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JARDIN BOTANIQUE

Des douces marguerites aux roses piquantes, ne laissez pas la tendance se flétrir et offrez-vous des bouquets baroques, des couleurs audacieuses et des imprimés éclatants, en les portant de préférence de la tête aux pieds.

Coup Net

L’éternelle « naked dress » est toujours d’actualité cet été, mais l’accent est mis sur le chic plutôt que sur le trash, avec de la dentelle délicate, du crochet élégant et des découpes au laser.

C'EST DANS LA POCHE

On laisse le pantalon cargo vert kaki dans les années 2000. Cette saison, la tendance est aux versions fluides, satinées et légèrement transparentes pour un look épuré. Les mains dans les poches et c’est parti !

LA FORME

HIPS DON’T LIE

Jupes à cerceaux, robes bombées avec un ourlet mousseux ou un surplus de volume au niveau des fesses... Une coupe qui vous met vraiment à la page.

ELLEs ONT 20 ANS

Automne 2009, je montais au premier étage de la rédaction à reculons.

Je craignais de manquer d’air punk dans cet aquarium-là. Si j’y étais quand même, c’est parce que j’étais impressionnée par le charisme de Béa. « Le ELLE Belgique, y être, c’est en être » allait me souffler une collègue. Nous étions alors bien avant #Metoo, le #bodypositive et l’effondrement des injonctions patriarcales dont on se faisait trop souvent l’écho. On n’était pas déconstruites et on contribuait, de fait, à véhiculer certains clichés. Le reconnaître, c’est déjà se le pardonner. 2009 donc, j’arrivais dans les bureaux pour la première fois et j’allais aboyer pour me faire adopter (je fais ça quand ça caquette, et ça caquetait). Je devenais en une matinée la fille mal coiffée qui parle trop fort, qui n’aime pas les stagiaires trop brillantes et qui a les coutures de la veste assez solides pour pouvoir la retourner dans son propre intérêt. Pas la meilleure version de moi-même, nous dirons.

J’étais aussi celle qui aimait les gens, mais qui ne le montrait pas. Sauf à Elsa qui semblait toujours classe même quand elle débarquait en claquettes-pyjama.

À cette époque, on cultivait le potin comme un art de vivre : curieuses, fouineuses et médisantes, encouragées par nos propres biais inconscients eux-mêmes alimentés par la fiction. Même que, parfois, nous aussi on s’habillait en Prada. En réunion de rédaction, hier comme aujourd’hui, on voulait savoir, on voulait voir, on voulait partager, on voulait inspirer. On voulait que chaque page soit arrachée et collée sur le frigo, tellement ce qu’on fait est fort, tellement ce qu’on fait est beau. C’est l’époque des longues tablées, des pauses clopes à répétition et du présentiel full time. Alors, on cohabitait, on se fightait pour une page et parfois ça volait bas. Même qu’avec Eli, ça ne passait pas. Elle est petite et précieuse, elle a la mode et le verbe haut dans le sang.

À ses côtés, je me sentais comme un loup en mitaines et je montrais les dents. Elle mettra des années à m’apprivoiser. Aujourd’hui, je l’aime comme j’aime les bonbons, avec boulimie et attention. Mon autre crush, c’est Céline. C’est avec elle qu’un jour, on a construit un bunker au milieu du « plateau » (le grand espace bureau ouvert). On a rassemblé tout ce qu’on a pu trouver comme étagère et on en a fait des murs à escalader. Et durant l’année qui a suivi, il n’est venu à l’idée de personne de nous contrarier. Les gens pouvaient venir s’y cacher pour respirer, pour échanger, pour challenger leurs papiers. Céline, la première fois que je l’ai vue, j’ai eu envie de la prendre sur mes genoux, de lui voler les yeux, les cheveux et la curiosité. Elle ne le savait pas, mais elle parlait déjà d’intersectionnalité. Le monde d’alors était en train de changer. La prise de conscience du harcèlement de rue – en 2012 – allait nous bousculer. Le féminisme – jusque-là galvaudé, oublié, maltraité – se redéfinissait et allait guider nos angles. On menait des combats en tous sens, on était maladroites, engagées, contradictoires et bravaches, mais on était là. On sortait d’une posture purement prescriptrice pour reprendre contact avec les réalités des personnes qui nous lisaient et qui nous lisent encore. On s’assouplissait à force de faire le grand écart entre inspiration, remise en question et vérité. On ouvrait enfin nos pages à davantage de diversité. On prônait haut, fort et avec sincérité notre engagement pour l’inclusivité. À la rédaction, nous sommes multiples, complémentaires, vives et vivantes. Au fil du temps, les caricatures que nous étions se sont libérées des carcans. Les talents se sont révélés, les relais se sont tendus, la transmission s’est faite. Et de voir Maryno qui s’adoucit, et de fondre devant Marie qui se recrée et se marie, et de nager dans le sirop de bienveillance avec cette perle de Noemi… Elles sont dans le monde, le vrai, même si le leur est parfois auréolé d’un joli voile pailleté. Elles tricotent leurs vies, mêlant amour de leur métier et chemin brodé à tracer. Certaines qui ont été des nôtres sont ailleurs aujourd’hui, mais qu’il soit ténu ou tendu, il restera toujours ce lien de papier. Toutes, nous étions, sommes et serons « Les filles du ELLE ». Et nous avons 20 ans.

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