COLLECTION
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« Je veux qu’on
parle de nous »
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l’école des merveilles... Une visite à l’École élémentaire catholique Sainte-Geneviève
Michel Gratton
À
l’école des merveilles… Une visite à l’École élémentaire catholique Sainte-Geneviève
Michel Gratton
Je veux qu’on parle de nous Je veux qu’on parle de nous. Je veux qu’on parle de nos gens. De ce personnel qui vit pleinement l’une des plus belles vocations de la race humaine. De nos élèves épanouis. De nos parents engagés. Je veux qu’on parle des milieux uniques, enrichissants et grouillants de vie que sont nos écoles. Je veux ouvrir nos portes pour que tout le monde nous voit. Que tout le monde comprenne comment et pourquoi nous vivons chaque jour les valeurs chrétiennes qui sont le fondement de toute notre action. Parce que je suis extrêmement fière de nous. Tellement que m’est venue l’idée de demander à une personne objective de l’extérieur d’aller voir et de nous rapporter ce qu’elle avait vu. Le journaliste et écrivain franco-ontarien Michel Gratton a accepté de partir à l’aventure dans un univers dont il n’avait finalement que des souvenirs d’enfance. Dans ce petit livre qui en dit beaucoup, il nous raconte sa visite à l’École élémentaire catholique Sainte-Geneviève. Dans les livres de cette collection, il nous fait découvrir, une école à la fois, le monde passionnant et passionné du Centre-Est. Lise Bourgeois Directrice de l’éducation Conseil des écoles catholiques du Centre-Est (CECCE)
Nous tenons à remercier sincèrement la direction, le personnel et les élèves de l’École élémentaire catholique Sainte-Geneviève d’avoir rendu cet ouvrage possible.
C
e qui frappe d’abord, ce sont les couleurs. Et puis je me dis que c’est tout simplement… beau à mort!
J’ai l’impression d’avoir mis le pied au pays des merveilles. Et ce n’est pas loin de la réalité de Sainte-Geneviève. L’imagination des enfants tapisse littéralement les murs de l’école. D’une gigantesque peinture murale à une autre, toutes peintes par les élèves, j’en reste bouche bée d’émerveillement. Au-dessus de la porte d’un corridor principal trône un énorme brontosaure. Un peu plus bas, un ptérodactyle et un homme préhistorique. En arrière-plan, des dessins de la préhistoire comme on en trouve sur les murs des cavernes. On comprend, en montant l’escalier, que les élèves peignaient en fait leur propre version de l’histoire humaine. Et ce qui étonne encore plus, c’est que l’histoire vue par ces enfants ne semble pas se borner à celle des ancêtres européens, mais touche à un développement plus global de l’humanité. L’homme préhistorique est suivi de dieux égyptiens, dont un à tête de chacal, animal vénéré de l’Égypte ancienne. Les Incas y sont aussi illustrés, parés de leurs bracelets et colliers, de même que le symbole de la philosophie taoïste du Yin-Yang d’Extrême-Orient. Suit l’alphabet grec, une effigie de Jules César et la croix sur le Calvaire. Puis l’Europe du Moyen Âge et de la Renaissance, l’ère des découvertes, mais aussi de la montée de la religion islamique. Enfin, avec en arrière-plan une carte du Canada, une scène représentant la traite de fourrures entre un coureur des bois et des Amérindiens. Le dernier tableau représente des élèves de cultures différentes assis à leur pupitre devant leur écran d’ordinateur. L’Ontario français moderne. À Sainte-Geneviève, on a compris que la jeunesse et la beauté d’une école dépend beaucoup plus du cœur qu’elle a et qu’elle affiche que de la modernité de ses murs. Et que son succès dépend souvent de sa capacité et de sa créativité dans l’art d’allier l’ultramoderne et le traditionnel.
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On sait qu’on a affaire à une école d’un âge vénérable lorsqu’on voit que sa devise est en latin : « Manus in Manu » (La main dans la main). L’école élémentaire Sainte-Geneviève a ouvert ses portes au début des années 1960. Elle visait à desservir ces familles francophones qui se sont établies dans le nouveau quartier d’Elmvale Acres, alors à l’extrême sud-est de la ville d’Ottawa. Ces élèves étaient dans plusieurs cas les enfants d’enfants de grosses familles provenant de Vanier, de la Basse-Ville ou de Mechanicsville, à l’époque où l’on se disait encore « Canadiens français ». C’était une migration quelque peu forcée vers les nouveaux ensembles résidentiels de la ville, vu l’absence de logements disponibles dans leur quartier d’origine. C’était une population en transition qui a connu l’envahissement croissant de l’anglais et le creusement des écarts entre les familles francophones de mieux en mieux nanties et les familles défavorisées de plus en plus pauvres. La transformation s’est accentuée au cours des années 1980, graduellement d’abord, avec l’arrivée de familles immigrantes du Liban et de Haïti, en particulier. Mais, en fin de siècle, ce changement est devenu encore plus marquant avec la venue de plusieurs familles de l’Afrique francophone. Aujourd’hui, Sainte-Geneviève compte parmi ses élèves quelque 520 élèves originaires de 16 pays différents, dont certains pays d’Amérique latine. Et si cela reflète bien la réalité canadienne, c’est aussi un monde où tous ces contrastes mettent en évidence le fossé entre la richesse et la pauvreté. Les grosses maisons unifamiliales côtoient les logements à loyers modiques. Sauf que, à l’école, le visiteur ne le voit pas, ne le ressent pas. On se sent plutôt comme échoué sans avertissement sur un îlot de magie, de joie et de paix. « C’est une école et une communauté où il y a beaucoup de bonne volonté et beaucoup de plaisir » dit Gilles Laperrière, directeur de l’école depuis six ans.
Il n’y a pas qu’une peinture murale à Sainte-Geneviève. L’école en compte trois, chacune aussi grandiose que l’autre.
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Le projet était si important pour le bien de l’école qu’on a retenu les services d’une « artiste en résidence », Mme Nicole Bélanger. C’est elle qui a inspiré et guidé les élèves dans leurs créations.
« Einstein disait que l’imagination est plus importante que le savoir. » Pour madame Sylvie, c’est plus qu’une citation savante. C’est la devise qui inspire son enseignement. L’enseignante de 3e année travaille à Sainte-Geneviève depuis 19 ans. Originaire de la petite ville québécoise de Grand-Mère, on lui a fait cadeau d’une diversité culturelle qu’elle n’avait jamais connue. « C’était nouveau pour moi de voir autant de cultures différentes… Les élèves ont beaucoup de choses à nous apprendre, mais ils ne le savent pas tout le temps. Chaque enfant apporte sa richesse. Même pauvre, il apporte sa culture, ses histoires, ses personnages. Ils m’aident à faire mieux parce que j’ai des choses à améliorer, moi aussi. » « Les enfants ont quelque chose qui brille dans les yeux. C’est ce qui fait que j’ai le goût de venir enseigner chaque matin. » Dans sa classe, tout le monde s’implique dans la réussite de chacun. « Si les élèves voient que l’un d’entre eux a de la misère, ils vont tout faire pour l’aider. Je ne suis pas toujours capable toute seule d’aller les chercher. Mais, entre eux, ils sont capables. » Il est extrêmement important pour elle que l’enfant ait du plaisir à apprendre. « Au fond, nous sommes tous pareils. Si on n’a pas de plaisir, on n’apprend pas. Les maths, c’est pas facile, mais j’essaie de leur montrer qu’on peut quand même avoir du fun. » « Les enfants nous font plus vite confiance s’ils voient que nous aimons avoir du plaisir, nous aussi. »
« Quand je suis à bout, je vais faire un tour dans la classe de madame Sylvie, dit la directrice adjointe Diane Paquette-Lepage. C’est un ange sur deux pattes. »
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« Je demande à ses élèves : Qu’est-ce que vous avez à me montrer aujourd’hui? Ils vont me chercher une chaise. Ils me racontent une comptine ou ils font une saynète. » « Enseigner, c’est comme un voyage! Les compagnons changent, et il n’y a pas une année pareille, dit madame Sylvie. Mais la route reste essentiellement la même. Ce sont les aventures que l’on vit ensemble qui mettent du piquant dans nos journées. » « Même après qu’ils ont quitté, ils demeurent tous mes enfants. Je les revois plus grands et, en un regard, ils redeviennent mes élèves. »
Gilles Laperrière affirme que les enseignants font des blagues lorsqu’ils l’appellent « Le Boss ». Il croit en un modèle de gestion fondé sur la collaboration, l’ouverture d’esprit et le leadership partagé entre la direction, le personnel et les élèves. « S’il y a un mot qui est synonyme de notre école, c’est bien le mot entraide » dit-il. Et « Le Boss » avoue du même souffle que l’un des aspects « non négociables » de son administration est précisément d’être prêt à travailler en équipe. « Il faut que tu roules. Si tu ne veux pas rouler, tu n’es pas à ta place. Les attentes sont claires… » Une nouvelle condition des dernières années pour tout candidat au poste d’enseignant à l’école est d’être prêt à utiliser la nouvelle technologie en salle de classe. À cet égard, on voit une fois de plus que l’âge des murs de Sainte-Geneviève n’est qu’un rusé camouflage de ce qui se passe dans ses corridors et ses salles de classe. C’est une école « branchée ».
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Lors de ma visite, on y comptait non moins de 10 smartboards, ces tableaux blancs interactifs devenus les nouveaux « tableaux noirs » de l’ère informatique. C’est une quantité impressionnante pour un outil que le Conseil a introduit il n’y a que quelques années. Le bout du doigt a remplacé
la craie blanche et les élèves ne craignent plus d’aller au tableau. Ils le souhaitent. SainteGeneviève met également plus d’une douzaine d’ordinateurs portables sans fil, sur chariots, à la disposition des élèves, sans compter le laboratoire informatique. « Ça a commencé petit, les smartboards. Je suis allé voir chaque professeur et je leur ai demandé : “Si je t’en donne un, est-ce que je vais te compliquer la vie?” Tout le monde en voulait un » raconte en riant Gilles Laperrière. Une formation spéciale a été offerte, question de s’assurer de ne pas aboutir avec des « éléphants blancs ». Mais comment ont-ils pu se permettre l’acquisition de tant d’équipement? « Le Conseil en a payé l’installation, et nous avons organisé des campagnes de financement pour pouvoir s’en procurer davantage. Pour ce qui est des portables, certains profs s’occupent d’organiser des dîners chauds et utilisent les revenus ainsi générés pour en acheter. » Aujourd’hui, ni prof ni élève ne se passerait de ces outils devenus essentiels dans les méthodes d’enseignement et d’apprentissage modernes. Particulièrement en ce qui touche à la capacité d’intéresser et « d’accrocher » l’élève. On ne cache pas non plus qu’il s’agit là d’une façon de susciter l’intérêt des garçons naturellement portés sur la haute technologie et ses infimes possibilités. Partout en province, les écarts entre les filles, qui obtiennent de meilleurs résultats, et les garçons n’ont cessé de se creuser au cours des dernières années. Chaque école a maintenant comme mission de les réduire.
Sainte-Geneviève est en fait « deux écoles dans une » affirme Diane Paquette-Lepage. Un corridor récemment construit joint ce qui a déjà été deux écoles distinctes, l’école Sainte-Geneviève et une école publique de langue anglaise. Les deux édifices ont été fusionnés pour pouvoir accueillir un plus grand nombre d’élèves et de professeurs lorsque le Conseil a opté de fermer l’école SaintLuc, en 2002. Dans la communauté, certains craignaient alors de voir une baisse dans le rendement de l’école
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à la suite de l’amalgamation. C’est tout le contraire qui s’est produit. Les résultats des élèves, autant que l’ambiance de l’école, n’ont cessé de s’améliorer. Et, comme pour le rappeler aux sceptiques, le corridor symbolisant cette fusion a été baptisé « Le corridor de la réussite ».
« Les jeunes me croisent et me disent : “Bonjour, monsieur. Comment ça va?” dit monsieur Guyslain, enseignant-ressource. Normalement, les enfants de leur âge ne demandent pas comment ça va. La politesse des enfants, et celle des profs envers leurs élèves, est remarquable, ici. Les élèves sont bien vus dans la communauté aussi. On en entend parler. » « Le climat est très harmonieux à l’école. J’ai vécu plus de tiraillements ailleurs, de dire l’enseignant qui est au Conseil du Centre-Est depuis 20 années, dont les sept dernières à SainteGeneviève. On sent que les enfants sont heureux, ici. Tout le monde pleure dans l’autobus à la fin de l’année. Et les enseignants espèrent rester ici. »
Remisée sans cérémonie, elle semblait vouée à l’oubli. Comme ces symboles autrefois importants de ce qui était pourtant une belle époque, mais que le modernisme et le progrès semblent avoir relégués aux oubliettes. Madame Sylvie, elle, se souvenait. Et elle s’est mise à demander à qui voulait bien l’écouter où était passée sainte Geneviève. Après de vains efforts, elle avait pratiquement abandonné ses recherches et sainte Geneviève était officiellement portée disparue. Puis, en 2009, un concierge lui confiait l’avoir vue, cachée dans un coin obscur. Madame Sylvie a retrouvé l’image de sainte Geneviève, aussi noble dans son oubli et ses fils d’araignée que le jour où elle a été créée par une mère de famille du quartier dont trois enfants fréquentaient l’école. Une tapisserie unique confectionnée il y a plus de 20 ans avec les retailles de manteaux de madame Louise, ancienne professeure de musique. Depuis, après avoir été dépoussiérée et rafistolée par madame Sylvie et ses collègues, on s’apprête à lui redonner une place d’honneur près des peintures murales contemporaines de cette école qui s’efforce constamment d’établir un équilibre entre la tradition et l’innovation. Pendant que l’on découvre la magie des chiffres et des mots sur les smartboards, on transmet aussi simplement l’histoire de sainte Geneviève, une « petite bergère » née à Nanterre, en France, en l’an 422.
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En plus du choc des cultures, le personnel enseignant de Sainte-Geneviève vit aussi le choc des générations. L’école compte encore plusieurs professeurs qui y enseignent depuis longtemps, mais recrute de plus en plus d’enseignants dans la jeune vingtaine. « On parle d’un écart de deux générations » précise monsieur Guyslain. Le directeur Gilles Laperrière sourit franchement en disant : « Les professeurs sont tous très consciencieux et professionnels. Mais ils ne sont pas animés par les mêmes choses. Les plus vieux ne veulent pas, parfois ou souvent, déroger de la règle. Les plus jeunes s’en foutent comme dans l’an 40! » « Les jeunes croient au travail d’équipe. Les plus vieux ont fonctionné pendant longtemps de façon isolée. Quand les gens ont été habitués à faire leur travail d’une certaine façon, certaines choses prennent du temps à changer. Mais il y a moyen d’intégrer les deux écoles de pensée. Les plus vieux sont transmetteurs de valeurs traditionnelles importantes que nous ne voulons pas perdre, qui sont importantes pour Sainte-Geneviève. » « Il faut prendre les gens où ils sont rendus et les aider à faire leur cheminement tranquillement. Les plus jeunes sont forts des nouvelles méthodes d’enseignement, mais ils ont beaucoup à apprendre aussi. Dans le travail d’équipe, les plus vieux apportent ainsi leur leadership, particulièrement au chapitre des valeurs. Le travail de collaboration sous la forme structurée des rencontres CAP a facilité cette transition. » Le plus étonnant est que ces différences, qui pourraient facilement être sources de conflit, semblent plutôt rapprocher les gens.
« J’aime beaucoup le personnel ici, dit madame Chantal, enseignante de 4e année depuis sept ans. Je me suis toujours sentie comme si je faisais partie de l’équipe. On est des amis. » « Gilles nous fait confiance. S’il sent que nous faisons bien notre travail, il va nous laisser aller. » Elle admet d’emblée que le travail d’équipe l’aide à se développer d’année en année. « Tout le monde participe. L’élève n’est plus seulement la responsabilité d’un enseignant titulaire, mais celle de toute l’école. »
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Elle adore aussi le virage technologique prôné à Sainte-Geneviève. Elle est d’ailleurs l’un des professeurs qui travaillent bénévolement à la gestion des dîners chauds pour permettre l’achat d’équipement informatique. « C’est tellement plus facile de capter l’intérêt des élèves. »
« Les professeurs ici sont tous très généreux de leur temps, de leurs ressources et de leur amitié, dit Gilles Laperrière. Généreux de leur temps entre enseignants, mais aussi avec les élèves. » « Les relations enseignant-élève ont considérablement changé depuis 20 ans, explique Guyslain Pelchat. L’enseignement était alors très directif. Les pupitres étaient en ligne droite et il fallait écrire ce qui était au tableau. »
« C’est pas platte, dit Alexis, élève de 4e année, quand t’apprends beaucoup de choses et qu’on t’aide à comprendre. » « Les enseignants aident beaucoup à comprendre les nouveaux mots » dit Célina. « Les professeurs expliquent bien, dit Camille. Ils vont t’aider si tu ne comprends pas. Ils trouvent toutes sortes de façons. » « Les smartboards, c’est tellement amusant! » dit Milley. Laura renchérit au sujet des ordinateurs portables. Charbel, lui, se sent en sécurité à l’école. « On se fait plein d’amis. » « Je suis allé à une autre école où il y avait beaucoup de personnes méchantes, dit Julien. Ici, il n’y a pas de personnes méchantes. » Mathew résume l’opinion de plusieurs lorsqu’il dit simplement aimer son école « parce qu’il y a de bons jeux dehors ». Il semble évident, d’après leurs commentaires, que Sainte-Geneviève est une école très active hors de la salle de classe. Qu’il s’agisse de sports, de la ligue d’impro, des visites à la piscine avec la mascotte Lionard d’eau (un lion qui aime l’eau!?) ou de bénévolat, ces activités semblent contribuer grandement au climat serein qui règne dans l’école. Mais le mot de la fin revient à Winta : « On nous donne beaucoup de responsabilités. J’apprends à devenir plus responsable. »
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« Cœur franc » était le thème de l’école lors de ma visite. « Il faut avoir un cœur franc à l’école, avec les autres élèves et avec les professeurs. Mais il faut aussi que l’élève garde son cœur franc au sein de sa communauté » précise monsieur Guyslain.
La peinture murale tient du fantasmagorique. Elle est le fruit de l’imagination débridée des enfants. Difficile à décrire. Des édifices stylisés. Des gratteciel, des maisons, une église, et le parlement d’Ottawa représentent évidemment la ville, la communauté. Un cours d’eau, qui devient un aquarium où folâtrent un homme-grenouille et un poisson. Flanqué de chaque côté d’un chien et d’un chat surréalistes. Le chien souffle des fleurs dans l’aquarium, le chat au long cou souffle des cœurs. Et tout ça s’étend sur une douzaine de mètres, du plancher au plafond. On s’arrête spontanément pour contempler, malgré soi. Envoûtant.
« Les enfants demandent à avoir de la musique en français à la maison. On l’entend des parents au conseil d’école. » Pour monsieur Guyslain, il s’agit d’une petite victoire. Dans un effort pour montrer aux élèves que le français, ce n’est pas platte, il a lancé cette année un nouveau projet. Chaque jour, l’école offre par intercom une capsule de musique. Un professeur décrit la chanson et l’artiste qui la chante. Il n’y a pas que les élèves qui en apprennent. « Une jeune enseignante voulait savoir qui était l’artiste qui avait chanté la chanson du matin. » Il s’agissait de Formidable, chantée par le légendaire Charles Aznavour.
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Le directeur Gilles Laperrière ne se gêne pas pour dire que l’apprentissage et l’usage du français par les élèves est « une bataille constante ». L’influence du milieu, particulièrement pour les familles exogames, est très forte. « On se bat comme des diables dans l’eau bénite. On demande aux plus vieux de donner l’exemple. » Plusieurs élèves sont incapables de s’exprimer en français à leur inscription à l’école. « La maternelle est une école dans l’école » dit la directrice adjointe Diane Paquette-Lepage. « L’exploit véritable, c’est que les élèves réussissent bien, malgré tout. » On ne peut contredire le succès. Sainte-Geneviève se maintient parmi les meilleures écoles du Conseil aux tests annuels du Ministère, notamment aux examens d’écriture et de compréhension de la lecture.
Une souhaite devenir joueuse de soccer. Lui aussi, « et riche ». Elle veut être archéologue ou peut-être psychiatre. Ou pourquoi pas vedette de rock? « Je ne veux pas, je vais jouer dans la Ligue nationale de hockey » dit encore un autre, très sérieusement. Elle veut être météorologiste, son amie, architecte. Lui, informaticien. Au moins une future enseignante dans le groupe. Au-delà de toutes ses réalisations, Sainte-Geneviève réussit à faire rêver ses élèves. À leur donner espoir et confiance. Tout leur est possible.
La peinture murale est un long chemin qui s’étend comme un gigantesque serpent. Il est tortueux, mais rempli de couleurs et de gaieté. Il passe des livres, aux pommes, aux crayons, au système solaire. Si l’on prend le temps de regarder, on peut voir une petite fusée voyageant dans l’espace interplanétaire. Tout au haut, au-dessus de la route, une grosse fleur sourit sereinement. Les enfants de Sainte-Geneviève ont peint le chemin de la vie. Le chemin de la réussite.
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À l’école des merveilles... Une visite à l’École élémentaire catholique Sainte-Geneviève
Conception, mise en pages et impression : Centre franco-ontarien de ressources pédagogiques, 2009.
J’avais une petite idée de ce que je cherchais. Mais je ne savais vraiment pas ce que j’allais trouver. J’ai trouvé des écoles en effervescence. J’ai trouvé des gens d’un dévouement total. Mais j’ai surtout trouvé des élèves heureux. ir Des élèves aux yeux brillants, gonflés d’espoir en l’avenir et de confiance en eux. Et j’ai compris. J’ai compris que c’est possible. Qu’on ne rêve pas lorsqu’on dit que chaque élève peut réussir. Et, qu’aux yeux de mon ordinaire, j’avais peut-être la chance de voir en mouvement les meilleures écoles… au monde. – Michel Gratton