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Psycho rigolo : quelle développée personnelle êtes-vous ?
Texte Elisabeth Clauss
QUELLE DÉVELOPPÉE PERSONNELLE ÊTES-VOUS ?
(Més)estime de soi et course à l’épanouissement sont pavées de bonnes résolutions en lévitation. Et parfois, quand le feel good nous file entre les doigts, un peu d’humour peut nous rabibocher avec « le meilleur de nous-m’aime ».
ntre deux injonctions de E prendre soin de soi et trois nouveaux business du mieux-être, l’illustratrice-auteure de BD et humoriste Mathou a fini par s’embrouiller avec le développement personnel, mais heureusement pour nous, elle s’est démêlé les pinceaux. Dans son journal délicieusement «Filgoude», elle revient sur les expériences qui l’ont guérie pour toujours du coaching du changement. Lui permettant, en passant et paradoxalement, de se réconcilier avec elle-même.
Et vous, quel·le détoxé·e méditatif·ve êtes-vous?
1 – Citadin·e passionné·e, vous décidez de vous reconnecter à la nature
✿✿✿ Le souci, c’est que vous paniquez à la vue d’un bouquet de tulipes. Vous n’aimez que les fleurs de béton (lissé), et vous ne serrez un arbre dans vos bras que s’il a préalablement été transformé en colonne de lit. ❤❤❤ Comme Mathou, vous aimeriez déjà pouvoir maintenir une jardinière sur le balcon. Votre petit pot de menthe poivrée vous fait délirer de fierté, vous en mâchouillez les feuilles comme si vous veniez de reboiser la forêt amazonienne. Antistress, le jardinage? Seulement quand les fleurs sont en papier. ✤✤✤ Il aura suffi d’une petite balade à la campagne en compagnie improvisée d’un troupeau de moutons pour que vous plongiez dans les petites annonces immo pour vous sortir de la ville. Mais ça, c’était un jour férié ensoleillé. Ce matin, il pleut du gris, vous contemplez avec soulagement la rue commerçante à portée de sandales, et vous réalisez que le quotidien à l’air pur, ça a l’air dur.
2 – Brunches tardifs et barbecues arrosés, il est temps d’entreprendre une détox
❤❤❤ L’auteure a, elle aussi, cédé au chant des sirènes purificatrices des super aliments salvateurs. Elle digère l’expérience et digresse : «La détox, c’est l’emballage mental d’une privation pour le corps.» Autrement dit, un régime. Et comme une bouchée au praliné planquée dans un sac de piscine, ça ne dure pas. ✿✿✿ «Il est interdit d’interdire», scandaient les soixante-huitards à qui, même aujourd’hui, on peut toujours essayer de servir un jus de bettes-trèfle-spiruline. À force de nutri-vigilence, on risque de finir par ne plus manger que de la culpabilité. Alors vous, qui êtes très sophistiqué·e, vous militez pour le sucre raffiné. ✤✤✤ La détox, vous n’êtes ni pour, ni contre, au contraire. Rentrer du marché avec le panier plein de légumes de saison plein de terre, ça vous remplit les casseroles de bonnes intentions. À condition que personne ne moufte quand vous arrosez votre soufflé aux rutabagas de coca, tout vous va.
3 – La véritable aventure serait-elle dans la routine ?
✤✤✤ Depuis que vous avez redécouvert l’égoïsme, «routine» ne rime plus avec « ennui ». C’est synonyme d’écouter un podcast en paix au lit chaque matin pendant que le reste de la maison se débrouille avec les céréales. De vous épargner les embouteillages du matin vers l’école aux heures de pointe – le bus c’est pas fait pour les chiots. Et quoi qu’il arrive, d’un bain moussant à 18h au plus tard. Ils ne vous en aiment pas moins, et vous ne les en aimez que plus.
TANGUY PELS
ENSEMBLE, NOUS POUVONS ACCOMPLIR TANT DE CHOSES
Cet été, Lillet rend également hommage à l’entrepreneure Nina Corty, à l’origine de La Casita, un bar à cocktails brugeois aux influences sud-américaines.
Lillet a également attribué à La Casita le label « L pour Elles », qui permet de dénicher plus facilement un bar ou un restaurant tenu par une femme. Avec cette initiative, Lillet contribue à soutenir les femmes dans le secteur de l’horeca, y compris Nina. La carte interactive avec toutes les adresses participantes se trouve sur Lillet.be. Rencontre avec Nina, une entrepreneure inspirante, à propos de son parcours.
Quand la graine de La Casita a-t-elle été plantée ?
« Dès l’âge de seize ans, j’ai travaillé comme étudiante dans l’Horeca pendant les vacances scolaires. Et le week-end, je donnais un coup de main à mes parents dans leur bar à tapas. Après mes études, j’ai voyagé pendant deux ans en Amérique centrale et du Sud, où j’ai bossé comme barmaid et fait des petits jobs à gauche à droite. De retour en Belgique, j’ai repris un ancien petit bar dans le centre de Bruges. Inspiré par mes voyages, je l’ai transformé en un bar à cocktails aux vibrations latines. »
Quel est l’aspect de votre travail que vous préférez ?
« Il y a tellement d’aspects que j’apprécie dans mon travail. Je suis sincèrement intéressée par les histoires des gens, ce qu’ils ont vécu ou simplement comment s’est passée leur journée. »
Qu’est-ce que ça fait d’exercer un métier traditionnellement masculin en tant que femme ?
« J’ai l’impression d’avoir dû faire mes preuves plus qu’un homme. Petite, je n’avais pas la langue dans ma poche, mais dans le cadre de mon métier, j’ai acquis une attitude plus assertive. J’essaie d’être très claire sur mes limites. » Que pensez-vous de l’initiative « L pour Elles » de Lillet ?
« C’est génial, les femmes sont si puissantes, uniques et attentives. Ensemble, nous pouvons accomplir tant de choses. J’aime m’entourer d’entrepreneures inspirantes, et il y en a tellement. Comme en témoigne parfaitement cette initiative. »
✿✿✿ Se lever avant l’aube pour respirer en pleine conscience avant de suivre un planning minuté pour «se créer du temps de qualité», c’est beau sur le papier. Mais si vous êtes indépendant·e, spontané·e, bordélique-organisé·e, votre routine, c’est d’être en permanence à la bourre et vaguement culpabilisé·e. Libre de vous planquer avec un livre dans un coin «sans réseau» (c’est faux, vous avez cinq barres même dans un abri antiatomique). Sur une base régulière, c’est une routine aussi. ❤❤❤ Pour vous, réussir à tenir une « morning routine » selon le terme consacré, c’est déjà pas mal. Vous lever quand le réveil sonne, vous préparer un vrai petit déjeuner et pas une clope trempée dans le café. Quelques étirements sur le balcon et le reste de la journée, enchaîner les entrechats et les grands écarts temporels n’entamera plus votre énergie. C’est votre «everyday routine », variable et rassurante.
4 – Trier votre maison, c’est ranger votre vie
✤✤✤ Vous êtes adepte de Marie Kondo : les T-shirts roulés-pliés en pâte feuilletée, une vue dégagée sur votre espace de vie immaculé, une séance d’adieux poignante avant de revendre le rameur Skillrow high tech acheté 4.000 € au début du confinement. On dirait que vous occupez un appartement témoin. D’ailleurs, vous n’y mettez presque plus les pieds, vous squattez chez vos amants hippies. ❤❤❤ Mathou, elle revendique que son bazar organisé, c’est son ordre de créativité. Qu’on n’a pas à la juger sur sa capacité à opérer un tri ordonné dont la longévité est de trois minutes (en plus, elle a un chat). Mais, sans doute comme vous, elle culpabilise quand elle se voit dans les yeux de ceux qui pensent que fouillis sur le bureau égal pagaille mentale. Le poids des trucs qui s’amoncellent, c’est sa légèreté à elle. ✿✿✿ Une étude de l’Université du Minnesota révèle ce que les artistes, les entrepreneurs, les inventifs et des millions d’autres profils débordés savent déjà : un environnement désordonné est propice à la créativité et à l’innovation. Sur les bureaux d’Albert Einstein ou de Steve Jobs, un chat n’aurait pas retrouvé la souris (sans fil). Le rangement pour vous, c’est une affaire classée.
RÉSULTATS
VOUS AVEZ UN MAXIMUM DE ✤✤✤ Vous êtes sensible aux solutions douces pour rendre votre cohabitation avec vous-même plus tendre. Ce que vous préférez dans les différentes disciplines du bien-être, c’est qu’elles représentent du temps pour vous, socialement justifié. Au yoga on peut se faire des amis, au marché bio on se sent en week-end à la campagne et s’offrir un massage en pleine semaine, ça sent délicieusement l’école buissonnière. Vous êtes un bel exemple de développement personn’aile.
VOUS AVEZ UN MAXIMUM DE ❤❤❤ Vous êtes flexi-personnel.le, c’est-à-dire que vous picorez à gauche les préceptes de bon sens et de bien vivre qui vous réussissent, vous digressez à droite hors des chemins un peu standardisés du bien-être organisé. Au fil de quelques achats spontanés (tisanes de plantes de Brocéliande et bols vibratoires qui ne passent pas au lave-vaisselle), vous vous acceptez imparfaitement plutôt pas mal. C’est votre victoire, votre cocktail personnel.
5 – La méditation vous laisse pensif·ve ?
✤✤✤ Voir clair dans sa vie, apaiser stress, colère et angoisses. Gratuitement et sans comprimés, au moment que vous décidez. «Connais-toi toi-même», dit la méditation. «Nettoie toi-même», répond le développement personnel. Le programme semble limpide comme l’eau du flot de vos pensées, à accueillir pour les laisser mieux repartir, comme votre belle-famille un week-end férié. Mais quand les idées qui vous traversent ressemblent à une «to do list», vous avez le droit d’éternuer. ✿✿✿ Vous essayez de méditer. Vous vous ennuyez. Votre attention se fixe inexorablement sur des pensées que vous essayez de laisser filer, mais elles ont des crochets. Vous culpabilisez de ne pas être en train de régler les problèmes qui surgissent dans votre esprit. Vous vous interrompez pour remplir un post-it de tâches à ne pas oublier. Quand enfin le temps imparti pour observer avec neutralité est écoulé, vous êtes survolté·e. ❤❤❤ Vous le savez, la méditation vous fait du bien quand vous arrivez à vous impliquer. Mais le souci, c’est que vous en voulez les bénéfices, sans y consacrer sérieusement du temps et de l’attention. Peut-on méditer à moitié? Existe-t-il une électrostimulation de la sagesse, comme les patchs pour faire des abdos couché·e dans le canapé? Laisser flotter ses pensées pour y réfléchir, c’est signe qu’on y est peut-être déjà arrivé.
VOUS AVEZ UN MAXIMUM DE ✿✿✿ Comme vous, l’auteure a essayé plein de disciplines à la mode pour devenir «une meilleure version d’elle-même», et elle en a déduit que la version béta (plutôt maligne) était très bien. Parce que son livre nous parle à tous.tes à un moment donné et qu’à la fin, on comprend toute la dimension Filgoude du lâcher-prise surtout s’il est foutraque, le développement personnel ce sera peut-être sans nous, mais avec elle.
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