilités pour les éleveurs : la conversion simultanée (conduite terres et animaux selon les règles de l’agriculture biologique pendant 2 ans) et la conversion dite “classique” : délai pour les terres pendant 2 ans et délai pour les animaux (de 6 à 12 mois selon destination).
L’ensemble des élevages porcins convertis après le 1er janvier 2009 et les installations d’élevage pour les porcs dont les permis de construire ont été validés après le 1er janvier 2009 doivent au minimum respecter les conditions suivantes : les bâtiments doivent intégrer, en dehors des phases maternité et post-sevrage, des aires
lantes en pot certifiées
Jusqu’à présent les plantes passant toute leur durée de vie dans un substrat hors-sol ne pouvaient prétendre à la certification bio conformément aux pratiques de cultures figurant dans le règlement (principe du lien au sol). Les cultures hydroponiques en font partie. Exception à la règle : désormais, les plantes aromatiques et les fines herbes poussant dans des pots et vendues en pot pour la consommation directe peuvent être certifiées bio si la culture est conforme aux règles de l’agriculture biologique et si le substrat est composé de sol de parcelle bio et/ou de substances listées à l’annexe I du RCE 889/2008.
Cloisonnement des bâtiments de poules pondeuses
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Désormais, les porcs doivent bénéficier d’aires d’exercices extérieures, accessibles en permanence.
d’exercices extérieures. Celles-ci doivent être accessibles en permanence aux animaux, éventuellement couvertes d’un auvent (3 côtés ouverts, sans bardages ni filets brise-vent sur au moins la moitié de la superficie de cette aire). La séparation des cases au niveau de ces aires d’exercices extérieures doit être limitée à la hauteur strictement nécessaire à la contention des animaux.
Réduction des périodes de conversions Les systèmes agro-forestiers (type châtaigneraies sylvestres ou traditionnelles) peuvent bénéficier de réduction de la période de conversion (cf annexe 2 du guide de lecture en application de l’article 36 paragraphe 2 du RCE 889/2008) au même titre que les parcelles en prairies naturelles, friches, terres non cultivées. Les arbres isolés sur des parcelles cultivées en mode conventionnel ne sont pas acceptés par la réduction des périodes de conversion. Gilles Billon gilles.billon@fr.bureauveritas.com Retrouvez l’équipe Bio de Qualité France au salon Tech & Bio le 8 et 9 septembre, Pôle 2 (conversion).
GRAND ANGLE La Ferme de Ventabren (26) ouvre ses portes
Alain Guichard : “Créer un effet d’équilibre” À la ferme de Ventrabren dans la Drôme, l’équilibre procuré par le triptyque poulets de chair, grandes cultures et plantes à parfum, aromatiques et médicinales garantit la pérennité de l’exploitation. À l’initiative de cette démarche, Alain Guichard, l’un des trois associés, maintient le cap en conjuguant autonomie et performance.
D
epuis ses débuts en 1976, sur la ferme familiale de Montmeyran dans la plaine de Valence, Alain Guichard a dû s’adapter aux vicissitudes de l’agriculture en général et des filières bio en particulier par des évolutions successives et ce, avec très peu d’aides : trop tôt pour un soutien à la conversion, trop novateur pour séduire les banquiers. Bref,
il lui a fallu retrousser ses manches, user de l’autoconstruction, être réactif et compter sur le soutien des acheteurs. Et surtout, faire preuve d’une forte motivation : sa sensibilité précoce à l’écologie – déjà, avec son père, il avait testé l’agriculture sans pesticides – s’est affirmée en 1986, au moment de Tchernobyl. “C’est à ce moment que j’ai eu le déclic, j’ai alors
entamé une conversion rapide. J’ai démarré par les plantes aromatiques et médicinales touchées par la crise, et en prenant soin de m’assurer des débouchés pour réussir mon pari, raconte le producteur drômois. Il est essentiel de réfléchir au préalable à la façon de valoriser sa production, car la commercialisation n’est pas notre métier de base.”
Maîtriser la vente Après les PPAM, les grandes cultures passent aussi en bio, et la ferme s’implique dans la création de l’association Capbio et d’un circuit de vente avec le GIE Unibio, aujourd’hui disparu. Enfin en 1997, l’arrivée de Sylvian Dumont – qui deviendra ensuite associé – accompagne la conversion de l’élevage label en bio, dès que le débouché com627 chemin de Moricelly
627 chemin de Moricelly
port. 06 20 65 47 34
Alain Guichard, fondateur-associé de la Ferme de Ventabren, a démarré en 1976 en plantes aromatiques et médicinales. Aujourd’hui, il codirige une SCEA de 3 associés et de 2,5 salariés.
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Grâce à ses bâtiments mobiles, l’élevage gagne 15 jours de vide sanitaire, ce qui permet d’améliorer la rentabilité.
La Ferme de Ventabren en chiffres - SCEA (société civile d’exploitation agricole) de 3 associés, plus 2,5 salariés. - 160 ha dont 120 ha en grandes cultures (40 ha de blé tendre, blé dur, lentilles + 80 ha en céréales secondaires, protéagineux et soja autoconsommés), 27 ha de plantes aromatiques (43 % de lavandin, 33 % de thym, 17 % mélisse, le reste en romarin et cassis). - 2 000 à 2 400 poulets de chair/semaine élevés dans 8 bâtiments de 200 m2 chacun (chauffés pendant 5 semaines) et 10 cabanes mobiles de 60 m2, 12 ha de parcours. - Abattage entre 88 et 95 jours. - Vente à l’abattoir + rachat des carcasses pour vente directe. - CA 2008 : 1,37 M€ - EBE : 130 000 €
EARL du Tilleul Producteur de
PLANTS MARAÎCHERS PLANTES AROMATIQUES En Agriculture Biologique Contact : Jean-François MOUNIER 290 Chemin du Tilleul - BP 103 - 13833 CHATEAURENARD Tél. 04 90 240 340 - Fax : 04 90 240 349 - E-mail : earl.dutilleul@cegetel.net Agrément ECOCERT n°13/5888
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mercial est assuré. Hélas, le volailler Bourgoin bat vite de l’aile et il faut rapidement rebondir en 2002 : les 2 associés décident alors de faire abattre les poulets par les Fermiers de l’Ardèche, situés à 70 km de la ferme et de racheter les carcasses soit découpées, soit entières pour les revendre eux-mêmes auprès de magasins spécialisés ou en direct. “Il a fallu maîtriser davantage nos circuits de distribution pour réduire les risques, note Alain Guichard. Notre système est en perpétuelle évolution, nous avons tout à inventer.” La ferme élève des poulets jaunes à cous nus, achetés à 1 jour, “plus rustiques, à la chair moins sèche qui correspond au goût du Sud de la France”, continue le producteur qui travaille aussi, en lien avec la recherche, sur des souches à croissance lente plus performantes, sans être plus fragiles. Déjà, il faut redoubler de précautions sanitaires afin d’éviter les maladies, car il existe peu de solutions curatives. Actuellement, l’indice de consommation est de 3 (1) et le Gain Moyen Quotidien (GQM) de 27 g/j. “Nous sommes proches des standards label”, assure l’éleveur.
Optimiser le système Le souci des associés est d’optimiser ce système en triptyque, sans perdre en qualité, bien au contraire.
Ainsi, en 2005, l’arrivée du 3e associé, Sylvain Simon, déjà impliqué dans l’aménagement et la vie de la ferme, permet la mise en place de bâtiments mobiles. Ceux-ci réduisent, grâce aux déplacements, le vide sanitaire et assurent, de surcroît, une herbe toujours fraîche pour les parcours d’engraissement. La paille des céréales, utilisée pour les litières, est compostée deux mois environ et retournée deux fois, pour être épandue sur les terres, complétée, si nécessaire et notamment sur blé dur, par un apport d’un fertilisant plus rapide, comme la vinasse de betterave. Après récolte, les tiges de thym sont broyées pour être recyclées sur les litières afin de les assainir. “Les trois pôles d’activité sont complémentaires et créent un effet d’équilibre, résume Alain Guichard. Depuis 2007, nous avons réussi à multiplier par deux notre production de poulets, nos résultats sont satisfaisants mais nous voulons continuer à les améliorer.” Les projets ne manquent pas pour aller vers plus d’autonomie : installation de panneaux solaires sur les bâtiments d’élevage, construction d’une unité de méthanisation pour produire du biogaz destiné à chauffer les poussinières en remplacement du gaz naturel et récupérer une fertilisation plus écologi-
GRAND ANGLE que sans déperdition… Afin de mieux profiter des vertus de l’aromathérapie, l’installation d’un système de brumisateurs qui diffusent les huiles essentielles de thym et de lavande est prévu dans les bâtiments d’élevage. Bonne nouvelle, pour ces nouveaux investissements : les banques semblent plus compréhensives.
Construire des filières durables Après 20 ans de recul sur la bio et malgré un parcours semé d’embûches, ce pionnier ne regrette rien. “Notre objectif est de construire des filières durables, mais ce n’est pas sans difficultés, il faut tenir le cap, reconnaît le producteur, également cogérant de la
Sica Bioplantes qui approvisionne l’entreprise de cosmétique Sanoflore, aujourd’hui dans le giron de l’Oréal. “Nous avons par exemple accompagné les mutations de cette société. Au fil des ans, la qualité des échanges s’est même enrichie. Avant, Sanoflore achetait du thym espagnol, aujourd’hui, elle prend le nôtre.” Ce n’est qu’en 2007 que la Ferme de Ventabren a atteint, pour la première fois, ses objectifs de résultats. “Notre force vient aussi de la complémentarité des associés qui ne sont pas tous issus du milieu agricole. Très motivés, ils ont apporté des compétences différentes. Nous vivons aussi une aventure hu-
Visites d’exploitations Tech et Bio propose la visite de 4 exploitations dont la Ferme de Ventabren. Pour en savoir plus, lire p. 62 à 64 et s’inscrire sur http://www.tech-n-bio.com/fr/programme/
maine enrichissante. Un 4 e associé, déjà salarié ici, est sur le point de venir nous rejoindre, après avoir fini sa licence pro.” Un autre jeune, en BTS par alternance, est également pressenti pour prendre le relais. “Je commence à penser à ma succession. Il est important de préparer la transmission dans de bonnes conditions.” La modification du cahier des charges en volailles risque toutefois de changer encore les perspectives. “Nous
n’allons pas réduire pour autant l’âge d’abattage, affirme l’éleveur. Il risque d’y avoir désormais une bio à deux vitesses, celle destinée à la restauration collective et à la grande distribution, plus exigeantes sur les prix, et celle gardienne de la qualité.” Christine Rivry-Fournier (1) Indice de consommation : nombre de kilos d’aliments consommés pour produire un kilo de viande.
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JUILLET / AOÛT 2009
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Visant une autonomie optimale, la Ferme de Ventabren s’équipe, dès 1992, d’un silo de stockage de 700 t, servant aux céréales et aux PPAM, un double usage afin d’optimiser l’amortissement. En 2002, un atelier de fabrication d’aliments à la ferme est auto-construit partiellement (700 t), les banques “au service de l’agriculture” ne voulant pas l’accompagner. L’assolement s’adapte aux besoins de cette activité. L’alimentation des poulets est composée à 80 % de graines produites (mélange maïs, sorgho, soja, féveroles blé ou triticale), stockées, séchées et mélangées sur place puis distribuées automatiquement dans les bâtiments. Cet aliment est complété par l’achat de concentrés (démarrage, croissance et finition), constitués de tourteaux, luzerne, soja et fécules de pommes de terre pour la protéine et les minéraux, fournis par le fabricant Cizeron Bio. “La démarche d’Alain Guichard est intéressante, car elle allie efficacement autonomie alimentaire et performance, commente de son côté Jean-Charles Cizeron, responsable du moulin. Ce producteur cultive les espèces les plus faciles à mener et sait s’entourer de partenaires pour le reste.” Autre avantage : l’apport d’une garantie de traçabilité qui, par les temps qui courent, s’avère de plus en plus recherchée.
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DOSSIER Améliorer la fertilité des sols
Des démarches innovantes En bio, la fertilisation doit répondre à trois impératifs : outre garantir des rendements suffisants, elle doit assurer une production de qualité, dans le respect de l’environnement. La gestion du sol est l’un des piliers de la durabilité des systèmes. Pas question de simplement remplacer les engrais de synthèse par d’autres organiques.
“D
epuis 1990, date de nos premières mesures en France, nous observons une baisse régulière de l’activité biologique des sols, constatent Claude et Lydia Bourguignon, agronomes microbiologistes des sols. Globalement, on trouve des terres agricoles dégradées partout dans le monde où le labour moderne est associé à d’importants apports d’engrais chimiques et de pesticides.” Les deux chercheurs n’ont de cesse d’encourager les passages à l’agriculture bio pour restaurer et améliorer cette fertilité, indispensable à la pérennité des exploitations. “Les sols sont rendus plus vivants, moins compactés, riches en micro-organismes”, affirment-ils. Pourtant, en bio, la gestion de la fertilité n’est pas si facile. Voulant bien faire, certains agrobiologistes utilisent par exemple trop de compost, “au point d’engendrer un processus de dégradation, car tout excès est nuisible”. Le risque est aussi d’augmenter le taux de nitrates lessivé, contribuant à détériorer la qualité des eaux et à alimenter l’eutrophisation. Un comble pour tous ceux qui cherchent avant tout à protéger l’environnement. D’autres problèmes, notamment au niveau de la structure du sol, peuvent également apparaître en raison de nombreux passages d’engins agricoles pour lutter contre les adventices.
Lenteur de la minéralisation Si bonifier les sols n’est pas l’apanage des seuls bio, ceux-ci y sont confrontés de plein fouet car ils s’interdisent les puissants engrais de synthèse (NPK) qui apportent les minéraux nécessaires à la croissance des plantes. À défaut, ils doivent raisonner leur fertilisation de façon globale et gérer leurs systèmes par le biais de plusieurs techniques complémentaires : travail du sol allégé, rotations avec précédents légumineuses, engrais verts, apports d’amendements et de fertilisants organiques… L’approche doit être évidemment technico-économique, notamment lorsque la fertilisation est complétée par des achats d’intrants. “Il faudrait mesurer le gain de rendement obtenu par l’apport extérieur, et ce à long terme, pour savoir si la démarche est rentable. La difficulté, c’est que le sujet est complexe en raison du temps de minéralisation plus lent des engrais organiques, et notamment de l’azote”, note Éric Justes de l’Inra Agir de Toulouse lors d’une journée
Fertilité des sols : des solutions innovantes - les engrais verts, p. 37. - le lombricompostage, p. 38. - le bois raméal fragmenté, p. 40.
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Difficile de connaître exactement l’impact du fumier, du compost ou des fientes… sur la fertilité des sols.
technique sur “Azote, matières organiques et engrais verts”, organisée par l’Itab et Arvalis-Institut du Végétal en mars dernier à Paris (actes sur itab.asso.fr). D’où la nécessité de connaître l’impact sur la fertilité des différentes actions et pratiques pouvant être mises en œuvre. Et sur ce plan, tout reste à faire… Il existe encore peu de références et la variabilité des produits est importante. “La fertilisation organique est beaucoup moins précise que la minérale, d’où de grosses incertitudes sur les prévisions.”
Deux nouveaux programmes Le programme Fertiagribio sur la fertilisation azotée et phosphatée, piloté par l’Inra et l’Itab en 2004 et 2005, a déjà débroussaillé le sujet, notamment en apportant des références sur les engrais et amendements organiques autorisés en bio. L’objectif était d’actualiser les connaissances sur le comportement de ces produits – connus ou moins connus – , d’une part vis-à-vis de leur fourniture en azote minéral, et d’autre part sur leur capacité à enrichir le sol en matières organiques. Exemples de prix des engrais organiques (rapport Lise Billy, 2008) Produit
% d’azote
Prix (€/t)
Vinasse de betterave
2,4
55
Compost de fumier de volailles
2,5
15
Fientes de poules
6
55
Farine de plumes
10
260
Engrais 11-6-2
11
544
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A Quimper, le 3 mars 2009 Dans un monde bio qui bouge et évolue sans cesse, vous avez besoin d’informations, de liens et de conseils fiables. Pour vous guider, les journalistes de BIOFIL vont sur le terrain, à la rencontre des professionnels (agriculteurs, conseillers, formateurs, techniciens, chercheurs, entrepreneurs...).
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DOSSIER
Deux essais à méditer Intérêt des engrais organiques en grandes cultures L’apport systématique d’engrais organiques sur céréales, et notamment blé tendre, est-il justifié ? Une étude visant à mettre en place un outil de gestion de l’azote en blé bio a analysé des résultats de 55 essais collectés dans différents départements (Ile-deFrance, Eure-et-Loire, Indre-et-Loire, Loir-et-Cher, Cher, Oise, Gers, Drôme). Parmi ces essais, 58 situations ont reçu un apport de 60 kg/ha d’azote au moment du tallage, sous forme d’engrais organiques azotés (vinasse, farine de plumes, engrais du commerce 11-62, fientes). Une hausse nette des rendements est constatée dans 70 % des cas ; en revanche, l’accroissement de la teneur en protéines n’a été noté que dans seulement 30 % des cas (le seuil de significativité est d’environ 3 quintaux pour le rendement et de 0,5 % pour le taux de protéines). Néanmoins, la différence entre le rendement du témoin et celui de l’apport, même si elle est significative, reste en moyenne de 6 q/ha, ce qui
demeure relativement faible. “Cela pose des questions quant à la rentabilité de l’apport, compte tenu du prix des engrais organiques”, s’interroge Blaise Leclerc, chargé de la commission matières organiques à l’Itab. L’impact du précédent sur l’efficacité du fertilisant Autre exemple, au Centre régional de recherche et d’expérimentation en agriculture biologique de Midi-Pyrénées (Creab), l’efficacité d’une farine de plumes sur la variété de blé tendre Renan s’est avérée très différente selon le précédent. Après féverole, l’apport de farine de plumes n’a pas eu de conséquence significative sur le rendement, mais a permis un gain de 1,3 % de protéines. Par contre, sur le précédent soja, l’apport de farine de plumes a permis un gain significatif de 8,1 q/ha, et une hausse non négligeable de 0,6 % de la teneur en protéines. Dans ces mêmes essais, si l’on compare les deux fertilisants utilisés sur le précédent soja (vinasse et farine de plumes), on observe une différence d’efficacité importante.
Pour aller plus loin et répondre aux besoins de la bio sur ce sujet, deux nouveaux programmes de recherche sont lancés. Démarré en 2009 et d’une durée de 3 ans, SolAB vise à évaluer les effets de différents modes innovants de gestion du sol en bio. Le projet s’appuie sur l’observation de parcelles représentatives de 4 systèmes de production – grandes cultures, maraîchage, arboriculture et viticulture –, mettant en œuvre différentes pratiques de gestion des sols dans le but de réduire les façons culturales. L’intérêt de ces approches innovantes telles que la suppression du labour en cultures annuelles et l’usage de plantes de couverture ou de mulch en cultures pérennes sera évalué afin de proposer des outils de diagnostic simplifiés aux agriculteurs et conseillers. Le second programme, RotAB, lancé en 2008 sur 3 ans,
Les résultats moyens des blés fertilisés ont été de 40,2 q/ha pour la farine de plumes contre 47,4 q/ha pour les vinasses, pour une teneur en protéines non significativement différente. Cela indique une meilleure efficacité des vinasses, illustré par un meilleur CAU (Coefficient Apparent d’Utilisation de l’engrais) de 67,5 % pour les vinasses contre 33,6 % seulement pour la farine de plumes. Cette différence peut provenir d’une plus forte proportion initiale d’azote minéral (ammoniacal), 16 % dans les vinasses contre 1,4 % pour la farine de plumes, induisant une disponibilité plus précoce pour la vinasse. De plus, le conditionnement liquide des vinasses s’est avéré être un avantage par rapport aux bouchons de farine de plumes qui nécessitent des précipitations conséquentes pour être délités. Cette différence d’efficacité peut également s’expliquer par une différence au niveau des pertes par volatilisation d’ammoniac. Une hypothèse à vérifier. Source : Itab, journée technique grandes cultures du 23 mars 2009, référence Billy L.2008, www.itab.asso.fr
cherche à mettre au point des rotations et assolements susceptibles de limiter les impacts environnementaux, tout en étant viables économiquement. L’accent est mis sur les systèmes sans élevage, afin de mesurer l’évolution du stock de carbone organique, des éléments fertilisants, de la diversité et de l’activité biologique.
Variabilité des engrais organiques Les besoins en références sont plus que jamais nécessaires pour améliorer les résultats de l’agriculture bio. Comme le rappelle Blaise Leclerc, chargé de la commission matières organiques à l’Itab, un défaut d’entretien des matières organiques des sols a pour conséquence la dégradation de leurs fonctions nutritionnelles (baisse du potentiel de minéralisation et de fourniture d’azote minéral aux plantes, diminution
Les engrais verts, en interculture, sous-couverts de céréales ou en association, sont des pistes d’avenir prometteuses pour une fertilisation durable et efficace en bio.
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DOSSIER FERTILISATION
Indicateurs de la qualité des fertilisants organiques L’intérêt d’un amendement ou d’un engrais organique est lié à son potentiel de transformation en humus, dépendant de l’origine des matières premières et de son élaboration. L’humus est issu principalement de la transformation microbienne de matières végétales contenant cellulose et lignine. Le rapport C/N est l’un des indices de qualité des fertilisants. Un produit organique au C/N élevé (> 15-20, compostage incomplet) peut entraîner un risque de “faim d’azote” pour les plantes. Utilisé seul, ce critère de qualité a ses limites : deux produits ayant le même C/N peuvent avoir des actions différentes sur l’évolution de la teneur en matière organique (MO) du sol. Le C/N doit donc être considéré comme un indicateur partiel de qualité à compléter par d’autres informations (type et proportions des constituants, niveau de compostage…). Les vitesses de minéralisation de produits organiques et leur capacité à générer de l’humus dans les sols dépendent étroitement de leur composition biochimique. Pour le mesurer, l’Inra de Bordeaux a mis au point l’ISB (Indice de Stabilité Biologique) ; le Pôle Agro Environnemental d’Aspach a développé la CBM (Caractérisation Biochimique de la Matière organique) pour le calcul d’un taux de MO stable (humus) restant à long terme. Ces études ont été complétées par des recherches en collaboration (Inra, Rittmo, Cirad, LDAR, LCA, Groupe Frayssinet) aboutissant aux travaux de normalisation Afnor sur l’Ismo (Indicateur de Stabilité de la Matière Organique) en cours de finalisation. En attendant la réglementation de
de la capacité d’échanges cationique…), de leurs propriétés physiques (baisse de la réserve en eau, déstabilisation de la structure et risque d’érosion…) et biologiques (perte d’activité et de diversité). D’où la nécessité de mettre en œuvre des pratiques fertilisantes globales. Combiner rotations avec des précédents légumineuses, semis sous couvert, engrais verts, apports de matières organiques, BRF… sont autant de stratégies qu’il faut tester pour que le sol apporte le meilleur de lui-même. “Il faut savoir par exemple que l’épandage de fumier n’apporte pas de minéralisation pour les cultures suivantes, mais il possède d’autres vertus que sont des apports en oligo-éléments, phosphore, calcium… ainsi que la structuration du terrain. Donc, ça ne fait pas de mal, mais on n’obtient aucune disponibilité immédiate en azote”, précise Éric Justes de l’Inra. Certes, le fumier libère de l’azote minéral et organique, encore faut-il savoir dans quelles proportions et conditions. “Il faut par exemple l’enfouir rapidement, à moins de 8 jours, pour éviter les volatilisations d’ammoniac”, ajoute le chercheur. Autre exemple, la variabilité en matière azotée des fientes est extrêmement élevée, car elle dépend de leur teneur en paille. “Il faut continuer les recherches, caractériser les engrais organiques, perfectionner les outils d’aide à la décision et les rendre opérationnels et acquérir des références régionales, notamment pour mieux appréhender les facteurs limitants”, résume Blaise Leclerc.
Stratégies durables Grâce à une connaissance approfondie de ces apports fertilisants autorisés en bio, les solutions innovantes consistent à mettre en place des stratégies qui assurent une production durable, en quantité comme en qualité. Un vrai défi. La marge de progression est immense, car il n’y a pas de réponse toute faite. “Tout dépend des conditions pédo-climatiques, des précédents, du salissement…”, indique Lise Billy, de la chambre d’agriculture de Seine-et-Marne qui
l’Ismo, c’est le CBM qui fournit la meilleure estimation du potentiel humique. La méthodologie CBM consiste à séparer au laboratoire 4 fractions organiques de plus en plus résistantes à la dégradation biochimique (fractions solubles, hémicelluloses, cellulose, lignine) et la fraction minérale.
travaille sur la mise en place d’un outil de gestion d’azote adapté à la bio. La bonne valorisation de l’engrais organique par la culture dépend à la fois de sa minéralisation dans le sol, donc de la quantité d’azote qu’il peut libérer, et de la capacité de la plante à absorber l’azote libéré. Ce, en tenant compte des facteurs limitants qui sont nombreux : pression d’une maladie ou/et d’un ravageur, peuplement et pression des adventices qui pompent une partie de l’azote. “En fertilisation de printemps sur blé par exemple, la mesure du reliquat sortie d’hiver est une donnée essentielle pour évaluer l’intérêt de fertiliser ou non”, précise la technicienne.
Légumineuses, porteuses d’espoir Pratique encore trop peu répandue chez les agriculteurs bio, les engrais verts, notamment les légumineuses, en interculture, sous couvert de céréales, ou en associations méritent d’être développés. Outre le fait connu de piéger les nitrates, de lutter contre l’érosion et de restructurer le sol, ils sont indispensables pour améliorer la fertilisation en bio. Ils apportent l’azote pour les cultures suivantes. Des essais menés sur 5 ans par la Chambre d’agriculture de la Drôme montrent que les engrais verts sont capables d’en mobiliser des quantités très importantes en l’espace de quelques mois. “La vesce, la luzerne et le mélilot restituent autant d’azote que 15 t/ha de fumier de volailles composté, soit environ 200 unités”, rappelle Patrice Morand qui a mené cette expérimentation. Comme le démontre également Joseph Pousset, agriculteur et expérimentateur, “les cultures régulières d’engrais verts rendent plus assimilables les réserves en certains minéraux, tels que le phosphore et le potassium ; elles tentent à débloquer les terres calcaires”. Reste à mesurer, entre autres la compétitivité avec les ressources en eau en régions sèches. N’empêche, l’utilisation des légumineuses est considérée comme une piste d’avenir, pleine de promesses et porteuse d’espoir. Christine Rivry-Fournier
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DOSSIER
Lombricompost
Allez les vers ! Connu dès les années 1980, le lombricompost n’a guère pris en France. Aujourd’hui, porté par l’enjeu de réduction des déchets, cet amendement de qualité séduit nombre d’agriculteurs bio.
L
e lombricompostage est un procédé de bio-oxydation et de stabilisation de la matière organique sous l’action combinée des micro-organismes et des vers. Plus rapide à obtenir qu’un compost classique, il est mâture au bout d’un à deux mois. Comme tous les composts, le processus de fabrication est composé d’une phase thermophile, durant laquelle le lombricompost monte en température avant d’être retourné puis arrosé. Une fois la matière passée dans le tube digestif du vers, elle est complètement stabilisée. Autorisé en agriculture biologique, cet amendement, qui contient de l’azote, du phosphore, du potassium, du magnésium, des oligo-éléments (cuivre, bore, zinc, cobalt, manganèse ...), est exempt de germes pathogènes. Favorisant l’enracinement et la croissance des plantes, il a un pouvoir de rétention d’eau tout en aérant la structure du sol.
Éleveur… de vers de terre et certifié bio ! À Peynier, près d’Aix-en-Provence (13), Vincent Desbois élève, pour la vente ou pour la réalisation de lombricompost, 1 800 000 vers sur 3 000 m2 de litière. Cet agriculteur bio a sélectionné deux espèces : l’Eisenia Foetida, appelé ver de fumier, est rouge tigré de gris ou de jaune ; et l’Eisenia Andreï surnommé ver de Californie ou ver rouge. “Je travaille à leur rythme, indique Vincent Desbois. L’hiver, l’activité diminue un peu, alors qu’en été, ils s’activent un maximum.” Le fumier de cheval constitue le substrat de base. Aussi, l’éleveur s’est-il installé “au plus près de la source”, au cœur du centre équestre de Cabries, ce qui lui permet de sélectionner avec soin ses fumières.
Une clientèle bio En dehors des paysagistes, la clientèle de La Ferme Lombricole de Cabries est principalement constituée de maraîchers et arboriculteurs bio. “Certains légumiers font leur
Le lombricompost, directement assimilable par le végétal, accroît également la résistance à la sécheresse.
motte dans du lombricompost pur car il est directement assimilable par le végétal et sans courir le risque de brûler les racines s’il est encore chaud. Tomate, fraisier, potiron, radis, cornichon peuvent être directement plantés dedans”, affirme Vincent Desbois. Le produit se présente en poudre, tamisée très fine, et se vend en sac, big bag ou en vrac. Des essais sont proposés, à partir d’un logiciel indiquant les quantités à l’hectare. “J’établis un plan de fumure qui est par la suite réajusté, indique le fondateur de La Ferme Lombricole de Cabries. Par exemple, lors de l’implantation d’un verger bio de 500 oliviers, les essais nous ont amené à retenir 3 kg par arbre. En repiquage, il faut prévoir 1 à 2 poignées par plant. En agriculture, 1,5 à 3 tonnes à l’hectare sont nécessaires, sachant que la tonne est fixée à 250 euros.” Gaëlle Poyade
Des pays plus “vers” que la France Dans notre pays, le ver de terre n’a pas bonne presse, surtout auprès des particuliers. Ces derniers pensent qu’il mange les racines des plantes ou alors ils l’associent à la vermine. C’est pour cette raison que la profession préfère parler, à tort, de lombricompostage plutôt que de vermicompostage. Estimée à une petite dizaine de plate-forme en France, la lombriculture est cependant beaucoup plus courante dans les pays anglo-saxons. “Aux Jeux Olympiques de Sydney, en Australie, à l’automne 2000, tous les déchets des cantines olympiques étaient valorisés par lombricompostage”, indique Vincent Desbois, fondateur de La ferme lombricole de Cabries, dans les Bouches-du-Rhône. Jean-Paul Collaert, auteur de Lombricompost pour tous, et ancien ingénieur agro, constate que “la pêche est un loisir très en vogue aux États-Unis nécessitant quantité de vers comme appât ; de fait, le lombricompost, sous-produit de l’élevage de vers, est fort répandu.” Cependant, au regard des préoccupations actuelles, ce procédé est une solution d’avenir pour les citadins de plus en plus sensibles au tri domestique des déchets organiques. “Cela permet de recycler proprement sans mouche, ni odeur tout en n’obtenant que de très petites quantités de terre”, indique l‘auteur.
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Les vers Eisenia Foetida et Eisenia Andreï sont les plus couramment utilisés pour la confection de lombricompostage ; ces spécimens de surface ne vivent pas à plus de 10 cm de profondeur.
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DOSSIER
Bois raméal fragmenté
Copier le travail de la forêt Résultat du broyage de branches vertes, le bois raméal fragmenté ou BRF possède des vertus exceptionnelles en matière de fertilité des sols. Son utilisation permet aussi de réconcilier l’agriculture avec les arbres et les haies.
L
e constat est toujours désolant : chaque année, en hiver ou au printemps, pour des raisons de commodité, des particuliers et des agriculteurs brûlent d’impressionnants volumes de résidus de taille ou d’élagage de haies, aggravant au passage l’émission de gaz carbonique, principal responsable du réchauffement climatique. Cette pratique prive aussi l’agriculture d’une ressource dont on commence à redécouvrir les vertus exceptionnelles pour nourrir et protéger les sols. En effet, si ces branches étaient broyées finement et apportées aux sols, selon la technique du BRF, elles en amélioreraient fortement la fertilité.
De multiples avantages Presque inconnue dans la littérature scientifique française – il n’existe pour ainsi dire encore aucun projet officiel de recherche sur ce sujet (1) –, l’utilisation du BRF s’est imposée en Belgique et au Canada. Le BRF est le résultat du broyage de bois de rameaux, cette partie des arbres qui porte les bourgeons, les fruits ainsi que les feuilles. Ces rameaux doivent être en principe issus de feuillus – les résineux sont tolérés si leur présence est inférieure à 20 % – et avoir un diamètre de 5 cm, 7 cm au maximum. Ce bois doit être vert et, si possible, coupé depuis moins de trois jours. “Répandu sur le sol, le BRF va enclencher toute une série de transformations qui font appel à tous les maillons de la chaîne du vivant, à commencer par le règne des champignons, les fongus, qui vont coloniser ces tissus vivants, les digérer puis, en lien avec la faune du sol, les transformer en éléments utilisables par les plantes”, affirme Sylvain Houlier, chargé de l’environnement à la communauté de communes du Val de Thouet, dans les Deux-Sèvres, qui se passionne pour le BRF depuis plusieurs années – il a réalisé avec deux amis une vidéo pédagogique à ce sujet (2). Le BRF contribue aussi à une réduction drastique de la présence des nitrates dans la solution du sol (ces derniers sont réorganisés par les polyphénols de la lignine du bois, ce qui évite leur lessivage), mais aussi à élever la température et le pH des sols tout en améliorant leur porosité. Par ailleurs, selon Sylvain Houlier : “l’utilisation de BRF permet de s’affranchir d’apport d’eau et d’engrais et améliore la résistance naturelle des plantes aux aléas climatiques”.
Reproduire la nature Pionnier du BRF – il le fabrique lui-même depuis 1979 avec son propre matériel –, le Québecois Jacques Hébert, horticulteur de son état, a généralisé son utilisation sur son domaine, “Les jardins vivaces”, à Québec, qui abrite, sur 1,5 ha, une collection de 1 450 plantes ornementales vivaces. Réparties sur des plates-bandes surélevées, les plantes reçoivent lors de la plantation un mélange à base d’argile 40
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Fabriqué à partir de branches de rameaux broyées, le BRF stimule naturellement la vie des sols.
La question de la ressource en bois Quid du bois utilisé pour la fabrication de BRF ? L’animateur de BASE en est bien conscient : “la ressource n’est pas là”. Pour utiliser le BRF à plus grande échelle, il faudrait d’abord mieux exploiter les ressources locales en bois qui sont nombreuses dans les campagnes : haies, trognes, arbres de village ; mais aussi et surtout éviter les brûlis de tailles de haies. Reste à convaincre les propriétaires de haies… mais aussi, selon Sylvain Houlier, “à éviter le pillage d’une ressource précieuse pour les écosystèmes”. D’autres pistes existent, comme la relance de l’agroforesterie (présence simultanée d’arbres et de cultures dans les parcelles agricoles) ou encore la pratique des TTCR (taillis à très courte rotation). Ces taillis, de saule par exemple, sont destinés à produire très rapidement un bois qui pourrait entrer dans la fabrication de BRF, sans pour autant trop concurrencer les usages agricoles car les TTCR sont implantés pour quelques années seulement. Par ailleurs, la production de BRF est exigeante en temps de travail même si certaines tâches peuvent être mécanisées, par l’utilisation de déchiqueteuses à grappin par exemple. Enfin, son transport vers les parcelles, même proches, butte sur une faible densité du produit (celle-ci n’est que de 0,4). Si l’on veut une épaisseur de 2 cm de BRF sur le sol, c’est près de 200 m3 de produit par ha qu’il faut épandre ! On voit mal comment cette technique pourrait se généraliser en grandes cultures. En revanche, en maraîchage, où les surfaces concernées sont plus faibles, l’utilisation du BRF paraît beaucoup plus envisageable. Elle résoudrait par ailleurs les problèmes de fuite de nitrates, récurrents dans ce type de système.
DOSSIER FERTILISATION
Le BRF dans la pratique Jardinier amateur, maraîcher voire céréalier, chacun peut en pratique s’essayer à la technique de fertilisation avec du BRF, sur son potager ou dans un champ à condition de disposer de quelques mètres cubes de BRF. Du bois déchiqueté peut faire l’affaire si l’on respecte bien les préconisations énoncées plus haut (pas de bois secs, de résineux…). Pour mémoire, il faut à raison de 2 cm d’épaisseur, un m3 de BRF (à la densité de 0,4) pour couvrir environ 50 m2. Dans son département des Deux-Sèvres, Sylvain Houlier a suivi le développement du jardin collectif “Le jardin des ateliers de l’avenir” créé en mars 2007 sur la commune de SaintLoup-Lamairé, dont l’un des objec-
tifs était le réemploi local de déchets ligneux mais aussi l’évitement des pesticides. Pour lui, le BRF est un produit des plus faciles à employer : “Dans une première approche, on peut considérer le BRF comme un ingrédient du sol, dans ce cas le mieux est de l’épandre d’octobre à décembre sur 1 à 3 cm puis de le laisser tel quel tout l’hiver. Après un léger griffage du sol au début du printemps, l’idéal est de semer ensuite des légumineuses comme des fèves ou des haricots (NDLR : qui sont moins sensibles à la faim d’azote provoquée par la décomposition du BRF dans le sol). Une deuxième approche considère le BRF plutôt comme un mulch. On recherche alors l’effet “masque” qui permet d’éviter
et de feuilles broyées et de copeaux de BRF rebroyés finement à 1 cm. Ce mélange est complété tous les ans par un apport de 2 cm de BRF en mulch, destiné à couvrir le sol en permanence. Pour Jacques Hébert, la granulométrie idéale serait proche de 1 cm : “plus les copeaux sont fins et plus leur attaque et leur dégradation par les champignons puis les animaux du sol sera rapide. Je travaille de façon à reproduire la nature, je n’ai rien inventé. Avec 2 cm de BRF, on peut se rapprocher du fonctionnement naturel des écosystèmes forestiers où rien ne se perd et tout se transforme. Depuis toujours, la chute des feuilles et des brindilles des feuillus, couches par couches, a généré des sols chargés de vie”, affirme Jacques Hébert, rejoint en cela par le chercheur canadien Gilles Lemieux : “c’est la forêt qui joue le rôle principal dans la formation des sols fertiles. La majorité des terres les plus fertiles vouées à l’agriculture sont d’origine forestière. Pourquoi ne pas nous référer au modèle forestier qui nous a donnés des sols fertiles ?” (3). La vigueur et la qualité des plantes obtenues ne laissent aucun doute quant à l’efficacité du BRF. Amendement organique permettant de nourrir les plantes, le BRF réduit aussi drastiquement les besoins en désherbage (le mulch de BRF évite en particulier le développement de
le désherbage chimique mais aussi de réduire voire supprimer les besoins en arrosage. Dans ce cas, la couche épandue est beaucoup plus épaisse, de 8 à 10 cm. En 2008, nous avons utilisé cette technique sur pommes de terre. Pour des raisons pratiques, le broyat de BRF n’a pu être apporté qu’en février au sol, en fait une vieille prairie non travaillée. En avril, les plants de pommes de terre ont été simplement posés au contact de la terre sous la couche de BRF. Les résultats obtenus ont été équivalents à ceux obtenus avec un travail du sol classique au motoculteur mais avec beaucoup moins de travail car aucun buttage ni intervention manuelle n’ont été effectués si ce n’est quelques liserons arrachés”.
plantes adventices nitrophiles), et améliore considérablement la résistance des plates-bandes à de violents orages… Les besoins en irrigation deviennent même inutiles : “lors de la grande sécheresse de 2001, la terre était fraîche sous le mulch de BRF et les plantes n’ont pas souffert”, rappelle Jacques Hébert.
Essais de BRF en grandes cultures L’association bretonne BASE (lire Biofil n°56), qui prône une agriculture de conservation dans une optique de durabilité, suit de près les expériences menées autour du BRF depuis plusieurs années. En lien avec Jacques Hébert et des
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Pour Konrad Schreiber, des apports réguliers de BRF permettraient dans certains cas de se passer d’azote minéral : une véritable révolution dans les pratiques agricoles.
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DOSSIER tuition qu’avec des apports réguliers et répétés de BRF, on pourrait sans doute se passer d’azote minéral et éviter la verse et le gaspillage. Si cette hypothèse était vérifiée, nul doute qu’elle apporterait un éclairage complètement nouveau sur les pratiques de fertilisation en agriculture”. L’expérimentation est amenée à se poursuivre afin de vérifier que le BRF améliore la fertilité des sols agricoles d’une manière durable et écologique. Ainsi, l’utilisation du BRF ouvre des perspectives nouvelles à l’ensemble de l’agriculture pour faire évoluer la fertilité des sols dans le respect de l’environnement. Elle permettrait aussi de reconsidérer la place de l’arbre et des haies qui deviendraient de précieux alliés pour l’agriculture au lieu d’être considérés comme des obstacles à la mécanisation et à l’agrandissement des parcelles. Jean-Martial Poupeau
Chantier de tri et de préparation de rameaux dans la commune de Gourgé, avec l’aide de bénévoles du groupe “Jardin des ateliers de l’avenir”.
chercheurs belges et canadiens, BASE cherche à vérifier si la technique du BRF pourrait être transposée à plus grande échelle et notamment aux grandes cultures. Depuis 2005, elle conduit des essais sur l’apport de BRF sur une parcelle de culture conventionnelle à Bourgbarré dans le sud de l’Ille-et-Vilaine. L’essai vise à vérifier l’intérêt agronomique d’un apport de BRF de 30 tonnes par ha, soit une épaisseur d’environ 1 cm sur le sol. Quatre cultures se sont succédé depuis 2005 : blé, colza, blé, orge d’hiver. Du tournesol est prévu pour 2009. Pour des raisons pratiques, l’expérimentation a commencé avec l’apport de déchets verts de collectivités locales mis à disposition par une plate-forme de compostage de la région et non de véritable BRF. La parcelle d’essai a été divisée en sous-parcelles avec différents modes de conduite : avec ou sans BRF, avec ou sans fongicides… Un apport d’azote limité à 140 kg/ha a cependant été appliqué partout sur l’orge d’hiver.
(1) Le CTIFL de Balandran commence un programme d’expérimentation sur cette technique. (2) “Le BRF : une perspective d’avenir”. On peut la consulter sur le lien : http://www.dailymotion.com/video/x3ejez_le-brf-une-perspective-davenir (3) Citation extraite de l’ouvrage de Gilles Lemieux et Diane Germain, Le BRF : la clé de la fertilité durable des sols.
De nouvelles perspectives Après quatre ans d’essais, l’analyse des résultats obtenus en 2008 a fourni des indications précieuses. Si les rendements de la parcelle d’orge ayant reçu quatre apports annuels de BRF à l’automne ont été un peu meilleurs que le témoin sans BRF (+3,5 %), avec une absence de nitrates dans le sol après la récolte, en revanche l’orge était versée (verse physiologique), tandis que les parcelles n’ayant pas reçu de BRF ou ayant reçu un seul apport sont restées debout. Pour Konrad Schreiber, animateur de BASE, “nous avons l’in-
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PRODUCTIONS ANIMALES Aromathérapie
Le pouvoir des huiles essentielles L’aromathérapie est l’utilisation thérapeutique des huiles essentielles. “C’est une forme remarquablement active de la phytothérapie”, exprime Philippe Labre, docteur vétérinaire et un des spécialistes français (1). Cette méthode alternative, privilégiée en élevages bio aux côtés de l’homéopathie, ne peut s’improviser, et nécessite de nombreuses précautions.
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es huiles essentielles sont extraites des plantes aromatiques, qui produisent des essences. Les thym, lavande, sauge, girofle, menthe, pin, citron… sont les espèces les plus employées. Elles produisent des HE par distillation dans un alambic pour leur quasi-totalité ou par expression à froid pour les essences d’agrumes. “Ces extraits complexes d’origine naturelle possèdent une puissance et une richesse extraordinaires et leur utilisation n’est jamais anodine”, précise le docteur Labre. Les molécules élaborées par le règne végétal ont des analogies biochimiques et structurelles avec les molécules animales, “ce qui donne une activité thérapeutique et une tolérance rarement rencontrés dans les produits de synthèse de l’industrie pharmaceutique”, note-t-il. Autre propriété mise en évidence par le vé-
térinaire : “les huiles essentielles possèdent une puissance énergétique et une action subtile sur le psychisme et les émotions dont les molécules industrielles sont dépourvues”. Toutes ces qualités leur confèrent une activité thérapeutique, avec des mécanismes d’actions qui interviennent à plusieurs niveaux. En médecine vétérinaire, pour les monogastriques comme pour les ruminants, elles peuvent apporter des solutions efficaces, à condition de savoir les utiliser. Et cela n’est pas si évident.
Des propriétés à connaître Les propriétés des huiles essentielles (HE) sont multiples et complexes, et dépendent des molécules qu’elles contiennent. Certaines ont une action physico-chimique, c’est-àdire anti-infectieuse, antiparasitaire, mucolytique (propriétés fluidifiantes du
Une quinzaine d’huiles essentielles permet à l’éleveur de soigner un nombre important de pathologies rencontrées au quotidien dans les élevages.
mucus des voies respiratoires)… Elles peuvent aussi avoir des actions physiologiques informationnelles, au niveau des hormones, des neurotransmetteurs, de la régulation neuro-végétative. Elles possèdent également le pouvoir de stimuler les mécanismes physiologiques, pour les sécrétions, l’immunité ou la cicatrisation. Enfin, elles agissent sur le plan olfactif.
Les présentations commerciales d’HE unitaires ne mentionnent jamais d’indications, de posologies, et de voies d’administration. L’utilisateur doit donc apprendre à connaître leurs propriétés, dosages, excipients, toxicités et pouvoirs dermo-agressifs, ainsi que les restrictions d’emploi. “Si la plupart des huiles essentielles sont peu toxiques, leur forte concentra-
Une activité certifiée bio depuis 1970 “Le Mazot” - 42140 LA GIMOND Tél. 04 77 30 42 23 - Fax 04 77 30 94 28 E-mail : contact@cizeron-bio.fr Site : www.cizeron-bio.fr
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Les huiles essentielles de base indispensables HE anti-infectieuses et antiparasitaires : - HE phénolées : origan compact, ajowan, girofle, cannelle de chine - HE à alcools : tea-tree, palmarosa, menthe poivrée - HE à cinéole : niaouli, ravintsara, laurier, eucalyptus globulus ou eucalyptus radié HE antalgiques, anti-inflammatoires : eucalyptus citriodora, gaulthérie, litsée. Autres HE : lavandin, cyprès, sauge sclarée, fenouil Les doses moyennes (gouttes par prise) En voie orale : HE non irritantes et non toxiques - bovin adulte 600 kg : 30 à 50 g., soit 1 à 1,7 ml - veau, ovin, caprin : 6 à 10 g, soit 0,2 à 0,3 ml HE irritantes (phénolées et cannelles) - bovin 600 kg : 15 à 20 g., soit 0,5 à 0,7 ml maxi - veau, ovin, caprin : 2 à 4 g. , soit 0,05 à 0,1 ml On associe couramment 3 à 6 HE dans une huile végétale. Pour un bovin de 600 kg, on peut administrer au total 100 à 150 g. (soit 3 à 5 ml), dans 3 c. à soupe d’huile végétale. Pour les veaux, ovins, caprins, 25 à 30 g. au total, dans une c. à soupe d’huile.
tion en molécules actives et donc leur utilisation en très faible volume nécessite le respect des posologies et des excipients, car l’usage en pure est contre-
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indiquée pour certaines d’entre-elles”, rappelle le vétérinaire. Les doses et les dilutions varient selon la voie d’administration, la sensibilité du malade, son
espèce, son état physiologique (certaines HE peuvent être par exemple abortives), son âge.
Précautions d’emploi Très concentrées, les doses administrées sont souvent minimes. Tout contact avec les yeux est à proscrire, pour l’animal, comme pour l’homme (rincer avec de l’huile végétale et non de l’eau en cas de projection). Pour une efficacité optimale, il faut s’assurer que l’HE est de qualité “pure, naturelle et entière”. Et bio de surcroît. Le respect des modes d’emploi est indispensable, sinon on risque l’inefficacité en cas de sous évaluation, ou l’intoxication en surdoses. Les doses indiquées pour les animaux se mesurent en gouttes. Elles sont données par voies orale (le plus souvent), rectale (très rarement), cutanée (pour les mamelles, articulations, infections, crampes…), génitale (intra mammaire pour vaginites infectieuses ou traumatisme post-partum, métrites, endométrites, traitements hormonaux), ou respiratoire (inhalations). Les HE s’utilisent soit en emploi unitaire, soit en synergie. En unitaire, elles peuvent l’être en mélange avec un excipient adapté, huile végétale, alcool, corps gras… mais on les emploie rarement pures sauf si elles ne sont pas irritantes. La lavande calme la nervosité et l’agitation, le cyprès résorbe l’œdème et les stases circulatoires, l’hélichryse soigne les hématomes, et le basilic, les spasmes digestifs et les coliques. Cependant, c’est en association synergique qu’elles sont le plus souvent pratiquées, car certaines d’entre elles ont des propriétés complémentaires. Exemple, la sauge officinale pour ses propriétés désinfectantes et cicatrisantes est associée au tea-tree, également
désinfectante et à la lavande, pour ses propriétés calmantes et cicatrisantes. Ces trois HE, mélangées dans de l’huile d’amande douce, de la vaseline ou de la graisse à traire, peuvent être appliquées sur une plaie ou un ulcère du trayon. Pour une meilleure efficacité, il est conseillé de mélanger les HE avec des matières grasses. Les huiles végétales (tournesol, olive, colza, arachide…) ont le double intérêt de masquer la causticité de l’HE et de favoriser l’assimilation digestive.
Traitements mammaires Pour soigner les mammites, les traitements intra mammaires aux huiles essentielles sont très délicats à effectuer. Ils imposent un excipient de qualité, comme les huiles végétales, garant d’une bonne disponibilité des HE qui, elles, doivent être tolérées par la glande mammaire, organe fragile. Pas question d’utiliser des HE irritantes. Celles à l’alcool sont à privilégier, tea- tree, palmarosa, thym à géraniol, monarde. Des concentrations à 15 % du total des HE dans l’excipient semblent correctement supportées, si les HE ont une bonne tolérance. La préparation doit être stérile et la manipulation réalisée dans des conditions d’hygiènes optimales. Le réemploi d’injecteurs intra mammaires usagés est à proscrire, même après nettoyage. En raison de ces difficultés et d’une efficacité encore aléatoire, le massage aromatique du quartier atteint s’avère être une alternative plus intéressante. Grâce à la diffusibilité extrême des HE appliquées en externe, il garantit une action antiinfectieuse, anti-inflammatoire, antalgique, décongestionnante et stimulante de l’immunité, sans avoir les inconvénients et les limi-
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Quelques exemples de soins Contre la diarrhée infectieuse du veau Administrer, par voie orale, 2 à 3 fois par jour dans une c. à soupe d’huile de paraffine fluide : - 2 gouttes de HE ajowan, cannelle, girofle, origan ; - 6 g. basilic - 6 g. laurier - 10 g. tea-tree (on peut aussi mettre les HE dans 2 c. à café d’huile de paraffine + 1 c. à café d’huile de foie de morue) Anti-infectieux aromatique adapté suivant la pathologie Administer par voie orale : - HE de thym à thymol (ou ajowan), cannelle de Chine, girofle, origan compact :10 à 15 g. de chaque HE pour un animal de 500 à 600 kg, 2 à 3 g. par jour pour un animal de 50 kg.
tations de l’administration intra mammaire. Dans ce cas, le mélange à effectuer contient des HE à phénols à taux raisonnable (ajowan, origan), associé – c’est selon – au tea-tree, ravintsara, eucalyptus citronné, cyprès, menthe poivrée dans un excipient pénétrant (huile d’amande douce, de tournesol ou de sésame). Le traitement consiste à répé-
ter 3 fois, à une heure d’intervalle, le massage aux HE sur le quartier enflammé, après l’avoir vidé à chaque fois de son lait, et de répéter ce geste, une fois, matin et soir, pendant quelques jours. Seules les mammites à gravité faible à moyenne peuvent bénéficier de cette technique, à condition de les détecter et de les traiter rapidement.
La voie respiratoire Les huiles essentielles antiinfectieuses sont largement utilisées, par voie orale ou en massages, dans un grand nombre d’infections. Citons les broncho-pneumonies et coup de froid, les infections intestinales, diarrhées des jeunes (lire en encadré), mammites, arthrites, abcès, infections cutanées et plaies infectées. Leur volatilité marquée les rend également intéressantes pour le traitement d’affections respiratoires, réalisé par les inhalations ou les aérosols. Compléments thérapeutiques pour assainir ou désinfecter les locaux, fluidifier les sécrétions bronchiques, stimuler les défenses de l’appareil respiratoire, les HE réduisent l’incidence des pathologies respiratoires de l’élevage. Il suffit d’équiper ses locaux de diffuseurs d’aérosols professionnels avec buses multiples, couplés
avec un compresseur. Préventivement, on peut associer des HE de pin sylvestre ou maritime, citron, eucalyptus globulus, tea-tree, cajeput ou niaouli pour assainir l’ambiance. Une quinzaine d’huiles essentielles permet ainsi à l’éleveur de soigner un nombre important de pathologies rencontrées au quotidien dans les élevages, sans recours aux traitements allopathiques, surtout si l’intervention est précoce. Une approche économique et sans délai d’attente… Christine Rivry-Fournier A partir du livre de Philippe Labre, docteur vétérinaire (1) Médecines naturelles en élevage, Phytothérapie et aromathérapie chez les ruminants et le cheval, Philippe Labre, Editions Femenvet, 352 p., oct. 2007, www.femenvet.fr
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L’homéopathie en élevage bovin lait
De la méthode, de l’observation et du temps Convaincu par les médecines alternatives, Jean-François Delattre s’essaie, à Berhet (22), à des expériences sur ses 40 Prim’Holstein dont il souhaite la conversion. Récompensée par la société informatique Isagri lors des Trophées de la Terre 2008, sa démarche pourrait bien déboucher sur l’élaboration d’un logiciel d’aide aux médecines douces.
Q
uels sont les avantages de l’homéopathie ? Le taux de réussite en homéopathie est quasi similaire à celui en allopathie pour un coût de traitement moindre. Et surtout, le lait de la vache malade peut être collecté. Et puis, cela change le rapport à l’animal. Quand on doit glisser dans la bouche d’un ruminant quelques granules, forcément on le fait avec plus de douceur. Résoudre le problème des mammites était votre motivation de départ ? Oui, j’ai soigné des vaches multirécidivistes. J’insérais directement les granules dans la vulve – c’est facile et il n’y a pas vraiment de risque de rejet. J’ai noté une amélioration mais je ne peux pas confirmer à ce jour. Pour aller plus loin, je veux réaliser une expérience qui fait appel à l’isothérapie (1). Avec un vétérinaire, nous allons essayer de dynamiser du lait mamiteux, en le diluant à des doses infinitésimales, et l’administrer à une vache sélectionnée pour la vacciner contre cette infection. Comment avez-vous appris ? Fin 2006, j’ai suivi une formation de 3 jours sur l’homéopathie à la chambre d’agriculture des Côtes-d’Armor, à SaintBrieuc. Au lieu de jouer au pompier, quand l’animal est malade, je voulais m’investir dans la prévention. À l’issue de ces journées, je ne me sentais pas capable de soigner mes bêtes par homéopathie. Il me fallait mieux observer, poste par poste, chaque animal : son alimentation, son cadre de vie, son état mental. Je voulais être éleveur “jusqu’au bout des doigts”. J’ai alors commencé à qualifier la ration : fibrosité, énergie, acidité… ; je me suis attaqué aux conditions d’élevage : température, courants d’air, humidité… J’ai regardé de très près chaque animal : son poil, sa température, sa rumination, son tempérament (meneur, peureux, lymphatique, social…), sa constitution (osseux, vif, instable, déformé…). Pour mieux comprendre, je suis allé en Auvergne et en Belgique rencontrer des éleveurs bio pratiquant ces médecines alternatives. Quelles sont vos limites ? L’un des plus gros handicaps est le facteur temps. Donner 2 à 3 fois par jour des granulés, cela prend du temps sur le reste. Je connais des éleveurs bio qui préfèrent l’aromathérapie, plus efficace, plus rapide et moins contraignante, même si elle coûte plus cher. Cet hiver, j’ai été assailli par 2 rafales de mammite qui ont affecté quasiment 10 laitières en même temps. Avec 9 000 litres de lait par vache et par an, je travaille avec des Formules 1 ! Il faut réagir au quart de tour. Pour m’en sortir et par 46
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Passionné par l’homéopathie, Jean-François Delattre réfléchit à un protocole d’élevage qui serait intégré dans un module informatique spécifique.
prudence, je les ai traitées classiquement. Ceci dit, j’en tire des leçons. Les vagues de mammite correspondent à des moments où le troupeau produit un maximum. Une fatigue, un déséquilibre ou une carence alimentaire sont peut-être des facteurs déclencheurs. Malheureusement, je ne suis pas encore assez rapide pour détecter les signes avant-coureurs. D’où l’intérêt d’un logiciel ? Exactement. J’utilise déjà le programme Isalait-viande, une sorte de carnet de bord des animaux sur le plan alimentaire et sanitaire. Mais il manque des cases pour indiquer les observations indispensables pour soigner différemment le troupeau comme les antécédents ou tendances pathologiques de chaque vache et tellement d’autres aspects ! À long terme, si la chambre d’agriculture des Côtes-d’Armor est intéressée, j’imagine bien la création d’un forum sur Internet où tout le monde pourrait échanger ses données et expériences dans ce domaine. Propos recueillis par Gaëlle Poyade (1) L’isothérapie utilise, pour traiter un trouble pathologique, l’agent directement responsable de ce trouble, élaboré par l’organisme.
SALONS
Salon Tech-Ovin, du 1er au 3 septembre (Haute-Vienne) Le Salon national du mouton se tient du 1er au 3 septembre à Bellac, en HauteVienne. En ces temps difficiles, il entend relever, notamment grâce à son Forum de l’Innovation, le défi “de la reconquête”. Les éleveurs sont amenés à naviguer entre le ring, le pôle tonte, les salles de conférences et plusieurs exploitations. Les tout derniers travaux du Ciirpo-Institut de l’élevage sur l’allongement de la durée de pâturage seront pour l’occasion mis en relation avec les performances animales via la visite de la ferme expérimentale ovine du Mourier, à Saint-Priest-Ligoure (87).
Quelques exemples de rendez-vous : Mardi 1er septembre - Journée de l’herbe pâturée, visite de l’exploitation de Marie et Roland Lachaume qui cultivent l’herbe pour leur 620 brebis texel en bio. - Conférence sur les consommations d’énergie en élevage ovin - Montage, démontage d’un parc de contention mobile Mercredi 2 septembre -Les solutions pour se faire aider ou remplacer -Présentation de races
-Conférence sur la lutte contre la coccidiose Jeudi 3 septembre -Témoignages sur les bonnes raisons de s’installer en mouton -Conférence du Gablim sur la prévention en élevage bio : “Comment renforcer l’immunité animale” Et bien d’autres ateliers et débats sur www.techovin.com
Space du 15 au 18 septembre (Ille-et-Vilaine) Le salon international d’élevage, du 15 au 18 septembre, au parc des expos de Rennes, accueille l’îlot “Bio GrandOuest” sur un espace total de 48 m2 (hall 5, allée B, stand B43), en étroit lien avec la commission Bio d’Interbev (Association nationale interprofessionnelle du bétail et des viandes). Inter Bio Bretagne, Inter Bio Pays-de-la-Loire, le Grab Basse-Normandie, techniciens et producteurs impliqués animeront ce stand collectif, consacrant un jour par production animale bio.
Mardi 15 septembre : Bovin/Ovin Mercredi 16 septembre : Porc Jeudi 17 septembre : Élevage laitier Vendredi 18 septembre : Volaille Deux événements à ne pas manquer : le 16 septembre, l’Inra se penche sur les : “Recherches pour l’élevage biologique”, avec notamment une conférence sur l’élevage de porc ; le 17 septembre, les Inter Bio Bretagne et Pays-de-la-Loire ainsi que le Grab Basse-Normandie, s’appuyant sur
l’exemple de la filière laitière, organisent le colloque : “Modernité, rentabilité, environnement : produire bio pour voir plus loin !” En parallèle, ce salon fort de 1200 exposants, et référence mondiale en terme de génétique bovine, présente plus de 800 bovins de 12 races différentes ainsi que 10 races ovines et caprines. www.space.fr
Sommet de l’élevage, du 7 au 9 octobre (Puy-de-Dôme) Plus de 1 800 animaux de haute valeur génétique seront présents sur le Sommet de l’élevage, à Cournon, dans le Puy-de-Dôme. De plus, le salon accueille cette année le grand Concours National de la race Salers, avec plus de 500 animaux en compétition, mais aussi le Concours européen de la race Brune (Eurobrune) et le Concours Interrégional de la race Montbéliarde.
Une dizaine de conférences sont programmées, notamment : Mercredi 7 octobre : “Modernité, rentabilité, environnement : produire bio pour voir plus loin. L’exemple de la filière viande” (Interbev bio) Vendredi 9 octobre : “Élevage à haute performance environnementale : questions à la recherche” (Inra)
Enfin, le concours des Sommets d’Or présente des matériels, produits ou services qui affichent des qualités d’innovation, de fabrication, de sécurité et d’ergonomie adaptées aux spécificités agricoles du Massif Central. Le respect de l’environnement reste l’un des critères de sélection prépondérants. www.sommet-elevage.fr
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GRANDES CULTURES Céréale secondaire aux multiples usages
À la reconquête de l’avoine Délaissée en conventionnel depuis la disparition de la traction animale, la culture de l’avoine a pourtant encore la faveur de nombreux producteurs bio qui apprécient sa forte rusticité et la variété de ses utilisations.
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ifficile de connaître précisément les étendues consacrées à la culture de l’avoine en agriculture bio. Si l’Agence Bio en a recensé 5 103 ha en 2008, il s’agit uniquement de cultures pures. Or, l’avoine est aussi mélangée à d’autres céréales comme le triticale mais aussi et surtout à des céréales et légumineuses : le trio triticalepois-avoine est un grand classique dans les régions d’élevage. La Bourgogne, Poitou-Charentes et MidiPyrénées sont les premières à cultiver cette céréale, respectivement pour 697, 625 et 389 ha selon l’Agence Bio. Comme pour l’orge ou le blé, les principales variétés diffèrent selon leur type (hiver et printemps) mais aussi la couleur de leur grain (noir, blanc ou jaune). À l’exception des variétés d’avoine nue dont l’utilisation se développe (lire en encadré), toutes ont comme
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Avoine blanche de la variété Gérald à l’épiaison : bénéficiant de nombreux débouchés, l’avoine retrouve tout son intérêt dans les assolements céréaliers.
point commun de comporter des glumes adhérant au grain à la récolte : on les qualifie d’avoines vêtues. Si la culture de l’avoine est traditionnelle en bio, c’est en raison notamment de sa forte rusticité : cette cé-
réale s’accommode de différentes textures et structures de sols et en particulier d’un lit de semences grossier, la présence de mottes la rendant même moins sensible au gel aux dires de nombreux producteurs.
Une céréale rustique Peu exigeante en éléments fertilisants et notamment en azote (20 à 30 % de moins que le blé par quintal), l’avoine convient particulièrement aux terres pauvres et acides mais
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Parcelle d’avoine nue en fin d’hiver : ce type particulier d’avoine, qui ne nécessite aucun décorticage, intéresse particulièrement les transformateurs.
aussi aux fins de rotation. Néanmoins, placée dans des sols plus riches ou derrière une plante sarclée ou une prairie, l’avoine peut donner d’excellents rendements bien qu’elle puisse aussi être sensible à la verse. D’après Joseph Pousset, agrobiologiste normand qui en cultive depuis 1979, “l’avoine rend ce qu’on lui donne, aussi ne faut-il pas hésiter à bien la nourrir”. Elle peut être semée après plusieurs pailles car elle est peu sensible au piétin verse. Dans les terres humides, elle convient davantage que le blé et même le triticale. Enfin, l’avoine est réputée mieux se défendre vis-à-vis des adventices : “D’après mes conclusions personnelles, l’avoine est moins gênée que le blé par la présence de chardons. J’ai aussi constaté à maintes reprises qu’en présence
d’avoine, les chardons sont moins nombreux. Certes, l’avoine est davantage concurrentielle car elle est très haute en paille mais on peut aussi supposer l’existence d’un effet allélopathique (1) de cette céréale sur d’autres espèces”, affirme Joseph Pousset. Outre le gel qui oblige à faire des semis précoces l’automne ou à les décaler au printemps, l’avoine est sensible à la rouille brune, une maladie qui peut occasionner de grosses pertes de rendements lors des printemps humides et chauds comme en 2007 où certaines parcelles n’ont pas été récoltées.
constater que l’avoine est souvent semée en mélange essentiellement avec d’autres céréales et des légumineuses. Elle est alors intéressante en raison de son pouvoir couvrant important. Semée à 10 ou 20 kg/ha dans un mélange, elle contribue à sécuriser les rendements notamment en année humide où elle
compense le moindre développement des autres espèces et contribue à “boucher les trous”. Néanmoins, si elle est trop présente, elle peut les concurrencer en raison de sa capacité de tallage très élevée, la plus importante derrière l’orge d’après les observations de Joseph Pousset. Selon ce dernier, le mélange avoine-
Des utilisations multiples Si les débouchés de l’avoine en culture pure se maintiennent (biscuiterie, floconnerie, alimentation animale…), force est de
Au Gaec Lakouzaka, le foin d’avoine réalisé début juin au stade laiteux est destiné aux jeunes génisses.
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Jean-Michel Duclos, éleveur laitier en Loire-Atlantique, utilise beaucoup l’avoine dans son système fourrager, généralement en mélange avec du triticale et parfois du pois fourrager
féverole serait particulièrement productif. Jean-Michel Duclos et Bertrand Garnier associés au sein du Gaec Lakouzaka en Loire-Atlantique (lire Biofil n° 60) sèment couramment depuis plusieurs années de l’avoine à 20 kg/ha dans un mélange céréalier associant aussi triticale (130 kg) et pois fourrager (25 kg). Face à la difficulté récurrente de maîtriser la proportion de pois dans le mélange final, ils ont tenté cette année l’expérience d’associer seulement du triticale et de l’avoine, à raison de 120 et 60 kg respectivement. “La complémentation azotée du mélange sera fournie par l’achat extérieur de luzerne déshydratée”, affirment les associés.
Elle peut aussi être utilisée comme couvert végétal ou engrais vert avant une culture de printemps comme le maïs ou le tournesol, en raison de sa capacité à laisser une structure favorable en fin d’hiver. Mais comme l’avoine n’est pas toujours facile à détruire, il est a priori plus judicieux d’utiliser comme couvert de l’avoine de printemps qui a plus de chances de geler durant l’hiver.
Une place retrouvée dans l’assolement Bertrand Gautron, céréalier et éleveur bio en Loire-Atlantique (lire Biofil n° 64), en a beaucoup cultivé au milieu et à la fin des années 1990 : “L’avoine est plutôt une culture facile pour la
Montée en puissance de l’avoine nue En 2005, le réseau Gab/Frab de Bretagne a été sollicité par Céréco, un fabricant régional de “céréales du petitdéjeuner”. L’entreprise souhaitait s’approvisionner localement en céréales et notamment en avoine nue, pour près d’un tiers de ses besoins. Ce type particulier d’avoine, très riche en protéines (16 à 18 %) possède une propriété intéressante pour les transformateurs : son absence d’enveloppes qui permet de l’utiliser directement sans décorticage. Par ailleurs, son Poids Spécifique (PS) bien plus élevé que l’avoine vêtue (il se situe entre 65 et 70 au lieu de 50) réduit les frais d’approche et besoins en stockage. Afin d’obtenir davantage de références sur cette culture encore peu connue en France, le réseau breton et, en particulier Agrobio 35, a mis en place un suivi technico – économique de parcelles d’avoine nue prévu pour
durer quatre ans. Seules deux variétés d’hiver, Grafton et Expression, commercialisées par Sem-Partners, ont été retenues en raison de leur potentiel de rendement et leur résistance aux maladies. Si les résultats obtenus en 2007 ont été catastrophiques, avec en moyenne seulement 9,2 q par ha en raison d’attaques très fortes de rouille couronnée et de jaunisse nanisante, en revanche ceux obtenus en 2008 ont montré des signes plus encourageants. Récolte et stockage délicats Rustique en culture, se cultivant sensiblement comme une avoine classique, l’avoine nue est en revanche particulièrement délicate à récolter puis à stocker. Mickaël Berthelot d’Agrobio 35 donne quelques conseils : “Pour minimiser la présence de graines recouvertes d’enveloppes, la récolte doit se faire à maturité
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complète. Plus on est patient et mieux l’avoine va se décortiquer facilement à la récolte. En effet, les écales présentes sur les grains d’avoine nue se détachent de l’amande au moment du battage. Malgré tout, il reste toujours 2 à 3 % de grains vêtus. Par ailleurs, pour ne pas écraser les grains qui sont fragiles, la vitesse du batteur doit être réduite entre 700 à 900 tours/minute et l’écartement batteur/ contre batteur soigneusement réglé”. Riche en matière grasse, son stockage doit aussi se faire dans des conditions particulières : “Pour éviter la prise en masse du lot, il faut prévoir un nettoyage immédiat après la récolte et, en cas de stockage à plat, une hauteur peu élevée permettant un brassage pour stabiliser l’humidité”, indique Agrobio 35 dans sa fiche sur la culture de l’avoine nue. Contact : Agrobio 35 : 02 99 77 09 46.
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bio, si l’on excepte sa sensibilité au gel et aux maladies comme la rouille qui occasionne de gros dégâts lors des printemps humides. Elle se cultive à peu près comme un blé et peut donner de très bons rendements notamment en deuxième paille. Avec de la Peniarth mais aussi de la Gérald, deux avoines blanches, j’ai obtenu régulièrement entre 40 et 55 voire 60 q, en deuxième paille derrière un blé avec juste un petit apport de fumier. Même si cette céréale est plutôt rustique, les années sèches lui réussissent mieux que les années humides. Moins sensible aux adventices que le blé, elle est aussi intéressante pour l’important volume de paille qu’elle donne, jusqu’à 6 tonnes par ha”. Après avoir délaissé l’avoine par manque de débouchés, au profit du blé
ou de la féverole, Bertrand Gautron l’a réintroduite dans son assolement cette année (variété Gérald). “Il semble que les débouchés de cette céréale soient de nouveau à la hausse. J’ai contractualisé avec l’Ufab pour une vente en alimentation animale dans la filière des Poulets de Loué avec un prix minimum garanti supérieur au prix de marché pendant 5 ans, explique-t-il. Je vais pouvoir ainsi allonger ma rotation et cultiver une deuxième paille sans risque de piétin-verse car l’avoine n’y est pas sensible.”
Semer de la prairie sous couvert d’avoine Paul Hascoët, agrobiologiste à Dinéault dans le Finistère (lire Biofil n° 60), utilise l’avoine à d’autres fins : cette céréale sert de couvert à un semis de prai-
ries, une technique traditionnelle dans la région qu’il utilise avec succès depuis une quinzaine d’années sur une dizaine d’hectares tous les ans : “Les graminées et surtout le trèfle s’implantent beaucoup plus facilement au printemps et notamment sous couvert d’avoine, dont le système radiculaire pivotant structure très bien le sol et facilite la colonisation par les racines prairiales. Je sème d’abord l’avoine en ligne ou à la volée à raison de 100 à 130 kg par ha de la mimars à la mi-avril après une préparation superficielle du sol, suivi des graminées (ray-grass hybride, fétuque élevée, dactyle) lors d’un second passage. Puis, avec un quad, j’implante le trèfle. L’avoine ne doit pas être semée trop dense afin de laisser suffisamment de lumière à la prairie. Vers la mi-juillet, quand
l’avoine est au stade laiteux, je réalise une coupe de foin qui va permettre au trèfle d’exploser grâce à la lumière. Une deuxième coupe de foin est ensuite réalisée fin août”. Joseph Pousset confirme l’intérêt de cette technique : “De toutes les céréales, l’avoine est celle dont l’ensemble de la plante est la plus riche en sucres. On peut donc la récolter tard en fourrage, avec de plus forts volumes, sans pour autant voir son appétence diminuer pour les animaux”. Jean-Martial Poupeau (1) L’allélopathie définit tout effet positif ou négatif, direct ou indirect, d’un végétal (micro-organismes compris) sur un autre par la production de composés chimiques libérés dans l’environnement.
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ARBORICULTURE Une belle aventure
Implanter un verger bio Créer un verger bio ne s’improvise pas. Cette prise de risque (évaluée entre 10 000 et 15 000 €/ha selon les espèces en semi-intensif) nécessite réflexions et évaluation des paramètres. Il faut anticiper, idéalement deux ans avant, car l’aventure va durer plusieurs années : au minimum 15 ans pour le pêcher, à plus de 100 ans pour le poirier !
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vant de se lancer, les points clés à prendre en compte sont le choix du site et sa topographie, la région d’implantation, le système à adopter ainsi que le matériel végétal et la pollinisation.
Site, topographie et région Le choix du site et la topographie constituent le premier facteur, primordial et définitif qui va influencer toute la vie du verger et sa rentabilité. Il faut éviter les situations gélives, les couloirs de grêle, mais aussi les sites favorisant les maladies et les ravageurs. Recherchez les situations aérées car elles facilitent la lutte phytosanitaire surtout contre les maladies cryptogamiques. Mais les couloirs de fort vent sont à éviter. Une bonne connaissance de l’historique microclimatique et cultural des parcelles est irremplaçable pour un choix optimum. Attention aux sites risquant hydromorphisme, zones inondables, toxicité du sol (manganique, aluminique…). Le contexte climatique conditionne les espèces fruitières à planter. Mais il faut aussi prendre en compte les différents modes de commercialisation possibles. Ainsi la localisation vis-à-vis des grandes villes, l’existence de structures de ventes, les possibilités de marché orientent également les choix. 52
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Système de verger Aucun système n’est fondamentalement bon ou mauvais, chacun a ses contraintes propres. Le choix dépend beaucoup des affinités du producteur mais aussi de la nature du sol et de la disponibilité en eau. Chaque système est à réviser suivant l’espèce choisie et la région d’implantation. Le verger haute-tige ne s’implante pas où souffle le Mistral ! Il est possible de classer les vergers en 3 types : - Le verger intensif, classique avec un porte-greffe faible, un nombre d’arbres important (supérieur à 1 000 pieds/ha) et avec une infrastructure coûteuse (palissage, protection par filets). Ce type de verger, “formule 1 de l’arboriculture”, demande de la technicité, beaucoup de soin, de présence. - Le verger semi-intensif, avec un porte-greffe à ancrage correct et des densités moyennes suivant les espèces (500 à 1 000 arbres/ ha), pas de palissage ou juste un tuteurage les premières années. Tout est à repenser, à réinventer avec les nouveaux principes de conduite. L’entrée en production est moins rapide et le rendement à l’hectare plus faible. - Le verger extensif, sur porte-greffe vigoureux à des densités faible, comme les anciens vergers (hautes tiges) : plein-vent, pré-verger… Les inconvénients
Aucun système n’est fondamentalement bon ou mauvais, chacun a ses contraintes propres. Le choix dépend beaucoup des affinités du producteur mais aussi de la nature du sol et de la disponibilité en eau.
sont la lenteur d’entrée en production et la qualité fruitière. Il faut prévoir environ 40 à 60 % des fruits récoltés suivant les années et un atelier de transformation.
Matériel végétal Variétés : il est important de rechercher une rusticité globale, afin que les variétés soient bien adaptées à la fois au climat et au sol. Leur choix doit aussi se raisonner par rapport à la surface totale du verger et au potentiel de vente. En bio, il n’existe pas de variété idéale. Il faut faire un compromis, en fonction de leurs caractéristiques et leurs contraintes. En pommes, le variétal est très important, les anciennes variétés sont souvent attirantes mais pas toujours faciles à cultiver. Les variétés modernes dites RT (Résistante Tavelure)
sont souvent un bon choix pour les zones pluvieuses et chaudes. En poires, il existe peu de nouvelles variétés, le choix est plus facile. En pêches, le nombre de nouvelles variétés est immense : il est obligatoire de trier en fonction de leur sensibilité, à la cloque et au monilia ! Pour les abricots, les prunes, le choix est moins cornélien. Porte-greffe : il est à choisir en fonction du sol surtout (pour les fruits à noyaux), de la forme fruitière adoptée (pour les fruits à pépins) et de la variété à cultiver, suivant son indice de vigueur. Cela demande une grande connaissance technique, car le porte-greffe joue un rôle primordial dans le devenir du verger. Il est préférable
ARBORICULTURE de ne pas écouter uniquement les pépiniéristes : leur conseil sera ciblé en fonction de la disponibilité de leur matériel végétal aussi bien pour le porte-greffe que pour les variétés. Pollinisation : souvent, en verger bio, le choix est multi-variétal dans la même espèce lors de la plantation (quand ce n’est pas multiespèces). Cela résout donc la pollinisation. Par sécurité, consultez un tableau de pollinisation et vérifiez si votre choix variétal est en accord avec les variétés pollinisatrices.
Créer son verger Le plus gros problème est d’éviter les parcelles connaissant des problèmes
d’hydromorphisme. S’il n’est pas possible d’implanter le verger sur une autre parcelle, il faut la drainer et planter sur butte. Attention au sol trop calcaire, le verger risque d’être chlorotique toute sa vie. Un test de carbonatation est à réaliser. À l’inverse, les sols acides demandent une bonne gestion de la technique du chaulage. Chaque espèce a ses critères de qualité de sol. Pour le poirier, il est préférable d’avoir des sols riches, limoneux et profonds car cette espèce aime plutôt une implantation en plaine. Le pommier s’adapte à de nombreux types de sols, avec une préférence pour les coteaux, et le choix du porte-greffe sera primor-
Connaître son sol : un paramètre essentiel en bio La réalisation d’une analyse de sol permet de connaître la texture (granulométrie), la teneur en éléments fertilisants, le taux de matières organiques, le pH… et éventuellement, la teneur en éléments “indésirables”. Dans ce type d’analyse, le taux de matières organiques, issu du dosage du carbone total, ne donne qu’une information partielle car il ne renseigne pas sur les types de matières organiques présentes ou à apporter. Cela est dommageable en bio où la gestion de la matière organique est la principale source de fertilisation. Pour analyser les matières organiques, la méthode la plus intéressante est le diagnostic Hérody. Il renseigne sur les composants minéraux actifs issus de l’altération de la roche-mère, les présents comme les absents. Il indique les différents types de matières organiques, leur rôle et leur liaison avec les limons fins, les argiles vraies. Leur qualité est estimée par la mesure du CF (Coefficient de Fixation). Un des points clés de cette méthode est le rôle du fer pour constituer le complexe organo-minéral (COM). Il doit être stabilisé par la fourniture de bases (calcium ou magnésium). Les analyses de biomasse microbienne renseignent sur l’ensemble des micro-organismes du sol en mesurant la quantité de carbone “vivant” dans le sol. Ces analyses peuvent être intéressantes dans certains cas, sinon il est assez facile d’estimer l’activité biologique par quelques tests sur le terrain. La méthode la plus ancienne et la plus simple pour évaluer l’activité globale de la microflore consiste à mesurer la minéralisation du carbone et de l’azote en conditions contrôlées, proches de l’optimum biologique. Observer la flore bio-indicatrice est une technique complémentaire qui s’appuie sur le postulat que la plupart des espèces végétales ont besoin de conditions précises pour la levée de dormance de leurs graines. L’observation du biotope primaire (là où les plantes sont présentes naturellement) permet de préciser les conditions requises pour lever la dormance de la graine d’une espèce.
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ARBORICULTURE très développé, elles aèrent le sol parfois mieux que n’importe quelle machine de travail de sol.
Préparer le sol
Verger de jeunes pommiers en première feuille palissée en axe.
dial. Pour les pêchers et les abricotiers, privilégiez les zones bien ensoleillées. À l’instar du pommier, le prunier a aussi un large pouvoir d’adaptation (à raisonner suivant les variétés : prune d’Ente dans le Sud-Ouest et Mirabelle dans l’Est, par exemple). Il aime les sols profonds et riches.
Connaître le précédent cultural L’historique de la parcelle est important. Évitez les sols avec, comme précédent, des cultures intensives, herbicides et pesticides (risque de non pousse les premières années). Attention aux parcelles défrichées trop récemment où
poussaient des ligneux : le résiduel de la masse végétale en décomposition peut être phytotoxique pour le développement racinaire des arbres nouvellement plantés. Les prairies permanentes peuvent également poser des problèmes surtout en raison de la présence potentielle de campagnols. Semer un engrais vert ou une céréale apporte deux précédents très intéressants. La rotation des cultures n’existant pas en arboriculture, les engrais verts évitent la fatigue des sols et la pression parasitaire. Préférez le semis de plantes décompactrices comme la vesce ou la phacélie : grâce à leur système fasciculaire
Une fumure adaptée Apportez le compost à l’automne, avant labour léger et avant la plantation. L’âge et la dose du compost sont en fonction des éléments présents dans le sol et de la structure (limons, argiles et leur qualité à fixer la matière organique). Ils varient en fonction du porte-greffe choisi et de “l’intensification” souhaitée du verger. Pour les plantations avec porte-greffe faible, prévoir une fumure organique azotée en fin d’hiver, au démarrage de la végétation. Elle sera localisée et enfouie au pied de l’arbre. Ne mettez pas les racines en contact avec la matière organique, surtout dans le cas d’un fumier composté, pour éviter qu’elles ne soient brûlées, provoquant la mort du scion. Ajoutez les amendements minéraux en fonction des carences révélées par les analyses. Souvent, les éléments sont présents dans le sol mais non assimilés par l’arbre. Le rôle d’un agriculteur bio est de faire repartir ces processus.
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Le but est de détruire l’herbe présente et de créer une terre légère facilitant la plantation et le futur développement racinaire. L’ameublissement en profondeur est à déterminer par un profil à effectuer à la pioche pour voir la (ou les) zone(s) de tassement potentiel. Le passage de griffe est souvent utile, idéalement un an avant la plantation et en sol sec, suivi du semis d’un engrais vert. La fumure avant plantation est essentielle pour le déroulement futur de la vie du verger. Elle est indispensable dans la plupart des types de sols, avec pour but d’enrichir le sol et de nourrir les arbres lors de leur enracinement dans les mois qui suivent la plantation. Elle est obligatoire en replantation. Elle est inutile uniquement dans un sol très fertile.
Entretenir le sol Les premières années de vie du verger nécessitent un travail minimum du sol au pied de l’arbre. L’enherbement total est fortement déconseillé sauf en système très extensif. En zones sèches, il est possible de travailler toute la surface du verger, en réalisant la rotation d’engrais vert des différentes familles, sur l’inter-rang. Sur le pied de l’arbre, choisir entre deux techniques : - le paillage (ou mulch) qui assure un très bon démarrage de la plantation : tous les essais le démontrent. Mais attention aux campagnols en pommiers sur des porte-greffes faibles. Évitez le plastique noir, choisissez plutôt la bâche tissée qui donne de bons résultats. - le travail du sol est la technique la plus prati-
quée avec un outil spécialisé muni d’un tâteur électrohydraulique : disques, outils rotatifs, fraises, lames bineuses… Les machines à fils ne sont pas adaptées aux premières années et le désherbage thermique est très onéreux.
Aménager la biodiversité Dès l’implantation, prévoir des haies composites. Le choix des espèces doit être déterminé par les conditions de milieu et une bonne connaissance de la végétation spontanée et indigène. Ensemencez les plantes compagnes en couvre-sol et des bandes florales. Pensez à la mise en place de nichoirs pour favoriser oiseaux et chauve-souris.
Adapter son irrigation D’un point de vue agronomique, le goutte-à-goutte est à éviter, sauf en appoint. Ce système est uniquement intéressant si la source en eau est faible. Le système choisi doit humecter au minimum l’équivalent de 50 % de la surface du verger, afin de favoriser un développement maximum du racinaire. L’arrosage sur frondaison est juste intéressant pour la lutte anti-gel. Le micro-jet sous frondaison est souvent le choix le plus judicieux. Idéalement, il faudrait combiner les deux, mais cela demande un investissement trop onéreux. Jean-Luc Petit Remerciement au Groupe de recherche en agriculture biologique (Grab) d’Avignon.
Prochain article : Variétés et porte-greffes les plus adaptés en bio
MARAÎCHAGE Production de courges
Une culture aisée et un marché demandeur Les courges, et en premier lieu le potimarron, sont de plus en plus appréciées des consommateurs. Indispensables en circuit court, elles conquièrent petit à petit les circuits longs. Si la conduite culturale est relativement simple, l’enherbement impose des choix, plus ou moins écologiques.
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n potimarron, les souches Uchiki Kuri et, dans une moindre mesure, Red Kuri, représentent l’essentiel de la production. Les artisans semenciers, tels que Germinance, Essembio ou Biaugerme proposent des semences bio pour les courges les plus courantes de la gamme (potimarron, potiron, courge spaghetti, butternut…). Ils sont suivis par les grosses firmes qui commencent à développer, en bio, leur catalogue de courges. “Dans le commerce, nous ne trouvons pas de variété hybride, observe Mathieu Conseil, animateur scientifique et technique sur la plate-forme agrobiologique d’Interbio Bretagne à Suscinio (PAIS). Aussi les producteurs peuvent-ils reprendre leur semence à condition de ne pas cultiver, sur une même parcelle, courge sphaghetti, courge de Hongrie ou encore Musquée de Provence !” Ainsi, celui qui choisit de ne produire que du potimarron ne court pas de risque à reprendre les graines d’une année sur l’autre. Mais, bien que l’achat de la semence constitue la principale dépense, c’est un vrai savoirfaire qui ne tente pas la majorité des maraîchers. Sauf René Léa, fervent défenseur de la semence fermière en Finistère. “La semence produite par le paysan est de meilleure qualité. A fortiori en bio. Car nous ne récoltons que les graines des plants qui ont résisté
René Léa, maraîcher bio situé à Plouescat, dans le Finistère, fait germer ses semences de courges sous serre avant de les replanter en pleine terre sous forme de mottes.
aux maladies. Donc, nous renforçons, par cette sélection naturelle, l’espèce”, explique le maraîcher breton qui prend garde de choisir les spécimens les mieux conservés. L’implantation de la culture se fait soit par semis direct en pleine terre, soit en créant des plants. “Mais, dans le 1er cas, quand on ne connaît pas bien le taux de germination, on peut se retrouver avec pas mal de trous dans la parcelle, ce qui n’optimise pas l’espace”, fait remarquer Mathieu Conseil. Sur une petite surface, il recommande la réalisation de plants en motte. À condition de pouvoir les faire germer rapidement, en 3 à 4 jours seulement, et sans stress hydrique.
Plantation au carré Avant plantation, Valérie Morice, maraîchère bio à Pommerit-le-Vicomte (22),
réalise un tracé au carré grâce aux dents de vibroculteur fixé sur la poutre du tracteur. La parcelle est lignée uniquement dans la longueur ; au moment de la plantation, les tracés dans la largeur sont effectués manuellement. Cette année, l’Earl An Deliou compte 14 000 plants de potimarrons espacés de 95 cm sur 1,2 hectare. En moyenne, il faut prévoir une heure pour mettre en terre 240 plants. Le potimarron apprécie la chaleur tout en ayant besoin de beaucoup d’eau. De fait, il se plaît bien dans des sols lourds, avec une bonne capacité de rétention d’eau. Cette courge est très gourmande en matière organique, notamment en azote de sorte qu’il faut prévoir un bon amendement avant. On peut la planter après un engrais vert par exemple. Il faut compter 90 à 120 jours
après le semis comme date de récolte. Seul l’oïdium apporte une ombre au tableau. “Cette maladie réduit sans doute les calibres mais, comme on a du mal à vendre les gros fruits, ce n’est pas vraiment un problème”, rétorque Mathieu Conseil qui avoue un manque général d’expérimentation sur le sujet, ne permettant pas une analyse avec du recul. “L’oïdium se traite, comme sur la courgette, à base de soufre, mais la plupart des producteurs n’interviennent pas”, confie le technicien. Car, comme le potimarron sort de sa ligne, il est impossible de passer avec un tracteur-pulvérisateur. “On risque de rouler dessus”, conclut le technicien.
Les astuces du non paillage “Le plant de potimarron court beaucoup, pouvant
Plantation des potimarrons suivant un quadrillage précis : “Tout plant hors des lignes serait arraché au binage”, témoignent les époux Léa.
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MARAÎCHAGE
La plate-forme agrobiologique d’Interbio Bretagne à Suscinio (PAIS) a entamé une série d’essais sur le paillage des courges, utilisant du plastique polyéthylène noir (1), du plastique noir biodégradable à base d’amidon de maïs (2), de la paille broyée (3), des copeaux de bois (4) ou laissant le sol nu (5).
facilement atteindre 4 mètres et quitter la planche”, observe Mathieu Conseil. Aussi certains agriculteurs ont-ils abandonné le paillage. Quand René Léa a débuté la production de courges – potimarron (3 variétés), butternut et patidou sur 1 hectare –, il a recouvert ses plants d’une bâche en polyéthylène. Classique comme procédé. “Mais les circuits de ramassage des bâches ne sont pas opérationnels, déplore-t-il. Et puis, un fruit reposant sur du plastique, ce n’est peut-être pas ce qu’il y a de mieux.” Il s’est alors penché
sur son homologue biodégradable. “En plein champ, ce n’est pas la meilleure solution, surtout dans notre région battue par les vents et la pluie. Et, d’après ce que j’entends, certaines matières peu recommandables resteraient dans la terre.” Il a donc opté pour le non paillage en 2007. “J’utilise les haies comme abris. Elles procurent en partie la chaleur que le polyéthylène aurait donnée aux cultures. La nuit, surtout au début de la croissance de la plante, je pose une bâche en plastique tressée pour la garder au chaud et la pré-
server des vents d’est très asséchants. Mais elle me fait 10 ans !”
Le Bois raméal fragmenté : solution à creuser Même son de cloche chez sa voisine costarmoricaine qui, pour des raisons de pénibilité au moment de la pose comme de son enlèvement, a mis fin au paillage plastique : “C’était vraiment une corvée, et tout ce déchet, ça ne me plaisait pas du tout. Recycler le plastique c’est bien, ne pas en utiliser, c’est encore mieux !”, affirme celle qui
ne reviendrait pas en arrière en dépit d’un démarrage de la culture parfois moins évident. “L’absence de paillage plastique pénalise le rendement car, en conditions froides, la germination est moins bonne. En année sèche, la bâche retient aussi mieux l’humidité.” Cette évaluation du rendement, suivant que le plant est paillé ou non, ne fait pas l’unanimité chez les interlocuteurs. René Léa considére notamment que sa pratique n’affecte ni la qualité des fruits ni la quantité obtenue. Des essais comparatifs ont été
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MARAÎCHAGE menés sur la plate-forme de Suscinio avec un sol recouvert de plastique polyéthylène noir, de plastique noir biodégradable à base d’amidon de maïs, de paille broyée, de copeaux de bois ou à nu. L’expérimentation mérite d’être renouvelée avant d’en tirer des conclusions mais elle donne quelques pistes de réflexion. Le plastique biodégradable, fort coûteux, se délite bien trop vite, surtout en sols caillouteux et par mauvaises conditions climatiques, d’autant que cette culture est lente. La paille broyée, assez courue pour l’élevage, n’a finalement guère d’avenir chez les maraîchers. Les copeaux de bois sont plus intéressants, notamment le bois raméal fragmenté (lire page 40). Dans les zones de montagne, aux sols rocheux, les parcelles sont assez arides. Or, le BRF contribue à l’enrichissement en matière organique. D’après le technicien, le rendement reste supérieur quand la culture est paillée, atteignant en moyenne 10 t/ha. Quant au désherbage, René Léa n’a pas l’impression de s’esquinter à cette tâche. “En tout et pour tout, je réalise 4 passages à la bineuse, et un dernier manuel où je sarcle le collier des plants.” Par rapport au temps d’installation de la bâche, ce n’est pas un réel supplément de travail. En binant dans les deux sens, on diminue de manière significative le désherbage manuel. “La réussite du binage, c’est un moment important dans la culture”, déclare Valérie Morice. Cette année, elle a pu réaliser 3 passages mécaniques (largeur, longueur, largeur).
Récolte en une fois Plantés en mai-juin, les potimarrons se récoltent en septembre-octobre, et en une fois. “La récolte manuelle
est pénible mais elle se fait d’une traite, pas question, comme pour la courgette, d’y retourner plusieurs fois dans la semaine,” appuie Mathieu Conseil. De plus, les potimarrons se conservent facilement 4 mois au frigo, 3 mois en entrepôt extérieur. En somme, en dehors de la plantation et de la récolte, qui concentrent le plus gros du travail, cette production reste plutôt facile. Aucun matériel spécifique n’est nécessaire, hormis une planteuse si la surface devient vraiment conséquente.
Le héros du circuit court Le potimarron trouve sa place en vente directe, marchés ou paniers. “À mon sens, c’est une production indispensable en circuit court, affirme le technicien d’IBB. Simple à mener, se conservant bien, il fait varier la gamme des légumes soupe.” Les très gros fruits peuvent aussi être proposés en morceaux, ce qui permet de valoriser toute forme de production. Depuis quelque temps, ces légumes sympathiques percent également en circuit long. “Comme le marché est encore naissant, il n’y a pas de standardisation : aucune contrainte réglementaire quant à la taille, le poids, la couleur des fruits, explique Mathieu Conseil, sauf à vendre des fruits entiers, pas des morceaux. Mais, si les grossistes s’y penchent d’encore plus près, ils imposeront des contraintes de calibre”, estime le technicien. C’est déjà perceptible puisque les potimarrons dépassant les 2 kg s’avèrent difficiles à valoriser dans ces circuits. Quoiqu’il en soit, cette petite courge orange, au bon goût de châtaigne, a conquis les consommateurs… et encore trop peu de producteurs. Gaëlle Poyade
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VITICULTURE Lutte contre le mildiou
Ensemble, à la recherche de solutions Face au problèmes quasi récurrent d’attaque de mildiou rencontré en viticulture bio, un groupe de travail a vu le jour début 2009, sous l’impulsion de la Coordination agrobiologique des Pays-de-la-Loire (Cab). “Les Bio Pratiquent” visent à échanger et réfléchir à des solutions techniques.
“L
es récoltes 2009 s’annoncent plutôt bien”, estime Jacques Carroger, viticulteur bio, situé “à cheval” sur la Loire-Atlantique (Muscadet) et le Maine-et-Loire (Anjou). Cette année, pas de catastrophe due aux maladies. Un soulagement. Pour autant, en bio, la vigilance et l’observation dans les vignes restent des préceptes de bases, d’autant plus que le mildiou devient un problème quasi récurrent, en particulier dans le Muscadet. En 2009, la pression semble néanmoins plus faible qu’en 2007 et 2008 (qui a connu aussi le gel). Pour ces viticulteurs, la difficulté est de trouver des informations techniques conformes à leurs attentes – autrement qu’en calquant la démarche conventionnelle qui, à une maladie, propose un traitement. Il leur fallait autre chose, basée sur l’échange de savoirs et d’expériences. La Cab des Pays-de-la-Loire a proposé la création d’un groupe de travail, afin de les
Rencontres chez un producteur : “nous faisons des relevés botaniques afin d’en tirer des indications, par exemple sur la présence d’azote”, explique Gwénaëlle Gaignard.
aider à gérer leur vignoble, et notamment à le défendre contre ces attaques, tout en respectant les normes du cahier des charges pour les doses de cuivre et de soufre.
Des programmes adaptés “En 2007 et 2008, nous avions déjà lancé des formations techniques menées par Daniel Noël de la société Vini Vitis Bio, ainsi
qu’une mutualisation des pratiques, en tenant compte des problématiques des différents secteurs géographiques régionaux, explique Sébastien Bonduau, animateur à la Cab. De nombreuses visites de parcelles ont été réalisées autour de différents thèmes : gestion du mildiou, travail du sol ou encore traitements alternatifs. Ces expériences nous ont permis d’élaborer un programme structuré
pour l’année 2009.” Quatre journées d’échanges sont prévues sur l’année (voir programme complet en encadré) de début avril à décembre. Deux groupes ont été constitués, l’un pour l’Anjou et l’autre pour le Muscadet, regroupant chacun une douzaine de producteurs. “C’est indispensable car chaque vignoble a ses spécificités et ses terroirs, explique Gwénaëlle Gaignard, intervenante technique de ces journées. Comme les cépages – Chenin pour l’Anjou et Melon de Bourgogne pour le Muscadet –, bon nombre d’éléments diffèrent : densité de plantations, hauteur de souches, palissages, terrains ou climatologie. Côté maladies, on observe des différences très nettes selon les secteurs géographiques, en Anjou comme en Muscadet, en particulier au niveau des pressions mildiou.” La gestion des maladies n’est pas l’unique sujet abordé. “Elle prédomine car les producteurs sont en
Les Bio Pratiquent en détails - 4 réunions d’échanges “bout de parcelle” par secteur géographique : mutualisation des connaissances, observation… Visite d’exploitation. Apport technique de Gwénaëlle Gaignard. - Une journée régionale “bilan de campagne” : le point sur le millésime passé, conclusions, échanges, résultats observés… Établissement du programme de campagne suivant avec des experts de la filière.
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- Une visite individuelle : Gwénaëlle Gaignard visite chaque exploitation et prend connaissance de l’ensemble de son environnement. - Réception d’une note Vini Vitis bio : entre 20 et 25 notes par an, contenant des informations d’avertissements spécifiques aux secteurs géographiques concernés. - Assistance téléphonique : en cas de force majeure, possibilité de recevoir des infos techniques par téléphone.
- Plate-forme technique régionale : découverte des protocoles et résultats des actions en cours lors des échanges “bout de parcelle”. - Formations thématiques : faire ses propres plants, approche de la vinification, oenotourisme, marketing… Coût sur une saison : 100 euros TTC (adhérent Cab)/ 200 euros (hors adhésion Cab).
VITICULTURE
“Un enherbement naturel maîtrisé permet de régénérer les sols qui en ont besoin, explique Daniel Noël, de Vini Vitis Bio. La notion de “vignes propres” est un blocage qu’il faut sauter.”
alerte permanente, mais on regarde toujours une exploitation dans sa globalité, précise la formatrice. Santé et vie du sol, matériels utilisés, qualité des pulvérisations…”
Favoriser l’échange “Nous voulions une dynamique collective et participative”, résume Sébastien Bonduau, à la Cab. “La partie technique est apportée par un spécialiste mais on discute aussi entre nous, décrit Patrick Thomas, viticulteur bio angevin, sur une douzaine d’ha, qui teste notamment un enherbement naturel maîtrisé sur 30 ares. S’informer, confronter nos acquis et voir ce qu’on peut en retenir, c’est l’objectif de ces rencontres. J’ai beaucoup appris sur les différentes sortes de cuivres par exemple. Car nous refusons les plans de traitements systématiques.” Daniel Noël confirme : “nous ne faisons pas d’assistanat, assure-t-il. Ce serait indigne. Nous sommes dans une démarche de prévention. En revanche, je constate que les produits utilisés sont bien souvent mal connus. Le cuivre, par exemple, ne fonctionne que s’il est réparti correctement et cela, avant la pluie. Le lessivage permettra de l’activer”. Formateur en bio en
France et à l’étranger pour le compte de Vini Vitis Bio, le Girondin Daniel Noël a préféré passer la main à un formateur local. “Mieux vaut avoir un référent sur le terrain en permanence, comme Gwénaëlle”, préciset-il. Gwénaëlle Gaignard, ex-chargée de mission au Civam Bio de l’Aude, pendant 4 ans, pour le développement de la viticulture biologique est formatrice en viticulture au lycée agricole de Montreuil Bellay (49). Elle a pris le relais des “Bio Pratiquent”. “Avec Daniel, nous harmonisons nos méthodes, précise-telle. Pour les producteurs, les attentes sont multiples : ne plus être seuls, pouvoir communiquer et apprendre. À travers cela, il s’agit de faire du bon raisin en bio et de pouvoir en vivre.”
Un tremplin pour passer en bio “Le groupe est ouvert aux conventionnels souhaitant passer en bio, en attente de soutiens techniques, assure la formatrice. “Les Bio Pratiquent” peuvent leur offrir un tremplin et un cadre plus sécurisant. Nous sommes là pour améliorer les pratiques afin qu’elles soient plus faciles à mettre en œuvre. Nous devons donner aux viticulteurs l’envie de faire du bio, sans
“ Notre groupe apporte un enrichissement collectif, qui tient compte des contextes individuels, climat, sols et histoire des vignobles”, assure le viticulteur bio Jacques Carroger.
mettre en péril leur exploitation.” Plusieurs producteurs non encore certifiés adhèrent aux rencontres, comme Marc Pesnot, viticulteur dans le vignoble du Muscadet, qui s’inscrit dans une démarche de fabrication de vin dit “naturel” depuis le début des années 2000. Face à une campagne 2007 difficile en raison du mildiou, le producteur s’était résolu à utiliser un produit de synthèse. “Les Bio Pratiquent” lui apporte beaucoup. “J’apprends à maîtriser le cuivre, explique-t-il. On commence avec de faibles doses, couplées avec des décoctions de plantes, ortie, fougère ou prêle. Je n’avais pas cette expérience. Je constate aussi l’efficacité des huiles essentielles : citrus au pouvoir asséchant et lavandin réduisant la présence du papillon cochylis. Pour moi, ces rencontres sont admirables. Je ne me sens plus isolé dans mon coin. C’est très important de pouvoir échanger.” Pour Jacques Carroger (1), initiateur des “Bio Pratiquent”, le programme 2009 est prometteur. “Ceux qui participent aux rencontres ont une meilleure gestion du mildiou par une approche globale”, constate-t-il. “La dynamique en Pays-de-laLoire est très intéressante
et elle fait école, assure de son côté Daniel Noël. L’Association des Vignerons Agrobiologistes de Provence, l’Avap, s’en inspire en formant un technicien en région Paca, en sachant que le département du Var a également connu une apparition massive de mildiou.” À la fin de l’année 2009, “les Bio Pratiquent” feront le bilan de la saison, afin de préparer celle de 2010. Frédéric Ripoche À visiter : www.biopaysdelaloire.fr (1) Plusieurs tests sont réalisés chez ce producteur : lutte contre l’esca, le mildiou et essai de bio-herbicides.
Depuis 3 ans, la pluviométrie est plus élevée en Pays-de-la-Loire, surtout en Muscadet (près de 900 mm d’eau/an contre 700 mm), d’où une recrudescence du mildiou.
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SALONS DEMANDEZ LE PROGRAMME ! Jacques Pior, co-initiateur de Tech et Bio
“La vitrine de méthodes performantes, viables et durables” Animateur de la filière bio à l’Assemblée permanente des chambres d’agriculture (APCA) depuis plus de 15 ans, Jacques Pior est chargé, avec Olivier Durant, de la coordination de Tech et Bio (lire Biofil n°55). Ils sont à l’origine de ce nouveau rendez-vous bisannuel.
Q
uelle est l’ambition de ce salon ? C’est d’abord un lieu unique d’échanges et une vitrine européenne des méthodes alternatives et bio de production agricole et de transformation respectueuses de l’environnement. La bio y tient donc une place de choix, avec l’objectif que ce soit économiquement viable pour le producteur et la filière. Les techniques présentées sont déjà testées, validées et applicables sur les exploitations et dans les unités de transformation. Ce salon concret développe un discours positif et constructif sur un mode de production parfois encore
caricaturé. Ateliers techniques, démonstrations de matériels sur le terrain, visites d’exploitations bio, forums filières sont là pour crédibiliser et valoriser ces méthodes alternatives. Avec le souci de montrer deux approches complémentaires, les circuits longs et courts. Quelle est son originalité ? Rassembler sur une exploitation bio, pendant 2 jours, toutes ces composantes en fait un rendez-vous professionnel unique : y sont représentés l’amont, avec les semences et les fournisseurs d’intrants et de matériels, l’aval avec des transformateurs et distributeurs… Plus de 40 partenaires dont ceux spécifiquement bio comme la Fnab, l’Itab, l’Agence Bio, Synabio, Formabio et les plus généralistes comme Coop de France, le Gnis, l’Inra, l’Acta, les ministères, la FNCuma, les Agences de l’eau…, tous ont œuvré au sein de plusieurs comités de pilotage pour parvenir à relever ce défi dans un esprit constructif. Pourquoi vouloir lui donner une dimension européenne ? Aujourd’hui, cela s’impose à nous. Le marché de la bio est mondialisé et très concurrentiel. L’Europe en est l’un des principaux, autant en production qu’en
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Jacques Pior, en charge de la bio à l’APCA depuis plus de 15 ans.
consommation et ce secteur est régi par une réglementation spécifique qui s’impose à tous les États membres. Par ailleurs, dans ce contexte, il est intéressant de faire connaître la bio française exigeante, tracée et de qualité car elle procure une réassurance à tous les opérateurs. Ensuite, ce rendez-vous permet de s’informer sur les techniques rodées, utilisées ailleurs et qui pourraient être transposables. Cette ouverture indispensable se traduit par la présence d’intervenants technico-économiques dans les ateliers techniques et les forums
filières. Ces échanges avec des producteurs, techniciens et ingénieurs venus de 10 pays d’Europe, et de quelques pays africains à ce jour, constituent des opportunités pour acquérir de nouvelles compétences. Toutes les productions sont-elles concernées ? Qu’elles soient végétales ou animales, toutes les productions bio font l’objet de démonstrations, d’ateliers techniques, forums ou visites. Chacun, quelles que soient ses attentes, pourra trouver des réponses, des pistes fiables à approfondir ensuite grâce aux docu-
SALONS DEMANDEZ LE PROGRAMME ! ments mis à disposition sur les stands, dans les ateliers. Tech et Bio s’adresse à tous ceux qui, sensibles aux enjeux environnementaux, cherchent à améliorer leurs pratiques. Chacun doit pouvoir avancer à son rythme. C’est d’ailleurs l’intitulé du pôle “passer en bio, à chacun son rythme”, car il n’y a pas de modèle unique… Le programme concocté est très copieux… Oui, très riche, avec aussi différents pôles : hormis celui du passage en bio, il y a ceux sur la protection de l’eau, la recherche, la formation, l’emploi… Celui consacré à l’Union européenne va traiter des dispositifs de la Pac en faveur du développement de la bio, dans quelques pays de l’Union. Nous avons aussi grand plaisir à recevoir l’Agence bio qui va tenir ses Assises sur l’innovation, l’Enita de ClermontFerrand va faire sa 1ère remise de diplôme de licence Pro, ainsi que des personnalités, notamment le chef ex-triplement étoilé Marc Veyrat, signe de l’ouverture d’un salon professionnel en lien direct avec la transformation et la recherche de la qualité… Propos recueillis par Christine Rivry-Fournier
Pour en savoir plus www.tech-n-bio.com
Christian Panissod, l’hôte de Tech et Bio :
“Une opportunité très enrichissante” Christian Panissod, arboriculteur et maraîcher bio depuis 15 ans à Loriol, à 25 km au sud de Valence, accueille le salon Tech et Bio 2009 sur ses 15 ha de terres en bio depuis 30 ans. Sur le site principal seront installés stands et chapiteaux. Ses vergers et autres terres vont être le terrain des multiples démonstrations de matériels et de techniques. “Cette opportunité est très enrichissante, elle m’offre une véritable ouverture et de multiples échanges”, confie ce producteur sensible depuis toujours à l’environnement. “Après mes études, j’ai passé 6 ans en conventionnel, en tant que chef d’exploitation, où j’ai souvent manipulé de nombreux produits. Tout cela m’a déplu. Je ne voulais pas faire de l’agriculture de cette manière.” S’installer en bio était un rêve qu’il a pu réaliser en reprenant une L’originalité de Tech et Bio est exploitation déjà en bio. Aujourd’hui, Biode s’installer chez un producmeilles Fruits comprend 5 ha de vergers très diversifiés (pomme, cerise, poire, abri- teur bio : cette année, le salon cot, kiwi, pêche, coing, raisin de table), soit a élu domicile chez Christian une production de 40 tonnes de fruits par an Panissod, installé depuis en moyenne vendus en gros et demi-gros 15 ans, sur une ferme en bio et 6 ha de légumes, luzerne, orge. “Si j’ai depuis 30 ans. accepté la proposition d’accueillir Tech et Bio, c’est parce que j’aime partager mes convictions et mon expérience. J’ai envie de défendre l’image du bio et de la faire connaître, et de montrer qu’elle est performante.”
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8 et 9 septembre à Loriol dans la Drôme
Un programme copieux et varié Salon européen des techniques agricole alternatives et bio, Tech et Bio ouvre ses portes les 8 et 9 septembre à Loriol dans la Drôme, sur une exploitation de 15 ha. Sous l’impulsion de la chambre d’agriculture départementale, ce rendez-vous rassemble plus de 130 exposants. Voici le programme.
P
our chaque production, plusieurs approches sont proposées : - ateliers sur les techniques de production ; - démonstrations de matériel en plein champ ; - forums sur des expériences de valorisation de produits bio.
ARBORICULTURE Maîtriser les principaux ravageurs et maladies, avec F. Warlop (Grab), G. Severac (Chambre d’Agriculture du Vaucluse), Alain Garcin (CTIFL Ballandran), témoignage d’un intervenant étranger (8-9 sept., 13h30 à 14h15-chapiteau A). Valoriser les fruits bio à pépins et à noyaux : quelles organisations économiques de producteurs, pour quel circuit ? Avec, en filière courte, Joël Fauriel, arboriculteur bio, Au plus Pré, magasin de producteurs à La Laupie (26) ; en filière longue, Aurélie Brugger, directrice de Sud Ouest Bio (8 sept.), Benoît Van Ossel, PDG des Coteaux Nantais, Bio Loire Océan (9 sept.). (8-9 sept., 14 h 30 à 15 h 15-chapiteau B). Maîtrise de l’enherbement ; animation, Sophie Stévenin, tête de réseau arboriculture bio région RhôneAlpes. (8-9 sept., 10 h à 11 h 45-pôle Arboriculture).
TO US LES DÉ TAI LS :
http ://w ww.tec h-n -bio . com /fr/
Valorisation de la viande bovine bio. Filière courte : Benoît Baguet, producteur de bovins (43, Cohade), filière longue : Luc Mary, directeur de la Sicaba (03). (8 sept., 11 h à 11 h 45-chapiteau C) Visites guidées des collections fourragères et de mélanges prairials multi espèces avec Denis Tasset. (8-9 sept., 15 h 30 à 17 h 15-pôle élevage) Santé animale, gestion du parasitisme (8- 9 sept., 13 h 30 à 15 h-chapiteau D). De la production au marché de la viande ovine bio (8-9 sept., 15 h à 16 h-chapiteau D).
GRANDES CULTURES Maîtriser l’itinéraire technique en système céréalier bio, avec Jean-Pierre Cohan (Arvalis), Gilles Salitot (chambre d’agriculture de l’Oise), Daniel Neuhoff, Institut agriculture biologique (Allemagne). (8-9 sept., 13 h 30 à 14 h 15-chapiteau C) La diversité des circuits de valorisation en blé bio, avec Patrick Vacher (association des producteurs de blé bio d’Isère) ; Alain Larribeau, directeur technique (Qualisol). (8-9 sept., 14 h 30 à 15 h 15-chapiteau C). Maîtriser le désherbage, avec Patrice Morand, tête de réseau grandes cultures bio région Rhône-Alpes. (8-9 sept., 10 h à 11 h 45-pôle Démonstration)
ÉLEVAGE Viser l’autonomie alimentaire en vaches allaitantes bio avec Jean-Paul Coutard, chambre d’agriculture du Maine-et-Loire (8 sept.) ; Roland Sage, chambre d’agriculture du Jura, Jérôme Pavie, Institut de l’Élevage ; (8-9 sept., 10 h à 10 h 45-chapiteau C) Concevoir une alimentation équilibrée en porcs bio, avec Jean-Charles Cizeron des Ets Cizeron (42), Laurent Alibert de l’Ifip (31) en fabrication à la ferme ; (8-9 sept., 11 h à 11 h 45-chapiteau B) Lait bio : quelles orientations pour répondre aux besoins commerciaux ? Filière courte : Christian Zaza, gérant de la Fromagerie du Mont Aiguille (38) ; filière longue : Jean-Paul Picquendar, directeur Sodiaal. (9 sept., 11 h à 11 h 45-chapiteau C) Valorisation des porcs bio, comment concilier la vente directe et le commerce au détail ? Avec Thierry Le Villoux, producteur en Bretagne (Erca Bio 53). (8-9 sept., 10 h à 10 h 45-chapiteau B). 62
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Un salon bio concret destiné à toutes les productions sur un site de 15 hectares.
NOUVEAUTÉS MATÉRIELS LÉGUMES Maîtriser le désherbage en culture légumières bio, avec Christian Icard (Sérail), Jérôme Crenn (SECL), Lieven Delanote (PCBT, Belgique) (8-9 sept., 10 h à 10 h 45-chapiteau D) Valoriser les productions maraîchères bio, avec en filière courte, Benoît Soury, DG “Panier Bio” La Vie Claire, filière longue, Aurore Issouf, Naturenvie “Jardin bio” ; animation, Synabio ; (8-9 sept., 11 h à 11 h 45-chapiteau D) Destruction des faux semis et binage des cultures, avec Dominique Berry, tête de réseau légumes bio région Rhône-Alpes. (8-9 sept., 15 h 30 à 17 h 15-pôle Légumes)
PLANTES À PARFUMS AROMATIQUES ET MÉDICINALES Optimiser la qualité des PPAM, avec Muriel Saussac (Iteipmai), Frédéric Nivon (producteur). (8-9 sept., 15 h 30 à 16 h 15-chapiteau B). Valoriser le lavandin et le thym. Filière courte : Bernard Kimmel (Arcadie) ; filière longue : Michel Morineau, responsable qualité Cosbionat. (8-9 sept., 16 h 30 à 17 h 15-chapiteau C) Maîtriser la plantation et le désherbage des annuelles, avec Pierre-Yves Mathonnet, tête de réseau PPAM bio région Rhône-Alpes. (8-9 sept., 13 h 30 à 15 h 15pôle PPAM)
Le tracteur solaire arrive Après deux ans de travail, le tracteur solaire est enfin prêt à rouler. Une première démonstration a eu lieu au Maroc fin mars. Ce véhicule a vu le jour grâce au programme Ramsès, soutenu par l’Union européenne et qui vise à concevoir un véhicule agricole multi-usages, plutôt léger, propulsé par l’énergie issue de panneaux photovoltaïques et stockée en batterie. Ce tracteur est à destination des activités maraîchères, des cultures en terrasse et des travaux viticoles. Un premier prototype, développé en Italie par le professeur Bardi (Université de Florence), a déjà vu le jour.
Pack herbage d’Actisol Trois en un ! Dans son pack pro herbage, Actisol propose 3 engins : la herse Floriale pour le nettoyage du plateau végétal, l’ébousage, l’étaupinage ; le scarificateur Actiflore qui aère de manière superficielle par action de poinçonnage et l’Herbasol dont le concept a été amélioré pour une meilleure adaptabilité (module dents – disques ouvreurs ; module rouleau cage ou à roues sur 3 points), et combinaison avec l’Actiflore. Contact : tél. 02 41 62 60 00, info@actisol-agri.fr
VITICULTURE Entretien du sol par la mise en place d’un enherbement peu concurrentiel, avec Laure Gontier (IFV Midi-Pyrénées), Nicolas Delabays (Station de recherche Agroscope de Changin-Suisse), Marc Guisset (chambre d’agriculture des Pyrénées-Orientales). (8-9 sept., 16 h 30 à 17 h 15-chapiteau A). Le marché du vin bio, avec Jean-Paul Frigière, viticulteur coopérateur, Viviane Thibaut, Biocoop, responsable des achats vins bio. (8-9 sept., 15 h 30 à 16 h 15-chapiteau B) Maîtriser l’entretien du sol avec Laurent Fell, tête de réseau viticulture bio Rhône-Alpes. (8-9 sept., 13 h 30 à 15 h 30)
Désherbeurs thermiques Jardi’Flam Express met sur le marché 4 types de désherbeurs thermiques suivant les utilisations. Avec une seule cartouche de gaz, le modèle 5901 désherbe une surface de près d’un hectare, sans discontinuer. Doté d’un allumage intégré “Piezo” dans la lance, il s’éteint et se rallume sur simple pression du doigt. Plus besoin d’avoir briquet ou allumettes sous la main ! L’engin est utile contre les mauvaises herbes ou pour des faux semis. Tél. 0825 800 251.
Assises européennes de l’agriculture bio : L’innovation au cœur du développement de la bio L’Agence Bio organise, le 9 septembre sur le site de Tech et Bio, sous le chapiteau “Europe”, ses assises sur le thème de l’innovation en bio au sein de l’Europe. Au programme, dès 9 h 30, de nombreuses interventions de personnalités et d’experts européens qui présenteront le dynamisme et les actions innovantes dans leurs pays. Dès 14 h 30, focus sur les innovations dans les domaines techniques, économiques et sociaux, en France et à l’étranger. L’inscription est obligatoire sur le site www.agencebio.org
Insecticides naturels Le contrôle des insectes nuisibles devient chaque jour de plus en plus compliqué. Pour répondre à ces problèmes, Tecnofirm propose deux solutions utilisables en agriculture bio : Tue Poux aide à lutter contre les poux en élevage de volailles tandis que l’insectifuge Insect Total s’applique à tous les animaux d’élevage. À base d’extrait naturel de plantes dont la substance active est le géraniol, ces produits n’engendrent pas d’intolérance chez les humains ni chez les animaux. La solution, à diluer dans de l’eau, se pulvérise dans les bâtiments d’élevage même en présence du cheptel. Tél. 02 96 57 80 10 82, tecnofirm@wanadoo.fr
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FORMATION L’élevage en douceur Les vétérinaires du GIE Zone verte dispensent nombre de formations pour plus d’efficience dans sa pratique d’élevage. Les 8 et 9 décembre 2009, le docteur Joseph Dabeux initie à l’homéopathie : principes généraux, avantages et limites. Les éleveurs seront confrontés à des cas concrets, pour apprendre, après observation, à utiliser cette médecine. Ils repartiront avec une liste de remèdes d’usages courant. Une journée de perfectionnement, le 10 décembre, sera l’occasion d’établir des analyses par le suivi de cas et de répondre aux interrogations. Les 14 et 15 décembre, deux jours sont consacrés à la méthode Obsalim sur les petits ruminants avec visites d’élevages. Contact : GIE Zone verte, tél. 03 84 66 13 17 www.giezoneverte. com
Appel à projets en fruits et légumes Le Pôle européen d’innovation fruits et légumes lance son appel à projet “Objectif Environnement et Compétitivité dans la filière fruits et légumes”. Il s’agit de faire émerger des projets innovants et collaboratifs autour des enjeux suivants : intrants, eau, énergie, déchets, éco-emballages. Vous pouvez soumettre le vôtre, avant le 30 septembre 2009, quel que soit son stade d’avancement, afin d’obtenir une aide logistique (recherche de partenaires, de financement, appui technique, informations) Contacts : www.peifl.org, Claire Mermet, claire.mermet@peifl. org, tél. 04 90 31 58 84. Annabelle Payen, annabelle.payen@ peifl.org, tél 04 90 31 58 83.
Acquérir les bases techniques de la bio en productions animales En Ille-et-Vilaine, Agrobio 35 propose une formation de trois jours sur les bases techniques de la bio en productions animales. Ces journées, prévues les 24 novembre, 8 décembre et 21 janvier, sont destinées aux producteurs laitiers qui viennent d’entamer ou qui prévoient une conversion dans les prochains mois. Rappel de la réglementation, adaptation de son système fourrager au cahier des charges, médecines alternatives… font partie du programme.
et l’autre sur une exploitation spécialisée en productions végétales, sont programmées. Une caisse commune alimentée par les fermes est gérée par les stagiaires et les maîtres de stage afin de répondre aux besoins annexes de la formation : c’est aussi un support pédagogique concret pour travailler sur l’argent. Contacts : Soazig Cornu, coordinatrice du BPREA polyculture élevage en biodynamie et animatrice du Syndicat d’agriculture biodynamique, tél. 03 89 24 37 01, sabd@bio-dynamie.org, www.bio-dynamie.org Samuel Poisson, CFPPA d’Obernai, tél. 03 88 49 99 39, samuel.poisson@educagri.fr
Formation en agriculture bio et commercialisation dans le Gard À partir de novembre, le centre de formation du Grand Mas, à Uzès, dans le Gard, ouvre une formation en agriculture biologique. Le Certificat de Spécialisation (CS) en agriculture bio et commercialisation est accessible aux jeunes de moins de 26 ans dans le cadre d’un contrat d’apprentissage d’un an. Pour postuler, les élèves doivent déjà être titulaires de diplômes agricoles de niveau IV (BP REA, Bac Pro CGEA, Bac Pro – BP Productions…). À noter que les exploitants agricoles intéressés par l’embauche (CDD d’un an) d’un apprenti sont invités à contacter le centre d’Uzès. En parallèle, des stages de formation thématiques seront mis en place à destination des salariés, exploitants agricoles, demandeurs d’emploi et particuliers, dans le cadre d’un parcours qualifiant. D’une durée allant d’un jour à une semaine, ils porteront sur la mise en place d’une production légumière et/ou fruitière, la protection des cultures et lutte naturelle biologique, la fertilisation et les engrais verts, l’eau, le désherbage… Contact : Christelle Placide, tél. 04 66 75 67 35 (matin) et 04 66 22 18 26 (après-midi), mfr.uzes@mfr.asso.fr ou sur www.mfr-uzes.com
Contact : Nelly Blot, tél. 02 99 77 09 46 (inscription avant le 14 novembre).
Une “dynamique” bio de 20 ans en Alsace La maison de l’agriculture biodynamique, à Colmar, en partenariat avec le Centre de formation professionnel et de promotion agricole (CFPPA) d’Obernai, fête 20 ans d’enseignement de la biodynamie. Son Brevet professionnel de responsable d’exploitation agricole (BPREA) polyculture élevage adapté à la biodynamie donne, au bout de 2 ans, toutes les clés pour pratiquer cette méthode, basée sur la capacité d’observation. Sont également abordés l’agronomie, les soins aux cultures, l’élevage, les bases de gestion d’une entreprise… Deux périodes de cours théoriques de 4 mois ont lieu, au centre de formation, en hiver. Deux périodes de stage de 7-8 mois, l’une sur une ferme d’élevage
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Le centre de formation du Grand Mas, à Uzès, dans le Gard, spécialisé dans les métiers de la nature comme l’horticulture, ouvre à l’automne une section bio qui s’adresse aux jeunes en formation continue et aux salariés sous forme de journées de stages.
BIBLIOGRAPHIE Sauver la biodiversité L’agriculture a son mot à dire, mais outre la volonté politique, la mise en œuvre de mesures économiques et juridiques est indispensable. L’intérêt de cette expertise collective de l’Inra est d’avoir mobilisé un groupe d’experts pluridisciplinaires pour réfléchir à ces orientations. Si la bio est considérée comme un véritable atout, elle nécessite cependant d’être incluse dans une synergie. Agriculture et biodiversité, valoriser les synergies, expertise collective de l’Inra, Éditions Quae, juillet 2009, 184 p., 26 €, www.quae.com
RENDEZ-VOUS Salon Tech-Ovin Le Salon national du mouton, du 1er au 3 septembre à Bellac, en Haute-Vienne, vise à relever le défi d’une production à l’herbe “durable”, économe et autonome. Tél. 05 55 60 27 72.
Tech et Bio Du 8 au 9 septembre, à Valence, dans la Drôme, le salon européen des techniques agricoles bio organise démonstrations, ateliers, visites d’exploitations avec près de 130 exposants. www.tech-n-bio.com/fr/
Sana, en Italie Le 21e salon du naturel, de l’alimentation, de la santé et de l’environnement se déroulera du 10 au 13 septembre, à Bologne, en Italie. www.sana.it
Prophylaxie et luttes sanitaires Ces dernières années, les crises sanitaires se sont multipliées, que ce soit pour les cultures (chrysomèle…) ou les productions animales (grippe aviaire, fièvre catarrhale). Des mesures de prophylaxie et de lutte ont été prises, souvent dans l’urgence, puis parfois modifiées avec l’expérience. Les agriculteurs bio, soumis à un usage minimal des traitements vétérinaires et phytosanitaires, peuvent être démunis face à ces réglementations changeantes. C’est pourquoi la Fnab a réalisé une série de fiches pratiques et pédagogiques sur six dispositifs actuels de prophylaxies ou de luttes. Elles concernent la fièvre catarrhale ovine, la grippe aviaire, la rhinotrachéite infectieuse bovine, la chrysomèle du maïs, le mildiou du tournesol et la carie du blé. Bon de commande à télécharger sur www.fnab.org, prix (envoi compris) : 3 € à l’unité, 2 € à partir de 100 fiches, 10 € le jeu complet des 6 fiches.
Biobernai en Alsace Du 11 au 13 septembre, Biobernai et ses 200 exposants mettent à l’honneur la biodiversité et le service que peut lui rendre l’agriculture. www.biobernai.com
Rendez-vous à Bio Zone Du 12 au 13 septembre, les Bretons se rassemblent à Mûrde-Bretagne, dans les Côtes d’Armor, pour accueillir la 24e édition de la foire Bio Zone. Tél. 02 96 26 09 15.
Un îlot bio au Space À l’occasion du salon international d’élevage, du 15 au 18 septembre à Rennes, deux conférences sont à signaler : le 16, l’Inra se penche sur les : “Recherches pour l’élevage biologique” ; le 17, les Inter Bio Bretagne et Pays-de-la-Loire ainsi que le Grab Basse-Normandie, organisent le colloque : “Modernité, rentabilité, environnement : produire bio pour voir plus loin !” sur la filière laitière. www.space.fr/
Retour aux sources pour le maïs et le tournesol Il y a 8 ans, une poignée d’agriculteurs décident de réhabiliter des variétés anciennes de maïs et de tournesol. Une première. Dans cet ouvrage, ils répertorient 40 variétés populations de maïs et 10 variétés de tournesol qui ont fait leur preuve dans les conditions de culture du Sud-Ouest en bio. Des conseils pratiques pour sélectionner et produire les semences à la ferme y sont associés, ainsi que des témoignages d’agriculteurs sur leurs expériences. Variétés paysannes de maïs et de tournesol pour une agriculture écologique et économe, Réseau semences paysannes, Bio d’Aquitaine, Agrobio Périgord, juin 2009, 120 p. 17 €. Vente par correspondance à partir de www. semencespaysannes.org
Journée technique bovin viande Le 22 septembre, à Jeu-Les-Bois, dans l’Indre, la Ferme Expérimentale des Bordes présente, lors de 4 ateliers, ses résultats pour produire de manière plus autonome et économe. Ferme Expérimentale des Bordes, tél. 02 54 36 21 68.
Les collectivités territoriales et la bio Le 22 septembre à Bourg-de-Péage (Drôme), Corabio invite les collectivités territoriales de Rhône-Alpes à un colloque pour les aider à inscrire la bio à leur programme (soutien aux producteurs, restauration collective, maîtrise du foncier). Tél. 04 75 61 19 35, www.corabio.org
À SUIVRE EN OCTOBRE Les entretiens de Millançay, du 2 au 4 octobre, www.intelligenceverte. org/Entretiens-Millancay.asp, tél. 02 54 04 50 64. Journée technico-économique en légumes bio, 5 octobre, à Marsanne (26), www.corabio.org Le Sommet de l’élevage, du 7 au 9 octobre, www.sommet-elevage.fr Ille-et-Bio, à Guichen, du 9 au 11 octobre, www.illeetbio.org Miffel, Salon fruits et légumes, du 13 au 15 octobre, www.miffel.com Natexpo à Paris, du 17 au 19 octobre, www.natexpo.com
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