Spéciale #1

Page 1


2-3

Couverture/Cover image Anna Mallac-Sim Alexandre Goinard avec/with Studio Plastac Traductions/Translations Anglais/English Brent Patterson Français/French Thuy-Nhân Dao Crédits des illustrations/Illustration credits © 2008 Guy Vacheret © 2007 Patrick Gries © 2008 Giorgio de Finis

Direction artistique/Artistic direction StudioPlastac Typographies/Fonts Akkurat Family/Lineto Akkurat Spéciale Akkurat Plan Ahh Oh/Studio Plastac Papiers/Papers Blanc mat non-couché 170g et 115g Pop set myosotis et capucine 120g Blanc glossy couché 115g

Directeur de publication/Director of Publication François Bordry Comité rédactionnel/Editing committee Odile Decq, Marie-Hélène Fabre, Francis Rambert, Claire Chevrier, Françoise Quardon, Lionel Lemire.

© 2008 Esa productions Philippe Guillemet & Marc Vaye Achevé d’imprimer sur les presses de Imprimerie Néo Typo 1 C rue Lavoisier 25044 Besançon cedex Dépôt légal : x /Décembre 2008 4e trimestre 2008 Isbn 13 : 978-2-916485-06-5 Issn : 1951-8137


Sommaire SUMMARY

4 9

Lettre du Président

A word from the President

François Bordry

In/out Être Spéciale aujourd’hui

Odile Decq

Entretien avec

Massimiliano Fuksas

41

Projets

Marie-Hélène Fabre

42

La maison individuelle/The individual house

56

La densité à Paris/The density in Paris

66

Face à face Tsui Cascone/Tsui versus Cascone

74

Architecture et écriture/Architecture and writing

84

Post-diplôme/Post-graduate

89

Workshop

Olivier Peyricot

100

Conférence

Andrea Branzi

104

Prix

121

Out/in

25 28

Being Spéciale today Interview with Projects

Lecture Prizes


4-5

la Lettre du Président A WORD FROM THE PRESIDENT


Dans un monde en crise où les mutations s’accélèrent jusqu’à être parfois brutales, le fait d’être une école Spéciale est une chance. Née, comme le rappelle souvent Odile Decq, son Directeur, d’une révolte contre l’académisme, l’École Spéciale a appris à se régénérer constamment, dans sa pédagogie comme dans ses structures. Son défi, d’autant plus exigeant que le monde n’offre en ce moment que peu de visibilité et de certitudes à moyen terme, est de permettre aux étudiants de se confronter à toutes les formes d’expérimentation et d’innovation, pour acquérir une compréhension plus globale de l’architecture et pouvoir devenir ainsi des architectes “pensants, libres et critiques”, dotés d’une vision dynamique de la société dont ils deviendront des acteurs engagés. La revue Spéciale où s’applique la nouvelle charte graphique de l’École, ne reste pas à l’écart de ces évolutions. Elle décrit les partenariats accrus de l’École dans la vie culturelle de la capitale, la richesse des événements culturels qui y sont organisés, la consolidation, enfin et ce n’est pas le moindre des atouts de l’École, de sa dimension internationale.

François Bordry

In a world in crisis where mutations accelerate to the point of sometimes being brutal, being in a Spéciale school is an opportunity. As Odile Decq, the school’s Director often likes to recall, it was born from a revolt against academism, the École Spéciale has learned to regenerate itself constantly, both in its teaching and in its structures. Its challenge, all the more demanding because the world doesn’t offer much visibility and certitude beyond the short term, is to enable students to confront all forms of experimentation and innovation, to acquire a more global understanding of architecture and be able to become “thinking, free and critical” architects, with a dynamic vision of the society in which they will become engaged participants. The revue Spéciale where we are using the new style guidelines of the School, follows and captures these evolutions. It describes the partnerships of the school in the cultural life of the capital, the richness of cultural events that are organized, the consolidation, and lastly but not the least of the schools assets, its international dimension.


6-7

administration DIRECTION

Odile Decq Marie-Hélène Fabre Armelle Cochevelou Colette Janczynszyn

Directeur Général/General Director Directrice des études/Academic Head Secrétaire Générale/General Secretary Secrétaire de direction/Direction Assistant

ACCUEIL ET VIE ÉTUDIANTE/RECEPTION AND STUDENT LIFE Lucie Porchon

Accueil Bureau des stages/Reception Student Office

PÉDAGOGIE/ACADEMIC AFFAIRS Martine Jeanne Solange Buelga

COMMUNICATION Magali Vannier

Inscriptions/Registrations Pédagogie/Academic Affairs Communication et partenariats/Communication and partnerships

COMPTABILITÉ/ACCOUNTS OFFICE Valérie Bertrand Brigitte Beauchamp

Comptabilité/Accounts Office Inscriptions comptables/Registration accounts

BIBLIOTHÈQUE/LIBRARY Anne Chaise Leïla Colin-Navai

Bibliothèque Documentation/Library Documentation Bibliothèque Documentation/Library Documentation

SERVICE INFORMATIQUE/COMPUTER SERVICE François Potonet

Administration réseau/Network support

REPROGRAPHIE/PRINTING STUDIO Ihab Kalaoun Tony Borja

Reprographie Edition/Printing studio Publication Reprographie/Printing studio

LABORATOIRE AUDIOVISUEL/AUDIOVISUAL LABORATORY Grégoire d’Amiens

Laboratoire photo et vidéo/Photo and video laboratory

ATELIER MAQUETTE/MODEL WORKSHOP Pascal Bernard

Atelier maquette/Model workshop

SERVICES TECHNIQUES ET SÉCURITÉ/TECHNICAL SUPPORT AND SECURITY SERVICES

Mohamed Benabbad Eduardo Leal de la Gala Fayçal Zelmat Makan Konate Ben Abdelrahman

Technique et sécurité/Technical support and security Intendance/Supplies Office Maintenance/Maintenance Gardiennage/Care-taking Entretien/Cleaning service


Professeurs TEACHERS

ARCHITECTURE

Gokhan Avcioglu Reza Azard Philippe Barrière Platane Béres François Bouvard Fabienne Bulle Paolo Cascone Sébastien Chabbert Valérie Chatelet Peter Cook Patrick Corda Jean-François de Boiscuillé Anne Demians Véronique Descharrières Hugh Dutton Andri Gerber Tamsin Green Marie-Thérèse Harnoncourt Isabelle Hérault Huneck Karsten Olivier Leblois Lionel Lemire Przemo Lukasik Jean-Claude Moreau Vincent Pareirra Michelle Pasquier Greta Pasquini Jacques Pochoy Jean-Christophe Quinton Frank Salama Carl Fredrick Svenstedt Bernd Truempler Kenny Tsui Valérie Vaudou Marc Vaye

ART

Simon Boudvin Claire Chevrier Chantal Danjon Philippe Guillemet Nathalie Junod-Ponsard Françoise Quardon Guy Vacheret

DROIT ET GESTION/LAW AND MANAGEMENT Anne Carus Sophie Szpirglass

LANGUES/LANGUAGES

Thuy-Nahn Dao Martin Meade Brent Patterson

OUTILS DE REPRÉSENTATION/TOOLS OF REPRESENTATION

Michel Denes Paul Ehret Pierre Judde Hubert Lempereur Charles Malbrand Ivan Milisic Tobias Nolte Jean-François Oudet Juliette Pernin François Potonet Thomas Series Andrew Witt

SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES/SOCIAL SCIENCES URBANISME/URBAN PLANNING

Marie Aquilino Stéphane Bonzani Pierre Chabard Laurence Costes Thérèse Delavault-Lecocq Marc Fructuoso Bénédicte Grosjean Stefania Kenley Jacques Métrot Clément Orillard Frédérique Peyrouzère Jacques Sautereau Michel Vernes Doris Von Drathen Catherine Weinzaepflen Ann-Caroll Werquin Chris Younes Catherine Zaharia

TECHNIQUE

Niccolo Baldassini Jean-Pierre Bontoux Pierre Bourrier Jean-Pierre Braun Philippe Cœur Jean-Bernard Datry Christian Delecluse Mitsou Edwards Pierre Engel Bernard Fournier Michel Garcin Michaël Halter Jean-Pierre Laute Maria Lopez-Diaz Christine Simonin-Adam


8-9

Établissement privé d’enseignement supérieur

254 boulevard Raspail 75014 Paris Tél Fax

33 (0)1 40 47 40 47 33 (0)1 43 22 81 16

info@ esa-paris.fr www.esa-paris.fr


in/out


10-11

In /Out

Concours/Competition

Concours COMPETITION

Réseau européen des centres culturels de rencontre European Network of Cultural Centres/Historic Monuments

Il s’agit d’analyser la situation de la Saline et de proposer un projet qui prend le contre-pied de ce dessin. Il faut parler d’éphémère lorsque les bâtiments paraissent s’enraciner, chercher à jouer sur le dehors et le dedans et penser au lieu comme un théâtre pour un scénario à créer. Michel Pierre Directeur/Saline Royale Arc et Senans

The commission is to analyze the context of the Saltworks at Arc et Senans and propose a project that subverts the site. You must treat the ephemeral even though the buildings appear to be solidly rooted. Play with the relationship between inside and outside, and think about the place as a theatre for a future scenario. Michel Pierre Director/Saline Royale Arc et Senans


Plus de quatre millions de caméras dans l’espace public du Royaume-Uni. Une caméra pour quatorze habitants. Un Londonien peut être filmé trois cents fois en une journée.

Commande de Louis XV, la Saline royale, édifiée de 1775 à 1779 par Claude Nicolas Ledoux, s’implante à Arc et Senans par stratégie économique. Dans le droit-fil des philosophes des Lumières, Ledoux adopte une perfection formelle qui est censée engendrer naturellement le bien. L’harmonie du lieu et la pureté de sa géométrie doivent déterminer les conduites de ses occupants. Elle est composée de onze bâtiments théâtralement disposés en demi-cercle respectant la course du soleil. La maison du directeur prend place au centre. Les ateliers de fabrication du sel et les lieux d’habitation se développent tout autour. L’ensemble est clos par un haut mur d’enceinte. Au cours de l’Histoire cette architecture, est un espace de travail contraint et discipliné qui s’est prêté à un usage propice à l’enfermement. En 1787, le philosophe anglais Jeremy Bentham publie une théorie sur un système d’architecture carcérale appelé Panoptique. L’objectif est de permettre à une autorité située en un point central, d’observer tous les prisonniers sans que ceux-ci ne puissent savoir qu’ils sont observés. Ce dispositif doit créer un sentiment d’omniscience invisible suscitant une autodiscipline et une surveillance mutuelle. Parfaite expression de l’architecture disciplinaire, le Panoptique fonctionne par la force qui émane de son dessin architectural.

A commission of Louis XV, la Saline royale, was built from 1775 to 1779 by Claude Nicolas Ledoux, located at Arc et Senans according to economic strategy. In keeping with the philosophies of the Enlightenment, Ledoux believed that perfection of form is naturally linked to goodness. The harmony of the site and the purity of its geometry should affect the behavior of the inhabitants. It is composed of eleven buildings theatrically placed in a semi-circle following the trajectory of the sun. The director’s house has the dominant location in the center. The manufacturing workshops and the living areas surround it. The entire site is enclosed by a high wall. Over the course of history, this architecture served as a constrained and disciplined workplace that lent itself to ready use for imprisonment. In 1787, the English philosopher Jeremy Bentham published a theory on a penal system of architecture called the Panopticon. The objective is to permit an authority situated in a central point to observe all the prisoners without them knowing that they are being observed. This device creates the feeling of invisible omniscience leading to self-imposed discipline and mutual surveillance. The perfect expression of a disciplinary architecture, the Panopticon functions by the force issuing from its architectural design.

Today there are more than four millions cameras in public spaces in the UK. One camera for fourteen inhabitants. A Londoner can be filmed three hundreds times a day.


12-13

In /Out

Concours/Competition

Fermons l’ oeil ! CLOSE THE EYE !

Anna Mallac-Sim Alexandre Goinard assistants Pauline Marie d’Avigneau Marco Lavit-Nicora Atelier/Studio Andri Gerber avec/with Brent Patterson

Le contrôle comme politique de l’espace

Control as political space

Parcourez et découvrez la Saline à l'aide d'un Kit du Furtif de manière à échapper à la surveillance visuelle du directeur et des caméras. Pénétrer la Saline par le mur d'enceinte sans vous faire repérer. Frayez-vous un chemin en évitant les caméras fixes, seule la caméra de l'oculus est à balayage et surveille d'est en ouest chacune des trois parties toute les vingt secondes. Régler votre montre. Le but est d'atteindre l'oculus, symbole de la surveillance, pour le fermer. Soyez inventif et discret.

Move around and discover the saltworks using a Furtive Kit to escape the visual surveillance of the director and the cameras. Penetrate the saltworks by the surrounding wall without being seen. Create a route avoiding the cameras, only the camera of the oculus scans and covers all three parts from east to west for twenty seconds. Set your watch. The goal is to reach the oculus, symbol of surveillance, in order to shut it. Be inventive and discreet.

Kit du Furtif Sac à dos Plan de la Saline de Claude Nicolas Ledoux Masque Corde à noeuds avec grappin Montre-boussole Surveiller et punir de Michel Foucault

Furtive Kit Backpack Plan of Claude Nicolas Ledoux's Saltworks Mask Knotted rope and grapnel Compass watch Discipline and Punish by Michel Foucault



14-15

In /Out

Exposition/Exhibition

Exposition EXHIBITION

Dans l’univers d’Hilma Nathalie Junod-Ponsard

1

Le Centre culturel suédois à Paris a accueilli en avril les œuvres abstraites de l’artiste suédoise Hilma af Klint, révélant pour la première fois en France son travail. Les élèves ont été invités à créer des installations en lien avec son univers artistique et en lien avec le lieu : l’Hôtel de Marle. Les installations se sont déployées dans cet espace avec ses contraintes, le site pouvant devenir œuvre. L’ artiste suédoise est une des pionnières de l’art abstrait, comme Kandinsky à la recherche de l’invisible, Kupka s’interrogeant sur les sensations de lumière, Malevitch nommant Suprématisme sa peinture, Mondrian et sa recherche géométrique. Le monde est vibration, nous révèlent ces artistes qui ont vécu, au tournant du XIXe siècle, un développement important de nouvelles formes et recherches dans le domaine de l’art, de la science, notamment de l’optique, mais aussi dans les domaines spirituel et politique. Hilma af Klint était proche des anthroposophes et de Rudolf Steiner. Parallèlement à cette exposition monographique d’autres œuvres de l’artiste ont été présentées au mois de mai au Centre Pompidou dans l’exposition Traces du sacré. C’est dans ce contexte que les étudiants ont été initiés aux notions de l’abstraction, de la spiritualité, du naturel/surnaturel et ont cherché, à travers des concepts originaux, à révéler les forces invisibles des œuvres d’Hilma af Klint.

In April the Swedish cultural center in Paris exhibited the abstract works of the Swedish artist Hilma af Klint, showing her work for the first time in France. The students were invited to create installations connected to her artistic universe and in relation to the site : l’Hôtel de Marle. The installations were installed in this space with its constraints, the site becoming a work of art. The Swedish artist is one of the pioneers of abstract art, like Kandinsky in search of the invisible, Kupka investigating the sensations of light, Malevich calling his painting Suprematism, Mondrian and his geometrical research. The world is vibration, we reveal these artists that experienced, at the end of XIXth century, an important development of new forms and research in the domain of art and science, notably of the optic, but also in the spiritual and political domains. Hilma af Klint was close to the anthroposophs and Rudolf Steiner. Parallel to this monographic exhibition, other works by the artist were presented during the month of May at the Pompidou Centre in the exhibition Traces of the Sacred. It’s in this context that the students were initiated to the notions of abstraction, of spirituality, natural/supernatural and sought, through original concepts, to reveal the invisible forces in the works of Hilma af Klint.


1 Louis Geffroy 2 Arthur Gaston-Dreyfus 3 Allison Conley

2

3


16-17

In /Out

Partenariat/Partnership

Partenariat PARTNERSHIP

Atelier de réflexion urbaine/Urban reflection studio Patrick Corda

L’atelier de réflexion urbaine créé en 2003 à l’Université de Marne-la-Vallée par Patrick Corda dans le cadre du Master 2 d’Ingénierie, Maîtrise d’œuvre et Développement durable a été rejoint cette année par l’Esa. Il a pour vocation d’organiser des rencontres entre les différents acteurs de la ville autour d’une problématique commune afin qu’ils apprennent à se connaître et se comprendre : aménageurs, grands groupes de bâtisseur, promoteurs. This year Esa joined the workshop on urban reflection created in 2003 at the University of Marne-la-Vallée by Patrick Corda in the context of the Master 2 of Engineering, Project Management and Sustainable Development. It’s function is to organize meetings between different players in the city around a common issue so that they are able to get to know each other and understand each others’ issues : city planners, large builders’ groups, promoters.


Passerelle Valmy/Charenton-le-pont

Valmy footbridge/Charenton-le-pont

Située à l’ouest de la ville, la passerelle Valmy présente un enjeu stratégique : elle desservira le futur quartier de Bercy-Charenton. En l’état, la passerelle est vétuste et inaccessible aux personnes à mobilité réduite. Une étude d’impact fait apparaître l’intérêt d’intégrer à la problématique les terrains occupés par des entrepôts situés dans son prolongement. Situés au croisement de la passerelle et du futur quartier, les quais de Seine seront l’objet d‘une réappropriation. Cela a conduit les étudiants à imaginer un poumon vert pour relier les différentes entités.

Situated to the west of the city, the Valmy footbridge presents a strategic problem : it will serve the future neighborhood of Bercy-Charenton. In its current state the footbridge is dilapidated and inaccessible to people with reduced mobility. An impact study revealed the interest in integrating the issues of the grounds occupied by the warehouses situated in its prolongation. Situated at the intersection of the footbridge and the future neighborhood, the quays of the Seine will be the object of a reappropriation. This led the students to imagine a green lung to connect the different entities.

Soutenus par un partenariat avec Eiffage construction, Bouygues immobilier et Philia, les étudiants ont proposé une mise en forme architecturale. Au cœur d’un nouvel axe reliant le bois de Vincennes aux quais de Seine, l’espace sur dalle permettra la création de nouveaux services : parking, maison de retraite, résidence d’étudiants, hôtels, bureaux, commerces. En cœur d’îlot, un espace vert accueille des maisons écologiques. Du côté des entrepôts, un parvis est proposé pour fédérer les nouvelles stations de transports en commun. Le réaménagement des entrepôts permet d’offrir un ensemble immobilier avec bureaux, logements, halte-garderie et cité de l’artisanat. Fin juin, un exposé et une maquette ont été présentés au Maire de Charenton-le-pont, Monsieur Bretillon. Une collaboration entre collectivité territoriale, milieu universitaire, architectes, promoteurs et entrepreneurs permet de questionner et d’imaginer librement l’avenir de nos villes.

Supported by a partnership with Eiffage construction, Bouygues real estate and Philia, the students proposed an architectural layout. At the heart of a new axis linking the park of Vincennes to the quays of the Seine, the space on the slab will permit the creation of new services : parking, retirement home, student residence, hotels, offices, shops. In the middle of the block, a green space will accommodate ecological houses. On the same side as the warehouses, a square is proposed to join the new public transportation stations. The redevelopment of the warehouses enables the proposal of a real estate development with offices, housing, nursery and craft studios. At the end of June, a presentation and model were presented to the Mayor of Charenton-le-pont, Monsieur Bretillon. A collaboration between community groups, academics, architects, promoters and contractors enables us both to question and imagine freely the future of our cities. Marie-Emmanuelle Cavarec Lou Charpin Maxime Decaudin Marouan Kahil Natacha Maukowski Giulia Manini Pascale Montet

Guillaume Petit Hugo Plagnol Lucie Rieutord Lola Rosewicz Augustin Salle de Chou Maud Sauciaume Smaïl Taouffic


18-19

In /Out

Rencontre/Meeting

rencontre MEETING

Déplacements/Displacements Stalker Claire Chevrier Simon Boudvin En 2002 Stalker a fondé le réseau transdisciplinaire Stalker/Nomadic observatoire. Stalker travaille avec Rom Calderacha depuis 1999 au Campo Boario. En 2004 l’association a organisé Samudaripen, la journée de mémoire de l’holocauste des Roms. En 2007 elle a lancé une recherche sur les bidonvilles à Rome et les bidonvilles Roms, avec le projet Sur les lits de rivière, une promenade et une investigation de 60 kilomètres sur les rives du Tibre, une réunion de quelques 2000 personnes et une visite de 54 habitations informelles. La rencontre entre Casilino 900, Stalker/ON et le Département des études urbaines, qui a dessiné la maison ici présentée, a eu lieu au mois de février cette année à l’occasion d’un séminaire international Campus Rom en collaboration avec les universités de TU-Delft, l’université de Belgrade, Kth Stockholm et Onu-Habitat de Belgrade. Un voyage à travers la réalité de la vie des Roms à Rome, Belgrade et Skopje, au cours duquel 9 caravanes et des étudiants venant du monde entier étaient accueilli pour un jour et une nuit au camp Casilino 900.

In 2002 Stalker set up the transdisciplinary network Stalker/Nomadic observatory. Stalker has been working since 1999 with the Rom Calderacha at the Campo Boario. In 2004 it organized the Samudaripen, the day of memory of the Roma Holocaust. In 2007 it began research into shantytowns in Rome and the Roma shanty towns, with the project On the river beds, a walk and inquiry covering 60 kilometers on the banks of the Tiber, meeting some 2000 people and visiting 54 informal settlements. The encounter between Casilino 900, Stalker/ON and the Department of Urban Studies, which designed the house presented here, took place in February of this year on the occasion of the international Campus Rom seminar held in collaboration with the universities of TU-Delft, Belgrade University, Kth Stockholm and Un-Habitat of Belgrade. A journey through the reality of Roma life in Rome, Belgrade and Skopje, which with 9 campers and students from all over the world found hospitality for one day and night at the Casilino 900 camp.


Savorengo Ker Une maison pour tout le monde

Savorengo Ker House for Everyone

Savorengo Ker a été dessinée et construite par les Roms et les Gages avec l’idée de mettre en valeur les pratiques distinctes du logement et de la construction des Roms pour mieux les enraciner dans une proposition compréhensible et acceptable aux non-Roms. Cette expérience est née d’un projet de recherche sur les styles de vie, les typologies de logement et les techniques de construction utilisées par les Roms, mais aussi de l’observation, effectuée lors des nombreuses visites, des constructions exemplaires du camp, le tout accompagné d’une formation d’un mois à la construction, dirigée par les bâtisseurs les plus doués du camp Casilino 900. Cette expérience a favorisé un apprentissage réciproque entre hommes, femmes, enfants, enseignants, élèves, architectes et professionnels, qui se retrouvaient chaque soir autour d’un feu, mangeant de la viande grillée, buvant des toasts, échangeant des histoires, discutant quoi construire le lendemain.

Savorengo Ker was designed and built together by Roma and Gage with the idea of exploiting the Roma people’s own distinctive practices of dwelling and building and embedding them in a proposal comprehensible and acceptable to non-Roma. It grew out of a research project into the lifestyles, housing typologies and building techniques used by the Roma, observed during numerous visits to the better houses in their camps and subsequently at a month-long construction-school directed by the most skillful builders of the Casilino 900 camp. It fostered reciprocal learning between men, women, children, teachers, students, architects and professionals, who ended up every evening around open fires eating barbecued meat, drinking toasts, swapping stories and discussing what to build the next day.

Savorengo Ker est une maison expérimentale, le résultat d’un processus ouvert et indéterminé dont le résultat final était inconnu au début. C’est le produit d’un croisement entre deux cultures différentes qui étaient prêtes à prendre des risques et à déterminer les règles du jeu du camp. Chaque jour ils s’étonnaient des résultats accomplis. Les formes et les dimensions uniques de ce bâtiment, comme ses décors et son image, ont été possibles par ce processus d’expérimentation relationnelle. Savorengo Ker n’est pas une maison que pour les Roms, mais pour tout le monde. C’est l’idée du logement que les Roms offrent à ceux qui ont besoin d’une maison en Italie actuellement en rendant disponible leurs stratégies écologiques et économiques : bas niveau de consommation, récupération et recyclage des matériaux, autoconstruction, flexibilité et commodité comme traits de la maison : tous ces éléments, avec la conception de la famille étendue fondée sur la solidarité représentent une matière importante valant référence, réponse à la crise du logement en Italie.

Savorengo Ker is an experimental house. It represents the result of an open-ended and indeterminate process in which the final result was not known at the start. It is the fruit of the meeting between two different cultures that were ready to put themselves on the line and decided the rules of the game on the campsite. Each day they were astonished at the results achieved. The building’s original forms and dimensions, like its decorations and its image, could only have grown out of this process of experimenting with relationships. Savorengo Ker is not a home for the Roma but for everyone. It is an idea of housing that the Roma are offering to all those in need of a home in Italy today by making available their ecological and economic strategies: low levels of consumption, the recovery and recycling of building materials, selfbuild, flexibility and convenience as features of the house : all elements that together with the conception of the extended family based on solidarity represent an important resource, worth considering as an answer to the housing shortage in Italy.

Francesco Careri


20-21

In /Out

Rencontre/Meeting

Cartographie et déplacement Cartography and displacement Claire Chevrier De la carte à la pratique physique d’un espace Proposition pour interroger et expérimenter le paysage urbain actuel. L’idée de paysage a beaucoup évolué avec les nouveaux systèmes de transport, de captation d’images et de représentation. C’est aussi une réflexion autour d’un espace mental de représentation qui peut être abordé par des voies liées au social et au politique ou bien d’ordre plus personnel, imaginaire. From the map to the physical use of a space Propositions to interrogate and experiment the current urban landscape. The idea of landscape has evolved a great deal with new systems of transportation, image capturing and representation. It’s also a reflection around a mental space of representation that can be approached by way of the social and the political or even in a more personal or imaginary way.

Sébastien Favresse

Réminiscences Reminiscences Alexandre Courtois 20H30 : Rer Val d'Europe/Paris Je sombre doucement dans la torpeur, les références pastiches que cette ville à imposé à mon œil se télescopent, se mélangent et se superposent pour ne former finalement qu'un tout informel, l'abstraction d'un réel artificiel. Le travail consiste en la superposition méthodique d'une centaine de photographies prises à Val d'Europe, ville nouvelle érigée sous la houlette de Disneyland, véritable patchwork de stéréotypes architecturaux souvent douteux s'articulant autour de la plus grande galerie marchande d'Europe.

8:30 p.m. : Rer Val d'Europe/Paris I flounder in a torpor, the pastiche references that this city has imposed on my eyes are telescoping, mixing and superposing, in the end creating an informal ensemble, an abstraction of an artificial reality. The work consists of the methodical superposition of roughly a hundred photographs taken at Val d'Europe, new town erected under the direction of Disneyland, a real patchwork of architectural stereotypes, often questionable, articulate themselves around the largest shopping center in Europe.


Perspective de l’expérience Perspective of the experience Simon Boudvin www.exometries.net/perspectives/Le site est une compilation de traces : photos, vidéos, textes, éditées lors d'explorations urbaines programmées dans le cadre de recherches de l’atelier de pratiques artistiques. Chacun de nous avions les coordonnées Gps précises d’espaces à visiter, à documenter. Des espaces étranges, périphériques, délaissés, déprogrammés, déclassés. Des monstres urbains d'exceptions que nous nous proposions de rejouer plutôt que de les représenter. www.exometries.net/perspectives/The site is a compilation of traces : photos, videos, texts, edited during the urban explorations programmed in the context of the research of the workshop on artistic practices. Each one of us has the precise Gps coordinates of the spaces to be visited and documented. Strange, peripheral, dilapidated, unused, declassified spaces. Exceptional urban monsters that we propose to replay rather than represent. Installation d’une échelle Installation of a scale Guillaume Henry Lucas Biberson

Beaugrenelle 48°50’57.65 N 2°17’01.11 E/Libréchelle sarl Pyramide inversée, jardin suspendu, inaccessibilité. Quelle fonction pour cet espace ? Injustice de l'espace public, espace vert emprisonné, cadenassé. Nous proposons de l'ouvrir. Inversed pyramid, suspended garden, inaccessibility. What function for this space ? Injustice of public space, green space imprisoned, locked in. We propose to open it.


22-23

In/Out

Charte graphique/Style guidelines

charte graphique

STYLE GUIDELINES

Studio Plastac Fanny Desbordes Adrien Cuingnet Romain Riousse

“Nous avons abordé le concours de l’Esa pour le renouvellement de son identité visuelle comme un terrain d’expérimentations dans la continuité de nos études. Il y avait pour nous l’idée de se confronter à un projet graphique d’envergure, puisque nous y voyions l’occasion d’aborder plusieurs domaines de la création visuelle, de faire cohabiter plusieurs savoir-faire auxquels nous prétendions : graphisme, design et multimédia. Notre réponse s’est ancrée dans cette idée de mélange des genres : typographie, édition, vidéo, signalétique. Il s’agissait de développer dans un premier temps une logique, un univers, plus qu’une identité figée, trop institutionnelle. Lors de nos entretiens avec la direction de l’école, nous avions retenu une formule : chic et zazou. Ce qui a servi de prélude à nos expérimentations et à la définition d’un univers coloré. Nous sommes également partis du principe selon lequel, l’Esa est un lieu d’apprentissage où les productions des étudiants restent la plupart du temps au stade de projet. La maquette est une étape importante de formalisation. Nous nous sommes servi de ce mode d'expression pour notre réponse. Le travail de maquette en volume, a rejoint une démarche de création typographique qui nous permettait de créer un système cohérent pour l’identité de l’école. Cette typographie réalisée à partir de carton gris et de papier a ensuite été photographiée puis numérisée. Nous avons également créé, suivant le même processus, d’autres écritures, et un ensemble de formes basiques réinterprétées en écho aux cartouches du vocabulaire architectural. La mise en place d’un processus de création cohérent pour cette identité nous a semblé important à explorer dans un contexte d’école. Ces colonnes nous donnent l’occasion d’en présenter les grandes lignes. Pour le reste, nous espérons que les signes qui envahissent peu à peu le 254 boulevard Raspail, vous parlent. Leur élaboration est un chantier en cours.”



24-25

In/Out

1 Intitulé simple Simple title

Charte graphique/Style guidelines

2 Cartouche unique Single cartel

abcdefghijklm nopqrstuvwxyz 1234567890

3 Logo coloré Colored logo

Dessin de la typographie Typography design Akkurat Spéciale Akkurat Plan

abcdefghijklm nopqrstuvwxyz 1234567890 “We approached the Esa competition for renewing its visual identity as a ground for experimenting the continuity of our studies. We had the desire to take on an ambitious graphic project, as we saw the possibility to address several domains of visual creation, to combine several skill areas which we claim to have : graphics, design and multimedia. Our proposal is anchored in this idea of mixing genres : typography, publishing, video, signaletics. It was a matter of initially developing a logic, a universe, more than a frozen identity, which would be too institutional. During the interviews with the direction of the school, we retained a formula : chic and jazzy. This served as a prelude to our experimentations and to the definition of our colored universe. We also began with the principle that Esa is a place of learning where the productions of the students remain for the most part at the project stage. The model is an

important stage of formalization. We used this means of expression in our proposal. The modeling in volume, joined an approach to typographical creation that enabled us to create a coherent system for the school’s identity. This typography created from cardboard and paper was then photographed and digitalized. We equally created, following the same process, other scripts, and a collection of basic, reinterpreted forms echoing cartouches of architectural vocabulary. The establishment of a process of coherent creation for this identity appeared to be important for exploring the context of the school. These columns give us the opportunity to present the general ideas. As for the rest, we hope that the signs slowly invading 254 boulevard Raspail, will speak to you. Their elaboration is a construction site underway.”


BEING

être Spéciale aujourd'hui TODAY


26-27

Etre Spéciale aujourd’hui

Odile Decq

Vouloir être architecte Il est frappant de constater à quel point les candidats, postulant à l’entrée des études d’architecture, sont déterminés à devenir architecte sans vraiment savoir en fin de compte quel est ce métier. Dès la première année, dès le premier semestre arrivent les premiers craquements. Dans l'esprit des débutants, la mise à bas des idées reçues questionne les certitudes et déstabilise parfois cette détermination. A la fin du premier cycle des trois premières années d’études, l’examen d’entrée dans le second cycle permet de faire un premier bilan : pourquoi, encore, vouloir être architecte ? La détermination à exercer ce métier est toujours là. Mais pour quoi faire ? A quoi servons-nous, nous les architectes ? Dans un monde, lui aussi chamboulé et en perpétuelle agitation, parfois inquiétante et parfois enthousiasmante, que pouvons-nous faire ? Alors que la pensée sur le monde paraît bien rétrécie et sans grande envergure, alors que le discours des politiques nous semble de plus en plus à courte vue, je crois que l’architecte a un rôle à jouer et ce n’est pas un petit rôle. Notre arme est la capacité que nous développons à gérer le temps. Notre travail est ainsi fait que le temps qui s’écoule entre le moment de l’idée initiale d’un projet et le jour de l’inauguration du bâtiment qui en est l’objet, est long et même souvent très long. Il peut s’agir de 3 ans comme de 10 ou 15 ans. Et pendant tout ce temps il nous faut garder le cap de l’étincelle originelle quelles que soient les tourmentes à subir et les tempêtes à traverser. Tenir le cap de notre vision d’origine et ne jamais lâcher pendant de longues années quelles que soient les négociations que nous accordons. En cela, c’est un métier rare presque unique. Seuls les révolutionnaires convaincus de leurs idéaux et les idiots bloqués sur leurs lubies sont embarqués dans le même type d’aventure. C’est inquiétant ! Plus encore, nos réalisations ne sont pas temporaires mais elles vont bien souvent durer longtemps et être investies et habitées par ceux que nous ne connaissons pas ou qui ne sont pas encore nés. Aussi, c’est ce temps long de nos projets qui est notre chance car il nous oblige à être constamment tournés vers le monde en devenir. Nous ne travaillons pas pour hier ni même pour aujourd’hui mais pour demain. Il nous faut donc toujours être en curiosité de la température du monde en mouvement d’évolution constante, toujours être en quête de la société de demain pour comprendre les besoins à venir à partir des manques d’aujourd’hui. Notre responsabilité est alors d’être visionnaires dans le plus noble sens du terme. Pas des hurluberlus futuristes mais de véritables questionneurs d’avenir. Cette responsabilité nous donne aussi le devoir du sens de notre action. Certes, au cours des longues études d’architecture, nous nous devons d’apprendre les techniques, de savoir construire, de savoir organiser les fonctionnalités, de savoir questionner l’environnement et économiser l’énergie sous toutes ses formes, tout ceci est normal ; mais l’homme et son avenir sont une toute autre histoire. Où est-il dans tout çà ? Etre architecte, c’est tout de même, d’abord et avant tout, organiser de manière juste sous tous les plans un lieu de vie pour les hommes, pour leur permettre d’avoir une vie décente. Et, pour cela l’architecte se doit d’être engagé. Engagé au service des hommes, au service de l’avenir des hommes ! Chacun des toits, du plus beau au plus laid, que chaque architecte conçoit pour abriter les activités des hommes de demain est une marque, une trace laissée de son engagement à leur service. Lorsque Massimiliano Fuksas choisissait pour thème de la Biennale de Venise en 2000 “Less Aesthetic, More Ethic”, il nous invitait simplement à réfléchir sur le sens à donner à notre action en tant qu’architecte. La forme, certes mais pas seulement ! C’est pourquoi, c’est à lui que j’ai demandé d’accepter d’être l’invité d’honneur de la fête de l’été et d’inaugurer l’exposition des travaux du semestre de printemps 2008. 1er septembre 2008

Odile Decq Directeur Général


Being Speciale today

Odile Decq

éditorial Wanting to be an architect Its striking to note to what extent candidates postulating to enter architectural studies are determined to become architects without really realizing what the profession is about. From the first year, from the first semester the cracks begin. In the spirit of novices, the pulling down of received ideas questions certainties and occasionally destabilizes this determination. At the end of the first cycle, the first three years of study, the exam to enter into the second cycle permits them to make a first assessment : why desire to become an architect ? What purpose do we architects serve ? In a world so upside down and perpetually agitated, at times troubling and at times exciting, what can we do ? Even though reflection about the world seems to have narrowed and is without much scope, and even though the speeches of politicians appear to be more and more short-sighted, I think that the architect has a role to play and it isn’t a small one. Our weapon is the capacity we develop to manage time. Our work is such that the time that passes between the moment of the initial idea of a project and the day that the building is inaugurated is long, often very long. It can take 3 years and even 10 or 15 years. And during this time we need to maintain the original spark regardless of the torments suffered and tempests traversed. We must maintain the course of our original vision and never let go of it during the long years regardless of the negotiations that we accept. In this respect, it’s a rare profession, almost unique. Only revolutionaries sure of their convictions and idiots blocked by their mad ideas embark on the same type of adventure. It’s troublesome ! Even more so because our creations are not temporary, rather they often last a long time and are used and inhabited by people we don’t know or who are not yet born. Also it is the duration of our projects that creates our opportunity as it obliges us to constantly turn to the changing world. We don’t work for yesterday, nor even today, but for tomorrow. We must always be curious of the climate of this moving world that is constantly evolving, always be on a quest for the society of tomorrow to understand the coming needs according to the shortcomings of today. Our responsibility is therefore to be visionary in the most noble sense of the term. No futurist cranks but true questioners of the future. This responsibility also gives us the sense of duty of our action. Of course, during the long architectural studies, we must learn the techniques, know how to construct, know how to organize the functionalities, know how to question the environment and economize energy in all its forms, all that is normal ; but man and his future are a completely different story. Where is mankind in all that ? Being an architect is first and foremost, a matter of organizing in a just manner and in all circumstances, a living place for men that allows them to have a decent life. And for that the architect must be implicated. Implicated in the service of mankind and the service of the future of mankind. Each roof, from the most beautiful to the ugliest, that each architect designs to shelter the activities of tomorrow is a mark, a trace left of his or her responsibility to this service. When Massimiliano Fuksas chose as the theme of Venice Biennale of 2000 “Less Aesthetics, More Ethics”, he invited us to reflect simply on the sense given to our actions as architects. The form, certainly, but not only ! That’s why, I asked him to be the guest of honor of the summer celebration and to inaugurate the students’ work of the spring semester 2008.


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Massimiliano Fuksas

Entretien avec l'invité d'honneur massimiliano Fuksas INTERVIEW WITH GUEST OF HONOR Antoine Flament & Ahmed Zaouche


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A.F & A.Z : Vous êtes l'invité de l'exposition du semestre de printemps 2008. Que pensez-vous des projets exposés ? Quel regard portez-vous sur les travaux primés et quelle comparaison faîtesvous entre l'école française d'architecture et le système universitaire italien ? Massimiliano Fuksas : J'ai animé deux ateliers à l'Esa à l'invitation en 1988 de Marc Vaye et en 1997 de Paul Virilio. Je suis donc lié à l'histoire de cette école. Ce qui me paraît évident aujourd'hui c'est que l'Esa n'est pas une école française au sens classique du terme. Les travaux donnent à voir une grande liberté qui se traduit dans la variété des thèmes et des démarches des différents ateliers. On voit, enfin, qu'après le système des Unités pédagogiques, les écoles françaises intègrent des problématiques qui sont de l'ordre de la globalisation. Le temps de l'autosatisfaction française laisse la place aux questionnements architecturaux et aux doutes que suscite la mondialisation. L'association au sein de l'Esa de professeurs et d'élèves de différentes nationalités, plus de cinquante, produit des richesses et des options techniques singulières. Ce qui m'a marqué aussi, c'est l'importance accordée à l'écrit dans le travail de conception architecturale. Une chose est certaine, nous ne sommes plus dans la production d'objets neutres et romantiques. L'histoire des écoles d'architecture est récente. Avant cela, il y avait l'Académie et les Beaux-Arts. L'architecture se réduisait bien souvent au façadisme et à l'ornementation d'espaces remarquables. Puis nous avons assisté à la primauté des questions techniques.

Massimiliano Fuksas

A.F & A.Z : You have been invited to the exhibition of the spring semester 2008. What do you think of the projects in the exhibition ? What is your opinion of the winning projects and what comparison can you make between the French architectural school and the Italian university system ? Massimiliano Fuksas : I was invited to lead two workshops at Esa one in 1988 by Marc Vaye and another in 1997 by Paul Virilio. I am therefore connected to the history of this school. What seems obvious to me today is that Esa is not a French school in the classical sense of the term. The work shows a great freedom that is expressed in the variety of themes and approaches of the different workshops. We see, finally, that after the system of pedagogical units, the French schools integrate problems related to globalization. The period of French self-satisfaction is giving way to architectural questions and uncertainties that incite globalization. The association at the heart of Esa of teachers and students of different nationalities, more that fifty in total, produce richness and unique choices in terms of techniques. What also struck me was the importance given to writing in the work of architectural conception. One thing is certain, we are not talking about the production of neutral and romantic objects. The history of schools of architecture is recent. Before them, there was the Academy and the Beaux-Arts. Architecture was often reduced to façadism and the ornamentation of remarkable spaces. Then we saw the primacy of technical questions.




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Massimiliano Fuksas

L'école d'architecture n'est donc pas toujours en adéquation avec l'architecture et cela n'est peut-être pas si mal. L'architecte a le droit de se positionner comme un artiste et de s'ouvrir à de nouvelles possibilités de créations. Et cette démarche purement artistique exige autant de discipline qu'une pratique plus consensuelle de l'architecture.

The school of architecture is not always in accord with architecture and perhaps that isn’t a bad thing. The architect has the right to position himself as an artist and to be open to new possibilities of creativity. And this purely artistic approach demands as much discipline as a more consensual architectural practice.

A.F & A.Z : Vous avez été l'assistant du peintre italien Giorgio de Chirico. Comment en êtes-vous venu à l'architecture ?

A.F & A.Z : You were the assistant of the Italian painter Giorgio de Chirico. How did you come to architecture ?

Massimiliano Fuksas : Sans doute pour faire plaisir à ma mère qui était terrifiée à l'idée que je puisse devenir artiste. Je suis peintre avant tout. J'ai commencé à m'intéresser un peu à l'architecture jusqu'à y succomber. L'architecture me paraît quelquefois, parmi toutes les expressions artistiques, la moins intéressante. J'ai mis du temps à comprendre pourquoi elle pouvait être intéressante. L'architecture a plus de mal à toucher le cœur et les yeux de l'homme de la rue car elle n'est pas un langage. L'architecture ne peut pas gérer toutes les contraintes de la vie quotidienne. L'architecte doit donc s'attacher à donner de la douceur au monde et ne jamais cesser de se renouveler car le formalisme vide l'architecture de sa force de création. A.F & A.Z : La médiatisation de certains architectes internationaux semble amener de grandes agences à se figer dans un certain type de vocabulaire qui fait fonction de signal, de marque de fabrique. Le rapprochement ostensible des star'architectes avec le pouvoir complète l'intégration de leurs travaux dans le système. Qu'en pensez-vous ?

Massimiliano Fuksas : Probably to make my mother happy, she was terrified by the idea that I could become an artist. I’m a painter above all else. I began to be a little interested in architecture until I completely succumbed. Architecture sometimes seems to me to be the least interesting among all the forms of artistic expression. It took me some time to understand how it could be interesting. Architecture has the hardest time to reach the heart and eyes of the man in the street because it is not a language. Architecture cannot manage all the constraints of daily life. The architect must therefore be committed to giving a gentleness to the world and never stop renewing himself as formalism empties architecture of its creative force. A.F & A.Z : The mediatization of certain international architects seems to lead large agencies to become stuck in certain vocabularies that function like signals, manufacturing brands. The ostensible connection of star architects to power indicates the integration of their work into the system. What do you think ?

“ Je suis peintre avant tout ” ª


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Massimiliano Fuksas : Personnellement, je n'ai jamais employé deux fois le même vocabulaire architectural. Il faut se mettre en danger. Voyez le projet de l'aéroport international de Shenzhen en Chine, inspiré d'une raie. Comme ce poisson des fonds marins, sa structure respire, change de forme, prend la lumière, la renvoie et la filtre de l'intérieur. Il faut rester irrégulier, changer de vocabulaire. Même quand le projet est défini il faut accepter de le remettre en cause. L'objectif n'est pas de chercher l'innovation à tout prix. Il faut plutôt ne pas être prisonnier de soi-même ni de son propre style. Le formalisme vous amène à intégrer le système. Le pouvoir n'accepte jamais l'architecture tant les forces et les esprits de conservation sont féroces. La médiatisation des architectes a toujours existé. Palladio lui-même a été médiatisé et a édité des livres à cette intention. On peut également citer Francesco Borromini l'architecte maudit. L'architecte, surtout quand il veut être publié, est un homme fragile. On peut mourir de médiatisation. Garder sa force de conviction est l'un des défis de l'architecte. A.F & A.Z : Vous construisez depuis les années quatre-vingt, qu'est-ce qui a changé dans votre manière de construire et dans votre rapport aux matériaux ? Massimiliano Fuksas : Je construis depuis toujours et rien n'a changé. J'ai commencé à construire contre et ensuite j'ai construit pour. Contrairement aux architectes de ma génération, j'ai eu la chance de commencer à construire très jeune. J'étais totalement opposé au système académique de ma formation et en particulier aux post-modernes et notam-

Massimiliano Fuksas

Massimiliano Fuksas : Personally, I have never used the same architectural vocabulary twice. We must take risks. Take the project for the international airport of Shenzhen in China inspired by a manta ray. Like this fish from the ocean depths, its structures breathes, changes form, takes light, reflects it and filters it from the interior. We must remain irregular, change the vocabulary. Even when the project is defined we must question it. The objective is not to look for innovation at any cost. We must not become prisoners of ourselves, nor of our own style. Formalism integrates you into the system. Power is never open to architecture while conservative forces and spirits are strong. The mediatization of architecture has always existed. Palladio himself was mediatized and edited books with this intention. We can also cite the example of the accursed architect Francesco Borromini. The architect, particularly when he wants to be published, is fragile. Mediatization can kill. To keep the force of convictions is one of the challenges of architect. A.F & A.Z : You have been building since the eighties, what has changed in your manner of building and in your relationship to materials ? Massimiliano Fuksas : I have always been building and nothing has changed. I started building against and then after I started building for. Contrary to architects of my generation, I had the chance to begin building when I was very young. I was totally opposed to the academic system of my education and in particular to postmodernists, especially to Rossi. I always wanted to confront the building site and the design. I didn’t want my designs to be elaborated or

“ On peut mourir de médiatisation” ª


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ment à Rossi. J'ai toujours voulu me confronter au chantier et au dessin. Et je ne voulais pas que mes dessins soient élaborés et figés avant l'exécution des projets. Le chantier a un grand potentiel puisque des choses peuvent changer au cours du processus et l'on ne sait pas toujours où il faut s'arrêter. C'est pour cela qu'à un moment, le chantier comme la peinture, peut vous échapper. Il faut privilégier le processus, autrement dit le geste créateur au détriment de l'objet fini. On assiste aujourd'hui à une accélération du processus de construction et à une dynamique forte de l'économie immobilière. J'ai été très marqué par l'Arte Povera et je voulais détourner des matériaux bruts. J'ai utilisé, entre autres, du cuivre, du zinc coloré en façade pour en faire un élément de composition artistique ou encore de la tôle perforée à la manière de Lucio Fontana. Je viens du monde de l'art et je pense qu'au-delà de sa fonctionnalité, il faut que l'architecture donne de l'émotion. J'ai été marqué pendant mes études par des architectes comme Archigram et Jørn Utzon, l'architecte de l'Opéra de Sydney, mais aussi par des artistes comme Joseph Beuys et les Land'artistes qui ont anticipé de vingt-cinq ans nos conceptions actuelles. A.F & A.Z : Si les matériaux de construction se sont diversifiés et sophistiqués considérablement depuis les années quatre-vingt, il faut noter aussi la vulgarisation des outils informatiques. Des architectes comme Franck Gehry ont profondément modifié la façon de concevoir l'architecture et produisent des formes libres et organiques impossibles à concevoir sans l'informatique. L'homme n'aurait le temps, ni de les dessiner ni de les calculer. Comment avez-vous intégré ces processus ?

Massimiliano Fuksas

fixed before the execution of the projects. The building site has a huge potential as things can change during the process and one doesn’t always know where to stop. That’s why at moments, the building site, like painting, can elude you. You must privilege the process, from the creative gesture to the finished object. Today we are seeing an acceleration in the process of construction and the strong dynamic of the real estate economy. I was greatly affected by Arte Povera and I wanted to twist brut materials around. Among other materials, I used copper, colored zinc on a façade to create an element of artistic composition and even perforated sheet metal in the style of Lucio Fontana. I come from the world of art. I think, beyond its functionality, architecture must give emotion. I was struck during my studies by architects like Archigram and Jørn Utzon, the architect of the Sydney Opera, but also by artists like Joseph Beuys and the land artists that anticipated our current conceptions by twenty-five years. A.F & A.Z : If the materials of construction have become considerably more diversified and sophisticated since the eighties, we should also draw attention to the vulgarization of computer tools. Architects like Frank Gehry have profoundly modified the way in which architecture is conceived and have produced free and organic forms impossible to conceive of without the computer. Man has neither the time to design or calculate them. How did you integrate this process ?

“ J'ai été très marqué par l'Arte Povera”


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Massimiliano Fuksas : La pratique de l'informatique au sein de mon agence est beaucoup plus simple. Nous faisons d'abord une sculpture et nous modélisons une maquette en 3D. La matérialité physique des choses est primordiale, l'une modifiant l'autre. Mais je trouve dégoûtant de construire un modèle et de retoucher virtuellement des points, parci par-là, pour faire des formes atypiques. Le projet y perd vite son échelle et sa sensibilité. Nous travaillons toujours comme si c'était la même matière aussi bien en 3D qu'en maquette. Nous avons commencé à travailler sur la forme, puis nous avons essayé de la dépasser pour travailler sur le vide. A Strasbourg, nous avons essayé de dépasser la forme. Le passage entre l'extérieur et l'intérieur est devenu l'espace majeur. A Shenzhen, le terminal a été spécifiquement conçu afin de répondre aux besoins des passagers en tenant compte de facteurs environnementaux et économiques. Les calculs informatiques ont permis de modéliser et de limiter au maximum les distances parcourues tout en réduisant la consommation d'énergie et en permettant à la lumière naturelle de pénétrer l'édifice. A.F & A.Z : Vous êtes souvent interrogé sur la Biennale de Venise que vous avez pensé en 1998 avec ce slogan resté célèbre Less aesthetics, More ethics. Une morale qui reste d'actualité dans tous les discours officiels sur l'architecture. Qu'en pensez-vous ? Massimiliano Fuksas : Je ne suis pas moraliste. Cette formule traduit plutôt une conviction : l'architecture, telle que nous l'avons connue, risque de disparaître. Seule perdure une architecture d'objets solitaires qui ne peuvent faire ni la

Massimiliano Fuksas

Massimiliano Fuksas : The use of computers in my studio is much more simple. We first make a sculpture and we create a model in 3D. The physical materiality of things is primordial the one modifies the other. But I find disgusting to construct a model and virtually alter points here and there, to make atypical forms. The project quickly loses its scale and sensitivity. We always work as if it was the same material in 3D as in the model. We began working on the form then we tried to move beyond to work on the void. In Strasbourg, we tried to go beyond the form. The passage between exterior and interior has become a major space. In Shenzhen, the terminal was specifically designed to respond to the needs of passengers, taking into account environmental and economic factors. The computer calculations allowed us to create a model and decrease as much as possible the distances traveled while reducing energy consumption and allowing natural light to penetrate the building. A.F & A.Z : You are often asked about the Venice Biennale that you thought up in 1998 with the famous slogan Less Aesthetics, More Ethics. A moral ethic that has remained current in all official discourse about architecture. What do you think ? Massimiliano Fuksas : I’m not moralistic. This formula communicates more a conviction : architecture, as we have known it, risks disappearing. Only an architecture of solitary objects endures, one that cannot create city nor urbanity. Thus I asked architects to show their generosity. I invited Didier Fiuza Faustino, who was still totally unknown, to participate and who designed his

“ Nous faisons d'abord une sculpture ”




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Massimiliano Fuksas

ville ni produire de l'urbanité. Donc, j'ai demandé aux architectes de faire preuve de générosité. J'ai invité Didier Fiuza Faustino qui était encore totalement inconnu et qui a dessiné ses célèbres valises de transport d'immigrés clandestins. Mais Zaha Hadid a fait Zaha Hadid et Rogers a fait Rogers. Il nous importait de questionner des réalités urbaines comme la paupérisation, les déplacements de populations, la misère humaine, par le biais de l'architecture. Une architecture qui fait sens. C'était aussi une occasion de réfléchir à la place des architectes dans la société. L'architecture des développeurs immobiliers ne laisse pas de place à l'émotion ni à la capacité d'anticipation. Or leur place est plus grande que celle des architectes. Ces derniers ne doivent pas produire que du beau, ils doivent nécessairement participer aux débats éthiques sur la globalisation, l'environnement et le développement durable.

famous suitcases for transporting clandestine immigrants. But Zaha Hadid did Zaha Hadid and Rogers did Rogers. It was important to question urban realities like impoverishment. An architecture that makes sense. It was also an opportunity to reflect on the role of architects in society. The architecture of real estate developers doesn’t leave any room for emotion nor the capacity for anticipation. These last items should, in addition to producing beauty, also participate in ethical debates about globalization, the environment and sustainable development.

A.F & A.Z : Le Nuovo Polo Fiera à Milan avec sa grande dimension dépasse l'aspect purement fonctionnel pour redéfinir un nouveau paysage. Dans vos projets, y a-t-il une influence particulière d'Aldo Rossi et en particulier de ses mégastructures qui tentent de recréer la ville là où elle n'existe pas ?

Massimiliano Fuksas : I agree with you about the power of the megastructure, but Aldo Rossi, who didn’t take any risks, has never been part of my language. He didn’t find the means of assembling disparate things and his work has at times been reduced to an exercise in style. Many architects talk of landscape, I prefer to use the term geography rather than landscape because it integrates the notion of economy as well as landscape. Geography is much richer. That also assumes rebuilding on an already existing platform, rebuilding the city on the city.

Massimiliano Fuksas : Je suis d'accord avec vous sur la puissance de la mégastructure, mais Aldo Rossi, qui ne prenait pas de risques, n'a jamais fait partie de mon langage. Il n'a pas trouvé le moyen d'assembler des choses disparates et son travail s'est parfois réduit à un exercice de style. Beaucoup d'architectes parlent de paysage, je préfère employer le terme de géographie plutôt que de paysage car il intègre la notion

A.F & A.Z : The Nuovo Polo Fiera in Milan with its large dimension goes beyond the purely functional to redefine a new landscape. In your projects, is there a particular influence of Aldo Rossi and particularly of his megastructure that attempt to recreate the city where it doesn’t exist ?

The triptych economy/landscape/human being is more interesting than landscape. The city, in its traditional sense, no longer exists.

“ Seule perdure une architecture d'objets solitaires ”


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d'économie ainsi que celle de paysage. La géographie est beaucoup plus riche. Cela suppose aussi de reconstruire sur un socle déjà existant, de refaire la ville sur la ville. Le triptyque économie/paysage/être humain est plus intéressant que paysage. La ville, dans son acception traditionnelle, n'existe plus. A.F & A.Z : Quelle vision portez-vous sur le projet du Grand Paris ? Est-ce que vous participez aux études et aux théories urbaines des équipes sélectionnées ? Massimiliano Fuksas : Je ne théorise sur rien car je déteste la théorie et je n'en ai pas besoin. Je construis et je constate que d'autres théorisent pour avoir des commandes. Seule l'intuition compte pour moi. Je me positionne comme un artiste. Ce que l'on peut faire pour le Grand Paris, c'est intégrer l'idée que la mondialisation est un fait réel et qu'il faut l'accepter. Nous ne pouvons plus vivre en cercle clos, entre européens et américains. Nous ne comptons que pour six cent millions et les autres sont plus de six milliards. J'ai dit à Nicolas Sarkozy que, pour moi, le Grand Paris n'est pas une problématique urbaine. Les études théoriques ne suffisent pas. Le Grand Paris, c'est avant tout une question de gouvernance. Une gouvernance à la fois globale et locale.

Massimiliano Fuksas

A.F & A.Z : What vision do you have of the project of greater Paris ? Are you participating in the urban studies and theories of the teams selected ? Massimiliano Fuksas : I don’t theorize about anything as I hate theory and I don’t need it. I build and I notice that others theorize in order to have commissions. Only intuition counts for me. I position myself as an artist. What we can do for greater Paris is to integrate the idea that globalization is a real fact and we must accept that. We can’t live in an enclosed circle between Europeans and Americans anymore. We are only six hundred million and the others are more than six billion. I told Nicolas Sarkozy that for me greater Paris is not an urban problematic. The theoretical studies aren’t sufficient. The greater Paris, is first and foremost a question of governance. A governance that is both global and local.

“ Le Grand Paris, c'est avant tout une question de gouvernance ”



Projets Projects Une pédagogie ouverte, en renouvellement. Ce semestre de printemps a été, pour les étudiants, riche en expériences nouvelles et, une fois de plus, l'occasion pour l'Esa d'affirmer la diversité de ses enseignements et de ses enseignants. Le renouvellement des méthodes d'apprentissage de certaines disciplines, les approches différentes de l'enseignement du projet apportées entre autres par les professeurs visiting étrangers et les nouvelles dynamiques pédagogiques émergeant au sein de l'Esa ont contribué à ces qualités. Autre fait marquant, l'ancrage de nombreux événements et travaux dans l'actualité architecturale et culturelle : les travaux des étudiants de Nathalie Junod-Ponsard réalisés et montrés en relation avec l'exposition de Hilma Klimt, au Centre culturel suédois ; la conférence de Michael Hensel, chef de file du groupe interdisciplinaire Ocean, dont les travaux étaient présentés au Frac Centre ; la conférence de l'architecte et designer Andrea Branzi en dialogue avec son exposition à la Fondation Cartier ; la participation de l'école, en association avec la Saline d'Arc et Senans, via les étudiants de l'atelier Andri Gerber, à un concours organisé par le réseau européen des centres culturels et de rencontre ; le workshop du designer Olivier Peyricot en marge de son exposition dans une galerie parisienne. Le semestre de printemps 2008 a ainsi offert aux étudiants de nouvelles expériences et leur a permis d'être en prise avec le monde qui les entoure. Cette ambition constante à l'Esa se reflète dans les travaux qui suivent. Marie-Hélène Fabre Directrice des études/Academic Head

A renewing open-mind pedagogy. This spring semester was, once again an opportunity for Esa to affirm the diversity of its teachings and its teachers. The renewal of learning methods for certain disciplines, different approaches to teaching the architectural project provided by, among others, foreign visiting professors and the new pedagogical dynamics emerging within Esa have contributed to these qualities. Another significant point, the foundation of numerous events and projects related to current architectural and cultural themes : the works of Nathalie Junod-Ponsard’s students that were created and exhibited in connection with the exhibition of Hilma Klimt at the Swedish cultural center ; the conference of the architect and designer Andrea Branzi in dialogue with his exhibition at the Cartier Foundation ; the collaboration between the school and the saltworks of Arc et Senans, via the students of Andri Gerber’s workshop for a competition organised by the European network of cultural centres ; the designer Olivier Peyricot’s workshop outside of his exhibition in a parisian gallery. The spring semester 2008 in this manner offered students new experiences and enabled them to be in tune with the world around them. This constant ambition of Esa is reflected in the work that follows.


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Travaux/Projects

La Maison individuelle/The individual house

La maison THE INDIVIDUAL HOUSE


individuelle “Qui n'a rêvé d'une maison où il n'y aurait rien, où l'on serait libre ?” “Who has not dreamed of a house empty of everything, where one would be free ?” Jean-Marie Gustave Le Clézio

Entre tout et rien, entre local et mondial, entre différence et répétition, l'architecture de la maison concentre, en effet, tous les paradoxes. Objet de désir majoritaire dans nos sociétés postmodernes, elle porte le rêve d'une proximité avec la Nature, tout en anéantissant celle-ci par sa prolifération démocratique. Espace privilégié d'expression du Soi, la maison est aussi devenue un produit industriel, commercial voire financier et constitue un puissant levier de normalisation. Mais, plus étrange, la maison, archétype architectural par excellence, se construit largement hors du champ de l'architecte. Quelle marge s'offre à lui, aujourd'hui, pour se saisir de cet objet, tout en échappant à l'étiquette réductrice de maison d'architecte ? Between all and nothing, between local and global, between difference and repetition, the architecture of the house brings together, in effect, all the paradoxes. Object of desire for the majority in our postmodern societies, it carries the dream of a proximity with Nature, at the same time annihilating it by its democratic proliferation. Privileged space of Self expression, the house has also become an industrial, a commercial indeed a financial project and constitutes a powerful means of controlling normalization. But, more strangely, the house, architectural archetype par excellence, constructs itself largely outside the field of architecture. What leeway is offered today to seize this object, while escaping a reductive label as an architect’s house ? Pierre Chabard


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Travaux/Projects

La Maison individuelle/The individual house

refuge REFUGE

Jean-Christophe Quinton/assistant Guillaume Pfister

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Les étudiants sont invités à concevoir un refuge, vu ici, comme un espace minimum, dans un milieu naturel fort. Cet exercice se base sur un scénario et un programme simplifiés : un randonneur, équipé d’un sac à dos, arpente un territoire inconnu. Il cherche un refuge.

The students were asked to imagine a refuge, understood here as a minimum space, in a strong, natural environment. This exercise is based on a simplified scenario and brief : a hiker, equipped with a backpack, surveys an unknown territory. He looks for a refuge.

La force des propositions des étudiants repose sur la volonté de faire émerger : - un positionnement fort dans un site naturel remarquable, - un projet libre de forme audacieuse et contrôlée mettant en scène la relation qu’entretiennent le corps et la nature, - une atmosphère spécifique à chaque projet, en pensant en même temps la grande échelle, le site, et la petite échelle, la matière et les détails de construction, - une matérialité explorée à l’aide de la production de maquettes à grande échelle.

The force of the students’ propositions depends on the determination to make it standout : - a strong positioning in a remarkable, natural site, - an open project with an audacious and controlled form that presents the relation that maintains the body and nature, - a specific atmosphere with each project, taking into consideration, at the same time, the large scale, the site, and the small scale, the material and the details of construction, - a materiality explored with the help of the production of large scale models.

Au final, les projets invitent tous à une expérience immédiate liant le corps, la matière et le paysage.

In the end, the projects all offer an immediate experience connecting the body, the material and the landscape.


1 Charles Pascal 2 Giulia Manini 3 GĂŠraldine Le Chatellier 4 Soukaina Sakhmiri

2 4

3


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Travaux/Projects

La Maison individuelle/The individual house

Une maison en ville A HOUSE IN THE CITY

Olivier Leblois/assistant Raphaël Fournier Dans un site improbable, la mairie de Paris accueille en résidence pour un an, un artiste comme par exemple, Dario Fo. 11 rue du Louvre, Paris 1er arrondissement. Sur une parcelle résiduelle de cent mètres carrés, deux terrains triangulaires de part et d'autre d'un demi cylindre, trace d'une tour de l'enceinte de Philippe Auguste. Loft, atelier, espace d'exposition, d'environ soixante mètres carré chacun. Le personnage est le programme, défi, argument : ludique, radical, tendre et puissant, politique avant tout. Comment trouver de l'ampleur dans l'étriqué ? Créer un événement urbain, un parcours initiatique, une énigme plastique, culturelle, théâtrale. Encore des oxymores, toujours des oxymores : liberté et contrainte, espace et surface, spectacle et discrétion, monument à vivre. La perception kinesthésique, la mémoire de la muraille, le parcours des héberges, l'échelle du matériau, une falaise urbaine.

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In an improbable site, the Paris city hall hosts an artist, such as Dario Fo, for a one year residence. 11 rue du Louvre, in the 1st arrondissement of Paris. On a residual plot of one hundred square meters, two terrains one part triangular and the other a semi-cylinder, trace of a tower from the wall of Philippe Auguste. Loft, workshop, exhibition space, roughly sixty square meters each one. The personality is the brief, challenge, argument : playful, radical, tender and powerful, above all political. How to find scope in the cramped ? Create an urban event, an initiatory journey, a visual, cultural, theatrical enigma. Again oxymorons, always oxymorons : liberty and constraint, space and surface, show and discretion, monument to be experienced. Kinaesthetic perception, the memory of the wall, the route of the dwellings, the scale of the material, an urban cliff.

1 Melissa Chiche 2 Tanguy Defachelle 3 Salammbô Clausse 4 Tristan Delagneau


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48-49

Travaux/Projects

La Maison individuelle/The individual house

La maison déclinable SUSTAINABLE HOUSES ON DEMAND Andri Gerber/assistante Eugénie Frémiot

Le domaine d'activité de la figure de l'architecte est souvent remis en question. Se pencher sur la question de la maison unifamiliale est une façon de contre-attaquer et d'occuper un domaine négligé par les architectes. Bien que cette typologie ne soit pas durable, écologique, en termes d'urbanisme, elle constitue toujours un des rêves de l'homme occidental. Audelà du gâchis d'espace, il y a la question de l'identité produite par la répétition à l'identique d'unités préfabriquées provenant des catalogues. Les nouvelles technologies de fabrication paramétriques permettent d'imaginer une identité basée sur la différence en réponse aux attentes des usagers en vue de produire des variantes à partir d'un système de base par l'application d'algorithmes. Après analyse des procédés techniques qui font références, des modèles proposés par les fabricants et de la visite d'usines, nous essayerons de comprendre la chaîne digitale : du plan à l'objet réalisé, de l'usine au chantier. En parallèle, et en puisant dans la littérature et le cinéma, une réflexion sera menée sur les thèmes de la maison unifamiliale, des territoires de la périphérie, suburbia, et de la perception de façon à définir un catalogue de questions. La qualité architecturale et la capacité à générer de la différence seront les critères d'appréciation des propositions.

The domain of activity of the figure of the architect is often questioned. To turn to the question of the single-family house is a manner of counter-attack and to occupy a domain neglected by architects. Although this typology isn’t sustainable, ecological, in terms of urban planning, it always constitutes one of the dreams of western man. Beyond the waste of space, there is the question of identity produced by the repetition of identical prefabricated units coming from catalogues. The new parametric manufacturing technologies enable us to imagine an identity based on difference in response to the expectations of users with the idea to produce variations starting with a base system by applying algorithms. After analyzing the technical processes that are references, the models proposed by the manufacturers, and the visit of the factories, we will try to understand the digital production : from the plan to the creation of the object, from the factory to the construction site. In parallel, and drawing from literature and cinema, thought will be given to the themes of the single-family dwelling, the territories of the periphery, suburbia, and the perception in a way that will determine a catalogue of questions. The architectural quality and the capacity to generate difference will be the criteria for judging the propositions.


Achille Thorel Romain Rousseau


Steeve Delbrah Hasnae Bendriouche


Travaux/Projects

Marco Lavit-Nicora Matthieu Crabouillet

La Maison individuelle/The individual house


52-53

Travaux/Projects

La Maison individuelle/The individual house

Deux maisons unifamiliales TWO SINGLE-FAMILY HOUSES Fabienne Bulle/assistant Serge Joly

L'étude est prospective et concerne de nouveaux modèles d'habitat dense, fondés sur la solidarité entre générations : agrégation, partage, évolution. Un habitat adaptable à toutes situations sociales, urbaines et climatiques et où la densité, l'épaisseur et la compacité définissent de nouvelles typologies autour des thèmes de la verticalité et de l'horizontalité. Invention d'un système constructif adapté aux diverses transformations et appropriations de la cellule familiale. Une architecture de la mesure, de l'allongement ou de l'étirement.

The study is prospective and concerns the new dense habitat models, founded on the solidarity between generations: aggregation, division, evolution. A habitat adaptable to all social, urban and climatic situations, and where the density, thickness and the compactness define new typologies around the themes of verticality and horizontality. Invention of a constructive system adapted to diverse transformations and appropriations of the familial cell. An architecture of measure, extension or stretching. Typology/Two adjoining houses can be transformed into three or four dwellings offering a variety of uses: shared rentals for students or single parents, housing for a person needing assistance.

Typologie/Deux maisons mitoyennes pouvant se transformer en trois ou quatre logements offrant des utilisations variables : collocation pour étudiants ou parents célibataires, habitat pour personne dépendante.

Pour l'exposition Habiter écologique Cité de l'Architecture et du Patrimoine Paris Avril/Septembre 2009 Commissaire Dominique Gauzin Muller

For the exhibition Living ecologically Cité de l’Architecture et du Patrimoine Paris April/September 2009 Curator Dominique Gauzin Muller


Étienne Manenc


54-55

Travaux/Projects

La Maison individuelle/The individual house

Godefroy Saint-Georges


Guillaume de Witte


56-57

Travaux/Projects

La densité à Paris/The density in Paris

la densité à paris

THE DENSITY IN PARIS

Quelle densité ? Quand on parle de densité, on évoque la masse du bâti, les superpositions d'appartements, de bureaux, les immeubles groupés en îlots, avec des équipements, publics, privés, l'ensemble faisant agglomération. On pense aux centres des villes, à la compression des pleins et des vides, des espaces construits et des espaces publics. L'intensité de la circulation des voitures et des piétons est un effet visible et toujours problématique de la densité. On l'associe aussi à la possibilité de liens sociaux dans les quartiers, d'échanges, de confrontations. Le thème de la mixité des activités comme de celle de la population en est aussi l'une des conséquences probables. À Paris, l'uniformité de la masse construite et les règlements qui en dictent les formes, mais aussi en constituent le caractère, inciteraient à penser à des projets qui en modifieraient la densité et particulièrement dans sa périphérie, afin d'établir de nouveaux liens entre les zones à faible densité, avec leurs pôles propres, et l'agglomération intérieure au périphérique. Faire des tours, construire la canopée urbaine, au-dessus de la ville, en superposition, inspiré par les utopies des années 60, travailler dans le détail des interstices de la ville dense et moins dense et sur l'articulation de ces deux réalités, sont autant de tentatives pour augmenter la densité par des dispositifs architecturaux cherchant à créer de nouvelles circulations, de nouveaux espaces, de nouvelles fonctions, dans le sens de nouveaux évènements spatiaux d'échanges et d'usages. Il s'agirait d'inventer de nouvelles formes d'architecture urbaine. Mais on voit là, souvent, des formes qui résulteraient et fonctionneraient surtout suivant des critères de quantités. En privilégiant l'idée d'interactions urbaines plutôt que celle de lieux figés, Melvin Webber, pour sa part, met plutôt l'accent sur les relations et connections possibles entre les individus que sur la contemplation et le plaisir des lieux constitués dans la ville. Ce qu'on voudrait mettre en avant, plutôt que les effets sensibles de la densité par ses seules masses perçues, est celle des effets de la densité sur l'usage de l'espace public ; quels affects suscitent-ils chez les habitants, quels mouvements suscitent-ils ? En d'autres termes quelles sont les intentionnalités de l'espace public, comment les corps sont-ils subjectivement entraînés dans telle ou telle situation d'échange, de jubilation, de repos ou d'activité ? Il s'agit là de privilégier les critères de qualité sensorielle, d'esthétique au sens physique, de matérialité, de spatialité, d'architecture, au sens le plus large, d'une implication sensible et discursive des individus dans l'espace public. Jacques Sautereau


What density ? When we speak of density, we evoke a built mass, stacks of apartments, offices, buildings grouped by blocks, with public and private facilities, the ensemble creating an agglomeration. We think of the city centers, of the compression of filled and empty spaces, built spaces and public spaces. The intensity of the circulation of cars and pedestrians is a visible effect and always a matter of density. We associate it with social connections in neighborhoods, exchanges and confrontations. The theme of the diversity of activities, like that of the population, is also one of the probable consequences. In Paris, the uniformity of built mass and the regulations that dictate the forms, while also constituting the character, will incite thinking about projects that will modify density and particularly in the outskirts. These projects will establish new links between the zones with weak density, with their own poles and the interior agglomeration to the periphery. Make towers, construct an urban canopy above the city, stacking, inspired by the utopias of the sixties, work in detail the interstices of the dense and less dense city, working on the articulation of these two realities. Many attempts are made to increase density by architectural devices looking to create new paths, new spaces, new functions, in the sense of new spatial events of exchange and uses. It means inventing new forms of urban architecture. But one often sees there forms that will be created and function above all according to quantitative criteria. By privileging the idea of urban interactions rather than that of fixed places, Melvin Webber, puts the emphasis on the possible relations and connections between the individuals instead of the contemplation and pleasure of the places constituted in the city. What we would like to highlight, more than the noticeable effects of the density on these perceived masses, is the effects of the density on the use of public space ; how will it affect the inhabitants, what movements will it give rise to ? In other words, what are the purposes of public space, how are bodies subjectively formed in this or that situation of exchange, of jubilation, of rest, or of activity ? Here it’s a matter of privileging the criteria of sensorial quality, aesthetic in the physical sense, materiality, spatiality, architecture, in the largest sense, of a sensorial and discursive implication for individuals in public space.


58-59

Travaux/Projects

La densité à Paris/The density in Paris

La densité verticale VERTICAL DENSITY

Anne Demians/assistant Onur Sagkan

Rives de Seine entre boulevard Masséna et le périphérique En 2007, la ville de Paris a lancé une réflexion sur les hauteurs libérée des plafonnements du Plu tout en conservant la densité moyenne du tissu parisien. Il s'agit de tisser des liens nouveaux entre Paris qui souffre de l'enfermement dans ses limites et ses communes limitrophes qui souffrent d'étalement urbain, de pallier à l'absence de cohérence entre les opérations intra et extramuros. L'histoire a façonné Paris en lui donnant une grande unité. Sa composition urbaine, son échelle, ses constructions remarquables, sa densité en ont fait un modèle qui aujourd'hui se complait dans son image de ville musée où l'histoire est privilégiée contre la géographie. Pour que Paris perpétue son identité culturelle et s'impose comme une métropole internationale, c'est-à-dire un territoire, une réorganisation politique des relations de Paris avec ses communes proches est inévitable. Ne plus se référer uniquement au centre historique régit par le dogme de l'îlot et la convention d'Haussmann, abandonner le système radioconcentrique au bénéfice de pôles multiples : la ville territoire est polycentrique. Marquer le territoire avec de nouvelles densités va créer de nouvelles images auxquelles l'architecture et le paysage vont donner un sens : repenser la mixité et son rapport aux densités horizontales et verticales, structurer à l'échelle du quartier et de la région. La densité est propice à la proximité, au brassage, au partage de services, aux mises en tension, bref à une vie sociétale riche. La densité horizontale peut, selon les sites, se transformer en densité verticale. Réfléchir ainsi permet de reprendre la main sur la fabrication et l'organisation de la ville, de travailler sur les resserrements, densités et dilatations. Requalifier un lieu de transit, proposer un projet qui contrarie l'expansion diffuse et homogène par une ville dense et aérée, riche d'une mixité sociale et programmatique.

The banks of the Seine between boulevard Masséna and the outskirts In 2007, the city of Paris launched a reflection on heights freed from the limits of the Plu (Plan Local d’Urbanisme) while maintaining the average density of the Parisian fabric. It is a question of forging new links between Paris, which is suffering from being locked in by its limits and its bordering communes that suffer from urban sprawl, in order to overcome the absence of coherence between intra and extramural operations. History has shaped Paris giving it great unity. It’s urban composition, its scale, its remarkable constructions, its density created a model that today revels in its image of museum city, where history is privileged over geography. For Paris to perpetuate its cultural identity and situate itself as an international metropolis, that is to say a territory, a political reorganization of Paris’s relationships with its neighboring communes is inevitable. It can no longer refer uniquely to the historic center governed by the dogma of the Haussmannian block and convention, it must abandon the radiocentric system in exchange for multiple poles : the territorial city is polycentric. Brand the territory with new densities, go create new images to which architecture and landscape will give meaning : rethink diversity and its relation to horizontal and vertical densities, structure according to the scale of the neighborhood and the region. Density is favorable to proximity, mixing, sharing services, creating tension, in brief to a rich social life. Horizontal density can, depending on the sites, transform itself into vertical density. Reflection thus allows the recovery of the creation and organization of the city, to work on the strengthening of densities and dilatations. Amend a place of transit, propose a project that challenges diffuse and homogeneous expansion with a dense and airy city, rich with both social and programmatic diversity.


Volcan urbain Urban volcano Zuhal Kuzu Romain Malidor Corto Peninou


60-61

Travaux/Projects

Traffic tower Yann Berreby Jeremy Seyrig Thibaut Simon

La densité à Paris/The density in Paris


Scale 03 Nicolas Mallet Marie Richard


62-63

Travaux/Projects

La densité à Paris/The density in Paris

l'’atelier des aérostations AEROSTATION’S STUDIO

Véronique Descharrières & Hugh Dutton/assistant Quentin Piepszownik

De l'urbanisme du sol à l'urbanisme du ciel Dans le cadre des débats sur les immeubles de grande hauteur, il nous semble important de travailler sur la notion de ville intermédiaire ou interstitielle. Il existe aujourd'hui dans nos villes, du foncier pas ou peu utilisé n'atteignant pas le plafond constructible autorisé. La ville n'est pas finie, la ville est infinie, la ville est en perpétuelle redéfinition. L'urbanisme du XXIème siècle doit apporter des réponses différentes de celles du XXème siècle, villes tours ou tabula rasa. D'autres solutions méritent d'être étudiées comme la mise en œuvre d'une nouvelle couche constructible sur la ville existante qui serait une réponse de renouvellement durable et infini de la ville sur elle-même. Le concept des aérostations, proposé par compoSITE pour Kyoto en 1995, permet de répondre à la pression urbaine et démographique de la région du Kansaï par un dispositif architectural conçu pour être installé sur les toits d'immeuble. Il permet d'accueillir différents événements : jardin suspendu, restaurant, école, logements, café, salle d'exposition. Qu'il soit éphémère, pérenne, public ou privé, ce concept urbain permet de développer des solutions architecturales inventives. Aujourd'hui, ces mêmes questions se posent à Paris. Comment faire de Paris une vraie métropole du XXIème siècle ? Comment éviter le vieillissement figé d'une ville musée ? Tout en revisitant les utopies du siècle dernier, travaux d'Archigram, de Constant, de Yona Friedman, mais aussi les interventions artistiques de Dan Graham ou les films comme Délicatessen ou Pierrot le Fou, l'atelier des aérostations propose d'investir un espace aérien dans un quartier parisien et d'en tester la transformation au moyen d'un nouveau programme : logements, équipements, commerces/loisir/culture. Inventer un droit du ciel, boulevard aérien, corridors de l'espace. Racheter les droits aériens d'une parcelle à l'autre comme à New York.


From urban planning on the ground to urban planning in the sky In the context of debates about tall buildings, it appears important to work on the notion of the intermediary or interstitial city. Today, land exists in our cities that is not used or underused and that doesn’t reach the maximum limits of authorized construction. The city is not finished, the city is infinite, the city is in perpetual redefinition. The urbanism of the 21st century must offer different answers than the 20th century, tower cities or tabula rasa. Other solutions merit being studied such as the establishment of a new layer of construction over the existing city that will respond to sustainable and infinite renewal of the city onto itself. The concept of aerostations proposed by compoSITE for Kyoto in 1995, allows a response to urban and demographic pressure of the Kansaï region by an architectural device conceived to be installed on the roofs of buildings. It can host different events : a suspended garden, restaurant, school, housing, cafÊ, exhibition space. Whether ephemeral, perennial, public or private, this urban concept allows the development of inventive architectural solutions. Today, these same questions are raised in Paris. How to make Paris a true metropolis of the 21st century ? How to prevent the fixed aging of a museum city ? While revisiting the utopias of the last century, the works of Archigram, Constant, Yona Friedman, but also the artistic interventions of Dan Graham or films like Delicatessen or Pierrot le Fou, the aerostation workshop proposes to work on an aerial space in a Parisian neighborhood and to test the transformation using a new brief : housing, facilities, shops/leisure/culture. Invent a right to the sky, aerial boulevard, corridors of space. Buy back the aerial rights of one plot to the next like in New York.


64-65

Travaux/Projects

La densité à Paris/The density in Paris

Chloé de Smet Frédéric Brient Baptiste Pavlidis


Jalil Toulait


66-67

Travaux/Projects

Kenny Tsui/Paolo Cascone

face à face Kenny Tsui Kenny Tsui & Tamsin Green/assistant Jonathan Alotto

Saint Denis, Paris Archaeology is a long and deep theoretical and philosophical discipline that has developed side by side with architecture. It is driven by human being’s curiosity to learn from the past, to fantasize, to find origins of beliefs, and to understand the development of human cultures/behaviors/ecology. It is a discipline that has aided us to uncover the architectural past. But can it also become a methodology for proposing a possible future ? After all, the buildings we design today could become the ruined remains and fragments that fascinate future generations. Archaeo. Abstruse Space is an experimental attempt for an architectural methodology that hybridizes the borrowed concepts of archaeology with architecture. It nurtures a necessary sensibility towards the site and context, in prehistory and history, as well as their futuristic design potential. The hybrid theoretical structure consists of recovery, documentation, analysis, interpretation of material remains and environmental data, including buildings, artifacts, features, biofacts, and landscapes. Altogether, the methodology rejuvenates an intertextual understanding that benefits from human being’s curiosity into the mysteries of a site and context. By situating ourselves in the imagined year of XXXX, students will uncover hidden/secret narratives of Saint-Denis region in Paris, and carry out full archaeological development to reveal unique building designs. It is a poetically-driven design process that would interact with our contemporary technology, pushing the boundaries of digital design into the future. More importantly, the discovery aspect of archaeology continues to fascinate the public’s interest. Such pursuits have produced dramatized narratives into books, films and video games such as The Mummy, Raiders of the Lost Ark, Indiana Jones, and Tomb Raider. Such works have been produced from partly realistic foundation of archaeological facts, but mainly as a form of imaginative human creativity. Some archaeologists refer to such portrayals as pseudoarchaeology. If archaeology can be portrayed in mainstream media in such sensational ways, can architecture propose superior narrative portrayals of these mysteries in its realistic building of spatial phenomenon ?

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kt versus pc /

Paolo Cascone Paolo Cascone/assistant Jorge Baertl Visiting Critics/Andrea Di Stefano, Marie-Hélène Fabre, Chandler Arhens, Marco Vannucci, Hunter Knight, Carlo Diaco, Stéphane Bonzani,Yasha Grobman.

Wast[e]scape/Naples experiments “We do not lack communication. On the contrary, we have too much of it. We lack creation. We lack resistance to the present”. Gilles Deleuze Felix Guattari Research by design This semester our agenda explores ecologic solutions for over polluted areas in Naples, Italy. Where urban waste storages becomes an environmental and social emergency for local communities this atelier investigates on potentials and limitations of using waste as a productive material which allows the integration of natural process into a sustainable and artificial ecology through parasitic prototypes. Phase 1 Environmental, social and economic processes are analyzed as a technically consistent ground for the atelier projects. We use diagrams techniques and dynamic simulations in order to recognize imbalances, tendencies and site-specific types of developmental opportunities. Meanwhile we focus on technical concerns on waste treatment cycles and its potential from the economic and energy point of view. Phase 2 During the second phase the atelier want to enter into an information-based design process in which phase 1 data will give consistency to the design strategy. This strategy will open up to the generative potentials of the mechanic in architecture. A set of rules and constraints will defines material organizations that emerges through technical consistency. The eco machine prototype generates out of physical and digital modeling according to the idea of using local and recycled materials. Morphogenetic play a key role as opposite to non geometrical technology responding to multi-parametric criteria : energy producing, waste storing, treating and recycling. A catalogue of configurations has been produced out of the initial prototype, genotype, and tested through scripting techniques and simulations. Phase 3 The organizational model will be proliferated and tested in larger scale. Meanwhile we focused on design to manufacture techniques through rapid prototyping machines and physical models.


68-69

Travaux/Projects

Benjamin Jaoui Patama Razon Zineb Loh

Kenny Tsui/Paolo Cascone



70-71

Travaux/Projects

Kenny Tsui/Paolo Cascone

Benjamin Jaoui Patama Razon Zineb Loh


Jean-Philippe Sanfourche YoĂŻchi Ozawa


Travaux/Projects

Kenny Tsui/Paolo Cascone

Saint Denis, Paris L’archéologie est une discipline longue, profonde, théorique et philosophique, qui s’est développée aux côtés de l’architecture. Elle est conduite par la curiosité humaine pour apprendre du passé, pour fantasmer, pour trouver les origines de nos croyances, et pour comprendre le développement des cultures/comportements/écologie humains. C’est une discipline qui nous a aidé à dévoiler le passé architectural. Mais, peut-elle aussi devenir une méthodologie proposant un futur possible ? Après tout, les bâtiments que nous concevons aujourd’hui pourraient bien devenir les vestiges et fragments en ruine qui fascineront les générations futures. Archaeo. Abstruse Space est une tentative expérimentale de créer une méthodologie architecturale qui hybride des concepts empruntés à l’archéologie avec l’architecture. Cette méthodologie nourrit une sensibilité nécessaire, non seulement à l’égard du site et du contexte, dans la préhistoire et dans l’histoire, mais aussi vis-à-vis de leur potentielle conception futuriste. La structure hybride théorique englobe la récupération, la documentation, l’analyse, l’interprétation des vestiges matériels et des données environnementales, comprenant des bâtiments, des objets, des accessoires, des biofacts et des paysages. Dans l’ensemble cette méthodologie rénove une compréhension intertextuelle qui bénéficie de la curiosité humaine pour les mystères d’un site et de son contexte. En nous situant en l’an XXXX, les étudiants dévoileront les récits cachés/secrets de la région de Saint-Denis dans Paris, et réaliseront un aménagement archéologique complet pour révéler des dessins de bâtiments uniques. C’est un procédé de design porté par la poésie, qui interagirait avec notre technologie contemporaine, repoussant les limites du design digital, en direction du futur. De façon plus importante, l’aspect découverte de l’archéologie continue à susciter l’intérêt fasciné du public. Ces recherches ont donné naissance à des récits adaptés en livres, films et jeux vidéos, comme The Mummy, Les aventuriers de l’arche perdue, Indiana Jones, et Tomb Raider. Ces travaux ont été produits à partir d’une base réaliste de faits archéologiques en partie, mais surtout en tant que forme d’expression de la créativité imaginative humaine. Certains archéologues qualifient ces représentations de pseudoarchéologie. Si l’archéologie peut s’illustrer dans les medias dominants de façon aussi sensationnelle, l’architecture peut-elle proposer de meilleures représentations narratives de ces mystères dans sa construction réaliste d’un phénomène spatial ?

Paolo Cascone

kt versus pc

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72-73


Paysage de déchet/Expériences de Naples “Nous ne manquons pas de moyens de communication. Au contraire, nous en avons trop. Nous manquons de création. Nous manquons de résistance au présent”. Gilles Deleuze Felix Guattari Recherche par le dessin Ce semestre, notre programme explore des solutions écologiques pour des zones excessivement polluées à Naples, en Italie. A l’heure où le stockage de déchets urbains devient une urgence environnementale et sociale pour les communautés locales, cet atelier enquête sur les potentiels et les limites de l’usage des déchets comme produits matériels permettant l’intégration du procédé naturel dans une écologie durable et artificielle à travers des prototypes parasitiques. Phase 1 Des procédés environnementaux, sociaux et économiques sont analysés comme un terrain cohérent pour les projets d’atelier. Nous utilisons des diagrammes techniques et des simulations dynamiques afin de reconnaître les déséquilibres et les types d’opportunités de développement spécifiques au site. Pendant ce temps, nous nous concentrons sur des préoccupations techniques concernant les cycles de traitement des déchets et leur potentiel d’un point de vue économique et énergétique. Phase 2 Pendant la deuxième phase, l’atelier vise à entrer dans un procédé de design fondé sur l’information, dans laquelle les données de la phase 1 donneront de la cohérence à la stratégie du design. Cette stratégie ouvrira sur les potentiels génératifs de l’utilisation des machines en architecture. Une série de règles et contraintes définiront les organisations matérielles qui émergent à travers la cohérence technique. Le prototype de l’éco-machine produit, à partir d’un modélisme physique et digital, suivant l’idée d’utiliser des matériaux locaux et recyclés. Un catalogue de configurations a été produit à partir du prototype initial, du génotype, et testé à travers des techniques de script et des simulations. Phase 3 La maquette organisationnelle sera diffusée et testée à plus grande échelle. En même temps nous nous sommes concentrés sur le design pour manufacturer des techniques à travers un prototypage rapide des machines et des maquettes physiques.

Kenny Tsui

face à face

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74-75

Travaux/Projects

Architecture et écriture/Architecture and writing

Architecture et ARCHITECTURE AND WRITING

Cher Hubert, Je viens chercher de tes nouvelles car elles se font rares depuis quelque temps. Je refais souvent les chemins que nous avons pris ensemble, durant le temps qu'on se laissait libre. Les après-midi entières à déambuler dans les rues de Paris à l'affût d'une curiosité ou d'un hasard, disponible à toute rencontre comme nous l'aimions nous le répéter. Seul, j'ai perdu parfois cette curiosité. Mais il y avait quelque chose dans l'air ce matin qui me poussa à sortir sans t'attendre. Le ciel de mars était laiteux, couvrant Paris d'une lumière blanche invariable. C'est assez tôt ce matin que j'entrepris seul, cette promenade hasardeuse. J'ai retrouvé le bonheur que nous éprouvions à déambuler dans des rues sans impératifs, à l'heure où les Parisiens quittent le pas de leur porte pour rejoindre celui de leur lieu de travail. Le regard vague et le corps un peu endormi, je me fis surprendre par une installation sur le trottoir, à la lisière subtile entre l'espace caché privé et celui de la voie publique qu'on livre à tous. Un lieu est venu s'inventer dans le parcours rectiligne du boulevard. La fuite maussade le long du boulevard devient en un point un glissement langoureux, une promesse d'étonnement maintenue. J'étais alors de l'autre côté du boulevard et observais ce curieux rideau de matière faisant disparaître les passants le temps de leur traversée. Semblant les engloutir, ils en laissaient s'en échapper certains qui n'étaient sans doute pas à son goût pour en laisser d'autres au creux de son ventre. Ce boyau capable de canaliser le maelström des eaux humaines semblait apte à faire virer de bord les capitaines les plus convaincus de leur cap. A la fois sur le boulevard et séparé par la mystérieuse transparence de sa paroi légère, sa présence sur le boulevard est un tour de prestidigitation. Il ne suffirait de presque rien, peut-être juste d'y croire, pour disparaître avec l'endroit. La référence au tableau de Magritte que tu aimes ne te surprend sans doute guère à la lecture de mon expérience. Le trafic tout autour dans son intarissable besoin de se rendre d'un point à un autre semble curieux de se fondre en elle le temps de quelques pas ou de quelques coups de pédales. Les plus curieux semblent pouvoir se laisser guider par ce rideau jouant de subtiles inclinaisons de matières et de hauteurs. En surface l'exposition semble faire glisser le regard des

automobilistes sur les images dans le sens de la marche. En revanche depuis la Fondation Cartier, des diagonales se dessinent invitant à la déambulation à travers ses failles ouvertes, une sorte de flânerie promise aux piétons dans le boulevard, avec l'invitation de ralentir la marche du rythme effréné de la ville et serpenter à travers l'installation. Les gris bleus de la ville ne semblaient en rien perturber son impassible présence. Le printemps a beau bourgeonner, l'automne a beau passer, la neige tomber pour tenter de la faire disparaître sous son manteau blanc, les saisons sembleront passer malgré elles à travers, car rien dans ses lames plantées ne les retiendra. En tant que piéton, j'ai suivi le chemin dessiné sur le trottoir, profité de sa cadence, tandis qu'un cycliste sur la piste parallèle au trottoir a été, lui, guidé par une autre exposition. Sa vitesse ne lui en a pas fait perdre un morceau car l'exposition a semblé suivre sa vitesse. Une invitation discrète destinée aux plus curieux ou aux moins pressés, comme c'était mon cas, m'a guidé dans l'envers du décor. Le choix d'y pénétrer ne te surprend sans doute guère en connaissance de ma grande curiosité. J'ai donc suivi le chemin le temps d'apercevoir ce qu'on a arrêté de cacher pendant quelque temps et que j'ai gardé en mémoire comme une image dérobée de ce que l'on n'aurait pas dû voir. Instant magique que celui de pouvoir rencontrer les deux côtés d'un mur privatif, qui, dans leur rôle de protecteur de l'intimité, ne nous en livre toujours qu'un seul versant, le plus insignifiant possible. Une fois le chemin dépassé, de retour sur le boulevard, je fus aussi surpris et étourdi qu'à la disparition d'un mirage, à la fois certain de l'avoir vu et douteux de son existence. Aussi délicatement qu'il m'ôta de la rue, cette enveloppe fantôme autour du mur me redéposa sur le boulevard dans la droite lignée de ma trajectoire du début. J'espère que cette rencontre inattendue éveillera ta curiosité et t'incitera à revenir me proposer une de ces belles journées lors desquelles nous prenions la marche ensemble. Et peutêtre pourrions-nous envisager de refaire l'expérience ensemble et cette fois-ci à vélo, de telles occasions se font si rares. Je t'embrasse. Paul


écriture Dear Hubert, I’m coming to see how you’re doing as I haven’t heard much from you lately. I often return to the paths that we took together, back when we let ourselves go. Entire afternoons wandering in the streets of Paris on the look-out for a curiosity or a chance coincidence, open to any encounter as we loved to say. Alone, I’ve occasionally lost this curiosity. But there is something in the air this morning that pulls me outside without waiting for you. The March sky is milky, covering Paris with an invariable white light. It’s very early this morning that I am undertaking alone this aimless stroll. I have rediscovered the joy we felt wandering in these streets without imperatives, at the hour that Parisians leave their doorstep for their workplace. A vague gaze and the body partly asleep, I’m surprised by an installation on the sidewalk, at the subtle edge between hidden private space and that of the public road open to all. A place has come into existence in the rectilinear route of the boulevard. The sullen flight the length of the boulevard becomes at one point a languorous slippage, the promise of sustained surprise. I was on the other side of the boulevard and watching this curious curtain of material causing passer-bys to disappear while crossing it. Seeming to swallow them up, it let some escape who were no doubt not to its taste while others remained in the depths of its belly. This gut capable of channeling a maelstrom of human fluids seemed capable of tossing the most weathered captain overboard. Both on the boulevard and separated by the mysterious transparency of its light surface, its presence seemed to be a conjuring trick. It requires next to nothing, perhaps only to believe, to disappear with the place. The reference to the painting by Magritte that you like won’t surprise you at all in regards to my experience. The surrounding traffic in its inexhaustible need to go from one point to another seems curious to melt into it for a few steps or pedals. The most curious seem to let themselves be guided by this curtain playing with subtle inclinations of materials and heights. The appearance of this exhibition seems to cause the eyes of the passing drivers to follow the images in the direction they are driving. On the

other hand, from the Cartier Foundation, the diagonals are drawn inviting a stroll through these open faults, a type of flânerie promised to pedestrians on the boulevard, with the invitation to slow down their frantic rhythm of walking in the city and to snake through the installation. The blue-grays of the city don’t seem to bother its impassive presence. The spring has broken out beautifully, autumn passed beautifully, snow falls in an attempt to hide it under a white coat, the seasons seem, in spite of themselves, to cross through, these planted blades won’t retain them. As a pedestrian, I followed the path drawn on the rooftop, taking advantage of its rhythm, while a cyclist on the lane parallel to the sidewalk was guided by another exhibit. His speed didn’t prevent him from missing anything as the exhibit seemed to keep his speed. A discreet invitation to the most curious or the least rushed, as in my case, it guided me into the interior of the decoration. The choice to go in probably doesn’t surprise you in the least, well aware of my great curiosity. I thus followed the path long enough to catch a glimpse of what has been revealed for a time and which I have kept in my memory as a naked image of that which we weren’t supposed to have seen. Instant magic that enables us to see both sides of a private wall, that, in their role of protector of intimacy, usually shows us only one side, the most insignificant possible. Once the path is finished, I find myself back on the boulevard, surprised and stunned as if by the disappearance of a mirage, both sure of having seen it and doubtful of its existence. As delicately as it took me from the street, this phantom skin covering the wall returns me to the exact spot on the boulevard of my original trajectory. I hope that this unexpected meeting arouses your curiosity and compels you to comeback and propose one of those beautiful days when we walked together. And perhaps we can plan to redo our experiment together and this time by bicycle, such occasions offer themselves so rarely. Affectionately. Paul


76-77

Travaux/Projects

Architecture et écriture/Architecture and writing

Mise en scÈne d’ un geste architectural THE PRODUCTION OF AN ARCHITECTURAL GESTURE Greta Pasquini/assistant Meriem Fendi

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1/2 Musée de la forêt de Fontainebleau Museum of the forest of Fontainebleau Sarah Assouline 3/4 Observatoire Beaubourg Beaubourg Observatory Lucas Biberson

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Dans un monde où les bâtiments tentent de s'arracher les regards et se donnent beaucoup de mal à se montrer, c'est avec admiration que j'ai vue les étudiants jouer le jeu de la surprise et de la découverte. J'ai vu mettre en scène des bâtiments camouflés dans leur contexte, la forêt ou les abords d'une station du Rer. Des bâtiments qui ont les pieds dans l'eau. Des bâtiments qui s'installent dans une faille. Des bâtiments conçus comme des parcours qui, à partir d'un jardin ou d'une carrière, nous font glisser sous terre. Un projet mobile qui se déplace tel un camion et deux autres qui dansent avec l'existant. Les espaces résonnent, se démultiplient, se dilatent, se resserrent et puis se brisent, générant de nouveaux degrés de liberté.

Le questionnement Une réponse architecturale est le résultat d'un processus de conception qui passe par le filtre d'une lecture du réel et de l'exploration de son monde sensible. La relation entre ces deux champs se construit par des questions et des choix. Chaque étudiant a conçu un lieu d'exposition en choisissant la thématique et le site. C'est pour lui une façon de s'exposer, d'explorer ses envies, d'expliciter ses intentions, de découvrir son univers intime. C'est aussi une façon de lire le monde contemporain.

In a world where buildings attempt to grab attention and go to great lengths to show off, it’s with admiration that I saw the students playing games of surprise and discovery. I saw buildings camouflaged into their context, the forest or the surroundings of a suburban train station. Buildings that have their feet in the water. Buildings installed in a fault. Buildings designed as routes that, starting with a garden or a quarry slide us underground. A mobile project that moves like a truck and two others that dance with the existing one. The spaces resonate, increase, tighten up and then smash, generating new degrees of freedom.

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Questioning An architectural response is the result of a process of conception that goes through a filter of reading reality and exploring its perceptible world. The relation between these two spheres is built around questions and choices. Each student designed an exhibition space by choosing a theme and site. For each student, it’s a manner of exhibiting, exploring desires, making intentions explicit, discovering an intimate universe. It’s also a way of reading the contemporary world.


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Travaux/Projects

Architecture et écriture/Architecture and writing

Qu'est-ce qu'on expose aujourd'hui ? On expose les dieux et les déchets : l'espace dédié au sacré et celui dédié à ce qui reste de la consommation de la vie. On expose la nature, la forêt, les jardins et la peau synthétique de l'environnement urbain, le graffiti. On expose les artistes et les poètes du Bateau Lavoir, et le lien entre l'homme et les bêtes. On expose le virtuel, les coulisses des jeux vidéo où les corps des visiteurs disparaissent, et ce qu'il y a de plus primordial et concret, la nourriture, sublimée en gastronomie.

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What do we exhibit today ? We exhibit gods and waste : space dedicated to the sacred and to what remains from the consumption of life. We exhibit nature, the forest, the gardens and the synthetic skin of the urban environment, graffiti. We exhibit the artists and poets of Bateau Lavoir, and the link between man and animals. We exhibit the virtual, the behind the scenes of video games or the bodies of visitors disappearing, and that which is most primordial and concrete, food, sublimated into gastronomy.

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5/6 Musée des déchets Museum of waste Rémi Bonnin 7/8 Musée des Arts géants Museum of huge Art Charles Depardon 9/10 Bill Viola Espace de projection Bill Viola Projection space Antoine Fichaux

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L'atelier comme un voyage

Workshop as a travel

New York, Tokyo, l'Afrique, la France, Paris : on a voyagé, on a écrit des lettres pour partager les émotions éprouvées en visitant de nouveaux espaces. De très belles lettres, comme celle d'Antoine qui plonge dans un bâtiment pulsant tel un cœur ou celle d'Anna qui se laisse transformer par le musée du déséquilibre, ou celle de Lucas qui joue au voyeur dans l'observatoire Beaubourg. Comme celle de Timothée qui transporte les trésors des pyramides égyptiennes sous les Tuileries, celle de Thomas qui réinvente l'univers des stalkers tarkovskiens, celle de Clara qui transforme le mur et le boulevard en face de l'école en un jeu de rideaux et reflets nous rappelant la scène dans la chambre des miroirs de La Dame de Shanghai d'Orson Welles.

New York, Tokyo, Africa, France, Paris : we traveled, we wrote letters to share the emotions felt while visiting new spaces. Very beautiful letters, like the one by Antoine that plunges into a pulsing building like a heart or Anna’s which is transformed by the museum off balance, or Lucas’ that plays the voyeur in the observatory of Beaubourg. Like the letter of Timothée who transports treasures from the Egyptian pyramids beneath the Tuileries, or that of Thomas who reinvents the universe of Tarkovskian stalkers, Clara’s that transforms a wall and boulevard in front of the school into a game of curtains and reflections that remind us of a scene in room of mirrors in The Lady from Shanghai by Orson Welles. 10


80-81

Travaux/Projects

Architecture et écriture/Architecture and writing

L’ invisible observable : figures inattendues

THE DETECTABLE INVISIBLE : UNEXPECTED FIGURES

Reza Azard/assistant Vincent Peu Duvallon/Michaël Batalla poète

Il y a de l’invisible observable à l’échelle des particules élémentaires qui composent la matière et, pour observer cet invisible ou pour vérifier l’existence de ce que les calculs prévoient, les physiciens inventent des appareils et des procédures expérimentales spécifiques. Posons qu’il y a de l’invisible à l’échelle urbaine.

There exists an observable aspect of the invisible at the scale of elementary particles that compose matter. To observe this invisibility or to verify the existence of what calculations predict, physicians invent devices and specific experimental procedures. Let’s assume that there is invisibility at the urban scale.

Quels types d’appareils et de procédures expérimentales les architectes pourraient-ils inventer pour le vérifier et l’observer ?

What types of apparatuses and experimental procedures can architects invent to verify and observe them ?

La ville est perceptible et praticable par tout le monde. Aussi les disciplines de la pensée qui produisent des données sensibles, scientifiques ou artistiques, sont nombreuses : du cinéma aux arts plastiques, de la sociologie à la littérature. Pour ce qui est de l’architecture, elle produit deux types de données sensibles : des analyses et des édifices. Il s’agit de concevoir un troisième type qui soit comme une fusion des deux autres : des figures inattendues considérées comme des accélérateurs de perception matérialisant et collectivisant la vision du monde de leur auteur et dont l’implantation est à choisir dans cette entité territoriale à peine cartographiée et appelée le Grand Paris, dès lors que le site recèle de l’invisible. Le projet aura alors pour fonction de rendre l’invisible observable. Il s’agira, en s’affranchissant des programmes référencés, d’apprendre à réduire au maximum la disjonction entre analyse et projection afin de les fondre en une seule expérience sensible.

The city can be perceived and used by everyone. Also the disciplines of thinking that produce perceptible, scientific or artistic data are numerous : from cinema to the visual arts, from sociology to literature. Architecture produces two types of perceptible informations : analyses and buildings. It’s a matter of conceiving a third type that is a fusion of the two others : unexpected figures considered as accelerators of perception which materialize and collectivize the world vision of their author and whose implantation is to be chosen in this territorial entity barely mapped and known as Greater Paris, for the time that the site harbors the invisible. The project will have the function of rendering the invisible observable. It will be a question of learning to reduce to the maximum, through freeing ourselves of the existing programs, the disjunction between analysis and projection in order to fuse them into a single perceptible experience.


Recyclage polymorphe Polymorphous recycling Félix de Montesquioux

Pour rendre les murs pignon observables, dédions les aux loisirs des citadins. Sur un espace restreint, un inverseur partiel de gravité loué à la Nasa permet de faire tourner le champ gravitationnel de la terre de 90°, ces murs deviennent des sols que l’on peut agrémenter de terrains de sports, de jeux ou de détentes. To show the gabled walls, let’s consecrate them to citizens’ leisure. In a restrained space a gravitational thrust reverser rented from Nasa allows us to change the gravitational field of the earth 90°, these walls become ground space that we can embellish with fields for sports, games or relaxation.


82-83

Travaux/Projects

Architecture et écriture/Architecture and writing

Vent/Dalle-isme Wind/Slab Arthur Lecoufle

Nombreux sont les paramètres physiques invisibles à l’œil nu. La plupart, bien qu’ils suscitent en nous des sentiments et des impressions, qu’ils relèvent du caractère sensible de la perception, sont catalogués dans le domaine technique : le vent en fait partie. Bien qu’il joue un rôle dans le dimensionnement des structures ou dans la production d’énergie, bien qu’il reste apprécié des marins et des montagnards, il est assimilé à une gêne dans l’esprit des citadins. En ville, on ne joue pas avec le vent. Montparnasse, un urbanisme de dalle, une tour, immeuble de grande hauteur, le site idéal pour engendrer des zones de survitesse, de turbulences, de courants ascendants ou descendants, bref des zones d’inconfort pour les piétons : la dalle de Montparnasse est déserte. Le Théâtre du vent est un projet urbain pour canaliser, mettre en scène le vent, montrer que la maîtrise de sa force peut créer un évènement. Il est composé de trois éléments : des outres à vent, comme celles d’Ulysse, pour optimiser les turbulences ; les gradins existants dont la configuration est adaptée au captage du vent ; une tour éphémère, comme un manche à air d’aérodrome, d’un gabarit similaire à la tour Montparnasse.


Montparnasse, an urban environment of slab, tower, tall building, the ideal site to create zones of high velocity, turbulences, rising and lowering currents, brief uncomfortable zones for pedestrians : Montparnasse’s slab is deserted.

The physical parameters that are invisible to the naked eye are numerous. For the most part, even though they create feelings and impressions and reveal the sensitive character of perception, they are listed in the technical domain : wind is included among them. Even though it plays a role in creating dimensions of structures or in energy production, even if it is appreciated by both sailors and mountain dwellers, it is considered a nuisance by citizens. In the city, one doesn’t play with the wind.

The Wind Theater is an urban project to channel, direct the wind, show that the control of its force can create an event. It is composed of three elements : a wind instrument, like those of Ulysses, to optimize turbulences ; existing terraces whose configuration is adapted to capturing wind ; an ephemeral tower, like a wind-sock at an aerodrome, of a gage similar to the tower of Montparnasse.


84-85

Travaux/Projects

Post-Diplôme/Post-Diploma

Post-diplô me POST-GRADUATE

DES ESA

Diplôme d’Etudes Supérieures École Spéciale d’Architecture

Architecture des milieux/Architecture of milieus Villes en projet durable/Cities in sustainable project Dirigé par/Directed by Chris Younes


Damas 2062 DAMASCUS

Claude Yacoub

Éphémère scénario des possibles Damas 2008, capitale arabe de la culture, événement providentiel, servira de tremplin pour ce demi-siècle de projection urbaine durable sur le vieux Damas. Elle se présente comme une actualité presque miraculeuse dans un lieu bloqué au niveau politico culturel. Nous devons saisir cette occasion unique, presque inespérée, pour faire passer un premier message, lancer une première action. Durant cette année de festivités, le but sera d’intégrer dans la cité, d’un geste simple et fort, un acte citoyen, politique au demeurant. Geste qui devra se démarquer de la multitude des manifestations culturelles tout en profitant de leur dynamique. Les portes du possible, installation ponctuelle dans l’espace de la vieille ville et dans un temps damascène précis, nous provoquerons l’écriture de scénarios qui auront pour but de nous mener vers la projection d’images d’une utopie concrète en 2062. Installation de dispositifs de miroirs sur toute la surface de la cité ancienne pour baliser des parcours, se retrouver et mieux se perdre dans les labyrinthes des artères urbaines et humaines. Installations basées sur le déplacement du regard : changement d’angle de vue, autre orientation des perspectives, attention attirée sur des banalités invisibles, vision de soi révélée. Ainsi, engager un processus de construction virtuelle, premier pas vers un réel à recomposer. Une projection autre, libre, légère, fondée, égale ; à la fois utopique et durable. L’éphémère devient alors un outil d’intervention et vient alors à propos pour amener les utopies à bon port, au réel. Il est vecteur de communications actuelles et de projections futures débouchant sur des espaces de liberté qui pourront mener à des révolutions personnelles. Implosion de chacun, remise en question personnelle de chaque citoyen avant d’attaquer la société dans son ensemble. A l’individu, sa responsabilité, sa conscience, son espace, son implication. Lui redonner le goût de ces valeurs afin de pouvoir envisager une projection commune dans l’avenir, replacer l’homme au centre d’un dispositif de révolution tranquille. Les portes du possible : un jeu de miroirs, de réflexions, de transparences dans toute la ville, dans laquelle nos repères sensoriels seront questionnés pour faire naître des sentiments et des émotions. L’espace y devient mémoire, mémoire des personnes qui vont interagir avec lui par les traces visuelles de leurs passages et de leurs accumulations.

Jury Chris Younes philosophe Paris Francesco Careri architecte Rome Khaldoun Zreik ingénieur Paris Frédéric Bonnet architecte Paris Lyon Stéphane Bonzani architecte philosophe Paris


86-87

Travaux/Projects

Post-DiplĂ´me/Post-Diploma

1 Damas 2/3/4 Reflets/Reflexion 5 Plafond/Ceiling 6 Suspendu/Hanging

Ephemeral scenario of potentialities

1

Damascus 2008/Arab capital of culture, providential event, will serve as a springboard for this half-century of sustainable urban projection in old Damascus. It presents itself as almost miraculous news in a place blocked politically and culturally. We must take advantage of this unique opportunity, almost unhoped-for, to send an initial message and start a first action. During this year of festivities, the goal will be to integrate into the city an act of citizenship, through a simple and strong gesture, incidentally political. A gesture that will standout from the multitude of cultural activities while taking advantage of their dynamism. The Gates of Possibility, a punctual installation in the space of the old city and in precise damascene time, we provoked the writing of scenarios that have as a goal to carry us towards the projection of images of a concrete utopia in 2062. Installation of a mirrored device on all of the surface of the ancient city to mark out a route, to orient oneself and to better lose oneself in the labyrinths of urban and human arteries. Installations based on the displacement of the gaze : a change of the angle of view, other orientations of perspective, attention drawn to the banalities of the invisible, a vision of self revealed. Engage in a process of virtual construction, a first step towards a recomposed reality. An alternative projection, free, light, grounded, equal ; both utopian and sustainable. The ephemeral becomes a tool of intervention and becomes useful for bringing the utopias safely into reality. It is a vector of current communication and future projections open on spaces of freedom that could lead to personal revolutions. Implosion of everyone, self interrogation by each citizen before attacking the society as a whole. For the individual, responsibility, conscience, space, implication. Give the citizen the desire for these values in order to be able to envision a common projection in the future, put man back into the center of mechanism for a peaceful revolution. The Gates of Possibility : a game of mirrors, of reflections, of transparencies in the entire city, by which our sensory references will be questioned creating feelings and emotions. Space becomes memory, the memory of people who will interact with it through leaving visual traces of their comings and goings, and of their accumulations.

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workshop OLIVIER PEYRICOT À l'initiative du Bde, le workshop de printemps a eu pour thème le mobilier du jardin de l'Esa. Il s'imposait alors d'inviter un designer et c'est tout naturellement que nous avons contacté Olivier Peyricot, dont le travail allait précisément être exposé d'avril à mai 2008 à la Galerie Tools à Paris. Le travail d'Olivier Peyricot est une réflexion non seulement sur notre environnement, notre cadre de vie, mais aussi sur l'essence même du design. Avec un regard critique et lucide sur notre société, celle du 11 septembre et du grand capital, il interroge nos réflexes sécuritaires et paranoïaques, individualistes et hygiénistes. Il en résulte une production précise et introspective. Le tout dans un univers rock, fast and furious. At the initiative of the Bde, student association, the spring workshop had as its theme the furnishing of Esa’s garden. The task at hand was to invite a designer which naturally lead us to contact Olivier Peyricot whose work was going to be exhibited from April to May 2008 at the Tools Gallery in Paris. The work of Olivier Peyricot is a reflection not only on our environment, our way of life, but also on the very essence of design. With a critical and lucid viewpoint on our society, that of 9/11 and big capital, he questions our security-obsessed and paranoid, individualist and hygienic reflexes. He creates a precise and introspective production. All in a universe of rock, fast and furious. Marie-Hélène Fabre


90-91

Workshop

Olivier Peyricot

Projet réaliste de mobilier de jardin pour l’ Esa

A REALISTIC PROJECT OF FURNITURE FOR ESA’ S GARDEN À vous de définir les attentes que peut susciter un tel lieu : au cœur de Paris, en face de la Fondation Cartier, entre deux écoles prestigieuses, Esa et Camondo, ce jardin est plus qu'une cours de récréation, plus qu'un fumoir, qu'une place de discussion : c'est un enjeux pour exprimer une identité de l'école, c'est un espace collectif, symbolique, fonctionnel…

Jury Olivier Peyricot designer Paris Olivier Cadiot écrivain Paris Odile Decq architecte Paris Marie-Hélène Fabre architecte Paris Catherine Geel journaliste Paris Chantal Hamaide rédacteur en chef Intramuros Paris Isabelle de Pontfilly directeur général Vitra France Paris

It’s up to you to define the expectations that such a place can arouse : in the heart of Paris, across from the Cartier Foundation, between two prestigious schools, Esa and Camondo, this garden is more than a recreational courtyard, more than a smoking area, more than a place for discussion : it’s the key to expressing the school’s identity, it’s a collective, symbolic, functional space…

De cette perception collective du lieu, je vous demande de produire un projet réaliste de mobilier, qui pourra être construit dans une économie et une technique maîtrisable. L'objectif principal du projet est la réalisation du ou des projets lauréats.

Beginning with this collective perception of the place, I would like you to produce a realistic project for furniture that could be constructed using both feasible financial and technical means. The principal goal of the project is the creation of one or several winning projects.

Une pièce supplémentaire ? Un dispositif ? Un révélateur ? Un transformateur ?

An additional component ? A device ? Something that reveals? Something that transforms ?

Inventions spatiales, séries d'objets, jeux d'échelles, mouvements, déplacements, glissement de la réalité vers des fictions et inversement : à vous de jouer. Ce mobilier doit être pensé pour les années à venir.

Spatial inventions, series of objects, games with scale, movements, shifts, slipping from reality towards fiction and the reverse : your move. This furniture has to be conceptualized for the coming years.

Si vous ne l'avez pas lu : Le colonel des zouaves d'Olivier Cadiot.

If you haven’t read it already : Le colonel des zouaves by Olivier Cadiot


olivier peyricot Designer, produit une réflexion sociale appliquée au design et à l'architecture. 1995/Meubles au service des stratégies individuelles, Galerie Néotu, Paris. 1997/Arsenal de meubles pour redécouvrir la maison, Milano. 1999/Exposition Glassex, expérience prospective sur l'environnement, Paris. 2000/Lauréat concours Apci pour meubler une maison expérimentale, Corse. 2003/Lauréat Carte Blanche Via, exposition à Paris et Milan. 2004/Ses réalisations intègrent le Fonds National d'Art Contemporain. 2005/Ground 01 pour l'exposition D-Day, Centre Georges Pompidou, Paris. 2005/Exposition au Moma, New-York. 2006/Body Props, collection design du Moma. 2007/Design intérieur d'un avion Atr, Motel en Californie. Olivier Peyricot a dirigé la revue Mobile et écrit pour des ouvrages de design. Il a enseigné à l'Ensci de Paris, à l'École Camondo de Paris, au Beaux-arts de Reims, au Arts Décoratifs de Limoges.

Designing, produces a social reflection applied to design and architecture. 1995/Furniture serving individual strategies, Néotu Gallery, Paris. 1997/Arsenal of furniture for rediscovering the house, Milano. 1999/Exhibit Glassex, prospective experiment on the environment, Paris. 2000/Winner of the competition Apci for furnishing an experimental house, Corsica. 2003/Winner of Carte Blanche Via, exhibition in Paris and Milan. 2004/His creations are included in the National Collection of Contemporary Art. 2005/Ground 01 for the exhibition D-Day, Centre Georges Pompidou, Paris. 2005/Exhibition at the Moma, New-York. 2006/Body Props, design collection of the Moma. 2007/Interior design for the Atr airplane, Motel in California. Olivier Peyricot directed the revue Mobile and writes for various design publications. He has taught at Ensci of Paris, at the Camondo School of Paris, at the School of Fine Arts of Reims, and the School of Decorative Arts of Limoges.


92-93

Workshop

Olivier Peyricot

mobilier de jardin à valeur ajoutée VALUE ADDED GARDEN FURNITURE

Premier Prix/First Prize Invitation au Workshop d'été Vitra Design Museum Invitation to the summer workshop at the Vitra Design Museum

Victoire Laferté Clara Lamerre



94-95

Workshop

Olivier Peyricot

la bulle de cristal THE CRYSTAL BUBBLE Premier Prix/First Prize Pierre-Arnold Daly Charles Gaucherel Guillaume Rousseau Onur Sagkan



96-97

Workshop

Olivier Peyricot

jardin de vues GARDEN OF VIEWS

Premier Prix/First Prize Marie Dupain Inès Gaïsset



98-99

Workshop

Olivier Peyricot

1

2

Deuxième Prix/Second Prize 1 Plancher topographique Topographical floor Camille Dupont Hugo Enlart Samuel Jaubert de Beaujeu Eva Maloisel 2 With or without you Avec ou sans vous Jieun Kim 3 Modular Josseran Crochet Arthur Gremillet

3


Mention 1 Nature in vitro Steeve Delbrah Mohamed El Moumni Lorène Faure Charles Hequet Cécile Ortolo Maïlys Veuillez 2 Jardin de la danse Garden of dance Seung-Bok Jeong 3 Paul Gilbert

1

2

3


100-101

Conférence/Lecture

Andrea Branzi

conférence LECTURE

andrea Branzi Dès ma sortie de l'université, je me suis engagé dans une activité de recherche et d'expérimentation. C'est une activité autonome qui analyse les transformations profondes de la ville, une activité quelquefois opaque, qui n'a pas de vue stratégique mais qui ouvre des possibles. Dans le siècle passé, la peinture est devenue abstraite, la musique est allée au-delà de l'harmonie, la littérature a pris la forme d'un flux mental et a perdu sa structure traditionnelle. Tous ces domaines ont évolué vers une autre dimension plus abstraite, pour gagner d'autres territoires d'expériences et de connaissances. Mais l'architecture n'a pas réalisé ce passage, elle continue à se représenter elle-même, à se penser comme une image figurative. Il y a eu un renouvellement des formes et des technologies, mais elle est restée au final une activité qui vise à produire des boîtes et perçoit la ville comme un territoire pour ces boîtes. La ville actuelle, la métropole, ce n'est pas l'ensemble de ces boîtes, mais plutôt un flux d'informations, de services, d'expériences dont les qualités ne résident pas dans la forme des bâtiments, mais dans des micro projets, des micro signaux. Il y a un conflit entre l'architecture, la ville et ses territoires sans liens, d'une part, et l'univers des objets d'informations et de services, d'autre part. Il y a une situation de schizophrénie compulsive des projets et de la logique des projets.

As soon as I left university, I became involved in research and experimentation. It's an autonomous activity that analyses the profound transformations of the city, an activity that is occasionally opaque, that doesn't have a strategic point but which opens possibilities. In the last century, painting became abstract, music went beyond harmony, literature took the form of mental flux and lost its traditional structure. All these domains evolved towards another dimension, one that is more abstract, to reach new territories of experience and understanding. But architecture has not achieved this passage, it continues to represent itself, to think of itself as a figurative image. There has been a renewal of forms and technologies, but it has remained in the end an activity that aims to produce boxes and perceives the city as a territory for these boxes. The contemporary city, the metropolis, is not a collection of these boxes, but instead a flux of informations, services and experiences whose qualities are not based in the form of the buildings, but in micro projects and micro signals. There is a conflict between architecture, the city and its disconnected territories, on one hand, and the universe of objects of informations and services, on the other. There is a situation of compulsive schizophrenia of projects and of the logic of projects.

“ la littérature a pris la forme d'un flux mental”


Gazebo 2007

Exposition/Exhibition Open Enclosures Fondation Cartier pour l'art contemporain


102-103

Conférence/Lecture

“ la ville contemporaine, c'est un ordinateur tous les vingt mètres carré ”

Andrea Branzi

Ce n'est pas une tragédie, mais une condition historique qui peut produire une libération des énergies créatives. La ville a gardé son profil, mais s'est transformée de l'intérieur. On installe des universités dans des usines, des musées dans des gazomètres, on habite dans des parkings, on travaille dans les voitures, il y a une sorte de révolution invisible. La ville change et doit changer continuellement, se refonctionnaliser en permanence. Dans la ville moderne telle que défini par la Charte d'Athènes, les fonctions étaient nettement séparées, les solutions définitives, rigides, incapables d'évoluer dans le temps. Aujourd'hui les fonctions sont mixées, mais l'influence de la technologie électronique n'est pas encore entrée dans la logique de la fonctionnalité d'un lieu. On pense encore que la forme et la fonction sont en connexion directe. Les ordinateurs n'ont pas une forme liée à une fonction, mais sont des territoires opaques où tout peut se réaliser. Ma définition de la ville contemporaine, c'est un ordinateur tous les vingt mètres carré, c'est un système diffus. Cette modernité faible, fluide, diffuse, existe déjà sans avoir été formalisée. Cette situation suggère aussi d'expérimenter de nouvelles intégrations, comme par exemple entre l'agriculture et l'urbain, deux territoires toujours restés en conflit. Ce n'est pas seulement une question d'écologie, c'est la possibilité de voir si l'architecture est capable dans ses formes d'intégration avec l'agriculture de gagner sa dimension dynamique, sa capacité à changer dans le temps, celui des saisons. Notre siècle est celui de Muhamad Yunus, l'économiste qui a changé la vie et l'économie de 170 millions de personnes à partir du micro crédit, un type d'économie moléculaire capable d'entrer dans l'espace interstitiel de l'économie domestique. Il a reçu le Prix Nobel pour la paix pour avoir obtenu des grands résultats à partir de la qualité de petites choses De la même façon, le design est le seul protagoniste du fonctionnement de la ville contemporaine susceptible de pouvoir répondre aux demandes qui évoluent rapidement dans le temps, il est contraint à l'innovation, technique, esthétique, fonctionnelle, formelle, commerciale. Il est contraint de proposer quelque chose qui n'existe pas.

It's not a tragedy, but a historical condition that produces the liberation of creative energies. The city has kept it's profile, but has transformed itself from the interior. Universities are installed in factories, museums in gasholders, people live in parking lots, work in cars, there is a sort of invisible revolution. The city is changing and must change continually, refunctionalize itself constantly. In the modern city, as it was defined by the Charter of Athens, the functions were distinctly separated, the solutions definitive, rigid, and unable to evolve with time. Today the functions are mixed, but the influence of electronic technology has not yet entered into the logic of the functionality of a place. We still think that form and function have a direct connection. The computers don't have a form related to a function, but are opaque territories where anything can happen. My definition of the contemporary city is a computer every twenty square meters, it's a diffuse system. This weak, fluid, diffuse modernity exists already without having to be formalized. This situation also offers experimentation with new integrations, such as, for example, between the agricultural and the urban, two territories that have always been in conflict. It isn't only a question of ecology, it's the possibility of seeing if architecture is capable in its forms of integration with agriculture to benefit from the other's dynamic dimension, its capacity to change with time, that time being the seasons. Our century is that of Muhamad Yunus, the economist that changed the lives and the economy of 170 million people through micro credit, a sort of molecular economy capable of entering into the interstitial space of the domestic economy. He received the Nobel Prize for peace for obtaining big results from the quality of little things. In the same way, design is the sole protagonist of the contemporary city's functioning that is capable of responding to the demands that evolve rapidly over time, it is compelled by technological, aesthetic, functional, formal and commercial innovation. It is compelled to propose something that doesn't exist.


Né à Florence en 1938, Andrea Branzi est à l'origine de nombreuses idées novatrices qui ont nourri le design italien depuis la fin des années 60. Membre fondateur du groupe Archizoom, 1966/1974, il est l'un des théoriciens de l'architecture radicale italienne. Dans les années 70/80, il a fait partie de cercles avant-gardistes, comme le Studio Alchymia et le groupe Memphis. Auteur et critique, il est cofondateur de la Domus Academy dont il fut le directeur pendant dix ans. Il est actuellement professeur et directeur de recherche en design intérieur au Politecnico de Milan.

Born in Florence in 1938, Andrea Branzi is at the origin of numerous innovative ideas that have nourished Italian design since the end of the sixties. A founding member of the group Archizoom, 1966/1974, he is one of the theorists of radical Italian architecture. In the seventies and eighties, he was a member of avant-garde circles, such as Studio Alchymia and the Memphis group. Author and critic, he is the cofounder of Domus Academy of which he was the director for ten years. Currently he is a professor and research director of interior design at the Polytechnic School of Milan.

“ il est l'un des theoriciens de l'architecture radicale italienne ”



prix esa ESA PRIZE Jury

François Bordry Laurence Cassegrain Marie-Hélène Fabre Gilbert Gallieni Nicolas Leonardi Vincent Michel

Président de l'Esa Ministère de la Culture/Dapa Directrice des études de l'Esa Président de la Sadesa Rédacteur en chef revue The Plan Directeur de l'Ena de Grenoble


106-107

Prix Prize ESA

Premier Prix/First Prize

Industriae pour une ville raisonnée INDUSTRIAE FOR A WELL THOUGHT-OUT CITY

Martin Meyer

Jury Chris Younes philosophe Paris Marc Malinowski ingénieur Paris Caroline Rabourdin architecte Londres Isabel Hérault architecte Grenoble Lorenzo Sangiorgi architecte Paris


Industria, ae,f. : activité réfléchie . C'est d'abord la découverte d'un site unique par la photographie. C'est aussi une fascination pour la structure, la mécanique et les architectures industrielles dont les échelles contrastent avec les normes urbaines et qui trouvent leur beauté dans une esthétique faite de répétitivité. J'y ajoute une grande curiosité pour les réseaux ferrés et fluviaux et des inquiétudes sur le futur de nos villes, de nos modes de production et de consommation. Ainsi émergent les questionnements qui fondent le projet. Qu'elle peut être la place de l'industrie dans des villes ? Pourquoi une séparation entre les espaces de vie et de travail persiste-t-elle ? L'éloignement sous prétextes de pollution n'est-il pas la manifestation d'une faible conscience écologique ? Avec l'industrie qui se tourne vers les technologies de l'environnement, une proximité entre les machines de production et des programmatiques variées ne serait-elle pas envisageable, générant ainsi de la richesse culturelle et de l'innovation ? L'étude urbaine part de cette question et du constat de l'empreinte écologique de la ville. Industriae est un embryon de réseau industriel répondant à un scénario d'écosystème entre différents sites en accroche sur le réseau ferré qui s'étend de Saint Lazare jusqu'au port autonome de Gennevilliers et qui met en pratique la notion d'écologie industrielle. Trois sites ont été analysés pour dégager des programmatiques intégrées au scénario. Ils présentent à trois échelles différentes, les multiples fonctions de ce réseau industrialo culturel : vitrine, site de production, site de recyclage.

Industria, ae,f. : thoughtful activity. Firstly, it’s the discovery of an uniquesite through photography. It’s also a fascination with structure, mechanics and industrial architecture whose scales contrast with the urban norms and find their beauty in an aesthetic created by repetition. To that, I add a big interest in the networks of railways and waterways, and concerns about the future of our cities, our means of production and consumption. This is how the questioning that lay the foundations for this project emerged. What place could industry occupy in cities ? Why does the separation between living and working spaces persist ? Isn’t the distance created between these spaces under the pretexts of pollution a manifestation of a weak ecological conscience ? With industry turning towards environmental technologies, couldn’t it be possible to conceive of a proximity between the machines of production and the varied programmatic aspects, thus generating cultural richness and innovation ? The urban study begins with this question and the awareness of the ecological imprint of the city. Industriae is an embryo of the industrial network responding to an ecosystem scenario between different sites that are connected to the railway network that runs from Saint Lazare to the autonomous port of Gennevilliers and that puts into practice the notion of an industrial ecology. Three sites were analyzed to free the programmatic aspects integrated in the scenario. They present three different scales, the multiple functions of this industrial and cultural network : window, production site, site for recycling.


108-109

Prix Prize ESA

Premier Prix/First Prize


Le projet concerne le site de production dont les deux halles existantes se situent dans un des rares lieux où Paris s'étage et qui fait partie de la mémoire du Paris industriel oublié. Le parti est de redonner vie à ces structures avec des programmatiques qui mettent en valeur leur potentiel et fonctionnalité tout en dégageant une valeur ajoutée par réduction des nuisances : bruit du chemin de fer, absence de vue pour les logements alentour. Il renverse l'idée d'éloignement des sites de production en transposant l'agriculture en ville. Cette agriculture urbaine se base sur des techniques d'hydroponie et d'aéroponie moins gourmandes en espace et matières premières. Le projet présente deux grands accès au moyen d'une rue traversante, trace de l'histoire du lieu.

The project focuses on the production site whose two existing halls are located in one of the rare places where Paris rises in tiers and which is part of the forgotten memory of industrial Paris. The course of action is to regenerate these structures with briefs that exploit their potential and functioning at the same time enhancing them by reducing the negative aspects : the noise from the railway, the lack of views for the neighboring buildings. It reverses the idea of distancing production sites by transposing agriculture into the city. This urban agriculture is based on hydroponic and aeroponic technologies that require less space and primary resources. The project presents two large points of access by means of a transversal street, a trace from the site’s past.


110-111

Prix Prize ESA

Mention

Troubles ordinaires Paris ORDINARY TROUBLES/PARIS

Charlotte Cote Marie-Sophie Devaux

Jury Lionel Lemire architecte Paris Aghissilaos Pangalos architecte Paris Carlos Arroyo architecte Madrid Odile Decq architecte Paris Nicolas Letschert architecte Paris


Nous avons décrit une ville officielle, caractérisée par des phénomènes qui figent les espaces urbains. Nous avons montré que dans la pratique, ce cadre est contourné par des mouvements de subversion qui permettent de se réapproprier, de détourner les espaces. Le jeu étant un dénominateur commun des villes parallèles, il faut trouver les règles pour une ville à jouer. Comment faire pour que le citadin ait une pratique plus active et réflexive de la ville ? Comment intégrer de la variation dans un paysage et un quotidien qui se figent ? Comment rendre à l'espace public sa vocation première, la liberté de circuler ? Notre site est Paris, en l'état, pas de table rase. Nous avons travaillé sur les potentiels de la ville, sur les marges de manœuvre dans le cadre réglementaire et physique existant, dans les délaissés du quotidien, qu'ils soient géographiques et/ou temporels. Les délaissés géographiques sont les éléments oubliés : les dessous, les murs pignons. Les délaissés temporels ont un usage discontinu : un parc qui ferme à la tombée de la nuit, une parcelle en attente de permis de construire, une place de parking. A partir d'une cartographie mouvante, nous avons redessiner la ville, redonner des usages, parfois du sens, toujours du parcours et de l'accessibilité, à des morceaux de ville aperçus au fil de nos déambulations.

We have described an official city, characterized by the phenomena that congeal urban spaces. We have shown in practice, this situation is bypassed by movements of subversion that permit a reappropriation and rerouting of the spaces. The game being a common denominator of parallel cities, we must find the rules to play with a city to play by. How to ensure that a citizen has the most active and reflexive engagement with the city ? How to integrate variation that congeals in the landscape and everyday existence ? How to give back to public space its primary role, the freedom of movement ? Our site is Paris, in its current state, not a tabula rasa. We worked on the city’s potentials, on the margins of operation in the existing statutory and physical framework, in daily neglect, whether geographical and/or temporal. The geographical neglect takes the form of forgotten elements : the underside, the gabled wall. The temporal neglect takes the form of discontinuous use : a park that closes at dusk, a plot held up waiting for a construction permit, a parking spot. Beginning with a moving cartography, we have redrawn the city, given back different uses, sometimes meaning, always creating a route and accessibility to parts of the city that are glimpsed during our wanderings.


112-113

Prix Prize ESA

Mention

Narrating Hong Kong

Vincent Peu Duvallon Jury Olivier Leblois architecte Paris Aghissilaos Pangalos architecte Paris Thomas Coldefy architecte Lille Martin Meade historien Paris AndrĂŠ-Jacques Bodin architecte Versailles


A travers un travail multidisciplinaire, au niveau théorique et dans le projet, il s'agit de tenter de définir Hong Kong. Plus spécifiquement de comprendre comment, en tant que milieu, elle peut s'autodéfinir. Dans ce milieu en perpétuelle crise, j'ai exploré les notions de souveraineté et d'identité, et la manière dont elles sont poussées à leurs limites, ou comment ce territoire particulier réinterroge ces notions européocentriques. Au-delà de ses spécificités, j'ai donc considéré Hong Kong comme un prototype malgré lui, un nouvel exemple de modernité. Le projet tente de capitaliser le mode de vie hongkongais à travers un événement architectural local, et audelà de valoriser le regard porté par les habitants : un concours pour la conservation d'une architecture ordinaire considérée comme représentative, non pas par sa typologie mais par l'histoire qu'elle véhicule. Ici, la notion de monument historique traduit la volonté des habitants d'avoir un lieu qui raconte leur ville. L'idée est de considérer le bâtiment comme un projet archive, au sens derridien de lieu d'impression, qui soit un lieu de mémoire d'un nouveau type, de rendre présente l'invisible personnalité hongkongaise, de jouer le rôle de médiateur entre Hong Kong et ses habitants. La proposition disloque la barre de logement conservée, dissémine le déjà-là, pour mieux le raconter.

The task is to attempt to define Hong Kong using a multidisciplinary approach, both on a theoretical level and through the project. More specifically it is to understand how, as an environment, it can define itself. In this environment of perpetual crisis, I explored the notions of sovereignty and identity, and the manner in which they are pushed to their limits, or how this territory particularly questions these Eurocentric notions. Beyond these specifications, I considered Hong Kong as a prototype in spite of itself , a new example of modernity. The project attempts to capitalize on the Hong Kong way of life through a local architectural event and beyond that to give meaning to the views of the inhabitants : a competition for the conservation of an ordinary architecture considered to be representational, not by its typology, but by the history it evokes. Here, the notion of a historic monument communicates the inhabitants’ desire to have a place that tells about their city. The idea is to consider the building as an archival project, in the derridean sense of place of sensation, that is a new type of place of memory, to reveal the invisible Hong Kong personality, to play the role of mediator between Hong Kong and its inhabitants. The proposition dislocates the conserved housing slab, to disseminate the already-existing, to better tell the story.


114-115

Prix Prize ESA

Mention

Germinating city Caracas

Rafaël Bonet

Jury Isabel Hérault architecte Grenoble Simon Sosa Gonzalez designer Barcelone Marko Djivricic peintre Paris Bénédicte Grosjean urbaniste Paris Mery Belmont architecte Paris


Formelle-informelle/La ville formelle correspond à l'urbanisme rigide, construit par des professionnels et basée sur les réglementations. La ville informelle est faite par les habitants, elle naît spontanément pour répondre aux urgences. Les zones de rencontre entre les deux villes sont le sujet de l'étude, elles présentent différents types de porosité selon leur emplacement, le niveau de violence, la densité de population et le degré de contraste social. Infiltration-invasion/La ville informelle s'insère dans des espaces résiduels, ce qui redéfinit la division géopolitique de la ville, c'est un processus d'invasion de nature biologique.

Formal-informal/The formal city corresponds to the rigid urban planning, constructed by professionals and based on regulations. The informal city is made by the inhabitants, it is born spontaneously to respond to urgent needs. The focus of the study are the meeting zones between the two cites. They present different types of porosity according to their location, the level of violence, the population density and the degree of social contrast. Infiltration-invasion/The informal city inserts itself in the residual spaces, which redefine the geopolitical division of the city. It’s an invasion process of a biological nature. Temporality-ephemeral/In the informal city, the duration of the constructions is uncertain and moves spontaneously according to the markets of buhoneros that occupy the public spaces. The instability leads to weak quality constructions.

Temporalité-éphémère/Dans la ville informelle, la durée des constructions est incertaine et se déplacent spontanément à l'image des marchés de buhoneros qui occupent les espaces publics. L'instabilité entraîne des constructions de faible qualité. Recyclage/La ville informelle est synonyme de pauvreté, de mauvaise qualité. Couture/Reprendre la notion d'invasion, s'approprier un terrain en stand by, permet un cadre de valeurs qui modifie la situation. Dans un contexte spécifique, la régénération du plein renforce les échanges, c'est une procédure de purge, de densification. Le site est un tunnel en désuétude du chantier du métro. Le projet est fondé sur le recyclage d'éléments d'origine diverses, transformés en éléments constructifs, qui engendrent de nouvelles formes : des pneus forment des murs, des barils des façades, des feux tricolores des ornements. Ce sont des ready-made architecturaux.

Recycling/The informal city is a synonym for poverty, of poor quality. Seams/Return to the notion of invasion, appropriate a terrain on stand by, allow a framework of values that modifies the situation. In a specific context, the regeneration of filling reinforces exchanges, it’s a procedure of purging and of densification. The site is an abandoned tunnel of a subway construction site. The project is founded on the recycling of elements of diverse origins, transformed into constructive elements that engender new forms : tires form walls, barrels become facades, stoplights ornaments. These objects create an architectural ready made.


116-117

Prix Invité d'honneur/Guest of honnor Prize

Massimiliano Fuksas

Prix Invité d'honneur GUEST OF HONNOR PRIZE


Meilleur projet/Best project Fermons l'Ĺ“il/Saline royale d'Arc et Senans Anna Mallac-Sim Alexandre Goinard


118-119

Prix Invité d'honneur/Guest of honnor Prize

Massimiliano Fuksas

Meilleures scénographies/Best scenographies

Atelier/Studio 1/2 3/4 5 6/7

1

3

2

4

Jean-Christophe Quinton Olivier Leblois Kenny Tsui & Tamsin Green Platane Bérès & Vincent Parreira


5

6


120-121

Prix InvitĂŠ d'honneur/Guest of honnor Prize

Massimiliano Fuksas

7


out/in

Prix Thèse sur la ville PRIZE THESIS ON THE CITY

Aperau/Certu/Cfdu/Puca

Grand Prix/Grand Prize Bénédicte Grosjean La ville diffuse à l’épreuve de l’Histoire Urbanisme et urbanisation dans le brabant belge The Diffuse City Put to the Test of History Urban Planning and Urbanization in the Belgian Brabant

Jury

Marc Bonneville/président Fouad Awada Jean-Paul Blais Corinne Creissels André Guillerme Antoine Haumont Daniel Latouche Jean-Pierre Peneau Nicole Rousier Marion Segaud Thérèse Saint-Julien Université Paris 8/Saint-Denis Discipline architecture Université catholique de Louvain Faculté des sciences appliquées


122-123

Out/ In

Échanges internationaux/International exchanges

SCI-Arc Los Angeles Archive of futures/Martial Marquet at Ed Keller Studio

Archives of futures est un projet pour archiver les visions cinématographiques du futur et en permettre l’analyse. Les films de science-fiction sont souvent sombres et les protagonistes la proie d'une force techno-économique supérieure, un trust, qui limite les possibles. Il s’agit d’imaginer un système alternatif pour stocker, partager, communiquer les connaissances et libérer ainsi les possibles. Le projet est un hybride à la fois structure physique de type échafaudage et réseau connectique de type hub. Ce composant modulaire à assembler librement doit permettre de construire des dispositifs collectifs de différentes échelles et configurations à vocation d’échange, de rencontre et d’éducation et de recherche.

Archives of futures is a project to archive the cinematographic visions of the future and enable analysis. Science-fiction films are often somber and the protagonists the prey of a superior techno-economical force, a trust, that limits the possibilities. It’s a matter of imagining an alternative system for stocking, sharing, communicating the knowledge and freeing the possibilities. The project is a hybrid at once physical structure like scaffolding and connecting network like a hub. This modular component to be freely assembled must enable the construction of collective devices of different scales and configurations with the role of exchange, meeting, education, and research.



124-125

Out/In

Voyages/Travels

VOYAGE À

Londres Brent Patterson Thuy-Nhân Dao

1 1 Covent Garden Opera/Passerelle Footbridge 2 Will Alsop/Bibliothèque Peckham Peckham Library 3 Richard Foster/Le concombre axe St Marie Gherkin 30 St.Mary’s axe 4 AA School/Projet éphémère Ephemeral project

Charles Aubertin Amandine Desveaux Guillaume Dumont Camille Dupont Hugo Enlart Caroline Figiel Benedetta Frati Samuel Jaubert de Beaujeu Nelson Larroque Eva Maloisel Gabrielle Toledano Chloe Tubiana Meric Ugdul Chloe Utzmann Séverine Bah Marie-Emmanuelle Cavarec Pierre-Louis Le Tellier Natacha Mankowski Lucie Rieutard Maud Sanciaume Nicolas Polaert


2

3

4


126-127

Out/In

Voyages/Travels

VOYAGES À Dubai

Valérie Vaudou & Michèle Pasquier

Bilbao Marc Vaye

Berlin/Amsterdam Greta Pasquini

Londres Kenny Tsui

Bristol

Karsten Huneck & Bernd Truempler, Studio Osa

Bordeaux

Françoise Quardon & Catherine Zaharia




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